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Full text of "Biographie universelle : ou, Dictionnaire historique"

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BIOGRAPHIE 

UNIVERSELLE. 


BESANÇON.^  IMPRIMERIF   n'oiJTHENIN    CHALANDRE    FILS. 


BIOGRAPHIE 

UNIVERSELLE, 

OU 

DICTIONNAIRE    HISTORIQUE, 

Par  F.-X.  DE  FELLER. 

\I  GMENTËK   DE  P  L  l^  8  DE  3U0O  ARTICLES.   RÉDIGÉS 

PAU    M.    PÉRENNÈS, 

p>ortWBf)«  DE  LirrtRATUie  fiahçaui  a  l'acadkmie  db  usakçom. 

TOME  CINQUIÈME. 


BESANÇON.  — OUTH.  CHALANHUt  I  ILS. 

PARIS, 

J   LEROUX,  JOUBY  ET  C«,  LIBRAIRES,  I  G  AUME   FRÈRES,   LIBRAIRES 
rue  des  Grands-Augustins ,  9.  |  rue  Casselte ,  i. 

>i  f)C(i(;  XLviii. 


^  tu      ^   i^UO 


o\-^^    -y 


î^/r\'  rx.  V^^W 


77^ 


UITITZS^SSLLS. 


FAB 

•  FvBBnOXI  (Ange),  célèbre  biocraphe 
italien ,  né  le  7  scplembrc  1732 ,  à  Mar- 
radi,  village  de  Toscane,  d'xxnc  1res  bonne 
famille,  mais  dont  la  fortune  était  bornée, 
était  le  dernier  de  onze  enfans.  Après 
avoir  fait  ses  premières  études  dans  sa 
patrie,  il  obtint,  en  17a0,  une  place  à 
Borne  dans  le  collège  Bandinelli ,  et  il  s'at- 
tacha surtout  à  l'étude  de  la  théologie.  Il 
prit  les  ordres  en  1758 ,  et  fut  présenté  au 
prélat  Bottari .  un  des  soutiens  du  parti 
janséniste,  qui  le  prit  en  amitié,  et  le 
chargea  de  remplir  pour  lui  les  fonctions 
d'un  canonicat  de  Sainte-Marie  Transie- 
père.  Ce  prélat  l'engagea  à  traduire ,  en 
italien,  la  Préjmralion  à  la  mort,  du 
P.  Quesnel,  les  Principes  et  les  règles  de 
la  vie  chrétienne  de  Le  Tourneux ,  et  les 
Maximes  de  la  marquise  de  Sablé.  Il  pu- 
blia ensuite,  en  latin,  une  Fie  du  pape 
Clément  XII  ^  qui ,  quoique  fort  médio- 
cre ,  lui  valut  une  récompense  magnifi- 
que de  la  part  du  cardinal  Néri-Corsini 
et  l'avantage  de  prononcer ,  devant  le 
saint  Père  ,  un  discours  latin  sur  l'Ascen- 
sion. Quelque  temps  après  ,  il  fut  chargé 
de  \ oraison  funèbre  du  prétendant  Jac- 
ques Stuart ,  et  il  reçut  encore  un  pré- 
sent considérable.  Il  entreprit  ensuite 
une  traduction  italienne  des  Entretiens 
de  Phocion ,  de  l'abbé  de  Mably  ;  mais 
cette  publication  ne  fut  pas  approuvée  et 
nuisit  même  à  son  avancement.  11  conçut 
•lors  l'idée  d'écrire ,  en  latin ,  les  Vies 
des  savons  italiens  qui  ont  fleuri  dans 
les  17  et  18*  siècles.  C'est  celui  de  ses  ou- 
vrages qui  a  le  plus  contribué  à  sa  répu- 
tation. Il  en  publia  le  premier  volume  en 
1766.  L'année  suivante  il  quitta  Rome 
pour  aller  se  fixer  à  Florence ,  et  il  ob- 
tint ,  du  grand-duc  Léopold  ,  la  place  de 
prieur  du  chapitre  de  la  basiliqiie  deSt.- 
Laurcnt.  Il  partagea ,  dès  ce  moment,  son 
temps  entre  les  fonctions  religieuses  de 
sa  place  et  ses  travaux  littéraires  qui  de- 
vinrent son  seul  amusement.   L'avcne- 


FAB 

ment  au  pontificat  de  Ganganelli  (Clé- 
ment XIV  ),  qu'il  avait  compté  autrefois 
parmi  ses  protecteurs,  l'engagea  néan- 
moins à  retourner  à  Rome  quelques  an- 
nées après,  et  ce  pape  qui  estimait  Fab- 
broni ,  le  nomma  l'un  des  prélats  de  la 
chambre  pontificale  ,  et  chercha  à  le  re- 
tenir auprès  de  lui.  Cependant  la  recon- 
naissance l'entraînant  vers  le  grand- 
duc  qui  venait  de  le  créer  provéditeur 
de  l'université  de  Pise  et  prieur  de  l'or- 
dre de  Saint-Etienne  ,  il  résista  aux  in- 
stances du  saint  Père ,  et  après  avoir  fait 
un  voyage  à  Naplcs,  où  il  fut  bien  ac- 
cueilli de  la  reine  et  des  personnages  les 
plus  dbtingués,  il  retourna  à  Florence; 
il  usa  dans  celte  ville  de  son  crédit  auprès 
du  grand-duc,  pour  obtenir  la  permission 
de  tirer  des  archives  de  Médicis,  des  lettres 
de  savans  du  17'  siècle,  adressées  au  cardi- 
nal Léopold  de  Médicis  ,  qu'il  publia  en  2 
volumes ,  et  qui  jettent  beaucoup  de  lu- 
mière sur  l'histoire  littéraire  de  ce  temps- 
là.  Il  voyagea  ensuite  en  France  et  en 
Angleterre,  et  il  se  lia  avec  les  principaux 
savans.  De  retour  en  Toscane  en  1775  ,  U 
se  fixa  à  Pise,  et  il  entreprit,  avec  des 
gens  de  lettres,  le  Giornale  De'  letterati^ 
dont  il  faisait  paraître  par  an  quatre  vo- 
lumes et  qu'il  poussa  jusqu'au  105';  les 
trois  derniers  contiennent  une  table  gé- 
nérale. Il  s'occupait  en  même  temps  de 
son  recueil  biographique  qui  devint  plus 
que  jamais  son  travail  de  prédilection,  et 
il  l'augmenta  de  plusieurs  nouveaux  vo- 
lumes :  le  18*  parut  en  1799,  et  les  19*  et 
20*  après  sa  mort  à  Lucques  en  1804  et 
1803.  C*tte  collection ,  qui  a  obtenu  un 
grand  succès ,  et  qui  le  mérite  sous  plu- 
sieurs rapports,  renferme  454  f^ies^  y 
compris  la  sienne.  Excepté  vingt-une , 
elles  sont  toutes  de  Fabbroni.  On  lui  re- 
proche sa  partialité  pour  les  janséniste.» 
et  contre  les  jésuites.  Vers  les  dernières 
années  de  sa  vie  ,  il  sembla  se  reprocher 
son  peu  de  ménagement  pour  cet  ordre. 
i 


FAB 

Scnlant  sa  fin  approcher ,  il  se  retira  dans 
une  solitude  auprès  de  Lucques  ,  appelée 
Saint-Ce7-bon .  chez  les  franciscains  ré- 
formés, où  il  passa  un  mois  uniquement 
occupé  de  se  préparer  à  la  mort.  De  re- 
tour à  Pise,  il  vécut  encore  quelques  mois 
et  expira  le  22  septembre  1803,  après 
avoir  rempli  tous  les  devoirs  de  la  reli- 
tjion.  On  a  encore  de  lui  :  |  Laurentii  Mé- 
diats magnifici  vila,  Pise  ,  1784,  2  vol.  in- 
i";  I  Magni  Cosmi  Medicei  vita ,  1789 ,  2 
vol.  in-4";  |  Leonis  X  pontificis  maximi 
viiaATil;  \  Hisloria  lycœi  Pisani ,Vi&Q, 
1791-93  ,  3  roi.  in-4°;  |  Elogi  d'illustri 
Ilaliani,  Pise,  1786-89,  2  vol.  in-S";  |  Elogi 
di  Dante ,  di  Poliziano  .  di  Ariosto  e  di 
Torquato  Tasso ,  Parme  1806  ;  |  Abrégé 
du.  voyage  d'Anacharsis  ^  en  italien ,  qui 
Ini  mérita  des  éloges  de  l'auteur  lui- 
même.  «  Rien  n'est  omis  dans  votre  ou- 
»  vragc  ,  lui  écrivait  l'abbé  Barthélemi  ; 
»  j'admire  le  choix  et  la  liaison  des  faits  , 
»  la  piopriété  des  termes  et  la  rapidité  du 
«  style.  » 

*  FABBRONI  (  Jean  ) ,  chimiste  et  sa- 
vant italien,  né  à  Florence  en  1746.  Il  fut 
envoyé  à  Paris  en  1778 ,  par  son  souve- 
rain le  grand-duc  de  Toscane,  pour  assis- 
ter à  une  réunion  de  savaiis  ,  chargés  de 
trouver  un  système  de  poids  et  mesures 
générales  pour  tous  les  peuples  civilisés. 
Il  était  employé  au  cabinet  d'histoire  na- 
turelle de  Florence  qu'il  contribua,  sous 
le  grand-duc  Léopold,  à  enrichir  et  à  ren- 
dre un  des  plus  beaux  de  l'Europe.  Es- 
timé et  respecté  sous  tous  Iss  gouverne- 
mens  qui  se  succédèrent  en  Toscane  , 
après  l'invasion  des  Français,  il  fut  mem- 
bre de  la  députation  des  finances  de  la 
reine  régente  d'Etrurie  (  Voyez  MARIE- 
LOUISE  ) ,  veuve  de  Louis  \"  de  Bour- 
bon. Quand  la  Toscane  fit  partie  de  l'em- 
pire français ,  Napoléon  le  nomma  maître 
des  requêtes  ,  conseiller  d'état ,  puis  di- 
recteur général  des  ponts  et  chaussées 
pour  les  départemens  au-delà  des  Alpes. 
Il  fut  appelé  au  corps  législatif  par  le  dé- 
partement de  l'Arno ,  obtint  ensuite  la 
croix  de  la  légion-d'honneur  et  les  titres 
de  baron  et  de  commandant  de  l'ordre 
de  la  réunion.  Fabbroni  était ,  en  outre  , 
un  des  quarante  de  V Académie  dite  la 
Société  italienne ,  et  de  celle  des  Géorgo- 
pkiles^  correspondant  de  l'institut  de 
France ,  professeur  honoraire  des  uni- 
versités de  Pise  et  de  Wilna,  etc.  La  chute 
de  Napoléon  ayant  ramené  en  Toscane  le 
grand-duc  Ferdinand  III ,  ce  prince  ap- 
pela auprès  de  lui  Fabbroni,  le  nomma 


2  FAB 

directeur  de  la  monnaie  de  Florence , 
commissaire  royal  des  forges  et  des  mi- 
nes, et  le  décora  de  la  croix  de  l'ordre  du 
mérite.  Il  remplit  tous  ces  divers  emplois, 
qu'il  devait  à  ses  talens ,  avec  le  zèle  et 
la  probité  qui  distinguaient  son  carac- 
tère ,  et  il  eut  le  rare  avantage  d'avoir 
beaucoup  d'amis  et  presque  pas  d'enne- 
mis. Fabbroni  est  mort  à  Florence  ,  d'un 
coup  d'apoplexie,  le  17  décembre  1822. 
Il  a  laissé  les  ouvrages  suivans,  tous, 
excepté  un  seul ,  écrits  en  italien  ;  |  Ré- 
flexions sur  l'état  actuel  de  l'agriculture^ 
ou  Exposition  du  véritable  plan  pour  cul- 
tiver les  terres  avec  le  plus  grand  avait' 
tage  et  pour  se  passer  des  engrais ,  tra- 
dtiit  en  français,  Paris,  Nyon  l'aîné,  1780, 
in-12  ;  |  Du  ver  à  soie  et  du  byssus  des  an- 
ciens j  Pérouse  ,  1782 ,  in-8'' ,  fig.  L'au- 
teur pense  que  la  soie  est  le  byssus  anti- 
que ,  mais  M.  Henry  a  prouvé  dans  une 
dissertation ,  insérée  dans  la  Revue  ency- 
clopédique (  tom.  1^"^  page  241  ) ,  que  le 
byssus  n'est  autre  chose  que  le  duvet  des 
chèvres  de  Cachemire.  |  Instructions  élé- 
mentaires d'agriculture  ;  Venise,  1787, 
in-12  ;  Turin  ,  1791 ,  in-12,  avec  des  Notes 
du  docteur  J.  Giobert  ;  traduit  eu  fran- 
çais par  Alexandre  Vallée ,  180S ,  in-8**. 
L'auteur  écrivit  cet  ouvrage  par  ordre  du 
grand-duc  de  Toscane,  Léopold  \".  \  Dis- 
sertations sur  la  manière  de  perfection- 
ner les  vins  des  états  romains^  Rome,  1793, 
in-8°  ;  |  Discours  sur  une  singulière  es- 
pèce de  briques ,  Venise,  1791.  Ce  sont  des 
briques  fabriquées  avec  une  substance 
appelée  farine  fossile,  découverte  en 
France  par  M.  Faujas  de  Saint-Fonds,  et 
qui  rend  les  briques  flottantes.  |  Nouveau 
thermomètre  stalionnaire ,  en  1793  ;  |  Sur 
l'antiquité ,  les  avantages  et  la  méthode 
de  la  peinture  encaustique ,  2*  édition , 
Venise  ,  1800 ,  in-8''  ;  |  Synopsis  planta- 
rum  horti  botanici  regii  florentini ,  Flo- 
rence ,  1794 ,  in-4°  ;  j  Les  loisirs  de  la 
campagne,  ou  Libre  Discussion  sur  quel' 
ques  raisonnemens  populaires ,  1800,  in- 
8°  ;  I  De  l'économie  rurale  des  Chinois , 
Venise,  1802  ,  in-8°;  i  La  Bibliotlièque , 
Modène ,  1803.  Cette  bibliothèque  est  une 
lettre  qu'on  trouve  insérée  dans  les  Mé' 
moires  de  la  société  italienne  (  tom.  2, 
p.  92  ) ,  dans  le  Magasin  encyclopédique 
de  Stcllini.  Elle  est  adressée  au  P.  Poz- 
zetto  des  écoles  pies .  et  donne  un  excel- 
lent moyen  de  préserver  les  livres  des 
insectes.  ]  Origine  et  civilisation  des  an- 
ciens habitans  de  l'Italie,  Florence,  1803, 
in-8°  :  l  Des  approvisionixemens  publics . 


FAB 

Florcnrr  ,  l'»SO,  In-S";  |  Dr  la  jirsantrur 
ifx-cifique  des  matières  d'nr  et  d'an/r/it . 
Modôiif.  I.SCHi.  In-'t";  |  Im  Statère  phi- 
Itppique.  ou  Kssai  stir  la  bonté  et  le  litre 
d€  l'or  natif .  Florence,  1808.  La  statère 
Ml  nnc  inonnaii"  innct^donioiuic.  |  Du 
brome  et  des  autres  métaux  lontnis  dr 
Vaniiquité,  Livounie.  1810.  Fabbroiii  i)ii- 
blia  rtvs  trois  derniers  écrits  lors(ju'il  riait 
dirroletir  de  la  maison  des  monnaies, 
Auxt|ncllrs  ils  se  rapporlenl.  Il  a  donné 
divers  Mémoires  dans  phisionrs  journaux 
périodiques,  notamment  au  Journal  de 
physique  (  de  17W  à  1800  )  ;  et  il  fut  un 
des  rédacteurs  des  Memorie  on  Mémoires 
de  la  société  agraire  de  Florence.  Les 
principaux  articles  qu'il  a  fournis  au 
Joiwnal  de  physique  sont  ceux  relatifs  à 
la  force  réfrigérante  des  liquides  ,  aux 
clcarazzas  d'Espagne .  à  l'action  chimi- 
que des  différens  métaux  entre  eux. 

FABI^R  (Gilles)  ,  carme  ,  mort  à  Bru- 
xelles en  1506,  parut  avec  dislinclion 
dans  la  chaire  en  un  temps  où  le  minis- 
tère de  la  parole  était  avili  par  le  ridicule 
et  le  burlesque  que  les  prédicateurs  mê- 
laient aux  vérités  sacrées.  Jean  Trilhème 
lui  attribue  une  Chronique  de  son  ordre, 
une  Histoire  de  Brabant  ^  des  Commen- 
taires et  d'autres  ouvra{je3. 

FABER  (  Je\x  ) ,  appelé,  ainsi  qu'un 
de  ses  livres  ,  le  Marteau  des  hérétiques, 
naquit  à  Leuckerchen  en  Souabe  vers  l'an 
4470,enlra  dans  l'ordre  de  Saint-Domi- 
nique, et  brilla  dans  les  universités  d'Alle- 
magne. L'évéque  de  Constance  le  fit  son 
vicaire-général  en  1519  ;  et  Ferdinand,  roi 
des  Romains,  depuis  empereur,  le  choisit 
pour  son  confesseur  en  L^SG.  Ce  prince 
le  nomma  en  1551  à  l'évèché  de  'Vienne  , 
que  son  zèle  contre  les  hérétiques  lui  avait 
mérité.  Il  mourut  le  12  juin  1541 ,  âgé  de 
65  ans  ,  laissant  plusieurs  ouvrages  d'his- 
toire ,  de  controverse  et  de  piété .  en  5 
vol.  in-fol..  Coloîîiie,  1557  et  l.'iil.  Celui 
de  ses  écrits  qui  lui  fil  le  plas  dhonneur, 
est  son  Mallcus  hterelicorum .  dans  le- 
quel les  questions  controversées  sont  trai- 
tées avec  beaucoup  de  solidité  et  de  cha- 
leur. —  Quelques  auteurs  dislintjuent  ce 
Jean  Faher  d'avec  un  autre  Jean  Fabcr, 
également  dominicain  ,  et  né  aussi  en 
Souabe,  ([ui  vivait  dans  le  même  temps, 
écriTait  dans  le  même  genre  et  de  la  même 
ils  font  naître  celui-ci  à  Heil- 
'  ^  1500.  et  il  ujourul  selon  leuropi- 
'  1570.  Il  ptiblia  un  grand  nom- 
bro  a  ouvrages  parmi  lesquels  on  cite  : 
I   Enchtridion   Biùliorum,  Augsliourg, 


^  V  \\\ 

l.'>V>.  III  i  :  I  i-,ur(us  quihwi  dignosruty 
tur  /irr/Wùi,  ouvrafje  solide  et  curieux, 
on  l'on  trouve  des  parlii  nlurilés  remar- 
quables loticliant  Luther,  ihid..  in-4°;  |  Zi- 
bellus  quod  fides  esse  possit  sine chmi- 
tate.  Aujjsbouriî,  I.ViS,  in-/*". 

FARKR  (  PiKiuii;  )  ,  né  en  Savoie,  fut 
undcs  neuf  premiers  compafpionsde  saint 
Ignace  de  Loyola,  et  seconda  les  travaux 
du  7-élé  fondateur,  tant  pour  l'établisse- 
uu'nt  de  la  compagnie,  que  pour  le  bien 
général  de  l'Eglise.  Il  fil  plusieurs  courses 
apostoliques  en  Italie,  en  Espagne  et  eu 
Allemagne ,  convertit  un  grand  nombre 
de  libertins  cl  d'hérétiques,  et  répandit 
l'instruction  chrétienne,  particulièremenl 
dans  les  villages  et  parmi  les  pauvres.  (I 
mourut  l'an  I5ii6. 

FARER  (  Basile  ) ,  né  à  Soraw  en  Si- 
lésie  l'an  1520  ,  fut  recteur  du  collège 
d'humanités  à  Erfurth  ,  oVi  11  njourut  en 
1576,  el  s'est  fait  connaître  par  son  Thé- 
saurus ei'udilionis  scholasticce .  qu'il  pu- 
blia en  1571.  Auguste  Buchmer  ,  Cella- 
rius,  Graevius  firent  successivement  des 
augmentations  à  ce  dictionnaire,  dont  les 
citations  sont  fort  exactes.  La  dernière 
édition  est  de  la  Haye,  1755,  2  vol.  in-fol. 
Faber  a  donne  aussi  une  traduction  alle- 
mande des  remarques  latines  de  Luther 
sur  la  Genèse  ,  et  fut  un  des  disciples  les 
plus  ardens  de  cet  hérésiarque. 

'  FABER  (  Jeax-Ei\>est)  ,  savant  pron 
fcsseurde  langues  orientales  et  de  philo- 
sophie, dans  l'université  de  Kiel,  ensuite 
dans  celle  d'Iéna  ,  était  né  en  17i5  h.  Sira- 
mershausen ,  dans  le  duché  d'Hildburg- 
hausen  en  Saxe ,  et  mourut  à  léna  le  15 
mars  177/i.  On  lui  doit  :  |  Dcsciiptio  com- 
mentarii  in  septuaginta  interprètes .  Gol- 
lingue,  17G8-69,  2  parties  in-4";  |  Wsto- 
riamannœ  inter  Jlœbrœos .  1770-75  ;  |  Pro- 
gramvia  novum  de  Messia  ,  exactis  490 
annis  post  exilium  Judœonim  babyloni- 
cum .  nascituro  ex  Zacharia ,  cap.  5,  v. 
8,9,10;  I  Jésus  ex  natalium  opportu- 
nitate  Messias  Avn^^ ,  1772,  in-8";  |  jJr- 
chéologie  des  Hébreux^  en  allemand, 
première  partie  ,  Halle  ,  1775 ,  in-8°.  Fa- 
ber a  aussi  publié  les  2  premiers  numé- 
ros de  la  Nouvelle  bibliothèque  philoso- 
phique, en  allemand,  Leipsick,  1774,  con- 
tinuée par  J.-C.  Hennings. 

FARER.  t'oyez  FABRE,  FAVRE,  FE- 
VRE , LEFÈVRE. 

FABERT  (  Arraham  ),  maréchal  de 
France  ,  naquit  à  Met/,  en  1599.  Son  père, 
inaitre  échevin  de  cette  ville  cl  6ls  d'un 
riche  libraire  de  ^aIlcy,  avait  été  anobli 


FAB 

par  Henri  IV.  Il  destina  son  fils  au  bar- 
reau ou  à  l'Eglise  ;  mais  le  jeune  Fabert , 
né  pour  la  guerre ,  voulut  suivre  son 
penchant.  Dès  l'âge  le  plus  tendre,  il 
s'occupait  à  différens  exercices  d'infan- 
terie avec  des  figures  de  carton ,  qu'il  fai- 
sait mouvoir  suivant  le  commandement. 
11  servit  sous  le  duc  d'Epernofi  dans  plu- 
sieurs occasions  importantes.  Il  se  signala 
surtout  en  1635.  Ou  commença  dès  lors 
à  conter  mille  particularités  fabuleuses 
sur  la  cause  de  ses  succès.  On  les  attribua 
au  diable,  quoique  l'on  ne  pût  mécon- 
naître son  courage  et  ses  talens.  Il  sauva 
l'armée  du  roi  à  la  retraite  de  Mayence, 
et  ne  se  distingua  pas  avec  moins  d'éclat 
en  Italie  qu'en  Allemagne.  Blessé  à  la 
cuisse  au  siège  de  Turin,  il  ne  voulut  ja- 
mais souffrir  qu'on  la  lui  coupât.  «  Il  ne 
■»  faut  pas  mourir  par  pièces,  dit-il  à 
j>  Turenne  et  au  cardinal  de  La  Valette,  qui 
»  l'exhortaient  à  cette  opération  :  la  mort 
»  m'aura  tout  entier,  ou  elle  n'aura  rien.» 
En  d654,  il  prit  Stenai.  Ses  services  fu- 
rent payés  par  le  gouvernement  de  Se- 
dan ,  et  par  le  bâton  de  maréchal  de 
France  en  16S8.  Le  roi  lui  offrit  depuis 
le  collier  de  ses  ordres  ;  il  le  refusa  ,  ne 
se  trouvant  pas  en  état  de  produire  les 
titres  nécessaires  pour  recevoir  cet  hon- 
neur. Louis  XIV  lui  répondit,  «  que  le 
»  refus  qu'il  faisait ,  lui  inspirait  plus  d'es- 
»  lime  pour  lui ,  que  ceux  qu'il  honorait 
»  du  collier  ne  recueillaient  de  gloire  dans 
»  le  monde.  »  Fabert  mourut  en  1,G62  à 
Sedan ,  à  65  ans.  On  fit  des  contes  sur  sa 
mort ,  qui ,  tout  étranges  qu'ils  étaient , 
ne  laissèrent  par  de  se  répandre  ,  et  trou- 
veront encore  quelques  partisans  dans 
ce  siècle  philosophe.  On  avait  imaginé 
qu'il  était  sorcier  ;  on  prétendit  que  le 
diable  l'avait  enlevé.  Ce  qui  a  pu  accré- 
diter ces  bruits ,  c'est  que  le  nnaréchal 
Fabert  avait  du  goût  pour  l'astrologie  ju- 
diciaire, et  d'autres  curiosités  vaines  ou 
dangereuses  (  t'oyez  FAUSÏUS,  LUXEM- 
BOURG ,  PHILIÎPPEDORLÉANS  ,  etc.  ). 
Le  Père  Barre ,  chanoine  de  Sainte-Ge- 
neviève, a  publié  sa  F'ie  en  1752,  en  2 
vol.  in-12.  Il  y  a  des  choses  curieuses, 
mais  trop  de  minuties  et  de  détails  étran- 
gers au  maréchal.  Voici  un  trait  qui  fait 
l'éloge  de  son  caractère.  Les  troupes  de 
Galas  ,  général  de  l'empereur  ,  ayant  pé- 
nétré en  Champagne,  manquèrent  de  vi- 
vres. Les  généraux  français  les  ayant 
obligés  de  se  retirer,  elles  tuèrent  dans 
leur  retraite  tous  ceux  qui  leur  en  refusè- 
ïcnt.  Fabert,  qui  les  poursuivait,  entra 


FAB 

dans  un  champ  abandonné  et  couvert 
d'officiers  et  de  soldats  autrichiens  bles- 
sés et  mourans.  Un  français  qui  avait 
l'âme  féroce,  dit  tout  haut:  «  Il  faut  ache* 
»  ver  ces  malheureux ,  qui  ont  mas- 
»  sacré  nos  camarades  dans  la  retraite  de 
»  Mayence.  —  Voilà  le  conseil  d'un  bar- 
»  bare,  reprit  Fabert,  cherchons  une  veiv 
»  geance  plus  noble.  »  Aussitôt  il  fit  dis- 
tribuer à  ceux  qui  purent  prendre  une 
nourriture  solide ,  le  peu  de  provisions 
que  son  détachement  avait  apportées.  Les 
malades  furent  ensuite  transportés  à  Mé- 
zièrcs  ,  où  ,  après  quelques  jours  de  soio, 
la  plupart  recouvrèrent  la  santé.  Le  père 
du  maréchal  Fabert  est  auteur  des  Notes 
sur  la  Coutume  de  Lorraine ,  1657 ,  in- 
folio. 

FABIEN  (  saint  ),  romain  ou  italiea, 
monta  sur  la  chaire  de  Saint-Pierre  après 
Anthère,  en  256.  Il  bâtit  plusieurs  églises 
dans  les  cimetières  où  reposaient  les  corps 
des  martyrs.  Il  envoya  des  évoques  dans 
les  Gaules  pour  y  annoncer  l'Evangile  ; 
mais  plusieurs  auteurs  datent  la  pre- 
mière mission  des  évêques  envoyés  en 
France,  du  pontificat  de  saintClément. 
Saint  Fabien  mourut  pour  la  défense  de 
la  foi ,  au  commencement  de  la  persécu- 
tion de  Dèce,  en  250,  après  un  pontificat 
de  ïh  ans,  1  mois  et  10  jours.  On  lui  at- 
tribue des  décrélales  qui  sont  visible- 
ment supposées. 

FARIOLE  (  sainte  ) ,  dame  romaine , 
célèbre  par  ses  vertus,  surtout  par  sa  cha- 
rité et  sa  pénitence  ,  dont  saint  Jérôme 
fait  le  plus  beau  et  le  plus  touchant  éloge 
dans  son  Epitaphium  Fabiolœ.  Sa  vie 
fournit  une  preuve  décisive  contre  ceux 
qui  soutiennent  la  dissolubilité  du  ma- 
riage en  cas  d'adultère.  Cette  femme  il- 
lustre ,  après  s'être  séparée  d'un  mari 
adultère  ,  en  avait  épousé  un  autre.  Les 
lois  civiles ,  dont  plusieurs  émanées  des 
empereurs  païens  subsistaient  encore  dans 
le  code  impérial,  paraissaient  autoriser 
ce  second  mariage.  Mais  Fabiole  ne  tarda 
pas  à  reconnaître  son  erreur  cl  sa  faute  ; 
elle  en  fit  le  jour  même  de  Pâques  une 
pénitence  éclatante ,  à  la  vue  de  tout  le 
peuple  romain.  11  ne  se  trouva,  ni  dan.* 
cette  capitale  du  monde,  ni  dans  tout 
l'empire  ,  de  théologien  qui  prétendît  ou 
justifier  le  mariage  ou  blâmer  la  péni- 
tence. L'opinion  de  Lauuoy  n'était  donc 
pas  connue  alors  parmi  les  chrétiens.  Et 
qu'on  ne  dise  pas  que  c'est  pour  être  pré- 
cisément contraire  aux  lois  ecclésiasti- 
ques que  ce  mariage  fut  réprouve  :  car  il 


FAB  e 

Mimu"  ftiriurllciDonl   ronirairo  à 

u    de  rLvnngile  :   Piilabat ,  iVi^ 

.K.ômc,  à   sr  vinttn  juste  tlimis- 

i  .  WKC  EV4%<.KI.II    RKiOMEM   WOVERAT  , 

\  ,.ro  wt'BCXOi  t\i\i.nsA  exci's.\tio,  vi- 
vi::vTi»vs  vims.   h*:mims  ampi  TAitn... 
Jtiar  sunt  lencs  Cirsantm  .  aliœ  Cfu-is- 
f^  .  j.,      /  p.......,Vf„t«  ,  alind  I^tiltts  nos- 

ter  i  r.  Epit.  Fabiolœ).  Qu'on 

jn.H.  .       Il  ou  de  ri{];norance  on  de 

la"n>au\aisc  foi  des  écrivaillcurs,  qui, 
dans  cps  dernières  années  ,  ont  osé  se 
servir  de  l'exemple  de  Fabiole  pour  au- 
toriser le  divorce  !  Celte  sainte  mourut  à 
Rome  ,  vers  l'an  AGO.  «  Rome  ,  dit  saint 

•  Jérôme,  était  un  champ  trop  étroit 
»  pour  sa  grande  charité.  Lllc  s'élanyail 
»  dans  les  îles,  et  parcourait  les  rivages 
»  de  la  mer .  tantôt  en  personne ,  tantôt 

•  par  les  ministres  de  ses  bienfaits.»  An- 
yusta  misen'cordiœ  ejus  Roma  fuit.  Per- 
agrabat  insulas;  et  reconditos  ciirvontm 
iUtorum  sinus,  vcl  proprio  torpore ^  vel 
trattsmissa  inuniflcentia  ciicuibai. 

FABIVS  MVXIMl'S  (  Qtixris  ),  dit 
Rullianus^  est  le  premier  de  la  famille 
dts  Fabiens  qui  fut  honoré  du  titre  de 
jVfljr/mM^^  pour  avoir  ôté  au  petit  peuple 
la  disposition  des  élections.  Général  de 
la  cavalerie,  l'an  32't  avant  J.-C. ,  il  força 
[e  camp  des  Samniles  et   remporta  une 
victoire  complète.  Le  dictateur  Papirius  , 
fâché  qu'il  eût  donné  la  bataille  contre 
ton  ordre ,  voulut  punir  sa  désobéissance; 
mais  le  peuple  romain  et  l'armée  obtin- 
rent sa  grâce.  Fabius  fui  cinq  fois  consul, 
deux  fois  dictateur  et  une  fois  censeur. 
n  refusa  celte  charge  une  seconde  fois , 
disant  que  c'était  contre  la  coutume  de 
ta  république.  Il  triompha  des  Apuléicns 
et  des  Lucériens,  puis  des  Samniles,  et 
enfin  des  Gaulois,   des   Umbriens,   des 
Blarscs  et  des  Toscans.  Ce  fut  lui  qui  re- 
nia que  les  chevaliers  romains  ,  niontés 
I    des  chevaux   blancs,   iraient,  le  15 
et,  depuis  le  temple  de  l'Honneur  jus- 
lu  Capilole. 
I  VBIUS  (  Qlixtus-Maximl'S-Vkrrc- 
■  -C5  ),  surnommé  Cunciator  ou  le  Tcm- 
iscur.  un  des  plus  grands  capitaines 
.ancienne  Rome,  fut  élevé  cinq  fois 
'  dignité  de  consul.  Pendant  son  pre- 
r  consulat,  l'an   233   avant  J.-C,   il 
t  les  Liguriens.  Sa  patrie,  réduite  à 
^  '  rémité  après  la  bataille  de  Trasimène , 
recours  à  lui  ;  on  le  créa  dictateur.  Il 
'    "  nne  nouvelle  façon  de  coinbaltre 
[  1  voulut  le  fatiguer  par  des  mar- 
•:s  contre -marches,  sans  jamais 


I  \n 

en  venir  aux  iii.iiiis.  (.es  ruses  lui  méritè- 
rent le  nom  de  Tenipnrisrnr.  Les  Romuinf, 
mécontens  de  ces  remises,  dont  ils  ne 
pénétraient  pas  la  finesse,  le  rappelèrent 
sous  préti'xte  de  le  faire  assister  à  un  sa- 
crifice solennel,  cl  donnèrent  la  moitié 
de  son  autorité  à  son  lieutenant  Minntius 
Rufus,  liomme  aussi  ardent  que  Fabius 
était  réservé.  Ils  revinrent  bientôt  de  leur 
erreur.  Le  téméraire  lieutenant  s'élanl 
engagé  dans  une  embuscade,  son  sage  gé- 
néral le  tira  de  ce  péril.  Minutius,  pé- 
nétré de  reconnaissance  envers  son  libé- 
rateur, lui  remit  ses  troupes,  content 
d'apprendre  sous  lui  à  vaincre  et  à  com- 
mander. Fabius  combattit  avec  sa  pru- 
dence ordinaire.  Oii  lui  décerna  le  nom 
de  Bouclier  de  Rome.  Après  la  bataille 
de  Cannes ,  il  lassa  tellement  les  troupes 
d'Annibal,  qu'elles  ne  furent  i)lus  en  état 
de  se  défendre  contre  les  Romains.  Il  re- 
prit Tarente  sur  le  général  carthaginois. 
Ayant  réglé  avec  lui  le  rachat  des  captifs, 
et  le  sénat  refusant  de  ratifier  son  accord, 
il  vendit  tous  ses  biens  pour  s'acquitter  de 
sa  parole.  On  rapporte  qu'Annibal  ayant 
appris  la  ruse  que  Fabius  avait  employée 
pour  se  rendre  maître  de  Tarente  ,  il  s'é- 
cria plein  d'étonnement  :  «  Quoi ,  les  Ro- 
»  mains  ont  donc  aussi  leur  Annibal!  » 
Ce  dernier  tenta  vainement  d'attirer  le 
i-omain  au  combat.  Il  lui  lit  dire  'iii  jour  : 
«  Si  Fabius  est  aussi  grand  capitaine  qu'il 
»  veut  qu'on  le  croie,  ï\  doit  descendre 
»  dans  la  plaine  et  accepter  la  bataille.  » 
Fal)ius  répondit  froidement  :  «  Si  Anni- 
»  bal  est  aussi  grand  capitaine  qu'il  le 
0  pense  ,  il  doit  me  forcer  à  la  domier.  » 
Cet  homme  illustre  mourut  quelques  an- 
nées après ,  âgé  de  près  de  cent  ans ,  si 
l'on  en  croit  Valere- Maxime ,  l'an  204 
avant  J.-C.  C'est  de  lui  qu'Ennius  a  dit  : 

Unns  liomo  nobis  eunclaodo  rcstituit  reni  ; 
KoD  poocLat  coira  rumorct  ante  talutem. 

FABIUS  MAXIxMl'S  (QtixTus),  fils 
du  précédent.  Pendant  son  consulat ,  son 
père  vint  à  lui  sans  descendre  de  cheval; 
il  lui  fit  ordonner  de  mettre  pied  à  terre. 
Alors  cet  illustre  romain  ,  embrassant  son 
fils  ,  lui  dit  :  «  Je  voulais  voir  si  tu  sa- 
»  vais  ce  que  c'est  que  d'être  consul,  n 

FABIUS  PIUTOR  ,  le  premier  des  Ro- 
mains qui  écrivitl'^»5fotr<7  de  sapalfie, 
vivait  vers  l'an  21G  avant  J.-C.  L'ouvrage 
que  nous  avons  sous  son  nom ,  est  ui>e 
pièce  supposée,  et  du  nombre  de  celles  qui 
ont  été  publiées  par  Annius  de  Viterbe. 
Ceux  de  celte  famille  prirent  le  noui  d« 
i. 


FAB 

THcior  j  parce  que  celui  dont  ils  descen- 
daient, avait  fait  peindre  les  murs  du 
temple  de  la  Santé. 

FABIUS  DOSSENXUS  ou  DORSENUS  , 
composa  des  farces  appelées  par  les  Ro- 
mains Atellanes.  de  la  ville  d'Attella  dans 
le  pays  des  Osques ,  où  elles  prirent  nais- 
sance. Hoiace  ,  Sénèque  et  Pline  parlent 
de  ce  poète.  On  ne  sait  pas  en  quel  temps 
il  a  vécu. 

FABIUS  MARCELLIIVUS,  historien  du 
3*  siècle  ,  est  cité  par  Lampride  ,  comme 
auteur  d'une  Vie  d' Alexandre  Mammée. 

FABIUS  RUSTICUS  ,  historien  du 
temps  de  Claude  et  de  Néron  ,  fut  ami  de 
Sénèque.  Tacite  loue  son  style  dans  ses 
Annales  et  dans  la  Vie  d'Agricola;  et  cet 
éloge  d'un  historien  qui  passait  pour  sati- 
rique ,  est  un  préjujjé  en  faveur  des  écrits 
de  Fabius. 

*  FABRE  (Pierre-Jean),  médecin  de 
la  faculté  de  Montpellier,  exerça  sa  pro- 
fession à  Gastelnaudary  avec  succès,  et 
avait  fait  une  étude  particulière  de  la 
chimie.  On  lui  doit  un  grand  nombre  d'ou- 
vrages dont  la  réputation  assez  brillante 
d'abord  ne  s'est  pas  soutenue.  On  en  fit 
des  traductions  en  allemand.  Les  princi- 
paux sont  :  I  Palladium  spagiriciim^  Tou- 
louse, 1624  ,  in-S"  ;  1  Insignes  curationes 
variorum  morbormn  medicamentis  chxj- 
micis  jucundissima  methodo  curatorum  ^ 
Toulouse,  1627,  in-8°;  |  Myrothecium  spa- 
giricum  sive  Pharmacopœa  chyniica , 
Toulouse,  1628,  in-8";  |  Alclujmista  chris- 
tianus  j  Toulouse  ,  1632  ,  in-8",  le  plus 
curieux  de  ses  ouvrages;  |  Panchyniici 
seu  anatomiœ  tolius  universi  opus  ^  Tou- 
louse, 16/t6,  in~8°. 

FABUE(  JEA^'-CLAUDE  )  naquit  à  Paris 
le  13  avril  1668 ,  d'un  père  chirurgien.  Il 
entra  ches  les  Pères  de  l'Oratoire  et  y 
professa  avec  distinction.  Une  édition  du 
Dictionnaire  de  Richelet  ^  dans  laquelle  il 
inséra  plusieurs  articles  sur  les  matières 
de  tliéologie  ,  et  des  satires  odieuses  dic- 
tées par  l'esprit  de  parti,  l'obligea  de  sor- 
tir de  sa  congrégation.  Il  y  rentra  en  1715, 
et  y  mourut  en  1753  ,  dans  la  iTiaison  de 
St.-Honoré  à  Paris,  à  8o  ans.  Il  avait  prê- 
ché avec  quelque  succès,  et  son  esprit  se 
pliait  facilement  à  tous  les  genres  d'étude. 
On  a  de  lui  :  |  L'édition  citée  du  Diction- 
naire de  Richeletj  revue,  corrigée  et  aug- 
mentée ,  en  2  vol.  in-fol.  ,  Lyon  ,  1709, 
sous  le  titre  d'Amsterdam;  |  un  petit  Dic- 
tionnaire latin  et  français  ^  in-S°  ,  dressé 
sur  les  meilleurs  auteurs  classiques ,  et 
dont  on  a  fait  plusieurs  cdiLions;  |  une 


6  FAB 

traduction  des  OEuvres  de  Virgile,  avec 
des  dissertations .  des  notes  et  le  texte 
latin,  en  3  vol.,  Lyon,  1721,  réimprimé  en  i 
1741,  4  vol.  in-12.  Cette  version,  lâche  et  \ 
prolixe,  n'est  guère  au-dessus  de  celle  de  | 
Martignac.  |  Une  Continuation  de  Vllii'  ! 
toire  ecclésiastique  de  Fleury .  en  16  vol  [ 
in-4°  et  in-12  ,  depuis  1414  ,  jusqu'à  l'an  i 
1595.  On  en  a  une  nouvelle  édition  ,  1777.  i 
Il  l'avait  poussée  beaucoup  plus  loin  ;  i 
mais  les  deux  derniers  tomes  ayant  été  i 
changés  en  quantité  d'endroits  par  des 
mains  étrangères,  et  lui  ayant  d'ailleurs 
été  défendu  de  donner  de  nouveaux  vo- 
lumes,  la  suite  est  restée  manuscrite.  Le 
continuateur  est  bien  inférieur  à  l'auteur 
qu'il  continue  ,  pour  l'onction  du  style  et 
pour  le  choix  des  matières,  et  surtout  pour 
la  sagesse  et  l'éloignement  de  l'esprit  de 
parti.  Il  étend  avec  excès  son  travail ,  et 
mêle  à  l'histoire  ecclésiastique  trop  d'his- 
toire civile.  Ce  n'est  proprement  qu'une 
compilation  écrite  d'un  style  facile ,  mais 
sans  correction  et  sans  élégance.  L'abbé 
Rondet  qui  Ta  continuée  après  lui ,  a  en- 
core plus  mal  réussi ,  et  donné  au  fana- 
tisme de  la  petite  église  un  essor  plus  li- 
bre. C'est  cependant  cette  continuation 
de  Fleury,  qui  est  continuellement  citée 
par  les  compilateurs  du  jour  ;  le  fanatique 
Fabrc ,  le  fanatique  Rondet  sont  sans 
cesse  allégués  comme  des  autorités  légales, 
par  des  gens  même  qui  veulent  avoir  des 
titres  à  la  philosophie.  Tel  esl  le  sort  de 
l'histoire  dans  ces  jours  de  subversion  et 
de  mensonge.  ]  Entretiens  de  Christine 
et  de  Pélagie,  sur  la  lecture  de  l'Ecriture 
sainte,  in-12  ;  |  un  Abrégé  de  l'Histoire 
ecclésiastique  en  manuscrit  ;  |  la  table 
de  la  traduction  française  de  Vllistoire 
du  président  de  Thou,  in-4°.  Il  avait  aussi 
commencé  la  table  du  Journal  des  savans, 
dont  il  se  déchargea  peu  après  sur  M. 
l'abbé  de  Claustre,  à  qui  on  est  redevable 
de  cet  ouvrage  en  10  vol.  in-4''.  —  Il  ne 
faut  pas  le  confondre  avec  un  abbé  FABRE 
ou  FvVVRE  ,  qui  a  donné  des  Lettres  sur 
la  visite  de  M.  des  Achards  .  ouvrage 
dicté  par  l'esprit  du  même  parti,  et  sup- 
primé par  un  décret  du  saint  Office  le  16 
juin  1746. 

*  FABRE  (don  Louis),  savant  biblio- 
graphe, bénédictin  de  la  congrégation  de 
Sainl-Maur,  né  à  Roujan  ,  diocèse  de  Bé- 
ziers,  en  1710,  mort  en  1788,  à  Orléans, 
bibliothécaire  de  cette  dernière  ville ,  a 
laissé  un  Catalogue  l'aisonné  des  livres 
de  la  bibliothèque  fondée  par  Guillaume 
ProusteaUj  etc. ,  Orléans,  1777,  in-4°. 


F  AD  7 

•  F.\BIIK(Pierrk),  cliirurijicn,  né  en 
1716  à  Tarascon  .  de  vint  professeur  royal 
au  collciîc  de  dùruruic  ol  conseiller  du 
comité  de  Vacadénue  royale,  et  s'est  fait 
connaître  avantageusement  par  plusieurs 

0U^^ T  •  -linuxsont  |  Kssai  sur 

tes  nnes  .  4758,  in-lS; 

I  Ti.  ^  vénéricivies  ,{T(»^  , 

S  vol.  iit-i^,!H>uveikl  réimprimé  et  traduit 
en  allemand  en  1777;  |  Essai  sur  différens 
points  df  phi/sioloffie  .  1778.  iii-8",  traduit 
en  allemand  par  IMatner  ,  1778,  in-8"; 
I  Recherclics  sur  la  nature  de  l' homme 
considéré  dans  l'étal  de  santé  et  dans  l'é- 
tat de  malMlie ,  1776  ,  in-8"  ;  |  Réflexions 
sur  la  chaleur  animale .  1784,  in-8";  |  Es- 
sai sur  les  facultés  de  /«m/'.  Amsterdam, 
1735,  in-lii,  réimprimé  en  1787  ;  |  Recher- 
ches sxtr  les  vrais  principes  de  l'art  de 
guérir.  1790,  in-8".  Pierre  Fabre  a  inséré 
aussi  plusieurs  Mémoires  dans  la  collec- 
tion de  l'académie  royale  de  chirurgie. 
—  FABRE  (  Axtoixe),  son  frère,  né  à 
Tarascon  en  1710,  mort  à  Aix  en  1795  , 
entra  dans  l'ordre  des  grands  carmes,  et 
s'y  lit  connaître  par  son  talent  pour  la 
chaire.  II  fui  chargé  en  1743  par  les  au- 
torités civiles  et  ecclésiastiques  d'Arles 
où  ii  habitait  alors ,  de  faire  le  panégyri- 
que de  cette  ancienne  ville.  On  l'a  impri- 
iné  à  Aix  ;  mais  les  sermons  de  l'auteur 
n'ont  jamais  vu  le  jour. 

•FABIIE  (de  riléraull),  était  avocat  à 
Montpellier  lorsque  la  révolution  éclata  ; 
il  en  adopta  les  principes  avec  exaltation. 
etfut  nommé  député  de  son  département 
à  la  Convention  nationale  en  1792.  Dans 
le  procès  de  Louis  XVI  il  vola  pour  la 
peine  de  mort ,  sans  sursis»  cl  sans  appel , 
et  fut  envoyé  ,  après  la  journée  du  51  mai 
1793,  à  l'armée  dos  Pyrénées-Orientales, 
on  il  montra  plus  de  valeur  que  de  capa- 
cité. U  contribua  à  désorganiser  l'armée 
française  en  y  entretenant  l'insubordina- 
lionet  l'anarchie,  fut  cause  de  la  défaite  de 
Dagoherl  àTruillas  le  22  septembre,  et  iil 
manquer  l'attaque  de  Turreau  sur  le  Bou- 
lou.  Les  empiétemens  de  Fabre  sur  l'au- 
lorilé  militaire  furent  un  des  principaux 
motifs  de  la  retraite  du  général  Tuireau  et 
de  l'inaction  forcée  de  Doppet,  son  succes- 
nntr.  Attaqué  le  20  décembre  par  le  géné- 
ral Lacusta,  il  fut  entraîné  par  la  défaite 
d'une  jiartie  de  l'armée  ,  et  péril  près  de 
"  't  Vendres,  en  cherchant  à  rallier  les 
iftis.  LaOjnvcnli(jn  décerna  hs  hon- 
irsdu  Panliiéonà  Fabre,  qui  avait  plu- 
sieurs fois  compromis  le  sort  de  l'armée, 
el  une  pension  fut  accordée  à  sa  veuve. 


F.vn 

•  FABRE  I)E(;LV.\TI^'E  (Phiiif».» 
Fr.\,\vois-Na7.*irk  K  né  d'une  famille 
bourgeoise  le  28  décembre  1755,  à  Li- 
moux  ,  et  non  à  Carcassonne  ,  comme  on 
la  dit  dans  plusieurs  Biographies,  recul 
son  instruction  littéraire  au  collège  des 
doctrinaires,  et  apprit  en  outre  plusieurs 
arts  d'agrément.  Après  avoir  achevé  se» 
éludes,  il  entra  dans  la  congrégation  des 
doctrinaires,  el  professâtes  basses  classes 
à  Toulouse  ,  où  il  remportinne  églantine 
dor  à  lacadémic  dos  jeux  floraux  ;  c'est 
de  là  que  le  surnom  îï Kglantine  lui  est 
resté.  En  1777,  il  avait  quitté  sa  congré- 
gation ,  et  il  se  trouvait  à  Paris  où  il  com- 
posa un  poème  :  Vllistoire  naturelle  et 
son  étude  dojis  le  cows  des  saisons .  qui 
parut  sous  le  titre  de  l'Etude  de  l'histoire 
naturelle  ^  1783,  in-8".  Il  joua  ensuite  la 
comédie  successivement  à  Mai^slricht ,  à 
Liège ,  à  Genève ,  à  Chàlons-sur-Saône  ,  à 
Lyon  et  à  Avignon,  el  il  était  dans  ceite 
dernière  ville  en  1786,  lorsque  poursuivi 
par  des  créanciers ,  il  trouva  un  asile  che» 
les  doctrinaires  qui  y  tenaient  un  collège. 
En  1787,  Fabre  d'Eglanline  vint  à  Paris, 
avec  des  pièces  de  théâtre  en  portefeuille 
«  Toulesces piècesne furent  pasjouccs,  dit 
»  Laharpe ,  et  ce  qui  put  l'èlre  est  déjà 
»  oublié  pour  la  plus  grande  partie  de- 
B  puis  long-temps.  »  Quelques-unes  obtin- 
rent cependant  alors  une  certaine  vogue  , 
el  valurent  quelque  réputation  à  l'auteur. 
Lorsque  la  révolution  éclata,  Fabre  qui 
était  doué  d'un  caractère  inquiet  et  ambi- 
tieux ne  pouvait  manquer  de  se  pronon- 
cer avec  chaleur  pour  elle.  Il  se  lia  avec 
Danton  ,  Lacroix  et  Camille  Desmoulins, 
prit  part  à  tous  les  excès  de  leur  parti , 
notamment  à  la  révolution  du  10  août , 
qu'il  avait  aussi  contribué  à  provoquer 
par  la  publication  de  quelques  pamphlets, 
et  fut  membre  de  lacomnmne  provisoire 
qui  s'installa  aussitôt  après  la  chute  du 
trône.  A  l'époque  du  2  septembre  1792  ,  il 
était  secrétaire  de  Danlon ,  et  on  l'a  ac- 
cusé d'avoir  été  un.  des  provocateurs  du 
massacre  des  prisons ,  d'où  il  eut  soin , 
dit-on,  de  faire  sortir  auparavant  sa  cui- 
sinière ,  déteime  pour  dettes.  Nommé  dé- 
puté de  Paris  à  la  Convention,  il  y  pro- 
fessa les  opinions  les  plus  révolutionnaires 
et  vota  la  mort  du  roi  sans  appel  ni  sursis. 
Membre  du  comité  de  salut  public,  il  fil 
décréter  la  loi  du  maximum  qui  anéantit 
le  commerce  el  l'industrie  en  France.  Le 
rapport  qu'il  prononça  jjour  faire  adopter 
le  calendrier  républicain  {voyez  ROMME), 
aunouçait  uuc  i^jnoroncc  aussi  crasse  ea 


FAB  8 

astronomie  qu'en  {jrammaire.  Il  déposa 
contre  Brissot  et  les  Girondins,  el  fil  arrê- 
ter le  secrétaire  de'  la  guerre  Vincent  et 
le  général   Mazuel ,  ce  qui  lui  attira  la 
haine  d'Hébert ,  protecteur  de  ces  der- 
niers. Ses  liaisons  avec  Danton,  et  surtout 
son  faste,  le  rendirent  suspect  à  Robes- 
pierre. Aussi  eut-il  bientôt  à  se  justifier 
des  dénonciations  qui  furent  portées  con- 
tre lui  ;  des  cris  à  la  guillotine  interrom- 
pirent son  discours  et  la  société  des  Cor- 
deliers  déclarait  dans  le  même  moment 
qu'elle  lui  avait  retiré  sa  confiance.  La 
Convention  le  décréta  d'accusation  bien- 
tôt après ,  comme  falsilicateur  d'un  dé- 
cret   relatif  à    la  compagnie  des  Indes. 
Mais  son  crime  véritable  était  d'avoir  hé- 
sité un  moment  à  poursviivre  la  route  san- 
glante dans  laquelle  il  s'était  engagé.  Les 
sociétés  des  Cordcliers  et  des  Droits  de 
l'homme  le  firent  déclarer  chef  du  mode- 
rantismej,  et  il  fut  enfin  décrété  d'accusa- 
tion comme  complice  de  la  conspiration 
de  l'étranger.  Fabrc  d'Eglanliue  fut  tra- 
duit au  tribunal  révolutionnaire  en  même 
temps  que  Danton  ,  l'un  et  l'autre  accusés 
par  Saint-Just  d'avoir  tenté  de  rétablir 
Louis  XYII  sur  le  tt  ône.  Condamné  à  mort, 
après  avoir  passé  plusieurs  mois  dans  sa 
prison  >  il  fut  exécuté  ainsi  que  Danton  , 
et  Camille  Desmoulins  ,    le  5  avril  1794, 
et  montra  peu  de  fermeté  dans  ses  der- 
niers momens.  Fabre  d'Eglantine  a  com- 
posé dix-sept  comédies  dont  la  plupart 
n'ont  eu  qu'un  succès  de  circonstance  ;  le 
Présomptueux  ^  joué  en  1790 ,  établit  une 
sorte  de  rivalité  entre  Fabre  et  l'auteur 
des  Châteaux  en  Espagne  et  de  l' Oplimisle, 
et  telle  fut  l'origine  de  la  haine  que  le  pre- 
mier voua  à  ColUn-d'Harleville.  Outre  les 
ouvrages  déjà  mentionnés ,  on  a  de  lui  : 
I  Augusta,  tragédie  représentée  en  1787  ; 
des  comédies  dont  nous  citerons  :  Les 
gens  de  lettres ,  ou  le  poète  Provincial  à 
Paris  ^  en  cinq  actes  et  en  vers  ;  |  Le  Plii- 
linte  de  Molière  ,  ou  la  Suite  du  Misan- 
thrope ,  comédie  en  cinq  actes  et  en  vers, 
1790,  in-S";  |  Xe  Convalescent  de  qualité^ 
ou  l'Aristocrate  moderne ,  comédie   en 
deux  actes  et  en  vers ,  d79l ,  in-8°;  |  \ In- 
trigue épistolaire ,  comédie  en  cinq  actes 
et  en  vers,  1791 ,  in-8",  qui  n'est,  dit  La- 
harpe,   qu'une  grossière  contre-épreuve 
du  Barbier  de  Séville  ;  |  V Héritière,  comé- 
die en  cinq  actes  et  en  vers,  jouée  le  5 
novembre  1791  ;  |  Isabelle  de  Salisbury. 
opéra,  1791  ;  |  Le  Sot  orgueilleux ,  comé- 
die en  cinq  actes  et  en  vers,  1791  ;  |  Les 
Pr€cepteu7-s  j  comédie  en  cinq  actes  et  en 


FAB 

vers ,  qui  ne  fut  jouée  et  imprimée  qu'ert 


1799,  in-8°;  elle  a  été  traduite  en  aile-  ! 
mand  par  madame  Kolzebue.  On  a  publié  ,   S 
en  1796 ,  sous  le  nom  de  Fabre  d'Eglan-    ! 
tine ,  une  Correspondance   amoureuse.   \ 
précédée  d'un  Précis  historique  de  son 
existence  morale, physique  et  dramatique, 
et  d'un  fragment  de  sa  vie ,  écrite  par  lui- 
?néme ,  etc.,  en  3  vol.  in-12.  Cette  produc- 
tion est  aussi  dégoûtante  par  le  style  que 
par  les  principes.  Il  travailla  aux  Révolu- 
tions de  Paris ,  journal  publié  par  Prud- 
homme  ,  de  1789  à  1793.  Il  a  paru  en  1802 , 
sous  le  titre  di!OEuvres  mêlées  et  posthu- 
mes de  Fabre  d'Eglantine ,  2  vol.  in  8° 
ou  in-i2  ,  une  compilation  où  se  trouvent 
les  ouvrages  indiqués,  et  de  plus  un  poème 
de  Châlons,  des  satires,  des  romances, 
etc. ,  pour  la  plupart  d'une  très  grande 
négligence.  Nous  terminerons  cet  article  , 
en  citant  le  jugement  porté  p^r  Laharpe , 
sur  une  des  plus  importantes  productions 
de  Fabre  d'Eglantine  :  le  Philinle  de  Mo- 
lière, a  Le  titre  même  de  la  pièce,  dit-il , 
»  est  une  fausseté  et  une  ineptie.  C'est  ca- 
»  lomnier  ridiculement  Molière  ,   que  de 
»  faire  du  complaisant  Philinte  ,   qu'il  a 
»  fort  à  propos  opposé  au  misanthrope  Al- 
»  ceste  ,  un  homme  dénué  de  toute  mo- 
»  raie  et  de  toute  humanité  ;  en  un  mot  , 
»  parfait  égoïste  ,  ce  qu'est  véritablement 
»  le  Philinte  de  Fabre.  Molière  opposait  uu 
»  excès  à  un  excès ,  celui  de  la  douceur  à 
»  celui  de  la  sévérité  ;  mais  il  en  savait 
»  trop  pour  mettre  en  regard  sur  la  même 
»  ligne  les  vices  du  cœur  et  les  travers  de 
»  l'esprit.  Quand  le  règne  des  bienséances 
»  sera  rétabli ,  l'on  effacera  celte  insulte 
»  publique  à  la  mémoire  de  Molière ,  et  la 
»  pièce  sera  intitulée  ce  qu'elle  est  :  Phi- 
»  Unie  ou  Y  Egoïste.  Cette  étrange  méprise 
»  faisait  présumer  que  Fabre  lui-même 
»  n'avait  pas  bien  compris  ce  qu'il  faisait. 
»  Envenimé  de  haine,  comme  tous  les  es- 
»  prits  de  la  même  trempe ,  contre  tout 
»  ce  qui  s'appelait  homme  du  monde ,  con- 
»  tre  tout  ce  qui  avait  dans  la  société  un 
»  rang  qu'il  n'avait  pas  et  ne  devait  pas 
»  avoir,  il  eût  bien  voulu  faire  croire  que 
»  toute  la  société  était  en  effet  composée 
B  de  méchans  et  de  fripons  ;  et  cette  es- 
»  pèce  de  haine  était  bassement  envieuse , 
»  et  pas  i)lus  morale  que  politique.  Mais 
»  enfin  il  eut  le  mérite  de  tracer  un  carac- 
»  tère  très  prononcé  et  trop  commun  dans 
»  la   corruptioti  philosophique  de  notre 
j)  siècle,  l'égoisme  de  principe  et  de  cal- 
»  cul,  sujet  essayé  deux  fois  en  peu  d'an^ 
»  nées   sans  succès  {voyez  BARTHE  et 


FAB 

•  r.AILHAVA).  Les  connais»our9  lui  sa- 

ut (jrc  de  cettt*  id»-»'   vraiincnl  hcii- 

u«e  et  draninti(iuc .  davoir  fait  trou- 

stc    s.i   puiiilioii  dans  son 

,  «'l  fait  reloinbor  sur  lui 

..  es  (ïo  SOS  dcloslultlc's  piiii- 

«    •  cipes  :  niuis .  en  (jénéral ,  on  aurait  voulu 

I»  que  la  pièce  fût  plus  (çaie  et  plus  aniu- 
»  ftanto....  Si  j'ai  noinuié  le  Miui/il/irope  . 
•  c'cit  la  faute  de  Fabre  qui .  pur  son  titre 
!    •m^ntc.  rappelle  niulhourousenienl   cet 
[    •  iniiuilablc  chef-d'œuvre .  dont  lui  seul , 
'    »  peut-être  .  pouvait  ne   i>as  redouter  le 
;    •  touvenir  et  la  concurrence  ,  tant  son 
»  amour-propre  était  fou.  Aussi  l'ai-je  cn- 
»  Icndu  se  vanter  tout  haut  de  ne  consul- 
»  1er  personne.  Ilrcfîardait  les  avis  comme 

•  des  pièges,  et  les  critiques  comme  des 
»  injures.  Il  avait  cependant  de  l'esprit 

•  naturel,  et  mèiue  son  talent  ne  pouvait 
»  guère  être  autre  chose  ;  car  on  peut  con- 
»  dure  de  ses  écrits  qu'il  manquait  d'é- 
»  tude  et  d'éducation.  L'ignorance  de  la 
»  langue  y  est  portée  à  un  excès  que  l'on 
»  ne  retrouverait  dans  aucun  écrivain  de- 
»  puis  cent  cinquante  ans  que  la  langue 
■  est  fixée....  Il  affecta  de  ne  rien  com- 
»  prendre  aux  reproches  qu'on  lui  lit  sur 
»  sa  diction ,  lorsqu'il  eut  paru  mériter 

•  par  son  Philinte  qu'on  l'avertît  de  ses 
»  fautes.  On  ne  voit  pas  non  plus  qu'il  ait 

•  mis  depuis  le  moindre  soin  à  corriger 
»  son  style  ;  et  s'il  l'avait  pu  ,  il  est  vrai- 
»  semblable  que  l'amour  -  propre  même 

•  l'eut  intéressé  à  rendre  au  moins  sup- 
»  portable  à  la  lecture ,  ce  que  les  bons 

•  juges  avaient  trouvé  digne  d'estime  au 

•  théâtre,  au  lieu  qu'il  ne  lui  restera  dans 
»  la  postérité  que  le  plan  Lien  conçu  d'un 

•  drame  illisible.  » 

*  F.VBRE  (Jean),  né  à  Nimcs  le  18 
•eût  1727  ,  d'une  famille  honnête  de  com- 
merçans  qui  appartenaient  à  la  religion 
prolestante,  s'est  illustré  par  sa  piété 
filiale.  Louis  XIV  en  révoquant  l'édit  de 
Nantes  avait  interdit  aux  protestansl'exer- 
cire  public  de  leur  ciUte  ,  et  il  leur  était 
défendu  de  s'assembler.  Jean  Fabre  ac- 
compagna son  père  le  I'^'' janvier  1756 
dans  un  lieu  écarté  où  ses  coreligionnaires 
•e  réunissaient  contre  la  défense  du  roi. 
Vn  détachement  de  troupes  survint  ;  l'as- 
semblée fut  dispersée  et  chacun  chercha 
•on  salut  dans  la  fuite.  Le  jeune  Fabre  fut 
un  das  premiers  à  fuir;  mais  ayaot  vu 
ton  père  entre  les  mains  des  soldats  ;  il 
retourna  aussitôt  sur  ses  pas  ,  embiassa 
les  genoux  du  chef  de  la  troupe  ,  et  de- 
oianUa  comme  une  gràcç  de  prendre  la 


0  FAB 

place  de  l'auteur  de  ses  jours  ;  malgré  la 
résistance  du  vieillard  ,  se»  larmes  et  se» 
prières  obtinrent  cet  échange.  Le  jeune 
homme  conduit  à  Montpellier  fut  con- 
dauMié  aux  galères  ;  arrivé  h  Toulon,  il 
fut  un  moment,  en  envisageant  Ihorreor 
de  sa  situation  .  sur  le  point  de  se  livrer 
au  désesj)oir  ;  cependant  le  sotivenir  do 
son  i)ère  à  qui  il  avait  procuré  la  liberté 
lui  rendit  son  courage  et  le  soutint  pen- 
dant sa  captivité  ,  qu'adoucissaient  les 
égards  qu'avaient  poiu-  lui  l'intendant  cl 
les  principaux  officiers  de  la  marine.  En- 
fin au  bout  de  six  ans  le  duc  de  Choi- 
seul  instruit  de  son  malheur  et  de  son 
dévouement,  le  fît  rendre  à  sa  famille.  H 
trouva  son  vieux  père  consumé  par  l'âge 
et  par  la  douleur  ;  la  joie  acheva  d'user 
ses  forces,  et  son  lUs  eut  presque  aussitôt 
à  pleurer  sa  mort.  Une  union  depuis  long- 
temps désirée  avec  une  de  ses  parentes  , 
vint  adoucir  ses  peines  ;  le  prince  deBeau- 
vau  obtint  du  monarque  sa  réhabilitation. 
Ce  modèle  des  fils,  après  avoir  réuni  les 
débris  de  sa  petite  fortune,  s'adonna  au 
commerce  et  mourut  à  Cette  le  31  mai 
1797.  C'est  lui  qui  a  fourni  à  Fenouillot 
de  Kalbairc  le  sujet  de  la  pièce  intitulée  : 
Vllonnèle  Criminel. 

FABUE  D'OLIVET  (N...),  naquit  à 
Ganges  ,  dans  le  bas  Languedoc  ,  le  8  dé- 
cembre 1708.  Elevé  dans  le  protestantisme, 
il  vint  à  Paris ,  en  1780 ,  pour  apprendre 
le  commerce  auquel  ses  parens  le  desti- 
naient; mais  il  ne  tarda  pas  à  céder  au 
goût  exclusif  qui  l'entraînait  vers  les  let- 
tres, et  publia  d'abord  des  pièces  de  théâ- 
tre, qui,  après  avoir  obtenu  quelques 
succès,  sont  aujourd'hui  lout-à-fait  ou- 
bliées. L'étude  et  la  philosophie  des  lan- 
gues occupèrent  depuis  ses  méditations. 
Versé  dans  un  grand  nombre  d'idiomes  an- 
ciens et  modernes,  il  a  voulu  chercher  dans 
leurs  origines,  et  dans  leurs  premiers  mo- 
numens,  l'explicaticm  des  mystères  de  la 
religion  et  de  ceux  de  la  nature.  Ses  idées 
sur  celte  matière  n'ont  obtenu  que  fort 
peu  de  crédit.  Fabre  d'Olivct  est  mort  à 
Paris,  au  mois  d'avril  1825,  dans  la  57''  an- 
née de  son  âge.  Oa  a  de  lui  :  |  Toulon 
soumis,  opéra  ;  |  Le  Sage  de  l'Indostan . 
17%,  en  un  acte  et  en  vers;  |  Azalais.  ou 
le  gentil  Aimur .  1800  ,  in-8"  ;  |  Lettres  à 
Sophie  sur  l'histoire .  1801,  2  vol.  in-8". 
C'est  le  meilleur  ouvrage  de  l'auteur 
I  Guérison  de  Rodolphe  Grivel ,  sourd  et 
muet  de  naissance ,  1811,  in-8".  Fabre 
d'Olivet  avait  cru  trouver  dans  des  livre» 
orientaux  le  moyen  de   faire  j)arlcr  lc4 


tAtl  40 

mucls,  d'après  une  mélhode  pratiquée  par 
les  prêtres  de  Memphis  :  il  en  lit  l'essai 
sur  le  jeune  Grivcl,  qu'il  assura  avoir  gué- 
ri ;  ce  qui  éleva  une  contestation  entre  lui 
et  MM.  Sicard  et  Prony,  qui  présentè- 
rent au  ministère  un  rapport  sur  ce  fait. 
Le  livre  de  Fabre  d'Olivet  a  été  réimpri- 
mé en  1819  sous  le  titre  de  notions  sur  le 
sens  de  l'ouie.  \  Les  vers  dorés  de  Py- 
thagore  ,  expliqués  et  traduits ,  pour  la 
première  fois,  en  vers  euinolpiques  fran- 
çais A^il>,  in-8°;  |  La  langue  hébraïque 
rcstiliiée  „  et  le  véritable  sens  des  mots 
hébreux  .  rétabli  et  prouvé  par  leur  ana- 
lyse radicale,  1816 ,  3  parties  in-8''  ;  |  De 
l'état  social  ou  vues  philosophiques  sur 
l'état  du  genre  humain  A82^,  2  volumes 
in-S"  ;  I  le  Troubadour ,  poésies  occitarn- 
ques  au  12^  siècle,  1804,  2  volumes  in-8°; 
I  Caïn,  mystère  dramatique  de  lord  Byron, 
traduit  en  français,  Paris,  1823,  in-8"  :  le 
litre  de  cet  ouvrage  fut  changé  en  1824  : 
l'auteur  l'intitula  alors  Histoire  philoso- 
phique du  genre  humain.  Fabre  d'Olivet 
a  eu  part  à  la  rédaction  de  la  Bibliothè- 
que des  Romans. 

*  FABRE  (Marie- Jacques- JosEPH-Vic- 
TORL\) ,  littérateur  distingué  du  IQ'"^  siè- 
cle, naquit  à  Jaujac  département  de  l'Ar- 
dèche,  le  19  juillet  1783.  Après  avoir  fait 
à  Lyon  de  brillantes  études,  il  vint  à  Paris, 
à  l'âge  de  18  ans ,  et  y  débuta  par  des  poé- 
sies et  des  morceaux  de  prose  qui  annon- 
çaient un  talent  supérieur.  Frappé  du 
mérite  de  ces  essais,  Parny  encouragea 
le  jeune  écrivain,  et  le  compara  dans  une 
de  ses  pièces  à  ime  jeune  plante  qui  sous 
les  feux  du  tropique  devance  la  saison 
trop  lente  et  mêle  des  fruits  à  ses  fleurs. 
En  1803  ,  Fabre  concourut  pour  le  prix 
de  poésie  proposé  par  l'académie  fran- 
çaise. Le  sujet  était  V Indépendance  de 
l'homme  de  lettres ,  le  prix  fut  remporté 
par  Millevoie  ;  mais  l'académie  exprima 
le  regret  de  n'en  avoir  pas  un  autre  à  dé- 
cerner à  la  pièce  de  Victorin  Fabre.  Dans 
le  concours  suivant  (1807)  dont  le  sujet 
était  le  voyageur,  les  deux  jeunes  rivaux 
furent  couronnés  à  la  fois.  L'institut  dé- 
clara que  jamais  aucun  concours  de  l'aca- 
démie n'avait  produit  deux  ouvrages  en 
vers  d'un  talent  aussi  mûr,  d'un  goût 
aussi  sain ,  d'une  poésie  aussi  brillante, 
d'une  élégance  aussi  soutenue  que  les  piè- 
ces des  deux  athlètes  vainqueurs.  En  1811, 
Victorin  Fabre  se  présenta  de  nouveau 
dans  la  lice  poétique  ,  et  sa  pièce  sur  les 
embellissemens  de  Paris  fut  couronnée  , 
quoiqu'il  eût  pour  concurrens,  Millevoie 


et  M.  Soumet  qui  obtinrent  l'un  le  pfok 
mier  accessit ,  et  l'autre  le  second.  A  ces 
triomphes  obtenus  dans  la  capitale,  vei»- 
naient  s'en  joindre  d'autres  décernés  aïs 
jeune  poète  par  des  sociétés  littéraires  de 
la  province.  Son  ode  intitulée  le  Tasss 
obtint  la  palme  aux  jeux  floraux  de  Tou- 
louse ,  et  l'académie  du  Gard  couronna  en 
1809  son  poème  sur  la  mort  de  Henri  IV. 
Pendant  que  Fabre  se  plaçait  ainsi  de:» 
son  début  au  rang  de  nos  poètes  les  plus 
brillans,  il  n'obtenait  pas  de  moindres 
succès  dans  la  carrière  de  l'éloquence.  Son 
Eloge  du  grand  Corneille  lui  valut  en 
1808,  une  nouvelle  couronne  qui  lui  fut 
adjugée  à  l'unanimité  et  avec  acclama- 
lions  par  l'académie  française.  Ce  discours 
eut  trois  éditions  dans  l'espace  de  quel- 
ques mois.  Deux  ans  après ,  le  même  écri- 
vain obtint  l'honneur  sans  exemple  de 
voir  couronner  dans  la  même  séance  deux 
de  ses  productions  oratoires.  L'une  était 
le  tableau  littéraire  de  la  France  au  18'"* 
siècle;  sujet  important  qui  avait  donné  à 
l'auteur  des  concurrens  redoutables ,  par- 
mi lesquels  figuraient  MM.  de  Barante, 
Salverte  et  M.  Jay,  qui  partagea  la  cou- 
ronne avec  Victorin  Fabre.  L'autre  était 
V Eloge  de  la  Bruyère.  Des  succès  si  mul- 
tipliés obtenus  par  un  écrivain  qui  n'avait 
pas  encore  23  ans  étendirent  rai)idément 
sa  réputation ,  et  l'opinion  publique  le  dé- 
signait déjà  pour  remplir  la  première 
place  vacante  à  l'académie.  Mais  Victorin 
Fabre  allégua  sa  jeunesse ,  et  préféra  res- 
ter parmi  les  concurrens.  En  1811 ,  il  vint 
encore  disputer  la  palme  académique ,  par 
son  Eloge  de  Montaigne ,  dont  l'académie 
parlait  en  ces  termes.  «  Il  est  un  discours 
«  qui  a  plus  particulièrement  fixé  l'atten- 
»  lention  des  juges  par  les  beautés  du 
»  premier  ordre  qui  y  sont  répandues.  Le 
»  plan  en  est  plus  hardi ,  le  cadre  phis 
»  vaste ,  la  marche  plus  animée  que  dans 
»  les  autres  discours  ;  le  style  a  plus  de 
»  couleur,  de  mouvement  et  de  variété  ; 
»  on  y  trouve  plus  d'idées  fortes  et  de 
»  mouvemens  d'éloquence  ;  tout  y  annonce 
»  un  esprit  très  exercé ,  et  un  talent  supé- 
»  rieur.  «  Malgré  ces  éloges ,  le  discours  ne 
fut  pas  courormé;  on  pensa  que  des  con- 
sidérations politiques  et  quelque  peu  de 
jalousie  littéraire  avaient  pu  déterminer 
ce  jugement.  Le  public  fut  mécontent  et 
Victorin  Fabre  cessa  de  concourir.  Un 
fait  qui  honore  la  mémoire  de  cet  écrivain, 
c'est  qu'il  refusa  obstinément  les  places  et 
les  pensions  que  le  gouvernement  impé- 
rial faisait  pleuvoir  sur  les  hommes  de 


FAB 


11 


FAR 


.   Il  ii'pi-nilant  r  repoussa  dos 
ni  il  Miilait  qiu-  la  flutteriucUit 
.>ii  lacilo.  Presque  seul  avec  Dc- 
liilo  ,    il  suUsliul  do  rhanler  Napoléon. 
Choiiù  après  Ir  tlés;istre  de  Moscou  ,  iM)ur 
proii.  ;  ■        ^Mni    funèbre  du    brave 

mai'  n.'s.   aux    Invalides,   en 

pi»->  ipereur,  des  chefs  de  l'ar 

laéc  el  de»  tjraïub  corps  de  l'élal,  Viclorin 
Kabrcacoepla  col  honneur;  niais  1  inva- 
.  (le  l.Si.'»  lui  eideva  celle  brillanle  oc- 
ti  de  déployer  sou  talent  oratoire. 
t.-.o  le»  années  1810  et  1811  ,  Viclorin 
fabre  tit  lui  cours  de  lillérature  à  l'athé- 
née de  Paris,  et  il  fut  vivement  applaudi, 
dans  une  chaire  qu'avaient  remplie  les 
Laharpe  et  les  Chénicr.  La  vie  de  Viclo- 
rin Fabrc  fut  troublée  par  des  malheurs 
domestiques.  U  eut  la  douleur  de  voir 
presque  toute  sa  famille  descendre  dans 
la  tomUr.  Le  chagrin  que  lui  caasu  la  moi  t 
de  sa  mère  et  celle  de  deux  sœurs  qu'il 
"'        '■      '  lit,  altéra  sa  santé;  appelé 

il  \mr  ces  pertes  cruelles. 
,,ir  la  maladie  de  son  frère, 
auquel  il  proditjua  pendant  k  ans  les  soins 
de  la  plus   vive  tendresse.   De  retour  à 
Paris  en   1821 ,  Viclorin   Fabrc  reparut 
l'année  suivante  dans  la  chaire  de  rallié- 
née,  où   il  lut  la  première  partie  d'uti 
grand  travail  inédit  sur  les  Principes  de 
la  io<Sété  civile,   ouvrage  empreint  des 
doctrintxi  de  l'école  philosophique.  L'à{je 
de  Viclorin  Fabre  semblait  lui  promeUrc 
uncoTv  une  longue  suite  de  succès  ;  mais 
le  clia^^rin  et  les  fatigues  abrégèrent  ses 
jonrs.  Il  mourut  au  commencement  de 
t.  Outre  les  ouvrages  que  nous  avons 
~ .  cet  écrivaiu  a  publié  un  assez  grand 
i're  de  pièces  de  vers .  à.' é pitre  s ,  dV- 
i .  de  discours  philosophiques  dont 
leurs  ont  été  recueillis  sous  le  litre 
d Opuscules  en  vers  el  en  prose  j.  1806, 
in-8°.  Il  a  laissé  un  grand  nombre  d'ou- 
vra^sen  poile-feuille.  On  assure  que  son 
frère  doit  faire  paraître  une  édition  de 
ses  œuvres  complèlcs. 

•  F.IBKE  DE  L'.\UDE  (  Jea\-Piebre, 
eootte;,  pair  de  France ,  né  le  8  décembre 
1755  à  Carcassoane ,  était ,  avant  la  révo- 
Uition  ,  avocat  à  Toulouse.  Il  en  adopta 
1«  principes  avec  modération  ,  et  fut 
■o*'né  aucccssivement  commissaire  du 
»«4  é»r»  le  département  de  l'Aude  ,  pro- 
iidic  du  même  département,  el 
re  royal  près  le  tribunal  de  Car- 

-— -    l'r. .....:.  .,..,,  jg  règne  delà  ter- 

ttmt.  Il  Ȕ(  ,  ,11  couseil  des  Ciiii|- 

**••'».  el  I)rincipalemcnt  de 


malièrc»  financières.  Fabrc  de  I  Auilc 
remplit ,  presque  constamment  pendant 
qualor/x"  ans  .  les  fonctions  de  rap|>oi  leur 
des  couunissions  de  finances ,  et  s'en  ac- 
quitta avec  honneur.  Il  s'oppoisa  ,  en  17%  , 
à  ce  que  le  Directoire  affermât  le  service 
des  postes  aux  lettres,  el  participa  au  ré- 
tablissement des  renies  foncières ,  au 
mode  non  veau  d'imposer  la  propriété,  etc. 
Il  est  à  regretter  qu'en  1797  ,  il  ait  cru  de- 
voir proposer  le  rétablissement  de  la  lo- 
terie ,  et  l'impôt  sur  le  sel.  Vers  la  lin  du 
Directoire ,  Fabre  était  de  la  section  des 
modérés .  qui  contribua  si  activement  à 
la  révolution  du  18  brumaire.  Nommé 
d'abord  tribun  sous  le  consulat ,  puis  pré- 
sident du  tribunal ,  il  continua  de  pren- 
dre part  à  la  réorganisation  des  finances. 
Chargé  en  cette  dernière  qualité  de  ha- 
ranguer Napoléon  devenu  empereur,  il 
s'exprima  en  ces  termes  :  «  vSire ,  ce  nou- 
»  veau  titre  n'ajoute  rien  à  votre  gloire  ; 
»  il  est  indépendant  de  la  majesté  du  trône  ; 
»  vous  ne  le  devez  ni  à  la  force  des  cir- 
»  constances ,  ni  au  hasard  de  la  nais- 
»  sance,  etc.  ;  »  puis  s'adressanl  à  l'impé- 
ratrice :  «  Les  femmes  reprennent  le 
»  rang  dont  une  grossière  démagogie  le» 
»  avait  écartées ,  nous  ne  séparons  plus 
»  l'épouse  de  l'époux.  »  A  l'époque  de  la 
suppression  du  corps  qu'il  présidait ,  Fa- 
bre de  l'Aube  fut  nommé  sénateur,  comte 
de  l'empire,  commandant  de  la  légion- 
d'honneur,  procureur -général  près  le 
grand-conseil  du  sceau  des  litres ,  etc. 
Néanmoins  en  1814,  il  vota  pour  la  dé- 
chéance de  l'empereur  el  fut  un  des  67 
pairs  qui  volèrent  la  création  d'un  gouver- 
nement provisoire.  Il  indiqua  les  princi- 
pales bases  constitutionnelles  qui  furent 
adoptées  pour  la  déclaration  de  Saint- 
Ouen,  insista  particulièrement  pour  l'a- 
bolition de  la  confiscation ,  et  vola  contre 
les  lois  d'exception.  Il  fit  partie  ,  durant 
les  cent-jours  ,  de  la  chambre  des  pairs , 
où  il  proposa  même  l'adresse  à  l'empereur, 
et  s'opposa  cependant ,  après  la  journée 
de  Waterloo,  à  ce  que  Najwléon  II  fut 
proclamé.  Gnisidéré  comme  démission- 
naire au  retour  du  roi,  il  ne  rentra  qu'en 
1819  à  la  chambre  haute,  où  il  vota  depuis 
dans  le  sens  constitutionnel.  Fabre  a  suc- 
combé au  mois  de  juUlet  1852  au  choléra- 
morbus  qui,  à  cette  époque,  ravageait  une 
grande  partie  de  la  France.  On  a  de  lui  : 
I  Recherches  sur  l'impôt  du  tabac .  et 
moyens  de  l'améliorer,  1802,  in-8^,  ot>- 
\rjLQ>i  dans  lequel  on  houve  l'idée  fonda- 
mentale qui  a  présidé  àrétabltssement  des 


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12 


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droits  réunis  ;  |  Réflexions  politiques  et 
morales^  traduites  de  l'italien,  1817,  in- 
12 ,  avec  des  notes  du  traducteur,  en  ita- 
lien et  en  français  ;  |  Lettre  à  mon  fils  sur 
ma  conduite  politique  ^  181G,  in-S"  ;  |  Opi- 
nion sur  la  compétence  et  la  manière  de 
procéder  de  la  chambre  des  pairs  ^  1822 , 
in-S". 

FABRETTI  (Raphaël),  né  à  Urbin  en 
Ombrie  l'an  1618,  mort  à  Rome  en  1700, 
fut  secrétaire  du  pape  Alexandre  VIII , 
chanoine  de  la  basilique  du  Vatican,  et 
préfet  des  archives  du  château  Saint-Ange 
sous  Innocent  XII.  Il  s'adonna  à  l'étude  de 
l'antiquité,  et  il  ne  lui  manqua  rien  de  ce 
qui  doit  faire  un  habile  homme  en  ce 
genre  :  connaissance  de  l'histoire  grecque 
et  romaine ,  des  langues ,  des  critiques  , 
des  philosophes;  correspondances  avec 
les  savans,  etc.  On  a  de  lui  plusieurs  ou- 
vrages en  latin ,  estimés  des  antiquaires  : 
I  De  aquis  et  aquœductibus  veteris  Romœ  ^ 
Rome,  1680,  in-12,  nouvelle  édition,  aug- 
mentée de  notes ,  Rome,  1788,  in-4°  ;  |  De 
columna  Trajani^  cum  Aîphonsi  Ciaconii 
historia  utriusque  belli  Dacici  a  Trajano 
ffesti^  etc.,  Rome ,  1683,  in-fol.  ;  |  Jœsithœi 
ad  Gronovium  apologema  in  ejusque  Tili- 
livitiaMve  de  Tito-Livio  somnia  ^  animad- 
versiones,  1686,  in-i"  ;  |  Inscriptionum 
antiqtuirum  explicatio ,  Rome ,  1699  ,  in- 
fol.  Ce  livre  est  regardé  comme  un  trésor 
pour  les  savans  qui  s'occupent  de  l'anti- 
quité. Fabretti  avait  un  esprit  vif,  une 
conception  facile  et  une  mémoire  excel- 
lente. Il  aimait  l'étude  avec  passion ,  et 
ce  qu'il  y  a  de  singulier,  c'est  que  loin 
d'affaiblir  son  tempérament,  qui  fut  très 
faible  jusqu'à  l'âge  de  50  ans ,  elle  le  for- 
tifia. 

•  FABRI  (Jean),  évêque  de  Chartres, 
mort  en  1590 ,  se  distingua  sous  les  règnes 
orageux  de  Charles  V  et  de  Charles  VI 
par  la  sagesse  avec  laquelle  il  gouver- 
na son  diocèse.  Il  fut  chargé  de  plusieurs 
missions  importantes  par  les  rois  di 
France,  et  par  Louis,  duc  d'Anjou,  puis 
roi  de  Sicile ,  dont  il  était  chancelier.  On 
a  de  lui  :  |  Un  Journal^  ou  Récit  Iiislori- 
que  de  toutes  les  affaires  auxquelles  il  prit 
part  de  1581  à  1588 ,  manuscrit  :  |  les 
Grandes  chroniques  du  Hainaut  depuis 
Philippe  le  Conquérant  jusqu'à  Charles 
VI ^  5  vol.  in-8° ,  manuscrit ,  à  la  biblio- 
thèque du  roi  ;  ime  Réponse  à  l'ouvrage 
de  Jean  de  Lignario  en  faveur  du  pape 
Urbain  V ,  compétiteur  de  Clément  VII 
(Robert  de  Genève  ) ,  sous  le  titre  suivant  : 
du  Gémissement  des  gens  de  bien  à  Voccor 


sion  du  schisms  ;  \  un  Traité  pour  protx- 
ver  que  saint  Pierre  a  souffert  le  martyre 
à  Rome  sous  Néron  ;  |  et  un  autre  Traité 
en  latin,  en  forme  de  plainte,  sur  les  af- 
faires de  France  ,  imprimé  dans  l'His- 
toire de  l'université  de  Paris  par  Du 
Boulay. 

FABRI.  p-^oyez  FÈVRE. 

FABRI  (  HotvonÉ  ),  né  dans  le  diocèse  de 
Belley  en  1607 ,  jésuite  en  1626,  profes- 
seur de  philosophie  à  Lyon  dans  sa  so- 
ciété ,  mourut  en  1688  à  Rome ,  où  il  fut 
long-temps  pénitencier.  C'était  un  homme 
extrêmement  laborieux.  Il  embrassa  toutes 
sortes  de  connaissances,  philosophie  ,  ma- 
thématiques ,  théologie ,  morale ,  et  il 
laissa  des  écrits  sur  toutes  ces  matières. 
On  a  de  lui  :  ]  Notœ  in  notas  Wilhelmi 
TVendrokii ,  sous  le  nom  de  Bernard 
Stubrock ,  insérées  dans  le  Recueil  ou  la 
grande  Apologie  de  la  Doctrine  morale  de 
la  Société  de  Jésus ,  Cologne ,  1672  ,  in- 
folio ,  et  ensuite  mises  à  Vindex  à  Rome  ; 
I  Summula  theologiœ .  in-4°  ;  |  un  Dia- 
logue  en  faveur  de  la  probabilité,  réfuté 
par  l'abbé  Gradi ,  bibliothécaire  du  Va- 
tican ,  Rome ,  1639 ,  in-8°.  Le  Père  Fabri 
était  plus  propre  pour  la  physique  et  les 
mathématiques ,  que  pour  la  théologie. 
Ses  écrits  dans  le  premier  genre  sont  : 
I  une  Physique^  en  latin,  Lyon,  1669,  k 
vol.  in-/j,°;  |  Dialogi physici ,  Lyon,  1669, 
in-8°  ;  |  De  plantis  ,  de  generatione  ani- 
malium,  et  de  homine^  Paris ,  1666,  in-4". 
C'est  dans  ce  traité,  page  204,  qu'il  prouve 
avoir  enseigné  la  circulation  du  sang 
avant  que  le  livre  de  Guillaume  Harvée 
eût  pu  tomber  entre  ses  mains.  |  Synop- 
sis  optica ,  Lyon ,  1667 ,  in-4°  ;  |  Opuscvt- 
lum  geornetricum  de  linea  sinuum  et  Cy- 
cloïde.  Il  a  laissé  en  outre  onze  volumes 
in-i"  de  manuscrits,  qui  contiennent  de€ 
notes  sur  l'Histoire  naturelle  de  Pline , 
plusieurs  apologies ,  des  aphorismes ,  etc. 

FABRICE  ou  le  FÈVRE.  Foy.  FABRI- 
CIUS  (François). 

FABRICE  (  André),  professeur  de  phi- 
losophie à  Sainte-Gertrude  à  Louvain, 
conseiller  des  ducs  de  Bavière  et  prévôt 
d'Ottingen,  natif  de  Hodeige,  village  du 
pays  de  Liège,  mourut  en  1581.  On  a  de 
lui  I  Harmonia  confessionis  Jugustanœ , 
Cologne,  1587,  in-folio;  |  des  Notes  sur  le 
Catéchisme  romain^  et  des  tragédies 
sacrées. 

FABRICE  (Georges),  né  à  Kemnitz 
dans  la  Misnie  le  24  avril  1516 ,  mort  le 
15  juillet  1571 ,  à  55  ans,  a  laissé  despo^ 
sies  latines  j  imprimées  à  Bâle  en  2  vol. 


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43 


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.en  1571.  Ou  y  remarque  beaucoup 

i)urcl6  cl  de  naturel.  Il  a  élé  prinei- 

mcnl  fort  nitcnlif  sur  le  choix  des 
r  ;•..  II  n'eu  emploie  aucun  dans  ses 
1-  u  tu  .uiés,  qui  ressiMilenl  la  fable  et 
1  l' i^jnusiue.  On  a  encore  de  lui:  |  un 
/  7  poétique  .  en  7  livres,  en  lai  in  ,  1589, 
iti  S";  I  une  Collection  des  poètes  chré- 
{:■  i.  ï.itiiL-i.  in-8"  .  Bàle  ,  laGi.  Ou  lui  a 
I  j  ;  ,  ir  d'avoir  altéré  quelquefois  les 
..u!. m  N  qu'il  publiait.  |  Une  Description 

Rome.  {Origines  Saxonicœ .  Lciinick  , 
<■  'T),  eu  2  vol.  in-folio;  compilation  csli- 

-  par  les  savans.  On  y  trouve  les  por- 
<  des  électeurs  de  Saxe,  gravés  par 

it'f;  Killiau.  I  Rerum  Misnicaruni  libn 
rm.  Ce  sont  des  annales  de  la  ville  de 

.^sen,  réimprimées  à  Leipsickeu  1660, 
iu-i°,  et  remplies  de  profondes  recher- 
ches. I  Rerum  Gennaniœ  et  Saxoniœ  vo- 
iumina  duo,  ÏA^ipsick,  in-folio,  1609,  etc. 
On  trouve  dans  la  liste  des  ouvrages  de 
Fabrice  le  tome  32  des  mémoires  de  Ni- 
céron  ,  et  dans  la  Centuria  Fabricionun. 

FABRICE  (Guillaume),  surnommé 
IlilUanus,  deHilden,  village  de  la  Suisse, 
où  il  naquit  en  1560,  savant  chirurgien, 
dont  les  ouvrages  ont  été  imprimés  à 
Francfort,  1682,  in-folio,  avec  fig.  Il  mou- 
rut à  Berne  en  1634. 

FABRICIUS  (Caius)  surnommé  Lus- 
cinus  à  cause  de  la  petitesse  de  ses  yeux, 
fui  consul  romain  l'an  282  avant  J.-C. ,  cl 
mérita  les  honneurs  du  triomphe  par 
plusieurs  victoires  sur  les  Samnites,  les 
Brutiens  et  les  Lucaniens.  Le  butin  qu'il 
remporta  dans  ces  victoires  était  si  con- 
sidérable,  qu'après  avoir  récompensé  les 
soldats  et  restitué  aux  citoyens  de  Rome 
ce  qu'ils  avaient  fourni  pour  la  guerre , 
il  lui  resta  400  talens,  qu'il  fit  porter  à 
l'épargne  le  jour  de  son  triomphe.  Dé- 
puté deux  ans  après  vers  Pyrrhus ,  il  re- 
fusa les  présens  et  les  honneurs  de  ce 
prince,  qui  voulait  corrompre  sa  fidélité. 
Ce  roi  eut  bientôt  un  nouveau  sujet  d'ad- 
miration. Son  médecin  vint  offrir  à  Fa- 
bricius,  pour  lors  consul,  d'empoisonner 
son  maître ,  pourvu  qu'où  lui  payât  ce 
parricide.  Le  généreux  romain  renvoya 
«  monstre  à  Pyrrhus,  pour  être  puni 
comme  il  le  méritait....  Les  Samnites  lui 
ayant  offert  une  somme  considérable,  il 
répondit  à  leurs  ambassadeurs,  en  por- 
iant  la  main  à  ses  oreilles  ,  à  ses  yeux  et 
à  sa  bouche  :  «  Tant  que  je  pourrai  com- 
»  mander  à  toutes  ces  parties-là,  vos  offres 
•  me  sont  inutiles....  »  Fabricius  fut  cen- 
seur lan  277  avant  J.-C.,  avec  Emilius  Pa- 


pus,  homme  aussi  austère  que  lui.  Le  pre- 
mier avait  pour  toute  argenterie  tuie  petite 
salière, dont  le  pi«d  n'était  que  de  corne; 
l'autre  un  petit  plat,  pour  préocnler  se* 
offrandes  aux  dieux.  Les  deux  censeurs 
cassèrent  de  concert  un  sénateur  nommé 
Cornélius  Rutinus ,  qui  avait  été  deux 
fois  consul  et  dictateur  ,  parce  qu'il  avait 
cliex  lui  dix  livres  d'argent  eu  vaisselle  de 
table.»  Admire  qui  voudra,  dit  Saint- 
»  Evremont ,  la  pauvreté  de  Fabririus: 
»  je  loue  sa  prudence,  et  le  trouve  fort 
»  avisé  de  n'avoir  eu  qu'une  salière  d'ar- 
0  gcnt,  pour  se  donner  le  crédit  de  chas- 
»  ser  du  sénat  un  homme  qui  avait  été 
»noumié  deux  fois  consul,  qui  avait  triom- 
»  phé,  qui  avait  été  dictateur.  »  Quoi  qu'il 
en  soit  de  celle  réflexion,  et  des  motifs 
de  Fabricius  ,  ce  romain  vécut  et  mourut 
pauvre.  Le  sénat  fut  obligé  de  marier 
ses  filles  aux  dépens  du  public. 

FABRICIUS  VÉIE.XTO,  auteur  latin 
sous  Néron,  vers  Tan  49  de  J.-C,  fit  des 
libelles  diffamatoires  contres  les  sénateurs 
et  les  pontifes,  et  fut  chassé  d'Italie  pour 
SCS  crimes.  Tacite  remarque  que  ce  Fa- 
bricius étant  préleur  ,  attelait  des  chiens 
aux  chariots,  au  lieu  de  chevaux.  Ses  li- 
vres furent  brûlés  par  ordre  de  Néron, 
comme  des  satires  atroces. 

'  FARRICICS  (Théodore),  un  des 
apôtres  de  la  réforme,  né  le  2  février 
liiOl  à  Anlialt-sur-rYssel,  dans  le  comté 
de  Zulphen,  sortit  de  parens  pauvres ,  et 
n'eut  pendant  long-temps  aucun  moyen 
de  s'instruire:  il  fut  même  obligé  de  faire 
subsister  sa  mère  des  secours  qu'il  obte- 
nait de  la  charité  i)ublique.  Enfin,  à  17 
ans,  il  put  commencer  ses  études  à  Em- 
merick;  son  zèle  et  son  amour  pour  Ik 
travail  lui  lirent  bientôt  obtenir  des  suc- 
cès rapides.  Après  avoir  terminé  son  énu» 
cation  à  Cologne,  Fabricius  passa  à  Wit- 
tenberg,  où  il  devint  élève  de  Luther  et 
deMélanchthon.  Etant  revenu  dans  sa  pa- 
trie au  bout  de  4  ans  ,  il  ouvrit  à  Cologiur 
une  école  d'hébreu;  mais  comme  on  ne 
tarda  pas  à  s'apercevoir  qxw,  sous  le  pré- 
texte d'enseigner  cette  langue,  il  cher- 
chait à  répandre  ses  nouvelles  erreurs  ,  il 
fut  chassé  de  la  ville.  Il  se  retira  auprès 
du  landgrave  de  liesse  (  Philippe  le  Ma- 
gnanime), le  patron  des  réformés,  fut 
choisi  pour  être  son  aumônier,  et  île  vint, 
en  1536,  curé  à  Allendorf  sur  la  "Werra  ; 
mais  l'aumônier  ,  mauvais  courtisan,  s'é- 
tant  avisé  de  prêcher  contre  la  polygamie, 
le  landgrave  ,  à  qui  Luther  avait  permis 
de  prendre  deux  femmes,  non  content  de 

a 


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a 


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lui  retirer  ses  faveurs,  le  fit  mettre  en 
prison  et  coaiisqua  ses  biens.  Fabricius 
recouvra  cependant  sa  liberté  quelque 
temps  après ,  et  retourna  à  "Wittenberg 
en  Joiô,  où  il  professa  l'hébreu  et  la 
ihéolofjie.  En  1544  ,  il  fut  nommé  pasteur 
de  l'église  Saint-Nicolas  à  Zerbst ,  où  son 
zèle  un  peu  trop  tracassier  lui  attira  en- 
core des  ennemis.  Accusé  d'hétérodoxie 
dans  sa  secte,  il  fut  plusieurs  fois  obligé 
tle  se  justifier.  Enfin  il  termina  le  i5  sep- 
tembre 1550  son  orageuse  carrière.  Il  a 
laissé  :  I  Institationes  grammaticœ  in  lin- 
guam  sanctam .  Cologne ,  1528,  4551 ,  in- 
/«•**  ;  I  ArticuU  pro  evangelica  docli'ina  ^ 
ibid.  ;  |  Tabulce  duœ  de  nominibus  et  de 
verbis  Hebrœorum  j  Bàle ,  Henri  Pierre  , 
i545  ;  I  des  Homélies  ^  des  Sermons  et  des 
Discours  en  allemand.  On  ne  croit  pas 
qu'ils  aient  été  imprimés.  |  Un  Abrégé  de 
sa  Vie ,  que  Théodore  de  Hase  a  inséré 
dans  le  premier  fascicule  de  sa  Biblio- 
theca  Bremensis. 

'FABRICIUS  (Samuel)  ,  né  vers  la  fin 
du  16^  siècle  à  Eisleben  en  Saxe ,  minis- 
tre de  Zerbst ,  est  connu  par  un  ouvrage 
qui  a  pour  litre  :  Cosmotheoria  sacra  ^ 
Francfort-sur-le-Mein  ,  i623  ,  in-8°.  Il  en 
a  été  fait  une  seconde  édition,  avec  des 
Considéralio7is  sur  les  bienfaits  de  Dieu  , 
Bâle  ,  4675.  Ce  sont  des  réflexions  sur  le 
psaume  104 ,  ConfUemini  Domino ,  etc. 
J.  Fabricius  dit  que  ces  réflexions  durent 
naissance  aux  Conciones  du  même  auteur, 
sur  ce  psaume  ;  elles  sont  divisées  en  sept 
livres,  qui  traitent  du  mondé  en  général, 
du  ciel ,  des  nuages  ,  de  l'air  ,  des  anges , 
de  la  terre,  des  eaux,  delà  pluie,  des  fruits 
de  la  terre,  etc.  —FABRICIUS  (Etienxk)  , 
ministre  à  Berne  au  17'  siècle  ,  a  laissé  : 
I  Conciones  in  prophetas  minores^  1641 , 
in-fol.  ;  I  Conciones  sacrœ  in  Deca- 
logum .  1649  ,  in-4''  ;  |  Conciones  sacrœ 
in  feslivitatibus  annuis  habilœ ,  1656,  in- 
4°  ;  I  /w  CL  Psalmos  Davidis  et  aliorum 
prophelarum  conciones  sac?'ce,  1664,  in-f». 

•  FABRICIUS  (Frédéric),  premier 
pasteur  de  l'église  de  Saint-Nicolas  à  Stel- 
tin  ,  et  docteur  en  théologie  de  l'univer- 
sité de  Wittenberg,  avait  étudié  avec 
succès ,  à  Leyde  et  à  Utrecht ,  les  langues 
orientales.  Il  a  laissé  une  Traduction  de 

iThébreu  du  Commentaire  du  rabbin  Da- 
Uid  Kimchi,  sur  Malachie,  et  plusieurs 
Sermons  et  Traités  de  théologie  polémi- 
que ^  écrits  en  allemand.  Il  est  mort  le  H 
novembre  1703 ,  âgé  de  61  ans. 

♦  FABRICIUS  (Christophe-Gabriel ) , 
ijé  à  Schackdorf ,  vîUc  de  la  basse  Lusace, 


le  18  mai  1684 ,  fit  ses  cours  de  théologie 
à  l'université  protestante  de  Wittenberg. 
En  1703  ,  il  fut  chargé  d 'aller  prêcher  l'E- 
vangile en  langue  slave ,  dans  la  basse 
Lusace ,  et  en  1740  ,  dans  la  Lusace  supé- 
rieure. Il  y  mourut  le  12  juin  1757. 11  a 
laissé  :  |  un  Catéchisme  en  langue  slave  ; 
I  Ilerrenhxtth  démasquée  Wittenberg, 
1743  ;  I  Découverte  de  l'esprit  de  secte  des 
herrenhuthers  ^  WinenheTQ ,  1749,  irt-H". 
Ces  deux  ouvrages  sont  écrits  en  allemand. 
Christophe  Fabricius  y  combat  la  secte 
des  herrenhuthers  ;  il  cherche  à  faire  voir 
combien  sont  dangereuses  les  vues  que 
ces  sectaires  cachent  sous  des  dehors  re- 
ligieux ,  et  quelles  suites  funestes  cea 
erreurs  peuvent  avoir  pour  le  christianis- 
me. Fby^sZlNZENDORF. 

FxVBRIClUS  ,  nommé  aussi  LEFEVRE 
(  FRAXÇorS  )  ;  savant  philosophe ,  né  en 
1524  à  Duren  dans  le  duché  de  Juliers, 
vint  à  Paris  au  collège  de  France  suivre 
les  leçons  de  Ramus  et  de  Turnèbe ,  ob- 
tint le  rectorat  de  Dusseldorf  en  1S50,  et 
mourut  en  1575.  On  a  de  lui  :  |  PauUOro- 
sii...  Historiarum  libri  septem,  Cologne, 
1582,  in-12.  Fabricius  s'attache  dans  ses 
notes  ,  à  déterminer  la  véritable  manière 
de  lire  le  texte ,  à  indiquer  les  endroits 
des  historiens  profanes  qui  ont  rapport 
à  ce  que  dit  Paul  Orose,  et  enfin  à  fixer 
les  points  de  chronologie.  Le  Père  André 
Schott  en  a  donné  une  édition  àMayence 
en  1615,  avec  les  notes  de  Fabricius  et 
celles  de  Lautius  ;  |  Jn  Terentii  comœdias 
aimotationes .  Anvers,  1565;  \  Cieeronis 
historia,  Cologne,  1364  :  Gronovius  y  a 
ajouté  des  notes ,  et  elle  a  été  insérée  par 
l'abbé  d'Olivet  à  la  fin  de  son  édition  de 
Cicéro7i. 

FABRICIUS  (  JÉRÔME  ) ,  né  en  1537, 
plus  connu  sous  le  nom  d'Acquapendente, 
sa  patrie ,  fut  disciple  et  successeur  de 
Fallope  dans  la  chaire  d'anatomie  de  Pa- 
doue.  Il  l'occupa  pendant  40  ans  ave<; 
beaucoup  de  distinction.  La  république  de 
Venise  lui  donna  une  pension  de  cent  écus 
d'or,  et  l'honora  d'une  statue  et  d'une 
chaîne  d'or.  Ce  savant  médecin  mourut 
en  1619,  à  Padone,  laissant  plusieurs  ou- 
vrages sur  la  chirurgie  ,  l'anatomie  et  la 
médecine,  justement  estimés  par  ceux  qui 
s'appliqtient  à  ces  arts  utiles.  Ses  OEuvres 
anatomiques  ont  été  imprimées  à  Leyde 
en  1738,  in-fol.  Il  remarqua  le  premier, 
eri  1574 ,  les  valvules  des  veines  ;  mais  il 
ne  connut  ni  leur  structure  ni  leur  usage. 
Fabricius  travaillait  plus  pour  la  gloire 
que  pour  l'intérêt.  Ses  amis  lui  firent  di- 


PAB 

^ira  piTsens,  ]mur  n-compcnscr  son  (;r- 
ténux  dcsin(rrosst>nu<nt.  11  les  mit  duiis 
«I cabinet  pailinilier.  avec  celle  iusnip- 
lion  :  Lucri  ur<;lt((i  lucrufH. 

FABRH.H  s\Vi<*i;k;«t),  poète  allemaml 
«é  à  llaiiilHuirg  le  S5  sept.  ItiltJ.fulsuc- 
rcs5Î\oiiuMil  txjuseillerde  l'tvèque  de  Lu- 
l^j.  ....  1  .1  .1.,  villutle  Danl/.ick.  boury- 
RH-v  .   lie  ccllf!  ville  à  Varsovie, 

où  il  li  avril  16G7.  Scachaqjes 

ne  ravaifiU  jwseuipcchc  de  se  livrer  à  la 
porsic  latine.  Daniel  Heinsius  l'engagea 
i  publier  les  fruits  do  sa  muse  eu  1652. 
On  en  a  donné  une  t'dilion  plus  complète 
i  Lei{>sick,en  1067. 

FAimiCIV'S  (  François  )  ,  né  à  Am- 
sterdam, le  10  avril  16<i3,  fui  ministre  et 
professeur  en  théolotjie  dans  l'universilé 
de  Leyde ,  dont  il  a  été  quatre  f»>is  rec- 
teur. C>n  a  de  lui  plusieurs  disserlalions 
recueillies  en  5  vol.  in-i",  Leyde ,  1727. 
Les  principales  sont  :  |  Christus  ecclesiœ 
fwidanxentum  ;    \   Sacerdotium    Chrisli; 

I  Christoloçia  Noachica  et  Abrahamica. 
seu  dtssertadones  ad  seleclos  tertus  vete- 
ris  et  tiovi  Testamenti ;  \  Defide  christia- 
na  patriarcharum  et  prophetarum .  etc. 

II  a  fait  aussi  imprimer  6  sennons  en  hol- 
landais. Ce  savant  mourut  le  27  juillet 
1738. 

FABRICIVS  (  Jea^-Albert   ) ,  né  à 
Leipsick,  en  1668 ,  s'acquit  de  bonne  heure 
la  réputation  de  littérateur  poli  et  de  sa- 
vant profond.  11  avait  un  esprit  facile, 
une  mémoire   heureuse    et  beaucoup  de 
pénétration.  Après  avoir  fait  ses  études 
avec  distinction  dans  sa  patrie,  il  se  ren- 
dit à  Hambourg,  où  Mayer  lui  confia  le 
soin  de  sa  bibliothèque.  La  mort  de  Yin- 
'  Placcius  ayant  fait  vaquer  la  chaire 
iifesseur  d'éloquence  de  celle  ville  , 
iicius  l'obtint.  Cette  place  le  fixa  à 
Hambourf^,  et  il  y  passa  le  reste  de  sa  vie 
rhéri  el  honoré.  En  1719,  le  landgrave  de 
"'  -m1  lui  offrit  deux  postes  impor- 
.ire  de  premier  professeur  de 
„-  -'<'iessen,  et  la  place  de  surinten- 
dant des  égli-ses  de  la  confession  d'Augs- 
bourg.  Fabricius  fut  tenté  de  le»  accep- 
ter ;  mais  les  magistrats   de  Hambourg, 
plus  ardens  à  le  retenir  qu'il  n'était  à  les 
"••■"er  ,  augmentèrent  en  1720  ses  gages 
")  écus.  Il  y  mourut  en  1756,  à  68  ans. 
;t  un  homme  modeste  ;  sa  douceur  le 
t  aimer,  autant  que  ses  lumières  in- 
ietil  re«lime.  Peu  de  savans  ont  été 
'    ^ifux  ;  il  suffisait  à  tout,  leçons 
rorrcspoiulanccs   littéraires, 
jii  d'ouvrages'.    Ccu\  qui  l'ont 


15  FAn 

fait  rnnnailrc  le  plus  avantageusement 
dans  la  république  des  lettres,  .soni  :  |  To» 
dcx  apocnjphui  novi  Testamenti  coUec- 
tus  .  rasfit/atus  .  Hambourg  .  3  vol.  in-S", 
1719.  C'est  une  collection  curieuse  el  exacte 
de  beaucoup  de  morceaux  inconnus  au 
commun  des  lecleurs,  cl  même  au  com- 
mun des  savans.  On  y  Irotive  une  notice 
de  tous  les  faux  évangélistes,  des  faux 
actes  des  apôires  el  des  apocalypses,  dont 
l'Eglise  fut  inondée  dans  sa  naissance.  Ce 
recueil  estimé  est  enrichi  de  plusieurs  re- 
niarques  criliques,  et  ne  peut  que  servir 
à  constater  pleinement  l'authenticité  des 
quatre  Evangiles  et  autres  écrits  canoni- 
ques, constamment  et  généralement  re- 
connus, tandis  que  tout  ce  qui  n'avait 
pas  le  caractère  de  l'inspiration,  est  allé 
au  fond  de  l'oubli.  |  lUbliolheca  gneca  . 
{k  vol.  in-/*",  publiés  à  Hambourg  depuis 
1703,  jusqu'en  1728.  Celle  notice  des  an- 
ciens auteurs  grecs ,  de  leur  vie  ,  de  leurs 
ouvrages,  est  précieuse  aux  bibliogra- 
phes. Il  n'y  a  d'ailleurs  presque  aucuu 
volume  qui  ne  contienne  quelques  écrits, 
entiers  ou  en  partie,  des  auteurs  grecs 
anciens  et  modernes.  Il  faut  que  le  pre- 
mier volume  soit  de  1718,  ou  au  moins  de 
1708  :  éditions  plus  amples  que  celle  de 
1705.  Les  volumes  suivans  sont  semblables 
quoique  réimprimés.  Il  y  a  une  i'  édition 
augmentée  .  1790-1811 ,  12  vol.  in-/t°.  Elle 
n'est  pas  achevée  ,  et  ne  peut  avoir  moins 
de  16  à  17  vol.  ]  Bibliotheca  latina  ecde- 
sia^ficaj  Hambourg,  1718,  in-folio.  C'est 
le  recueil  des  écrits  latins  sur  les  matiè- 
res ecclésiastiques.  |  Memorice  Hambur- 
genses  .  7  vol.  in-8°,  augmentés  d'un  8*  en 
1745,  par  Evers,  gendre  de  Fabricius.  On 
y  trouve  la  vie  et  les  éloges  des  illustres 
Hambourgeois.  |  Codex  pseudepigraphus 
veteris  Testamenti.  in-8°,  2  volumes,  1722 
et  1723.  L'auteur  a  exécuté  à  l'égard  de 
l'ancien  Testament  ce  qu'il  avait  prati- 
qué à  l'égard  du  nouveau  dans  son  Codex 
apocryphus  ;  \  une  savante  édition  de 
Sexlus  Empiricus ,  grecque  cl  latine, 
Leipsick,  1718,  in-fol;  |  un  Recueil  en 
latin  des  auteurs  qui  ont  prouvé  la  iiérité 
du  christianisme ,  1725,  in-4"  ;  |  un  excel- 
lent ouvrage  en  allemand,  traduit  en  fran- 
çais sous  ce  litre,  Théologie  de  l'eau. 
17/«3,  Paris,  in-8°;  avec  de  nouvelles  rc 
marques  communiquées  au  traducteur; 
I  Les  écrivains  de  l'histoire  d' Al lemagjie 
et  du  Nord  .  publiés  par  Lindi  nbrogius, 
auxquels  il  joignit  les  Origines  de  Ham- 
bourg par  I^mbeccius,  et  les  Inscriptions 
de  celle  même  ville  par  Anckelman  :  le  tout 


FAB 


16 


FAB 


onié  de  notes  savanlcs  cl  d'appendices, 
in-fol;  I  une  édition  du  Thealrum  ano- 
nymorum  et  pseudonymorum  de  Placcius, 
in-fol.  ;  il  y  ajolila  une  préface  ,  et  la  vie 
de  l'auteur.  \  Bibliotheca  latina,  1707, 
d708et  1721  ,  in-8",  5  vol.,  réimprimée  à 
Venise  en  1728 ,  2  vol.  in-/!i.°,  et  à  Leipsick 
1775-74,  3  vol.  in-8°.  Elle  devait  avoir  un 
4*^  vol.  qui  aurail  contenu  les  auteurs  chré- 
tiens. I  Bibliolhecamediœet  infimœ  lati- 
nitalis^  1754  ,  in-8°,  5  vol.,  réimprimée  à 
Padoue  ,  1754  ,  6  vol.  in-4°  ;  |  Bibliogra- 
\ihia  antiquaria,  Hambourg,  17G0,  2  vol. 
Cet  ouvrage  est  une  notice  des  écrivains 
({uiont  travaillé  sur  les  antiquités  hébraï- 
ques ,  grecques  ,  romaines  et  ecclésiasti- 
ques. I  Cenluriœ duœ  Fabricioram  scrijHis 
darorum  qui  jam  dieîn  suum  obierunt . 
Hambourg,  1707,  in-S"  ;  |  une  édition  du 
Polyhislor ,  de  Morhof ,  Lubeck,  1747,  2 
vol.  in-8°.  H.  S.  Reimar,  son  gendre,  a 
donné  une  notice  sur  la  vie  et  les  écrits 
de  Fabricius  avec  son  portrait  sous  ce 
litre  :  De  vila  et  scn'plis  Joannis  Jlberti 
Fabricii  commentai'ius  ^  1757,  in-S". 

•  FADUICÏUS  (  JEAîv-CnRÉTiEN  ) ,  cé- 
lèbre entomologiste ,  né  en  1742  ,  à  Tun- 
dern  dans  le  duché  de  Sleswick,  annonça 
dès  ses  premières  années  beaucoup  de 
goût  pour  l'histoire  naturelle,  et  suivit  les 
cours  de  Linnée  à  l'université  d'Upsal. 
Forcé  d'embrasser  un  état ,  il  étudia  la 
médecine.  Il  fut  reçu  docteur  à  l'âge  de 
2o  ans  :  mais  bientôt  nommé  professeur 
d'histoire  naturelle  à  l'université  de  Kiel, 
il  se  livra  entièrement  à.  ses  études  favo- 
rites pour  lesquelles  il  entreprit  plusieurs 
voyages  en  différentes  parties  de  l'Eu- 
rope. Il  devint  conseiller  d'état  du  roi  de 
Danemarck ,  et  professeur  d'économie  ru- 
rale et  politique.  Fabricius  se  trouvait  en 
France  au  moment  oii  son  pays  était  en 
guerre  avec  la  Grande-Bretagne.  Pénible- 
blement  affecté  des  désastres  de  sa  patrie, 
il  partit  pour  le  Danemarck  ,  quand  il  ap- 
prit la  nouvelle  du  siège  de  Copenhague. 
[1  offrit  ses  services  à  son  roi;  mais  il 
mourut  peu  de  temps  apiès  son  arrivée, 
en  1807.  Ses  jirincipaux  ouvrages  sont  : 
I  Syslema  eniomologiœ ,  Flensburg,  1775 
in~8°.  Ce  livre  donna  une  nouvelle  face  à 
la  science.  On  y  trouve  non-seulement 
l'exposition  des  caractères  essentiels  des 
classes  et  des  genres  du  nouveau  système 
que  l'auteur  voulait  établir,  mais  encore 
toutes  les  espèces  alors  connues.  |  Gê- 
nera visectorwn  ^Kiel,  in-8°,  faisant  suite 
à  l'ouvrage  précédent  ;  |  Philosophia  en- 
tonvdogica .  Hambourg ,  in-S"  ,  1778.  C'est 


le  meilleur  ouvrage  que  nous  ayons  en  ce 
genre.  [  Etitornologia  systcmalica ,  Co- 
penhague, 1792  à  1796,  7  vol.  in-S";  |  Sup- 
pleinentum  eniomologiœ  sysiematicœ,  1798 
in-8".  Il  faut  joindre  à  ce  volume  un  Index 
alphabeticus  de  52  pages  qui  ne  parut  (jue 
deux  ans  après.  Fabricius  a  publié  sépa- 
rément un  species^ouv  chaque  classe  d'in- 
sectes en  particulier ,  sous  ces  titres  : 
Syslema  eleulheralorum. ,  1801  ;  Système 
rhyngotorum,  1805;  Systemapiezatorum, 
1804;  Syslema  antlialorumA&Oo;  avec 
lui  index in-k°  pour  chacun  ;  |  Considéra- 
tions sur  l'ordre  général  de  la  nature. 
Hambourg,    1781,    in-8°,   en  allemand; 

I  Résultat  des  leçons  sur  l'histoire  natu- 
relle ^  Kiel,  1804,  aussi  en  allemand. 

*  FABUICIUS  (  Otto  ),  prédicateur  pro- 
testant, né  en  1744  à  Rudkiœbing,  dans  une 
des  îles  danoises  de  la  mer  Baltique  ,  fut 
nommé  missionnaire  pour  les  colonies  da- 
noises de  Frédériks-Haab  ,  et  partit  pour 
ce  pays  en  1768.  Pendant  son  séjour  qui 
dura  jusqu'en  1775,  il  s'occupa  beaucoup 
de  la  langue  des  Groenlandais ,  et  s'adon- 
na à  la  recherche  des  plantes  du  pays, 
sans  études  préliminaires ,  et  sans  autre 
livre  que  le  systema  naturce.  Il  profita 
des  conseils  du  célèbre  Otto-Frédéric  Mul- 
1er  avec  lequel  il  était  en  correspondance. 
De  retour  à  Copenhague,  il  fut  pourvu 
successivement  de  jjlusieurs  cures  ,  et  en 
dernier  lieu  (  1789  )  de  celle  de  Christia- 
nia, où  il  mourut  avec  le  litre  et  le  rang 
d'évèque  le  12  avril  1822  à  l'âge  de  72  ans. 

II  s'était  occupé  de  la  rédaction  des  notes 
qu'il  avait  recueillies.  Son  principal  ou- 
vrage a  pour  titre  :  Fauna  groenlandica^ 
Copenhague  ,  1780  :  il  l'a  fait  honorable- 
ment connaître  du  monde  savant. 

*  FABRICY  (  le  Père  Gabriel  ).  domi- 
nicain et  célèbre  bibliographe  ,  né  vers 
1725  à  Saint-Maximin  près  d'Aix  en  Pro- 
vence ,  entra  fort  jeune  dans  l'ordre  de 
St.-Dominique  ;  il  en  devint  provincial,  et 
se  rendit  à  Rome  où  il  fut  lecteur  en  théo- 
logie. Ses  vastes  connaissances  le  firent 
choisir  pour  l'un  des  docteurs  théologiens 
de  la  fameuse  bibliothèque  de  Casanala, 
léguée  en  1700  par  le  cardinal  de  ce  nom 
aux  dominicains  du  couvent  de  la  Minerve. 
Il  mourut  à  Rome  en  1800.  Fabricy  était 
membre  de  l'académie  des  Arcades.  Oa 
lui  doit  :  |  Recherche  sur  l'époque  de  l'é- 
quilation  et  l'usage  des  chars  équestres 
chez  les  anciens^  in-8°,  Marseille  (Rome)  ; 
1764  et  1765  ;  i  Mémoires  pour  servir  à 
l'histoire  littéraire  des  deux  Pères  An- 
saldij,  des  PP.  Mamachij,  Patuzzi,  Ui- 


FAB 


17 


FAB 


'  :    l  t(  lit    iininis;  CCS  llivCIS  opUSCUlCS 

;  imprimés  dans  le  lUclionnaire  uiii- 
>il  des  sciences  ecclésiasliqucs  du 
Vire  Richard.  |  Des  titres  primitifs  (le  la 
révélation,  ou  Considérations  critiques 
sur  ta  purrté  et  l'intégrité  du  texte  ori- 
ginal des  livres  saints  île  l'ancien  Testa- 
ment,  ii  loin.  in-S"  ,  Rome  ,  1772  :  c'est  le 
plus  célèbre  el  le  plus  cslimé  de  ses  ou- 
^  rA<;f<t:  !  Censoris  tluologi diatribe,  quabi- 
'litratttiquariœ  et  sacrtv  criliccs 
/Ilot  illustrantur  .  Rome,  1782, 
;..  .  .  •  a  le  trouve  à  la  suite  du  Spécimen 
variarum  lectionum  sacri  textùs  de  J.  B. 
de  Rossi.  Le  Père  Fabricy  a  aussi  tra- 
vaille avec  le  Père  Audifreîli  au  magnifi- 
que Catalogue  de  la  bibliothèque  de  Casa- 
nata  .  dont  4  volumes  seulement  ont  été 
publics. 

F.\BRI\I  (  Jeam  ),  (jrammairien ,  na- 
quit en  ljl6,à  Fi(ïhine  en  Toscane  et 
mourut  vers  i580.  Nous  avons  de  lui  des 
notes  c\.àe%  commentaires  sur  Virgile, 
Horace.  Térence,  et  sur  quelques  Epitres 
do  Cicéron.  Ils  sont  assez  bons  pour  leur 
temps.  II  esl  auteur  de  quelques  autres 
ouvrages  sur  sa  lan^e. 

•  FABRIS  (  Nicolas  ) ,  célèbre  mécani- 
cien d'Italie ,  el  prêtre  de  l'Oratoire  ,  né 
en  1739  à  Chioggia,  mort  le  13  août  1801, 
commença  par  travailler  avec  son  frère 
l'abbé  François  Fabris  ,  à  l'analyse  et  à  la 
-^ificalion  des  cires  marins  de  l'Adria- 
.  •.   Il  inventa    pour  l'harir-onica   de 
.:iklin  un  piano-forle  avec  un  registre 
1    l'I  des  touches ,  ainsi  qu'une  table  de  pro- 
gressions harmoniques,   pour  accorder 
promptement   et  facilement    les  instru- 
'   mens  a  clavier.  Il  inventa  encore  un  cla- 
!    vecin  au  moyen  duquel  les  notes  frappées 
I    par  les  touches  étaient   en  même  temps 
\   écrites  ][>ar  elles ,  et  une  petite  machine 
,    fort  simple ,  par  les  ressorts  de  laquelle 
une  main  de  bois  battait  toutes  sortes  de 
mesures.  Il  imagina  un  genre  de  tonneau 
«laiu  lequel  l'air  ne  pouvait  s'introduire  à 
mesure  qu'on  le   vidait ,  sa  cavité  dimi- 
nuant dans  la  même  proportion  que  le 
vin  qui  y  était  contenu.  Il  trouva  le  moyen 
d'écrire  aussi  vile  que  la  parole  la  plus 
précipitée  sans  abréviation  et  sans  rature, 
el  s'occupa  de  la  recherche  du  mouvement 
perpétuel.  Fabris  construisit  encore  une 
lM>rlo^  qui  marquait,  dans  le  rapport  le 
■  '■■  '       heures  italiennes  et  les 

> ,  avec  les  minutes  et  les 
.    '  iives;  les  cquinoxcset  les 
4*>l4lkc*y  ctaicnt  même  indiqués.  Ce  goût 
lie  nuisit  point  chez  lui  aux  études  Ihéo- 


logiqucs. Ses  super  leur»  le  rluirgèrcntd'er»- 
scigner  les  jeunes  «lève»  de  la  Cougréga- 
lion,  et  l'évéinu;  de  Uiioggia  le  cboUit 
IK)ur  son  conseil. 

FABROM.  l'oyez  FABBRONI. 

FABROT  (  Charles- A\KiRAi.  )  était 
d'.Vix  en  Provence,  où  il  vil  le  jour  l'an 
1;>80.  Sa  profonde  érudition  et  ses  vaslos 
connaissances  dans  la  jurisprudence  ci- 
vile et  canonique,  lui  obtinrent  l'amitié 
du  fameux Peiresc, protecteur  de  tous  les 
gens  de  mérite.  Le  président  du  Vair  ,  qui 
l'estimait  aussi ,  devenu  garde  des  sceaux 
en  1617,  attira  Fabrotà  Paris.  Il  n'avait 
que  36  ans ,  et  depuis  8  années  il  occupait 
avec  distinction  une  chaire  de  droit  dans 
l'université  d'Aix.  Il  retourna  dans  celle 
ville  après  la  mort  de  son  protecteur ,  et 
y  reprit  ses  fonctions  de  professeur.  On 
le  revit  à  Paris  en  1637,  pour  y  faire  im- 
primer des  Notes  sur  les  Institutes  de 
Justinien.  Cet  ouvrage,  dédié  au  chance- 
lier Séguier ,  fut  honorable  et  utile  à  l'é- 
crivain. Il  fit  à  Fabrot  un  grand  nom  dans 
la  république  des  lettres,  et  lui  valut  une 
pension  de  2,000  livres  qui  lui  fut  accor- 
dée pour  travailler  à  la  traduction  du  Ba- 
silicon  :  c'est  la  collection  des  lois  romai- 
nes, dont  l'usage  s'était  conservé  dans 
l'Orient ,  et  de  celles  que  les  empereur» 
de  Conslantînople  y  ont  ajoutées.  Celle 
collection  avait  été  faite  par  ordre  de  l'em- 
pereur Léon  VI.  La  traduction  coûta  à 
Fabrot  dix  années  d'application  constante 
et  lui  mérita  une  charge  de  conseiller  au 
parlement  de  Provence ,  dont  les  circon- 
stances du  temps  ne  lui  permirent  pas  de 
jouir.  Cet  ouvrage  parut  en  16i7  à  Paris, 
en  7  vol.  in-fol.,  auquel  il  faut  joindre  le 
Supplément  par  Ruhnkeuius ,  Leyde,  1765 
In-fol.  En  16/t9,  Fabrot  publia  une  édition 
des  OEuvres  de  Cédrène,  de  Nicétas, 
d'Anastasele  bibliothécaire ,  de  Constantin 
Manassès ,  cl  des  Institutes  de  Théophile 
Simocatte,  qu'il  enrichit  de  notes  et  de 
dissertations.  On  a  encore  de  lui  des  oh- 
servalions  sur  quelques  litres  du  Code 
Théodosien;  un  Traité  sur  l'usure  contre 
Saumaise  ;  quelques  7naximes  de  droit 
sur  Théodore  Balsamon ,  sur  l'hisloirc 
ecclésiastique,  sur  les  papes,  et  plusieurs 
traités  particuliers  sur  diverses  matière.^ 
de  droit.  En  1652,  ce  docte  et  infatigable 
écrivain  commença  la  révision  des  Œu- 
vres de  Cujas,  qu'il  corrigea  sur  plusieurs 
manuscrits ,  et  qu'il  donna  au  public  à 
Paris,  l'an  1658,  en  10  vol.  in-fol.,  avec 
d'excellentes  notes  aussi  curieuses  qu'in- 
structives.  L'applicatioD  excessive  qu'il 


FAB 


18 


FAB 


mit  à  ce  grand  ouvrage ,  lui  causa  une 
maladie,  dont  il  mourut  le  16  janvier  lGb9 
à  Paris ,  âgé  de  79  ans.  On  trouva  parmi 
les  papiers  de  ce  savant  homme ,  des 
Commentaires  sur  les  InsiUales  de  Jus- 
tinien  ;  des  notes  sur  Aulu-Gèle  ;  et  le  Re- 
cueil des  ordomiances  ou  constitutions 
ecclésiastiques  qui  n'avaient  pas  encore 
vu  le  jour  en  grec.  Ce  dernier  ouvrage  a 
clé  inséré  dans  la  Bibliothèque  du  droit 
canon,  publiée  en  d66i  par  Voel  et  Jus- 
tel. 

•  FABRY  (  Henri- Jean -Baptiste  ), 
comte  d'Autrey,  chevalier,  de  Saint-Louis, 
né  en  1723  et  mort  en  1777,  a  composé  : 
j  Y  Antiquité  justifiée^  ou  Réfutation  d'un 
Iiv7-e  qui  a  pour  titre  :  l'Antiquité  dévoilée 
par  les  usages...  (  de  Boulanger) ,  Paris  , 
i776,  in-12  ;  ]  Le  Pijrrhonien  raisonnable^ 
ou  Méthode  nouvelle  proposée  aux  inci'é- 
dulespar  l'abbé  de*"",  Paris,  1765,  in-12; 
[Les  Quakers  à  leur  frère  V""* ,  lettre  plus 
philosophique  que*"*  sur  sa  religion  et  ses 
livres ,  Londres  et  Paris ,  1768 ,  in-8°. 

*  FABllY  (  Jean-Baptiste-Germaix  ) , 
avocat  à  la  cour  royale  de  Paris  ,  né  en 
1780  à  Cornus,  dans  le  Rouergue,  diocèse 
de  Vabres ,  se  fit  connaître  avantageuse- 
ment par  son  attachement  aux  saines 
doctrines,  et  consacra  sa  vie  aies  ré- 
pandre par  des  écrits  ou  des  recueils  qui 
font  honneur  à  son  esprit  et  à  son  cœur. 
Envoyé  à  Paris  pour  y  faire  ses  études  de 
droit ,  ses  principes  et  sa  conduite  ne  se 
démentirent  point  au  milieu  des  dangers 
de  la  capitale.  Il  fut  reçu  avocat  en  1804, 
mais  parut  peu  au  barreau  :  il  s'occupa  plus 
spécialement  des  événemens  politiques  et 
de  littérature  religieuse  ,  et  fut  secrétaire 
de  Fouclié  ministre  de  la  police  générale 
de  France.  Son  empressement  à  obliger 
fut  la  cause  de  sa  mort  :  en  allant  cher- 
clier  le  docteur  Dubois  à  cinq  heures  du 
matin  pour  une  de  ses  parentes  dans  lo 
travail  d'un  accouchement  difficile,  il 
glissa  sur  le  perron  dans  l'obscurité ,  et 
tomba  sur  une  pointe  de  fer  qui  lui  entra 
dans  la  cuisse  et  lui  rompit  une  artère.  Il 
expira  quelques  minutes  après ,  le  k  jan- 
vier 1821.  On  lui  doit  :  |  le  Spectateur 
français  au  i^^  siècle  j  ou  Variétés  mo- 
rales j  politiques  et  littéraires,  recueillies 
des  meilleurs  écrits  périodiques ,  collec- 
tion précieuse  par  le  choix  des  matériaux 
qui  la  composent.  Elle  forme  12  vol.  in-8°, 
Paris ,  4803  à  1812  ;  [  Chefs-d'œuvre  de 
l'éloquence  chrétienne  ^  ou  Sermons  de 
Bourdaloue ,  Bossuel ,  Fénélon ,  Massil- 
l(m,  sur  la  vérité  de  la  religion  j  formant 


un  corps  d'ouvrage,  Paris,  1810,  2  voL 
in-12  ;  |  La  régence  à  Blois ,  ou  Les  der- 
niers momens  du  gouvernement  irnpériatj 
1814,  in-S",  6^  édition,  1815  ;  |  Itinéraire 
de  Bonaparte  depuis  son  départ  de  Dou- 
leventAe  28  mars,  jusqu'à  son  embarque^ 
ment  à  Fréjus  le  28  avril  1814,  in-S", 
5*^  édit.  1815  ;  |  Itinéraire  de  Bonaparte 
de  Vile  d'Elbe  à  Vile  de  Sainte-Hélène,  on 
Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  des  évé- 
nemens  <^e  1815,  in-8°,  1816,  réimprimé 
l'année  suivante,  avec  des  augmentations 
considérables,  en  2  vol.  in-8°;  |  Mémoires 
pour  servir  à  l'histoire  de  l'instruction 
publique .  depuis  i78S  jusqu'à  nos  jours  ^ 
ou  Le  génie  de  la  révolution  considérée 
dans  l'éducation,  où  Von  voit  les  efforts 
réunis  de  la  législation  et  de  la  philosophie 
du  18*^  siècle  pour  anéantir  le  christia- 
nisme, 1817-1818.  3  vol.  in-S".  On  y  trouve 
des  pièces  et  des  faits  très  curieux  sur  les 
moyens  pris ,  à  différentes  époques  de  la 
révolution,  pour  pervertir  l'éducation. 
I  Monu?nens  de  la  reronnaissmnce  natio- 
nale votés  en  France  depuis  1789,  in-S", 
1819;  I  Les  missionnaires  de  i79^ ,  in-8", 
1819  et  1820.  L'auleur  y  rappelle  les  pré- 
dications anarchiqucs  ,  impies  et  cruelles 
des  révolutionnaires  de  1793,  et  remarque 
l'affection  et  l'inlérêt  que  certains  écri- 
vains portent  à  ces  missionnaires  si  di- 
gnes d'eux ,  tandis  qu'ils  ont  en  horreur 
ceux  qui  prêchent  l'ordre,  la  religion  et  la 
charité.  Le  but  de  ces  écrivains  éhontés 
n'est  pas  équivoque  ;  et ,  comme  c'est  en 
déclamant  contre  les  nobles  et  les  prêtres 
qu'on  est  parvenu  à  opérer  la  révolution, 
M.  Fabry  a  pensé  qu'il  serait  utile  d'en 
rappeler  les  pages  sanglantes  pour  nous 
préserver  des  mêmes  malheurs;  mais  il 
n'a  rien  exagéré  :  il  cite  toujours  ses 
sources  et  ses  garans  ;  il  s'est  même  im- 
posé la  loi  de  ne  donner  les  faits  que  sur 
les  pièces  officielles  insérées  dans  le  Mo- 
niteur. Rien  n'est  donc  plus  authentique 
que  son  histoire  des  Missions  de  1793, 
comme  rien  n'est  plus  légitime  que  sa 
généreuse  indignation  contre  ces  sanglans 
missionnaires.  Il  avait  commencé  des  re- 
cherches pour  faire  une  histoire  de  la  lé- 
gislation révolutionnaire  sur  la  religion  et 
les  prêtres;  il  est  à  regretter  qu'il  n'ait 
pas  terminé  ce  travail  :  personne  n'était 
plus  en  état  que  lui  de  traiter  ce  sujet  ;  il 
connaissait  parfaitement  la  révolution  et 
son  esprit,  et  il  la  jugeait  très  bien  dans 
ses  causes,  ses  moyens  et  ses  résultats. 
Tous  ses  ouvrages  ont  paru  sous  le  voile 
de  l'anonyme* 


FAC 


19 


FAE 


M  CIAIIDI  (Christophe  ),  n^  dans  le 

>ire  do  Rimini  ,  passa  do  l'instiliit 

rs  c«>nvcntucls  à  reliiî  des  ca- 

Ui  province  de  Bologne  ,  où 

;;iaiul  non»  parmi  les  piédira- 

leuiHde  M»n  temps.  L'on  rapporte  qu'en 

prV^rhant  un  jour  h  Bologne  sur  l'aunume. 

■  •  (  >sion  sur  l'esprit  des  as- 

.!i'  sortir  de  l'éylise  ,  ils 

11-  leur  arpent  cl  de  leurs 

\  les  plus  preeieux.  pour  contribuer 

it^lisscmenl  de   l'hôpital  des  orplie- 

iiue   Facciardi   venait  de   leur  re- 

i.iiuler.    L'on  a  de  lui  :    |  ExercHia 

.,        talia  ex  sanctis  patribus  collecta^ 

5  vol.  iu-S",  Lyon,  1590;  Venise,  1597  et 

Paris,  1606.  |  Vitœ  et  gesta  sanctonim  cc- 

r    rcruchinœ  ^  in-8",  Venise,  1600; 

'a  aurea   et  sanctuarium   sanctœ 

:.-gicc  ,  tum  scholasticœ^  tum  posili- 

vtt ,  aperta;  \  Meditazioni de'  principali 
mysteri  délia  vita  spirituale  ^  in-4",  Ve- 
nise, 1599. 

•  FACCIOLATO  (  Jacques  ) ,  savant 

■  ■"'■-'scur  de  logique  de  l'université  de 

1  ■,  né  à  Torrefjlia  près  de  cette  ville 

:<-5  monts  Eugaiiées,  en  1682,  mort 

en  17b9,  consacra  toute  sa  vie  à  des  re- 

cherclies  sur  des  méthodes  pour  faciliter 

'  ■'■  '    -yiofondie  des  langues  anciennes. 

lux  ouvrages  sont  :  |  une  nou- 

:i  du  dicliowiaire  en  sept  lan- 

1  ounu  sous  le  nom  de  Calepin.  Pa- 

1718,  2  vol.  in-folio,  depuis  plusieurs 

imprime  ;  |  Ortografia  modcnia  ita~ 

ron  qualche  cosa  di  lingua  per  uso 

ininario   de  Padova,  1721,   in-4°; 

I  Orationes  latinœ .  Padoue,  1744  et  1767, 

in-8°.  Ce  sont  les  harangues  qu'il  pro- 

i  cliaqiic    année  à  l'ouverture   des 

-.  Elles  ajoutèrent  beaucoup  à  sa  ré- 

"tj.   I  De  gymvasio  palavino  st/n- 

la  duodecini  ex  ej'usdem  gymuasii 

cxcerpta ,    Padoue,    1752,    in-8»; 

'i  gymnasii  paiavini  ab  anno  1268 

num   1752,    Padoue,   1757,   in-4"; 

'"lœ  latinœ.  Padoue  ,  1765,  in-8".  Il 

icoup  contribué  au  grand  diction- 

I.itin  ,  public  par  Forcellini. 

I  ACIO  ou  FAZIO  (Bauthélemi),  né  à 

ipcrzia,  dans  l'état  de  Gènes,  mort  vers 

"'  r'«G5,  fut  secrétaire  d'Alphonse  d'A- 

',  roi  de    Naples.  jïineas  Sylvius, 

"•nis  le  nom  de  Pie  H,  fut  très  lié 

"li ,  ainsi  que  la  plupart  des  érudils 

"   siècle.  On  doit  aux  veilles  de  ce 

id  litlcralcur  :  |  De  bello  vcneto- 

(vto  ^  seu  intcr  renctos  et  Geniien- 

yon   1578,  in-8",  etc.;  |  une  Histoire 


de  son  temps  .  jusqu'à  l'année  1/»6Î5 ,  en 
latin  ;  |  De  vitœ  fclicUnlr.  Leydc,  1628  , 
in-24;  |  un  Traité  des  hommes  illustres 
de  son  temps,  aussi  en  lalin  .  publié  h 
Florence  en  1745,  in-4°,  par  l'abbé  Méhus; 
I  Traduction  latine  de  V Histoire  d'A- 
lexandre le  Graml  en  grec,  par  Arien; 
I  quelques  opuscules,  mis  au  jour  par 
Trelier,à  Hanovre,  1611,  in-4".  Ce  savant 
était  un  ennemi  irréconciliable.  Il  coïk- 
serva  jusqu'au  tombeau  sa  haine  pour 
I^urent  Valla. 

FACUM)t!S,  évèqtie  d'Herrniane  en 
Afrique ,  assista  en  547  à  la  conférence 
que  le  pape  Vigile  tint  à  Constantinople 
sur  la  dispute  des  trois  chapitres.  Il  s'a- 
gissait dans  cette  affaire  de  l'orthodoxie 
de  Théodore  de  Mopsueste ,  des  écrits  de 
Théodoret,  et  de  la  lettre  d'Ibas.  Facundus 
les  soutint  avec  une  ardeur  qui  le  lit  exi- 
ler. Nous  avons  encore  V ouvrage  qu'il 
composa  sur  cette  matière  :  il  est  écrit 
d'un  style  véhément,  plein  de  feu  et  avec 
beaucoup  d'art  ;  mais  l'auteur  sort  sou- 
vent des  bornes  de  la  modération.  Le  sa- 
vant Père  Sirmond  publia  cet  écrit  en 
1629,  in-8°,  avec  des  notes  ;  et  il  fut  inséré 
depuis  dans  l'édition  d'Oplat ,  faite  à  Pa- 
ris. Facundus  mourut  vers  l'an  553. 

FADUS  (CuspiLs).  Foyez  CUSPIUS 
FADUS. 

FAERIME  (Gabriel),  de  Crémone  en 
Italie,  mit  en  vers  latins,  dans  le  16'  siè- 
cle, cent  fables  d'Esope ,  distribuées  en  5 
livres.  Pie  IV  l'engagea  à  ce  travail ,  et 
n'eut  pas  à  s'en  repentir.  La  morale  y  est 
rendue  d'une  manière  ingénieuse  ;  le  style 
a  cette  précision,  ce  naturel,  cette  vairiété, 
qui  font  le  principal  mérite  de  ces  sortes 
d'ouvrages.  Faerne  ne  vit  point  mettre 
au  jour  le  fruit  de  son  travail  :  sou  re- 
cueil de  fables  ne  parut  qu'en  1564,  3  ans 
après  sa  mort  ,  avec  une  dédicace  à  saint 
Charles  Borromée,  archevêque  de  Milan. 
Ce  recueil,  imprimé  à  Rome  en  1564, 
in-4°,  et  depuis  à  Padoue  en  1718  et  1730, 
et  à  Londres,  1743  ,  in-4°,  orné  de  plan- 
ches ,  lit  connaître  Faerne  sur  le  théâtre 
littéraire.  Dcnyse  en  donna  une  traduc- 
tion française  en  1699,  petit  in-12,  et  Per- 
rault, de  l'académie  française,  les  tradui- 
sit en  vers  français ,  in-12,  Amsterdauj, 
1718.  Tronduili  en  a  donné  ime  bonne 
édition  italienne  ,  Venise  ,  1736.  Faerne 
était  aussi  bon  critique  qu'excellent  poète. 
On  a  encore  de  lui  :  |  Censiu-a  etnenda- 
tionum  Livianarum  Sigonii;  |  De  metrit 
comicis;  \  une  édition  de  Térence ;  \  d<'S 
remarques  sur  Catulle  et  sur  plusieurs 


FAG 


20 


VAd 


ouvrages  de  Cicéron  ;  \  Dialogia  antiqui- 
ta(am,etc.;\In  lutheranos  elegiœ.  Il  mou- 
rut à  Rome  en  1561.  Pie  IV  et  le  cardinal 
Charles  Borromée ,  neveu  de  ce  pontife , 
l'honoraient  d'une  estime  particulière , 
ou  plutôt  s'honoraieiit  en  rendant  jus- 
tice à  son  mérite.  Il  faut  remarquer  que 
Faërne  écrivait  dans  le  temps  où  les  fables 
de  Phèdre  ^'étaient  pas  encore  connues  , 
de  manière  que  le  mérite  en  est  tout-à-fait 
original.  Ce  n'est  que  vingt  ans  après  la 
première-  édition  des  fables  de  Faërne , 
que  celles  de  Phèdre  furent  découvertes. 
*  FAESI  (  Jean-Conrad  ) ,  né  à  Zurich 
en  1727,  fut  curé  à  Flaach  près  de  Schaff- 
house,  et  y  mourut  en  1790.  Cet  écrivain 
aussi  laborieux  qu'estimable  fit  une  étude 
particulière  de  l'histoire  et  de  la  statisti- 
que de  la  Suisse.  On  lui  doit  les  ouvrages 
suivans,  écrits  en  allemand  :  Description 
géographique  et  statistique  de  la  Suisse^ 
4765  à  1768, 4  vol.  in-8°;  |  Mémoire  sur  di- 
vers sujets  de  l'histoire  ancienne  et  mo- 
derne^ 1765,  2  vol.  in-8°;  |  Histoire  de  la 
paix d'Utrecht ,  1770.  lia  traduit  en  alle- 
mand V Histoire  d'Afrique  et  d'Espagne 
de  Cardone,  et  publié  plusieurs  mémoires 
dans  les  Journaux  historiques  de  Meusel. 

FAGAN  (  Christophe- Barthélemi)  , 
naquit  à  Paris,  en  1702,  du  premier  com- 
mis au  grand  bureau  des  consignations. 
Il  y  eut  lui-même  un  emploi ,  qui  l'occu- 
pait peu ,  et  qui  lui  laissa  la  liberté  de 
s'attacher  aux  belles-lettres.  Fagan,  avec 
une  partie  de  l'esprit  de  Iol  Fontaine , 
avait  à  peu  près  le  même  caractère ,  la 
même  indolence,  la  même  aversion  pour 
les  affaires.  Son  extérieur  négligé,  son 
air  distrait  et  timide,  n'annonçaient  point 
tout  ce  qu'il  était.  Il  avait  beaucoup  de  ta- 
lent pour  le  théâtre.  Il  travailla  tour-à-tour 
pour  le  Théâtre-Français, l'Italien,  et  pour 
celui  de  la  Foire.  On  remarque,  dans 
toutes  ses  pièces ,  im  enjouement  naïf  et 
tin.  Les  plus  applaudies ,  soit  pour  le  bon 
comique,  soit  pour  la  conduite,  sont  le 
Rendez-vous  et  la  Pupille.  Celle-ci  mérite 
d'être  mise  à  côté,  et  si  on  ose  le  dire,  au- 
dessus  de  quelques  petites  pièces  de  Mo- 
lière. Pesselier  a  rassemblé  en  17G0,  en 
k  vol.  in-12 ,  les  différens  ouvrages  dra- 
matiques de  Fagan.  Les  ornemens  dont  il 
a  accompagné  cette  édition,  sont  xm  Eloge 
historique  de  l'auteur,  et  une  Analyse  de 
sesœuvres.  Fagan  mourut  àParis  en  1755. 

FAGE  ou  BUCHLIN  (Paul),  Fagius , 
né  à  Rhcinsabern  dans  le  Palatinat ,  d'un 
maître  d'école,  se  distingua  par  ses  con- 
luissaaces  dans  la  langue  hébraïque.  Ap- 


pelé en  Angleterre  par  Crammer,  arche- 
vêque de  Cantorbéry,  il  fut  chargé  de 
faire  des  leçons  publiques  à  Cambridge, 
où  il  mourut  en  1550,  âgé  de  45  ans.  Ce 
savant  protestant  a  beaucoup  contribué  à 
répandre  la  connaissance  de  la  langue 
hébraïque  par  ses  ouvrages,  dont  yoici  les 
principaux  :  [  Jpophthegmata  patrwn , 
Sententice  morales,  1542,  in-4'';  [  Tobiai 
hebraïcus.  1542,  in-S";  ]  Expositio  dictio- 
num  Iiebraïcarum.  1542,  in-4°;  |  Notœ  in 
Pentateuchum ^  1546,  in-fol. ,  etc. 

FAGE  (  Raimond  de  la),  naquit  en  1648 
à  Lisle  en  Albigeois.  Il  s'adonna  au  dessin 
sans  secours,  sans  maître,  malgré  ses  pa- 
rens,  et  devint  bientôt  un  dessinateur 
excellent.  Il  mettait  dans  ses  productions, 
surtout  dans  les  sujets  libres,  un  goût,  un 
esprit  qui  surprenaient  les  artistes.  Son 
atelier  ordinaire  était  le  cabaret.  Il  s'était 
établi  depuis  plusieurs  jours  chez  un  au- 
bergiste, et  y  faisait  une  dépense  qui  pa- 
raissait au-dessus  de  sa  fortune.  Lorsqu'il 
fallut  payer,  il  crayonna  au  dos  du  mé- 
moire qu'on  lui  présenta,  un  dessin ,  que 
l'aubergiste  porta  à  un  amateur.  Le  cu- 
rieux en  donna  ce  qu'on  lui  demanda  ,  et 
fit  encore  remettre  de  l'argent  à  La  Fage. 
Ce  maître  mourut  en  1690.  Il  dessinait  à 
la  plurae  et  au  lavis.  Ses  dessins  dans  le 
premier  genre  sont  fort  recherchés.  Carie 
Maratte  faisait  beaucoup  de  cas  de  ses  ou- 
vrages. 

*FAGETDE  BAUllE  (Jean- Jacques), 
ancien  avocat  au  parlement  de  Pau,  né  à 
Orthez  le  30  octobre  1755  ,  d'une  famille 
ancienne  et  distinguée  dans  la  magistra- 
ture ,  termina  ses  éludes  au  collège  de 
Juilly ,  et  fit  des  progrès  si  rapides  dans 
le  droit,  qu'à  19  ans  il  était  avocat-général 
au  parlement  de  Pau.  Privé  de  cette  place 
il  vécut  dans  la  retraite  jusqu'en  1809  ; 
à  cette  époque  Bonaparte  le  nomma  rap- 
porteur du  conseil  du  contentieux  de  sa 
maison.  En  1810 ,  Faget  de  Baure  devint 
membre  du  Corps  législatif,  où  il  siégeail 
encore  en  1814.  II  adhéra  au  retour  des 
Bourbons,  le  6  avril ,  en  signant  l'acte  de 
déchéance  de  Bonaparte.  En  1811,  il  avait 
été  appelé  à  la  cour  impériale  de  Paris  , 
dont  il  devint  un  des  présidens;  et  il  lut 
conservé  à  la  cour  royale  sous  le  gouver- 
nement de  Louis  XVIII.  Pendant  la  session 
législative  qui  eut  \\cn  en  1814  ,  il  parla 
plusieurs  fois  à  la  tribune,  et  notamment 
le 9  août,  au  sujet  de  la  loi  sur  la  liberté 
de  la  presse.  Son  entier  dévouement  à  la 
famille  royale  se  manifesta  surtout  à  l'é- 
poque où  Bonaparte  revint  de  l'île  d'Elbe  : 


FAG 


1  avec  chaleur  la  ilrfi'usc  di-s 

il  moiiarrhio.  Après  la  soconilc 

......  Bourbons,  il  fui  compris  nu 

■ic  des  inciubrcs du  conseil  royal  de 
tjction  pnl>li<mc.  Présiilfiil  du  col- 
ii-ment  di'sLandt'S. 
.  .  il  fui  élu  par  le 
,„  , ..,  .  :>..,.  s-Pyrénécs,  cl  de- 
vint vire-présidenl  de  la  chambre.  Il  lil 
pailie  do  diverses  commissions,  et  pré-- 
8cnta  un  rapport  relatif  à  Vonjanisulion 
de  la  cour  des  Comptes.  Après  la  ilisso- 
' •■'     M  de  la  chambre  eu  181ti,  il  présida  le 
0  électoral  des  Basses-Pyrénées  qui 

lut  député.  Il  obliiil  encore  l'hou- 
ntur  de  la  vice-présidence.  Fagcl  de 
Baiire  est  mort  à  Paris  le  50  décembre 
■   '"    On  a  de  lui  :  |  divers  morceaux  de 

<iturc .  nnlammcnl  des  vers  sur  le 

ti\  insérés  sans  nom  d'auteur  dans  le 
Spectateur  du  Nord  ;  |  Histoire  du  canal 
du  Languedoc^  rédif^ée  sur  les  pièces 
authentiques,  etc.,  Paris,  180j  ,  in-8"; 
I  Essai  historique  sur  le  Jiéarn ,  Paris, 
1818,  in-S",  ouvrage  posthume. 

FAGGI.  ou  DE FAGGIIS  (Axge),  appelé 
aussi  quelquefois  Sangrino^An  nom  du 
cliâteau  de  Sanyro ,  dans  le  royaume  de 
Naples,  où  il  était  né  vers  l'an  1500  ,  est 
un  de  ceux  qui  ont  le  plus  illustré  l'ordre 
de  Saint-Benoît.  Il  était  de  la  conjîréga- 
lion  du  Mont-Cassin.  Sa  vie  offrit  le  mo- 
dèle de  toutes  les  vertus  :  il  parlajfeait  son 
temps  entre  la  pratique  des  devoirs  reli- 
gieux cl  l'élude ,  à  laquelle  il  se  livra  avec 
une  assiduité  extraordinaire.  Très  versé 
dans  les  lan(jucs  grecque  et  latine  ,  il  avait 
fait  aussi  une  étude  approfondie  de  l'E- 
criture sainte  et  des  saints  Pères.  Elu  supé- 
rieur de  diverses  maisons,  il  se  fil  remar- 
quer par  la  sagesse  de  son  administration, 
qu'il  porta  au  plus  haut  degré  dans  le 
gouvernement  du  Mont-Oissin  el  dans  ce- 
lui de  la  congrégation  ,  dont  la  présidence 
lui  fut  déférée  à  deux  reprises  différenles. 
}jC  pape  Pic  V  qui  avait  pour  lui  la  j)lus 
grande  eslimc,  l'avait  nomme  inquisiteur 
de  la  foi.  Parvenu  à  un  âge  1res  avancé , 
don  Faggt  se  démit  du  toutes  ses  places, 
pour  con<vacrer  à  Dieu  tous  ses  momens, 
cl  mourut  au  Mont-Cassin  le  17  mars  io'jr). 
Agé  de  93  ans.  Parmi  les  nombreux  ou- 
vrages qu'il  a  laissés,  on  distingue  par- 
tîrulièrement  :  |    In  psalteriuni  Davidis 

^  et  prophelœ  clarissimi .  puraphra- 

irio  vietri  t/enere  exculla  .  Venise  , 

...  *  .  1575;  \Poesis  christiana    in  qna- 

îuorlihrnf  distinclu.  P.ulouo,  ink",  iliù'ô; 

I  Spcciilism  et  exctnplar  cfiris'icolarunit 


21  1  vr. 

sen  t  lia  hmii  juitns  sancti  lienedirtij 
monac/ianini  patriarcUœ  sanctissirni , 
Florence.  in-/i",  iC-2{]  ;  |  Traité  sur  lo- 
raison  des  kO  heures.  Florence,  l.'iHji 
nta  sanctœ  l'iryinis  Marias,  carminé 
eldjinco,  Vérone  .  lôi»9  ;  |  Officium  hi)  hty- 
raruin,  vario  met  ri  gei^ere.  158.');  |  Sen- 
titncns  d'un  pécheur  en  prcscn  e  du 
très  Saint  Sacrement,  en  vers  héroiiiues  , 
Florence,  1583;  |  Psautier  de  la  sainte 
Vierge  ,  MU  \}VosQ  el  en  vers  saplii(iuc»: 
I  JUoge  en  vers  du  Père  don  Paul  Picco 
de  Pavie ,  imprimé  parmi  ceux  de  Paul 
Prospcr  Martinengo;  |  Dialogue  sur  les 
noms  donnés  à  Dieu  dans  les  livres  saints. 
I  enlin,  des  Hymnes j  des  Eloges^  de» 
fies  des  saints ,  des  Sermons .  etc. 

FAGIUOLI  (  .Team -Baptiste),  poète 
comique  et  burlesque  ,  né  à  Florence  en 
IGGO  ,et  mort  en  i742,  fui  reçu,  malgré 
sa  jeunesse ,  dans  l'académie  des  Apalis- 
tcs  en  présence  de  laquelle  il  avait  lu  ses 
premiers  essais  (i).  Il  commença  dès  lors 
à  composer  des  comédies  dans  lesquelles 
il  jouait  lui-même  de  la  manière  la  plus 
plaisante.  Il  réjouissait  ainsi  les  sociclés  les 
plus  distinguées  de  sa  patrie  par  ses  vers, 
son  humeur  facétieuse  et  ses  bons  mots. 
L'archevêque  de  Séleucie  ,  Santa- Croce, 
nommé  ,  en  1G90  ,  nonce  du  pape  en  Po- 
logne ,  le  prit  pour  son  secrétaire  ,  et  plus 
lard  il  occupa  plusieurs  places  dans  la 
magistrature  florentine.  Il  a  laissé  des 
poésies  burlesques  sous  ce  titre:  Rime 
piacevoli  di  Giam-Battista  Fagiuoli ,  Flo- 
rence, 1729,  2  vol.  in-8°  :  réimprimées  à 
Lucques ,  1753-4l)  ,  7  vol.  in-8°.  La  décence 
qui  y  règne  les  distingue  de  toutes  les  au- 
tres du  même  genre.  Elles  eurent  du  suc- 
cès de  son  vivant,  quoiqu'elles  n'aient 
ni  l'originalité  ni  la  verve  de  celles  de 
Berni.  Ses  comédies  imprimées  à  Flo- 
rence, ^75/^-ô6,  7  vol.  in-12  ,  écrites  aussi 
dans  le  style  facétieux  el  burlesque ,  so 
font  remarquer  par  le  bon  ton  qu'il  y  a 
toujours  conservé  et  qui  est  assez  rare 
dans  les  écrivains  de  cette  nation.  Le  cen- 
seur qui  les  a  approuvées  dit  qu'il  les  re- 
garde comme  très  utiles  ,  étant  une  saliro 
continuelle  du  vice. 

•  FAG.\AX  (MAniE-A^TonvETTE.damc), 
née  à  Paris  dans  le  18'  siècle ,  préféra  une 
douce  obscurité  à  l'éclat  dont  elle  aurait 
pu  jouir  dans  la  carrière  littéraire.   Elle 


(i).  f.*ettr  iicad('n)ic  tVv.iit  formf'c  d^t  iG3i  ,  pai 
Dnr  rrunion  dci  |;rn<  Hr  Irllret  Ici  plui  ct'IMirri  <ls 
(rtnpi  -,  inx'n  ce  nr  fm  t\u\n  i639,  ^ii*c>lc  prit  le  non 
d'Aca<}>:mic  de»  .ifjiiititê. 


FAG 


22 


FAH 


publia  deux  ouvrages  de  féerie  qui  eurent 
du  succès.  Le  premier,  intitulé  Kanor ^ 
Conte  traduit  du  sauvage ,  a  pour  but  de 
prouver  que  le  véritable  amour  fait  des 
prodiges  ;  le  second ,  qui  a  pour  titre  : 
Miroir  des  princesses  orientales ,  est  un 
instrument  qui  révèle  ce  qui  se  x>assc  au 
fond  des  cœurs.  Lesage  en  a  pris  les  idées 
qui  font  le  fond  de  son  opéra  du  Miroir 
magique.  On  doit  encore  au  même  au- 
teur une  bagatelle  agréable  ,  publiée  dans 
le  Mercure  de  France ,  sous  le  titre  de 
Minet  bleu  et  Louvette  ^  et  réimprimée 
depuis  plusieurs  fois.  Le  but  de  ce  petit 
conte  est  de  prouver  qu'avec  un  bon  cœur 
on  ne  peut  jamais  être  véritablement  laid. 
L'obscurité  dans  laquelle  s'est  enveloppée 
cette  dame  auteur  fait  qu'on  ignore  l'é- 
poque précise  de  sa  mort,  qu'on  croit  ce- 
pendant être  arrivée  en  1770. 

FAG-\A\I(  Prospeu),  célèbre  cano- 
niste ,  consulté  à  Rome  comme  l'oracle 
de  la  jurisprudence  ,  fut  pendant  15  ans 
secrétaire  de  la  sacrée  congrégation.  Cet 
liabile  homme  perdit  la  vue  à  l'âge  de  kh 
ans,  et  ne  travailla  pas  moins  jusqu'à  sa 
mort ,  arrivée  en  1678 ,  à  l'âge  de  80  ans. 
On  lui  doit  un  long  Commentaire  sur  les 
DécrétaleS:,  Rome,  1661,5  vol.  in-fol., 
réimprimé  à  Venise  en  1697.  Il  fut  entre- 
pris par  ordre  du  pape  Alexandre  VIL  La 
table  An  cet  ouvrage,  vrai  chef-d'œuvre 
en  ce  genre,  vaut  seule  autant  que  le 
Commentaire.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  extra- 
ordinaire ,  c'est  qu'un  homme  aveugle 
ait  pu  la  dresser ,  et  la  dresser  d'une  ma- 
nière si  exacte. 

FAGOIN  (Gui  Crescext  ) ,  né  à  Paris  au 
jardin  des  Plantes,  le  11  mai  1658,  était 
fils  d'un  commissaire  des  guerres ,  et  fut 
destiné  de  bonne  heure  à  la  médecine.  Il 
prit  le  bonnet  de  docteur  en  ICGi.  Etant 
sur  les  bancs ,  il  soutint  dans  une  thèse 
la  circulation  du  sang ,  action  hardie  alors, 
que  les  vieux  docteurs  ne  pardonuèrenl 
ftu jeune  étudiant,  qu'en  laveur  de  l'es- 
prit avec  lequel  il  avait  défendu  ce  para- 
doxe ,  aujourd'hui  démontré.  Vallot ,  pre- 
mier médecin  du  roi ,  ayant  entrepris  de 
repeupler  le  jardin  royal ,  le  livre  com- 
mun de  tous  les  botanistes ,  Fagon  lui  of- 
frit ses  soins.  Il  parcourut  les  Alpes ,  les 
Pyrénées ,  l'Auvergne ,  la  Provence  ,  le 
Languedoc,  et  n'en  revint  quavec  une 
riche  moisson.  Son  zèle  fut  récompensé 
par  les  places  de  professeur  en  botanique 
et  en  chimie  au  jardin  du  roi.  Sa  réputa- 
tion le  fit  choisir  en  1680,  pour  cire  le 
premier  médecin  de  M'"'^  la  dauphinc. 


Quelques  mois  après  il  le  fut  de  la  reine , 
et  après  la  inort  de  celte  princesse ,  il  fut 
chargé  par  le  roi  du  soin  de  la  santé  des 
enfans  de  France.  Enfin  Louis  XIV ,  après 
l'avoir  approché  de  lui  par  degrés,  le 
nomma  son  premier  médecin ,  en  1693. 
Dès  qu'il  fut  élevé  à  ce  poste ,  il  donna  à 
la  cour  un  spectacle  rare  et  singulier;  il 
dimiima  beaucoup  les  revenus  de  sa  char- 
ge. Il  se  retrancha  ce  que  les  autres  mé- 
decins subalternes  de  la  cour  payaient 
pour  leur  serment  ;  il  abolit  des  tributs 
qu'il  trouva  établis  sur  les  nominations 
aux  chaires  royales  de  professeur  en  mé- 
decine dans  les  diverses  universités.  De- 
venu surintendant  du  jardin  royal  en 
1698 ,  il  inspira  à  Louis  XIV  d'envoyer 
Tournefort  dans  le  Levant ,  pour  enrichir 
ce  jardin  de  nouvelles  plantes.  L'acadé- 
mie des  Sciences  lui  ouvrit  son  sein  l'an- 
née d'après.  Fagon  avait  toujours  eu  une 
santé  très  faible.  Elle  ne  se  soutenait  que 
par  un  régime  presque  superstitieux;  et 
il  pouvait  donner  pour  preuve  de  son 
habileté,  dit  Fontenclle ,  qu'il  vivait.  L'art 
céda  enfin ,  et  la  France  le  perdit  en  1718, 
âgé  de  près  de  80  ans.  Il  avait  épousé  Ma- 
rie Nozereau ,  dont  il  a  laissé  deux  fils  : 
l'aîné ,  Antoine  ,  évêque  de  Lombez ,  puis 
de  Vannes,  mort  le  16  février  1742;  et  le 
second,  Louis,  conseiller-d'état  ordinaire 
au  conseil  royal ,  et  intendant  des  finan- 
ces ,  mort  à  Paris  le  8  mai  1744  ,  sans  avoir 
été  marié.  Outre  un  profond  savoir  dans 
sa  profession ,  Fagon  avait  une  érudition 
très  variée,  et  embellie  par  l'heureuse 
facilité  de  bien  parler.  Son  cœur  était  en- 
core au-dessus  de  son  esprit.  Il  était  hu- 
main ,  généreux ,  désintéressé.  Il  eut  part 
au  Catalogue  du  Jardin  Royal ,  publié 
en  166o,  sous  le  titre  d'Ifortus  Regius. 
U  orna  ce  recueil  d'un  petit  poème  latin, 
inspiré  par  son  goût  pour  la  botanique. 
On  a  encore  de  lui  les  Qualités  du  quin- 
quina, Paris ,  1705 ,  in-12.  On  lit  son  éloge 
dans  la  notice  des  hommes  les  plus  célè- 
bres de  la  faculté  de  médecine ,  par  J^A. 
Hazon.  Son  oncle  Guy  de  la  Brosse  fut 
fondateur  et  intendant  du  Jardin  des 
Plantes. 

FAGIJADEZ  (  Etieîvne  )  ,  jésuite  do 
Viane  en  Portugal ,  mourut  en  1645  ,  à  68 
ans ,  regardé  comme  un  homme  pieux  et 
savant.  On  a  de  lui  |  Traité  des  contrats, 
Lyon ,  1641 ,  in-fol.  ;  |  Traité  sur  le  Dé- 
calogue ,  Lyon  1640,  2  vol.  in-folio,  et 
d'autres  ouvrages  de  théologie  morale  qui 
ont  eu  de  la  réputation. 

FAIlREMiElT  (  Gabriel  Daxiei  ) ,  né 


FAI 


S3 


FAI 


h  Danlr.ùk  en  itkSH  ,  fui  envoyé  on  Hol- 
fauitlo  pour  apprendre  le  commerce,  mnis 
son  goùl  le  porla  vers  rélmlo  de  la  pl»y- 
•Ique;  il  s'appliiiua  pailirulièrcnient  à  la 
mnsiruclion  ilos  barutnétrcs  cl  des  Iher- 
momèlrc<.  En  ITtJO.  iisubslitun  k  l'esprit 
de    vin,   dont  on  s'élail  servi  jusque-là 
pour  les  Ihermomètres,  le  mercure,  cl  il 
rend  romple  de  celte  opération  dans  sa 
Dissertation  sur  les  thermomètres  .  K11\. 
"      ionné  à  cet  instrument  une  échelle  cl 
nne  lîxc  ,  différcns  de  ceux  de  Réau- 
.  Au  lieu  de  la  glace,  il  a  pris  pour 
U-rme  l'eau  bouillante ,  et  son  3:2'  degré 
répond  au  téro  de  Réaumur.  Mais  on  ne 
saurait   disconvenir  que  le  thermomètre 
de  celui-ci  est  plus  simple  et  plus  sûr  ;  et 
que  s'il  est  plus  ecnéralcment  adopté , 
c'est  qu'il  mérite   réellement   de  l'être. 
Fahrenheit  est  mort  en  17i0.  On  lui  doit 
en  outre  cinq  mémoires  qu'on  trouve  dans 
les   Transactions  philosophiques  ^  année 
473&. 
FAIDEAU.  royez  FEYDFAU. 
FAlELouFAÎTEL  (EuDEsde  ),  seigneur 
renommé  du  Vermandois ,  se  signala  par 
une  action  atroce,  que  l'histoire  nous  a 
corvée.  Il  avait  épousé   Gabrielle  de 
V .  ou  plulol  de  Lévergies ,  issue  d'une 
iiieillcures  maisons  du  amlon  ,  mais 
plus  distinguée  encore  par  sa  beauté  que 
par  5a  nai««nnce.   Cette  dame  ,  née  avec 
"     ,  ne  put  résister  aux  in- 
né séduisante  de  Renault 

:ain  de  Coucy  ,  le  plus  ac- 

fxmipli  de  son  temps  ,  qui  venait  souvent 
an  château  de  Faïel.  Use  forma  entre  elle 
'  jeune  seigneur,  qui  l'aimait  aussi 
itnnent,  une  funeste  liaison.  Le  mari, 
..  ..lie  violent  et  emporté,  en  fut  rn- 
siruit  ;  mais  comme  ses  soupçons  n'étaierrt 
l'i^  pleinement  confirmés,  il  n'osa  en  ve- 
nir à  un  éclat.  Sur  ces  entrefaites,  Coucy 
fut  obligé  de  s'embarquer  sur  un  des  vais- 

- -T  de  Richard  Cœur-dc-Lion  ,  roi  d'An- 

:  PC  ,  pour  la  croisade  dans  laquelle 
•  lit  enjagé.  Son  courage  l'a^-ant  em- 
•    dans  une  affaire  périlleuse  contre 
>  inrasins,  il  reçut  une  blessure  mor- 
l'un  javelot,  qui  le  perça  fort  avant 
les  côtes.  Se   voyant  à  l'eTtrémité , 
trgea  son  écuyer  ,  dès  qu'il  serait  re- 
tourne en  Prance  ,  de  remeltre  à  la-dame 
d»"  "Pftïpl  une  lettre  de  sa  main  ,  un  petit 
:''nt ,  avec  les  joyaux  qu'il  avait 
;   à   son  départ:   il  l'engagea 
as  îe  serment ,  à  prendre  son 
après  sa  mort ,  et  à  porter  ce  funeste 
ut  à  celle  pour  qui  seule  ce  cœur 


avait  soupiré.  Le  mcMager  était  déjà  darJI 
les  avenues  du  rliûteau  d«  Fa'icl ,  lorstiu  il 
fut  rencontré  par  le  seigneur  ,  qui  le  re- 
connut ,  et  l'obligea  de  lui  déclarer  le  «u- 
j»'l  de  son  arrivée.  Fa'iel  se  saisit  du  fatal 
tlt'pôt  avec  une  joie  mêlée  de  rage;  il 
rentra  dans  le  château  ,  cl  poussé  par  l'ex- 
cès de  sa  jalousie  ,  il  lit  servir  à  sa  femme 
dans  un  ragoût  le  cœur  de  Coucy  ,  qu'elle 
mangea  sans  se  douter  de  rien.  «  Ce  mets, 
B  lui  dit-il ,  a  dû  vous  paraître  excellent , 
»  car  c'est  le  cœur  de  votre  amant.  »  En 
même  temps  pour  la  convaincre  mieux  de 
la  vérité  de  cet  horrible  repas,  il  jeta  sur 
la  lablc  le  petit  coffre  et  les  bijoux.  A  ce 
spectacle,  la  dame  do  Faïel,  frappée 
comme  d'un  coup  de  foudre,  demeura 
stuj)ide  et  sans  voix  ,  et  passa  de  cette  in- 
sensibilité apparente  à  l'évanouissement  ; 
elle  ne  revint  que  pour  jeter  les  cris  du 
désesi)oir.  et  jurer*  qu'elle  ne  prendrait 
»  plus  de  nourriture  »  ;  ce  qui  la  condui- 
sit en  peu  de  jours  au  tombeau.  Cette  ef- 
frayante catastrophe  arriva  vers  l'an  1191  : 
elle  a  fo\irni  le  sujet  d'une  tragédie  à 
MM.  de  Belloy  et  d'Arnaud.  Le  seigneur 
de  Faïel ,  dévoré  par  le  chagrin  et  les  re- 
mords, ne  survécut  pas  long-temps  à  l'ac- 
tion qui  les  lui  avait  caus<îs.  Il  mourut 
avec  la  douleur  d'avoir  sacrifié  d'une  ma- 
nière si  barbare  imo  femme  qu'il  avait  ' 
toujours  aimée  (\ oyez  Mémoires  histo- 
riques  sur  la  maison  de  Coucy  et  sur  la 
dame  de  Faïel ,  par  M.  de  Bclloy  ,  citoyen 
de  Calais.)  On  raconte  le  même  trait  de 
vengeance  d'une  comtesse  d'Astorga 
(  voyez  ce  mot  )  ;  mais  il  y  a  apparence 
que  ce  n'est  que  l'hisioire  de  Faïel  tra- 
vestie :  à  moins  de  supposer  que  les  Mé- 
moires de  M.  de  Belloy  ont  été  fabriqués 
d'après  l'anectlole  de  la  comtesse  d'Astor- 
ga :  ce  qui  dans  ce  siècle ,  où  l'histoire 
est  devenue  le  jouet  de  l'imagination  et 
ime  spéculation  de  lucre,  n'aurait  rien 
de  bien  étonnant  :  et  que  ne  ferait  pas  nn 
bel-esprit ,  pour  avoir  à  traiter  quelque 
sujet  piquant ,  pour  arranger  un  -clrame 
larmoyant  et  bien  terrible?  Votiez  l'ar- 
ticle COUCY. 

FAIL  (NoKL  du  ) ,  seignPTir  de  La  Héris- 
sayc,  gentilhomme  breton,  cl  conseiller 
au  parlement  de  Rennes  ,  au  16'=  «icde  . 
fut  ami  d'Eginard  Baron  ot  de  Ouaren. 
(hi  a  de  lui  divers  ouvrages  qu'on  rus  lit 
plus  ,  et  qu'on  ne  peut  guère  lire ,  si  l'on 
a  le  germe  du  bon  goût.  Les  gens  frivoles 
recherchent  cependant  ses  Con««et  Dis- 
cours d'Eutrapel ,  Hennés, 4587,  in-iC  , 
réimprimés  «n   1752,2  vol.  iik'lS  ,  et  Icf: 


FAI 


24 


FAI 


Ruses  de  Raffot  j  i^l6  ,  m-16  ,  réimpri- 
mées aussi  sous  le  titre  de  P;-o/?o5  riisd- 
fjues  eu  1752.  Ces  livres  ne  sont  recom- 
mandables  que  par  leur  naïveté. 

•  FAILLK  (  Jeav  Cu.vni.ES  delà),  jé- 
suite ,  né  à  Anvers,  en  1597  ,  professa  les 
mathématiques,  avec  une  grande  répu- 
tation ,  à  Dole  et  à  Louvain.  Il  fut  nommé 
à  la  chaire  de  cette  science ,  au  collège 
royal  de  Madrid ,  lors  de  sa  fondation  ,  et 
quelque  temps  après,  appelé  à  la  cour, 
pour  donner  des  leçons  à  l'infant  don 
Juan  d'Autriche.  Ce  gavant  religieux  ac- 
compagna son  élève  dans  ses  voyages  en 
Catalogne,  en  Sicile  et  à  Naples,  et  mourut 
à  Barcelone  ,  le  U.  novembre  1652.  Don 
Juan  lui  fit  faire  de  magnifiques  obsè- 
ques ,  et  ordonna  qu'on  plaçât  sur  son 
tombeau  une  épitaphe  qui  exprimât  ses 
regrets  de  l'avoir  perdu.  On  a  de  la  Faille  : 
j  Thèses  mechanicce.  Dole ,  1623.  |  Theo- 
remata  de  centra  grmitatis  parthim 
circuit  et  ellipsis  ^  Anvers ,  1652  ,  in-4°. 
«  Ce  géomètre ,  digne  d'éloges ,  dit  Mon- 
»  tucla ,  y  assigne  ,  à  la  vérité  ,  d'une  ma- 
»  nière  fort  prolixe  et  embarrassée ,  les 
»  centres  de  gravité  des  différentes  par- 
■»  lies  tant  du  cercle  que  de  l'ellipse  ;  il  y 
»  fait  surtout  voir  la  liaison  qui  existe  en- 
»  tre  cette  détermination  et  celle  de  la 
»  quadrature  de  ces  courbes ,  ou  leur  rec- 
»  tification ,  et  comment  l'xme  de?  deux 
»  étant  donnée ,  l'autre  l'est  aussi  néces- 
»  sairement.  »  On  doit  remarquer  que 
l'ouvrage  de  la  Faille  a  précédé  celui  de 
Guldin,  regardé  communément  comme 
l'auteur  de  la  théorie  de  la  gravitation* 

FAILLE  (  Germain  de  la),  né  à  Castel- 
naudary  en  161G ,  avocat  du  roi  au  prési- 
dial  de  cette  ville,  devint  syndic  de  Tou- 
louse en  1655  ,  et  secrétaire  perpétuel  des 
Jeux  Floraux  en  1694.  Il  mourut  en  1711 , 
à  95  ans ,  doyen  des  anciens  capitouls. 
On  a  de  lui  :  |  Les  Annales  de  Toulouse^ 
en  2  vol.  in-fol. ,  1687  et  1701.  L'auteur 
de  la  dernière  Histoire  de  Languedoc 
{  M.  du  Rozoi  )  a  beaucoup  profité  de  cet 
ouvrage  curieux  et  intéressant,  surtout 
pour  les  Toulousains.  Le  style  en  est  vif 
et  concis ,  mais  peu  correct.  Il  s'est  ar- 
rêté à  l'année  1610  ;  son  amour  poiu"  la  vé- 
rité ne  lui  permit  point  de  traiter  l'his- 
toire des  derniers  temps,  parce  qu'il  crai- 
gnait d'être  obligé  de  la  trahir.  |  Un  Trai- 
té de  la  noblesse  des  Capitouls  ^  en  1707, 
in-i°  ;  il  est  rempli  de  recherches  curieu- 
ses. Indépendamment  du  mérite  de  l'éru- 
dition ,  la  Faille  écrivait  facilement  en 
vers  et  en  prose.  Il  était  lié  avec  plusieurs 


gens  de  lettres ,  dont  il  avait  l'estime  et 
l'amitié.  Ses  poésies  se  trouvent  dans  le 
Recueil  des  Jeux  Floraux. 

*  FAÏi\I(  IM""^  DiAMANTE  ) ,  poète  ita- 
lienne, né  à  Savallo  dans  le  Brescian  an 
commencement  du  18*^  siècle  ,  morte  à  Sa- 

10  le  13  juin  1770  ,  était  fille  d'un  médecin 
de  la  petite  ville  de  Castrezato  qui  cultiva 
avec  le  plus  grand  succès  ses  heureuses 
dispositions.  Ses  poésies  sont  justement 
admirées.  Sa  prose  n'est  pas  moins  facile 
ni  moins  élégante  que  ses  vers.  Elle  écri- 
vait aussi  en  latin  et  même  en  français 
avec  une  rare  pureté.  Elle  possédait  as- 
sez bien  la  science  astronomique,  et  même 
les  matières  tliéologiques.  Ses  OEuvres . 
en  prose  et  en  vers,  ont  été  imprimées  à 
Salo  en  1762  et  1771 ,  1  vol.  in-8°.  Ses  vers 
roulent  presque  tous  sur  des  sujets  sacrés 
ou  moraux. 

FAIPOULT.  yoyez  FAYPOULT. 

FAIRFAX  (Thomas),  un  des  chefs  des 
parlementaires  et  général  de  leur  armée, 
mit  en  déroute ,  le  24  juin  1645  ,  l'armée 
de  Charles  l"  à  Nazerby.  Ce  prince  y  perdit 
toute  son  infanterie,  son  canon  et  son  ba- 
gage. L'année  suivante,  Fairfax  se  rendit 
maître  d'Oxford;  battit  ensuite  le  prince 
de  Galles,  força  Exe  1er  après  deux  mois  et 
demi  de  siège,  et  obtint  en  1647  la  place 
de  gouverneur  de  la  Tour  de  Loi.dres. 
En  1648 ,  il  se  démit  de  sa  charge  et  cessa 
de  se  mêler  des  affaires  d'état ,  quand  il 
vit  Charles  I*''  livré  à  la  chambre  de  justice, 
ne  se  pardonnant  pas  les  avantages  qu'il 
avait  remportés  sur  ce  prince  infortuné. 
Dès  qu'il  s'aperçut  des  intentions  de 
Monck  pour  le  rétablissement  de  Charles 
II ,  il  fut  un  des  premiers  à  lui  offrir  ses 
services.  Le  parlement  le  choisit  pour  un 
des  députés  vers  ce  prince,  lorsqu'il  l'in- 
vitaà  venir  reprendre  la  couronne.  Il  était 
né  à  Denton  dans  la  paroisse  d'Otlcy,  eu 
Yorcksbire,  au  mois  de  janvier  1611,  et 
mourut  en  février  1671.  C'était  un  homme 
sombre,  hypocondriaque ,  et  au  talent  de 
la  guerre  près ,  une  espèce  d'automate , 
qu'on  faisait  agir  comme  on  voulait  :  aussi 
Cromwell  en  sut-il  tirer  bon  parti. 

*FA1STEMBERGER  (Antoine),  pein- 
tre d'Inspruck,  né  en  1678,  excellait  dans 
le  paysage.  Les  siens  sont  d'une  compo- 
sition également  grande  et  bien  entendue. 

11  aimait  à  représenter  des  chutes  d'eaiji 
et  des  solitudes.  Ce  peintre  mourut  à 
Vienne,  l'an  1720.  Son  frère  Joseph,  don) 
il  fut  le  maître ,  avait  si  bien  imité  sa  ma- 
nière, que  l'on  conlond  souvent  leurs  tQ.«| 
bleaux. 


F  AL  2 

•  I  AITIIORM:  (>Vilu\m).  piinlrc  cl 
graveur  anylnis ,  ne  a  I.<nvlres  en  161G, 
fulbnnni  de  s«m  pays  p<»nr  n'avoir  pas 
voulu  prtMcrsonncnld'DlHMSsanccùCroui- 
wcll.  A  son  ntour  en  Angleterre,  il  se 
livra  parliruliéreniont  à  la  cravure.  On 
cite  de  lui  une  Sainte  Famille  .  d'après 
Vou.t  ,  cl  /«•  Oiiisi  au  tombeau ,  d'après 
Van-Dyck.  Le  genre  où  il  s'esl  le  plusdis- 
lincué  est  celui  du  i>ortrail  z^9.si\  Il  en 
a  donné  un  grand  nombre  qui  sonl  1res 
rstiines.  et  publié  un  traité  sur  l'art  de  la 
aravurr,  en  Ififi'i.  11  mourut  en  i(">'.)I. 

•  rAKIin-i:DI>l\-UA7.Y  ,  historien 
aral>e  qui  vivait  à  la  lin  du  7'  siècle  de 
l'hépire  et  au  coininencemenl  du  8"  (vers 
l'an  i:>00  de  J.-C.  ) .  est  connu  par  une 
nistoire  chronoloijique  des  dynasties,  qui 
se  trouve  parmi  les  manuscrits  arabes 
que  possède  la  bibliothèque  royale.  Celle 
histoire  est  divisée  en  deux  parties,  dcjiil 
la  première  traite  des  principes  du  gou- 
vemcnient,  des  qualités  nécessaires  à  un 
prince,  et  des  défauts  qu'il  doit  éviter  ;  la 
seconde  présente  succinctement  les  diffé- 
renlcs  dynasties  qui  ont  gouverné  l'em- 
pire fonde  par  les  Arabes,  en  comuien- 
çanl  par  les  premiers  califes.  Celte  his- 
toire,  quoique  abrégée,  mériterait,  par 
l'imiKirtance  des  faits  qu'elle  renferme  et 
les  réflexions  de  l'auteur,  de  passer  dans 
noire  langue.  M.  Sylvestre  de  Sacy  en  a 
publié  trois  extraits  dans  sa  Clireslonia- 
thie  arabe,  savoir  :  |  V Histoire  du  califat 
de  Haroun-Al-Raschdd  ;  \  \ Histoire  du 
califat  de  .Uostassem.dernicT prince  abas- 
side  ;  ]  le  chapitre  intitulé  :  Des  droits  dfs 
souverains  sur  leurs  sujets.  Il  ne  faut  pas 
confondre  cet  historien  avec  un  docteur 
du  même  nom ,  né  en  llîiO. 

•  FARIIR-i:\MSA  (Choud'eii),  fille  cé- 
lèbre ,  qui  mérita  le  nom  ci-dessus  cité  et 
qui  signifie  la  gloire  des  femmes.  Elle  na- 
qui  à  Bagdad  vers  l'an  1088  de  J.-C, 
professa  la  jurisprudence  et  la  tiiéologie, 
compta  |)armi  ses  disciples  les  hommes 
les  plus  distingués  et  les  docteurs  les  plus 
r        iix   de   ce  siècle.  Elle   passa  sa  vie 

le  célibat  ,  uniquement  occupée  de 
;--  Lludes.  et  mourut  le  T""  juillet  1178  de 
J.-C,  ou  î>7'»  de  l'hégire, 

•  FALRAIUE  (  Cuakles-Gf.urges  FE- 
I  ILLOT  de  ),  poète  dramatique,  né  à 

■  s  le  16  juillet  17'J7  ,  fil  ses  éludes  au 

gc  de  Louis  le  Grauil  à  l'aris,  et  dès 

sa  plus  tendre  jeunesse  s'occupa  île  littéra- 
ture. Il  occupait  dans  les  finances  un  em- 
ploi qui  lui  assurait  une  existence  hon*>- 
r«ble,  tout  en  lui  permettant  de  suivre 


y  FAL 

son  goût  pour  les  lettres.  Nommé  en  1782 
inspecteur-général  des  salines  do  l'est,  il 
s'occupa  avec  succès  d'en  accroître  le  re- 
veim  pour  l'état.  La  révolution  le  priva 
de  ses  emplois,  et  détruisit  sa  fortune.  Il 
mourut  le  28  octobre  1800  ,  à  Ste.lVIenc- 
hoidd,  où  il  s'était  retiré  avec  sa  famille. 
Ses  œuvres  ont  été  réunies  à  Paris  ,  en  ï 
vol.  in-8",  1787  ;  on  y  trouve  :  |  L'honnête 
Criminel ,  drame  en  a  actes  et  en  vers, 
dont  le  sujet  était  tiré  ,  dit-on,  d'un  évé- 
nement réel  {voyez  FARRE);  maison 
assure  que  Falbairc  l'ignorait  lorsqu'il 
composa  celle  pièce,  et  que  la  première 
idée  lui  en  vint  à  la  lecture  d'un  passage 
de  la  Poétique  de  Marmonlel.  Ce  qu'il  y  a 
de  plus  certain,  c'est  que  celle  pièce  est 
l'inùtalion  d'un  drame  espagnol  de  Jovel- 
lanos ,  qui  porte  le  même  litre.  Pour  s'en 
conivaincre,  ilsuffilde  rapprocher  les  deux 
drames.  Celle  pièce  par  laquelle  il  débuta 
eul  un  grand  succès.  Il  y  a  des  situations 
attachantes;  mais  le  style  en  est  faible  et 
négligé.  On  en  a  fait  plusieurs  éditions  ;  et 
elle  a  été  Iraduile  en  allemand,  en  hollan- 
dais et  en  italien.  |  Le  premier  naviga- 
teur j  pastorale  lyrique  en  3  chants  ;  |  Les 
deux  avares,  comédie  en  deux  actes  et  en 
prose,  mêlée  d'ariettes,  dont  quelques  si- 
tuations assez  louchantes  ,  et  surtout  la 
auisique  de  Grél  ry,  firenl  le  succès.  Grimm 
en  a  fait  la  crili(iue  dans  sa  correspon- 
dance. I  Le  Fabricant  de  Londres,  drame 
en  5  actes  et  en  prose,  joué  en  1771,  et 
qui  tomba  dès  la  première  représenta- 
tion. Une  mauvaise  plaisanterie  décida  sa 
chute  :  au  cin(iuièmc  acte,  lorsqu'on  vint 
annoncer  la  banqueroute  du  fabriquant, 
un  homme  du  parterre  s'écria  :  J'ij  suis 
pour  20  sous  (  prix  de  son  billet).  L'auteur 
relira  sa  pièce  le  lendemain.  Quoique  cette 
pièce  soit  froide  et  assez  mal  conduite, 
elle  a  été  traduite  en  allemand  et  en  ita- 
lien ,  et  représentée  à  plusieurs  reprises 
sur  les  théâtres  de  Vienne  et  deVicence. 
I  L' Ecole  des  mœurs  ,  ou  les  suites  du  li~ 
brrtinage  .  drame  en  V>  actes  et  en  vers, 
joué  sans  succès  en  177G  et  en  1790  ;  il  a 
été  traduit  en  allemand  et  en  hollandais  ; 
I  Les  Jammabos  ,ou  les  moines  japonais . 
lra;;édie  en  5  actes  dirigée  contre  les  jé- 
suites :  c'est  la  plus  mauvaise  de  ses  pro- 
ductions, car  elle  pèche  par  le  plan,  ï'ar- 
tion  et  le  Style.  Le  seul  drame  de  YI/ou~ 
ncte  Criminel  obtint  du  succès  ,  qu'il  dut 
en  grande  partie  aux  circonstances  où  il 
fut  joué,  et  à  l'inlérél  qu'inspire  le  mal- 
heur qui  n'est  pas  nu-rilc. 

F AI-CAXUl'S  ou  F.VLCAND  CIIim;li:s,, 
3 


FAL 
nonnand  d'origine,  trésorier  de  SL-Pierre 
de  Paleime,  dans  le  12"^  siècle,  laissa  une 
Ilhtoire  de  Sicile  depuis  1152  jusqu'en 
116'J,  écrite  avec  simplicité  et  exactitude. 
La  meilleure  édition  de  cet  ouvrage  est 
celle  de  Gervais  de  Tournay,  in-8",  Pa- 
ris ,  1350. 

FALCIDIUS,  tribun  du  peuple  romain, 
institua  la  loi  Fcdcidie,  l'an  40  avant  J.-C, 
ainsi  appelée  du  nom  de  son  auteur.  Elle 
ordonnait  que  le  quart  des  biens  de  tout 
testateur  demeurerait  à  ses  légitimes  hé- 
ritiers. C'est  ce  qu'on  nomma  la  Quarte 
Falcidie.  On  pouvait  disposer  du  reste. 

FALCK.  Voyez  FALK. 

*  FALCREiVSrEIN  (  Jeax-Hexki  de) , 
écrivain  fécond  et  antiquaire  allemand  né 
l'an  1682  en  Silésie,  mort  en  1760,  à  Schwa- 
bacli,  fut  chambellan  du  prince  évêque 
d'Eichstett  de  1718  à  1750,  conseiller  au- 
lique  du  margrave  d'Anspach  de  1750  à 
d758 ,  et  résident  du  margrave  d'Erfurt 
jusqu'en  1740.11  a  écrit  en  allemand  un 
grand  nombre  d'ouvrages  historiques  et 
diplomatiques,  dont  les  principaux  sont: 
j  Antiquitates  et  memorabilia  Nordgaviœ 
veteriSj  Schw^abach,  17"4-45-88 ,  4  vol. 
in-fol.  ;  I  Chronique  de  Thuriiige^  Erfurt, 
1737-59,  3  vol.  in-.'i."  ;  |  Description  de  Na- 
renberg,  Erfurt  ,  1750,  in-4"  ;  |  Antiqui- 
tates et  mernorabiUa  marchice  Branden- 
Imrgicce  j  Bayreulh,  1751,  3  vol.  in-4"; 
!  Histoire  du  duché ,  ci- devant  royaume 
de  Bavière j'^lwnnh. ,  1795 ,  3  vol.  in-folio. 

FALCLAIND ,  Foijez  FALKLAND. 

*  FALCO  ou  FALCON  (Aymak),  cha- 
noine régulier  de  l'ordre  de  vSl. -Antoine 
au  15*siècle,  député  de  son  ordre  auprès 
du  pape  Clénienl  \'I1  (Jules  deMédicisJ, 
et  dictateur  de  l'ordre  de  St.-Antoine  à 
une  époque  où  l'on  jugea  nécessaire  d'in- 
vestir un  homme  savant  et  expérimenté 
des  pouvoirs  les  plus  étendus ,  pour  sou- 
tenir les  prérogatives  do  l'abbaye ,  a  écrit 
une  histoire  de  son  ordre  sous  le  titre 
«le  Antonianœ  historiœ  conipendium^  etc., 
Lyon,  1554  ,  traduit  en  espagnol  par  Fer- 
nand  Suarès,  Séviile,  1615,  et  quelques 
ouvrages  Ihéologiques. 

*  FALCONEU  (Guillaume),  poète  écos^ 
siis.  naquit  dans  l'indigence  à  Edimbourg , 
vers  l'année  1755,  et  s'engagea  fort  jeune 
«ians  la  marine  ;  s'étant  eml)arqué  à  l'âge 


(le  dix-huit  ans,  avec  le  litre  de  contre- 
maître, sur  \d  Bhtannia^  ce  bàlimont  lit 
naufrage  dans  son  passage  d'Alexandrie  à 
Venise;  Falconer  parvint  à  se  sauver.  Ce 
désastre  lui  fournil  le  sujet  d'un  poème 
en  trois   clK'.nls,    inlituié  le  Naufrage, 


26  FAL 

Londres,  1762  ,  éciit  avec  beaucoup 
de  chaleur;  il  en  donna  lui-même  uiuî 
deuxième  édition  ,  en  1764  ,  avec  dos  cor- 
rections et  des  additions,  et  publia  en  1769. 
nn  Dictionnaire  de  Marine,  in-4".  Peu 
de  temps  ajjrès  il  s'embarqua  avec  le  li- 
tre de  trésorier,  à  bord  de  la  frégate 
l'Aurore  ^  pour  les  Indes  orientales.  Ou 
présume  qu'il  essuya  un  second  naufrage 
où  il  fui  moins  heureux  que  daris  le  pre- 
mier; car  ce  bâtiment  ayant  quitté  le  cap 
de  Bonne -Espérance,  on  n'en  reçut  plus 
aucune  nouvelle  certaine.  On  a  aussi  de 
Falconer  |  un  poème  sur  la  viort  de  Frè' 
déric. prince  de  Galles,  publié  en  1751; 
I  une  Ode  au  duc  d' Yorck  ;  |  le  Démagogue, 
satire  politique ,  imprimée  sous  le  nom 
supposé  de  Théophile  Thorn,  et  dirigée 
contre  Wilkc  et  Churchill,  et  des  chan- 
sons. Le  docteur  Anderon  a  donné  une 
édition  des  poésies  de  Falconer,  précédée 
d'une  notice  sur  sa  vie. 

'  FALCOiXER  (Thomas)  ,  savant  et  litté- 
rateur anglais,  né  à  Chester  en  1736,  lit 
partie  du  collège  d'Oxford  ,  et  a  composé 
quelques  ouvrages  parmi  lesquels  on  re- 
marque :  I  Dévolions  for  the  sacrament  of 
the  Lords  supper,  etc.  1786,  souvent 
réimprimé;  |  dus  Observations  sur  le  ré- 
cit de  Pline,  touchant  le  temple  d'Ephèse, 
insérées  dans  le  11"  vol,  de  Y  Archéologie  ; 

I  des  Tables  chronologiques  depuis  le 
règne  de  Salomon ,  jusqu'à  la  mort  d'A- 
lexandre le  grand ,  1796,  in-4°  :  il  a  tra- 
duit aussi  du  grec,  du  français  et  du  latin 
les  ouvrages  suivans  :  |  Voyage  d'Hannon, 
éclairci  par  les  relations  des  voyageurs 
modernes,  1797,  in-8°;  |  le  Tocsin,  ou 
appel  au  bon  sens,\.TiZ,  in-8";  J  Voyage 
d'Arrien  autour  de  la  mer  Noire  ,  1805  , 
in-4".  Trois  Discours  et  une  Dissertation 
géographique  font  partie  de  cet  ouvrage. 

II  avait  préparé  une  nouvelle  édition  de 
Strubon  qui  a  paru  en  1807,  latin -grec, 
par  les  soins  de  son  neveu,  2  vol.  in-fol. 

*  FALCOAEÏl  (William),  médecin  an- 
glais né  à  Londres  en  1745,  mort  à  Bath 
en  1824,  était  aussi  remarquable  par  son 
excellent  caractère  que  par  l'étendue  el 
la  variété  de  ses  dbnnaissances.  Depuis 
1766  jusqu'en  1805,  il  a  écrit  en  anglais 
sur  divers  sujets  de  médecine,  el  ses  ou- 
vrages jouissent  encore  d'une  réputation 
méritée.  On  cite  entre  autres  :  ]  Fssai  sur 
l'usage  des  eaux  de  Bath,  1770,  1775, 
1790  ;  j  Observations  sur  le  régitne  et  la 
dicte  recommandés  généralement  aux 
personnes  valétudinaires,  1778,  in-8"; 
j  Remarque  sur  l'in/luence  du  climat,  etc.^ 


I 


FVL 

...  .      :  ;:.ii'in-c tir» passions  s>ir l<i 

H  1rs  mntaJics.  1778.  lii-S";  1  i:ssai 

'  i  moijrns  de  consn\'ei'  la  santé  des 

iltrurs  ,  i7H<.» .  in-«'. 
VI.COM'T  (.AMiux),  ne  à  Lyon  le 
...»rs  ir.71  ,  duiu'  fdinillc  célèbre  dans 
iiuilociiio  .  au^^inciila  la  cloiio  de  ses 
I  Ire5  i>ar  réleiuliic  cl  la  variété  de 
- 1  voir.  Le  père  Malchranchc  qui  le 
'Ut,  lui  diiiiiK)  son  estime  et  son  aiiii- 

I  aradéntie  des  belles-lellres  le  mit 
-'inbre  de  ses  uu-ndircs  en  1710,  et  le 
iii  le  «février  17Gi2.  Il  était  alors  ài;é 

.  (U'  i^l  ans  ,  cl  il  avait  dû  !ta  longue  vie  au- 

I  Unt  à  son  lenipéranient  qu'à  son  ré{îinie. 

-  ivant  possédait  une  bil»liolhèt|ue  de 

'I  vol.   de   la([uelle  il  avait   séparé, 

.7'i2.  tous  lesouvrayesqui  manquaient 

I  M  k  bibliothèque  du  roi.  Nous  avons  de  cet 

(  suteur  :  |  une  Trmtitction du  nouveau  Sys- 

dcs  planètes  ,  composé  en  latin  par 

iiot,  publiée  en  1707,  in-12;   |  des 

xjiis  de    la  pastorale  de    Daphnis  et 

\  C/Uoé .  traduite  pur  .\myot ,  1751  ,  in-8", 
'  avec  des  noli-s  ;  |  du  Cynibalum  vmndi. 
par  Periers,  avec  des  notes,  17r)2,  iii-12. 
La  nature  de  ces  deux  ouvrages  ne  donne 
pas  une  yrande  idée  du  choix  et  du  yoùt 
de  l'éditeur.  |  Plusieurs  thèses  de  méde- 
cine. Falconet  avait  l'humeur  {jaie  ,  le 
caractère  prompt,  l'espril  vif.  Il  aimait  à 
parler,  et  parlait  fort  bien.  Quiconque 
aimait  les  lettres,  trouvait  auprès  de  lui 
l'accès  le  plus  facile.  Il  prétait  ses  livres 
avec  pUtisir  ;  mais  il  en  avait  beaucoup 
qui  ne  iMuvaient  être  utiles  à  personne. 
Quoiqu'il  u'excellàt  pas  dans  la  pratique 
de  la  médecine  ,  il  connaissait  très  bien 
la  théorie,  et  brillait  dans  la  consulta- 
tion. 

•  F.\LC0M:T   (  Etiex.ne  -Malkici:  )  , 
sculpteur,  ne  à  Paris  eti  1716,  d'une  fa- 
mille peu  riche  .    originaire  d'Exilles ,  sur 
les  frontières  du  Piémont ,  et  alliée  à  celle 
des  médecins  célèbres  de  ce  nom.  Après 
«voir   travaillé  pendant   quelque   temps 
chcK   un   mauvais   sculpteur,   il  fut  ac- 
cueilli par  Lemoine  ,  et   les  progrès  qu'il 
fit  sous  sa  direction  furent  très  rai)ides. 
Sa  statue  de  Milon  de  Crotone .  terrassé 
pa/- le  lion,  qu'il  travailla  long-temps  et 
qui  le  fitadmettre  à  l'académie  en  1754,  est 
idée  comme  une  des  meilleures  i)ro- 
ins  du  ciseau  moderne.  Falconet  fut 
.'•  en   47GG    en    llussie ,    par    Calhe- 

II  .  pour  exécuter  la  statue  équestre 
"Tre   le  Grand,  qui  le  retint  12  ans 

a  Si  -Petcrsbourg,  et  qui  suffirait  >eule 
pour  immortaliser  Sun  auteur.  La  concep- 


87  FAL 

tion  d»-  l'aili-te  est  f;rande;  il  représenIC 
ce  grand  prince  franchissant  a  cheval  un 
r(»c  escarpe  :  un  serpent  écrasé  sou»  le« 
pieds  de  son  cheval  est  le  symbole  de» 
(ibslarlcs  qu'il  eut  à  vaincre  pour  intnv» 
(luire  la  •  ivilisation  dans  ses  étals.  L'n  n>- 
clier  de  granit  qu'on  trouva  dans  un  nui- 
rais à  quelques  milles  de  St.-Petersbourg 
servit  de  l)asc  à  ce  monument  :  cette 
masse .  l()n{;ue  de  57  pieds  sur  22  de  hau- 
teur et  21  de  largeur,  pesait  près  de  3 
millions  de  livres.  La  fonio  de  la  ligure 
du  cheval,  qui  devait  être  coulée  d'un 
même  jet,  ayant  manqvu'.  au  milieu  do 
l'opération,  Falconet  lit  une  seconde  fonte 
et  réussit  à  faire  disparaître  les  traces  de 
l'accident.  Après  avoir  joui  long-temps  de 
la  plus  grande  faveur  auprès  de  Catherine, 
Falconet  quitta  la  Russie,  sans  avoir  été 
récompensé  comme  il  le  méritait.  Revenu 
à  Paris,  en  1778.  après  avoir  séjourné  quel- 
que temps  en  Hollande,  il  revit  et  com- 
pléta ses  divers  ouvrages  littéraires.  Il  se 
disposait  à  aller  visiter  l'Italie  en  1783 , 
lorsqu'une  violente  attaque  de  paralysie 
fit  avorter  ce  projet.  Il  survécut  huit 
années  à  ce  funeste  accident  et  succomba 
le  24  janvier  171)1.  Ses  autres  morceaux 
les  plus  remarquables  sont  :  Vijgmalion  . 
la  Baigneuse ,  un  Amour  menaçant,  Tpvo- 
ductions  gracieuses,  qui  furent  moulées 
dans  toute  l'Europe.  Il  exécuta  aussi  des 
sujets  religieux  :  un  Christ  agonisant;  une 
Annonciation  .  pour  l'église  de  St. -Roch  : 
un  Saint-Ambroisc,  refusant  l'entrée  de 
la  cathédrale  de  Milan  à  l'empereur  Théo- 
dose, pour  l'église  des  Invalides.  Toutes 
ces  figures ,  traitées  dans  l'expression  et  le 
caractère  qui  leur  conviennent ,  obtinrent 
tous  les  suffrages.  Falconet  a  publié  |  des 
Réflexions  sur  la  sculpture  ;  \  des  observa- 
tions sur  la  statue  de  Marc- .1  urcle  ;  \  la 
traduction  des  ô4 ,  55  et  56*^  livres  de 
Pline ,  etc.  Ses  œuvres  ,  contenant  plu- 
sieurs écrits  relatifs  aux  arts,  ont  été  im- 
primées à  Lausanne,  en  1782 ,  6  vol.  in-8°; 
et  ses  œuvres  diverses  ,  concernant  en- 
core les  arts,  à  Paris  en  1787  et  1808, 
3  \ol.  ui-8".  On  reproche  à  cet  auteur  tm 
Ion  beaucoup  trop  tranchant,  et  le  défaut 
de  n'avoir  pas  rendu  .'issez  de  justice  aux 
anciens.  Falconet  tirait  en  quelque  sort» 
vanité  de  la  pauvreté  de  sa  famille.  Dans 
le  voyage  qu'il  lit  en  Russie,  Catherine  lui 
donna  le  litre  de  /  'isukorodie ,(\\{\  signifie 
votre  haute  puissance.  Ce  titre,  dit  Falco- 
net ,  me  convient  à  me/veille,  car  je  suit 
né  dans  un  grenier. 

FALCO\.NETTO  (  Jeax-Mahb)  ,  ne  à 


FAL  2S 

VOioMMc  Cil  l'ijS,  fut  d'abord  peintre  mé- 
diocre; mais  son  application  assidue  le 
rendit  excellent  architecte.  Le  cardinal 
Bembo  et  Louis  Cornaro  furent  ses  Mécè- 
nes. Il  fut  le  premier  qui  donna  les  des- 
sins des  théâtres  et  des  amphitéâtres  des 
anciens,  et  introduisit  le  goùl  de  la  bonne 
architecture  à  Venise.  Il  éleva  plusieurs 
édilices  à  Padoue  ,  à  Vopo  dans  le  Frioul, 
el  à  Venise  ,  qui  sont  la  preuve  de  ses  ta- 
lens.  Il  mourut  à  Padoue  en  1334 ,  et  fut 
enterré  dans  le  caveau  de  Cornaro. 

FALCOMERI  (sainte  Julien>e  de), 
née  en  1270  de  parens  riches ,  morte  à  Flo- 
rence sa  patrie  en  odeur  de  sainteté,  l'an 
iZM,  donna  en  1307  une  rtv/Zeaux  oblates 
ou  converses  des  servîtes,  dont  elle  futla 
première  supérieure.  Martin  V  l'approuva 
en  1424.  La  pieuse  fondatrice  se  si.'jnala 
par  les  plus  {grandes  austérités.  Elle  ne 
nianjjeait  point  le  mercredi  et  le  ven- 
dredi. Benoit  XIII  la  canonisa  en  1729. 

FALCONIERI  (OcTwio) ,  de  la  même 
famille  que  la  précédente,  est  auteur  d'un 
siwixnl  discours  en  italien  sur  la  pyramide 
de  Cdius  Sestius^  qu'on  voit  près  de  la 
porte  d'Ostie  à  Rome.  Nardini  Ta  inséré 
dans  sa  Roma  antica.  Cet  auteur  était  ro- 
main. Il  mourut  en  1G76 ,  à  l'âge  de  30  ans. 

FALDA  (  Jea\-Baptiste),  yraveur  ita- 
lien du  18'  siècle,  dont  on  a  des  estampes 
à  l'eau-forte  ,  d'un  très  bon  goùl.  Les  cu- 
rieux recherchent  ses  livres  des  palais^ 
des  vignes  et  des  fontaines  de  Rome. 

FALEDRO  (Or.DELAFFo) ,  doge  de  Ve- 
nise,  succéda  à  Vital  Micheli  en  1102.  La 
■ville  de  Zara  ,  en  Dalmatie  ,  ayant  voulu 
secouer  le  joug  des  Vénitiens ,  pour  se 
donner  aux  Hongrois,  Faledro  alla  faire  le 
siège  de  cette  ville  et  s'en  empara,  en  1116. 
Jl  rentra  en  triomphe  dans  sa  patrie , 
mais  il  ne  jouit  pas  long-temps  de  sa  gloire  ; 
il  périt  en  1117,  dans  une  bataille  livrée 
en  Dalmalie  contre  les  Hongrois  ,  qui  y 
faisaient  de  nouvelles  incursions. 

FALETI  (JÉnoME),  comte  de  Trigna- 
no,  natif  de  Savone,  s'appliqua  avec  un 
succès  égala  la  poésie  et  aux  affaires.  Les 
ducs  de  Ferrare  lui  conticrent  des  com- 
missions importantes.  Les  ouvrages  sortis 
de  sa  plume  sont  :  |  un  poème  italien  ,  en 
4  chants ,  sur  les  guerres  de  Flandre  ; 
I  douze  livres  de  poésies  ;  |  les  Causes  de 
la  guerre  d'Allemagne  sous  Cha?-les  V, 
italien,  15.^2,  in-8°  ;  \  le  Traité  d'Alhéna- 
gore  sur  la  Résurrection^  traduit  en  ita- 
lien ,  1336  ,  in-4°.  Il  eut  beaucoup  de  part 
à  l'immense  recueil  intitulé  Polyanlhea. 
Cet  auteur  florissait  au  16*^  siècle. 


1  IL 

FALIERI  (  Maixin  ),  doge  de  Venise  en 
1354.  Successeur  d'André  Dandolo,  il  fut 
revêtu  de  celle  dignité  à  l'âge  de  7G  ans. 
H  forma  le  projet  de  s'emparer  pour  tou- 
jours du  gouvernement  qui  lui  avait  été 
confié  pour  quelques  mois.  Il  fallait  se 
défaire  des  sénateurs,  et  le  malheureux 
avait  pris  des  mesures  pour  les  faire  tous 
assassiner.  La  conspiration  fut  découverte 
par  un  des  conjurés.  Le  sénat  veilla  si 
attentivement  sur  les  conspirateurs,  que 
16  d'entre  eux  furent  arrêtés  avec  Falieri 
leur  cbef.  Il  eut  la  tète  tranchée,  le  17 
avril  1533,  à  l'âge  de  80  ans  ;  les  autres  fu- 
rent pendus,  et  400  complices  périrent 
par  différens  genres  de  mort.  Cette  cata- 
strophe a  fourni  à  lord  Byron  le  sujet 
d'une  tragédie. 

*FALlv  (  Jeax-Damel)  ,  poète  satirique 
allemand ,  né  à  Dantzick  en  1770  ,  était 
(ils  d'un  perruquier  qui  le  destinait  à  sui- 
vre la  même  profession.  Entraîné  par  un 
penchant  irrésistible  pour  l'étude ,  il  em- 
ployait ses  épargnes  à  se  procurer  dans 
un  cabinet  de  lecture  les  ouvrages  d'é- 
crivains de  sa  nation  qu'il  lisait  en  secret, 
car  son  père  le  contrariait  dans  ses  goûts. 
Il  lui  arrivait  quelque  fois  d'aller  lire  la 
nuit  dans  les  rues  à  la  faible  lumière  d'une 
lanterne.  On  lui  permit  cependant  d'ap- 
prendre la  musique ,  dans  laquelle  il  lit 
de  rapides  progrès.  Comme  sa  position  ne 
s'améliorait  point ,  il  chercha  à  s'embar- 
quer ;  mais  les  marins  auxquels  il  s'adressa 
le  repoussèrent  parce  qu'il  ne  savait  pas 
l'anglais.  Un  maitre  de  celte  languo  con- 
sentit à  lui  donner  des  leçons  el  le  mit 
bientôt  en  état  de  traduire  avec  succès  des 
passages  d'Ossian.  Son  père  se  laissa  alors 
déterminer  à  lui  permettre  de  faire  ses 
études ,  el  le  jeune  Falk  alla  les  terminer 
à  l'université  de  Halle.  Il  embrassa  en- 
suite la  profession  d'homme  de  lettres, 
et  adopta  le  genre  satirique ,  dans  lequel 
il  pritBoileau  pour  modèle.  Bientôt  parut 
son  poème  des  Héros  {Die  Helden  ),  qui 
annonçait  un  rare  talent  poétique.  Falk 
fit  paraître  en  même  temps  deux  satires 
intitulées  les  tombeaux  sacrés  à  Kam ,  et 
les  Prières .  Leipsick,  1796  :  la  première 
fut  saisie,  dit-on,  par  suite  d'un  ^mj/j/oz/mo 
qui  la  iil  regarder  comme  une  satire  du 
saint  Siège  ;  l'autre  poème  est  un  tableau 
de  la  folie,  de  l'imprévoyance  et  de  la 
contradiction  qu'on  observe  trop  souvent 
dans  les  vœux  des  mortels.  L' Almanacli 
portatif  de  la  plaisanterie  et  de  la  satire . 
avec  des  caricatures  qu'il  publia  annuel- 
lement depuis  1797  jusqu'en  1803  lui  attira 


FAI. 

de»  lmra»*crios.  Li-s  prrsoimalilos  quil 
•c  prrinit  depuis  fiircul  l«>in  de  lui  méri- 
ter rupprobalion  de»  (î<*n«  sensés.  Il  pu- 
lilia  nisuile  un  journal  sous  le  titre  d'/i- 
lisér  rt  Tartair  (  Klysium  et  Tarlarus), 
éerit  sous  l'innuriiredcs  événeiuens  poli- 
tiques du  temps.  Après  la  bataille  d  lena  . 
la  commission  française,  cUarijée  de  faire 
rentrer  les  contributions,  le  prit  pour  se- 
crétaire, interprète  et  médiateur  avec 
le^  aulurilés  allcuiandes.  et  le  i^rand-duc 
tic  Weimar  le  nounna  plus  tard  conseil- 
ler de  légation.  Ku  18i;>,  il  préserva  du 
pillage  plusieurs  points  du  duclic  de  Wei- 
mar. et,  en  181."),  il  publia  un  écrit  sur 
les  événemcns  de  la  (juerre  depuis  1800 
jusqu'en  1813.  Kalk  contribua  à  établir  la 
société  des  nécessiteux,  élablisseinenl 
destiné  aux  orpliclins  et  aux  enfans  aban- 
donnés, et  composa  à  ce  sujet  un  ouvrage 
intitule  le  Miroir  du  jfeuple  aUemarul. 
Falk  avait  renoncé  dans  ses  dernières 
années  à  la  satire;  il  est  mort  à  Weimar 
le  14  février  1820,  laissant  outre  les  ou- 
vroijes  déjà  cités  :|  Satires,  Leipsick  et 
AUona  .  1800  ,  5  vol.  in-12  ;  les  Tombeaux 
{te  Katn  se  trouvent  dans  le  second  vo- 
lume. I  OEm^res  choisies  en  prose  de 
Siviffl  et  d'.irbnthnot .  traduites  en  alle- 
mand, I^'ipsick,  17y8-17'.t9,  6  vol.  in-8"  ; 
I  Dissertations  sur  la  poésie  et  les  arts  . 
Weimar ,  180.") .  in-8"  ;  |  IVouveau  necueil 
de  contes  et  de  satires.  Berlin,  180'i,  in-S". 
FVr.Ki:.MBi:U<;  (  Jew  de  ),  religieux 
dominicain  au  commencement  du  !;>' siè- 
cle, se  mêla  des  querelles  des  chevaliers 
leutoniques  avec  le  roi  de  Pologne.  Il 
écrivit  contre  ce  prince  un  mauvais  U\  re 
qui  le  fil  mettre  en  prison  à  Cx)nstance, 
où  se  tenait  alors  le  concile  général.  Ce 
libelle  est  adressé  à  tous  les  rois,  princes, 
prélats,  et  généralement  à  tous  les  cbré- 
liens.  On  a  vu  depuis  un  livre  fait  par  un 
évéque ,  qui  avait  une  dédicace  toute 
semblable,  et  ne  valait  pas  mieux  (  la 
compilation  donnée  sous  le  nom  de  Fe- 
broiiius  ).  I^  simple  et  n)odeslc  véri(é 
ue  s'annonce  pas  avec  tant  d'empliase,  cl 
•elon  la  sage  règle  d'Horace: 

*>  >n  fumnro  ci  fulgore,  led  ex  fumo  Jarc  luccin 
5i'»« • 

K«lkcniberg  y  promet  la  vie  éternelle  à 

liius  ceux  qui  se   ligueront    pour  exlcr- 

"   ^  Polonais  et  Ladislas   leur   roi. 

oiialiondu  libelle  ftil  résolue  uiia- 

■  dans  le  concile.  .Mais  elle  ne  fut 

■  dans  aucune  »t;ssion   publique, 
■  >  sollicitai iuas  des  Fraiiyais,  qui  2  in-b'',  Gotha,  1773-  U  y  en 


29  I  AL 

s'elaii'nl  j.iiiils  aux  Polonais  ,  parce  qu(* 
les  principes  de  l'alkeinberg  élaient  1rs 
mêmes  que  ceux  de  Jean  Petit,  autre  pré- 
dicateur de  l'homicide. 

FAÎ.KLWn  (  LvcAVH  CARY,  viromto 
de  ),  secrétaire  d'état  en  Angleterre  ,  du- 
rant les  convulsions  des  guen«-s  civiles 
du  règne  de  Ciiailes  I"^,  naquilxers  laii 
IGIO  à  lîurford  dans  le  comté  d'Oxford. 
Il  se  livra  dans  sa  jeunesse  à  l'étude  des 
lettres.  Citoyen  éclairé ,  vertueux  et  fer- 
me ,  il  se  montra  d'abord  un  des  plus  ar- 
dens  à  attaquer  les  usurpations  de  la 
cour;  mais  lors«[ue  la  guerre  civile  éclala, 
il  défendit  le  pouvoir  ([ui  restait  à  Char- 
les ^^  et  qu'il  jugea  nécessaire  pour  le  sou- 
tien de  la  liberté  anglaise.  On  croit  que  ce 
fut  lui  qui  composa,  avec  le  secours  du 
roi,  presque  tous  les  nȎmoircs  du  parti 
monarchique.  Ce  prince  était  si  persuadt': 
de  sasupériorilé  dans  celte  lultc  littéraire, 
qu'il  fit  distribuer  les  écrits  du  parle- 
ment anglais  avec  les  siens,  pour  mettre 
le  peuple  au  fait  de  la  querelle.  On  assuro 
qu'il  s'en  servit  même  dans  ses  derniè- 
res défenses  contre  les  accusations  des 
cromwellistes  ,  plusieurs  années  après  la 
mort  deFalkland,  tué  en  1645  à  la  bataille 
de  Newbury,  à  l'àgc  de  54  ans.  On  croit 
que  Falkland  a  beaucoup  contribue  à 
Vhistoire  du  j)roteslantisme  de  Clilling- 
wortli, 

•  F  VLTvXER  (  Thomas  ) .  missionnaire 
jésuite,  lilsd'un  liabile  chirurgien  de  Man- 
chester en  Angleterre,  étudia  la  chirur- 
gie sous  son  père,  et  alla  se  perfectionner 
à  Londres.  11  s'embarqua  ensuite  pour  la 
cote  de  Guinée,  puis  pour  le  Brésil.  Etant 
tombé  malade  à  Buenos-Ayres,  il  reçut  des 
soins  si  affectueux  de  la  part  des  jésuites 
fixés  dans  cette  contrée,  qu'il  s'attacha  à 
eux,  et  entra  dans  leur  société  pour  par- 
tager leurs  travaux  apostoliques.  Son 
habileté  dans  la  chirurgie  et  ses  connais- 
sances dans  la  mécanique  furent  très  uti- 
les à  la  mission  daivs  laquelle  il  fut  em- 
ployé. 11  co:isacra  40  années  de  sa  vie 
à  l'exercice  du  ministère  évangéli(iue  et 
àlapralique  de  son  art  dans  le  Chaco,  le 
Paraguay,  le  Tucumaii  et  les  Pampas. 
Après  la  suppression  de  son  ordre,  il  re- 
vint dans  sa  patrie,  et  devint  chapelain 
d'un  de  ses  compatriotes  ([ui  était  catho- 
lique. Il  s'occupa  alors  d'écrire  une  Des- 
cription de  la  Patagonic  et  des  pays  voi- 
sins ians  V  Amérique  me  ri  dioiuite .  Ilere- 
forl  et  Londres,  1774,  in-4°.  Elle  fut  tra- 
duite en  allemand  .  cl  abrégée  en  un  vol, 
a  aussi  une 
3. 


FAL 

traduclion  française  sous  ce  litre  :  Des- 
cription des  terres  Ma^eUanif/ues  et  des 
pays  adjacens .  traduite  de  l'auiîtais  par 
M.  B.,  Genève  et  Paris,  1788,  2  vol.  in-IG. 
Ce  livre  offre  des  notions  précieuses  sur 
les  contrées  que  l'auteur  a  décrites,  sur 
les  mœurs  des  peuples  qui  les  habitent, 
et  sur  les  produclioiis  de  la  nature  que 
Ion  y  trouve  ;  mais  on  reconnaît  qu'il  n'é- 
tait pas  très  versé  dans  l'histoire  naturelle-. 
Los  Palajjoiis  qu'il  a  vus  sont  grands  el 
bien  faits  ;  ils  lui  ont  paru  avoir  sept 
pieds  cl  queK[ues  pouces  ;  mais  il  n'apoiat 
entendu  parler  de  race  gigantesque  citée 
par  plusieurs  voyageurs.  Le  Père  Falkiier 
mourut  en  1780. 

*  F.VLr.KT  (Nicolas  ) ,  poète  français, 
néàLangres  en  1753,  mort  à  Paris  le  22 
décembre  1801,  a  publié  (}iQ%  pièces  de 
théâtre  et  autres  poésies  aujourd'hui  ou- 
bliées. Sa  tragédie  de  Tibère  et  Sérémis, 
quoique  fort  médiocre  ,  obtint  cependant 
quelques  représenlalions ,  et  fut  impri- 
mée en  1782  et  1785.  Il  a  travaillé  à  la 
Gazette  de  France,  au  Journal  de  Paris, 
et  coopéré  au  Dictionnaire  historique  et 
critique  des  mœurs,  lois ,  usages  et  cou~ 
tûmes  civiles.  1772  ,  h  vol.  in-8". 

•  FALLETTI  (  Octave- Ai.EXv^vonE  )  , 
marquis  de  Barolo ,  né  en  1753  à  Turin, 
où  il  mourut  le  30  janvier  1828  ,  embi'assa 
la  carrière  des  aruxes,  et  se  consacra 
ensuite  exclusivement  à  des  études  litté- 
raires qui  ne  furent  interrompues  qu'au 
moment  où  la  nécessité  de  repousser  l'in- 
vasion des  Français  lui  lit  reprendre  les 
armes.  Falletti  se  voua  ensuite  à  l'éduca- 
1  ion  de  son  lils ,  et  parcourut  avec  lui  l'Al- 
lemagne, la  Hollande,  la  Suisse  et  la  Russie. 
Ses  principales  productions  sont  |  un  Eloge 
de  Saint-Réal ;  \  des  Mémoires  sur  des  su- 
jets de  critique  littéraire,  de  philosophie 
morale  et  de  métaphysique,  présentés  à 
l'académie  de  Turin  dont  il  était  membre  ; 
I  des  Epitres  (  crili([ues  )  sur  les  Œuvres 
posthumes  d' Alfieri ,  et  une  espèce  dero 
man  descriptif  sous  le  titre  de  Voyage 
de  Théodore  Callimacchi  en  Italie. 

FALLOPF.  ou  plutôt  FALLOPIO  (Ga- 
iîkiel),  médecin  italien,  était  profondé- 
ment versé  dans  la  botanique,  l'astronomie, 
la  philosophie,  et  surtout  dans  l'anatomie. 
n  naquit  à  Modène  en  1523,  et  mourut  h 
Padoue  en  1562,  à  59  ans ,  suivant  le  Père 
Nicéron;  mais  fll.  Eloy  place  sa  nais- 
sance en  1^(90,  et  le  fait  mourir  à  75  ans  : 
ces  dernières  dates  paraissent  moins  sû- 
res. Quoi  qu'il  en  soit,  ce  médecin  par- 
cottrut  une   partie  de    l'Europe  pour  se 


30  FAL  1 

perfectionner  dans  son  art.  Il  était  métho. 
diquc  dans  ses  leçons,  prompt  dans  ses 
dissections  ,  et  heureux  dans  ses  cures. 
Quoiqu'il  passe  pour  avoir  découvert 
celle  partie  de  la  matrice  qu'on  nomme  la 
trompe  de  Fallope ,  il  faut  avouer  qu'elle 
n'était  pas  entièrement  inconnue  aux  an- 
ciens. 11  s'est  attribué  quelques  autres 
découvertes  qu'on  lui  a  contestées.  Ses 
nombreux  ouvrages  ont  été  recueillis  eu 
h  vol.  in-fol.,  à  Venise  en  158/t  et  1606  : 
c'est  la  meilleure  édition.  On  trouve  des 
notices  biographiques  sur  Fallopio  dans 
les  Mémoires  de  Nicéron ,  tomes  4  et  10 , 
dans  les  Eloges  de  Tamasini ,  et  surtout 
dans  la  Bibliothèque  des  Ecrivains  mo- 
dénois  par  Tiraboschi. 

FALLOURS  (  Samuel),  peintre  hol- 
landais, qui  a  peinl  les  Curiosités  natu- 
relles, poissons,  écrevisses,  crabes  qui  se 
trouvent  sur  les  cotes  des  îles  Moluques, 
et  les  a  fait  imprimer  à  Amsterdam,  1718, 
2  tomes  en  1  vol.  in-folio,  45  planches  dans 
le  premier,  57  dans  le  second.  Ce  livre  est 
rare  ;  mais  il  r.e  faut  se  fier  ni  à  la  vérité 
des   enluminures  ,  ni   à  celle  des  figures. 

FALS  (  Raimoni)  ),  né  à  Stockholm  en 
1658 ,  passa  à  Paris  en  1685,  et  s'attacha  à 
Chéron,  médailleur  du  roi.  Les  médailles 
sorties  de  ses  mains  lui  méritèrent  une 
pension  de  1,200  livres.  Cet  habile  artiste 
mourut  à  Berlin  en  1703. 

*  FALSTER(  CiiniSTiAN),  fameux  cri- 
tique danois,  s'est  fait  connaître  dans  le 
monde  savant  par  plusieurs  ouvrages  d'é- 
rudition. Les  principaux  sont  :|  S(t;y|/?^<?- 
menturn  linguœ  latince,Y\iinsbo\x\'Q,  1717; 
\  jinimadversoris  Epistolœ,\\yià.;  \  Quœs- 
tiones  romanœ,  ibid.,1718;  |  Cogitationes 
philologicœ,  Leipsick,  1719,  in-8";  |  Sermo 
pane^yricus  de  variarum  genlium  biblio- 
thecis,  1720,  in-8";  |  Vigilia  prima  noc- 
tium  ripensium,  contei^nt  des  o5s<?rca- 
tions  sur  Aulu-Gèle,  Copenhague ,  1721, 
in-8";  \yimœnitates  philologiœ ,  Amster- 
dam, 1729-52,  5  vol.  in-8"  ;  |  une  traduction 
danoise  delà  11'  satire  deJuvénal,  Copen- 
hague, 1751, in-4". 

*  FANGE  (  AuGUSTix  ) ,  bénédictin  de  la 
congrégation  de  St.-Vannes,  et  abbé  de 
Senoues,  naquît  à  Hatton-Chàtel  près  de 
Verdun  ,  et  était  neveu  de  don  Calmet 
par  sa  mère.  Après  avoir  fait  ses  vœux  à 
l'abbaye  de  Munster  en  Alsace  le  21  juin 
1728 ,  il  professa  avec  distinction  les  hu- 
manités ,  la  philosophie  el  la  théologie 
dans  sa  congrégation.  Le  6  septembre 
1756,  il  fut  nommé  coadjuteur  de  don 
Calmet  abbé  du  monastère  de  Senoacs  en 


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81 


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.  qui  rraii;nail  <iuc,  par  suite  de 
,  c»»iuii  de  la  lA)rraino  h  lu  France  on 
inli  !M»n  abliaye  t-n  romuiandc.  FanB»': 
m  ilovint  lui  ui«  iiu>  abbé  lilulairc  en  {7lili, 
après  la  nu>il  tlo  son  onde.  Partni  ses 
principaux  ouvraces  on  reinarcpie  :|  un 
T^ailé  en  latin  Jes  Sacrrtnens  rngcntral 
rt  m  particulirr.  ouvrajje  profond  et  es- 
timé ;  1  Hrr  heheticnm  ou  Relation  d'un 
voj-age  ipi'il  avait  fait  en  vSiiisse  en  17/i8  ; 

I  le  second  volume  de  la  yotice  de  Lor- 
raine :  I  fie  de  don  Calmet ,  17Gô,  in-8". 
On  lui  attribue  :  Mémoires  pour  servir  à 
r histoire  de  la  barhe  de  l  homme .  Lié(;e  , 
1775,  in-8".  Don  Fanyé  a  achevé  \ His- 
toire universelle  commencée  par  don  Cal- 
inet ,  mis  en  ordre  ses  oeuvres  posthumes. 
et  public  ses  ouvrages  en  1762.  On  ignore 
l'époque  précise  de  sa  mort. 

FAXMl'S  (Caiits;,  surnommé  Slra- 
bon .  consul  romain  avec  Valérius  Mes- 
sala .  l'an  IGI  avant  J.  -C.  Ce  fut  sous  son 
consulat  que  fut  publiée  la  loi  Fannia 
contre  la  somptuosité  de  la  table.  Cette 
loi  fixait  les  sommes  qu'on  ix)uvait  dé- 
penser pour  le  repas.  On  fut  obligé  de  la 
renouveler  'JO  ans  ajjrès.  Le  luxe  faisait 
tous  les  jours  de  nouveaux  ravages,  et  ce 
luxe  était  une  suite  de  la  trop  grande  puis- 
sance des  Romains;  Scipion  le  recomiais- 
»ait  lui-uicme  et  s'en  plaignait.  Fannius 
réforma  la  formule  de  la  prière  qu'il 
était  d'usage  de  prononcer  à  la  clôture 
du  lustre,  par  laquelle  on  demandait  aux 
(lieux  qu'ils  augtnenlasseut  la  puissance 
de  la  républi(|ue  :  il  en  substitua  une 
autre .  par  latinelle  on  les  priait  de  vou- 
loir bien  la  maintenir  toujours  dans  le 
même  état. 

F.WXIUS  (Caius),  auteur  latin  sous 
Trajan ,  composa  une  Histoire .  en  Z^  li- 
Tcrs ,  des  mutâtes  de  Néron ,  et  des  der- 
nières heures  de  ceux  que  ce  monstre 
faisait  exécuter  à  mort,  ou  envoyait  en 
exil  (  Exitus  occisorum  aut  relegalorum 

II  Nerone) .  Les  sa  vans,  et  surtout  les 
philosophes,  ne  sauraient  trop  regretter 
la  perte  de  cet  ouvrage  intéressant. 

FAWirS   CÉPION,   complice    d'une 
conjuration  contre  Auguste,  qui  fut  dé- 
u verte,  se  donna  lui-même  la  mort. 

îoiirm  coin  fii^crrl  ,  ic  Fannit)»  ipie  pcrcmil  ; 
liic,  rogo,  noo  furor  cit.  nr  itinr-ifr.  mori  ! 
Martial.,  Ilb.  ii. 

:-;iigramme  qui  dans  le  fond  n'est  qu'un 
jeu  de  mot»  comme  presque  toutes  celles 
de  Martial.  Quelque  blâmable  que  fût 
Kanniiu ,  il  y  avait  certainement  moins 
de  fureur  dans  5on  suicide  que  dans  re- 


lui de  Caton  d'l'li(|ue.  Il  chcrcliait  à  évi- 
ter une  mort  ignominieuse  el  terrible. 

F.WNU'S  (QtAD^ATts),  poète  latin. 
Ses  ouvrages,  quoique  ridinde»,  fur«'nt 
placés  avec  son  portrait  dans  la  biblio- 
tlièque  publi(iue  qu'Augtistc  avait  fait 
construire  dans  le  temple  d'Apollon.  Ho- 
race ,  son  contemporain,  lui  donne  le 
non»  de  parasite ,  et  le  raille  cruellement. 

FWSlI.VW  (sir  RicMAno) ,  anglais  né 
en  l(i07  ,  envoyé  des  rois  Charles  T' el 
Cfiarles  lia  la  cour  d  Espagne  et  à  celle  de 
Portugal,  mourut  à  Madrid  en  1C)<)6.  11  se 
distingua  dans  ses  ambassades,  ainsi  (|ue 
sur  le  Parnasse.  On  a  di!  lui  qucliiucs  o«- 
vrages L'ii  vers  el  en  prose,  Londres,  1<).'.G> 
in-ii.",  qu'on  a  lus  autrefois;  une  traduc- 
tion en  vers  anglais  du  Pastor  fido,  de  la 
Luciade  et  des  comédies  espagnoles.  On 
a  publié  sur  son  ambassade  des  lettres 
originales  précédées  de  sa  vic^  Londres, 
1702,  in-8". 

'  FA.XTIN-DÉSODOARDS  (A\toi;<e> 
Etiewe -Nicolas),  né  à  Pont-de-Beau- 
voisin  dans  le  Dauphiné  le  2(i  décembre 
1738,  entra  chey,  les  jésuites  dont  l'ordre  fut 
supprinu^  avant  qu'il  eût  pu  prononcer 
ses  vœux.  En  1789  il  était  prêtre,  et  avait 
le  titre  de  vicaire- général  d'Embrun; 
mais  il  ne  paraît  pas  qu'il  en  ait  jamais 
exercé  les  fondions.  Il  s'était  rendu  à 
Paris  quelques  aimées  avant  la  révolu- 
tion, et  lorsque  ce  grand  événement  fut 
accompli ,  il  y  devint  un  des  écrivains  les 
plus  laborieux  du  parti  révolulioimaire. 
Arrêté  après  le  10  août  comme  jjrétre,  il 
se  maria,  entra  dans  les  sections,  et  se 
lia  particulièrement  avec  Roi)espierre, 
CoUot-d'Hcrbois  ,  Marat  et  Chaumelte  , 
qu'il  accompagnait  quelquefois  au  club  des 
jacobins,  et  contribua  à  répandre  leurs 
principes  en  écrivant  dans  les  journaux 
du  temps.  Il  entra  à  l'institut,  et  mourut 
à  Paris  le  25  septembre  1820  (  i  ).  Ses 
principales  productions  sont  :  |  Diction- 
naire raisonné  du  gouvernement .  des 
lois,  des  usages  et  de  la  discipline  de 
V  Eglise ,  conciliés  avec  1rs  libertés  el 
franchises  de  l'église  gallicane  .  lois  du 
royaume  et  jurisprudence  des  tribnnaujt 
de  France.  1788,  6  vol.  in-8";  |  Nou- 
vel abrégé  chronologique  de  l'histoire  de 
France ,  depuis  Clovis  jusqu'à  la  mort  île 
Louis  Xiy .parle  président  Hénault.  con- 


(i).  On  prr'lcnit  que  Fanlin  Dciorioaidi  a  confetti 
«jiir  la  conduite  prndant  la  rrvoliilioin.  »««il  rtt 
fnr<t'r  par  Ir  dftirdi-  tr  toutlmirr,  à  la  dr'pOTIalitn,  ri 
qu'il  a<ait  dtpuli  jolliiilr  .lu  p»|'c  Ij  diiptnie  de  |«| 
vaut. 


tmué  depuis  la  mort  de  Louis  Xï  y  jusqu'à 
la  paix  de  1783 ,  1788-89, 5  vol.  ii>-8"  ;  au{î- 
incntée  en  1801  (rimci^ct  d'une  5*^ parti»;, 
où  se  trouve  Y  Histoire  de  la  révolution  ; 
réimprimée  en  1807,  en  2  vol.  in-S"  ;  et  en 
1820  in-i",  avec  une  nouvelle  continuation 
jusqu'à  la  rentrée  de  Louis  XVIII  en 
France.  Cet  ouvrage  porte  quelquefois  le 
titre  A' Histoire  de  France  depuis  la  mort 
de  Louis  XIV.  L'auteur  y  afiichait  déjà 
son  admiration  pour  la  philosophie  mo- 
derne. I  Histoire  philosophique  de  la  ré- 
volution,  5'  édition  ,  1807,  10  vol.  in-8". 
C'est  celui  de  ses  ouvrages  qui  a  ob- 
tenu le  phis  de  succès ,  et  cependant  il 
est  rempli  d'erreurs  et  de  faux  principes. 
M.  Beaulieu,  auteur  des  Essais  histo- 
riques sur  les  causes  et  les  effets  de  la  ré- 
volution de  France^  a  relevé  entre  autres 
ce  paragraphe  étrange  sur  la  démarche 
que  fit  le  roi  le  15  juillet  1789  :  «  Louis 
V.  XVI  fdit  M.  Fantin)  parut  comme  un 
»  criminel  devant  ses  juges  ;  il  rejeta  sur 
»  l'imposture  de  ses  ministres  les  fausses 
»  démarches  auxquelles  il  s'était  livré.  Il 
»  déclara  que  les  ordres  étaient  expédiés 
»  pour  l'éloignement  des  troupes  de  Paris 
»  et  de  Versailles;  qu'il  rappelait  Necker 
»  et  les  autres  ministres  disgraciés,  et  que 
»  désormais  il  ne  prendrait  d'autre  conseil 
»  que  ceux  des  représenlans  de  la  nation. 
»  Le  président  assis  (M.  l'archevêque  de 
»  Vienne)  lui  répondit  :  Un  roi  est  cou- 
spable,  quand,  sous  les  yeux  de  l'As- 
»  semblée,  il  écoute  des  conseils  élran- 
»  gers.  Lally-Tolendal ,  député  de  Paris , 
»  ajouta  :  Un  roi  qui  avoue  sa  faiblesse  et 
»  l'insuflisance  de  ses  moyens  ,  mérite  la 
»  clémence  d'une  nation  généreuse.  Il  est 
»  bon  que  les  princes  sachent ,  reprit  le 
»  président, en  couvrant  la  voix  de  Lally- 
»  Tolendal ,  qu'on  ne  règne  pas  long-temps 
•  avec  sécurité,  quand  l'intrigue,  la  ca- 
»  baie  et  l'astuce ,  devenues  les  mobiles 
»  du  gouvernement ,  sont  érigées  en  règle 
»  de  la  conduite  du  monarque.  Cette  pro- 
»  position  fut  justifiée  dans  la  suite.  »  On 
voit  que  dans  tout  ce  grossier  galimathias, 
ajoute  M.  Beaulieu  ,  il  n'y  a  pas  un  seul 
mot  ,à  l'exception  de  l'annonce  de  l'ordre 
donné  par  le  roi  pour  l'éloignement  des 
troupes,  qui  ne  renferme  im  impertinent 
mensonge.  Le  style  est  digne  de  l'esprit 
qui  y  règne  :  il  est  tantôt  plat  et  trivial , 
tantôt  boursoufflé  jusqu'au  ridicule  ;  enfin 
celle  indigeste  compilation,  dénuée  par- 
tout de  '  v(  rite  comme  de  goût ,  est  tom- 
bée dans  Toubli  profond  qu'elle  méritait. 
I  Révolutions  de   VInde  2)endant  le  18' 


2  FAN 

siècle ,ow  Mémoires  de  Tippoo-Sàib  écrits 
par  lui-même^  et  traduits  de  la  langue  in- 
dostane,  1796, 2  vol.  in-8",  1797,  h  vol.  in-8"; 
I  Louis  XV et  Louis  XVI .  1798,  5  vol.  in-S"; 
I  Histoire  d'Italie  depuis  la  chute  de  la 
république  romaine  jusqu'aux  premières 
années  du  i^f  siècle,  1802,9  vol.  in-S"  ; 
I  De  Vinstitution  des  sociétés  politiques ,  on 
Théorie  des  gouvernemens .  1807  ,  in-8"; 
I  Les  monumens  inédits  de  l'antiquité  , 
expliqués  par  fVinckelniann ,  1808-180'.), 
5  vol.  in-/t°;  \  Histoire  de  France  depuis 
la  naissance  de HenrilV jusqu'à  la  mort 
de  Louis  XVI ,  1806-1810,  26  vol.  in-12.  Il 
s'estfaitainsile  continuateur  de  Velly,Vil- 
larct  et  Garnier.  Cette  histoire  méritait  un 
meilleur  écrivain.  Il  fut  avec  Mercier  et 
Carra  un  des  premiers  rédacteurs  des  An- 
nales patriotiques ,  et  a  laissé  en  outre  un 
grand  nombre  de  manuscrits. 

*F;V.\TOM  (Je,v\j,  célèbre  médecin 
et  analomiste,  né  à  Turin  en  1675  ,  mort 
le  15  juin  1758  ,  professa  l'analomie  à  l'u- 
niversité de  cette  ville  pendant  un  grand 
nombre  d'années,  avec  «n  grand  succès. 
Sesdéinonstrations  étaient  suivies  par  un 
grand  nombre  d'auditeurs  ,  qui  ne  pou- 
vaient assex  admirer  sa  profonde  érudi- 
tion, l'importance  des  faits  nouveaux 
qu'il  leur  présentait  continuellement,  son 
éloquence  naturelle  et  cette  latinité  ex- 
quise qu'on  remarque  dans  tous  ses  ou- 
vrages. Les  principaux  sont  1  lirevis  ma- 
nuductio  ad  historiain  anatomicam.  Tu- 
rin, 1699,  petit  in-/(.°;  |  Dissertation  es 
anatomicœ  XI,  ibid.,  1701,  in-12  ;  |  Ana~ 
tomia  corporis  humani.  1711,  in-4";  |  Opus- 
cida  medica  et  physiologica,  1738,  in-/i"; 
I  Commentarius  de  quibusdam  aquis  me- 
dicatiSj  et  historica  dissertatio  de  febii- 
bus  continuis,  1747,  in-8". 

♦  F-WTIJCCI  (le  comte  Marc),  litté- 
rateur italien,  né  en  1745  à  Ravenne, 
d'une  famille  noble  ,  entra  d'abord  dans 
la  magistrature  dans  l'intention  de  se- 
rendre  utile  à  ses  concitoyens;  mais 
quelques  désagrémcns  qu'il  éprouva  l'en- 
gagèrent à  y  renoncer.  Il  continua  néan- 
moins à  servir  son  pays,  qui  lui  fut  re^ 
devable,  en  1784,  d'une  machine  hydrau- 
lique très  avantageuse  pour  le  territoire 
de  Ravenne.  Une  épidémie  étant  venue 
en  1780  ravagercette  province,  ils'occupa 
des  moyens  d'y  remédier  pour  l'avenir, 
et  publia  à  ce  sujet  un  excellent  mémoire 
dans  lequel  il  démontra  combien  il  était 
urgent  de  dessécher  les  marais  des  vallées 
méridionales  de  celte  contrée.  En  un  mot 
loule  la  vie  de  Fantucci  a  été  cousatrée  à 


PAU 


33 


Fvn 


'  '   -  cffiirl»  iH)ur  ri'iuiri-  a  n.iwniie 

.  rial   dont    rllc   avait  brillé.   Le 

I  uUiic.  i  rsl  nmrl   dans  crtic  ville 

10  janvier  1800.  Tio  VI  avait  \untr  lui 
prétlilrrlion  toute  partiriiliiTi' .  et  il 

«  liiil  iliipie  par  ses  vertus,  qu'il  por- 
jiisqu'à  rau-«lerilé.et  par  son  d«*vi)ue- 

iit  iK>ur  1  utilité  publique  et  pour  la 
(jloirc  de  sa  |)..tri.-.On  lui  doit  :  |  De'  Mo- 
numenti  Ravmnati.  6  tomes  in-4";  |  De 
Cente  Itonestia,  in-fol.;  \}lnnoriedî  varia 
9rgome:i  <>  t.  et  conte  Fantucci ,  iu-/*".  On 
est  redevable  à  ses  soins  de  la  magnilique 
édition  romaine  des  Papiri  dtplontalici 
raccolii  ed  ill.istra'i  dall'abate  Oaclano 
Maritii,  dont  plusieurs  appartiennent  à 
Ravenne. 

•  FA>TL'Z7J  (Jean),  noble  Bolonais 
et  dernier  rejeton  d'une  famille  illustre 
de  ce  nom,  qui  a  fourni  un  {^rand  nombre 
de  personnages  distin(jué$  danslacai  rière 
des  lois  et  dans  celle  des  lettres ,  naquit  en 
1742,  et  mourut  à  Bolopne  en  1801 ,  avec 
le  grade  de  colonel.  Il  avait  servi  pendant 
plusieurs  années  dans  les  gardes  du  corps 
du  roi  d'Espagne,  et  a  laissé  un  ouvrage 
important  intit  ..é  Nodzie  dcgli  scritlori 
Boloçnesi, Bologne,  17814»/»,  9  vol  in-fol. 
I  Cet  ouvrage  est  précieux  par  rexactiliale 
et  la  bonne  critique  qui  y  régnent.  Il  est 
!  d'ailleurs  écrit  d'un  style  élégant  et  cor- 
rect. On  aurait  désiré  que  l'auteur  en  eût 
supprimé  des  détails  superflus  ;  mais  ils 
sont  vrais  et  puisés  dans  des  sources  au- 
tlientiques. 

FARCOT    (  JosEPn-jEAX-CiiRYSo- 

"Me),  ancien  directeur  de  la  stalisliquc 
de  la  Seine  ,  né  à  Senlis  le  8  avril  1744  , 
entra  d'abord  chez,  les  oratoriens,  et  en- 
seigna successivement  la  philosophie ,  la 
physique  expérimentale  et  les  nialhénja- 
tiqucs.  En  1779,  des  affaires  de  famille 
robligcienl  de  quitter  celte  congrégation 
et  il  se  livra  au  commerce,  à  Paris,  jus- 
qu'en 1793,  épo<jue  à  laquelle  ses  magasins 
furent  saisis  et  lui-même  jeté  en  prison. 
Au  bout  de  onic  mois  de  captivité ,  il  fui 
appelé  jiar  le  gouvernement  aux  discus- 
sions qui  eurent  lieu  à  l'hôtel  de  Conti 
pour  la  restauration  du  commerce  et  des 
arts.  Nommé  membre  du  Directoire  du 
département  de  la  Seine  ,  il  fut  charge 
spécialement  de  la  restitution  des  édilices 
destinés  au  culle  catholique,  et  aux  douze 
ég.ises  qui  avaient  été  décrétées,  il  par- 
vint à  en  faire  ajouter  trois.  11  fil  partie 
de  la  conmiission  chargée  de  dresser  le 
tableau  de  dépréciation  des  assignats,  cl 
(ut  successivement  depuis  cette  époque  , 


membre  du  ctiuscil  ^l^'>^  aris,  de  r.Aiû  de 
l'instruction  publique ,  et  direcicur  de  la 
statistique.  Karrt)t  a  fait  à  ce  sujet  plu- 
sieurs ouvrages  :  I  Questions  ronatitulion- 
nellt's  sur  le  commerce  et  l'industrie,  et 
projet  d'un  impôt  indirect  ,  Paris,  1790, 
in-8";  |  Discussions  relatives  à  l'in/Iiience 
du  youvcrneinent  sur  les  arts  et  le  com- 
merce. Paris,  1808,  in-4";  \ . Mémoires  sur 
les  moyens  d'encourager  les  découvertes 
utiles.  Paris,  1819  ,  ouvrage  iK)sthume  pu- 
blié par  son  lils  !M.  J.  Farcot.  On  a  en- 
core de  lui  plusieurs  Mémoires  et  Rap- 
ports sur  les  arts  ,  l'agi  icullure  et  le  com- 
merce, qui  n'ont  pas  été  imprimés.  Il  es! 
mort  le  2r>aoùl  1815,  à  l'âge  de  71  ans. 

FAllDKI.LA  ( MiCHEi-A^tiE),  né  àTra- 
pani  cil  Sicile  l'an  ICSO  ,  d'abord  francis- 
cain ,  ensuite  prêtre  séculier,  devint  pro- 
fesseur d'astronomie  et  de  physique  dans 
l'université  de  Padoue  ,  et  mourut  à  Na- 
ples  en  1718  à  G8  ans.  On  a  de  lui  des  ou- 
vrages peu  connus  en  Fiance , sur  les 
sciences  auxquelles  il  s'était  consacré. 
C'était  un  homme  d'un  esprit  vif  et  d'une 
imagination  féconde,  mais  très  distrait. 
Quoi(iu'il  eût  des  appointemens  considé- 
rables ,  sa  générosité  envers  ses  amis, et 
son  caractère  indolent  ne  lui  permirent 
jamais  d'être  riche. 

FARE  f sainte),  vierge,  d'une  famille 
noble  de  Brie,  sœur  de  saint  Faron,  évé- 
que  de  Mcaux,  et  de  Changulse ,  évéquc 
de  Laon,  bàlit  le  monastère  de  Faremous- 
tier,  en  fut  abbesse ,  et  mourut  vers  G55, 
après  une  vie  de  près  de  00  ans,  remplie 
par  la  vertu  et  la  morlincalion. 

FARE.  roijez  LAFARE. 

FAREF.  (Gtii-LAUME  ),  né  à  Gap  en 
1489,  vint  de  bonne  heure  à  Paris,  régenta 
queliiue  temps  au  collège  du  cardinal  Le 
Moine.  Jacques  Le  Fèvre  d'Etaples,  son 
ami ,  lui  inspira  les  nouvelles  erreurs  que 
Luther  répandait  en  Allemagne,  et  Zwin- 
gle  en  Suisse.  Farci  fut  ministre  à  Genève 
avant  Calvin,  et  y  prêcha  la  réforme. 
Chassé  de  cette  ville  en  loô8,  il  se  relira 
à  Bàle  ,  puis  àNeuchàtel,  où  il  mourut 
en  1î)6j.  Ce  novateur  se  maria  à  l'âge  de 
f)9  ans.  Son  savoir,  qui  était  médiocre, 
fut  terni  par  son  opiniâtreté,  et  par  son 
penclianli>our  toutes  sortes  d'opinions.  On 
a  de  lui  :  |  Le  Glaive  de  l'esprit,  ouvrage 
qui,  malgré  la  singularité  de  son  titre 
(qui  dans  le  fond  n'est  que  la  traduction 
du  Gladium  spiritùs  de  saint  Paul  ),  offre 
de  bonnes  choses  contre  les  libertins.  |  De 
la  sainte  Cène  du  Seigneur  ;  \  des  thèses. 
Ce  ministre  fut  accusé  ,  par  ceux  du  son 


PAR  5 

parti,  lie  renouveler  les  erreurs  de  Pâill 
lie  Samosate;  mais  un  synode  de  Lau- 
sanne le  lava  de  celle  impulation. 

FAUET  (  Nir:oL4s),  né  vers  l'an  IGOO 
à  Houry  en  Bresse ,  fut  un  des  premiers 
ujembres  de  l'académie  française  ,  el  ré- 
di<ïea  les  statuts  de  celle  compagnie  nais- 
sante. Il  fut  secrétaire  du  comte  d'Har- 
court ,  ami  de  Vaujïelas  ,  de  Boisrobert , 
de  Coé'ffeteau,  de  Sainl-Amand.  Il  mou- 
rut à  Paris,  en  1G46.  On  a  de  lui  de  mau- 
vaise   prose   et   de  plus    mauvais   vers  ; 

I  V Histoire  chronclogique  des   Ottomcuis; 

I I  ' Histoire d' Europe ,  traduite  en  français  ; 
i  V Honnête  f/omme,\ivé  de  l'italien  de  Cas- 
liylioiu^  in-i2  ;  j  des  lettres  qui  n'appren- 
nent rien  ;  |  des  poésies  plates  ,  etc.  Tout 
le  monde  connaît  les  vers  suivans  de  lioi- 
leau  : 

Ainsi  tri  autrefoit  qu'on  vit  avec  Farct  , 
Charbonner  de  tct  vers  les  murs  d'un  cabaret 


FAIIGIS  (CuARi-ES  d'ANGENNES  du) , 
fut  conseiller  d'état  sous  Louis  XIII,  et 
son  ambassadeur  en  Espagne.  Il  fut  dé- 
menti sur  le  traité  de  Monçon,  qu'il  avait 
conclu  en  1626,  pour  n'avoir  pas  suivi  les 
instructions  du  Père  Joseph,  et  il  fut 
obligé  de  faire  réformer  ce  traité  sur  les 
nouvelles  instructions  qu'il  reçut.  —  Sa 
femme,  Madeleine  deSILLY,  comtesse 
de  la  Rocliepot,  dame  d'atours  de  la  reine 
Anne  d'Autriche,  entra  dans  quelques  in- 
trigues contre  le  cardinal  de  Richelieu, 
qui  la  contraignit  de  sortir  de  France. 
Elle  mourut  à  Louvain,  au  mois  de  sep- 
tembre 1639.  On  trouve  dans  le  Jomnal 
du  cardinal  de  Richelieu  ,  et  dans  sa  Vie 
par  Le  Qerc,  1753,  5  vol.  in-12,  des  lettres 
en  chiffres  de  M'"*^  du  Fargis,  qui  furent 
interceptées,  et  qui  la  tirent  condamner 
à  être  décapitée  par  arrêt  de  la  chambre 
de  justice  de  l'Arsenal ,  en  1651.  Elle  eut 
un  lils  tué  au  siège  d'Arras  en  1640,  sans 
avoir  été  marié;  et  une  fille,  religieuse 
à  Port-Royal,  morte  en  1691. 

•  FAUIA  (  MAivoEL-SÉvÉniM  de  ),  écri- 
vain portugais ,  un  des  plus  savans  nu- 
mismates de  son  temps,  naquit  à  Lisbonne 
en  lo8l  ou  82.  Après  avoir  fait  ses  cours 
de  philosophie  et  de  théologie  ,  et  avoir 
été  reçu  docteur  dans  ces  deux  facultés , 
il  fut  chantre  et  chanoine  de  la  cathédrale 
trEvora,  et  mourut  dans  cette  ville  le  16 
décembre  1633.  Il  se  livra  avec  ardeur  à 
lélude  des  Ecritures,  delà  théologie  mys- 
tique, de  l'histoire,  de  la  politique,  de 
la  géographie,  et  des  antiquités  roiTiaines 
et  portugaises ,  et  forma  des  collections 
précieuses  de  manuscrits  anciens,  deiué- 


%  FAR 

daiUcs  ,  de  monnaies  et  d'antiquités  de 
tout  genre.  Il  est  connu  par  les  ouvrages 
Suivans  :  |  Noticias  do  Portugal.  2  vol.; 
I  Vdriui  discursos  politicos ,  Lisborme , 
1624,  1  vol.  Ces  deux  ouvrages  ont  été 
réimprimés  à  Lisbonne  en  1624  et  1791. 
Dans  le  premier  de  ces  ouvrages,  il  traile 
de  l'origine  des  litres  cl  des  armoiries  des 
familles  nobles  du  Portugal,  des  monnaies 
ancieiuies,  soit  portugaises,  soit  gothiques, 
arabes  et  romaines,  et  il  en  donne  des 
emi)rcintes.  Après  avoir  parlé  des  diffé- 
rentes universités  d'Esi>agne,  de  la  navi- 
gation des  Portugais  aux  Indes  orientales, 
il  termine  le  second  volume  par  les  vies 
de  vingt  cardinaux  de  sa  nation.  Le  troi- 
sième volume  est  consacré  à  la  vie  de 
quelques  portugais  illustres,  coiïimc  celle» 
de  riiistorien  Couto,  du  poète  Camoëns, 
etc.  Ces  deux  ouvrages  se  font  remarquer 
par  une  élégance  et  une  pureté  de  style 
qui  rappellent  le  beau  siècle  de  la  littéra- 
ture espagnole. 

FARIA  DE  SOI  SA  (  Maxo  ei.),  gen- 
tilhomme portugais,  chevalier  de  l'ordre 
du  Christ ,  né  à  Souto  ,  en  1390,  mort  à 
Ma<lrid  en  1647,  dans  un  état  qui  n'était 
guère  au-dessus  de  rindigei>ce.  Les  let- 
tres lui  firent  trop  négliger  la  fortune. 
Après  avoir  clé  gentilhomme  chez  don 
Gonzalès,  évèque  d'Oporto,  cl  avoir  per- 
fectionné ses  connaissances  sous  la  direc- 
tion de  ce  prélat,  il  avait  fait  un  voyage  à 
Rome  en  1651,  où  il  s'acquit  la  considéra- 
tion des  savans  qui  étaient  auprès  du  pape 
Urbain  \'III.  Faria  était  un  homme  un 
peu  singulier.  Il  s'habillait  plutôt  comme 
un  philosophe ,  que  comme  un  homme 
qui  avait  vécu  à  la  cour.  Son  humeur  in- 
dépendante et  son  abord  sévère  furent 
sans  doute  un  obstacle  à  sa  fortune.  Il  était 
cependant  fort  agréable  el  fort  enjoué 
avec  ses  amis.  On  a  de  lui:  |  une  Histoire 
de  Portugal,  conduite  jusqu'au  règne  du 
cardinal  Henri,  imprimée  plusieurs  fois. 
La  dernière  et  la  meilleure  édition  est  de 
1751,  in-fol.,  avec  une  continuation,  et 
d'autres  pièces  curieuses.  |  L' Europe  ,1'  A~ 
sie  et  l' Afrique  portugaises,  en  6  vol.  in- 
folio., 2  pour  l'Europe,  5  pour  l'Asie,  1  pour 
l'Afrique.  VAsia  portiujuesa  est  l'histoire 
des  Portugais  aux  Indes  orientales,  depuis 
leur  premier  voyage  en  1497 ,  jusqu'en 
1640.  Cet  ouvrage  exact  et  curieux  a  été 
traduit  en  italien  ,  en  français  et  en  an- 
glais. Faria  a  encore  laissé  7  vol.  de  poé" 
sies  ;  des  discours  jnora:ux  et  politiques  ! 
des  commentaires  sur  la  Lusiade,  Ses 
ouvrages  sont  écrits  »'a  espagnol* 


FAR  S 

lAlil\\.    toiirz   CHAULES  RORRO- 
•;i  1.  (  sciiiil  )  il  larlide  IlORROMÉE. 
1  \IU>\CU:i    (rnos»Kii),   célèbre  ju- 
onstilto  ,  nar|tiil  (t  Iloiiic  en  i55&  ,  c-t  y 
1.»  dans  h'  baiirau.  Il  si>  plut  à  difiii- 
li-scauscs  les  moins  s<»u«eiial)lfS.  Ci'lU" 
lie  funcslo  à  bit-n  dos  fuinillcs.  jointe 
.  ri(;ufur  cl  à  la  st'voritéexrtvssive  av«r 
IcMimlIts  il  exerça  la  chaii;c  de  procu- 
reiir-liscal.  lit  naître  des  niurniurcs  et  lui 
suNcilades  affaires.  Cet  liomme.  si  ri^jou- 
ii'ux  pour  les  autres,  élail   très  indulgent 
pour  lui-niènie.  Le  pape  Clrincnl  VIIl  di- 
sait de  lui  à  ce  sujet ,  en  faisant  allusion 
au  nom   de  Karinaccio  :  «  La  farine    est 
»  excellente,  mais  le  s;ic  qui  la  contient  ne 
»  vaut  rien.  »  C.e  jurisconsuUo  mourut  à 
Rome  lu  nu-me  jour  qu'il  élail  né,  le  ÔO 
octobre  1CI8,  à  (>'*■  ans.  Ses  ouvrage*  oui 
été   recueilli»  en    15  >ol.  in-fol.   Anvers, 
IGiîO  et  années  suivantes  :  ils  sont  recher- 
chés par  les  jmisconsuiles  ultramonlains. 
Voici  ce  qu'ils  renfern)cnt  :    Decisiones 
Hotœ.  2  vol.  ;  Uotœ  uQvissimœ .  1  vol.;/fo- 
tœrrcetUis^imœ.  1  vol.;  JtcjKrtohum ju- 
tticiale.  l  vol.  ;  De  Ilicresi.  {  vol.  ;  Conci- 
lia. 2   vol.;    Praxis   criminalis,    h   vol.; 
Siiccus  Praxis  criminalis .  i  vol.  Maltjre 
la  critique  (|U  on  peut   faire  de  que^iues 
endroits,  il  est  certain  que  ses  ouvra^jes 
sont  pleins  de  savoir,  et  qu'il  y  a  pour  les 
jurisconsultes  bien  des  choses  à  recueillir. 
FARIX  \Tt}  '  Paix  ),  peintre  célèbre  et 
savant  archilecle  ,  né  en  1525,  mourut  à 
Vérone  sa  patrie  en  1006,  à  81  ans. 

•  FAUIM:L!.1  (Ciiari.es  BROSCHI  , 
plus  connu  sous  le  nom  de  ).  célèbre  chan- 
teur italien  ,  né  à  Naples  le  2i  janvier 
1705.  fut  élève  de  Porpora.  Il  débuta  d'une 
manière  brillante  à  rà;;e  de  17  ans  sur  le 
Ihcàtrc  d'yiliberti  à  Rome,  cl  en  17.'4  ,  il 
passa  à  Londres,  où  il  excita  im  enthou- 
siasme universel.  Il  fui  ensuite  appelé  à 
la  cour  de  Madrid  ,  et  sa  voix  jjroduisil 
plus  d'effet  sur  Philipjie  V  ,  charge  d'in- 
iirmités.  et  sur  Ferdinand  VI ,  son  suc- 
cesseur, tourmenté  d'une  profonde  mé- 
lancolie, que  tous  les  remèdes  de  l'art.  Ses 
manières  aimables  lui  méritèrent  bientôt 
l'estime  et  iaconsidérationde  toute  la  cour. 
Sous  le  rè,inc  de  Ferdinand  VI,  il  fut  em- 
ployé dans  les  affaires  du  plus  haut  inté- 
tH  politique,  devint  le  canal  de  toutes  les 
f»rârps  .  et  l'on  peut  dire,  à  sa  louange, 
"  s  accorda  qu'au  mérite  réel,  et 
isa  jamais  de  son  pouvoir.  Ltjiri 
!  un  vain  orgueil  qui  est  ordinai- 
rement l'apanage  des  [kir  venus,  ce  fut  sur- 
tout M  muUeslie  qui  désarma  ceux  qui 


î  FAR 

auraient  pu  être  un<»bftlacle  à  «a  forlune. 
Sa  déférence  et  son  res[tect  |>our  les  grand» 
lui  captivèrent  l'amitiédela  plupart  d'en- 
tre eux;  h  l'égard  tie  .ses  ennemis,  il  nc 
s'en  vengea  jamais  qu'en  répandant  sur 
eux  les  faveurs  du  roi.  I^  mort  do  ce 
prince  et  de  la  reine,  arrivée  la  nu^mc 
année  (17(i2).  le  jeta  dans  l'accablement 
le  plus  profond.  Il  quitta  l'ICspagne  et  se 
relira  à  Kologne  ,  où  il  fil  bâtir  une  su- 
perbe n)aison.  II  y  passa  le  reslc  de  sci 
jours,  uniquement  occupé  de  sa  harpe  et 
de  son  jardin,  recevant  avec  affabilité 
tous  les  étrangers  qui  désiraient  le  con- 
nailre,  et  répandant  ses  bienfaits  sur  tous 
les  malheureux  qui  l'environnaient.  Il 
encouragea  le  Père  Martini  à  écrire  son 
Histoire  de  la  musique .  l'aida  de  sa  for- 
tune, cl  lui  fournil  les  documens  néces- 
saires. Farinelli  mourut  le  15  juillet  1782. 

•  FARiMKR  (Huct'Es),  ministre  pres- 
bytérien à  Londres,  né  en  171/t,  fui  un 
des  prédicateurs  d'une  congrégation  de 
Dissenlers,  et  se  fit  une  grande  réputa- 
tion par  son  éloquence  et  par  ses  ouvrages, 
qui  ont  pour  but  d'établir  que  runi\ers 
est  gouverné  par  Dieu  seul.  Les  principaux 
sont  :  I  Un  Kssai  sur  la  nature  et  le  des- 
sein de  la  tentation  de  Jésus-Christ  dans 
le  désert,  où  il  soutient  que  c'était  une 
vision  et  non  un  fait  réel,  Londres  ,  17G1  , 
et  17C5  avec  augmentation  ;  |  une  Disser- 
tation sur  les  miracles .  qui  a  pour  objet 
de  prouver  qu'ils  sont  les  argumens  d'une 
interposition  divine  et  des  preuves  abso- 
lues de  la  mission  et  de  la  doctrine  d'un 
prophète  ;  \  un  Essai  sur  les  démoniaques 
du  nouveau  Testament ,  où  il  prétendait 
que  ces  démoniaques  n'étaient  que  des 
ujalades.  Farmere>t  n»orllc6  février  1787. 

•  FAUMER  (RiCHAno),  célèbrecritiquc 
anglais ,  né  à  Leicesler  en  1755 ,  fut  suc- 
cessivement prédicateur  de  la  chapelle 
royale  de  Wbitehall  ,  principal  du  collège 
Emmanuel  de  l'université  de  Cambridge, 
vice-chancelier  et  bibliothécaire  de  cette 
université,  chancelier  de  Lichtfield  et  de 
Covenlry,  chanoine  de  l'église  de  Cantor- 
béry,  puis  de  celle  de  Saint-Paul  ;  cl  mou- 
rut en  1797.  On  a  de  lui  un  Essai  sur  l'é" 
rudition  de  Shakespeare,  un  des  meilleurs 
morceaux  de  critique  que  possède  la  litté- 
rature anglaise,  plusieurs  fois  rcimprinjé, 
il  se  trouve  dans  l'édition  de  Shakespeare, 
donnée  parSievens,  15  vol.  in-8",  17'J5  , 
et  dans  celle  dcRced  etllarris,  1805,  1812, 
en  21  vol. 

FARXABY  ou  FARNABIE  ( TuouAs) , 
célèbre  utailre  U  école  anglais,  ne  à  Loit- 


FAR 

drcs  en  lo7."i  .-d'iui  charpenlier,  fut  d'a- 
bord serviteur;  puis  il  fit  SCS  premières 
t'tudes  à  Oxford  ,  et  ensuite  eu  Espagne  , 
dans  un  collège  des  jésuites.  Il  arcompa- 
(jna  François  Drake  et  Jean  Hawkins  dans 
leurs  courses  maritimes.  De  retour  de  ses 
voyages,  il  se  fit  soldat  dans  les  Pays-Bas, 
déserta  et  retourna  dans  sa  patrie.  Il  ou- 
vrit une  école  de  langue  latine  dans  le 
romté  de  Sommcrset.  Il  alla  continuer  le 
même  travail  à  Londres,  forma  de  bons 
écoliers,  et  s'actiuil  la  réputation  d'un 
maître  habile.  Sou  attachement  à  la  fa- 
mille royale  lui  attira  des  persécutions  ; 
mais  elles  ne  furent  pas  capables  d'ébran- 
ler sa  tidélilé.  Il  répondit  toujours  à  ceux 
qui  le  sollicitaient  de  se  déclarer  pour  le 
parti  républicain  :  «J'aime  mieux  n'avoir 
»  qu'un  roi ,  que  d'en  avoir  cinq  cents.  » 
Il  mourut  exilé  à  Ely-IIouse  en  1647,  à  72 
ans.  Ou  avait  proposé  dans  la  chambre  des 
communes  de  l'exiler  en  Amérique.  Far- 
naby  était  aussi  savant  humaniste  ,  que 
bon  citoyen.  Il  nous  reste  de  lui  des  édi- 
tions ô.*i  Juvénal.  de  Perse  ,  de  Sénèqw , 
de  Martial,  de  Lucain.  de  Virgile^  de  Té- 
rence,  CC Ovide  ^  avec  des  î'emarques  qui 
ne  sont  que  grammaticales;  elles seraier.t 
plus  utiles  si  elles  étaient  quelquefois 
iiistoriqucs ,  géographiques  et  mythologi- 
ques; le  latin  en  est  un  peu  dur  et  quel- 
quefois iocorrect. 

FARNÈSE  (PiEURE-Louis),  premier 
duc  de  Parme  et  de  Plaisance,  était  fils 
aîné  du  pape  Paul  III  (  Alexa\due  FAR- 
NÈSE),  qui  l'avait  eu  d'un  mariage  se- 
cret, contracté  avant  sa  promotion  au  pon- 
tifical. Ce  pape  lui  conféra  les  duchés  de 
Parme  et  de  Plaisance  en  1545  ,  sous  une 
redevance  de  8  mille  écus  au  saint  Siège, 
cl  donna  en  échange  à  l'état  de  l'Eglise, 
la  principauté  de  Camérino  et  la  seigneu- 
rie de  Népi,  qui  lui  appartenaient.  Dès 
que  Farnèse  eut  été  reconnu  par  le  clergé 
et  par  le  peuple,  il  s'appliqua  à  fortifier 
Plaisance  ,  et  la  citadelle  qu'il  fit  con- 
struire fut  regardée  comme  une  des  meil- 
leures forteresses  de  l'Italie.  Comme  il 
chagrinait  les  nobles  ,  croyant  qu'ils  op- 
primaient le  peuple,  quatre  gentilshom- 
mes coi)spiièrent  contre  lui,  et  l'assassi- 
nèrent à  Plaisance,  le  10  septembre  1547. 
\}n  homme  qui  se.  mêlait  de  magie,  lui 
avait  annoncé  cette  fin  tragique;  on  pou- 
vait la  lui  prédire  sans  être  sorcier;  mais 
runecdote,  si  elle  est  vraie  ,  ne  laisse  pas 
dèlre  remarquable.  Aussitôt  après  sa 
mon  ,  les  milices  impériales  qui  étaient 
aux  portes  de  la  -illo  obligèrent  les  l'iai- 


56  FAR 

santins  à  prêter  serment  à  l'empereur 
Charles-Quint,  qui  n'avait  pas  voulu  re- 
connaître la  cession  que  le  pape  en  avait 
faite.  Mais  dans  la  suite,  Octave  Farnèse, 
fils  de  Pierre-Louis,  ayant  épousé  Mar- 
guerite d'Autriche,  fut  reconnu,  par  cet 
empereur,  légitime  possesseur  du  duché 
de  Parme  {voyez  sa  postérité  dans  les  Ta- 
bles chronologiques,  à  l'article  PARME 
ET  PLAISANCE.)  Sa  postérité  jouit  de 
ces  deux  duchés  jusqu'au  cardinal  Antoine 
Farnèse,  mort  en  1731.  Sa  nièce  Elisabeth 
Farnèse,  épouse  de  Philippe  V ,  roi  d'Es- 
pagne, les  transmit  au  second  de  ses  fils, 
qui  les  x^éda  eu  1755  à  l'empereur  Char- 
les yi ,  contre  le  royaume  des  Deux-Si- 
ciles. 

FARNESE ,  pape  qui  a  pris  le  nom  de 
Paul  m.  Voyez  ALEXANDRE  FAR- 
NÈSE. 

*  FARNEWORTH  (Ellis),  ecclésias- 
tique anglais ,  né  à  Bonteshall ,  dans  le 
comté  de  Derby,  devint  recteur  de  Car- 
ringlon,  et  mourut  dans  la  misère ,  le  25 
mars  1763.  On  lui  doit  des  traductions 
anglaises  de  quelques  ouvrages  italiens  : 
[  Vie  du  pape  Sixte  V,  de  Grégorio  Leti, 
avec  une  préface,  des  prolégomènes,  des 
notes  et  un  appeijdix,  1754,  in-fol.  ;  |  His- 
toire des  guerres  civiles  de  France .  de 
Davila,  1757,  2  vol.  in-4°;  |  la  Traduc- 
tioti  des  OEuvres  de  Machiavel  éclaircie 
par  des  notes,  des  dissertations ,  et  quel- 
ques plans  nouveaux  sur  l'art  de  la  guerre, 
1761,  2  vol.  in-4",  et  1775,  4  vol.  in-8"  . 
avec  des  corrections,  et  le  portrait  et  la 
vie  de  Machiavel. 

FARKSWORT  ou  FARNE-WERT  (Ri- 
ciiaud),  fut  un  des  premiers  disciples  de 
Georges  Fox,  auteur  de  la  secte  des  qua- 
kers. Il  ajouta  aux  rêveries  extravagantes 
de  son  maître  le  précepte  observé  scru- 
puleusement dans  le  quakérisme,  de  ne 
parler  à  personne  ,  même  aux  rois  dans 
les  suppliques,  et  même  à  Dieu  dans  la 
prière,  qu'en  tutoyant.  Il  composa  un 
livre  pour  démontrer  cette  impertinence. 
Il  prétend  que  l'usage  contraire  est  une 
flatterie  indigne  des  enfans  de  lumière  : 
c'était  le  titre  que  prenaient  les  quakers. 
Fox  approuva  cette  idée,  et  il  fut  le  pre- 
mier à  s'y  conformer. 

FARO.\  (saint),  évêque  de  Meaux  en 
627  ,  fonda  l'abbaye  qui  porte  son  nom , 
assista  au  2*^  concile  de  Sens  en  657 ,  et 
mourut  le  28  octobre  672  ,  à  près  de  80 
ans. 

*  FARQUIIAR  (GEor.GEs),  poète  comi- 
que né  cr.  1G73,  à  Londonderry  en  Irlande, 


FAT  37 

...  ,. ,  <n  1707.  fui  tlalHtiilroiuiiUcn,  puis 
liculottant  au  ri'tîiineiit  du  comte  Orrery 
vn  Iiinn.lc.  Ayant  i«|M)nso  une  femme 
jeune  et  belle .  il  ne  put  résister  aux  pri- 
vations (pu*  hti  imposaient  le»  besoins 
'•  •  maiMJU.  et  uunuut  do  elia^rin  ,  à 
le  ôO  ans.  il  a  laisse  un  nom  dans 
,  aro  anglais,  par  l'amusante  viva- 
cilc  ile  ses  intri|îues,  asse?.  nalurellemenl 
CDtuluilcs,  «juoiquc  fondées  presque  tou- 
tes sur  des  suppositions  invraisembla- 
bles et  romanesques.  Ses  œuvres  ont  été 
imprimées  pour  la  10*^  fois  à  Londres  en 
J77'i.  en  1  vol.  in-1'2  :  on  regarde  comme 
son  chef  dœuvre  la  pièce  qui  a  pour  litre 
TUe  braiix's  Stralagem.  la  Ruse  du  pclil- 
maitrc. 

r.VTIO  de  Duiller  (Nicolas),  géomè- 
Irc  célèbre  qui  descendait  d'une  famille 
italienne  ,  naquit  à  Bàlc  en  Suisse  le  iC 
février  Itkii.  Il  n'avait  encore  que  17  ans 
lorsqnil  écrivit  à  Cassini  une  lellre  qui 
renfermait  l'essai  d'une  théorie  pour  la 
recherclie  de  la  distance  du  soleil  à  la 
terre,  avec  une  Hyiwthèse  pour  expliquer 
les  apparences  de  l'anneau  de  Saturne.  Il 
s'orruiia  de  la  dilatation  et  du  resscrre- 
uieul  lie  la  prunelle,  el  démontra  les  libres 
de   l'uvée  antérieure   el  de  la  choro'ide 
dans  une  lettre  à  Mariolle ,    du  15  avril 
\{\&\.  Il  trouva  ime  manière  nouvelle  de 
Ira'. ailler  les  verres  des   télescopes,  un 
>"  >vrn  de  percer  les  rubis  et  de  les  faire 
(urir  au  perfectionnement  des  num- 
'.  de  mesurer  la  vitesse  d'un  vaisseau, 
el  co.nmenl  ou  pourrait  profiler  du  mou- 
vemcut  des   eaux ,  occasioné    par  le  sil- 
''  '  •.  pour  moudre  le  blé,  lever  les  an- 
hisser   les  vergues,  etc.   Il  imagina 
i  une  chambre  d'observation  suspen- 
due dételle  sorte  qu'on  pût  observer  faci- 
lement les  astres  dans  un  vaisseau.  On  a  de 
lui  un  assez  gr;ind  nombre  d'ouvrages  in- 
léressiuis  sur  la  mécanique,  l'astrouoiuie 
••tlachimie,  imprimés  séparémenloudaus 
les  numéros  du  Gentlernens  magazine,  de 
1757  et  1738,  Fatio  avait  honorablement 
ouru  la  moitié  de  sa  carrière,  lorscju'il 
I donna  les  sciences  exactes  pour  les 
lices  occultes.  Livré  à  l'élude  de  l'alchi- 
.  de  la  cabale  et  des  inspirations  ,  il  se 
itra  en  même  temps  zélé  partisan  d  s 
.'.  ou  Prédicansdcs  Cevennes  rc- 
■  mlrcc,  et  fui  en  bulle  à  la  j)ersé- 
'■   .  1-  leur  suscii'a  la  police  anglaise. 
<f  quitta  l'Angleterre  et  partit  pour 
.e  avi-c  le  projet  de  convertir  luni- 
De  retour  en  .\,n,;leterne ,  il  vécut 
>  l'obscurité,  cl  mourut  dans  le  comté 


FAU 

do  W'orccster ,  en  1755,  4,jé  de  près  do 
quatre-vingt-dix  ans.  Fatio  a  publié  : 
I  Lettre  à  Cassini,  sur  une  lumière  extra- 
ordinaire qui  parait  dans  //•  ciet  depuis 
quelques annces,  in-S".  Amsterdam.  lOHC)  ; 
il  s'agit  de  la  lumière  /.odiaeale  ;  |  L'pistola 
de  Mari  aneo  Salnmonis.ad  H'rnanlum. 
in  quà  ostenditur  geonietriœ  salisficri 
passe  jnensuris  quœ  de  Mari  œneo  in  sa- 
cra scripfnrn  hnbrnlur ,  Oxford.  ICiSS; 
I  Fruit  ffalhiniprovcd.  in-/i",  Londres, 
l('>y9  :  dans  eel  ouvrage  anonyme  il  pro- 
l)ose  luie  fu)uvelle  espèce  do  terrasses  ou 
nuirs  inclinés  à  l'horizon  pour  la  culture 
des  fruits  en  espalier;  |  Lineœ hrevissimk 
descensùs  investijatiogeometrica  duplex , 
cuiadilitaest  vwesligalio  geometrica  so- 
lidi  rotundi  in  quod  minima  fiet  resisten- 
lia.  in-4",  Londres.  1()9[);  |  la  Navigation 
perfectionnée .in-^" ,  1728.  L'auteiu- y  con- 
sidère, mieux  qu'on  no  l'avait  fait  encor;*. 
le  problème  pour  trouver  la  latitude  par 
deux  observations  de  la  hauteur  dusoleil 
et  le  calcul  du  temps  écoulé  entre  elles; 
I  Excerptaex  suâ  responsione ad excerp- 
ta  ex  Ulteris  J.  Bernnulli ,  dans  les  yicla 
Lipsiensia.  1700  ;  |  Epislola  Nie.  Facii  ad 
Joh.  Christoph.  Facium,  quâ  vindicat  so- 
lutionem  jiroblematis  de  inveniendo  solido 
rotundo  seu  tereti  in  quo  minor  sii  resis- 
ienlia  (  Transact.  phd.,  1715). 
FATTOHE  (  le  ).  royez  PENNI. 

*  FAUCIIAIIT  (Pierre),  chirurgien- 
dentiste,  ne  en  Bretagne,  et  mort  à  Paris 
en  1761,  est  regardé  comme  le  créateur 
de  l'art  du  dentiste  ,  par  son  ouvrage  in- 
titulé le  Chirurgien  dentiste.  17:28,  '2  vol. 
in-12,  réimprimé  en  1746  et  1786.  Avant 
lui ,  il  n'existait  aucun  écrit  qui  enseignât 
la  manière  de  limer,  tailler,  plomber  le> 
dents  et  d'en  p'.acer  d'arliticielles.  Il  a 
déc  il  aussi,  avec  exactitude,  les  abcèi 
qui  attaquent  la  substance  intérieure  de.s 
dents,  sans  eu  altérer  la  substance  corti- 
cale. 

•  FAIÎCIII^-BOUKL  (Lotis),  un  des 
agens  les  plus  zélés  du  paili  royalisie 
pendant  la  révolution  française,  était  ne 
en  1762,  à  Neuciiàtel  eu  Suisse,  d'une  an- 
cienne famille  de  Franche-Comlé,  que  la 
révocation  de  l'édit  de  Nantes  força  de 
s'expatrier.  Lorsque  la  révolution  fran- 
çaise éclata,  il  dirigeait  dans  sa  ville  ru- 
talc  un  vaste  établissement  typographique 
qTi'il  s'empressa  de  mettre  à  la  disposition 
(les  émigrés  qui  vinrent  cherclu-r  un  asile 
dans  cette  partie  de  la  Suisse.  Kxilé  pen- 
dant G  mois  en  1795 ,  pour  avoir  imprimé 
le  testament  de  I^uis  XVI  dans  un  al- 


FAU 


38 


FAU 


iTianach  ,  il  se  voua  dès  lors  sans  réserve 
à  la  cause  des  Bourbons  ,  qui  acceptèrent 
ses  services  avec  reconnaissance.  Doué 
d'une  grande  activité  et  d'un  coura;;u  à 
toute  épreuve  ,  il  fut  jusqu'en  181'i.ràiiu; 
de  toutes  les  négociations  secrètes  qui 
curent  lieu  pour  amener  en  France  luie 
restanratioa.  En  1793,  chargé  parle  prince 
de  Coudé  de  faire  au  général  Piche{jru 
des  ouvertures  pour  l'engager  à  passer 
avec  son  armée  au  service  des  Bourbons, 
il  Ht  sous  le  nom  de  Louis  ^  plusieurs 
voyages  à  Iluningue ,  à  Bàle  et  à  Stras- 
bourg ;  pour  mieux  cacher  son  dessein  ,  il 
acheta  une  maison  dans  cette  dernière 
ville  et  y  établit  une  imprimerie.  Ce  fut 
à  Blodsheim,  près  de  Iluningue  ,  que 
Fauche-Borel  aborda  Pichegru  pour  la 
première  fois.  Apres  lui  avoir  demandé  la 
permission  delui  dédier  un  ouvra;îe  inédit 
de  J.  J.  Rousseau,  et  lui  avoir  dit  quelques 
^lots  insigniiians  sur  cet  objet,  il  lui  ré- 
véla avec  courage  le  véritable  motif  de  sa 
visite.  Pichegru  promit  sans  hésiter  sa 
coopération;  mais  avant  d'agir  il  voulut 
aeqtiérir  la  certitude  que  l'Autriclie  se- 
conderait le  rétablissement  des  Bourbons. 
Fauche-Borel  ayant  annoncé  au  prince 
de  Coudé  l'heureux  commencement  de 
cette  négociation,  et  en  ayant  reçu  de 
nouvelles  instructions  ,  retourna  à  Stras- 
bourg ,  où  il  se  lia  avec  plusieurs  oftlciers 
de  l'armée  qu'il  s'efforça  de  préparer  à 
l'exécution  de  ses  plans.  Une  correspon- 
dance s'était  établie  entre  Pichegru  et  le 
prince  de  Condé  .  sur  la  manière  la  plus 
sûre  d'exécuter  leur  projet  de  restaura- 
tion. Cependant  le  Directoire  ayant  eu 
vent  de  ces  menées  ,  ra])pela  Pichegru,  et 
Fauche-Borel  fut  arrêté  le  21  décembre 
179o  sur  la  dénonciation  d'un  journaliste 
nommé  Cotta;  heureusement  on  ne  trouva 
rien  dans  ses  papiers  qui  pût  le  compro- 
mettre ,  et  il  fut  remis  en  liberté  au  bout 
de  6  jours.  Pichegru  destitué  du  coiimian- 
dement  de  l'armée  s'était  retiré  à  Arbois , 
lieu  de  sa  naissance.  Ce  fut  dans  cette 
ville  que  Fauche  vint  lui  remettre  ,  en 
d79G,  une  lettre  de  Louis  XVIII ,  à  laquelle 
le  général  répondit  par  le  même  inter- 
médiaire en  conseillant  au  prince  d'aban- 
donner des  projets  partiels  et  sans  résul- 
tat ,  pour  attendre  que  de  grands  événc- 
ntens  militaires  amenassent  une  occasion 
décisive.  Eu  1797,  Pichegru,  ayant  été 
nommé  au  conseil  des  Cinq  cents  où  il  fut 
bientôt  élevé  à  la  présiden  jo  ,  Fauche-Bo- 
rel se  rendit  à  Paris,  d'ajjrès  les  intentions 
des  princes,  pour  s*Ciile;idrc  avec  lui.  Le 


coup  d'état  du  18  fructidor  vînt  tromper 
ses  espérances,  et  déjouer  le  plan  de 
contre-révolution  qu'avait  préparé  Piche- 
gru. Fauche  fut  nominativement  enve- 
loppé dans  la  proscription  de  cette  épo([ue. 
Sa  correspondance  avec  Pichegru  ,  saisie 
dans  les  équipages  du  général  autrichien 
Klinglin  ,  l'avait  fait  coimaitre  couuine  un 
des  agens  les  plus  dévoués  des  princes. 
Obligé  de  se  cacher ,  il  trouva  un  asile 
chez  un  certain  David  Mounier  avec  le- 
quel il  avait  eu  autrefois  des  relations  com- 
merciales. Ce  Mounier  connaissait  Bottot 
secrétaire  de  Barras ,  et  par  son  entremise 
Fauche  se  mit  bientôt  en  rapport  avec  le 
directeur,  qui  consentit  à  entrer  dans  le 
complot  tramé  en  faveur  des  Bourbons... 
Fauche  reçut  de  Barras  ^ous  le  nom  do 
Borelly  un  passe-port  avec  lequel  il  quitta 
la  France.  Barras  s'était  engagé  à  faire  à 
Louis  XVIII  des  communications  ,  dont  il 
chargea  son  homme  de  confiance,  le  cheva- 
lier "Tropez  de  Guerins.  Fauche  avait  re- 
joint Pichegru  en  Angleterre  et  n'eut  pas 
de  iJeine  à  l'engager  à  entrer  dans  ce 
nouveau  projet.  Il  passa  ensuite  à  Ham- 
bourg, d'où  il  se  rendit  a.  Mittau  .  où 
se  trouvait  Louis  XVIII.  Ce  prince  avait 
reçu  les  communications  de  Barras,  et 
agréé  les  conditions  ([u'il  attachait  à  ses 
services.  Le  triomphe  de  la  cause  royaliste 
paraissait  assuré,  lorsque  la  révolution 
du  18  brumaire,  en  éloignant  Barras  du 
gouvernement,  fit  avorter  encore  des 
projets  si  bien  concertés.  Découragé  par 
ce  nouveau  revers,  Fauche  prit  la  réso- 
lution de  renoncer  aux  intrigues  poli- 
tiques, et  il  alla  se  fixer  à  Londres  dans 
le  dessein  d'y  établir  une  iuiprimerie  et 
une  librairie  française  :  mais  bientôt  II 
se  vit  engagé  de  nouveau  dans  la  vie  pé- 
rilleuse qu'il  venait  de  quitter.  C'était  l'é- 
poque où  se  négociait  le  traité  d'Amiens; 
quelques  royalistes  pensèrent  qu'il  im- 
portait de  reconcilier  Moreau  qui  était  à 
Paris  avec  Pichegru  qui  était  à  Londres. 
Fauche  fut  choisi  pour  médiateur  entre 
les  deux  généraux ,  et  il  se  chargea  de 
porter  une  lettre  affectueuse  de  Pichegru 
à  son  ancien  compagnon  d'arniiS.  ÎMaisà 
peine  était-il  à  Paris  que  reconnu  par  la 
police  <à  laquelle  il  était  signalé  ,  il  fut  ar- 
rêté et  conduit  au  Temple  ;  ce  qui  ne  l'em- 
pêcha pas  d'entretenir  du  fond  de  sa  pri- 
son une  correspondance  suivie  avec  Mo- 
reau. Relâché  après  18  mois  de  captivité; 
sur  les  instances  de  l'ambassadeur  de 
Prusse,  qui  le  réclamait  c«>miiie  sujet 
de  celle  j'.iiissancc ,  il  fut  recuuduil  par 


r  \i 


qui- 


i<  riil(»in' 
Vcrurilli  aviiMli>liii<lioii  par  le 
1  u-Guillauiiu' ,  Kauclie  sclalilil 
aliviliii .  où  il  no  cessa  do  st-rvir  la  caust- 
des  UtHiilMUis.  Il  fiU  chargé,  en  JBO.i . 
ri'iiiipriiiuT  à  lUx  mille  exemplaires  une 
diclaialioii  adressée  aux  Français  par 
Ltmis  XMII,  cl  la  dislriluilion  en  fui 
(aile  par  ses  «oins.  lUmaparte  envoya  à 
iJcrIin  des  commissaires  charjés  de  faire 
de§  rectemalions  conlre  lui.  Fauche  cou- 
mil  le  risque  delrc  enlevé  n)èine  dans 
celle  capitale.  Inslruil  à  lemps  i)ar  la 
reine  de  l'russe  ,  il  partit  pour  se  rendre 
à  I.ondres,  où  il  fui  chargé  de  suivre  une 
corresjMHâdance  déjà  commencée  avec 
l'ancien  journaliste  rerlet.  En  1813,  quel- 
ques partisans  du  roi  ,  trompés  par  des 
agens  secrets  de  Bonaparte  et  surtout  par 
ce  même  Pcrlel,  crurent  qu'un  deharque- 
mcnl  iMjuvail  èlre  tenté  avec  succès  par 
le  duc  de  Berry  sur  les  côtes  de  France. 
Fauch.-Borel  envoyé  dans  l'ile  de  Jersey, 
pour  s'assurer  de  la  possibilité  de  l'entre- 
prise, revint  avec  la  conviction  que  c'était 
un  piège  tendu  par  la  police  de  Bona- 
parte,  et  parvint  à  détourner  le  prince 
d'un  voyage  qui  n'eût  pas  manqué  de  lui 
^tre  funeste.  En  181'* ,  Fauche  revint  en 
France  avec  les  Bourbons,  et  reçut  de 
Louis  XV m  des  marques  du  plus  vif  In- 
lérct.  Apres  être  retourné  en  Suisse,  il  fut 
diargé  par  le  gouvernement  de  Berne  e-t 
par  celui  de  Lausanne  de  dépêches  pour 
le  roi  de  France.  On  y  faisait  connaître  au 
roi  les  Irames  qui  s'ourdissaient  sur  la 
frontière  du  pays  de  Vaud,  et  la  corres- 
pondance que  Jo>eph  Bonaparte  entrete- 
nait avec  l'ile  d'Elbe  et  l'intérieur  de  la 
Franee.  Le  projet  de  Fauclie  était  de  se 
fixer  en  France;  lors  de  l'invasion  de  Bo- 
naparte, il  offrit  avec  50  suisses  de  se 
réunir  aux  volontaires  royaux.  Après 
avoir  été  chargé  par  l'ambassadeur  de 
Prusse  ,  et  les  ministres  étrangers  de  dé- 
pêches pour  le  congrès  de  Vienne  ,  il  se 
rendit  à  Gand  où  il  devait  remettre  à 
Louis  XVIII  une  lettre  autographe  du  roi 
de  Prusse.  En  retour  de  ses  services. 
M.  de  Klaras  lui  intima  l'ordre  de  quitter 
celte  \ille  dans  les  t>V  heures.  Fauche 
voulut  en  vain  rérbmer  ;  bientôt ,  il  se 
vit  transféré  à  Bruxelles  el  jeté  dans  un 
«•rfïol  où  il  resta  huit  jours.  Il  ne  dut  sa 
laux  vives  réclamations  de  l'am- 
priissieUi  .Vrrivé  le  7  niai  à 
t-auihe  n'eut  pas  de  peine  à  se  la- 
II-  l'absurde  acjHisaiionqui  avait  servi 
prétexte  à  son  arrcslalion  ,  celle  d'a- 


iO  FAtI 

xnii  ,,  ,  , .  ..w.i.iparle  nu  dctrimeii.  ..;  .i 
Prusse.  Un  mémoire  adressé  plus  lard  au 
roi  de  France,  établit  complélement  su 
justilicalion.  Fauche -Borcl  ,  revenu  à 
NeuchàUl  en  juin  18l.'i,  rentra  bientôt  en 
France,  avec  les  troupes  suisses  qui  en- 
vahirent une  partie  du  Doubsel  du  Jura, 
et  contribua  à  faire  arborer  le  drapeau 
blanc  sur  le  fort  de  Joux.  Il  vit  avec 
bonheur  triompher  la  cause  qu'il  avait 
défendue  avec  tant  dez-èle  et  de  constanc»'. 
En  1816,  il  publia  à  Paris  un  Précis  de% 
diverses  missions  dans  lesquelles  M. 
Louis  Fauche- liorel  a  été  employé  pour 
la  cause  de  la  monarchie,  suivi  de  pièces 
juslilicatives,  in-8",  lîg.,  avec  cette  épi- 
graphe : panam  pro  munere.  Cet  ouvrage 
fut  lu  avec  eitipressement.  On  y  rcmar- 
(jua  ses  accusations  contre  Perlet ,  avec 
lequel  il  avait  été  long-temps  en  corres- 
pondance poiu'les  intérêts  du  roi.  Fauche 
lui  reprochait  d'avoir  abusé  de  sa  con- 
fiance, et  d'avoir  attiré  à  Paris,  p<-)ur  le 
livrer  à  la  police,  son  neveu  Viteldonl  il 
avait  causé  la  mort. —  Perlet  répondit  en 
accusant  sou  adversaire  d'avoir  trahi  la 
cause  royale.  Fauche  alors  traduisit  en 
justice  le  sieur  Perlet,  qm  par  un  juge- 
ment du  24  mai  181(»,  fut  déclaré  escroc 
et  calouujiateur.  Plusieurs  mémoires  fu- 
rent imprimés  de  part  et  d'autre  dans  cette 
affaire  qui  excita  au  plus  haut  degré  k 
curiosité  publique.  Peu  de  temps  après 
Fauche  quitta  la  France  et  se  relira 
à  Neuchàtel.  Il  avait  obtenu  du  roi 
de  France  une  pension  de  cinq  mille 
francs;  cependant  les  dettes  qu'il  s'était 
vu  obligé  de  contracter  pendant  ses  né- 
gociations avaient  dérangé  ses  affaires.  Il 
se  plaignait  quelquefois  de  n'avoir  pas 
obtenu  tous  les  dédommagcmens  qu'il 
avait  espérés  et  auxquels  ses  sacrifices  et 
son  dévouement  paraissaient  lui  donner 
des  droits  ;  la  modicité  de  la  récompenso 
qu'il  avait  reçue  lui  sendduit  de  l'ingra- 
titude Cette  pensée  aigrissait  son  carac- 
tère naturellement  irritable,  et  telle  était 
l'exaltation  de  son  imagination  qu'il  en 
vint  à  se  croire  environné  d'ennemis  et 
de  pièges.  Il  parut  qu'il  tomba  sur  la  fin 
de  sa  vie  dans  un  étal  voisin  de  l'aliéna- 
tion. Fauche-Borel ,  après  avoir  fait  phw 
sieurs  voyages  à  Paris  sans  réussir  à  amé- 
liorer sa  position  ,  mil  lin  à  ses  jours  en 
*82y  en  se  précipilant  d'une  fenêtre  de  sa 
maison  sur  le  pavé.  Dans  une  lettre  écrite 
ûvorit  sa  mort .  il  déclarait  pardonner  à  ses 
ennemis,  rcconnnandait  son  âme  à  Dieu, 
ei  lui  detnandail  pardon  de  ses  péchés.  U 


FAU 


hO 


FAU 


avait  publié  en  1828  de  nouveaux  mé- 
tunùrs^  4  vol.  in-8",  avec  portrait  et 
(jiavures;  onassurc  quec'estM.  AIi)!iouse 
de  Bcaucliainp  qui  les  avait  rédi^^és  d'a- 
près ses  notes.  Fauciie-Borel  a  publié 
aussi  des  Notices  sur  les  généraux  Piche- 
gru  et  Morcau,  Londres,  1807,  in-S". 

FAllCllET  (  Claude  )  ^  président  à  la 
cour  des  monnaies  de  Paris,  sa  patrie,  na- 
ijuit  vers  l'an  1529.  Il  chercha  avec  beau- 
coup de  soin  et  de  succès  les  antiquités 
de  la  France.  Pendant  le  siège  de  Sienne, 
en  ib'ôo,  le  cardinal  de  Tournon  l'envoya 
au  roi  pour  prendre  ses  ordres.  Cette  dé- 
putation  lui  ouvrit  la  porte  déshonneurs, 
mais  non  celle  de  la  fortune.  Il  mourut  en 
iCOl,  à  7i2  ans,  laissant  tant  de  dettes, 
qu'il  fallut ,  pour  les  acquitter,  vendre  sa 
charge.  Tous  ses  ouvrages  furent  impri- 
més à  Paris  en  IGIO  ,  in-4".  Les  plus  cu- 
rieux s<}nt  :  I  Jniiquités gauloises  et  fran- 
çaises ;  la  première  partie  contient  les 
choses  arrivées  jusqu'à  la  venue  des 
Francs  ;  la  deuxième  contient  les  choses 
avenues  en  France,  depuis  Pliaramand 
jusqu'à  Hugues-Capet.  |  Les  noms  et  som- 
maires des  œuvres  de  six-vingt  et  sept 
poètes  français;  \  un  Traité  des  libertés 
(le  l'église  gallicane  ;  \  un  autre  de  l'origine 
des  chevaliers,  armoiries,  etc.  ;  \  L'origine 
des  dignités  et  m.agistrats  en  France  ^ 
IGOO ,  in-8°;  |  De  la  ville  de  Paris.  Il  y  a 
dans  ces  différens  traités  mille  choses  cu- 
rieuses et  qu'on  chercherait  vainement 
ailleurs  ;  mais  il  y  en  a  aussi  beaucoup  à 
ajouter,  ou  à  corriger.  Le  style  est  dur, 
barbare  et  incorrect. 

FAUCllKT  (  CKAUnE),né  à  Dorne  , 
diocèse  de  Nevers,  le  22  septembre  1744  , 
embrassa  l'état  ecclésiastique,  fut  précep- 
teur des  enfans  du  marquis  de  Choiseul , 
frère  du  ministre  ,  et  entra  ensuite  dans 
la  communauté  des  prêtres  de  la  paroisse 
deSl.-Roch  à  Paris.  Ayant  été  interdit 
par  l'archevêque  ,  il  lit  différens  person- 
nages. Il  parvint  par  ses  intrigues,  autant 
que  par  ses  talens  ,  et  un  genre  d'esprit 
tout-à-fail  singulier  ,  plein  de  contrastes 
et  de  disparates  ,  à  être  prédicateur  ordi- 
naire du  roi,  vicaire-général  et  chaiaoine 
honoraire  de  Bourges,  abbé  cominanda- 
taire  de  Montfort ,  etc.  La  révolution  le 
mit  à  même  de  donner  l'essor  à  ses  mau- 
vaises qualités;  il  y  joua  un  rôle  bruyant  : 
le  14  juillet  1789  ,  on  le  vil  un  sabre  à  la 
main. s'avancer  trois  fois  à  la  Icte  des  as- 
.«^aillaris  :  donnant  des  ordres,  et  faisant  des 
discours  :  Il  devint  ensuite  évêque  schis- 
inulique  du  Calvados  (  ainsi  nommé  d'un 


rocher  de  la  Manche  contre  lequel  échoua 
le  Calvados,  vaisseau  de  la  fameuse  flotte 
de  Philippe  II  ) ,  et  se  signala  par  divers 
écrits  où  se  trouventdes  vérités  fortement 
énoncées  ,  à  côté  des  plus  monstrueuses 
erreurs  :  tels  sont  le  Discours  sur  la  reli- 
gion nationale,  Paris ,  1789  ,  in-S»  (  vogez 
D0MI3NIS)  ;  |  trois  discours  sur  la  liberté 
humaine,  178!);  |  VOraison  funèbre  de 
l'abbé  de  IJEpée,  1790  ;  ]  Eloge  civique  de 
Francklin,  1790  ;  |  Sej-mon  sur  Va'ccordde 
la  religion  et  de  laliberté  ,  17J1,  etc.  Le  6 
avril  1792  ,  lorsqu'un  décret  supprima  le 
costume  ecclésiastique ,  l'abbé  Fauchet 
déposa  sur  le  bureau  sa  calotte  et  sa  croix, 
et  ses  confrères  imitèrent  son  exemple  : 

c'était  le  vendredi  saint !   Cependant 

lorsqu'il  vit  la  chute  du  trône,  et  qu'il  lui 
fut  impossible  de  se  méprendre  sur  le  but 
du  parti  dominant,  contre  la  religion  ,  il 
prit  une  marche  rétrograde  ,  se  déclara 
contre  le  mariage  des  prêtres  ,  et  pro- 
nonça, lors  du  procès  de  Louis  XVI ,  un 
discours  courageux  pour  le  temps ,  où  il 
combattit  ceux  qui  voulaient  la  mort  du 
roi,  et  leur  dit  des  vérités  assez,  hardies, 
entremêlées  pourtant  des  phrases  alors  en 
usage  contre  le  tgran  et  la  tijrannie.  Dans 
les  différens  appels  nominaux  ,  il  vota 
toujoiu's  pour  le  parti  le  i)lus  favorable. 
Depuis  il  s'attacha  au  parti  fédéraliste ,  et 
lutta  avec  courage  contre  Marat  et  Robes- 
pierre. Ayant  été  accusé  de  conspiration 
contre  le  parti  jacobin,  devenu  dominant 
à  la  Convention  nationale,  il  fut  condamné 
à  mort  ,  et  périt  sous  la  guillotina  ,  le  51 
novembre  1795,  après  avoir  abjuré  ses 
erreurs ,  et  s'être  confessé  à  un  prêtre 
vertueux,  renfermé  avec  lui  à  la  Concier- 
gerie ,  et  qui  avait  eu  le  bonheur  de  le 
faire  rentrer  en  lui-même  (  voyez  les 
u4)males catholiques,  Voxn.lv,  p,  1G9  ).  Dans 
les  temps  antérieurs  à  la  révolution ,  il 
avait  prononcé  à  l'académie  française  un 
pa)iégijrique  de  saint  Louis  ,  et  avait  fait 
VOraison  funèbre  du  duc  d'Orléans,  père 
d'Egalité  ,  et  de  Phéhj}yeaux  d' Ilerbaud , 
archevêque  de  Bourges  ;\  un  Discours  sur 
les  mœurs  rurales.  On  peut  consulter  les 
Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  de  l'é- 
glise constitutionnelle,  on  Lettre  à  Claude 
Fauchet,  oii  l'on  trouve  un  précis  de  ses 
crimes  et  de  ses  erreurs,  Liège,  1793, 
in-S".  Voyez  le  Jeurnal  hist.  et  litt.  ,  13 
décembre  1795,  p.  i'r). 

FAl'CHKLK  (  MjcuELle  ),  ministre 
protestant ,  fut  appelé  de  IMontpellier  à 
Charenton.  Son  éloquence  ne  fut  paa 
moins  admirée  à  Paris  qu'en  provincû. 


i 


F  AU  4J 

i,a  lU  I,aK»trrcdll,au5«»rlir«l'un 
I  liions  sur  Iriliicl.  «  que  si  on  lui 
.V  II  un  rarlcl .  il  le  refuserait.  »>  Il 
mourut  à  Paris  en  HkJ  .  estiuio  des  ca- 
tholiques et  des  proleslans.  Sa  probité  ne 
In  <  c  '     •  i;cnie.  Ou  doit  à  sa 

pin  M-  qu'éloquente:  {un 

y»,',  :,   i orateur,   Leydc  . 

If»8*>.  inlii,  iuipiiuié  d'al)ord  sous  le  nom 
de  Conrart  .  ouvrage  estimé  ;  |  des  ser- 
vions suntifférens  textes  dtf  ('/.'rriture . 
In-8":|  Ihicrt'settncililatinns  clirctienncs : 
I  un  Traité  df  l'/.'nrharistie  ,  contre  le 
cardinal  du  Perron.  Genève.  iCyTxi.  iri-fol. 
imprimé  aux  dépens  des  églises  réformées, 
IKir  ordre  du  svuode  national. 

•  FVrGÈUIS  (  M\R<.i  EniTE  BLEEC- 
Kr.R  ) ,  dame  poèlc,  née  en  1771  ,  dans 
un  village  des  Etats-Unis,  perdit  sa  mère 
tic  bonne  heure,  et  épousa  un  médecin  de 
New-Yorrk.  qui  dissipa  sa  fortune,  et  mou- 
rut en  1798  de  la  lièvre  jaune.  BI""=  Fau- 
gères  se  consacra  alors  à  l'éducation  des 
jeunes  demoiselles,  et  mourut  en  1801. 
On  trouve  un  grand  nombre  de  ses  poé- 
sies dans  le  Muséum  américain .  et  dans 
ia  Magasin  de  Netty-Yorck.  En  1795  .  elle 
avait  public  une  tragédie  de  liélisaire  , 
qui  a  obtenu  quelques  succès. 

•  FAl'J  VS  DE  S  \I\T-FO\n  (Bartiié- 
LEHi  ) .  savant  géol«>gue  ,  administrateur 
du  jardin  du  roi,  né  à  Monlelimar  le  17 
mai  1741.  étudia  le  droit  à  Grenoble,  et 
ne  tarda  pas  à  se  distinguer  dans  la  pro- 
fession d'avocat  ;  mais  entraîné  dans  une 
autre  carrière  par  son  goùl  pour  la  miné- 
ralogie ,  il  s'occupa  d'explorer  les  Alpes  , 
et  le  lit  en  véritable  naturaliste.  Des  177(> 
Faujas  entretint  une  correspondance  avec 
Buffon.  Après  avoir  publié  ses  premiers 
ouvrages,  il  fut  nommé  .  en  1779  ,  adjoint 
au  jardin  du  roi ,  et  en  1785  commissaire 
du  roi  pour  les  mines.  11  avait  découvert, 
en  1775 ,  dans  les  moulagnt^s  de  (Jïenii- 
vary  en  Velay,  luie  riche  mine  de  pouzz.o- 
lanne  qu'il  lit  ouvrira  ses  frais,  et  lit 
faire  cher,  lui  des  essais  en  tout  genre, 
dont  le  gouvernement  employa  les  pro- 
duits pour  le  port  de  Toulon  et  dans  di- 
Tcrses  constructions.  I/intérét  qu'il  por- 
tait aux  sciences,  l'engajjeait  chaque  année 
i  parcourir  diverses  parties  de  la  France 
et  des  étals  voisins ,  et  chaque  fois  il  faisait 
de  nouvelles  découvertes.  Buffon  avait 
obtenu  q\ie  Faujas  fut  son  successeur  ;  il 
devint  en  conséquence  professeur  An  géo- 
logie au  jardin  du  roi .  cl  s'occupa  de  la 
mrihodc.  de  la  base  et  des  démonstrations 
maUKnali«iues  de  celle  science  qui  avait 


F  AU 

paru  li  long-tcmpsconjcrhii  .ii<  ,  .1 ,.  .msSi 
enrirlii  le  Mu>euin  d'iiisloire  naturelle 
d'une  foule  d'objets  précieux  ,  fruit  de  ses 
recherches  et  de  ses  voya.res.  On  lui  doit 
particulièrement  la  déconverlc  de  la  fa- 
rine fossile  et  celledclaminc  de  fer  delà 
Voùlc.  département  de  l'Ardèche,  tme  des 
plus  ricîies  qui  exi>>teiil  .et  dont  l'exploi- 
tation est  si  utile  pour  les  poi is  de  la  Mé- 
diterratu-e.  Faujas  de  Sainl-Fond  t^l  mort 
le  18  juillet  1819.  laissant  un  grand  nom- 
bre d'ouvrages  parmi  li;s((uels  nous  cite- 
rons I  Mémoires  sur  des  bois  île:  cerf  fossi- 
les trouvés  dans  les  environs  de  Monleli- 
mar .  Paris,  1770,  petit  in-/*"  ;  |  Recher- 
ches sur  les  volcans  éteints  du  f'ivarais 
et  du  yelay  ,  1778,  in-folio;  l'auteur  y 
développe  su  théorie  sur  la  formationdcs 
volcans,  théorie  qui  repose  sur  la  nature 
chimique  de  l'eau  qui ,  suivant  ce  géolo- 
gue, doit  être  infailliblement  en  comnui- 
nication  avec  le  foyer  des  volcans  qu'elle 
entrelient  par  sa  décomposition.  |  Histoire 
universelle  de  la  province  du  Dauphiné. 
1781  ,  in-8"  ,  avec  lig.  ;  |  Description  des 
expériences  de  la  machine  aérostatique 
de  MM.  Mongolfier  .  Paris .  l/Hr^  et  1784  , 
2  vol.  in-8".  Cet  ouvrage  est  le  plus  com- 
plet sur  celte  matière.  |  Minéralogie  des 
volcans,  1784 ,  in-8"  ;  |  Histoire  naturelle 
des  roches  de  Trapp.  1788  .  in- 12  ,  1813. 
in- 12  ;  |  foyage  en  Angleterre  ^en  Ecosse 
et  aux  iles  Hébrides  .  oit  l'on  trouve  la 
description  détaillée  de  la  grotte  d"  Fin- 
gai.  Paris,  1707,  2  vol.  iri-8",  avecligures, 
traduit  en  anglais  et  en  allemand  ;  |  His- 
toire naturelle  de  la  montagne  de  St.- 
Pierre  de  Maè'stricht .  Paris.  1798,  grand 
in-i"  avec  .^/i  planches  ;  |  Essai  de  géo- 
htgie ,  ou  Mémoire  pour  servir  à  l'his- 
toire naturelle  du  globe ,  Paris  ,  1803  et 
1809,  in-8",  avec  ligures.  Il  a  aussi  laisse 
des  manuscrits  sur  le  passage  du  Rhône 
et  des  Alpes  par  Annibal.  sur  la  fontaine, 
de  J'aucluse.  et  un  grand  nombre  de  Mé- 
moires relatifs  à  \ai  géologie  ci  à  quelques 
autres  questions  d'histoire  naturelle,  in- 
sérés dans  les  Jnnales  du  Muséum  d'his- 
toire naturelle.  M.  Freycinet,  an>i  de 
Faujas ,  a  publié  :  Kssai  sur  la  vie .  les 
opinions  et  les  ombrages  de  B.  Faujas  de 
Saint-Fond,  administrateur  du  jardin  du 
roi^  Valence,  1820,  ir»-/»". 

FAULCO.\.\IKU  (  Pierre), grand-bailli 
de  la  ville  de  Dunkerque  .sa  patrie,  pré- 
sident de  la  chambre  de  cominercc  .  s'ac- 
quitta avec  beaucoup  de  r.èle  et  de  désin- 
léressemcnl  des  fonctions  de  ces  charges 
pendant    près  de  tiO  ans  ,  et  tnuurul   en 


FAU  i2 

I7"i).  Nous  avons  de  lui  une  Description 
fiisfori//iic'  de  Dankerque.  Bruges,  1750,  2 
vol.  iu-lol.,  avec  lig.  ;  le  style  en  est  peu 
ffiîiert. 

FAUn  (  Gui  du  ),  seigneur  de  PIBRAC, 
naquit  l'an  1528  à  Toulouse,  d'une  famille 
illustre,  et  parut  avec  éclat  dans  le  bar- 
reau de  celte  ville.  Il  voyagea  dans  sa  jeu- 
nesse en  Italie,  pour  se  perfcclionncr 
dans  la  connaissance  du  droit.  De  retour 
dans  sa  pairie,  il  fut  élu  juge-mage.  Dé- 
puté aux  états  d'Orléans  en  lo60  ,  au  nom 
«le  la  ville  de  Toulouse,  il  présenta  au  roi 
le  cahier  des  doléances  qu'il  avait  com- 
posé lui-même.  Quelque  temps  après, 
Charles  IX  le  cliolsit  pour  être  un  de  ses 
ambassadeurs  au  concile  de  Trente.  Il  y 
soutint  avec  beaucoup  d'éloquence  les  in- 
lérêls  de  la  couronne  et  les  libertés  de 
l'église  gallicane.  Le  chancelier  de  l'Hô- 
pital, pénétré  de  son  mérite,  lui  fit  donner 
la  charge  d'avocal-général  au  parlement 
de  Paris  en  lo63.  Pibrac  lit  renaître  la 
raison  et  l'éloquence  dans  le  barreau,  livré 
depuis  long-temps  à  la  barbarie  et  à  l'in- 
décence. En  lo70,  il  fut  nommé  conseiller 
d'état.  Deux  ans  après,  il  composa  sa  cé- 
lèbre Apologie  de  la  Saint-Barlhélemi  ; 
u)ais  on  croit  qu'il  ne  se  prêta  à  cet  acte , 
si  opposé  à  la  douceur  de  son  caractère  , 
qu'après  y  avoir  été  contraint  par  des 
ordres  supérieurs.  Le  duc  d'Anjou  ayant 
eu  la  couronne  de  Pologne,  Pibrac  accom- 
pagna ce  prince,  et  répondit  pour  lui  aux 
harangues  de  ses  sujets.  Le  nouveau  roi 
ayant  appris  la  mort  de  son  frère  ,  quitta 
secrètenjcnt  la  Pologne  ,  laissant  à  Cra- 
covie  Pibrac  exposé  à  la  colère  des  Polo- 
nais qui  furent  près  de  se  venger  de  la 
fuite  du  roi  sur  la  personne  de  son  mi- 
nistre. Il  retourna  heureusement  en 
France,  d'où  on  le  renvoya  en  Pologne, 
pour  tâcher  de  conserver  la  couroniie  à 
son  maitre  :  ce  qui  ne  réussit  pas.  11  lut 
plus  heureux  à  son  retour  en  France  ,  où 
il  procura,  entre  la  cour  et  les  prolestans, 
un  traité  de  paix  ,  dont  il  fut  l'arbitre , 
comme  il  en  avait  été  l'auteur.  Henri  III 
lui  domia,  pour  prix  de  ses  services,  une 
cljarge  de  président  à  mortier.  La  reine 
«le  Navarre  et  le  duc  d'Alençon  le  choisi- 
rent pour  leur  chancelier.il  mourut  en 
1384,  à  l'âge  de  5G  ans  ;  et  la  France  per- 
dit im  grand  magistrat  et  un  bon  écrivain. 
11  nous  reste  de  lui  plusieurs  ouvrages  en 

des 


FAU 

Barlhélemi,  1373  ,  in-Zi".  Outre  ces  ccFÏts 
peu  connus  aujourd'hui,  on  a  ses  quU' 


vers  et  en  prose  :  |  Des  plaidoyer, 
harangues^  in-4°  ,  |  un  Discours  de  l'àine 
et  des  sciences,  adressé  au  roi  ;  |  une  belle 
leUrt  latine  sur  le  massac?'e  de  la  Saint- 


trains,  que  tout  le  monde  connaît  ;  la  pre- 
mière édition  est  de  157/t,  et  la  dernière 
de  1746  .  in-l2.  La  matière  de  ces  petites 
productions  est  la  morale;  leur  caractère, 
la  simplicité  et  la  gravité.  Pibrac  a  réuni 
dans  les  siens  ces  deux  qualités  ;  l'utile  et 
l'agréable  y  sont  mêlés  avec  goût.  Ses 
quatrains  furent  d'abord  traduits  en  grec 
par  Florent  Chrétien,  et  par  Pierre  Du- 
moulin ;  d'autres  écrivains  les  mirent  en 
vers  latins  ;  enlin  ils  passèrent  dans  les 
langues  turque  ,  arabe  et  y)ersane.  Les 
Français  leur  firent  un  aussi  bon  accueil 
que  les  étrangers.  On  les  faisait  apprendra 
l)ar  cœur  aux  enfans  ;  et  malgré  leur  vieil- 
lesse, on  les  lit  encore  aujourd'hui  avec 
quelque  plaisir. 

1  AllU  DES\!^T-JOUP.I  (Pieure  du), 
preuiier  président  au  parlement  de  Tou- 
louse, mort  d'ap(jplexie  en  prononçant  un 
arrêt  en  IGOO  ,  âgé  de  (JO  ans  ,  a  laissé  un 
grand  nombre  d'ouvrages ,  monumens  do 
son  érudition.  Ceux  que  lessavans  lisent 
avec  le  plus  de  fruit  sont  :  |  Dodecame- 
ron,  si<,>e  de  Dei  nomine  et  atlribulis  , 
lu88,  in-8°,  écrit  estimable  ,  qui  renferme 
quantité  de  passages  des  Pères  grecs  et 
latins,  éclaircis  ou  corrigés  ;  ]  trente-trois 
livres  latinsdesS6^/n<?67/-<?5,en2  vol.  in-.'j.", 
1598  et  1650  ,  plusieurs  fois  réimprimé. 
On  y  trouve  beaucoup  de  recherches  et 
de  questions  éclaircies.  |  Des  jeux  gym- 
niques des  ancien  s.  inniii  aussi  savant  que 
le  précédent,  in-foL  1595.  II  y  a  beaucouj) 
à  apprendre  dans  ces  différens  ouvrages; 
mais  il  faut  y  cbercher  linstruclion  ,  et 
non  le  plaisir.  11  y  règne  quelquefois  de  la 
confusion,  et  le  style  n'est  pas  agréable. 

FAIIRE  (Charles  ) ,  abbé  de  Ste-Ge- 
neviève  et  premier  supérieur-général 
des  chanoines  réguliers  de  la  congrégation 
de  France  ,  vit  le  jour  à  Luciennes  ,  ])ro- 
che  St.-Germain  en  Laye  ,  d'une  fan)ille 
noble.  Il  entra  dans  l'abbaye  de  Saint- 
Vincent  de  Sentis  ,  et  la  réf(u-ma  par  ses 
conseils  et  par  ses  exemples.  Celte  réforme 
fut  suivie  de  celle  de  l'abbaye  de  Ste-Ge- 
neviève  de  Paris  ,  et  de  près  de  50  autres 
maisons.  Le  réformateur  fut  nommé  gé- 
néral de  cette  nouvelle  congrégation.  Il 
travailla  avec  des  peines  et  des  fatigues 
incroyables  à  rétablir  l'ancienne  disci- 
pline. Il  mourut  saintement  en  1644,  à  50 
ans,  laissant  une  Conduile pour  les  novices, 
et  d'autres  ouvrages.  La  conduile  a  été 
réimprimée  en  1775.  Le  Père  Chavtonnet 
a  publié  la  fie  du  Père  Faure  ,  en  1698,. 


FAU 

in  W.  Elle  roufenno  l'lii>l()irc  des  clia- 
itcs   rcfjulicrs  do  la  coni;i('({uliou    de 

.  .iicc,  cl  rc>niil  de  Irur  fonilalcur  que 
le  l'crc  Kuurc  availooiiiiiiencrlui-inrine. 
tlîe  »'5l  c'Ciile  iruuo  manière  édilianlo. 

FAlHi:  (Fr.vxvois),  cordelier  né  en 
16IS,  d  une  uncknno  famille  de  r,\n{j(»u- 
nn»is,  soiis-picrcpleur  de  Louis  XIV. 
évripie  «li't'.Inndî'ves.  i»ni.s  d' Amiens,  mort 
d'apipU-xie  â  Paris  le  11  mars  1087,  àjjé 
de  75  ans,  iiarvinl  à  l'épisixiiial  par  son 
talent  pour  lii  chaire.  C'est  luiijui  lit  celte 
application  du  vers  de  Virgile  à  la  reine. 
lorsq«ie  prèrh.inl  la  passion  à  Saint-Ger- 
inaJn-lAnKerrois  .  il  fut  dans  le  cas  de 
rceonnuciu'er  son  sermon  à  l'arrivée  de 
celle  jirincesse  : 

lofanctum  ,  rrgina  ,  jubci  renovare  dolorem  ! 

applical  ion  heureuse,  tuais  déplacée  quant 
à  la  sainteté  du  sujet  et  du  lieu.  On  a  de 
lui  plusieurs  oraiso/is  funèbres,  enlre  au- 
tres celle  d'Anne  d'Autriche  ,  qui  avait 
fait  beaucoup  de  cas  de  ses  lumières  et  de 
ses  vertus.  Celait  un  homme  de  bien  et 
d'un  grand  zèle  pour  l'orthodoxie  ;  les 
jansénistes  ne  lui  onl  pas  pardonné  d'a- 
voir censuré  les  Lettres  Provinciales  ,  et 
la  fameuse  traduction  du  nouveau  Testa- 
ment de  Mons. 

FAl'Ui:.  l'oyez  VERSORIS. 

*  Î-'AIUK  '  jKA\-B.\priSTE  )  .  jésuite, 
;uil  à  Rome  le  T6  octobre  1702  ,  de  |)a- 
rons  français  d'origine.  Il  (il  ses  études  au 
colléf^e  romain,  dirijjé  par  les  pères  jésui- 
tes, dont  il  prit  l'habit  le  50  mars  1758.  Il 
remplit  successivement  les  chaires  de 
philosophie ,  de  controverse  ,  de  théologie 
scolastiquc  ,  et  des  saintes  écritures.  Le 
Père  Faure  professa  pendant  trente  an- 
nées ,  et  fut  ,  sans  contredit,  le  premier 
Ihéologien  de  son  siècle.  Les  papes  Benoit 
XIV  et  Clément  Xlll  ne  dédaiijnaienl 
pas  de  le  consulter  datis  les  matières  les 
plus  graves.  Lors  de  la  suppression  des 
jésaites.  il  fut  enfermé  par  les  ordres  de 
Clément  XIV  dans  le  château  Saint-Ange, 
avec  plusieurs  chefs  de  son  ordre  ;  cl  on 
prit  cette  rigoureuse  mesure  envers  le 
père  Faure  ,  parce  que  l'on  craignait  que 
sa  plume  savante  ne  prit  la  défense  de  ce 
même  ordre  qu  on  venait  de  proscrire. 
Pic  VI,  en  rendant  la  liberté  aux  jésuites 
captifs,  permit  au  père  Faure  de  deujeu- 
rcr  dans  M»n  couvent  de  Jésus;  mais  les 
ennemis  des  jésuites  l'en  firent  bientôt 
rxpuIscT.  Il  se  relira  à  Vilerbe,  où  les  ha- 
titansluiûrcnt  l'accueille  plus  distingué. 
et  où  il  rédigea  en  i  vol.  in-4"  ,  une  Dé- 
fense du  famvax  décret  du  roi  Desidère , 


4.^  F.VU 

décret  si  honor:»ble  pour  celle  ville,  cl  qui 
existe  dans  son  palais  numicipal.  La  vie 
de  ce  pieux  ecclésiastique  était  partagée 
enlre  ses  devoirs  reliinieux  ,  .ses  éludes  et 
les  soins  qti'il  donnail  aux  pauvres  et  aux 
inlirmes.  Il  mourut  à  Vilerbe  lu  lli  .nvril 
1777,  ù;;é  do  7."»  ans.  On  lui  lit  de  ma^ni- 
rupies  funérailles  ;  son  poriruil  fut  placé 
tlans  la  (;rande  salle  du  [talais  municipal  , 
et  son  cli»gc  fut  pntnoncé  dans  l'académie 
littéraire  de  celte  ville.  Il  a  laissé  :  (  The 
Sfs  pnic'inicœ  ,  etc.  Jcccdil  i/issrrta/io  de 
cnpdutis  S.  Celestino  II  oliin  trihuli.i, 
etc..  Rome,  1754  ;  |  liissertalio pnleniica 
de  jure'  regnliœ  et  prhnarum  pœnarutn 
cniilra  puhlicistus  protestantes  ,  Rome  , 
l7oô  ;  I  Dissertaliopolonicainrecentiora 
quœdam  erronca  sijslemata  de  uioruni 
dof/matibus  ,  Rome  ,  17.'>3  ;  |  De  prari 
(juelphellanià  in  dilatione  sacranienlalis 
ahsolutionh  ;  \  Dissertalio  potemica  ndver- 
sus  Ildmuiidi  Richerii  politiam  ecelesius- 
ticani  ;  \  Thèses  theohujicte  et  polernicce 
de  jure  nalurœ  ne  gentiuin  coidra  Gro- 
tiu/n....  Hobhesum ,  Puffendorfiwn  ,  etc. 
Rou)e,  1757;  |  S.  yiugustini Encidridion... 
notis  et  assertionihus  theologicis  illuslra- 
/MW.Rome.  1755  ;  |  Conclusiones  univer- 
sœ  theolnifiœ.  Rome  ,  17C6  ;  \BreK'is  .tp- 
paratus  ad  tlieologiam  et  jus  canonicuni, 
Rome,  1751.  Kn  italien  :  |  Supplément  ^  ou 
Supplémens  aux  premières  animadver- 
sions  de  M.  Sampieri ,  dans  la  cause  du 
vénérable  Jean  Palafox  ;  \  A  l'auteur  des, 
deux  Lettres  intitulées  :  Avis  salutaires  . 
Naples,  1774  ;  |  deux  petits  ouvrajres  très 
intéressans  sur  la  dévotion  du  sacré  cœur 
de  Jésus;  |  Essais  théologiques  pour  for- 
mer un  errata  corrigé ,  Lugano  ,  1773  ; 
I  Jugement  impartial  sur  la  controverse 
entre  les  Pères  conventuels  et  les  obser- 
vantins .  ouvrage  posthume,  etc. 

•  FAIÎUIS  DE  SV1\T-VI\CE\T 
(  Alexwdue-Jules-Axtoine)  ,  président 
à  la  cour  royale  d'Aix ,  né  en  celte  ville 
dans  le  mois  de  seplembre  1750,  d'une 
famille  distinguée,  était  arrière-petit-lils 
de  Pauline  de  Grignan  ,  marquise  de  Si- 
miane,  et  petit-fils  de  xM""  de  Sévigné. 
Avant  la  révolution  il  était  itrésident  è 
mortier  au  parlement  de  Provence,  et  il 
occupa  cette  place  jusqu'à  la  suppression 
des  cours  souveraines.  Pendant  les  pre- 
enières  années  de  nos  troubles  poliliques, 
il  fut  maire  de  sa  ville  natale.  Le  dépar- 
lement des  Houches-du-Rhone  le  nomma 
en  180'.»  depulé  au  Corps  iégislalif,  d'où  il 
I>assa  en  1814  à  la  chambre  des  députés.  I! 
ne  parut  guères  à  la  tribune  que  pour  de- 


FAU  Ml 

mander  la  franchise  du  port  de  Marseille. 
Nomme  au  mois  de  juin  18U  ,  prési- 
dent à  la  cour  impériale  d'Aix ,  il  fut  con- 
tinué dans  les  mêmes  fonctions  à  la  cour 
royale  reformée  par  Louis  XVIII.  Fauris 
de  Saint-Vincent  consacra  ses  momens  de 
loisir  à  l'élude  des  sciences  et  surtout  de 
l'archéologie.  Il  est  morl  à  Aix  ,  le  15  no- 
vembre 1819,  dans  sa  yO"  année,  lais- 
sant une  ricl)e  collerlion  de  médailles  et 
plusieurs  écrits  estimés,  parmi  lesquels 
on  remarque:  |  Mémoires  sur  l'ancienne 
posilioti  de  la  cité  d' J iv ,  V&ris  ,  1812  ; 
I  Notice  sur  les  lieux  où  les  Cimbrcs  et  les 
Teutons  ont  été  dé  faits  par  Marius .  et  sur 
le  séjour  et  la  domination  des  Goths  en 
Provence,  Paris,  1814.  ;  |  Mémoire  sur  l'é- 
tat des  lettres  et  des  arts,  et  sur  les  mœurs 
et  usages  suivis  en  Provence  dans  le  io* 
siècle,  Paris,  1814  ;  |  Métnoire  sur  les  bas- 
reliefs  des  murs  et  portes  extérieures  de 
Notre-Dam.e  de  Paris  ,  et  sur  les  bas-re- 
liefs intérieurs  du  chœur  de  la  même 
église,  Aix,  1815,  etc.  L'académie  des  In- 
scriptions et  belles -lettres  avait  récom- 
pensé les  efforts  de  ce  savant  en  le  pla- 
çant le  7  août  1816,  sur  la  liste  de  ses 
membres  associés  libres. 

FAUST.  Voxjez  FUST. 

FAUST  A  (  Flavia  Maxiuiana  ) ,  fille 
de  Maximilien  Hercule,  et  femme  de  l'em- 
pereur Constantin.  Dans  les  premiers 
temps  de  son  mariage,  elle  fut  un  modèle 
de  vertu  ;  mais  la  suite  ne  répondit  pas  à 
de  si  heureux  commencemens.  Toutes  les 
passions  s'allumèrent  tout  à  coup  dans 
son  cœur.  Elle  s'abandonna  aux  personnes 
les  plus  viles,  jeta  des  regards  incestueux 
sur  Crispe  ,  fils  de  Constantin,  et  ne  put 
l'attendrir.  Irritée  de  sa  résistance,  elle 
joignit  la  calomnie  à  l'inceste,  et  l'accusa 
auprès  de  l'empereur  d'avoir  voulu  la 
violer.  Elle  fit  mettre  à  mort  ,  par  cette 
imposture  ,  celui  qui  avait  refusé  de  se 
souiller  d'un  crime  horrible.  Constantin, 
instruit  trop  tard  de  ses  débauches  et  de 
sa  scélératesse,  vengea  la  mort  de  son  fils, 
et  son  propre  honneur  si  cruellement  ou- 
tragé. 11  la  fit  étouffer  dans  un  bain  chaud, 
l'an  527  de  Jésus-Christ. 

FAUSTE,  évêque  de  Riez  ,  né  vers  l'an 
590  ,  dans  la  Grande-Bretagne  ,  quitta  le 
barreau  où  il  brillait,  pour  s'ensevelir 
dans  le  monastère  de  Lérins.  lî  en  fut 
abbé  vers  l'an  455,  lorsque  saint  Maxime 
quitta  ce  poste  pour  gouverner  l'église  de 
Riez.  Il  lui  succéda  dans  cet  évêché  vers 
4ao,  fut  exilé  en 481,  et  mourut  vers  l'an 
4&î>.  On  a  de  lui  un  Traité  du  libre  arbitre 


FAU 
et  de  la  grâce  ,  où  il  relève  trop  les  forces 
de  la  nature;  et  d'autres  ouvrages,  dans 
la  Bibliothèque  des  Pères.  Le  nom  de 
Fauste  était  autrefois  dans  le  Catalogue 
des  saints  de  Gennadius  ;  mais  Molanus 
(  De  Martrjrologiis,  cap.  15  )  a  montré 
qu'il  n'avait  jamais  été  mis  dans  le  Cata- 
logue des  saints  par  l'église  romaine  ,  et 
qu'il  ne  se  trouve  j)as  dans  le  Martyrologe 
<lUsuard.  Simon  Bartel  ,  auteur  d'une 
Histoire  chronologique  des.évèques  d« 
Riez  ,  a  mis  à  la  fin  de  son  ouvrage  inie 
Apologie  de  Fauste,  que  les  curieux  poui- 
ront  consulter. 

FAUSTIXE  {Annia  Galcria  Faustina), 
née  l'an  104  ,  d'Annius  Verus ,  préfet  de 
Rome  ,  joignait  à  la  splendeur  d'vme  ori- 
gine très  distinguée  ,  xme  beauté  parfaite 
et  un  esprit  fin  ,  délié  et  insinuant.  Elle 
épousa  Antonin  ,  long-temps  avant  qu'il 
parvînt  à  l'empire.  L'envie  de  plaire  et 
le  goiit  pour  la  volupté  l'engagèrent  d'a- 
boid  dans  la  galanterie  ,  et  ensuite  dans 
un  libertinage  effréné.  Elle  devint  la  fable 
de  Rome.  Antonin  ,  instruit  de  ses  dé- 
bauches, se  contenta  d'en  gémir.  Elle 
mourut  comme  elle  avait  vécu  ,  dans  le 
dérèglement,  l'an  141.  Antonin  lui  fit  éle- 
ver des  autels  et  des  temples.  Faustine  sa 
fille,  dont  nous  allons  parler,  se  forma  sur 
l'infâme  modèle  de  sa  mère. 

FAUSTI.\E  {Annia  Faustina  ),  dite 
Faustine  la  Jeune,  fille  d'Antonin  le  Pieux 
et  de  la  précédente  ,  épousa  l'empereur 
Marc-Aurèle.  La  nature  lui  avait  accordé 
la  beauté,  l'esprit  et  les  grâces  ;  elle  abusa 
de  ses  dons.  Du  plaisir  elle  passa  à  la  dé- 
bauche ,  et  de  la  débauche  aux  derniers 
excès  de  la  lubricité.  Le  sénateur  et  le 
chevalier  romain  étaient  confondus  chez 
elle  avec  l'affranchi  et  le  gladiateur. 
Pour  mettre  le  comble  à  ces  horreurs, 
elle  s'abandonna  à  son  gendre  ,  et  écouta 
sans  rougir  les  reproches  que  lui  ea 
fit  sa  fille.  Il  ne  lui  resta  aucune  trace 
de  pudeur.  On  assure  que  son  mari ,  in- 
struit de  ses  déréglemens  ,  feignit  de  les 
ignorer  ;  qu'il  alla  même  quelquefois  jus- 
qu'à récompenser  ses  amans  ;  et  que  lor.s- 
qu'on  lui  conseilla  de  la  répudier ,  il 
répondit  :  «  H  faudrait  donc  que  je  lui 
«rendisse  sa  dot,  »  c'est-à-dire  l'euv- 
pire.  Réponse  peu  assortie  aux  brillantes 
idées  que  les  auteurs,  les  modernes  sur- 
tout ,  nous  font  concevoir  de  Marc-Au- 
rele.  On  ajoute  que  ce  prince  philosoplie 
éleva  aux  grandes  charges  de  l'empire 
ceux  qui  souillaient  sou  lit,  et  que  le  peu- 
ple ne  manquait  pas  d'en  rire.  Faustine , 


FAU 

nj;il,;i  <•  <»■•*  tl»l">riliMni'ns  nuMiMi  m  u  x.  iy<> 
lit»nori'c  dans  1rs  IriupU'S  coininc  un«  tli- 
viniJé.  On  inslilua  on  son  lioniu'ur  les 
félcs  faustinicnura  ;  cl  des  prélros  iniT- 
rcnairos  liri-nl  fuinrr  l'iMirens  h  Inutcl  do 
celle  pn>sliiut"f.  avec  aulaiit  de  pn)fiisi«)n 
qu'à  relui  de  Diane,  la  déesse  des  vier- 
ges. Dos  médailles  furent  faites  en  son 
honneur  :  elle  y  porte  le  litre  de  Diva .  nia- 
trrcastorum.  ptuiicitia.  légende  élran'^jo 
l»our  une  prostituée.  Klle  mourut  l'an 
175  au  bourg  de  flalala,  situé  mi  pied  du 
mont  Taurus.  Jaecjuos  IMarchand  a  fait 
de  vains  efforts  pour  la  juslilier.  dans  une 
dissertation  réfutée  d'avance  par  tous 
les  touioignages  de  l'ancieune  histoire. 

FAl'STIM-:  (  Maxima  Fanalina  )  . 
femme  de  l'empereur  Constance  .  Hls  du 
grand  Constantin ,  fut  mariée  à  ce  prince 
en  3<>l.  après  la  mort  d'Kusébie  ,  et  resta 
enceinte  d'une  fille  nouunée  Constant ia  . 
qui  fut  depuis  mariée  à  l'outpereur  Gia- 
tien.  C'est  cette  princesse  dont  on  voit 
le  buste  sur  le  bel  onyx  conservé  dans  le 
trésor  de  Saint-Lambert  à  Liège ,  une  des 
précieuses  anlicfues  qu'on  puisse  voir  en 
ce  genre. 

FAl'STl'S  (  Ji:a\\  fameux  nccroman- 
riendans  le  commencement  du  16*  siècle, 
que  queliiues-uns  disent  natif  de  la  Soua- 
bc  ;  d'autres  d'Auhalt .  et  d'autres  encore 
de  la  Marche  de  Brandebourg,  près  de 
Salï-.vvedel.  .Son  père  était  un  paysan,  qui 
envoya  ce  fils  à  ses  parens  à  Wiitenbcrg  , 
où  il  fréquenta  le  collège  cl  s'altira  par 
son  esprit  l'affection  de  tous  ceux  qui  le 
connaissaient.  A  l'âge  de  10  ans  ,  il  alla  à 
Ingolstadl  pourv  étudier  la  théolo;yie,  el 
3  ans  après  il  prit  le  de(;ré  de  maitrc-ès- 
arlj.  Il  quitta  ensuite  la  théologie,  et  s'ap- 
pliqua, avec  une  assiduité  extraorditiaire 
à  la  médecine  .  et  à  l'asti ologie  judiciaire. 
Philipi»c  Caun-rarius  dit  qu'il  étudia  la 
magie  à  Cracovie*.  où  il  assure  qiion  en 
donnait  alors  des  Ic«;ons.  Pondanl  cet  in- 
tervalle de  temps  ,  Faustus  hérita  des 
biens  considérables  de  son  oncle  paternel 
qui  mourut  à  Witteubcrg.  Il  employa 
col  héritage  à  la  débauche,  s'adonna  en- 
tièrement à  toutes  sortes  de  sortilèges  et 
•ux  conjurations  des  esprits  ,  et  se  pour- 
vut de  tous  les  livres  magiques.  Jean  Wa- 
Ijner  ,  lils  d'un  prêtre  de  Wasserbourg  , 
fut  le  domestique  fidèle  qu'il  se  choisit, 
et  à  qui  il  communi(]ua  tous  ses  secrets. 
Fauxtus  se  servit  aussi,  pendant  deux  ans, 
des  instructions  de  Christophe  Kayllin- 
ger,  fameux  crisloUomancien.  Enfin,  lin- 
i«.riiiné  Fauslu»  conjura.,  dil-tjn,  le  démon, 


PAU 

•i »     a>..      lui    jMIur    *i/i     .111^    ,  rt    (Il   ti'^Ul 

un  esprit  familier  pour  son  service, 
nomuu^  Mrplii.stnphélrs.  On  rappfjrle  que 
Faustus  joua  d«-s  tours  surprenans  à  la 
cour  de  fempereur  Maximilien  ;  mais 
(lu'à  lu  fin  le  démon  l'étrangla  et  le  d^;- 
rhira  d'une  manière  effroyable  dans  le 
village  de  Rimlich.  Il  avait  alors  k{  ans. 
George  Rodolphe  Wiedeman  raconte  tout 
Cela  dans  l'histoire  de  la  Vie  de  Jean 
Fuusius  ,  qui  sans  doute  paraîtra  fort  sin- 
gulière ;  mais  que  les  auteurs  contempo- 
rains, ceux  même  qui  ne  passent  ni  pour 
crédules  ni  |iour  superstitieux,  rapportent 
comme  indid)itable.  Le  fameux  Mélan- 
chthon  ,  qui  vivait  dans  ce  temps-là,  en 
parle  connue  d'une  affaire  notoire.  Et 
dans  notre  siècle ,  où  la  philosophie  a 
long-temps  ri  de  ces  sortes  d'histoires  , 
on  la  voil  courir  elle-même  avec  une 
criminelle  curiosité  après  loulcc  qui  peut 
les  reproduire  (  i  ).  Voyez  ASMODKE , 
BRUN  (  le  ) ,  BROWN  (  Thomas  ) ,  DE [.- 
RIO,  etc. 


(:)  M.  d'ArchtnhoIi  ,  dans  son  Tableau  de  l'An- 
gleterrr  ,  Pari»,  1788,  fait  mention  d'un  docteur  Fal- 
kon  ,  qui  peut  être  considéré  comme  le  pendant  de 
F.iustus.  •  Il  y  a,  dil'il,  parmi  cette  Dation  un  homme 

•  extraordinaire  ,  qui  ,  depuis   trente   ans  est  célèbre 

•  dans    les   annales  cabalisliqurt.  Il    se   nomme  Cai'n 

•  Cheniil  Falk,  et  est  connu  généralement  sous  le  nom 
.   de  docteur  Falkon.  Un  certain   comte  de  Ranior», 

•  mort  drpiiis  peu  au   service  de  France  comme  ma - 

•  rrchal   de   camp,  assure  dans  ses   mémoires    caba. 

•  lisliqurs  ,  majjiqucs  ,  etc.,  avoir  vu  ce  Falk  dans 
.   le  pays  de  lîrunsvA-ick  ,  sur   une  des    terres  de  son 

•  père  ,  en  présence   dr  beaucoup  de  personnes  con- 

•  nues,  qu'il  nomme    toutes  el    qu'il  prend  .H  témuin 

•  de  la    vérité  de  ce  qu'il   avance.  Falk  s'cst-il  servi 

•  dans    ente   opération  de    la    méthode    de    Schro- 

•  pferFJe  n'en    sais    rien.  Ce  qu'il  y   a  de   certain, 

•  c'rsl  que   cet   homme   vil    actuellement  1   Londres. 

•  Lorsqu'il  sort  ,  ce  iiui   arrive  très  rarement,  il   est 

•  toujours    revtlu  d'un    long  talnr,    qui  va    lr>s   bien 

•  avec  s«  tonique  b.-irLe   blanche    el  sa  Tignre  noble  <i 

•  inlére<santc.    Il    est  actuellement    igé   de  70  ani  è 

•  peu  près.   Je  ne  me  donnerai    pas  la  peine  de  rap- 

•  porter  ici  toutes  les  choses  incroyables  el  extraor» 

•  dinaires  qu'on    raconte    de    ce    vieillard Un 

•  prince.. voulut    aller    le    voir,  il   y  a    quelques 

•  années;    il   se   présenta  à    la   porte    de   Falkon,  et 

•  ne  fut  point  rrçu.  •  Le  comte  de  Mirabeau  dans  sa 
.Mnnarc'ilr  prussienne,  parle  aussi  en  plusieurs  endroit* 
du  goàt  des  philosophes  modernes,  des  princes  et 
autres  bruyans  personnages  ,  pour  la  magie.  •  Voye», 

•  dit-il,  en  Allemagne  tant  de    princes   ivres  de  l'es- 

•  poir  et  de  l'atlente  des  moyens  surnaturels  de  pui^ 

•  sance,    évoquer   les    esprits,    explorer    l'avenir    «4 

•  tous  ses  secrets  ,  tenter  de  découvrir  la  méJrcine 
.  universelle  ,  de  faire  le  grand  Œu^  rc,  et  pour  élao- 
.  cher  leur  soif  insatiable  de  domination  et  de  Iré- 
.  sors  ,  ramper  i  la  voix  de  leurs  thaumaturges  ,  q<i» 
.  dirige  un  sceptre  inconoa.  •  Ailleurs  it  parle  <l'u* 
nommé  Schropfer,  cafetier  de  Leipsick,  auquel  te  doc 


FAV 

•  FAUTRIKRK  (Louis  D/vVY  ds  la), 
ancien  conseiller  à  la  troisième  chambre 
dfS  enqncles  de  Paris,  mort  en  17o9,  a 
laissé  enlre  autres  compositions  poéti- 
ques :  (  une  Epilre  newtoni^me  sur  le 
(jenre  de  philosophie  propre  à  rendre 
heureux^  1759,  in-8";  |  quelques  Pièces 
satiriques  sur  le  système  de  Law ,  insé- 
rées dans  le  1"'  volume  des  Mélanges  his- 
toriques et  anecdotiques  de  Bois-Jour- 
dain, etc. 

FAIIVCVU  ou  FULVIUS  (Pierre )  , 
poète  latin  ,  natif  du  Poitou  ,  ami  de  Mu- 
ret et  de  Joachim  du  P»ellay  ,  mourut  à 
Poitiers  ,  à  la  fleur  de  son  â^je,  en  1562. 
Il  ne  nous  reste  de  lui  que  des  fraymens 
insérés  dans  les  Deliciœ  poetarum  gallo- 
rum  de  Gruîer. 

•  FAV  ART  (CnAULES-Snio\)  ,  auteur 
dramatique,  né  à  Paris  le  13  novembre 
1710,  et  mort  le  12  mai  1792,  était  fils  d'un 
pâtissier  qui  s'attribuait  l'invention  des 
échaudés  et  qui  composait  des  chansons. 
Le  jeune  Favart  fit  ses  études  au  lycée 
Louis  le  Grand,  et  débuta  par  un  Discours 
(en  vers)  sur  la  difficulté  de  réussir  en 
poésie  ;  cet  essai  fut  suivi  d'un  poème  in- 
titulé :  la  France  délivrée  par  Jeanne 


Charles  de  Courlande  av 
bâtons  , 


it  fai 


bon  sens  de  plusieurs  d'entre  en 
bllité  de  se  soutenir  plu 
l^le  d'un    coup  de  pislo 


donner  des  coups  de 
qui    sut  ensuite    tellement    fasciner   ce 
prince,  et  une  gran'le  partie  des  personnes  les  plus  con- 

•  idtfrables  de  Dresde  et  de  LeipsicU,  qu'il  joua  un  assez 
grand   riMe.  •  Dès  lors,    dit-il  ,    on  vit   reparaître  en 

•  Europe  les  folies  de  l'Asie  ,  de  la  Chine  ,  la  me'de- 
>    cine  universelle  ,  l'art    de    faire  de    l'or  et  des  dia- 

•  mans  ,  le  breuvage  de  l'iininortalile'  ,  etc.,    etc.  Le 

•  genre    particulier  de  Schropfer  était  sui  tout  t'cvo- 

•  cation    des  mânet  :    il   commandait  au»  esprits  ;  il 

•  faisait   apparaître  à   son  gré  les  morts  et  les  puis- 

•  saoces  invisibles.  On    sait  quel    fut  le  dénouement 

•  de  son    drame.   Après    avoir   consumé  des  somm,;s 

•  immenses    à    ses    adhérens  ,   après    avoir    aliéné    le 
plusieurs  d'entre  eux,  dans   l'impossi- 

ig -temps,  il  se  cassa  U 
dans  un    bosquet  près 

•  de  Leipsick.   A.  Schropfer  succéda  Saint-Germain  , 

•  qu'un  comte    de   Lambert  avait   annoncé  dans  son 

•  Mrmorlal d'un  mondain,  etc.  .  U  est  encore  parte 
p,ut  amplement  de  ces  farces  dans  l'Essai  sur  la  secte 
des  illiminés,  ouvrage  d'ailleurs  indigeste,  ori  tou- 
l»s  les  notions  sont  confondues.  Le  cagliostrocisme 
et  le  mcsmérisme  présentent  des  scènes  du  même 
geore.    .  Qui  eiît  cru  ,  dit  un   auteur,  qu'un  siècle  où 

•  l'existenre  de  Dieu  était  un   problème,  où  presque 

•  tous  les  hommes  doutaient  de  celle  de  leur  âme  ,  et 

•  ne  répondaient  que  par  un  souris  moqueur  à  tout 
■  c«  qui    supposait    celle  des   anges  et   des    démons: 

•  qui  eût   cru  ,  ou  qui  eiït  dîk    le   prévoir,    qu'un    tel 

•  siècle,  au  lieu  de  finir  par  une  entière  incrédulité 

•  finirait  par  courir  avec  autant  d'avidité  à  du  sur- 

•  naturel  de  toute  espèce,  qu'il  avait  couru  si  lon"- 
»  temps  après  des  livres   qui    en   d:;truitaient  j 

la  possibilité?  • 


<[u  a 


46  FAV 

d' Arc  qui  obtint  un  prix  aux  Jeux-Flo- 
raux. Mais  c'était  au  (Iiéàlre  qu'il  devait 
surtout  obtenir  des  succès;  et  parmi  U-s 
auteurs  qui  ont  travaillé  ])our  l'opéra  co- 
mi(iue,  il  est  un  de  ceux  qui  ont  le  mieux 
saisi  l'esprit  de  ce  {jcnre  de  spectacle.  Il  a 
su  y  répandre  de  l'intérêt,  du  naturel,  de 
la  gaîté,  de  la  fincs'rC  et  tous  lesagrémens 
dont  il  est  susceptible.  Il  a  donné  à  l'O- 
péra-coinique  et  aux  Italiens  plus  de  GO 
pièces,  qui  réussirent  toutes.  Nousciterons 
la  Chercheus".  d'esprit  qui  sera  toujours 
la  plus  in{ïét>ieuse  comme  la  plus  agréable 
de  ces  sortes  de  productions;  Ninetle  àla 
cour ,  Acajou.  Annette.  et  Lnbin,  la  Fête 
du  château,  la  Fée  Urgèle  .les  Moisson- 
neurs^ la  Rosière  de  Salencij  .  l'Amitié 
à  l'épreuve  .  la  Belle  Arsène  .  l'Astrolo- 
gue de  village  ,  etc.  Sa  coinédie  de  Soli- 
man II ^  ou  les  Trois  Sultanes,  et  l'An- 
glais à  Bordeaux,  prouvent  qu'il  pouvait 
s'élever  au-dessus  du  {ipenre  do  l'opéra 
comique.  Ses  pièces  de  Ihéâtre  ont  été 
réunies  en  8  vol.  in-8°,  Paris,  17G5  ,  10 
vol.  in-8",  1770,  et  on  a  publié  son  Théâtre 
choisi  en  1809 ,  3  vol.  in-8°,  avec  la  liste 
chronologique  de  tous  ses  ouvrages  dra- 
matiques. 

'  FAVART  D'nKRBIG.\Y  (Nicolvs- 
Remi),  général  de  division  dans  le  corps 
royal  du  génie,  né  à  Reims  en  1753  et 
tnort  à  Paris  en  1800  .  entra  au  service 
dans  l'arme  du  génie  ,  se  dislinifua  parti- 
culièrement à  la  défense  de  Belle -Ile 
contre  les  Anglais,  et  eut  la  plus  grande 
part  à  l'exéculion  des  ouvrages  extérieurs 
qui  arrêtèrent  l'ennemi  plus  long-temps 
que  la  place  même.  Il  voulut  être  de  toutes 
les  sorties,  fut  gri^ve  tuent  blessé,  et  sortit 
par  la  brèche,  ainsi  que  toute  la  garnison, 
avec  du  canon  et  tous  les  honneurs  de  la 
guerre.  Il  s  rvit  ensuite  plusietirs  années 
à  la  Martinique.  De  retour  en  France,  il 
fut  chargé  de  la  construction  du  fort  de 
Chàteaunexif  et  de  la  petite  expédition  de 
Genève  en  1782.  Cotïiiuandant  la  place  de 
Neuf-Brisach  en  1792,  il  eut  le  bonheur 
de  caliTier  une  insurrection  affreuse  qui 
éclata  dans  les  troupes  campées  sur  les 
glacis ,  et  sauva  la  vie  à  plusieurs  per- 
sonnes en  exposant  la  sienne.  CItarge  en- 
suite de  mettre  en  défense  toutes  les  pla- 
ces de  l'Alsace  ,  il  remplit  cet  ordre  avec 
autant  de  promptitude  que  d'intelligence. 
Pendant  la  révolution,  il  se  montra  mo- 
déré dans  ses  principes  cl  ses  actions.  On 
lui  doit  des  Mémoires  précieux  sur  la  dé' 
fense  des  côtes  et  sur  les  reconnaissances 
militaires.  C'est  par  erreur  qu'on  lui  a 


fAV 


47 


FAV 


ibué  ua  Dictionmiirr  d'histoire  natu- 
•  qiticotitirnt  les  testot'érs.VBiv't»,  ITM, 
1.  pitil  in-8"  :  ri-l  ouvraijc  est  de  son 
• .  (.iiniSToPiiE-EuzABCTil  FAVAUT 
KRBIGNY,  chanoine  do  Ilcims,  mort 
!79.'>. 
•  FAVART  DE  LA>r.LVDE  (Gni.- 
1  \imf.-Je\x,  baron),  né  à  St.-Florenl. 
dcpartcinontdu  riiynle-Dônie.  le '20  avril 
nGi.cl  riçu  en  1785  avocat  au  parle- 
ment de  Paris,  fut  envoyé  en  171)'J  près 
le  tribunal  dissoire  ,  en  qualité  de  com- 
niUsaire  national  ;  il  en  remplit  les  fonc- 
ions avec  beaucoup  de  sa^jesse  pendant 
nos  troubles  révolutionnaires,  et  fut  élu, 
en  1795,  membre  du  conseil  des  Cinq- 
cenls  :  réélu  en  1798,  il  devint  tribun 
ajjrès  la  révolution  du  IBbrumaireet  pré- 
sident du  tribunal.  Favart  prit  peu  de  part 
aux  discussions  politiques  de  ces  assem- 
blées ;  mais  il  s'occupa  beaucoup  des  tra- 
vaux de  législation,  et  lit  différons  rap- 
ports très  importans  sur  le  notariat,  sur 
les  successions,  sur  le  divorce,  sur  les  en- 
fans  naturels,  etc.  En  180^i  ,  il  vola  pour 
la  création  de  l'empire,  se  fondant  sur  la 
nécessité  dune  monarchie  pour  la  France. 
Après  la  bataille  d'Austerlit/-,  il  fut  de  la 
députation  envoyée  par  le  tribunal  pour 
complimenter  B<maparle,  et  à  son  retour 
il  proposa  de  frapper  une  médaille  en 
l'honneur  du  conquérant  heureux.  Le 
tribunal  ayant  été  supprimé,  Favart  en- 
tra au  Corps  législatif .  où  il  fut  presque 
aussitôt  président  de  la  section  de  l'inlé- 
rieur.  Il  reçut  en  1809  le  titre  de  conseiller 
ù  la  cour  de  cassation,  et  en  1815  celui  de 
innitrc  des  requêtes  au  conseil  d'étal-  En- 
voyé dans  le  déparlement  de  l'Arriége 
IK)ur  une  mission  extraordinaire,  il  fit  ré- 
voquer une  sentence  de  déportation  ob- 
tenue par  un  prêtre  marié  contre  deux 
curés.  Sous  la  première  restauration  .  il 
conserva  toutes  ses  places,  resta  à  la  cour 
de  cassation  dans  les  cent-jours  et  ne  ht 
plus  partie  du  conseil  d'étal.  Le  dépar- 
tement du  Puy-dc-Dùme  le  nomma  mem- 
bre de  la  chambre  drs  représentans  ;  mais 
nmime  il  ne  prit  aucune  part  aux  discus- 
sions de  cette  asseinltlée,  le  gouvernement 
royal  lui  rendit  son  emploi  de  maître  des 
requêtes  en  181  j.  Nomme  yrésident  du 
■  r;e  électoral  de  la  Corrc/e,  Favart  fut 
lié  par  le  dcparlement  du  Puy-dr 
i--.i»cà  la  chambre  de  1815,  où  illit  p:utie 
de  la  minorité.  Réélu  en  1810  ,  il  vola 
((mslammcnt  avec  le  minisière,  fut  noin- 
nse  conseiller-d'elalen  service  ordinaire, 
pai-  ordonnance  du  25  juivicr  1817,  et 


présida  plus  tard  une  des  sections  de  la 
cour  de  cassation.  r.e  digne  magistrat 
est  mort  le  1/»  novendirc  1851 ,  dans  les 
sentimens  les  plus  religieux.  Favart  de 
Laiiglade  a  coopéré  à  la  rédaction  de» 
Cmles.  Parmi  les  ouvrages  estimés  qu'il 
a  laissés  ,  on  remarque  :  |  Conférences  du 
Code  civil  avec  la  discussion  particulière 
du  conseil-d'état  et  du  tributiat.  avant  la 
rédaction  définitive  de  cliaqae  projet  de 
loi.  1805,  8  vol.  in-12;  |  Répertoire  de  la 
Icgislatioti  du  notariat,  1807,  un  vol.  in-4"; 
I  Manuel  pour  l'ouverture  et  le  partage 
des  successions ,  avec  l'analyse  des  prin- 
cipes sur  les  donations  entre  vifs,  les  tes- 
ta/ne ns  et  les  contrats  de  mariof/e.  1811. 
in-8"  ;  |  Traité  des  privilèges  et  drs  hypo- 
thèques. 1812  ,  in-8''.  Les  écrits  de  Favart 
sont  souvent  consultés  par  les  hommes 
de  loi. 

*  FAVEÏVTIMIS  (  Paul-Marie  ) ,  reli- 
gieux dominicain  du  16*^  siècle,  né  à 
Faenza,  alla  établir  des  missions  chré- 
tiennes en  Arménie ,  et  y  fil  élever  des 
églises;  de  retour  en  Europe ,  en  1620,  il 
vint  à  Rome  ,  et  reçut  le  titre  de  supé- 
rieur des  missions  de  son  ordre  en  Orient. 
On  a  de  lui  :  |  Dottrina  cristiana  ove  ca- 
techismo  ;  \  Miracoli  per  rnezzo  délia 
santissima  Eucaristia  edel  Rosario  delta 
Madona  opérait. 

'  FAVEREAU  (Jacques  )  ,  avocat, 
puis  conseiller  à  la  cour  des  aides  de  Paris, 
né  à  Cognac  en  1570,  mort  en  1658,  a 
laissé  les  écrits  suivans  :  |  Mercurius 
redivivtis,  sive  varii  lusus ,  elc,  Poitiers, 
1G15  ,  in-/t";  |  le  Gouvernement  présent, 
ou  Eloge  de  son  Eminence  (  le  cardinal 
de  Richelieu  ),  satire  ,  Paris  ,  1625  ,  in-8°. 

*  FA VI EU  (  N...  ) ,  célèbre  publicisle, 
né  à  Toulouse,  au  commencement  du 
18*^  siècle,  d'une  famille  distinguée,  suc- 
céda à  son  père  dans  l'emploi  de  secré- 
taire-général des  états  de  Languedoc. 
Après  avoir  dissipé  sa  fortune  ,  il  vendit 
cette  charge  et  devint  secrélaire  de  M.  de 
la  Chélardie  ,  ambassadeur  à  la  cour  de 
Turin.  Dès  lors  il  s'adonna  entièrement 
à  la  politique  ,  et  surtout  à  la  diplomatie. 
yi.  d'Argenson,  qui  avait  eu  occasion  do 
connaître  ses  talens,  l'employa  à  la  ré- 
dacli<m  de  divers  mémoires  de  la  plus 
haute  importance.  Favier  rédigea  ,  d'a- 
près ses  instructions,  un  mémoire  inti- 
tule Réflexions  contre  le  traité  de  Ï7 'M, 
entre  la  France  et  l'Autriche.  Ce  mémoire, 
un  (les  meilleurs  qui  aient  paru  sur  la  di- 
plomatie de  ce  temps-là  ,  lui  attira  beau- 
coup d'ennemis.  Il  fut  cependani  clwrgé 


FAV 


48 


FAV 


de  diffôrcnlcs  missions  socièlos  en  Espa- 
gne el  en  llussie  ,  sous  le  ministère  de 
M.  de  Choiseul  ;  mais  ayant  composé  pour 
le  comte  de  Broglie ,  chargé  par  Louis  XV 
de  suivre  une  correspondance  secrète 
avec  les  ambassadeurs  de  France  auprès 
de  différentes  cours  ,  plusieurs  mémoires 
dirigés  contre  le  système  el  les  instruc- 
tions ostensibles  du  ministère,  il  fut  obli- 
gé de  s'expatrier.  Il  se  rendit  en  Angle- 
terre el  en  Hollande  ,  où  il  vécut  dans  la 
société  des  hommes  les  plus  distingués 
par  leur  esprit  et  par  leur  rang.  Poursuivi 
par  la  haine  des  puissances  contre  les- 
quelles il  avait  écrit,  il  fut  enlevé  à  Ham- 
bourg, conduit  à  Paris,  comme  impliqué 
dans  une  conspiration  imaginaire,  avec  le 
baron  de  Bon ,  Ségur  et  Dumouriez  ,  et 
renfermé  à laBastille,  oii  il  resta  plusieurs 
années ,  c'est-à-dire  jusqu'à  l'avènement 
de  Louis  XVI.  Le  comte  de  Broglie  par- 
vint à  le  faire  mettre  en  liberté  ;  mais  il 
ne  put  le  faire  rentrer  dans  ses  emplois, 
dont  sou  goût  extrême  pour  la  dépense 
lui  faisait  un  impérieux  besoin.  Il  se  mit 
alors  à  composer  des  mémoires  sur  les 
affaires  du  temps,  et  dissipait  le  fruit  de 
son  travail  aussitôt  qu'il  l'avait  reçu.  H 
passa  ainsi  une  partie  de  sa  vie,  dans 
une  perpétuelle  alternative  de  misère, 
d'aisance  et  de  privations  ,  d'études  et  de 
dissipation.  Le  comte  de  Vergennes  qui 
avait  apprécié  son  mérite,  lui  fit  donner 
une  somme  de  /t.0,000  fr.  pour  payer  ses 
dettes,  et  une  pension  de  6,000  francs. 
Sur  la  lin  de  ses  jours,  il  mena  une  vie 
plus  réglée,  ne  conservant  de  ses  anciens 
goûts  que  celui  de  la  table.  Il  mourut  à 
Paris  le  2  avril  1784.  31.  de  Ségur  a  re- 
cueilli une  partie  de  ses  œuvres  jioiiti- 
ques  dans  l'ouvrage  intitulé  Politique  de 
tous  les  cabinets  de  l'Europe^  pendant  les 
règnes  de  Louis  XV  et  de  Louis  XVI^ 
1795,2  vol.  in-8°,  et  1802,  5  vol.,  avec 
beaucoup  de  notes  et  observations  de  l'é- 
diteur. Les  autres  ouvrages  de  Favier, 
publiés  la  plupart  sans  nom  d'auteur, 
sont  I  :  Le  Spectateur  littéraire  sur  quel- 
ques ouvrages  nouveaux^  Paris ,  1756,  in- 
12  ;  I  Essai  historique  et  politique  sur  le 
gouvernement  présent  de  la  Hollande, 
Londres,  1748,  2  vol.  in-12  ;  |  Ze  poète 
réformé,  ou  Apologie  pour  la  Sémiramis 
de  Voltaire^  Amsterdam,  1748,  in-8"  ; 
1  Mémoires  secrets  de  Milord  Boling- 
broke,  traduits  de  l'anglais,  avec  des 
notes  historiques,  1754  ,  5  vol.  in-S"  ; 
I  Poules  et  questions  sur  le  traité  de  Ver- 
saUles,  entre  le  roi  de  France  et  l'inipé- 


ratrice,  reine  de  Hongrie,  Ml?,  el  1791, 
in-H"  ;  |  Lettres  sur  la  Hollande,  1780  , 
2  vol.  in-12.  Il  a  travaillé  avec  Fréron  à 
la  rédaction  du  Journal  étranger. 

FVVIEU  DU  BOULVY  (  Hemii  ), 
^^rîeur  de  Sainte-Croix  de  Provins,  né  à 
Paris  en  1670,  mort  en  1753,  à  85  ans, 
avait  du  goût  et  de  la  littérature.  Nous 
lui  devons  la  seule  bonne  traduction  que 
nous  eussions  de  Justin  avant  que  l'abbé 
Paul  eût  publié  la  sienne.  Elles  sont  l'une 
el  l'autre  en  2  vol.  in-12.  On  a  encore  de 
lui  d'autres  ouvrages,  mais  moins  con- 
nus que  sa  version.  Il  s'était  adonné  à  la 
chaire,  et  avait  prêché  avec  quelque  suc- 
cès. Son  oraison  funèbre  de  Louis  XlV 
parut  à  M«lK  en  1716,  in-fol. 

FAVKES.  Voyez  FAWKES. 

FAVOKL\,  sophiste  célèbre  sous  l'em- 
pereur Adrien,  était  d'Arles.  Quelques 
auteurs  veulent  qu'il  ait  été  eunuque,  et 
d'autres  hermaphrodite.  Il  enseigna  avec 
réputation  à  Athènes  et  ensuite  à  Rome. 
Adrien  lui  parlait  souvent  et  lui  témoi- 
gnait de  la  confiance  :  mais  il  s'en  lassa  et 
le  chassa  de  Rome  avec  les  autres  philo- 
sophes (  voyez  son  article).  On  dit  que 
Favorin  s'étonnait  de  trois  choses  :  de  ce 
qu'étant  gaulois,  il  parlait  si  bien  grec;  de 
ce  qu'étant  eunuque ,  on  l'avait  accusé 
d'adultère  ;  et  de  ce  qu'il  vivait,  étant  en- 
nemi de  l'empereur. 

FAVORIX  (Varin,  Varinus  ou  Guari- 
xo),  né  près  de  Camérino,  ville  ducale  d'I- 
talie, en  1460,  entra  dans  la  congrégation 
de  Sainl-Silvestre,  ordre  de  Sainl-Benoit, 
et  parvint  par  son  mérite  à  l'évéché  de 
Nocéra.  Il  est  auteur  d'un  Lexicon  grec, 
qui  a  été  d'un  grand  usage  autrefois.  La 
meilleure  édition  de  ce  livre  est  celle  de 
Venise,  1712,  chez.  Bartoli,  in-folio.  L'au- 
teur mourut  en  1537.  On  a  encore  de  lui 
des  remarquessur  la  langue  grecque,  sous 
le  titre  de  Thésaurus  cornucopice,  ik%. 
Aide,  in-folio. 

*  FAVR AS  (  Thomas  MAHI,  marquis 
de  ),  né  à  Blois  en  1745,  d'une  famille  an- 
cienne, dont  les  aïeux  avaient  rempli  les 
premières  places  de  la  magistrature  dans 
leur  province  ,  entra  dans  les  mousque- 
taires en  1753,  et  lit  avec  distinction,  dans 
ce  corps ,  la  campagne  de  1761.  Il  passa 
ensuite  dans  le  régiment  de  Belsunce  en 
qualité  de  capitaine,  puis  devint  premier 
lieutenant  des  Suisses  de  Monsieur ,  grade 
qui  lui  donnait  le  rang  de  colonel.  En  1775, 
il  se  rendit  à  Vienne  pour  faire  recon- 
naître, devantle  conseil  aulique,  sa  femme, 
seule  fille  unique  et  légitime  du  prince 


FAV 


49 


FAV 


.  ihaU-SohawtMibouriy.  Il  conimandalt, 
787,  une  Iccion  vn  Hullandc,  lors  do 
urreclion  conire  le  slallioudcr.  De 
tir  en  Franco  ,  au  romnienccmenl  de 
.'volulion.  il  proposa  plusieurs  pro- 
-•ur  les  linaiires  et  sur  la  polilicpie , 
le  rendirent  suspect  aux  révolulion- 
.:cs.  On  sait  que.  dans  l'état  d'cxaltalion 
u<i  se  trouvaient  alors  les  esprits  ,  il  suf- 
lisait  aux  meneurs  de  désijrner  une  vic- 
tiuic,  pour  que  sa  perte  fut  certaine.  Le 
marquis  de  Favras  fut  accusé ,  dans  le 
mois  de  décembre  1789,  d'avoir  proposé 
au  gouvernement  de  lever  sur  les  frou- 
lières  une  armée  pour  s'opposer  à  la 
nouvelle  constitution.  Quoique  cette  ac- 
cusation ne  fût  appuyée  d'aucune  preu- 
ve ,  il  fut  arrêté  par  ordre  du  comité  des 
recherches  de  l'Assemblée  nationale  .  et 
traduit  au  Chàtelet,  où  sa  condamnation 
fut  demandée  par  le  peuple,  avec  des 
liurlcmens  effrayans.  Trois  témoins,  Mo- 
rel,  Turcate  et  Marquié  appuyaient  l'accu- 
sation de  leurs  témoignages,  et  déclaraient 
avoir  reçu  de  Favras.  la  communication 
de  son  projet  :  12,000  suisses  et  12,000  au- 
trichiens devaient,  après  s'être  réunis  à 
Montargis  ,  marcher  sur  Paris,  enlever  le 
roi  et  sa  famille  et  assassiner  MM.  BaUly, 
Lafayette  et  Necker.  On  refusa  d'entendre 
les  témoins  à  décharge.  Favras  se  défen- 
dit avec  beaucoup  de  courage:  il  embar- 
rassait ses  juges  par  la  justesse  de  ses  ré- 
ponses. Le  complot  dont  on  l'accusait  était 
mal  conçu,  incohérent  dans  les  moyens  de 
conduite,  impossible  dans  l'exécution;  il 
le  prouva  ,  détruisit  viclorieusement  les 
preuves  qu'on  lui  opposait ,  et  n'en  fut 
pas  moins  condamné  à  être  pendu,  le  18 
ianvier  1790.  «  Votre  vie,  lui  dit  le  rap- 
»  porteur  en  lui  signifiant  sa  sentence,  est 
»  un  sacrifice  que  vous  devez  à  la  tranquil- 
•  Utéet  àlaliberté  publiques.  »il  ne  mon- 
tra aucune  crainte  dans  ce  moment,  dicta 
sans  se  troubler  une  déclaration  très  lon- 
gue de  son  innocence,  la  revit  et  corrigea 
même  avec  un  soin  scrupuleux,  les  fautes 
d'orthographe  faites  par  le  greffier.  La 
place  de  Grève  était  pleine  d'un  peuple 
frénétique  qui  demandait  sa  mort  à  grands 
cris.  Il  la  traversa  sans  émotion,  tout  livré 
aux  consolations  de  son  confesseur.  Ar- 
rivé au  lieu  de  l'exécution,  il  prononça 
d'une  voix  ferme  :  Je  meurs  innocent. 
et  il  doana  lui-même  le  signal  de  l'exécu- 
tion. Cette  protestation  et  sa  fermeté  frap- 
pèrent d'une  espèce  de  stupeur  ce  peuple 
tourmenté  une  minute  auparavant  de 
convulsions  fanatiques,  et  la  multitude 


se  retira  triste  et  pensive.  On  le  regarda 
comme  une  victime  sacrifiée  à  la  fureur 
populaire  ,  et  Ton  ne  doute  pas  que  son 
unique  crime  fui  d'avoir  refusé  de  par- 
tager le  complot  de  ceux  qui  méditaient 
la  chute  du  trône.  Prudltomme,  un  de* 
journalistes  du  temps,  dont  le  témoignage 
ne  peut  être  suspect,  rendit  compte  ainsi 
de  sa  défense  :  »  Cet  accusé  parut  devant 
»  ses  juges  avec  tous  les  avantages  que 
»  donne  l'innocence,  et  qu'il  sut  faire  va- 
»  loir,  parce  qu'à  un  espritorné  ,  il  joignait 
»  la  facilité  de  s'exprimer  avec  grâces  : 
»  ses  paroles  avaient  même  un  charme 
»  dont  il  était  difficile  de  se  défendre.  Il 
B  avait  de  la  douceur  dans  le  caractère,  de 
B  l'aménité  dans  les  manières ,  de  la  dé- 
D  cence  dans  le  maintien;  il  était  d'une 
»  taille  avantageuse ,  d'une  physionomie 
«noble  et  qui  prévenait  en  sa  faveur... 
»  Dans  tout  le  cours  de  sa  défense,  il  ne 
B  perdit  jamais  celte  attitude  qui  convient 
»  à  l'innocence,  et  il  répondit  à  toutes  les 
»  questions  avec  netteté  et  sans  embarras.» 
L'avocat  qui  le  défendit  avec  chaleur,  pu- 
blia deux  mémoires  dans  le  cours  de  la 
procédure.  Onafail  paraître,  peu  de  temps 
après  sa  mort,  sort  testame?it  et  sa  corres- 
pondance avec  scft  épouse,  qui  produi- 
sirent une  vive  sensation.  Favras  a  laissé 
des  inémoires  relatifs  aux  troubles  de  la 
Hollande,  et  un  écrit  sur  les  finances. 

*  F.VVR.VT  (Fra:«çois-Axdré  de  ),  gé- 
néral au  service  de  Prusse  et  gouverneur 
de  la  place  deGlotz,  né  vers  1750  et  mort 
en  1804  à  l'âge  de  74  ans,  était  doué  d'une 
force  physique  si  extraordinaire,  qu'un 
jour,  dit-on,  il  souleva  un  cheval  avec  son 
cavalier,  et  que  plus  d'une  fois  on  le  vit 
prendre  une  pièce  de  canon  et  la  por- 
ter sur  son  épaule  avec  autant  de  facilité 
qu'un  fantassin  porte  son  fusil.  On  a  de 
Favrat  l'ouvrage  suivant  qui  est  estimé 
et  qui  a  pour  titre  :  Mémoires  pour  ser- 
vira l'histoire  de  la  guerre^  de  la  révolu- 
tion de  Pologne  depuis  I79k  jusqu'en  17%, 
Berlin,  1799,  in-S**. 

*  F.VVUE  (  Pierre),  jésuite,  le  pre- 
mier des  compagnons  de  Saint-Ignace, 
dont  il  avait  été  le  répétiteur  au  collège 
de  Sainte-Barbe  à  Paris,  naquit  en  1506 
au  hameau  du  Villaret,  diocèse  de  Genève. 
Il  contribua,  par  son  exemple,  à  la  réfor- 
me des  ecclésiastiques  et  des  ordres  re- 
ligieux, et,  par  son  zèle  ardent,  à  la  pro- 
pagation de  Tordre  des  jésuites.  Il  fonda 
les  collèges  de  Cologne  (  1544  ),  de  Coïm- 
bre  et  de  Valladolid  (  1546  ),  reçut  de  Phi- 
lippe II,  du  roi  de   Portugal  et  du  pape 


FAV  K 

Paul  III  les  témoignages  les  plus  flatteurs 
lie  l'estime  qu'ils  lui  portaient,  et  mourut 
à  Rome  en  1546.  Il  a  laissé  des  Lettres, 
dont  quelques-unes  ont  été  imprimées 
avec  celles  du  Père  Canisius.  Sa  Vie, 
écrite  par  Nicolas  Orlandini,  a  été  publiée 
à  Rome ,  1615 ,  in-foL  ,  et  à  Lyon,  1617, 
il  1-8°. 

FAVRE  (  AiVTOixE  )  ,  né  à  Bourg  en 
Bresse  l'an  1557,  fut  successivement  juge- 
mage  de  Bresse ,  président  du  Genevois 
jKjur  M.  le  duc  de  Nemours ,  premier  pré- 
sident du  sénat  de  Chambéry,  et  gouver- 
neur de  Savoie  et  de  tous  les  pays  en-deçà 
les  monts  ;  il  mourut  en  1624.  Ses  ouvra- 
ges contiennent  10  vol.  in-fol.;  |  Jwrispm- 
dentia  Papinianea^  Lyon,  1658,  1  vol.; 
I  De  erroribus  interpretum  juris,  2  vol.; 
\  Comment,  in  Pandectas^  seu  de  errori- 
bus pragmaticorum,  1&S9,  5  vol.;  |  Codex 
Fabrianus ,  1661,  1  voL  ;  |  Conjecturœ 
iuris  civilis^  1661,  1  vol.  regardé  comme 
le  meilleur  de  ses  ouvrages,  parce  que 
laissant  là  son  imagination  qui  le  sédui- 
sait quelquefois ,  il  s'appuie  le  plus  sou- 
vent de  l'autorité  de  choses  jugées.  On  y 
joint  H.  Borgice  investigationes  juris  ci- 
vilis  in  Conjecturas  A.  F  abri ^  Naples, 
1678 ,  2  vol.  in-fol.  Dans  les  quatrains  de 
Pibrac ,  on  en  trouve  de  Favre  ;  il  est 
aussi  auteur  d'une  tragédie  intitulée  les 
Gordians  ou  l'Ambition,  15%,  in-8° 
Favre  a  éclairci  plusieurs  opinions  obs- 
cures ;  mais  il  a  poussé  trop  loin  les  sub- 
tilités dans  l'examen  de  certaines  ques- 
tions de  droit  :  il  s'éloigne  quelquefois  des 
principes.  C'était  un  esprit  vaste,  propre 
aux  affaires  comme  à  l'élude.  Ce  fut  lui 
qui  fut  chargé  de  négocier  le  mariage  de 
M*"'  Christine  de  France  avec  le  prince 
de  Piémont,  Victor-Amédée.  Le  roi  de 
France  lui  offrit  inutilement  la  première 
présidence  du  parlement  de  Toulouse  ;  il 
voulut  rester  au  service  du  duc  de  Sa- 
voie. On  trouve  l'éloge  du  ifré.ident  Fa- 
vre par  Jacques  Durandi  dans  le  tome  3 
lies  Piemontesi  illustri,  et  un  article  dé- 
taillé sur  le  même  dans  les  Vies  des  plus 
célèbres  jurisconsultes  par  Taisand. 

FAVRE  (  Claude  ) ,  seigneur  de  VAU- 
GELAS  et  baron  de  Péroges,  naquit  du 
précédent ,  à  Bourg  en  Bresse ,  et  selon 
quelques-uns  ,  à  Chambéry.  Son  père 
était  consommé  dans  l'élude  de  la  juris- 
prudence. Le  fils  ne  fut  point  indigne  de 
lui  :  mais  son  esprit  fui  plus  juste.  Le 
jeune  Vaugelas  vint  à  la  cour  de  bonne 
heure.  Il  fut  gentilhomme  ordinaire,  puis 
rhan^ellan    do  Gaston,  duc  d'Orléans, 


0  FAI 

qu'il  suivit  dans  toutes  ses  retraites  hors 
du  royaume.  Il  mourut  pauvre  en  1650, 
à  95  ans.  On  peut  être  surpris  que  Vau* 
gelas,  estimé  à  la  cour,  réglé  dans  sa  dé- 
pense, et  n'ayant  rien  négligé  pour  sa 
fortune ,  soit  presque  mort  dans  la  mi- 
sère ;  mais  les  courses  de  Gaston ,  et 
d'autres  accidens ,  avaient  fort  dérangé 
ses  affaires.  Louis  XIII  lui  donna  une 
pension  de  2,000  livres  en  1619.  Cetta 
pension  qu'on  ne  lui  payait  plus ,  fut  ré- 
tablie par  le  cardinal  de  Richelieu,  afin 
de  l'engager  à  travailler  au  dictionnaire 
de  l'Académie.  Lorsqu'il  alla  le  remercier 
de  cette  grâce,  Richelieu  lui  dit  en  riant: 
«  Vous  n'oublierez  pas  du  moins  dans  le 
»  dictionnaire  le  mot  de  pension.  —  Non, 
«  Monseigneur,  répondit  Vaugelas  ;  et  en- 
»  core  moins  celui  de  reconnaissance...» 
Ce  littérateur  était  un  des  académiciens 
les  plus  aimables ,  comme  des  plus  illus- 
tres ;  il  avait  une  figure  agréable  ,  et  l'es- 
prit comme  sa  ligure.  Vaugelas  étudia 
toute  sa  vie  la  langue  française  ,  et  tra- 
vailla à  l'épurer.  Sa  traduction  de  Quinte^ 
CurcCj  imprimée  en  1647,  in-4°,  fut  le 
fruit  d'un  travail  de  50  années.  Cette  ver- 
sion, de  laquelle  Balzac  disait  dans  son 
style  emphatique  :  «  L'Alexandre  de 
»  Quinte-Curce  est  invincible,  et  celui  de 
»  Vaugelas  est  inimitable  ,  »  passa  pour  le 
premier  bon  livre  écrit  correctement  en 
français.  Malgré  la  mobilité  et  l'inconsis- 
tance de  la  langue  française,  il  y  a  peu 
d'expressions  qui  aient  vieilli.  Vaugelas 
ne  rendit  pas  moins  de  services  par  ses 
Remarques  sur  la  langue  française,  dont 
la  première  édition  est  in-4."  :  ouvrage 
moins  nécessaire  qu'autrefois,  parce  que 
la  plupart  des  doutes  qu'il  propose,  ne 
sont  plus  des  doutes  aujourd'hui  ;  mais 
ouvrage  toujours  utile ,  surtout  si  on  le 
lit  avec  les  remarques  dont  Th.  Corneille 
et  d'autres  l'ont  enrichi ,  en  3  vol.  in-12. 

FAWRES  (  François  ),  poète  anglais, 
né  dans  le  comté  d'Yorck  en  1721,  brigua 
les  emplois  de  l'église  anglicane  pour  vi- 
vre ,  et  s'adonna  à  la  poésie  par  goût.  Il 
fut  sous-ministre  à  Orpington  en  1755, 
ministre  à  Hayes  en  1774,  et  mourut  le 
26  août  1777 ,  après  avoir  publié  dans  la 
langue  de  son  pays  :  |  Traduction  d'AnO' 
créon,  Snpho .  Bion,  Moschus  et  Musée, 

1760,   in-12.  ;  |  de   Théocrite.  1767, 

in-8"  ;  I  ...  d'Apollonius  de  Rhodes,  1780. 
Le  Recueil  de  ses  poésies^paTU  en  1761, 
in-8°. 

FA  Y  (CHARLES-JénoME  de  CISTERNAY 
du) ,  capitaine  aux  gaides  ,  né  à  Paris  en 


FAY 

I6ô'i.  viii  ttiiv  jrtiuhc  einiwrtôc  tl'im  coup 
(i«  canoti  au  boinbarJciucnl  (!«•  Bruxj'Hrs 
«n  l(iV.').  Il  it'ctait  alur.s  que  lioutcnant.  il 
uMiiit  uiicrom|)a{^iiii>  ;  mais  il  fut  ol)Ii(rc 
d'y  icnoncci .  par  riinp<>»stbilité  do  mon- 
ter à  cheval.  IlouM'UMMiieiit  il  aimait  livs 
Icllrfs,  el  elU'S  furent  sa  roiisolation.  Il 
s'aduiinn  à  la  recluM-dic  dos  livres  rur«s 
en  tou«  genres,  des  belles  édilior»s  de  tous 
les  pays,  des  manuscrits  qui  avaient  quel- 
que mérite.  Il  se  forma  une  bibltotliéquc 
bien  assortie  ,  de  25  mille  érus.  Le  catalo- 
gvecn  fut  dressé  en  172o.  in-S",  par  le  li- 
braire Martin.  Le  possesseur  de  ce  trésor 
littéraire  était  mort  deux  ans  auparavant, 
en  1713. 

F.\Y  (  Charles-Pramçois  de  CISTER- 
NAY  du  ).  iils  du  précédent,  servit  quel- 
que temps  comme  son  père  ;  mais  ayant 
quitté  l'état  militaire  ,  il  se  consacra  en- 
tièrement à  la  chimie  et  à  la  botanique. 
Beçu  membre  de  l'académie  des  sciences  , 
H  eut  l'intendance  du  jardin  royal,  en- 
tièrement négligé  avant  lui ,  et  qu'il 
rendit  en  très  peu  de  temps  un  des 
plus  beaux  de  l'Europe.  Il  était  ne  n 
Paris  en  1698 ,  et  il  mourut  en  1739.  Cet 
académicien  avait  des  mœurs  douces, 
nne  gaité  fort  é{jale ,  une  grande  envie 
d'obliger,  et  ces  qualités  n'étaient  mêlées 
de  rien  qui  déplût,  d'aucun  air  de  vanité, 
d'aucun  étala(îe  de  savoir,  d'aucune  ma- 
lignité, ni  déclarée,  ni  enveloppée.  Il  lit 
des  recherches  nouvelles  sur  le  phosphore 
du  baromètre  .  sur  le  sel  de  la  chaux  ,  in- 
connu jusqu'à  lui  aux  chimistes ,  sur  l'ai- 
inant,  enlin  sur  l'électricité.  Ses  travaux 
en  ce  genre  sont  consignés  dans  les  Mé- 
moires de  l'académie  des  sciences,  où 
l'on  trouve  aussi  son  Eloge  par  Fonle- 
oelle. 

FAY  (  Jea:«-Gaspard  du  ),  jésuite,  mort 
vers  le  milieu  du  siècle  dernier,  prêcha 
avec  un  succès  peu  cotnmun.  Ses  Ser- 
mons sont  en  9  vol.  qui  parurent  succes- 
sivement depuis  1738  jusqu'en  1743.  Le 
talent  de  l'aclioii  leur  donnait  uue  beauté 
et  une  force  qu'ils  perdirent  presque  en- 
Uèrement  après  l'impression. 

FAY  DIT  ou  FAI  DIT  (  Avselwe  ou  Ga?(- 
GCLa  ),  poète  né  k  Uierche  ,  en  Limousin  . 
mort  vers  l'an  1220  ,  se  mit  à  représenter 
des  comédies  qu'il  composait  Ini-ménie. 
Elles  furent  applaudies,  et  il  devint  riche 
en  peu  de  temps  ;  mais  son  penchant  à  la 
vanité  ,  k  la  débauche  et  à  la  dépense  ,  le 

r^Hi.Uit    >.; .%^   à  ig^    dcniière    misère. 

'le-Lion  ,  roi  d'Angleterre , 
5C3  libéralités.   Ce  prince, 


Bl  FAY 

marié  à  Rércngèrc  de  Barcelone ,  avait 
du  goi\t  pour  la  poésie  provençale,  dont 
la  langue  approchait  beaucoup  alors  de 
la  catalane.  Après  la  mort  de  son  protec- 
teur, Faydit  revint  à  Aix ,  et  s'y  maria 
avec  une  fille  pleine  d'espfitetde  beauté, 
qui  se  chagrina  de  la  vie  déréglée  de  son 
époux,  et  mourut  peu  après.  Le  poète  se 
retira  che»  le  seigneur  d'Agoult,  où  il  li- 
nii  ses  jours.  Il  avait  écrit  |  un  poème  siir 
la  mort  du  foi  Richard  ^  son  bienfaiteur; 
I  Le  palais  dAinoiir^  poème ,  dont  lo 
titre  annonce  assez  l'esprit  ;  |  plusieurs 
comédies,  entre  autres  une  intitulée  YHe^ 
rryia  ilt'ls  prestres,  c'est-à-dire  V/Iérésin 
des  prêtres  ,•  il  y  prône  les  Vaudois  et  les 
Albigeois,  dont  la  doctrine  et  les  mœurs 
n'étaient  que  trop  assorties  à  sa  conduite. 
FVYDIT  (  Pierhe-Valextin  ) ,  né  à 
Riom  en  Auvergne,  d'abord  prêtre  de 
l'Oratoire ,  sortit  de  cette  congrégation  en 
1071 ,  pour  avoir  publié  un  ouvrage  car- 
tésien, contre  la  défense  de  ses  supérieurs. 
Le  cartésianisme  a  été  presque  une  hé- 
résie dans  bien  des  corps  pendant  long- 
temps. Faydit ,  né  avec  un  esprit  singu- 
lier et  ardent,  se  fit  bientôt  connaître  dans 
le  monde.  Dans  le  temps  que  les  diffé- 
rends du  papelimocenl  XI  avec  la  France 
étaient  dans  la  plus  grande  chaleur ,  il 
prêcha ,  à  Saint-Jean-en-Grève  de  Paris  , 
un  sermon  contre  ce  pontife.  Il  se  réfuta 
lui-môme  dans  un  autre  sermon  publié  à 
Liège,  auquel  il  ne  manqua  pas  de  répli- 
quer en  faisant  imprimer  l'extrait  de  son 
premier  sermon,  avec  les  preuves  bonnes 
ou  mauvaises  des  faits  qui  y  sont  avancés. 
Un  Traité  sur  la  Trinités  où  il  établissait 
le  trithéisme,  prétendant  que  la  doctrine 
de  ce  mystère  avait  été  «  altérée  par  la 
»  théologie  scolastique  ;  »  cet  ouvrage  im- 
pie a  pour  titre  :  Jltéralion  du  dogme 
théologique  parla  philosophie d' J ristote, 
16%,  in -12.  Un  théologien  connu  en 
parle  en  ces  termes  :  «  Un  écrivain  asser\  i 
»  à  la  faction  des  Arnauld  et  des  Quesnel. 
«  prétend  que  la  scolastique  a  altéré  ly 
»  dogme  de  la  Trinité  qui,  selon  lui ,  con- 

•  sistait  anciennement  à  professer  trois 
»  natures  en  Dieu.  Raisonner  de  la  sorte, 
»  c'est  afficher  l'ignorance  la  plus  gros- 
i>  sière,  parce  qu'il  est  connu  que  leslhéo- 
»  logiens  ont  constamment  défendu  contre 
»  les  ariens  et  les  sojjhistes ,  la  foi  de  Ni- 
»  cée,  et  la  consubslantialité  des  person- 
i>  nés  divines.  C'est  afficher  l'hérésie,  d'a- 
»  bord  celle  destrilhtistes,  et  de  plus  celle 
«des  erreurs  modernes,  qui  affirment  que 

*  la  vraie  foi  a  péri  contre  la  promesse  de 


FAY 

»  Jésus-Christ,  et  qu'elle  ne  s'est  retrou- 
»  vce  que  dans  quelques  têtes  privilé- 
j.  gices  des  derniers  siècles.  C'est  afficher 
»  l'athéisme,  puisqu'en  détruisant  lunité 
»  de  Dieu,  on  en  détruit  l'essence.  »  L'er- 
reur de  Faydit  a  été  renouvelée  depuis 
par  le  docteur  OEhmbs  (  voyez  JEAN 
PHILOPONOS,  et  le  Journ,  hist.  et  lilt. 
i"  février  1791 ,  pag.  1G7  ),  Cet  ouvrage 
extravagant  et  impie  mérita  à  Faydit,  en 
1696,  un  appartement  à  Saint-Lazare  à 
Paris ,  châtiment  qui  ne  changea  ni  son 
esprit  ni  son  caractère  ;  il  eut  ordre  du  roi 
de  se  retirer  dans  sa  patrie,  où  il  moui-ut 
en  1709.  Outre  les  ouvrages  déjà  cités ,  on 
a  de  lui  :  )  Des  remarques  sur  Virgile^  sur 
Homère  et  sur  le  style  poétique  de  VE- 
criture  sainte,  en  2  vol.  in-12  :  mélange 
bizarre  de  pensées  différentes  sur  des 
sujets  sacrés  et  profanes,  dans  lequel  l'au- 
teur se  donne  trop  de  liberté  à  son  ordi- 
naire ;  1  la  Télémacomanie ,  in-12 ,  criti- 
que méprisable  du  chef-d'œuvre  de  Féné- 
lon,  pleiiue  de  notes  singulières,  aussi  con- 
traires à  la  vérité  qu'au  bon  goût.  Il  faut 
en  excepter  ses  réflexions  contre  les  ro- 
mans ;  encore  tombent-elles  à  faux ,  vu  la 
nature  de  celui-ci.  Faydit  avait  attaqué 
Bossuet ,  avant  de  censurer  Fénélon.  Il 
avait  fait  cette  épigramme  contre  le  dis- 
cours de  l'évêque  de  Meaux  à  l'assemblée 
du  clergé  de  1682  (  il  faut  savoir  que 
Bossuet  avait  cité  Balaam  dans  ce  dis- 
cours )  : 

Un  auditeur  un  peu  cyniqne 
Dit  tout  liaut  en  bâillant  d'ennui  : 

L«  proplirte  Bala.im  est  obscur  aujourd'hui  ; 
Qu'il  fasse  parler  sa  bourique. 

Elle  t'expliquera  plus  clairement  que  lui. 

Il  fallait  que  la  démangeaison  de  médire 
en  vers  et  en  prose  fût  bien  forte  dans 
l'abbé  Faydit ,  pour  attaquer  aussi  indé- 
cemment deux  prélats  illustres  ,  l'éternel 
hurmeur  du  clergé  de  France.  |  Des  mè- 
1  noires  contre  ceux  de  Tillemont ,  bro- 
chm'e  in-/i.°,  plus  comique  que  sérieuse, 
supprimée  dans  sa  naissance ,  et  qui  n'eut 
point  de  suite.  Oa  y  voit  Faydit  tel  qu'il 
était  :  un  fou  qui  a  quelque  esprit  et  du 
savoir,  et  qui  proJid  la  plume  dans  les 
accès  de  sa  folie.  ]  Le  Tombeau  de  Sati- 
teuil,m.-i^,  envers  latins  d'un  caractère 
assez  singulier,  et  en  prose  française.  La 
prose  est  une  traduclion  libre  des  pièce? 
latines.  On  a  attribué  mal  à  propos  les 
Moines  empruntés,  2  vol.  in-12,  à  cet 
auteur.  Us  ne  sont  pas  de  lui,  mais  de 
Hailze ,  gentilhomme  provençal. 
F.IYE  (  Jacques  ) ,  seigneur  d'Espeis- 


82  FAY 

ses,  né  à  Paris  en  1542,  conseiller  au  par- 
lenient  en  1567,  devint  maître  des  re- 
quêtes de  l'hôtel  du  duc  d'Anjou,  depuis 
Henri  III.  Il  suivit  ce  prince  en  Pologne  ; 
et  après  la  mort  de  Charles  IX,  U  revint 
en  France ,  pour  porter  de  la  part  de  son 
maître  des  lettres  de  régente  à  la  reine. 
Il  retourna  ensuite  en  Pologne,  ou  il  ren- 
dit des  services  signalés  à  Henri.  Ce  prince 
l'en  récompensa  par  les  charges  de  maître 
des  requêtes,  d'avocat-général,  et  enfin 
de  président  à  mortier  au  parlement  de 
Paris.  Il  mourut  à  Sentis  en  ir)90,  kli6  ans, 
laissant  des  ha?-anques  éloquentes  pour 
son  temps. 

FAYE  (Jean-Elie  LÉRIGET  de  la),  na- 
quit à  Vienne  en  Dauphiné  l'an  1671.  Il 
prit  le  parti  des  armes,  fut  d'abord  mous- 
quetaire, ensuite  Ciipitainc  aux  gardes,  se 
trouva  à  la  bataille  de  Ramillies,  à  celle 
d'Oudenarde  et  dans  plusieurs  journées,  et 
y  signala  sa  valeur.  Il  avait  toujours  eu  du 
goût  et  du  talent  pour  les  mathématiques. 
La  paix  l'ayant  rendu  à  sesprcnmierspen- 
chans ,  il  s'appliqua  particulièrement  à  la 
mécanique ,  à  la  physique  expérimentale. 
L'académie  des  sciences  lui  ouvrit  ses 
portes  en  1716,  et  le  perdit  en  1718  ,  à  47 
ans.  On  trouve  dans  la  collection  de  cette 
compagnie  deux  mémoires  de  La  Faye. 

FA  YE(Jeax  François  LÉRIGET  de  la), 
frère  puîné  du  précédent,  d'abord  capi- 
taine  d'infanterie,  ensuite  gentilhomme 
ordinaire  du  roi,  eut  plus  de  goût  pour 
la  littérature  agréable  que  pour  les  scien- 
ces sérieuses  qui  avaient  été  le  partage  de 
sou  aîné.  Il  obtint  une  place  à  l'académie 
française  en  1750 ,  et  mourut  l'année  d'a- 
près à  57  ans.  On  a  de  lui  quelques  poé- 
sies, où  l'on  remarque  un  esprit  délicat 
et  une  imagination  agréable.  Sa  pièce  la 
plus  célèbre  est  son  Ode  apologétique  de 
la  poésie ,  contre  le  système  de  la  Motle- 
Houdard  en  faveur  de  la  prose. 

*  FAYE  (Georges de  la),  démonstrateur 
à  l'académie  royale  de  chirurgie  à  Paris, 
sa  patrie,  mourut  dans  cette  ville  le  11 
août  1781.  On  a  de  lui  |  Cours  d'opérations 
de  chirurgie  par  Dionis  ,  avec  des  notes, 
1782 ,  2  vol.  in-8'';  ]  Principes  de  chirur' 
^/e^ Paris,  1739,  in-12,  souvent  réimpri- 
més. La  dernière  édition  est  de  1811, 
in-8''.  Il  a  été  traduit  en  allemand,  en 
italien  ,  en  espagnol  et  en  suédois. 

FAY'EL.  Voijez  FAIEL. 

FAYETTE  (Giliîert  MOTIERdela), 
maréchal  de  Frarxce ,  se  distingua  à  la  ba- 
taille de  Baugé  en  Anjou,  l'an  1421,  fut 
fait  prisonnier  à  la  journée  de  Veraeuilj 


FAY  «3 

tf«frf9M  d^livranrc.  roiilrilnuk  iHîau 


.lu  ruyauinc. 

i  A\l.i  .  1.     ..    iOriEU  delà), 

de  la  niOine  tanullc  que  le  procèdent, 
naquit  en  ltH8.  Orpheline  dès  lu  berceau, 
elle  fut  élevée  par  sa  tante  la  comtesse 
de  Brejîy,  qui  la  retira  du  couvent  à 
rà(;<'  de  15  nus,  et  la  plaça,  lorsqu'eltu 
seulil  sa  tin  approcher,  en  qualité  de 
dame  d'honneur  dans  la  maison  de  la 
reine  Anne  dAutriche.  M""  de  la  Kuyelle 
avait  17  ans.  Sa  beauté,  sa  niodesliu  ,  sa 
discrétion  et  sa  douceur  attirèrent  Tat- 
leution  de  Louis  XIII;  sa  conduite  fut 
un  modèle  de  vertu.  Celte  pieuse  dc- 
uioiselle,  sensible  aux  épancheniens  du 
cœur  de  ce  monarque,  qui  venait  cher- 
cher dans  sa  société  des  consolations  con- 
tre les  chagrins  que  lui  causait  un  minis- 
Ire  impérieux .  sous  le  jour  duquel  il  sé- 
lait  placé,  s'attacha  à  sa  persoime  parce 
qu'elle  s'intéressait  à  sa  gloire,  et  qu'elle 
aurait  voulu  (ju'il  fut  heureux  dans  sa  fa- 
mille et  au  dehors  ;  le  cardinal  de  Riche- 
lieu chercha  inutilement  à  la  mettre  dans 
aes  intérêts.  Bientôt  M""^  de  la  Fayette 
M  détermina  à  rompre  un  en^jagemcnt 
qui  coiniiiençait  à  alarmer  sa  sagesse. 
Louis ,  ordinairement  si  réservé ,  lui 
avait  fait  la  proposition  délicate  de  lui 
donner  à  Versailles,  château  de  plaisir 
alors,  un  appartement  où  il  irait  la  voir 
librement.  Celte  proposition  lui  dessilla 
les  yeux  ;  des  lors  elle  résolut  do  quit- 
ter le  monde  :  elle  alla  se  renfermer 
elle»  les  religieuses  delà  Visitation,  où 
elle  prit  le  voile  en  16ô7 ,  avec  le  consen- 
tement du  roi ,  qui ,  honteux  lui-même 
de  son  transport,  jugea  qu'il  n'y  avait  pas 
de  meilleur  moyen  de  se  mellre  en  garde 
contre  sa  faiblesse.  Il  alla  quelquefois 
visiter  au  parloir  M"*^  de  La  Fayette  ,  qui 
le  détermina  à  retourner  à  son  épouse.  Le 
fruit  de  cette  réconciliation,  après  22  ans 
de  stérilité  ,  fut  un  lils,  qui  devint  Louis 
XIV.  Anne  d'Autriche,  reconnaissante 
des  bons  oflices  de  .h"'^  de  la  Fayette  ,  lit 
tous  ses  effort  pour  rcngaj^r  à  revenir  à 
Ib  cour;  mais  ils  furent  tiuitiles.  tlle  restu 
dans  le  cloilre,  montrant  à  luriiversTexem- 
ple  d'une  fille  qui,  dans  l'àjçe  des  passions , 
•  ..!>,,., .1..  fr^-néreusement  elle-aième  pour 
i.iiner  dans  sa  chute  un  prince 
naît.  Klle  mourut  en  1CG5  dans 
:  de  Chaillot  qu'elle  avait  fondé. 
•  de«i  détails  sur  sa  vie  dans  les 
.-.  ...■■„  i  lU  W™'  de  MoUeville .  6  vol.  in- 
12.  M"^  de  Gcnlts  a  public    un   roujau 


FAY 

historique  intitulé  :  >»/"*  de  La  Fayette  , 
Paris,  1812.  2  vol.  in-12;  mais  ce  roman, 
qui  est  autant  l'histoire  d'antres  person- 
nes qui  ont  vécu  sous  I^ouis  XllI  que  cello 
de  M"'=  de  La  Fayette,  ne  peut,  comme 
tous  les  ouvrages  de  ce  genre,  que  don- 
ner une  fausse  idée  de  cette  vertueuse 
demoiselle.  M'"'  de  Genlis  avoue  elle- 
même ,  que  les  incinoires  du  temps  ne 
lui  ont  guère  fourni  (juc  des  caractères  , 
et  qu'il  luiu  fallu  inventer  presque  toutes 
les  scènes  et  tous  les  détails. 

F.\YI:TTE(Marif  Ma»elei!VE  PIOCIIK 
de  la  VERGNE,  comtesse  de  la),  née  en  1052, 
était  fille  d'Aymar  do  La  Vergue,  marécluil 
de  camp,  gouverneur  du  Havre-de-Gràcc. 
Elle  épousa,  en  IGoo  ,  François,  comte  de 
La  Fayette.  Elle  se  distingua  encore  plus 
par  son  esprit  que  par  sa  naissance. 
Tous  les  b«aux  esprits  de  son  temps  la 
recherchèrent.  Parmi  les  gens  de  lettres. 
Ménage ,  la  Fontaine ,  Ségrais  ,  étaient 
ceux  qu'elle  voyait  le  plus  souvent.  Elle 
mourut  en  1695.  Les  principaux  de  ses 
écrits  sont  :  |  Zaïde ,  roman  qui  eut  la 
plus  grande  vogue  ;  |  La  princesse  de 
Clèves .  2  vol.  in-12  ,  autre  roman  ,  atta- 
qué avec  beaucoup  d'esprit  par  Valin- 
court  ,  qui  en  fit  la  critique,  n'ayant  pas 
encore  22  ans.  M""=  de  I^  Fayette  avait 
mis  sous  le  nom  de  Ségrais  ces  deux  pro- 
ductions. Ce  bel  esprit  avait  contribué  à 
la  disposition  de  l'édifice  ,  et  la  dame  l'a- 
vait orné.  1  La  Princesse  de  Montpensier . 
in-12  ;  |  des  Mémoires  de  la  cour  de 
France  pour  les  années  1688  et  1689,  in- 
12.  «  On  lui  reproche  d'avoir  fait  payer  à 
»  M""=  de  Mainlenon ,  dit  un  auteur ,  la 
B  gloire  d'avoir  été  dans  sa  jeunesse  plus 
»  aimable  qu'elle.  »  (  Histoire  d'Henriette 
d'Angleterre  .iw-i'i  :  on  y  trouve  peu  de 
particularités  inléressanles.  |  Divers  por- 
traits lie  quelques  personnes  de  la  cour. 
Tous  ces  ouvra{jes  sont  encore  asse?.  re- 
cherchés. M""^  de  Sévigné  fait  de  ses  qua» 
lités  le  iK)rtrait  le  plus  flatteur.  Mais  lu 
Beaumello  l'a  peinte  moins  avantageuse- 
ment, a  Elle  n'avait  pas,  dit-il,  ce  liant 
a  (|ui  rend  le  conunerce  aimable  et  solide: 
non  trouvait  autant  d'agrémens  dans  ses 
»  écrits,  qu'elle  en  avait  peu  dans  ses  pro- 
■  pos.  Elle  était  trop  impatiente  ;  tantôt  ca- 
»  ressante,  tantôt  impérieuse,  exigeant 
»  des  égards  infinis  ,  et  y  répondant  sou- 
»  vent  par  des  liante urs.  p  Qualités  qui 
n'ont  rien  d'étonnant  dans  une  femme 
qui,  délivrée  des  occu|)alion$  domestiques 
et  paisibles  de  son  elat ,  est  transportée 
dai»s  les  societ.  s  dtb  beaux-esprits,  et  loar- 
5. 


FAY 


Hti, 


FEA 


mcnlée  des  pr<^lenlions  du  savoir  ,  a  qui 
le  nom  de  mère  cl  d'épouse,  de  femme  ver- 
tueuse, douce  et  modeste,  est  moins  cher 
que  celui  d'auteur.  «  L'Iiomme-femme,  dit 
»  l'auteur  de  V Influence  de  la  philoso- 
»  phie  sur  l'esprit  et  le  cœur,  est  aussi 
»  ridicule  que  la  femme-homme  :  ce  sont 
»  de  monstrueux  assemblages  que  notre 
»  siècle,  fertile  en  choses  rares  et  curieu- 
>  ses,  réalise  à  chaque  instant.  Depuis 
»  qu'il  y  a  des  petits-maîtres ,  il  y  a  des 
»  femmes  savantes  ;  depuis  que  leshommes 
»  ont  porté  des  colifichets ,  et  ont  affecté 
»  une  toilette  féminine,  les  femmes  en  re- 
»  vanche  ont  affecté  la  science  des  hoin- 
»  mes  ,  et  se  sont  enfoncées  dans  les  étu- 
»  des  abstraites.  Lequel  vous  donne  meil- 
»  leure  opinion  d'une  femme ,  en  entrant 
»  dans  sa  chambre  ,  de  la  voir  occupée  à 
»  des  travaux  de  son  sexe ,  des  soins  de 
»  son  ménage  ,  environnée  des  hardes  de 
»  ses  enfans,  ou  de  la  trouver  écrivant 
»  des  vers  sur  sa  toilette,  entourée  de  bro- 
>»  chures  de  toutes  les  sortes  ,  et  de  petits 
»  billets  de  toutes  les  couleurs?  Toute 
»  fille  lettrée  restera  fille  toute  sa  vie, 
»  quand  il  n'y  aura  que  des  hommes  sen- 
»  ses  sur  la  terre.  ».  V.  GEOFFRIN ,  etc. 

FAYETTE  (  le  gai  ).  V.  LAFAYETTE. 

'  FAYPOULT  (  Guillaume- Charles  , 
chevalier  de  MAISONCELLES  ) ,  né  en 
1752  ,  d'une  maison  noble  de  Champagne, 
entra  très  jeune  au  service  et  était  offi- 
cier du  génie  à  l'époque  de  la  guerre  d'A- 
mérique à  laquelle  il  voulut  prendre  part. 
Un  refus  qu'il  essuya  du  ministre  de  la 
guerre  le  détermina  à  donner  sa  démis- 
sion ;  dès  ce  moment  il  se  livra  exclusi- 
vement à  la  culture  des  arts  jusqu'à  la 
révolution,  dont  il  embrassa  la  cause; 
bientôt  il  accepta  des  fonctions  publiques, 
fut  électeur  de  la  ville  de  Paris  en  1792 , 
et  devint  chef  de  division  au  ministère 
de  l'intérieur  sous  Roland  et  Garât  ;  il 
passa  de  leurs  bureaux  dans  ceux  du  co- 
mité de  salut  public,  et  sut  plaire  à  tous 
les  partis.  On  a  de  lui  :  un  Fssai  sur  les 
finances j  1795 ,  in-8° ,  ouvrage  médiocre  ; 
peu  de  temps  après  il  fut  nommé  minis- 
tre des  finances,  et  ce  fut  sous  son  admi- 
nistration que  les  planches  des  assignats 
furent  brisées.  Son  porte-feuille  lui  fut 
retiré  au  bout  d'un  an;  mais  on  lui  donna 
l'ambassade  de  Gènes,  et  plus  tard  la  ville 
de  Gènes  fit  frappei'  une  médaille  à  son 
efiigie  et  à  celle  du  général  Bonaparte , 
avec  celte  exergue  :  ^  Napoléon  Bona- 
parte et  à  Guillaume  FaifpouH  la  Ligwie 
reconnaissante.  Faypouli  passa  du  Gènes  à 


Milan ,  puis  en  1797,  à  Rome ,  en  qualité 
de  commissaire  pour  l'installation  du  gou- 
vernement de  la  république  romaine.  Une 
querelle  très  vive  qu'il  eut  avec  Cham- 
pionnet,  et  qui  amena  la  destitution  de 
ce  dernier,  devint  après  le  18  fructidor, 
un  motif  de  proscription  contre  Faypoult. 
Il  fut  dénoncé ,  en  1799 ,  comme  dilapi- 
dateur ,  et  poursuivi  par  le  tribunal  cri- 
minel de  la  Seine  ;  ces  poursuites  s'arrêtè- 
rent d'elles-mêmes.  Après  le  18  brumaire, 
il  fut  nommé  préfet  de  l'Escaut,  et  en  exerça 
les  fonctions  jusqu'en  1808  qu'il  fut  destitué 
par  Bonaparte.  Son  frère  Joseph  ayant 
été  placé  sur  le  trône  d'Espagne  ,  appela 
Faypoult  auprès  de  lui ,  et  le  nomma  son 
ministre  des  finances  ;  il  remplit  cet  em- 
ploi jusqu'à  la  fin  de  1813 ,  et  revint  alors 
en  France  avec  Joseph.  Il  fut  ensuite  en- 
voyé en  Italie  avec  une  mission  impor- 
tante. Pendant  les  cent-jours,  il  fut  nommé 
préfet  du  département  de  Saône-et-Loire, 
et  prit  tous  les  moyens  imaginables  pour 
retarder  la  marche  des  puissances  alliées. 
Les  Autrichiens  étant  entrés  à  Màcon  ,  il 
quitta  cette  ville,  et  quelques  mois  après 
se  retira  à  Gand  où  il  fut  très  bien  accueilli. 
En  181G  il  revint  à  Paris,  et  y  mourut  au 
mois  d'octobre  1817. 

*  FAZELLI  (Thomas),  historien  sicilien, 
religieux  de  l'ordre  de  Saint-Dominique, 
professeur  de  philosophie  à  Palerme , 
né  à  Sacca  en  1498  ,  mort  à  Palerme  en 
1570,  n'a  laissé  qu'un  seul  ouvrage  inti- 
tulé de  Rébus  siculis  décades  duœ ,  Pa- 
lerme ,  1558,  1560 ,  in-fol.  ,  traduit  en  ita- 
lien par  Remigio,  Venise,  1574,  in-4°, 
et  Palerme,  1626,  in-fol.  Cette  histoire 
est  très  estimée.  —  FAZELLI  (  J brome  ) , 
frère  du  précédent,  savant  théologien, 
religieux  de  l'ordre  de  Saint-Dominique  , 
consulteur  du  saint  Office  et  prieur  de  sa 
communauté,  né  en  1502  à  Palerme, 
mort  dans  cette  ville  en  1585 ,  a  laissé  : 
I  des  Sermons;  \  un  Traité  des  Indulgen- 
ces; I  des  Commentaires  latins  manu- 
scrits sur  les  psaumes,  l'évangile  de  Saint- 
Marc  et  les  Actes  des  apôtres,  |  et  un  livre 
intitulé  Prediche  quaresimali ,  Païenne  , 
1575  ,  in-4" ,  et  Venise  ,  1592 ,  in-4° ,  en 
deux  parties. 

FÉATLY  ou  FAIRCLOUGH  (  Daniel  ) , 
théologien  anglais ,  chapelain  de  sir  Tho- 
mas Edmondes,  ambassadeur  du  roi  Jac- 
ques en  France,  puis  de  l'archevêque 
Abbot,  recteur  de  Lambet,  prévôt  du  col- 
lège de  Chelséa,  naquit  en  1582  àCharlon, 
coinlé  d'Oxford  ;  il  se  distingua  par  une 
grande  habllelc  dans  la  controverse  scbo- 


FEB 


tm 


FEC 


..-■liijuc ,  occupa  succcssivcmeni  diff^';- 
rentes  cures ,  cl  fui  nomiiu*  mt-mbro  de 
l'aueinMée  des  tliéoloipons  de  Westmins- 
ter en  1<143.  St»n  opposilitm  nu  Covcnant 
rayant  fait  rçijardor  comme  un  t-spion  dans 
le  parlement,  il  fut  jeté  en  prison  cl  trans- 
fère au  collège  de  Chelséa,  où  il  mourut 
en  ICiS.  On  a  de  lui  un  asse»  Rrand  nom- 
bre d'ouvratjes  ascétiques  et  de  contro- 
verse ,  parmi  lesquels  on  distin{;iie  celui 
qui  a  pour  titre  .-innlla  ptetaliSj  1G79, 
8*  édition  .  à  laquelle  il  joignit  la  Pratique 
de  dévotion  extraordinaire.  Il  a  aussi 
donné  la  fie  de  Jewcl .  en  tète  des  œu- 
vres de  cel  auteur;  celles  de  Retjnolils , 
du  docteur  Robert  .4 bbot  ^  etc.;  ces  der- 
nières ont  été  insérées  dans  l'Jbel  ,Re- 
divivus ,  de  Fuller. 

•  FEAU  (Ch IULES)  ,  prêtre  de  l'ora- 
toire, professeur  d'humanités  dans  dif- 
féreiis  collèges  de  sa  congrégation,  né  à 
Marseille  en  1603  ,  a  composé  en  langue 
provençale  plusieurs  petites  pièces  qui 
ont  élé  recueillies  et  publiées  par  un 
anonyme  sous  le  litre  de  Lou  jardin  dôijs 
tnujsos provencales^M.3irsii\lc,  1665,  in-12. 

FEBRO.MU'S.  ployez  HONTHEIM. 

•  FEBUIIE  ou  FÈVRE  (  Michel),  nom 
sous  lequel  le  père  Justinien  de  Tours, 
missionnaire  qui  résida  long-lemps  en 
Orient,  a  publié  divers  ouvrages.  La  Ribl. 
Script,  capuccinorutn,  qui  parle  de  ce 
religieux,  n'ir.dique  ni  l'époque  de  sa 
naissance  ni  celle  do  sa  mort.  On  a  de 
lui  :  I  Prœcipuœ  objcctiones  mahumelicœ 
legis  scctatorum  adversus  calholicos ,  ea- 
ruinque  solutiones .  Rome,  1679 ,  in-12.  Cel 
ouvrage  a  été  traduit  en  urabe  et  en  ar- 
ménien, et  ces  traductions  ont  élé  iinpri- 
mées  à  la  Propagande ,  la  première  en 
1680,  et  la  seconde  en  1681.  |  Specchio , 
overo  descrittione  délia  Tarchia .  Rome  , 
1674,  in-12.  L'autour  traduisit  lui-même 
•on  ouvrage  en  français ,  et  sa  traduction, 
augmentée  de  plusieurs  chapitres,  a  paru 
tous  le  titre  à' Etat  présent  de  la  Turquie. 
0U  il  est  traité  des  vies,  mœurs  et' cou- 
tumes des  Ottomans  et  autres  peuples  de 
leur  empire .  Pari-i ,  Uu'j,  in-12.  Il  a  été 
aussi  traduit  en  espagnol  et  en  allemand. 
i  Tiiéâtre  de  la  Turquie ,  où,  sont  rcprè- 
tentèes  les  choses  les  plus  remarquables 

■'  i'tj  passent  aujourd'hui ,  Paris,  1682, 
k"  :  on  a  fait  un  nouveau  titre  sous  la 
•  de  1688.  La  traduction  italienne  a 
»  à  Venise  en  168V  ,  in-i",  sous  le  titre 
/''(itro  delta  Turchia.  «  Je  n'écris  rien. 
;  Michel  I.«Febure  dans  sa  préface,  que 
n'aye  vcu  et  observe  nioy-mesnie  le 


•  plus  exartcmenl  qu'il  m'é  il^^fiÉtUè 

»  par  l'espace  de  dix-huit  nn»,  ou  SCCU 
»  iKir  des  personnes  très  dignes  do  fol... 
p  .le  ne  dis  i  ien  de  mes  voyages  en  dlver- 
»  ses  provinces  de  l'empire  ottoman,  & 
!>  sçavoir  dans  la  Syrie  ,  Mésopotamie , 
»  Caldéc,  Assyrie,  Curdistan  ,  Arabie  d6- 
»  série,  Palestine,  Judée,  Caramanic, 
»  Cilicie,  Phrygio,  Bylinie,  Natolie,  Ro- 
»  manie ,  Chi|)res,  Archipel,  etc.,  no 
»  m'étant  pas  proposé  de  faire  ici  la  dcs- 
p  criplion  des  terres  de  la  Turquie ,  mais 
»  seulement  de  montrer  distinctemeni 
n  l'état  dans  lequel  elles  se  trouvent  à 
»  prés<*nt ,  etc.  p 

FEBVRE  de  SVINT-MARC.  Voyez 
SAINT-MARC  (  Cii*nLES-Hcf.UES  de  ). 

FEBVRE  ou  LEFERURE  (Jacques  et, 
selon  quelques-uns  ,  Jea\  le  ) ,  jésuite  , 
né  àGluson,  village  du  Hainaut,  cnsei- 
{fna  la  philosophie  à  Douai ,  fut  prési- 
dent du  séminaire  archiépiscopal  de  Cam- 
brai, établi  à  Beuvrage  ,  près  Valencien- 
nes.  Il  s'y  appliqua  avec  une  ardeur  et 
une  assiduité  infatigable  à  former  les 
élèves  qui  lui  étaient  confiés  ,  à  la  subli- 
mité des  vertus  qui  illustrent  le  sacerdoce, 
et  font  les  pasteurs  chrétiens.  Dans  sa 
dernière  maladie  ,  il  se  fit  transporter  à 
Valenciennes,  où  il  mourut  le  29  avril 
1755.  Il  est  connu  par  deux  ouvrages  où 
il  combat  les  incrédules  avec  beaucoup 
de  succès;  le  premier  est  intitulé  :  Bayle 
en  petit,  ou  Ânatomie  de  ses  ouvrages. 
Douai,  1737,  in-12.  Il  reparut  à  Paris  en 
1747  avec  une  suite,  sous  ce  titre  :  Exa- 
ynen  ci-itique  des  ouvrages  de  Bayle.  Il  y 
démontre  que  les  écrits  de  Bayle  contien- 
nent de  quoi  former  le  plus  monstrueux 
assemblage  d'obscénités ,  d'hérésies  et 
d'athéisme.  Il  met  au  grand  jour  les  con- 
tradictions ,  les  paralogismes  ,  les  calom- 
nies, les  falsifications  et  les  impostures  de 
ce  fameux  sceptique.  Le  second  est  La 
seule  religion  véritable  démontrée  contre 
les  athées,  déistes .  etc.,  Paris,  1744,  in- 
8",  ouvrage  solide  et  méthodique. 

'  FEBVRE  (  Philippe  le),  président 
honoraire  du  bureau  des  finances  cl  de  la 
généralité  de  Rouen,  mort  à  Chambcry 
vers  1780 ,  a  laissé  plusieurs  ouvrages  peu 
importans.  Le  seul  qui  mérite  d'être  cité 
est  son  Abrégé  de  la  vie  d'.ïttguste  ,  in- 
12,  où  les  faits  principau.x  sont  ex]K)sés 
avec  imc  clarté  élégante. 

•  FECKENHAM  (Jean  de),  dernier 
abbé  de  Westminster ,  s'opposa  avec  bcaur 
coup  d'énergie  à  la  réformation.  Envoyé 
à  la  Tour,  il  y  demeura  jus<iu'au  règne 


FEG 


56 


FEI 


de  Marie,  et  fui  alors  nommé  abbé  de 
Wcslminsler.  La  reine  Elizabeth  lui  offrit 
l'archevêché  de  Cantorbéry,  à  condition 
qu'il  embrasserait  la  réforme  ;  il  refusa , 
et  fut  de  nouveau  enfermé  à  la  Tour.  Il 
mourut  en  1583  prisonnier  dans  l'île  d'Ely, 
laissant  quelques  Traités  et  des  Sermons  : 
\  Conférence  dialogue -wise  heldbetween 
the  lady  Jane  Dudley  and  M.  John  Fec- 
kenhamfour  days  heforc  her dealh .  etc. , 
Londres,  1554,  ouvrage  qui  a  été  repro- 
duit en  substance  dans  les  Actes  et  Monu- 
mens  des  Martyrs  de  Fox  ;  |  Speech  in  the 
houseof  orde^  1535  ;  |  the  Déclaration  of 
such  scrupules  and  staies  of  conscience  ^ 
touching  tlie  oath  of  supremacy  delivered 
hy  writing  to  D.  Horne^  hishop  of  ff^in- 
chester^  1566;  |  Caveat  emptor  ^  pamphlet 
dont  le  but  parait  avoir  été  d'effiayer  la 
conscience  des  acquéreurs  des  biens  sé- 
questrés sur  les  catholiques  anglais. 

FEDCLE  (  Cassandra  ) ,  née  en  1465 , 
à  Venise ,  d'une  famille  noble  originaire 
de  Milan ,  fut  l'admiration  de  son  siècle 
par  l'étendue  et  la  variété  de  ses  connais- 
sances. Elle  cultiva  avec  succès  l«s  let- 
tres grecques  et  latines ,  la  philosophie , 
l'éloquence ,  l'histoire  et  la  théologie  ;  la 
poésie  et  la  musique  lui  servaient  de  dé- 
lassement. Elle  se  lia  avec  le  père  de  la 
Mirandole ,  et  correspondit  aussi  avec  plu- 
sieurs souverains ,  tels  que  le  pape  Léon 
X  ,  le  roi  de  France  Louis  XII ,  le  roi  d'A- 
ragon Ferdinand ,  et  Isabelle  de  Castille. 
Cette  princesse  voulut  l'attirer  à  sa  cour, 
et  le  poète  latin  Augureilo  lui  adressa  une 
Ode^  pour  l'engager  à  ce  voyage;  mais 
la  république  de  Venise  ne  voulut  pas  se 
laisser  ravir  un  de  ses  plus  beaux  orne- 
nicns  Cassandra  avait  été  mariée  à  un 
médecin  de  Vicence ,  (  Remi-Marie  Ma- 
pelli  ),  et  elle  le  suivit  à  Candie ,  où  la  ré- 
publique l'envoya  exercer  son  art.  Après 
la  mort  de  son  époux ,  elle  fut  nommée  , 
dans  un  âge  très  avancé,  supérieure  des 
hospitalières  de  Saint -Dominique,  à  Ve- 
nise. Elle  gouverna  cette  maison  pendant 
12  ans,  et  mourut  le  25  mars  1558,  âgée 
de  95  ans.  Thomassini  a  recueilli  les  Let- 
tres et  discours  de  Cassandra,  et  a  itiis 
en  tête  la  Vie  de  cette  femme  célèbre, 
Paris.  1656,  in-8°. 

FEDOll.  Voyez  FOEDOR. 

FEGELI  (Fraxçois-Xavier  )  né  à  Rote 
dans  le  canton  de  Fribourg  en  1690 ,  se  fit 
jésuite  en  1710,  enseigna  la  théologie  pen- 
dant 12  ans,  et  mourut  à  Fribourg  en 
1748.  Ou  a  de  lui  :  |  De  munere  confes- 
sojii  ;  l  De  munere  pœniicntis. 


FEIJOO  (Benoit-Jérôme  ),  bénédictin 
espagnol ,  mort  en  1764 ,  à  63  ans  ,  a  con 
tribué  autant  par  ses  pièces  critiques  à 
éclairer  ses  compatriotes  sur  leurs  vices  v.l 
leurs  défauts,  que  Michel  Cervantes  a  cor- 
riger ceux  de  son  siècle  par  son  roman  de 
Don  Quichotte.  On  a  de  lui  le  Théâtre  cri- 
tique en  17  vol.  in-4°,  y  compris  une  table 
des  matières.  Une  partie  de  ce  recueil  a  été 
traduite  en  français  par  M.  d'Hermilly,  4 
vol.  in-12.  Les  ouvrages  de  Feijoo  ont 
été  plusieurs  fois  réimprimés.  La  meil- 
leure édition  est  celle  publiée  par  les 
soins  de  Campomanès,  Madrid,  1780,  33 
vol.  in-8°. 

*  FEITAM\  (  SiBRAWD  )  poète  hollan- 
dais ,  né  à  Amsterdam  en  1694 ,  mort  en 
1758 ,  à  65  ans  et  demi,  débuta  par  la  tra- 
gédie de  Fabricius ,  et  par  un  drame  allé- 
gorique intitulé  :  Le  triomphe  de  la  poésie 
et  de  la  peinture.  Il  renonça  à  la  composi- 
tion, pour  se  livrer  uniquement  à  la  tra- 
duction des  ouvrages  français  qu'il  crut 
dignes  d'être  connus  en  Hollande  ;  et  tra- 
duisit Romulus ,  les  Machabées ,  Brutu:i, 
Alzire,  Pyrrhus,  etc.  Feitama  donna 
aussi  une  traduction  en  vers  hollandais 
du  Télémaque  de  Fénélon,  et  celle  de  la 
Henriade  de  Voltaire,  également  en  vers. 
Son  Théâtre  a  été  publié  en  1755  ,  2  vol. 
in-4°. 

FEITII  (  EvERAR»  ) ,  d'Elbourg  dans 
la  Gueldre,  se  rendit  très  habile  au  16* 
siècle,  dans  les  langues  giccque  et  hé- 
braïque. Les  troubles  des  Pays  -  Bas  l'o- 
bligèrent de  se  retirer  en  France ,  où  il 
s'acquit  l'estime  deCasaubon,  de  Du  Puy, 
et  du  président  de  Thou.  Il  y  enseigna 
quelque  temps  la  langue  grecque.  Mais 
se  promenant  un  jour  à  La  Rochelle  avec 
son  valet,  il  fut  prié  d'entrer  dans  la  mai- 
son d'un  bourgeois;  et  depuis  ce  moment 
on  ne  put  savoir  ce  qu'il  était  devenu,  quel- 
que perquisition  que  les  magistrats  en 
lissent.  On  a  de  lui  deux  ouvrages  curieux 
et  savans,  in-12,  intitulés  :  Antiquitates 
Honiericœ  ci  Anliquitales  Athenienses,  en 
huit  livres,  Strasbourg,  1745.  Ils  sont 
écrits  en  bon  latin  ;  il  y  traite  delà  religion 
des  Grecs ,  de  leur  marine  et  de  leurs 
usages.  Tout  cela  est  prouvé  par  des  pas- 
sages de  toutes  sortes  d'auteurs. 

*  FEÏTH  (  RuvNVis  ),  célèbre  poète 
hollandais,  membre  de  l'institut  des  Pays- 
Bas,  et  de  plusieurs  auUes  sociétés  sa- 
vantes ,  de  l'ordre  du  Lion-  Belgique  ,  na- 
quit à  ZwoUc  dans  la  province  d'Over- 
Yssel,  le  7  février  1755,  d'une  famille  pa- 
tricienne qui  comptait  puniii  ses  ancêtres 


FEÏ  «7 

4  maoistrat»  cl  des  écrivains  distingnés. 
!'.  s  l'àgc  le  plus  tondre  il  montra  d'heu- 
uses  dispositions  pour  lu  |M)csic,  »'tu- 
uia    le  droit,  et  fut  reçu   docteur  dans 
celte  facilité   en    1770  à   Tunivcrsilé  de 
Leyde.  De  retour  à  Zwollc,  il  en  devint 
bburguemestre  ;  et  peu  do  temps  après 
receveur  du  collège  de  ramiraulédans  la 
même  ville.  Iji  culture  de  la  poésie  rem- 
plissait les  momens  de  loisir  que  lui  lais- 
saient ses  fonctions,  et  il  enrichissait  aussi 
la  littérature    hollandaise    de    plusieurs 
«nivroges  en  prose;  ses  nombreuses  pro- 
ductions annoncent  un  Imui  poète  et  un 
éléganl  prosateur  ;  nous  nous  bornerons 
à  citer  les  suivantes  :  |  le  Bonheur  de  la 
poix ,  1779,  poème  qui  a  remporté  le  pre- 
mier prix  d'un  concours  ouvert  par  la 
société  poétique   de  Leyde  ;  |   Eloge  de 
l'amiral   Ruyter ;  ce  sujet  était   encore 
celui  d'un  prix  proposé  par  la  même  so- 
ciété. Cette  pièce  qui  était  en  vers  obtint 
le  premier  prix  ;   l'auteur  avait  envoyé 
au  concours  un  éloi/e  en  prose  qui  obtint 
lo  deuxième  prix.  |  Poème  sur  la  Provi- 
dence; j  Poème  sur  l'humanité;  \  Poème 
de  Charles  y  à  son  fils  Philippe  II  en  lui 
remettant  le  gouvernement  des  Pays-Bas  ; 
I  Traité  sur  la  force  de  Ut  preuve  de  la  vé- 
rité.de  la  divinité  de  la  doctrine  de  l'évan- 
gile, déduite  des  miracles  opérés  par  J.-C. 
et  par  ses  apôtres  ;  j  La  vertu  et  les  mœurs 
peuvent-elles  chez  des  peuples  oii  la  civi- 
lisation a  fait  de  grands  progrès ,  trouver 
wi  appui  suffisant  et  une  garantie  durable 
dans  les  meilleures  constitutions  humai- 
nes de  législation ,  d'économie  politique, 
et  d'éducation,  sans  avoir  besoin  de  l'in- 
fluence des  idées  religieuses  'i  et  qu'est-ce 
que  l'expérience    nous    apprend  à    cet 
égard  1  L'auteur,  après  la  discussion  la 
plus  lumineuse,  répond  négativement  à 
cette  question.  Cet  ouvrage,  et  ceux  qui  le 
précc«lent,  obtinrent  le  premier  prix  au 
concours  où  ils  furent  envoyés.  |  Odes  et 
poésies.  5   vol.  ;  elles  ont  mérité  à.  leur 
auteur  la  réputation  de  premier  pf»èle  de 
la  Hollande  ;  |  Lettres  sur  différens  sujets 
de  littérature.  G  vol.  in-8";  \  Ferdinand  et 
Constantin .  roman  sentimental  qui  eut  un 
^rand  succès  en    Hollande,  178;j,2   vol. 
fn-b";  I  Lettres  en  vers  à  Sophie.  180'J. 
Feith  se  propose  de  prouver  dans  ces  let- 
tres que  la  philosophie  de  Kant  n'est  pas 
compatible  avec  l'évangile.  Elles  ont  été 
•évèrcmcnt  critiquées  par  le  professcm- 
Kinkrr    frran.l  partisan  de  Kant ,  dans  un 
écr  I  r lires  de  Sophie  à  Feith  ; 

\V^  ,  diverses,  1809  ;  |  le  Tom- 


FEL 

beau,  poème  didactique,  1783.  Çt 
a  été  traduit  en  français  i)ar  A.  Clava- 
reau,  Bruxelles,  \mi ,  in  -  18.  |  Quatre 
tragédies.  Feith  est  mort  à  la  Un  de  182&, 
à  l'àpe  de  71  ans. 

FELlRli:i\  (  A:«DRé  ) ,  sieur  des  A  vaux 
et  de  Javercy,  né  à  Chartres  en  1G19, 
suivit  à  Rome  l'ambassadeur  do    France 
en  qualité  de  secrétaire.  Il  eut  occasion 
de  voir  Le  Poussin  dans  cette  pairie  des 
beaux-arts.  Il  lia  amitié  avec  lui,  et  per- 
fectionna sous  cet  artiste  son  (toùI  pour 
la  peinture  ,  la  sculpture  et  l'architecture. 
Foucquet,  etC^ilbert  après  lui,  employè- 
rent ses  talens.  Il  eut  la  place  d'historio- 
graphe des  bàlimens  du  roi  en   16G6,  el 
celle  de  garde  des  antiques  en  1673.  Deux 
ans  auparavant  il  avait  été  nommé  secré- 
taire de  l'académie  d'architecture.  Sa  pro- 
bité, aussi  connue  que  son  savoir,  le  lit 
estimer  el  aimer  de  ce  qu'il  y  avait  alors 
de  plus  habiles  et  de  plus  honnêtes  gens 
en  France.  Les  uns  cl  les  autres  le  pleurè- 
rent,  lorsqu'il  mourut  en  1695,  à  76  ans. 
C'était  un  homme  grave  et  sérieux.  Sa 
conversation  ne  laissait   pas   d'être  fort 
agréable,  et  même  enjouée,  suivant  les 
oecasions.il  avait  l'esprit  juste  cl  le  cœur 
droit,  el  était  plutôt  ami  de  la  vertu  qu'es- 
clave de  la  fortune.  Il  était  membre  de 
l'académie  des  belles-lettres.  Il  lui  a  fait 
honneur  par  plusieurs  ouvrages  élégans, 
profonds,  et  qui  respirenl  le  goût.  Vol- 
taire lui  a  reproché  avec  raison  de  dire 
trop  peu  de  chose  en  trop  de  paroles,  et 
de  manquer  de  méthode.  Ces  défauts  se 
font  sentir  dans  tous  ses  livres.  Les  prin- 
cipaux sont  :  I  Entretiens  sur  les  vies  et 
les  ouvrages  des  plus  excellens  peintres  , 
2  voL  in-i",  Paris,  1685,  réiinpriin»;s  à 
Amsterdam  en  5  vol.  iii-12;  à  Trévoux 
en  6,  et  traduits  en  anglais  ;  |  Traité  de 
l'origine  de  la  peinture .  in-4";  |  Les  Prin- 
cipes de  l'architecture  .peinture  et  sculjh- 
ture .   Paris,    1690,  in-Zt".  On  voit  que 
Félibien  avait  inédite  sur  tous  ces  arts  ; 
cet  ouvrage,  rempli  de  réflexions  pro- 
fondes et  judicieuses  sur  la  théorie  et  la 
pratiqm;,  aida  les  artistes  et  éclaira  les 
savans.  |  Les  Conférences  de  l'académie 
royale  de  peinture,  in -A.";  |  Les  quatre 
élcnirns  peints  jxir  Le  Brun .  et  mis  en 
tapisseries,  décrits  par  Félibien,  '\n-k°\ 
I  Description  de  la  Trappe,  in- 12;  |  Tra- 
duction du  Château  île  l'âme .  de  sainte 
Tliérèsc ,  de  la  f^ie  du  pape  Pie  V ,  de 
la  Disgrâce  du  comte  d'Olivarès ,  1658, 
in-8";  j  le  Tal>leau  de  la  famille  île  Da- 
rius, décrit  par  le  même,  iu-/»";  |  Le&  di- 


FEL 

verlissemens  de  Versailles  j  dormes  par 
le  roi  à  toute  sa  cour,  in-12  ;  |  Description 
sommaire  de  Versailles ,  avec  un  plan 
^raf«  par  Sébastien  Le  Clerc,  in-12;  1694; 
I  Description  de  la  grotte  de  Versailles, 
1672,  Paris,  in-i°  ;  |  Description  de  la  cha- 
pelle du  château  de  Versailles,  ib.,  1711 , 
in-12  ;  plusieurs  biogfraphes  ont  attribué  à 
tort  ces  trois  derniers  ouvrages  à  son  fils. 
I  Vie  du  père  Louis  de  Grenade;  \  Para- 
phrase des  lamentations  de  Jérémie, 
1646.  Félibicn  fut  un  des  huit  savans  qui 
formèrent  l'académie  des  inscriptions, 
fondée  par  Colbert  en  1663.  Ce  fut  lui  qui 
composa  toutes  les  inscriptions  placées 
dans  la  cour  de  l'Hôtel  de  Ville  de  Paris, 
depuis  1660  jusqu'en  1686.  Il  laissa  trois 
fils  :  Nicolas- André,  mort  doyen  de  l'é- 
glise de  Bourges  en  1711 ,  et  les  deux  sui- 
vans. 

FÉLIBIEIN  (  Jean-François  ) ,  fils  du 
précédent,  mort  le  23  juin  1753,  à  l'âge 
de  75  ans ,  succéda  à  son  père  dans  toutes 
ses  places ,  et  eut  comme  lui  le  goût  des 
beaux-arts.  On  lui  doit  -.{Recueil  historique 
de  la  vie  et  des  ouvrages  des  plus  célè- 
bres architectes,  Paris ,  1687 ,  in-4*'  :  ou- 
vrage réimprimé  plusieurs  fois  à  Paris  et 
dans  les  pays  étrangers ,  avec  les  Entre- 
tiens de  son  père  sur  les  peintres  ^  dont 
il  est  le  piaridant.  On  conservait  dans  les 
archives  de  l'académie  des  inscriptions , 
deux  manuscrits  de  Félibien  ;  |  une  Des- 
cription historique  de  l'ancien  Louvre ,  et 
une  autre  de  quelques  monumens  anciens 
de  la  ville  de  Farts.  |  La  Description  de 
t église  des  Invalides  ^  1706 ,  in-folio ,  ré- 
imprimée en  1756. 

FÉLÏBIEIV  (  don  Michel  )  frère  du  pré- 
cédent ,  bénédictin  de  la  congrégation  de 
St.-Maur,  né  à  Chartres  le  14  septembre 
1666,  soutint  avec  honneur  la  réputation 
qiie  son  père  et  son  frère  s'étaient  ac- 
quise. Les  échevins  de  Paris,  informés 
de  son  mérite ,  le  choisirent  pour  écrire 
l'histoire  de  cette  ville;  il  l'avait  beau- 
coup avancée,  lorsqu'il  mourut  en  1719. 
Elle  fut  continuée  et  publiée  par  don  Lo- 
bineau,  en  5  vol.  in-fol. ,  à  Paris,  1725. 
On  a  encore  de  don  Félibien,  l'Histoire  de 
V abbaye  de  St.- Denis,  1  vol.  in-folio, 
ornée  de  ligures,  pleine  d'érudition,  de 
recherches  ,  et  enrichie  de  savantes  dis- 
sertations. Elle  parut  à  Paris  en  1706.  Le 
Père  Félibien  était  un  homme  d'un  juge- 
ment sûr  et  d'un  esprit  facile  ;  mais  sa 
faible  santé  fut  un  grand  obstacle  à  ses 
études. 

FÉLIBIEN  (  Jacques  ) ,  frère  d'André, 


58  FEL 

chanoine  et  archidiacre  de  Chartres,  où 
il  était  né  en  1656,  a  composé  :  |  des  In- 
structions morales,  en  forme  de  caté- 
chisme ,  sur  les  Commandemens  de  Dieu 
et  sur  le  Symbole ,  tirées  de  l'Ecriture 
sainte;  |  Pentaleuchus  historicus ,  Paris, 
1703,  in-4''.  Ce  livre  a  été  supprimé  par 
un  arrêt  du  conseil  ;  dans  plusieurs  exem- 
plaires, les  cartons  retranchés  se  trou- 
vent à  la  fin  du  volume.  Il  mourut  le  25 
novembre  1716 ,  à  82  ans. 

*  FÈLICE  (Forrtuné-Bartiiélemi  de), 
né  à  Rome  le  24  août  1723,  d'une  famille 
originairement  napolitaine ,  fit  de  bonnes 
études  chez  les  jésuites ,  et  professa  avec 
beaucoup  de  succès  à  Rome  et  à  Naples. 
Ayant  enlevé  dans  un  couvent  une  femme 
de  condilion ,  il  fut  obligé  de  fuir ,  et  il 
se  retira ,  après  avoir  parcouru  différens 
pays,  à  Berne,  où  il  embrassa  la  religion 
protestante  ,  et  se  lia  intimement  avec  le 
célèbre  Haller  et  Tscharner.  Il  vint  en- 
suite établir  une  imprimerie  à  Yverdun, 
et  publia  avec  ce  dernier  VEstralo  délia 
letteratura  europea ,  journal  qu'il  conti- 
nua pendant  9  ans ,  et  qui  se  fait  remar- 
quer par  une  saine  critique  et  une  éru- 
dition variée.  Il  a  donné  en  outre  un  très 
grand  nombre  d'ouvrages  ;  les  principaux 
sont  :  I  De  Newtoniana  altractione ,  unica 
cohœrenliœ  naturalis  causa  j  adversàs 
Clar.  Hambergerum,  Berne  ,  1757 ,  in-4°; 
I  Discours  sur  la  manière  de  former  l'es^ 
prit  et  le  cœur  des  enfans ,  Yverdun , 
1765 ,  in-8'^  ;  |  Principes  du  droit  de  la  na- 
ture et  des  gens,  d'après  Burlamaqui, 
Yverdun,  8  vol.  m-8°.  (  Votjez  BURLAMA- 
QUI). Il  en  donna  un  abrégé  sous  le  tilrt; 
de  Leçons  de  droit  de  la  nature  et  des 
gens,  1769,  4  vol.  in-8'*.  |  U Encyclopédie . 
ou  Dictiomiaire  universel  raisonné  des 
connaissances  humaines ,  Y  m  eidan,  1770- 
80,  42  vol.  in-4° ,  6  vol.  de  supplément ,  el 
4  vol.  de  planches ,  d'après  l'édition  de 
Paris,  mais  qu'il  crut  pouvoir  refondre, 
améliorer,  enrichir.  Tous  les  articles  si- 
gnés D.  F. ,  et  toutes  les  additions  placées 
entre  deux  astérisques ,  sont  de  lui.  Il  cui 
pour  collaborateurs  Euler  ,  Deleuze ,  Ts- 
charner ,  Lalande ,  Dupuis ,  Lieutaud, 
Haller  ,  Formey ,  etc.  |  Code  de  l'huma- 
nité, ou  la  Législation  universelle ,  7ia 
turelle ,  civile  et  politique ,  Yverdun ,  1778, 
13  vol.  in -4".  Cet  ouvrage  est  tiré  eu 
partis  de  son  Encyclopédie ,  mais  il  y  u 
joint  des  dévcloppemens  nombreux.  |  Ta- 
bleau jihilosophique  de  la  religion  chré- 
tienne,  1779,4  vol.  in-12;  |  Tableau  rai- 
sonné de  l'histoire  littéraire  d\i.  18*  siècle ^ 


FEL 


K9 


PEL 


Y-«r4ian,l77IK83.  in-S";  |  EUmtnêdela 
dun  état,  1781 .  2  vol.  in-lS.  Fclicc 
i.orl  le  7  février  1789.  à  Yverdun. 
•  1  ELICI  (  lo  Père  Louis  ) ,   jt-suile , 
naquit   à  Ischia  vers    1740.   enlra   jeune 
dans  la  conipaj^iiie  de  Jésus,  y  lit  pro- 
fession on  177.') .  et  se  distingua  par  toutes 
les  vertus  thclienncs.  Entre  autres  bon- 
nes œuvres,  on  lui  doit  U  fondation  de 
deux  etablisscmens  qui  rendent  encore 
-"     ■-;H)rtans  services  à  la  religion  et  aux 
i  <.  Le  premier  est  la  Congrégatioti  de 
lirons  et  d'agriculteurs,  dans  l'église 
d<3  Saint- Vital,  attachée  au  noviciat  de 
Saint-Andn*.  Cette  pieuse  institution,  que 
le  Père  Félici  fonda  lorsqu'il  était  encore 
novice,  servit  à  inspirer  à  des  gens  gros- 
siers des  sentiniens  religieux  ,  des  mœurs 
plus  pures  ;  mit  tin  aux  rixes  fréquentes 
que  le  moindre  différend  occasionait,  et 
'  >rta  à  s'aimer  et  à  se  secourir  mutuel- 
ut.  Se    trouvant    à  Rome,  le   Père 
'  _.ci  fonda  encore  l'associatioYi  connue 
sous  le  nom  à' Union  des  Prêtres  de  Saint- 
Paul.  Elle  »e  forma ,  en  1790 ,  dans  l'hôpi- 
tal de  U  Consolation,  où  d'anciens  jésuites 
el  des  prêtres  séculiers  se  réunissaient 
pour  assister  les  malades.  Il  fut  secondé 
dan»  cette  édifiante  entreprise  par  MM. 
Vincent  Henri,  Joseph  Manrisi,   Pierre 
Cairallo,    François   Buffa,   l'abbé  So7.zi , 
Oaëtan  Zucchi ,  et  par  les  PP.  Bordoni , 
Paradis!  et  Salvatori ,  jésuites.  Le  prélat 
Médicis  fut  lo  bienfaiteur  de  cette  société, 
qui  obtint  la  protection  du  vertueux  car- 
dinal  Colon  na.  Le  nombre  des  associés 
augmentant  de  jour  en  jour ,  ils  se  ras- 
semblaient dans  l'église  de  la  Sapience , 
d'où  ils  se  transportèrent  à  l'Oratoire  de 
Saint-Paul,  dans  l'église  de  Saint-Stanis- 
las des  Polonais.  Les  personnes  les  plus 
distinguées  du  clergé  régulier  et  séculier, 
des  prélats    et  des  cardinaux,  assistent 
sonvent  à  cette  société  et  y  tiennent  tous 
iM  quinze  jours  leurs  conférences.  On  a 
dWisé  l'association  en  huit  branches ,  cha- 
ame  soumise  à  un  régulateur  particulier, 
I  1«  charitable  but   est  de  distribuer 
''Ccours   spirit«els  aux  malades   des 
'-"- ■    -'      f-=-'-    \f    catéchisme,    de 
les  dimanches  aux 
>  nations;  de  propa- 
t^ar  par  tout  lu  ntonde  la  dévotion  tuix 
de  Jésus  et  de  Marie  ;  d'instruire 
troapw,  les  détenus,  les  forçats  et 
s  ganliew;  de  réunir  tous  les  jours 
oies  le»  Jtfones  artisans ,  les  écoliers, 
:>*iTe  de  famille ,  les  marchands  el  ar 
^  :  de  visiter  les pauvresnudades  dans 


les  maisons  de  Rome ,  et  leur  porter  des 
secours  spirituels  et  temporels,  d'in- 
struire Ifsconvalescens  dans  l'hospice  du 
Père  Ange;  de  visiter  fréquemment  le» 
fous  de  1  hôpital  de  la  Lougara.  Krifin , 
deux  autres  branches  se  sont  réunies  aux 
huit  premières,  dont  l'une  s'attache  à 
l'instruction  spirituelle  des  jeunes  étu- 
dians  de  l'archigynmase  romain ,  et  l'axi- 
tre  à  celle  des  élèves  des  beaux- arts.  Le 
bien  qu'a  fait  celte  association  est  incal' 
culable ;  ce  bien  est  dû  au  Père  Félici,  et 
à  ses  zélés  protecteurs.  «  Cela  prouve ,  dit 
l'auteur  des  «  Mémoires  ecclésiastiques 
»  (  M.  Pie  ) ,  combien  ce  clergé  (  le  clergé 
»  romain  )  mérite  le  rang  qu'il  occupe 
»  dans  les  églises  de  la  chrétienté.  Il  était 
p  digne  de  la  capitale  du  monde  calholi- 
>  que  d'offrir,  dans  cette  association  ,  un 
»  modèle  aux  prêtres  et  aux  fidèles  des 
»  autres  contrées.  »  Lors  du  rétablissement 
de  la  compagnie  de  Jésus  ,  le  Père  Félici, 
quoique  très  âgé  el  devenu  aveugle,  vou- 
lut oe  réunir  à  ses  confrères.  C'est  dans 
leurs  bras  qu'il  est  mort ,  le  29  novembre 
1819,  à  81  ans.  C>e  pieux  jésuite,  avant 
même  qu'il  eût  fondé  VUnion  des  prêtres 
de  Saint-Paul ,  était  révéré  à  Rome,  où 
il  avait  entrée  chez  les  principaux  digni- 
taires de  l'Eglise.  Il  était  le  conciliateur, 
l'ange  de  paix  dans  les  familles ,  le  bien- 
faiteur des  pauvres  ;  il  était  enfin  chéri 
de  tontes  les  classes,  comme  possédant 
toutes  les  vertus. 

FÉLICIAIM  (  PoarBYBK),  évêque  de 
Foligno,  nx)rt  en  1632,  à  70  ans,  avait  été 
secrétaire  du  pape  Paul  V.  n  écrivait  avec 
beaucoup  de  netteté  en  latin  et  en  italien. 
Il  n'eut  point  de  supérieur  en  son  temps 
pour  la  poésie  italienne.  On  a  de  lui  des 
lettres  et  des  poésies. 

FÉLICISSIME  ,  diacre  de  Carthaçe,  se 
sépara  de  saint  Cyprien  avec  les  chré- 
tiens tombés  dans  la  persécution,  vers  l'an 
231.  U  voulait  qu'on  les  reçût  à  la  com- 
munion sur  une  simple  recommandation 
des  martyrs,  et  sans  qu'ils  eussent  fait  pé- 
nitence. Il  se  joignit  à  Novat  et  à  quel- 
ques autres  prêtres.  Saint  Cyprien  les  ex- 
comniunia. 

FÉLICITÉ  (  sainte  ) ,  dame  romaine , 
souffrit  le  martyre  avec  ses  sept  fils,  sous 
Marc-Aurèle  ,  vers  l'an  16&.  Les  enfans, 
encouragés  par  leur  illustre  mère,  suppor- 
tèrent les  tournieas  avec  une  constance 
admirable.  L'ainé  fut  flagellé  jusqu'à  la 
mort ,  avec  des  fouets  garnis  de  plomb  ; 
les  deux  suivans  furent  assommés  à  coups 
de  b&lon.  et  les  autres  décuUés  avec  leur 


FEL 


60 


FEL 


mère ,  ^ui  fut  martyrisée   la   dernière. 
^f'oyez  PEIU'ÉTUK. 

♦  FÉLIXSKI  (Aloise),  un  des  poètes 
les  plus  distingués  de  la  Pologne,  membre 
de  la  société  des  amis  des  sciences  de 
Varsovie  ,  de  l'université  de  Wilna  ,  na- 
quit àOssow,  dans  le  district  de  Luck  en 
Wolhynie ,  en  i773.  Il  se  trouvait  à  Var- 
sovie à  l'époque  de  la  diète  constitution- 
nelle ,  et  il  composa  alors  son  ouvrage 
Senatus-consullcs  sous  le  règne  de  Jean 
Sobieski,  suivi  de  plusieurs  questions  de 
droit  ;  à  la  même  époque  il  fit  paraître 
divers  écrits  politiques  tendant  à  corriger 
la  forme  du  gouvernement  delà  Pologne. 
Félinski  adressa  à  plusieurs  personnes  dis- 
tinguées, entre  autres  à  Kosciuszko,  quel- 
{[ues-unes  de  ses  poésies  qui  le  firent  con- 
naitre  avantageusement.  Devenu  en  1791 
précepteur  du  neveu  de  Czacki,  il  fut 
ensuite  nommé  secrétaire  des  correspon- 
dances de  France  auprès  du  généralissime 
Kosciuszko.  Il  occupa  ensuite ,  après  un 
voyage  fait  en  Allemagne  dans  les  armées 
1808  et  1809,  la  chaire  d'éloquence  et  de 
poésie  au  lycée  de  Krzemieniec ,  et  fut 
nommé  bientôt  après  directeur  de  cet 
établissement.  Il  avait  entrepris  de  se 
constituer  le  réformateur  de  l'orthogra- 
phe et  même  de  la  langue  polonaise  ;  son 
système  eut  des  partisans  et  des  ennemis  ; 
le  savant  Jean  Suiadecki ,  qui  se  rangea 
parmi  ses  adversaires,  fut  wn  de  ceux  qui 
contribuèrent  le  plus  à  faire  échouer  son 
projet  de  réforme.  Félinski  est  mort  le  12 
février  1822  à  Krzemieniec.  Il  est  auteur 
d'une  excellente  tragédie  intitulée  Barbe 
Radziwill  ^  qui  a  été  traduite  en  prose 
française  dans  les  chefs-d'œuvre  des  théâ- 
tres étrangers;  il  a  traduit  aussi  du  fran- 
çais le  poème  de  Y  Homme  des  champs  de 
Delille^  et  quelques  tragédies.  Ses  OEur- 
vres  ont  été  publiées  en  1825 ,  par  le  comte 
Gustave  Olizar  son  ancien  élève.  Une  pre- 
mière édition  avait  déjà  paru  de  1816  à 
1821,  Varsovie  ,  2  vol.  in-8°. 

FELIPIQUE  BARDANES.  Voyez  PHI- 
LIPPICUS. 

FÉLIX,  proconsul  et  gouverneur  de 
Judée,  frère  dePallas  affranchi  de  Claude , 
passa  en  Judée  vers  l'an  53  de  J.-C.  Dru- 
sille,  fille  du  vieil  Agrippa,  gagnée  par  ses 
caresses ,  l'épousa  quelque  temps  après. 
Ce  fut  devant  lui  que  saint  Paul  compa- 
rut. Néron  le  rappela  de  la  Judée  ,  qu'il 
pillait  et  tyrannisait  de  la  manière  la  plus 
odieuse  ;  ce  qui  n'empêcha  pas  TertuUus 
qui  pérorait  contre  saint  Paul,  de  le  flatter 
d'june  manière  lâche  et  indigne,  pour  l'en- 


gager à  condamner  ce  grand  apôtre,  dont 
l'éloquence  frappa  tellement  le  gouvef»- 
neur  romain  ,  qu'effrayé  des  grandes  vé- 
rités du  christianisme,  il  rompit  brusque- 
ment la  conférence.  Act.  24. 

FELIX  I"  (  saint  ) ,  pape,  successeur 
de  saint  Denys  en  2G9,  mourut  martyr  l'an 
27/i..  Sous  son  pontificat  la  paix  de  l'Eglise 
fut  troublée  par  l'hérésie  de  Paul  de  Samo 
sate  ,  et  persécutée  par  l'empereur  Auré- 
lien.  Il  nous  reste  de  ce  pontife  un  frag- 
ment de  la  lettre  qu'il  écrivit  à  Maxime 
d'Alexandrie,  contre  Sabellius  et  Paul  de 
Samosate.  Elle  fut  lue  dans  les  conciles 
de  Chalcédoine  et  d'Ephèse  ;  et  ce  frag- 
ment est  dans  les  actes  du  concile  de  Chal- 
cédoine. On  lui  en  attribue  trois  autres  , 
visiblement  supposées. 

FÉLIX  II,  archidiacre  de  l'église  ro- 
maine, placé  sur  le  siège  pontifical  en  355, 
par  l'empereur  Constance,  pendant  l'exil 
du  pape  Libère,  en  fut  chassé  après  le  re- 
tour du  véritable  pontife.  Constance  au- 
rait voulu  que  Libère  et  Félix  gouver- 
nassent tous  deux  l'église  de  Rome,  et  que 
chacun  fût  à  la  tête  de  son  parti;  mais  le 
peuple  ayant  entendu  cet  ordre  de  l'em- 
pereur, qu'il  fit  lire  dans  le  cirque  ,  s'é- 
cria tout  d'une  voix:  «  Il  n'y  a  qu'un  Dieu, 
»  qu'un  Christ,  qu'un  évêque...  »  Félix, 
obligé  de  se  retirer,  mourut  dans  une  de 
ses  terres  le  22  novembre  365.  Le  Marty- 
rologe d'Usuard  et  celui  de  Rome  lui  don- 
nent le  titre  de  martyr  :  mais  le  Père  Pa- 
pebroch  prouve  que  c'est  sans  preuve , 
dans  une  dissertation  insérée  dans  le 
Propylœum  ad  Jeta  sanctorum^  p.  56. 
Il  le  dit  cependant  digne  du  culte  qu'on 
lui  rend  comme  saint.  Singularis  ipsius, 
dit-il,  ad  obitum  usque per  annos  plus- 
quam,  octo  modestia  j,  qua  sese  continua 
in  humili  recessu^  oblatis  recuperandce 
sedis  occasionibus  numquam  usus ..  post- 
quam  id  sine  fidei  cathoUcœ  periculc 
fieri  non  posse  cognovit  ^  omnem  a  grata 
posteritate  venerationemcommeruit.  Plu- 
sieurs critiques  le  placent  dans  le  catar- 
logue  des  papes  ;  mais  il  paraît  qu'on  doit 
le  regarder  plutôt  comme  évèque-vicaire 
du  pape  Libère,  qui,  selon  quelques-uns , 
avait  consenti  qu'on  le  mit  à  sa  place ,  et 
qu'il  eût  droit  de  lui  succéder,  s'il  venait 
à  mourir  pendant  son  exil  ;  par-là  on  ex- 
cuse le  clergé  de  Rome  d'avoir  adhéré  à 
son  ordination  et  de  l'avoir  regardé  pour 
pape ,  surtout  après  qu'on  eut  armoncé  à 
Rome  la  chute  apparente  dans  la  foi  du 
pape  Libère.  Le  tombeau  de  Félix,  trouvé 
sous  le  pontificat  de  Grégoire  XIII  l'an 


F  EL  6J 

lî)82  .  nvoc  irnc  inscription  lionorablo , 
•  le  scnliincnt  des  critiques  favo- 
sa  niomoiro. 
t  fcl  IX  III,  rtmiain,  bisaVetiI  de  Gré- 
ire  le  Grand,  fut  ilu  iwipc  après  Siin- 
j  ;u  ius  on  !^S^.  Il  connuonça  par  rejetirr 
ledit  dunion  .  public  par  lemiKreur  Ze- 
non ,  cl  anathematisa  ceux  qui  le  rece- 
vaient. Aracede  Conslanlinoplc  troublait 
alors  l'Eglise  ;  il  tâcha  de  le  ramener  par 
des  lettres  i»leines  de  douceur  ;  mais  ap- 
prenant qti'il  ne  cessait  de  communiquer 
avec  Pierre  Mongiis,  hérétique  anathéma- 
tisé ,  il  prononça  contre  lui  une  sentence 
de  déjwsilion  et  d'excommunication.  Cette 
sentence  fut  attachée  au  manteau  d'Acace 
par  des  moines  acémèles,  auxquels  cette 
hardiesse  coula  la  vie.  Félix  assembla  un 
concile  à  Route  en  487,  pour  la  réconci- 
liation de  ceux  qui  s'étaient  laissé  rebap- 
tiser en  Afrique  pendant  la  persécution. 
Il  mourut  saintement  en  /i92.  C'est  le  pre- 
mier pape  qui  ait  employé  l'Indiclioii 
dans  ses  lettres.  Athalaric,  roi  des  Goths , 
quoique  arien,  resi)ecta  ses  vertus  et  son 
lièle  pastoral.  Félix  en  obtint  plusieurs 
grâces  et  actes  de  justice.  Ce  fut  en  sa  con- 
sidération que  ce  prince  donna  un  édit 
solennel  en  faveur  des  libertés  et  privi- 
lèges de  l'Eglise,  et  prit  des  mesures  pour 
faire  respecter  le  sacerdoce  chrétien. 

FELIX  IV,  natif  de  Bénévent ,  monta 
sur  la  chaire  de  saint  Pierre,  après  le  pape 
Jean  1" ,  le  24  juillet  526,  par  la  faveur  de 
Théodoric.Il  gouverna  l'Eglise  avec  beau- 
coup de  7.èle ,  de  doctrine  et  de  piété ,  et 
nK>urut  au  commencement  d'octobre  550, 
«nivant  Anastase. 
FÉLIX  V.  royez  AMÉDÉE  VIIL 
FÉLIX  (  saint  ),  prêtre  de  Noie  en  Cam- 
panie,  eut  beaucoup  à  souffrir  pour  la  foi 
sous  Dèce  et  Valérien.  La  paix  ayant  été 
rendue  à  l'Eglise,  Félix  reparut,  et  con- 
tinua à  s'acquitter  des  fonctions  du  saint 
ministère.  Après  la  mort  de  Maxime,  évê- 
que  de  Noie,  on  voulut  le  mettre  à  la  tète 
de  cette  église;  mais  son  humilité  s'y  op- 
posa. Il  passa  le  reste  de  ses  jours  en  paix, 
dans  une  terre  qu'il  labourait  lui-même. 
Il  y  mourut  vers  l'an  256.  Les  miracles 
qui  se  sont  opérés  à  son  tombeau  sont  at- 
testés par  saint  Paulin  ,  saint  Augustin  , 
Sulpice-Sévère,  et  le  pape  Damase.  Quel- 
ques-uns de  ces  illustres  et  saints  écrivains 
ont  été  témoins  oculaires  des  faits  qu'ils 
rapportent.  Saint  Paulin  atteste  qu'il  a  vu 
de  ses  yeux  un  énergumène  ,  marcher  la 
léle  en  bas  contre  la  voûte  d'une  église , 
sans  que  ses  habits  fussent  dérangés,  Ic- 


FEL 

tiuel  fui  délivré  par  les  reliques  de  saïnt 
Félix  de  Noie.  «  Ces  sortes  do  faits,  dit  un 
»  auteur  moderne,  sont  traités  de  contes 
»  par  les  beaux  esprits  du  jour  :  mais  ils 
»  sont  rapiM)rtés  par  des  hommes  do  touto 
»  probité,  et  rojotés  par  des  gens  qui  n'en 
»  ont  pas  assez,  pour  être  crus,  lors  même 
•>  qu'ils  disent  des  choses  très  ordinaires.  ■ 
Félix  a  toujours  été  honoré  à  Noie,  comme 
im  saint.  Son  culte  passa  de  l'Italie  en 
Afrijjue. 

FÉLIX  (saint),  succéda  à  saint  Briton 
dans  le  gouvernement  de  l'église  de  Trêves 
en  385.  Son  épiscopat  fut  agité  de  violens 
orages.  Les  évêques  assemblés  à  l'occasion 
de  son  sacre  ,  conununiquaient  tous  les 
jours  avec  Ilhace  et  ses  adhérens,  qui  sol- 
licitaient la  mort  de  l'hérétique  Priscil- 
lien  et  de  ceux  de  son  parti.  Saint  Martin, 
que  des  affaires  avaient  appelé  vers  le 
même  temps  à  Trêves,  communiqua  avec 
les  mêmes  évêques  en  assistant  à  l'ordi- 
nation de  Félix;  faiblesse  qu'il  se  reprocha 
toute  sa  vie.  Saint  Ambroise  plus  ferme 
que  lui,  refusa  constamment  de  commu- 
niquer avec  Félix  et  les  autres  évêques 
qui  avaient  eu  part  à  son  ordination.  Peu 
de  temps  après  les  évêques  des  Gaules 
s'assemblèrent  en  concile  à  Turin,  où 
après  lecture  faite  des  lettres  écrites  à  ce 
sujet  par  saint  Ambroise  et  le  pape  saint 
Sirice,  il  fut  résolu  qu'on  n'accorderait  la 
communion  qu'à  ceux  qui  se  retireraient 
de  celle  de  Félix  :  celui-ci  ne  voulant 
point  être  cause  d'un  schisme  dans  l'E- 
glise ,  se  démit  de  l'épiscopat ,  et  se  re- 
tira auprès  de  l'église  de  la  Sainte-Vierge 
(  aujourd'hui  Saint-Paulin  )  à  Trêves,  qu'il 
avait  fait  réparer  ou  construire  ;  il  y  passa 
le  reste  de  ses  jours ,  éloigné  de  tout  com- 
merce avec  le  monde  ,  et  dans  l'exercice 
des  plus  sublimes  vertus. 

FELIX,  évêque  d'Urgel,  ami  d'Elipand, 
évêque  de  Tolède,  soutenait  comme  lui 
que  Jésus-Christ  est  fils  adoptif.  Cette  er- 
reur fut  condamnée  au  concile  de  Nar- 
bonne  l'an  791,  de  Frioul  la  même  année, 
de  Ratisbonne  en  792.  Il  fut  envoyé  en- 
suite à  Rome,  où  il  abjura  son  erreur; 
mais  il  continua  à  la  répandre  après  son 
retour  à  Urgel.  Alcuin  et  Paulin  d'Aquilée 
la  réfutèrent  victorieusement.  Il  fut  de 
nouveau  condamné  à  Francfort ,  en  794 , 
à  Rome  en  799,  et  la  même  année  à  Aix- 
la-Chapelle.  C'est  dans  cette  dernière  as- 
semblée qu'il  fut  dépossédé  de  l'épiscopat 
à  cause  de  ses  rechutes ,  et  ensuite  relé- 
gué à  Lyon  par  Charlemagne  ,  dont  le 
jugement  en  cette  affaire  ne  fut  que  l'ex- 
6 


FEL 


62 


FEIV 


pression  de  l'entière  adhésion  de  ce  prince 
aux  décisions  de  l'Eglise,  comme  l'a  prou- 
vé M.  Bossuet  {Polit,  de  l'Ecrit.  Uv.  7, 
art.  4,  prop.  H  ).  Félix  écrivit  du  lieu  de 
son  exil  à  son  peuple  d'Urgel  une  lettre 
qui  contenait  l'abjuration  de  son  erreur  ; 
on  doute  qu'elle  fût  plus  sincère  que  les 
autres.  «  Félix  d'Urgel  passa  sa  vie  ,  dit 
»  l'abbé  Bergier ,  dans  une  alternative 
B  continuelle  d'abjurations  et  de  rechutes, 
»  et  la  termina  dans  l'hérésie.  »  Il  mourut 
vers  l'an  818. 

*  FÉLIX  DE  TASSY  (  Cuarles-Fraiv- 
çois  ),  un  des  plus  habiles  et  des  plus  sa- 
vans  chirurgiens  du  47*  siècle  ,  exerça 
d'abord  son  art  dans  les  hôpitaux  civils  et 
militaires  ;  puis  il  succéda  en  1676  à  son 
père  dans  la  charge  de  premier  chirur- 
gien du  roi.  Vers  cette  époque  Louis  XIV 
fut  atteint  d'une  maladie  qui  porta  long- 
temps le  nom  de  maladie  du  roi  (  la  fis- 
tule à  l'anus  )  ;  la  France  fut  vivement  in- 
quiète; la  chirurgie  n'était  point  assez 
avancée  pour  traiter  ce  mal ,  et  l'on  igno- 
rait généralement  le  procédé  que,  16  siè- 
cles auparavant ,  Celse  avait  employé  et 
décrit.  Félix  fit  cette  opération  avec  le 
plus  heureux  succès  ,  et  il  fut  le  premier 
chirurgien  moderne  qui  l'ail  tentée.  La 
reconnaissance  publique  et  l'amitié  de 
son  souverain  le  payèrent  amplement  du 
bienfait  que  son  talent  avait  produit; 
mais  une  mort  prématurée  l'enleva  jeime 
encore  le  25  mai  1703. 

FELL.  f^oyesr  FOX  (  Georces  ) 
FELL  (  Jean),  né  en  1623  à  Longworth, 
évêque  d'Oxford  en  1673  ,  mort  en  1686, 
à  61  ans ,  fut  sincèrement  attaché  à  la  fa- 
mille royale  de  Stuart.  Persécuté  par  les 
parlementaires ,  il  se  renferma  dans  son 
cabinet,  et  y  acquit  des  connaissances  très 
étendues.  Dans  le  temps  de  la  révolution, 
en  1660,  il  reparut,  et  fut  récompensé 
de  son  zèle  pour  son  roi,  par  des  bénéfices 
et  enfin  par  l'évèché  d'Oxford.  On  a  de  lui 
le  I"  vol.  des  Rerumanglicarum  Scripto- 
res  ^  Oxford  ,  1684 ,  in-fol.  :  la  mort  l'em- 
pêcha de  continuer  cette  savante  et  utile 
collection.  Il  avait  donné,  avec  Péarson, 
une  très  belle  édition  de  Saint-Cyprien , 
Oxford,  1682,  in-fol.  avec  des  remarques 
savantes ,  et  une  édition  des  œuvres  de 
saint  Théophile  d'Antioche,  Oxford,  1684. 
Son  nouveau  Testament  grec  avec  les  va^ 
riantes^  imprimé  dans  la  même  ville, 
in-12, 1675,  est  estimé.  On  a  encore  de  lui 
yie  du  docteur  Henri  Hammond  ^  Lon- 
dres, 1661,  in-S",  en  anglais,  souvent  réim- 
primée entête  de  la  vie  de  cet  auteur; 


Alcinoi  in  platonicam  philosophiatn  tn^ 
troductio,  Oxford,  1667,  in-8°  ;  une  traduc- 
tion latine  des  Antiquités  de  l'université 
d'Oxford  de  Wood  ,  1674  ,  2  vol.  in-folio. 

FELLER  (  Joacbim-Frédéric)  ,  né  à 
Leipsick  ,  en  1673 ,  fut  secrétaire  du  duc 
de  Veymar.  Il  passa  la  plus  grande  partie 
de  sa  vie  à  voyager,  pour  visiter  les  sa- 
vans  et  les  bibliothèques,  se  maria  en  1708, 
et  mourut  en  1726.  On  a  de  lui  :  |  Monu- 
menta  inedita  ^  par  forme  de  journal ,  en 
12  parties,  léna,  1714,  in-4°;  |  Miscellanea 
Leibnitiana ,  Leipsick ,  1718 ,  in-8'';  |  Gé- 
néalogie de  la  maison  de  Brunswick  j  en 
allemand,  1717,  in-8°. 

FELLER  (  François-Xavier  de),  roy, 
la  Notice  sur  sa  vie  et  ses  ouvrages  au 
commencement  du  premier  volume. 

FELLON  (Tbom as-Bernard)  ,  jésuite  , 
né  à  Avignon  le  12  juillet  1672  ,  mort  le 
23  mars  1739,  avait  du  talent  pour  la  poé- 
sie latine.  On  connaît  ses  poèmes  intitu- 
lés :  Faba  Arabica;  Magnes.  On  a  encore 
de  lui  :  |  Oraisons  funèbres  de  M.  le  duc 
de  Bourgogne  et  de  Louis  XIV  ;  \  Para- 
phrase des  Psaumes^  1731,  in-12.  [  On  lui 
a  attribué  par  erreur  un  abrégé  du  Traité 
de  l'amour  de  Dieu  j  par  saint  François 
de  Sales  ;  cet  ouvrage  est  de  l'abbé  Tri- 
callet. 

FELTOIV  (  Jean) ,  gentilhomme  anglais, 
très  zélé  pour  la  religion  catholique,  affi- 
cha publiquement  aux  portes  de  la  maison 
épiscopale  de  Londres  la  bulle  de  Pie  V, 
par  laquelle  ce  pontife  déclarait  hérétique 
la  reine  Elizabeth ,  qui  s'était  déclarée 
chef  de  l'Eglise  et  avait  aboli  le  culte 
catholique.  Felton  fut  condamné  à  être 
pendu ,  et  il  le  fut  en  1570.  On  le  détachgi 
de  la  potence  ,  pendant  qu'il  était  encore 
en  vie  ;  puis  on  lui  coupa  les  parties  na- 
turelles, qui  furent  jetées  dans  le  feu; 
ensuite  on  lui  fendit  l'estomac,  pour  lui 
arracher  les  entrailles  et  le  cœur ,  et  après 
lui  avoir  coupé  la  tête  ,  on  mit  son  corpf 
en  quatre  quartiers.  Telle  fut  à  l'égard  de 
ce  courageux  défenseur  de  l'ancienne  re- 
ligion, la  vengeance  d'une  princesse  que 
la  philosophie  du  jour  a  tant  exaltée.  Son 
fils ,  Thomas  Felton ,  religieux  de  Saint- 
François  de  Paule,  périt  également  par  le 
dernier  supplice  avec  un  autre  prêtre ,  le 
28  août  1388. 

FELTRE.  Voyez  CLARKE,  duc  de 
Feltre. 

*  FE!\EL  (  Jean-Baptiste-Pascal  )  » 
chanoine  de  Sens  et  prieur  de  Notre-Dame 
d'Androsy ,  né  à  Paris  en  1695 ,  était  fila 
d'un  avocat  distingué  qui  se  chargea  de 


FE!V 


63 


FEN 


^,p  ...>.,., .i;.>f.  Le  colcbr*  Ménage,  qui 
lia  ne  iiuitMjn  que  son  père, 

<l,„i  (lui,  et  qui  irouvail  dans 

cel  cufant  des  ilispusilion»  remarquables  , 
tourna  toutes  se»  idées  vers  la  critique 
Ultêrairc.  Fciul,  à  treize  ans,  aurait  pu 
passer  p*Hir  un  ermlil ,  et  cependant  il 
n'avait  jamais  fréquenté  d'école  publique. 
Cette  habitude  d'étudier  seul ,  qui  avait 
d'iàbord  favorisé  ses  progrès,  l'enipèclia 
d'en  faire  de  plus  grands  dans  lu  suite  , 
parce  que  ,  libre  de  suivre  ses  goûts  et  de 
s'abandonner  aux  écarts  de  son  imagina- 
tion, il  devait  manquer  de  méthode  dans 
«on  travail  et  de  constance  dans  l'exécu- 
tion de  se»  projets,  l'n  prix  qu'il  rem- 
porta en  17i3  à  l'académie  des  inscrip- 
tions ,  commença  à  le  faire  connaître 
d'une  manière  avantageuse.  L'année  sui- 
vante il  y  remplaça  l'abbé  Gédoyn,  et  il  y 
fit  de  fréquentes  lectures.  La  considéra- 
tion dont  Feuel  jouissait  parmi  ses  con- 
frères ne  put  adoucir  la  rudesse  de  son 
caractère ,  ni  diminuer  son  goût  pour  la 
solitude.  Falconet  parvint  seul  à  lui  in- 
spirer un  peu  de  confiance.  Des  maladies 
graves,  suites  de  son  genre  de  vie  ,  ajou- 
tèrent encore  à  sa  mélancolie  habituelle. 
Il  mangeait  presque  continuellement  sans 
pouvoir  se  rassasier.  Sa  situation  ne  l'a- 
larma  point,  et  comme  il  avait  des  con- 
naissances en  médecine,  il  résolut  de  se 
soigner  lui-même.  Mais  il  mourut  enlin 
presque  subitement  le  19  décembre  1755. 
Son  éloge,  prononcé  par  Bougainville ,  a 
été  imprimé  dans  le  tome  XXV  des  Mé- 
moires de  l'Jcailémie  des  Inscriptions. 
Ses  plus  imporlans  écrits  sont  :  |  Recueil 
de  différentes  expériences,  essais  et  rai- 
sonnemens  sur  la  meilleure  construction 
du  cabestan,  par  rapport  aux  uscujes 
auxquels  il  s'applique  dans  les  vaisseaux. 
présenté  à  l'académie  des  sciences  en  1740, 
et  imprimé  dans  le  tome  V  du  Recueil  des 
Prix;  I  Dissertation  sur  la  conquête  de 
la  Bourgogne  par  les  fils  de  Clovis  P' . 
couronnée  par  l'aradéinie  de  Soissons  en 
1743,  Paris,  17i4,  in-12;  |  Mémoire  sur 
l'état  des  sciences  en  France .  depuis  la 
mort  de  Philippe  le  Bel  jusqu'à  celle  de 
Charles  V .  couronné  par  l'académie  des 
inscriptions  en  1744  ;  |  Essai  pour  réta- 
blir un  passage  du  troisième  livre  de  Ci- 
€énm ,  sur  la  nature  des  dieux  (  Mémoires 
de  l'Jcadémie  fies  Inscriptions ,  tome 
48  )  ;  I  Mémoire  sur  ce  que  les  anciens 
fmiena  om  .-.>...  ,/..  ifj  résurrection,  ibid., 
tome  19  s  sur  la  signification 

duwwt  L,    M    i      a  j. ,  tome  20  ;  j  /Yon 


systématique  de  la  religion  êHMâOffWUi 
des  anciens  Gaulois  .  ibid.  ,  tome  Ik.  Ce 
morceau  est  aussi  savant  que  curieux. 
Parmi  les  ouvrages  que  l'abbé  Fenel  an- 
nonçait, on  regrette  surtout  une  Histoire 
de  la  ville  de  Sens  .  et  une  Histoire  des 
manufactures  chez  les  anciens.  —  FENRL 
(Charles-Maurice),  oncle  du  précédent, 
doyen  de  l'église  de  Sens,  mort  vers  1720. 
a  laissé  en  manuscrit  des  Mémoires  pour 
servir  à  l'histoire  des  archevêques  de 
Sens  :  3  vol.  in-folio.  Cet  ouvrage  était 
conservé  dans  la  bibliothèque  de  l'abb*^ 
Maçon.  Les  auteurs  delà  Gallia  christia- 
na  en  ont  profilé  pour  la  rédaction  de 
l'histoire  de  cette  métropole. 

FÉ\ÉLO\  (  Bertrand  de  SALIGNAC 
marquis  de  ),  a  donné  |  \&Relation  du  siège 
de  Metzjb'^ô,  in^"  ;  |  le  Voyage  de  Henri 
II  aux  Pays-Bas^  1354,  in-8".  |0n  a  ses 
Négociations  en  Angleterre .  manuscrit , 
2  vol.  in-folio  :  elles  étaient  dans  la  biblio- 
thèque du  chancelier  Séguier.  Ce  brave 
militaire  se  signala  par  sa  valeur  et  par 
ses  services ,  et  mourut  en  loo9.  Il  était  de 
l'illustre  famille  qui  a  produit  l'archevê- 
que de  Cambrai ,  dont  nous  allons  parler. 

FÉ\ÊLO-\  (  François  de  SALIGNAC 
de  la  MOTHE),  naquit  au  château  de  Fé- 
nélon  en  Périgord  ,  le  6  août  1631,  d'une 
maison  ancienne  et  distinguée  dans  l'état 
et  dans  l'Eglise.  Des  inclinations  heureu- 
ses, un  naturel  doux,  joint  à  une  grande 
vivacité  d'esprit ,  furent  les  présages  de 
ses  vertus  et  de  ses  talens.  Le  marquis  de 
Fénélon  son  oncle,  lieutenant-général  des 
armées  du  roi ,  homme  d'une  valeur  peu 
comnmne,  d'un  esprit  orné  et  d'une  piété 
exemplaire,  traita  cet  enfant  comme  son 
propre  lils,  et  le  lit  élever  sous  ses  yeux  à 
Cahors.  Le  jeune  Fénélon  lit  des  progrès 
rapides,  les  éludes  les  plus. difficiles  ne 
furent  pour  lui  que  des  amusemens.  Dès 
l'ùije  du  19  ans,  il  prêcha  et  enleva  tous  les 
suffrages.  Le  marquis,  craignant  que  le 
bruit  des  applaudissemens  et  les  caresses 
du  monde  ne  corrompissent  une  ànie 
aussi  bien  née  ,  lit  prendre  à  son  neveu 
la  résolution  d'aller  se  fortilier  dans  la 
retraite  et  le  silence.  Il  le  mit  sous  la  con- 
duite de  l'abbé  Tronson  ,  supérieur  de 
Sainl-Sulpice  à  Paris.  A  24  ans,  il  entra 
dans  les  ordres  sacrés,  et  exerçâtes  fonc- 
tions les  plus  pénibles  du  ministère  dans 
la  paroisse  de  Saint-Sulpire.  Harlay  ,  ar- 
chevêque de  Pari»,  lui  conlia,  3  ans  après, 
la  direction  des  Nouvelles-Catholiques.  Ce 
fut  dans  cette  place  qu'il  lit  les  premiers 
casais  du  talent  de  plaire,  d'instruire  et 


de  persuader.  Le  roi  ayant  été  informé 
de  ses  succès,  le  nomma  chef  d'une  mis- 
sion sur  les  côtes  de  Saintonge  et  dans  le 
pays  d'Aunis.  Simple  à  la  fois  et  profond, 
joignant  à  des  manières  douces  une  élo- 
quence forte ,  il  eut  le  bonheur  d'opérer 
nn  grand  nombre  de  conversions.  En 
4689,  Louis  XIV  lui  confia  l'éducation  de 
ses  petits-fils ,  les  ducs  de  Bourgogne , 
d'Anjou  et  de  Berri.  Ce  choix  fut  telle- 
ment applaudi ,  que  l'académie  d'Angers 
le  proposa  pour  sujet  du  prix  qu'elle  ad- 
juge chaque  année.  Le  duc  de  Bourgogne 
devint ,  sous  un  tel  maître  ,  tout  ce  qu'il 
voulut.  Fénélon  orna  son  esprit ,  forma 
«on  cœur,  et  y  jeta  les  semences  du  bon- 
heur de  l'empire  français.  Ses  services  ne 
restèrent  point  sans  récompense  ;  il  fut 
nommé  en  lô9o  à  l'archevêché  de  Cam- 
brai. En  remerciant  le  roi ,  il  lui  repré- 
senta (dit  M™*  de  Sévigné)  «  qu'il  ne  pou- 
»  vait  regarder  comme  une  récompense , 
j»  une  grâce  quil' éloignait  du  duc  deBour- 
»  gogne.  »  Il  ne  l'accepta  qu'à  condition 
qu'il  donnerait  seulement  trois  mois  aux 
princes,  et  le  reste  de  l'année  à  ses  diocé- 
sains. Il  remit  en  même  temps  son  abbaye 
de  Saint- Valéry ,  et  son  petit  prieuré  , 
persuadé  qu'il  ne  pouvait  posséder  aucun 
bénéfice  avec  son  archevêché.  Au  milieu 
de  la  haute  faveur  dont  il  jouissait ,  il  se 
formait  un  orage  contre  lui.  Né  avec  un 
cœur  tendre  et  une  forte  envie  d'aimer 
Dieu  pour  lui-même ,  il  se  lia  avec  M™* 
Guyon,dans  laquelle  il  ne  vit  qu'une  âme 
éprise  du  même  goût  que  lui.  Les  idées 
de  spiritualité  de  cette  femme  excitèrent 
le  zèle  des  théologiens,  et  surtout  celui  de 
Bossuet.  Ce  prélat  voulut  exiger  que  l'ar- 
chevêque de  Cambrai ,  autrefois  son  dis- 
ciple, alors  son  rival,  condamnât  M"' 
Guyon  avec  lui,  et  souscrivît  à  ses /«s/rwc- 
iioiis  Pastorales.  Fénélon  ne  voulut  sacri- 
fier ni  ses  sentimens,  ni  son  amie.  Il  la 
mettait  au  nombre  de  ces  mystiques  qui , 
portant  le  mystère  de  la  foi  dans  une  con- 
science pure,  ont  plus  péché  dans  les  ter- 
mes que  dans  la  chose ,  aussi  savans  dans 
les  voies  intérieures  ,  qu'incapables  d'en 
instruire  les  autres  avec  l'exactitude  et 
la  précision  que  demande  la  théologie.  Il 
crut  rectifier  tout  ce  qu'on  lui  reprochait, 
en  publiant  son  livre  de  Y  Explication  des 
Maximes  des  Saints^  1C97,  in-12.  Le  style 
en  était  pur,  vif,  élégant  et  affectueux; 
les  principes  étaient  présentés  avec  art , 
et  les  contradictions  sauvéesavec  adresse. 
On  y  voyait ,  dit  un  historien,  un  homme 
qui  craignait  également  d'être  accusé  de 


FEIV 

suivre  Molinos,  et  d'abandonner  sainte 
Thérèse  ;  tantôt  donnant  trop  à  la  charité, 
tantôt  ne  donnant  i>as  assez  à  l'espérance. 
Bossuet,  qui  vit  dans  le  livre  de  Fénélon 
quelques  rapports  avec  des  assertions  déjà 
condamnées  par  la  proscripticwi  du  Quié- 
tisme^  s'éleva  contre  cet  ouvrage  avec 
véhémence.  Les  noms  de  Montan  et  de 
Priscille  ^  prodigués  à  Fénélon  et  à  son 
amie,  parurent  indignes  de  la  modération 
d'un  évêque.  «  Bossuet,  a  dit  un  bel  es- 
»  prit  de  ce  siècle ,  eut  raison  d'une  ma- 
»  nière  révoltante  ;  et  Fénélon  mit  de  la 
«douceur,  même  dans  ses  torts.  «D'ha- 
biles théologiens  ont  cru  que  dans  cette 
dispute,  comme  dans  beaucoup  d'autres, 
il  y  avait  des  suppositions  qui  n'existent 
pas  dans  la  réalité  ;  que  dans  l'amour  de 
Dieu  on  supposait  tantôt  des  abstractions, 
des  considérations  précisives  ou  néga- 
tives, aussi  iiiutiles  que  fatigantes;  tantôt 
des  motifs  d'intérêt ,  des  espérances  ex- 
plicites et  formelles,  également  inconnues 
au  véritable  amour ,  qui  saisit  et  em- 
brasse intimement  son  objet,  sans  tant  do 
raisonnement  et  de  calcul.  Quoi  qu'il  en 
soit,  un  historien  très  instruit  du  fond  do 
cette  controverse ,  rapporte  une  anecdote 
qui  sert  beaucoup  à  faire  connaître  Fé- 
nélon. «  On  conseilla  à  Fénélon  de  faire 
»  diversion,  en  attaquant  à  Borne  les  sen- 
»  timens  et  les  livres  de  Bossuet,  et  en  les 
»  accusant  de  détruire  la  charité  pour 
»  établir  l'espérance.  Mais  le  pieux  arche- 
»  vèque  ne  voulut  pas  user  de  récrimina- 
»  tion  contre  un  frère  ;  et  comme  on  l'ex- 
»  hortait  à  se  tenir  en  garde  contre  les 
»  artifices  des  hommes,  que  l'expérience 
»  lui  avait  si  bien  appris  à  connaître,  il 
»  fit  cette  belle  réponse  ,  Moriamur  in 
»  simplicitate  nostra  (  mourons  dans  notre 
»  simplicité).  »  Cela  ne  l'empêclia  pas  de 
se  défendre  comme  il  le  devait,  et  d'écrire 
beaucoup  pour  s'expliquer  lui-même* 
Mais  ses  livres  ne  purent  empêcher  qu'il 
ne  fût  renvoyé  dans  son  diocèse  au  mois 
d'août  1697.  Fénélon  reçut  ce  coup  sans 
s'affliger  et  sans  se  plaindre.  Son  palais  de 
Cambrai,  ses  meubles,  ses  papiers,  ses 
livres  avaient  été  consumés  par  le  feu 
dans  le  même  temps,  et  il  l'avait  appris 
avec  la  même  tranquillité.  Innocent  XII 
le  condamna  enfin  en  1699  ,  après  9  mois 
d'examen  :  soit  que  le  savant  et  pieux  pré- 
lat n'eût  pas  assez  distingué  les  principes 
des  vrais  mystiques  d  avec  ceux  de  Moli- 
nos ;  soit  que  dans  des  matières  abstraites, 
cachées  dans  l'intimité  de  l'âme  et  des 
voies  secrètes  de  Dieu,  et  dès  lors  difli- 


rEN  65 

HVï  à  Irtilcr  mus  obscurilr  cl  sans  éqiii- 
\\Mca,  il  nuit  \w\nt  mis  celte  exactitude 
M  («logique ,  cette  précision  d'idées  el  de 
laui^agr,  que  denmndc  la  niiinervation  du. 
ta  foi  et  de  la  morale  ohrcliohiief  votjrz 
$,\}Kr  inN  niLACKOIX.KUSBUOCH, 
Ta  .    .Le  pape  avait  moins  clé 

•rat  i\re  dos  .Uasimes  .  que  de 

k  cluUîui  cmjK)itce  de  ses  adversaires.  Il 
écrivit  à  quelques  prélats  :  Peccavit  ex- 
cestu  a/noris  divini  :  sed  vos  peccastis 
defectu  amoris  proximi.  Fénélon  se  sou- 
mit sans  restriction  et  sans  réserve  ;  il  ne 
recourut  pas  à  la  distinction  du  fait  et  du 
droit  ;  il  n'allégua  jias  que  les  écrits  pu- 
bliés pour  sa  défense  étaient ,  mal{rré  les 
efforts  de  ses  adversaires,  restés  hors  d'al- 
leinte.  Il  lit  un  Mandement  contre  son 
In're ,  et  annonça  lui-même  en  chaire  sa 
condamnation.  l'our  donner  à  son  diocèse 
un  monument  de  son  repentir,  il  lit  faire, 
pour  l'exposilioii  du  Sainl-Sacnuncnt,  un 
Soleil  porte  par  deux  Jnges  .  dont  l'un 
foulait  aux  pieds  divers  livres  hérétiques, 
sur  un  desquels  était  le  titre  du  sien,  quoi- 
que cette  qualification  n'eût  été  donnée  à 
aucune  des  propositions  condamnées. 
Après  cette  défaite,  qui  fut  pour  lui  une 
espèce  de  triomphe,  il  vécut  dans  son  dio- 
cèse en  diijne  archevêque,  en  homme  de 
lettres,  en  philosophe  chrétien.  11  fut  le 
père  de  son  peuple  el  le  modèle  de  son 
clergé.  La  douceur  de  ses  mœurs,  répan- 
4ae  dans  sa  conversation  comme  dans  ses 
écrits,  le  Cl  aimer  et  respecter,  même  des 
ennemis  de  la  France.  Le  duc  de  Marlho- 
rough  ,  dans  la  dernière  guerre  de  Louis 
XIV,  prit  soin  qu'on  épargnât  ses  terres. 
Il  fut  toujours  cher  au  duc  de  Bourgogne  ; 
et  lorsque  ce  prince  vint  en  Flandre  dans 
le  cours  de  la  même  guerre ,  il  lui  dit  en 
le  quittant  :  Je  sais  ce  que  je  vous  dois  . 
pous  savez  ce  que  je  vous  suis.  On  pré- 
tend qu'il  aurait  eu  pari  au  gouverne- 
ment ,  si  ce  prince  eut  vécu.  Le  maître  ne 
survécut  guère  à  son  augiisle  élève,  mort 
en  1712;  il  fut  enlevé  à  l'Eglise,  aux  let- 
tres et  à  la  patrie  ,  le  7  janNier  ,  en  1715  , 
à 63  ans,  cl  (ut  gcneralumenl  pleuré,  sur- 
tout par  Clément  XI ,  qui  lui  destinait  un 
chapeau  de  cardinal.  Plusieurs  écrits  de 
philosophie  ,  de  théologie ,  de  belles-let- 
ties,  sortis  de  sa  plume ,  lui  ont  fait  un 
«o«n  immortel.  On  y  voit  un  homme 
nourri  de  la  fleur  de  la  littérature  an- 
I  et  moderne,  et  animé  par  une  ima- 
vive  ,  douce  et  riante.  Son  style 
Ml  coulant ,  gracieux  ,  harmonieux  ;  les 
td  ungoùidulicAl  voudraient  quil 


FEN 

fût  plus  rapide,  plus  serré,  plus  fort, 
plus  fin  ,  plus  pense  ,  jjlus  travaillé  ;  mais 
il  n'est  pas  donné  à  l'homme  dVtrc  par- 
fait. Ses  principaux  ouvrages  sont  :  |  Le» 
.-aventures  de  Teléinaque  .  composées , 
selon  les  uns,  à  la  cour  ;  el  fruit,  selon 
d'autres,  de  sa  retraite  dans  son  diocèse. 
Un  valet-de-chambre  ,  à  qui  Fénélon  don- 
nait à  transcrire  cet  ouvrage  singulier  , 
qui  tient  à  la  fois  du  roman  et  du  poème 
épique,  en  prit  une  copie  pour  lui-même. 
11  n'en  lil  imprimer  d'abord  qu'une  petite 
partie,  et  il  n'y  en  avait  encore  que  208 
pages  sorties  de  dessous  presse,  lorsque 
Louis  XIV  ,  injustement  prévenu  contre 
l'auteur,  et  qui  croyait  voir  dans  le  livre 
une  satire  continuelle  de  son  gouverne- 
ment ,  fit  arrêter  l'impression  de  ce  chef- 
d'œuvre  ;  et  il  n'a  pas  été  permis  d'y  tra- 
vailler en  France ,  tant  que  ce  prince  a 
vécu.  Après  la  mort  du  duc  de  Bourgo- 
gne ,  le  monarque  brûla  tous  les  manus- 
crits que  son  petit-lils  avait  conservés  de 
son  précepteur.  Fénélon  passa  toujours , 
à  ses  yeux  pour  un  bel-esprit  chiméri- 
que et  pour  un  sujet  ingrat.  Son  Téléma- 
que  acheva  de  le  perdre  à  la  cour  de 
France  ;  mais  ce  livre  n'en  fut  que  plus 
répandu  dans  l'Europe.  Les  malins  cher- 
chèrent des  allusions  ,  et  firent  des  appli- 
cations. Ils  crurent  voir  M"^  de  Montes- 
pan  dans  Calypso^  M"' de  Fontanges  dans 
Eucharis ,  la  duchesse  de  Bourgogne  dans 
Antiope  ,  Louvois  dans  Protésilas,  le  roi 
Jacques  dans  Idomé née  ^  Louis  XIV  dans 
Sésoslns.  Les  gens  de  goût ,  sans  s'arrêter 
à  ces  allusions ,  admirèrent  dans  ce  ro- 
man moral  toute  la  portipe  d'Homère, 
jointe  à  l'élégance  de  Virgile  ,  tous  les 
agrémens  de  la  fable  réunis  à  toute  la 
force  de  la  vérité.  Ils  pensèrent  que  les 
princes  qui  les  méditeraient,  appren- 
draient à  être  hommes  ,  à  faire  des  heu- 
reux et  à  l'être,  o  C'est  la  sagesse  elle- 
»  même,  dit  un  philosophe  moderne,  qui 
»  y  donne  des  leçons  aux  rois  et  aux  peu- 
»  pies  ,  non  avec  celte  morgue  ,  cet  ap- 
»  prêt  ridicule ,  ce  verbe  suffisant  et  or- 
»  gueilleux  ,  si  fort  en  usage  aujourd'hui, 
>  mais  avec  un  ton  simple  et  modeste , 
o  accompagné  du  charme  de  la  vérité  : 
»  elle  enseigne  aux  rois  les  moyens  de 
»  faire  fleurir  leurs  empires ,  de  soutenir 
»  l'éclat  du  trône,  d'augmenter  leur  gloire, 
»  saiis  les  tromper  ni  les  éblouir  par  des 
»  projets  chimériques ,  par  des  systèmes 
»  destructeurs ,  par  des  éconouiies  iinâQt- 
»  naires  :  elle  leur  montre  la  source  de 
0  l'abondance  et  du  bonheur  public,  daM» 
6. 


FEN 

»  rencouracemcnt  de  l'apricullure ,  dans 
»  la  protection  active  et  vigilante  du  com- 
»  merce,  dans  l'abolilion  du  luxe,  enren- 
»  fermant  chaque  individu  daiis  son  état 
»  par  de  sages  lois.  Loin  de  faire  retentir 
»  sans  cesse  aux  oreilles  des  peuples  ,  ce 
»  cri  turbulent  et  inquiet  d'égalité  ^  de  li~ 
»  berté,  elle  leur  dit  :  Vous  êtes  nés  sous 
»  l'empire  des  lois,  vous  avez  des  maîtres, 
»  la  patrie  vous  porte  dans  son  sein  ; 
»  soyez  soumis  aux  lois  ;  obéissez  à  vos 
»  maîtres  ;  soyez  sujets  fidèles ,  aimez  vo- 
»  tre  patrie ,  et  songez  que  la  Religion  , 
»  l'honneur,  votre  intérêt  personnel,  sont 
»  des  chaînes  sacrées  qui  vous  lient  à  l'é- 
»  tat ,  et  qvie  les  rompre  est  ua  crime.  » 
Quelques  gens  de  lettres  ,  tels  que  Faydit 
et  Gueudeville,  reprochèrent  à  l'auteur 
des  anachronismes ,  des  phrases  négli- 
gées ,  des  répétitions  fréquentes ,  des  lon- 
gueurs ,  des  détails  minutieux  ,  des  aven- 
tures peu  liées ,  des  descriptions  trop  uni- 
formes de  la  vie  champêtre  ;  mais  leurs 
critiques ,  tombées  dans  l'oubli ,  n'ôlè- 
rent  rien  de  son  mérite  à  l'ouvrage  cri- 
tiqué. Elles  n'empêchèrent  point  qu'on 
n'en  fit ,  et  qu'on  n'en  ait  fait  depuis  un 
très  grand  nombre  d'éditions.  Les  meil- 
leures sont  celles  qui  ont  paru  depuis  1717, 
année  dans  laquelle  la  famille  de  l'arche- 
vêque de  Cambrai  publia  cette  produc- 
tion ,  sur  le  manuscrit  de  l'auteur ,  en  2 
vol.  in-i2 ,  et  la  plus  belle  est  celle  d'Am- 
sterdam en  1754  ,  in-fol.,  avec  des  figures 
magnifiques.  Il  y  en  a  aussi  de  très  bel- 
les édit.  réimprimées  récemment ,  en  2 
vol.  in-4° ,  2  vol.  in-8°  ,  U  vol.  in-18  par 
Didol  aine,  Didot  jeiinG  et  Crapelet.  On 
a  fait  des  éditions  à  Rotterdam,  à  Liège  et 
ailleurs  ,  où  l'on  explique,  dans  des  notes, 
toutes  les  allusions  qui  furent  faites  d'a- 
bord par  le  public  malin  ;  plusieurs  de 
ces  notes  ont  de  plus  un  ton  d'irréligion 
et  de  fanatisme  de  secte.  Cependant  on 
voit  mettre  indifféremment  ces  éditions 
entre  les  mains  des  jeunes  gens  II  con- 
vient de  leur  donner  des  éditions  sans 
notes.  Les  Aventures  de  Téléinaque  orit 
été  trad.  en  prose  dans  toutes  les  langues 
de  l'Europe,  et  même  en  grec  et  en  latin. 
Elles  ont  été  mises  en  vers  français,  mais 
sans  succès,  Paris,  Didot,  1792,  6  vol. 
in-12,  et  trad.  en  vers  allemands,  en  vers 
hollandais  {voyez  FEITAMA),  en  vers 
italiens  et  en  vers  latins  ;  |  Dialogues  des 
Morts,  en  2  vol.  in-12  ,  réimp.  plusieurs 
fois  en  1  vol.  in-12.  Le  Téléinaque .  ou, 
pour  mieux  dire,  les  principales  réflexions 


^Q  FEIV 

thèmes  au  duc  de  Bourgogne  ;  ces  Dialo* 
gués  lui  furent  donnés  pour  lui  inspirer 
((uelque  vertu,  ou  pour  le  corriger  do 
quelque  défaut.  Fénélon  les  écrivait  tout 
de  suite  ,  sans  préparation ,  à  mesure  qu'il 
les  croyait  nécessaires  au  prince  ;  ainsi  on 
ne  doit  pas  être  surpris  s'ils  sont  quel- 
quefois vides  dépensées,  si  on  y  trouve 
des  assertions  peu  réfléchies ,  des  impu- 
tations mal  fondées  et  pleines  de  préjugés 
nationaux  ;  [  Dialogues  sur  l'Eloquence 
en  général  et  sur  celle  de  la  Chaire  en 
particulier ,  avec  une  Lettre  sur  la  Rhé- 
torique et  la  Poésie ,  1718,  in-12,  plusieurs 
éditions.  Cette  Lettre  ,  adressée  à  l'acadé- 
mie française,  est  un  excellent  morceau 
qui  ne  dépare  point  le^  Dialogues.  L'au- 
teur du  Télémaque  avait  été  reçu  dans 
cette  compagnie  en  1G93,  à  la  place  de 
Pellisson.  Il  lui  fut  utile  plus  d'une  fois , 
par  son  goût  pour  les  belles-lettres,  et  par 
sa  grande  connaissance  de  la  langue  ; 
I  Direction  pour  la  conscience  d'un  roi^ 
composée  pour  le  duc  de  Bourgogne,  bro- 
chure in-12 ,  estimée.  On  l'a  publiée  en 
1754  ,  et  elle  a  été  réimprimée  à  Paris  en 
1774 ,  in-S".  |  Abrégé  des  Vies  des  an- 
ciens Philosophes  ^  autre  fruit  de  l'édu- 
cation du  duc  de  Bourgogne,  in-12.  Cet 
ouvrage  n'est  pas  achevé.  |  Un  excellent 
Traité  de  l'Education  des  Filles,  1687, 
in-12  ;  |  Œuvres  philosophiques ,  ou  Dé~ 
vionstration  de  l'existence  de  Dieu  par 
les  preuves  de  la  nature,  dont  la  meilleure 
édition  est  de  1726  ,  à  Paris  ,  in-12.  Le  duc 
d'Orléans,  depuis  régent  du  royaume, 
avait  consulté,  dit  l'auteur  du  Siècle  de 
Louis  XIK ,  l'archevêque  de  Cambrai 
sur  des  points  qui  intéressent  tous  les 
hommes.  11  demandait  si  on  peut  démon- 
trer l'existence  de  Dieu  ;  si  ce  Dieu  veut 
un  culte  ?  Il  faisait  beaucoup  de  questions 
de  cette  nature ,  en  philosophe  ;  et  l'ar- 
chevêque répondait  en  philosophe  et  en 
théologien.  Le  Père  Tournemine  y  a  fait 
des  additions.  |  Des  OEuvres  spirituelles, 
Amsterdam ,  1751 ,  5  vol.  in-12.  réimpri- 
mées plusieurs  fois  en  4  vol.  in-12.  On  y 
voit  un  homme  consommé  dans  les  voies 
intérieures,  dans  la  connaissance  du  cœur 
et  de  l'esprit  humain  ;  plus  on  a  réfléchi 
en  chrétien  ,  plus  on  prend  plaisir  à  les 
lire  ,  plus  on  eu  sent  la  vérité  et  la  pro- 
fondeur. I  Des  Sermons  ,  1744 ,  in-12  , 
faits  dans  la  jeunesse  de  l'auteur  ,  et  qui 
sont  au  rang  des  productions  médiocres 
en  ce  genre;  |  plusieurs  Ouvrages  en  fa- 
veur de  la  constitution  Unigenitns  et  du 


du  Télémaque  avaient  été  données  pour  \  Formulaire.  Les  ennemis  de  l'arctievéque 


FEN 


67 


F  EN 


:1>  i  amnray  uni  pri'triulu  qu'il  n'avnil 
I  I  is  parti  contre  le  .lansi-nhunc ,  qtie 
jKurc  que  le  rardinal  de  Nooillcs  s'était 
drdaré  contre  le  quittismc  ;  ima(îinalioii 
•ussi  frivole  que  calotnnicusc  ,  direetc- 
mcnt  opposée  avec  b  vie  et  le  caractère 
de  cet  homme  célèbre  ,  incapable  de  son 
naturel  et  par  le  penro  de  sa  philosophie, 
cl  plus  encore  par  sa  relipion ,  d'une  si 
lAche  et  si  «lieuse  hypocrisie.  Pour  se 
convaincre  de  la  sincérité  et  de  l'immu- 
Ubililc  de  ses  senlimens  ,  touchant  cette 
ieric ,  il  n'y  a  qu'à  lire  la  lettre  qu'il  écri- 
vit la  veille  de  sa  mort ,  et  qui  se  trouve 
dans  ses  OEuvres  spitit.,  tom.  k  ,  p.  558. 

•  Je  viens  de  recevoir  l'extréme-onclion. 
»  C'est  dans  cet  état ,  où  je  me  prépare  à 

aller  iwraître  devant  Dieu,  que  je  vous 
>  prie  instamment  de  représenter  au  roi 
»  mes  véritables  sentimens.  Je  n'ai  jamais 
»  eu  que  docilité  pour  lEylise ,  et  qu'hor- 
»  reur  des  nouveautés  qu'on  m'a  impu- 
»  técs.  J'ai  reçu  la  condanmation  de  mon 
»  livre  avec  la  simplicité  la  plus  abso- 
■  lue....  Je  prends  la  liberté  de  deman- 
»  der  à  sa  Majesté  deu.x  (îràccs,  qui  ne 
»  re{jardcnt  ni  ma  personne  ni  aucun  des 
»  miens.  La  première  est  qu'elle  ait  la 
»  bonté  de  me  donner  un  successeur 
»  pieux,   régulier,  bon  ,  et  ferme  contre 

•  le  jansénisme .  lequel  est  prodigieuse- 
»  ment  accrédité  sur  cette  frontière  ,  etc. 
»  L'autre  grâce  est  qu'il  ail  la  boulé  d'a- 

•  chevcr  avec  mon  successeur  ce  qui  n'a 
»  pu  être  avec  moi  pour  MM.  de  Saint- 
»  Sulpice,  etc.  »  |  Quelques  autres  écrits, 
et  un  grand  nombre  de  Lettres  qu'on 
a  promises  au  public.  Fénélon- avait  fait, 
pour  les  princes  ses  élèves ,  une  excel- 
lenle  Traduction  de  l'Enéide  de  Virgile  : 
mais  on  ne  sait  ce  qu'est  devenu  le  ma- 
nuscrit. Quelle  perte ,  si  cette  version 
était  dans  le  style  du  Télémaque  !  Ram- 
•ay,  disciple  de  l'archevêque   de   Cam- 

'krai .  a  publié  la  Vie  de  son  illustre  maî- 
tre ,  in-12,  :a  Haye  ,  172/».  M.  do  Bausset 
a  publié  ime  Histoire  de  Fénélon  très  es- 
timée ,  5*  édition  ,  1817  ,  k  vol.  in-S".  Les 
curieux  qui  la  consulteront,  ne  pourront 
t'cmpècher  d'aimer  ce  prélat,  et  de  le  pleu- 
rer. Il  recevait  les  étrangers  aussi  bien 
que  les  Français,  et  ne  leur  cherchait 
pas  des  ridicules.  La  politesse  est  de  tou- 
tes Us  nations  j  disait-il ,  les  manières  de 
f  '  irr  sont  différentes,  mais  indif- 
de  leur  nature.  Quoiqu'il  eût 
l>  à  se  plaindre  de  Bossuct ,  il 
pnl  un  jour  le  parti  de  ce  prélat  contre 
Ramsay ,  qui  ne  rendait  pas  assez  de  jus- 


tice h  son  érudition.  M.  l'abbé  de  Quéf- 
bœuf  a  donné  en  1787,  et  onnées  sui- 
vantes .  une  édition  complète  de  ses  OKu- 
vrcs ,  Taris,  Didot,  9  vol.  in-4».  Elles 
ont  été  réimprimées  à  Paris,  en  1810,  en 
10  vol.  in  8°  et  in-12,  et  à  Toulouse  en 
19  vol.  in-12  et  en  1821-2/» .  par  MM.  Gos- 
selin  et  Caron  ,  22  toI.  in-8".  L'abbé  Jauf- 
frct  a  publié  les  OEuvres  choisies  de  Fé- 
nélon en  6  vol.  in-12;  deux  éditions  en 
ont  parti. 

FE\KLO\  (GABniEi.- Jacques),  neveu 
du  précédent ,  eut  les  vertus  de  son  on- 
cle réunies  à  tous  les  talens  militaires  ; 
il  fut  chevalier  des  ordres  du  roi ,  ambas- 
sadeur en  Hollande  en  1725,  ministre  plé- 
nipotentiaire deux  ans  après  au  congrès 
de  Soissons  ,  et  signa  le  traité  de  neutra- 
lité fait  avec  les  Etals-Unis  en  1733.  Il  fut 
blessé  mortellement  à  la  bataille  de  Ro- 
coux  ,  étant  lieutenant-général,  et  mou- 
rut trois  jours  après  à  Lanlin  ,  le  11  octo- 
bre 17/i6.  On  y  voit  son  épitaphe  dans  l'é- 
glise de  ce  village,  failc  par  le  P.  Bau- 
dory.  On  l'y  nomme  Galliœ  et  hostium 
desideria.  Voltaire  ,  en  parlant  de  ce  hé- 
ros, fait  un  aveu  bien  honorable  au  chris- 
tianisme. «  Son  extrême  dévotion ,  dit- 
»  il,  augmentait  encore  son  intrépidité.  11 
»  pensait  que  l'aclion  la  plus  agréable  à 
»  Dieu  était  de  mourir  pour  son  roi 
»  {quand la  raison  et  le  devoir  l'exitjent). 
»  Il  faut  avouer  qu'une  armée  composée 
»  dhomines  qui  penseraient  ainsi  serait 
n  invincible,  d  Histoire  de  Louis  XV, 
tom.  1,  page  209.  Voyez  GUSTAVE- 
ADOLPHE.  Ce  fut  le  marquis  de  Féné- 
lon qui  publia  la  première  édition  régu- 
lière de  Télémaque,  et  conforme  au  ma- 
nuscrit de  Fénélon. 

*  FE\ÉLOi\  (J.B.  A.SALIGNAC  de), 
de  la  famille  des  précédens  ,  né  en  1714  , 
à  St.-Jean-d'Estissac  en  PérigorcJ  ,  em- 
brassa l'état  ecclésiastique,  et  fut  aumô- 
nier de  la  reine  Marie  Lecksinska,  épousa 
de  Ix)uis  XV.  Après  la  mort  de  cette  prin- 
cesse, il  se  retira  dans  le  diocèse  d'Au- 
tun,  au  prieuré  de  Sl.-Sernin-ilu-Bois, 
dont  il  avait  été  pourvu  en  1745  ,  et  il  s'y 
lit  bientôt  remarquer  par  ses  vertus  bien- 
faisantes. Le  pays  ne  contenait  que  des 
main-mortables;  il  les  affranchit  tous;  il 
encouragea  la  culture  des  terres  ,  établit 
des  forges  pour  faciliter  le  débit  du  char- 
bon abondant  dans  la  contrée,  et  aban- 
donna ,  pour  les  faire  piospérer  ,  le  pro- 
duit d'un  étang  qui  formait  la  meilleure 
partie  de  son  revenu.  Dans  une  année  de 
di&eltc,  il  Ul  ouvrir  à  ses  frais  une  grande 


FEN 


68 


FER 


route  de  St.-Sernin  à  Conches ,  où  se  te- 
nait un  gros  marché  ;  il  procura  ainsi  à 
ses  vassaux  le  moyen  de  pouvoir  trans- 
porter facilement  leurs  denrées ,  et  aux 
femmes,  aux  enfans,  aux  vieillards  em- 
ployés dans  ces  travaux,  une  existence  as- 
surée dans  ces  temps  de  misère.  Des  cir- 
constances imprévues  l'appelèrent  à  Pa- 
ris ;  il  n'y  voulut  loger  que  dans  un  sé- 
minaire ,  celui  des  Missions  étrangères  ; 
bientôt  il  eut  connaissance  de  l'établisse- 
ment formé  par  l'abbé  de  Pont-Briant 
en  faveur  des  petits  Savoyards.  S'étant 
chargé  de  le  diriger,  il  entreprit  de  faire 
connaître  à  ces  jeunes  infortunés  les  utiles 
vérités  de  la  religion;  et  i'  aidait  en  même 
temps  de  sa  bourse  ceux  que  des  maladies 
ou  le  défaut  d'ouvrage  laissait  sans  res- 
source. Pour  les  encourager  au  bien,  il 
donnait  de  petites  médailles  de  cuivre  à 
ceux  qui  étaient  constamment  appliqués 
à  leur  devoir  ;  et  ces  médailles ,  bientôt 
connues  de  la  police,  devinrent,  pour 
ceux  qui  en  étaient  décorés ,  la  plus  puis- 
sante des  recommandations.  On  le  voyait 
souvent  s'arrêter  près  d'eux ,  dans  les  car- 
refours, pour  s'informer  de  leurs  gains  , 
les  consoler  quand  ils  n'en  avaient  pas 
obtenu,  et  leur  demander  quels  étaient 
leurs  besoins  les  plus  urgens.  Quand  ses 
moyens  étaient  épuisés ,  il  savait  inté- 
resser les  riches  en  leur  faveur.  Des  ver- 
tus aussi  modestes  auraient  dû  le  préser- 
ver ,  ce  semble ,  de  la  rage  des  révolution- 
naires; cependant  il  fut  arrêté  comme 
suspect  en  1793 ,  et  renfermé  au  Luxem- 
bourg. Les  Savoyards  réclamèrent  en 
vain  leur  père  et  leur  unique  appui  ; 
il  fut  traduit  au  tribunal  révolutionnaire, 
et  condamné  à  mort  le  7  juillet  1794,  à 
l'âge  de  80  ans.  Placé  sur  la  charrette  qui 
devait  le  conduire  à  l'échafaud ,  il  ne 
cessa  d'exhorter ,  de  consoler  ses  compa- 
gnons d'infortune  jusqu^au  lieu  du  sup- 
plice ,  où  il  prononça  sur  eux  les  paroles 
de  l'absolution  ;  et  l'on  remarqua  que  le 
sourreau  lui-même ,  pénétré  tout  à  coup 
d'un  respect  involontaire,  s'inclina  de- 
vant ce  saint  prêtre  ,  comme  s'il  désirait 
d'être  absous  du  crime  dont  il  allait  être 
l'instrument.  On  trouve  l'éloge  de  ce  res- 
pectable ecclésiastique  dans  les  annales 
philosophiqîies  j  morales  et  littéraires^ 
faisant  suite  aux  annales  catholiques , 
tome  8  ,  Paris,  1800,  in-8'*. 

FENOUILLOT.  Voyez  FALBAIRE. 

•  FEIWVICR  (  Edouard  ) ,  évéque  de 
Cincinnati,  né  à  Maryland  le  19  août  1706, 
entra  en  1784  au  collège  des  dominicain» 


anglais  de  Bornheim,  près  Anvers,  y  fît 
profession,  et  reçut  la  prêtrise.  Il  y  ensei- 
gna ensuite  qui  Ique  temps  ;  mais  au  com- 
mencement de  la  révolution,  lorsque  les 
Français  s'emparèrent  de  la  Flandre ,  il 
fut  obligé  de  s'enfuir,  et  retourna  en 
Amérique.  M.  Garrol ,  évêque  de  Balti- 
more ,  l'envoya  dans  le  Keutucky ,  où  le 
P.  Fenwick  érigea  en  grande  partie  à  ses 
frais ,  un  couvent  de  son  ordre  et  une 
école.  Cet  établissement  a  fourni  plu- 
sieurs missionnaires.  En  1810,  il  alla  seul 
dans  l'état  de  l'Ohio,  pour  y  porter  la  pa- 
role sainte,  et  le  père  Young  lui  fut  bien- 
tôt adjoint.  Pie  VII  ayant  érigé,  en  1821 , 
un  évêclié  à  Cincinnati,  fit  choix  pour  oc- 
cuper ce  siège  du  P.  Fenwick ,  qui  fut 
sacré  le  13  janvier  1822 ,  dans  son  cou- 
vent de  Sainte-Croix,  par  M.  Flaget,  évê- 
que de  Bardstown.  En  1824,  le  nouveau 
prélat  fit  un  voyage  en  Europe ,  pour  y 
obtenir  des  secours.  Depuis  il  était  conti- 
nuellement en  voyage  pour  visiter  les 
catholiques  de  l'Ohio.  Le  P.  Fenvick  était 
administrateur  des  territoires  du  Machi- 
gan  et  du  Nord-Ouest ,  de  sorte  que  sa 
juridiction  s'étendait  sur  d'immenses  con- 
trées. Il  se  signala  dans  ses  fonctions  épi- 
scopales  par  un  grand  nombre  de  travaux- 
importans  ,  et  succomba  enfin  le  26  sep- 
tembre 1852,  au  choléra-morbus ,  dont  il 
fut  atteint  à  Wooster ,  dans  le  comté  de 
Wayne,  en  retournant  d'une  de  ses  courses 
pénibles  dans  des  parties  éloignées  de  son 
vaste  diocèse.  Il  était  déjà  affligé  depuis 
plusieurs  semaines  d'tuie  dyssenlerie.  Un 
prêtre  qu'il  avait  envoyé  chercher,  pour 
venir  l'assister  dans  ses  derniers  momens, 
n'arriva  auprès  de  lui,  qu'après  qu'il  eut 
rendu  le  dernier  soupir. 

*  FEIVZI  (FnANÇois-MARiE),  patriar- 
che de  Jérusalem ,  né  à  Zara  ,  en  1738, 
d'une  famille  noble,  mort  à  Rome  le  9  jan- 
vier 1829 ,  à  l'âge  de  91  ans,  était  le  doyen 
des  évêques  du  monde  catholique.  Nommé 
archevêque  de  Corfou,  du  rit  latin,  le  20 
septembre  1779  ,  il  donna  sa  démission  en 
1816  ,  et  fut  créé  patriarche  de  Jérusalem 
dans  le  consistoire  de  la  même  année. 

*  FÉRAIJD  (Jean-François)  ,  jésuiia 
et  grammairien  ,  né  à  Marseille  le  17 avril 
1723 ,  fut  envoyé  après  son  noviciat ,  à 
Besançon ,  où  il  professa  avec  beaucoup 
de  succès  les  élémens  de  la  langue  latine, 
et  plus  tard  la  rhétorique  et  la  philoso- 
phie. Lorsque  son  ordre  fut  supprimé  ,  il 
se  retira  dans  le  comtat  Venaissin  ,  d'où 
il  obtint  la  permission  de  revenir  dans  sa 
pairie.  11  y  vécut  presque  ignoré,  partar 


FKIl  C9 

(canl  son  temps  entre  loxercicc  des  de- 
>iu  de  la  religion  .  et  les  occupations 
iléralres  qu'il  s'était  créées.  Il  éniijjra 
■u  comnicnoenuMit  de  la  révolution ,  et 
r«ntra  en  France  en  I7'J8.  Mali^re  son 
grand  ii^re.  il  se  consacra  tout  entier  au 
service  des  autel»  qui  se  trouvaient  alors 
presque  abandonnés  faute  de  ministres  ; 
il  lit  avec  beaucoup  de  distinction  des 
conférences  reli^i^nses  à  ré(;iise  de  St.- 
Laurent  de  3Iarseilie,  et  niouitil  dans 
cette  ville  le  8  février  1807.  On  lui  doit  : 
I  Dictionnaire  grammatical  de  la  langue 
française.  Avignon,  1761,  in-8";  et  4'  édi- 
tion considérablement  autjmentée  ,  Paris . 
1786 ,  2  vol.  in-8".  Il  a  entrepris  de  figu- 
rer la  prononciation  ;  mais  n'ayant  pres- 
que pas  habité  Paris,  ses  remarques  n'ont 
pas  toutes  la  même  justesse.  |  Diction- 
naire critique  de  la  langue  française. 
Marseille,  1787-88,  5  vol.  in-4°  ;  ouvrage 
important,  dans  lequel  on  trouve ,  sur  un 
grand  nombre  de  difficultés  ,  des  solu- 
tions qu'on  chercherait  vainement  dans 
le  Dictionnaire  de  l'Académie  ,  et  qui  a 
été  d'une  grande  utilité  à  tous  ceux  qui 
ont  voulu  écrire  sur  la  langue  française. 
L'auteur  y  avait  fait  de  nombreuses  addi- 
tions et  corrections  qui  sont  restées  ma- 
nuscrites, la  premièie  édition  n'étant  pas 
épuisée  ;  si  elle  n'a  pas  eu  en  France  tout 
le  succès  qu'elle  méritait ,  on  peut  l'attri- 
buer aux  Dictionnaires  abrégés  qui  ont 
paru  dans  un  format  plus  portatif,  et 
qui  en  ont  emprunté  les  remarques  les 
phn  ("isentielles. 

IKKVIJD.  f  oj/^z  FERRAUD  ,  député. 
ILK.VULT  (  Jeax  ),  et  non  FERRAND, 
né  à  Angers ,  fut  procureur  du  roi  au  Mans 
vers  1510.  On  a  de  lui,  entre  autres,  un 
traité  latin  Des  Droits  et  Privilèges  du 
Royaume  de  France .  dédié  au  roi  Louis 
XII  ,  Paris,  IJiia  ,  in-8". 


EHPEREl'RS   D  ALLEMACXE. 

FERDIXWD  I",  empereur  d'Allema- 
gne ,  second  fils  de  l'archiduc  Philippe  et 
frère  puîné  de  Charles-Quint,  naquit  àMé- 
dine  en  (.astille  l'an  1503.  Il  épousa  Anne 
fille  de  I^^dislas  VI,  roi  de  Hongrie  et  de 
Bohème  ,  et  sœur  de  Louis  le  Jeune ,  tué 
à  la  bataille  de  .Mohacs  en  1526.  Aj)rès  la 
inorl  de  ce  prince,  Ferdinand  se  crut  en 
droit  de  lui  succéder,  et  se  lit  couronner 
roi  de  Hongrie  et  de  Bohème  en  1527 
(  voy.  ZAPOL  ).  Il  fut  élu  roi  des  Ro- 
mains en  1531.  Charles-Quint  ayant  abdi- 
qué l'empire  en  1556,  il  lui  succéda  en 
1558,  l'abdical ion  n'ayant  été  acceptée  par 


FICil 

Us  princes  d'empire  que  cette année-IA. 
I.e  pape  Paid  IV  refusa  de  le  reconnaître 
pour  empereur  légitime,  parce* que  ,  di- 
sait ce  pontife  ,  l'abdication  de  Charles- 
Quint ,  faite  sans  la  permission  du  saint 
Siège  ,  élait  nulle;  nmis  Pie  IV  ,  son  suc- 
cesseur, ne  crut  pas  devoir  faire  ces  dif< 
licultés.  Ferdinand  pressa  ce  pape  de  per- 
mettre à  ses  sujets  d'Autriche  la  comnni- 
nion  sous  les  deux  espèces  :  le  pape  s'oc- 
cupait de  celte  affaire,  lorsque  l'empe- 
reur mourut  à  Vieime  en  1564,  à  61  ans. 
Ce  prince  sage  et  modéré  voulait  donner 
la  paix  à  l'Kglise;  mais  il  ne  connaissait 
pas  assez  l'esprit  des  sectaires,  toujours 
plus  tumultueux  et  plus  exigeans  ,  lors- 
(ju'ou  parait  incliné  à  composeravec  eux. 
Il  fil  une  trêve  de  8  ans  avec  les  Turcs  , 
réconcilia  plusieurs  princes  ennemis  ,  et 
termina  les  querelles  des  rois  de  Dane- 
marck  et  de  Suède.  Vn  testament ,  qu'il 
avait  fait  20  ans  avant  sa  mort ,  en  1545 , 
et  auquel  il  ne  dérogea  point  par  ses  der- 
nières volontés ,  jeta  de  loin  la  semence  de 
la  guerre  qui  a  troublé  l'Europe  200  ans 
après.  Ce  testament  appelait  ses  lilles  à  la 
succession  des  royaumes  de  Bohème  et  de 
Hongrie,  au  défaut  des  héritiers  de  ses 
lils.  Cette  disposition  adonné  lieu,  en  17/i& 
à  la  prélenlion  que  la  maison  électorale 
de  Bavière  a  formée  sur  ces  royaumes, 
l'arcliiduchesse  Anne,  fille  de  Frédéric  T'. 
ayant  été  mariée  à  Albert  V ,  duc  de  Ba- 
vière. Mais  le  vrai  sens  du  testament  ne 
regardait  que  ses  lilles  proprement  dites, 
alors  vivantes,  non  pas  les  enfans  qui  en 
naîtraient,  et  qui,  après  des  siècles,  s'ima- 
gineraient pouvoir  disputer  la  succession 
aux  descendans  de  la  ligne  directe.  Cela 
était  bien  clair  aux  yeux  de  tout  homme 
qui  ne  raisonne  pas  d'après  la  logique  des 
cours ,  et  qui  ne  connaît  pas  lessophismes 
de  l'ambitieuse  et  tortueuse  politique.  On 
a  imprimé  les  Lettres  de  cet  empereur 
en  latin  adressées  au  pape  Pie  IV ,  Paris , 
1565,  in-8".  Sa  vie  a  été  écrite  en  espagnol 
par  Alfonse  Ulloa,  en  italien  par  Louis 
Dolre,  et  Schardius  en  a  publié  un  abrégé 
en  latin.  Son  éloge  se  trouve  dans  le  recueil 
intitulé:  Oraliones  clarorum  virorum,elc. 
ad  principes  habita;  ^  Cologne,  1559,  avec 
des  vers  latins  à  sa  louange. 

FEUDl.\\.\D  II,  archiduc  d'Autriche, 
fils  de  Charles  ,  duc  de  Styrie,  et  petit-fiU 
de  Ferdinand  I" ,  né  en  1578,  roi  de  Bo- 
hème en  1617,  de  Hongrie  en  1618,  fut 
empereur  en  1619,  à  41  ans.  Les  Bohé» 
miens  révoltés  venaient  de  se  d  nner  à 
Frédéric  Y  ,  électeur  Palatin ,  surnomma 


FER 


70 


FER 


roi  d'hiver  (  parce  qu'il  n'a  régné  que 
l'espace  d'un  hiver  ).  L'empereur  attaqua 
le  nouveau  roi  et  dans  son  royaume  de  Bo- 
hème et  dans  son  électorat.  La  bataille  de 
Prague,  gagnée  en  1620,  décida  de  son  sort. 
Son  électorat  fut  donné  à  son  vainqueur, 
Maximilien ,  duc  de  Bavière.  Christiern 
IV,  roi  de  Danemarck ,  s'unit ,  avec  d'au- 
tres princes,  pour  secourir  le  Palatin. 
Tilli ,  un  des  plus  grands  généraux  de  l'em- 
pereur, le  défit  en  1626,  ôta  toutes  les 
ressources  au  Palatin ,  et  força  son  défen- 
seur le  roi  Christiern  à  signer  la  paix  en 
4629.  Les  victoires  de  Ferdinand  donnè- 
rent de  la  jalousie  aux  princes  protestans 
d'Allemagne  ;  ils  s'unirent  contre  lui  avec 
Louis  XIII ,  roi  de  France ,  et  Gustave- 
Adolphe,  roi  de  Suède.  Gustave,  le  héros 
du  Nord,  remporta  une  victoire  signalée 
à  Leipsick  sur  Tilli  en  1651 ,  soumit  les 
deux  tiers  de  l'Allemagne ,  et  perdit  la 
vie,  l'année  d'après,  au  milieu  de  ses 
triomphes ,  à  la  bataille  de  Lulzen.  Bannier 
général  du  roi  mort ,  continua  ses  con- 
quêtes, et  soutint  la  réputation  dos  armes 
suédoises.  L'empereur  rompit  le  cours  de 
ces  victoires  ,  par  le  gain  de  la  bataille  de 
Nortlingue  en  1654.  L'année  suivante  ,  il 
conclut  à  Prague  une  paix  particulière 
avec  le  duc  de  Saxe  et  d'autres  princes 
protestans,  et  fut  assez  heureux  ,  deux  ans 
après ,  pour  faire  déclarer  son  fils  roi  des 
Romains.  Enfin ,  après  18  ans  d'un  règne 
toujours  troublé  par  des  guerres  intestines 
et  étrangères,  Ferdinand  mourut  en  1637. 
Les  plus  grands  ennemis  de  cet  empereur 
n'ont  pu  refuser  des  éloges  à  sa  grandeur 
d'âme  ,  à  sa  prudence ,  à  sa  fermeté ,  à  ses 
autres  vertus.  Il  semblait  être  au-dessus 
des  événemens ,  dit  un  historien,  et  trou- 
vait,  jusque  dans  ses  pertes,  les  moyens 
de  parvenir  à  ses  fins.  Il  eût  été  le  res- 
taurateur de  la  religion  catholique  en  Alle- 
magne ,  sans  les  puissans  secours  que  la 
France  et  la  Suède  donnèrent  aux  protes- 
tans.Quelques  sectaires  et  les  philosophis- 
tes des  derniers  temps  ont  déchiré  le  nom 
de  ce  prince  d'une  manière  indigne ,  et 
traité  de  fanatisme  les  efforts  qu'il  fit  pour 
réprimer  les  nouvelles  erreurs.  Un  écri- 
vain judicieux  et  équitable  remarque ,  à 
cette  occasion ,  que  «  le  nom  de  fanatique 
»  n'est  donné  par  nos  prétendus  sages 
»  qu'aux  catholiques  qui  ont  combattu 
•  pour  la  foi  de  leurs  pères  ,  pour  la  dé- 
»  fense  de  leurs  temples ,  de  leurs  sacri- 
»  fices ,  de  leurs  usages.  Charles  V ,  Phi- 
»  lippe  II ,  le  duc  d'Albe  ,  Ferdinand  II , 
»  etc. ,  sont  des  fanatiques  :  Elizabetb , 


»  qui  fait  nager  l'Angleterre  dans  le  sang 
»  pour  y  établir  l'hérésie,  est  une  héroïne. 
»  Gustave-Adolphe,  qui  a  pillé  et  dégradé 
»  toutes  les  églises  d'Allemagne,  et  ravagé 
»  en  l'honneur  de  Luther  dix  grandes  pro- 
»  vinces  ;  Guillaume,  qui  détrône  son  beau- 
»  père  en  faveur  de  la  religion  anglicane, 
»  etc.,  sont  des  héros.  Qualité  dislinclive 
»  delà  vérité,  elle  seule  attire  la  liaine  et 
»  les  malédictions  de  l'erreur.  »  (  Voyez 
JACQUES  II,  PHILIPPE  II,  LOUIS  XIV, 
MAINTENON).  Le  Père  Guillaume  Lamor- 
maini  a  donné  un  tableau  des  vertus  de 
ce  religieux  empereur,  sous  le  litre  de 
Idea principis  chrisliani ,  Cologne,  1658, 
in-24  de  298  pages.  Gustave-Adolplie  di- 
sait au  milieu  de  ses  brillans  succès,  qu'î7 
ne  craignait  que  les  vertus  de  Ferdinand. 
Bellem  Gabor ,  un  autre  de  ses  ennemis, 
disait  que  la  guerre  était  difficile  et  dan- 
gereuse contre  un  prince  que  la  prospérité 
n'élevait  pas^  et  qui  ne  se  laissait  jtoint 
abattre  par  l'adversité. 

FERDIj\A^'D  III,  surnommé  Ernest. 
fils  aîné  de  Ferdinand  II,  naquit  en  1608, 
fut  roi  de  Hongrie  en  1623  ,  de  Bolième 
en  1627  ,  des  Romains  en  1656,  et  empe- 
reur en  1637.  La  mort  du  père  ne  changea 
rien  à  la  face  des  affaires,  et  la  guerre 
continua  partout  avec  une  égale  vivacité 
sous  son  fils.  Il  eut  d'abord  quelques  avan- 
tages sur  les  Suédois;  mais  Bernard  de 
Saxe,  duc  de  Veimar,  devint  un  ennemi 
aussi  dangereux  pour  Ferdinand  III ,  que 
Gustave-Adolphe  l'avait  été  pour  Ferdi- 
nand II.  Ce  général  remporta  4  victoires 
en  moins  de  k  mois.  Bannier  ne  fut  pas 
moins  heureux  sous  ce  règne ,  qu'il  l'avait 
été  sous  le  précédent.  Il  osa  assiéger  Ra- 
tisbonne  ,  où  l'empereur  tenait  sa  diète  ; 
il  la  foudroya  de  son  canon ,  et ,  sans  un 
dégel ,  il  s'en  rendait  maître.  Les  Fran- 
çais s'étaient  joints  aux  Suédois.  Le  ma- 
réchal de  Guébriant  enleva  Lamboi  et  ses 
troupes  à  la  bataille  d'Ordingen  ,  en  1645. 
Le  duc  d'Enghien,  appelé  depuis  le  grand 
Condé ,  força  l'année  suivante  les  relran- 
chemens  de  Fribourg ,  et  gagna  en  1645 
mie  bataille  à  Nortlingue ,  dans  cette 
même  plaine  où  les  Suédois  avaient  été 
vaincus  onze  ans  auparavant  ;  mais  cette 
victoire  n'eut  ni  l'importance  ni  les  effets 
de  la  première.  Torstenson  ,  autre  géné- 
ral suédois  ,  pressait  l'Autriche  d'un  côté, 
Condé  et  Turenne  de  l'autre.  Ferdinand, 
fatigué  de  tant  de  revers  ,  conclut  enfin  la 
paix  de  "Westphalie  en  1648.  Les  traités 
signés,  l'un  à  Osuabruck,  l'autre  à  Munster 
sont  aujourd'hui  le  code  politique  et  la 


FER 


7* 


FER 


pir. 
des 

en  M  faisant 
la  Ponu-ranit 

hnd(jraM'  ! 
l'empire 
vinisti"    (u: 


'      ' n«Mosdcr<m- 

I)ai«.  les  rois 
s  de  Icinpire, 
dt  I  la  plu>  brlle  partie  de 
k"  roi  de  France  devint 
~T  ■  rtre  prince  de 
icnnect  la  cal- 
.  i-t  1  e(jlisc  ca- 
Iholiqiie  frappcc  du  plu*  {rrand  coup 
qu'elle  eut  encore  essuyé  en  AIlema{jne. 
I>e  saint  Sitge  cl  le  roi  dE.s]>agni;  furent 
mécontens  de  ce  traité  ;  l'empereur  lui- 
nnéinfl  en  versa  des  larmes;  mais  il  subit 
la  loi  de  la  nécessité  ,  et  mourut  environ 
dix  tms  après  ,  en  1657.  L'histoire  parti- 
culière de  Ferdinand  III  a  été  publiée 
en  italien  par  le  cojnte  Galea7.7.o  Gualilo 
Priorato,  Vienne  ,  I67i,  in-fol.  avec  por- 
traits de  princes,  de  gi-néraux  et  des  plans 
de  différentes  places  fortes, etc. 

rois  de  castu.le  ,  de  leon  et 
d'espag:«e 

FERDL\A.\D  1",  roi  de  Castille  et  de 
Léon ,  dit  le  Grand ,  second  fils  de  Sanche 
UI,  roi  de  Navarre,  donna  bataille  à  Al- 
fonse ,  roi  de  Léon,  et  le  tua  en  1037. 
Maitre  de  ce  royaume  et  par  le  droit  de 
conquête  et  par  celui  de  son  épouse ,  il  se 
fit  couronner  roi  de  Léon  et  des  Asiuries 
en  1038-  U  tourna  ensuite  ses  armes  contre 
1m  Maures,  leur  prit  beaucoup  de  villes, 
et  poussa  ses  conquêtes  jusqu'au  milieu 
du  Portugal ,  où  il  fixa  la  rivière  de  Mon- 
dego  pour  servir  de  bornes  aux  deux  états. 
Quelque  temps  après ,  il  déclara  la  guerre 
à  «m  frère  Garcias  IV ,  roi  de  Navarre. 
On  en  vint  aux  mains ,  et  Garcias  perdit 
ton  royaume  et  lu  vie.  Ferdinand  mourut 
en  l&6o ,  après  avoir  régné  30  ans  en  Cas- 
tilAe ,  et  S8  dans  le  royaume  de  Léon. 
Prince  sage,  grand  capitaine,  on  ne  lui 
reproche  que  la  faute,  trop  souvent  ré- 
pétée dans  ces  temps  barbares  en  Espagne 
et  en  France ,  d'avoir  partagé  ses  états 
entre  ses  trois  fils,  qui  tous  devinrent  rois  : 
faute  qui  fut  toujours  la  source  des  guerres 
civiles. 

FERDI^\^D  II,  fils  pnlné  d'Alfonse 
Vni,  roi  de  Léon  et  de  Castille,  remporta 
de  grands  avantages  sur  les  Portugais, 
fit  Aifonse  Henriquez.  leur  roi  prisonnier, 
et  usa  avec  modération  de  sa  victoire.  Il 
P»opnit  en  1 187,  après  un  règne  de  30  ans. 

FERDI.N.\^D  III  (  saint  )  ,  fils  d'Al- 
fonse IX,  né  l'an  1200,  parvint  à  la 
couronne  de  Castille  par  l'abdication  vo- 
kmlaire  de  sa  mère,  la  reine  Bérengère, 
CD  «17,  et  à  ceUe  de  Léon  par  la  mort 


de  son  père  m  l'2:>0.  IXsl'an  1225,  llarail 
commencé  à  faire  la  guerre  aux  Maures, 
et  leur  avait  pris  Uaeza  «-t  l'srda.  Ce  fui 
en  I23C  que  Cordoun  tomba  en  son  pou- 
voir. Elle  contenait  300.000  ^mc»;  et  l'on 
vit  un  roi  chrétien  occuper  le  palais  d'Al>- 
déramc  ,  dit  le  Grand .  trois  siècles  après 
l'époque  où  il  fut  construit.  Il  convertit 
en  église  sa  superbe  mosquée ,  chef-d'œu- 
vre d'architecliire  moresque,  où  l'on 
compte  12,000  coloimes ,  et  qui  est  encore 
aujourd'hui  la  cathédrale  de  Cordouc.  Al- 
Mansour  y  avait  fait  apporter  les  cloches 
de  Compostelle  sur  les  épaules  des  chré- 
tiens,  et  Ferdinand  les  fit  reporter  en 
Galice  sur  celles  des  Maures.  Après  la 
prise  de  Cordoue,  les  rois  maure»  de 
Murcie  et  de  Grenade  se  déclarèrent  tri- 
butaires de  Ferdinand.  Ce  prince  tourna 
ses  armes  contre  Séville  :  deux  ans  se 
passèrent  dans  les  préparatifs  et  à  la  con- 
struction d'une  flotte  qui ,  placée  à  l'em- 
bouchure du  Guadalquivir  ,  bloquait  le 
port  de  Séville,  et  interceptait  tons  les 
convois  envoyés  d'Afrique.  Après  une 
opiniâtre  défense,  Séville  capitula  faute 
de  vivres.  Peu  de  temps  après ,  Ferdinand 
prit  Xérès,  où  avait  péri,  cinq  siècles  et 
demi  auparavant ,  don  Rodrigue ,  der- 
nier roi  goth  en  Espagne,  qui  tomba  au 
pouvoir  des  Musulmans.  Il  mourut  en 
1252,  occupé  du  projet  de  conquérir  le 
royaume  de  Maroc.  Son  successeur  fut 
Alfonse  X ,  qu'il  avait  eu  de  Béatrix  de 
Souabe.  Il  avait  épousé  en  secondes  noces 
Jeanne  de  Ponthieu,  fille  du  comte  Simon 
etdeMarie,  petite-fille  de  France.  Blanche 
de  Castille,  mère  de  saint  Louis,  était 
sœur  d'Alfonse  IX,  père  de  Ferdinand. 
Ce  prince ,  cousin-germain  de  saint  Louis, 
fut  aussi  saint,  et  peut-être  plus  grand 
btnnmeque  lui.  Il  fit  des  lois  sages  comme 
ce  roi  de  France  :  il  humilia  les  grands 
qui  tyramiisaient  les  petits ,  purgea  ses 
états  des  brigands  et  des  voleurs ,  établit 
le  conseil  souverain  de  Castille  ,  fit  ras- 
sembler les  lois  de  ses  prédécesseurs  en 
un  Code .  et  donna  une  nouvelle  face  à 
l'Espagne.  Son  zèle  pour  la  foi  fut  sans 
bornes  ;  sa  piété ,  sa  vie  austère  et  exem- 
plaire ,  sa  magnificence  dans  tout  ce  qui 
concerne  le  culte  de  Dieu ,  furent  con- 
stamment regardées  par  les  peuples  chré- 
tiens comme  les  vraies  causes  qui  tenaient 
la  victoire  attachée  à  sa  personne  et  à  ses 
armées.  Les  philosophes  ne  lui  pardonne- 
ront pas  d'avoir  poursuivi  les  hérétiques, 
et  fait  punir  les  dogmatisans;  mais  c'est 
une  nouvelle   preuve  que  leur  suffrage 


FER 


72 


FEU 


n'est  pas  fait  pour  honorer  la  véritable 
grandeur.  Clément  X  le  mit  au  nombre 
des  saints.  Le  cardinal  don  Rodrigue  Xi- 
menès,  archevêque  de  Tolède  et  ministre 
de  Ferdinand  III ,  a  écrit  son  histoire  sous 
le  nom  de  Chronique^  Séville,  1616;  Mé- 
dina del  Campo,  1667,  in-fol.  L'abbé  Ligny 
a  écrit,  en  français  ,  la  T^ie  de  ce  prince, 
Paris ,  1759  ,  in-12. 

FERDINAIVD  IV ,  est  surnommé  VA- 
joufnéj  parce  que  dans  un  accès  de  colère 
il  fit  jeter  du  haut  d'un  rocher,  deux  sei- 
gneurs qui ,  avant  que  d'être  précipités  , 
l'ajournèrent  à  comparaître  devant  Dieu 
dans  30  jours  ,  et  qu'il  mourut  au  bout  de 
ce  terme.  Ce  qu'il  y  a  de  certain  c'est  que 
Ferdinand  mourut  subitement  et  fort  j  eune 
à  24  et  selon  quelques-uns  à  27  ans.  Il 
était  parvenu  au  trône  de  Castille  en  1293, 
à  l'âge  de  dix  ans.  Les  premières  années 
de  son  règne  furent  très  orageuses  ;  mais 
la  reine  Marie,  sa  mère  ,  se  conduisit  avec 
tant  de  sagesse  et  de  fermeté,  qu'elle  as- 
sura la  couronne  sur  la  tête  de  son  fils. 
Il  se  signala  par  ses  conquêtes  sur  le  roi 
de  Grenade  et  sur  les  Maures ,  auxquels  il 
enleva  Gibraltar ,  moins  fort  alors  qu'au- 
jourd'hui. C'était  un  prince  violent,  em- 
porté et  despotique.  Voici  comme  un  au- 
teur contemporain  rapporte  l'histoire  de 
son  ajournement.  «  Deux  frères ,  accusés 
»  de  meurtre  et  condamnés  à  êtreprécipi- 
»  tés  du  haut  d'un  rocher ,  quoiqu'on  n'eût 
»  pas  de  quoi  les  convaincre,  et  qu'ils  per- 
»  sistassent  à  nier  le  fait ,  en  appelèrent  à 
»  l'équité  des  lois  ;  mais  voyant  que  leurs 
»  représentations  au  roi  étaient  inutiles , 
»  et  qu'ils  avaient  affaire  à  un  juge  impla- 
»  cable  et  féroce,  ils  prirent  Dieu  à  témoin 
»  de  leur  innocence ,  et  citèrent  le  prince 
»  à  comparaître  dans  30  jours  à  son  tri- 
»  bunal.  On  méprisa  ce  discours ,  qu'on 
»  regarda  plutôt  comme  un  désir  de  ven- 
»  geance  que   comme  une  prédiction  (i). 


(i)  Cet  ajournemens  faits  par  des  innoceai ,  peuvent 
ft(re  de»  espèces  de  prophe'ties  ,  ou  bien  un  recours  vif 
et  confiant  vers  la  justice  divine,  sans  colère  et  sans 
ïsprit  de  vengeance.  En  général,  la  provocation  ou 
appel  au  jugement  de  Dieu  n'est  pas  criminelle  ,  lors- 
qu'elle se  fait  sans  passion  ,  par  amour  de  la  justice , 
dans  les  circonstances  convenables  et  urgentes.  C'est 
ainsi  que  David  disait  à  Saiil  :  Judicet  Dominus  in- 
Itrle^et  me,  et  ulciscaturme  Dominus.  Et  Zacharie 
condamné  à  la  mort  par  Joas  :  Videat  Dominus  et 
nquirat.  Et  les  Machabées  qui  annonçaient  si  forte- 
ment et  si  efficacement  la  prompte  et  terrible  puni- 
lioo  d'Antioclius.  Et  saint  Paul  qui  ne  voulait  pas 
que  la  conduite  d'Alexandre-\e-Tré$orier  restât  im- 
punie :  Reddet  illi  Dominus  juxia  opéra  sua.  Et  les 
faiat4  martyrs  qui  d«as  l'Apocalypse  appellent  le  jour 


n  Ferdinand  marchait  en  Andalousie  ,  et 
»  était  arrivé  àMartos,  lorsqu'au  trentième 
»  jour  ,  justement  depuis  l'exécution  des 
»  deux  frères ,  le  monarque  s'étant  retiré 
»  après  son  diner  pour  dormir,  fut  trouvé 
»  mort  dans  son  lit  »  (  voyez  MOLAY  ). 

FEUDLXAIVD  V ,  dit  le  Catholique,  ûls 
de  Jean  II ,  roi  d'Aragon ,  vit  le  jour  à 
Soz  sur  les  frontières  de  la  Navarre  le  40 
mars  14S2.  Il  épousa  en  1469,  Isabelle  de 
Castille ,  sœur  de  Henri  IV  ,  dit  l'impuis- 
sant. Ce  mariage  joignit  les  états  de  Cas- 
tille avec  ceux  d'Aragon.  Ferdinand  et 
Isabelle  vécurent  ensemble ,  dit  un  his- 
torien, non  comme  deux  époux  dont  les 
biens  sont  communs  sous  les  ordres  du 
mari,  mais  comme  deux  monarques  étroi- 
tement unis  pour  leurs  communs  intérêts. 
Ils  formèrent  une  puissance,  telle  que 
l'Espagne  n'en  avait  pas  encore  vue.  Fer- 
tîinand  déclara  la  guerre  à  Alfonse,  roi  de 
Portugal,  le  battit  à  Toro  en  1476,  et  ter- 
mina la  guerre  par  une  paix  avantageuse. 
Le  royaume  de  Grenade  gémissait  sous  le 
joug  des  Maures  ;  il  le  conquit ,  après  une 
guerre  de  8  ans.  Maître  de  la  Castille  par 
sa  femme ,  de  Grenade  par  ses  armes  ,  et 
de  l'Aragon  par  sa  naissance,  il  ne  lui 
manquait  que  la  Navarre  qu'il  conquit 
dans  la  suite.  Dans  le  même  temps  que 
Ferdinand  faisait  des  conquêtes  en  Europe, 
Christophe  Colomb  découvrait  l'Amérique 
et  le  faisait  souverain  d'un  nouveau 
Monde.  Ce  n'était  pas  assez  pour  Ferdi- 
nand :  il  envoie  en  Italie  Gonsalve  de 
Cordoue,  dit  le  grand  Capitaine^  qui 
s'empare  d'une  partie  du  royaume  de  Na- 
ples,  tandis  que  les  Français  se  rendaient 
maîtres  de  l'autre.  Ceux-ci  furent  ensuite 
entièrement  chassés  par  les  Espagnols, 
avec  lesquels  ils  ne  pouvaient  s'accorder 
sur  les  limites.  Celle  conquête  fut  suivie 
de  celle  de  la  Navarre.  Henri  VIII ,  roi 
d'Angleterre ,  était  son  gendre  ;  il  lui  pro- 
posa la  conquête  de  la  Guienne.  Le  jeune 


qui  doit  venger  leur  sang  :  Vsquequo  ,  Domine ,  non 
vindicas  san^uinem  nestrum ,  etc.?  Du  reste,  il  est 
certain  que  Dieu  exauce  les  vœux  même  criminels  dei 
misérables;  soit  pour  avertir  les  riches  et  les  puissant 
de  ne  point  mépriser,  moins  encore  opprimer  les  fai> 
blés;  soit  pour  rendre  redoutable  l'invocation  de  son 
saint  nom  ,  et  nous  avertir  de  ne  pas  l'employer  légè- 
rement. —  L'efficace  de  ces  ajournement  a  un  rap- 
port tensible  avec  celle  des  malédictions  et  impréca- 
tions  ,  attestée  par  une  multitude  d'histoires  avérées 
et  par  l'autorité  des  livres  taintt.  A6  inope  ne  afertos, 
oculos  propler  iram  ,  et  non  relinquas  quarrenlibus  libi 
rétro  ma/edieere,  Maledieentit  libi  in  amaritudine 
animer  examdietur  deprecalio  iUiut  :  exaudiet  MÊtm 
eum  çui/ecit  iiium.  £ccli.  I^. 


FEU 

roi  envoie  um*  nrmfi- ,  i-l  «on  beau-pire 
»'cii  sort  pour  rounuoi  ir  U  Navarre  :  foii- 
dniil,  dil-on.  stsilioils  »ur  une  bulle  pré- 
tendue, qiii  c\c«)niniunia»l  le  roi  île  Na- 
varre .  et  qui  «ioniiait  son  royaume  au 
premier  orrupanl;  mais  puistpie  Ferdi- 
nand liant  en  {guerre  a\  ec  la  France  .  avait 
autant  de  droit  de  leur  prendre  la  Na- 
varre que  toute  autre  pfovinre  ,  il  est  in- 
ulilc  de  lui  supposer  des  motifs  imaginai- 
res pour  faire  eitte  eontiuile.  Fi-rdinund, 
ajipel»  le  $0^0  et  le  prudent  en  Kspayne . 
en  Italie  le  piiux,  n'eut  pas  en  France  de 
surnom  si  honoralile  :  on  sait  que  les  Fran- 
Ç.U8  ne  disent  yuèrc  de  bien  de  leuis 
vainqueurs.  Cependant  les  gens  «'(juila- 
bles  et  impartiaux  lui  ont  rendu  justice. 

•  On  ne  peut  lui  refuser,  dit  un  auteur 
■  français,  d'avoir  été  le  plusyrand  roi  de 

•  S(Ui  siècle  :  lin.  souple,  adroit ,  laborieux, 

•  éclairé,  connaissant  les  honnnes  et  les 
»  affaires,  fécond  en  ressources,  prévoyant 
»  les  événemens,  faisant  la  guerre  non  en 
>l>aladin.  mais  en  roi.»  Ce  moiiarque 
mourut  en  lolti,  au  village  de  ftladrigalet 
d'une  liydropisie ,  causée  par  un  breu- 
vage que  Germaine  de  Foix ,  sa  seconde 
femme,  lui  avait  donné  ))our  le  rendre 
capable  d'avoir  des  enfans.  Les  juifs  fu- 
rent chassés  d  Kspagne  sous  son  régne  ;  ce 
Itannissemcnt  eut  quelques  mau\ aises 
suites,  mais  la  conduite  de  ces  Israélites 
en  avait  fait  appréhender  de  plus  grandes, 
si  on  ne  prenait  pas  le  parti  de  les  éloi- 
gner. Il  humilia  la  haute  noblesse  ;  il  ren- 
dit la  force  aux  lois;  il  ramena  la  décence 
el  la  régularité  du  clergé;  il  diminua  les 
im|  ôts  ;  il  donna  les  plus  sages  ordon- 
nées, il  punit  les  magistrats  prévarica- 
urs  :  et  ce  qui  est  beaucoup  moins  que 

tout  cela  aux  yeux  des  sages ,  il  découvrit 

un  nouveau  Monde;  il  conquit  Grenade, 

Naplcs,  la  Navarre  ,  Oran  ,  les  côtes  d'A- 

i  lue.  Ce    n'était  pas   sans  raison    que 

i:lippc  II  disait  :  C'est  à  lui  que  vous 

-.'ons  tout. Sa  v  ie  écrite  par  l'abbé  Alignol, 

(j,  2  vol.   in-1'2  ,  man<iue  d'exactitude 

'■■;'nrlialité;on  y  remarque  plus  d'as- 

;>cntaux  préjugés  nationaux,  que 

■ment  à    la    vérité   de  l'histoire. 

•is'.oire  de  son   règne  a  été  écrite  aussi 

r  Ilernand  de  Pulgar,  sous  le  titre  de 

'   '   :  licijcsdon  Femundo  y  Doua 

se  ,  1567.  in-fol.;  Valenca. 

><\\  a  d'Anl.  de  Lebrixa,  Hc- 

na  reitlinando  el  Isahella  Hispania- 

m    rrgibus.   geslanim    décades  duœ , 

'      "     '       '  ■  '.  in-fol.  etc. 

^I>  VI,  surnommé  le  Sage. 


•^ 


FER 


\\\y  di;  Philippe  V,  cl  de  Marie  de  Savoie 
sa  i)rctTiière  femme,  né  11  Madrid  le  6 
avril  I7rj,  monta  sur  le  Irone  après  la 
mort  de  son  père,  arrivée  vi\  \lhi\.  Ce 
prince  prit  part  à  la  (pierre  de  l7/il.  et  sur- 
tout à  la  paix  signée  en  1748,  qui  pro- 
cura à  un  de  ses  frères  les  duchés  de 
Parme  et  de  Plaisance.  Il  prolita  de  ce 
calme  passager ,  pour  réforujer  les  abus 
introdui;s  dans  les  Unances;  il  rétablit  la 
marine,  et  i)rotégea  le  connnerce,  les  arts 
el  l'agricullure.  L'Espagne,  fécondée  par 
ses  bienfaits,  vil  sortir  de  sotisein  des  ma- 
nufactures en  tout  genre.  Par  ses  soins 
les  Espagnols  ,  auparavant  tributaires  de 
l'induslrie  des  autres  nations  ,  virent 
abonder  che/,  eux  les  matières  premières 
et  les  i)roduclions  des  arts.  Des  canaux 
pratiqués  en  différentes  parties  de  lélat 
portèrent  l'abondance  dans  les  campagnes; 
avec  tout  cela  l'Espagne  n'auguienta  ni 
en  force  ni  en  considération  publique.  Sa 
faiblesse  resta  toujours  la  même,  et  parut 
même  s'aimoncer  par  des  symptômes  plus 
sensil)l'js.  «  U  en  est  des  royaumes  arrivés 
•>  une  fois  à  l'époque  de  leur  décadence, 
«dit  un  polilicpie,  comme  d'un  corps 
»  grave  ,  dont  la  chute  s'accélère  de  mo- 
»  ment  à  autre  ,  et  (pii  ne  peut  élre  arrêté 
»  sans  quelque  cause  majeure  ,  moins  en- 
»core  prendre  une  direction  rétrograde.» 
Ferdinand  VI  mourut  sans  postérité  à  Ma- 
drid le  10  août  17.')9 .  à  40  ans.  Son  frère 
Charles  lui  succéda.  Il  fut  toujours  d'une 
santé  faible,  qui  ne  lui  permit  pas  de  faire 
loul  ce  qu'il  aurait  voulu.  Il  avait  épousé 
en  I7ti8,  Marie-Madeleine-Thérèse,  in- 
fante de   Portugal. 

'  FEKDIN.WO  Vn,  roi  d'Espagne  el  des 
Indes,  né  à  Sainl-lldefonse  ,  le  15  octobre 
1784.  était  lils  de  Ciiarlos  IV,  roi  d'Espagne 
et  de  3Iarie-Louise  de  Parme.  A  six  ans. 
il  fut  proclamé  prince  des  Asluries,  et 
héritier  présomptif  de  la  couronne  ,  mal- 
gré l'opposition  de  plusieurs  députes  des 
provinces  qui  demandaient  a\anl  de  lui 
prêter  serment,  le  rétablissement  des  cor- 
lès  supprimées  par  Charles  IV.  Le  prince 
de  la  paix,  qui  gouvernait  alors  l'Espa- 
gne, chargea  de  l'éducation  du  jeune 
Ferdinand,  le  duc  de  San -Carlos,  elle 
chanoine  don  Juan-Esco'iquiz.  Ce  dernier, 
malgré  les  obligalitms  qu'il  avait  à  Godo'i , 
avait  con(;u  pour  ce  favori  une  haine  vio- 
lente, qu'il  lit  bientôt  partager  à  son  élève. 
Le  princ  de  la  paix ,  après  avoir  vaine- 
ment cherché  à  détruire  les  préventions 
défavorables  du  jeune  prince  à  son  égard, 
résolut  de  rendre  à  Ferdinand  haine  i>our 


FER 


74 


FER 


haine,  et  s'appliqua  à  semer  la  division 
i-ntrc  le  père  et  le  fiis.  Le  jeune  pritice 
i-pousaen  1802,  Marie-Anloiiielte  ,  tille  de 
Ferdinand  IV.  roi  de  Naples.  réelle  prin- 
cesse ,  douée  de  toutes  les  grâces  de  son 
sexe,  d'un  esprit  élevé,  et  d  un  caractère 
affectueux  ,  mais  abreuvée  de  dégoûts  et 
d'ennuis  à  la  cour  de  Madrid ,  mourut 
presque  subitement  quatre  ans  après.  Il 
jiaraît  que  Ferdinand .  conseillé  par  Es- 
«oïquiz,  conçut  alors  le  projet  de  s'allier 
par  un  mariage  à  la  famille  de  Bonaparte , 
qui  élevé  au  {dus  haut  degré  de  sa  puis- 
sance s'était  rendu  l'arbitre  de  l'Europe. 
Des  conférences  secrètes  s'établirent  dans 
ce  but,  entre  le  prince  des  Asturies  et 
l'ambassadeur  français  ,  M.  de  Beauliar- 
liais.  Godo'i  ,  informé  de  ces  néf^ocialions 
les  dénonça  à  Charles  IV,  comme  des  ac- 
tes de  trahison  qu'il  fallait  punir.  Le  roi, 
transporté  dindi^ualion  ,  lit  saisir  tous  les 
})apiers  de  son  lils.  et  le  fit  conduire  lui- 
même  prisonnier  à  l'Escurial.  Ou  assure 
que  parmi  les  papiers  de  Ferdinand  on 
trouva  une  lettre  écrite  de  sa  main  à  l'em- 
pereur, où  il  lui  demandait  en  mariafje  une 
de  ses  nièces,  la  lille  de  Lucien  Bona- 
parte. Un  décret  rédigé  par  le  favori,  fut 
adressé  au  conseil  de  Castille,  jjour  faire 
déclarer  traîtres  à  la  patrie,  le  prince  des 
Asturies  et  les  courtisans  qui  l'avaient 
servi.  Mais  Napoléon  exigea  que  les  pièces 
du  procès  fussent  anéanties,  et  Ferdinand 
d'après  ses  conseils .  ayant  .sollicité  son 
pardon  du  roi,  Godoï  voulut  se  donnei' 
le  mérite  de  la  réconciliation  ,  en  se  por- 
tant médiateur  entre  le  père  et  le  lils.  Ce- 
pendant Bonaparte  ayant  résolu  de  porter 
la  guerre  en  Portugal  ,  sous  prétexte  de 
maintenir  le  blocus  rouliiienial.  des  trou- 
l>es  françaises  conduites  [)ar  iMurat ,  fran- 
chirent la  frontière  et  s'avancèrent  vers 
Madrid,  en  \ertu  d'un  traité  signé  entre 
Napoléon  et  Godoï.  A  cette  nouvelle  des 
"troubles  éclatèrent  sur  plusieurs  points 
tlu  royaume.  Le  bruit  ayant  couru  à  cette 
époque  que  Charles  IV  allait  quitter  l'Es- 
pagne pour  se  réfugier  en  Amérique,  l'in- 
dignation publique  ne  connut  plus  de  bor- 
nes, et  le  peuple  demanda  à  grands  cris  le 
renvoi  de  Godoï.  Le  monarque  frappé  de 
teneur  se  hâte  d'abdiquer  en  faveur  du 
prince  des  Asturies  qui  est  proclamé  sous 
le  nom  de  Ferdhiand  VII.  Le  premier 
soin  du  nouveau  roi  fui  de  faire  arrêter 
Godo'i.dont  les  biens  furent  confisqués. 
11  se  hâta  aussi  de  diminuer  les  impots ,  et 
de  vendre  les  bois  de  la  couronne  pour  sub- 
venir aux  dépenses  d'utilité  publique.  Les 


troupes  françaises  au  milieu  de  ces  évA- 
nemens  avaient  continué  d'occuper  1  Es- 
pagne .  et  Murât  était  déjà  dans  Madrid 
avec  l'élite  de  son  armée  .  lorsque  P'erdi- 
Jiand  y  lit  son  entrée.  Le  seul  parti  que  le 
monarque  eût  à  prendre  était  celui  de  la 
soumission  ,  et  il  fit  témoigner  à  Bona- 
parte le  désir  de  conserver  avec  lui  des 
relations  de  paix  et  d'amitié.  Mais  Napo- 
léon qui  méditait  déjà  l'usurpation  de  i'E»- 
pagne  refusa  de  le  reconnaître.  Savary, 
duc  de  Rovigo,  arriva  bientôt  à  Madrid, 
et  ayant  annoncé  à  Ferdinand  que  l'em- 
pereur s'avançait  en  personne  vers  la 
frontière  d'Espagne,  il  l'engagea  à  aller 
au  devant  de  lui.  Le  roi  se  rendit  à  Bur- 
gos,  d'où  sur  les  instances  de  Rovigo, 
il  consentit  à  continuer  sa  route  jusqu'à 
Viitoria.  Là  il  reçut  une  lettre  de  Bona- 
parte ,  et  malgré  les  prières  du  peuple  qui 
voulait  s'opposer  à  son  départ ,  le  mal- 
heureux prince  qui  entrevoyait  déjà  la 
trame  dans  laquelle  il  était  enlacé,  consen- 
tit à  se  rendre  à  Bayonne  auprès  de  son 
ennemi.  Tout  à  coup  Bonaparte  jeta  le 
masque  et  lui  fit  demander  une  renoncia- 
tion formelle  au  trône  d'Espagne.  Ferdi- 
nand résista  d'abord  avec  courage ,  et  re- 
fusa le  trône  d'Etrurie  que  l'empereur 
lui  offrait  en  échange  de  ses  états.  Bientôt 
arrivèrent  à  Bayomie  Charles  IV,  la  reine , 
les  Infants  et  Godoï  que  Murât  avait  fait 
mettre  en  liberté.  Alors  éclatèrent  dans  la 
famille  royale  des  scènes  affligeantes  qui 
en  la  dégradant  secondèrent  les  projets 
ambitieux  de  Napoléon.  Charles  IV  qui 
haïssait  son  lils  Ferdinand,  au  point  de 
vouloir  à  quehjue  prix  que  ce  fût ,  le  frus»- 
trer  de  la  couronne  d'Espagne,  rétracta 
son  abdication  comme  lui  ayant  été  arra- 
chée par  la  force  ,  et  intima  à  son  lils  l'or- 
dre de  renoncer  sans  condition  au  trône 
d'Espagne.  Ferdinand  obéit,  et  le  vieux  roi 
ayant  souscrit  avec  toute  sa  famille  aune 
renonciation  semblable,  l'empereur  ap- 
pela son  frère  Joseph  au  trône  d'Espagne 
devenu  vacant.  Ferdinand  fut  relégué  au 
cliàleau  de  Valençay,  en  Berry  ,  apparte- 
nant au  prince  de  Talleyrand  ,  avec  don 
Antonio  son  oncle  ,  et  don  Carlos  son 
frère ,  le  chanoine  Escoïquiz ,  et  le  duc 
de  San-Carlos.  Cependant  les  Espagnols 
indignés  de  la  mauvaise  foi  de  Napoléon, 
commencèrent  alors  cet  te  guerre  sanglante 
et  opiniâtre  qui  en  ébranlant  le  trône 
impérial  lit  présager  sa  chute  prochaine. 
A|)rès  5  ans  de  captivité,  Ferdinand  eut  la 
joie  de  voir  Bonaparte  obligé  par  les  em- 
barras que  lui  suscitait  la  coalition  euro- 


Fi:u 


m 


FER 


ptinno.  lie  lui  fairo  lii-*  ouvcriures  de 
paix.  In  Iraitc  fiH  si.;ii««  n  Vnk'iivaylt'  *l 
dcrenibrc  »8ir>,  par  lo  ilmilc  San-C.arlos, 
cl  le  comte  tlo  LufonI  ;  tl  Ii^  S  mars  sui- 
vant .  Fcrtlinaml  MI  n-pri»  le  chemin  di- 
ses riais,  où  il  fiil  nrciii'illi  par  les  accla- 
maliiins  unaninirs  do  s«'s  siijcls.  Le  péné- 
ral  Kipiia  piccoda  de  di-iix  j<»urs  le  roi 
dans  »a  capitale,  cl  lit  arrêter  en  son  nom 
le»  iiiemltres  de  la  régence  et  un  {jrand 
nombre  de  dcjMiU's  dis  cortès.  L'assemblée 
ayant  prt)lesle  conlre  cet  acte  do  ri[{iieur, 
fut  imméilialemcnl  dissoute,  et  tous  ses 
«clesfurentaLK>lis. Les  citoyens  qui  avaient 
•ervi  sous  Joseph,  furent  condanmés  à 
l'exiL  Tous  ceux  qui  élaienl  connus  pour 
leur  lil)oralisine.  fuieni  placés  sous  la  sur- 
veillance de  l'inquisiliiui.  Ceîte  sévérité 
déployée  contre  des  hounnes  dont  plu- 
sieurs avaient  cnertjiquement  combattu 
rusuri^tion  de  Bonaparte,  aujnunta  le 
nombre  des  mécontens.  Les  i(lé»'S  d'indé- 
pendance qui  s'étaient  développées  sous 
la  domination  de  Joseph,  se  propagèrent 
sous  le  rèi;ne  de  Ferdinand  avec  d'autant 
plus  de  facilité,  qu'elles  étaient  secondées 
par  le  mouvement  des  esprits  en  France 
il  la  même  époque.  Ln  peu  de  temps  le 
trune  de  Ferdinand  fut  environr.é  d'en- 
mis,  qui  niéditaient  le  rétablisseuient  de 
la  conslitutiiMî  des  cortès  de  I8li.  Les  co- 
lonies de  l'Amérique  méridionale  avaient 
proclamé  leur  indépendance  dès  larmée 
1810.  Ferdinand,  pour  les  réduiri!.y  a\ail 
envoyé  en  1814  le  général  Morillo  avec 
une  armée.  De  nouvelles  forces  étaient 
parties  en  1816  pour  l'Amérique;  mais  les 
insurgés  commandés  par  Bolivar  avaient 
obtenu  de  nombreux  succès,  et  parais- 
saient à  la  veille  d'un  trion)phc  complet. 
Une  troisième  expédition  se  préparait  à 
Cadix  en  1819,  quand  une  sédition  éclata 
dans  I  armée  qui  allait  s'embarquer.  Les 
troupes  refusèrent  de  partir,  et  bientôt 
Riego,  lieutenant-colonel .  se  réfugia  avec 

I  une  faible  troupe  dans  lile  de  Léon ,  et 
appelant  aux  armes  tous  les  libéraux  .  il 
proclama  la  constitution  des  cortès  de 
4813.  L'insurrection  se  propagea  rapide- 
ment. Mina,  réfugié  en  France,  alla  se 
mettre  à  la  télé  des  guérillas  de  la  (lala- 
kigne,  et  Quiroga  devint  général  en  chef 
de  l'arméu  conslilutionnelle.  Ferdinand 
VII ,  cédant  à  la  nécessité ,  accepta  la  con- 
stitution et  jura  de  la  faire  exécuter.  Une 

■     junte  provisoire  fut  d'abord  nonnnee  en 

altendanl  la  reunion  des  cortès  qui  s'ou- 

rent  U-  9  juillet  IH'iO.  en  présence  du 

1  c»  vie  la  (Muillc  royale.  Dan-»  Celle  as- 


seniblée  fiuurèrcnt  (dusieurs  membres  Ac% 
anciennes  cortès.  Le  nouveau  gouvci'nw* 
ment  abolit  l'inquisiiioii ,  chassa  les  jé> 
suites,  rétablit  la  liberté  de  la  presse, 
supprima  les  couverts  et  ronlisqua  lex 
biens  du  clergé.  Ces  actes  tirent  un  grand 
nombre  de  mécontens;  des  conspirations 
s'ourdirent ,  et  des  troupes  d'insmgés  s'or- 
ganisèrent dans  la  Citalogne  et  la  Navarre. 
s<m»  le  nom  d'armées  de  la  foi.  Le  général 
Quésada,  et  le  curé  Mérino  étaient  à  leur 
tète.  A  Madrid  des  engagemens  eurent 
lieu  entre  la  garde  royale  et  les  révolu- 
tionnaires, et  le  sang  coula  dans  les  rues. 
Cependant  la  sainte  alliance  se  montrait 
alarmée  des  progrès  de  l'esprit  révolu- 
tionnaire en  Espagne  ;  et  le  gouvernement 
fran<;ais  plus  spécialement  menacé  par 
l'agitation  croissante  qui  régnait  dans  la 
Péninsule,  se  décida,  d'accord  avec  les 
sou\  crains  de  l'Europe  .  à  y  envoyer  une. 
armée  pour  y  rétablir  l'autorité  de  Fei- 
dinand.  Le  duc  d'Angouléme  eut  le  com- 
mandement des  troupes  françaises  qui 
passèrent  la  Bidassoa  le  7  avril  1825,  ri 
se  trouvèrent  le  20  mai  suivant  aux  portes 
de  Madrid,  où  elles  enlrèrenl  sans  résis- 
tance. L'assenddée  des  corlès  s'était  reti- 
rée à  Sévilîe.  enjuïenunt  le  roi  avec  clic 
comme  un  otage  précieux.  Le  général 
liordesoulle  s'avança  à  marche  forcée  sur 
celte  ville;  les  corlès  suspendirent  le  mi 
de  ses  fonctions,  et  ordonnèi  ent  sa  transla- 
tion à  Cadix.  Renfermés  dans  cette  place, 
les  constitutionnels  se  préparèrent  à  une 
vigoureuse  résistance.  Mais  la  prise  du 
Trocadéro  par  les  troupes  que  commandai» 
le  duc  d'Angouléme  ,  ébranla  le  courajfe. 
des  cortès  qui  se  décidèrent  à  négocier. 
Le  prince  généralissime,  exigea  préalable- 
nunt  la  dissolution  de  l'assemblée  et  la 
mise  en  liberté  de  Ferdinand;  ce  monai- 
que  fut  conduit  le  30  septembre  auprès  du 
duc  d'Angouléme,  et  quelques  jours  après 
les  Français  occupèrent  Cadix.  Après 
avoir  rendu  le  libre  exercice  de  sa  puis- 
sance à  un  prince  de  sa  race,  le  duc  d'An- 
gouléme essaya  de  lui  inspirer  des  idée» 
de  modération  et  de  sagesse  ,  qui  peuvent 
seules  assurer  la  puissance  des  rois.  Fer- 
dinand VU  lit  peu  de  temps  après  son  en- 
trée à  Madrid,  où  Hiégo  avait  subi  le  der- 
nier supplice.  Depuis  cette  époque,  l'Es- 
pagne quoique  travaillée  par  une  fermen- 
tation sourde  qui  s'est  révélée  par  plu- 
sieurs conspirations  successives  ,  a  joui 
d'une  certaine  trai-.quillilé.  Ferdinand 
avait  épousé  en  1816,  sa  nièce  Isabclle- 
Mui  ie-Fran«;ois.e ,  princesse  de  Portugal 


FER 


76 


FER 


qu'il  perdit  en  18 18.  Remarié  en  1824  avec 
une  lille  du  prince  Maximilien  de  Saxe  , 
qu'il  perdit  encore  en  1829,  il  contracta  un 
5*^  mariage  avec  Marie-CIn-istine  ,  lille  de 
François  V^ ,  roi  de  Naplcs ,  dont  il  a  eu 
une  lille,  Marie-Isabelle-Louise,  née  le  10 
octobre  1830.  La  même  année  Ferdinand, 
au  mépris  delà  loi  salique  adoptée  en  Es- 
pagne depuis  rétablissement  des  Bour- 
bons, avait  renouvelé  le  décret  rendu  par 
Charles  IV  en  1789,  d'après  lequel /r^s 
successeurs  à  la  cou7-onne  doivent  être 
pris  à  perpéluilé ,  par  ordre  de  primof/é- 
niture^  dans  la  ligne  directe  ,  et  les  prin- 
cesses doivent  monlef  sur  le  trône  à  dé- 
faut d'héritier  mâle.  Les  ambassadeurs 
de  France,  de  Naples  et  de  Lucques  proles- 
tèrent en  vain  contre  ce  décret.  Ferdi- 
nand, depuis  la  naissance  de  sa  fdle  con- 
firma cet  acte  ,  et  lit  prêter  serment  à  la 
ieune  princesse.  En  1832  ce  monarque  fut 
atteint  d'une  maladie  assez  grave,  qui  ne 
lui  permit  plus  de  s'occuper  des  affaires 
jmbliques.  Dès  lors  l'influence  de  la  reine, 
qui  avait  pris  un  grand  ascendant  sur  l'es- 
prit de  Ferdinand,  augmenta  de  jour  en 
jour.  Afin  d'assurer  sa  puissance ,  celte 
princesse  parut  se  rapprocher  du  parli 
libéral,  et  y  chercher  un  appui,  pour  s'em- 
j)arer  de  l'autorité  à  lainurt  de  son  époux, 
dont  l'affaiblissement  progressif  lui  faisail 
prévoir  la  lin  prochaine.  Ferdinand  suc- 
comba le  29  septembre  1835  à  une  attaque 
d'apoplexie.  Son  régne  fut  signalé  par  des 
catastrophes  politiques  ;  et  sa  mort  sem- 
ble avoir  été  le  signal  de  nouveaux  dé- 
chiremens. 

«OïS   DE   XAPî.CS. 

FEUDÏiNA^D  r-',  iils  uatund  d'Alfonse 
d'Aragon,  dit  le  Magnanime .  prit  pos- 
session du  royaume  de  Naples  en  i4o8  , 
qui  lui  fut  coulirmée  par  le  pape  Pie  II  ; 
il  était  âgé  alors  de  34  ans.  11  eut  d'abord  à 
soutenir  une  guerre  contre  plusieurs  prin- 
ces qui  lui  conlestaieut  ce  royainne  ;  il  fut 
battu  près  de  Saino;  mais  ayant  été  en- 
suite secouru  par  Scanderbeg,  ses  armes 
eurent  du  succès  ;  il  battit  le  duc  de  Ca- 
labre.  Tranquille  possesseur  du  royaume, 
il  ne  tarda  pas  de  tourner  ses  armes  contre 
le  saint  Siège  qui  lui  avait  rendu  des  ser- 
vices signalés.  Innocent  VIII  réussit  à 
faire  la  paix  avec  lui;  mais  ce  lut  pour  un 
moment.  Ce  prince  renouvela  dabord  les 
hostilités ,  ce  qui  força  le  pape  à  l'excom- 
munier; mais  ayant  montre  du  regret 
de  ses  déprédations  ,  le  pontife  signa  de- 
rechef un  traité  de  pais.  Charles  Vlil ,  roi 


de  France,  ayant  formé  des  prétentions 
sur  ce  royaume,  Fe.rdinand  voulut  dé- 
touriu'r  l'orage  en  faisant  des  propositions 
avantageuses  à  ce  prince;  elles  furent  re- 
jelées  ,  et  ce  refus  affligea  Ferdinand  si 
vivement,  qu'il  en  mourut  en  1494.11  fut 
peu  regretté  de  ses  sujets  qu'il  n'avait 
cessé  de  vexer  ainsi  que  ses  voisins.  Al- 
fonse  son  fils  aîné  lui  succéda. 

FERDL\AIVD  li,  tils  d'Alfonse,  fut 
couronné  roi  de  Naples  ert  1493  ;  il  eut 
d'abord  une  guerre  sanglante  à  soutenir 
contre  Charles  VIII ,  roi  de  France,  et  ses 
propres  sujets  qui  l'obligèrent  de  se  reti- 
rer dans  l'île  d'Ischia.  Les  Vénitiens  et  les 
Espagnols  travaillèrent  à  le  rétablir  dans 
Naples  occupée  par  les  Français.  Ferdi- 
nand paraît  devant  cette  ville  avec  une 
flotte  nombreuse  en  1495 ,  assiège  Monl- 
pensier  retiré  dans  un  des  châteaux  de 
Naples,  l'oblige  à  l'abandoimer,  l'investit 
ensuite  dans  Attelle  et  le  fait  prisonnier. 
Il  ne  jouit  point  du  fruit  de  ses  victoires. 
Il  mourut  immédiatement  après  que  les 
Français  eurent  évacué  le  royaume  de 
Naples  fan  149G.  Frédéric  son  oncle  lui 
succéda. 

*  F£llDÎ^\^DIH  (  JoSEPn-jEA\-BAP- 
TiSTii  ),  archiduc  d'Autriche,  grand-duc 
de  Toscane,  lilsde  Léopold  II  et  de  Marie- 
Louise  ,  infante  d'Espagne,  et  frère  de 
l'empereur  François  II,  naquit  à  Florence 
le  8  mai  17G;).  Son  {)ère  ayant  été  appelé 
au  trône  d'Autriche  par  la  nujrt  de  Jo- 
seplill,  son  frère,  Ferdinand ,  fut  pro- 
clamé grand-duc  le  7  mai  1791.  11  prit  les 
rênes  du  gouvernement  dans  les  circon- 
stances les  plus  difiiciies  el  au  moment 
que  la  révolution  française  menaçait  tous 
les  trônes  de  l'Europe,  Ferdinand  crut 
conserver  le  sien  à  force  de  condescen- 
dance ,  n'ayant  pas  de  forces  suffisantes 
pour  s'opposer  à  un  ennenù  puissant.  Il 
tut  un  des  premiers  souverains  qui  re- 
connurent la  républiciue  française.  La- 
flolle,  ministre  du  roi  de  France  en  Tos- 
cane, ayant  été  conhrmé  dans  celte  qua- 
lité par  la  Convention ,  le  grand-duc  n'hé- 
sita pas  à  le  recevoir ,  et ,  par  un  acte  du 
IG  janvier  1793,  dit  entre  autres  choses  : 
«  Nous  nous  ferons  un  vrai  plaisir  de  fac- 
»  cueillir...  et  de  lui  porter  pleine  et  en- 
»  tière  foi  en  tout  ce  qu'il  aura  à  nous 
»  exposer  au  noui  de  la  république  fran- 
»  çaise,  à  laquelle  nous  sommes  enchantés 
»  de  pouvoir  doniier  des  preuves  conti- 
»  nuelles  de  notre  scrupuleuse  exacliluda 
»  à  observer  la  plus  parfaite  neutralité . 
»  et  de  notre  désir  <ionstutit  de  cultiver  la 


ri:B  7 

•  lH>nnt  Utrllii^enro.  an  maiiiHrn  île  la-  j 
.  qiu'llf  n»)UH  a\on»   lonjoui»  allaclic  im 

.  (;raiiil  ])rix.  »  Fi'nlinaiicl  n'avait  pas 
nilii  t'ulrer  J;m«  la  première  coalilion 
iitri-  la  Kraiirt^.  Les  secours  immenses 
:i  siulaieiil  tie  ses  élals  |Kmr  subvenir 
u\  l.esoiiisdesrévolulionnaires.  sa  lionne 
,  irmonie  avec  la  république  française, 
ni-  poinuienlqtie  déplaire  aux  autres  sou- 
verains :  ausvi  i«.ril  Hervey.  minislrc  bri- 
tannique à  Florence,  exprima ,  dans  les 
ûiurnaux  .  le  méeonlenlemenl  de  sa  cour; 
ce  méconlenh ment  était  d'autant  plus 
juste  que  cille  «le  Florence  ne  prit  point 
e  deuil  à  la  mort  funeste  de  Louis  \V|. 
1x1  Russie  lit  les  mêmes  plaintes,  et  lui 
reprocha  ses  liai>o«is  avec  les  régicides  de 
bu  son  parent  I^uis  XVL  Les  |»lainles  de 
Fran^'ois  II,  frère  du  {;rand-duc,  et  de 
••H)  oncle  le  ryi  dEspajjne  ,  furent  encore 
plus  vives,  mais  ne  purent  ébranler  la 
résolution  de  Ferdinand,  qui,  parfois, 
montrait  nunie  pour  l'ennemi  comnuui 
une  partialité  imprudente.  Le  8  octobre  . 
le  ministre  an-jlais  vint  intimer  au  (ïrand- 
duc  de  renvoyer  le  rninlslre  républicain, 
faute  de  quoi  i  escadre  anglaise  ,  qui  était 
devant  Livourne.  bombarderait  ce  port 
et  des  troupes  anglaises  occuperaient  la 
Toscane.  Le  grunil-«luc  fut  contraint  d'o- 
béir. La  flotte  partit  ;  mais  le  grand-duc 
ne  tarda  pas  à  montrer  encore  ses  vérita- 
bles senlimens.  Les  Anglais  ayant  enlevé 
à  Lixourne  une  grande  quantité  de  grains 
appartenant  à  la  république  française , 
Ferdinand  III ,  par  un  motu  proprio .  du 
k  novembre  \TiW,  lit  restituer  à  ses  frais 
CCS  grains  dans  les  ports  de  Provence.  Les 
succès  des  arniees  républicaines  portèrent 
Ferdinand  à  dépêcher  en  France,  connue 
ambassadeur  extraordinaire,  le  comte 
(^rletli,qui,  parmi  les  révolutionnaires  , 
pass.îit  pour  un  excellent  patriote.  Car- 
lelli  arriva  à  Paris  le  51  janvier  17!)o  :  il 
avait  ordre  de  traiter  directement  avec  le 
comité  de  salut  public .  et  de  rétablir  la 
neulralité  avec  la  France.  Le  3  janvier,  il 
ronclut ,  avec  ce  cx>mité,  le  traité  qui  com- 
mence ainsi  :  «  Le  grand-duc  de  Toscane 

•  révoque   tout  acte  d'adliesion  ,  coiisen- 

oment  ou  accession  à  la  coalition  ûrmée 

'onlrela  republique  française,  etc.,  etc.  » 

i.'i  A.  R.  M.idame  (aujourdhui  duchesse 

Angoulenicy  liait  à  celle  épo((ue  détenue 

•  cureauTunple,  «I  sur  le  point  détre 

rrnvoyéc  en  .Vuiriche.  Le  comte  Carletti 

demanda  la  permis>ion  de  présenter  ses 

devoirs  à  la  prinrcsse  ;  mais  ,  i)our  toute 

i»oiue,  le  liirtctuire  lui  inliuia  Tordre 


7  FER 

de  quitter  P.n  i>  sur-le-champ.  G;la  \\U\- 
terroinpit  pas  la  Intinu*  harmonie  U.^  la 
Kranc<î  avec  le  grand-duc.  qui  dingtaeii 
son  ambassadeur,  et  envoya  à  sa  place  don 
Neri  Corsini,  frère  du  prince  de  ce  nom. 
Malgré  les  sacrifices  que  le  grand-duc  av.- il 
faits  pour  la  république  française,  Ich 
troupes  entrèrent  dans  ses  états  en  juillet 
17%.  Elles  n'étaient  encore  qu'au  piedden 
Alpes  que  Ferdinand  ordonna  à  tous  les 
émigrés  français  de  sortir  de  la  Toscane. 
Outre  cela  ,  les  Anglais  ayant  insulté  à  Li- 
vourne le  pavillon  républicain,  et  legrand- 
duc  ne  pouvant  doruier  au  Directoire  la 
satisfaction  qu'il  lui  demandait ,  une  û\\  i- 
sion  dcBonaiiarle  vint  prendre  possession 
de  ce  port.  Le  général  français ,  safemmu 
Joséphine  ,  et  son  oncle,  depuis  cardinal 
Fesch,  vinrent  \isiter  le  grand-duc,  qui 
leur  lit  l'accueil  le  plus  distingué  et  les 
admit  à  sa  table;  moyennant  deux  mil- 
lions, {|ue  ce  prince  paya.  Bonaparte  pro- 
mit que  ses  troupes  n'entreraient  pas  à 
Florence.  Mais  le  jacobinisnu'  avait  péné- 
tré dans  lu  Toscane,  et  comptait  un  grand 
nombre  de  partisans.  Kn  même  temp» 
que  le  grand  duc  reconnaissait  les  répu- 
bliques Ligurienne  et  Cisalpine,  cl  per- 
mettait qtie  ceux  qui  en  dépendaient  por- 
tassent la  cocarde  tricolore,  il  fut  obligé 
d'établir  un  tribunal  pour  punir  les  fac- 
tieux .dont  le  chef  était  m»  cerlain  Aletis. 
Mais  celle  mesuie  ne  les  découragea  pas. 
et  ils  aflichèrent  aux  porles  mêmes  du 
palais  ducal,  des  pampliiets  .  dont  l'un  di- 
sait :  Le  peuple  seul  est  souverain.  Le  com- 
plot éclata  jieu  de  jours  après  ;  il  avait 
pour  but  d'assassiner  le  grand-duc,  din- 
cendier  Florence,  et  de  s'emparer  du 
gouvernement.  Tels  étaient  les  fruits  que 
Ferdinand  allait  recueillir  de  sa  trop  of/i- 
cieuse  neulralité,  lorsqu'il  forma  unr 
année  de  tti.OOO  hommes  pour  contenii 
les  factieux.  G'pendant  la  guerre  contre 
la  répuLli(|ue  continuait  toujours;  les 
Napolitains  entrèrent  (en  décembre  1798) 
dans  Livourne:  le  Directoire  accusa  1« 
grand-iluc  d'avoir  rompu  la  neulralité, 
et  envoya  dans  la  Toscane  le  général  Ser- 
rurier. Mais  Ferdin  in»I ,  au  prix  de  quinz.e 
cent  mille  francs  ayant  obtenu  des  Nupo> 
litains  l'évacualion  de  Livourne.  le  gé- 
néral Serrurier  sortit  de  la  Toscane,  et 
la  paix  fut  rétablie  jusqu'au  mois  de  mars 
1791).  A  cette  époque  la  Toscane  fut  com- 
prise dans  la  déclaration  de  guerre  fuite 
par  la  France  à  l'empereur  d'Allemagne. 
Des  troupes  françaises,  conunandées  par 
Sdicrer,  Miollis  cl  Gaulier.cnticrcul  d«u« 


FER 


78 


FER 


la  Toscane  sans  que  Fcrdinaiicl  fit  la 
jiioindrelenlalive  pour  arrêter  leur  niar- 
c!ie.  Le  25  ,  Florence  était  au  pouvoir  des 
républicains,  et  le  27  le  grand-duc  quitta 
sa  capitale  et  se  dirigea  vers  Vienne.  Lors 
de  l'entrée  de  Bonaparte  à  Florence ,  la 
Toscane  avait  été  dépouillée  d'une  grande 
partie  de  ses  richesses  en  tableaux  ,  sculp- 
ture, entre  autres  de  la  Vénus  de  Médi- 
cis  ,  et  de  plusieurs  manuscrits  précieux 
de  la  bibliothèque  Laurenliana:  à  cette 
seconde  entrée  des  Français,  le  pillage 
fut  encore  plus  considérable.  Nous  n'avons 
point  parlé  du  courageux  zèle  des  Arétins, 
qtii  s'armèrent  pour  chasser  les  ennemis 
de  leur  religion  et  de  leur  patrie  :  mais 
comme  ils  étaient  en  trop  petit  nombre  , 
et  qu'ils  ne  furent  point  secondés  par 
les  autres  Toscans,  il  payèrent  cher  les 
premiers  succès  qu'ils  obtinrent  :  un  grand 
nombre  fut  égorgé  par  les  républicains, 
qui  mirent  leur  ville  au  pillage.  On  ac- 
corda à  Ferdinand,  par  le  traité  de  Luné- 
ville  (  1802  ) ,  le  duché  de  Saltzbourg  ;  et 
ensuite  on  lui  donna  (  en  1805  )  en  échange 
le  pays  de  Vurtz-bourg.  Le  grand-duc  vé- 
cut en  bonne  intelligence  avec  Bonaparte, 
qui  lui  fit  espérer ,  dit-on  ,  de  le  faire  roi 
de  Pologne  ,  et  assista  (  en  1810  )  au  ma- 
riage de  Napoléon  avec  sa  nièce  l'archi- 
duchesse Marie-Louise.  La  coalition  de 
1813  ayant  rendu  les  trônes  à  leurs  sou- 
verains légitimes,  Ferdinand  revint  à  Flo- 
rence ^  s'y  montra  bon  prince,  et  protec- 
teur des  lettres  et  des  arts.  Il  est  mort 
d'une  attaque  d'apoplexie  en  janvier  1825. 
Son  lils  Léopold  II  né  en  1797  lui  a  suc- 
cédé ;  Ferdinand  avait  eu  ce  fils  et  deux 
filles  de  son  épouse  Louise-Marie ,  prin- 
cesse de  Naples  ,  morte  en  1804. 

*  FERDINAND  IV,  roi  des  Deux  S i- 
eiles,  né  à  Naples  le  12  janvier  1751,  était 
le  troisièn>e  fils  de  Cliarles  III,  roi  d'Es- 
pagne et  d'Amélie  de  Saxe.  Son  père  , 
ayant  été  appelé  au  troue  d'Espagne  ,  par 
la  mort  de  Ferdinand  VI,  il  lui  succéda  le 


5  octobre  1759,  en  vertu  des  traités  oui 


ga- 


rantissaient l'existence  séparée  du  royau- 
me des  Deux-Siciles.  En  partant  pour 
l'Espagne ,  Charles  IH  avait  donné  à  son 
fils ,  à  peine  âge  de  huit  ans ,  un  conseil 
de  régence,  composé  des  hommes  les  plus 
prolics,  et  les  plus  éclairés  de  lacour  ;  mais 
lespril  borné  du  pi  ince  de  Saint-Nican- 
dre  son  gouverneur,  et  le  soin  <[ue  i)rit 
l'ambitieux  marquis  de  Tanucci  ,  de  dé- 
tourner le  jeune  prince  des  affaires  ])u- 
bliques,  dans  l'espoir  de  s'emparer  de  toute 
l'autorité,  nuisirent  au  succès  de  léduca- 


tion  de  Ferdinand,  qui  fut  toute  sa  vie 
indécis  et  timide.  Il  c})ousa  au  mois 
d'avril  17G8  Marie-Caroline-Louise  d'Au- 
triche, princesse  impérieuse  qui  prit  sur 
son  époux  un  ascendant  que  Tanucci  vou- 
lut en  vain  balancer.  Ce  ministre  qui  avait 
lancé  l'état  dans  la  carrière  des  innova- 
tions ,  déplut  à  la  reine  et  fut  remplacé 
par  le  marquis  de  la  Sambuca ,  qui  fut 
bientôt  exilé  ,  et  eut  pour  successeur 
un  français  nommé  Acton.  Successive- 
ment appelé  aux  ministères  de  la  marine, 
de  la  guerre,  et  des  finances,  Acton  devint 
tout-puissant,  parce  qu'il  unit  ses  intérêts 
à  ceux  de  la  reine  ;  et  ces  deux  person- 
nages gouvernèrent  l'étal  à  leur  gré.  Lo 
conseil  fut  présidé  par  la  reine,  et  l'on  no 
laissa  à  Ferdinand  d'autre  soin  que  celui 
de  ses  plaisirs.  Dévoué  aux  intérêts  de 
l'Angleterre  et  de  l'Autriche,  Acton  se  dé- 
clara l'ennemi  de  Rome ,  de  la  France  et 
de  l'Espagne.  Il  s'attacha  surtout  à  rendre 
nulle  l'influence  que  Charles  III  avait  con- 
servée sur  Ferdinand,  et  il  parvint  à  em- 
pêcher une  entrevue  entre  les  deux  prin- 
ces ,  qui  avait  été  ménagée  en  1784  par 
l'ambassadeur  d'Espagne.  Lorsque  la  ré- 
volution française  éclata,  la  cour  de  Naples 
parut  assez  indifférente  aux  premiers 
malheurs  de  Louis  XVI.  Vers  la  même 
époque,  des  raisons  politiques  parurent 
l'éloigner  du  cabinet  anglais  ;  mais  bientôt 
l'attitude  menaçante  de  la  France  rap- 
procha les  deux  puissances.  En  1792,  une 
escadre  française,  conmiandée  par  l'ami- 
ral La  Touche  parut  devant  Naples,  et 
Acton  promit  au  nom  du  roi  de  se  déta- 
cher de  l'Angleterre  avec  laquelle  il  con- 
tinua néanmoins  d'entretenir  de  secrètes 
intelligences.  En  1793,  Ferdinand  entra 
dans  la  coalition ,  et  réunit  son  escadre  à 
celles  de  l'Espagne  et  de  l'Angleterre  pour 
s'emparer  de  Toulon.  Quand  les  Français 
eurent  repris  celte  ville,  les  troupes  na- 
politaines allèrent  en  Italie  se  joindre  à 
l'armée  autrichienne.  Cependant  la  con- 
duite d'Acton  avait  exaspéré  le  peuple. 
Plusieurs  conspirations  dirigées  contre  ce 
ministre  échouèrent,  et  il  se  vengea  par 
des  supplices,  des  tentatives  de  ses  enne- 
mis. En  1795,  Acton  fut  obligé  pour  apai- 
ser le  mécontentement  public  de  quitter 
le  ministère  ;  mais  malgré  cette  disgrâce 
apparente,  il  conserva  tout  son  crédit  au- 
près du  roi.  Bientôt  Ferdinand,  réduit  de 
nouveau  à  traiter  avec  la  France,  conclut 
avec  cette  puissance  en  1797  une  paix  qui 
ne  fut  pas  de  longue  durée.  L'occupation 
des  états  romains  en  1798,  par  le  maréchal 


PER 


79 


fi:r 


L  :  lliiiM ,  fui  un  prvicxtc  dont  il  se  liAtu 
éo proliUT |)our  raiiiprc avec  hs  Français, 
ri  s'unir  à  lAulriilie.  Konlinaml  leva 
une  ariiu'o  «le  soixuiilc  luillc  li(»iimu's 
qti'il  cuiiUa  au  f.rm'Hil  a<ilri<liii'ii  Mack, 
cl  lui-iuoinc  .  nvic  dou/.c  inilK;  hominps 
t'avança  sur  Uoiue  cl  s'en  empara.  Mais 
Licntùl  U'  l'.tiuial  français  Cliauipionnel. 
•vanl  ri-çu  îles  ri-uforls  allaquale  lïi  lural 
lUark.io  batlil  coniploleiuctit  el  cnvaliil 
le  royaume  de  Naples.  Ferdinand,  hors 
ilélat de  résister  à  un  ennemi  viclorietix, 
«'embarqua  avec  toute  sa  famille  dans  la 
nuit  du  24  septembre  17'.'8  .  et  se  retira  à 
Talermeoù  Actonle  suivit.  La  plus  grande 
ronfusion  é«:lata  à  Naples  après  le  départ 
du  roi.  l'n  complot  se  forma  dans  l'armée 
contre  le  général  Mack  (|ui  n'eut  «l'autre 
moyen  d'y  échapper  que  de  se  livrer  aux 
Fiançais.  Le  marquisSlrongoni-Pignatelli, 
nommé  vice-roi  par  Ferdinand  ,  acheta 
c»:èrement  un  anuistice,  et  après  avoir 
fail  incendier  les  bàtimens  napolitains 
qui  se  trouvaient  en  rade,  il  s'embarqua 
pour  Palcrme  où  il  fut  arrêté,  el  mis  en 
prison  par  ordre  du  roi.  Championnet 
entra  à  Naples  le  25  janvier  ilW,  et  y  éta- 
blit un  gouvernement  provisoire.  Cepen- 
dant les  Calabrais  ayant  à  leur  tête  don 
llegi;io  Rinaldi  ,  curé  de  la  petite  ville  de 
Sralca.se  soulevèrent  contre  lesFrançais. 
Kicnlot  le  cardinal  Huffo.  arborant  la  croix 
blanche,  se  met  à  leur  léle,  traverse  la 
Pouiile.  défait  en  plu-sieurs  rencontres  le 
){énéral  Diihesme ,  el  s'avance  vers  Na- 
ples dont  il  s'eujpare  après  onze  jours  de 
combats,  le  21  juin  1799.  Son  entrée  dans 
celte  capitale  fut  signalée  par  de  san- 
^ntcs  réactions.  Le  peuple  se  livra  au 
pillage,  et  un  grand  nombre  de  victimes 
furent  innnolées.  La  famille  royale  rentra 
à  Naples  au  mois  de  janvier  1800.  Après 
la  bataille  de  Marengo ,  la  paix  fut  con- 
clue à  Florence  le  28  mars  1801,  enlie 
Ferdinand  et  la  république  française.  Le 
roi  de  Naples  fut  obligé  de  céder  à  Bo- 
naparte quelques-unes  de  ses  jdaccs  ,  el 
de  garder  dans  ses  étals  des  troupes  frati- 
çaiscs,  jusqu'à  ce  que  les  Anglais  eussent 
',  éviicué  l'Kgypte.  Deux  ans  après,  ou 
I  Mi^a  encore  qu'il  livrai  aux  Français 
'  ^elqnes  ports  de  r.\driatique.  Ferdin.iiid 
'  '  i;i  faible  pour  résister  à  ns  pir- 
;  mais  en  1805  ,  il  crut  pouvoir 
.aenl  recevoir  dans  ses  états  des 
mjics  russes  et  anglaises,  cl  faire  cause 
munt-avcc  les  ennemis  de  la  France. 
I»  déclara  les  iiourbtms  de  Naples 
lutrGue,  cl  mil  la  couronne  de 


ce  royaninn  sur  la  lélr  de  son  frtre  .fo- 
seph.  Ferdinand,  abandonné  de  ses  allié», 
fui  obligé  de  quitter  «nie  seconde  fois  sa 
capitale  el  dt^  se  rtîlirer  à  I»alermr.  Le» 
Calabres  redevirin-nl  uti  foyer  d'in^ur- 
reclion  nationale  que  les  Anglais  eurent 
soin  d'entretenir,  et  le  pouvoir  de  .Jo- 
seph, ne  parvint  pas  à  triompher  do 
cette  résislaiiee  opiniâtre.  Cependant  des 
débals  sélt'vèrent  bienlijt  en  Sicile  eut  ru 
la  reine  et  les  Anglais;  ceux-ci  voulaient 
ajifir  en  maîtres;  el  lu  reine  ne  voulait 
rien  céder  de  son  autorité.  Acton  aprè» 
avoir  bésilé  (fui;l(]ue  temps.  leva  le  mas- 
(jue  et  se  déclara  pour  les  Anglais.  Ferdi- 
nand fatigué  de  toutes  ces  dissension» 
prétexta  le  n»:iuvais  étal  de  sa  santé  ,  el 
remit  à  son  fils  le  souverain  pouvoir.  Celli; 
concession  ne  salislil  pas  les  Anglais,  qui 
exigèrent  réloi;jnement  de  la  reine.  Le 
faible  monarque  (pii  ne  savait  résister  à 
|)ersonne,  consentit  à  cette  séparation  ;  et 
Marie-Caroline  quitta  la  Sicile  à  la  fin  de 
1811.  Les  revers  de  Bonaparte  en  1814 
tirent  concevoir  à  Ferdinand  l'espoir  de  re- 
couvrer l'autorité  royale.  Mais  Murât,  qui 
avait  succédé  à  Joseph,  fut  maintenu  sur 
le  troue  de  Naples  pour  prix  de  sa  coopé- 
ration à  la  chute  de  son  beau-frère.  Kn 
1815  ,  Mural  ayant  perdu  le  fruil  de  sa 
défection,  en  se  ralliant  à  Bonaparte,  l'au- 
torité «le  Ferdinand  fut  rétablie  à  Naples, 
et  le  vieux  roi  revint  dans  sa  capitale 
après  dix  ans  d'absence.  La  reine  Ma- 
rie-Caroline, était  morte  le  8  septem- 
bre 1814.  Ferdinand  épousa  en  1816  la 
ducîiesse  de  Florida.  Il  avait  maiié  sa 
tille  la  princesse  Amélie  au  duc  d'Orléans, 
depuis  Louis-Philippe  ;  et  il  resserra  les 
liens  qui  l'unissaient  aux  Bourbons  de 
France,  par  le  mariage  de  la  princesse 
Caroline-Ferdinande-Louisc  sa  petite  fille 
avec  le  duc  de  Berry.  Le  vieux  roi  se 
flattait  de  terminer  tranquillement  tme 
vie  agitée;  mais  de  nouvelles  épieuve» 
lui  étaient  réservées.  Dans  la  nuit  du  1*'  au 
2  juillet  1820,  quelques  soldats  parlent  de 
Nola  avec  armes  et  bagages  et  se  dirigent 
sur  Avellino  au  cri  de  f^ive  la  conslUu- 
^jo« .' Le  jjénéral  Pepé,  ([ui  avec  la  milice 
el  les  liabilans  du  pays  devait  les  con»- 
battre,  s'unit  à  eux.  En  peu  de  jours,  le 
mouvement  insurrcclionuel  se  propage 
par  lotit  le  royaume  ;  de  toutes  jiarls,  l'on 
demande  «jue  le  gouverm;iuent  adopte  la 
cousiitutiondes  corlès  espagnoles  de  1812, 
cl  on  exige  qu'elle  soit  signée  par  le  rui 
dans  les  24  heures.  Ferdinand  alléguant 
l'état  de  sa  santé,  nomme  son  fils  vicaire- 


FER 


80 


FER 


général  du  royaume.  Le  jeune  prince  se 
rend  aux  vœux  des  insur{ïés  ,  le  roi  con- 
liruie  la  prouiesse  de  son  (ils.  et  s'en^a<îe 
à  jurer  la  conslilulion  devant  la  junte 
provisoire  qui  allait  cire  foruiéc.  La  pré- 
sence du  (jénéral  Pépé,  qui  était  entré  à 
Naples  ,  ne  lui  laissîiit  pas  la  liberté  du 
refus.  Cependant  les  souverains  alliés 
rassemblés  à  LayUach,  où  le  roi  de  Nuples 
fut  invile  à  se  rendre,  furent  loin  d'ap- 
{)rouver  ces  innovations,  qui  menaçaient 
/a  tranquillité  de  l'Europe  entière,  et  ils 
décidèrent  que  le  royaume  de  Naples  se- 
rait occupé  temporairement  par  une  ar- 
mée aux  ordres  de  Ferdinand  lui-même. 
L'enthousiasme  des  Napolitains  s'évanouit 
devant  les  baïonnettes  autrichiennes.  Pé- 
pé, après  de  ridicules  forfanteries,  prit  la 
fuite.  Les  étrangers  marchèrent  sur  Na- 
ples presque  sans  obstacle  ,  et  leur  en»rée 
dans  celle  ville  termina  la  révolution. 
Ferdinand  rentra  dans  sa  capitale  au  mois 
de  mai  18t.M.  Un  séjour  prolon;jé  des  Au- 
trichiens dans  ses  états  fut  jugé  nécessaire 
pour  y  maintenir  la  tranquillité.  Le  mo- 
narque ne  survécut  pas  long-temps  à  ces 
cvénemens.  Il  mourut  à  Naples  le  4  jan- 
vier 1825.  Ferdinand  était  doux  ,  affable, 
bienfaisant,  sincèrement  xélé  pour  le  bien 
de  ses  peuples,  dont  il  eût  sans  doute  fait 
le  bonheur  s'il  a\ait  eu  un  caractère  plus 
ferme.  On  doit  à  ce  prince  plusieurs  éta- 
blissemens  qui  prouvent  lu  bonté  de  son 
cœur,  et  son  humanité;  entre  autres, 
celui  de  Sunlo-Leacio .  sur  lequel  ou 
trouve  des  détails  dans  un  ouvrage  que 
lui-même  a  rédigé  et  fait  imprimer  sous 
ce  titre  :  Origine  de  la  colonie  de  Santo- 
Leucio  el  de  ses  progrès  jusqu'à  ce  jour. 
Cet  ouvrage  a  été  traduit  en  français  par 
l'abbé  Clemarou. 

FERDIWxVD-ALVAREZ,  duc  d'Albe. 
f^oyez  TOLEDE. 

SRANDS-DL'CS  DE  TOSCAXE. 

FERDINAND  l=^  grand-duc  de  Toscane, 
«Jiccéda  à  son  frère  François  ,  mort  en 
lo87.  Il  gouverna  son  petit  état  avec  une 
sagesse  qui  le  lit  aimer  de  ses  sujets  et  es- 
timer de  tous  les  princes  de  l'Europe. 
Il  prêta  généreusement  à  Honx'i  IV  de 
l'argent  pour  se  soutenir  conlro  la  Ligue. 
Ferdinand  mourut  en  KiOi)  ,  regardé 
comme  un  bo:i  politique.  Il  avait  renvoyé 
le  chapeau  de  cardinal  pour  être  grand- 
duc. 

FERDINAND  lï,  gra:id-duc  de  Tos- 
cane ,  successeur  de  Cosme  II ,  ne  se  fit  pas 
moins  estiniifr  par  sa  prudence  que  Fer- 


dinand \".  Il  sut  garder  une  exacte  neu- 
tralité dans  les  guerres  survenues  entre 
la  France  et  l'Espagne.  Comme  la  paix 
dont  il  faisait  jouir  ses  sujets  augmentait 
ses  revenus,  il  en  fit  un  noble  usage  en 
défendant  l'Italie,  et  en  secourant  les  Vé- 
nitiens dans  la  guerre  de  Candie.  Il  mou- 
rut en  1(370  ,  el  gouvernait  l'état  de  Tos- 
cane depuis  16'iO.  En  examinant  l'histoire 
de  ce  prince  et  des  autres  Médicis,  on  voif 
que  ce  n'esl  pas  la  guerre  qui  soutient 
et  fait  prospérer  les  états.  Ils  ont  presque 
tout  obterm  d'une  sage  politique  :  qua- 
lité plus  estimable  qi'e  tous  les  talens  mi- 
litaires. 

•  FERDIN  AND  (  grand-duc  de  Parme  ), 
infant  d'Espagne  ,  frère  de  Charles  IV  , 
né  le  21  juin  1751  ,  fut  élevé  par  Condil- 
lac,  et  devint  en  17(55  maître  des  ducliés 
de  Parme, Plaisance  et  Guastalla  :  il  épousa 
le  27  juin  17(19  Marie-Amélie- Antoinette 
d'Autriche,  sœur  de  l'empereur  régnant. 
Pendant  la  révolution  française  ,  il  voulut 
s'opposer  à  la  marche  des  soldats  répu- 
blicains,  et  obtint  d'abord  sur  eux  quel- 
ques avantages;  mais  il  fut  fait  ensuite 
prisonnier.  Privé  de  ses  étals,  il  les  re- 
couvra par  suite  des  conventions  qu'il 
conclut  avec  le  général  Bonaparte.  A  sa 
ujort  arrivée  en  1802.  ses  duchés  furent 
réunis  à  l'empire  français.  Après  lachnlu 
de  Napoléon,  ils  devinrent  l'apanage  de 
son  éjiouse  Marie-Louise ,  ancienne  im- 
pératrice. 

FEliDlNAND  de  CORDOUE,  célèbre 
espagnol  du  Vo"  siècle  (i)  ,  passait  pour  un 
prodige  de  science  en  son  temps  ,  et  n'en 
serait  pas  un  dans  le  nôtre,  comme  les 
sa  vans  du  nôtre  ji'en  seraient  pas  un  dans 
le  sien.  A  dix  ans  il  avait  terminé  ses  cours 
de  latinité  el  de  rhétorique,  et  sa  mémoire 
était  si  puissante  qu'il  apprenait  par  cœur 
trois  ou  quatre  pages  de  Cicéron  ajjrès  une 
simple  lecture.  A  25 ,  il  était  docteur  en 
toutes  les  facultés;  était  très  versé  dan» 
plusieurs  langues,  le  latin,  le  grec,  l'hé- 
breu, l'arabe  ;  et  connaissait  les  malhénia- 
tiques ,  la  médecine  ,  la  théologie ,  etc.  Il 
possédait  les  scolasliques,  Scot ,  Alexandre 
de  Halès ,  Aristote  •,  ce  ne  serait  pas  un 
sujet  d'éloge  à  présent  ;  comme  on  cùi  été 
alors  très  peu  de  chose  avec  nos  encyclo- 
pédies et  nos  petits  romans.  Ce  qu'il  y  eut 
de  singulier  dans  Ferdinand,  c'est  qu'ou- 


(i)  Ferdinand  de  Cordoue  fut  envoyé   en    1469  •   ^ 
Rome  ,  vers  le  pape  Alexandre  VI,  qui  le  reçut    vc« 
la  plut  grande  dittinctioo.  Il  mourut  vers  !'*■ 
âgr  dt  loixanU  aat. 


FER 


81 


FKR 


Ire  ses  vastes  roniiaissancos,  il  pcinnail , 
chantait ,  dansait  ,  joti.iil  drt  inslrtimciis 
•ussi  hit-nqu'aiuMin  luninntMlc  son  temps. 
La  réunion  de  latit  de  t  dens  le  fit  repardur 
par  qucl(|ue«-iins  »t«  se»  rmitetiiiH)fains, 
irominc  sorcier.  On  i)retend  qu'il  antiofiça 
la  mort  de  Cliarles  le  Téméraire  .  duc  de 
Bouri70{îne.  On  ajoute  que  les  savans  de 
Paris  l'admirèrent  beaucoup  en  1'»/»;).  Il 
'a  laissé  differens  ouvrages  :  |  De  pntili- 
pcii  paltii  mtjsteho:  \  De  jure  benrficio- 
rum  vacantiitm  tnetfios  fructus  antiatas- 
qtte  exigenUi  ;  \  De  arli/icio  o/n/iis  et  in- 
vestigamit  et  invenieiuli  natu/d  sciOilis  ; 
I  .■//!  si(  licita  pax  cinn  Saracfiiis.  disqui- 
silio;  I  un  Cutninentaire  sur  ialmaycsie 
de  Pt o! ornée  ;  \  ime  Préface  sur  l'ouvrage 
d'Albert  le  Grand  ,  De  animahbus  .  im- 
primé à  Kome  en  l.'»7S.  in-fol.  (  f-'ot/ez 
CRICHTOiN,  PICdeiKÎVIIRANDOLK,  etc.) 
FEHDI.XAM)  LOPKZ  de  Casianeda, 
portugais,  accompagna  son  père  dans  les 
Indes,  où  il  allait  en  qualité  de  juge  royal. 
A  son  retour  il  publia  Vtfisinire  de  son 
voyage.  Elle  a  été  traduite  en  français  par 
Nicolas  de  Grouclii,  Paris,  15o4,  in-4", 
en  italien  et  en  anglais. Nous  ignorons  les 
années  de  sa  naissance  et  de  sa  mort.  11 
florissait  au  16*^  siècle. 

FEUDI\  WD  ou  plutôt  FERNANDou 
FRENAND  (  Charlks  },  natif  de  Bourges, 
musicien  ,  pbilosophe  et  orateur,  quoique 
aveugle  dès  I  enfance,  professa  la  philo- 
sophie, la  théologie  et  les  belles-lelires  à 
Paris.  Le  pape  Innocent  VIII ,  informé  de 
la  sainteté  de  sa  vie  el  de  son  savoir  ,  lui 
permit  de  prendre  l'ordre  de  diacre,  en 
vertu  duquel  il  exerça  le  ministère  de  la 
prédication  avec  beaucoup  de  zèle  et  d'é- 
îoqtience.  Il  se  lit  moine  dans  l'abbaye 
de  Che74il-Benoit  .  à  trois  lieues  d'Issou- 
dun  ,  en  l/t'J/i  ;  il  changea  de  résidence  en 
-i'-IO,  et  se  rendit  à  l'abbaye  de  Saint-Vin- 
•it  du  Mans,  dont  il  de\int  bibliolhé- 
ire,  et  où  il  mourut  le  17  juin  1517.  Il 
liait  en  relation  avec  Guillaume  Budé . 
Jacques  Lefèvre.  Josse  Clichlove,  Fauste 
Andrelini,  Charles  Bouille,  Josse  Badius, 
et  fort  lié  avec  Robi  ri  Gaguin  ,  Jean  Rau- 
Im  et  autres.  On  a  de  lui  :  |  Epistola  pa- 
rtmetica  observationis  regulœ  benedic- 
tinte ,  ad  Sagienses  monachos .  l;il!2,  in- 
4"  ;  I  De  tranquUlilate  animi ,  Ubri  2, 
4512;  I  deux  livres  sur  V Immaculée  Con- 
ception (en latin )  ;  |  des  Conférences  mo- 
nastiques ailressées  à  Jean  Fernand  son 
frère .  iblS  (  idem  ;;  |  Epistole  (  sic)  fa- 
ynilinrrs  ad  Roberiitm  Gaguinum  .  s.  d., 
ia-4".  de  28  feuULts,   sans  cliilfrcs,  ré- 


clames, etc.  I  Kpisiotat  ,Var\i,  1!J06,  grand 
in-8". 

•  FERDl^i.WD    MARTINIZ,    dit    de 

Sainte-. ytarie .  carme  déchaussé  .  et  géné- 
ral de  son  ordre,  né  près  d'AsIorfja  en 
l.').'>&,  visita  les  monastères  élalilis  en 
Fiance,  envoya  des  missionnaires  en 
Perse,  et  fonda  des  maisons  de  son  ordre 
à  Ispahan  ,  Sihiraf ,  Oriiuis  et  Bender-Aln 
bassi.  11  vint  à  Rome,  fut  nommé  con- 
fesseur d'I'rbain  VHI,  commissaire  des 
sept  provinces  réformées  de  l'ordre  do 
Saint-François  en  Italie,  et  mourut  à  Rome 
en  IG.'>1  ,  après  avoir  rempli,  à  la  salis- 
faction  du  souverain  pontife,  plusieurs 
missions  importantes  auprès  de  différen- 
tes puissances  de  l'Europe.  Il  laissa  quel- 
ques écrits  relatifs  à  sa  congrégation. 

•  FEUniNAND  de  SAINT-JACQUF.S , 
de  l'ordre  de  la  Merci,  un  des  plus  élo- 
quents i)redicateurs  de  l'Espagne,  né  vers 
1541  ,  à  Séviile,  mort  dans  la  même  ville 
en  167)9,  a  laissé  :  |  2  vol.  de  Sermons  et 
des  ouvrages  de  piété. 

•  FEKDINWD  de  JÉSUS ,  carme  dé- 
chaussé, né  à  Jaen  en  1571  ,  mort  à  Gre- 
nade eu  odeur  de  sainteté  en  1044  ,  pro- 
fessa avec  distinction  la  théologie  scolas- 
tique  el  morale  dans  diverses  provinces 
de  l'Espagne  ,  et  mérita  par  sa  rare  élo- 
quence dans  le  ministère  de  la  parole 
évangélique  le  surnom  de  Nouveau  Chrij- 
soslome.Oii  trouve  dans  les  bibliographies 
de  son  ordre  la  liste  de  42  ouvrages  qu'il 
avait  composés;  les  principaux  sont  :  |  des 
Cotnntenlatres  sur  plusieurs  livres  d'A- 
ristote ,  et  sur  quelcjucs  parties  de  la 
Somme  de  saint  Tliomas  ;  |  des  Traités 
de  Théologie  ;  \  une  Grammaire  grecque  ; 
I  une  Grammaire  hébraïque;  |  265  Ser- 
mons. 

'  FEUDIA'AND  (Jean  ),  jésuite  de  To- 
lède ,  n>orl  à  Palencia  en  1595,  à  59  ans, 
est  auteur  d'un  ouvrage  intitulé  Divina- 
rum  Script urarum  Tlw sauras ^  in-fol.  , 
1594.  C'est  une  emplication  des  passage» 
difficiles  de  l'Ecriture  sainte  par  ordie 
alpliabétique.  Il  devait  en  donner  deux 
autres  vol.  —  11  ne  faut  pas  le  confondre 
avec  Jea\  FERDINAND,  dominicain  ara- 
gonais  ,  qui  a  donné  5  ans  avant  sa  mort, 
arrivée  en  1625,  un  Commentaire  sur 
V Ecclésiaste.k  Rome,  in-fol.  Il  y  prouve 
la  conformité  de  la  Vulgale  avec  le  texte 
hébreu. 

FEllDINAXDI  (  Epiphaxe  ),  médecin 
célèbre,  né  à  Misagna  dan-*  U  province 
d'Olrantc  le  2  novembre  I'i69,  profcS'^a 
la  iH;éti<iue,  la  géométrie  et  la  philosophie 


FER 

dans  sa  patrie.  Il  mourut  en  1658,  après 
avoir  publié  quelques  ouvrages.  Le  meil- 
Jeur  est  celui  qui  a  pour  litre  ,  Ohserva- 
tiones  et  Casus  Medici.h  Venise,  in-fol., 
<G2l.  Ce  livre  a  été  réimprimé  plusieurs 
fois  en  Allemagne  et  en  Hollande.  On  a 
encore  de  lui  :  |  Theoremata  H['dica,\c- 
nise,  1611 ,  in-fol.  ;  |  De  vita  pmroyanda  . 
juventute  conservandâ  .  et  seneciute  re- 
tardandà  .  Naples .  1612  .  in-V  ;  |  de  Peste. 
NapU'S,  1651  ,  ia-Zt".  Ferdiuandi  était  un 
vrai  philosophe  :  il  savait  élever  son  àme 
au-dessus  des  disgrâces.  Un  jour,  pendani 
qu'il  expliquait  llippocrate .  on  vint  lui 
annoncer  la  mort  d'un  de  ses  fils,  jeune 
homme  de  20  ans,  qui  donnait  des  espé- 
rances :  il  se  contenta  de  répondre  comme 
Job  :  Dieu  me  l'avait  donné  .  Dieu  me  l'a 
ôté.  Un  de  ses  amis  tâchait  de  le  consoler 
sur  la  mort  de  sa  fenune  qu'il  aimait  ten- 
drement :  Je  serais,  lui  répondit-il,  in- 
digne du  nom.  de  philosophe .  si  dans  de 
tels  malheurs  je  ne  savais  pas  me  consoler 
moi-Tnême.he  premier  trait  peint  mieux 
le  sage  et  le  chrétien  ;  le  second  parut 
se  ressentir  un  peu  de  l'égoïsme  qui  fait 
le  caractère  des  philosophes  profanes; 
mais  sans  doute  qu'il  parlait  de  celle  phi- 
losophie qui  suppose  et  comprend  les  mo- 
tifs religieux  qui  seuls  donnent  une  con- 
solation solide.  On  trouve  dans  les  l^i/e 
de'  letterati  Salenlini  de  Dominicpie  de 
Angelisune  notice  biographique  sur  Fer- 
dinandi ,  qui  a  été  bien  analysée,  par  Ni- 
féron  lom.  21  de  ses  mémoires. 

FEUDOIIOY(Aboul-Cvcem-Maxssour), 
le  plus  célèbre ,  des  j)oèles  persans  né  à 
Rizvàn  dans  le  Khorac;àn  l'an  de  l'hégire 
504  (  de  J.-C.  916  ),  répara  robscurilc  de 
sa  naissance  par  la  beauté  de  son  génie. 
Disciple  d'Assedi,  iî  surpassa  de  l>eau- 
coup  son  maître,  et  se  lit  admirer  de  tout 
le  Levant.  On  a  de  lui  l'Histoire  des  Rois. 
ou  Chàh-Nameh  en  120.000  vers  :  il  cé- 
lèbre dans  cet  ouvrage  les  anciens  sou- 
verains de  Perse.  Ce  poème  fut ,  dit-on  . 
si  goûté  du  prince  sous  lequel  vivait  Fei- 
doucy,  qu'il  doima  à  l'auteur  une  pièce 
d'or  pour  chaque  distique,  et  l'ouvrage 
était  composé  de  soixante  mille  distiques. 
Il  mourut  l'an  985  de  J.-C.  ou  574  de 
l'hégire. 

FEilfî  (  François  de  Paule  ) ,  célèbre 
peintre  de  paysages ,  né  à  Vienne  en  Au- 
Iriche  ,  en  1689.  Son  goût  pour  les  voya- 
ges, et  un  mariage  imprudent  qu'il  lit,  le 
réduisirent  à  la  misère.  On  d.l  qu'il  fut 
trouvé  sur  sa  porte  ,  mort  de  froid  et  de 
besoin  ,  n'étant  âgé  que  de  51  aj»s. 


82  FER 

FERr.lTSO\  (  JAcyuKS  )  ,  né  dans  le 
comté  de  Bamff,  province  de  Buchan  en 
Ecosse  ,  en  1710  ,  inventa  la  roue  aslrono- 
mitpie,  espèce  d'astrolabe  utile  pour  ob- 
server les  éclipses  de  lune.  Il  se  rendit 
ensuiUî  à  Londres,  et  il  y  décrivit  la  ligue 
du  mouvement  de  la  lune  ,  que  la  société 
royale  avait  proposée  :  la  solution  de  ca 
problème  lui  valut  l'entrée  dans  cette  so- 
ciété et  une  pension  de  îJO  liv.  sterlings. 
Il  mourut  le  16  novembre  1776.  Ses  ou- 
vrages sont:  I  Traité  de  Mécanique All^t 
I  Introduction  à  V Elei  tricité .  1772;  ]  //J- 
traduction  à  V  A  slroriomie  ;  \  L' Astrono- 
mie expliquée  selon  les  principes  de  New- 
ton, 1770;  7"  édil.  1783;  |  Leçons  sur 
des  sujets  choisis  de  Mécanique  .  Hydro^ 
statique  .  Hydraulique  .  Pneumatique  et 
Optique,  5*^  édit..  1776,  réimprimées  à 
Edimbourg,  en  1805,  2  volumes  in-S", 
avec  des  corrections  et  des  additions  con- 
sidérables ;  I  Traité  de  perspective .  Ml'Tt 
Ses  ouvrages  ont  un  grand  cours  en  An- 
gleti-rre  :  il  y  a  cependant  des  idées  hy- 
pothétiques mêlées  avec  les  démonstra- 
tions et  les  faits  .  ce  qui  éloigne  souvent  la 
certitude  et  la  solidité  du  résultat. 

•  FEUr.lISON  (  Vk^iLLiAM  ),  peintre  écos- 
sais, mort  vers  1690,  excellait  à  peindre 
les  oiseatix  morts  ou  vivans. 

*  FEUriUSO.X  (Adam  ),  célèbre  écrivain 
écossais  ,  naquit  en  1724  à  Logierait ,  près 
de  Perth,  el  fut  reçu  en  1759  à  l'univer- 
sité de  Saint-André;  il  passa  ensuite  à 
celle  d'Edimbourg  par  une  faveur  qui  ne 
fut  accordée  qu'à  son  mérite.  Il  devint 
d'abord  chapelain  d'un  régiment  de  mon- 
tagnaids  écossais  jusqu'à  la  paix  d'Aix-la- 
Chapelle  en  1748,  ensuite  professeur  do 
philosophie  naturelle  et  de  philosophie 
morale  à  Edimbourg.  Vers  1775,  il  accom- 
pagna, en  quaité  de  gouverneur  le  jeune 
comte  de  Chestertield  dans  ses  voyages 
sur  le  continent  ;  et ,  en  1778,  il  fut  nom- 
mé secrétaire  de  la  commission  chargée 
d'aller  proposer  des  arranijeniens  pacifi- 
ques aux  Américains.  Il  est  mort  le  22 
février  1816.  On  a  de  lui  :  |  Essai  sur  la 
société  civile ,  17(j7 ,  in-4''  et  in-8"  ;  ou- 
vrage  profond,  qui  commença  sa  répu- 
lation  et  fut  traduit  en  allemand,  en  fran- 
çais et  en  suédois  ;  |  Institutions  de  phi- 
losophie morale,  1769,  in-S";  c'est  la 
siibstance  de  ses  leçons  à  l'Université: 
elles  ont  été  réimprimées  en  1800,  à 
Mayeiïce,  àFrancfort,  àBàle,et  traduites 
en  allemand  par  Gaves  et  en  français  par 
Reverdit;  |  Histoire  des  progrès  et  de  la 
chute  de  la  répuùlique  romaine ^  1782,  3 


FEIi  8 

vol.  in-i",  rt'iinpriim'O  k  KdimlwurR  ru 
lyW.avec  dos  correrliim^  iiniwrlniilfs  . 
rt  i  L<mtlrc»  en  480a.  !i  xnl.  iu-*i".  Ccl 
ouvrayciiu  dos  plus  profonds  qui  aii-iit 
paru  m  Aii[;UMfnc  sur  ivllc  maliire  .  a 
rte  traduit  en  ilalitn  .  tu  nllemand  cl  en 
français.  (.«•Ile  dtrniéro  Iradurlioii  n  rlé 
dunnt-c  par  M.  Dosinrunirr .  7  vol.  in-8" 
cl  in-12.  Kcriîusoii  s'otait  propose  de  faire  . 
pour  lu  république  ,  ce  que  Gibbon  avait 
fait  |K)ur  l'empire  romain.  Considérant 
»on  sujet  en  philosophe,  il  né|;liiiC  les 
fieiils détails  |MMir  traiter  à  fond!e.i  [grands 
évcneniens.  et  développe  l'influrnce  qu'ils 
ont  pu  avoir  sur  la  constitution  de  l'étal. 
Son  .style  est  noble  et  élégant,  quoique 
un  peu  diffus,  et  quelquefois  même 
obsrur,  par  la  Ion<i;m'ur  de  ses  périodes  ; 
/  Principes  iL-'S  scirnrrs  morales  rt  politi- 
ifues  ,  179:»,  1  vol.  in/i".  C'est  une  analyse 
ic  ses  leçons,  qui  avaient  eu  beaneouj) 
de  sucrés  par  leur  mérite  propre  ,  et  par 
la  pràte  que  leur  prélait  son  éloculion. 
Pictet  en  u  donne  d'amples  extraits  dans 
/rt  liililiolhèrjac  brilannique. 

•  FKIU.VO  (  l»iEnhE->IiRiE-B\nTiiÉi.E- 
Mlj,  ni.njord'un  ré(;injenl  autrichien  .  né 
en  Piéiïionl ,  en  17/t7,  lit  ses  premières 
armes  en  Autriche  dans  un  réfrimenl  din- 
fanleric,  et  prit  du  service  en  France  au 
rommenccment  de  la  révolution.  Nonmié 
général  de  brig-ide,  il  se  diàlingua  à  l'ar- 
mée du  Rhin,  dans  les  rampa{,aies  de  i7D/i 
cl  1795  ,  et  mérita  par  sa  bravoure  .  le 
(jratlc  de  général  de  division.  La  reprise 
des  lignes  de  M'eissemln^urg  et  le  deblo- 
rus  de  Laudau  furent  une  preuve  de  ses 
connaissances  dans  l'ait  de  la  guerre.  Il 
effectua,  en  17%.  avec  Desaix.  le  passage 
du  Rhin  à  Kehl,  et  prit  pari  à  toutes  les 
opérations  (fui  signalèrent  cette  campa- 
frne.  Il  fai'^^ail  partie  de  l'armée  de  Moreau 
qui  s'illustra  par  sa  belle  retraite.  déf«-n- 
dit  d'une  manière  brillante  le  pool  il'IIii- 
ningue  en  171(7.  et  continua  de  se  couvrir 
de  gloire  dans  toutes  lesoccasions.  En  1803, 
II  fut  nommé  membre  du  sénat  conser- 
vateur ;  oblint  ensuite  la  Sénalorerie  de 
i  Florence,  et  fut  pourvu  en  1807  du  {jou- 
,  vcrncment  de  la  ville  et  de»  ports  d'Aii- 
I     ver»:efilin   il  revint  siéger  au  sénat,  et 

<  vola  le  1"  a  VI  il  181'»  la  déchéance  de  Bo- 

.'.'irle.  Le   roi   lui  accorda  la  croix  de 
:il-I.ouis,  «I  des  lettres  de  naluralisa- 
—11  :  U  eM  mort  le  28  juin  I8IG. 
1         FEniOL.  t'oyez  PONT-DK-VLYLE. 
I         PERJErX.  foyrz  FKRRtOL. 

FEKl.ET   (■  l'abbé    Eu>iEj,  naquit  à 

<  Ktnry ,  et  étudia  dans  cette  université  , 


>  FKR 

où  il  devint  professmr  de  bclles-lctlrr!i. 
.Sétanl  tendu  à  Paris,  il  obtint  un  caiWH 
iii«;at  dans  l'église  «le  Saint  Louis  du  Lou- 
Nre.  et  devint  dans  la  suite  secrétaire  en 
second  de  l'archevécbé  de  Paris.  La  révo- 
lution lui  lit  perdre  celle  place  ,  et  il  resta 
ignoré  jusqu'à  l'époque  du  concordat  ,  en 
1801,  (|u'il  fut  réinstallé  comme  secré- 
taire. Il  est  mort  à  Paris  le  21  novembre 
1821.  âgé  d'environ  70  ans.  On  a  de  lui  : 
I  Sur  le  bien  et  le  vml  que  le  commerce 
(les  femmes  a  fait  à  la  littérature.  Cet  ou- 
vrage, couronné  par  l'académie  de  Nancy 
en  177:i,  a  été  imprimé  à  la  suite  d'un 
discours  que  prononça  M.  de  Solignac  au 
nom  de  l'académie.  |  De  l'almsiie  la  phi- 
losophie par  rapport  à  la  littérature.  1773, 
in-8";  |  Eloge  de  AI.  le  chevalier  de  Soli- 
gnac secrétaire  du  cabinet  du  feu  roi  de 
Pologne ,  Londres  et  Paris,  1774,  in-S"; 
!  Oraison  funèbre  de  M.  de  Beaumont . 
archevêque  de  Paris,  1784,  in-8";  |  Obser- 
vations littéraires  >  critiques,  politiques  , 
géographiques .  etc,  ,  sur  les  histoires  de 
Tacite,  avec  le  texte  latin,  1801,2  volumes 
in-8";  [  Réponse  à  un  écrit  anonyme  in- 
titulé :  Jvis  aux  lecteurs  sans  partialité, 
1801,  in-8".  Cet  Avis  était  une  critique  de 
ses  Observations .  à  laquelle  Ferlel  répon^ 
dit  victorieusement. 

•  FEULOM(Skve!HX-A\toixe).  savant 
ecclésiasti(pie  ,  né  dans  l'état  de  l'Ejlise  , 
en  1740,  fut  un  des  plus  célèbres  [uédi- 
cateurs  de  son  siècle.  Ses  succès  dans  la 
chaire  lui  mériièrent  la  dignité  de  grand 
prince  de  l'ordre  Conslantinien.  Il  s'oc- 
cupa alors  de  V Histoire  des  variations  de  la 
discipline  de  l' Eglise  .qui  pouvait  former, 
dit-on,  ."iO  vol. ,  et  qu'il  était  sur  le  point 
de  terminer  lorsque  l'irruption  des  ar- 
mées françaises  dans  Rome  en  1798,  y 
donna  naissance  au  gouveinement  répu- 
blicain. Ses  papiers  furent  brûlés  ou  en- 
levés, et  il  perdit  en  un  instant  le  fiTjit 
de  50  années  de  travail.  Réduit  presque 
à  la  misère  par  la  perte  de  ses  dignités  , 
et  manquant  de  cette  fermeté  de  carac- 
tère qui  tient  l'honune  vertueux  au-dessus 
(les  i)Ius  exirèmes  disgrâces,  il  vendit  sa 
plume  à  ceux  mêmes  (jui  avaient  causé  sa 
ruine.  Il  composa  successivenu-nl  i)lii- 
sieurs  homélies  en  faveur  de  Bonaparte  : 
son  discours  sur  la  conscription  militaire 
fut  très  utile  au  gouvernement  français. 
De  lels  services  lui  valurent  la  jilace  de 
théologien  du  Conseil  particulier  du  J'ice- 
Roi  à  Milan.  Ce  fui  lui  qui  comjKjsa  par 
ordre  de  la  cour  ces  adresses  vcheineules 
que  l'on  fil  sou.scrire  par  quelques  évè- 


FER 


84 


FER 


qiics  c\  quelques  chajulrcs  dllalie,  et  qui 
furent  i)ubUccs  avec  ostentation  à  Milun 
et  à  Paris.  Le  complaisant  Ferloni  com- 
posa aussi  un  Truilé  de  VaiilorUé  de  l'E- 
glise,  en  3  vol.  où  il  soutenait  les  prin- 
cipes que  le  {jouvernement  français  vou- 
lait faire  prévaloir;  mais  les  censeurs 
ayant  courafîeusement  refusé  leur  ap- 
probation ,  le  livre  ne  parut  point,  et  les 
événeinens  de  1814  l'ont  condamné  à  rui 
éternel  oubli.  Ferloni  mourut  à  Milan, 
le  25  octobre  1815,  sans  avoir  joui  du 
fruit  d'une  conduite  si  méprisable;  le  peu 
de  secours  pécuniaires  qu'il  recevait  du 
gouvernenijut,  suflisail  à  peine  pour  le 
faire  subsister. 

FEUMAT  (Pierre)  ,  conseiller  au  par- 
lement de  Toulouse,  naquit  en  1593,  et 
mourut  eu  1G63.  Il  cultiva  la  jurispru- 
dence, la  poésie,  les  mathématiques.  Des- 
caries, Pascal,  Roberval,  Huyyens  et  Car- 
cavi  furent  liés  avec  lui.  On  a  de  Fermai 
des  Observations  sur  Diophante  .  et  plu- 
.sieurs  Lettres  dans  le  recueil  de  celles 
de  Descartes.  Ses  ouvrages  furent  publiés 
à  Toulouse  en  lG7i»,  sous  le  titre  d'Ope/a 
Malhemalica ,  en  2  vol.  in-fol.  La  géomé- 
trie lui  a  presque  autant  d'obligations  qu'à 
Descaries,  quoiqu'il  soit  beaucoup  moins 
célèbre.  Sa  sagesse  a  nui  à  sa  réputation  ; 
il  apprécia  si  bien  la  frivolité  d'un  grand 
nom,  qu'il  évita  de  s'en  faire  un.  Il  fut 
non-seulement  le  restaurateur  de  la  géo- 
métrie ancienne,  mais  le  précurseur  de  la 
moderne.  C'était  d'ailleurs  un  magistrat 
aussi  intègre  qu'éclairé. 

*  FERMli\  (Philippe),  médecin  et  voya- 
ffcur,  né  au  coiuniencement  du  18*^  siècle 
ùMacslricht,  devint  membre  de  la  magis- 
trature municipale  de  cette  ville,  p.issa 
en  illk  à  Surinam  où  il  résida  près  de  10 
ans,  et  recueillit  un  grand  nombre  d'ob- 
servations sur  les  objets  les  plus  curieux 
de  cette  colonie.  A  sou  letour  il  publia 
I  Histoire  naturelle  de  la  Hollande  équi- 
iioxiale  ou  de  Surinam,  Amsterdam,  17Gj, 
in-8",  ouvrage  qui  fut  vivement  critiqué 
et  qu'il  lit  réimprimer,  en  1760,  sous  ce 
tilre  ;  Description  générale  ^  historique , 
géographiqu;  et  physique  de  la  Colonie 
lii'.  Surinam,  2  vol.  in-8".  Les  additions 
considérables  qu'il  a  faites  à  cette  édition 
ont  rendu  ce  livre  l'un  des  meilleurs  que 
nous  a^'ons  sur  les  colonies.  |  Tableauhis- 
turique  et  politique  d2  l'état  ancien  cl  ac- 
tuel de  la  colonie  de  S  urina  )n ,  et  des 
causes  de  sa  décadence,  MaestrLcht,  1778, 
in-S".  Ce  Tableau  a  été  traduit  en  alle- 
mand, avec  quelques  augmerilalions  ,  et 


peut  servir  de  suite  ou  de  supplément  à 
sa  description  qu'il  recliiie  en  plusieurs 
endroits.  |  Traité desmaladiesles plus  fré- 
quentes à  Surinam,  avec  une  dissertation 
sur  le  fameux  crapaud  de  Surinam  nojn- 
mé  Pipa.  Maestriciit,  1764,  in-8",fig.  ,cl 
Amsterdam,  176.),  in-8". 

*  FEKi\A.\-AU?vÈS  (le  duc  de),  grand 
d'Espagne  de  première  classe,  duc  de 
Monlelano,  etc.,  naquit  en  1778  à  Madrid 
et  fut  élevé  sous  les  yeux  de  son  père.  Ce 
dernier  qui  fut  ambassadeur  auprès  de  la 
cour  de  France  en  1790 ,  a  laissé  un  ou- 
vrage consacré  à  l'éducation  de  ses  en- 
fans  (  Madrid.  1796.  in-8").  Le  jeune  comte 
de  Fernan-Nunès  entra  de  boaae  heure  à 
la  cour,  où  il  prit  j)arli  pour  le  prince  des 
Asturies  contre  le  favori  Godoi.  Lors  do 
l'eujprisonuement  de  Ferdinand  ,  il  s'é- 
leva hautement  contre  cette  violence.  Co 
prime  ayant  recouvré  sa  liberté  ,  il  se 
rangea  deiiniti\ement  de  son  parti,  et  fut 
un  de  ceux  qui  s'efforcèrent  vainement 
de  le  détourner  du  voyage  de  Bayonne, 
où  il  ne  tarda  pas  néanmoins  à  le  rejoin- 
dre. Napoléon,  après  avoir  dépouillé  les 
Bourbons  d'Espagne  de  leurs  états ,  et 
après  en  avoir  donné  iinvesliture  à  son 
frère  Joseph,  lâcha  dallirer  dans  son 
parti,  les  principaux  seigneurs  de  la  cour 
de  Madrid,  Le  4  juiilet  1808  ,  il  créa  le 
comte  de  Fernau-Nuuès  grand  veneur  du 
roi  Joseph.  Goutrainl  d'accepter,  celui-ci 
suivit  le  nouveau  monarque  à  Madrid  . 
mais  à  peine  arrivé^  il  lit  armer  secrète- 
ment ses  vassaux,  et  assigna  à  la  caisse 
des  secours  nationaux  10,000  francs  par 
mois,  pour  la  défense  de  la  cause  com- 
mune. Il  soudoyait  en  outre  plusieurs 
bandes  d'insurgés  dans  la  Castiile.  Instruit 
de  ces  faits.  Napoléon  déclara  le  5  novem- 
bre 1808,  par  un  décret,  Fernan-Nunès, 
ennemi  de  la  France  et  de  l'Espagne  ,  et 
traître  aux  deux  couronnes.  Il  se  retira 
dans  ses  terres ,  ser\it  ensuite  dans  les 
armées  espagnoles  et  parut  dal ord  ap- 
puyer le  système  descortès.  Mais  aussitôt 
que  la  constitution  de  1812  eut  fait  con- 
naître que  les  cortès  voulaient  donner  à 
l'Espagne  im  gouvernement  démocrati- 
que, il  se  déclara  pour  le  parti  de  l'oppo- 
sition. Lorsque  Ferdinand  YII ,  stjrli  de 
sa  captivité,  retourna  dans  ses  états,  Fer- 
nan-Nunès l'aida  de  son  influence  à  ren- 
verser la  constitution  des  cortès.  Nommé 
ambassadeur  d'Espagne  près  la  cour  de 
Londres  en  1813  ,  il  le  fut  près  de  la  cour 
de  France  en  1817  ;  c'est  à  cette  occasion 
qu'il  fui  créé  duc  do  Casa- Fernan-Nunès. 


FER 


88 


1  LU 


En  mt'inc  Icmps  il  «lait  miiiislrc  pUniim- 
tcntiairc  près  la  nu^mecotir,  de  la  tlu- 
clicssc  de  Liicqucs ,  iiif.inio  d'Espagne. 
Lors  du  rctublisscmpnt  de  la  constitution 
eu  1820,  il  fut  remplace  dans  son  poste 
9  Paris  :  néanmoins  il  n"a  pas  quitté  cette 
capitale  ,  jusqu'à  ré|>oquo  de  sa  mort ,  ar- 
1 1 V ce  le  'JC»  mlobre  1821,  à  l'àfrc  de  43  ans. 
Fi:U\.\XD.     royez    FERDINAND 

MIRIES). 

FEIi:V;V\DES  (Jean),  navigateur 
IMirtugais  né  à  Coïmbre  en  1418,  le  pre- 
mier européen  qui  ait  pénétré  dans  l'in- 
lérieur  de  l'Afrique  ,  l'an  1446 ,  resta 
plusieurs  mois  prisonnier  des  Maures 
Assanhadji  dans  le  voisinage  du  Rio- 
do-Ouro  en  1447  et  1448 ,  et  recueillit  sur 
ces  peuples  nomades  des  renseignc- 
incns  qui  offrent  beaucoup  d'analogie 
avec  ceux  de  Mungo-Park.  Fernandès  lit 
un  second  voyage  avec  Diego  Gilhomen 
envoyé  pour  conclure  un  traité  d'alliance 
avec  les  Maures  de  Meça.  Dès  qu'on  eut 
jeté  l'ancre,  il  descendit  à  terre  pour  exa- 
miner le  pays  au  nord  du  cap  Nam  ;  mais 
une  bourrasque  ayant  poussé  presque 
aussitôt  le  bâtiment  en  mer,  il  fut  laissé 
sur  cette  cote  étrangère  :  on  ignore  ce  que 
devint  ce  navigateur. 

•FEUX A \ DÈS  (Denis),  voyageur  por- 
tugais, équipa  en  1446  un  bâtiment  pour 
faire  de  nouvelles  découvertes  sur  la  côte 
d'Afrique.  Il  y  reconnut  l'embouchure  du 
Sénégal,  et  pénétra  jusqu'au  promontoire 
le  plus  occidental  d'Afrique,  auquel  il 
donna  le  nom  de  Cap  ^ert  .  à  cause  du 
grand  nombre  d'arbres  verdoyans  dont 
cette  pointe  de  terre  était  couverte.  Les 
brisans  qui  entourent  ce  cap  l'alarmèrent; 
il  n'osa  pas  alli;r  au-delà. 

•FER.\A\DÈS  (Juan),  pilote  espagnol 
qui  fit  plusieurs  découvertes  dans  le  16*^ 
siècle  ,  découvrit  en  1j7'2  dans  un  de  ses 
voyages  du  Pérou  au  Chili,  les  iles  qui 
portent  son  nom  et  desquelles  les  voya- 
geurs Dampier  et   Anson  ont  donné  de 
bonnes  descriptions.  Deux  ans  après,  dans 
une  autre  traversée  ,  il  trouva  les  îles  de 
Sl.-Félix  et  de  Sl.-Ambroise  ,  situées  au 
oord  des  précédentes.  Parti  du  Chili  en 
1576,  il  rencontra  après  un  mois  de  navi- 
ei^on  une  côte  que  toutes  les  apparences 
lai  firent  regarder  comme  celle  d'un  con- 
tinent. Comme  son  navire  était  très  petit 
et  assez  mal  équipé,  il  ne  poussa  pas  plus 
loin  SCS  recherches;  il  avait  l'intention  de 
revenir  avec  une  expédition  plus  considé- 
rable; aiais  la  mort  l'empéclia  d'exécuter 
ion  projet.  On  a  supposé  que  cette  île  était 


la  Nouvelle-Zélande.  On  trotjvc  quelques  . 
détails  sur  l'expédition  de  Fernandès  daiM 
un  ouvrage  espagnol  de  Louis  Arias,  Inti- 
tulé Mémoire  pour  recommander  au  roi  lu 
conversion  des  naturels  des  tics  nouvelle- 
ment découvertes  .  1609  ,  publié  aussi  en 
anglais  par  Dalrymple,  Edimbourg,  1773, 
qui  en  inséra  un  extrait  dans  sa  Collection 
historique  ;  le  livre  intitulé  Voyages  de  la 
mer  du  Sud  par  les  Espagnols  et  les  Hol- 
landais, traduit  par  Fréville,  n'en  est 
que  l'abrégé. 

FEU.\A.\DEZ  DE  CORDOUE.  Voyez 
GONSALVE. 

F  E  R  N  A  iM  D  K  Z  (  A  ntoine  ) ,  naquit  à 
Co'imbre  en  11)52,  se  fit  jésuite  ,  fut  pro- 
fesseur d'Ecriture  sainte  à  Evora,  et  se 
consacra  ensuite  aux  missions  dans  les 
Indes  Orientales.  De  retour  à  Lisbonne  ,  il 
y  prêcha  avec  beaucoup  de  fruit,  et  mou- 
rut ,  consumé  de  travaux,  à  Co'imbre  lu 
14  mai  1628.  On  a  de  lui  un  Commentaire 
sur  les  visions  de  Vylncien  Testament^ 
imprimé  à  Lyon. 

•  FERi\/V]\DEZ  (Antoine),  jésuite  por- 
tugais, né  à  Lisbonne  en  1566,  fut  envoyé 
à  Goa  en  1602  ,  et  pénétra  deux  ans  après 
en  Abyssinie,  déguisé  en  arménien.  Il  ré- 
sida trente  ans  dans  ce  pays,  et  sut  acqué- 
rir l'estime  et  la  protection  de  Socinios  ou 
Melec-Segned,  qui  était  monté  sur  le  trône 
en  1607 ,  el  avait  embrassé  la  religion 
calholiqiAe.  Ce  prince  chargea  Fernande^ 
d'une  mission  auprès  du  roi  d'Espagne 
Philippe  IV  et  du  pape  Paul  III.  Le  cou- 
rageux jésuite  demanda  pour  l'accompa- 
gner Fécur-Egzy,  homme  considéré  en 
Ethiopie ,  et  rempli  de  xèle  pour  la  reli- 
gion catholique.  Pour  éviter  de  traverser 
les  provinces  révoltées,  où  ils  auraient  été 
arrêtés  et  leurs  dépèches  saisies ,  ils  fu- 
rent obligés  de  prendre  la  route  de  Naréa, 
qui  est  la  plus  longue  ,  el  d'arriver  par 
celte  voie  à  Melinde  sur  l'Océan  des  In- 
des. Fernande/,  et  sa  compagnie  parti- 
rent de  Goïam  au  mois  de  mars  1613 
Arrivés  dans  l'Alaba ,  ils  furent  arrêtés  et 
mis  en  prison  par  ordre  du  souverain  de 
ce  pays ,  prince  mahométan.  Il  les  au- 
rait fait  mourir  sans  les  lettres  et  les  pré- 
sens du  monarque  des  Abyssins.  Entin  il 
voulut  bien  les  mettre  en  liberté  ,  mais  à 
condition  qu'ils  rebrousseraient  chemin. 
Ils  furent  donc  obligés  de  revenir  à  Goiani , 
après  dix-huit  mois  d'un  voyage  pénible, 
et  dans  lequel  ils  avaient  plusieurs  fois 
risqué  de  perdre  la  vie.  Après  la  mort  dti 
Pèi  e  Paèz ,  chef  de  la  mission  ,  il  en  rem- 
plit  quelque  temps    lus  fonctions  ;   mais 


FER 


86 


FER 


Fadillas,  qui  succéda  à  Socinios,  mort  en 
167)2,  ayant  expulsé  de  ses  étals  tous  les 
prêtres  catholiques  ,  le  Père  Fernandez, 
revint  à  Goa ,  où  il  mourut  le  12  novem- 
bre 1642.  On  connaît  de  ce  Père,  i  en  éthio- 
pien, un  Traité  des  erreurs  des  Elhio- 
inens^  Goa  1642,  in-4" ,  imprimé  avec  des 
caractères  éthiopiens,  envoyés  par  Urbain 
VIII  ;  I  dans  la  même  langue  ,  une  Tra- 
duction du  Rituel  romain,  1626  ;  ]  en  dia- 
lecte amharique ,  une  Instruction  pour 
les  confesseurs  j  avec  d'autres  ouvrages 
ascétiques  ;  |  Voyage  à  Gingiro.  fait  avec 
Fécur-Egzy  ^  ambassadeur  envoijé  par 
l'empereur  d' Ethiopie  en  1613,  contenant 
la  route  pénible  et  dangereuse  du  voya- 
geur ^  sa  captivités  sa  délivrance  ainsi  que 
ta  description  des  royaumes  de  Naréa, 
de  Gingiro  et  de  Cambate.  avec  des  par- 
ticularités curieuses.  Ce  voyage  a  été  in- 
séré dans  le  tome  2  d'un  recueil  publié  en 
hollandais  par  Vander-Aa,  1707,  2  vol.  in- 
12,  avec  une  carte  bien  gravée,  mais  peu 
exacte.  Cette  relation  y  est  renfermée  en 
22  pages  ;  elle  est  curieuse ,  mais  laisse 
bien  des  choses  à  désirer.  Moréri  attribue 
à  Fernandez  un  autre  ouvrage  en  éthio- 
pien ,  intitulé  Trésor  de  la  foi  ^  dans  le- 
quel il  réfute  un  écrit  dans  la  même  lan- 
gue, d'un  éthiopien  schismaticfue ,  appelé 
Ras-Athanate. 

*  FERNANDEZ  (Jean-Patkice),  jésuite 
et  missionnaire  au  Paraguay,  était  aussi 
espagnol.  Il  a  publié  la  Relation  histori- 
que de  la  mission  chez  la  nation  appelée 
Chiquitos.  Madrid ,  1726,  1  vol.  in-8"  ;  elle 
a  été  traduite  en  allemand  ,  Vienne  ,  1729, 
1  vol.  in-S",  et  en  latin  ,  ibid.^  1753 ,  i  vol. 
in-ii.°  ;  elle  contient  l'histoire  des  Chiqui- 
tos  et  celle  de  quelques  nations  voisines. 
On  n'y  trouve  guère  d'autres  détails  que 
ceux  qui  ont  rapport  à  la  mission.  Le  Père 
Jean-Palrice  se  disposait  à  en  aller  fon- 
der une  à  Chaco ,  -lorsqu'il  mourut  en 
1772. 

•  FERN.VNDEZ  NAV ARRETE  (Jeaîv  ), 
surnommé  el  mudo  (  le  muet  ) ,  célèbre 
peintre  espagnol,  né  à  Logrono  en  1526, 
perdit  l'usage  de  la  parole  à  la  suite  d'une 
maladie  aiguë. ,  dès  l'âge  de  2  ans.  Cette  in- 
Urmiténe  l'empêcha  pas  de  manifester  un 
goût  décidé  pour  la  peinture.Il  fut  plusieurs 
années  à  l'école  du  célèbre  Titien  et  devint 
peintre  de  Philippe  II,  qui  lui  fit  faire 
plusieurs  grands  tableaux  pour  le  mona- 
stère de  l'église  de  i'Escurial.  Ses  plus 
beaux  ouvrages  sont  une  Assomption . 
L  Martyre  de  saint  Jacques .  un  saint  Jé- 
rôme dans  le  désert  Aine  Nativité  dcJ.-C^ 


la  Réception  des  trois  Anges  par  Abra- 
ham. Ce  dernier  est  son  chef-d'œuvre. 
Fernandez  mourut  à  Ségovie  en  1579.  Il 
était  très  instruit  dans  l'histoire ,  la  my- 
thologie, el  se  distingua  dans  son  art  par 
la  composition,  la  correclion  du  dessin, 
l'expression  des  figures ,  et  surtout  par 
le  coloris,  ce  qui  le  fit  appeler  le  Titien 
espagnol.  On  trouve  ses  tableaux  au  pa- 
lais de  I'Escurial.  Il  y  a  eu  plusieurs  au- 
tres peintres  et  sculpteurs  du  même  nom. 
*  FERNAIVDEZ-THOM AS  (  Manoel), 
né  à  Lisbonne  vers  1760 ,  fut  un  des  agens 
les  plus  actifs  et  le  prinrlpal  auteur  de  la 
révolution  de  Portugal,  du  26  août  1820. 
Choisi  pour  faire  partie  de  la  junte  pro- 
visoire du  gouvernement  qui  s'installa  à 
Oporto ,  il  alla  se  réunir  à  celle  de  Lis- 
bonne. Don  Manoël  était  juge  de  PorU  , 
lorsqu'il  fut  nommé ,  par  le  congrès  con- 
stituante député  aux  cortès,  dont  il  de- 
vint bientôt  vice-président.  Quand  la  con- 
stitution fut  publiée  ,  il  vota  pour  une 
amnistie  générale.  Après  avoir  opiné  que 
le  congrès  ne  devait  pas  aller  au  devaul 
du  roi ,  il  fut  de  la  députation  qui  se  ren- 
dit à  bord  du  vaisseau  qui  avait  trans- 
porté S.  M.  de  Rio-Janeiro  au  port  de 
Lisbonne.  Il  s'opposa  ensuite  au  veto  ab- 
solu ,  et  demanda  que  le  veto  royal  sus-- 
pensif  ne  s'appliquât  pas  aux  articles  de 
la  constitution  que  le  roi  devait  accepter 
ou  refuser.  Il  fit  affecter  les  revenus  des 
élablissemens  ecclésiastiques  supprimés 
aux  créanciers  de  l'état ,  et  provoqua  la 
loi  sur  la  liberté  de  la  presse ,  pour  les 
délits  de  laquelle  il  vota ,  au  maximum,  j, 
une  forte  amende  et  dix  années  de  pri- 
son. Lors  de  l'extinction  du  saint  office  , 
il  demanda  qu'on  donnât  pour  seuls  mo- 
tifs les  lumières  du  siècle ,  et  son  incom- 
patibilité avec  un  pays  d'hommes  libres . 
Le  patriarche  de  Lisbonne  n'ayant  pas 
voulu  prêter  serment  à  la  constitution, 
il  vota  pour  qu'il  fût  entendu,  jugé  ,  et  fit 
ensuite  supprimer  le  patriarcat.  Il  ap- 
puya le  projet  tendant  à  écarter  des  em- 
plois les  ennemis  de  la  constitution.  U 
parla  en  faveur  de  l'établissement  du  jury 
dont  les  membres  devaieKi,  selon  lui, 
être  élus  par  le  peuple ,  et  les  déclara 
juges  compétens  dans  les  matières  reli- 
gieuses. Nous  passerons  sous  silence  d'au- 
tres motions  de  ce  député ,  qui  portait 
dans  la  tribune  tout  le  délire  d'un  déma- 
gogue ,  et  qui  se  montra  un  des  plus  ar- 
dens  adversaires  du  roi  et  de  son  auguste 
famille.  Pendant  toute  la  session  il  exerça 
la  plus  grande  influence  sur  ses  collègues. 


FEIV 

n  mourut  à  Lisbonne ,  le  20  novembre 

is-ii. 
Fi:n>\XVIIXE  (PiBi»nB-Si»Oî«  CHA- 

V\\U)V  iU^  SVINT-ANDUÉ  de),  prèlredu 
.1..,,  s,>  lie  Meaux.  morl  le  20  octobn- 
,  ...    I..  ,,j^  a,„  ^  j„ua  un  rôle  duns  le 

1  r<»u<iJilulionn«lres.  On  u  de 
irr  tie-  la    seconde   <  olontie 
:  \  Krpîication  de  l'Apoca- 
'YS  à  ,1/'"''  Mol.  in-4". 
i  â.iv  n.  ^  .«iir  Joa^  )  ,  antiquaire  all- 
ais.  tnort  vers  KilO,   est  auteur  d'un 
1 1  aité  intitulé  :  the  Blason  ofgeninj.  di 
V  i!*é  en  deux  parties  in-4'. 

•  FKIl\E  (Hk^ri),  lils  du  précédent, 
tcrlé>iastique  ant^lais,  né  à  Yorck  en 
ItUV2.  s'attacha  à  l'infortuné  Charles  l"  . 
aviprtvs  du(fuel  il  remplit  les  fonrtions  de 
chapelain  durant  ses  infortunes  :  il  fui 
iioniiné  lors  de  la  restauration  directeur 
(lu  collège  de  la  Trinité  à  Cambridfje  ,élu 
deux  fois  vice-chancelier  de  cette  uni- 
\  ersilé ,  et  mourut  en  1661  ,  peu  de  temps 
1  près  avoir  été  consacré  évéque  deChes- 
r.  Il  passe  pour  avoir  beaucoup  aidé 
^^'allon  dans  la  rédaction  de  sa  Bible 
polyglotte  .e.\.  il  a  publié  lui-même  plu- 
-i.'urs  ouvrages.  Les  plus  connus  sont  : 
The  Resolvinq  nf  Conscience  ,  etc. .  im- 
primé à  Cambridge  ,  en  16/i2  ,  à  O.xford  , 
l'u  1043  ;  I  Episcopacy  nnd  presbytery 
cnnsidered  .  Londres,  1047  -,  j  On  the  divi- 
sion betwen  the  eiiglish  and  romissh 
i.hitrch  upon  the  reformations  ibid. , 
liiao,  etc. 

FEU.VEL  {5eks  ),  natif  de  Clermont 
eu  Beauvaisis  ,  vint  au  monde  en  1497  (i). 
.Vprès  avoir  consacré  plusieurs  années  à 
lu  philosophie  et  aux  mathématiques,  il 
s'appliqua  à  la  médecine  qu'il  exerça  avec 
beaucoup  de  succès.  On  prétend  qu'il 
s'avança  à  la  cour  de  Henri  II,  dont  il 
devint  le  premier  médecin ,  pour  avoir 
trouvé  le  secret  de  rendre  féconde  Ca- 
Wierine  de  Médicis.  Cette  princesse  lui 
lit  des  présens  considérables.  Cet  habile 
homme  mourut  en  1558.  N  ul  d'entre  les 
modernes  ,  depuis  Galien  ,  n'avait  mieux 
rcril  avant  lui  sur  la  nature  et  la  cause 
des  maladies.  Sa  Pathologie  en  fait  foi: 
Kernel  la  vit  lire  de  son  vivant  dans  les 
érolfs  publiques.  On  a  de  lui  plusieurs 
-  «mvrages  non  moins  estimés;  les 
l>aux  sont  :  |  Mediciiia  univcrsa  . 
'  Ul,    16ÎÎ6  ,    in-k'* \  \  Medici   antiqui 

iirœci  qui  de  febribus  scripserunt .   A'e- 


(•).  L<  Wtt.  Dairc  d^oi  «on  bittoirc   de  Mont-Di 
ttrr    Icfwt  p«;treà  Mont-I)iJU(    en  i;85. 


87  FER 

nlsr,  \\VS\  ,  in-fol.  Les  Médecins  latins 
sur  la  même  matière  otit  été  imprimés  en 
l.'i'iT,  in-fol.  I  C.nnsilia  mediciualia.FTQxtc- 
fort ,  IjS:»,  in  8"  etc.;  \  Monacosphœ- 
riitm  sive  astro/nhii  genus.  gêner alis  ho- 
j'/irii  stnuttirn.  Paris,  1.')!20,  in-fol.  ;  J  De 
proportioni/ms  lihri  duo  .  Iîj2«  ,  in-fol.  : 
I  Cosmotlieoria  libros  duos  complcxa  , 
l.")iJ8,  in-fol.;  |  De  naturali  parte  niedici- 
nœ  lihri septem.  1;>42,  in-fol.  ;  |  De  ahditis 
reniin  causis  .  li'iri  duo,  1548,  in-fol. 
réimprimé  près  de  30  fois  ;  |  Medicina  . 
Paris  ,  1554  ,  etc.  ;  |  Therapeutices  iini- 
versalis  lihri  septem  .  Lyon  ,  1571 ,  tradtiit 
en  français  par  du  Teil,  Paris,  1648,  in-8". 
Cet  illustre  restaurateur  de  la  médecine 
n'était  point  pour  le  fréquent  usage  de  la 
.saignée  ;  et  on  le  loue  avec  raison  de  s'être 
écarté  de  la  méthode  d'Hexelius  trop 
l)rodigue  du  sang.  On  trouve  dans  ses  ou- 
vrages ,  outre  une  savante  théorie,  des 
faits  curieux  ,  tel  que  celui  d'un  énergu- 
mène  ,  qui  parlait  grec  et  latin  sans  avoir 
jamais  appris  ces  deux  langues  :  «  ce  qui 
»  prouve ,  dit  un  auteur  ,  que  Fernel  n'a- 
»  vait  pas  cet  entêtement  philosophique, 
t)  déterminé  plutôt  à  nier  des  choses  con- 
»  stalées,qu'à  convenir  de  l'impossibilité 
n  de  les  expliquer  sans  recourir  à  des  sé- 
»  vérités  religieuses.  »  Au  mérite  d'ex- 
cellent médecin ,  Fernel  réimissait  celui 
de  bon  écrivain.  Il  parlait  et  il  écrivait  la 
langue  latine  avec  tant  de  pureté  ,  qu'on 
l'opposa  souvent  aux  savans  ultramon- 
tains  qui  nous  reprochaient  le  lalin  bar- 
bare de  nos  écoles.  «  Ce  grand  médecin , 
»  dit  un  auteur  moderne .  considérait 
»  cette  lanr«|ie  comme  la  seule  assortie  à 
»  sa  profession,  et  eût  regardé  comme 
»  \\n  blasphème  en  malièie  de  science  . 
»  comme  en  matière  de  morale  ,  le  projet 
»  de  traiter  la  médecine  en  langue  vul- 
»  gaire.  Une  telle  innovation,  fruit  de 
»  l'ignorance  et  de  la  corruption  de  ce 
i>  siècle,  ne  s'était  point  offerte  à  l'esprit 
»  des  grands  hommes  qui  nous  ont  de- 
»  vancés  dans  la  carrière  des  connais- 
»  sances  humaines.  Indépendannnentdes 
»  vues  de  décence  et  de  moralité ,  qu'une 
»  langue  antique  et  chaste  peut  seule  réa- 
»  User,  la  nature  nW'me  de  la  médecine,  se-* 
»  opérations  et  son  but  s'opposent  à  celte 
»  inversion.  Les  langues  modernes  chan- 
»  gent  continuellement ,  le  résultat  des 
»  motsetdesconstructions  n'est  point  irré- 
»  vocablement  fixé.  Il  en  naîtrait  des  équi- 
»  voques  terribles  ,  des  termes  inconnus 
■  et  mal  interprétés,  qui,  dans  une  science 
»  de  cette  nature ,  seraient  d'une  const- 


FER 

»•  qucnce  affreuse.  Un  médecin,  quelque 
»  habile  qu'il  fût,  ne  pourrait  soigner  que 
»  les  paysans  ou  les  bourgeois  de  son  can- 
»  ton.  Userait  nul  pour  les  malades  dont  il 
»  ne  comprendrait  pas  la  langue  ;  au  lieu 
»  que  la  langue  universelle  le  met  à  même 
»  de  les  servir  tous,  au  moins  ceux  qui  la 
»  savent  également ,  ou  qui  trouvent  un 
»  interprète  de  la  leur;  ce  qui  ne  manque 
»  nulle  part  où  il  y  a  un  ecclésiastique  ou 
»  un  homme  tant  soit  peu  lettré.  »  L'étude 
était  la  principale,  ou  pour  mieux  dire,  la 
seule  passion  de  Fernel.  Quand  il  avait  des 
convives  chez  lui,  il  ne  faisait  pas  diffi- 
culté de  les  quitter  àla  fin  du  repas,  pour  se 
retirer  dans  son  cabinet;  excellente  leçon 
pour  ceux  qui  sacrifient  à  une  politesse 
jiarasite  et  mal  entendue  un  temps  pré- 
cieux ;  et  plus  encore  pour  ceux  qui  par 
cette  frivole  considération ,  dérogent  aux 
devoirs  de  leur  étal  et  aux  fonctions  les 
plus  respectables. 

*  FERNIG  (  Louis-JosEPH  de) ,  naquit 
le  5  octobre  175S  d'une  famille  noble  d'Al- 
après  avoir  fait  avec  distinction  les 


campagnes  du  Hanovre  (  17o3-176!2  ) ,  il 
quitta  le  service  et  se  livra  à  la  culture 
des  lettres.  Il  se  lia  avec  Voltaire  qui  le 
retint  pendant  un  an  à  Ferney.  Après  la 
mort  de  ce  philosophe,  il  vint  dans  le  Hai- 
naut  français  où  il  fit  lui  mariage  hono- 
rable, et  se  fixa  à  Mortagne  dans  le  dcpar- 
tementdu  Nord,  où  il  était  administra- 
leur  et  greffier  général  des  terres  et  chà- 
tellenies  de  ce  lieu  ;  Feniig  s'occxxpait  en 
même  temps  de  littérature  et  de  science. 
Nommé  en  1789  commandant  de  la  garde 
nationale ,  il  empêcha  les  désordres  qui 
eurent  lieu  sur  tcuit  d'autres  points.  Ce  fut 
H  Mortagne  que  se  tirèrent  les  premiers 
coups  de  fusil  entre  la  France  et  l'Europe  ; 
la  garde  natioaale  dont  Fei'uig  avait  été 
nommé  commandant  en  1789 ,  s'opposa 
avec  vigueur  à  l'entrée  des  Autrichiens, 
r.ienlôl  la  guerre  fut  portée  en  Champa- 
gne ;  pendant  que  les  gardes  nationales  du 
]N'ord  allèrent  seconder  les  efforts  des  trou- 
pes de  ligne,  le  pays  de  Mortagne  fut  sac- 
cagé et  la  propriété  de  Fernig  ne  fut  point 
épargnée.  Dumouriez  donna  à  sa  famille 
un  asile  dans  sou  camp,  et  à  lui ,  la  place 
de  capitaine  commandant  les  guides.  Fer- 
nig combattit  en  cette  qualité  à  Yaliny,  à 
Jemmapes,  à  Nerwinde,  eut  une  grande 
part  aux  succès  des  campagnes  de  1792 
et  1793 ,  et  quiîla  l'armée  avec  Dumou- 
riez. Rentré  en  France  en  1802,  il  vécut 
dans  la  retraite,  et  mourut  en  1816  d'uae 
attaque  d'apoplexie.  Il  était  le  père  de 


88  FER 

l'officier  général  du  même  nom  et  des 
demoiselles  Fernig  qui  ontjoué  un  sigrand 
rôle  pendant  la  révolution.  Voijez  l'article 
suivant. 

*  FERNIG  (les  demoiselles  Félicité  et 
Théophile  de),  étaient  âgées  la  première 
de  16  ans,  et  la  seconde  de  15,  lorsqu'en  1792 
elles  prirent  les  armes  et  allèrent  se  pla- 
cer dans  les  rangs  de  la  garde  nationale 
de  Mortagne,  qui  se  mesurait  chaque  jour 
avec  l'ennemi.  Le  général  Beurnonville 
en  informa  la  Convention  qui  leur  envoya 
deux  chevaux  richenaent  caparaçonnés. 
Lorsque  les  troupes  françaises  se  portèrent 
sur  la  Champagne  envaliie  par  le  duc  de 
Brunswick,  Dumouriez  donna  aux  deux 
sœurs  Fernig  des  commissions  d'officiers 
d'élat-major  ;  elles  combattirent  à  Valmy, 
à  Jemmapes ,  à  Anderlecht,  à  Nerwinde , 
et  dans  toutes  les  affaires  qui  eurent  lieu 
jusqu'au  S  avril  1793.  L'histoire  des  cam- 
pagnes de  cette  époque  leur  attribue  plu- 
sieurs actions  glorieuses.  Entraînées  dans 
la  fuite  de  Dumouriez  ,  elles  reprirent  en 
pays  étranger  le  costume  et  les  habitudes 
de  leur  sexe.  Cependant  poursuivies  en 
Hollande,  en  Westphalie,  en  Daneraarck, 
cherchant  un  asile  qu'on  leur  refusait  par- 
tout, après  avoir  été  emprisonnées  en  Hol- 
lande, elles  vinrent  à  Paris  solliciter  la  ra- 
diation de  leurs  noms  sur  la  liste  des  émi- 
grés :  mais  elles  furent  obligées  de  quitter 
le  sol  natal ,  et  ne  purent  y  rentrer  que 
sous  le  consulat,  en  1802.  Mlle  Théophile 
est  morte  en  1818  à  Bruxelles  où  sa  sœur 
s'est  mariée.  Les  demoiselles  de  Fernig 
avaient  deux  autres  sœurs,  Louise  et  Ai- 
mée qui  étaient  trop  jeunes  pour  suivre 
leur  exemple  ,  et  un  frère  qui  parvint  au 
grade  de  général  de  brigade. 

*  FERNOW  (Louis),  savant  philologue 
allemand ,  né  à  Weymar  en  d775  ,  mort 
en  1809 ,  réunissait  le  goût  des  arts  à  une 
érudition  très  étendue.  Avide  d'instruc- 
tion ,  mais  privé  des  ressources  néces- 
saires pour  satisfaire  un  si  noble  peu  - 
chant,  il  subvint  d'abord  aux  frais  de  ses 
hautes  études  en  tirant  parti  de  son  talent 
pour  peindre  le  portrait.  Il  fit  ensuite  à 
pied  le  voyage  de  Rome  ;  et ,  pendant  un 
séjour  de  dix  années  dans  cette  ville ,  il 
ouvrit  aux  artistes  allemands  un  cours 
sur  la  critiqxie  et  la  faculté  du  jugement 
d'après  les  principes  de  Kant  :  dans  le 
même  intervalle  il  se  livrait  avec  ardeur 
à  l'étude  des  arts  et  des  monument  de 
l'antiquité,  et  il  approfondit  celle  de  la 
littérature  italienne.  Parmi  les  ouvrages 
de  te  savaîU,  qu'une  maladie  lente  cl  dou- 


FEU 

lonrcu^c  n'iMHprchu  poinl  do  poursuivre 
i.liMnmunt  ses  travaux  jusqu'au  Icvinc 
lal,  ou  distiniîuo  les  suivans  ;  |  Tableau 
s-  mœurs  et  de  la  culture  des  Romains 
r\\  alloiuand).  Gothn.  180^.  in-«"  ;  |  Gram- 
maire  itulietme  à  l'usai/e  des  .allemands. 
ib. ,  1804,  S  vol.  i»-*i";  «ne  cdilion  tris 
prtM  ii'use  du  Danle  ,  de  Pctrarquo  et  de 
1  Vi  ioNtf.  avec  des  notes  uxpliralivcs,  his- 
i.Mi<|ii('s  cl  critiqm'S.  en  ilalien  sous  le 
!  1 1  c  de  liaccoUu  d'autori cfassiri  italiani 
1  tO  volumi*s,  ouvrajrc  qu'il  lit  paraître 
-wr  les  ciicfuiragt^nciis  de  la  princesse 
\inclic,duchessede  Weyniar.  dont  il  était 
l>ibliothécairc;  une  Iraduction  allemande 
tk-  M'inkelinann,  Dresde  ,  1809-10  ,  2  vol. 
in-S",  ouvrage  qui  ne  lui  fait  pas  moins 
(ilionneur  que  le  précéUent  ;  la  traduction 
'st.  3à  7(1811-17)  est  due  àMM.Meycrs 
1  Schulz..  On  doit  encore  à  Fernow  une 
''otice  très  intéressante  sur  le  peintre 
irstens,  avec  qui  il  avait  été  lié  intime- 
lut'nt  :  on  en  trouve  la  traduction  dans 
\\i  Magasin  encycl.  (1808,  t.  k,  p.  25). 
Les  Etxuica  romaines  (  ouvrage  imprimé 
à  Zurich  de  1806  à  1811,  5  vol.  in-8°  )  con- 
liennent  aussi  de  lui  plusieurs  sa  vans  trai- 
tés ,  notamment  celui  qui  roule  sur  les 
dialectes  des  Italiens,  et  qui  est  inséré 
dans  le  t.  5  de  cette  collection  :  un  autre 
sur  Canova  a  été  traduit  dans  le  Magasin 
encyclopèdi(]ue  (  1807,  t.  1 .  p.  80  ).  Fernow 
a  laissé  en  manuscrii  une  Entotnologie 
des  langues  romaines,  qu'il  n'a  pas  eu  le 
temps  de  terminer,  etc.  M.  Beotliger  lui 
a  consacré  une  Notice  dont  on  peut  voir 
ta  traduction  dans  le  Magasin  encijcl.  de 
1809,  t.  1,  p.  119-124.  La  bibUolhèque  de 
Kemow,  très  riche  en  littérature  ita- 
lienne, a  été  achetée  par  le  duc  de  Saxe- 
Veymar  ;  elle  a  été  réunie  à  la  bibliothè- 
que ducale. 

FERON  (Jea:v  le),  né  à  Compiègnc, 
avocat  au  parlement  de  Paris ,  pulilia  en 
1555,  le  Catalogue  des  Connétables,  Chan- 
celiers, amiraux ,  Maréchaux  de  France. 
»n-foI.  Cet  ouvrage ,  entièrement  refondu 
par  Denis  Godefroi ,  au  Louvre  ,  1658  ,  a 
fait  ouI)licr  l'édition  de  Feroii,  qui  mou- 
rut âgé  de  60  ans,  sous  le  règne  de  Char- 
les IX.  On  a  encore  de  lui  quelques  au- 
tres écrits,  tant  imprimés  que  manuscrits. 
FERR\CI\0   (  BARTHtLKMi  ),   né  en 
'2  à  Solagna  près  de  Bassano .  montra , 
^    i  plus  tendre  jeunesse ,  ce  que  peut 
'     irc  toute  seule.   Réduit  au  métier 
iir  de  bois,  il  inventa,  au  sortir  de 
1    .if  i'.\rc,  une  scie  ,  qui  par  Je  moyen  du 
'.it,  Lisait  Irèspromptemenl  un  travail 


80  FER 

exact  et  considérable.  Il  imagina  ensuit^» 
de  faire  des  tonneaux  à  vin  sans  cerceaux; 
et  il  en  lit  qui  étaient  plu»  solides  que 
ceux  qui  en  ont.  Ces  succès  agrandirent 
bientôt  la  sphère  do  ses  inventions.  Il 
travailla  sur  le  fer,  et  il  lit  des  horloger 
de  cette  matière  ,  qui ,  quoique  très  sicn- 
ples,  produisaient  beaucoup  d'effets  diffé- 
rens.  Il  inventa  même  une  machine  hy- 
draulique aussi  peu  compliquée  ,  par  le 
moyen  de  laquelle  il  faisait  de  grandes 
roues  dentelées.  Ce  qui  étonna  surtout  les 
mécaniciens,  c'est  la  machine  hydraulique 
faite  pour  le  procurateur  Bellegno.  Celte 
machine  élève  l'eati  à  35  pieds,  mesure  du 
pays  :  c'est  la  vis  d'Archimède.  Enfin, 
c'est  à  ce  célèbre  ingénieur  que  la  ville 
de  Bassan  doit  le  fameux  pont  de  laBrcn- 
ta ,  aussi  admirable  par  la  hardiesse  que 
par  la  solidité  de  sa  construction.  Cet  ha- 
bile homme  est  mort  à  Solagna  en  1777 
M.  Fraiiçois  Memmo  a  publié  la  f'ie  el 
les  inventions  de  ce  mécanicien,  à  Venise  , 
1754,  in-i». 

*  FERRAJUOLI  (Nojïzio,  dit  DEGLI 
AFFITI),  peintre  napolitain,  né  à  Nocera 
près  de  Salerneen  IGGl ,  mort  à  Bologne, 
excellait  dans  le  paysage.  Ses  composi- 
tions se  font  particulièrement  remarquer 
par  la  variété  des  plans ,  la  beauté  des 
sites ,  et  par  l'art  avec  lequel  étaient  ren- 
dus la  dégradation  dans  les  objets  de  la 
nature,  les  lointains,  l'air,  les  feuillages 
battus  des  vents  ,  les  eaux  dans  im  mou- 
vement continuel  :  quelques-uns  de  ses 
ouvrages  ont  été  comparés  à  ceux  de  l'Ai- 
banc ,  de  Salvator  Rosa  et  de  Cl.  Lorrain. 

PERR.WD  {Fulgentius  Ferrandus  ) , 
diacre  de  l'église  de  Carlhage  au  6*=  siècle, 
disciple  de  saint  F'ulgence,  fut  im  des  pre- 
miers qui  se  déclarèrent  contre  la  con- 
damnation des  Trois  Chapitres,  et  particu- 
lièrement contre  celle  de  la  lettre  d' Ibaa- 
On  a  de  lui  une  Collection  abrégée  des  Ca- 
nons ,  une  Exhortation  au  comte  Rcginus 
sur  les  devoirs  d'un  capitaine  chrétien,  et 
quelques  autres  morceaux  que  le  jésuite 
Chifflet  ût  imprimer  à  Dijon  en  1649, 
in-4°. 

FERRAND  (  Jea!»  de  ).  l'oyez  FE- 
RAULT. 

FERRAND  (Jacques),  natif  d'Agen . 
docteur  en  médecine  vers  le  commence- 
ment du  dernier  siècle,  a  laissé  un  Traité 
sur  la  maladie  d'Amour^  in-8°,  Paris, 
162:.. 

FERRAND  (Louis)  ,  né  «à  Tottlon  le  "S 
octobre  1645,  était  avocat  au  parlement 
de  Paris,  où  il  mourut  en  1699; mais  il 
8. 


FER  90 

est  moins  connu  sous  cette  qualité  ,  que 
sous  celle  d'érudit.  Il  avait  une  connais- 
sance assez  étendue  des  langues  et  de  l'an- 
tiquité, mais  celte  connaissance  était  un 
peu  confuse.  Il  accable  son  lecteur  de  cita- 
tions entassées  sans  choix,  il  écrit  en  sa- 
vant qui  n'est  que  savant  et  qui  raisonne 
de  même.  On  a  de  lui  |  un  gros  Commen- 
t/are latin  sur  les  Psaumes^  in-i" ,  1683. 
I  Réflexions  sur  la  Religion  chrétienne, 
•1679,  2  vol.  in-12 ,  qui  offrent  plusieurs 
questions  curieuses  de  chronologie  et 
d'histoire,  et  une  explication  des  prophé- 
ties de  Jacob  et  de  Daniel  sur  le  Messie, 
i  Le  Psautier  latin-français  ,  1686,  in-12. 
I  Quelques  écrits  de  controverse ,  parmi 
lesquels  on  distingua  dans  le  temps  son 
Traité  de  l'Eglise  contre  les  hérétiques^ 
et  principalement  contre  les  calvinistes , 
Paris,  1685,  in-12.  Le  clergé  de  France 
fut  si  content  de  cet  ouvrage  ,  qu'il  aug- 
menta de  deux  cents  livres  la  pension  de 
800 ,   qu'il  lui  avait  accordée  en   1680. 

I  Traité  de  la  connaissance  de  Dieu,  pu- 
blié avec  des  notes  par  un  moine  béné- 
dictin de  Saint-Bertin  en  Artois ,  Paris , 
1706,  in-12;  |  une  Lettre  et  un  Discours 
pour  prouver  le  monachisme  de  saint 
Augustin,  opinion  qui  n'est  pas  adoptée 
par  les  boas  critiques. 

FERRAIND  (Axtoine),  conseiller  à  la 
cour-des-aides  de  Paris  sa  patrie,  mort  en 
1719,  à  41  ans,  faisait  de  petites  chansons 
galantes.  Il  jouta  avec  Rousseau  dans 
i'épigramme  et  le  madrigal.  L'un  et  l'au- 
tre eussent  dû  mépriser  un  genre  où  il  y 
avait  peu  de  gloire  à  acquérir,  et  où  le 
succès  est  presque  toujours  la  mesure  de 
la  honte.  La  plupart  des  chansons  de  Fer- 
rand,  recueillies  in-8",  ont  été  mises  sur 
les  airs  de  clavecin  de  la  composition  de 
Couperin. 

FERRAND  (  Jacques-Philippe  ),  pein- 
tre français ,  lils  d'un  médecin  de  Louis 

XIII,  naquit  à  Joigny  en  Bourgogne,  l'an 
1655.  Il  fut  valet-de-chambre    de  Louis 

XIV,  membre  de  l'académie  de  peinture. 

II  voyagea  dans  une  partie  de  l'Europe , 
et  mourut  à  Paris  en  1732 ,  à  79  ans.  Il 
excellait  dans  la  peinture  en  émail.  On  a 
de  lui  un  Traité  curieux  sur  cette  matière, 
imprimé  à  Paris  en  1752 ,  in-12.  Oa  y 
trouve  aussi  un  petit  Traité  de  miniature. 

*  FERRr\l\D  (  N...  ) ,  médecin  et  voya- 
geur français,  né  vers  1670,  devint  méde- 
cin du  kan  des  Tartares  de  Crimée,  et  ac- 
compagna le  lils  de  ce  prince  dans  une 
expédition  en  Circassie.  Le  mauvais  état 
dc5  cluctiens  de  ce  pays  le  toucha  vive- 


FER 

ment,  et  dans  un  voyage  qu'il  fil  en  1706 
à  Constantinople  ,  il  engagea  les  jésuites, 
qui  étaient  dans  cette  capitale  ,  à  établir 
une  mission  dans  la  Crimée.  Le  père  Du- 
bon  consentit  à  le  suivre  ,  et  fonda  une 
mission  qui  eut  les  plus  grands  succès. 
Ferrand  resta  toujours  à  la  cour  des  kans, 
où  il  jouit  d'un  grand  crédit  jusqu'à  sa 
mort,  arrivée  vers  1720.  Il  a  laissé  : 
I  Réponse  à  quelques  questions  faites  au 
sujet  des  Tartares  Circasses;  \  Voyage 
de  Crimée  en  Circassie  par  le  pays  lies 
Tartares  Nogais  ,  fait  en  l'an  1702.  Ces 
deux  morceaux  ont  été  insérés  dans  le 
tome  10  du  Recueil  des  voyages  au  nord, 
et  dans  le  tome  3  des  Lettres  édifiantes  , 
nouvelle  édition.  Ferrand  se  montre  dans 
ces  deux  ouvrages  judicieux  et  bon  ob- 
servateur. 

*  FERRAND  (M AuiE-Louis),  général 
de  division,  naquit  à  Besançon  le  12  oc- 
tobre 1753.  Après  avoir  fait  de  bonnes 
études,  il  embrassa  le  parti  des  armes,  et 
lit  toutes  les  campagnes  d'Amérique  dans 
le  corps  de  Rochambeau  ,  avec  son  frcro 
qui  était  pharmacien  en  chef.  A  son  re 
tour  en  France ,  il  s'engagea  dans  vm  ré- 
giment de  dragons,  et  devint  secrétaire 
de  son  colonel.  En  1792  il  était  chef  d'esca- 
dron. Arrêté  sous  le  régime  de  la  terreur, 
il  fut  jeté  en  prison,  et  n'en  sortit  qu'a- 
près le  9  thermidor.  Il  eut  alors  un  avan- 
cement rapide.  Il  servit  en  qualité  de  gé- 
néral de  brigade  dans  les  armées  de  l'Ouest , 
des  Ardennes  et  de  Sambre- et -Meuse. 
Après  la  paix  d'Amiens,  il  fut  nommé  gou- 
verneur de  Valenciennes,  et  quelque  temps 
après  commandant  du  département  du 
Pas-de-Calais.  Lorsque  le  gouvernement 
voulut  se  mettre  en  possession  de  Saint- 
Domingue  ,  dont  la  partie  espagnole  ve- 
nait d'être  cédée  à  la  France  par  le  traité 
des  Pyrénées,  Ferrand  fut  désigné  pour 
faire  partie  de  l'expédition.  Après  la  mort 
du  général  Leclerc ,  qui  avait  soumis  l'ile 
entière  en  quatre  mois,  une  iiisurrectiou 
des  Nègres  ayant  éclaté  sur  tous  les  points, 
le  général  Ferrand  songea  à  mettre  la  par- 
tie française  à  l'abri  des  révoltés;  mais  l'oc- 
cupation du  Cap  par  Dessaline  le  força 
de  se  replier  sur  Santo-Domingo  :  le  gou- 
vernement lui  en  fut  déféré.  Et  lorsqu'en 
1805  Dessaline  s'avança  à  la  tête  de  vingt- 
deuxmille  nègres,  il  lit  avec  le  secours  des 
habitans  une  vigoureuse  défense.  Sur  ces 
entrefaites,  les  secours  qu'il  avait  deman- 
dés à  l'amiral  Missiessi  étant  arrivés,  Des- 
salines fut  battu  sur  tous  les  points,  et 
forcé  de  lever  le  siège.  Dès  ce  moment  la 


FER 

partie  orientale  jouit  iluiic  tranquillité 
parfaite  jusqu'au  inotuiMit  où  l'on  rc\'ul 
en  Anu-riquc  la  nouvelle  de  l'invasion  de 
l'Kspngne  par  les  Franvais  (  1808  )•  Legou- 
▼crneiir  de  Porlo-Uioo  en  instruisit  Fer- 
rand  par  une  déclaration  de  guerre,  tan- 
dis que  la  plus  grande  partie  des  colons 
n>nMncnçail  à  regarder  les  Français  de 
mauvais  œil .  malgré  les  bienfaits  dont 
Ferrand  les  avait  comblés.  Une  révolte 
éclata  à  Barahoude  dans  les  premiers  jours 
d'octobre.  Ferrand  sortit  de  Santo-Domin- 
go  pour  allf'r  étouffer  l'insurrection  ,  et 
joignit  les  rebelles  le  7  novembre  à  Palo- 
lliuiado.  Quoiqu'il  n'eût  que  cinq  cents 
hommes,  et  que  les  ennemis  fussent  quatre 
fois  aussi  nombreux,  il  les  attaqua  avec 
vigueur.  Le  combat  fut  long  et  opiniâtre; 
mais  enlin  1^6  Français  succombèrent  sous 
le  nombre,  et  Ferrand,  après  des  prodiges 
de  valeur,  s'ota  la  vie  d  un  coup  de  pisto- 
let, pour  ne  pas  tomber  au  pouvoii  des 
vainqueurs  (7  novembre  1808).  On  trouve 
des  détails  sur  ce  général  et  ses  opérations 
administratives  dans  un  ou\  rage  intitulé  : 
Précis  historique  des  événemens  de  la 
partie  de  l'est  de  Saint-Domingue  ^  par 
M.  Gilbert  Guillemin  ,  Paris,  1811,  in-8". 
FERRAND  DE  MOM'IItLON,  ancien 
professeur  de  l'académie  de  St. -Luc  à 
Paris ,  ensuite  professeur  de  dessin  à 
Reims ,  né  à  Paris  ,  et  mort  dans  celte 
ville  en  1754,  eut  beaucoup  de  mérite  en 
son  genre.  On  a  de  lui  un  Mémoire  sur 
rétablissement  de  l'Ecole  des  ^irts. 

•  FERR.WD  DE  LA  CAUSSADE 
(  Jeax-Hexri  bec  ATS),  général  français, 
né  le  16  septembre  1736,  à  Mont-Flanquin 
en  .Vgenois  ,  dune  famille  noble  ,  obtint 
en  1746  une  lieulenaucc  au  régiment  de 
Normandie  infanterie,  et  fit  les  campa- 
gnes de  1747  et  1748.  Blessé  grièvement 
au  combat  de  Clostercamp  pendant  la 
guerre  de  7  ans,  il  fut  élevé  au  grade  de 
capitaine  en  1756.  décoré  de  la  croix  de 
Saint-Louis  en  1767- .  et  fait  major  de  Va- 
lenciennesen  1761.  Lorsque  la  révolution 
cdata ,  il  en  adopta  les  principes ,  et  fut 
nommé  command:iiUdc  la  (jarde  nationale 
de  cette  ville,  où  il  eul  le  bonheur  de  main- 
tenir le  bon  ordre.  Nomme  maréchal-dc- 
cainp  en  17l»2,  il  partit  pour  l'armée  du 
Nord,  et  contribua  beaucoup  au  gain  de  la 
balaillc  de  Jemmapes.  En  17'J5,  il  fut  fait 
fT,n,,  ,1  (Je  brigade,  et  quelques  jours 
, 'lierai  de  division.  11  se  distingua 
'■  Valtncien  »cs,  qu'il  défendit,  pen- 
i!  pri  sdc  troLs  mois,  contre  l'armée  coa- 
--■e,  forte  de  150,000  hommes,  quoiqu'il 


91  FER 

neùl  avec  lui  que  9,.'400  liommeA  de  toutes 
armes,  et  ne  capitula  qu'après  avoir  re- 
poussé plusieurs  assauts,  et  ayant  trois  brè- 
ches praticables  depuis  8  jours  au  corps 
de  la  place.  (îelte  déftMise,  qui  passe  pour 
un  des  beaux  faits  d'armes  de  la  révolu- 
tion ,  ne  l'empêcha  pas  d'être  incarcéré 
pendant  9  mois ,  et  il  ne  recouvra  sa  li- 
berté qu'à  la  chute  de  Robespierre.  Le  dé- 
labretnenl  de  sa  santé  l'obligea  de  deman- 
der sa  retraite.  En  1802,  il  fut  nommé 
préfet  de  la  Meuse-Inférieure,  et  fut  rap- 
pelé en  1804  pour  remplir  d'autres  fonc- 
tions. Il  est  mort  à  la  Planchette,  près 
Paris  ,  le  28  novembre  1805,  après  avoir 
publié  im  précis  de  la  défense  de  Valen- 
ciennes,  Paris,  1805,  in-8". 

•  FERRAND  (  Axtoine-Fraivç.-Clacdk, 
comte),  pair  de  France,  membre  de  l'aca- 
démie française,  etc.,  né  à  Paris  le  4  juillet 
1751,  d'une  famille  qui  s'était  distinguée 
dans  la  carrière  des  armes  et  dans  celle  du 
barreau  entra  au  parlement,  à  18  ans,  au 
moyen  d'une  dispense  d'âge  et  y  fut  reçu 
conseiller  le  29  juillet  1769.  Ayant  partagé 
la  résistance  de  cette  assemblée  aux  me- 
sures du  chancelier  Maupeou ,  il  partagea 
aussi  son  exil ,  et  c'est  à  cette  époque  qu'il 
débuta  dans  la  carrière  littéraire  par 
quelques  ouvrages  de  poésie  et  des  com- 
positions dramatiques.  Louis  XVI  ayant 
présenté  au  parlement ,  à  la  fin  de  1787  , 
un  édit  qui  ordonnait  la  création  d'em- 
prunts graduels  et  successifs  pendant 
cinq  années  ,  Ferrand  fut  du  nombre  des 
membres  du  parlement  qui  tentèrent  de 
détourner  le  roi  de  cette  résolution.  Fer- 
rand combattit  également  le  projet  de 
convocation  des  états -généraux;  il  fut 
nommé  néanmoins  membre  de  la  com- 
mission chargée  de  préparer  les  remon- 
trances où  ils  devaient  être  demandés  ,  et 
au  nom  de  laquelle  il  dut  porter  la  parole 
au  monarque  .  Toutefois  il  publia  un  écrit 
dans  lequel,  s'exprimant  d'après  sa  convic- 
tion personnelle,  il  proposait  de  réformer 
l'organisation  du  gouvernement,  mais 
en  soumettant  cette  organisation  à  la  dis- 
position de  l'autorité  suprême  Emigré  en 
1789,  il  s'attaclia  au  prince  de  Condé  qui 
l'admit  dans  son  conseil ,  et  il  fut  nommé, 
à  l'époque  de  la  mort  de  Louis  XVI, 
membre  du  conseil  de  régence.  En  1795  , 
il  rencontra  à  Ratisbonne  madame  do 
liombelles,  qui  lui  donna  des  notes  sur 
madame  Eliz-abeth  de  France  dont  il  écri- 
vit l'éloge.  Rentré  en  France  en  1800,  il 
s'occupa  exclusivement  de  belles-lettres, 
et  ne  tarda  pas  à  publier  VL'sprit  de  l'hi> 


FER  î 

toire  .  ou  Lettres  politiques  et  morales  ^ 
etc. ,  qui  fut  reçu  avec  faveur ,  surtout 
par  l'université  qui  le  donna  en  prix  dans 
ses  établissemens.  La  censure  trouva  ce- 
pendant une  allusion  séditieuse  dans  le 
discours  adressé  par  Viomandus  à  Chil- 
déric,  légitime  roi  des  Français,  qu'il  ré- 
tablit sur  le  trône.  L'empereur  de  Russie 
envoya  à  l'auteur  une  lettre  flatteuse  avec 
une  bague  d'une  valeur  considérable. 
Ferrand ,  ayant  été  chargé  par  le  libraire 
Desenne  d'achever  \ Histoire  de  l'anar- 
chie de  Pologne  de  Rhulières  ,  dont  ce  li- 
braire possédait  le  manuscrit,  s'en  occupa 
long-temps ,  et  ne  put  ensuite  faire  pa- 
raître son  travail ,  à  cause  des  obstacles 
que  la  police  mit  à  cette  publication.  Le 
manuscrit  fui  enlevé  au  libraire  et  remis 
à  M.  Daunou,  qui  en  devint  l'éditeur.  En 
1812,  le  bruit  se  répandit,  mais  sans  au- 
cun fondement ,  que  Ferrand  avait  trem- 
pé dans  la  conspiration  Mallet.  On  ne 
pouvait  considérer  comme  conspirateur 
un  homme  qui  en  1800 ,  s'exprimait  ainsi 
au  ministre  Benézé  qui  lui  témoignait 
quelque  inquiétude  sur  sa  présence  en 
France  :  «  Je  vais  me  mettre  bien  à  dé- 
»  couvert  devant  vous  ;  toutes  les  fois  que 
»  l'on  vous  dira  que  je  suis  entré  dans  une 
»  conspiration,  affirmez  que  cela  est  faux, 

•  et  vous  aurei  raison.  Mais  quand  vous 

•  «aurez  qu'un  prince  français  a  mis  le 
«pied  en  France^  soyez  sur  que  je  ferai 
»  l'impossible  pour  l'aller  joindre.  »  Lors 
de  la  chute  de  l'empire,  il  continua  de 
marcher  dans  la  ligne  qu'il  s'était  tracée 
depuis  long-temps.  «  Le  31  mars  1814 , 
»  après  l'entrée  de  l'empereur  Alexandre 
»  dans  Paris  ,  »  disait  le  marquis  de  Qer- 
mont-Tonnerre  ,  dans  l'éloge  de  Ferrand 
qu'il  prononça  à  la  chambre  des  pairs  , 
le  13  juin  1823,  «  et  lorsque  déjà  l'opinion 
»  royaliste  avait  fait  explosion  au  dehors, 
»  un  grand  nombre  de  personnes  se  réu- 
»  Dirent  chez  M.  Lepelletier  de  Morfon- 
»  taine ,  dans  l'intention  de  seconder  la 

•  restauration  de  l'ancienne  dynastie. 
»  Ferrand  y  parla  des  Bourbons  ,  et ,  d'a- 
»  près  la  connaissance  qu'il  avait  du  plan 
»  de  la  restauration  ,  il  proposa  d'avoir 
»  recours  au  sénat  pour  les  rappeler.  Les 
»  cris  multipliés  de  point  de  sénat  l'inter- 
»  rompirent ,  et  le  vœu  presque  unanime 
»  de  la  réunion  fut  de  s'adresser  directe- 
»  meut  à  l'empereur  Alexandre.  »  Fer- 
rand alla  trouver  avec  MM.  de  Chateau- 
briand et  Soshène  de  Larochefoucauld  le 
(omte  de  Nesscl  rode  qui  les  reçut  pour  son 
iouverain,  et  ce  fut  lui  qui  lui  adressa  la 


2  FER 

parole.  Le  13  mai  1814 ,  il  reçut  la  direc- 
tion générale  des  postes  avec  le  titre  de 
ministre  d'état  ;  il  fit  partie  de  la  commis- 
sion chargée  de  rédiger  le  projet  de  charte 
octroyée  par  Louis  XVIII .  et  prit  une 
part  plus  ou  moins  active  à  diverses  autres 
mesures,  notamment  au  projet  de  loi  sur 
la  demande  en  restitution  des  biens  non 
vendus  des  émigrés.  Ferrand  fut  appelé, 
après  la  mort  de  M.  Malouet,  à  remplir , 
par  intcriiiî,  les  fonctions  de  ministre  de 
la  marine  ,  et  rédigea  à  cette  époque  un 
projet  de  loi  sur  l'abolition  de  la  traita 
des  noirs  Le  20  mars  1813  ,  il  était  encore 
directeur-général  des  postes  ,  lorsqu'il  du» 
céder  la  place  au  comte  de  Lavalelte.  Ce 
dernier,  après  plusieurs  refus,  lui  accorda 
un  sauf-conduit  qui  devint  plus  tard  une 
pièce  à  charge  contre  lui ,  et  Ferrand  se 
rendit  dans  la  Vendée ,  puis  à  Orléans. 
Après  la  seconde  restauration ,  il  reprit 
son  emploi,  et  fut  nommé  pair  de  France, 
membre  du  conseil  privé ,  grand-ofiicier 
et  secrétaire  des  ordres  de  Saint-Michel 
et  du  Saint-Esprit,  et  membre  de  l'aca- 
démie française  (  1816  ).  Il  assista  depuis 
régulièrement  à  la  chambre  des  pairs ,  où 
il  a  toujours  voté  pour  les  projets  du 
gouvernement.  Ferrand  est  mort  à  Paris, 
le  17  janvier  1825 ,  âgé  de  72  ans  ;  Casi- 
mir Delavigne  lui  a  succédé  à  l'académie 
française.  On  a  de  Ferrand  les  ouvrages 
suivans:  |  Accord  des  principes  et  des  lois 
sur  les  évocations,  commissio?is  et  cassa- 
tions^ Paris,  1786  ,  un  vol.  in-12  ,  et  1789, 
avec  notes  et  additions.  A  l'époque  où 
Ferrand  publia  cet  ouvrage  ,  son  libraiic 
mit  aussi  en  vente  un  poème  erotique , 
sans  nom  d'auteur,  par  un  vieux  prési- 
dent. En  arrivant  au  parlement,  celui-ri 
aperçut  Ferrand;  «  monsieur,  lui  dit-ii , 
»  je  viens  de  lire  votre  ouvrage  chez  notre 
l' libraire.  Il  m'a  fait  rougir.  Le  public  et 
»  mes  confrères  penseront  qu'il  est  l'œuvre 
»  dun  magistrat  à  cheveux  blancs,  que 
»  celui  que  je  viens  de  publier  est  celui 
»  d'un  jeune  conseiller  ,  et  que  le  libraire 
»  les  a  trompés.  Mais  je  m'empresse  de 
»  proclamer  la  vérité ,  et  de  prier  ces  mes- 
»  sieurs  de  m'aider  à  faire  connaître  le 
»  véritable  auteur  de  l'excellent  ouvrage 
»  que  vient  de  nous  donner  le  jeune  ma- 
»  gistrat  qui  est  déjà  une  des  lumières  du 
»  parlement ,  et  l'un  des  plus  fermes  ap- 
»  puis  du  trône.  »  |  Essai d\in  bon  citoyen, 
Paris ,  1789,  in-8°  ;  |  Nullité  et  despotisme 
de  rassemblée  prétendue  nationale  j.  Pa- 
ris, 1789;  I  Les  conspirateurs  démasqués 
par  l'auteur  de  KuUité  et  despotisme. 


FER 


93 


FER 


lin,  17aO.  m-«";  |  Etat  actiuil  fit!  la 
.ntce ,  Paris,  1790.  in  H";  |  Les  Fran- 
-  à  Vassfinhlrr  nnfiofinir  on  Rfftanse 

■■         .lie 

■  m 

^ ,  ,   ., :  , ..,         nix 

ttals-grncraux  ou  }tancge ,  vulgairement 
«;)/>f /<?  Assfinblfc  italtonulc,  fovrier  17'J0; 
I  Douze  lettres  d'un  eommerçant  à  un 
cultii.'ateur  sur  les  affaires  du  temps  . 
l'aiis,  1790  ;  |  Le  dernier  coup  de  la 
ligue,  octobre  ,  1790  ;  |  Réponse  au  Posl- 
scripluin  de  M.  iMlly  -  Tollendal  à  M. 
Burke.  1791,  ou  1793;  |  Le  rétablisse- 
tnent  de  la  monarchie  française  .  Nice, 
«cplembre  1793,  iii-8°;  deuxième  édition  , 
Lit-ge,  1794,  in-8";  |  Lettres  dun  ministre 
d'une  cour  étrangère  sur  l'état  actuel  de 
la  France,  1793;  |  Considérations  sur  la 
révolution  sociale ,  I^ndres  et  Ncuchâlel , 
1794,  in-S"  ;  (  l'Esprit  de  l'histoire,  ou 
Lettres  politiques  et  morales  d'un  père  à 
son  fils  sur  la  manière  d'étuilier  l'histoire 
en  général  et  particulièrement  celle  de 
France,  1802,  4  volumes  iu-4'>  ;  6'  édi- 
tion ,  précédée  d'une  Notice  biographique 
par  M.  Héricart  de  Thury,  neveu  de  l'au- 
leur,  Paris,  1826,  4  vol.  in-8°,  et  5  vol. 
in-12  (  voyez  ci-dessus  )  ;  |  £loge  histo- 
tique  de  madame  Llizabeth  de  France , 
suivi  de  plusieurs  lettres  de  cette  prin- 
cesse, Paris,  1814,  in-S*",  nouvelle  édi- 
tion; I  Œuvres  dramatiques  de  J/. .-/.  F.. 
Paris,  1817,  un  volume  in-8",  contenant 
le  Siège  de  Rhodes,  tragédie  en  cinq 
actes  de  1784;  —  Zoaré .  tragédie  en  5 
actes,  de  1779,  reçue  en  1786  au  Théâtre 
français;  —  Philoctète .  tragédie  en  trois 
actes,  de  1780,  déjà  imprimée  à  Paris, 
1786,  in-8°;  —  >i///>rrf,  tragédie  en  cinq 
actes  ,  de  1785;  |  Théorie  des  révolutions, 
rapprochée  des  principaux  événemens 
qui  en  ont  été  l'origine .  le  développement 
vu  la  suite .  avec  une  table  générale  ei 
iimilytique,  Paris,  1817,  4  vol.  in-8"; 
I  I/isloire  des  trois  démetnfjremens  de  la 
l'ologne.  pour  faire  suite  à  THistoire  de 
l'anarcliie  de  Pologne  ,  par  Rliulières  , 
Paris.  1820,  3  vol.  in-8";  |  Fues  d'un 
pair  de  France  sur  la  session  de  1821  , 
l*aris,  1821,  in-8";  [  Réflexions  sur  le 
Tintnuveltemcnt  intégrât  de  la  clutmbre 
députés.  Paris,  1823,  in-8°.  |  Enfin 
'opinions  et  des  Rapports .  imprimés 
,  ■■:  iirdrc  de  la  chambre  des  pairs,  de- 
vant laïuello  l'orateur  h's  avait  j)n)îi()nrés. 
FEnn  ARK.  Vo'i.  KÉNKE  DE  FRArs'CK, 
rt  ALKONSEdKST. 

Ftnn  \r,i  ;  Kariuélemi^  ,  Fcnarius, 


gentilhomme  milanais,  né  en  1497,  Insti- 
tua en  1533,  de  concert  avec  Antoine- 
Maric-Zacliarie  et  Jacques-Antoine  Mori- 
zia,  l'ordre  des  Barnabiles,  si  utiles  de- 
puis à  rilalic  et  a  l'Allemagne.  Il  mourut 
supérieur  de  celte  congrégation  en  1544, 
avec  une  grande  réputation  de  vertu. 

•  FEllIl  \UI  (  AivnnÉ  ) ,  peintre  génois, 
mort  en  1559.  il  était  également  habile 
pour  le  paysage,  les  fruits ,  les  fleurs,  les 
animaux,  et  pour  les  sujets  historiques.  Il 
y  a  eu  plusieurs  autres  peintres  de  ce 
nom. 

FERRVRI  (Fra\çois-Berxardi!w),  prê- 
tre de  la  congrégation  des  Oblals,  docteur 
de  Milan  sa  patrie,  naquit  en  1577,  et  mou- 
rut en  1669,  à  92  ans.  Il  parcourut,  par 
ordre  du  cardinal  Frédéric  Rorromce, 
archevêque  de  cette  \'\\e,  l'Espagne  et  l'I- 
talie, pour  recueillir  des  livres  et  des  ma- 
nuscrits. Il  fit  une  riche  moisson,  et  dès 
lors  la  Bibliothèque  ambrosienne  eut  un 
nom  dans  l'Europe  littéraire.  On  lui  doit 
plusieurs  ouvrages ,  pleins  d'érudition  et 
de  recherches  curieuses.  Il  écrit  nette- 
ment et  méthodiquement.  Les  principaux 
sont  :  I  De  ritu  sacrarum  coticionum. 
Milan,  1620,  in-4".  Jean-Georges  Graevius 
a  redonné  au  public  ce  savant  ouvrage 
sur  les  anciennes  coutumes  de  l'Eglise  à 
l'égard  des  prédications  ;  Utrecht ,  4692  , 
in-4".  Quelques  bibliographes  ont  dit  que 
le  succès  de  ce  livre  excita  la  jalousie  du 
cardinal,  et  qu'il  fit  tout  ce  qu'il  put  pour 
le  faire  supprimer  ,  parce  qu'il  vit  que 
son  traité  De  concionante  Episcopo,  qu'il 
mit  au  jour  dans  le  même  temps ,  était 
éclipsé  par  celui  de.  Ferrari  ;  mais  cette 
anecdote,  déjà  réfutée  par  le  caractère  du 
sage  et  vertueux  prélat ,  l'est  encore  par 
les  faits  et  les  dates.  Le  livre  de  l'arche- 
vêque ne  vit  le  jour  qu'en  1632  ,  après  sa 
mort ,  et  12  ans  après  la  publication  de 
celui  de  Ferrari,  iujprimé  en  1620,  in-4". 
Cet  ouvrage  était  un  des  plus  rares  ani- 
brosiens,  avant  qu'on  le  réiniprimàt.  L'é- 
dition originale  de  1620  est  la  plus  recher- 
chée. I  Des  applaudissemens  et  des  accla- 
mations  des  ^/vjciWjs;  en  latin,  ouvrage 
divisé  en  sept  livres,  et  imprime  à  Milan 
en  1627, in-4";  |un  Traité  des  funéraillei 
des  chrétiens. 

FERRARI  (Je\w-B\ptiste),  jésuite 
de  Sienne,  né  en  1580,  mort  en  1655, 
donna  au  public,  en  1622,  un  Dictionnaire 
syriaque  .  in-4°,  sous  le  titre  de  yomen- 
clator  Syhanus.  très  utile  à  ceux  qui  s'ap- 
pliquent au\  langues  orientales.  L'auteur 
SCSI  principalement  attaché  à  expliquez 


les  mots  syriaques  de  la  Bible  :  travail 
dans  lequel  il  fut  aidé  par  de  savans  Ma- 
ronites. On  a  encore  de  lui  :  De  malorum 
mireomm  cultura  ^  Rome ,  16i6,  in-fol.  ; 
et  De  florum  cultura^  Rome,  1G55,  in-4°  ; 
et  en  italien,  Rome,  1658 ,  in-i". 

FERRARI  (Octavien),  milanois,  né 
en  1518,  professa  la  philosophie  à  Padoue, 
et  mourut  dans  sa  patrie  en  1S86 ,  estimé 
pour  sa  vertu  et  sa  vaste  littérature.  On 
lui  doit  :  I  Clavis  philosophiœ  Arislote- 
liciz,  1606,  in-8°;  |  un  savant  traité  de 
\ Origine  des  Romains,  en  latin,  Mi- 
lan ,  1607,  in-8°.  Graevius  l'a  inséré  dans 
le  l**"  vol.  de  ses  Antiquités  Romaines, 
<»t  y  a  ajouté  les  corrections  nécessaires. 
te  style  de  Ferrari  est  pur  et  assez  élé- 
{jaiit. 

FERRiVRI  (Octave),  naquit  à  Milan 
comme  le  précédent ,  en  1607  ,  et  ne  fut 
pas  moins  estimé.  Il  fut  professeur  d'élo- 
quence au  collège  ambrosien ,  et  liislo- 
riographede  la  ville  de  Milan.  Louis  XIV, 
la  Teine  Christine  ,  la  ville  de  Milan,  lui 
lirent  des  présens  et  des  pensions.  Il  les 
méritait  par  son  savoir  ;  il  possédait  l'an- 
tiquité. On  a  de  lui  plusieurs  ouvrages 
savans  et  curieux  :  |  Sur  les  J^êlemens  des 
Anciens,  et  les  Lampes  sépulcrales ,  en 
latîti ,  in-i",  Padoue,  1683  {voyez  LI- 
CET!)  ;  I  De  Mimis  et  Pantomimis,  1714, 
in-S";  I  Origines  linguœ  italicœ ,  in-fol  , 
1676;  livre  plein  d'érudition,  mais  dans 
leqtiel  il  exalte  trop  la  langue  italienne. 
\  Opuscula,  Hermstadt,  1710,  in-8°.  Ce 
savant  mourut  en  1682 ,  à  74  ans.  C'était 
«n  homme  d'une  humeur  douce,  sincère, 
affable ,  ami  de  la  paix  :  aussi  l'appelait- 
on  le  Pacificateur  et  le  Conciliateur.  Son 
style  est  élégant  et  châtié ,  mais  sans  af- 
fectation; il  sait  prendre  le  ton  de  son 
snjet,  à  quelques  endroits  près,  où  il 
imite  xm  peu  trop  le  ton  des  poètes. 

FERRARI  (Philippe),  religieux servitc, 
mort  en  1626,  est  connu  par  une  Ttjpo- 
graphie  du  Bréviaire  romain,  et  par  un 
Dictionnaire  géographique ,  que  l'abbé 
lîaudrand  fit  réimprimer  en  1G82,  aug- 
menté de  moitié.  Il  ne  corrigea  point  les 
inexactitudes  de  Ferrari,  et  il  en  ajouta 
de  nouvelles,  suivant  l'usage  de  ces  com- 
pilateurs ignorans,  qui  joignent  leurs 
rapsodies  aux  ouvrages  des  autres. 

FERRARI  (Gti),  élégant  et  éloquent 
écrivain  du  18*^  siècle ,  né  à  Novare  en 
t717,  et  mort  en  1791 ,  s'est  fait  un  nom 
distingué  par  plusieurs  ouvrages  latins , 
dignes  du  siècle  d'Auguste.  Il  se  Ut  d'a- 
bord connaître  par  son  abrégé  d'histoire 


4  FER 

De  Vifa  quinque  imperatorum ,  ou  Mé- 
înoires  de  la  vie  de  cinq  généraux  autri- 
chiens qui  se  sont  distingués  dans  la  der- 
nière guerre  avec  la  Prusse ,  Vienne, 
1773,  in-8°.  Ceux  que  la  frivolité  du  siè- 
cle n'a  pas  conduits  jusqu'au  mépris  des 
langues  anciennes,  ne  peuvent  que  lire 
avec  plaisir  cet  ouvrage.  On  y  trouve, 
outre  le  mérite  historique  ,  un  genre  de 
narration  qui  unit  la  précision  avec  la 
majesté  et  la  richesse  du  langage  romain. 
Les  cinq  généraux,  dont  l'auteur  rapporte 
les  exploits,  sont  MM.  Brown ,  Daun  ,  Na- 
dasti,  Serbelloni  et  Laudon.  Son  style  en 
général  ressemble  beaucoup  à  Cornélius 
Népos  ;  mais  lorsqu'il  entre  dans  quelques 
détails  sur  les  opérations  militaires  et  les 
révolutions  de  la  guerre,  il  est  moins  alors 
celui  de  Cornélius  Nepos,  que  celui  de 
Jules-César;  et  c'est  effectivement  là  le 
modèle  des  historiens  de  la  guerre.  L'a- 
brégé de  la  Vie  des  héros  guerriers  est 
suivi ,  dans  l'édition  donnée  à  Lugano ,  en 

1777,  sous  le  titre  de  Opusculorum  col- 
lectio,  de  celle  de  trois  hommes  célèbres 
dans  la  liitérature  d'Italie  :  Jules-César 
Brusato,  Thomas  Ceva ,  et  Antoine  Lec- 
chi.Viennent  ensuite  sept  Oraisons  latines, 
entre  lesquelles  on  distingue  celle  de  op- 
timo  patre-familias  ;  il  y  a  des  observa- 
lions  qui  renferment  plus  de  sagesse  et 
d'vtilité  sur  l'éducation  des  enfans  ,  qu'on 
n'en  voit  dans  dix  traités  sur  cette  ma- 
tière ,  laquelle  a  été  tant  agitée  dans  ces 
dernières  années,  et  dont  on  ne  cesse  en- 
core d'occuper  le  public.  Le  style  de  Fer- 
rari s'élève  avec  les  choses,  et  prend  un 
nouvel  essor  quand  il  est  employé  à  célé- 
brer de  grands  événemens.  Alors  sa  prose 
devient  nombreuse ,  ses  périodes  s'en- 
chaînent, sa  marche  est  plus  grave  et  plus 
imposante.  C'est  ce  qu'on  lemarque  dans 
le  début  de  l'oraison  ,  où  il  célèbre  la  fa- 
meuse victoire  de  Kolin.  11  y  a  encoiv 
dans  ce  Recueil,  des  plaidoyers  sur  diffé- 
rens  sujets  plus  ou  moins  intéressans  ;  et 
c'est  dans  ceux  qui  le  sont  moins  ,  et  qui 
semblent  ne  pas  se  prêter  à  la  richesse  et 
aux  ornemens  de  l'éloquence ,  (fue  l'art  et 
les  ressources  de  l'auteur  paraissent  plus 
à  découvert.  L'on  ne  peut  cependant  dis- 
convenir que  quelques-unes  de  ces  pièces 
ont  peu  de  développement ,  peu  de  force, 
et  quelquefois  un  peu  de  sécheresse  II  y 
a  aussi  des  faits  qui  ne  sont  pas  rapportés 
avec  assez  dexaclitude,  et  des  narrations 
où  l'on  croit  entrevoir  des  anachronismes. 
Ployez  le  Journ.  hist.  et  littér.  i"  février 

1778,  p.  168. 


FER  0 

•  î  i:ivnAHI  (  Jean-Biptisfe .  lubbé ) . 

Iresto,  près  d'EsIc ,  le  21  juin  173^, 
Mirl  i  Patlouc  on  i80G,  après  avoir  élc 
rt  des  étiulcs  du  st-nuimirc  de  celle 
,  csl  auUiir  de   difù  ions  ouvrages 
lis  en  lalin  cl  «jui  Irailciit  pour  la  plu- 
pari  des  mal  ici  es  religieuses.  On  lui  doil 
«ussi  quelques  Opuscules  poétiques  qui 
oiU  du  inérile ,  mais  qui  sonl  rcsUs  ma- 
nuscrits :  ce  sonl  dos  Dialogues,  des  Odes. 
«les  Klcgies  el  des  Lpigranwics.  Ses  meil- 
rs  productions  sonl  :   |  LauJalio  in 
rc  démentis  XIII,  in-4°,   Padoue , 
17(.'.»  ;  I  Vita  Egidii  Forcellini.  ibid.,  1792, 
in-4°;  |  f'ilœ  illustrium  virorum  semina- 
rii  Patavinensis,  ibid.,  1799 .  in-b"  ;  |  f'ita 
Jacobi  Facciolali.    ibid.    1799,    in -8"; 
yiia  PU  FI,  cum  appendice,  ibid.  1802, 
in-4°. 

•  FERRARI  (  Pierre  ),  arcbileclc  de  la 
chambre  apostolique,  né  à  Spolèle  en 
1753,  morl  à  Naplcs  en  1823,  se  distingua 
de  bonne  heure  par  une  profonde  con- 
naissance de  son  art.  Ses  lalens  furent 
apprécies  par  l'adsninislralion  française 
qui  les  mit  à  prolit  pour  le  bien  de  l'I- 
talie, en  le  chargeant  de  plusieurs  travaux 
importans,  en  qualité  d'ingénieur  en  chef 
dans  le  département  du  Trasimène.  Il 
s'occu{)a  surtout  de  concert  avec  le  che- 
valier Fontana,du  projet  de  canal  de  jonc- 
lion  de  la  mer  Adriatique  à  la  mer  Médi- 
terranée. Ce  ne  fut  qu'en  1825,  qu'il  ht 
{)art  au  pubhc  de  ses  méditations  sur  cet 
important  travail,  dans  un  livre  intitulé  : 
de  l'Ouverture  d'ufi  canal  navigable  qui, 
de  la  mer  Adriatique  en  traversant  l'I- 
talie, déboucherait  par  deux  endroits 
dans  la  mer  Méditerranée.  Ferrari  a 
donné  aussi  des  plans  pour  le  desséche- 

'    ment  des  lacs  de  Trasimène  et  de  Fucino. 
FERR.VRI.  roijez  GIOLITO  DE  FER- 
j    RARI  (Gabriel). 
[        FERRARI.  Voyez  GALATEO. 

FERRAR1£.\S1S.  Foyez  SILVESTRE 
(Fra?sçois  ). 
'  FERR  ARIIS  (  Jean-Pierre  de  ) ,  célè- 
bre docteur  en  droit ,  natif  de  Pavie  au 
li'  siècle,  composa,  dans  un  âge  très 
avancé,  une  Pratique  de  Droit,  1544, 
in-8°,  peu  connue  aujourd'hui. 

•  FERRARIM  (  Micuel-Fabrice  j,  an- 

"'—  ■  .1  du  couvent  de  l'ordre  des 

1.  sa  pairie,  morl  dans  cette 

,  visita  les  principales  villes 

d'ilahc,  et  recueillit  des  Inscriptions  qui 

forment  un  vol.  in-4",  dont  la  bibliothè- 

'     que  royale  possède  un  bel  exemplaire. 

Cc$l  à  lui  qu'est  due  la  première  édition 


:>  FEtt 

de  l'ouvrage  do  Vulerius  Probus  ;  Sùjni- 
(icatio  littcrarum  antiquarum. 

'  FLRRAUl.M  (Joskpii-Marie  FÉLIX  , 
dominicain  inilanuis,  commissaire  du 
saint  OfUco  ,  né  en  U170  ,  mort  en  1744  .  n 
laissé  :  |  Ragguaglio  istorico  delta  vita 
di  santo  Fincenzio  Ferreri,  Milan  ,  175*, 
in-4", 

•  FI:RRAR1S  (Joseph,  comte  de  ) ,  né 
à  Lunéville  le  20  avril  172G,  d'une  famille 
noble  du  Piémont  établie  en  Lorraine 
depuis  plus  d'un  siècle ,  entra  vn  qualité 
de  page  à  Vienne,  en  1755,  chci  l'iuipé* 
ratricc  Amélie,  veuve  de  l'empereur 
Joseph  I"".  Lors  de  la  guerre  qui  eut 
lieu  après  la  mort  de  l'empereur  Charles 
VI,  le  comte  de  Ferraris,  qui  sortait  à 
peine  do  l'enfance ,  sollicita  l'honneur 
de  débuter  dans  la  carrière  militaire, 
et  il  obtint  un  drapeau  dans  le  régiment 
de  Grune  (  1741  ).  Blessé  à  la  bataille  de 
CjLasIau  le  17  mai  1742 ,  après  avoir  fail 
des  prodiges  de  valeur,  il  eut  une  lieu- 
tenance,  et,  avant  la  fin  de  la  cam- 
pagne ,  une  compagnie  d'infanterie.  La 
paix  dont  jouit  l'Autriche  pendant  quel- 
ques années,  retarda  son  avancement; 
mais  la  guerre  de  7  ans  lui  fournit  de  nou- 
veau l'occasion  de  signaler  son  courage. 
Le  14  octobre  1758,  àla  bataille  de  HochJtir- 
chon  ,  il  s'empara  d'une  batterie  de  36 
pièces  de  canon,  à  la  tote  du  régiment  de 
Charles- Lorraine  dont  il  était  colonel;  ce 
qui  lui  valut  la  décoration  de  l'ordre  de 
Marie-Thérèse-  Il  fut  élevé  au  grade  de 
général-major  en  1761 ,  à  celui  de  lieute- 
nant-général  en  1773 ,  et  avait  été  nommé 
en  1707 ,  directeur-général  de  l'artillerie 
des  Pays-Bas.  Lorsque  la  guerre  eut  éclaté 
avec  la  Prusse  en  1778,  Marie-Thérèse  lui 
donna  un  témoignage  bien  flatteur  de  sa 
conliaiu'.e,  en  plaçant  sous  sa  direction  le 
jeune  arcliiduc  IVIaxiinilien ,  depuis  élec- 
teur de  Cologne.  Son  crédit  se  soutint 
également  sous  le  règne  de  l'empereur 
Joseph  II.  Quoiqu'àgé  de  67  ans,  il  prit 
une  part  active  à  la  campagne  de  1795 
contre  les  Français,  elilse  distingua  par- 
ticulièrement aux  combats  de  Saultain  el 
de  Famars  et  au  sioge  de  Valcnciennes.  Il 
obtint  alors  le  cordon  de  commandeur,  et, 
I)eu  de  temps  après ,  la  grand'croix  de 
Marie-Thérèse,  la  place  de  vice-présideni 
du  conseil  aulique  de  guerre,  et  cnhn  en 
1808 ,  le  litre  de  fcKl-maréchal.  Il  est  nwrl 
à  Vienne  le  1"  avril  1814,  univerwjUemeiU 
regrelté.  Il  joignait  à  des  talons  peu  com- 
muns ,  des  mœurs  douces ,  une  politesse 
exquise ,  cl  une  loyauté  sans  égale  Oo  lui 


FER 


96 


FËR 


doit  une  carie  des  provinces  belgiques 
en  25  feuilles ,  qui  peut  soutenir  la  com- 
paraison avec  la  grande  carte  de  France 
de  Cassini. 

•  FEURAUD  (  "•  ) ,  député  du  départe- 
ment des  Hautes-Pyrénées  à  la  Conven- 
tion nationale,  naquit  vers  l'an  1764,  dans 
la  vallée  d'Aure  en  Armagnac.  Il  vola 
dans  le  procès  de  Louis  XVI ,  comme  la 
majorité  de  l'assemblée  et  se  déclara,  pen- 
dant la  lutte  du  côté  droit  et  de  la  Mon- 
tagne ,  en  faveur  du  parti  de  la  Gironde 
qui  voulait  une  république  sans  terreur. 
11  fut  ensuite  envoyé  à  l'armée  des  Pyré- 
nées-Orientales, où  il  reçut  plusieurs  bles- 
sures. De  retour  dans  la  Convention,  lors 
du  9  thermidor  an  2  (  27  juillet  I79k  ),  il 
fut  nommé  l'un  des  adjoints  de  Barras  , 
pour  diriger  la  force  armée  contre  la  com- 
mune de  Paris.  Ferraud  sans  doute  eût 
été  enveloppé  dans  la  ruine  des  Giron- 
dins, si  à  l'époque  des  proscriptions  des 
51  mai,  1*""  et  2  juin,  on  ne  l'eût  envoyé 
à  l'armée  du  Nord ,  où  il  montra  quelque 
valeur.  Le  20  mai  1795  il  voulut  s'opposer 
aux  efforts  de  la  populace  qui  forçait  les 
portes  de  la  Convention  ;  vingt  armes  à  feu 
sont  dirigées  sur  le  président  :  Ferraud  s'é- 
lance pour  le  couvrir  de  son  corps  et  dit  aux 
factieux  :  o  J'ai  été  atteint  plus  d'une  fois 
»  du  fer  ennemi  ;  voilà  mon  sein  couvert 
»  de  cicatrices  ;  je  vous  abandonne  ma  vie; 
»  mais  respectez  le  sanctuaire  des  lois.  » 
Un  coup  de  pistolet  lui  donna  la  mort.  A 
peine  tombé  sur  les  marches  de  la  tri- 
bune ,  et  respirant  encore,  on  lui  coupa 
la  tête  à  laquelle  une  femme  vint  insulter, 
en  la  frappant  de  ses  galoches.  Elle  fut 
ensuite  mise  au  bout  d'une  pique  et  por- 
tée jusque  sur  le  bureau  du  président 
(  royez  BOISSY-D'ANGLAS  )  par  un  ser- 
rurier, qui  ayant  été  condamné  à  mort 
le  lendemain  et  arraché  au  supplice  par 
les  habitans  du  faubourg  Saint-Antoine, 
à  l'instant  de  son  exécution,  subit  son  ju- 
gement qvialre  jours  après.  Le  li  prairial, 
la  Convention  rendit  à  Ferraud  les  hon- 
neurs funèbres  ,  et  lui  fit  ériger  un  tom- 
beau sur  lequel  devaient  être  gravées  les 
dernières  paroles  qu'il  avait  prononcées. 
Louvet  publia  son  oraison  funèbre,  en 
1795. 

FERRE  (  Vincent  ) ,  dominicain ,  natif 
de  Valence  en  Espagne ,  enseigna  la  théo- 
logie avec  réputation  à  Burgos  et  à  Rome, 
puis  à  Salamanque,  où  il  mourut  vers 
1683.  On  a  de  lui  des  Commentaires  esti- 
més en  Espagne  sur  la  Somme  de  saint 
Thomas^  en  8  vol.  in-fol.  Il  résout  toutes 


les  difficultés  avec  beaucoup  de  netteté 
et  de  précision. 

FERREIN  (Antoine),  né  à  Fresquepèche 
en  Agénois,  fan  1093,  était  médecin  de 
Montpellier.  Il  a  été  de  l'académie  des 
sciences,  et  professeur  en  médecine  au 
collége-royal.  Ses  Leçons  sur  la  Médecine^ 
et  celle  sur  la  Matière  médicale ,  publiées 
depuis  sa  mort ,  chacunes  en  3  vol.  in-12, 
par  M.  Arnault  de  Nobleville ,  prouvent 
qu'il  avait  bien  médité  sur  l'art  de  guérir, 
m'exerça  avec  succès  jusqu'à  sa  mort, 
arri'jïée  à  Paris  le  28  février  1769. 

'  FERREÏR.V  (  Antoine  )  ,  célèbre 
poète  portugais ,  né  à  Lisbonne  en  1528  , 
mort  le  28  avril  1569,  à  peine  âgé  de  Al  ans, 
est  auteur  de  poésies  lyriques  ou  drama- 
tiques ,  qui  l'ont  placé  au  rang  des  auteurs 
classiques  de  sa  patrie  :  |  Inès  de  Castro  . 
la  seconde  tragédie  régulière  qui  ait  paru 
en  Europe,  et  que  les  Portugais  regardent 
comme  un  des  beaux  monumens  de  leur 
littérature.  La  MoHe  en  a  emprunté  les 
plus  belles  scènes.  |  Poémas  Lusitanos. 
Lisbonne,  1598.  i  Des  Comédies  impri- 
mées en  1622  et  1771,  avec  celles  de  Sa 
de  Miranda. 

FERREIRA  (Antoine),  né  à  Lisbonne 
en  1626,  publia  dans  cette  ville ,  en  1670  , 
un  traité  de  chirurgie ,  intitulé  :  Luz  ver- 
dadeira,  etc. ,  c'est-à-dire ,  Lumière  véri- 
table et  examen  abrégé  de  toute  la  chirur- 
gie, Lisbonne ,  1670,  in-folio.  Edition  plus 
estimée  ,  ib.  1705  ;  cet  ouvrage  est  divisé 
en  17  livres.  L'auteur  était  chirurgien  de 
la  chambre  du  roi  de  Portugal.  Il  mourut 
en  1679. 

*FERREIRA  (Christophe),  mission- 
naire portugais,  né  à  Torres-Vedras,  en 
1580,  entra  dans  la  compagnie  de  Jésus  à 
l'âge  de  16  ans;  il  passa  au  Japon  en  1609, 
et  y  demeura  jusqu'à  l'an  1633.  Malgré 
les  persécutions  auxquelles  il  fut  en  butte, 
son  zèle  ne  se  ralentit  pas  et  on  le  vit  ré- 
pandre partout  les  lumières  de  l'évangile. 
Cependant ,  ayant  été  arrêté ,  et  sommé 
d'opter  entre  la  mort  et  l'abandon  de  sa 
foi ,  après  quatre  heures  des  tortures  les 
plus  cruelles  ,  la  douleur  l'emporta  ;  dé- 
plorant ensuite  amèrement  sa  faiblesse,  il 
se  livra  volontairement  au  martyre,  qu'il 
souffrit  à  Nangasaki ,  vers  l'an  1652 , 
âgé  de  soixante-douze  ans.  On  a  de  lui  -. 
^nnuœ  Irtterœ  è  Japoniâ,  anni  1627.  — 
FERREIRA  (  Gaspard  ) ,  aussi  jésuite  por- 
tugais ,  né  à  Castro- Journo ,  prit  l'habit  en 
1588  ,  à  l'âge  de  dix-sept  ans.  Il  fut  envoyé 
aux  Indes  en  1593 ,  et  y  enseigna  dans  son 
couvent  les  lettres  humaines  e»  sacrées. 


FER 


97 


FER 


Avant  passé  à  la  Chine  ,  avec  le  P.  Rîccl, 

il  [iréchala  rcIi(rionà  Pékin  .  pendant  l'e»- 

ii«>  de  quarante  ann«*es,  et  mourut    le 

décembre  1649.  Le  P.  Gaspard  a  com- 

Hi  et  fait  imprimer  en  langue  chinoise 

^  Fies  (irs  Saints  {tour  ctiaque  mois, 

i>c  dei   passages  de  l'Ecriture   et    des 

rires,  et  un  recueil  de  Méditations  sur 

les  XV  Mystères  du  Rosaire. 

•  FKRREOL  (saint) ,  premier  évéque  de 
Besançon,  issu  d'une  illustre  famille  d'A- 
Ifaènes,  accompagna  saint  Irénéc  dans  les 
Gaules,  et  fut  envoyé  par  lui  dans  la  Séqua- 
nie  avec  saint  Ferjeux  son  frère ,  qui  était 
diacre.  Les  deux  apôtres  se  fixèrent  à  Be- 
sançon, où  ils  vécurent  cachés  pendant 
quelque  temps.  Ils  vaquaient  le  jour  à  leur 
saint  ministère,  et  se  reliraient  la  nuit  dans 
une  grotte  à  quelque  distance  de  la  ville. 
Enfin  Claude,  préfet  romain,  les  fit  arrêter 
et  conduire  devant  son  tribunal.  Après 
avoir  essayé  vainement  de  leur  persuader, 
par  l'espoir  des  récompenses  ou  par  la 
crainte  des  supplices,  de  sacrifier  aux  faux 
dieux,  il  les  livra  aux  bourreaux,  qui, 
après  avoir  épuisé  leur  rage  sur  les  deux 
saints ,  leur  tranchèrent  la  tète  ,  le  16  juin 
m.  Les  restes  des  martyrs  furent  enlevés 
•ecrètement  pendant  la  nuit ,  par  des  per- 
«cnnes  pieuses ,  et  déposés  dans  le  voisi- 
nage de  la  grotte  qu'ils  avaient  habitée. 
Ces  vénérables  reliques  furent  découver- 
te», en  370,  sous  l'épiscopat  de  saint  Agnan . 
La  fête  de  ces  deux  martyrs  est  célébrée 
dans  le  diocèse  de  Besançon ,  le  16  juin , 
et  celle  de  l'invention  de  leurs  reliques  le 
5  septembre. 

FERREOLou  FORGEOT(saint  ) ,  mar- 
tyr de  Vienne  dans  les  Gaules ,  fut  mis  à 
mort  à  ce  que  l'on  croit ,  sous  le  règne  de 
Dioclétien  et  de  Maximiea.  —  Il  faut  le 
distinguer  de  saint  FERREOL,  évéque  de 
Limoges  en  591 ,  sous  le  règne  de  Chil 
péric  ;  et  de  saint  FERREOL  ,  évéque  d'U- 
■ez  en  533.  On  a  de  celui-ci  une  Règle  mo- 
nastique, insérée  par  Holstenius  dans  son 
Codex  Regutarum. 

FERRERA  (  Jean  ) ,  espagnol ,  entre- 
prit, par  ordre  du  cardinal  Ximenès,  un 
Traité  complet  d' Agriculture.  \\  ramassa, 
dans  son  ouvrage  ,  tout  ce  que  les  anciens 
et  les  modernes  avaient  écrit  d'important 
sur  ce  premier  art  du  genre  humain.  Il  y 
joignit  ses  observations  particulières, 
fruits  d'un  longue  expérience.  Ce  livre  a 
été  très  utile  dans  son  temps  ,  et  il  a  servi 
fcwucoup  à  ceux  qui  ont  depuis  traité  la 
•*ine  matière. 
naUERAS  (  don  Jkah  de  )  naquit  le 
6. 


7  juin  17îi2  ,  à  Labaneza  en  Fjpagnc.  Aprèt 
avoir  fait  ses  études  avec  beaucoup  do 
surcès  dans  l'uiiivcrsilé  de  Salamanquc  . 
il  obtint  au  concours  la  cure  de  Suint- 
Jacques  de  Talavera ,  dan»  le  diocèse  de 
Tolède.  Il  fut  transféré  ensuite  à  celle  de 
Saint-Pierre  de  Madrid  par  le  cardinal 
Porto-Carrero  qui  le  nomma  son  confes- 
seur. Lo  nonce  du  pape  le  fit  théologien 
et  examinateur  de  son  tribunal ,  et  l'In- 
quisition le  nomma  son  qualificateur  et  son 
proviseur.  Le  roi  d'Espagne  voulut  aussi 
qu'il  assistât  aux  juntes  d'état  et  à  son 
conseil  privé.  Ferreras  refusa,  quclquo 
temps  après  ,  deux  évéchés  considérables 
malgré  les  instances  que  lui  fit  la  cour 
pour  les  lui  faire  accepter.  L'académie  de 
Madrid  le  choisit ,  l'année  même  de  sa 
fondation ,  en  1713 ,  pour  un  de  ses  mem- 
bres. Le  roi ,  en  confirmant  un  choirx  ap- 
plaudi par  tous  les  gens  de  lettres  ,  l'ho- 
nora de  la  charge  de  gardé  de  sa  biblio- 
thèque. Ferreras  fut  très  utile  à  l'académie 
naissante ,  par  ses  lumières.  Il  lui  servit 
surtout  beaucoup  pour  la  composition  du 
Dictionnaire  espagnol, entrepris  et  publié 
par  cette  illustre  compagnie  en  1759,  en 
6  vol.  in-fol.  Ferreras  était  mort  k  ans 
auparavant  en  1755.  On  a  de  ce  savant 
espagnol  plusieurs  ouvrages  de  théologie, 
de  philosophie ,  de  belles-lettres  et  d'his- 
toire. Le  plus  considérable  et  le  plus  con- 
nu est  son  Histoire  d'Espagne  ^  écrite  en 
sa  langue  ,  la  meilleure  ,  la  plus  complète 
que  nous  ayons  sur  cette  nation  :  M.  d'Her- 
milly  en  a  donné  une  bonne  traduction 
française  en  10  vol.  in-i"  ,  Paris,  1751. 

*  FERRÈRE  (  PuaipPE);  avocat  au 
parlement  de  Bordeaux,  né  à  Tarbes  en 
1767 ,  n'adopta  pas  les  principes  de  la  ré- 
volution ,  et  fut  obligé  de  quitter  sa  ville 
natale  dans  laquelle  il  ne  put  rentrer  qu'en 
1795.  En  1804  il  refusa  de  faire  partie  du 
tribunal.  Il  est  mort  le  14  janvier  1815  à 
l'âge  de  48  ans,  d'une  maladie  de  poi- 
trine que  les  fatigues  de  la  plaidoierie  lui 
avaient  occasionée.  Ses  principaux  dis- 
cours ont  été  imprimés  pour  la  première 
fois  dans  le  Barreau  français  de  MM. 
Clair  et  Clapier,  Paris,  1820  et  années 
suivantes,  12  vol  in-8°.  Ses  plaidoyers 
sont  remarquables  par  l'élévation  des 
pensées  ,  l'élégance  et  l'énergie  du  style  , 
et  par  les  mouvemens  oratoires  dont  ils 
sont  animés. 

*  FERRER I  (  Zacharie  ) ,  né  à  Vicence 
en  1479  ,  d'une  famille  de  Milan  ,  étudia 
le  droit  canonique  à  Padoue,  et  entra  fort 
jeune  dans  l'ordre  de  Saint-Benoit  de  la 

9 


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98 


FER 


congrégation  du  Mont-Cassin.  Passionné 
pour  l'étude ,  et  surtout  pour  la  poésie ,  il 
s'était  formé  dans  sa  cellule  une  biblio- 
thèque considérable  ;  mais  soit  que  les 
livres  ne  fussent  pas  conformes  aux  études 
de  son  état ,  soit  que  cette  espèce  de  pro- 
priété fût  contraire  à  la  règle ,  le  président 
de  la  congrégation  fit  enlever  la  biblio- 
thèque. Après  avoir  prié  inutilement  qu'on 
lui  rendît  ses  livres  chéris,  Ferreri  ré- 
solut ,  dans  son  chagrin ,  de  passer  dans 
l'ordre  des  Chartreux.  Ses  supérieurs  s'y 
opposèrent;  cependant  sans  tenir  compte 
de  ce  refus,  il  s'y  réfugia.  Mais  réclamé 
par  ses  supérieurs  ,  il  fut  forcé  de  revenir 
dans  son  monastère,  d'oiî  on  l'envoya ,  en 
4506, continuer  ses  études  à  Rome.  Après 
y  avoir  été  fait  docteur  en  droit  civil  et 
canonique  ,  il  y  reçut  la  couronne  poéti- 
que. Son  dessein  de  se  faire  chartreux 
l'occupait  continuellement.  Etant  à  Venise 
en  1S08,  il  entra  au  noviciat  de  cet  or- 
dre ,  et  prit  le  nom  de  frère  Zacharie-Be- 
noît;  de  nouveaux  obstacles  l'empêchè- 
rent encore  de  faire  sa  profession.  Son 
mérite  et  ses  talens  l'ayant  fait  nommer 
abbé  de  Subbachio,  il  assista  en  cette 
qualité  au  concile  de  Pise ,  convoqué  en 
iSH,  contre  le  pape  Jules  II ,  et  en  fut 
nommé  secrétaire.  S'étant  prononcé  for- 
tement contre  le  pape ,  il  n'avança  pas 
sous  le  pontificat  de  Jules  II ,  mais  Léon 
X,  son  successevir,  le  nomma,  en  1S19,  à 
l'évèché  de  Guardia ,  et  l'employa  dans 
plusieurs  missions  importantes  en  Alle- 
magne. A  son  retour  en  Italie ,  après  la 
mort  de  Léon  X,  il  fut  nommé  gouverneur 
de  Faenza.  Il  mourut  à  Rome ,  vers  1526 
ou  1527.  Il  a  laissé  :  |  Sancii  carthusiensis 
ordinis  origo  ^  Mantoue,  4509.  C'est  une 
vie  de  saint  Bruno,  suivie  de  diverses 
poésies  et  de  l'apologie  de  l'auteur  ;  elle 
est  insérée  dans  la  Collection  des  œuvres 
de  saint  Bruno ,  Paris ,  4524  ;  |  Promo- 
tiones  et  progressus  sacro-sancti  Pisani 
concilii  ^  inchoati  anno  IMi ^necnon  acta 
et  décréta  sacrosanctœ  generalis  Pisanœ 
sijnodi^  in-fol.  ;  |  Apologia  sacri  Pisani 
concilii modemi ^  Pise  ,  4511  ;  |  Jeta  scitu 
dignissima  Constantiensis  concilii^  Milan, 
4514  ;  I  Décréta  et  acta  concifii  Basilien- 
sisAMi,  in-fol. ,  rare,  4542,  in-8°;  |  Lug- 
dunense  somnium  de  divi  Leonis  X  pon- 
tificis  maximi^  ad  summum  pontificatum 
divina promotione ^ carmen ^  Lyon,  4513, 
in-4'' ,  inséré  dans  le  tome  i  des  Carmina 
illustrium  j)oetarum  italorum  ^  Florence , 
4721.  On  prétend  que  ce  poème,  composé 
ÙQ  plus  de  mille  vers ,  fut  achevé  en  trois 


jours.  I  Vita  sancii  Casimiri ,  Cracovie, 
1520  ,  et  insérée  dans  les  Jeta  sanctorum 
de  BoUandus  ;  |  Oratio  de  eliminandis  de 
regno  Poloniœ  erroneis  tradilionibiis  Lu- 
theri,  Cracovie ,  4524  ;  |  De  reformations 
Ecclesiœ  ,  suasoria  oratio  ad  beatum  pa~ 
trem  Hadrianum  VI pontif.  max.  Venise, 
4522 ,  in-S"  ;  ]  Ilijmni  novi  ecclesiastici , 
juxta  veram  metri  et  latinitatis  normam. 
Rome,  4525,  in-4°  ;  ibid. ,  4549,  in-8"  ; 
ces  hymnes  sont  estimées.  Il  y  a  de  Fer- 
reri plusieurs  autres  ouvrages  qui  n'ont 
point  été  publiés. 

*  FERRERI  (  Mathias  ) ,  capucin  pié- 
montais ,  naquit  à  Cavalier  -  Maggiore  , 
dans  le  17'  siècle.  Après  avoir  professé  la 
théologie  dans  divers  couvons  de  son 
ordre ,  il  fut  nommé  définiteur  des  mai- 
sons de  son  ordre.  Ses  talens  pour  la 
chaire  le  firent  choisir  pour  aller  prêcher 
dans  la  vallée  des  Alpes  où  il  y  avait  beau- 
coup de  protestans ,  dont  il  eut  le  bon- 
heur de  ramener  un  assez  grand  nombre 
dans  le  sein  de  l'Eglise.  On  a  de  lui  une 
histoire  des  missions  en  général,  et  en 
particulier  de  celles  faites  parles  religieux 
de  son  ordre  dans  les  vallées  des  Alpes  : 
elle  a  pour  titre  :  Jus  regnandi  aposto- 
licumper  missiones  apostolicas  religio- 
sorum  totius  ordinis  hierar'chiciab  inilio 
Ecclesiœ  ^  sive  Rationarium  chronogra- 
phicum  missianum  evangelicarum,  ah 
apostolicis  operariis ,  prœsertim  capac- 
cinis^  in  quatuor  mundi  partibus  ,  sig- 
nanter  in  Gallia  cisalpina  ^  exercitarmn , 
Turin,  4659,  2  vol.  in-fol.  On  y  trouve 
des  détails  qui  peuvent  servir  à  l'histoire 
et  à  la  topographie  de  ces  contrées  peu 
connues. 

FERRET  (  Emile)  ,  né  à  Castel-Franco 
dans  le  Bolonaia,  en  1489,  secrétaire  du 
pape  Léon  X ,  fut  appelé  à  Paris  par 
François  P"^ ,  qui  le  fit  membre  du  par- 
lement ,  et  le  chargea  de  trois  légations., 
l'une  vers  les  Vénitiens ,  l'autre  vers  le? 
Florentins ,  la  troisième  vers  l'empereur, 
dont  il  s'acquitta  avec  honneur.  Il  mou- 
rut à  Avignon  le  45  juillet  4552.  Il  cultiva 
les  muses  dans  le  tumulte  de  la  cour. 
C'était  un  homme  modeste ,  modéré,  libé- 
ral ,  dont  tout  le  plaisir  était  de  jouer  du 
luth  et  de  se  promener.  Il  fit  mettre  au- 
dessus  de  la  chaire  de  jurisprudence  d'A- 
vignon, qu'il  fit  faire  à  ses  dépens,  cette 
inscription  :  Peritum  orno^  imperitum  ,de^ 
décor 0.  On  a  de  lui  :  |  Opéra  juridiceu, 
4598,  in-4°  ;  |  Ciceronis  orationes  ad  ve- 
terum  codicumfidemcastigatœ.  On  trouve 
sa  Vie  dans  les  Fitœ  clarissimorum  ju- 


FEU 


99 


Il  IV 


47S9, 


risconsultontm  do    Biulcr,  Icna 
ln-8". 

•  FERRETI  (JK\:v-B*rTiSTB),  savant 
antiquaire ,  religieux  de  l'ordre  des  bé- 
nédictins de  la  rongréffation  du  Mont- 
Cassin,  né  à  Vircurc  en  ^6^*),  mort  en 
1682.  n'a  i»ul>lié  qu'un  seul  ouvrape  inti- 
tulé :  Vus/r  lapùlariœ  antiquonon  in 
mannorihus  cannina  seii  deorum  donaria 
hominumqiu:  illusthum  obliterata  moim- 
menta  <•<  drprrdita  epUaphia  ,  Vérone  , 
1672  ,  in-fol.  rare.  C'est  le  recueil  de  toutes 
les  inscriptions  en  vers  qui  se  trouvent 
dans  Gruter  ;  l'auteur  y  en  a  ajouté  plu- 
sieurs d'inédites,  et  a  donné  l'explication 
de  toutes  ces  petites  pièces  dans  des  notes 
très  savantes.  11  dédia  cet  ouvrage  au  dau- 
phin ,  et  Louis  XIV  l'en  récompensa  par 
un  présent  considérable. 

FERRETTl,  poète  et  historien  de  Vi- 
cence  ,  dans  le  H*" siècle,  fut  un  de  ceux 
qui  chassèrent  la  barbarie  répandue  en 
Europe  ,  et  qui  firent  renaître  le  bon 
goût  dans  les  belles-lctlres.  Parmi  les  pro- 
ductions de  ce  savant  en  prose  et  envers, 
il  y  a  une  Histoire  de  son  temps  en  sept 
livres ,  depuis  ISjO  jusqu'en  tôtS  :  elle 
est  curieuse.  Muralori  l'a  publiée  dans 
le  neuvième  tome  des  écrivains  de  l'His- 
toire d'Italie.  On  a  encore  de  lui  un 
Poème  latin  sur  les  beaux  faits  de  Can  de 
l'Escale. 

FERRI  (Paul),  ntiinistre  protestant  à 
Metz  sa  patrie  ,  naquit  en  1591 ,  et  mourut 
de  la  pierre  en  1669-  On  lui  en  trouva 
plus  de  80  dans  la  vessie.  Ferri  était  con- 
nu de  son  temps  par  ses  écrits  et  par  ses 
sermons;  à  présent  il  ne  l'est  plus  que 
par  la  réfutation  que  fit  Bossuet  de  son 
Catéchisme .  publié  en  4654 ,  in-12.  C'est 
par  cette  réponse  que  ce  prélat  Ht  son 
entrée  dans  la  république  des  lettres. 

FERRI  (Cmo).  Foy^z  CIRO-FERRI... 
Voyez  aussi  FERRY. 

*  FERRI  ER  (Boniface),  général  de 
l'ordre  des  chartreux,  naquit  en  1^55  à 
Valence  en  Espagne.  Après  avoir  étudié 
le  droit  et  reçu  le  bonnet  à  l'université 
deLérida,  il  exerça  la  magistrature  dans 
M  ville  natale;  s'étant  marié,  il  devint 
père  de  onxe  enfans  ;  mais  ayant  perdu 
•on  épouse  et  neuf  de  ses  enfans,  il  réso- 
lu de  se  vouer  à  l'état  monastique.  Son 
frkre  Vincent  Ferrier,  religieux  de  l'ordre 
de  ^  ■  Il  inique  ,  le  conlirma  dans  ce 
P«'  Vprèsavoir  vendu  SCS  biens 
**  aux  pauvres  ce  qui  n'était 
paà  nécessaire  à  l'établissement  des  deux 
fis  qui  lui  restaient ,  il  entra  ,  en  1590, 


chC7.  les  rluirtrcux  (If  l;i  l'nrtedu- Cii-l , 
prit  les  ordres  ,  et  se  livra  lotit  entier  aux 
éludes  de  son  nouvel  état.  Klu  général  de 
l'ordre  en  1402  ,  après  la  mort  de  Goll- 
laume  Raynaud,  il  gouverna  avec  sagesse. 
Urbain  VI  et  Benoit  XIII  se  disputaient 
alors  le  pontificat.  Ce  schisme  divisa  aussi 
les  chartreux  ,  partagés  entre  les  deux  obé- 
diences. Ferrier  était  pour  Benoit  XIII, 
avec  ceux  qui  l'avaient  élu;  le  reste  était 
pour  Urbain  VI.  Etienne  de  Sienne  avait 
été  élu  général  de  cette  partie.  Pour  faire 
finir  une  scission  qui  ne  pouvait  qu'avoir 
des  résultats  funestes,  les  deux  généraux 
eurent  la  sagesse  de  se  démettre ,  afin 
qu'on  en  élût  un  troisième  qui  réunit  tous 
les  monastères  sous  son  autorité.  Ferrier 
malgré  sa  résolution .  fut  forcé  par  Be- 
noît XIII  (  Pierre  de  Lune  )  de  reprendre 
ce  gouvernement.  Il  lui  re>ta  encore  at- 
taché, mais  lorsqu'il  vit  son  obstination  à 
se  maintenir  sur  le  trône  pontifical  mal- 
gré les  maux  de  l'Eglise  et  les  décrets  du 
concile  de  Constance  ,  il  abandonna  son 
parti,  et  mourut  quelque  temps  après. 
Sainte-Marthe  fixe  sa  mort  au  27  avril 
1417  ;  d'autres  ne  la  placent  que  deux  an« 
après.  Ou  connaît  de  lui  :  |  un  Traité 
dans  lequel  il  examine  pourquoi  il  y  a  eu 
peu  de  chartreux  canonisés,  et  pourquoi 
on  cite  peu  de  miracles  de  cet  ordre  ; 
I  une  Traduction  de  la  Bible  en  espagnol  ; 

I  un  7'/'«îï(?  adressé  à  Boniface,  religieux 
du  même  ordre  ;  |  De  approbatione  ordi- 
nis  liber  unus  ;  \  des  Sermons  et  des  Zct- 
tres.  Il  se  montra  toujours  fidèle  observa- 
teur de  la  discipline  régulière. 

FERRIER  (Arxvud  du),  professeur 
en  droit  à  Toulouse  sa  patrie,  ensuite 
président  aux  enquêtes  à  Paris  ,  etmailn; 
des  requêtes,  fut  choisi  pour  se  trouver 
en  qualité  d'ambassadeur  au  concile  de 
Trente.  Il  y  soutint  les  intérêts  de  I9 
France  avec  une  vivacité  et  une  aigreui 
qui  déplurent  à  plusieurs  prélats.  Pai 
égard  à  leur  plainte  ,  on  envoya  Ferrier 
ambassadeur  àVenise.  Il  s'y  lia  avec  Fra- 
Paolo  ,  et  lui  fournit  des  mémoires  pour 
son  Histoire  du  Concile  de  Trente  ,^\«'m9. 
de  l'esprit  de  secte  dont  il  était  imbu. 
Ferrier  mourut  garde-des-sceaux  du  roi 
de  Navarre,  depuis  Henri  IV,  en  1585, 
âgé  de  79  ans,  laissant  quelques  ouvrages. 

II  fit  profession  publique  du  calvinisme 
dans  ses  dernières  années. 

FERRIER  (  Jea\  ),  né  à  Rhode*  en 
1619  ,  entra  chez  les  jésuites  ,  y  professa  , 
et  fut  ensuite  confesseur  de  Louis  XÏV.  Il 
mourut  en  1674,  laissant  un  Traite  sur  lu 


FER  100 

Science  moyenne  j  et  des  écrits  contre  les 
disciples  de  Jansénius. 

FERRIER  (  Jérémie)  ,  ministre  protes- 
tant, et  professeur  en  théologie  à  Nimes, 
embrassa  la  religion  catholique  ,  et  devint 
conseiller  d'étal.  Il  mourut  à  Paris,  l'an 
4626.  On  lui  attribue  le  Catholique  d'Etat. 
1623,  in-S"  :  c'est  une  réponse  aux  repro- 
che's  que  les  partisans  de  l'Espagne  fai- 
saient à  la  France.  Il  est  encore  auteur 
d'un  Traité  de  l'Jntechrist  et  de  ses  mar- 
ques, in-fol. ,  Paris  ,  1615.  Sa  fille  fut  ma- 
riée au  fameux  lieutenant-criminel  Tar- 
dieu ,  qui  fut  assassiné  avec  elle  par  des 
voleurs ,  en  1664.  Son  gendre  et  sa  fille 
étaient  connus  par  l'avarice  la  plus  sor- 
dide. 

FERRIER  (  Louis  ) ,  né  à  Arles,  en 
1652  ,  poète  français ,  fut  mis  à  l'inquisi- 
tion de  cette  ville,  pour  certaine  maxime 
d'Epicure  : 

L'amour  pour  lei  roorlels  est  le  souverain  bien. 

Mauvaise  traduction  du  premier  vers  de 
Lucrèce  : 


PEneadum  genitrix,  divumque  hominumque  voluptai. 

Ce  vers  se  trouve  dans  ses  Préceptes  ga- 
lans .  poème  qui  courut  manuscrit  avant 
qu'il  le  publiât  à  Paris  en  1678,  in-12. 
Ferrier  ayant  été  absous  par  le  saint  Of- 
fice, à  la  prière  de  ses  amis,  se  retira  à 
Paris,  et  devint  précepteur  des  fils  du 
duc  de  Saint-Aignan.  Il  mourut  en  1721 , 
à  69  ans ,  en  Normandie  ,  où  il  avait 
acheté  la  terre  delà  Martinière.  Outre  ses 
Préceptes  galans  ^  dont  le  titre  marque 
assez  que  ce  n'est  point  un  code  de  mœurs, 
on  a  de  lui  quelques  tragédies  plus  que 
médiocres,  et  une  traduction  de  Justin, 
1695  ,  2  vol.  in-t2  ,  qui  a  été  éclipsée  par 
celle  de  l'abbé  Paul. 

FERRIER.  royez  VINCENT -FER- 
RIER (  saint  ). 

FERRIÈRES  (  Claude  de  ) ,  docteur  en 
droit  de  l'université  de  Paris  sa  patrie  , 
naquit  en  1639.  Il  professa  la  jurispru- 
dence à  Paris  ,  puis  à  Reims ,  où  il  mou- 
rut en  1715 ,  à  77  ans.  Ses  ouvrages  sont 
estimés  ,  quoiqu'il  ait  composé  la  plupart 
pour  subvenir  aux  besoins  pressans  d'une 
famille  nombreuse.  Il  enrichit  les  librai- 
res; mais  ils  ne  l'enrichirent  point.  Les 
honoraires  de  ses  livres  suffisaient  à 
grand'peine  pour  le  dédommager  du 
temps  qu'il  sacrifiait  à  leur  composition  , 
quoiqu'on  ne  puisse  pas  l'accuser  d'avr,ir 
poussé  ce  sacrifice  trop  loin.  Les  princi- 
paux sont  :  I  La  Jurisprudence  du  Code , 
lG8/i,  en  2  vol.  in-4°;  |  —du Digeste,  1688, 


FER 

2  vol.  in-i»  ;  |  —  des  Novelles.  1688,  2  vol. 
in-4°  ;  |  La  Science  des  Notaires /m-k°,  por- 
tée par  son  fils  à  2  vol.  et  réimprimée 
sous  ce  titre  :  Le  nouveau  parfait  No- 
taire ^  ou  la  Science  des  Notaires  de  feu 
J.  C.  de  Perrière ,  mise  en  harmonie  avec 
les  dispositions  du  code  civil,  etc. ,  par 
M.  Massé ,  notaire  à  Paris ,  1805 ,  2  vol. 
in-4°  ;  k"  édit.  1815,  5  vol.  in-i"  ;  |  Le  Droit 
de  Patronage.  1C86,  in-i";  \Institutionc(m- 
lumière,  5  vol.  in-12  ;  |  Introduction  à  la 
Pratique,  1758,  in-12;  |  des  Commen- 
taires sur  la  Coutume  de  Paris ,  2  voL 
in-12;  I  un  Traité  des  Fiefs.  1680  ,  in-4°  ; 

I  Le  Recueil  des  Commentateurs  de  la  Cou- 
tume de  Paris,  1714  ,  en  4  vol.  in-fol.  Il 
faut  avouer  que  la  plupart  des  écrits  de 
Claude  de  Ferrière  ne  sont  que  des  compi- 
lations, qui  quelquefois  manquent  d'exac- 
titude :  mais  elles  peuvent  être  regardées 
comme  des  répertoires  utiles.  Le  Diction- 
flaire  de  Droit ,  1771 ,  2  vol.  in-4°,  est  de 
Claude-Joseph  son  fils  ,  qui  a  été  doyen 
des  professeurs  en  droit  dans  l'univei-sité 
de  Paris ,  dont  nous  avons  encore  la  Tra- 
duction nouvelle  des  Institutes  de  l'empe- 
reur Justinien  ,  avec  des  observations 
pour  l'intelligence  du  texte ,  l'application 
du  droit  français  au  droit  romain ,  elc. 
Cet  ouvrage ,  qui  est  une  augmentation 
de  celui  que  son  père  avait  donné  sur  la 
même  matière ,  peut  être  de  quelque  se- 
cours pour  les  jeunes  gens  qui  étudient 
le  droit.  Si  le  père  ne  parvint  pas  à  la  for- 
tune ,  ce  n'est  pas  qu'il  n'eût  reçu  de  la 
nature  les  dons  de  la  figure  et  de  l'esprit  ; 
mais  ils  étaient  déparés  par  une  hauteur 
incommode,  par  une  prévention  outrée 
pour  ses  senlimens ,  et  par  la  manie  de 
critiquer  ceux  des  autres. 

*  FERRIÈRES  (  Chaules-Elie  ,  mar- 
quis de  ) ,  né  à  Poitiers  le  27  janvier  1741, 
d'une  famille  noble  et  distinguée ,  entra 
dans  les  chevau-légers  de  la  garde  du 
roi.  Mais  préférant  l'étude  des  belles-let- 
tres à  la  vie  militaire ,  il  se  retira  au  châ- 
teau de  Marsay  près  de  Mirebeau.  Au 
commencement  de  la  révolution ,  il  fut 
nommé  dépiité  de  la  noblesse  de  la  séné- 
chaussée de  Saumur  aux  états-généraux, 
et  il  y  présenta  un  plan  de  finance  pour 
l'établissement  d'une  caisse  territoriale. 

II  vécut  depuis  dans  la  retraite  ,  et  mou- 
rut dans  son  château  de  Marsay,  le  30 
juillet  1804.  On  a  de  lui  :  |  Le  Théisme , 
ou  Recherches  sur  la  nature  de  l'homme 
et  sur  ses  rapports  avec  les  autres  hom- 
mes dans  l'oî'dre  moral  et  dans  l'ordre 
poliliqne ,   2  vol.  in-12  ,  2'  édition ,  1791, 


FER  101 

L'auteur  y  développe  la  doctrine  de  Des- 
rartes,  de  Malebranrho  et  do  Locke,  et 
dïcrche  k  faire  connaître  le  sort  réservé 
aux  nations  dont  1rs  mue urs  et  lus  gouver- 
nemcns  ne  sont  pas  en  rapport  avec  la 
religion  établie  :  c'est  un  bon  ouvrage. 
I  !)€  la  constitution  qui  convient  aiix 
Français  ,  1789 ,  in-X"  ;  |  Plofi  tic  finances 
pour  l'établissement  d'une  caisse  territo- 
riale; I  Opinion  contre  l'arrestation  du 
roi  à  f'arennes,  (791,  in-S";  |  Compte 
rendu  à  mes  eommettans.  1791,  in-8"; 
I  De  l'état  des  lettres  dans  le  Poitou  depuis 
l'an  :S00  jusqu'à  l'année  1789;  |  Mémoires 
pour  servir  à  l'histoire  de  l'assemblée 
Constituante  et  de  la  révolution  de  1789  , 
3  vol.  in-8°,  1798.  C'est  son  meilleur  ou- 
vrage. Ferrières  a  écrit  avec  la  plus 
grande  impartialité  ;  ses  livres  sont  deve- 
nus très  rares.  Le  tome  4  qui  finit  à  la 
mort  du  roi ,  est  resté  manuscrit.  Il  a  paru 
dans  la  Collection  des  mémoires  relatifs 
à  la  révolution  française,  publiée  par  MM. 
Berville  et  Barrière  avec  »me  7iotice  sur 
la  vie  de  l'auteur ,  des  notes  et  des  éclair- 
cissemens,  Paris,  1821. 

•FERRIM  (Lt'c),  religieux  servite,  né 
à  Florence ,  dans  le  16"  siècle ,  fut  l'é- 
diteur des  ouvrages  laissés  manuscrits 
par  le  P.  Poccianli ,  son  confrère  :  |  Mich. 
M*occiantii  Catalogus  scriplontm  F/oren- 
tinorum  omnis  generis  .  quorum  et  me- 
tnoria  extat ,  atque  lucubraliones  in  lil- 
teras  relatte  sunt  adnostra  usque  tempora 
Florence  ,  1589,  in-4°.  Ferrini  ajouta  en- 
viron deux  cents  écrivains  à  la  liste  don- 
née par  Poccianti,  mais  elle  est  encore 
très  incomplète.  PoCcianti  Mich.  vite  de 
sette  Beati  Fiorentini  fundatori  delV 
ordine  de'  Servi ,  con  un  epilogo  di  lutte 
le  chiese ,  monasteri  .  luoghi  pii  et  com- 
pagnie délia  città  di  Firenze .  Florence  , 
1589,  in-S".  Ferrini  inséra  dans  ce  vo- 
Vime  deux  morceaux  de  sa  composition, 
fun,  délia  nobiltà  de'  Fiorentini,  l'autre 
délia  religione  de'  Servi.  —  FERRINI 
(Vixcemt),  religieux  dominicain,  né 
dans  le  16'  siècle ,  à  Castel-Nuovo  de  Car- 
Cagnana,  en  Toscane,  était  vicaire-gé- 
néral de  l'inquisition  à  Parme .  en  1585. 
Il  fut  nommé,  Tannée  suivante,  supé- 
rieur des  rouvens  de  son  ordre  dans  la 
Hongrie,  la  Styrie  et  la  Carinthie,  et  se 
ftiguala  dans  ces  provinces  par  son  talent 
pour  la  ])rédication  et  son  zèle  ardent 
pour  la  pureté  de  la  foi.  Le  P.  Ferrini 
était  à  Venise  en  1596,  et  à  cette  époque 
il  était  déjà  avancé  en  âge  ;  mais  on  ne 
ooniialt  p«a  la  date  de  sa  mort.  On  a  de 


FER 

lui  «jnclquos  livres  ascétiques;  yilfal>eto 
spirituale  ;  Âlfabeto  esemplareti  la  Lima 
universale  de'  vitii,  recueil  de  maximcii 
extrait  des  ouvrages  des  prédicateurs  le» 
plus  célèbres  de  son  temps. 

FERRO\  (Ariwoul  le  )  conseiller  au 
parlement  de  Bordeaux ,  sa  patrie  ,  est 
auteur  d'une  continuation  en  latin  de 
V Histoire  de  Paul-Kmile  ;  de  savantes 
observations  sur  les  lois ,  et  d'autres  ou- 
vrage» qui  lui  ont  assuré  le  surnom  iïAt- 
ticus ,  que  lui  donna  Scaliger,  Il  fut  enj- 
ployé  dans  les  grandes  affaires ,  et  mourut 
en  1563  ,  à  /t8  ans.  Sa  Continuation  de 
Paul-Emile  ,  imprimée  à  Paris  ,  ctiez  Vas- 
cosan,  1555,  in-8°,  est  ample,  sans  être 
trop  longue.  Elle  s'étend  depuis  le  ma- 
riage de  Charles  VIII  jusqu'au  règne  de 
François  T"".  Les  anecdotes  qu'il  rapporte 
sont  curieuses,  et  ses  détails  fort  exacts. 
Son  père  était  aussi  conseiller  au  parle- 
ment. 

FERRY  (  Je\:v-Baptiste  ),  prêtre,  de 
la  société  littéraire-militaire  ,  né  à  Besar>- 
çon ,  mort  au  mois  d'avril  1756 ,  âgé  df. 
plus  de  60  ans  ,  était  chanoine  prébendier 
de  Téglise  de  Sainte-Madeleine  en  cette 
ville.  On  a  de  lui  plusieurs  livres  d'église 
à  l'usage  du  diocèse  de  Besançon.  Voyez 
FERllI. 

FERTÉ  (Hexri  de  SENNECTÈRE ,  ma- 
réchal de  la) ,  donna  des  preuves  de  sou 
courage  au  siège  de  La  Rochelle  (  1628)  à 
l'attaque  du  pas  de  Suze ,  au  secours  dt; 
Casai,  à  la  prise  de  Moyenvic,  à  celle  do 
Trêves,  et  à  la  bataille  d'Avênes.  Il  n'é- 
tait alors  que  colonel;  il  fut  fait  maréchal 
de  camp  sur  la  brèche  d'Hesdin,  pour 
avoir  défait  les  troupes  que  les  ennemis 
voulaient  y  jeter.  Il  se  signala  à  la  bataille 
de  Rocroy ,  et  surtout  à  celle  de  Lens.  II 
défit  le  duc  de  Lorraine,  et  lui  iua  près 
de  2 ,000  hommes  au  combat  de  Saint- 
Nicolas  en  1650.  Devenu  maréchal  de 
France  le  5  janvier  1651  ,  il  sauva  Nancy 
peu  après,  et  prit  la  même  année  Chaste. 
Mirccourt  et  Vaudrevange.  Sa  valeur  et 
son  expérience  éclatèrent  encore  en  165". 
1655.  Il  assista  aux  sièges  de  Landrecies 
et  de  Saint-Guilain,  fut  fait  prisonnier  u 
celui  de  Valenciennes ,  et  racheté  pai 
Louis  XIV  pour  100,000  livres.  En  16)7 
et  1658,  il  prit  Montmédi  et  Gravelines. 
Il  mourut  en  1681  ,  à  82  ans.  chevali«T 
des  ordres  du  roi.  Sa  femme,  Madlleimis 
D'ANGENNES,  morte  en  1714,  à  85  an« 
a  donné  lieu  à  im  petit  roman  qui  porU' 
Son  nom ,  et  qui  se  trouve  avec  ceux  de 
Bussy.  Son  fils,  He\iii-Fba!«cois,  duc  de 


FER  102 

LA  FERTÉ ,  mort  en  1705 ,  n'a  pas  laissé 
de  postérité  masculine.  Le  maréchal  de 
la  Ferté  était  un  homme  vain  et  pré- 
somptueux. Il  ne  pouvait  souffrir  les  suc- 
cès (le  Turenoe,  qu'il  était  incapable  d'é- 
galer ,  quoiqu'il  eût  d'ailleurs  du  mérite. 
Malgré  la  violence  de  son  humeur,  il 
fiait  fort  empressé  à  faire  sa  cour ,  et  ce 
fut  en  partie  ce  qui  contribua  à  l'élever 
aux  dignités. 

FEUÏÉ-IMBAUT  (le  maréchal  de  la  ), 
yoyez  ESTAMPES  (Jacques). 

FEllTEL  (Martin-Dominique)  ,  impri- 
meur ,  né  vers  l'an  1670.  Après  avoir  par- 
couru la  France  et  l'Italie ,  il  s'établit  à 
Saint-Omer.  Il  a  donné  au  public  :  Jm 
Science  pratique  de  l'Imprimerie  ^  Saint- 
Omer,  1723,  in-4°,  avec  fig.  :  ouvrage  cu- 
rieux ,  renfermant  tout  ce  qui  est  relatif 
à  cet  art.  Il  est  mort  l'an  1752. 

*  FERUCCI  (  François  )  ,  sculpteur  , 
né  à  Fiesole  ,  mort  en  1385 ,  s'est  fait  con- 
naître par  ses  ouvrages  qui  sont  tous  en 
porphyre.  On  prétend  que  c'est  lui  qui 
trouva  le  secret  de  tremper  l'acier  ,  afin 
de  pouvoir  travailler  cette  matière  si 
dure.  Il  réussit  par  cette  invention  à  faire 
le  bassin  de  la  magnifique  fontaine  du 
palais  Pitti  à  Florence  ,  la  statue  du  grand 
duc  Corne  ,  et  celle  de  la  Justice  ,  qui  est 
sur  la  colonne  de  la  Sainte-Trinité.  Il  y  a 
eu  plusieurs  auti-es  sculpteurs  de  ce  nom. 

FERUS.  Voyez  SAUVAGE. 

'  FEKUSSAC  (  Jean-Baptiste,  d'AU- 
DEBARD ,  baron  de  ) ,  naquit  le  50  juin 
1743 ,  à  Clérac ,  d'une  ancienne  famille: 
son  père  ,  lieutenant-colonel  du  régiment 
de  cavaleriedeClermonl-Prince  ,1e  fit  en- 
trer en  iTok  à  l'école  royale  militaire,  d'où 
il  sortit  en  1762  avec  le  grade  de  sous-lieu- 
tenant de  grenadiers  au  régiment  de 
Béarn-infanterie.  Le  jeune  chevalier  de 
Férussac  s'occupa  d'études  sérieuses,  sur- 
tout de  sciences  exactes.  Après  s'être 
préparé  à  entrer  dans  l'artillerie,  il  fut 
attaché  en  1764  comme  aspirant ,  au  régi- 
ment de  Besançon  qui  appartenait  à  cette 
arme  :  il  était  capitaine  en  1786  et  allait 
é*re  nommé  major,  lorsque  la  révolu- 
lion  en  éclatant  le  détermina  à  quitter  le 
service.  En  1791 ,  il  alla  rejoindre  les  prin- 
ces et  il  fut  un  des  meilleurs  officiers  de 
leur  armée  :  nommé  chef  de  brigade ,  puis 
lieutenant-colonel,  il  commanda  constam- 
ment l'artillerie  de  i'avant-garde  sous  les 
ordres  du  duc  d'Enghien.  11  assista  à  toutes 
les  affaires  de  ce  corps  et  se  distingua  sur- 
tout à  celle  de  Schusseuried  ,  où  il  sauva 
l'armée  de  Condé  d'un  désastre  qui  pa- 


FES 

raissait  inévitable.  Il  resta  constamment 
avec  les  princes  jusqu'au  départ  de  son 
corps  pour  la  Voliiynie.  De  retour  en 
France  en  1801 ,  il  se  consacra  à  l'éduca- 
tion de  ses  enfans ,  et  refusa  les  offres 
brillantes  que  Bonaparte  lui  fit  faire.  Il  ne 
voulut  point  exercer  d'autres  fonctions  que 
celles  de  maire  de  sa  commune.  A  la  ren- 
trée du  roi ,  M.  de  Férussac  accepta  le 
titre  honorifique  de  colonel  avec  ur.e 
pension  de  1800  francs.  Ce  brave  offi- 
cier est  mort  au  château  de  Lagarde, 
près  de  Lauzerte  (  Tarn-et-Garonne  )  en 
181S.  Depuis  qu'il  avait  été  rendu  à  sa 
patrie,  Férussac  s'était  voué  de  nouveau 
à  ses  études  et  à  ses  observations  scien- 
tifiques. On  a  de  lui  plusieurs  ouvrages 
parmi  lesquels  nous  citerons  :  |  une  petite 
brochure  sur  la  Tactique  prussienne^  dans 
laquelle  il  s'élevait  avec  force  contre  l'en- 
goûment  où  l'on  était  pour  cette  tacti- 
que ;  I  Observations  sur  l' Encyclopédie  j 
brochure  in-8° ,  1782 ,  où  il  signale  les  vices 
du  plan  adopté  pour  cet  ouvrage  ;  |  Es- 
sai sur  la  défense  des  îles  et  des  provinces 
maritimes,  1782,  imprimé  dans  le  Diction- 
naire de  tactique  et  rédigé  à  la  demande 
des  directeurs  de  l'Encyclopédie.  Il 
a  été  traduit  en  plusieurs  langues  ;  |  Essai 
sur  la  forme  et  la  construction  la  plus 
avantageuse  à  donner  aux  aérostats 
pour  parvenir  à  les  diriger  ^  178/i.  ;  |  Exa- 
men de  l'effet  de  l'attraction ,  Mémoire 
inséré  en  1788 ,  dans  le  Journal  de  phy- 
sique; I  Essaid'une  nouvelle  méthode  con- 
chyliologique,  inséré  en  1802  dans  le  k^  vol. 
des  Mémoires  de  la  société  m,édicale  d'é- 
mulation, et  plusieurs  autres  observa- 
tions dans  les  journaux  des  sciences.  Il  a 
laissé  en  manuscrit  des  Mélanges  et  des 
Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  de  la  ré- 
volution. On  lui  doit  encore  l'Histoire 
naturelle  j  générale  et  particulière  des 
mollusques  terrestres  et  fluviatiles  ^  tant, 
des  espèces  que  l'on  trouve  aujourd'hui 
vivantes  que  des  dépouilles  fossiles  de 
celles  qui  n'existent  plus  :  ouvrage  que 
son  fils,  le  baron  de  Férussac,  officier 
supérieur  au  corps  royal  d'état-major,  a 
fait  paraître  par  livraisons.  M.  de  Fé- 
russac s'était  aussi  occupé  de  diverses 
améliorations  à  introduire  dans  le  service 
de  l'armée. 

FERVAQUES.  Voyez  HAUTEMER. 

FESTUS  (  PoMPÉius  Sextus  )  ,  célèbre 
grammairien,  abrégea  le  traité  de  Ver- 
rius  Flaccus  :  De  verborum  significatione. 
Cet  abrégé  ,  très  utile  ,  suivant  Scaliger , 
a  été  donné   au  public  par  Dacier,  ad 


FEU 


10.-S 


FEU 


usum  Drlphim  .  Paris,  1681,  inV,  et 
Amstenlam,  1699,  in-4".  Celte  dernière 
édition  m"  vaut  pas  celle  de  Paris. 

FUSTl'S  (  Ponciis  ),  proconsul  cl  Rou- 
\frncur  de  Judée  vers  l'an  61  de  J.-C.  , 
lit  citer  saint  Paul  à  ton  tribunal,  lors- 
qu'il était  à  Ccsarée.  Cet  apôtre  ayant  ap- 
pelé à  César,  Fcstus  le  lui  renvoya ,  n'osant 
pas  le  condamner ,  quoiqu'il  eût  déjà  reçu 
une  somme  d'argent  pour  n'être  pas  favo- 
rable à  saint  Paul.  Jet.  26. 

FETI  (  DoJiixiQt'E  )  ,  peintre  romain  , 
•é  en  1589  ,  disciple  de  Civoli ,  forma  son 
•eût  sur  les  ouvrages  de  Jules  Romain. 
Il  allia  ime  grande  manière  et  un  coloris 
vigoureux  à  une  pensée  fine ,  à  une  ex- 
pression vive  ,  et  à  une  touche  spirituelle 
et  piquante.  Le  cardinad  Ferdinand  Gonui- 
gue ,  depuis  duc  de  Mantouc ,  l'employa 
à  orner  son  palais,  et  lui  aurait  fait  un  sort 
heureux,  si  la  débauche  ne  l'eût  enlevé 
en  16'i4 ,  à  55  ans.  Les  dessins  de  ce  pein- 
tre sont  d'un  grand  goût ,  et  très  rares. 
On  en  voit  quelques-uns  au  musée  de 
Paris,  notamment  le  mariage  de  sainte 
Catherine .  la  méditation  sur  le  néant  des 
vanités  humaines.  Il  laissa  une  sœur  qui 
«e  fit  religieuse.  Elle  peignait  fort  bien. 
Le  couvent  où  elle  entra  fut  orné  de  ses 
tableaux  ;  elle  en  fit  aussi  pour  les  autres 
maisons  religieuses  de  lUantoue. 

FEU  (  Fra>vois)  docteur  de  Sorbonne, 
naquit  à  Massiac  en  Auvergne  l'an  1633. 
Il  fut  grand-vicairo.de  Rouen  ,  sous  Col- 
bcrl,  puis  curé  de  Saint-Gervais  à  Paris, 
en  1686  :  dans  ces  deux  places  il  se  lil  gé- 
néralement estimer  des  grands  et  des  pe- 
tits. Il  mourut  le  26  décembre  1699,  à  66 
ans.On  a  de  lui  les  deux  premiers  vol. 
in-k"  (16i»'2  et  1693  ),  d'un  cours  de  théo- 
logie ,  qu'il  n'eut  pas  le  tempî  d'achever. 

FEU-.\RDE.\T  (  François  )  ,  corde- 
lier,  né  à  Coutanre  en  1541,  docteur  de 
Sorbonne  en  1576,  était  un  /,élé  ligueur. 
Il  disserta  c«  chaire  contre  Henri  III  et 
Henri  IV.  Il  mourut  en  1610  à  Bayeux , 
et  non  à  Paris,  comme  dit  Bayle ,  lais- 
sant :  I  des  Traités  de  controverse .  où 
il  y  a  de  bonnes  choses  ;  mais  qui ,  pour 
la  manière,  tiennent  au  goût  de  son  siè- 
cle; I  des  commentaires  sur  plusieurs 
livres  de  la  Bible  ;  |  des  éditions  de  ({uel- 
ques  ouvrages  des  Pères  et  des  scolasti- 
<|ttes.  L'ardeur  qu'il  avait  témoignée  pour 
û  ligue,  parut  s'éteindre  dès  qu'il  vit  la 
religion  hors  de  danger. 

FEI'ILLADE.  y.  AUBUSSON  (  Frax- 
ç«M*  de  la  ). 

FEL'ILLEE  (  Lotis  ) ,  minime,  associé 


de  l'académie  des  scicMiccs,  iMjtanislc  dfi 
roi,  naquit  à  Manecn  Provence  l'an  16<iO. 
Il  entreprit,  par  ordre  de  Louis  XIV, 
plusieurs  voyages  dans  les  différentes 
parties  du  monde.  Il  lit  honneur  au  rlioi» 
du  monarque.  Ce  prince  le  gratilia  d'une 
pension,  et  lui  fit  construire  un  obser- 
vatoire à  Marseille.  Le  Père  Feuilléc  ,  u»i 
par  les  fatigues  de  ses  courses  savantes, 
mourut  dans  cette  ville  en  1732.  Un  air 
modeste  et  simple  relevait  beaucoup  le 
mérite  de  ses  connaissances.  On  a  de  lui 
un  Journal  des  observations  physiques , 
mathémaliques  et  botaniques  .  faites  sur 
les  côtes  de  l'Amérique  méridionale  et  à 
la  Nouvelle-Espagne,  Paris,  1714-1725, 
3  vol.  in-4".  Le  tome  3  contient  une  His- 
toire des  plantes  médicinales  en  usage 
au  Pérou  et  au  Chili.  Ce  journal ,  écrit 
durement,  mais  aussi  exact  que  curieux, 
peut  servir  de  modèle  aux  voyageurs,  et 
de  flambeau  à  ceux  qui  naviguent  en 
Amérique.  Au  retour  de  la  mer  du  Sud, 
le  Père  Feuillée  présenta  au  roi  un  grand 
volume  in-folio,  où  il  avait  dessiné  d'a- 
près nature  tout  ce  que  ce  vaste  pays  con- 
tient de  plus  curieux.  Cet  ouvrage  inté- 
ressant est  en  original  dans  la  bibliothè- 
que du  roi ,  de  même  que  le  Journal  de 
son  voyage  aux  Canaries  .  pour  la  fixa- 
tion du  premier  méridien  ;  à  la  tin ,  il  a 
ajouté  V Histoire  abrégée  de  ces  iles. 

FEUILLET  (  Nicolas  ),  dianoine  de 
Saint-Cloud,  près  de  Paris,  prédicateur 
apostolique,  et  d'une  morale  qui  a  paru 
sévère ,  mourut  à  Paris  le  7  septembre 
1693  ,  âgé  de  71  ans.  On  a  de  lui  (  in-12  , 
1702)  V  Histoire  delà  conversion  de  Chan- 
teau,  cousin-germain  de  Caumartin  ,  con- 
seiller d'état.  Feuilleton  avait  été  le  prin- 
cipal instrument.  Cette  histoire  édifiante, 
réimprimée  plusieurs  fois,  est  très  ré- 
pandue. On  a  encore  de  lui  des  lettres  . 
qui  peignent  les  sentimens  de  religion 
dont  il  était  pénétré;  et  une  Oraison  fu- 
nèbre de  Henriette  d Angleterre^  du- 
chesse d'Orléans.  Son  portrait  a  été  gravé 
par  Edeliuck. 

'  FEUILLET  (  Madeleine  ),  nièce  du 
précédent,  se  livra,  vers  la  fin  du  17* 
siècle  ,  à  la  composition  de  plusieurs  ou- 
vrages de  piété  qui  ont  eu  du  succès; 
les  principaux  sont  :  |  Sentimens  chré- 
tiens sur  les  principaux  mystères  de  No- 
tre-Seigneur,  etc.,  Paris,  RouUaiul,  vei» 
1689,  in-12;  |  Concordance  des  prophé- 
ties avec  l'Evangile  ^  sur  la  passion  ,  la 
résttrrection  el  l'ascension  deJésus-Chnst. 
Paris,  1689,  in-12;  |  L'J me  chrétienne 


FEU 

soumise  à  l'esprit  de  Dieu ,  Paris ,  1701 , 
in-12  ;  |  les  Quatre  Fins  de  l'homme  ^Vd,- 
ris,   1694,  in-13.  Madeleine    Feuillet  a 
aussi  traduit  du  latin  deux  ouvrages  du 
jésuite  Drexelius ,   savoir  :  la  Voie  qui 
conduit  au  ciel ^  Paris,  1684,  in-12;  et 
VJnge  gardien.  Paris,  1691,  in-12. 
FEUQUIERES.  Voyez  PAS. 
*  FEUTRIER  (  Jean-François -Hya- 
cinthe, comte),  né  à  Paris  le  2  avril  1785, 
termina  ses  études  au  séminaire  de  Saint- 
Sulpice  sous  l'abbé  Emery ,  et  embrassa 
la  carrière  ecclésiastique.  Nommé  secré- 
taire-général de  la  grande    aumônerie, 
par  le  cardinal  Fesch,  alors  grand-au- 
inônier  de  France,  il  fut  aussi  désigné, 
par  l'influence  du  même  cardinal ,  pour 
élre  membre  du  concile  convoqué  à  Pa- 
ris par  Napoléon ,  à  l'effet  de  régler  les 
différends  survenus  entre  le  gouverne- 
ment français  et  le  pape  Pie  VII,  et  il 
contribua  beaucoup  à  la  résistance  que 
cette  assemblée  opposa  aux  volontés  de 
l'empereur.PlustardFeutrier  fut  le  prin- 
cipal agent  des  secours  pécuniaires  qu'on 
faisait  parvenir  au  saint  Père  et  aux  car- 
dinaux retenus  en  captivité.  Lors  de  la 
première  restauration  ,  Talleyrand-Péri- 
gord ,  archevêque  de  Reims ,  grand-au- 
mônier de  France ,  s'attacha  l'abbé  Feu- 
trier,  qui  fut  confirmé  dans  sa  place  à  la 
grande  aumônerie  par  Louis  XVIII.  Il  la 
quitta  durant  les  cent- jours  ,  malgré  les 
instances  du   cardinal  Fesch,   puis    fui 
réintégré ,  après  la  seconde  rentrée  du 
roi.  Il  fut  fait  bientôt  chanoine  honoraire 
du  chapitre  royal  de  Saint-Denis,  puis 
curé  de  la  Madeleine ,  paroisse  un  peu 
négligée   sous  un  prédécesseur  valétudi- 
naire ,  et  dans  laquelle  il  sut  ranimer  la 
piété  et  la  charité  des  fidèles  par  son  zèle 
et    son    activité   infatigable.    De   toutes 
parts  on  accourait  entendre  ses  sermons, 
composés  avec  im  talent  remarquable. 
Le  8  mai  1821 ,  il  prononça  ,  dans  la  ca- 
thédrale d'Orléans ,    le    panégyrique  de 
Jeanne  d'Arc,   qui  fut   tellement  goûté 
qu'on  lui  demanda  deux  ans  après  de  ve- 
n  ir  le  prononcer  de  nouveau.  L'abbé  Feu- 
trier  s'attacha  aussi,  en  sa  qualité  de  vi- 
caire-général de  la  grande-aumônerie  ,  à 
répandre  l'instruction  religieuse  parmi  les 
soldats  en  garnison  à  Paris ,  et  il  savait 
prendre  un  langage  approprié  à  leur  pro- 
fession. Le  25  août  1822,  il  fit  devant  l'aca- 
démie française,  à  Saint-Germain l'Auxer- 
rois.le  panégyrique  annuel  de  saint  Loviis, 
sujet   rebattu  dont  il  eut  le  talent  de  ra- 
jeunir plusieurs  détails.  En  février  1823, 


104  FEU 

Feutrier  fut  nommé  vicaire-général  du 
diocèse  de  Paris,  et  membre  du  conseil 
de  l'archevêque,  Mgr.  de  Quélen,  puis 
appelé,  le 26  janvier  1826  ,  au  siège  épi- 
scopal  de  Beauvais ,  et  sacré  le  24  avril 
suivant.  Promu,  au  commencement  de 
l'année  1828 ,  au  ministère  des  affaires  ec- 
clésiastiques ,  qui  venait  d'être  séparé  de 
celui  de  l'instruction  publique ,  Feutrier 
prit  beaucoup  de  part  aux  discussions  par- 
lementaires, ainsi  qu'aux  fameuses  or- 
donnances du  16  juin  1828,  qui  excitèrent 
de  vives  réclamations  de  la  part  de  l'é- 
piscopat  et  du  clergé  français  (i).  On  a 
reproché  au  minisire  d'avoir  eu  recours 
à  de  petites  ressources  et  à  des  moyens 
équivoques  pour  persuader  à  ses  collègues 
que  l'intention  du  souverain  pontife  était 
qu'ils  se  soumissent  aux  ordonnances.  On 
assure  qu'elles  furent  pour  lui  plus  tard 
une  source  d'amers  regrets.  Il  quitta  le  mi- 
nistère au  mois  d'août  1829 ,  et  retourna 
dans  son  diocèse  avec  une  pension  de 
12,000  francs  et  les  titres  de  comte  et  de 
pair  de  France.  Sa  sanlé  s'était  altérée 
depuis  graduellement ,  et  il  fit ,  pour 
consulter  les  médecins,  un  voyage  à 
Paris,  où  il  arriva  le  samedi  26  juin  1830. 
Le  dimanche  malin  on  le  trouva  mort 
dans  son  lit.  L'autopsie  du  cadavre  fit  re- 
connaître que  cette  fin  subite  était  due 
à  un  épanchement  au  cerveau.  Ses  obsè- 
ques furent  célébrées  à  l'Abbaye-aux-Bois, 
et  son  corps  fut  transporté  dans  la  cathé- 
drale de  Beauvais.  M.  Feutrier  était  mem- 
bre de  la  légion-d'honneur.  On  a  de  lui  : 
I  Eloge  historique  et  religieux  de  Jeanne 
d'Arc  j  pour  l'anniversaire  de  la  déli- 
vrance d'Orléans ,  le  8  mai  1429 ,  pro- 
noncé dans  la  cathédrale  de  cette  ville 
le  8  mai  1821 ,  et  le  %  mai  1823 ,  Orléans, 
1823,  in-8";  ]  Oraison  funèbrr^de  S.  A.  R. 
Monseigneur  le  duc  de  Berry ,  qui  devait 
être  prononcée  à  un  service  dans  l'église 
Sainle-Madeleine,  qui  n'eut  point  lieu, 
1822,  in-S";  1  Oraison  funèbre  de  S.  A.  R. 
Tnadame  la  duchesse  douairière  d'Or- 
léans .'■ï'  édition,  Paris,  1821 ,  in-8". 

FEUTRY  (  Amé-Ambiioise- Joseph)  , 
avocat  au  parlement  de  Douai,  né  à  Lille 
le  9  octobre  1720,  et  mort  à  Douai  le  28 
mars  1789 ,  est  auteur  de  quelques  petits 
poèmes  ,  où  il  pourrait  y  avoir  un  peu 
plus  de  chaleur  et  d'action,  mais  où  il  y  a 
de  l'élégance  et  une  versification  en  géné- 


(i).  Voir  pour  cei  ordonnancci,  le  Tablrau  chrono- 
logique, pagi'  ;47  ,  ïu  premier  volume  d«  celle  Bio- 
grapkie. 


FEV 


105 


FEV 


r«l  noble  et  forte.  Le  Temple  de  la  Morl. 
les  Tombeaux ,  les  Ruines  ,  portent  l'em- 
preinte d'une  mélancolie  douce ,  et  de 
cette  philosophie  aartcmcnl  sombre  .  qui 
donne  dans  le  silotiro  do»  leçon»  utiles. 
Le  choix  du  sujet  contraste  avanlaccusc- 
mentavec  tant  de  bruyantes  descriptions 
de  f^tes  .  de  farces  ,  de  folies  d'amour  ,  et 
de  creuses  spéculations  philosophiques  , 
qui  exercent  le»  talens  ou  occupent  l'oisi- 
veté de»  écrivains  du  jour,  et  donnent  de 
l'esprit  de  l'auteur  une  idée  avantageuse. 
Dans  le  Temple  de  la  Mort  on  a  admiré 
ce  vers  caractéristique  : 


Le  i<ii 


dc'tra 


I  en  affermit  Ici  raar*. 


On  a  aussi  de  lui  ;  Choix  d'histoires  ;  les 
jeux  d'en  fans .  poème  en  prose? />i>u, 
ode  ;  flujr  yations,  ode  ;  Mémoires  du  siè- 
cle d'Juçuste^et  une  édition  de  Robinson 
Crusoé.  Voyez  FOÉ. 

FEVERSIIAM  (Lotis  de  DURAS, 
comte  de  ),  chevalier  de  l'ordre  de  la  Jar- 
retière ,  commandait  l'armée  de  Jacques 
II,  lorsque  le  prince  d'Orange  fil  sa  des- 
cente en  Angleterre ,  l'an  1688.  Le  comte 
abandonné  de  son  armée,  licencia  le  peu 
de  soldats  qui  lui  étaient  restés  attachés. 
Ce  fut  le  motif  dont  se  servit  le  prince 
d'Orange,  pour  faire  mettre  en  prison  ce 
fidèle  serviteur,  prétendant  qu'il  n'avait 
pu  licencier  une  armée  royale ,  sans  sa 
permission.  Il  obtint  pourtant  sa  liberté 
dans  la  suite,  et  mourut  à  Londres,  à  l'âge 
de  71  ans,  en  1709,  avec  une  grande  ré- 
putation de  bravoure. 

F£VRE  (  Raoul  le  ) ,  chapelain  de  Phi- 
lippe ,  duc  de  Bourgogne  en  1564. ,  est  au- 
teur du  Recueil  des  Histoires  troyennes  , 
asset  rare  ,  des  éditions  du  15'  siècle,  in- 
fol.  Celles  du  16',  quoique  aussi  bonnes,  ne 
«ont  pas  recherchées. 

FEVRE  (  Jea"«  le  )  ,  avocat  au  parle- 
ment ,  et  rapporteur  -  référendaire  en 
chancellerie,  sous  Charles  V,  roi  de  France, 
est  auteur  d'un  poème  moral,  intitulé  Z<f 
respit  de  la  mort.  Ili33  ,  in-8",  gothique.  Il 
y  en  a  encore  une  édition  de  Paris ,  1506, 
innl" 

FÈVRE  (Jacques  Fabrion  Faber.  ou 
le  )  surnomme  d'Etaples  (  Stapulensis  )j 
du  lieu  de  sa  naissance  ,  au  diocèse  d'A- 
miens, vint  au  monde  vers  l'an  1455.  Il 
lit  5CS  études  dans  l'université  de  Paris  , 
•■t  y  professa  ensuite  les  belles-lettres  et 
la  philo5<jphie.  C'était  encore  le  règne  de 
la  plus  barbare  scolaslique.  Le  Fèvre  sut 
fc'eIrvtT  au-dessus  des  chicanes  de  l'école. 
U  fui  un  des  premiers  qui  inspirèrent  lo 


goût  des  études  solides  ,  et  en  particulier 
de  celle  des  langues- mères.  Guillaume 
Briçonnet ,  évéque  de  Meaux  ,  le  choisit 
I)our  son  grand-vicaire  en  1523  ;  ce  prélat 
ayant  été  accusé  de  favoriser  les  nova- 
t2urs.  Le  Fèvre  ,  soupçonné  de  lavoir  sé- 
duit, fut  obligé  de  le  quitter.  Il  se  retira  à 
Strasbourg  et  de  là  à  Paris  ,  où  il  fut 
nommé  précepteur  du  troisième  fils  de 
François  1"".  La  reine  Marguerite,  sœur  de 
ce  prince,  infectée  des  nouvelles  erreurs, 
mena  Le  Fèvre  à  Nérac  en  1530  ;  c'est  là 
que  cet  habile  homme,  après  avoir  rou- 
vert les  yeux  à  la  vérité,  finit  ses  jours  , 
sincèrement  converti,  en  15^37.  Ses  prin^ 
cipaux  ouvrages  sont  :  |  un  Traité  des 
trois  Madeleines  ,  solidement  réfuté  par 
les  bollandisles  et  par  d'autres  savans 
(  voyez  FISCHER  BEDA);  ]  un  Psautier 
en  5  colonnes,  Paris ,  in-folio,  1509  ,  avec 
des  notes  peu  estimées;  |  des  Commen- 
taires sur  les  Psaumes  ,  sur  l'Ecclésiaste  , 
sut-  les  Evangiles,  sur  saint  Paul,  etc., 
savans  ,  mais  mal  digérés  et  mal  écrits  ; 
I  Jgoixes  martyruîn  mensisjanuarii  ^  in- 
folio (  sans  datcnilieu,  mais  du  commen- 
cement du  16'  siècle)  ;  |  une  version  fran- 
çaise de  toute  la  Bible,  imprimée  à  Anvers 
*en  1530,  1534  et  1541,  in-folio ,  et  en  1728, 
en  4  vol.  in-8".  L'édition  de  1534  ,  revue 
par  des  docteurs  de  Louvain ,  est  la  plus 
correcte ,  la  plus  exacte  et  la  plus  rare  , 
parce  qu'elle  fui  supprimée.  Cette  traduc- 
tion, son  sentiment  sur  la  monogamie  de 
sainte  Ann&,  et  sa  distinction  des  trois 
Maries,  soulevèrent  beaucoup  de  docteurs 
contre  Le  Fèvre  ;  ce  qui  l'obligea  de  se 
contredire  dans  le  traité  De  duplici  et 
unica  Magdalena  ^  in-4°,  pour  prouver 
qu'on  pouvait  soutenir  qu'il  y  en  avait 
deux  ou  une  seule.  A  force  de  varier  et 
de  tourner  celte  question ,  il  l'a  si  bien 
embrouillée,  qu'on  ne  sait  point  ce  qu'il 
en  pensait. 

•FÈVRE  (  DETiisIe),  religieux  célestin, 
vicaire-général  et  provincial  de  son  ordre, 
né  dans  le  Vendômois  en  1488  ,  mort  à 
Paris  en  1558  ,  après  avoir  professé  avec 
éclat  les  lanjrues  giecque  et  latine ,  a  laisse 
les  ouvrages  suivons  :  |  yita  sancti  Cœ- 
lestini,  conscripla  primum  a  Petro  Altia- 
censi  S.  R.  E.  cardinali  ,  limatiori  stylo 
donata.  Paris  ,  1559,  in-4°  ;  |  Poeina  Ite- 
braicum  de  immaculala  conceptione  f-'ir- 
çinis  Mariœ/rroycs,  in-4";  \Index  Alplut- 
belicus  scriptorum  grcecorum  et  latino- 
non  in  omni  gcncre  lilleralurar;  j  des  Ser- 
inonSj.  etc. 

*  l'ÈVRE  (  JtA?i  le  ; ,  thunoiue  de  la 


FEV 


i06 


FEV 


cathédrale  deLangics,  né  à  Dijon  en  1493, 
mort  en  1565  ,  savant  théologien  ,  excel- 
lent mathématicien  ,  s'appliquait  aax  arts 
mécaniques,  surtout  à  l'horlogerie  et  aux 
beaux-arts  .  tels  que  la  peinture.  Il  laissa 
les  ouvrages  suivans  :  |  Livret  des  em- 
blèmes d'Alciat.  mis  en  rimes  françaises, 
Paris  ,  Wechel ,  1536,  in-S"  ,  gothique  ; 
Dictionnaire  des  rimes  françaises,  ibid. , 
1572,  in-8"  ;  ibid.,  1588,  in-8° ,  augmenté 
par  Tabourot  ;  |  Liber  de  Horariorum 
compositione .  manuscrit. 

FEVRE  (  Gui  le  ),  sieur  de  la  BODERIE 
en  Basse-Normandie ,  où  il  naquit  l'an 
1541.  Savant  dans  le«  langues  orientales  , 
il  eut  beaucoup  de  part  à  la  fameuse  Po- 
lyglotte d'Anvers,  confiée  aux  soins  d'Ar- 
rias  Montanus.  Si  onle  croit,  celui-ci  n'y 
contribua  pas  autant  qu'on  le  pense  com- 
munément. Le  Fèvre  passa  avec  son  frère 
Nicolas  à  Anvers,  pour  l'exécution  de  ce 
grand  ouvrage.  Il  y  travailla  long-temps  , 
et  y  inséra  le  nouveau  Testament  en 
syriaque,  avec  une  version  en  latin ,  une 
Grammaire  syriaque  et  une  chaldaïque  , 
et  un  Dictionnaire  de  ces  deux  langues.  Il 
retourna  ensuite  en  France ,  apportant 
pour  tout  fruit  de  ses  travaux ,  beaucoup 
de  fatigues  et  quelque  peu  de  réputation. 
A  son  retour ,  il  fut  secrétaire  du  duc 
d'Alençon  ,  frère  du  roi  Henri  III  ;  fut 
mal  payé  comme  à  Anvers  ,  et  alla  mou- 
rir à  la  Boderie  en  1598.  On  a  de  lui  plu- 
sieurs ouvrages  en  vers  et  en  prose,  des 
iradiictiGiis ,  eic.  ii  mêlait  aux  épines  de 
l'étude  des  langues  les  fleurs  de  la  poésie 
française.  Il  eut  de  son  temps  une  assez 
grande  réputation  dans  ce  dernier  genre; 
mais  à  l'exception  de  quelques  pièces,  où 
l'on  trouve  une  certaine  naïveté  qui  plaît 
malgré  la  barbarie  du  langage  ,  tout  ce 
qui  nous  reste  de  lui  est  du  plus  mauvais 
goût  :  style  ampoulé  ,  phrases  inintelligi- 
bles ,  comparaisons  forcées  ,  expressions 
basses ,  allusions  puériles,  jeux  de  mots 
ridicules,  plaisanteries  froides.  On  peut 
consulter  le  Père  Nicéron  (  Mémoires  , 
tome  58'  ) ,  qui  donne  le  catalogue  de  ses 
ennuyeuses  productions. 

FÈVRE  DE  LA  BODERIE  (  Antoine 
le  ),  frère  du  précédent,  fut  employé  par 
Henri  IV  et  par  Louis  XIII  dans  des  af- 
faires importantes.  Il  eut  la  qualité  d'am- 
bassadeur à  Rome  ,  dans  les  Pays-Bas  et 
en  Angleterre.  Jacques  I"^"  lui  fit  présent 
d'un  bassin  de  vermeil,  enrichi  de  pierre- 
ries ,  avec  ces  mots  :  «  Jacques ,  roi  de  la 
»  Grande-Bretagne  ,  à  Antoine  de  la  Bo- 
»  derie.  »  Le  prince  de  Galles  lui  domia 


un  diamant  d'un  grand  prix  ,  et  les  sei> 
gneurs  d'Angleterre  ajoutèrent  à  tous  ce« 
présens  150  haquenées ,  que  La  Boderie 
distribua  à  son  retour  à  ses  amis.  Il  n'en 
réserva  qu'une  seule,  que  Henri  IV  lui 
demanda.  «  Il  n'est  pas  juste  ,  lui  dit  ce 
«prince,  que  je  sois  le  seul  de  vos  amis, 
I)  qui  n'aie  point  de  part  à  vos  libéralités.  » 
La  Boderie  fut  très  utile  à  ce  monarque , 
surtout  dans  l'affaire  du  maréchal  de 
Biron  dont  il  découvrit  les  intelligences  à 
Bruxelles.  Il  mourut  en  1615,  à  60  ans.  Il 
avait  épousé  la  soeur  du  marquis  de  Feu- 
quières  ,  gouverneur  de  Verdun,  dont  il 
eut  deux  tilles  ;  l'une  mourut  fort  jeune  , 
et  l'autre  épousa  M.  Arnaud  d'Andilli  en 
1613,  auquel  elle  apporta  la  terre  de  Pom- 
ponne. On  a  de  lui  un  Traité  de  la  no- 
blesse,  traduit  de  l'italien  de  Jean-Bap- 
tiste Nenna ,  imprimé  en  1585 ,  in-8°.  On 
a  publié  ,  en  1749 ,  ses  lettres  et  ses  négo' 
dations,  5  vol.  in-12.  Il  passe  aussi  pour 
l'un  des  auteurs  du  Catholicon,  satire  que 
l'esprit  de  parti  a  fait  valoir  dans  le 
temps ,  mais  qui ,  dans  le  fond ,  n'est 
qu'une  platitude  dont  la  haine  contre  l'Es- 
pagne et  les  invectives  contre  la  ligue 
font  tout  le  mérite  :  «  Comme  si  l'asso- 
»  dation  des  calvinistes,  dit  un  auteur  im- 
»  partial ,  n'avait  pas  été  une  ligue,  et  une 
»  ligue  composée  de  sujets  rebelles  ,  ar- 
»  mée  contre  le  trône  et  l'autel.  » 

FÈVRE  (  Nicolas  le  ) ,  né  à  Paris  en 
1544 ,  se  creva  un  œil  en  taillant  une 
plume.  Cet  accident  n'interrompit  point 
ses  études.  Il  commença  celle  du  droit  à 
Toulouse.  Nicolas  avait  dès  lors  le  goût 
de  l'antiquité  ;  il  entreprit  le  voyage  de 
Rome  pour  se  perfectionner.  De  retour 
en  France  ,  il  se  livra  aux  douceurs  de 
l'étude,  tandis  que  la  plupart  des  gens  de 
lettres  de  Paris  s'occupaient  des  affaires 
de  la  ligue.  Henri  IV  étant  enfin  paisi- 
ble possesseur  de  sa  couronne  ,  choisit  le 
Fèvre  pour  précepteur  du  prince  de 
Condé  ;  et  après  la  mort  de  ce  roi,  la  reine 
lui  confia  l'éducation  de  Louis  XIII.  lî 
mourut  16  mois  après  ,  en  1612  ,  à  69  ans. 
Quoique  le  Fèvre  eût  travaillé  toute  sa 
vie,  il  n'ambitionnait  point  le  titre  d'au- 
teur, ou  peut-être  craignait-il  les  écueils 
de  cette  profession.  Ses  opuscules  furent 
publiés  à  Paris  en  1614  ,  in-4",  par  le  Bè- 
gue. On  y  aperçoit  un  critique  exact  sans 
être  trop  hardi ,  judicieux  dans  ses  con- 
jectures ,  et  juste  dans  ses  raisonnemens. 
Son  style  est  pur  ,  net  et  concis.  Si  ses 
talens  le  firent  estimer,  son  caractère  ne 
le  fit  pas  moins  aimer  :  il  était  humain , 


FEV 

doux,  conimunicatif.   Il  vri'uUUiins  la  rc- 
lilc  avec  la  politesse  truu  ruurtitan  .  et 
l;i  cour  avec   la    simplicité  d'un  soli- 
laire. 

FÈVnE  (  Ta-s^rgci  le  )  ,  n«^  à  Cacn  en 
*''tî>,  se  fit  de  bonne  heure  un  nom  par 
*<  succès  dans  l'élude  du  prec  et  du  la- 
u.  Le  cardinal  do  Richelieu  le  gratifia 
(l'une  pension  de  2,000  livres,  pour  avoir 
l'inspettion  sur  les  ouvrages  imprimés 
■u  Louvre.  Cet  illustre  rémunérateur  des 
gens  de  lettres  se  proposait  de  le  faire 
principal  d'un  collège,  qu'il  devait  ériger 
•ous  le  nom  de  Richelieu.  Sa  mort  ravit 
ce  nouveau  bienfait  aux  savans,  et  à  le 
Fèvre  un  protecteur.  Le  Fèvre  qni  avait 
plus  de  cupidité  que  de  religion,  se  fit 
protestant,  et  eut  une  classe  d'humanités  à 
Sauniur,  qui  assura  sa  vie  dans  ce  monde, 
mais  non  pas  son  salut  dans  l'autre.  Il 
méprisa  ,  dit  l'auteur  du  Siècle  de  Louis 
XIV  ,  ceux  de  sa  secte  ,  et  vécut  parmi 
eux.  On  lui  envoya  des  jeunes  gens  de 
celte  secte  de  toutes  les  provinces  du 
royaume  et  des  pays  étrangers.  Les  pro- 


fesseurs mêmes  assistaient  à  ses  leçons. 
En  1672  ,  il  se  préparait  à  quitter  Saumur 
pour  passer  à  Heidelberg,  lorsqu'une  fiè- 
vre continue  l'emporta  à  57  ans.  Le  Fèvre 
était  un  vrai  épicurien  ,  et  n'épargnait 
rien  pour  satisfaire  ses  goûts.  Il  se  par- 
fumait comme  un  petit- maître.  Il  lui 
manquait ,  à  la  vérité ,  cet  air  aisé  du 
grand  monde,  mais  il  v  suppléait  par  mi 
verbiage  étudié.  Les  fruits  de  sa  plume 
sont  :  I  Des  IS'otes  sur  j4nacréon,  Lu- 
crèce. Firgile.  Horace^  Térence.  Phèdre, 
Longin.  Aristophane.  Elien,  Apollodore. 
ExUrope  .  Aurélius  -  Victor.  Dent/s  d'A- 
lexandrie.  etc.  Le  Fèvre  commente  ces 
auteurs,  en  homme  qui  connaissait  assez 
bien  les  délicatesses  des  langues ,  et  qui 
en  possédait  l'esprit.  |  Deux  volumes  de 
lettres,  1659  et  1665  ,  in-i";  j  Les  Vies  des 
poètes  grecs,  en  français,  in-12,  dont  la 
meilleure  édition  est  celle  qu'en  a  donnée 
Roland,  à  laquelle  il  a  ajouté  ses  remar- 
ques ;  I  des  poésies  grecques  et  latines.  Le 
liitindele  Fèvre  est  pur,  poli  ,  délicat, 
mais  pas  tout-à- fait  exempt  de  gallicis- 
mes ;  son  siècle  fournit  de  meilleurs  mo- 
dèles en  ce  genre.  |  Des  morceaux  de 
Platon  et  de  Plularqu^  .  qu'il  a  traduits  et 
accompagnés  de  notes.  Son  français  n'a 
T.as  les  grâces  de  son  latin  ;  on  voit  un 
;nmc  de  collège,  qui  fait  des  efforts 
ur  prendre  le  ton  d'un  homme  du 
-nde.Il  veut  mêler  le  sérieux  de  Balzac 
avec  l'enjouenaenl  de  Voilure,  et  les  gâte 


«07  FEV 

tous  les  deux.  Il  avait  un  attachement  in- 
violable à  SOS  amis.  Dans  le  temps  que 
Pellisson  était  prisonner  d'état  ,  il  eut  le 
courage  de  lui  dé.lier  son  Lucrèce.  Outre 
M""  Dacier  sa  fille  ,  il  eut  un  fib,  auteur 
d'un  petit  traité  paradoxal ,  sous  ce  titre  • 
De  fuUlilate  poctices.  16'J7,  in-li2. 

FEVUE(  Nicolas  le  ),  célèbre  chimiste 
(lu  17*  siècle  ,  démonstrateur  de  chimie 
au  jardin  royal  des  plantes  de  Paris  ,  fut 
appelé  en  Angleterre  pour  diriger  un  la- 
boratoire de  chimie  ,  que  Charles  II  avait 
formé  à  Saint-James,  l'une  de  ses  maisons 
royales.  Ce  prince  l'accueillit  avec  distinc- 
tion. On  a  de  lui  une  Chimie  théorique 
et  pratique,  en  2  vol.  in-8°,  dont  la  3*  édi- 
tion parut  en  1674.  On  croit  que  l'auteur 
mourut  peu  de  temps  après.  Son  livre  est 
un  des  premiers  où  l'on  ait  établi  des 
principes  et  rassemblé  les  découvertes 
faites  sur  la  chimie. 

FEVRE  (  Claude  le  ),  peintre,  né  à 
Fontaineblau  en  1633,  mort  à  Londres  en 
1675 ,  fit  les  premières  études  de  son  art 
dans  les  galeries  et  les  salles  de  Fontaine- 
bleau. Il  se  mit  ensuite  sous  la  discipline 
de  le  Sueur  et  de  le  Brun.  Ce  dernier , 
ayant  vu  quelques  portraits  de  sa  main  , 
lui  conseilla  de  s'appliquer  à  ce  genre  de 
peinture.  Le  Fèvre  acquit  en  effet  un  ta- 
lent supérieur  pour  saisir  la  ressemblance 
et  le  caractère  ,  en  quelque  sorte  ,  de  la 
personne  qu'il  représentait.  Sa  touche  est 
vraie  et  spirituelle ,  son  coloris  frais  et 
piquant.  Le  roi  et  la  reine  voulurent  être 
peints  par  cet  excellent  artiste,  qui  depuis 
fut  très  employé  à  la  cour.  Le  Fèvre  p^^sa 
en  Angleterre ,  et  fit  dans  ce  royaume 
plusieius  tableaux ,  qui  lui  acquirent 
beaucoup  de  réputation  et  de  richesses. 
Il  a  traité  avec  succès  quelques  sujets 
d'histoire.  On  a  gravé  d'après  ce  maître  , 
et  il  a  lui-même  gravé  plusieurs  portraits 
à  l'eau-forte.  François  de  Troy  a  été  son 
élève. 

FÈVRE( Roland  le),  autrepeintre,  natif 
d'Anjou ,  mort  en  Angleterre  en  1677 , 
excella  à  faire  des  charges. 

FÈVRE  (  Jacques  le  ),  docteur  de  Sor- 
bonne  ,  grand-vicaire  de  Bourges,  né  à 
Coutances  au  milieu  du  17' siècle,  et  morl 
à  Paris  en  1716,  s'est  fait  un  nom  par  les 
ouvrages  qu'il  a  pu})Iiés  pour  la  défense 
de  l'Eglise.  Les  principaux  sont  :  |  Motifs 
invincibles  pour  convaincre  ceux  de  la 
religion  prétendue-réformée.  Paris,  1682, 
in-12  ;  |  youvelle  Conférence  avec  un  mi- 
nistre, touchant  les  causes  de  la  sépara- 
tion de  s  protestant .  16i^  ,  in-12  ;  ce  livre 


FEV 


108 


FIA 


eut  un  grand  succès.  \  Inslructions  pour 
confirmer  les  nouveaux  convertis  dans  la 
foi  de  l'Eglise.  On  a  encore  de  lui  :  En- 
tretiens d'Eudoxe  et  d'Euchariste  ^  sur 
l'Histoire  de  l'arianisme  et  des  iconoclas- 
tes duPère  Maimbourg,i&7li.,  in-12;  \^nti- 
Journal  des  assemblées  de  Sorbonne  : 
critique  ,  ou  plutôt  satire  ,  conduite  par 
Vesprit  de  parti. 

FEVRE  (  André  le),  avocat,  né  à  Troyes, 
était  neveu  de  Houdard  de  La  Motte.  Son 
oncle  ayant  perdu  la  vue  l'appela  auprès 
de  lui,  et  il  fut  son  lecteur  et  son  secré- 
taire. Il  s'acquitta  de  ces  deux  emplois 
avec  une  assiduité  et  un  zèle  qui  lui  mé- 
ritèrent les  éloges  de  toutes  les  âmes  hon- 
nêtes, n  mourut  à  Paris  en  1768 ,  après 
avoir  passé  ses  dernières  années  dans  des 
infirmités  continuelles.  Nous  avons  de  lui 
les  Mémoires  de  l'académie  des  Sciences 
de  Troyes  ^  1744 ,  in-8°  ,  réimprimés  en 
1756  ,  en  2  part,  in-12.  Cet  ouvrage  ,  au- 
quel M.  Grosley  a  eu  part,  est  dans  le  goût 
des  Mathanasiana  ^  mais  plus  sagement 
écrit.  Il  y  a  des  choses  agréables  et  des 
recherches  curieuses. 

FÈVRE  (Louis  le).  K  CHANTEREAU. 

FEVRE.  Voyez  FEBVRE  (Jacques  le). 

FEVRET  (  Charles  ) ,  né  à  Semur  en 
1383  ,  fut  avocat  au  parlement  de  Dijon 
dès  l'âge  de  19  ans  ,  et  mourut  dans  cette 
ville  en  1661.  On  a  de  lui  un  Traité  de 
l'Abus  j  composé  à  la  prière  de  Louis  II , 
prince  de  Condé,  et  dont  la  meilleure  édi- 
tion est  de  Lyon  ,  1736,  en  2  vol.  in-folio , 
avec  des  notes  du  célèbre  Gilbert  et  de 
Brunet,  avocat,  Févret  a  approfondi  cette 
matière ,  et  son  ouvrage  est  le  fruit  des 
plus  longues  recherches  ;  il  y  a  cependant 
des  canonistes  qui  trouvent  de  l'inconvé- 
nient dans  la  trop  grande  extension  de 
ses  principes.  Hauteserre  l'a  réfuté  par 
ordre  du  clergé  ,  qui  a  cru  y  voir  com- 
promis les  droits  de  l'Eglise.  On  a  encore 
de  lui  V Histoire  de  la  sédition  arrivée  à 
Dijon  en  1650,  in-8°,  et  d'autres  ouvrages 
en  prose  et  en  vers  latins. 

FEVRET  DE  FONTETTE  (  Charles- 
Marie)  ,  arrière-petit-fils  du  précédent, 
né  à  Dijon  en  1710 ,  fut  reçu  conseiller 
au  parlement  de  celte  ville  en  1756.  Après 
s'être  attaché  pendant  une  longue  suite 
d'années  à  rassembler  une  nombreuse 
collection  d'ouvrages  et  de  morceaux , 
tant  imprimés  que  manuscrits  ,  sur  l'his- 
toire de  France  ,  il  conçut  le  projet  de 
donner  au  public  une  nouvelle  édition 
de  la  Bibliothèque  historique  de  la  France 
du  Père  Le  Long  C'est  par  les  augmen- 


tations considérables  qu'ont  produites  les 
recherches  et  les  travaux  de  M.  Fontette  , 
que  cet  ouvrage  vraiinent  important  ,  et 
dont  l'utilité  peut  s'clendre  à  tant  d'ob- 
jets ,  après  être  sorti  des  mains  de  son 
premier  auteur  en  un  seul  vol.  in-folio , 
en  1719,  est  devenu  un  répertoire  immense 
qui  forme  aujourd'hui  4  vol.  in-fol. ,  non 
compris  les  tables  qui  en  composent  un 
5"^.  Ce  magistrat ,  aussi  recommandable 
par  ses  qualités  sociales  ,  que  par  ses  lu- 
mières dans  la  jurisprudence ,  son  zèle 
pour  sa  patrie ,  et  son  amour  pour  les 
lettres  ,  est  mort  directeur  de  l'académie 
de  Dijon  en  1772 ,  sans  avoir  vu  la  fia 
d'une  entreprise  qui  lui  fait  tant  d'hon- 
neur. M.  Barbeau  des  Bruyères  ,  auquel 
il  avait  remis  tout  son  travail  dès  1764  ,  a 
présidé  à  l'édition  de  cet  ouvrage. 

FEYDE  VU  (Matthieu  ),  né  à  Paris  en 
1616,  docteur  de  Sorbonne,  théologal 
d'Alet,  ensuite  de  Beauvais,  mourut  en 
exil,  à  Annonay  dans  le  Vivarais,  en  1G94, 
à  78  ans.  Son  attachement  au  parti  de  M. 
Arnauld  lui  avait  occasioné  beaucoup  de 
chagrins.  On  a  de  lui  :  |  des  méditations 
sur  l'Histoire  et  la  concorde  des  Evaii- 
</ife5.  Bruxelles,  1675;  Lyon,  1689-96,  etc.; 
I  le  Catéchisme  de  la  Grâce ^  in-12,  et 
d'autres  ouvrages. 

FEYDEAU  DE  BROU  (  Henri  ) ,  évê- 
que  d'Amiens,  d^la  même  famille  que  le 
précédent,  mort  en  1706,  âgé  de  53  ans, 
a  donné  au  public  :  |  une  lettre  latine  à 
Innocent  XII,  contre  le  Nodus  preedes- 
tinationis  du  cardinal  Sfondrate  ;  |  une 
Ordonnance  pour  la  juridiction  des  évé- 
ques  et  des  curés .  contre  le  Père  des  Im- 
brieux,  jésuite;  |  Lettre  au  sujet  de  la 
lettre  à  un  Curieux  sur  d'anciens  tom- 
beaux découverts  en  1697 ,  dans  l'abbaye 
de  Saint- Acheul. 

FEYJOO.  Voyez  FEIJOO. 

FIACRE  (  saint  ) ,  étant  venu  d'Irlande 
ou  d'Ecosse  en  France ,  saint  Faron  ,  évé- 
que  de  Meaux  ,  lui  donna  un  lieu  solitaire 
où  il  bâtit  un  hôpital ,  dans  lequel  il  re- 
cevait les  passans  et  les  étrangers.  Il  mou- 
rut vers  l'an  670.  Les  légendes  lui  donnent 
la  qualité  de  prince.  Sa  Fïe^  qui  n'est 
guère  authentique ,  a  été  publiée  dans  le 
Recueil  de  Surius ,  dans  celui  des  Bollan- 
distes  (  lom,  6*^  d'août,  pag.  598  et  suiv.  ), 
dans  les  Acta  SS.  ord.  S.  Benedicti  de 
Mabillon,  tom.  2,  et  dans  les  autres  ha- 
giographes  ;  enfin  nous  en  avons  des  Vies 
imprimées  à  part,  entre  autres  celle 
écrite  en  vers  et  imprimée  in-4**,  san« 
date .  ni  nom  de  ville  ni  d'imprimeur,  et 


Tl\ 


100 


FIA 


rrllc  dcdoniPirou,  boniMliclin  do  Sainl- 
Manr  ,  imprimée  à  Taris  on  lfi56  ,  in-lî. 
I,ermlta(je  de  Saint-Fiacre  est  devenu  un 
Uiurg  de  la  Brie,  fameux  par  ses  pèleri- 
nages ;  iVtçlisc  ou  rhai>clle  cal  desservie 
par  les  bénédictins,  les  femmes  n'entrent 
point  dans  le  sanctuaire  ;  et  l'on  remar- 
que q\ie  la  reine  Anne  d'Autriche,  y  ve- 
nant en  pèlerinage  en  1G41 ,  se  conforma 
k  cet  tisage  .  et  qu'elle  lit  même,  à  pied  , 
le  chemin  depuis  Monceau  jusqu'à  Saint- 
Fiacre.  Domdu  Plcssis  ,  qui  donne  un  ar- 
ticle curieux  sur  ce  saint  solitaire  (  Hist. 
de  Meaxix .  tom.  1 ,  p.  bl  et  suiv.  )  observe 
que  dans  sa  chapelle  il  y  a  une  pierre, 
sur  laquelle  vont  s'asseoir  pieusement  les 
pèlerins,  pour  guérir  des  hémorrhoïdes , 
ou ,  selon  d'autres  ,  du  fie  ou  mal  de  Saint- 
Fiacre  (  f'isctis .  cancri  genus  ^  camosis 
partibus  adharere  solitus .  primo  quidem 
calli  instar  durescit;  postea  callas  in  pus 
conversas ,  proximas  parles  depascilur.. 
C'est  ainsi  que  Mabillon  désigne  cette 
maladie  dans  les  annales  de  son  ordre, 
t.  1 ,  p.  344  }.  On  a  prétendu  que  le  nom 
de  fiacres  avait  été  donné  aux  carrosses 
de  place,  parce  qu'ils  furent  d'abord  des- 
tinés à  volturcr  jusqu'à  Saint-Fiacre  (  en 
Brie  )  les  Parisiens  qui  y  allaient  en  pèle- 
rinage ;  mais  Ménage ,  dans  son  Diction- 
naire étyniologiquc ,  atteste  comme  té- 
moin oculaire  ,  que  ces  carrosses  furent 
ainsi  appelés  du  nom  de  l'image  de  saint 
Fiacre,  qui  servait  d'enseigne  à  un  logis 
de  la  rue  Saint-Antoine,  où  l'on  a  pre- 
mièrement loué  ces  sortes  de  voitures.  On 
peut  concilier  ces  deux  sentimens;  en 
supposant  que  le  mailre  de  l'auberge  n'a- 
vait pris  saint  Fiacre  pour  enseigne ,  qu'à 
cause  de  la  première  destination  de  ces 
voitures  pour  ce  pèlerinage  ;  la  rue  Saint- 
Antoine  où  était  l'auberge  est  précisément 
sur  le  chemin  de  Paris  à  Saint-Fiacre. 
Par  la  suite  il  étendit  l'usage  de  ses  voi- 
tures pour  le  service  des  rues  de  Paris. 
FIACRE,  frère  lai  de  l'ordre  de  Saint- 
Augxistin,  né  à  Marly  en  1609,  et  mort  à 
Paris  en  1684,  se  fit  connaître  par  sa 
piété  et  diverses  prédictions  qui  parurent 
surnaturelles.  Louis  XIII,  la  reine  Anne 
d'Autriche,  Louis  XIV ,  Marie-Thérèse, 
•on  épouse ,  et  d'autres  grands  person- 
nages, avaient  grande  confiance  en  ses 
prières,  et  s'y  recommandaient  souvent. 
Il  était  fort  lié  avec  Claude  Bernard ,  sur- 
nommé le  pauvre  prêtre  (  voyez  cet  ar- 
ticle ).  Sa  vie  imprimée  à  Paris  en  1722  , 
est  écrite  avec  une  simplicité  qui  attache. 
Dans  son  discours  créliminaire,  l'auteur 


anonyme  (  que  r«»ti  suit  élre  un  augustin, 
nommé  Gahrirl dr  Sainle-Claire  )  ujorilie 
qu'il  connaissait  les  règles  do  la  critiqui: 
et  qu'il  s'y  est  conformé.  On  y  trouve 
cctio  réflexion  :  €  La  disposition  de  nos 
»  pères  était  de  croire  tout  à  l'aveugle  ; 
B  ils  se  faisaient  conscience  de  douter  du 

•  moindre  prodige;  ils  croyaient  trop. 
»  La  disposition  d'esprit  de  nos  jours  (  en 

•  1722  )  est  de  ne  croire  rien;  s'il  me  fal- 
»  lait  opter  entre  ces  deux  extrémités, 
»  j'aimerais  mieux  la  puérile  crédulité  de 
»  ceux  qui  croient  tout,  etc.  »  Du  reste, 
le  livre  est  imprimé  fort  incorrectement, 
et  le  lecteur  est  arrêté  à  chaque  pas  par 
des  fautes  grossières  qui  ne  sont  pas  rele- 
vées dans  Verrata.  L'abbé  d'Artigny  en  a 
donné,  d'après  un  journaliste  ,  le  Précis  de 
ce  qui  concerne  la  naissance  de  Louis  XIV 
(  que  la  reine  Anne  attribua  aux  prières 
du  frère  Fiacre  ) ,  dans  le  tome  6'  de  ses 
Mémoires  ;  mais  on  voit ,  par  ce  précis , 
que  l'abbé  n'avait  pas  vu  le  livre  même. 

•  FIARD  (  Jean  -  Baptiste,  l'abbé  ) , 
naquit  à  Dijon ,  d'une  honnête  famille ,  le 
23  novembre  1736.  Il  entra  d'abord  chez 
les  jésuites,  et  il  était  professeur  de  rhé- 
torique à  Alençon  à  l'époque  de  la  sup- 
pression de  celte  société.  Il  se  rendit  à 
Paris,  et  fut  admis  dans  le  séminaire  de 
Saint-Nicolas  du  Chardonnet.  Appelé  dans 
sa  ville  natale  par  M.  d'Apchon  ,  qui  ad- 
ministrait ce  diocèse ,  il  y  remplit  les 
fonctions  de  vicaire  dans  les  paroisses  de 
Saint-Philibert,  puis  de  Saint-Pierre.  Il 
était  pourvu  d'im  mépari  à  Saint-Michel 
lorsque  la  révolution  survint.  L'abbé 
Fiard  ayant  refusé  de  prêter  le  serment 
dit  civique,  fut  déporté  en  1793  avec 
d'autres  prêtres.  Préservé  des  maladies 
qui  firent  périr  ,  à  Rochefort ,  im  grand 
nombre  de  ses  compagnons  d'infortune  , 
il  revint  dans  son  diocèse  en  1795. 
D'autres  ont  avancé  qu'étant  sexagénaire 
il  ne  fut  point  déporté  ;  mais  qu'ayant 
voulu  continuer  ses  fonctions  ecclésias- 
tiques avec  son  zèle  accoutumé,  il  fut 
enfermé  pendant  2  ans  (  1793-1795  ). 
Il  vécut  depuis  retiré  et  mourut  le  30 
septembre  1818.  L'abbé  Fiard  était  pieux, 
charitable  ;  mais ,  dès  son  enfance ,  à  ce 
qu'ont  assuré  des  personnes  qui  l'ont 
connu  intimement ,  il  avait  montré  une 
imagination  exaltée ,  qu'il  avait  encore 
enflammée  par  la  lecture  de  li,vres  extra- 
vagans.  L'abbé  Fiard  avait  la  faiblesse  de 
croire  à  la  magie,  et  donnait  à  celle-ci 
un  si  grand  empire,  qu'il  ne  voyait  par- 
tout que  des  sorciers  et  des  magicien;, 
10 


FIA  l 

Dans  SCS  écrits ,  il  cite  comme  démonolâ- 
tres  les  ventriloques,  Mesmer,  Caglioslro 
et  autres  jongleurs  de  la  même  espèce  ;  il 
prend  aussi  pour  des  sorciers  les  faiseurs 
de  tours,  une  poupée  automate  et  autres 
ol)jets,  qui  ne  sont,  en  général,  qu'un 
résultat  de  procédés  physiques  ou  de  piu' 
charlatanisme.  Avant  la  révolution,  il 
avait  annoncé  dans  le  Journal  de  Ver- 
dun^ dans  le  Journal  ecclésiastique  ^  et 
dans  le  Spectateur  de  Toulouse^  l'exis- 
tence d'un  grand  nombre  de  dèmonolâ- 
tres.  Le  22  octobre  1775 ,  il  écrivit  une 
longue  lettre  à  l'assemblée  du  clergé, 
dans  laquelle  il  lui  dénonçait  également 
les  projets  d'une  foule  de  magiciens  et  de 
sorciers ,  qui  minaient  sourdement  le 
trône  et  l'autel.  Les  persécutions  qu'il 
avait  éprouvées  ne  firent  qu'exalter  de 
plus  en  plus  son  imagination.  Selon  lui , 
la  révolution  n'était  que  l'effet  d'un  en- 
sorcellement:, et  huit  cent  mille  Parisiens 
étaient  ensoi'celés  :,  ainsi  que  Louis  XVI 
lui-même.  Tous  les  ouvrages  qu'il  a  pu- 
bliés roulent  sur  ce  sujet  :  en  voici  les 
titres  :  |  Lettres  philosojMques  sur  la 
magie ,  1801,  in-8°  ;  |  La  France  trompée 
j)ar  les  magiciens  et  les  démonolâtres  du 
18*^  siècle,  1805,  in-S"  ;  |  Le  Secret  d'état, 
brochure  in-8°,  1815.  On  attribue  aussi  à 
l'abbé  Fiard  Le  Mystère  des  magnéti- 
seurs et  des  somnambules  dévoilé ,  par  un 
homme  du  monde,  1815,  in -8°.  M.  De- 
leuze  a  cru  devoir  réfuter  cet  ouvrage 
dans  ses  Annales  du  m,agnélisme  animal. 
(  On  peut  également  voir  les  Annales  po- 
litiques ,mo  j'aie  s  et  littéraires ,  du  17  dé- 
cembre 1815.  )  En  1797,  l'abbé  Fiard  sou- 
mit à  La  Harpe  une  partie  de  son  travail, 
par  lequel  il  voulait  prouver  l'origine 
diabolique  et  magique  de  la  révolution.  La 
Harpe  se  borna  à  lui  répondre  que  les 
«  révolutionnaires  ne  pouvaient  être 
»  d'aussi  grands  sorciers,  parce  qu'ils  ne 
»  croyaient  ni  en  Dieu  ni  au  diable.  » 
Sur  la  fin  de  sa  vie  l'abbé  Fiard  se  pro- 
menait toujours  seul  dans  les  lieux  les 
plus  solitaires ,  ayant  constamment  avec 
lui  quelques-uns  de  ses  ouvrages  sur  la 
magie  et  les  magiciens.  Cependant,  lors- 
que ,  par  intervalles,  il  oubliait  son  sujet 
favori ,  il  raisonnait  fort  juste ,  et  parais- 
sait avoir  de  l'érudition.  On  plaignait  sin- 
cèrement un  homme  estimable  dupe  d'un 
rêve  que  son  imagination  lui  reproduisait 
sans  cesse ,  et  auquel  il  croyait  de  bonne 
foi.  M.  C.-M.  Amanton  à  inséré  dans  le 
Journal  de  Dijon  du  6  août  1825  une  no- 
tice très  détaillée  sur  l'abbé  Fiard. 


10  Fie 

FICII.VRD  (  Jean  ) ,  né  en  1SI2,  j^r^«^- 
consulte  de  Francfort  sur  le  Mein ,  sa 
patrie,  syndic  de  cette  ville,  y  mourut 
en  1581 ,  à  09  ans.  Il  savait  les  langues  et 
l'histoire  du  droit.  Il  fut  disciple  du  célè- 
bre Zasius  qui  professait  à  Fribourg  en 
Brisgau.  Il  voyagea  en  Italie  et  s'arrêta 
dans  toutes  les  universités.  On  a  de  lui  : 
(  Onomasticon  philosophico  -  medicum 
synonymum,G\.c.,  1574,  in-8°;  c'est  un  dic- 
tionnaire d'alchimie;  |  Consilium  matri- 
moniale, 1580,  in- fol.  ;  |  De  Cautelis  , 
1577,  in-fol.  ;  |  F'itce  virorum  qui  eru~ 
ditione  claruerunt ,  in  -  4° ,  très  rarcï , 
I  F'itce  jurisconsultorum  A^6^,in-k° ,  etc.; 
il  fait  suite  à  celui  de  Bern.  Rutilius. 
(  Les  Coutumes  de  Francfort;  \  Consilia, 
etc. ,  Francfort,  1590,  2  vol.  in-fol.  ;  Darm- 
stadt,  1677,  3  vol.  in-fol.,  y  compris  la 
vie  de  l'auteur  par  H.  P.  Herdesianus.  Ou 
trouve  une  notice  sur  Fichard  avec  sou 
portrait  dans  le  Mercure  allemand.  Deut- 
sche Mercur.,  de  1776,  2^  partie. 

FICIIET.  r^oyez  FISCHET. 

*  FICIIET  (  Alexandre  ) ,  savant  jé- 
suite ,  naquit  en  1588  au  Petit-Bornand , 
dans  le  diocèse  de  Genève.  Ses  supérieurs 
l'employèrent  à  enseigner  à  Lyon  les  hu- 
manités pendant  sept  ans,  et  la  philoso- 
phie avec  les  mathématiques  pendant 
quatre.  Il  se  consacra  ensuite  au  minis- 
tère de  la  chaire ,  et  obtint  un  tel  succès, 
que  l'église  n'était  jamais  assez  vaste  pour 
contenir  l'auditoire  qui  se  pressait  pour 
l'entendre.  Il  fut  recteur  du  collège  de 
Niines  ,  et  envoyé  à  Rome  en  qualité  de 
député  de  la  province  de  Lyon ,  pour  y 
assister  à  la  huitième  congrégation  de 
son  ordre.  Le  père  Fichet  avait  un  talent 
particulier  pour  développer  dans  ses  éco- 
liers la  vocation  à  l'état  monastique.  On 
en  compte  un  grand  nombre  qui ,  par  ses 
conseils,  entrèrent  dans  divers  instituts. 
Ses  ouvrages  sont  :  |  Chorus  poetarutn 
lustratus  cum  musœo  rhetorico  et  poe- 
tico  :  c'est  une  édition  purgée  du  Corpus 
poetarutn.  Le  nombre  des  poètes  latins 
compris  dans  ce  recueU  est  de  58.  Il  en 
manque  quelques-uns ,  qu'il  se  propo*«iil 
d'ajouter  dans  une  autre  édition.  Cet  ou- 
vrage a  été  imprimé  à  Lyon ,  1616 ,  in-/«.°. 
I  Favus  mellis  ex  variis  sanctis  colleclus, 
Lyon,  1615-1617,  in-2/i.  Ces  deux  ouvra- 
ges sont  sans  nom  d'auteur.  |  La  Fie  de 
la  bienheureuse  mère  de  Chantais  fonda- 
trice de  la  Visitation ,  Lyon ,  1642 ,  in-4°  ; 
I  la  Fie  de  saint  Bernard  de  3fenthon  ; 
j  Arcana  studiorum  omnium  methodus , 
et  Bibliotheca  scientiarum^  Lyon ,  1649» 


Fie  m 

fn-8",  roimprimi'  à  la  suile  du  Protfro- 
mus  htstnrùr  littrrahœ  do  Lambccius  , 
IIainbour({.  (710.  in- fol.  Cet  ouvrajîc  osl 
écrit  avec  élcf^ancc ,  cl  donne  des  moyens 
faciles  de  faire  des  progrès  dans  les  scien- 
ces. 1  Le  Triomphe  du  saint  Sià;r  contre 
un  eonseiller  hérétique  de  Grenoble. 
Grenoble .  Jf.\0.  Il  mourut  à  Chambéry 
io  30  mars  1659. 

•  FICIITK  (  jEASt-TnÉopnii.E) ,  célèbre 
pbilosophe  et  métaphysicien  allemand , 
no  le  19  mai  1762  dans  le  village  de  Ramme- 
nau  en  Lusacc  ,  était  lils  d'un  fabricant  de 
rubans ,  et  fut  placé  dans  une  école  par 
un  protecteur  de  sa  famille  qui  avait  re^- 
connu  en  lui  d'heureuses  dispositions. 
Mais  s'accommodant  peu  de  la  contrainte 
à  laquelle  il  se  voyait  assujéti ,  il  se  sauva 
de  chez  son  maître,  et  on  le  trouva  sur 
les  bords  de  la  Saale ,  les  yeux  fixés  sur 
une  carte  dans  laquelle  il  cherchait  la 
route  qui  pouvait  le  conduire  en  Améri- 
que. Il  termina  cependant  ses  études  dans 
les  universités  de  Wittemberg  et  de  Leip- 
sick  ,  puis  accepta  une  place  de  précep- 
teur dans  une  famille  de  Kœnigsberg ,  où 
il  fit  la  connaissance  du  célèbre  Kant , 
dont  il  embrassa  la  doctrine.  En  1792 ,  il 
publia  sous  l'anonyme ,  un  Essai  de  cri- 
tique de  toutes  tes  ré 'délations .  qui  fut  d'a- 
bord généralement  attribué  à  Kant.  Fichle 
épousa  en  1793  une  nièce  de  l'auteur  du 
poème  de  la  Afessiade,  et  fit  paraître  en 
Suisse ,  où  il  voyageait ,  un  ouvrage  qui 
fit  une  très  grande  sensation  ,  intitulé  : 
Matériaux  pour  rectifier  les  jugemens  du 
public  sur  la  révolution  française ,  dans 
lequel  l'auteur  soutient  cette  doctrine 
dangereuse,  que  «  l'espèce  de  contrat syn- 
»  allagmalique  ,  qui  existe  entre  une  na- 
»  tion  et  son  chef  héréditaire  ,  peut  être 
»  dissous  par  la  volonté  de  l'une  des  deux 
•  parties,  et  surtout  par  celle  de  la  na- 
»  tion.  >  La  chaire  de  philosophie  à  l'uni- 
versité d'Iéna  étant  devenue  vacante  par 
la  retraite  du  titulaire  Reinhold  ,  qui  alla 
professer  à  Kiel ,  Fichte  fut  choisi  pour 
lui  succéder.  Ce  fut  alors  qu'il  modifia  les 
théories  de  Kant  et  publia  un  système 
••îTalcment  fondé  sur  Vidéalisnie  transcen- 
dantal,  auquel  il  donna  le  nom  de  Doc- 
trine de  la  science .  et  dont  il  fit  la  l)asc 
de  ses  cours  (i).  En  1798,  parut  son  Sys- 


(0  Ces*  4c  ao«  Iccleart  qai  deiireraieoi  «voir  une 

«•«p.mi-.f.  apprafoDiie   dc>    lliéoriti     de   Fichle. 

-  "r   ici  ourra^ct  de  M.    Aocillon  ,  el 

■  '^>  Jfi  difjfrtnt  lyn'fmtt  df  pSilom- 

^c  GfranJo. 


Fie 

thne  de  morale  ,  qui  fit  accuser  l'auteur 
d'hérésie  et  d'athéisme,  et  l'obligea  de 
donner  sa  démission  do  professeur.  Il  alla 
poursuivre  ses  travaux  à  Rerlin  ,  où  il  ou- 
vrit ses  cours.  Un  de  ses  disciples  ,  Schrl 
ling  ,  s'éleva  avec  violence  contre  sa  do' 
tririe  cl  donna  ainsi  naissance  à  des  qii> 
relies  philosophiques  dans  lesquelles  en- 
trèrent la  plupart  des  sa  vans  d'vUlemagne. 
Durant  l'été  de  1805,  Ficlile  occupa  I.i 
cliairede  philosophie  transcendante  à  lu 
niversité  d'Erlang,  et,  l'année  suivant.  , 
il  donna  un  cours  à  Berlin.  Ayant  perdu 
sa  place  de  professeur  à  Erlang  par  suite  di» 
la  guerre  de  1806,  M.  G.  de  Humboldt  lui 
fit  obtenir  après  la  paix  ,  la  place  de  rec- 
teur de  la  nouvelle  université  de  Berlin  , 
qu'il  conserva  jusqu'à  sa  mort  arrivée  le 
29  janvier  1814  ,  d'une  fièvre  putride,  que 
sa  femme  lui  avait,  dit-on,  communiquée  , 
après  l'avoir  gagnée  elle-même  en  se  con- 
sacrant au  soin  pieux  des  malades  aban- 
donnés. Fichle  a  laissé  les  ouvrages  sui- 
vans,  tous  écrits  en  allemand  :  |  Essai  de 
critique  de  toutes  les  révélations.  Kœnigs- 
berg,  1792,  in-8'',  réimprimé  en  1793, 
ouvrage  dans  lequel  l'auteur  défend  la 
révélation  d'après  des  raisonnement  pui- 
sés dans  la  philosophie  de  Kant;  |  Maté- 
riaux pour  rectifier  les  jugemens  du  pu- 
blic sur  la  révolution  française ,  publiés 
en  Suisse ,  1793 ,  111-8"  (  voyez  ci-dessus)  ; 
I  Sur  lanotion  de  la  doctrine  de  la  science 
appelée  communément  Philosophie ,  Wei- 
mar,  1794-98-99 ,  in-8''  ;  |  La  liberté  de  jyen- 
ser  réclamée  des  souverains  de  l'Europe. 
Weimar,  1794  ,  in-8''  ;  |  Discours  sur  la 
destination  de  l'hom.ne  de  lettres,  1794  , 
in-8°  ;  |  Bases  de  la  doctrine  de  la  science. 
ibid.,  1794,  in-8";  réimprimé  en  1801- 
1802 ,  2  vol.  in-8°  ;  |  Précis  de  ce  qui  ca- 
ractérise la  doctrine  de  la  science  relati- 
vement à  la  faculté  théorétique.  ibid.,  179'i 
et  1802,  in-8";  |  Hases  du  droit  naturel . 
d'après  les  principes  de  la  doctrine  de  la 
science,  ibid.,  1796-97,  2  vol.  in-S"  ;  la 
deuxième  partie  porte  le  titre  de  Droit 
naturel;  \  Système  de  morale  d'après  les 
principes  de  la  doctrine  de  la  science . 
1798  ,  in-8°  ;  |  Essai poiw  servir  à  l'his- 
toire de  l'athéisme  ,  Marpourg,  iu-8°  ;  c<m 
écrit  parut  sous  le  nom  de  Forberg;  |  Ap- 
pel au  public  sur  l'inipulation  d'athéisntr , 
Tubingen  ,  1799 ,  in-8"  ;  2""=  édition  ,  léna  . 
1799 ,  in-8".  Dans  cet  Jppel,  Fichle  est 
loin  de  répondre  d'une  manière  satisfai- 
sante à  l'accusation  grave  dont  il  était  l'ob- 
jet. I  La  destination  de  l'homme  de  let- 
tres.  Berlin,  1800  ,  in-S";  j  Rapport  pi  as 


Fie 


112 


ne 


clatY  que  le  j'our^  adressé  à  la  majeure 
j)artie  du  public  sur  la  nature  réelle  de 
la  philosophie  récente ,  ou  Essai  pour  for- 
cer le  lecteur  à  comprendre  ^  Berlin , 
1801 ,  in-S";  on  peut  juger  par  le  titre  bi- 
aarre  de  ce  livre  combien  il  y  a  d'obscu- 
rité dans  les  sublimes  rêveries  des  idéa- 
listes. Fichte  a  avoué  que  les  Kantiens  ne 
comprenaient  pas  la  doctrine  de  leur 
maître ,  lequel  à  son  tour  déclara  que 
Ficbte  lui-même  ne  l'avait  pas  compris. 
I  T^ie  et  opinions  singulières  de  Frédéric 
Nicola:i  j  publiées  par  Schlegel ,  Tubin- 
gen ,  1801 ,  in-8°  ;  |  Réponse  à  l'écrit  de 
R.  L.  Reinhold  sur  le  tableau  abrégé  de 
l'état  de  la  philosophie  au  commencement 
du  19™'=  siècle.  Tubingen ,  1802,  in-8"  ; 
I  Discours  sur  la  condiiioJi  de  l'homme  de 
lettres  et  sur  ses  travaux  dans  l'empire 
de  la  liberté.  Berlin ,  1806  ,  in-8°  ;  |  Ma- 
tériaux pour  les  traits  caractéristiques 
du  temps  actuel.  Berlin,  1806,  in-8"  ; 
I  Guide  de  la  vie  bienheureux  .  ou  Doc- 
trine religieuse  présentée  dans  un  cours 
public.  Berlin,  1806,  in-S".  Fichte  regar- 
dait cet  ouvrage  comme  celui  quî  présen- 
tait sa  doctrine  dans  toute  sa  sublimité  ; 
ce  livf  e ,  dicté  par  un  sentiment  pur  de  la 
religion,  et  écrit  avec  onction,  offre  la 
plus  haute  mysticité  et  des  idées  origina- 
les ,  par  exeniple  sur  l'évangile  de  saint 
Jean.  Les  propositions  qui ,  huit  ans  au- 
paravant l'avaient  fait  accuser  d'hérésie , 
y  sont  développées  d'une  manière  plus 
claire  et  plus  satisfaisante.  |  Discours 
adressé  à  la  nation  allemande  .  Berlin , 
4806;  I  La  doctrine  de  la  science  exposée 
dans  toute  son  étendue  .  Slraubing ,  1807 , 
in-8°  ;  |  Principes  fondamentaux  de  toute 
la  doctrine  delà  science . pour  servir  de 
manuel  à  ceux  qui  en  suivent  les  cours, 
et  Esquisse  du  caractère  distinctif  de 
cette  science  relativement  à  la  faculté 
théorique.  1810,  in-8°  :  Fichte  a  encore 
laissé  plusieurs  opuscules  et  mémoires  in- 
sérés dans  les  journaux  philosophiques  et 
autres  recueils  périodiques.  Les  allemands 
le  regardent  comme  un  de  leurs  plus 
grands  philosophes. 

'  l'ICUTEL  (Jean  EHRENREICH),  na- 
turaliste hongrois,  né  en  1732  à  Prcs- 
bourg,  s'adonna  à  la  jurisprudence  ,  qu'il 
abandonna  pour  une  place  d'actuaire  dans 
le  directoire  de  la  nation  saxonne.  Ce  di- 
rectoire ayant  été  supprimé,  Fichtel  se 
rendit  à  Vienne,  où  il  fut  d'abord  em- 
ployé dans  la  chambre  des  comptes.  On 
l'envoya  ensuite  en  Transylvanie  pour 
occuper  une  place  de  chef  de  bureau  à  la 


trésorerie.  En  1785 ,  U  devint  directeur  de 
la  régie  du  domaine  et  des  douanes,  et 
en  1787  conseiller  du  gouvernement  de 
la  même  province.  Il  mourut  presque  su- 
bitement le  h  février  179S.  Les  différens 
voyages  qu'il  fut  obligé  de  faire  pour 
remplir  ses  fonctions  le  mirent  à  même 
de  satisfaire  ses  goûts  pour  l'histoire  na- 
turelle. Son  cabinet  do  minéralogie  passait 
pour  le  plus  riche  qui  fût  dans  les  états 
autrichiens.  On  lui  doit  :  [  Mémoires  sur 
la  minéralogie  de  la  Transylvanie  .  Nu- 
remberg ,  1780 ,  2  parties  in-i";  \  Observa- 
tions minéralogiques  sur  les  monts  Car- 
paths.  Vienne  ,  1791 ,  2  part.  in-8°;  |  Mé- 
moires minéralogiques  .  Vienne  .  179i  , 
in-S";  I  Notice  d'un  volcan  brûlant  en  Hon- 
grie .  Berlin ,  1799. 

FICIIVO  (  Mabsilio  ) ,  chanoine  de  Flo- 
rence sa  patrie ,  savant  dans  les  langues 
grecque  et  latine  ,  naquit  le  19  octobre 
1433.  Il  professa  la  philosophie  dans  l'u- 
niversité de  Florence.  Il  eut  une  foule  de 
disciples  :  car  quoiqu'il  adoptât  les  rêve- 
ries de  l'astrologie  judiciaire ,  erreur  qui 
lui  était  commune  avec  les  philosophes 
de  son  temps ,  il  avait  d'ailleurs  beaucoup 
de  mérite.  Il  dut  à  la  libéralité  des  Médi- 
cis,  des  retraites  agréables  auprès  de 
Florence.  Il  y  passait  le  plus  de  temps 
qu'il  pouvait,  avec  des  amis  choisis  qui 
philosophaier»t,  et  qui  partageaient  avec 
lui  les  charmes  de  la  raïsoa  et  de  la  soli- 
tude. Ficino  avait  besoin  de  l'air  de  la 
campagne.  Son  tcmpéranaent  était  mélan- 
colique ,  sa  santé  délicate ,  et  il  ne  la  con- 
servait que  par  des  attentions  presque 
superstitieuses.  Il  changeait  jusqu'à  six 
ou  sept  fois  de  calotte  par  heure.  La  na- 
ture était  trop  faible  chez  lui ,  pour  qu'elle 
ne  succombât  point ,  malgré  toutes  les  at- 
tentions de  l'art.  Il  mourut  en  1499 ,  à  66 
ans.  Ses  ouvrages  ont  été  recueillis  à  Bâle 
en  1561 ,  en  2  vol.  in-folio.  Us  ont  été  im- 
primés plusieurs  fois.  On  y  voit  des  tra- 
ductions d'auteurs  grecs ,  de  Platon ,  de 
Plotin  ,  dont  il  essaie  de  faire  des  chré- 
tiens,  parce  qu'effectivement  il  se  trouve 
dans  leurs  ouvrages  des  endroits  très  fa- 
vorables à  la  religion  chrétienne ,  fruits 
sans  doute  de  la  lecture  des  livres  saints, 
ou  de  la  tradition  primitive ,  ou  des  no- 
tions que  les  Juifs  avaient  communiquées 
aux  autres  nations.  On  y  trouve  aussi  des 
écrits  de  physique,  de  métaphysique,  de 
morale, de  religion;  des  lettres  en  12  li- 
vres, imprimées  séparément,  Venise, 
1495 ,  in-fol. ,  rares ,  ainsi  que  son  édition 
de  la  Philosophie  platonicienne  j,  impri- 


ne  i 

™A,.  k  Florence ,  in-folio  ,  4482.  On  peut 

Il  sur  Ficino ,  TiralM»schi  dans  son 

r-    drs   écrivains   italiens;  J.   C. 

liclhorn  ,  Jnurnit.  litt..  tome  I*'  ;  cl  sa 

''i>  ccritc  par  Jean  Corsi,  de  Florence, 

nrcà  Pise  en  1771 ,  in-S".  Ficino  eut 

>  ves  les  s  a  vans  les  plus  illustres  , 
Accolli,  Calvcrino,   Cavalcanli  , 
Aii(}e   rolitirn  ;   ce    dernier,    ainsi   que 
d'autrc-s  poètes,  le  célébra  dans  ses  vers. 
•  FICOHOM  (  Frakçois  ),   antiquaire 
italien  ,  né  en  1664,  à  Lugnano,  ou  selon 
d'autres   à  I-abico  près  de   Rome  ,  mort 
ans  cette  ville  en  1747,  âgé  de  83  ans, 
at    membre   associé  de   l'académie  des 
inscriptions  ,  de  la  société  royale  de  Lon- 
dres et  de  plusieurs  autres  sociétés  sa- 
vantes. Il  fonda  la  société  dcgl'  Inculti  à 
Rome.  On  lui  doit  un  grand  nombre  d'ou- 
vrages en  italien  qui  prouvent  son  éru- 
' illion.   Les  principaux  sont  :  |   Osserva- 
'oni  sopra  l'antichita  di  Roma  descritle 
.^eldiario  ita/ico/mblicato  dalP.  Bernard 
Montfaucon .  17CVJ,  in-4'',  ouvrage  curieux 
cl  estimé  ;  |  Itali  ed  altri  instrumenli  lu- 
sorii  dtyli  antichi  roinani ,  Rome,  1734, 
in-4° ,  fig.,  airieux  et  peu  commun  ;  |  Le 
maschere  sceniche  e  le  figure  corniche 
d'witichi  romanis  Rome,  1736  et  1748, 
in-4°,  lig-,  traduit  en  latin  sous  ce  titre  : 
f>e  larvts  scenicis^  en  1750  ou  1754  ,  in-i", 
«:•  I  /  piouibi  atitichi .  1740 ,  111-4°,  fig. , 
'  t   estimé.  Il  a  été  traduit  en  latin. 
■tiji  e  Iracia  di  Roma  antica,  ri- 
•r   c  sptegale .  ilkk,    grand    in-4". 
itcmtnee  anliqua  litleratce .  aliœque  ra- 
iores ,  1757,  in-4°,  ûg.,  publié  après  la 
lort  de  l'auteur,  avec  de  savantes  notes 
;••  Gadleoli. 

'  FICQL'ET  (Etie:«.\e),  graveur,  né  à 
■  iris  en  1731 ,  excellait  à  peindre  les  por- 
i.aits  en  petit.  On  lui  doit  ceux  des  per- 
sonnages les  plus  célèbres  de  France  ,  qui 
forment  une  suite  cormue  sous  la  déno- 
"■'"-"■'tn  de  Collection  Ficquet.  Elle  se 
-•.  des  portraits  suivans  :  M""^  de 
n  on,  Molière .  f  'oltaire,  Montaigne . 
l\.  :jruxrd,J.  B.  Rousseau,  Fénélon.  Dés- 
ertes ,   J.    J.   Rousseau ,   Lamothe-le- 
''  ayer ,    Crébillon  ,    Corneille  ,    Eisen  , 
i  adé .   Chennevière ,  et  detix  différens 
["•rtraits  de  La  Fontaine.  Il  a  laissé  iin- 
(wrfait  celui  de  Bossuet,  qui  devait  faire 
partie  de  cette  collection  ;  on  en  rencontre 
r  ^.   On  a  encore  de   lui 

•s  petits  portraits  ,  tels 
'  n.  IVetvton.  Louis  XF , 

\.  Lclui  de  M'"'  de  Maintenon  est  ro- 
,;^.rdé  comme  un  diçl-d'œuvre.  11  était 


i5  FfD 

d  im  caractère  original,  travaillait  Hicii 
lorsqu'il  n'était  pas  pressé  par  le  besoin , 
et  mourut  dans  un  état  voisin  do  l'indi* 
genco  ,  en  1794. 

FIDDFvS  (Rn;MAiio),  écrivain  poli  e» 
savant  théologien  anglais,  né  à  Hun- 
manby  dans  le  comté  d'Yorck ,  en  1671, 
fut  ministre  à  Halsham,  lieu  malsain, 
qu'il  fut  obligé  de  quitter.  Il  se  retirai 
Putney ,  où  il  mourut  en  1725.  Il  est  au- 
teur :  I  d'un  Corps  de  théologie .  1718- 
1720,  2  vol.  in-fol.;  |  de  cinquante-deux 
discours  pratiques  sur  différens  sujets  , 
1720  ,  in-fol  ;  |  de  la  rie  du  cardinal 
ff^olsey  .  Londres,  1724,  in-folio;  j  d'un 
Traité  de  morale ,  1724,  in-S",  où  il  ré- 
fute la  fable  des  abeilles  de  Mandeville , 
et  les  Recherches  sur  la  vertu  de  Shaftcs- 
bury.  Il  était  plus  ingénieux  que  solide. 

FIDELE  (saint  ) ,  né  à  Sigmaringen, 
petite  ville  de  la  Souabe ,  étudia  la  phi- 
losophie et  la  jurisprudence  dans  l'uni- 
versité de  Fribourg.  Quelques  gentils- 
hommes curieux  de  voyager ,  ayant  désiré 
de  l'avoir  pour  compagnon ,  il  parcourut 
avec  eux ,  depuis  1604  jusqu'en  1610,  l'Al- 
lemagne, l'Italie,  la  France  et  plusieurs 
provinces  d'Espagne.  De  retour  dans  su 
patrie ,  il  embrassa  la  profession  d'avocat, 
et  devint  célèbre  dans  le  barreau  ;  mais 
redoutant  les  écueils  dont  cette  carrière 
est  semée,  il  la  quitta  bientôt  pour  se 
faire  capucin.  Le  pape  Grégoire  XV  ,  qui 
venait  d'établir  la  congrégation  de  la  Pro- 
pagande, instruit  du  mérite  de  Fidèle,  le 
préposa  aux  missions  qui  devaient  ae 
faire  chez  les  Grisons.  Il  s'acquitta  de  son 
emploi  avec  un  succès  digne  de  son  7.èle  , 
et  tel  qu'on  espérait  de  ramener  dans  le 
sein  (le  l'Eglise  tout  ce  qui  restait  d'héré- 
tiques chez  celte  nation  ;  mais  quelques* 
uns  d'entre  eux  ,  plus  attachés  à  l'erreur, 
et  par-là  même  jaloux  de  ses  succès,  ré- 
solurent de  le  perdre  de  la  manière  la 
plus  lâche  et  la  plus  cruelle.  D'après  une 
invitation  simulée  ,  le  Père  Fidèle  s'élant 
présenté  pour  les  instruire ,  ils  se  jetè- 
rent tumullueusement  sur  lui  et  le  mas- 
sacrèrent le  24  avril  1622.  Clément  XHI 
l'a  mis  au  nombre  des  saints. 

FlUEItl,  empereur  du  Jai>o«,  ûls  et 
successeur  de  Taïkosama  en  15'J8.  On- 
goschio  son  tuteur  lui  eideva  sa  couronne, 
après  l'avoir  obligé  d'éjMiUser  sa  iille.  Fi- 
deri  leva  une  puissante  armée  contre  l'u- 
surpateur ,  mais  celui-ci  plus  heureux  lo 
réduisit  à  s'enfermer  avec  s«  femme  et 
les  seigneurs  de  son  parti  dans  un  palais, 
uù  il  lit  mettre  le  feik 

10. 


FIE 


ilk 


FIE 


lîlELDIIVG  (  Henui  ) ,  célèbre  roman- 
cier anglais  ,  fils  d'un  lieutenant-général , 
vit  le  jour  à  Sharpham-Park ,  dans  le 
comté  de  Sommerset ,  le  22  avril  1707.  Né 
avec  une  imagination  vive  et  même  li- 
bertine, 11  s'abandonna,  avant  l'âge  de 
20  ans,  tellement  à  la  débauche,  qu'il 
altéra  sa  santé  et  sa  médiocre  fortune.  A 
r)0  ans  il  épousa  miss  Cradock,  beauté  cé- 
lèbre du  comté  de  Salisbury.  Sa  dot  fut 
bientôt  consumée  dans  les  plaisirs.  Fiel- 
ding  voulut  suivre  le  barreau;  mais  la 
goutte,  qui  l'assaillit  tout  à  coup,  l'obligea 
d'abandonner  cette  carrière  à  laquelle  il 
était  d'ailleurs  peu  propre.  La  composi- 
tion de  plusieurs  comédies  ou  farces,  et 
de  plusieurs  romans,  et  la  place  de  juge 
de  paix  dans  le  comté  de  Middelsex,  furent 
ses  ressources  contre  l'indigence.  Une 
maladie  de  langueur ,  qui  l'affligeait  de- 
puis quelque  temps,  l'engagea  d'aller, 
en  1753,  en  Portugal.  Il  mourut  à  Lis- 
bonne en  octobre  1754.  Ses  romans  sont 
traduits  en  {rAnçais  :  Toni-Jones ^  en  4 
vol.  ;  Amélie^  en  3  ;  les  Aventures  d' An- 
drews _,  2  vol.;  Roderic  Jiandoii^  5  \ol. 
in-12;  Voyage  dans  l'autre  monde ,  in-12. 
Les  comédies  de  Fielding  ne  sont  pas  du 
premier  mérite;  elles  offrent  pourtant  des 
scènes  agréables,  et  quelques  ridicules 
nouveaux ,  peints  avec  vérité  ,  avec  éner- 
gie et  ti'une  manière  originale.  Il  en  a 
imité  deux  de  Molière  ,  Y  Avare  et  le  Mé- 
decin malgré  lui.  Quanta  ses  romans,  on 
y  trouve  de  belles  situations ,  des  senti- 
mens  touchans  ,  d'excellens  caractères  , 
dont  quelques-uns  sont  neufs,  mais  l'au- 
teur i)rodigue  trop  les  réflexions  ,  les  di- 
{jressions ,  les  portraits  bas  et  les  menus 
détails.  On  a  corrigé  une  partie  de  ces 
défauts  dans  les  traductions  françaises,  du 
moins  dans  celle  à.' Amélie.  Tom- Jones , 
le  chef  d'oeuvre  de  l'auteur,  a  été  réduit 
de  5  voL  à  k  ;  encore  il  y  en  a  deux  de 
trop.  Cicéron  en  a  donné  depuis  une  tra- 
duction complète  en  6  vol.  in-12.  Fiel- 
ding donna  pendant  quelques  mois  ime 
espèce  de  Journal  de  morale  ,  qui  avait 
les  mêmes  imperfections  que  ses  romans. 
C'était  un  tas  d'observations  faites  à  la 
hâte  et  dans  les  rues,  mal-adroitement 
cousues  à  des  lieux  communs ,  satiriques 
et  moraux  ,  dont  l'effet  ne  sera  certai- 
nement pas  de  rendre  les  hommes  meil- 
leurs. 

FIEXIVE  (Robert  de),  vieux  guer- 
rier, qui  fut  honoré  de  l'épée  de  conné- 
table en  1356  ;  mais  le  roi  Charles  V  vou- 
lant gratifier  Duguesclin  de  celte  charc^e, 


de  Ficnne  donna  sa  démission  en  1370. 
Sa  famille  a  subsisté  jusqu'à  nos  jours. 

FIEÎVUS  (Thomas)  ,  d'Anvers,  né  en 
1567,  fut  appelé  à  Louvain  en  1593  ,  pour 
remplir  une  chaire  de  médecine.  Il  la 
quitta  au  bout  de  sept  ans  ,  pour  se  ren- 
dre à  la  cour  de  Maximilien  ,  électeur  de 
Bavière,  en  qualité  de  son  médecin  ;  il  n'y 
resta  qu'un  an,  et  il  vint  reprendre  sa 
chaire  à  Louvain,  où  il  mourut  en  1631. 
Il  est  regardé  comme  un  médecin  très  sa- 
vant. Il  en  est  peu  de  son  temps  qui 
l'aient  égalé  dans  la  connaissance  de  l'his- 
toire naturelle  et  de  la  chirurgie.  On  a  de 
lui  :  I  De  rriribus  imaginationis ,  in-8"  ; 
I  De  formatione  et  de  animatione  fœtus . 
in-8°  ;  |  Apologia  pro  libro  prœced.  in- 
8°,  1629;  \  De  cauteriis ,  m-8°,  dont  la 
meilleure  édition  est  de  Londres,  1733, 
in-4°  ;  |  Libri  chirurgici .  1649,  in-4°  ;  et 
d'autres  livres  bien  reçus  dans  leur  temps. 
—  Son  père  Jeaiw  FIENUS  ,  médecin  à 
Anvers,  mort  àDordrechten  1585,  donna 
un  traité  De  statibus  humanum  corpus 
molestatitibus,  1682  ,  in-8°,  curieux. 

FIESQUE  (Jeaw-Louis  de),  comte  de 
Lavagne,  d'une  des  plus  grandes  famil- 
les de  Gènes ,  naquit  avec  des  qualités  qui 
auraient  pu  lui  procurer  une  vie  heu- 
reuse ;  mais  son  ambition  le  perdit.  La 
haute  fortune  d'André  Doria  excitait  sa 
jalousie  ;  il  se  ligua  d'abord  avec  les  Fran- 
çais, qui  voulaient  recouvrer  Gènes.  Un 
des  conjurés  lui  ayant  fait  comprendre 
que  c'était  l'entreprise  d'une  âme  lâche , 
d'aimer  mieux  assurer  sa  patrie  à  des 
étrangers ,  que  de  la  conquérir  pour  lui- 
même  ,  il  travailla  à  s'en  rendre  maître 
A  l'entrée  de  la  nuit  du  1"  janvier  1547, 
les  conjurés  commencèrent  d'exécuter 
leur  projet.  Ils  s'étaient  déjà  rendus  maî- 
tres de  la  Darscne ,  lieu  où  sont  les  ga- 
lères ,  lorsque  la  planche  sur  laquelle  le 
comte  passait  pour  entrer  dans  une  ga- 
lère s'étant  renversée  ,  il  tomba  dans  la 
mer  et  se  noya ,  à  l'âge  de  22  ans.  La  mort 
du  chef  ralentit  l'ardeur  des  conjurés ,  et 
la  république  fut  sauvée.  On  punit  le 
crime  de  Fiesque  sur  sa  famille  ;  elle  fut 
bannie  de  Gènes  jusqu'à  la  cinquième  gé- 
nération ,  et  son  palais  fut  rasé.  Le  cardi^ 
nal  de  Ret/,  a  donné  l'Histoire  de  cette 
conjuration,  in-8°,  i665.  Cet  ouvrage 
n'est  qu'une  espèce  d'abrégé  de  l'Histoire 
de  la  même  conspiration ,  publiée  en  ita- 
lien par  Mascardi ,  et  traduite  en  français* 
par  Fontenai-Sainte-Genevièvc,  1639, 
in-8<». 

FIEUBET  C Gaspard  de) ,  seigneur  de 


riCw  a 

Llgny .  conteiUcr  au  parlement  de  Ton- 
louic  où  il  élail  né  en  tOÎ6.  cnHuiio  rhan- 
n-lier  de  la  rcino  Mario-Thérèse  dAulri- 
<  lie  ,  et  conseiller  d'étal .  niourui  aux  (.a- 
mnJdnles  de  Grosbois  en  1C94  .  à  67  ans.  Il 
a  laissé  queltiues  iielites  pièces  de  poésie , 
réi»anduc»  dans  divers  recueils.  On  les  lit 
nvcc  plaisir,  jwur  la  délicatesse ,  la  lépè- 
r.té  cl  le  naturel  qui  y  rèfinenl.  Sa  fable 
surtout,  intitulée  Ulysse  et  les  Syrènes  , 
est  très  estimée. 

FIICI'X  (Jacques  de) ,  entra  de  bonne 
heure  dans  l'état  ecclésiastique,  et  fui 
docteur  de  la  maison  de  Navarre.  Son  ta- 
lent pour  la  prédication  le  rendit  célèbre, 
(  t  lui  mérita  l'évéché  de  Toul  ,  auquel  il 
fut  nommé  en  1670.  Il  y  publia  l'année 
suivante  des  Statuts  synodaux .  qui  de- 
puis ont  servi  de  rèjjle  à  cette  éiîlise,  et 
fit  de  fréquentes  visiics  dans  son  diocèse, 
toujours  avec  grand  fruit.  Son  zèle,  sa 
douceur,  son  éloquence  lui  (jagnèrenl 
tous  les  cœurs.  Ce  di^nie  pasteur  fut  reçu 
]iartoul  comme  il  méritait,  avec  des  té- 
moignages unanimes  d'estime  et  de  con- 
liance,  surtout  dans  la  Vosge ,  où  l'on 
n'avait  point  vu  d'évéque  de  mémoire 
d'homme.  M.  de  Ficux  avait  une  saga- 
cité singulière  pour  la  décision  des  cas  de 
conscience,  et  il  publia  en  1679,  un  écrit 
sur  l'usure ,  \Tès  estimé,  qui  fut  princi- 
palement utile  dans  son  diocèse .  où  ce 
vice  avait  jeté  de  profondes  racines.  Il 
mourut  à  Paris  dans  les  sentimens  de  la 
plus  tendre  piété  ,  qui  avait  présidé  à  tous 
ses  travaux. 

•  FIGLIUCCI  (Félix),  dominicain  du 
16*  siècle,  né  à  Sienne  ,  mourut  vers  1590 
dans  le  couvent  de  Saint-Marc  à  Florence, 
•>à  il  s'était  retiré  après  avoir  publié  dif- 
fereiis  écrits.  Ce  sont  :  |  Il  Fedro.... 
tradotto  in  lingua  toscana .  Rome,  1544  , 
in-«";  I  Délie  divine  lettre  delgran  Mar- 
silio  Ficino .  tradolte  in  lingua  toscana  . 
Venise  ,  1546  et  1548,  in-S"  ;  |  le  XI  Fi- 
lippichedi  Demosthene ,  etc.,  Rome,  1550, 
in-8°;  |  Di  Fclice  Figliucci  Senese.  délia 
flosofia  morale  libri  dieci,  etc....,  Rome, 
1551 ,  in-4°  ;  |  il  Catec/tismo  .  cio  è  ins- 
(ruzione,  sccondoil  decretodi  Trento.eAc, 
î'ome  ,  1566,  in-8°  ;  |  Délia  politica .  ov- 

ero  scienza  civile  secondo  la  dottrina 
d' Arittotile ,  etc.,  Venise,  1558,  in  4". 

•  FIGON  (Louis),  prêtre,  naquit 
aux  Pennes,  près  Marseille,  le  9  février 
1745  ,  et  lit  sa  théologie  aux  missions  de 
France.  .\près  avoir  été  ordonné,  il  exerça 
son  ministère  durant  qurlqucs  années, 
en  diverses  paroisses,  puis  entra  dans  la 


congn*gation  d«^  lo  mission  dite  de  Sainl* 
Lju.are,  et  professa  successivement  |« 
théologie  à  Arles  et  ù  Marseille.  Ayant  re- 
fusé de  prêter  serment  à  la  constitution 
civile  du  clergé,  il  énii|;ra  et  se  rendit  à 
Nice,  où  il  s'adonna  à  la  prédication. 
Revenu  en  France  sous  le  Directoire,  il 
fut  le  premier  à  Marseille,  qui  osa  célé- 
brer en  public  l'office  divin,  et  il  desser- 
vit l'église  des  missions  jusqu'au  concor- 
dat do  1802.  A  cette  époque ,  M.  de  Cicé  , 
nouvel  archevêque  d'Aix  ,  lui  donna  la 
cure  d'Aubagne.  Lorsque  la  congrégation 
de  Saint-Laxarc  cul  élé  rétablie,  en  ISKi, 
Figon  obtint  de  son  supérieur  de  rester 
dans  sa  cure ,  sans  cesser  d'appartenir  à 
la  congrégation.  Il  est  mort  le  9  juillet 
1824.  On  n'a  de  lui  qu'un  opuscule  inti- 
tulé  :  V Encyclique  de  Benoît  Xlf^ ,  Vix 
pervenit ,  expliquée  par  les  tribunaux  de 
Rome;  par  un  curé .  ancien  professeur 
de  théologie,  Marseille  et  Paris,  1822, 
in-8°.  C'est  un  extrait  de  cahiers  de  théo- 
logie de  l'auteur;  son  but  est  de  démon- 
trer que  l'Encyclique  n'est  pas  contraire 
au  prêt  à  intérêt. 

•  FK.l'KIUEDO  (  Antomo  PÉREIRA 
de)  ,  savant  portugais  ,  né  à  Macao  le  14 
février  1725 ,  fit  ses  premières  éludes 
chez  les  jésuites  ,  et  entra  ensuite  dans  la 
congrégation  des  Pères  de  l'Oratoire  de  la 
maison  du  Saint-Esprit  à  Lisbonne,  où  il 
enseigna  successivement  la -grammaire  , 
la  rhétorique  et  la  théologie.  Quelques 
différends  s'élant  élevés  entre  la  cour  de 
Rome  et  celle  de  Portugal ,  il  se  prononça 
d'abord  en  faveur  du  saint  Siège;  mais 
il  changea  bientôt  d'opinion ,  et  soutint 
publiquement  les  fameuses  thèses  du  pou- 
voir des  rois  sur  les  personnes  et  les 
biens  ecclésiastiques.  Il  publia  peu  de 
temps  après  son  Essai  théologique  .  où  il 
défend  la  même  cause.  Cet  ouvrage  lui 
valut  l'emploi  de  député  ordinaire  dans 
le  tribunal  royal  de  la  censure,  et  de  pre- 
mier interprèle  dans  les  bureaux  des  af- 
faires étrangères  et  de  la  guerre.  Obligé 
de  vivre  dans  le  monde  ,  il  se  crut  auto- 
risé à  quitter  ses  habits  religieux  ,  dé- 
marche qui  augmenta  l'animad version  de 
ses  ennemis,  et  le  fit  regarder  comme 
un  homme  vendu  à  la  cour  et  à  l'aujlii- 
tion  du  marquis  de  Pombal.  Ce  mini:>lre 
ne  pouvait  en  effet  trouver  un  homiuo 
qui  fût  mieux  en  état  de  seconder  ses 
plans  hardis  de  réforme.  Figueiredo  joi- 
gnait à  la  plus  grande  activité  la  péné- 
tration et  l'élcnduo  du  savoir.  En  177i  .  il 
fut  clu  uu  des  trois  prcioiers  députés  de 


FIG  116 

la  junte  du  subside  littéraire  et  (le  l'in- 
atruction  publique.  Il  devint  peu  après 
niembre  de  l'académie  royale  des  Scien- 
ces dans  la  classe  de  la  littérature  portu- 
gaise. Sa  grande  assiduité  aux  affaires  et 
à  l'étude  altérèrent  sa  santé.  Sur  la  fin  de 
sa  vie  ,  il  senîbla  se  repentir  des  erreurs 
où  son  ambition  l'avait  entraîné  ;  il  mou- 
rut d'une  attaque  d'apoi)lexie  le  14  août 
1797 ,  avec  l'habit  de  son  ordre  qu'il  avait 
demandé  lui-même.  Il  a  composé  plu- 
sieurs livres  sur  les  langues  latine  et  por- 
tugaise ,  qui  éprouvèrent  de  nombreuses 
critiques  de  la  part  des  jésuites,  contre 
lesquels  il  s'était  ouvertement  déclaré. 
Celui  de  ses  ouvrages  qui  lui  fait  le  plus 
d'honneur  est  la  Sainte  Bible ,  traduite 
en  portugais ,  avec  des  préfaces ,  notes  et 
variantes,  1778-90,  25  vol.  in-8°.  Il  a 
laissé  un  grand  nombre  de  manuscrits. 

*FIGUEROA  (Christophe  SU  ARES  de), 
né  à  Valladolid  vers  l'an  1586  ,  s'appliqua 
d'abord  au  droit ,  et  reçut  le  grade  de  doc- 
teur. Mais  ayant  une  inclination  décidée 
pour  les  belles-lettres,  il  abandonna  bien- 
tôt Justinien  et  Covarruvias  ,  et  publia 
plusieurs  ouvrages  en  prose  et  en  vers. 
Ils  sont  intitulés  :  |  Espejo  de  juventud, 
Madrid ,  1G07,  in-8°  ;  |  la  Constante  Ama- 
»77w.  Valence  ,  1609 ,  traduite  eu  français 
par  Lancelot ,  Lyon  ,  1614,  in-8".  Parmi 
une  grande  quantité  d'ouvrages  du  genre 
pastoral  que  possédait  l'Espagne  ,  celui-ci 
obtint  un  grand  succès.  Le  style  en  est 
correct  et  coulant ,  les  événemens  bien 
amenés  et  les  vers  qu'il  y  a  mêlés  sont 
harmonieux  ;  |  une  traduction  du  Pastor 
fido  de  Guarini ,  Madrid  ,  1610  ;  Naples , 
1622,  in-8°  ;  |  Espanna  defendida^Tpoèmo 
héroïque,  Madrid,  1612,  in-8°,  ouvrage 
qui  ne  manque  pas  de  mérite ,  mais  qui 
n'eut  pas  le  succès  de  l'Amarilis  ;  |  Ifis- 
toria  anal,  o  relacion  .  etc.  (  Histoire  de 
tout  ce  que  firent  en  Orient  les  PP.  de  la 
compagnie  de  Jésus  pour  la  propagation 
de  l'Evangile  ),  Madrid ,  1614,  in-4".  On 
y  trouve  des  notices  intéressantes  des  pays 
d'Orient  où  les  jésuites  furent  en  mission 
pendant  les  années  1007  et  1C08  ;  |  Hechos 
del  Marques  don  Garcia  Hurlado  de 
Mendoza,  Madrid,  1613,  iti-4°.  Figueroa 
y  célèbre  les  exploits  de  ce  seigneur  dans 
la  guerre  contre  les  Araucos ,  chantée  par 
Ercilla  (  voyez  ERCILLA)  ;  |  El  pasa- 
iero  :  advertencias  a  la  vida  humana , 
ibid.,  1617,  Barcelone  ,  1618  ,  in-S";  [  No- 
ticias  importantes  a  la  humana  comuni- 
cation  ,  Barcelone  ,  1618  ,  in-8°  ;  1  Plaza 
unt.Vffr««/^  c'csl-à-dire,  marché  ou  magasiu 


FIL 

universel  de  toutes  les  sciences  ,  traduit 
de  l'italien  de  Garzoni  do  Bagnaravalio . 
Madrid  ,  1615,  in-4°.  Figueroa  vécut  dans 
l'aisance ,  jouit  d'une  réputation  méritée , 
et  mourut  dans  sa  patrie  en  1650. 

*  FIL  \MO\DO  (  Raphaël-Marie  )  . 
évéque  de  Suessa,  né  à  Naples,  dans  lu 
2*=  moitié  du  17'  siècle  ,  embrassa  l'ordre 
de  Saint-Dominique  dans  le  couvent  de 
Sainte-Marie  délia  Sanità.  D'excellentes 
études,  et  son  aftplication  à  la  théologie, 
le  rendirent  capable  de  professer  de  bonne 
heure  cette  science  avec  succès  ;  il  cul- 
tiva en  même  temps  la  littérature  ,  et  se 
fit  connaître  avantageusement  par  quel- 
ques pièces  de  vers  qu'il  adressa  à  ses 
amis.  Ses  talens  le  firent  appeler  à  Rome 
par  le  supérieur  de  l'ordre ,  et  il  y  fut 
nommé  en  1705  un  des  conservateurs  de 
la  fameuse  bibliothèque  de  la  Casanata. 
Le  pape  Clément  XI  lui  donna  l'évêchc 
de  Suessa  dans  la  terre  de  Labour ,  qu'il 
administra  avec  sagesse  jusqu'à  sa  mort 
arrivée  en  1716.  On  connaît  de  ce  prélat  ; 

1  Ilgenio  bellicoso  di  Napoli;  Memorie 
istoriche  d'alcuni  capitani  celebri  napoli- 
?a«t..  Naples  ,  1694  ,  2  part,  in-fol.  Il  y  en 
a  des  exemplaires  qui  portent  la  date  de 
1714.  C'est  l'histoire  des  célèbres  capitai- 
nes du  royaume  de  Naples.  Elle  est  ornée 
de  56  portraits  ;  [  Ragguaglio  del  viaggio 
fatto  dapadri  delV  ordine  de'  Predicatori 
nella  Tartaria  minore  ,  nelV  anno  1662  , 
con  la  nuova  spedizione  del  padre  Fran- 
cesco  ,  episcopo ,  in  Àrmenia  Persia ,  Na- 
ples ,  1695  ,  in-8°  ;  ]  Theorhetoricœ  idea . 
ex  divinis  scripturis  et  politioris  littera- 
turœ  mystagogis  deducta ,  Naples,  1700  , 

2  vol.  in-4°.  C'est  un  cours  d'éloquence 
sacrée  à  l'usage  de  ceux  qui  se  destinent 
au  ministère  de  la  chaire.  Le  Père  Echard 
l'a  cité  avec  éloge  dans  sa  Bibl.  ord.  prœ- 
dicat. 

FILANGIERI  (Gaeta\),  publiciste 
célèbre  ,  gentilhouime  de  la  chambre  du 
roi  des  Deux-Siciles  ,  et  conseiller  au  dé- 
partement des  finances ,  né  à  Naples  le 
18  août  1752  ,  et  mort  dans  la  même  ville 
en  1788  à  la  fleur  de  son  âge  ,  était  lils  de 
César,  prince  d'Araniello  et  petit-fils  par 
sa  mère  du  duc  de  Fragnito  :  sa  famille 
descendait  d'un  des  quarante  normands 
qui  dans  le  1 1'  siècle  vinrent  débarquer  en 
Italie.  Filangicri  avait  14  ans  lorsqu'il  en- 
tra dans  un  des  régimens  destinés  à  la  garde 
du  roi  ;  mais  il  quitta  bientôt  la  profes- 
sion des  armes  pour  se  livrer  à  l'étude 
de  la  morale ,  de  la  philosophie  et  des 
loiS;  et  obtint  de  grands  succès  au  bar- 


FIL  i 

reait.  Il  osl  tuteur  de  la  Sntntce  de  ta 
législation.  <en  ilalirn  ,  (pii  fut  rondain- 
née  par  un  décrrt  dr  la  rour  de  Ruuic  ,  en 
date  du  6  décembre  J7ti'i.  Il  en  a  paru 
plusieurs  éditions  à  Naplos,  Venise,  Flo- 
rence et  Milan.  KUc  a  été  traduite  en  al- 
lemand ,  en  espagnol ,  etc.  La  traduction 
française  est  de  Gallois .  Paris  ,  178f.-0l.  7 
vol.  in-8*  ;  et  avec  des  notes  de  Benja- 
min-<:onstant .  1821,  6  vol.  iii-S".  Les 
maximes  philosophiques  qu'il  a  répan- 
dues dans  cet  ouvrage,  lui  ont  fait 
une  prompte  réputation  dans  un  certain 
inonde.  Si  l'on  excepte  quelques  passages 
•ur  le  despotisme  des  rois  et  les  abus  du 
gouvernement  militaire  ,  on  peut  dire 
que  ce  n'est  qu'une  répétition  de  ce  qu'on 
voit  ailleurs,  à  quelques  paradoxes  près 
qui  sont  propres  à  l'auteur.  Et  dans  le 
fait ,  que  peut-on  dire  de  nouveau  sur 
une  matière  telle  que  la  législation,  sans 
«e  perdre  dans  des  spéculations  hasardées 
et  dangereuses  ?  «  Ne  comprendra-t-on 
>  jamais,  dit  un  vrai  politique,  combien 
»  il  est  dangereux  dans  un  état  de  souf- 
»  frir  que  des  hommes  sans  mission,  sou- 
»  vent  sans  talent  et  sans  lumières,  dé- 
»  clament  à  tort  et  à  travers  contre  les 

•  usages  reçus  ,  contre  les  anciens  éta- 
»  blissemens  ,  frondent  ce   qu'il  y  a   de 

•  plus  respectable  ,  foulent  aux  pieds  tous 
»  les  principes ,  sous  le  spécieux  prétexte 
»  do  s'élever  contre  les  al)us,  et  de  dé- 
»  truirc  les  préjugés.  Le  public  toujours 
»  avide  de  nouveautés,  toujours  disposé 
»  à  confondre  la  témérité  et  l'audace  avec 
»  le  génie ,  toujours  dupe  de  l'emphase 
»  et  des  promesses  des  charlatans  ,  se  per- 

•  suade  aisément  que  des  hommes  qui 
»  jugent  et  qui  condamnent  avec  tant  de 
»  hardiesse,  ont  des  vues  supérieures,  et 

•  que  nos  ancêtres  n'avaient  pas  le  sens 
»  rommun  ;  il  se  pénètre  des  idées  et  des 
»  maximes  de  ce'»  réformateurs,  d'autant 
»  plus  flatteuses  ,  qu'elles  paraissent  neu- 
»  ves;  et  quel  mal  n'en  résulte-t-il  j)as 
»  pour  la  nation?»  En  1788,  il  parut  à 
Patis  3  autres  vol.  de  la  Science  de  la 
Législation.  Ces  trois  volumes  posthumes 
ressemblent  parfaitement  aux  autres ,  à 
cela  près  que  l'auteur,  devenu  plus  con- 
ilaiit,  plus  hardi,  déguise  moins  certaines 
opinions  ,  que  le  crédit  toujours  croissant 
du  philosophi^me  lui  a  paru  rendre  plus 
aisément  admissibles.  Il  y  a  de  bonnes 
choses ,  il  y  en  a  beaucoup  de  mauvaises. 
Le  nombre  de  celles-ci  est  encore  allé  en 
croissant  dans  les  7  et  8*  vol.  publiés  à 
l'aris  eu  1791.  Il  y  règne  de  plus  un  ton 


7  FÏL 

de  morgue  et  de  vrai  fanatisme,  une  lé- 
gèreté et  une  inronséqucrtcc  d'idée»,  Ct 
tant  de  spéculations  creus«îs  ,  dangereu- 
ses, tyranniques  et  impraticables,  qu'on 
est  fondé  de  douter  que  ce  soit  réellement 
une  suite  et  une  traduction  de  louvrane 
italien  ,  et  de  présumer  que  c'est  plutôt  la 
produrlion  de  quelque  démocrate  pari- 
sien, dont  la  tète  n'aura  pu  ccmserver 
une  organisation  saine  au  milieu  des 
mouvemens  de  la  révolution.  Le  pre- 
mier livre  de  Filaufrieri  traite  des  règles 
générales  de  la  législation  ;  le  deuxième 
des  lois  politiques  et  économiques  ;  le 
troisième  des  lois  criminelles  ;  le  qua- 
trième de  l'éducation  ,  des  mœurs  ,  et  de 
l'instruction  publique;  le  cinquième  des 
lois  relatives  à  la  religion.  Ce  livre  est 
reste  incomplet ,  l'auteur  étant  mort 
avant  de  l'avoir  achevé.  Le  professeur 
Joseph  Gripoa  a  réfuté  cet  ouvrage  en 
1782. 

•  FILASSIER  (  Jean-Jacqies  ) ,  agro- 
nome, né  à  Warwick-sud  ,  dans  la  Flan- 
dre ,  vers  1736 ,  d'un  père  riche  ,  embrassa 
d'abord  l'état  ecclésiastique  auquel  la  lec- 
ture des  philosophes  le  porta  dans  la  suite 
à  renoncer.  La  simplicité  de  ses  goûts 
semblait  devoir  l'éloigner  de  la  capitale  ; 
cependant  il  saisit  avec  plaisir  l'occasion 
de  s'en  rapprocher,  en  se  chargeant  de 
la  direction  de  la  pépinière  de  Clamart , 
où  il  vivait  paisiblement  lorsque  la  révo- 
lution éclata.  Le  vœu  des  habitans  l'ap- 
pela bientôt  à  la  place  de  procureur-syn- 
dic du  district  de  Bourg-la-Reine  ;  il  fut 
ensuite  nommé  à  l'assemblée  Législative, 
où  il  parla  en  faveur  de  la  liberté  de  con- 
science. Après  le  10  août ,  il  fut  dénoncé 
comme  royaliste  ;  mais  s'élant  justitié  de 
l'accusation  portée  contre  lui ,  il  retourna 
dans  sa  commune  ,  dont  il  fut  élu  juge  de 
paix.  Suspendu  de  ses  fonctions  après  le  9 
thermidor,  il  reprit  ses  anciennes  et  dou- 
ces habitudes  ,  et  mourut  à  Qamart  en 
1806.  On  lui  doit  quelques  ouvrages  esti- 
més ,  en  faveur  de  l'éducation  :  |  Diction- 
7iaire  historique  de  l'éducation  .  Paris, 
1771,  2  vol.  in-12,  1784,  2  vol.  in-8° , 
1808 ,  5  vol.  in^".  C'est  un  recueil  d'a- 
necdotes choisie»,  instructives  et  intéres- 
santes, qu'on  peut  mettre  sans  danger 
entre  les  mains  des  enfans.  |  £raste  ,  ou 
l'Ami  de  la  jeunesse .  Paris  ,  1773 ,  petit 
in-8° ,  très  souvent  réimprimé.  La  der- 
nière édition  est  en  2  vol.  in  8".  On  y 
trouve  un  abrégé  d'histoire  et  de  gét>- 
grapbie  avec  d'autres  notions  élcmea- 
(aircs,  le  tout  en  forme  U'entrcticiiâ  la- 


FIL 

miliers  d'Eraste  avec  son  élève.  |  Eloge 
du  Dauphin  père  de  Louis  XVI ,  Paris  , 
1777,  in-8";  |  Culture  de  la  grosse  as- 
perge ,  dite  de  Hollande  ,  Paris  ,  1783  , 
in-l2;  (  Dictionnaire  du  jardinier  fran- 
çais. Paris,  1790,  2  vol.  in-S"  ,  ouvrage 
1res  estimé  ainsi  que  le  précédent. 

FILASSIER.  Voyez  FILLASSIER. 

PILASTRE  (Guillaume),  évéque  de 
Tournai  dans  le  lô*^  siècle,  dont  nous 
avons  une  espèce  de  chronique  que  les 
curieux  de  tout  ce  qui  concerne  l'histoire 
de  France  recherchent  encore  ,  quoique 
surannée.  Elle  fut  imprimée  l'an  1517,  en 
2  vol.  iu-fol.  On  a  encore  de  lui  La  Toison 
d'or,  Paris  ,  1530  ,  2  vol.  in-folio. 

FILCIIIUS  ou  FILCHINS  (Beivoit  ) ,  né 
en  1560,  d'une  famille  noble  de  la  Grande- 
Bretagne,  fut  élevé  dans  les  principes  du 
calvinisme,  et  attaché  à  la  secte  puri- 
taine. Rendu  à  Paris  dès  l'âge  de  24  ans , 
il  y  abjura  cette  secte,  qui  ne  faisait  que 
de  naître ,  pour  rentrer  dans  la  religion 
de  ses  pères ,  que  ses  compatriotes  n'au- 
raient jamais  abandonnée  ,  si  comme  lui, 
ils  avaient  eu  le  courage  de  se  détermi- 
ner en  faveur  de  la  vérité ,  contre  l'in- 
térêt de  leurs  propres  passions.  Son  grand 
amour  pour  la  vertu  lui  fit  embrasser  , 
dans  cette  même  ville,  l'ordre  austère 
des  capucins  ;  après  quoi  il  repassa  dans 
sa  patrie  en  1599  ,  dans  le  dessein  d'y  ré- 
tablir la  vraie  religion  :  mais  les  héréti- 
ques ayant  découvert  son  état  et  ses  vues , 
le  déférèrent  à  la  reine  EUzabeth ,  qui  le 
retint  dans  une  étroite  prison ,  pendant 
l'espace  de  XhAh  ans  j  après  lesquels 
Henri  III ,  roi  de  France ,  obtint  son  élar- 
gissement ,  le  fit  revenir  à  Paris ,  et  l'ho- 
nora de  sa  bienveillance  particulière.  De 
là,  jusqu'à  sa  mort ,  le  Père  Benoit  com- 
posa plusieurs  ouvrages  analogues  à  son 
zèle ,  à  sa  piété  et  à  ses  lumières ,  tels 
que  :  |  Begulaperfectionis,  continens  brève 
ac  luciduni  compendium  totius  vitce  spi- 
ritualis .  etc.  Cet  ouvrage ,  écrit  d'abord 
en  anglais,  puis  traduit  en  flamand  et  en 
français,  fut  mis  aussi  en  latin  par  l'au- 
teur lui-même ,  quelques  années  avant 
sa  mort.  Il  s'en  fit  successivement  plu- 
sieurs éditions  à  Rome  ,  Paris,  Lyon,  Vi- 
tcrbe  et  ailleurs;  |  Soliloquium  pium  et 
grave,  etc.,  dans  lequ*^!  il  explique  les 
motifs  de  sa  conversion  ;  |  Liber  vario- 
rum  exercitiorum  spiritual ium .  etc., 
Viterbe  ,  1608;  |  Eques  christianus,  etc., 
2  vol.  in-12,  Paris,  1609.  M.  Thayer , 
ministre  protestant ,  nouvellement  con- 
verti à  la  religion  catholique ,  fait  le  plus 


118  FIL 

bel  éloge  de  cette  production  qui  n'a  pas 
peu  contribué  à  le  ramener  dans  le  se  n  de 
l'Eglise.  Voyez  la  Relation  de  la  conver- 
sion de  M.  Jean  Thayer,  4*^  édition, 
Liège,  1789 ,  page  18  ,  et  le  Journal  his- 
torique et  littéraire ,  i"  février  1789 ,  page 
174. 

FILESAC  (Jean  ),  docteur  de  Sorbonne 
et  curé  de  Saint-Jean-en-Grève  ,  mourut 
à  Paris,  sa  patrie,  doyen  de  la  faculté  de 
théologie,  en  1658.  Il  a  composé  plusieurs 
ouvrages  sur  des  matières  ecclésiastiques 
et  profanes ,  remplis  d'une  érudition  as- 
sommante. Ce  n'est  qu'un  tissu  de  pas- 
sages ,  qu'il  joint  les  uns  aux  autres  par 
quelques  réflexions,  sans  beaucoup  d'or- 
dre ni  de  méthode.  Il  passe  du  sacré  au 
profane,  fait  de  longues  digressions, 
écrites  très  durement,  et  lasse  son  lecteur 
en  l'instruisant.  Ses  principaux  ouvrages 
sont  :  I  un  Traité  de  l'autorité  des  évé- 
ques,  Paris,  1606,  in-8";  |  un  autre  du 
Carême  ;\  De  l'Origine  des  paroisses  ; 
des  Traités  de  la  confession  auriculaire, 
àe.  l'idolâtrie,  et  àe  l'Origine  des  anciens 
statuts  de  la  Faculté  de  Paris,  etc.  Ils 
sont  réunis  sous  le  titre  à.' Opéra  varia, 
Paris,  1614,  2  vol.  in-8'',  et  O/^em  selecta 
Paris,  1621,  in-4°. 

FILICAIA  ou  EILICAJA  (Vincent  de), 
poète  lyrique  italien ,  sénateur  de  Flo- 
rence, sa  patrie,  né  en  1642  et  mort  en  1707, 
fut  membre  de  l'académie  de  la  Ctjisca  et 
de  celle  des  Arcades.  Ses  poésies,  publiées 
en  1707,  in-fol. ,  par  son  fils,  réimprimées 
à  Venise,  1747,  3  vol.  in-12,  sont  délicates, 
et  respirent  le  ton  d'un  homme  qui  vit 
dans  le  grand  monde  :  les  meilleures  sont 
les  6  odes  ou  canzoni  qu'il  composa  sur 
la  délivrance  de  Vienne  par  les  Turcs.  11 
n'était  pas  riche  :  Christine  ,  reine  do 
Suède ,  sachant  qu'il  avait  de  ia  peine  à 
faire  subsister  sa  famille,  lui  fît  du  bien, 
et  sa  générosité  fut  d'autant  plus  louable, 
qu'elle  voulut  qu'on  l'ignorât  entièrement. 
Ses  poésies  lui  valurent  la  dignité  de  sé- 
nateur ,  le  gouveinenient  de  la  ville  de 
Volterre  ,  puis  celui  de  Pise,  et  enfin  la 
charge  de  secrétaire  du  tirage  des  magis- 
trats, qui  était  alors  très  importante.  Voy. 
l'éloge  de  ce  poète  dans  les  Vies  des  Ar' 
cadi  de  Crescimbeni. 

FILLASSIER  (  Maiun  ) ,  prêtre  pari- 
sien, mort  en  1735 ,  à  56  ans ,  fut  curé  de 
campagne,  et  ensuite  chapelain  des  dames 
de  Miramion.  Il  est  auteur  d'un  ouvrage 
plein  d'onction,  intitulé  :  Sentimeiis  chré- 
tiens ,  propres  aux  personnes  infirmes  , 
in-12;  ouvrage  qui  n'est  compose  que  de 


FIL  i 

s  de  l'Ecriluro  et  des  Pi»rcs.  Le 
•  iihours  en  avait  dutiné  un  scin- 
tiré  exclusivement  de  l'Ecriture 


luto. 


KILLEAU  (  Jka:«)  ,  professeur  en  droit 
cl  avocat  du  roi  à  Poitiers ,  né  en  1600  , 
mort  en  168'J  à  l'àdc  de  82  ans ,  est  prin- 
dpalcincnt  connu  par  sa  Relation  jnri- 
diquf  de  ce  qui  s'est  passé  à  Poitiers  tou- 
cha nf  In  nouvelle  doctrine  des  jansénistes . 
il:.  ■)■  le  commandement  de  la 

r  '■-,  16.'i4,  in-8°.  C'est  dans  le 

'i .  ---.  .  ne  que  l'on  trouve  l'anecdote 
connue  sous  le  nom  de  Projet  de  Bourg- 
fontaine.  Filleau  raconte  que  six  per- 
sonnes qu'il  n'ose  designer  que  par  les 
lettres  initiales  de  leurs  noms,  s'étaient 
assemblées  en  IG'il.  pour  délibérer  sur  les 
moyens  de  renverser  la  religion  et  d'éle- 
ver le  déisme  sur  ses  ruines.  On  a  impri- 
mé en  1756  :  La  Réalité  du  projet  de 
Hourg fontaine ,  2  vol.  in-12  :  ouvrage  au- 
quel on  a  ojjposé  La  ï'érité  et  l'innocence 
victorieuses  de  la  calomnie  .  ou  /fuit  let- 
tres sur  le  projet  de  Bourg  fontaine  ^  1758. 
en  2  vol.  in-12.  Le  plus  fort  argument  em- 
ployé dans  cette  réfutation ,  est  que  la 
Réédité  a  été  brûlée  par  arrêt  du  parle- 
ment de  Paris,  du  21  avril  1758  ;  mais  l'au- 
teur (  D.  Clémencet)  ne  songeait  pas  que 
Us  Provinciales  avaient  été  brûlées  par 
arrêt  du  parlement  de  Provence,  du  9  fé- 
vrier 1667.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  Réalité . 
mal  à  propos  attribuée  au  Père  Patouillet 
(  voyez  ce  mot  )  ,  a  été  réimprimée  plu- 
sieurs fois,  traduite  en  latin  sous  le  titre 
de  yeritas  consilii  Burgofonte  inili ,  en 
allemand  ,  en  flamand,  et  autres  langues. 
Dans  les  dernières  éditions,  on  trouve  une 
longue  réponse  aux  huit  lettres.  La  meil- 
leure édition  est  celle  de  Liège  ,  1787 ,  2 
vol.  in-8°.  «  La  postérité  ayant  sous  les 
veux  les  événemens  qui  lui  sont  réser- 
vés, jugera  peut-être  mieux  que  nous, 

■  -li  ce  projet  a  existé  ou  non.  »  Voilà  ce 
que  nous  disions  en  1783.  Ces  événemens 
n'étaient  pas  bien  loin.  Peu  d'années  après 
on  vil  le  jansénisme  intimement  uni  au 
philosophisme,  transmettre  à  celui-ci  ses 
erreurs  propres ,  et  ce  fanatisme  de  secte 
•lui  porta  la  dévastation  dans  l'église  de 
France.  Un  auteur  moderne  a  porté  de  la 
Réalité .  le  jugement  suivant  :  «  Je  suis 
»  loin  de  garantir  toutes  les  conjectures, 

■  '  "'       '      !>ct  rapprochemens  del'au- 

■1  l'ensemble  présente  un 

,  pant ,  et  que  les  événemens 

»  ne  ^»tul  que  trop  propres  à  lui  conci- 

»  lier  U  confiance  des  lecteurs ,  je  croU 


i9  FIL 

•  néanmoins  que  l'nutcur  a  trop  légère- 

•  mont  «lénigno  quelques  roopéraleurn  de 
»  cette  (Euvre.  d'abord  si  mystérieuse  ,  «-t 
»  aujourd'hui  si  manifeste  dans  ses  effet*. 
■  Des  liaisons  d'amitié,  ainsi  que  des  dé- 

•  marches,  ou  écrits  inconsidérés,  ne  suf- 
»  lisent  pas  pour  accuser  ces  intentions  . 

•  surtout  dans  un  temps  où  le  véritable 

•  esprit  de  la  secte  était  peu  connu,  et  où 
»  les  gens  de  bien  ont  pu  être  les  dupes 

•  des  apparences.  Voyez  ARNAULD 
»  (HEîdRi).  Quant  aux  six  principaux  au- 
»  leurs,  dont  il  est  question  dans  le  projet, 
»  nous  en  al)andonnons  le  jugement  à 
»  ceux  qui  auront  combiné  sans  préven- 
»  tion  leurs  ouvrages  et  leur  conduite , 
»  avec  la  tâche  respective  que  la  Relation 
»  de  Filleau  leur  attribue.  »  (  Voyez  JAN- 
SÉNIUS,  MONTGERON,  PARIS,  etc.  )  On 
a  encore  de  Filleau  :  |  I^es  Arrêts  nota- 
bles du  parlement  de  Paris .  1631,  2  vol. 
iii-fol.;  I  Les  Preuves  historiques  de  la  vie 
de  sainte  Radegonde  ;  \  traité  de  l'Uni- 
versité de  Poitiers. 

FILLEAU  DE  LA  CHAISE.  Voyez 
CHAISE  (Jean  de  la). 

'FILLEAU  DE SAIIVT-MARTIN, frère 
de  Filleau  de  la  Chaise,  mort  vers  1693,  a 
publié  une  traduction  du  chef-d'œuvre 
de  Cervantes,  sous  ce  titre  Histoire  de 
l'admirable  don  Quichotte  de  la  J/anche . 
1677,  4  vol.  in-12  ,  très  souvent  réimpri- 
mée en  6  vol.  ,  qui  se  lit  encore ,  maigre 
l'abrégé  de  Florian  ,  et  malgré  la  traduc- 
tion complète  deM.Bouchon-Dubournial. 
Voyez  CERVANTES,  FLORIAN. 

FILLIUCIUS  (  Vincent  ) ,  jésuite ,  né  à 
Sienne  en  1556  ,  enseigna  la  philosophie, 
les  mathématiques,  la  théologie,  fut  pé- 
nitencier à  Rome,  et  casuiste  en  chef  du 
saint  Office.  Il  mourut  en  1622.  On  a  do 
lui  des  Questions  morales  .  Lyon ,  1653 , 
où  il  parait  quelquefois  enseigner  une 
morale  trop  indulgente. 

*  FILMER  (sir  Robert),  écrivain  po- 
liticpie  anglais,  né  dans  le  comté  de  Kent, 
au  commencement  du  17'  siècle ,  a  pu- 
blié :  I  L'Anarchie  d'une  monarchie  li- 
mitée et  mixte.  1646,  réimprimé  en  165J 
et  1679  :  il  le  donna  en  réponse  au  traité 
de  la  monarchie  de  Hunton.  |  Le  patriar- 
che, écrit  où  il  prouve  que  tout  gouver- 
nement a  commencé  par  être  monarchi- 
que, et  que  tous  les  titres  légaux  pour 
régner  sont  originairement  dérivés  des 
chefs  de  famille  ,  ou  de  ceux  à  qui  leurs 
droits  ont  été  transférés.  C'est  pour  com- 
battre les  principes  exposés  dans  cet  ou- 
vrage que  Siducy  a  écrit  son  IHscowri 


FIN 


120 


FtR 


sur  le  gouvernemenl.  Filmer  mourut  en 
1688. 

•  FiXCn  (  Robert  ) ,  littérateur  ,  né  à 
Londres  en  1783  ,  mort  à  Rome  le  16  sep- 
tembre 1850 ,  servit  quelque  temps  dans 
l'armée  qu'il  quitta  bientôt  pour  entrer  à 
l'université  d'Oxford.  Il  se  montra  mi- 
nistre plein  de  zèle  et  prédicateur  distin- 
gué, et  fut  le  secrétaire  intime  de  Pitt. 
Employé  dans  plusieurs  missions  diplo- 
matiques ,  il  s'en  acquitta  avec  succès  ; 
mais  ses  goûts  lui  faisant  préférer  aux  af- 
faires politiques  l'élude  de  la  science,  il 
fit  de  nombreux  voyages,  vint  en  France, 
explora  toutes  les  parties  de  l'Italie  ,  la 
Grèce  ,  la  Turquie  d'Europe ,  plusieurs 
contrées  de  l'Asie,  la  Palestine,  la  Syrie 
et  la  Perse.  Il  se  fixa  ensuite  à  Rome ,  où 
il  résida  presque  continuellement  jusqu'à 
sa  mort.  Il  avait  fait  plusieurs  traductions 
d'ouvrages  italiens  qu'il  ne  jugea  point 
assez  parfaites  pour  les  publier,  et  avait 
entrepris  la  Bibliographie  universelle  de 
l'Italie^  qu'il  n'eut  pas  le  temps  de  ter- 
miner. Finch  avait  coopéré  à  la  Revue 
encyclopédique. 

FINE  (Oronce),  mathématicien,  né  à 
Briançon  en  Dauphiné ,  l'an  1494 ,  fut 
choisi  par  François  T''  pour  professer  les 
mathématiques  au  collège  royal.  Il  avait 
beaucoup  de  génie  pour  la  mécanique  ;  il 
fit  une  horloge  d'une  singulière  invention. 
On  a  de  lui  plusieurs  ouvrages  àe  géomé- 
trie^ ù.' optique j  de  géographie  et  d'astro- 
logie j  réunis  en  5  vol.  in-fol.,  1552  -42 
et  50.  Il  était  fort  attaché  à  l'astrologie,  et 
plus  qu'un  géomètre  n'aurait  dû  l'être  ; 
mais  on  l'a  déjà  dit ,  la  géométrie  laisse 
l'esprit  comme  elle  le  trouve.  Fine  mou- 
rut très  pauvre  en  15S5.  Les  beaux  esprits 
chargèrent  son  tombeau  de  vers  et  d'é- 
pitaphes.  Il  avait  pris  pour  devise  :  P^i- 
rescit  vulnere  virtus.  On  peut  voir  sur 
Oronce  les  Mémoires  de  Nicéron^  tome 
38  ,  celui  de  l'abbé  Goujet  sur  le  Collège 
royale  et  la  Bibliothèque  du  Dauphiné^ 
par  Gui  Allard. 

♦  FINESTRÈS  Y  MONS.VLVO  (Jo- 
seph ),  célèbre  jurisconsulte  catalan ,  né 
à  Barcelone ,  le  11  avril  1688,  enseigna  le 
droit  pendant  plusieurs  années  à  l'uni- 
versité de  Cervera,  et  s'occupa  de  rétablir 
l'éducation  publique  ,  qui  avait  été  né- 
gligée pendant  la  guerre  de  la  succession. 
Il  donna  plusieurs  sages  réglemens  qui 
furent  adoptés.  Il  fit  venir  des  caractères 
grecs  qui  manquaient  dans  cette  province, 
pour  l'impression  des  ouvrages  néces- 
saires à  l'étude  de  cette  langne,  justement 


considérée  comme  indispensable  pour  tous 
ceux  qui  se  consacrent  aux  lettres.  On  lui 
doit  plusieurs  ouvrages  remarquables  par 
la  précision,  l'énergie  et  la  clarté  du  style  : 
I  Exercitatiojies  academicœ  XII ,  1745  , 
in-4°.  I  Hermogeniani  jurisconsultijuris. 
in  epilomarum  libros  sex  commentarius . 
1757,  2  vol.  in-4°.  Cet  ouvrage  contient 
un  abrégé  historique  des  meilleurs  jurû»- 
consultes  catalans.  |  Sylloge  inscriptionum 
romanarum  quœ  ifi  jji-incipatu  Catalan- 
nice  vel  extant,  vel  aliquando  exliterunl , 
nolis  et  observationibus  illustratarum . 
1760.  in-4°,  ouvrage  précieux  pour  l'his- 
toire de  l'Espagne  sous  la  domination  des 
Romains.  Finestrès  mourut  le  17  nove  m- 
bre  1770. 

FirVIGlJERRA.  royez  MASO. 

*  FIOCCO  (  AiVDRÉ-DoMiNiQUE  ) ,  en  la- 
tin Floccus^  chanoine  florentin  ,  mort  en 
1452,  n'est  connu  que  comme  auteur  d'un 
traité  :  |  De  7'omanis  potestatibus  ^  sacer- 
dotiis  et  magistralibus^  attribué  dans  un 
temps  à  Lucius  Fenestella  ,  écrivain  du 
siècle  d'Auguste  ,  réimprimé  en  1477  à 
Milan,  petit  in-'t^jCt  traduit  en  italien  par 
François  Sansovino,  Venise,  1547,  in-S". 

*  FIORDIBELLO;  (  Antoine  ),  littéra- 
teur et  ecclésiastique  italien,  né  àModène 
vers  1510,  mort  en  1567,  dans  la  même 
ville  ,  fut  d'abord  secrétaire  du  célèbre 
Sadolet ,  ensuite  du  cardinal  Crescenzi 
qu'il  accompagna  au  concile  de  Trente , 
puis  du  cardinal  Polus  dans  la  mission 
dont  ce  dernier  fut  chargé,  lors  de  l'avé- 
neraent  de  la  reine  Marie  sur  le  trône  bri- 
tannique. A  son  retour  à  Rome  Fiordi- 
bello ,  nommé  par  le  pape  évéque  d'A- 
vello,  dans  le  royaume  de  Naples  ,  se  dé- 
mit de  cet  évêché  au  bout  de  trois  ans, 
pour  remplir  une  charge  qui  lui  fut  con- 
fiée dans  les  bureaux  de  la  secrétairerie 
apostolique.  On  a  de  lui  :  j  une  très  bonne 
édition  des  Lettres  de  Sadolet ,  Lyon , 
1550;  \  des  Discours  latins  ^  imprimés  à 
différentes  époques  ;  |  un  Commentaire 
de  Vita  Jacobi  Sadoleti^  \  et  des  Lettres 
recueillies  et  publiées  par  l'abbé  Costanzi, 
en  1  vol.,  avec  la  Vie  de  l'auteur.  On  con- 
serve à  la  bibliothèque  ambrosienne  de 
Milan  un  manuscrit  autographe  de  Fior- 
dibello,  sous  ce  titre  :  |  Adversaria .  seu 
form.ulce  pro  epistolis  pontificis  conscri- 
bendis. 

FIORI  (  Mario  di),  peintre.  Voyez 
MARIO. 

FIQUET.  Voyez  FICQUET. 

FIREIVZUOLA  (  Aîige)  ,  poète  floren- 
tin, et   religieux  de  la  congrégation  de 


FIR  121 

Vallombrcusc,  ne  h;  '28  scplonilirc  l/»93, 
•Tait  auparavant  cxi-rrc  la  foncllon  d'a- 
vocat à  Rome,  sous  le  nom  de  Nanini,  qui 
éiail  celui  de  »a  famille.  Il  fut  connu  et 
estime  du  i)ape  Clément  VU,  qui  prenait 
plaisir  A  la  lecture  do  ses  ouvrages.  11 
mourut  à  Rome  peu  après  en  1545.  il  a 
beaucoup  écrit  en  vers  et  en  prose.  L'édi- 
tion de  SCS  œuvres  en  ce  dornicr  genre  , 
à  Florence ,  1548 ,  in-8°,  et  celle  de  ses 
poésies.  1549,  in-8",  sont  recherchées.  Sa 
traduction  de  1,-ina  d'or.  Venise  ,  1507  , 
in-8",  est  rare.  On  trouve  quelques  Capi- 
toti  de  lui  avec  ceux  de  Berni.  11  a  aussi 
fait  plusieurs  comédies  :  //  Lucidi ,  Fl«> 
rence ,  1349  ,  in-»";  La  Trinuzia .  1551, 
in-S°,  réimprimée  à  Paris  en  1818  avec 
des  notes  de  M.  Biagioli.  Ses  OEuvres  ont 
été  recueillies  à  Florence  en  1763  ,  3  vol. 
In -8°.  Son  Discours  des  animaux  a  été 
traduit  en  français,  Lyon,  1556,  in-16;  et 
par  La  Rivey  ,  1579,  in-16.  Son  Discours 
de  la  beauté  des  dames  l'a  été  par  J  Pul- 
let,  Paris,  1578,  in-S". 

FIRMICIS  M\TERNUS(Jcucs)  lit 
paraître  ,  sous  les  eufans  de  Constantin, 
lin  excellent  traité  de  la  Fausseté  des  Re- 
ligions profanes.  L'auteur,  en  montrant 
la  vanité  de  l'idolâtrie  ,  établit  divers 
points  de  la  religion  chrétienne.  On  a  pu- 
blié cet  ouvrage  avec  le  Afinutius  Félix  à 
Leyde,  en  1672,  in-8°,  et  en  1699,  avec  les 
notes  de  Jean  Wouwer.  On  lui  attribue 
encore  8  livres  d'astronomie .  imprimés 
par  Alde-Manuce,  en  1499,   in-fol.  Mais 

■  ette    dernière    production    parait    être 

■  l'un  autre  Julius  FIR5IICUS  ,  qui  vivait 
•  lans  le  même  temps.  Elle  est  pleine  de 
léveries. 

F1R.MILIE3I,  évêque  de  Césarée  en 
Cappadoce,ami  d'Origène,  prit  parti  pour 
siiint  Cyprien  ,  dans  la  dispute  sur  la  re- 
baptisation  de  ceux  qui  avaient  élé  bapti- 
sés par  les  hérétiques.  Il  écrivit,  dit-on, 
sur  cette  question,  une  lettre  à  saint  Cy- 
prien. dans  laquelle  toutes  les  raisons  qui 
pouvaient  autoriser  la  pratique  des  églises 
d'Afrique  sont  exposées  avec  force,  f^'oij. 
CYPRIEN  (saint).  Cependant ,  dans  une 
dissertation  du  père  Marcellin  Molken- 
buhr  ,  récollet,  imprimée  à  Munster  en 
Westphalie  ,  1790  ,  in-4*,  on  prétend  que 
cette  lettre  est  faussement  attribuée  à  Fir- 
milien,  et  qu'elle  est  de  quelque  donaliste 
d'Afrique,  après  le  4"^  siècle,  qin  l'a  attri- 
buée à  Firmilien  pour  lui  donner  plus  de 
poids;  les  raisons  détaillées  dans  cette 
dissertation  sont  très  plausibles.  Firmi- 
lien présida,  en2C4,  au  premier  concile 
5* 


Fin 

d'Antioclic  ,  contre  Paul  de  Snmosate.  ïl 
était  près  de  se  rendre  à  tm  second  sy- 
node,  où  cet  hérétique  opiniiktrc  devait 
être    anathématisé;  mai»    il  mourut    en 


cheii:iii,  l'an  269,  selon  le  père  Pagl  eJ 
M.  Flcury.  Baronius  place  sa  mort  à  l'an 

272.  L'auleur  de  la  dissertation  citée  ci- 
dessus  prouve  que  le  second  concile  d'An- 
tioche  n'a  pas  été  célébré  avant  l'an  272, 
et  que  conséquemment  Firmilien  a  vécu 
jusqu'à  ectte  année. 

FIRMI\  ,  nom  de  quatre  évêques  :  le 
premier,  évèqtie  d'Amiens  et  martyrisé 
au  3*  siècle  ;  le  second,  évêque  de  la  même 
ville,  au  4*^  siècle;  le  troisième,  évêque 
d'Uy.ès;  et  le  quatrième,  de  Mende. 

FniMIL'S(MARcus) ,  homme  ptiissant 
de  Séleucie  en  Syrie,  se  fit  proclamer 
empereur  en  Egypte  pour  venger  la  reine 
Zénobic,  dont  il  était  ami.  Aurélien  mar- 
cha contre  lui,  le  lit  prisonnier,  et,  après 
lui  avoir  fait  souffrir  toutes  sortes  de 
tourmens ,  il  s'en  délivra  tout-à-fail  l'an 

273.  C'était  un  homme  d'une  taille  gigan- 
tesque ,  et  d'une  force  surprenante.  On 
l'appelait  leCyclope.  On  frappait,  dit-on, 
sur  sa  poitrine,  comme  sur  une  enclume, 
sans  qu'il  en  ressentit  aucune  douleur.  Le 
commerce  immense  qu'il  faisait  avec  les 
Sarrasins  et  les  Indiens  lui  avait  acquis 
une  grande  considération  dans  l'Orient. 

*  FIRMOXT  (He.vri  ESSEX  EDGE- 
WORTHde),  vicaire  général  de  l'église  de 
Paris,  qui  assista  Louis  XVI  dans  ses  der- 
niers momens  ,  descendait  d'une  famille 
très  considérée  du  comté  de  Middlesex  , 
qui  sous  le  règne  de  la  reine  Elizabeth. 
alla  s'établir  en  Irlande,  où  il  naquit  au 
bourg  d'Edgeworthtown  ,  l'an  1745  Son 
père  avait  abandonné  la  communion  angli- 
cane, et  lui-même  vint  faire  ses  premières 
études  chez  les  jésuites  de  Toulouse  ;  il 
embrassa  l'état  ecclésiastique,  et  voulut 
d'abord  se  consacrer  à  la  propagation  de 
la  foi  dans  les  missions  étrangères  ;  mais 
on  lui  persuada  que  ses  services  ne  se- 
raient pas  moins  utiles  à  la  religion  dans 
son  pays  adoptif ,  où  elle  était  en  butte  u 
tant  d'attaques  ,  et  il  se  détermina  à  rem- 
plir le  ministère  de  confesseur  à  Paris. 
Son  zèle  charitable ,  sa  douce  piété  lui 
.  concilièrent  la  confiance  générale ,  et  il 
eut  même  la  joie  de  ramener  à  la  vraie 
religion  plusieurs  de  ses  anciens  compa- 
triotes qui  recherchaient  sa  société.  On 
lui  proposa  un  évéché  en  Irlande  ;  mais 
il  le  refusa  et  devint  en  1777  confesseur 
de  madame  Elizabeth,  sœur  du  roi.  Lors- 
que la  révolution  cul  jeté  celte  vertueuse 
11 


FIU 


122 


FIR 


princesse  dans  la  prison  du  Temple,  elle 
parla  à  son  auguste  frère  de  l'abbé  de 
Firmont,  qui  vi\ait  retiré  à  Choisy-le- 
Roi ,  sous  le  nom  d'Essex  ,  depuis  les 
massacres  de  septembre  1792.  Peu  de 
temps  avant  que  l'arrêt  qui  condamnait 
Louis  XVI  eût  été  porté ,  le  monarque 
avait  déjà  exprimé  à  M.  de  Malesherbes 
son  désir  de  s'entretenir  avec  l'abbé  de 
Firmont.  La  fatale  sentence  de  mort  ayant 
été  rendue  par  la  Convention,  Louis  XVI 
demanda  en  effet  l'abbé  Firmont  ^  qui 
s'empressa  de  se  rendre  auprès  de  lui , 
accompagné  du  ministre  de  la  justice. 
Après  plusieurs  entretiens,  l'ecclésias- 
tique demanda  au  royal  captif,  s'il  ne 
serait  pas  satisfait  d'entendre  la  messe 
et  de  recevoir  la  communion:  Louis  lui 
répondit  que  ce  serait  pour  lui  une  grande 
consolation  ,  «  mais ,  ajouta-t-il ,  le  con- 
»  seil  du  Temple  n'en  donnera  pas  la  per- 
»  mission.  »  L'abbé  de  Firmont  se  chargea 
d'en  faire  la  demande.  Un  des  commis- 
saires de  la  Convenlionlui  objectant  qu'il 
n'était  pas  sans  exemple  que  des  prêtres 
eussent  empoisonné  des  hosties  :  «  Vous 
»  m'avex  fouillé  assez  rigoureusement , 
»  répliqua- 1- il ,  quand  je  suis  arrivé  au 
»  Temple ,  pour  être  bien  sûr  que  je  n'ai 
»  point  apporté  de  poison  avec  moi  ; 
»  d'ailleurs  fournissez  vous-même  les  hos- 
»  ties,  alors  vous  n'aurez  pas  sujet  de 
»  craindre ,  puisque  tout  aura  passé  par 
»  vos  mains.  »  Sa  demande  lui  fut  enfin 
accordée ,  à  condition  qu'il  la  signerait 
cl  que  la  cérémonie  serait  terminée  à  sept 
heures  du  matin,  le  prince  devant  être 
conduit  au  supplice  à  huit  heures. 
C'était  le  20  janvier  ;  le  confesseur 
l'entretint  jusqu'après  minuit.  Le  21 , 
après  avoir  dormi  paisiblement  pen- 
dant cinq  heures  ,  le  roi  reçut  la  commu- 
nion au  pied  d'un  autel  que  l'abbé  Fir- 
mont ,  aidé  de  Cléry,  avait  dressé  dans  sa 
chambre.  Les  sbires  commandés  par  le 
fameux  Santerre  ne  tardèrent  pas  à  entrer 
dans  son  appartement.  «  Tout  est  con- 
p  sommé,  mon  cher  abbé,  dit  le  prince 
»  en  se  jetant  à  genoux  ;  donnez-moi  votie 
»  bénédiction.  »  Louis  XVI  avait  cru  que 
son  confesseur  ne  le  suivrait  pas  ;  mais 
le  digne  prêtre  ne  voulut  point  l'abandon- 
ner, et  le  rai  lui  en  témoigna  toute  sa  re- 
connaissance. Lorsqu'il  fut  descendu  de 
voiture  sur  la  place  Louis  XV,  les  bour- 
reaux s'avancèrent  pour  lui  liar  les  mains 
malgré  son  refus.  Le  royal  martyr  regarda 
l'abbé  Firmont  qui  lui  dit  :  «  Sire ,  je  ne 
»  vois  dans  ce  dernier  outrage  qu'im  der- 


»  nier  trait  de  ressemblance  entre  Votre 
»  Majesté  et  le  Dieu  qui  va  être  sa  récom- 
»  pense.  »  Au  moment  de  l'exécution  l'abbé 
de  Firmont  lui  dit  :  «  Fits  de  saint  Louis. 
»  montez  au  Ciel!  »  Le  sacrifice  ayant  été 
accompli,  le  prêtre  descendit,  et  fit  signe 
aux  soldats  qui  s'écartèrerU  avec  respect 
pour  le  laisser  passer.  Il  se  rendit  auprè» 
de  Malesherbes ,  et  l'on  a  trouvé  chez  ce 
magistrat  des  fragmens  du  récit  de  ce  ter- 
rible événement  et  de  la  conversatio» 
qu'ils  eurent  ensemble.  L'abbé  Firmonl 
retourna  le  soir  même  à  Choisy-le-Roi , 
d'où  il  ne  sortit  qu'en  avril  1795.  11  erra 
ensuite  successivement  d'un  asile  à  un 
autre  et  parvint,  en  4796,  à  passer  en 
Angleterre.  Il  se  rendit  en  Ecosse ,  auprès 
de  Monsieur,  frère  du  roi,  et  lui  remit  le 
dépôt  des  dernières  pensées  de  Louis  XVI 
et  de  madame  Elizabeth.  Il  rejoignit  plus 
tard  Louis  XVIII  à  Blankenbourg,  et  resta 
dix  ans  auprès  de  ce  prince.  Des  pri- 
sonniers français,  dont  un  grand  nombre 
étaient  blessés ,  furent  amenés  dans  la 
ville  qu'habitait  le  roi ,  qui  ordonna  qu'on 
cherchât  des  hommes  habiles  pour  les  soi- 
gner et  qu'on  leur  fournît  de  bons  ali- 
mens ,  tandis  que  la  reine ,  les  dames  de 
sa  suite  et  la  duchesse  d'Angoulême  pré- 
paraient de  la  charpie.  L'abbé  de  Fir- 
mont se  transportait  auprès  des  malades , 
et  leur  prodiguait  les  secours  de  la  reli- 
gion avec  la  charité  la  plus  touchante. 
Une  maladie  épîdémique  s'élant  déclarée 
parmi  eux ,  l'abbé  Firmont  redoubla  en- 
core de  zèle  et  succomba  enfin  lui-même , 
victime  de  son  dévouement ,  le  22  mai 
1807,  à  62  ans.  Le  duc  d'Angoulême  suivit 
à  pied  le  convoi  funéraire ,  et  son  épouse 
accompagna  aussi  le  cercueil.  Louis  XVIIJ 
composa  pour  son  tombeau  Tépitaphe  sui- 
vante : 

D.  O.  M. 

Hîc  jacKl 

revcTCnJUsimuj  vif 

HBMiUcirs  EssKx  EDGEWORTH  de  Firmosit 

tanelae  Dci  Ecclesia:  iacerdos , 

vicAriut  gcncralis  Ecclesis  parisicnsit  ,  etc. 

If' 

Redcmptor!)  ooslii   vetftgta  Iciïtnt , 

oculut  cœco, 

pf.i  claiido  , 

pat«r  p<iupcrun> , 

mixrcDtium  consnlator 

fuit. 

T.rDOvicCM  XVI 

ab  impiri  rebeltihusque  «aLditi* 

ntorti  dcditnm  , 

a4   ultimuiR  ccrtameii 

robo ravit , 

Mrrnuoqiit:  marlyri  ctclos  apeit04 

(Hteod)t 


FI8 

mira  Dci  prot«ttioi>« 
crepKii , 

Lroovico  XVIIl 

tnm  ud  K  recaali 

ubro  «Kcimeat. 

ïi  p«r  dffïi»  »«•••. 

attnon  tl  fidrlibui  «odalil.^ 

(«rmpUr  virlMliim  , 

Itvamcn  malonim  , 

i*««  |M-»biù». 

Fcrwttlia*  el  »ariat  mgiiMve» 

tcmpATuni  calamilale 

JCllll  , 

'bat 


illi  quem  lolura  ce 

lempcr  «itnilii , 

f«rlra«Mil  benefacienilo. 

PlcaiaiaKdun  bovii  opcribo* 

obiil 

die  XXII    maii  meniit , 

un.  Domini  M    D.  UM.  Vil 

clalii  v<ro  la*  LXH. 

Rr^uifSfat  in  f»tt . 

L'abbc  de  Bouvens  prononça  à  Londres 
le  29  juillet  1807 ,  dans  la  chapelle  catho- 
lique française  ,  l'oraison  funèbre  de  ce 
vertueux  ecclésiastique.  Elle  a  été  impri 
inée  à  Paris  en  1814,  in-S".  On  a  publié 
les  ntémoires  de  M.  l'abbé  Edgetvorth  de 
Finnont.  dernier  confesseur  de  Louis 
XFJ,  recueillis  par  E.  Sneyd-Edgeworth, 
et  traduits  de  l'anglais  par  le  traducteur 
d'Edmond  Burke  (M.  Dupont),  Paris, 
4816,  in-8°  :  ces  mémoires  sont  suivis 
U  uno  relation  des  derniers  momens  de 
Louis  Xyi  par  l'abbé  de  Firmont  lui- 
ntéme,  el  de  quelques-unes  de  ses  lettres 
sur  les  révolutions^  adressées  au  docteur 
Moyland  :  ces  deux  pièces  sont  exlréme- 
I lient  curieuses.  On  a  aussi  les  lettres  de 
!  abbé  Edgeworth .  confesseur  de  Louis 
XVI  à  ses  parens^  à  ses  amis ,  etc..  re- 
neUlies  par  le  révérend  Thomas  R... 
traduites  de  l'anglais  par  M™'  £lizabeth 
Lcbon  ,  Paris ,  1818 ,  in-8°  :  ces  lettres  sont 
précédées  de  mémoires  sur  la  vie  de  l'abbé 
de  Firmont. 

FIRMUS,  général  des  Maures  en  Afri- 
<Tue,  se  révolta  contre  Valentinien  V",  l'an 
'7.1  de  J.-C.  Après  avoir  commis  de 
[;'.î:nis  ravages,  il  fut  contraint  de  s'é- 
lijjit;ier  lui-même,  pour  ne  pas  tomber 
vif  entre  les  mains  des  Romains. 

FISCHER  ou  plutôt  FISHER  (Jean),  né 
li  li.  vcrley,  au  diocèse  d'Yorck,  vers  1455, 
ilxt.ur  el  chancelier  de  l'université  de 
«..iiuhridge,  évé(iue  de  Rochester,  con- 
f<*»eur  de  la  reine  Marguerite ,  précep- 
teur de  Henri  VIII,  ne  voulut  pas  recon- 
naître toa  élève  iKJur  chef  de  l'église 
•ngUcanCf  lorsque  ce  prince  se   sépara 


IS5  FIS 

de  Rome  pour  une  maîtresse.  Henri  le 
lit  mettre  en  prison  ,  et  ayant  appris  que 
le  pape  Paul  III  lui  destinait  nu  chapeau 
du  cardinal ,  ildit  en  se  moquant  du  pape  '. 
«Qu'il  envoie  son  rhapeuu  de  cardinal. 
»  quand  il  voudra  ;  je  ferai  en  sorte  que  . 
»  quand  il  arrivera ,  la  tête  pour  laquelle 
»  il  est  destiné ,  ne  subsiste  plus.  »  En 
effet,  Henri  Ut  aussitôt  faire  le  procès  à 
ce  vénérable  vieillard,  qui  eut  la  tète 
tranchée  le  21  juin  1535.  Son  âge  de  80 
ans,  et  les  services  qu'il  avait  rendus 
à  ce  monarque  ,  auraient  dû  lui  épargner 
une  mort  si  cruelle ,  quand  même  ses 
vertus  et  son  hmoccncc  n'eussent  point 
fait  son  éloge.  Fischer  avait  un  grand 
sens  et  un  jugement  très  solide.  C'est  un 
des  meilleurs  controversistes  de  son 
temps.  Toutes  ses  œuvres  ont  été  publiées 
en  un  volume  in-fol.,  à  Wurtziourg  ,  en 
151)7.  On  y  voit  plusieurs  traités  contre  les 
erreurs  de  Luther,  un  De  unica  Magda- 
lena  contre  Jacques  Le  Fèvre  d'Etaples 
et  Josse Clicthone  {voyez  MADELEINE). 
On  y  a  ajouté  louvrage  qui  porte  le  nom 
de  Henri  VIII  contre  Luther ,  que  quel- 
ques-uns croient  avoir  été  fait  par  Fis- 
cher. 

FISCHER  (  Jeaîw-Bcrnard  )  ,  archi- 
tecte allemand,  né  à  Vienne,  vers  l'an- 
née 1650,  a  construit  les  plus  beaux  édi- 
fices modernes  devienne;  entre  autres 
l'église  de  Saint-Charles-Borromée ,  dans 
un  des  faubourgs  qui  passe  pour  son 
chef-d'œuvre  ;  les  écuries  de  l'empereur, 
la  cliancellerie  de  Bohème  ,  le  Belvédère  , 
ou  palais  du  prince  Eugène,  celui  de 
Schœubrunn.  Il  est  mort  en  1724.  Si  ces  édi- 
lices  ne  sont  pas  sans  défauts,  ils  sont  dans 
leur  ensemble  d'une  composition  grande 
el  noble  ;  le  dernier  surtout ,  quoique  les 
décorati«)ns  extérieures  soient  peut-être 
trop  chargées  ,  a  de  grandes  beautés.  S'il 
était  plus  vaste,  on  en  eût  fait  depuis  long- 
temps la  résidence  impériale.  Counne  il 
fut  bâti  des  dépouilles  des  Turcs,  un  litté- 
rateur a  proposé  d'y  mettre  pour  inscrip 
lion  ce  vers  de  Virgile  : 

Barbarice  postci  >«ro  «polniquc  tupcrbi. 

On  doit  à  Fisdier  :  Essai  d'une  archilec' 
ture  historique,  ou  recueil  de  bâtiment 
antiques,  avec  des  explications  en  aile* 
mand  et  en  français  .  Leipsick,  1725,  in- 
folio, ouvrage  curieux  et  utile,  mais  raaH 
exécuté.  11  est  composé  de  93  planches  el 
divisé  en  5  livres. 

•  FISCHER  (  Jeas-Eberuard  ),  savaiU 
professeur   d'histoire    et   daiitiquités    i 


lie 


FIS  iU 

Saint-Péleisbourg,  naquit  à  Essling,  en 
Souabe,  en  16'.)7.  Il  fut  membre  de  l'aca- 
démie impériale  et  un  des  savans  envoyés, 
en  1759 ,  par  la  cour  de  Russie  pour  faire 
des  observations  en  Sibérie  et  au  Kamt- 
schatka.  De  retour  de  son  voyage ,  qui 
dura  près  de  huit  ans,  il  s'occupa  de  la 
publication  de  ses  observations,  et  mou- 
rut le  24  septembre  1771 ,  âgé  de  7k  ans. 
Il  a  laissé  en  allemand  |  Histoire  de  Si- 
bérie^ depuis  la  découverte  de  ce  pays 
fusquà  sa  conquête  par  les  Russes^  Pé- 
lersbourg,  1768,  2  vol.  in-8°.  G.-F.  Mul- 
ler  publia  depuis  une  Histoire  plus  com- 
plète de  ce  pays  ,  mais  qui  n'a  point  nui 
au  succès  de  celle  de  Fischer  :  |  Sur  l'o- 
Hgine^  la  langue,  les  mœurs  des  Molda- 
ves, cet  écrit  se  trouve  dans  le  Calendrier 
historique  de  Pélersbourg.  année  1770  ; 
I  Sur  l'origine  des  Américains,  ibid.,  1771; 
I  Questions  Pétropolitanes.  Gottingue , 
4770,  in-S",  119  pages  :  cet  ouvrage  con- 
tient quatre  dissertations  :  on  parle  dans 
la  première  de  VoiHgine  des  Hongrois. 
que  l'auteur  place ,  non  chez  les  Huns, 
sortis  du  nord  de  la  Chine ,  mais  chez  les 
Yongres,  peuple  habitant  près  de  Tour- 
fan.  Selon  Fischer,  les  Yongres  passèrent 
dans  la  Bythinie ,  d'où  ayant  été  chassés 
par  les  Palzinaces,  ils  s'établirent  dans  la 
Pannonie.  Leur  langue  est  composée  du 
tartare,  du  scylhe  et  de  l'idiome  des  Vo- 
gouls.  La  deuxième  dissertation  est  inti- 
tulée :  De  g  ente  et  nomine  Tartarorum, 
item  de  priscis  Mogolis  eorumque  lingua; 
la  troisième  a  pour  titre  De  variis  nomi- 
nibus  Sinarum  titulisque  imper atorum; 
la  quatrième,  en  allemand,  traite  des 
peuples  hyperhoréens.  Fischer  a  laissé 
en  manuscrit  un  Vocabulaire  sibérien. 
qu'il  envoya  à  la  bibliothèque  de  Gottin- 
gue, où  il  est  conservé. 

*  FISCHER  (  JE.\iv-CnRÉTiEiV  ) ,  savant 
philologue  allemand,  né  en  1712  à  Schle- 
ben ,  fut  d'abord  professeur  adjoint  de 
philosophie  à  léna,  ensuite  libraire  et 
conseiller  de  commerce  du  duc  de  Saxe- 
Weimar.  Il  mourut  le  21  mars  1793.  Ses 
principaux  ouvrages  sont  :  |  De  insigni- 
bus  bonarum  litterarum  seculi  XIV  us- 
que  ad  inilium  seculi  XVI  in  Italia  ins- 
fauj-aloribus  dissertation  léna,  1744,  in- 
4"  ;  I  Dissertatio  de  Hubertino  Crescenti- 
nate  .elegantiorum  litterarum  sœc .  XV  in 
Italia  instauralore .  léna,  1759,  in-4''  ;  |  Bi- 
bliothèque de  jurisprudence  moderne,  en 
allemand  ,  1774-73  ,  2  cahiers  in-S**.  Il  a 
traduit  aussi  en  allemand  du  français  les 
lettres  de  Julie  Catesbij  par  M""=   Ricco- 


FIS 

boni  ;  de  l'anglais  ,  les  lettres  de  Boling- 
broke.  et  a  donné  une  édition  des  episto- 
lœ  ad  Thyrenum  et  ad  diversos.  autore 
Jac.-Nic.  Erythreo.  (Vittorio  de  Rossi  ), 
Cologne  (  léna  ),  1739,  ou  1740,  in-8",  avec 
une  préface  et  une  vie  de  l'auteur,  et  une 
autre  des  ouvrages  du  savant  jésuite  Sa- 
rasa,  de  Arle  semper  gaudendi.  traduit 
en  italien  1741,  et  en  allemand  1748. 

*  FISCHER  (  Chrétien-Gabriel  ) ,  na- 
turaliste prussien ,  né  à  Kœnigsberg  vers 
la  fin  du  17*^  siècle,  y  enseigna  la  philoso- 
phie en  1713  ;  mais  son  zèle  à  soutenir  la 
doctrine  de  Wolf  lui  attira  les  persécu- 
tions que  cette  philosophie  essuyait  dans 
les  états  de  la  Prusse.  Il  voyagea  en  Ita- 
en  France  et  en  Angleterre  ,  rentra  à 


Kœnigsberg  en  1736,  et  y  mourut  le  13 
décembre  1734.11  a  laissé  Premiers  fonde- 
mens  d'une  histoire  naturelle  de  la  Prusse 
souterraine .  Kœnigsberg,  1714  et  1713, 
in-4°,  en  allemand;  et  autres  ouvrages 
moins  importans.  Il  a  édité  et  commente 
le  bel  ouvrage  de  Job-Henri  Linck,  De 
slellis  marme5.  Le ipsick,  1733,  in-fol.  avec 
52  planches.  —  Une  faut  pas  le  confondre 
avec  Jacques -Benjamin  FISCHER,  na- 
turaliste livonien  ,  élève  de  Linnée ,  né  à 
Riga  en  1750 ,  mort  en  1793  ,  auteur  d'un 
Essai  d'histoire  naturelle  de  la  Livonie, 
Leipsick,  1778,  in-8",  2*=  édition ,  1791  ; 
d'une  Addition  à  l'Essai  d'histoire  natu- 
relle. Riga,  1784,  in-S";  et  des  additions 
et  corrections  à  la  Bibliothèque  livonienne 
de  Gadebusch,  insérées  dans  les  Mélanges 
du  Nord  de  Hupel.J.-B.  Fischer  fut  direc- 
teur de  la  maison  des  orphelins  de  Riga. 
*  FISCHER  (  Frédéric -Christopbk - 
Jonathan),  savant  jurisconsulte  et  pu- 
bliciste  allemand,  né  à  Stuttgard  en  1730, 
fut  employé  à  Vienne,  en  1776,  comme 
secrétaire  d'ambassade  du  prince  de  Bade, 
et  à  Munich,  en  1778,  comme  secrétaire 
de  légation  du  duc  de  Deux-Ponts.  En 
1779  il  fut  nommé  professeur  du  droit  des 
gens  à  l'université  de  Halle,  dont  il  devint 
assesseur  ordinaire  l'année  suivante  ,  et 
mourutle  20  septembre  4797.11  a  laissé  un 
grand  nombre  d'ouvrages  dont  Meusel 
donne  la  liste  ;  les  principaux  sont  :  |  De 
prima  expediiione  Attilœ  in  Gallias  ac 
de  rébus  gestis  JValtheri  Aquitanorum 
principis.  carmen  epicum  sœc.  VI  nunc 
primumex  codice  m.anuscripto  membra- 
naceo  productum.  etc..  Leipsick  ,  1780  et 
1792, 2  part,  in-4";  |  Novissima  scriplorum 
ac  monumentorum  i-ermn  Germanie  arum 
tajn  ineditorutn  quam  rarissimorum,  col- 
Icclio,  Halle,  1781-82,  2  part.  in-4°;  \  LU- 


FIS 


IStîi 


FIS 


uitUwe  du  droit  grrmaniq\ie .  Lcipsick. 
1788,  i«-8"  ;  |  Histoire  du  coimnrrce.  d^ 
ia  rutvigatiotnirs  arts  rt  manufactures, 
agriculture .  police .  motwaies,  etc.  W  du 
luxe  de  i .4llemagnr  .  Iljuiovre,  178.'>-y2, 
k  vol.  iii-«".  Du  trouve  dans  cet  ouvra(;e 
de  rérudilHMi  ;  mais  on  y  désirerait  plus 
d'ordre  et  de  critique  :  Histoire  de  Fré- 
déric II,  roi  de  /Vi/*f<?.  Hailc,  1787,  t 
vol.  in-«°  ,  compilation  assci  médiocre. 
C«s  trois  dormers  ouvratjeA  soûl  en  alle- 
mand. 

•  FISCHER  (  Jea^t-Frédemc  ),  savant 
professeur  de  belles-lettres,  imî  à  Cobourg 
le  iO  octobre  17!26 ,  enseigna  avec  beau- 
coup de  réputation  à  LeipsicL,  devint  rec- 
teur de  l'ccole  de  Saint-Thomas,  et  mou- 
rut le  11  octobre  1799.  On  lui  doit  plu- 
•ieurs  ouvrages  qui  ne  sont  pas  sans  mé- 
rite, maigre  le  défaut  d'ordre  et  l'exces- 
Mve  sécheresse  qu'on  pourrait  leur  re- 
procher. On  en  trouvera  la  liste  coinpUtc 
daus  la  notice  de  M.  Kuiiiol.  imprimée  à 
la  suite  des  remarques  de  Fischer  sur  la 
grammaire  grecque  de  W'eller,  1798-1801. 
Iass  principaux  sont  :  |  des  Remarques  sur 
ta  grammaire  grecqite  de  ff^eller,Lc\\)- 
•ick,  1781,  in-8°,  2»  édition,  1798-1801, 
knprimce  sous  ce  litre  Jnimadver.sio- 
mun  eut  J.  f relier  gramtnaticam  grœ- 
€mmspecimina  tria ,  k  vol.  10-8".  Oa  trouve 
it  la  télc  du  3'  volume  Uiic  excellente 
notice  sur  Fischer.  |  Des  Commentaires 
tm-  la  Cyropédie  de  Xénophon.  Lcipsick, 
iSOZ,  in-8".  li  a  aussi  dwmé  des  éditions 
«stimées  à.\4iiacréon  (  1793  ),  d'Eschine 
h  Socratique  (  1788  ) ,  de  Théophraste 
(  1763  ),  de  Platon  (  1783  ),  etc.  M.  Kin- 
dervaler  a  donné  en  allemand  un  Essai 
sur  Fischer  considéré  comme  professeur, 
U-ipsicW,  1801,in-8°. 

•  FISCHER  (  H.-N.  ) ,  malhématicien 
el  astronome  habile,  né  à  Niesbach  en  Ba- 
vière, entra  fort  jetme  dans  l'ordre  des 
jésuites,  el  obtint,  lorsque  cet  ordre  fut 
•upprimé ,  une  chaire  de  professeur  de 
mathématiques  à  Ingolstadt.  Il  devint  en- 
suite directeur  de  l'observatoire  de  Man- 
helm  .  et  fil.  dans  l'inlérét  de  la  science, 
phisieurs  .voyages  en  Angleterre.  Il  fut 
appelé  en  1803  à  la  chaire d'jistronomle  de 
Tanlversité  de  Wurtîbourg.  Quelques 
détaçrémens  qu'il  éprouva  l'avaient  déjà 
déterminé  à  se  retirer  en  Angleterre  où 
Il  fit  un  séjour  de  plusieurs  aimées.  Il 
Wl  mort  à  WiirlxlK)urg  le  21  février 
lêOS.  On  trouve  dans  les  Fphémérides 
fiéoçraphique!  du  baron  de  Zach  plusieurs 
mcmoirê*  de  Fiâcher  «ur  i  astio.ioiuiu. 


ainsi  que  d«\H  observations  et  de»  noHcet 
très  importantes  dans  le  Journal  de  Phy- 
sique de  Ilubaer.  Fischer  publia  en  outr« 
un  ouvrage  sur  la  lumière  qui  arem|)orté 
le  prix  en  1779  à  l'université  de  Gœt- 
linguc. 

*  FISCHER  (  E.  GoTTHEi-p  ) ,  docteur 
el  savant  chimiste  allemand  mort  en  1831, 
professa  long-temps  les  mathématiques 
el  la  cliimie  à  Berlin ,  et  est  connu  surtout 
eu  France  par  un  excellent  Traité  de 
physique.  l'armi  les  nombreux  ouvrages 
scienliliques  qu'il  a  publiés,  nous  cite- 
rons :  I  f'ermium  intestinalium  brevis 
expositio,  1780.  1788  ;  |  sur  les  formes  de 
l'Os  intermaxillaire .  Leipsick,  1800,  in- 
8";  I  Mémoire  pour  servir  d'introduction 
à  un  ouvrage  sur  la  respiration  des  ani- 
maux, 1798,  in-S"  ;  |  Observations  anato- 
miques  sur  une  poule  dont  la  tête  présen- 
tait le  profil  d'une /igure  humaine,  insé- 
rées dans  la  Gazette  de  Santé,  octobre 
181G,  cl  dans  le»  annales  encyclopédiques 
de  Millin,  janvier  1817,  avec  une  gravure 
représentant  cet    animal  extraordinaire: 

I  P/iysique  mécanique .  traduite  par  M""= 
Biot,  avec  d'excellentes  notes  de  M.  Biot, 
1806,  in-8',  k"  éditiau,  1829.  M.  Millin  a 
donné  une  IVntice  détaillée  des  nombreux 
ouvrages  de  Fischer. 

FISCHET  ou  FICHET  (  GuiLLAUnE  ;, 
docteur  de  Sorbonne,  recleur  de  l'uni- 
versité de  Paris  en  1407,  appela  deux  ans 
après  (  de  concert  avec  Jean  de  La  Pierre 
son  ami  )  Martin  Cranlz,  Ulric  Gering,  et 
Michel  Friburger,  imprimeurs  allemands, 
qui  mirent  sous  presse  les  premiers  livres 
qui  aient  été  imprimés  en  France.  Fischel 
s'opposa  au  dessein  de  Louis  XI,  qui  vou- 
lait faire  prendre  les  arn»es  aux  écoliers. 

II  alla  à  Rome  avec  le  cardinal  Bessarion, 
en  1407  ;  le  pape  Sixte  ÏV  le  combla  d'hon- 
neurs el  le  lit  son  camérier.  On  a  de  Fis- 
chel une  Rhétorique  et  des  épitres  .  dont 
le  style  est  au-dessus  de  son  siècle  ;  elles 
furent  imprimées  en  Sorbonne  in -4°, 
1471. 

FI.SE\  (  B\RTnÉi.E*ii  )  ,  lié  à  Liège  en 
1591,  entra  chez,  les  jésuites  en  IGIO,  se 
rendit  habile  dans  rélo<]uence  latine,  dans 
l'histoire,  et  les  antiquités  de  son  |>ays. 
Il  mourut  le  20  juin  1049.  Ses  ouvrage* 
sont  :  I  Origo prima  festi  Corporis  Christi, 
Liège,  1628.  Cette  histoire  est  écrite  avec 
soin  et  a  coulé  beaucoup  de  recherches. 
I  Historia  ecclesia  Leodicnsis  .  Liège , 
1696,  in-fol.  C'est  une  histoire  qui  com- 
mence «iOO  ans  avant  J.-C.  et  va  ju.squ'en 
tùH.  On  sent  qu* elle  remonte  trop  kaut 


FIT 


i26 


FIT 


pour  que  les  premiers  siècles  ne  soient  far- 
cis de  faits  plus  qu'incertains.  Toute  cette 
histoire  est  partagée  en  trente  et  un  li- 
vres ,  suivis  chacun  de  notes  ,  où  l'auteur 
éclaircit  les  difiicultés  qu'il  rencontre  en 
son  chemin,  et  produit  de  temps  en  temps 
des  pièces  justificalives.  Le  style  est  beau 
et  peut-être  trop  oratoire  et  trop  fleuri 
pour  une  histoire  :  |  Flores  ecclesiœ  Leo- 
dietms^l.VAe,  1647,  in-fol.  Ce  sont  les  vies 
des  saints  du  diocèse  de  Liège ,  rangées  se- 
lon l'ordre  du  calendrier.  Fisen  y  a  fait  en- 
trer des  listes  exactes  des  abbés  et  des  ab- 
besses  de  tous  les  monastères  du  diocèse 
de  Liège.  Cet  ouvrage  est  utile  et  curieux. 

FISIIER.  Voyez  FISCHER. 

FITE  (Jean  de  la) ,  ministre  de  la  re- 
ligion piétendue  réformée,  né  dans  le 
Béarn  d'une  famille  noble,  sortit  de  France 
pour  cause  de  religion.  Après  avoir  achevé 
ses  études  en  Hollande ,  il  devint  ministre 
de  l'église  française  de  Holtzappel ,  puis 
de  celle  de  Hanau,  où  il  mourut  en  1757. 
Son  ouvrage  le  plus  connu  est  intitulé: 
Eclaircissement  sur  la  matière  de  la 
grâce  et  sur  les  devoirs  de  l'homme  ,^ 
vol.  in-8°.  —  Il  ne  faut  pas  le  confondre 
avec  son  aïeulJEAN  DE  LA  FITE,  minis- 
tre de  l'église  de  Pau,  dont  on  a  des  ser- 
mons et  des  traités  de  controverse. 

*  FITZGERALD  (  Gérard  ) ,  né  à  Li- 
mericken  Irlande,  étudia  la  médecine  à 
l'université  de  Montpellier ,  où  il  reçut 
le  bonnet  de  docteur  en  1719.  Nommé  pro- 
fesseur en  survivance  ,  en  1726  ,  il  devint 
titulaire  à  la  mort  de  Pierre  Chirac  ,  au 
mois  de  mars  1752  ,  et  mourut  en  1748. 
Il  publia  ,  pendant  le  cours  de  son  profes- 
sorat ,  quelques  dissertations  estimées  : 
De  naturali  catam.eniorum,  fluxu  ,  1751  ; 
De  tumoribus  tunicatis^  1753;  De  visu^ 
•174 1  ;  De  carie  ossium  ^  1742.  Les  leçons 
qu'il  avait  dictées  sur  les  maladies  des 
femmes  furent  recueillies  et  mises  au 
jour ,  en  1754 ,  sous  ce  titre  :  Tractatus 
pathologicus  de  affectibus  fœminarum. 
prœternaturalibus  ^  Paris  ,  in-12  ,  trad. 
en  français  ,  et  imprimé  à  Avignon ,  sous 
la  date  de  Paris,  1758,  in-12. 

FITZ-HERBERT  (sir  Anthony),  célèbre 
jurisconsulte  anglais  du  16"^  siècle ,  s'illus- 
tra par  son  érudition,  et  plus  encore  par 
sa  probité  et  son  attachement  à  la  religion 
de  ses  pères.  Il  prédit  les  malheurs  qui 
devaient  naturellement  suivre  le  schisme, 
et  défendit  à  ses  enfans  d'acheter  des 
biens  enlevés  aux  monastères ,  et  même 
d'accepter  ceux  qu'on  pourrait  leur  offrir. 
Sous  le  règne  de  Marie,  on  reconnut  la 


vérité  de  sa  prédiction  et  la  sagesse  de 
cette  défense.  Il  mourut  le  27  mai  1538. 
On  a  de  lui  :  |  Epitome  juris  ;  \  De  V office 
et  de  l'autorité  des  juges  de  paix. 

FITZ-IIERBERT  (  Thomas  ) ,  petit-fila 
du  précédent,  né  en  1552,  jésuite  en  1614, 
mort  en  1640,  est  connu  par  un  Traité  de 
politique  et  de  religion  contre  Machiavel, 
Douai,  1615,  in-i";  et  par  une  disquisi- 
tion  pleine  de  sagesse  et  de  saine  morale, 
intitulée  A71  sit  utilitas  in  scelere^  Rome, 
1610,  in-8''. 

FITZ-IIERBERT  (  Nicolas  )  ,  autre 
petit-fils  d'Anthony  et  cousin  du  précé- 
dent, né  en  1550,  s'attacha  au  cardinal 
d'Alain,  et  mourut  en  1612.  On  lui  doit  : 

I  Vita  cardinalis  Alani.  1608.  C'est  un 
tribut  de  reconnaissance  qu'il  paie  à  son 
bienfaiteur.  |  De  continuatione  religionis 
christiance  in  Anglia.  1608  ;  [  Oxonensis 
academiœ  descriptio.  1602. 

FITZ- JAMES  (  Jacques),  duc  de  BER- 
WICK,  fils  naturel  de  Jacques  II  et  d' Ara- 
belle  Churchill ,  sœur  du  duc  de  Marlbo 
rough  ,  naquit  en  1671,  à  Moulins,  où  sa 
mère  le  mit  au  monde  en  revenant  des 
eaux  de  Bourbon.  Il  porta  les  armes  dès 
sa  plus  tendre  jeunesse.  Il  se  trouva  en 
1686 ,  au  siège  de  Bude  où  il  fut  blessé , 
à  la  bataille  de  Mohacs  en  1687  ,  que  les 
Impériaux  gagnèrent  sur  les  Turcs.  Le 
jeune  Berwick  signala  sa  valeur  dans 
cette  journée.  Jacques  II  ayant  été  chassé 
de  son  trône  par  son  gendre ,  Berwick  le 
suivit  en  France,  lieu  de  son  asile.  Il  re- 
passa ensuite  en  Angleterre ,  pour  com- 
mander en  Irlande ,  pendant  l'absence  de 
milord  Tirconnel,   qui  en  était  vice-roi. 

II  se  distingua  l'an  1690,  au  siège  deLon- 
donderry,  et  à  la  bataille  de  la  Boine ,  où 
il  eut  un  cheval  tué  sous  lui.  Berwick  ne 
montra  pas  moins  de  bravoure  dans  le 
cours  de  cette  guerre,  et  pendant  les  pre- 
mières campagnes  delà  suivante,  Louis 
XIV  lui  donna ,  en  1705 ,  le  commande- 
ment général  des  ti'oupes  qu'il  envoya  à 
Philippe  V.  En  une  seule  campagne ,  il 
se  rendit  maître  d'une  foule  de  places  et 
de  forteresses.  Rappelé  en  France  ,  il  se 
mit  à  la  tète  des  troupes  destinées  contre 
les  fanatiques  des  Cévennes.  Après  avoir 
réduit  ces  rebelles,  il  alla  mettre  le  siège 
devant  Nice  ,  s'en  rendit  maître  le  14  no- 
vembre 1705 ,  et  soumit  tout  le  comté. 
Cette  campagne  lui  mérita  le  bâton  de 
maréchal  de  France  :  dignité  à  laquelle 
il  fut  élevé  le  15  février  1706.  Le  roi 
l'ayant  nommé  la  même  année  pour  com- 
mander les  troupes  en  Espagne,  il  arrêta 


FIT 


127 


FIZ 


les  j^rogns  lies  ciiiioiuis  viclolrcui.  Il 
({Oipia,  cil  1707,  la  hulaillo.  iinporlantc 
d'Àlinanr^  5ur  inilord  Gallowai  et  le 
■  oomlc  de  Las  Minas.  Philippe  V  r^com- 
peasa  le  vainqueur  romiiMS  le  méritaient 
de  si  grands  services.  Il  le  créa  duc  de 
Lerta  ot  de  Xcrica  au  royaume  de  Va- 
lence ;  le  lit  chevalier  de  la  Toisoii-d'Or, 
.  attacha  à  son  duché  une  grandesse  de 
.  première  classe.  Berwick  soutint  la 
gloire  qu'il  s'était  acquise  à  Ahuan/.a,  par 
la  prise  de  Barcelone  ,  le  12  septembre 
1714  ;  il  était  alors  généralissime  des  ar- 
mées d'ELsiW(pic.  La  mort  du  roi  de  Po- 
lo(jne  .\ugusto  II  ayant  rallumé  la  guerre 
en  17.")3  entre  l'empire  el  la  France,  le 
maréchal  de  Berwick,  nommé  général 
des  troupes  de  France  en  Allemagne,  alla 
mettre  le  siège  devant  Philisbourg.  Un 
coup  de  canon  termina  sa  glorieuse  car- 
rière le  12  juin  173/»;  lu  place  ne  fut  prise 
que  le  12  juillet  suivant.  Le  maréchal  de 
Berwick  était  aussi  estimable  par  ses 
vertus  clirétiennes  el  civiles  que  par  ses 
talens  militaires.  Le  président  Montes- 
quieu, qui  avait  connu  particulièrement 
cet  illustre  capitaine,  nous  en  parle  en 
1. 3  termes  :  «  Jai  vu  de  loin  dans  les 
livres  de   Plularque,ce  qu'étaient  les 

•  rjrands  hommes  ;  j'ai  vu  en  lui  de  plus 
»  près  ce  qu'Us  sont ,  je  ne  connais  que  sa 
»  vie  privée  :je  n'ai  point  vu  le  héros, 
»  mais  l'homme  d'où  le  héros  est  parti. 

>  Il  aimait  ses  amis  ;  sa  mémière  était  de 
»  rendre  des  services,  sans  vous  rien  dire: 
»  c'était  une  main  invisible  qui  vous  sSr- 
»  vajt...  Il  avait  un  grand  fonds  de  reli- 
»  gion.  Jamais  homme  n'a  mieux  suivi 
»  ces  lois  de  l'Evangile,  qui  coûtent  le  plus 
»  aux  gens  du  monde  ;  enlin ,  jamais 
»  homme  n'a  t.ant  pratiqué  la  religion  ,  et 
»  n'en  a  si  peu  parlé...  Il  ne  disait  jamais 

>  de  mal  de  pcrsomie  ;  aussi  ne  louait-il 
»  jamais  les  gens  qu'il    ne    croyait   pas 

•  dignes  d'être  loués.  »  Ses  mémoires  ont 
été  publiés  en  1778,  2  vol.  in-l2.  Ils  sont 
pleins  de  cet  intérêt  que  donne  la  vérité 
énoncée  d'un  ton  simple,  et  affranchie 
des  petits  artifices  do  l'égoïsmc.  Ils  sont 
d'un  usage  admirable  pour  réfuter  les  pe- 
tits contes  romanesques  et  calomnieux, 
par  lesquels  on  no  cesse  de  délignrer 
l'histoire  du  siècle  de  J^uis  XIV,  Ceux 
que  l'abbé  Margon  avait  publiés  en  17Ô7, 
ne  sont  plus  lus  que  des  personnes  qui 
aiment  mieux  les  romans  et  les  satires 
que  les  histoires. 

FIT7J  VMES  (  François,  duc  de)  ,  fils 
du  précèdent,  renonça  aux  dignité»  de 


son  père,  dont  il  avait  la  survivance,  ponr 
rnihrasscr  l'élat  ccrlésiastiquc  en  1727.  il 
fut  abbé  de  Saint-Victor,  évéque  de  Sois- 
sons  en  1739,  el  mourut  en  1764,  dans  «a 
îiî»*  année.  Ses  Instructions  pastorales  et 
son  Rituel,  dont  les  Instructions  sont  im- 
primées en  2  et  en  3  vol.  in-12,  ont  fait 
beaucoup  de  bruit  ;  quehpics-uns  de  ce» 
écrits  ont  été  condamnés  à  Rome  et  cen- 
surés par  plusieurs  cvêques  de  France  ; 
les  jansénistes  le  regardaient  comme  un 
des  principaux  appuis  du  parti;  cepen- 
dant l'on  ne  connaît  de  lui  aucune  démar- 
che d'opposition  formelle  aux  décisions 
de  lEglise.  On  trouve  sa  vie  à  la  tète  de 
ses  œuvres  posthumes,  1769 ,  2  vol.  in-12, 
avec  un  troisième  sous  le  titre  de  supplé- 
ment. 

•  FIXLMILL:VER  (Placide),  astrono- 
me allemand  ,  né  en  1721,  au  village  d'A- 
chleuthen ,  dans  la  haute  Autriche  ,  entra 
dans  l'ordre  des  bénédictins  en  1737  ;  il 
étudia  successivement  la  théologie,  le 
droit ,  les  langues  orientales  ,  l'histoire, 
les  antiquités  et  la  musique,  et  devint 
professeur  de  droit  canonique  et  direc- 
teur du  collège  de  Crcmsmunter  éta- 
bli dans  l'abbaye  pour  la  jeune  noblesse. 
Il  fut  aussi  rcvèlude  la  dignité  de  notaire 
apostolique  en  la  cour  de  Rome,  et  mou- 
rut le  27  août  1791.  On  a  de  lifi  :  |  Mendia- 
nus  speculœ  astronomicee  Cremifanensis , 
Steyer  ,  170o  ,  in-i",  ouvrage  dans  lequel 
il  détermina  la  longitude  et  la  latitude  de 
son  observatoire,  qu'il  a  rendu  célèbre 
par  les  observations  qu'il  n'a  cessé  d'y 
faire.  |  Decen7iiumastronomicum, Steyer, 
177G,  in-il".  C'est  un  recueil  d'observa- 
tions faites  et  calculées  avec  soin ,  dont 
les  astronomes  font  encore  usage  pour 
leurs  recherches.  |  y^cta  astronomica  Cre- 
mifanensia^  Steyer,  1791,  in-4",  ouvrage 
posthume,  où  l'on  trouve  les  obse'-vations 
de  1776  à  1791  ;  des  mémoires  sur  la  pa- 
rallaxe du  soleil,  l'occultation  de  Saturne 
en  1773;  l'observation  et  la  mutation  dans 
le  calcul  des  planètes  ,  etc.  Fixlmillner 
calcula ,  un  des  premiers ,  l'orbite  de  la 
planète  Uranus.  Il  a  fait  aussi  un  grand 
nombre  d'observations  sur  Mercure,  dont 
Lalande  s'est  servi  pour  construire  des 
tables  de  cette  planète.  On  trouve  une 
notice  sur  Fixlmillner  dans  lis  L'p/iémé" 
rides  géographiques  du.  Vi.  de  Zach,  no- 
vembre 1799. 

FIZES  (  A:vToi!«E  ),  célèbre  médecin  de 
Montpellieroù  il  était  né  en  1690.  mourut 
dans  cette  ville  le  ik  août  17G3,  à7:>  ans.  La 
faculté  de  médecine  le  compte  parmi  lc« 


J 


FLA 


128 


FLA 


professeurs  qui  ont  le  plus  servi  à  la  faire 
fleurir.  Il  éclaira  la  pratique  de  son  art  par 
une  théorie  lumineuse.  Nous  avons  de  lui 
plusieurs  ouvrages  qui  lui  ont  fait  un  nom 
en  Europe.  Les  principaux  sont  :  |  Opéra 
medica,  1742,  in-4°;  |  Leçons  de  chimie 
de  l'université  de  Montpellier^  i750,in-12  ; 

I  Tractatus  de  febrilms,  1749,  in-12.  Cet 
excellent  ouvrage  a  été  traduit  en  français, 
1757,  in-12.  ]  Tractatus  de  physiologia. 
1750,  in-12  ;  |  plusieurs  dissertations  sur 
différentes  matières  de  médecine,  science 
que  l'auteur  possédait  à  un  degré  supé- 
rieur. C'était  l'Hippocrale  de  Montpellier. 

II  joignait  une  grande  simplicité  de  mœurs 
à  des  connaissances  très  étendues  et  très 
variées.  Voyez  sa  vie  par  M.  Esté  ve,  1765, 
in-8°. 

FLACCILLE  {jElia  Flaccilla),  appe- 
lée quelquefois  par  les  Grecs  Placilla  ou 
Placidia,  ûUe  d'Antoine,  préfet  des  Gau- 
les et  ensuite  consul  romain  ,  naquit  en 
Espagne,  et  fut  mariée  à  Tliéodose  ,  lors- 
qu'il n'était  encore  que  particulier.  Elle 
reçut  le  titre  d'Auguste  quand  elle  monta 
avec  lui  sur  le  trône  de  Constanlinople. 
Elle  corrtribua  beaucoup  par  son  zèle  à 
la  destruction  de  l'idolâtrie  et  à  la  pro- 
pagation du  christianisme.  Elle  avait 
toutes  les  vertus  que  cette  religion  in- 
spire; bienfaisante  avec  discernement, 
simple  dans»  ses  manières^  et  modeste 
avec  un  extérieur  plein  de  dignité.  Elle 
portait  Théodose  à  l'indulgence,  à  la  clé- 
mence et  au  soulagement  de  ses  sujets. 
Ses  incommodités  l'ayant  obligée  d'aller 
prendre  les  eaux  dans  un  village  de  la 
Thrace ,  elle  y  mourut  en  388.  Elle  fut 
mère  d'Areadius  et  d'Honorius.  L'église 
grecque  l'a  élevée  au  rang  des  bienheu- 
reux. Saint  Grégoire  de  Nysse  prononça 
^n  oraison  funèbre. 

FL  ACCOURT  ou  FL  ACOURT  (  Etienne 
de  ),  né  à  Orléans  en  1607,  directeur-gé- 
néral de  la  compagnie  française  de  l'O- 
rient, avait  commandé,  en  1648 ,  une  ex- 
pédition dans  l'Ue  de  Madagascar  :  expé- 
dition malheureuse  ainsi  que  toutes  celles 
qui  l'avaient  précédée ,  mais  qui  nous  a 
procuré  une  Histoire  de  celte  ile ,  qu'il 
avait  bien  étudiée  pendant  dix  ans  de  sé- 
jour sur  les  lieux.  Il  la  lit  imprimer  à 
Paris ,  en  1  vol.  in-4°,  1658,  réimprimé  en 
1661  et  1664,  avec  figures  dessinées  et  gra- 
vées par  lui-même  ;  et  la  dédia  au  surin- 
tendant Fouquet.  On  y  trouve  des  choses 
curieuses  et  intéressantes,  telles  que  cette 
prière  des  Madagascariens,  qui  prouve 
Vidée  juste  et  vraie  que  ces  barbares  ont 


de  la  Divinité.  «  O  Eternel  !  ayez  pitié  do 
«  de  moi ,  parce  que  je  suis  passage  t  ;  ô 
»  Infini  !  parce  que  je  ne  suis  qu'un  point; 
»  ô  Fort  !  parce  queje  suis  faible  ;  ô  Source 
»  de  la  vie  !  parce  que  je  touche  à  la  morl; 
»  ô  Intelligent  !  parce  que  je  suis  dans 
«l'erreur;  o  Bientaisanl  !  parce  que  je 
»  suis  pauvre;  ô  Tout-Puissant  !  parce 
»  que  je  ne  puis  rien.  »  Flaccourt  a  publié 
aussi  un  Petit  catéchisme  madecasse  et 
français  avec  les  prières  du  matin  el 
du  soir,  Paris,  1657,  in-8°  ;  et  un  Diction- 
naire de  la  langue  de  Madagascar.  Il  se 
noya  en  revenant  en  France  pour  la  se- 
conde fois,  le  10  juin  1660.  C'est  lui  qui 
donna  à  l'ile  Bourbon  le  nom  qu'elle 
porte. 

FLACCUS  ILLYRICUS.  Voyez  FRAN- 
COWITZ. 

FLACÉ  (  René  ),  curé  (fe  l'église  de  la 
Couture ,  dans  un  faubourg  du  Mans ,  né 
à  Noyen-sur-Sarthe,  à  5  lieues  du  Mans  , 
en  1550,  mourut  le  45  septembre  1600. 
On  a  de  lui,  outre  plusieurs  pièces  de 
théâtre,  divers  autres  ouvrages  en  prose 
et  en  vers,  et  surtout  un  Poème  latin  sur 
l'origine  des  Monceaux  >  qu'on  peut  voir 
dans  la  Cosmographie  de  Belleforesl.  La 
Croix  du  Maine  dit  qu'il  était  poète,  théo- 
logien, philosophe,  historien ,  qu'il  savait 
bien  la  musique ,  et  qu'il  prêchait  avec 
succès. 

*  FL  ACHAT  (Jean-Claude),  négo- 
ciant et  voyageur ,  né  à  Lyon  vers  1720 , 
parcourut  la  Hollande,  l'Italie ,  l'AUema- 
gAe,  la  Hongrie  et  la  Turquie  :  il  séjourna 
pendant  15  ans  à  Constanlinople,  où  il 
devint  haserguian  bac  ht  on  marchand  du 
Grand-Seigneur.  Il  profita  de  son  titre  pour 
dessiner  un  grand  nombre  de  métiers  el 
de  machines,  et  s'instruire  de  la  manière 
de  fabriquer  différentes  espèces  d'étoffes, 
de  chwsir  les  matières  que  l'on  doit  y  em- 
ployer, de  teindre  solidement  le  colon  en 
ronger  etc.  ;  enfin  ayant  observé  que  les 
Grecs  avaient  conservé,  dans  la  pratique 
des  arts,  des  procédés  qui  nous  sont  in- 
connus, et  qu'il  regardait  comme  intéres- 
sant d'introduire  parmi  nous,  il  se  rendit 
à  Smyrne,  et  amena  en  France  plusieurs 
ouvriers  grecs,  qu'il  établit  dans  la  manu- 
facture de  Sainl-Chamond  en  Lyonnais  ^ 
qui  appartenait  à  son  frère,  et  dont  il  avait 
la  direction.  Le  roi,  pour  le  récompenser 
des  services  importans  qu'il  avait  rendus 
à  l'industrie  française ,  accorda  à  son  éta- 
blissement, par  arrêt  du  21  décembre 
1756,  le  titre  de  manufacture  royale ,  et 
divers  privilèges  et  exemptions.   Fiachat 


FLA  1 

iltat  do  srs  voya(Tos  sous  le 

fions   sur  Ir  comme rcr  et 

n\e  partie  de  l'Euroi>e,dc 

:^te,  iie  l'Afrique  et  même  des  Indes 

'ittiles,  Lyon  ,  1756.  3  vol.  in-12.  Il  a 

:  IMS  son  livre  des  mémoires  sur 

do  la  garance,  sur  la  teinture 

,     4.„  ;i  lilé  en  bleu,  et  sur  la  manière 

de  le  blanchir.  Flachal  est  mort  vers  1780. 
FLAMEI.  (  Nicolas  ),  natif  de  Ponloise, 
exerça  la  profession  d'écrivain  libraire- 
juré  k  Paris.  Il  était  né  sans  biens  :  on  le 
!  »it  tout  à  coup  riche  pour  un  homme  de 
'  ton  état  ;  mais  ses  richesses  étaient  seu- 
lement pour  les  malheureux.  11  soulagea 
la  veuve  et  l'orphelin ,  fonda  des  hôpi- 
taux, répara  des  églises.  Le  peuple  igno- 
rant crut  que  Flanicl  avait  trouvé  le  se- 
I  crctdc  faire  de  l'or;  et  Jean  Gohori,  liO 
!  ans  après  sa  mort,  contribua  à  accréditer 
I  cette  fable.  Naudé  attribue  sa  fortune 
'  (qui  n'était  pas  aussi  considérable  qu'on 
I  l'a  dit)  à  la  connaissance  qu'il  avait  des 
affaires  des  juifs.  Il  ajoute  que,  lorsqu'ils 
furent  chassés  de  France  en  1394,  et  que 
leurs  biens  furent  acquis  au  roi ,  Flamel 
traita  avec  leurs  débiteurs  pour  la  moi- 
tié de  ce  qu'ils  devaient,  et  leur  promit 
de  ne  pas  les  dénoncer.  Ce  conte  a  été 
réfuté  par  M.  de  Saintc-Foix,  dans  le  pre- 
mier vol.  de  ses  Essais  sur  Paris;  et  il 
est  bien  plus  vraisemblable  que  Flamel 
dut  sa  fortune  à  la  connaissance  qu'il  avait 
des  principes  du  commerce ,  dans  un 
temps  où  tout  le  monde  les  ignorait.  Il 
mourut  en  1418.  f-^oyez  sur  cet  homme 
singulier  l'Histoire  critique  de  Nicolas 
Flamel  et  de  Pemelle  sa  femme,  recueil- 
lie d'actes  anciens,  qui  purifient  l'origine 
et  la  médiocrité  de  leur  fortune ,  à  Paris, 
chez  Dcsprez,  1761,  in-12.  Cet  ouvrage 
est  de  M.  l'abbé  Villain.  On  a  faussement 
attribué  à  Flamel  un  sommaire  philoso- 
phique qw  vers,  1361,  in-8'',  et  vm  traité 
de  la  Transformation  des  métaux,  1628 , 
in-8°.  On  joint  à  ces  deux  livres  V  Explica- 
tion des  figures  hiéroglyphiques,  que  Fla- 
mel mil  au  cimetière  des  Innocens.  Paris, 
1682,  in-4°. 

FL.VMIMO  (  Marc  A.\toi!VE  )  naquit  à 

Scravalle ,  de  Jea:i-Axtoi:«e  FLAMLMO, 

dimt  nous  avons  divers  ouvrages  en  vers 

et  en  prose.  Le  fils  eut  les  goûts  de  son 

prrc,  rt  le  surpaissa.  Le  cardinal  Farnèse, 

'vt  le  bel-esprit,  le  fit  nommer 

du  concile  de  Trente;  mais  sa 

aie  l'empêcha  de  remplir  celte 

r».  Il  mourut  à  Rome  en  1530  , 

-         .On  a  de  lui  des  kltns  cl  des 


"■!'}  II    \ 

ei'u/i innmrsA  >i>\.u\  h'.  Il aduitcs en  \vr% 
fraiirais  par  Anne  de  Miinnu-ls,  Paris, 
l.'id'J.  in  H".  Sa  Paraphrase  de  trente  Psau- 
mes, entreprise  à  la  sollicitation  du  cardi- 
nal Polus,  imprimée  à  Florence  en  lK5ft, 
in-12,  offre  d'assez  beaux  verset  une  la- 
tinité pure.  Ses  autres  écrits  ne  méritent 
pas  moins  d'être  lus. 

FLAMIMIIS  (Caius)  ,  consul  romain  . 
d'un  caractère  turbulent  et  emporté ,  at- 
tiré au  combat  i>ar  les  ruses  d'Annibal, 
perdit  la  fameuse  bataille  de  Thrasymène, 
où  il  resta  sur  la  place  avec  un  grand 
nombre  de  sénateurs,  l'an  217,  avant  Jé- 
sus-Christ. 

FL  VMIMl^Sou  FLAMININUS  (TiTCS- 
QciXTCS  ),  élevé  au  consulat  par  son  mé- 
rite, l'an  198  avant  J.-C,  n'avait  pas  en- 
core 30  ans.  Il  se  proposa  Scipion  pour 
modèle.  Il  ne  lui  manqua,  pour  égaler  la 
gloire  de  ce  héros,  que  d'avoir  à  combat- 
tre des  rivaux  aussi  redoutables.  Comme 
lui,  il  avait  toutes  les  vertus  civiles  et 
militaires.  Nommé  général  des  troupes 
romaines  contre  Philippe  V,  roi  de  Ma- 
cédoine, il  força  l'armée  de  ce  prince  dans 
les  défilés  de  l'Epire  ;  il  soumit  presque 
entièrement  cette  province,  réduisit  la 
Tliessalie  ,  la  Phocide,  la  Locride.  Il  joua 
dans  la  Grèce  le  rôle  le  plus  brillant.  Il 
fit  publier  aux  Jeux  Néméens  par  un 
crieur  public  que  les  Grecs  étaient  remis 
en  liberté.  Il  fut  en  effet  leur  libérateur 
et  leur  père.  La  république  l'envoya  dans 
la  suite  vers  Prusias  pour  demander  la 
tête  d'Annibal,  sous  levain  prétexte  qu'il 
tramait  quelque  chose  contre  Rome.  Il  agit 
si  adroitement  auprès  de  ce  prince ,  que 
les  Romains  se  virent  délivrés  de  ce  re- 
doutable ennemi. 

FLAMI.MUS  .\OBILIUS,  théologien  et 
critique  de  Lucques,  mort  en  1390,  à  58 
ans,  publia  en  1388  à  Rome,  in-fol.,  des 
iXotcs  sur  la  Bible  des  Septante,  pleines 
d'érudition;  et  un  traité  :  De pjxedesti- 
natione.  ibid.,  1581,  in-4°. 

FLAMSTEED  (  Jeam),  astronome,  né 
à  Denby  dans  le  Derbyshire  le  19  aoùf 
1646,  prit  du  goût  pour  l'astronomie  en 
voyant  une  sphère  de  Sacrobosco.  Il  cul- 
tiva cette  science  avec  beaucoup  de  suc- 
cès ,  fut  membre  de  la  société  royale  de 
Londres,  en  1670,  et  la  même  année  nom- 
mé astronome  du  roi,  avec  une  pension 
de  cent  livres  sterlings,  ensuite  directeur 
de  l'observatoire  de  Gréenwich.  11  mou- 
rut en  1720,  à  76  ans.  Cet  astronome  avait 
partagé  son  temps  d'une  façon sin^julicre  : 
il  duiiuait  le  jour  aux  cafés,  et  k  nuit  aux 


FLA 


150 


FLA 


asires.  C'était  un  petit  homme  maigre , 
qui  n'avait  aucun  {joût  pour  les  femmes  : 
aussi  mourut-il  dans  le  célibat.  On  a  de 
lui  :  I  Historia  cœlestis  britannica  ,  Lon- 
dres, 1725 ,  en  3  vol.  in-fol.;  |  Ephéméri- 
dcé.  |La  Doctrine  de  la  sphère,  impriuiée 
en  1681,  a^-ec  le  Noui'eau  système  de  ma- 
thématiques de  Jonas  Morus,  le  plus  zélé 
protecteur  de  Flamstéed.  Newton  ayant 
trouvé  plusieurs  de  ses  observations  peu 
justes,  Flamstéed  écrivit  contre  lui  :  l'a- 
cadémie des  Sciences  de  Paris  jugea  en 
faveur  de  son  adversaire;  mais  Flamstéed 
ne  laissa  pas  d'avoir  raison  dans  l'esprit 
de  plusieurs  savans.  Flamstéed  s'est  sur- 
tout distingué  par  ses  observations  sur  le 
nombre  des  étoiles  visibles,  et  de  longues 
études  pour  le  déterminer  avec  précision. 
On  sait  qu'il  a  rendu  beaucoup  plus  nom- 
l)reux  le  catalogue  qu'en  avait  dressé 
Bayer,  et  qu'il  les  a  portées  au  nombre  de 
3,000  ;  mais  ce  qu'un  observateur  philo- 
sophe ne  doit  pas  négliger,  c'est  qu'il  n'y 
a  pas  deux  astronomes  qui ,  dans  aucun 
temps ,  aient  pu  s'accorder  dans  ce  calcuL 
Sans  parler  des  tables  des  anciens,  depuis 
l'usage  du  télescope,  Kepler  a  compté 
1593  étoiles  bien  visibles  et  distinctes  dans 
les  deux  hémisphères  célestes  ;  Riccioli 
en  a  trouvé  1457  ;  le  Père  Pardies  1491  ; 
de  la  Hire ,  1576  ;  Bayer ,  1716  ;  Royer  , 
1805  ;  Hevelius,  1888,  Flamstéed ,  comme 
nous  venons  de  le  dire,  3000.  Rheita, 
fameux  astronome  de  Cologne,  assure 
en  avoir  vu  plus  de  2000  dans  une  seule 
constellation  :  Galilée  prétend  en  avoir 
découvert  500  dans  une  petite  partie 
d'Orion;  M.  de  La  Caille  9800  dans  une 
partie  du  ciel  austral;  le  Père  Mayer 
proteste  en  avoir  vu,  en  1777,  plus  de 
200  dont  personne  n'a  jamais  entendu 
parler.  En  1785 ,  Herschel  en  découvrit 
1300  nouvelles,  précisément  dans  la 
classe  des  nébuleuses  ^  et  en  1787,  il  en 
rompta  50,000  dans  une  zone  de  15  degrés 
sur  2  degrés  de  largeur,  etc.,  ce  que  d'au- 
tres astronomes  ont  traité  de  vision.  Et 
ces  mêmes  gens  ne  se  sont  pas  toujours 
tenus  au  même  compte.  D'où  il  s'ensuit 
que  non-seulement  les  étoiles  en  général, 
mais  les  étoiles  même  visibles  ,  et  expo- 
sées depuis  six  mille  ans  aux  deux  yeux 
de  cinq  cent  millions  d'iiommes,  sont  réel- 
lement innombrables  ;  que  Dieu  seul  en 
connaît  la  multitude  déterminée,  comme 
dit  David,  et  les  appelle  toutes  par  leurs 
noms  :  Qui  numerat  multitudinem  stel- 
larum  et  omnibus  eis  nom^ina  vocat.  Ps. 
146 


*  FLAIVDRIjV  (  Pierre  )  ,  vétérinaire 
et  anatomiste,  né  à  Lyon  le  12  septembre 
1752,  entra  dès  l'âge  de  14  ans  à  l'école 
vétérinaire  de  cette  ville,  et  s'y  distingua 
par  son  application  et  son  intelligence.  Il 
fut  choisi  quelque  temps  après  pour  en- 
seigner  l'anatomie  à  ses  camarades  ,  et 
ensuite  appelé  à  l'école  d'Alfort ,  près  Pa- 
ris, pour  y  être  professeur  d'anatomie,  et 
adjoint  à  son  oncle  Chabert  ,  qui  en  était 
directeur.  C'est  dans  l'exercice  de  cette 
chaire  qu'il  fit  exécuter  la  belle  suite  de 
préparations  anatomiques,  qui  enrichit 
le  cabinet  de  l'école  d'Alfort.  Il  s'acquit 
une  réputation  méritée  par  ses  travaux 
sur  l'anatomie  comparée.  Le  gouverne- 
ment l'envoya  successivement  en  Angle- 
terre et  en  Espagne ,  pour  y  observer  la 
manière  deconduire  et  diriger  l'éducation 
des  moutons  à  laine  fine.  Il  fut  nommé , 
en  1791,  correspondant  de  l'académie  de» 
sciences,  et  il  venait  d'être  admis  à  l'in- 
stitut comn«5  associé  ,  lorsque  la  mort 
l'enleva  au  commencement  de  juin  1796. 
On  a  de  lui  :  ]  un  Précis  sur  l'anatomie 
du  chevaly  1787 ,  in-8°,  qu'il  avait  rédigé 
pour  ses  élèves  ,  et  où  l'on  trouve  quel- 
ques remarques  neuves  et  justes  ;  |  Mé- 
moires sur  la  possibilité  d'améliorer  les 
chevaux  en  France  ^  Paris  ,  1790 ,  in-8°. 
I  De  la  pratique  de  l'éducation  des  mou- 
tons ,  et  des  m.oyens  de  perfectionner  les 
laines  ^  ia-S" ,  plusieurs  fois    réimprimé. 

I  absorption  des  vaisseaux  lymphatiques 
sur  la  rétine  ;  \  Sur  la  ?ialure  et  les  attri- 
buts des  sarigues,  animal  très  singulier 
par  sa  conformation  ;  |  Sur  la  rage  ;  \  In- 
structions et  observations  sur  les  mala- 
dies des  animaux  domestiques^  avec  l'a- 
nalyse des  ouvrages  vétérinaires  anciens 
et  modernes.  1782, 1795,  5'  édition  ,  6  vol. 
in-S";  I  diverses  observations  on  disserta- 
tions dans  le  Dictionnaire  anatomique  de 
l'Encyclopédie,  dans  le  Journal  de  méde- 
cine t.i  autres  feuilles  périodiques,  où  l'on 
trouve  des  vues  ingénieuses. 

*  FLiVî^GIlNI  (Louis),  cardinal  et  pa- 
triarclie  de  Venise ,  né  le  15  juillet  1753  , 
en  cette  ville  ,  où  il  mourut  le  24  février 
1804,  remplit  avec  distinction  les  fonc- 
tions de  juge  dans  le  conseil  des  quarante, 
d'avogader,  de  censeur,  de  sénateur,  de 
conseiller  et  de  correcteur  extraordinaire. 

II  passa  du  service  de  la  république  véni- 
tienne à  celui  de  Rome ,  sous  le  règne  du 
pape  Clément  XIV,  et  fut  nommé  d'abord 
auditeur  du  tribunal  de  la  Rote.  Le  papti 
Pie  VI  le  créa  cardinal  en  1789  ,  et  l'em- 
pereur d'Autriche,  après  la  dcslruclioa 


I  FLA  I 

I  de  Ia  république  vénitienne .  le  nomma 
primat  do  Dalmntie,    patriarche  tle  Ve- 
I    nlsc  ,  comte  du  vSainl-Kmpire  ,  un  le  dé- 
(    corant  de  la  B'"«n<*'-<"roix  de   l'ordre  de 
Saint-Etienne  de    Hongrie.   I^    cardinal 
[    Flangini  se  livrait  avec  succès  à  la  poésie. 
Il  ■  composi'  plusieurs  ouvrape»,  tant  en 
I    vers  qu'en  prose  ,  qui  jouissent  d'une  cer- 
j    Uine  réputation   en    Italie.   Membre  de 
I    l'acadettiie lies  Arcades ,  il  avait,  comme 
:    tes  coiilrères.  pris  le  nom  d'un  berger 
I    d'Arcmditf,  J garnir o  Pelopideo ,  et  il  a 
publié  sous  ce  nom  :  |  jénnotazioni  alla 
corvna  poetica  di  Querino  Telpasinio  in 
Iode  délia  repuMica  di  Venezia.  Venise, 
1750  ;  I  Rime  d*  Bemardo  Capello,  ton 
onno/<jriom.2  vol..  Berganie,  1750.   Ses 
autres  ouvrages  sont  :   \  Orazione  per 
l'esaltamento  del  doga  Maorie  Foscmrini, 
Venise,  1762  ;  |  Lettera  patriarcale;  \  Ar- 
gontaitica  de  Àpollonio  Rodio .  traduction 
en  vers,  avec  notes,  Rome,  1781,  2  vol. 
FL\SSA\S  (  Taral'dkt  de  ) ,    poète 
provençal  natif  de  Fiassans  ,  potit  village 
de  Provence  dans  le  diocèse  de  Fréjus, 
obtint  de  Foulques  de  Ponlevès  une  por- 
tion de  cxtte  terre  pour  un  poème  inti- 
tulé :  Enseignemens  pour  éviter  les  trahi- 
sons de  l'Amour.  Le  Moine,  dit  le  Monge 
des  Iles- (f  Or.  assure  que  cet   ouvrage 
valait  beaucoup  plus  ;  mais  qu'il  fut  inu- 
tile au  vendeur  et  à  l'acheteur,  trompés 
l'un  et  l'autre  par  leurs  maîtresses.  'Ta- 
raudet  vivait  en  1354.  La  reine   Jeanne 
se  servit  de  lui   pour  faire    des   remon- 
trances à  l'empereur  Cliarles  IV  qui  pas- 
sait en  Provence  ,  et  il  s'eu  acquitta  très 
l>ien. 

FLAUST  (  Jea?»-Baptiste  ) ,  avocat 
on  parlennent  de  Rouen ,  né  à  Vire  en 
«799  ,  mort  à  sa  terre  de  Saint -Sévère  , 
près  de  cette  ville  ,  le  21  mai  1783 ,  s'est 
fait  connaître  par  son  Explication  de  la 
Jurisprudence  et  de  la  coutume  de  Nor- 
mantHe .  dans  un  ordre  simple  et  facile, 
StoI.  in-fol.  Une  table  des  matières  ajou- 
tée à  cet  ouvrage  en  rendrait  l'usage  plus 
facile. 
FLAVE JOSEPH.  Voyez  JOSÈPHE. 
FLAVIE^  (saint  ),  patriarche  d'Antio- 
die ,  d'une  naissance  illustre  et  d'une 
vertu  supérieure  à  sa  naissance,  fut  placé 
sur  le  trône  patriarcal,  du  vivant  de  Pau- 
lin. r«'t»f  élerlion  confirmée  par  le  con- 
cWi"  '  Miinople  en582,  fut  l'origine 

d'r.  'int  sous  le  pape  Innocent 

•*'  '  -issa  de  son  diocèse  les  héré- 

•   pies  niessaliens  qui  l'avaient  infecté  de 
curs  erreurs.   U  demanda  grâce  à  l'em- 


i  FLA 

percurTIu'odosc  pour  son  peuple,  cl  l'c^ 
tint.  I<eshabitnnsd'AnliorlK!  avaient  ren- 
versé et  outragé  dans  une  sédition  la  sta- 
tue de  l'impérairice  Priscille  ;  Flavi«n 
parla  pour  eux  avec  l'éloquenrc  que  Ci- 
céron  déploya  autrefois  pour  Ligarius. 
Saint  Chrysostôme ,  qu'il  avait  ordonné 
prêtre,  avait ,  dit-on  ,  composé  sa  hnran> 
gue.  Ce  grand  prélat  mourut  en  /lO/t.  après 
avoir  gouverné  son  église  pendant  93 
ans. — Il  ne  faut  pas  le  confondre  avec  un 
autre  saint  FLAVIEN  ,  patriarche  d'An- 
tioche  en  49G  ,  que  l'empereur  Anastase 
voulut  obliger  de  sou-scrire  YHénotique 
de  Zenon,  et  approuver  la  déposition  de 
Macédonius  de  Constantinople.  Il  eut  le 
courage  de  lui  résister  et  de  souffrir  l'exil 
que  son  refus  kd  attira.  Il  y  mourut  l'an 
518. 

FLAVIEN  ou  FLAVIANUS  (  saint  )  , 
succéda  à  Proclus  dans  le  patriarcat  de 
Constantinople,  en  kUl.  Chrysaphius,  fa- 
vori de  l'empereur  Théodose  le  Jeune, 
voulut  le  faire  chasser  de  son  siège  ;  le 
saint  prélat  brava  ses  menaces.  Il  ne  se 
montra  pas  moins  ferme  contre  Eutychès, 
qui  commença  à  semer  ses  erreurs  vers 
le  même  temps.  Il  l'anathéinatisa  dans 
un  concile  ;  mais  Les  partisans  de  l'héré- 
siarque condamnèrent  Flavien  et  le  dé- 
posèrent en  449  ,  dans  le  fameux  synode 
connu  sous  le  nom  de  brigandage  d'E- 
phèse.  Dioscore  ,  évéque  d' .Alexandrie  , 
accompagné  d'une  foule  de  soldats  et  de 
moines,  présidait  à  cette  séditieuse  assem- 
blée. Flavien  appela  de  cette  condamna- 
tion à  Rome  ;  mais  Dioscore  ne  répondit 
à  ses  raisonnemens,  que  par  des  coups  de 
pieds  et  des  coups  de  poings  ;  enfin  ,  ce 
furieux  le  maltraita  si  cruellement ,  que 
le  saint  en  mourut  trois  jours  après  en 
449. 

FLAVIGXY  (  Vaiérien  de  )  ,  docteur 
de  Sorbonneen  1628,  chanoine  de  Reimj 
et  professeur  en  hébreu  au  collège  royal 
en  1650  ,  naquit  dans  le  diocèse  de  Laon, 
et  mourut  à  Paris  le  29  avril  1674  ,  dans 
un  âge  assez  avancé.  C'était  un  horame 
plein  de  feu  dans  sa  conduite  et  dans  ses 
écrits.  Il  déféra  à  la  faculté  de  théologie 
un  thèse  soutenue  chez  les  jésuites  du 
collège  de  Clermont ,  appelé  depuis  le 
collège  de  Louis  le  Grand.  On  prétendait 
dans  cette  tltèse ,  que  le  système  de  Co- 
pernic étant  contraire  à  l'Ecriture ,  cl 
condamné  par  les  inquisiteurs  de  Rome, 
on  ne  pouvait  le  soutenir  en  France.  Fla- 
vigny  voulut  dénmntrcr  qu'une  pareille 
assertion    violait  Us  droits  du  royaume 


FLA  152 

et  ilu  parlement ,  ce  qui  n'était  pas  trop 
rlair.  Ce  docteur  savait  de  l'hébreu  ,  de 
la  théologie  ,  des  belles-lettres  ;  mais  il 
cherchait  trop  àdéprimerceux  qui  en  sa- 
vaient autant  et  plus  que  lui.  Il  écrivait 
d'ailleurs,  plutôt  avec  l'impétuosité  d'un 
jeune  Hibernois  qui  argumente  sur  les 
bancs,  qu'avec  la  gravité  d'un  vieux  théo- 
logien. On  a  de  lui  la  Défense  d'une  thèse 
qu'il  avait  signée  en  qualité  de  grand- 
I naître  d'études.  Il  y  était  dit  que  Yépi- 
scopat  n'est  pas  un  sacrement  distinct  de 
la  prêtrise  :  sentiment  qu'il  ne  faut  pas 
confondre  avec  l'erreur  qui  n'attribue 
aux  évêques  rien  au-dessus  des  simples 
prêtres.  Flavigny  prétendait  que  c'était  le 
même  sacrement  avec  des  effets  plus  éten- 
dus ,  et  l'impression  d'un  caractère  plus 
grand,  parce  que  sans  cela  il  y  aurait 
plus  de  sept  sacremens  :  conséquence  que 
d'autres  théologiens  admettent,  en  disant 
que  le  sacrement  de  l'ordre  étant  consi- 
déré dans  sa  généralité ,  et  comme  la 
consécration  sacerdotale  dans  toutes  ses 
divisions,  est  mis  comme  une  unité  géné- 
rique dans  le  nombre  de  sept.  Cette  apo- 
logie a  été  imprimée  à  Tournay,  en  1668, 
in-i°.  Il  avait  travaillé  à  la  Polyglotte  de 
Le  Jay ,  dont  il  devint  néanmoins  dans  la 
suite  un  des  plus  ardens  censeurs. 

*  FLAVIGNY  (  César-François,  comte 
de  ) ,  né  vers  1740  à  Craonne  dans  le 
Laonnais  ,  embrassa  la  profession  des  ar- 
mes, et  parvint  au  grade  de  lieutenant-co- 
lonel d'un  régiment  de  dragons.  Il  obtint 
t'nsuite  une  compagnie  dans  les  gardes 
françaises  ,  et  devint  maréchal  de  camp 
en  1788.  Après  le  licenciement  de  la  mai- 
son du  roi ,  il  se  retira  dans  sa  terre  de 
Charmes  près  de  la  Fère,  où  il  mourut  le 
11  décembre  1803.  Il  a  publié  :  |  Principes 
fondamentaux  de  la  construction  des 
places^  avec  un  nouveau  système  de  for- 
tifications ^  traduit  de  l'italien  d'Antoni, 
1773,  in-8°;  ]  Introduction  à  l'histoire  na- 
turelle et  à  la  géographie  de  V Espagne  ^ 
traduite  de  l'anglais  de  Bowles,  1776,  in- 
8°;  I  Correspondance  de  Fernand  Cortez 
avec  l'empereur  Charles  Quint,  sur  la 
conquête  du  Mexique.  1778 ,  in-12  ;  |  Ré- 
flexions sur  la  désertion  et  sur  la  peine  des 
déserteurs  en  France.  Paris,  1768,  in-8°. 

*  FLAVIGNY  (A.  L.  J.  ) ,  fils  unique 
du  précédent,  né  en  1764  ,  ayant  obtenu 
une  lieutenance  dans  les  gardes  françai- 
ses, fut  un  des  gentilshommes  qui  se  mon- 
trèrent le  plus  dévoués  au  service  du 
mallieureux  Louis  XVI.  Il  se  rendit  con- 
stamment auprès  de  sa  Dersonne .  à  cha- 


FLA 

que  crise  politique  qui  menaçait  ses  jours, 
et  fut  arrêté  après  le  10  août  1792.  Il  resta 
près  de  18  lïiois  détenu  dans  la  maison  de 
Saint-Lazare,  et  fut  condamné  à  mort  par 
le  tribunal  révolutionnaire  le  24  juillet 
1794,  comme  complice  de  la  conspiration 
des  prisons  ,  au  moment  où  la  chute  de 
Robespierre  allait  le  rendre  à  son  père 
et  à  son  pays. 

FLAVITAS  ou  FRAVITAS ,  patriarche 
de  Constantinople  après  Acace ,  en  488  » 
employa  la  ruse  pour  se  faire  élire.  L'em- 
pereur Zenon  avait  fait  mettre  sur  l'autel 
de  la  grande  église  de  Constantinople,  un 
papier  blanc  et  cacheté,  comptant  que 
Dieu  ferait  écrire  par  un  ange  le  nom  du 
prêtre  qu'il  destinait  à  la  chaire  patriar- 
cale ;  Fiavitas  corrompit  l'eunuque  qui 
avait  la  garde  de  l'église  ,  et  écrivit  son 
nom  sur  le  papier.  Quelques  historiens 
ont  révoqué  en  doute  ce  trait  d'imposture. 
On  peut  voir  ce  qu'en  dit  M.  de  Tillemont 
dans  ses  Mémoires  pour  servir  à  l'Histoire 
ecclésiastique ,  où  ce  fait  est  amplement 
discuté.  Cette  supercherie  le  fit  patriar- 
che. C'était  le  plus  fourbe  et  le  plus  arti- 
ficieux des  hommes.  Dans  le  même  temps 
qu'il  jurait  aux  hérétiques  qu'il  ne  vou- 
lait avoir  aucune  communication  avec  le 
pontife  de  Rome  ,  il  écrivait  sourdement 
au  pape  Félix.  Sa  mort ,  arrivée  en  490  , 
lui  épargna  un  châtiment  exemplaire.  Il 
n'occupa  ce  siège  que  quatre  mois. 

*  FLAXMAIV  (  John  ),  habile  sculpteur 
anglais  ,  né  en  1754 ,  passa  une  grande 
partie  de  sa  jeunesse  enitalie.  On  admire 
encore  à  Rome  plusieurs  de  ses  statues 
et  bas-reliefs  qu'il  produisit  durant  son 
séjour  dans  cette  ville.  De  retour  en  An- 
gleterre il  enrichit  sa  patrie  d'un  grand 
nombre  de  belles  statues  et  de  monumens 
funéraires  ;  peut-être  une  critique  sévère 
désirerait-elle  dans  ses  compositions  plus 
d'expression,  de  grâce  et  de  moelleux.  Ses 
principaux  ouvrages  comme  sculpteur 
sont  le  beau  mausolée  élevé  au  poète  Col- 
lins  dans  la  cathédrale  de  Chichester , 
celui  de  lord  Mansfield  dans  l'abbaye  de 
Westminster,  ceux  de  lord  Howe  et  du 
général  Abercromby  ;  la  statue  de  sir 
Reynolds  et  de  Washington.  Il  a  publié 
Série  de  gravures  pour  expliquer  et  illus- 
trer le  poème  d'Homère.  Londres,  1793, 
2  vol.  in-4° ,  2'=  édition ,  1805.  Il  a  aussi 
donné  en  1805  des  Séries  de  gravures 
pour  l'Eschyle  .  et  pour  le  Dante  .  en  2 
vol.  in-fol.  ;  et  en  1817  ,  Deuxième  série 
de  dessins  pour  illustrer  et  expliquer  les 
Travaux  .  les  Jours  et  la  Théogonie  d' Hé' 


FLE 


133 


FLE 


9iotifj  i  vol.  Ln-  fol.  Flaxnian  était  profes- 
Mur  i  l'acadéinie  royale  de  peinture  de 
Londres  ,  et  avait  reçu  le  brevet  de  pein- 
tre du  roi.  Ixird  Elgin  ayant  enlevé  , 
eomme  on  le  sait,  des  moniunenH  d'.K- 
Ihènes,  des  frises,  des  bas-reliefs  et  d'au- 
tres débris  de  sculpture  antique,  une 
fjommission  fut  nommée  par  le  parlement 
pour  ju(jerte  mérite  de  ces  acquisitions. 
Ce  fut  d'après  l'avis  de  Flaxman  (  1816. 
in -S"  )  communiqué  à  la  chambre  des 
eoromunes,  que  ces  différens  objets  ont 
été  achetés  par  le  gouvernement.  Il  est 
■tort  le  8  décembre  1826 ,  à  72  ans. 

FLECUELLES.  royez  GUERIN  (  Hu- 

«VBS  ). 

•  FLECnEl'X  ,  astronome  et  mécani- 
cien ,  mort  à  Paris  le  4  novembre  1793  à 
r*ge  de  55  ans  ,  a  donné  un  Planétaire 
ou  Planisphère  .  propre  à  mettre  sous  les 
yeux  de  la  jeunesse  le  mouvement  des 
•stres.  On  lui  doit  encore  XOxocnsmeou 
Démonstration  du  mouvement  annuel  de 
ta  terre  autour  du  soleils  1784,  in-8°. 

FLÉCHIER  (  Esprit  ),  évêque  et  ora- 
teur sacré  ,  né  le  10  juin  1652  à  Pernes  , 
petite  ville  du  diocèse  de  Carpentras,  fut 
élevédans  le  sein  des  lettres  etde  la  vertu, 
auprès  d'Hercule  Audiffret ,  son  oncle  , 
général  des  pères  de  la  doctrine  chrétienne, 
où  il  était  entré  à  l'àjje  de  16  ans  et  pro- 
fessa la  rhétorique  à  Narbonne.  Fléchier, 
ayant  quitté  cette  congrégation  ,  après  la 
mort  de  son  oncle,  vint  à  Paris  où  il  rem- 
plit dans  une  des  paroisses  l'emploi  de 
catéchiste  des  petits  enfans,  et  fut  ensuite 
précepteur  des  lils  de  Louis  Caumarlin, 
intendant  des  finances  et  conseiller  d'é- 
tat. Une  pièce  de  vers  latins  sur  le  Car- 
rousel (  Circulus  regius  ) .  donné  par  le 
roi  en  1662,  commença  sa  réputation  que 
ses  sermons  ne  tardèrent  pas  à  accroître. 
Il  fut  nommé  lecteur  du  dauphin  par  le 
crédit  du  duc  de  Montausier  qui  l'hono- 
rait de  son  amitié.  Il  eut  part  aux  bien- 
faits que  Louis  XIV  répandit  sur  les  gens 
de  lettres.  Fléchier  ,  encouragé  par  ces 
récompenses,  lit  de  nouveaux  efforts  ,  et 
balança  bientôt  la  réputation  de  Bossuet 
dans  l'oraison  funèbre.  Celle  de  Turenne, 
son  chef-d'œuvre,  fit  pleurer  le  monar- 
que, et  mit  le  comble  à  la  gloire  de  l'ora- 
teur. On  admira  surtout  le  beau  parallèle 
du  maréclial  de  France  avec  Judas  Ma- 
cliabée.  il  est  vrai  qu'il  n'était  pas  le  pre- 
mier qui  eut  transporté  aux  généraux 
modernes  les  éloges  donnés  à  cet  ancien 
capitaine.  Lingendes,  évéque  de  Màcon, 
V   Frommiiéres ,  cvéttuo   d'Aire     s'en 


étaient  déjà  servis  ,  l'un,  dans  l'oraison 
funèbre  de  Charles-Emmanuel  ,  duc  de 
Savoie  ;  l'autre  ,  dans  celle  du  duc  de 
Reaufort.  Mais  Fléchier  se  rendit  propre 
ce  lieu  couiumn  ,  (mr  les  ornemens  dont 
il  l'embellit  dans  son  exordc  ,  qui  est  un 
chef-d'œuvre  par  l'harmonie  et  le  carac- 
tère majestueux  et  sombre  qui  y  régnent. 
La  cour  récompensa  ses  talens,  en  1685,  par 
l'évéché  de  Lavaur  ,  et  en  1687,  par  celui 
de  Nimes.  Louis  XIV  lui  dit  en  le  nommant 
au  premier  évéché  :  u  Ne  soyez  pas  surpris 
»  si  j'ai  récompensé  si  tard  votre  mérite  ; 
»  j'appréhendais  d'être  privé  du  plaisir  de 
0  vous  entendre.  »  Le  diocèse  de  NimeS 
était  plein  d'hérétiques  ;  il  se  conduisit 
avec  eux  en  bon  pasteur.  Il  les  instruisit 
tous  par  la  solidité  de  ses  discours  ,  et 
l)lu8  encore  par  la  régularité  de  ses  mœurs  . 
Il  mourut  à  Montpellier  le  16  février 
1710.  à  78  ans  ,  regretté  de  ses  diocésains 
catholiques  et  huguenots  ,  et  laissant  plus 
de  25,000  écus  aux  pauvres.  L'académie 
française  s'était  associé  Fléchier,  après  la 
mort  de  Godeau  en  1673.  Il  y  entra  le 
même  jour  que  Racine.  C'est  sur  le  mo- 
dèle de  cette  compagnie  qu'il  forma  celle 
de  Nimes,  dont  il  fut  le  mentor  et  le  père. 
On  a  delui  :  |  Des  œuvres  mêlées  ,  in-12, 
en  vers  et  en  prose.  On  a  loué  avec  raison 
ses  vers  français  et  latins.  Les  pensées  en 
sont  délicates,  les  expressions  heureuses  , 
les  termes  bien  choisis,  la  cadence  har- 
monieuse. I  L'édition  d'un  ouvrage  fort 
curieux  d'Aiitoine  Marie-Gratiani  :  Deca^ 
sibus  illustrium  virorum. ia-k'*,  avec  une 
préface  en  latin.  Le  style  en  est  aussi  pur 
qu'élégant.  [Des  Panégyriques  des  saints. 
mis  au  rang  des  meilleurs  ouvrages  de 
ce  genre  ,  Paris  ,  1690  ,  en  1  vol.  in-4°  ; 
1697,  2  vol.  m-12  ;  1759,  3  vol.  in-12.  |  Re- 
cueil à' oraisons  funèbre  s,  en\xn  vol.  ia-i* 
et  in-12.  Il  y  a  moins  d'éloquence  et  de 
pureté  de  langage  dans  celles  de  Bossuet 
mais  on  y  trouve  une  éloquence  plus  forte, 
plus  mâle,  plus  nerveuse.  Le  style  de 
Fléchier  est  plus  coulant ,  plus  arrondi , 
plus  uniforme.  Celui  de  Bossuet,  moini 
égal ,  moins  soutenu  ,  est  plus  rempli  de 
ces  traits  hardis,  de  ces  figures  vives  et 
frappantes  qui  caractérisent  le  génie. 
Fléchier  est  plus  heureux  que  lui  dans  Ij 
choix  et  dans  l'arrangement  des  mots  : 
mais  son  penchant  pour  l'antithèse  ré- 
pand une  sorte  de  monotonie  sur  son 
style.  Il  devait  autant  à  l'art  qu'à  la  na- 
ture ;  Bossuet  devait  plus  à  la  nature  qu'à 
l'art.  Des  Sermons  en  3  vol.  io-12 ,  qui  ue 
sont  pas  de  la  même  force  que  tts  orai- 
13 


FLE  13 

sons  funèbres  et  ses  jianégyrîques.  On  y 
trouve  de  belles  périodes  ,  et  très  peu  de 
raisonnemens.  Il  avait  cherché  de  bonne 
heure  dans  nos  vieux  prédicateurs  des 
traits  d'éloquence  et  des  pensées  ingé- 
nieuses ,  dont  il  faisait  un  usage  plus  in- 
génieux encore;  aussi  lui  trouve-t-on 
quelquefois  ,  quant  au  fonds  des  choses  , 
un  air  antique  ,  l'air  du  commencement 
de  son  siècle.  Il  prêchait  avec  un  vieux 
goût  et  un  style  moderne.  |  f/istoire  de 
l'empei-eur  Théodose  le  Grande  Paris  , 
1679,  in-4",  réimprimé  très  souvent  in-12; 
elle  est  estimée  pour  l'élégance  du  stylo  , 
autant  que  pourTintérèt  de  la  narration. 
Ceux  qui  ont  cru  qu'il  flattait  son  héros, 
n'ont  pas  rendu  justice  à  cet  empereur 
qui  ,  dans  le  vrai,  était  grand  homme  et 
et  grand  prince  à  tous  égards.  La  \  Vie  du 
cardinal  Ximenès,  en  2  vol.  in-i2,  et  un 
in-i".  Il  peint  ce  cardinal  comme  un  saint; 
l'abbé  MarsoUier ,  dans  une  histoire  de 
Ximenès,  publiée  vers  le  même  temps  que 
celle  de  Fléchier ,  en  fit  un  politique  ;  ce 
grand  ministre  avait  été  l'un  et  l'autre  ; 
mais  MarsoUier  était  un  esprit  trop  mo- 
bile pour  peindre  dignement  un  homme 
d'un  caractère  si  ferme.  |  Des  lettres^  3 
vol.  in-lâ.  On  y  trou,ve  des  détails  affli- 
geans  sur  les  excès  des  calvinistes ,  qui 
dès-lors  répandaient  l'effroi  partout  et 
préludaient  aux  scènes  affreuses  qui  ont 
désolé  M  mes  eu  1790  et  1791.  |  La  Vie  du 
cardinal  Commendon  ATd^&xùie.  du  latin 
d'Antoine-Marie  Gratiani  in-i",  et  2  vol. 
in-12,  plusieurs  fois  réimprimée.  |  Des 
OEuvres  posthumes,  en  2  vol.  in-12;  elles 
contiennent  ses  mandemens  et  ses  lettres 
pastorales  ,  où  la  philosophie  chrétienne 
et  la  tendresse  épiscopale  se  font  sentir 
avec  tous  leurs  chayues.  On  y  a  ramassé 
différens  discours ,  complimens  et  haran- 
gues. L'auteur  du  Dictionnaire  critique  ^ 
en  6  vot,  lui  attribue  un  recueil  manu- 
scrit ,  formant  6  vol.  in-fol.,  sur  les  anti- 
quités du  Languedoc  ;ma,is  il  est  certain 
qu'il  n'est  pas  de  lui  :  c'est  l'ouvrage  d'un 
citoyen  de  Nîmes,  appelé  Aulne  Rulma7i. 
L'abbé  Ducreux  ,  chanoine  d' Auxei're ,  a 
donné  une  édition  complète  des  Œuvres 
de  Fléchier,  à  Nîmes,  en  1782  ,  5  tomes  en 
10  vol.  in-8°.  Ses  poésies  latines  ont  paru 
dans  un  recueil  séparé  ,  à  Bâle  ,  1782  ,  1 
vol.  in-12.  En  1791 ,  le  siège  de  ce  grand 
homme  fut  souillé  par  un  nommé  Du- 
moachel,  d'abord  garçon  perruquier,  puis 
prêtre  apostat ,  que  l'Assemblée  nationale 
subrogea  à  l'cvéque  légitime.  Voyez  DU- 
MOU  QI  EL 


4  FLÈ 

FLEETAVOOD  (  Guillaume  ) ,  évÔqufl 
anglican ,  né  dans  la  Tour  de  Londres  en 
1656,  d'une  famille  noble,  originaire  dô 
la  province  de  Lancaslre  ,  se  fit  comiai- 
tre ,  sous  le  règne  de  Guillaume  III  ,  par 
ses  ouvrages.  La  reine  Anne,  instruite 
de  son  mérite ,  lui  donna  un  canonicat 
de  "Windsor  en  1702 ,  puis  l'évêché  de 
Saint- Asaph  en  1708.  Fleetwood  fut  trans- 
féré de  cet  évèché  à  celui  d'Ely  en  1714  , 
et  mourut  en  1723 ,  à  67  arxs.  Ses  princi- 
paux ouvrages  sont  -  |  Inscriptionurn  an- 
tiquarum  sxjlloge ^  Londres,  1691,  in-8°; 

I  Des  sermons  ;  \  Essai  sur  les  miracles , 
1701,  in-8°;  |  Chronicon  pretiosum  ;  \  Ex- 
plication du  15'^  chap.  de  répitre  aux  Ro^ 
mains.  Sa  vie  est  à  la  tête  de  ses  ser- 
mons. —  Il  ne  faut  pas  le  confondre  avec 
un  autre  Guillaume  FLEETWOOD,  avocat 
de  la  reine  Elisabeth,  qui  fut  député  pour 
aller  visiter  de  sa  part  plusieurs  diocèses. 

II  mourut  en  1592.  On  a  de  lui  :  |  Elen- 
chus  annaliumEdwardi  V^  Richardi  III. 
Henrici  VII  et  Henrici  VIII .  Londres , 
1597,  in-8°.  On  sent  combien  il  a  dû  les 
défigurer,  pour  qu'on  ne  trouvât  pas  à 
chaque  page  la  condamnation  de  la  ré- 
forme anglicane.  |  V Office  de  juge  de 
paix  .  1658. 

•  FLEISCIIEU  (  Guillaume  ) ,  né  en 
Allemagne  en  1767,  est  mort  à  Paris,  le 
l*^""  juin  1820.  On  a  de  lui  :  |  Annuaire  de 
la  librairie  ^  première  (  et  seule  )  année ^ 
Paris,  1802,  deux- parties  ,  formant  un 
volume  in-8**.  C'est  le  catalogue  raifiormé 
de  la  littérature  de  France,  du  23  sep- 
tembre 1800  au  22  septembre  1801.  Il  est 
à  regretter  que  cet  ouvrage  n'ait  pas  été 
continué.  En  tête  de  la  première  partie  , 
l'auteur  a  mis  une  petite  dissertation  sur 
les  services  rendus  par  les  Allemands  à 
la  Bibliographie.  \  Dictionnaire  de  Bi- 
bliographie française ,  tomes  1  et  2, 1812. 
Ces  deux  volumes  viennent  jusques  et 
compris  la  syllabe  Bha  ;  mais  comme 
ils  n'eurent  pas  beaucoup  de  débit,  l'au- 
teur n'a  pas  publié  la  suite  de  cet  ou- 
vrage :  il  avait  cependant  continué  son 
travail  avec  ardeur  ;  et  il  a  laissé  cette 
suite  en  20  volumes  in-folio,  avec  queU 
ques  autres  matériaux. 

FLEIX.  Voyez  FOIX  (  Raimond  ). 

FLÉMALE.  Voijez  BERTHOLET. 

FLEMING  ou  FLEMMYNGE  (Richabd)  , 
prélat  anglais ,  naquit  à  Croston ,  dans  le 
comté  d'Oxford ,  vers  là  fin  du  14*  siècle. 
Il  fit  ses  études  à  Oxford,  et  embrassa, 
avec  chaleur,  l'hérésie  de  Wiclef  ;  mais 
il  devint  bientôt  son  ennemi.  Il  apport» 


FLE 


l.'î.'J 


FLE 


A  renverser  l'edilice  la  même  «rdeur  qu'il 
avait  nùae  à  le  construire.  En  14:20, 
Henri  V  le  luimma  à  l'év^ché  de  Lincoln, 
auquel  le  paix-  Martin  V  lavait  lui-m^mc 
désiré.  Cependant  .  lorsque  ce  môme 
pape  voulut  le  tran»(crcr  à  larchevèché 
d  ïorrk, Henri  $y  opposa,  et  Kleminu  de- 
meura évéqne  de  Lincoln.  Ce  pri-lat 
mourut  eti  liôO,  aprèA  avoir  fondé  à  Ox- 
ford le  collège  de  Limolii  pour  de  jeunes 
l^j;,,i    .......     .ipsiinéj  à  coiubatlre  les  er- 

rci:  '  • 

•  t  M  !  N> .  Pathice  ) ,  religieux  ob- 
!i«'r\anliii,nc  en  Id95>  d'une  famille  noble, 
(1  ans  le  comté  de  Loulli ,  en  Irlande,  fut 
I  uvoyé  à  Douai,  à  l'àgc  de  13  ans,  pour 
V  faire  ses  études  sous  la  direction  de  son 
onde  maternel,  Christophe  Cusack  ,  su- 
périeur des  collège»  irkmdais ,  en  Flan- 
dre. Après  avoir  fait  ses  humanités  ,  il  se 
rendit  à  Louvain,  où  il  embrassa  la  rè- 
gle de  Saint-François ,  dans  le  collège  de 
Saint- Antoine  de  Padoue,  qui  apparte- 
nait à  des  franciscains  de  sa  nation.  Lors- 
que ses  cours  de  théologie  et  de  philoso- 
phie furent  terminés, il  se  rendit  à  Rome 
avec  le  Père  Hugues  Mac-Cughwcl,  déli- 
niteur  général  de  l'ordre.  En  passant  à 
Paris,  il  s'y  lia  d'amitié  avec  le  Père  Hu- 
gues Ward  ,  et  ils  formèrent  le  dessein  de 
recueillir  les  matériaux,  pour  composer 
les  vies  des  saints  d'Irlande.  Ils  fouillè- 
rent tous  les  deux  dans  toutes  les  biblio- 
thèques qui  furent  à  leur  portée.  Fleming 
lit  de  nombreuses  recherches  dans  toutes 
les  villes  de  France,  d'où  il  passa  en  Italie 
et  en  Allemagne.  Une  partie  de  ces  vies 
fut  publiée .  quelques  années  après ,  par 
le  père  Golgan  ,  qui  reconnaît  avoir  tiré 
un  grand  secours  des  recherches  de  Fle- 
ming et  du  Père  Ward.  Le  Père  Fleming 
fut  chargé  d'enseigner  la  philosophie  dans 
le  couvent  de  Saint-Isidore  de  Rome.  Il 
reçut,  quelqiie  temps  après,  le  même 
emploi  à  Louvain.  Il  fut  ensuite  envoyé 
i  Prague,  pour  y  gouverner  le  couvent 
de  l'Immaculée  Conception.  L'Alleniagnc 
était  alors  en  feu;  et  le  luthéranisme ,  ap- 
puyé par  les  armes  victorieuses  des  Sué- 
dois ,  se  répandait  de  tous  côtés.  Les  ar- 
mées suédoises  et  saxonnes  faisaient  souf- 
frir une  cruelle  persécution  aux  catho- 
liques ,  et  surtout  aux  religieux.  Prague 
étant  menacée  d'être  investie  après  la  ba- 
taille de  Leipsick,  le  Père  Fleming,  pour 
ne  pas4ocuber  entre  les  mains  d'un  en- 
■cmi  barJwre,  quitta  cette  ville  avec  le 
Père  Mathias  Hoav  ,  son  confrère.  Mais 
Us  eurent  le  malheur  de  tomber  entre  les 


mains  d'une  troupe  de  paysans  luthérien^ 
qui  les  massacrèrent  impitoyablement  : 
Mi)réii  place  cet  assassinat  au  7  novenabre 
1631.  Wading,  historien  des  frères  mi- 
neurs, le  recule  de  deux  années  ;  mais  la 
prise  de  Prague,  qui  eut  lieu  en  1631, 
doit  faire  préférer  la  première  date.  On 
a  de  ce  religieux  :  |  CoUectanea  sacra, 
Louvain  ,  1667  ;  |  fila  R.  P.  Jlttgonis  Ca- 
velli  (  Mac-Caghwel  )  ;  |  un  Abréyi  da 
Chrouicon  comecrati  Pétri  Ratisbonce. 

*  FLEMING  (Robert)  ,  théologien  écot- 
sais,  naquit  à  Bathens  ,  en  1630.  11  adopta 
les  principes  du  calvinisme,  et  fut  ex- 
pulsé comme  non-conformiste  de  la  cure 
de  Cambusiang,  à  laquelle  il  avait  été 
nommé  fort  jeune,  en  exécution  de  l'acte 
publié  à  Glascow.  Peu  après  la  restaura- 
tion ,  U  fut  même  arrêté  ;  mais  ayant  ob» 
tenu  son  élargissement ,  il  luissa  à  Rotter- 
dam ,  où  il  fut  élu  ministre  de  la  congré- 
gation écossaise.  Il  mourut  le  25  juillet 
1694.  Il  a  laissé  :  |  le  Miroir  de  l'amour 
divin  dévoilé,  1691 ,  in-S".  C'est  un  recueil 
de  poésies  religieuses.  |  V Accomplisse- 
metït  des  Ecritures  ;  ouvrage  très  es- 
timé ,  surtout  des  dissidens  et  des  calvi- 
nistes. 

•  FLESSELLES  (  Jacques  de  ) ,  né  eu 
1721,  d'une  famille  de  robe,  fut  d'abord 
conseiller  d'état  et  maître  des  requêtes 
honoraire  ,  et  iigura  ,  lors  des  troubles  de 
la  Bretagne,  dans  le  parti  du  duc  d'Ai- 
guillon contre  La  Clialotais.  Nommé  en- 
suite intendant  de  Lyon ,  il  s'y  fit  ché- 
rir par  sa  douceur ,  sa  bienfaisance  et  son 
7.èle  pour  les  intérêts  de  cette  grande  cité. 
Il  y  fonda  un  prix  en  1777,  pour  le  per- 
fectionnement de  la  teinture  des  soies  en 
noir.  Au  commencement  de  la  révolution 
il  fut  nommé  prévôt  des  marchands  de  la 
ville  de  Paris  ;  mais  il  n'avait  point  la  fer- 
meté nécessaire  pour  remplir  cette  place 
dans  un  moment  aussi  difficile.  Accusé 
de  trahison  par  le  parti  populaire  le  li 
juillet  1789,  jour  de  la  prise  de  la  Bas- 
tille, il  hésita,  balbutia  et  chercha  à  se 
justifier.  Les  factieux  lui  signifièrent  qu'il 
fallait  aller  au  Palais-Royal ,  lieu  de  réu- 
nion de  tous  les  agitateurs ,  et  que  là  il 
serait  entendu.  Le  malheureux  Flesselles 
crut  devoir  consentir  à  cette  démarche; 
mais  à  peine  fut-il  arrivé  au  bas  de  l'es- 
calier qui  descend  sur  la  place  de  Grève , 
qu'un  jeune  homme  lui  cassa  la  tête  d'un 
coup  de  pistolet.  La  populace  se  jeta  au»- 
silôt  sur  son  cadavre  ;  on  en  sépara  U 
tête  qui  fut  placée  au  haut  d'une  pique, 
et  portée  au  Polaivlloyal.   Le  corps  ÎmX 


FLË 


iU 


FLE 


h-ahiédans  la  fange.  Ce  meurtre  commis 
5KHIS  les  yeux  de  l'autorité  ,  sans  qu'elle 
osât  prendre  des  mesures  pour  en  punir 
les  auteurs ,  fut  le  signal  de  l'insurrec- 
tion ,  et  de  tous  les  attentats  qui  le  sui- 
virent. 

FLETCHER  (  Gilles  ),  poète  anglais 
et  bon  politique ,  qualités  qui  se  rencon- 
trent rarement  ensemble ,  fut  chargé  de 
quelque  commission  en  Ecosse  et  en  Al- 
lemagne par  la  reine  Elizabeth ,  qui  l'en- 
voya ensuite  en  qualité  d'ambassadeur 
en  Moscovie.  Il  était  secrétaire  de  la  cité 
de  Londres  et  trésorier  de  Saint-Paul, 
quandil  mourut  en  1610.  On  a  de  lui;  |  3Ia- 
nière  de  gouverner  des  empereurs  de 
Russie  ou  de  Moscovie^  avec  les  mœurs  et 
les  modes  des  peuples  de  cette  contrée  j 
Londres,  1550,  1663,  in-i2.  L'auteur  s'y 
montre  peu  favorable  aux  Russes  qui 
étaient  alors  encore  demi-barbares.  |  De 
litteratis  antiquœ  Brilannice  ^  1633,  in-12. 

FLETCHER  (  Jean  ) ,  neveu  du  précé- 
dent ,  poète  tragique  anglais,  né  en  1576, 
dans  le  comté  de  Norlhampton  mort  à 
Londres  en  1625  ,  à  49  ans  ,  marcha  sur 
les  traces  de  Shakspeare  dans  la  carrière 
dramatique ,  et  obtint  une  des  premières 
places  après  son  modèle.  Le  cabaret  était 
son  Parnasse.  Un  jour  qu'il  y  récitait  une 
tragédie ,  dans  laquelle  il  y  avait  une  con- 
juration contre  la  vie  d'un  roi,  des  gens 
qui  paraissaient  dans  la  rue  le  dénoncè- 
rent comme  un  scélérat.  On  le  mit  en 
prison;  mais  on  reconnut  bientôt  que  le 
conjurateur  ne  tuait  les  rois  que  sur  le 
théâtre.  Voyez  BEAUMONT  (François). 

FLETJRAXGES.  Voyez  MARCK  (  Ro- 
bert de  la  ) ,  troisième  du  nom. 

•  FLEURET  ,  ancien  professeur  d'ar- 
chitecture de  l'école  royale  militaire  de 
Paris,  mort  le  1'"^  janvier  1817,  est  au- 
teur de  VArt  de  composer  des  pierres 
factices  aussi  dures  que  le  caillou .  et  de 
Recherches  sur  la  manière  de  bâtir  des 
anciens^  1808,  in-k° ,  avec  un  vol.  de 
planches. 

•  FLEURET  (  Elizabeth  ,  madame  ) , 
jiée  à  Paris  le  10  juin  1725  ,  s'est  fait  con- 
naître par  son  Guide  des  supérieures  ^  1 
vol.  in-12 ,  1786 ,  imprimé  par  les  soins 
du  père  Querbeuf.  M.  Emery ,  supérieur 
du  séminaire  de  Saint-Sulpice  de  Paris  , 
citait  quelquefois  cet  ouvrage  dans  ses 
conférences ,  et  l'abbé  de  Mentis  l'a  re- 
vêtu d'une  approbation  très  favorable. 
M"'  Fleuret  a  laissé  une  suite  à  ce  livre  : 
ce  sont  des  avis  aux  supérieures  sur  la 
4lircction  spirituelle  des  religieuses  et  des 


novices ,  et  des  entretiens  spirituels  et  fa- 
miliers, qui  formeraient  peut-être  trois 
volumes  ,  et  dont  la  publication  ne  serait 
pas  utile  seulement  aux  personnes  qui 
vivent  en  communauté ,  mais  encore  aux 
âmes  pieuses  qui  vivent  dans  le  monde. 
Elle  était  fille  d'un  contrôleur  au  servica 
du  duc  d'Orléans.  Entrée  chez  les  reli- 
gieuses de  la  congrégation  de  Notre- 
Dame  ,  elle  était  devenue  maîtresse  des 
novices. 

*  FLEURIAU  (  Louis-Gastoi»), docteur 
en  théologie  et  évêque  d'Orléans ,  naquit 
à  Paris  en  1662.  Il  avait  d'abord  été  évê- 
que d'Aix  en  1698.  Il  passa  à  l'évêché 
d'Orléans  en  1705  ;  il  eut  en  même  temps 
l'abbaye  de  Saint-Jean  d'Amiens ,  ordre 
de  Prémontré.  A  son  avènement  au  siège 
d'Orléans  ;  il  racheta  et  fit  délivrer  854 
prisonniers  détenus  pour  dettes.  Ce  pré- 
lat était  doué  d'une  charité  admirable, 
et  possédait ,  à  un  degré  éminent ,  toutes 
les  vertus  épiscopales.  Il  assista  à  l'assem- 
blée du  clergé  de  1715  ,  et  tint  plusieurs 
synodes  dans  son  diocèse ,  veillant  avec 
soin  au  maintien  de  la  discipline  ecclé- 
siastique. Il  fonda  à  Orléans  plusieurs 
établissemens  utiles,  entre  autres  une  mai- 
son pour  les  nouvelles  converties.  Ce  pré- 
lat mourut  le  11  janvier  1753.  Il  a  laissé 
des  Réglemens  et  des  avis  synodaux ^  ex- 
traits des  synodes  qu'il  avait  tenus. 

•  FLEURIAU  (  Thomas-Cdarles  ),  jé- 
suite ,  qui  vivait  vers  la  fin  du  17'  siècle, 
fut  chargé  par  ses  supérieurs  de  corres- 
pondre avec  les  missionnaires  de  la  com- 
pagnie dans  le  Levant ,  et  de  rédiger  les 
mémoires  qu'ils  envoyaient.  On  en  trouve 
plusieurs  dans  le  Recueil  des  lettres  édi- 
fiantes j  écrites  des  missions  étrangères  ^ 
26  vol.  in-12  ou  14  vol.  in-8°.  Il  a  publié 
en  outre  :  |  Etat  présent  de  V Arménie  ^ 
Paris,  1694  ,  in-12.  |  Etal  des  missions  de 
la  Grèce,  Paris,  1695,  in-12.  |  Avec  le 
père  Monier  :  Nouveaux  m.émoires  des 
missions  de  la  compagnie  de  Jésus  dans 
le  Levant,  Paris,  1712,  et  années  sui- 
vantes. —  Il  y  a  eu  plusieurs  autres  jé- 
suites du  même  nom,  entre  autres  Ber- 
trano-Gabriel  FLEURIAU,  né  en  1693, 
auteur  des  Principes  de  la  langue  latine  » 
mis  dans  un  ordre  plus  clair  et  plus  exact, 
très  souvent  réimprimés.  Le^  dernières 
éditions  ont  été  retouchées  par  M.  de 
Wailly.  Il  a  encore  laissé  :  Relation  des 
conquêtes  faites  dans  les  Indes  ^-par  D. 
P. -M.  d'Alraeida,  traduite  de  l'italien,  Pa- 
ris ,  1749,  in-12;  Vie  du  père  Claver^ 
ibid.,  1751  in-12. 


FLB 

FLEL'RI  vu.  royez  LANGLE. 

•  FLKiniEll     (  Charles  riKRRB  CA- 

RKT,  comte  de  ),  ministre  de  la  marine 
us  Louis  XVI ,  ne  à  Lyou  en  1738,  entra 
uis  la  marine  à  l'à^e  de  lrci»e  ans,  et 
a  toujours  un  modèle  d'application  et  de 
une  conduite.  Il  profita.  iH)ur  se  livrer 
u  l'cludo  avec  une  ardeur  nouvelle ,  de 
la  paix  tondue  en  1763.  Le  premier  fruit 
de  SCS  méditations  fut  de»  horloges  ma- 
rines, qu'il  exécuta  avec  Ferdinand  Ber- 
thoud  .  célèbre  horlo^jer  ,  qui  5'«)ccupait 
alors  du  même   objet.   Elles    furent  es- 
tayées  en  1768 ,  sur  la  frégate  VIsis .  qu'il 
commandait  en  qualité  de  lieutenant  de 
vaisseau ,  et  le  succès  surpassa  les  espé- 
rances qu'on  avait  conçues.  Il  obtint  en 
1776  la  place  de  directeur -général  des 
ports   et  arsenaux   de  la  marine ,   et  il 
prouva,  dans  ce  nouvel  emploi,  où   il 
rendit  k  l'état  les  services  les  plus  écla- 
tans  ,  qu'il  était  aussi  bon  administrateur 
que  savant  marin.  C'est  lui  qui  rédigea 
tous  les  plans  des  opérations  navales  de 
la  guerre  de  1778  ,  et  ceux  de  toutes  les 
campagnes   de   découvertes  ,  telles  que 
celles  de  la  Pcyrouse  et  de  d'Enlrecas- 
teaux.  On  lui  doit  aussi  la  rédaction  de 
t'Ordonnance  du  roi  Sur  la  régie  et  l'ad- 
ministration  des  ports  et  arsenaux.  Fa- 
rb,  1776  ,  in-i".  Le  27  octobre  1790,  il  fut 
a'ppelé  au  ministère  de  la  marine  it  des 
colonies,  et   il  en  remplit  les  fonctions 
avec  l'intégrité  qui  l'avait  toujours  fait 
remarquer,  jusqu'au  17  mai  1791 ,  qu'il 
fut  obligé   de   donner  sa  démission ,  le 
parti  jacobin  voulant  le  remplacer  par  un 
de  ses    aflidés.    Louis    XVI    lui    confia 
alors  l'éducation  du  Dauphin,  avec  le 
litre  de  gouverneur;  mais  les  orages  de 
1792  le  forcèrent  de  se  retirer  des  affaires 
publiques ,  et  de   chercher  des  consola- 
lions  dans  l'étude.  Il  fut  néanmoins  ar- 
rêté en  1793  ,  mais  il  recouvra  bientôt  sa 
liberté.  En  1797  ii  vint  siéger  dans  le  con- 
seil de»  Anciens  ,  et  fut  exclu  de  cette  as- 
senrdjléc  lors  des  événemens  du  18  fruc- 
lidor.  Après  le  12  brumaire  il  devint  sé- 
oaUsur  ,  et  termina  sa  carrière  le  18  août 
iSlO.  On  a  de  lui  :  |  f'oy âge  fait  par  or- 
dre du  roi.  en  1768  et  1769,  pour  éprou- 
ver les  horloges  marines.  Paris,   1773, 
S  vol.  in-4°,  fjg.;  |  Découvertes  des  Fran- 
çais dans  le  sud-est  de  la  Nouvelle-Gui- 
née. Paris,  17'J0  ,  in-4°;  [  Voyage  autour 
du  monde .  fait  pendant  les  années  1790 , 
1791  el^  1792  par  Etienne  Marcfiand.  Pa- 
ria ,  1798  ,  k  vol,  in-4°.  Ce  voyage  ,  pré- 
êidé  d'une  ialryducUon  savante  sur  l  Ui»- 


i37  F  LE 

loirc  d«  toutes  les  navi^;ations  à  la  cdtc 
nord-4)uesl  de  l'Aïuérique,  contient  de* 
remarques  très  intéressantes  sur  la  navi- 
gation du  grand  Océan.  Le  quatrième  voU 
contient  un  grand  nombre  de  cartes  hy> 
drographiques. 

*  FLEt'IlIOT-LESCOT  (  J.  A.  C.  ),  né 
à  Bruxelles  en  1761 ,  fut  obligé  de  quitter 
son  pays,  lors  des  troubles  du  Brabant , 
et  vint  se  réfugier  à  Paris ,  où  il  exerçait 
la  profession  d'architecte  ,  mais  avec  peu 
de  succès.  Au  conimencement  de  la  révt>- 
lution  française  ii  se  jeta  avec  fureur 
dans  le  parti  des  démagogues,  comme 
presque  tous  les  étrangers  qui  se  trou- 
vaient alors  à  Paris,  et  devint  succes- 
sivement substitut  de  l'accusateur  pu- 
blic près  le  tribunal  révolutionnaire, 
commiasaire  aux  travaux  publics ,  et  en- 
lin  maire  de  Paris.  11  s'était  lié  avec 
Robespierre  et  lorsque  son  protecteur 
fut  arrêté ,  il  montra  une  fermeté  de  ca- 
ractère qu'on  ne  lui  supposait  pas.  Fleu- 
riot-Lescot  fut  le  principal  moteur  de 
l'insurrection  dirigée  à  celte  époque  con- 
tre la  Convention.  Il  Ut  sonner  le  tocsin, 
battre  la  générale,  et  délivrer  les  dé- 
putés décrétés  d'accusation.  Il  publia  en-' 
suite  une  proclamation  dans  laquelle  il 
excitait  le  peuple  à  prendre  la  défense  de 
l'incorruptible  Robespierre,  du  vertueux 
Couthon  ,  etc.,  lorsqu'il  fut  mis  hors  de 
la  loi,  et  arrêté  par  Bourdon  de  l'Oise. 
Jugé  bientôt  et  condanmc,  il  fut  conduit 
à  l'échafaud ,  le  28  juillet  1794  avec  sea 
complices,  étant  âgé  d'environ  33  ans. 

FLELllY  (  Claude  ),  originaire  de  Nor- 
mandie, né  à  Paris,  le  6  décembre  1640  , 
d'un  avocat  au  conseil,  suivit  le  barreau 
pendant  9  ans  avec  succès.  L'amour  de 
la  retraite  et  de  l'étude  lui  donnérenl  du 
goût  pour  l'état  ecclésiastique.  Il  l'en»- 
brassa,  et  il  en  eut  les  vertus.  Précepteur 
du  prince  de  Conli ,  en  1G72,  il  le  fut  en- 
suite du  comte  de  Vermandois  en  1680. 
Ses  soins  auprès  de  son  élève  lui  valurciil 
l'abbaye  du  Loc-Dieu  en  1684,  et  la  place 
de  sous-précepteur  des  ducs  de  Bourgo- 
gne ,  d'Anjou  qt  de  Berry  en  1689.  Associé 
de  Féjiélon  dans  ce  noble  emploi ,  il  eut 
comme  lui  l'art  de  faire  aimer  la  vertu  à 
ses  élèves  par  des  leçons  pleines  de  dou- 
ceur et  d'agrémens,  et  par  ses  exemples 
plus  persuasifs  que  ses  leçons.  Lcuis  XIV 
avait  mis  en  œuvre  ses  talens  ;  il  sut  les 
récompenser.  Il  lui  donna  en  17u6  le  riche 
prieuré  d'Argenlcuil.  L'abbé  Fleury,  en 
l'acceptant,  remit  son  abbaye  du  I-<m- 
Dicu-  S>'il  avait amLiliouné  de  ptasgraiHU 
12. 


FLE 


138 


FLE 


biens  et  des  dignités  plus  relevées ,  il  les 
aurait  eus;   mais   son  désintéressement 
égalait  ses  autres  vertus.  Il  vécut  solitaire 
à  la  cour.  Un  cœur  plein  de  droiture ,  des 
mœurs  pures,  une  vie  simple,  laborieuse, 
édifiante,  une  modestie  sincère,  une  can- 
deur admirable,  lui  gagnèrent  les  suffra- 
ges des  courtisans  même  les  plus  corrom- 
pus. Le  duc  d'Orléans  jeta  les  yeux  sur 
lui  en  1716,  pour  la  place  de  confesseur  de 
Louis  XV.  Ce  choix  fut  approuvé  de  tout 
le  monde.  On  n'y  trouva,  dit  l'abbé  Dor- 
sanne  ,  que  le  défaut  de  75  ans.  Fleury  , 
après  avoir  formé  le  cœur  du  père,  forma 
celui  du  fils.  Sa  vieillesse  lobligoa  de  se 
démettre  de  cette  place  en  1722.  11  mou- 
rut d'apoplexie  l'année  d'après,  dans  sa  85*^ 
année.  11  était  de  l'académie  française. 
Les  ouvrages  sortis  de  sa  plume  sont  : 
Mœurs  des  Israélites  :  livre  qui  est  entre 
les  mains  de  tous  les  fidèles  ,  et  que  l'on 
peut  regarder  comme  le  tableau  le  plus 
vrai  de  la  vie  des  saints  de  l'ancien  Tes- 
tament. I  Mœurs  des  chi'étiens;  ouvrage 
réuni  avec  le  précédent,  dans  un  seul  vol. 
in-12.  L'un  peut  servir  d'introduction  à 
l'histoire  sacrée ,  et  l'autre  à  l'histoire  ec- 
'  clésiaslique.  L'onction  y  règne  avec  un 
esprit  de  candeur  et  de  vérité  qui  gagne 
le  lecteur  chrétien  ;  et  avec  un  discerne- 
ment ,  des  lumières  et  des  vues  qui  ravis- 
sent le  savant  et  le  philosophe.  1  Histoire 
ecclésiastique,  en  20  vol.  in-12,  etin-i°.Le 
premier  publié  en  1691,  commence  à  l'é- 
tablissement de  l'Eglise;  et  le  dernier, 
imprimé  en  1722,  finit  à  l'an  1414.  Elle  a 
été  continuée  par  le  Père  Fabre,  de  l'Ora- 
toire, jusqu'à  l'année  1393, 16  vol.  ;  en  tout 
.16  vol.  in-4°  et  in-12.  Elle  a  été  réimpri- 
mée à  Bruxelles  et  à  Caen.  C'est  ce  que 
nous  avons  de  plus  complet  en  notre  lan- 
gue sur  l'hist^^nre  ecclésiastique.  Néan- 
moins, dit  l'abbé  Lenglet  du  Fresnoy,  ce 
sont  plutôt  des  extraits  cousus  l'un  avec 
l'autre,  qu'une  histoire  exacte  et  bien  sui- 
vie. Cet  écrivain,  si  l'on  en  croit  l'abbé  de 
Longuerue,  travaillait  son  livre  à  mesure 
qu'il  étudiait  l'histoire  de  la  religion.  On 
sent  qu'il  n'est  pas  maître  de  sa  matière, 
il  ne  marche  qu'en  tremblant,  et  presque 
toujours  sur  les  traces  de  Labbe  et  de  Ba- 
ronius.  Il  en  était  au  dernier  volume  de 
cet  aimaliste  célèbre ,  qu'il  ne  connaissait 
encore  que  le  premier  vol.  de  l'excellente 
Critique  du  Père  Pagi ,  en  4  tom.  in-fol. 
Aussi  plusieurs  écrivains  ont  écrit  contre 
son  Histoire.  Le  Père  Honoré  de  Sainte- 
Marie,  carme  déchaussé,  publia  à  Malines 


ecclésiastique  de  l'abbé  Fleury,  adressée  $ 
à  N.  S.  P.  le  pape  Benoit  XIII,  et  nossei- 
gneurs les  èvêques  .\x\-Vi ,  réimprimées  à 
Malines  en  1729 ,  et  depuis  (  1740  )  sous  le 
titre  de  Dénonciation  de  l'Histoire  ecclé- 
siastique de  Fleury .  à  nosseigneurs  les 
évêques;  en  1753,   le  Père   Baudoin  de 
Housta,  religieux  augustin  des  Pays-Bas, 
fit  paraître  à  Malines  :  La  mauvaise  foi  de 
M.  Fleury.  prouvée  par  plusieurs  passa- 
ges des  saints  Pères,  des  conciles,  et  d'au- 
teurs ecclésiastiques .  qu'il  a  omis,  tron- 
qués .  ou  infidèlement  traduits  dans  son 
Histoire.  En  1756 ,  on  imprima  à  Avignon 
des   Observations   théologiques,  histori- 
ques .  critiques,  etc. .  sur  l'Histoire  ec- 
clésiastique de  feu  M.  l'abbé  de  Fleury, 
avec  des  dissertations,  analyses  des  Pères, 
et  autres  pièces  détachées ,  2  vol.  in-4°. 
L'ouvrage  devait  avoir  8  vol.,  mais  la  suite 
n'a  pas  vu  le  jour  ;  en  1802  il  parut  des 
Réflexions  sur  l'Histoire  ecclésiastique  de 
Fleury.  attribuées  à  l'abbé  Rossignol  ;  el 
à  peu  près  dans  le  même  temps  M.  Mar- 
chetti,  archevêque  d'Ancyre ,  donna  une 
Critique  de  l'Histoire  ecclésiastique   de 
Fleury  ^  qui  fut  traduite  en  français ,  et 
imprimée  dans  la  Belgique  en  1803  ;  elle 
a  été  réimprimée  à  Besançon  en  1819,  en 
2  vol.  in-12.  Quoiqu'on  reproche  à  l'au- 
teur de  n'avoir  pas  assezménagé  son  ad- 
versaire ,  et  d'avoir  qualifié  quelquefois 
ses  méprises  avec  une   sévérité  un  peu 
rigoureuse,  elle  doit  trouver  place  dans 
les  bibliothèques ,  à  côté  de  l'histoire  de 
Fleury  ;  enfin,  en  1807,  Muzzarelli  publia 
à  Rome   des  Remarques  sur  l'Histoire 
ecclésiastique,  et  spécialement  sur  les  dis- 
cours de  Fleury.  in-8" ,  traduites  en  fran- 
çais sur  la  4*  édition.   Don  Cellier,  et  le» 
auteurs  de  Y  Histoire  deV  Eglise  gallicane. 
ont  relevé  phisieurs  erreurs  de  faits  et  de 
dates  dans  Fleury.  Les  Actes  des  Martyrs, 
qu'il   a  soin  de  rapporter    avec  trop  de 
détail,  devraient  avoir  plus  de  précision, 
et  ne  montrer  que  l'héroïsme  de  leurs 
souffrances ,  sans  nous  présenter  un  pro- 
cès-verbal. Son  style  est  d'une  simplicité 
touchante  et  dune  onction  qui  édifie; 
mais  il  est  très  souvent  négligé,  languis- 
sant, monotone,  plein  d'héllénismes  et  de 
latinismes.  Les  Discours  préliminaires  ré- 
pandus dans  cet  ouvrage,  et  imprimés  sé- 
parément en  1  vol.  in-12,  sont  écrits  avec 
beaucoup  plus  d'élégance  ,  de  pureté  ,  de 
précision  et  de  force  ;  on  y  trouve  d'ex- 
cellentes choses  ;  mais  il  y  en  a  aussi  qui 
ont  <  té  critiquées  avec  raison  [voyez  HO- 


«11727,  àa^  Observations  sur  V Histoire {l{0^^  DE  SAINTE-MARIEetHOUSTA). 


FLE 


i!$9 


FLE 


On  remarque  dans  l'autour  nnc  telle  pré- 
lilt'Ction  pour  la  discipline  de  la  primi- 
«•c  q;lisc,  qu'il  scinMc  improuvor  tout 
.•  qui  n'a  pas  l'empreinte  des  premiers 
liocics.  Comme  si  la  di>riplincde  l'Eglise 
u  rtail  pas  essentiellement  variable  ,  ou 
que  l'Eglise  primitive  dût  en  tout  servir 
iic  modèle  dans  le»  siècles  postérieurs. 

•  On  iir  peut  trop  respecter  la  primitive 
»  -  .1m'  .  dit  un  auteur  modéré  et  équita- 
.  M.'  mais  la  haute  idée  qu'on  en  a  ne 
.  doit  pas  servir  à  nous  faire  mépriser 
.  1  it;lisi-ilcs  derniers  siècles.  Dans  la  pri- 
.  milivc  église,  parmi  beaucoup  de  sain- 

•  tctc.  il  ne  laissait  pas  de  se  glisser  des 
»  relàchemcns  ,  et  ^lans  l'église  des  der- 

•  nicrs  siècles,  parmi  des  relàchemens 
»  qui  s'y  sont  glissés ,  il  ne  laisse  pas  d'y 

•  avoir  enrore  beaucoup  de  sainteté.  » 
Il  y  a  aujourd'hui  plusieurs  abus  réformés 
-jui  avaient  subsisté  durant  des  siècles.  En 
'unparant  sans  prévention  l'état  de  l'E- 

ise  de  nos  jours  dans  toutes  ses  parties, 
oc  son  élat  dans  les  premiers  siècles,  on 
luvera  que  les  avantages  qu'elle  n'a  plus 
••  ■:it  remplacés  pard'aulres.  Erasme,  qu'on 
^ut  citer  hardiment  en  cette  matière, 
-;>rès  avoir  développé  ce  parallèle  dans 
toute  son  étendue  ,  conclut  que  si  saint 
Paul  revenait  sur  la  terre  ,  l'état  actuel 
de  l'Eglisene  lui  déplairait  pas.  «  Croyez- 
»  vous ,  dit  un  homme  d'une  exacte  lo- 
»  gique,  que  l'Eglise  a  le  droit  de  régler 
»  sa  discipline ,  et  sur  la  pénitence ,  et  sur 
»  les  appels,  et  sur  les  élections,  et  sur 
»  les  institutions  canoniques ,  et  sur  les 
»  exemptions  ,  et  sur  tout  autre  sujet  re- 
»  ligieux  ?  Répondez  oui  ou  non.  Si  vous 
»  dites  OUI.  eh  bien  !  attendez  donc  qu'elle 
»  ait  substitué  la  règle  ancienne  à  la  règle 
»  plus  récente.  Si  vous  dites  non,  il  est 
»  d'un  imbécile  de  nous  proposer  comme 
»  un  retour  aux  règles  do  l'Eglise,  ce  que  l'E- 
»  glise  n'a  pas  le  droit  de  régler,  p  (  voyez 
MORIN,  THOMASSIN).  L'on  ne  doit  pas 
ignorer  que  ces  Discours  ont  été  altérés 
par  des  mains  étrangères.  On  en  a  pour 
garant  la  première  édition  du  9*^  discours 
•ur  les  libertés  de  l'église  gallicaoïc  ,  qui 
•e  trouve  le  12*  dans  la  nouvelle  édition. 
On  y  a  ajouté ,  dans  les  éditions  posté- 
rieures des  notes,  sous  prétexte  de  corri- 
ger le  texte,  et  ensuite  on  y  a  changé  ou 
•opprimé  tout  ce  qui  ne  s'accordait  pas 
•vec  la  doctrine  de  ces  écrivainsr  témérai- 
re», qui  ont  cru  pouvoir  mettre  leur  faulx 
dans  une  moisson  qui  ne  leur  appartenait 
pas.  On  a  donné  une  table  des  matières 
>Mx\'Ui$loire  ecclésiastique  d<  Fleury, 


et  la  continuation  du  PëreFabre,  ouvrage 
fanatique,  et  fruit  de  l'esprit  de  «cet» 
voyez  FABRK),  en  1  vol.  in-/»°,  et  4  vol. 
in-13.  La  dernière  édition  de  cette  His» 
loiro  est  celle  do  Nimes,  en  25  vol.  ln-8*, 
1779-1780.  Engénéral,  lalecturede  Fleury 
ne  fait  pas  aimer  les  pontifes ,  et  elle  a 
fourni  des  armes  à  leurs  ennemis.  Aussi 
voit-on  des  personnes  pieuses  et  éclairées 
craindre  de  recommander  son  Histoire 
aux  jeunes  gens  ou  aux  femmes  qui  pren- 
draient trop  au  pied  de  la  lettre  des  réfle- 
xions présentées  souvent  un  peu  crûment. 
Plusieurs  communautés  ne  lisent  pas  pu- 
bliquement son  ouvrage,  et  des  théolo- 
giens qui  n'ont  pas  moins  de  sagesse  qu« 
de  lumière  ,  et  qui  sont  pleins  d'ailleurs 
d'estime  pour  Fleury,  ont  souvent  regretté 
qu'il  eut  affaibli  rulilité  de  son  travail  par 
son  penchant  au  blâme,  et  par  un  manqua 
de  réserve  qui  les  affligeait  et  les  éton- 
nait de  sa  part.  L'Histoire  de  Fleury  a  été 
traduite  en  latin,  et  continuée  par  le  Pèra 
Alexandre  de  Saint-Jean  de  la  Croix  ,  car- 
me déchaussé.  Cette  continuation  est  un 
répertoire  de  tout  ce  qu'on  a  dit  d'hor- 
reurs contre  la  société  des  jésuites.  Les 
contes  les  plus  absurdes,  ceux  même  que 
les  protestans  et  les  philosophes  du  jour 
ont  réfutés,  y  sont  reproduits  comme  des 
matières  dignes  d'une  histoire  ecclésias- 
tique. Cet  ouvrage  a  été  vivement  attaqué 
par  M.  Mangold ,  dans  une  critique  pu- 
bliée à  Augsbourg,  1783-178G,  3  vol.  in-8*. 

1  Institution  au  droit  ecclésiastique  ,  en 

2  vol.  in-12  ;  ouvrage  fort  abrégé  mais 
plein  de  bonnes  choses ,  quoiqu'il  y  «b 
ait  aussi  quelques-unes  qui  ont  paru  ré- 
préhensibles.  M.  Boucher  d'Argis  en  donna 
une  nouvelle  édition  en  1764 ,  enrichie  de 
notes.  I  Catéchisme  historique .  in-12.  Ou- 
vrage qui  a  eu  le  plus  grand  cours  ;  ce- 
pendant tout  n'y  est  pas  rigoureusement 
exact  :  M.  Paquot  en  a  donné  une  édition 
avec  des  notes  et  quelques  changemens. 
Le  ton  en  est  sec ,  sans  onction  et  sans  in- 
térêt. I  Traité  du  choix  et  de  la  méthode 
des  études  ,  in-12.  Ces  deux  derniers  ou- 
vrages ont  été  traduits  en  espagnol,  da 
même  que  les  Mœurs  des  Israélites.  \  De^ 
voirs  des  maîtres  et  des  domestiques,  in- 
12,  estimé;  |  La  Vie  de  la  mère  d'.irbouse. 
réformatrice   du  Val -de- Grâce  ,  in-lj  ; 

1  V Histoire  du  droit  français  ,  in-12.  On 
la  trouve  aussi  à  la  tète  de  V Institution  de 
M.  d'Ârgou.  \  Le  Traité  du  droit  publie, 

2  vol.  in-12,  17G9  :  ouvrage  poslliumc,  et 
auquel  il  ne  mit  pas  la  dernière  main.  On 
a  recueilli  lef  Opuscules  do  Fleury  à 


FLE 


UO 


FLE 


Mimes  en  1780,  en  5  vol.  in-S",  qui  contien- 
nent tons  le»  ouvrages  de  Fleury,  à  l'ex- 
ception de  VHistoire  ecclésiastique.  M. 
Emery ,  supérieur-général  de  la  congré- 
gation de  Saint-Sulpice,  a  publié  en  1807, 
$ous  le  titre  de  Nouveaux  opuscules ,  in- 
12,  quelques  pièces  inédites  de  Fleury, 
et  surtout  le  manuscrit  autographe  du 
Discours  sur  les  libertés  de  l'église  gal- 
licane .  (pli  avait  été  imprimé  après  la 
mort  de  l'auteur,  avec  des  notes  violentes 
et  erronées ,  attribuées  à  Débonnaire,  qui 
provoquèrent  un  arrêt  du  conseil,  du  9 
septembre  1723 ,  pour  supprimer  l'écrit , 
et  qui  firent  mettre  le  discours  à  l'index, 
par  décret  du  13  février  1729.  C'est  donc 
un  service  important  que  M.  Emerj'  a  ren- 
du à  Fleury,  en  publiant  celte  édition,  qui 
fait  connaître  la  véritable  opinion  de  ce 
savant  ecclésiastique  sur  un  point  d'un  si 
grand  intérêt.  Le  volume  commence  par 
une  préface  rédigée  avec  beaucoup  d'exac- 
titude et  de  sagacité ,  où  M.  Emery  traite 
plusieurs  questions,  discute  quelques  as- 
sertions de  Fleury,  et  porte  un  jugement 
aussi  solide  que  modéré  sur  cet  auteur , 
que  les  jansénistes  affectaient  de  comp- 
ter au  nombre  des  partisans  de  leur  doc- 
trine ,  ou  au  moins  de  leur  opposition  à 
la  cour  de  Rome ,  tandis  qu'il  est  prouvé 
par  plusieurs  affaires ,  et  notamment  par 
celle  de  l'évêque  de  Saint-Pons ,  que  ce 
célèbre  historien,  loin  d'approuver  les  en- 
treprises des  parlemens  contre  la  cour  de 
Rome,  regrettait  au  contraire  l'espèce  de 
guerre  que  l'on  faisait  au  pape,  et  souhai- 
tait que  l'on  gardât  plxis  de  mesure  à  son 
égard,  et  surtout  qu'on  pesât  les  consé- 
quences de  ces  plaintes,  de  ces  défiances, 
de  ces  protestations  et  do  ces  condamna- 
tions si  fréquentes  dans  l'histoire  de  la 
magistrature. 

FLEURY  (André-Hercule  de)  naquit 
à  Lodève  le  22  juin  16S3 ,  et  fut  mené  à 
Paris,  à  l'âge  de  6  ans.  11  fit  ses  humanités 
au  collège  des  jésuites,  et  sa  philosophie 
au  collège  d'Harcourt.  Il  brilla  dans  l'un 
et  dans  l'autre.  Destiné  à  l'état  ecclésias- 
tique, il  fut  chanoine  de  Montpellier  et 
docteur  de  Sorbonne.  Introduit  à  la  cour, 
il  fut  aumônier  de  la  reine  et  ensuite  du 
roi.  Une  figure  agréable,  un  esprit  délicat, 
une  conversation  assaisonnée  d'anecdotes, 
une  plaisanterie  fine ,  lui  gagnèrent  géné- 
ralement les  cœurs.  On  sollicita  vivement 
pour  lui.  Louis  XIV  le  nomma  en  1698  à 
révèché  de  Fréjus.  «  Je  vous  ai  fait  atien- 
»  dre  longtemps,  lui  dit  ce  prince  ;  mais 
»  You»  avei  tant  d'amis ,  que  j'ai  voulu 


»  avoir  seul  ce  mérite  auprès  de  vous.  » 
L'évêque  de  Fréjus  était  dans  son  diocèse 
lorsque  l'armée  des  alliés  se  répandit  en 
Provence.  Il  plut  aux  généraux  ennemis; 
le  duc  de  Savoie  et  le  prince  Eugène  lui 
accordèrent  ce  qu'il  voulut.  La  contribu- 
tion fut  modique.  La  ville  de  Fréjus  n'é- 
prouva aucun  désordre  ,  et  la  campagne 
des  environs  fut  épargnée.  Louis  XIV, 
près  de  moiu"ir ,  le  nomma  précepteur  de 
Louij  XV.  Successeur  des  Bossuet  et  des 
Fénélon  dans  l'emploi  important  de  for- 
mer les  rois,  il  s'attacha  comme  eux  à  cul- 
tiver l'esprit  et  le  cœur  du  jeune  monar- 
que, et  en  fit  de  tonne  heure  le  bien-aimè 
de  la  France.  En  1726,  il  fut  fait  cardinal, 
et  bientôt  après  son  élève  le  plaça  à  la  tête 
du  ministère  :  il  avait  alors  plus  de  70  ans. 
Le  fardeaudu  gouvernement  ne  l'effraya 
point,  et  il  montra  jusqu'à  près  de  90  ans 
une  tête  saine,  libre  et  capable  d'affaires. 
Depuis  1726  jusqu'à  1740  ,  tout  prospéra. 
Il  commença  et  termina  glorieusement  la 
guerre  contre  Charles  VI.  Il  obtint  la  Lor- 
raine pour  la  France.  Cette  guerre  de  1733 
fut  finie  en  1736 ,  par  une  paix  qui  ne 
donna  lo  calme  à  l'Europe  que  pour  quel- 
ques années.  Une  nouvelle  guerre,  en 
17i0,  vint  troubler  les  derniers  momens  du 
cardinal  de  Fleury.  Il  mourut  en  17i3,  dans 
sa  90*^  année  à  Issy ,  avec  la  douleur  de 
n'avoir  vu  en  cette  dernière  guerre  que  des 
malheurs,  et  des  malheurs  que  le  public 
lui  reprochait ,  peut-être  mal  à  propos  ; 
car  il  est  certain  que  cette  guerre  avait 
été  entreprise  contre  son  avis.  Comptant 
sur  la  paix,  il  avait  négligé  la  marine  ;  le 
peu  qui  restait  à  la  France  de  forces  ma- 
ritimes fut  détruit  par  les  Anglais.  L'éco- 
nomie qu'il  mettait  dans  sa  maison,  il  vou- 
lut, autant  qu'il  était  possible,  l'introduire 
dans  l'administration  publique.  C'est  pour 
cette  raison  qu'il  ne  fit  pas  construire  des 
vaisseaux.  Son  caractère  tranquille  lui  fit 
peu  estimer  et  même  craindre  les  esprits 
actifs  et  profonds  ;  il  les  écarta  trop  des 
grandes  places.  Il  se  défiait  plus  des  hom- 
mes ,  qu'il  ne  cherchait  à  les  cormaître. 
L'élévation,  dit  un  homme  qui  l'avait 
beaucoup  connu,  manquait  à  son  carac- 
tère. Ce  défaut  tenait  à  ses  vertus ,  à  la 
douceur ,  à  l'égalité,  à  l'amour  de  l'ordre 
et  de  la  paix.  Il  laissa  tranquillement  la 
France  réparer  ses  pertes  et  s'enrichir  par 
un  commerce  immense,  sans  faire  aucune 
innovation.  S'il  s'opposa  vivement  aux 
jansénistes,  c'est  qu'il  était  persuadé  qu'eu 
matière  de  religion  toute  nouveauté  était 
à  redoulgr  :  et  que  de  toutes  les  sectes  qui 


FLE 


Ul 


PLI 


»       onl  déchiré  rEgUse,  celle-ci  était  pcuUètre 
I       la  plus  dangereuse.  •  Un  ininittre.  dit  l'é- 

•  loquent  auteur  de  non  Oraison  funèbre, 
»  Ruitlt'  par  CC8  grande»  vues  de  politique 

•  !ia(îr  et  vertueuse,  n'aurail-il  pas  déinenli 
»  tous  ses  principes  s'il  avait  ntSgligc  les 

•  intérêts  de   la  reli^fion.  affligée  purnii 

•  non»  par  tant  de  divisions  fatales  ?  Jours 
.  .;  plion  et  d'indocilité,  où.  par 

I  lit  de  souplesse  et  de  dissi- 

^       t  ; iiufoiule.  l'erreur  vaste  et  liar- 

»  die  dans  ses  projets,  timide  et  mesurée 
»  dans  ses  démarches,  condamne  l'Eglise, 
»  et  ne  la  quitte  pas  ;  reconnaît  l'aulorilé, 
»  et  ne  plie  pas  ;  dédaigne  le  joug  de  la 
»  subordination,  et  ne  le  secoue  pas  ;  res- 
>  pecte  les  pasteurs ,  et  ne  les  suit  pas  ; 
»  dénoue  imperceptiblement  les  liens  de 

•  Tunité,  etnc  les  rompt  pas  ;  sans  paix  et 
»  sans  guerre,  sans  révolte  et  sans  obéis- 
»  sance.  »  Le  cardinal  de  Fleury  n'était 
pas  porté  à  faire  de  la  peine;  il  n'aimait 
ni  à  troubler  la  tranquillité  des  autres  ni 
qu'on  troublât  la  sienne.  Il  fut  heureux 
autant  qu'un  ministre  peut  l'être.  Il  con- 
serva dans  l'âge  le  plus  avancé,  et  dans  les 
embarras  des  affaires  ,  la  sérénité  et  la 
galté  de  ses  premières  années.  II  faut 
bien  se  garder  de  le  juger  d'après  ce  que 
Voltaire  et  les  philosophes  en  ont  dit.  Le 
blâme  et  les  éloges  de  tels  personnages 
doivent  toujours  se  prendre  en  raison  in- 
verse. 

•  FLFXRY-TER.VVL  (Charles),  jé- 
suite, né  à  Tarn  en  Daupbiné  l'aji  iG72, 
mort  vers  1750,  est  auteur  des  ouvrages 
suivans  :  |  la  Vie  de  St.  Bernard,  arche- 
vêque de  Vienne.  Paris,  1722,  in-12  ;  |  His- 
toire du  cardinal  de  Bourbon  ,  ministre 
de  France  sous  quatre  de  nos  rois,  Paris, 
4728,  in-8°. 

•  FLEURY  (Jeax-Baptiste),  savant 
ecclésiastique  ,  né  en  161)8  à  Besançon  , 
liiorl  chanoine  de  celte  même  ville  en 
(754,  est  auteur  des  ouvrages  suivans  : 
I  deux  Distertaiions  sur  des  usages  sin- 
guliers de  l'église  de  Besançon ,  impri- 
mées dans  le  Mercure.  1741, 17*42  ;  |  Àlma- 
nachs  historiques  de  Besançon  et  de  la 
Franche-Comté,  depuis  17U6  jusqu'à  1753, 
8  vol.  in-8°. 

•  FLEURY  (Fra!«çois-Micbel),  autre 
t"'         ■■  ,  ic.néà  Lençon,  versle  milieu 

luort  en  1781 ,  ne  doit  la  place 
1  .      dans  les    biographies    qua 

J  ol><»ùiiiiiiuii  biz-arre  qu'il  mit  à  se  faire 
•ervirla  messe  par  la  nièce  de  son  vicaire. 
Lrvêquc  du  Mans  1  ayant  interdit  pour  ce 
fait,  il  publia  dans  le  journal  ecclésiasti- 


que du  mois  d'avril  1774,  la  question  tui> 
vante  :  Si  une  femme,  au  défaut  d'hon^ 
mes.  peut  répondre  lameas".  Tnns  mois 
après  il  inséra  lui-même  luie  réponse  af- 
lirmative  dans  le  même  journal.  Comme 
une  critique  manuscrite  de  celle  solution 
courait  dans  le  pays ,  l'abbé  Fleury  pu- 
blia  luie  brochure  intitulée  Réponse  de  la 
messe  par  1rs  femmrs,  en  réponse  à  un* 
lettre  anoni/me .  i77S ,  in-8". 

*  FLEUHY  (Marie -M AXiMiLiEN- Hec- 
tor de  ROSS  ET  de) ,  de  la  même  famille 
que  le  cardinal,  né  en  1770,  fut  arrêté 
en  1795  comme  suspect,  et  renfermé  dans 
la  prison  du  LuxemlHJurg,  où  il  conserva 
sa  gaité  naturelle ,  et  passait  la  journée  à 
jouer  à  la  balle  ou  aux  barres  ;  mais  ayant 
vu  périr  ou  proscrire  sa  famille,  le  cTés- 
espoir  s'empara  de  lui ,  et  il  écrivit  à 
Dumas ,  président  du  tribunal  révolution- 
naire, une  lettre  conçue  en  ces  termes  ; 
«  Homme  de  sang!  égorgeur!  cannibale! 
»  monstre  !  scélérat  !  tu  as  fait  périr  nia 
»  famille  ;  tu  vas  envoyer  à  l'échafaud 
p  ceux  qui  paraissent  aujourd'hui  devant 
»  ton  tribunal  ;  tu  peux  me  faire  subir  le 
»  même  sort ,  car  je  te  déclare  que  je  par- 
B  lage  leurs  sentimens.  »  Voilà  le  billet 
doux  qu'on  m'écrit,  dit  Dumas  à  Fou- 
quier-Tain ville,  dis-moi  ce  qu'il  faut  y  ré- 
pondre, a  Ce  Monsieur  paraît  pressé ,  ré- 
»  pond  Fouquier,  il  faut  le  satisfaire.  » 
Aussitôt  deux  gendarmes  vont  prendre  le 
jeune  comte ,  le  placent  sur  le  banc  des 
accusés ,  et  il  est  condamné  à  mort  avec 
cinquante  autres  personnes  qu'il  n'avait 
jamais  vues,  le  18  juin  1794,  comme  com- 
plice de  rassassinat  de  Collot-d' Herbois. 
Il  fut  conduit  à  l'échafaud  le  mémo  jour, 
habillé  ainsi  que  ses  compagnons  d'une 
chemise  rouge. 

FLIACR  (GoDEFROi),  peintre,  né  à 
Clèves  en  1616  ,  eut  dès  sa  plus  tendre 
jeunesse  une  forte  inclination  pour  le  des- 
sin. Ses  parens  l'ayant  mis  chez  un  peir»- 
tre  ,  il  fit  dans  cet  art  des  progrès  rapides. 
Lorsqu'il  se  vit  en  état  de  travailler  seul, 
il  alla  à  Amsterdam.  Le  goût  général  était 
alors  pour  la  manière  de  Rcmbrant  ; 
Flinck  se  mit  pendant  un  an  sous  la  direc- 
tion de  ce  fameux  peintre.  On  assure  qu'ij 
ne  lui  fallut  pas  plus  de  temps  pour  imi- 
ter parfaitement  son  maître.  11  abandonna 
ensuite  sa  manière,  pour  prendre  celle 
des  Italiens,  qu'il  saisit  parfaitement.  Les 
ouvrages  qu'il  fit  depuis  lui  acquirent  une 
si  grande  estime  ,  que  les  bourguemestres 
d'Amsterdam  le  choisirent  preférablement 
à  tout  autre  pour  faire  8  grands  tableaux 


FLI 


142 


FLO 


historiques,  et  k  de  moindre  grandeur. 
Il  mourut  au  milieu  de  ce  travsil ,  le  3 
décembre  1660 ,  âgé  seulement  de  44 
ans. 

•  FLTNDERS  (Matthieu),  navigateur 
anglais,  né  à  Donington  dans  le  Lincoln- 
sbire,  fit  successivement  plusieurs  voya- 
ges pour  la  reconnaissance  des  côtes  de 
la  Nouvelle-Hollande  ou  Notasie ,  et  il  en 
écrivit  la  relation  en  anglais  sous  ce  titre  : 
yoyage  aux  terres  australes  ,  entrepris 
pour  compléter  la  découverte  de  ce  grand 
pays  et  exécuté  pendant  les  années  1801 , 
i802  H  1803,  Londres ,  18i4  ,  2  vol.  in-i", 
avec  un  atlas.  Flinders  mourut  le  19  juillet 
de  la  même  année ,  peu  de  jours  après 
avoir  corrigé  la  dernière  feuille  de  son 
outrage  et  avant  sa  publication.  Ce  voyage 
ne  renferme  presque  que  des  détails  nau- 
tiques, et  place  ce  navigateur  au  nombre 
des  meilleurs  marins  de  son  temps  et  des 
hydrographes  les  plus  distingués. 

•  FLINS  DES  OLIVIERS  (  Claude- 
Marie-Louis-Emmarukl  CARBON  de  ),  lit- 
térateur français,  né  à  Reims  en  1737, 
était  conseiller  en  li  cour  des  monnaies  au 
commencement  de  la  révolution,  qui  le 
priva  de  sa  charge.  Il  se  livra  alors  à  la  lit- 
térature, et  il  prostitua  sa  plume  à  propager 
les  opinions  irréligieuses  et  anaicbiques. 
Malgré  ses  efforts ,  il  resta  long-temps  ou- 
blié ,  et  il  n'obtint  qu'en  1802 ,  par  la  pro- 
tection de  M.  de  Fontanes,  la  place  de 
commiesaire  impérial  près  le  tribunal  de 
Vervins ,  qu'il  occupa  jusqu'à  sa  mort , 
arrivée  en  1806.  On  a  de  lui  :  |  Voltaire, 
poème  lu  à  la  fête  académique  de  la  loge 
des  Neuf- Sœurs,  Paris,  1779,  in-8"; 
1  Fragmens  d'un  poème  sur  V affranchis- 
tement  des  serfs ,  1781 ,  in-S"  ;  |  Poèmes 
et  discours  en  vers,  lus  et  mentionnés  aux 
séances  publiques  de  l'académie  française, 
1782,  in-8°  ;  ]  Le  réveil  d'Epiménide  à  Pa- 
ris, oxx  Les  étrennes  de  la  liberté ,  comé- 
die en  1  acte  et  en  vers ,  1790 ,  in-8°  ;  |  Le 
mari  directeur,  ou  Le  déménagement  du 
couvent,  coméàÏQ  en  1  acte  et  en  vers,  1792  ; 
I  La  jeune  hôtesse ,  comédie  en  trois  ac- 
tes et  en  vers ,  imitée  de  la  Locondiera 
de  Goldoni,  1792,  in-8";  |  La  papesse 
Jeanne ,  vaudeville  en  1  acte  représenté 
de  1790  à  1793 ,  etc.  ;  |  les  Voyages  de 
l'opinion  ,  Paris ,  1789  :  c'est  une  espèce 
de  journal  dont  il  n'a  paru  que  cinq  nu- 
méros. Flins  a  été  l'éditeur  des  œuvres 
du  chevalier  Bertin  ,  1785,  î  vol.  in-8°,  et 
a  travaillé  au  journal  le  Modérateur,  avec 
son  ami  Fontanes. 

•  FLIPART  (Jean-Jacques),  graveur, 


né  à  Paris  en  1723 ,  fut  élève  de  Laurent 
Cars ,  et  devint  membre  de  l'académie 
roycile  de  peinture.  Cet  artiste,  qui  avait 
une  très  grande  connaissance  du  dessin , 
a  beaucoup  gravé.  Ses  principales  cstam* 
pes  sont  une  sainte  famille ,  d'après  Ju- 
les Romain  ;  le  paralytique  servi  par  ses 
enfans;  l'accordée  de  village;  le  gâteau 
des  rois,  tous  trois  d'après  Greuzp;  une 
tempête  d'après  Verne t  ;  deux  sacrifices^ 
d'après  Vien  ;  Jdam  et  Eve  ;  Notre-Sei- 
gneur  à  la  piscine  d'après  Dietrich ,  etc. 
II  est  mon  le  9  juillet  1782. 

FLODOARTouFRODOARD,  historien, 
né  &  Epernay  en  894,  mort  dans  un  mo- 
nastère en  9G6,  disciple  de  Rémi  d'Auxerrc, 
chanoine  de  Reims,  et  ensuite  curé  do 
Cormicy  et  de  Coroy,  a  laissé  une  Chro~ 
nique  des  derniers  rois  Carlovingiens,  et 
une  Histoire  de  l'église  de  Reims.  Sa 
Chronique,  généralement  estimée  dessa- 
vans ,  commence  à  l'année  912 ,  et  finit  en 
9(')6.  Pithou  et  Duchesne  l'ont  publiée ,  elle 
ne  contient  exactement  que  ce  qu'il  a  pu 
voir  et  discuter  par  lui-même  dans  l'es- 
pace de  sa  vie  ,  où  il  jouissait  de  toute  la 
force  de  sa  raison.  Aussi  y  trouve-t-on  un 
choix  si  judicieux  des  événemens  intéres- 
sans  et  mémorables,  soit  de  France,  soit 
des  pays  voisins ,  qu'on  ne  peut  guère 
puiser  à  une  meilleure  source.  Son  his- 
toire comprend  toute  la  suite  historique 
de  l'église  de  Reims ,  depuis  sa  fondation 
jusqu'en  949.  La  meilleure  édition  de  cet 
ouvrage  curieux  et  intéressant  pour  les 
Rémois,  est  celle  de  Georges  Covener,  in- 
8",  Douai,  1617.  Nicolas  Cliesneau  en  a 
donné  une  traduction  française  en  1580  , 
in-4°;  mais  elle  était  fautive  et  incom- 
plète. M.  Guizot  en  a  donné  une  nouvelle 
dans  sa  Collection  des  mémoires  relatifs  à 
l'histoire  de  France  tome  5  et  6.  On  a 
encore  de  lui  |  les  Vies  des  saints  de  la  Pa- 
lestine ,  d'Antioche  et  d'Italie ,  en  vers  ; 
I  V  Histoire  des  patriarches,  des  apôtres  et 
des  souverains  pontifes  jusqu'à  Léon  VII. 
On  conserve  cet  ouvrage  en  manuscrit 
chez  les  Pères  carmes  déchaussés  à  Lille  , 
avec  des  dissertations  et  des  notes  du 
Père  Honoré  de  Sainte-Marie.  Le  style 
de  Flodoard  se  ressent  du  siècle  où  il  a 
écrit. 

*  FLOGEL  (CHARLES-FnÉDÉBic),  écri- 
vain allemand,  né  à  Jauer  en  Silésie,  en 
1729  et  mort  en  1788 ,  fut  professeur  de 
philosophie  à  l'académie  des  jeunes  nobles 
de  Leignitz  ;  il  s'attacha  particulièrement 
à  l'histoire  de  la  littérature ,  et  est  a^i- 
teur  :  I  dune  Introduction  à  l'art  dit*- 


F1.0 

Ctnter.  Brcsliu  ,  1760 .  in  8* 
Vesprtt  humain,  17t»5.  in-8".  Kilo  a  élé 
traduite  eti  ilalii*ii  «-t  putiUrc  à  P»vle  en 
17M  ;  I  Histoiiv  d^  l»  Utté rature  comique. 
1784,  4  vol.  iii-8".  Lo«  troii  prcmicrn  vo- 
lumes Iraitout  du  comique  en  général  et 
de  U  satire  rlu-r.  tous  K-s  pruplo»  anriens 
et  moderne»  ;  le  4"'  est  destiné  à  la  comé- 
die :  I  Histoire  du  comique  grotesque  . 
1788 ,  in-8" ,  qui  fut  suivie  de  VHiitoire 
des  fous  en  titre  d'office .  et  de  V Histoire 
du  burlesque.  Ces  trois  ou  vraijes  ne  furent 
publiés  qu'après  sa  mort.  Toutes  ces  pro- 
ductions .  écrites  en  allemand  ,  jouissent 
d'une  réputation  méritée. 

FLO\CEL  (Albert- FaASJçois) ,  né  à 
Lnnemboury  en  1697 ,  avocat  au  parle- 
ment .  censeur  royal .  de  plusieurs  acadé- 
mies d'Italie ,  s'est  fait  un  nom  par  son 
amour  pour  la  latifjtie  italienne.  Nommé 
•ecrétaire  d'état  de  la  principauté  de  Mo- 
naco en  1731 ,  il  joignit  à  cette  charge 
celle  d*  secrétaire  des  affaires  étrangères 
en  1739.  sous  MM.  Amelot  et  d'Argenson. 
Il  fut  enlevé  aux  lettres  en  1773.  Sa  biblio- 
Ihcque  .  composée  de  8,000  articles  de  li- 
vres italiens ,  a  été  vendue  après  sa  mort. 
Elle  a  donné  lieu  d'en  faire  un  catalo(;ue 
curicuï  ,  1774,  2  vol.  in-8°.  — M"»'  FLON- 
CEL  (  jE.\>\E-FRA:«r.oiSE  de  LAVAU), 
morte  en  1794 ,  à  49  ans ,  avait  traduit  les 
J  premiers  actes  de  l'avocat  vénitien  de 
Goldoni.  1760,  i«-12. 

•  FI.OOD  (  HE:«Rf  ) .  membre  du  parle- 
ment d'Angleterre,  né  en  1732,  était  fils 
du  chef  de  justice  du  tribunal  du  banc  4u 
roi  en  Irlande,  et  fit  ses  études  d'une  ma- 
nière peu  brillante  au  collège  de  la  Tri- 
nité de  Dublin ,  puis  à  l'université  d'Ox- 
ford. Comme  il  se  figurait  que  les  riches- 
•es  lui  pouvaient  tenir  lieu  de  science  , 
•on   gouverneur  ,  le  docteur  Markham , 
ponr  le  détromper,  lui  fit  faire  la  connais- 
lance  de  jeunes  gens  fort  instruits.  Flood 
rougit  alors  de  son  ignorance,  et  travailla 
à  réparer  le  temps  perdu.  Elu,  en  1759, 
nerabrede  la  diambre  des  communes  en 
friande,  il  se  distingua  par  une  éloquence 
brillante,  et  par  le  zèle  et  la  persévérance 
^'11  mit  à  soutenir  toutes   les  mesures 
qu'il  regardait  comme  utiles  à  son  pays, 
et  qu'il  parvint  presque  toujours  à  faire 
adopter.  Son  adhésion  et  son  opposition 
iMarnatives  aux   mesures   ministérielles 
lui  attirèrent  fréqueininent  le  reproche 
de  versatilité.  En  1783,  il  fut  élu  membre 
du  parlement   anglais    pour  la   ville   de 
Winchester,  et  U  représenta  le  bourg  de 
S«ofr»rd  dans  laseMïon  suivante.  Le  der- 


U!5  FLO 

Histoire  de  nier  discourn  qu'il  prononça  dan^  le  pftf- 
leuient  anglais  cii  171)0  avait  pour  objet 
une  réforme  dans  la  représentation  par- 
lementaire, et  le  plan  qu'il  proposa  obtint 
l'approbation  de  Fox  et  des  hommes  le» 
plus  éclairés.  Son  influence  était  pour- 
tant affaiblie  dans  les  dernières  années 
de  sa  vie.  Il  mourut  le  3  décembre  1791, 
d'une  pleurésie  qu'il  contracta  en  travail' 
lant  à  éteindre  un  incendie  qui  «'était 
manifesté  dans  un  de  ses  bureaux.  Son 
éloquence  était  remarquable  par  la  force 
du  raisonnement  et  par  la  pureté  et  la  ri- 
chesse de  son  style,  plein  d'images  et  d'al- 
lusions classiques.  Il  excellait  surtout  dans 
la  réplique,  et  malheur  à  l'adversaire 
qui  provoquait  ses  sarcasmes.  On  a  im- 
primé plusieurs  de  ses  discours  prononcés 
dans  le  parlement,  parmi  lesquels  on  dia- 
tingue  celui  sur  le  traité  de  commerce 
avec  la  France.  1787,  in-8°.  Dans  ses  mo- 
mcns  de  loisir  il  s'occupait  aussi  de  poé- 
sie. On  a  de  lui  des  vers  sur  la  mort  de 
Frédéric,  prince  de  Galles .  publiés  dana 
la  collection  d'Oxford  en  1751  ;  une  od» 
sur  la  Renommée.  1785,  in-S";  la  traduc- 
tion de  la  première  ode  pythique  de  Pin- 
dare.  1785. 

*  FLOU  (RoGEn),  né  à  Tarragone ,  le 
14  juillet  1262  ,  prit  l'habit  des  templiers, 
et  fit  sa  profession  à  Barcelone,  dans  la 
maison  de  cet  ordre.  Ayant  passé  en  Pa- 
lestine, à  l'époque  des  dernières  croisade* 
avec  plusieurs  chevaliers  catalans,  il  s'é- 
tablit à  Sainl-Jean-d'Acre  ;  mais  les  infi- 
dèles ayant  assiégé  cette  place ,  elle  fut 
prise  d'assaut  en  1291.  Roger,  ramaissant 
alors  tous  les  chevaliers  et  les  chrétiens 
dispersés ,  en  forma  une  petite  armée 
navale,  avec  laquelle  il  porta  des  secours 
et  des  vivres  aux  armées  chrétiennes,  in- 
festa les  côtes  et  battit  souvent  les  flottes 
de  l'ennemi.  Il  se  rendit  ensuite  en  Sicile, 
au  secours  de  Frédéric  d'Aragon,  qui  dis- 
putait la  couronne  de  cette  ile  aux  rois 
de  Naples  de  la  maison  d'Anjou,  et  il  con- 
tribua beaucoup,  par  son  intelligence  et 
sa  valeur  ,  à  le  faii'e  triompher.  De  là  il 
alla  offrir  ses  services  à  l'empereur  Arv- 
dronic ,  attaqué  par  les  Turcs.  Roger ,  i 
la  tète  de  deux  mille  Catalans  qui  l'avaient 
suivi,  et  aidé  des  troupes  de  l'empereur, 
remporta  sur  les  Turcs  une  victoire  si- 
gnalée ,  qui  rappela  la  tranqtiillité  dans 
l'empire.  Andronic,  pour  récompenser  ro 
service,  lui  accorda  sa  nièce  en  mariage 
(  il  n'avait  fait  que  des  vœux  simples  ) 
avec  le  titre  de  César.  II  combla  égale 
ment  d'honneurs  et  de  ridiesses  les  prin- 


FLO 

eipaux  officiers  de  Roger ,  et  notamment 
le  comle  d'Entenca,  qu'il  éleva  à  la  di- 
gnité de  Magneduc  (généralissime  des 
armées  de  terre  et  de  mer  ).  Mais  ayant 
ensuite  soupçonné  que  Roger  tramait 
avec;  ses  Catalans  un  complot  pour  s'em- 
parer de  son  trône,  il  le  fit  assassiner  une 
nuit  (le  23  avril  1306  ),  pendant  que  ce- 
lui-ci passait  à  l'appartement  de  sa 
femme.  Lo  comte  d'Entenca,  arrêté  en 
même  temps ,  fut  condamné  à  mort.  Les 
Catalans ,  indignés,  se  renfermèrent  dans 
Gallipoli,  d'où ,  par  de  fréquentes  sorties, 
ils  vengèrent  cruellement  la  mort  de  leur 
général,  et  c'est  à  cette  époque  qu'on  doit 
rapporter  les  dégâts  qu'ils  firent  dans 
l'empire ,  et  non  au  temps  de  la  guerre 
contre  les  Turcs,  comme  le  prétendent 
quelques  historiens. 

FLORE,  ou  FLORIS,  ou  FRANCFLORE 
(  François),  naquit  à  Anvers  en  1520.  Ce 
peintre,  le  Raphaël  de  la  Flandre,  était 
lils  d'un  tailleur  de  pierres,  et  apprit  la 
sculpture  sous  son  oncle  Claude  Flore  jus- 
qu'à l'âge  de  20  ans,  que  la  réputation  de 
Lambert  Lombard,  habile  peintre,  l'attira 
à  Liège,  où  il  devint  un  des  principaux 
élèves  de  ce  maître.  De  là  il  alla  à  Rome, 
où  il  étudia  l'antique  et  les  ouvrages  de 
Michel- Auge.  De  retour  dans  sa  patrie,  il 
la  décora  de  ses  tableaux.  Il  divisait  la 
journée  en  deux  parties  égales,  l'une  con- 
sacrée à  peindre,  et  l'autre  à  boire.  Il  ai- 
mait moins  le  jeu  que  le  vin ,  et  le  vin 
moins  que  le  travail.  Il  disait  ordinaire- 
ment :  «  Le  travail  est  ma  vie  et  le  jeu 
»  est  ma  mort.  »  Il  mourut  en  1570  ,  à  50 
ans. 


FLOREIVT  V,  comte  de  Hollande,  fils 
de  Guillaume ,  roi  des  Romains ,  perdit 
son  père  dès  son  jeune  âge.  Livré  à  di- 
vers tuteurs ,  il  y  eut  beaucoup  de  divi- 
sions dans  son  état.  Dès  qu'il  put  gou- 
verner par  lui-même,  il  fit  la  guerre  aux 
Frisons  rebelles.  Ayant  enlevé  à  un  gen- 
tilhomme, nommé  Gérard  de  Velsen,  son 
épouse,  il  fui  tué  et  percé  de  32  coups 
d'épée  par  ce  mari  irrité.  Le  meurtrier 
ayant  été  pris,  fut  conduit  à  Leyde,  où 
on  le  mil  dans  un  tonneau  plein  de 
clous.  On  le  roula  ainsi  dans  toute  la  ville, 
et  il  finit  sa  vie  par  ce  cruel  supplice.  Flo- 
rent mourut  en  1296 ,  après  avoir  régné 
&0  ans.  Il  laissa  sept  fils  et  quatre  filles 
de  Béatrix,  fille  de  Gui  de  Dampierre, 
comte  de  Flandre ,  qu'il  avait  épousée 
après  la  mort  de  Hugues  de  C])âtillon. 

FLORENT  (Frauçois  ) ,  d'Arnai  le  duc, 
professeur  en  droit  à  Paris  et  à  Orléans  , 


U4  FLO 

mort  dans  cette  dernière  ville  en  1650,  a 
laissé  des  ouvrages  de  droit ,  que  Doujat 
publia  in-i",  en  2  parties,  1671).  La  vie  de 
ce  jurisconsulte ,  également  recomman- 
dable  par  sa  probité  et  ses  lumières,  est 
à  la  tête  de  ses  œuvres. 

FLORENT-CHRÉTIEN.  Voyez  CHRÉ- 
TIEN. 

FLORENTIN  (  saint  ),  martyr  de  Cha- 
roUais ,  qu'on  croit  avoir  souffert  la  mort 
pour  la  foi  vers  406. 

FLORENTIN  (saint  ),  premier  abbé  du 
monastère  que  fonda  à  Arles  en  548,  saint 
Aurélien,  évéque  de  cette  ville,  secondé 
par  les  libéralités  du  roi  Childebert.  Il 
mourut  le  12  avril  553  ,  à  l'âge  de  70  ans , 
après  avoir  gouverné  ses  religieux  avec 
autant  de  douceur  que  d'édification  pen- 
dant cinq  ans  et  demi.  Ses  reliques  ren- 
fermées dans  une  châsse  d'argent  sont  au- 
jourd'hui dans  l'église  paroissiale  de 
Sainte-Croix  de  la  même  ville.  On  lit  sur 
le  tombeau  de  marbre  où  elles  étaient 
autrefois,  l'épitaphe  du  saint  en  vers 
acrostiches.  C'est  le  premier  exemple  que 
fournisse  l'antiquité  ecclésiastique  de  ce 
genre  de  poésie,  dont  le  mérite  consiste 
en  une  combinaison,  qui  ne  peut  que 
donner  des  entraves  au  génie,  souvent 
aux  dépens  de  la  vérité  et  de  la  raison. 

*  FLORÈS  (  André  ),  poète  espagnol, 
né  à  Ségovie  en  li84,  mort  en  1560,  se 
livra  particulièrement  au  genre  lyrique  , 
et  laissa  quelques  ouvrages  fort  estimés 
de  ses  contemporains.  On  trouve  quel- 
ques Pièces  de  ce  poète  dans  les  divers 
recueils  de  poésies  castillanes. 

'FLORES  (  Louis  ),  dominicain  et  mis- 
sionnaire, né  en  1570  à  Gand  ,  brûlé  vil 
au  Japon  en  1622,  a  laissé  une  Relation 
de  l'élat  du  Christiajiisme  dans  le  Japon^ 
jusqu'au  24  mai  1622. 

*  FLOREZ  (Henri),  savant  espagnol 
né  à  Valladolid  le  14  février  1701.  Il  prit 
l'habit  religieux  dans  l'ordre  de  Sainte 
Augustin  en  1715,  et  se  fit  bientôt  distin- 
guer par  sa  piété  et  ses  talens.  Après  avoir 
professé  pendant  quelques  année*  la  théo- 
logie, il  se  livra  exclusivement  à  l'étude  de 
l'histoire  sacrée  et  profane,  et  mourut  à 
Madrid  le  2  août  selon  les  uns,  et  le  5  mai 
suivant  les  autres,  de  l'année  1773,  après 
avoir  publié  les  ouvrages  suivans  :  |  un 
Cours  de  théologie,  en  5  vol.  in-i°  ;  [  Clave 
istorical.il ko,  in-4° ,  ouvrage  dans  le 
genre  de  l'art  de  vérifier  les  dates,  et  re- 
marquable par  l'exactitude,  l'ordre  et  la 
précision  qui  y  régnent.  Ce  livre  fut  réim- 
primé pour  la  8*  fois  en  1794.  1  La  B*- 


FLO 


liK 


FLO 


pana  tagrada.  o  Thratro  grngvaphico- 
histon'co  de  la  iglesia  de  Esi>ana,  Madrid, 
17*7-79,  S9  vol.  iu-i".  Elle  a  été  continuée 
par  le  Père  Risco  qui  publia  le  30'  vol., 
et  le  Père  Fernandés  qui  donn.i  le»  louios 
51  i  34.  Ottc  hisl«.ire  de  l'éulise  d'Espa- 
gne •€  fait  remarquer  par  le  choix  et  la 
Certitude  des  faits,  t-t  par  la  marche  sûre 
et  rapide  du  discours.  |  Espatta  carpe- 
tana;\  Medellas  de  lascolonias,  mimici- 
pios  y  puehlos  antiguos  de  Espana.  Ma- 
drid, 1757-1773,  3  vol.  grand  in-4°,  recueil 
qui  eut  un  grand  succès  ,  et  fit  recevoir 
fauteur  associé  correspondant  de  l'aca- 
démie royale  des  inscriptions  et  belles- 
lettres  de  Madrid;  |  Dissertacion  de  la 
Cantabria.  Madrid,  1768,  in-4°  ;  |  Mémo- 
rias  de  las  reynas  catoUcas ,  1770  ,  2  vol. 
Xn-k"  ;  I  un  Traité  sur  la  botanique  et  les 
sciences  naturelles,  etc. 

•  FLORI.A.N  (  Jean-Pierre  CLARIS  dcj, 
membre  de  l'académie   française   et  de 
plusieurs  autres  sociétés  littéraires,  ne  le 
6  mars  1755  ,  au  château  de  Florian  dans 
les  Basses-Cévennes ,  d'une  famille  con- 
nue dans  les  armes ,  fut  d'abord  destiné  à 
suivre  la  même  carrière.  Sa  mère  était 
castillane  d'origine,  et  il  eut  ainsi  occasion 
de  s'eccuper  de  bonne  heure  de  la  langue 
espagnole.  Il  étudia  dans  une  pension  de 
Saint-Hippolyte  (  Gard) ,  et  fut  présenté  à 
Voltaire  dans  sa  demeure  de  Ferney  par 
un  oncle  qui  avait  épou«é  la  nièce  de  ce 
philosophe.  Florian  entra,  en  1768,  chez  le 
duc  de  Penthièvre  en  qualité  de  page,  et 
lui  plut  par  son  esprit  et  sa  douce  sensi- 
bilité. Après  quelques  études  à  l'école  d'ar- 
tillerie de  Bapaume ,  il  reçut  de  son  pro- 
tecteur une  lieulenance ,  et  peu  de  temps 
après  une   compagnie   dans  le  régiment 
des  dragons  de  Penthièvre.  Florian   ne 
tarda  pas  à  quitter  le  service  militaire  ,  et 
accepta  la  place  de   gentilhomme  ordi- 
naire du  duc  de  Penthièvre  qui  le  chargea 
de  la  douce   mission   de    distribuer  ses 
bienfaits.  Cependant  il  ne  négligeait  pas 
la    littérature  ,   et    ses    premiers    essais 
(vaient  obtenu  des  encouragemens.  Son 
'loge  de  Louis  XII .  qu'il  adressa  à  l'a- 
i  lémie  ne  fu*  pas  généralement  goûté, 
fut  plus  heureux  dans  une  épitre  à  Vol- 
lire,  infitTilée  :  Voltaire  ou  le  serf  du 
Irmt^urn.  qui  fut  couronnée  en  1782  à 
icadéinie  française,  ainsi  que  dans  son 
,;logued«  iîu/AdédiéeauducdePenlhiè- 
le,  qui  le  fut  également  l'année  suivante. 
i.n  1783,  parut  Galatée.  roman  pastoral 
que  Cervantes  n'avait  point  achevé,  et  que 
Florian  gut  embellir.  Celui-ci  a  réduit  à 
5, 


troin  livres  le«  six  dont  se  composait  l'ori* 
ginal  et  leur  en  a  ajouté  un  quatrième. 
Trois  ans  plus  tard  parut  Numa  Pompi- 
lius.  où  l'auteur  parait  avoir  voulu  imiter 
Tclémaque  .  au-dessous  duquel  son  ou- 
vrage, comme  on  le  pense  bien,  est  resté. 
Le  roman  d'Estelle  qu'il  donna  en  1788, 
ne  fut  pas  reçu  aussi  favorablement  que 
Galatée  ;  peut-être  parce  qu'à  cette  époque 
de  graves  intérêts  préoccupaient  déjà  l'at- 
tention publique.  A  l'imitation  de  Cer- 
vantes ,  Florian  écrivit  des  Nouvelles,  au 
nombre  de  six  ,  qui  furent  suivies  de 
Nouvelles  nouvelles;  c'est  une  suite  de 
récils  dans  le  genre  des  contes  de  Mar- 
montelqui  en  fit  Vélogc  ;  on  leur  reproche 
seulement  un  peu  de  monotonie.  Flo- 
rian écrivit  aussi  des  pièces  de  théâtre 
qui  furent  applaudies  ;  et  le  succès  de  ses 
productions  lui  permit  de  payer  des  dettes 
de  son  aïeul.  En  1788,  l'académie  française 
lui  ouvrit  ses  portes,  et  déjà  il  faisait 
partie  de  diverses  autres  académies  du 
royaume ,  ainsi  que  de  celles  de  Florence 
et  de  Madrid.  Il  donna ,  en  1791 ,  en  3  vol. 
in-16 ,  Gonzalve  de  Cordoue ,  ouvrage 
chevaleresque ,  qu'on  ne  lit  presque  plus, 
mais  qui  eut  pour  introduction  un  Précis 
historique  sur  les  Maures ,  un  des  meil- 
leurs morceaux  dans  son  genre.  Le  titre 
liltéraire  le  plus  important  de  Florian  se 
trouve  dans  ses  Fables,  qu'on  relira  tou- 
jours avec  plaisir,  et  qui  lui  assurent  le 
second  rang  parmi  les  fabulistes.  On  aime 
à  citer  l' Hermine,  les  Singes  et  le  Léopard, 
le  Milan  et  le  Pigeon ,  le  Voyage ,  qui 
forme  un  petit  tableau  achevé ,  et  une 
foule  d'autres  écrites  avec  autant  de  goût 
que  de  sensibilité.  Son  théâtre  se  com- 
pose de  petites  pièces  telles  que  le  Bon 
ménage ,  le  Bon  Père ,  les  deux  Billets, 
la  Bonne  Mère .  etc.  La  Harpe  dit  que  «  la 
»  délicatesse  et  la  finesse  ,  qui  n'excluen» 
»  pas  le  naturel,  distinguent  et  feront  tou- 
»  jours  aimer  les  petites  comédies  de  Flo- 
»  rian,  et  que  tout  l'esprit  qu'on  y  re- 
»  marque  n'est  qu'un  composé  fort  heu- 
B  reux  de  bon  cœur,  de  bon  sens  et  de 
«  bonne  humeur.  »  Florian  perdit  le  duc 
de  Penthièvre  en  1792  et  ce  malheur  l'af- 
fligea profondément.  Les  premières  an- 
nées de  la  révolution  ,  dont  il  voyait  avec 
douleur  les  excès  ,  s'étaient  déjà  écoulées 
lorsqu'il  se  rendit  à  Sceaux  où  les  habitans 
qui  le  chérissaient  le  nouimèrenl  com- 
mandant de  la  garde  nationale.  II  se  vit 
bientôt  emprisonné  comme  noble  ,  et  s'oc- 
rupa  pendant  sa  captivité  de  composer 
son  poème  de  Guillaume  Tell ,  dont  le 
i3 


FLO 

snjcl  ne  convenait  pas  à  son  genre  de  ta- 
lent. On  le  rendit  à  la  liberté  après  le  9 
thermidor;  mais  frappé  de  langueur,  il 
mourut  à  Sceaux  le  13  septenjbre  1794, 
dans  sa  quarantième  année.  Il  venait 
de  terminer  le  petit  poème  d'Eliezor  et 
JVephthali ,  qui  a  é(é  imprimé  neuf  ans 
plus  tard.  Fiorian  a  encore  laissé  une  tra- 
duction de  Don  Quichotte  qui  n'a  pas 
paru  non  plus  du  vivant  de  l'auteur.  On 
lui  a  fait  un  reproche  d'avoir  quelquefois 
donné  plus  d'agrément  et  de  noblesse  à 
l'original  aux  dépens  de  la  lîdélilé.  Plu- 
sieurs de  ses  ouvrages  ont  été  traduits  en 
des  langues  étrangères.  Parmi  les  éditions 
des  OEuvres  complètes  de  Fiorian ,  celle 
qui  a  été  donnée  par  Didot ,  1812 ,  16  vol. 
in-18 ,  est  une  des  plus  estimées. 

•  FLORID\-BLAi\CA  (François-An- 
toine MONINO,  comte  de  ),  premier  mi- 
nistre de  Charles  III,  roi  d'Espagne,  na- 
quit en  1730 ,  dans  la  province  de  Murcie, 
où  son  père  exerçait  l'état  de  notaire. 
Après  avoir  fait  d'excellentes  études  à  Sa- 
lamanque ,  il  embrassa  la  carrière  du  bar- 
reau Son  habileté  lui  mérita  bientôt  les 
places  les  plus  distinguées  de  la  magis- 
trature ,  et  enfin  celle  de  ministre  d'Es- 
pagne à  la  cour  de  Rome.  Diplomate  aussi 
distingué  que  bon  jurisconsulte,  il  fit 
preuve  dans  cette  place  de  talens  supé- 
rieurs auxquels  il  dut  son  élévation.  De- 
venu premier  ministre  après  la  disgrâce 
du  marquis  d'Esquilache,  il  établit  dans  la 
capitale  une  police  exacte ,  fit  respeCier' 
le  pavillon  espagnol  sur  toutes  les  mers  , 
maintint  la  paix  avec  la  France ,  vint  à 
bout  de  terminer  les  dissensions  politiques 
de  l'Espagne  et  du  Portugal  par  un  dou- 
ble mariage ,  et  rendit  en  quelque  sorte  à 
son  gouvernement  son  antique  splendeur. 
Ce  fut  alors  qu'il  reçut  de  son  souverain  le 
litre  de  Florida-Blanca.  Ami  des  scien- 
ces et  des  arts ,  il  institua  des  écoles  gra- 
tuites de  toutes  les  sciences,  en  même 
temps  qu'il  embellit  Madrid  par  les  plus 
belles  promenades  et  par  des  édifices  pu- 
blics. Il  fut  moins  heureux  dans  les  guer- 
res qu'il  fit  entreprendre  à  son  souverain. 
Gellè  d'Alger  en  1777  et  celle  de  Gibraltar 
eiï  1782  coûtèrent  à  l'Espagne  près  de 
80,000  hommes.  Renonçant  enfin  au  pro- 
jet de  punir  les  déprédations  des  corsaires 
algériens,  et  dé  chasser  les  Anglais  de  la 
Péninsule  ;,  U  tourna  toutes  ses  vues  vers 
le  commerce  et  l'industrie ,  et  parvint 
ainsi  à  réparer  les  maux  causés  par  la 
guerre.  Son  oppbâition  aux  principes  de 
la  révoluUoii  française  lui  ût  perdre  sa 


ihÇ, 


FLO 


place  après  la  mort  do  Charles  III;  an 
commencement  de  1792,  il  fut  remplacé 
par  le  comte  d'Aranda.  Un  chirurgien 
français  nommé  Perret  avait  tenté  de  l'as- 
sassiner auparavant ,  et  lui  fit  plusieurs 
blessures  qui  ne  se  trouvèrent  pas  mor- 
telles. Florida-Blanca  fut  d'abord  simple- 
ment relégué  dans  la  province  do  Mur- 
cie ;  mais  ses  ennemis  qui  étaient  non>- 
breux,  surtout  parmi  la  noblesse  qu'il 
avait  dépouillée  d'une  grande  partie  de 
ses  privilèges  pendant  son  élévation,  par- 
vinrent à  le  faire  enfermer  dans  le  châ- 
teau de  Pampelune ,  d'où  il  sortit  après 
plusieurs  mois  de  détention  ^  et  se  retira 
dans  ses  terres  situées  près  de  la  ville  de 
Loria.  Lors  de  l'invasion  des  Français  en 
Espagne  en  1808 ,  il  fut  appelé  par  le  vœu 
de  la  nation  à  présider  les  Cortès  ;  mais 
il  ne  jouit  pas  long-temps  de  cet  honneur  : 
il  mourut  la  même  année,  le  20  novem- 
bre, à  Séville,  âgé  de  78  ans.  Ses  mœurs 
furent  toujours  pures,  son  caractère  égal , 
son  cœur  humain.  Il  était  affable  envers 
les  malheureux ,  infatigable  dans  le  tra- 
vail, mais  trop  jaloux  de  son  autorité  ,  et 
les  grands  qu'il  chercha  souvent  à  humi- 
lier peuvent  lui  reprocher  quelques  in- 
justices. Il  faut  aussi  avouer  qu'il  s'atta- 
cha trop  à  enrichir  et  à  élever  ses  i;>arens. 
Un  seul  refusa  tous  ses  dons  ,  et  ce  fut 
son  père  qui ,  devenu  veuf,  s'était  consa- 
cré à  l'état  ecclésiastique.  Son  fils  essaya 
inutilement  de  lui  faire  accepter  un  évê- 
ché  et  de  riches  prébendes;  il  se  contenta 
de  vivre  des  revenus  d'un  modique  béné- 
fice. Florida  a  composé  plusieurs  traités 
sur  la  jurisprudence. 

FLORIDUS  (François),  dé  Donadeo 
dans  la  terre  de  Sabine ,  mort  en  1547 , 
est  auteur  d'un  ouvrage  intitiilé  Lectionei 
subcisivœ^  Francfort,  1602,  in-8**,  qiii  lui 
fit  un  nom. 

FLORIEIV ,  MarcuS'Jntoiiîus  -  Floria- 
nus^  frère  utérin  de  l'empereur  Tacite,  se 
fit  après  sa  mort  en  276 ,  proclairièr  par  l'ar- 
mée de  Cilicie ,  mais  celle  d'Orient  ayant 
forcé  Probus  d'accepter  l'erhpire,  il  se  pré- 
para à  marcher  contre  lui.  Probus  vint  à 
sa  rencontre  ,  et  réfusa  dé  composer  avec 
Florien  ,  qui  fut  tué  par  ses  soldats ,  deux 
mois  après  qu'il  eut  pris  la  pourpre.  Ce 
prince  avait  de  l'amBitioÈr,  mais  poihtde 
valeur. 

FLORIMÔNbdeRÉiiOND,  hé  à  Agén, 
fut  conseiller  au  parlement  de  Bordeaux 
en  1570  et  mourut  en  1602.  H  se  diitingua 
moins  comme  magistrat,  ^ue  comme  au- 
teur. U  avait  eu  d'abord  i'à  pèncbéoit 


FLO 


147 


FLO 


pour  les  erreurs  de  Calvin  ;  mais  il  les  ré- 
futa ensuite  avec  sèlc.  Ix's  novateurs,  qui 
De  l'aimaient  iK)int ,  disaient  que  c'était 

•  un  homme  qui  rend  des  arn^ls  sans  con- 
f  science  .  (ait  des  livres  sans  scienre,  et 

•  l>àtit  sans  ar^jent  :  >  turlupinade  qui  ne 
prouve  autre  chose  que  la  faiblesse  et  le 
iitauvais  (T<>Ht  de  ceux  qui  se  battaient 
•vec  de  t.  s  On  a  de  lui  :  |  plu- 
»ieurs(r<.  lesquels  on  distingue 

celui  d€  l ■■■■■■-■(  ■  ouvrage  d'un  but 

plus  étendu  que  le  titre  ne  semble  l'annon- 
rer,  et  qui  traite  de  divers  objels  qui  com- 
battent la  sainteté  du  christianisme.  Il  y 
a  des  faits  curieux  et  instructifs.  |  De  l'o- 
rigine  des  hérésies ,  S  vol.  in-i"  :  livre 
qui  manque  quelquefois  de  critique,  mais 

'  «  qui,  dit  l'abbé  Langlct,  n'est  pas  à  mé- 
I  •  priser ,  et  où  il  y  a  bien  des  recher- 
\  a  dies.  >  Le  même  Langlet ,  l'attribue  au 
p.  Richeome. 

FLORIN,  prêtre  de  l'église  romaine  au 
1*  aiècle,  fut  dépose  du  sacerdoce  pour 
•voir  enseigné  des  erreurs,  entre  autres 
que  Dieu  est  l'auteur  du  mal.  Quelques 
écrivains  l'accusent  encore  d'avoir  sou- 
tenu que  les  choses  défendues  par  la  loi  de 
Dieu  ne  sont  point  mauvaises  en  cUes- 
méme  ;  mais  seulement  à  cause  de  la  dé- 
fense :  ce  qui  ne  peut  être  vrai  qu'à  l'é- 
gard de  quelques  défenses  particulières  et 
ëes  lois  purement  positives.  Il  avait  été 
disciple  de  saint  Polycarpe  avec  saint  Iré- 
née  ,  maL«  il  ne  fut  pas  fidèle  à  garder  la 
doctrine  de  son  maître.  Saint  Irénée  lui 
écrivit  pour  le  faire  revenir  de  ses  er- 
reurs ;  Eusèbe  nous  a  conservé  un  frag- 
ment de  cette  lettre  dans  son  Hist.  eccl.  ^ 
liv.  5,cluip.  20.  Saint  Irénée  composa 
enfin  contre  lui  ses  livres  :  De  la  monar- 
chie et  de  l'oydoade,  que  nous  n'avons 
plus. 

*  FLORIO  (  Daxiel  ,  comte  de  ) ,  poète 
italien,  né  à  Udineen  1710  ,  d'une  famille 
ancienne  et  distinguée ,  s'appliqua  à  l'é- 
lude des  lettres  avec  tant  do  succès,  que 
•oo  nom  fut  bientôt  répandu  dans  toute 
l'Italie.  Ses  parens  l'avaient  envoyé  à  18 
ans  à  l'université  de  Padouc.  Sesprenjiers 
essais  dans  la  poésie  lyrique  lui  valurent 
plus  d'une  fois  les  éloges  du  célèbre  Mé- 
tastase :  ce  sont  des  cantates.  Mais  il  réus- 
sissait particulièrement  dans  la  composi- 
tions de  ses  petites  pièces  de  circonstance. 
Il  avait  recueilli  lui-même  ses  différentes 
>duclions  sous  ce  titre  :  I\>esie  varie , 
iine.  t777.  8  vol.  in-/t°,  ornés  de  vignct- 
I'  -  "Il  V  ir.xucdes  images  agréables  et 
-    jui  •-.  >    délicates,  exprimées  avec 


autant  de  naturel  que  de  facilité.  Il  avait 
commencé  un  poème  intitulé  la  Jérusa- 
lem détruite ,  qui  ne  parait  pas  avoir  clé 
achevé.  Le  comte  de  Florin  est  mort  en 
1789. 

FLORIOT  (Pierre)  ,  prêtre  du  diocèse 
de  Lanfjres  ,  confesseur  des  religieuses  de 
Port-Royal,  mort  en  1691 ,  à  87  ans,  s'est 
fait  un  nom  par  la  Morale  du  Pater .  gros 
in-4°,  1709,  dans  lequel  il  paraphrase  cette 
belle  prière  d'une  manière  qui  lui  a  causé 
du  désagrément.  On  a  encore  de  lui  de« 
Homélies,  in-i" ,  et  un  Traité  de  la  messe 
de  paroisse,  in-S",  qu'on  peut  regarder 
comme  un  bon  ouvrage  de  morale ,  et  un 
médiocre  traité  de  liturgie. 

•FLORIS,  prêtre  connu  seulement  par 
son  ouvrage  intitulé  :  Les  droits  de  la 
vraie  religion .  soutenus  contre  les  maxi- 
mes, de  la  nouvelle  philosophie ,  1774,  2 
vol.  in-12 ,  qui  lui  mérite  une  place  dis- 
tinguée parmi  les  défenseurs  de  la  religion- 

FLORIS  (François).  F'oyez  FLORE, 
peintre. 

FLORUS  (L.  Ai«N/Eiis-JcLii,'s  ) ,  histo» 
rien  latin,  de  la  famille  des  Annéens,  qui 
avait  produit  Sénèque  et  Lucain ,  com- 
posa ,  environ  200  ans  après  Auguste ,  un 
abrégé  de  l'Histoire  romaine,  en  4  livres, 
dont  il  y  a  plusieurs  éditions.  Les  meil- 
leures sont  celles  d'EIxévir,  1638,  in-i2; 
de  Graevius,  Amsterdam,  1702,  in-8°  : 
c'est  dommage  que  dans  cette  édition  les 
médailles  y  soient  gi-avécs  à  contre-sens  , 
ce  qui  gâte  souvent  l'explication  qu'on 
en  a  mise  au  bas;  de  M™'  Dacier,  ad 
usum  delphini,  1674  ou  1726,  in-4'' ;  de 
Duker,  1744.  in-8".  Il  y  a  plusieurs  tra- 
ductions françaises  de  Florus ,  la  meil- 
leure est  celle  de  l'abbé  Paul,  Paris,  1774, 
in-12.  On  trouve  dans  cet  ouvrage  de  l'é- 
légance et  de  la  noblesse  ;  mais  elles  dé- 
génèrent en  enflure.  Dans  un  abrégé  qui 
doit  être  extrêmement  simple,  Florus 
prend  le  ton  de  déclamateur,  «  comme 
»  s'il  voulait,  dit  M.  Crevier,  compenser 
»  par  le  faste  des  manières  et  du  dehors , 
«l'appauvrissement  d'un  sujet  réduit  en 
»  squelette.  C'est  lui  qui  paraît  le  premier 
»  avoir  donné  cours  aux  abrégés,  si  commo- 
»  des  pour  la  paresse ,  et  si  propres  à  faire 
»  des  demi-savans.  »  L'on  ne  peut  cepen- 
dant disconvenir  qu'il  n'y  ai  l  de  belles  sen- 
tences, des  expressions  pleines  de  dignité 
et  d'énergie.  Floius  était  poète.  Spartien 
rapporte  que  l'emiMîreur  Adrien  entra  en 
lice  avec  lui,  et  qu  ils  firent  des  vers  l'un 
contre  l'autre.  L'empereur  reprochait  au 
poète  d'aimer  le  cabaret;  et  le  poète  n'eut 


FLU 

garde  de  liposter  tout  ce  qu'il  savait  sur 
le  compte  de  son  rival. 

FLORUS  (Drepaivius),  fameux  diacre 
de  l'église  de  Lyon,  au  9*^  siècle,  dont  on  a 
un  éct-it  sur  la  prédestination.  Il  laissa 
d'autres  ouvrages,  parmi  lesquels  on  re- 
marque une  explication  du  canon  de  la 
messe,  où  il  donne  trop  dans  le  sens 
mystique  ,  et  ne  s'attache  pas  assez  au 
sens  littéral;  et  un  Commentaire  sur 
saint  Paul.  On  trouve  ses  différons  ou- 
vrages dans  quelques  éditions  du  véné- 
rable Bède  ,  et  dans  la  Bibliothèque  des 
Pères. 

FLOUR  (saint),  premier  évèque  de 
Lodève,  martyrisé  en  Auvergne  l'an  589, 
donna  son  nom  à  la  ville  de  Saint-Flour. 

*  FLOYD  (Jonx),  jésuite  anglais,  né 
dans  le  comté  de  Cambridge  au  16'  siècle, 
se  fit  une  grande  réputation  par  ses  ou- 
vrages de  controverse,  presque  tous  diri- 
gés contre  les  protestans  ;  les  plus  remar- 
quables sont  ;  I  Censura  decem  libr.  de 
republica  ecclesiœ  M.-A.  de  Dominis  , 
Rouen,  1621 ,  in-8°  ;  |  Answerto  Francis 
White's  reply  concerning  nine  articles 
offered  by  King  James  I  to  F.  John  Fi- 
shèr^  ibid.  1626  ;  |  tlte  Church  conquérant 
over  Human  Tf^it  ^  Saint  -  Orner ,  1651 , 
in-4°. 

•  FLOYER  (sir  John),  célèbre  médecin 
anglais ,  né  vers  l'an  1649 ,  mort  en  1734  , 
à  Lichtfield  où  il  exerçait  son  art  avec  la 
plus  grande  distinction,  était  grand  parti- 
san des  bains  froids ,  et  les  ordonnait  par- 
ticulièrement dans  les  rhumatismes  chro- 
niques et  autres  maladies  nerveuses.  Ses 
principaux  ouvrages  sont  :  j  La  pierre  de 
touche  de  la  médecine ^  Londres,  1687, 
in-8°  ;  |  Recherche  sur  l'usage  raisonna- 
ble des  bains  ^  Londres ,  1697 ,  in-8°,  qu'il 
a  reproduit  en  grande  partie  dans  son  Es- 

'  sai  pour  rétablir  le  baptême  des  enfans 
par  immersion,  1724,  in-4°.  Cet  ouvrage, 
qui  a  été  traduit  en  allemand  ,  fixa  par- 
ticulièrement l'attention  des  anabaptistes. 
I  Traité  sur  V asthme ,  Londres ,  1698  et 
1717,  in-8°.  Il  a  été  traduit  en  français 
par  Jault,  1761  et  1783,  in-12 ,  et  en  alle- 
mand par  Scherf,  Leipsick,  1782,  in-8°. 
i  L'hoî'loge  du  pouls  des  m.édecins  ^  Lon- 
dres .  1707  et  1710 ,  2  vol.  in-8" ,  traduit 
en  italien ,  Venise,  1715,  in-4'';  |  Medicina 
geronto  nomica,  ou  l'AH  de  conserver  la 
santé  des  vieillards  ,  avec  un  supplément 
à  l'usage  de  l'huile  et  des  onctions^  et  une 
lettre  sur  le  régime  à  suivre  dans  la 
jeunesse  ^  Londres ,  1724. 

FLUDD  ou  de  Fluctibus   (  Robert  ) , 


FOE 

écossais,  naquit  à   Milgate 
reçut 


148 

dominicain 

dans  la  province  de  Kent ,  en  1574 , 
le  bonnet  de  docteur  en  médecine  à  Ox- 
ford, et  exerça  cette  profession  à  Londres, 
où  il  mourut  le  8  septembre  1657.  Il  fut 
surnommé  le  Chercheur ,  parce  qu'il  fit 
beaucoup  de  recherches  dans  les  mathé- 
matiques et  dans  la  philosophie.  Il  a  laissé 
des  ouvrages  de  médecine ,  de  philoso- 
phie ,  d'alchimie ,  dont  la  collection  fut 
imprimée  à  Oppenheim  et  à  Goude  en 
1617  et  années  suivantes,  5  vol.  in-fol.  Les 
principaux  sont  :  |  Apologie  des  frères  de 
la  Rose-Croix,  Leyde  ,  1616  ,  in-8",  latin; 
I  Tractatus  theologico-philosophicus  de 
vila,  morte  et  resurreclione .  1617 ,  in-8°  ; 
I  Utriusque  Cosmi  metaphysica  physica 
et  technica  historica;  \  Veritatis  pro- 
scenium; I  Sophiœ  cum  moria  certamen; 
I  Summum  bonorum,  quod  est  verum  ma- 
giœ^cabalœ,  alchtjmiœ ,  fratrum  Roseœ 
Crucis  verorum  verœ  subjectum;  \  Philo- 
sophia  mosaica;  \  Amphitheatrum  anato- 
mice.  Philo  sa  phia  sacra, etc.  Il  n'est  guère 
possible  de  reconnaître  dans  tous  ces  ou- 
vrages une  tête  constamment  saine  ;  il 
y  a  des  choses  profondément  méditées  ,  il 
y  en  a  de  chimériques  et  de  ridicules.  Son 
langage  entortillé  et  mystérieux  l'a  fait 
accuser  de  magie  par  ceux  qui  lui  suppo- 
saient plus  de  malice  qu'il  n'en  avait  en 
effet. 

FLURATVÇE.  Voyez  RIVAUX. 
*  FODÉRÉ  (  Jacques  ) ,  religieux  cor- 
delier ,  né  au  16^  siècle  à  Bessan  dans  la 
haute  Moricnne  ,  enseigna  la  théologie 
pendant  plusieurs  années  dans  différens 
collèges  de  son  ordre  ,  et  se  livra  au  mi- 
nistère de  la  prédication.  On  ignore  l'é- 
poque précise  de  sa  mort  ;  seulement 
on  sait  qu'elle  est  postérieure  à  1623.  Son 
ouvrage  le  plus  remarquable  est  intitulé  : 
Narration  historique  et  topographique 
des  coiivens  de  f  ordre  de  Saint-François 
et  des  monastères  de  Sainte-Claire, érigés 
en  la  province  de  Bourgogne  ^  etc.,  Lyon, 
1619,in-4°. 

FOÉ  (Daxiel),  poète  anglais,  naquit  à 
Londres  en  1663  d'un  simple  artisan  II  fut 
dabord  destiné  par  ses  parens  à  une  pro- 
fession mécanique ,  qu'il  abandonna  bien- 
tôt pour  se  livrer  à  son  penchant  pour  la 
poésie.  Il  épousa  avec  vivacité  les  intérêts 
du  roi  Guillaume ,  prince  d'Orange ,  et 
essuya  divers  chagrins  qu'il  s'attira  par 
sa  plume  satirique  :  il  fut  même  condamné 
à  2  ans  de  prison,  au  pilori  et  à  une  forte 
amende ,  et  écrivit  un  hymne  au  pilori. 
C'est  pendant  sa  captivité  qu'il  commença 


FOE 


149 


voo 


la  Revue  [  170!i  ) .  qtii  donna  nai^sanre  au 
SpecUltur  ^VK^\d^*on.  Employé  ensuite 
par  la  raine  Anne  à  plusieurs  missions 
aoorJ4*s.  il  voulut  aimposer  de  nouvelles 
lircn"  (jui  lui  atlircrent  de 

nou  lis.  Il  résolut  de  ne 

acln    .      .  i.ilure.  Il  tint  parole, 

•ut  plus  de  repos  et  acquit  une  réputation 
durable:  il  nM)urut  en  1731.  On  a  de  lui  : 
I  Les  JvaUures  de  Robinson  Crusoé .  en 
anglab,  1719,  livre  qui  a  été  faussement 
altrikué  à  Bichard  Stecle,  l'un  des  écri- 
vains du  Spectateur  :  il  a  été  traduit  dès 
èJÎO  par  Saint-Hyacinthe  et  par  Van-Effen. 
Ge  roman  est  éorit  d'une  manière  si  natu- 
relle, que  long-temps  il  a  passé  pour  une 
relation  exacte  d'un  voyageur  véridique 
{voyez  VAN  EFFEN  ).  M.  Feutry,  avocat 
au  parlement  de  Douai,  adonné  une  édition 
de  cet  ouvrage  en  1766,  2  vol.  in-12  ;  il  l'a 
abrégé  sans  en  altérer  le  caractère.  Il  avait 
--nmis  d'en  retrancher  quelques  déclama- 
us  indécentes  que  l'auteur  anglican  s'é- 
t  permises  contre  la  religion  catholique 
>cs  ministres,  mais  il  n'a  que  faiblement 
;ipli  »a  promesse.  L'édition  de  Liège, 
>j  ,  k  vol.  in-12  ,  est  plus  exacte,  quant 
c  point ,  et  remplit  mieux  les  intentions 
5  lecteurs  catholiques.  Cette  édition  est 
aacore  remarquable  par    l'Histoire    cu- 
rieuse et  intéressante    d'Alexandre   Sel- 
kik,  qu'on   voit  à   la  fin  du   quatrième 
tome.   I  Le  vrai  anglais   de  naissance. 
poème  fait  à  l'occasion  de  la  révolution 
qui  plaça  Guillaume  sur  le  trône  de  son 
beau-père  ,  en  réponse  à  l'ouvrage  inti- 
tulé :  Les  étrangers;  \  La  réforme  des 
mœurs,  ou  il  attaque  ouvertement  les  per- 
•oones  du  plus  haut  rang  qui  employaient 
leur  autorité   à  soutenir  l'impiété  et    la 
dissolution  ;  |  £ssai  sur  le  pouvoir  du  corps 
collectif  du  peuple  anglais.  Cet  ouvrage 
est  en  faveur  de  la  chambre  des  commu- 
ne». 1  Le  court  moyen  contre  les  non-con- 
formistes ^  qui   lui  attira  une   punition 
publique  plus  ignominieuse  que  cruelle  ; 
I  De  jure  divino.  poème  lalin  ;  |  un  Plan 
de  commerce  ;  \  Le  commerçant  anglais  ; 
I  L'instructeur  de  famille,  2  vol.    1  Plu- 
^iXTt -écrits   poliiiqucs   qui  n'ont  guère 
survécu  aux  événcmens  qui  les  avaient 
fait  naître  ;  et  quelques  autres  où  il  déve- 
loppe des  idées  qui,  pour  être  aujour- 
d'hui accueillies  ,  n'en  sont  pas  plu-s  soli- 
des ni  plus  conformes  aux  saines  notions. 
FOEDOR  ou  FÉDOR ,  fils  aine  du  czar 
Alexis ,  inonu  sur  le  trône  de  Russie  en 
1676.  Il  avait  été  élevé  pour  la  guerre  et 
pour  le  cabinet.  Dès  qu'il  eut  soumis  W 


kraine  révoltée ,  et  qu'il  eut  fait  la  paix 
avec  les  Turcj,  il  s'occupa  du  soin  de 
policer  ses  états.  Il  encouragea  plusieurs 
citoyens  de  Moscou  à  bâtir  des  maisons 
de  pierres  à  la  place  des  chaumières  qu'il» 
habitaient.  Il  agrandit  cette  capitale.  H 
lit  des  réglemensdc  police  générale  ;  mais 
en  voulant  réformer  les  boyards,  il  les 
indisposa  contre  lui.  Il  méditait  de  plus 
grands  changcmens,  lorsqu'il  mourut 
sans  enfans  en  1682  ,  à  la  fleur  de  son  âge. 
Son  second  frère ,  Pierre ,  qui  n'était  âgé 
que  de  dix  ans ,  et  qui  faisait  déjà  conce- 
voir de  grandes  espérances,  régna  après 
lui,  d  acheva  ce  que  Fœdor  avait  com- 
mencé. 

FOES  ou  FOESIUS  (  A^ruxius  ) ,  méde- 
cin de  Meti ,  mort  en  159'i ,  à  68  ans ,  était 
très  versé  dans  la  langue  grecque.  Son 
amour  pour  l'élude  l'cmpécha  de  s'atta- 
cher à  des  princes  qui  auraient  pu  faire 
sa  fortune.  Il  est  auteur  d'une  traduction 
très  fidèle  des  OEuvres  d' Ilippocrate  en 
lalin,  accompagnées  de  corrections  dans 
le  texte,  et  ornées  de  scholies,  Genève, 
1657 ,  2  vol.  in-fol.  On  a  encore  de  lui  une 
espèce  de  Dictionnaire  sur  Hippocrate , 
à  Francfort,  1588,  in-fol. 

•  FOt;GI.M  (  Pierre-François)  ,  prélat 
romain,  préfet  delà  bibliothèque  du  Va- 
tican, né  à  Florence  en  1713,  fut  reçu 
docteur  en  théologie  à  Pise.  Son  père , 
célèbre  architecte ,  lui  donna  le  goût  des 
arts  :  mais  le  jeune  Foggini  avait  préféré 
de  bonne  heure  l'état  ecclésiastique.  Le 
prélat  Bottari ,  son  concitoyen ,  l'ayant 
invité  à  venir  se  fixer  à  Rome ,  il  s'y  ren- 
dit, et  Benoit  XIV  lui  donna  une  place 
dans  l'académie  d'histoire  pontificale  qu'il 
avait  établie.  Le  cardinal  Chéri  -  Marie 
Corsini  le  nomma  ensuite  à  un  bénéfice 
dans  l'église  de  St.-Jean-de-Latran  .  et  le 
fit  son  théologien.  Sous  Clément  XIV,  il 
fut  employé  daris  les  affaires  qui  concer- 
naient les  jésuites ,  et  il  parait  qu'il  ne 
leur  fut  pas  favoralile.  Pie  VI  le  fit  de- 
puis son  camérier  secret  à  la  mort  d'E- 
tienne Evode  Assemani  ,  archevêque 
d'Apamée,  et  préfet  de  la  bibliothèque 
valicanc.  Il  mourut  d'apoplexie  le  2  juin 
1783.  Il  a  laissé  un  grand  nombre  d'ou- 
vrages, les  principaux  sont  :  |  des  Thèses 
historiques  et  polémiques  contre  les  qua- 
tre articles  du  clergé  de  France  de  168Î. 
On  dit  qu'il  changea  depuis  de  scntitnenl 
sur  ce  point.  |  P.  Firgilii  Maronis  codex 
antiquissimus  à  Bufio  Turcio  Âproniaiio 
distinctus  et  emendatus.  Florence  ,  1741 . 
in-4*.  Cette  édition  est  exécutée  en  lettre» 
13. 


Foîï  m 

onciales  à  l'instar  du  manuscrit.  ]  Jlccord 
admirable  des  Pèi'es  de  l'Eglise^  sur  le 
petit  nombre  des  adultes  qui  doivent  être 
sauvés,  en  latin ,  1732.  Le  Queux  en  donna 
une  traduction  française  en  1760.  |  Une 
vollection  d'écrits  des  Pères  sur  les  ma- 
lières  de  la  grâce ,  1754-71 ,  8  vol. 

FOGLIETTA  (  Uberto),  savant  génois , 
lé  en  1318,  eut  part  aux  troubles  qui 
'élevèrent  à  Gènes ,  et  fut  envoyé  en 
•xil.  Pour  se  consoler  des  tribulations 
ju'il  avait  essuyées  dans  le  monde ,  il  ne 
.'oulut  avoir  de  commerce  qu'avec  les 
/dires.  Le  cardinal  d'Est  le  reçut  dans  sa 
maison  à  Rome.  Il  y  mourut  en  1581 , 
âgé  de  05  ans.  Parmi  les  ouvrages  sortis 
de  sa  plume,  on  distingue  :  |  son  traité 
De  ratione  scribendœ  historiée  ^  aussi  ju- 
dicieux que  bien  écrit  ;  |  Historia  Genuen- 
siu7n^  1385,  in- fol.,  fidèle,  élégante  et 
peu  commune.  François  Serdonati  en  a 
fait  une  traduction  en  italien  :  elle  est 
estimée.  ]  Tumullus  Neapolitani ,  1571  , 
in-Zj."  ;  I  Elogia  clarorum  Ligurum,  in-4°  ; 
De  sacro  fœdcre  in  Selimum  ^  in  -  i"  ; 
De  linguœ  usu  et  prœsiantiâ ,  1723,  in- 
"  ;  I  De  causis  magnitudinis  Turcaruni 
'mperii ,  in-8";  \  De  similitudine  normce 
Pobjbianœ ,  dans  ses  opuscules  ,  Rome , 
1579,  in-i°  ;  |  Délia  republica  di  Genova^ 
ln-8'';  ouvrage  intéressant  pour  ceux  qui 
veulent  connaître  celte  république,  du 
moins  telle  qu'elle  était  dans  le  16"^  siècle. 

FOUI,  premier  roi  de  la  Chine,  régla, 
dit-on ,  les  mœurs  des  tiiinois ,  alors  bar- 
bares .  et  leur  donna  des  lois.  On  prétend 
qu'il  lit  plus,  qu'il  dressa  des  tables  astro- 
nomiques :  mais  vu  l'ignorance  des  Chi- 
nois modernes  en  fait  d'astronomie ,  il 
est  peu  vraisemblable  que  leurs  fonda- 
teurs aient  été  fort  versés  dans  cette 
science.  De  mauvais  chrorxologistes  ont 
dit  que  Fohi  régnait  du  temps  des  patriar- 
ches Héber  et  Phaleg  ;  mais  il  n'y  a  nulle 
apparence  que  les  Chinois  aient  quelques 
lenseignemens  antérieurs  au  déluge.  Si  le 
dieu  chinois ,  Fohé ,  est  le  même  que 
Moé  ,  il  est  évident  (jue  Fohi  est  très  pos- 
térieur à  Fohé ,  puisque  la  mythologie 
a  dû  naturellement  précéder  l'histoire  de 
la  Chine.  Quoi  qu'il  en  soit ,  ce  que  l'on 
raconte  de  Fohi  doit  nécessairement  se 
ressentir  du  ton  fabuleux  qui  règne  dans 
l'histoire  chinoise  ,  surtout  dans  celle  des 
premiers  temps.  Il  ne  sera  pas  inutile 
d'en  donner  ici  un  échantillon ,  qui  pourra 
servir  de  règle  aux  lecteurs.  Nous  le  ti- 
nms  d'une  lettre  du  Père  Amiot ,  insérée 
dans  le  11*  tome  des  Mémoires   de  la 


0  FOI 

Chine.  Le  Père  Amiot ,  pour  prouver  que 
les  aérostats  ont  été  connus  à  la  Chine  , 
rapporte  trois  passages  tirés  des  plus  fa- 
meux historiens  de  l'empire.  Il  est  di) 
dans  l'un  que  Chennoung  voulant  me- 
surer la  terre,  ne  sachant  comment  s'y 
prendre  ,  fut  aidé  dans  son  opération  par 
un  «  homme -esprit ,  dont  la  couleur  était 
»  d'un  vert  tirant  sur  le  bleu  ;  ses  sour- 
»  cils  étaient  épais  ;  il  portait  sur  sa  tête 
n  une  pierre  de  yu,  et  était  porté  lui- 
»  même  par  six  dragons  volans.  Cet 
»  homme-esprit  mesura  la  terre,  déter- 
»  mina  sa  figure  entre  les  quatre  mers, 
»  et  trouva  que  son  étendue  d'orient  en 
»  occident  était  de  90  ouan  de  lys ,  et  de 
»  Si  ouan  du  nord  au  sud  (i).  i>  Le  second 
passag(!  porte  que  l'empereur  Hoangty 
sentant  sa  fin  approcher  quitta  la  terre 
et  s'envola  au  cieL  monté  sur  un  dragon. 
On  lit  dans  un  troisième  passage  que 
0  plus  anciennement  encore,  sous  l'empire 
»  des  cinq  Lound {  des  cinq  dragons)  qui 
»  régnaient  sur  le  second  des  dix  peuples 
»  perdus  ,  avant  la  fondation  de  l'empire 
B  Chinois  par  Fohi ,  les  hommes  logeaient 
»  dans  des  antres  et  des  cavernes  ,  comme 
»  les  quadrupèdes ,  ou  se  perchaient  sur 
»  les  arbres  comme  les  oiseaux  ;  tandis 
»  que  leurs  souverains  montés  sur  des 
»  dragons,  planaient  dans  les  airs  comme 
»  des  nuages,  et  gouvernaient  ainsi  leurs 
»  sujets  de  haut  en  bas.  »  Tout  cela  est  dit 
au  reste  fort  sérieusement  par  le  Père 
Amiot,  qui  soupçonne  que  ces  dragons 
étaient  remplis  de  gaz.  Voy.  COMTE  (le), 
CONFUCIUS,  HALDE  (du),  YAO. 

FOIGNI  ou  COGNY  (  Gauriel  ) ,  cor- 
delier  défroqué ,  se  retira  en  Suisse  vers 
1667 ,  et  fut  chantre  de  l'église  de  Morges. 
En  ayant  été  chassé  pour  quelques  indé- 
cences qu'il  y  commit  à  la  suite  d'une  dé- 
bauche, il  alla  se  marier  à  Genève,  où 
il  enseigna  la  grammaire  et  le  français. 
Il  y  fit  paraître  ,  en  167G ,  \ Australie  ^  ou 
les  Aventures  de  Jacques  Sadeur^  in-12  , 
qui  faillirent  l'en  faire  chasser,  parce 
qu'on  y  trouve  des  impiétés  et  des  obscé- 
nités révoltantes.  On  l'y  toléra  cependant; 
mais  au  bout  de  quelque  temps ,  il  fut 
obligé  d'en  sortir,  laissant  à  sa  servante 
des  marques  scandaleuses  de  leur  com- 
merce. Il  se  relira  en  Savoie ,  et  mourut 
dans  un  couvent  en  1692. 


(i)  Ouan  est  le  nombre  qui  dt:sii;nc  dix  mille;  le 
lys  est  UD  dixième  de  lieue,  (^u'on  c.ilcule  maiateuant, 
et  qu'on  en  applique  le  résultat  à  ces  quatre  mtrs  et  la 
Irrre  qui  est  rnire  ellet ,  et  l'on  aura  une  ide't  Je  I* 
K'ngrsphif  thirouc. 


FOI 


m 


FOI 


POILLAN  (sainl).  lils  de  Fyltan,  roi 
ie  Momonic  en  Irinndc,  rpnon<,-ft  «'» 
monde ,  ainsi  que  ses  doux  frères  Kursy 
et  l'Hau,  et  embrassa  lelal  monastique. 
Pursy,  qui  en  avait  dtmné  l'exemple  et 
le  conseil .  passa  en  Anf{lelcrre,  et  bùtit 
le  monastère  de  Knobbersburp,  dans  le 
rayaume  de»  Est-Angles,  dont  il  donna  la 
conduite  k  Foillan  ,  qu'il  avait  fait  venir 
d'Irlande.  Après  la  mort  de  Fursy ,  arri- 
vée à  Përonne  (  selon  d'autres  à  Ma- 
terœllcs,  près  de  Dourlens  )  le  16  janvier 
650,  Ultan  et  Foillan  passèrent  en  France. 
On  lit  dans  quelques  auteurs  que  Foillan 
fit  un  voyage  à  Rome ,  et  qu'il  y  fut  sacré 
évéque  régionnaire.  Quoi  qu'il  en  soit 
de  cette  ordination ,  il  est  au  moins  cer- 
tain qu'il  ne  tarda  pas  à  rejoindre  Ultan 
son  frère.  Ils  se  rendirent  l'un  et  l'autre 
à  Nivelle  dons  le  Brabant ,  où  sainte  Ger- 
trude  était  abbesse.  Le  rr^onastére  qu'elle 
gouvernait ,  avait  été  fondé  par  le  B.  Pé- 
pin de  Landcn ,  son  père ,  et  par  la  B. 
Ile ,  sa  mère.  Il  y  avait  aussi  dans  le  voisi- 
nage un  monastère  pour  des  hommes.  Les 
deux  frères  y  restèrent  quelque  temps. 
Kn  652  ,  sainte  Gertrude  donna  à  Ultan  un 
terrain  pour  bâtir  un  hôpital  et  un  mo- 
nastère, entre  la  Meuse  et  la  Sambre, 
alors  dans  le  diocèse  de  Maëstricht,  et  au- 
jourd'hui dans  celui  de  Liège.  C'était  l'ab- 
baye de  Fosse,  aujourd'hui  église  collé- 
giale. Sainte  Gertrude  retint  Foillan  à 
Nivelle,  pour  instruire  les  religieuses. 
Le  saint  homme  se  chargea  aussi  de  l'in- 
struction du  peuple  dans  les  villages  voi- 
sins. S'étant  mis  en  route  avec  trois  com- 
pagnons en  655,  pour  aller  voir  son  frère  à 
Fosse  ,  il  fut  massacré  par  des  voleurs  ou 
des  infidèles  ,  dans  la  forot  do  Sogne  ,  qui 
faisait  partie  de  la  forêt  Gliarbonnièrc  en 
llainaut.  Ses  reliquessegardentavec  beau- 
coup de  vénération  dans  l'église  de  Fosse. 
FOI\ARD(  Frédéric-Maurice  ),  curé 
de  Calais,  mort  à  Paris  en  1743,  âgé  de 
60  ans,  était  de  Cx)nchcs  en  Normandie. 
On  a  de  lui  quelques  ouvrages  dont  les 
plus  connus  sont  :  |  Projet  pour  un  nou- 
veau Bréviaire  ecclésiastique .  avec  la 
rrilique<le  tous  les  nouveaux  Bréviaires 
qui  ont  paru  jusqu'à  présent ,  in-12  ,  1720. 
I  Breviarium  ecclesiasticum .  exécuté  sui- 
vant le  projet  précédent ,  9  vol.  in-12.  Les 
auteurs  des  nouveaux  Bréviaires  ont  pro- 
filé de  celui-ci.  |  Les  psaumes  dans  l'or- 
dre historique  .'\n-n,  17/»2  ;  |  deux  vol. 
in-12  aur  la  Genèse.  Des  idées  singulières 
que  l'auteur  hasarda  sur  le  sens  spirituel 
les  firent  supprimer. 


•  FOISSET  (JB\rH-Loui»-SÉvKiiiii) ,  né  & 
Bllgny-sou»-BeauMc(Cotc-d'Or  ),  le  {{  lé- 
vrier  1796,  mort  dans  la  même  ville,  le 
22  octobre  1822  ,  composa  dès  l'âge  do 
treize  ans  les  premiers  chants  d'un  poème 
imité  du  Lutrin  de  Boilcau,  et  h  qua- 
torze ,  avait  terminé  son  cours  d'études 
tel  qu'il  est  établi  dans  les  collèges.  Il  alla 
en  1815,  faire  son  droit  à  Dijon,  d'où  il 
se  rendit  en  1817  ,  à  Paris,  pour  le  termi- 
ner. Il  avait  esquissé  le  premier  acte  d'une 
tragédie  de  Marie  Stuart  qu'il  abandonna 
ensuite  en  voyant  le  succès  de  celle  de 
M.  Lebrun.  En  1818,  il  se  nat  sur  les  rangs 
pour  trois  couronnes  littéraires  ,  et  il  ob- 
tint le  prix  proposé  par  la  société  philoso- 
phique de  Bordeaux  pour  l'Eloge  du  ma- 
réchal d'Omano ,  ancien  gouverneur  do 
la  Guyenne.  Il  avait  aussi  dédié  à  la  même 
académie  Mn  Eloge  d'Ausone ,  qui  n'ob- 
tint point  la  médaille,  parce  que  l'auteur 
se  trouva  sans  concurrens.  Son  Eloge  du 
président  Jeannin  n'étant  point  parvenu 
en  entier  à  l'académie  de  Màcon  par  suite 
d'une  distraction,  cette  société  témoigna 
le  regret  qu'elle  éprouvait  de  ne  pouvoir 
couronner  l'auteur.  Il  devint  un  des  ré- 
dacteurs de  la  Biographie  universelle, 
à  laquelle  il  fournit  des  articles  de  juris- 
consultes ,  et  ceux  des  hommes  illustres 
de  la  Bourgogne.  Ces  articles  se  distin- 
guent par  la  concision  ,  la  clarté  et  l'élé- 
gance du  style  ,  et  ils  témoignent  del'an- 
tipathie  de  Foisset  à  l'égard  de  la  révolu- 
tion. 

FOIX  (  Raimo^id-Roger  ,  comte  de  ), 
accompagna  le  roi  Philippe-Auguste  à  la 
guerre  de  la  Terre-Sainte  en  1190.  Il  prit 
depuis  le  parti  des  albigeois  avec  feu  ; 
mais  son  ardeur  ne  le  mena  qu'à  des  hu- 
miliations. Il  fut  obligé  de  demander  la 
paix ,  et  de  reconnaître  pour  comte  de 
Toulouse  Simon  de  Monfort.  Puylaureiis 
rapporte  qu'en  une  conférence  tenue  au 
château  de  Foix  entre  les  catholiques  et 
les  albigeois,  la  sœur  du  comte,  non 
moins  ardente  que  son  frère,  voulut  par- 
ler en  faveur  des  derniers  :  «  Allez ,  Ma- 
il dame  ,  lui  dit  Etienne  de  Minea,  Aies 
•  votre  quenouille;  il  ne  vous  appartient 
»  pas  de  parler  dans  une  dispute  de  reli- 
»  gion.  »  Raimond  Rojer  mourut  en  1222. 
L'illustre  maison  de  Foix,  dont  clail  Rai- 
mond, descendait  de  Bernard,  second  lils 
de  Roger  II ,  comte  de  Carcassonne.  Ber- 
nard eut  le  comté  de  Foix  en  1062,  et  le 
posséda  pendant  3/i  ans.  Sa  postérité  sub- 
sista avec  honneur  jusqu'à  Gaston  III, 
qui  vil  tuourir  son  lib  avant  lui  ivoj/et 


FOI 


in 


FOI 


6 ASTON  ni.  )  Il  mourut  lui-même  en 
1391 ,  ayant  cédé  le  comté  de  FoLx  à  Char- 
les VI;  mais  le  roi,  par  générosité,  le 
rendit  à  son  cousin  Matthieu ,  qui  mourut 
en  1398  sans  enfans ,  et  dont  la  sœur  Isa- 
belle épousa  Archambàud  de  Grailiy ,  qui 
prit  le  nom  de  Foix.  Son  petit-ûls,  Gas- 
ton IV,  se  maria  avec  Eléonore ,  reine  de 
Navarre.  Sa  postérité  masculine  fut  ter- 
minée par  Gaston  de  Foix ,  duc  de  Ne- 
mours ,  tué  à  la  bataille  de  Ravenne  en 
1512,  à  24  ans  {voyez  GASTON  de  FOIX, 
duc  de  Nemours  ).  Mais  Catherine  de 
Foix,  reine  de  Navarre  ,  petite -fille  de 
Gaston  IV,  avait  épousé  Jean  d'Albret, 
dont  la  petite-fille  fut  mère  de  Henri  IV... 
Archambàud  de  Grailly  avait  eu  un  se- 
cond fils  nommé  Gaston ,  captai  de  Buch, 
et  dont  les  descendans  furent  comtes  de 
Candale  et  ducs  de  Rendan.  Cette  branche 
avait  été  honorée  de  la  pairie  sous  le  titre 
de  Rendan ,  par  considération  pour  Ma- 
rie- Claire  de  Beauf remont ,  marquise  de 
Senecey,  dame  d'honneur  d'Anne  d'Au- 
triche, qui  avait  épousé  Jean -Baptiste 
Gaston  de  Foix ,  comte  de  Fleix ,  tué  au 
«iége  de  Mardick  en  1646.  Elle  mourut 
elle-même  en  1680.  Ses  trois  fils  n'ont 
point  laissé  de  postérité.  Le  dernier, 
Henri-Charles,  qui  portait  le  nom  de  duc 
de  Foix ,  est  mort  en  1714.  Il  faut  con- 
sulter sur  cette  famille  l'histoire  du  comté 
de  Foix. 

FOIX  (Pierre de),  cardinal,  né  en  1586, 
était  fils  d' Archambàud  ,  captai  de  Buch, 
et  d'Isabelle  ,  comtesse  de  Foix  ,  fut  d'a- 
bord franciscain ,  et  cultiva  avec  succès 
les  lettres  sacrées  el  profanes.  L'antipape 
Benoit  XIII  l'honora  de  la  pourpre  en 
1408,  soit  pour  récompenser  son  mérite, 
soit  pour  attirer  dans  son  parti  les  comtes 
de  Foix.  Pierre  n'avait  alors  que  22  ans  ; 
il  abandonna  le  pontife  au  concile  de 
Constance ,  préférant  les  intérêts  de  l'E- 
glise à  ceux  de  l'amitié.  Le  concile  lui 
confirma  la  qualité  de  cardinal ,  Martin  V 
l'envoya  légat  en  Aragon,  pour  dissiper 
les  restes  du  schisme.  Il  y  réussit ,  et  mou- 
rut en  1464,  dans  sa  78*^  année,  à  Avi- 
gnon, dont  il  avait  la  vice-légation.  Il  était 
aussi  archevêque  d'Arles.  C'est  lui  qui  a 
fondé  à  Toulouse  le  collège  de  Foix.  —  Il 
faut  le  distinguer  du  cardinal  Pierre  de 
FOIX,  son  petit-neveu,  non  moins  habile 
négociateur,  qui  mourut  évéque  de  Van- 
nes ,  à  la  fleur  de  son  âge ,  en  1490. 

FOIX  (  Odet  de  ) ,  seigneur  de  LAU- 
TliEC,  maréchal  de  France  et  gouver-  1 
neur  de  la  Guieime,  était  petit -fiite  d'uni 


frère  de  Gaston  IV ,  duc  de  Foix  ;  il  porta 
les  armes  dès  l'enfance.  Ayant  suivi  Louis 
XII  en  Italie ,  il  fut  dangereusement  blessé 
à  la  bataille  de  Ravenne  en  1512.  Après 
sa  guérison,  il  contribua  beaucoup  au 
recouvrement  du  duché  de  Milan.  Fran- 
çois 1""  lui  en  donna  le  gouvernement. 
Laulrec  savait  combattre,  mais  il  ne  sa- 
vait pas  commander.  Il  fut  chassé  da 
Milan,  de  Pavie,  de  Lodi,  de  Parme  et- 
de  Plaisance,  par  Prosper  Colonne.  Il 
tâcha  de  rentrer  dans  le  Milanais  par  une 
bataille  ;  mais  ayant  perdu  celle  de  la 
Bicoque  en  1522 ,  il  fut  obligé  de  se  re- 
tirer en  Guienne  dans  une  de  ses  terres. 
Sa  disgrâce  ne  fut  pas  longue.  En  1528  ,  il 
fut  fait  lieutenant-général  de  l'armée  de 
la  ligue  en  Italie  ,  contre  l'empereur  Char- 
les-Quint. Il  emporta  d'abord  Pavie,  qu'il 
mit  au  pillage  ;  puis  s'avança  vers  Naples, 
et  mourut  devant  cette  place  le  15  août 
de  la  même  année ,  après  avoir  lutté  quel- 
que temps  contre  l'ennemi ,  la  peste ,  la 
misère  et  la  famine.  —  Son  frère ,  Thomas 
de  FOIX ,  dit  le  maréchal  de  Lescun^  pas- 
sait pour  un  homme  cruel  et  extrême- 
ment avare.  Ses  exactions  firent  soulever 
le  Milanais  en  1521.  Après  la  perte  de  la 
bataille  de  la  Bicoque ,  les  ennemis  l'as- 
siégèrent dans  Crémone.  Il  n'y  tint  pas 
aussi  long -temps  qu'il  le  pouvait;  et  en 
rendant  la  place,  il  promit  de  faire  éva- 
cuer toutes  celles  du  Milanais,  où  il  y 
avait  garnison  française.  Il  reçut,  à  la 
journée  de  Pavie  en  1525,  un  coup  de 
feu  dans  le  bas-vemre,  dont  il  mourut 
sept  jours  après ,  prisonnier  de  guerre  à 
Milan. 

FOIX  (  Paul  de  ) ,  archevêque  de  Tou- 
louse ,  de  la  même  famille  que  Lautrec , 
né  en  1528 ,  se  distingua  dans  ses  ambas- 
sades en  Ecosse ,  à  Venise  ,  en  Angle- 
terre ,  et  surtout  dans  celle  de  Rome  ,  au- 
près du  pape  Grégoire  XIII.  Il  mourut 
dans  cette  dernière  ville  en  1584  ,  à  56 
ans.  Muret ,  dont  il  avait  été  le  bienfai- 
teur ,  prononça  son  oraison  funèbre.  Ce 
I^rélat  était  homme  de  lettres,  et  aimait 
ceux  qui  les  cultivaient ,  surtout  ceux  qui 
brillaient  par  leur  éloquence  ,  ou  qui  pos- 
sédaient les  écrits  d'Aristote  ,  dont  il  était 
admirateur  passionné.  On  a  de  lui  des 
Lettres ,  ia-k'^ ,  Paris,  1628,  écrites  avec 
précision.  Elles  prouvent  qu'il  était  un 
assez  bon  écrivain  et  un  grand  homme 
d'état.  C'est  sans  preuve  qu'on  les  a  attri- 
buées à  d'Ossat  son  secrétaire,  depuis 
cardinal. 

FOIX  (  François  de  ) ,  duc  de  Candale, 


FOL 


i5S 


FOL 


coiiiiiunHcur  desunlrestlu  roi ,  et  évoque 
d'Aire,  utort  à  Bordeaux  en  109^,  h  90 
ans,  traduisit  le  Pitnatutrr  do  Mercure 
Trisinôgiste  ,  et  les  i:iéttwns  d'Kuclide, 
qu'il  acroiupapia  d'un  coininenlairc.  II 
avait  fonde  une  chaire  de  géoniélrie  à 
Bordeaux. 

FOI\  (  Louis  de  ) ,  architecte  parisien, 
florissail  sur  la  fui  du  IG*  s'u-rle.  Il  fut  pré- 
fère à  tous  les  archilfclfs  de  IKurope 
par  Philippe  II,  qui  le  choisit  pour  éle- 
ver le  monastère  et  le  palais  de  l'Escurial. 
De  refour  d'Espagne ,  il  boucha  l'ancien 
canal  de  l'Adour ,  et  en  creusa  un  nou- 
veau en  1579.  Ce  fut  encore  lui  qui  bàlit 
•n  11)85  le  fanal  à  l'embouchure  de  la  Ga- 

une,  qu'on  appelle  communément  la 

•ur  de  Cordouan.  Cette  tour  a  160 pieds 
do  hauteur,  et  a  coulé  26  ans  de  travaux. 

FOI  Y  (  iMarc  -  Antoi\e  de  ) ,  jésuite  , 
né  en  16-i7  au  cliàteau  de  Fabas ,  dans  le 
diocèse  de  Con<erans ,  mort  à  Billom  en 
Auveri^fne  en  1687  ,  fut  homme  de  let- 
tres, lh«'ologien,  prédicateur,  profes- 
seur, recteur,  provincial,  et  tout  ce  que 
l'étendue  de  ces  litres  exigeait.  On  a  de 
lui  :  I  L'art  de  prêcher  la  parole  de  Dieu, 
in-12.  C'est  l'ouvrage  d'un  homme  in- 
struit de  la  littérature  sacrée  et  profane. 
\  L'art  d'élever  un  prince,  in-12,  attri- 
bue d'abord  au  marquis  de  'N'ardes  :  bon 
ouvrage ,  dont  le  succès  fut  rapide  ;  on 
y  trouve  des  choses  communes  que  l'au- 
teur n'a  pas  cru  devoir  négliger,  pour 
y  substituer  des  vues  rares  et  extraordi- 
naires. Son  livre  n'en  est  que  plus  esti- 
mable et  plus  sûrement  utile. 

FOIX(  Gaston  de),  f^oi/ez  GASTON. 

FOIX.  F'otjcz S AINTE-FOIX (Germain 
rOULLAIN  de). 

FOL.VRD  (le  chevalier  Jean-Chaiiles 
de  ) ,  surnommé  le  Végcce  français,  né 
à  AvifTijon  le  13  février  1669,  avec  des 
luclinalions  militaires  ,  sentit  augmenter 
son  penchant,  à  la  lecture  des  Commen- 
:ires  de  César.  Il  s'engagea  dès  l'âge  de 
ans  ;  on  le  dégagea  ;  il  se  rengagea  en- 

ire,  etscs  parens  le  laissèrent  suivre  l'im- 

ilsion  de  la  nature.  De  cadet  dans  le  ré- 

,;iment  de  Berry.  devenu  sous-lieutenant, 

il  lit  le  métier  de  partisan  pendant  tout 

le  cours  de  la  guerre  de  1688  ;  et  ce  mé- 

icr  ,  qui  n'est  pour  tant  d'autres  qu'une 

>l»cce  de  brigandage  ,  fut  pour  lui  une 
'  oie;  il  exécuta  en  petit  tout  ce  qu'il  avait 
-  u  faire  en  grand;  il  leva  des  cartes,  dressa 
lf^p!nn«i;  U  parut  dès  lors  un  homme  rare. 
'  if  1701  lui  fournit  de  nouvel- 

de  signaler  son  habilclc  el 


ses  connaissances.  Le  duc  de  Vendôme 

10  lit  aide-de-camp,  el  ne  le  céda  qu'a- 
vec regret  à  son  frère  le  grand-prieur , 
qui  commandait  alors  l'armée  de  Lom- 
bardie.  Le  chevalier  de  Folard  répondit 
à  l'idée  qu'on  avait  de  lui  .  il  contribua 
beaucoup  à  la  prise  d'Hostiglia  et  à  celle 
de  la  Cassine  de  la  Bouline ,  qui  lui  mé- 
rita la  croix  de  Saint-Louis  et  une  pen- 
sion de  400  livres.  Blessé  dangcreusemenl 
à  la  bataille  de  Cassano  en  1705,  il  réflé- 
chit ,  au  milieu  des  douleurs  cuisantes 
que  lui  causaient  trois  coups  de  feu  ,  sur 
l'arrangement  de  cette  bataille,  et  forma 
dès  lors  son  système  des  colonnes.  Après 
s'être  distingué  dans  plusieurs  sièges  en 
Italie ,  et  surtout  à  celui  de  Modène ,  il 
passa  en  Flandre,  fut  blessé  à  Malplaquet , 
et  fait  prisonnier  quelque  temps  après. 
Le  prince  Eugène  ne  put  le  gagner  par 
les  offres  les  plus  avantageuses.  De  re- 
tour en  France,  il  eut  le  commandement 
de  Bourbourg  ,  qu'il  conserva  jusqu'à  sa 
mort.  En  171i  il  se  rendit  à  Malte,  assié- 
gée par  les  Turcs,  et  s'y  montra  ce  qu'il 
avait  paru  partout  ailleurs.  Le  désir  de 
servir  sous  Charles  XII ,  plutôt  que  l'in- 
térêt, l'attira  en  Suède.  U  vit  ce  roi  soldat, 
et  lui  fit  goûter  ses  nouvelles  idées  sur  la 
guerre.  Charles  destinait  le  chevalier  de 
Folard  à  être  un  des  instrumens  dont  il 
voulait  se  servir  dans  une  descente  pro- 
jetée en  Ecosse  ;  niais  la  mort  du  héros  , 
tué  au  siège  de  Fridérichshall ,  dérangea 
tous  ses  projets  ,  et  obligea  Folard  à  re- 
venir en  France.  Il  servit  en  1719  sous 
le  duc  de  Bervick  ,  en  qualité  de  mestre- 
de-camp ,  et  ce  fut  sa  dernière  campagne. 

11  avait  étudié  toute  sa  vie  l'art  militaire 
en  philosophe  ;  il  l'approfondit  encoi  e 
plus,  lorsqu'il  fut  rendu  à  lui-même.  Il 
donna  des  leçons  au  comte  de  Saxe ,  et 
prédit  dès  lors  ses  succès.  Le  chevalier 
de  Folard  exposa  ses  nouvelles  décou- 
vertes dans  ses  Commentaires  sur  Poly- 
be .  en  6  volumes  in-4** ,  Paris ,  1727 , 
réimprimé  à  Amsterdam  en  1735  ,  7  vol. 
in-i",  avec  un  supplément  qui  ne  se  trouve 
pas  dans  l'édition  de  Paris.  Ils  ont  été 
abrégés  en  3  vol.in-i",  Paris,  1757.  L'au- 
teur peut  être  appelé  à  juste  titre  le  Vé^ 
gèce  moderne.  En  homme  de  lettres,  il  a 
su  puiser  dans  les  sources  les  plus  cachées 
tout  ce  qu'il  a  cru  propre  à  nous  instrui* 
re  ;  el  en  homme  de  guerre  ,  il  l'a  exposé 
avec  beaucoup  d'intelligence.  Le  fonds  en 
est  excellent ,  mais  la  forme  n'en  est  pas 
si  agréable.  L'abondance  des  idées  de 
l'auteur  entraîne  une  profusion  de   p»- 


FOL 


i5& 


FOL 


rôles.  Son  style  est  négligé ,  ses  réflexions 
«ont  détachées  les  unes  des  autres  ,  ses 
digressions  ou  inutiles  ou  trop  longues. 
On  a  encore  de  cet  habile  homme  :  )  Un 
livre  de  Nouvelles  découvertes  sur  la 
guerre  j.  in-i2.  Les  idées  y  sont  aussi  pro- 
fondes et  plus  méthodiques  que  dans  son 
commentaire  ;  |  un  Traité  de  la  défense 
des  places;  |  un  Traité  du  métier  de  parti- 
san^ manuscrit,  que  le  maréchal  de  Belle- 
Ile  possédait.  Le  chevalier  de  Folard 
aurait  pu  faire  une  fortune  assez  considé- 
rable ;  mais  ses  liaisons  avec  les  défen- 
seurs des  miracles  qu'on  attribuait  à  M. 
Paris ,  le  firent  regarder  de  mauvais  œil 
par  le  cardinal  de  Fleury.  On  voyait  à 
regret  ce  vieux  militaire  au  milieu  d'une 
troupe  de  convulsionnaires ,  marmotter 
des  hymnes  à  l'honneur  du  diacre  Paris 
(  voyez  l'Histoire  d'un  voyage  littéraire 
fait  en  1733  en  France  ^  etc.  j  la  Haie , 
i75o  ).  Il  revint  de  cette  folie  avant  sa 
mort ,  arrivée  à  Avignon  en  1751 ,  et  se 
soumit  de  la  manière  la  plus  expresse  à 
toutes  les  décisions  de  l'Eglise.  Ceux  qui 
voudront  connaître  plus  particulièrement 
le  chevalier  de  Folard  ,  peuvent  consulter 
les  mémoires  pour  servir  à  son  histoire , 
imprimés  à  Paris  ,  sous  le  titre  de  Ratis- 
bonne,  en  1753,  in-12. 

FOLARD  (  François-Melchior  de  ) , 
jésuite,  frère  du  précédent,  membre  de 
l'académie  de  Lyon,  naquit  à  Avignon 
en  1683 ,  et  mourut  en  1759 .  On  a  de  lui 
OEdipe  et  Thémistocle Ara^i^é^àïts  faibles, 
et  l'Oraison  funèbre  du  maréchal  de  Vil- 
larSj  non  moins  médiocre. 

•FOLCUIN  (saint),  évêque  de  Té- 
rouane  en 817,  mort  le  14  décembre  856, 
sauva  les  reliques  de  saint  Bertin  de  la 
fureur  des  Normands  vers  l'an  8i6. — FOL- 
CUIN, abbé  de  Laubes  sur  la  Sambre ,  né 
vers  935  en  Lorraine ,  mort  en  990 ,  a  fait 
des  règlemens  pour  la  discipline  de  son 
abbaye  et  laissé  :  \  La  Vie  de  saint Folcuin^ 
évêque  de  Térouane  ^  insérée  dans  les 
Actes  de  l'ordre  de  saint  Benoît  du  P. 
Mabillon  ;  \  les  Gestes  des  abbés  de  Lo- 
bes depuis  la  fondation  du  monastère  au 
7'  siècle;  \  les  Vies  de  saint  Orner ^  de 
saint  Bertin  ^  de  saint  Vinoc  et  de  saint 
Silvin. — FOLCUIN,  moine  de  saint  Bertin 
dans  le  10^  siècle  ,  né  en  Lorraine  ,  mort 
à  \xn  âge  peu  avancé ,  est  auteur  de  deux 
Recueils  de  chartes ,  diplômes  et  autres 
monumens  de  différens  monastères.  On 
a  aussi  de  lui  quelques  vers  ,  entre  autres 
une  Epitaphe  de  saint  Folcuin  ^  évêque 
de  Térouane  j  dont  il  se  disait  parent. 


FOLEXGO  (Jea!w- Baptiste),  béné- 
dictin mantouan,  mort  en  1559,  à  60  ans, 
laissa  un  Commentaire  sur  les  psaumes, 
imprimé  à  Bàle  en  1557 ,  in-fol. ,  et  sur 
les  épitres  catholiques ,  in-S** ,  écrit  noble- 
ment et  purement.  Il  commente  en  cri- 
tique et  presque  toujours  avec  intelli- 
gence. 

FOLEXGO  (JÉRÔME,  dit  THÉOPHILE) , 
plus  connu  sous  le  nom  de  Merlin  Coc- 
caye  ^  naquit  le  8  novembre  1491 ,  dans  un 
lieu  appelé  autrefois  Cépada  près  du  lac 
inférieur  dans  le  Mantouan.  Il  entra  com- 
me le  précédent  dans  l'ordre  des  béné- 
dictins. La  tournure  de  leur  esprit  fut 
bien  différente  ;  l'un  se  consacra  à  l'éru- 
dition et  à  la  piété,  l'autre  à  la  bouffon- 
nerie et  à  la  turlupinade ,  et  se  fit  des  en- 
nemis. Ses  supérieurs  voulurent  le  met- 
tre en  règle,  mais  il  échappa  à  leurs 
poursuites ,  par  la  protection  de  "plusieurs 
seigneurs.  Il  mourut  en  1544,  à  51  ans, 
dans  son  prieuré  de  Sainte-Croix  de  Cam- 
pége ,  près  de  Bassano ,  après  avoir  erré 
pendant  plusieurs  années  avec  une  jeune 
femme  pour  laquelle  il  avait  quitté  son 
couvent,  après  être  rentré  dans  son  mo- 
nastère ,  avoir  dirigé  un  couvent  de  reli- 
gieuses et  s'être  fait  chasser.  De  tous  ses 
ouvrages ,  le  plus  connu  est  sa  Macaro- 
née  ^  ou  Histoire  macaronique.  Ce  nom  de 
macaronique  j  qu'on  a  donné  à  toutes  les 
productions  du  môme  genre,  vient  du  mot 
macaroni,  qui  est  le  nom  d'un  gâteau, 
qu'on  fait  en  Italie  avec  de  la  farine ,  des 
œufs  et  du  fromage.  Le  poème  de  Folengo 
fut  reçu  avec  transport ,  dans  un  siècle 
où  les  bouffonneries  pédantesques  te- 
naient lieu  de  saillies  ,  les  anagrammes 
de  bons  mots ,  et  les  logogriphes  de  pen- 
sées. Il  est  difficile  de  faire  un  abus  plus 
étrange  de  son  esprit.  Il  s'abandonne  en- 
tièrement à  son  imagination  aussi  vivo 
que  bizarre,  sans  respect  ni  pour  la  langue 
latine ,  dont  il  fait  un  mélange  monstrueux 
avec  l'italienne  ,  ni  pour  le  bon  sens  qu'il 
choque  à  chaque  page.  Avec  tout  cela , 
l'auteur,  qui  a  l'air  d'un  bouffon,  fait 
d'excellentes  réflexions  sur  les  vices  des 
hommes  :  il  attaque  fortement  les  pas- 
sions, surtout  l'orgueil,  la  paresse,  l'en- 
vie, la  volupté,  la  frivolité.  Le  Poème  ma- 
caronique fut  traduit  en  français  en  1606. 
Cette  version  barbare  a  été  publiée  de 
nouveau ,  sans  aucun  changement ,  en 
1754 ,  2  vol.  in-12  ;  elle  n'était  ni  assez 
importante  ni  assez  estimée,  pour  méri- 
ter une  nouvelle  édition.  L'original  de  la 
Macaronée.  imprimé  sous  le  no;n  de  J/e;- 


FOL 


IKS 


roL 


//),  Coccaijr  .  m  l.'i"il  .  a  Frcsratl ,  in-H, 
est  rare  ;  lédiliou  de  Venise  en  15.14  ,  in- 
U,  l'est  moins.  Il  y  a  enrorc  de  lui  trois 
poimes  assor  rerhcrchts  ;  |  Ortandino  da 
lÀmerno  Pitocco ,  Venise,  15i6  ou  15:^9, 
ou  IRSO,  in-S",  rcimpriino  h  lAindres  en 
1773.  ln-8"  et  in-12  :  |  Caos  dcl  tre  pcr  tino, 
Venise.  15Î7,  in-«".  C'est  un  poème  sur 
les  trois  tiges  de  sa  vie ,  en  style  en  partie 
mararonique  ;  |  La  Ihimanita  dcl  Figlio 
di  Deo .  in  ottava  rima,  Venise,  1333, 
ln-4*. 

FOUET  A.  T'oyez  FOGLIETA. 

•  FOLIG\0  (  La  baronne  Angèle  de  ), 
né  à  Foli(îno  dans  le  duché  de  Spoletle  au 
15*  siècle,  embrassa  la  vie  religieuse  dans 
le  tiers-ordre  de  Saint-François,  et  se  fit 
remarquer  par  sa  modestie  et  sa  piété.  On 
a  d'elle  plusieurs  opuscules  recueillis  el 
publiés  sous  le  titre  de  Thfologia  crucis , 
Paris,  1538  et  ICOl  ;  traduit  en  français  , 
Cologne.  1696,  in-12.  Saint  François  de 
Sales  et  Bossuct  parlent  avantageusement 
des  écrits  de  cette  sainte  religieuse  ,  dont 
la  Vie  a  été  écrite  par  le  P.  J.  Blancone, 
Paris,  1601,  in-12. 

FOLK  ES  (  Martin  ),  antiquaire ,  phy- 
sicien et  mathématicien  anglais,  né  à 
Westminster  le  29  octobre  1690 .  mort  à 
Londres,  le  28  juin  1751,  se  distingua 
dans  les  académies  des  sciences  de  France 
et  d'Angleterre  où  il  fut  admis.  Celle-ci 
l'avait  reçu  dans  son  sein  à  l'âge  de  24 
ans  ;  deux  ans  après  elle  le  mit  dans  son 
conseil.  Newton  le  nomma  ensuite  son 
vice-président,  el  enfin  il  succéda  à  Sloane 
dans  la  présidence  même.  Ses  connaissan- 
ces et  ses  succès  dans  les  sciences  qui  sont 
l'objet  des  travaux  de  cette  compagnie  , 
furent  les  titres  qui  le  placèrent  à  sa  tête. 
Les  nombreux  mémoires  qu'il  lui  présen- 
ta et  qu'on  trouve  dans  les  Transactions 
philosophiques .  justifient  son  choix.  Cet 
auteur  lira  un  grand  profil,  pour  la  science 
des  antiquités,  d'un  voyage  qu'il  fit  en 
Italie;  et  celui  qu'il  fit  en  France  le  lia 
avec  les  sa  vans  de  ce  royaume.  Ses  mé- 
moires roulent  siir  le  t)oids  et  la  valeur 
des  monnaies  romaîneis,  sur  les  mesures 
àti  colonnes  Trajane  et  Antonine  ;  sur  les 
aïohnaies  d'or  d'Angleterre  ,  depuis  le 
règne  d'Edouard  III;  sur  les  polypes  d'eau 
douce;  sur  lés  bouteilles  dites  de  Florcn- 
ré ,  ri  «Tir  divers  sujets  de  physique.  Lors- 
hnis  à  l'académie  des  sclen- 
.  pt-ésenta  un  mémoire  sur 
'"^  mesures  et  des  poids 
icrre.  Il  finit  sa  car- 
;      un  ouvrage  estimé  de 


sa  n.iiion ,  xur  1rs  monnaies  tTarçent 
d'.intjlt'terrr  .  depuis  la  foni(U(''te  de  cette 
Ile  par  les  Normands  jus(|u'à  son  temps. 
Los  lettres  remplirent  sa  vie  ;  ni  les  soins 
du  mariage  ,  ni  les  distractions  des  voya- 
ges .  ne  purent  ralentir  son  ardeur  pour 
l'étude.  Il  avait  amassé  une  ample  bii)Iio- 
thèquc ,  et  un  cabinet  enrichi  d'une  col- 
lection de  monnaies  ,  supérieure  à  tout 
ce  qu'on  connaissait  en  ce  genre.  Folkes 
a  été  enterré  à  l'abbaye  de  Westminster 
où  on  lui  a  élevé  en  1792  un  beau  mo- 
nument. 

•  FOLLE  VILLE  (  l'abbé  Gadiiiei.  GUYOT 
de  ) ,  connu  sous  le  titre  d'évéque  d'Agra , 
était ,  au  commencement  de  la  révolu- 
tion ,  vicaire  ou  curé  à  Dol  en  Bretagne. 
Il  prêta  serment  à  la  constitution  civile 
du  clergé,  puis  se  rétracta,  vint  à  Paris, 
et  de  là  se  rendit  à  Poitiers  chez  une  de 
ses  parentes.  Son  air  pieux  et  doux  lui 
attira  bientôt  la  confiance  des  personnes 
séculières  qui  désiraient  recourir  à  son 
ministère ,  et  des  religietises  chassées  de 
leurs  couvens.  Il  imagina,  peut-être  poTir 
produire  plus  de  bien ,  de  prendre  le  titre 
d'évéque  d'Agra  que  plusieurs  prélats  lui 
auraient  conféré  secrètement.  Lorsque 
les  Vendéens  s'emparèrent  de  Thouars, 
il  s'y  trouvait ,  on  ne  sait  trop  pourquoi , 
vêtu  en  soldat.  Il  déclara  aux  paysans  qui 
l'avaient  arrêté  qu'il  avait  été  enrôlé  par 
force  à  Poitiers,  et  demanda  qu'on  le  con- 
duisit à  M.  de  Villeneuve ,  un  des  offi- 
ciers de  l'armée  vendéenne.  Celui-ci  le 
reconnut  effectivement  pour  l'abbé  de 
FoUeville  ,  son  ancien  camarade  de  col- 
lège. Il  lui  répéta  la  fable  de  son  épisco- 
pat ,  et  il  ajouta  que  le  pape  venait  de  l'en- 
voyer dans  l'ouest  en  qualité  de  vicaire 
apostolique.  L'état-major,  qui  n'avait  au- 
cune raison  pour  suspecter  sa  bonne  foi , 
et  qui ,  d'ailleurs  ,  voyait  que  sa  présence 
produisait  le  plus  grand  effet  sur  les  pay- 
sans, le  nomma,  par  honneur  potn*  son 
titre,  président  du  conseil  supérieur  établi 
à  Chàtillon,  qui  était  cliargé  de  l'admi- 
nistration du  pays  insurgé.  Le  peu  de  ta- 
lent  qu'il  montra  dans  ce  poste  important 
lui  fit  bientôt  perdre  re$time  de  ses  col- 
lègues, et  fit  même  ,  dit-on  ,  soupçormer 
sa  supercherie.  On  a  prétendu  que  des 
envieux  de  son  rac^ ,  doutant  de  son  ca- 
ractère épîscopal ,  écrivirent  en  cour  de 
Rome  pour  s'en  assurer.  Quoi  qu'il  en 
soit ,  uri  bref  en  date  du  31  juillet  1793. 
adressé  aux  chefs  Vendéens,  qui  décla- 
rait qu'il  n'y  avait  point  d'évéque  d'Agra, 
le<;r  prout»  qu'ils  ataicnft  été  troropél 


FON 


156 


FOIV 


Cependant,  on  tint  la  chose  secrète,  dans 
la  crainte  que  cette  nouvelle  ne  portât  le 
découragement  dans  l'esprit  des  bons  et 
religieux  Vendéens,  qui  venaient  d'éprou- 
ver plusieurs  échecs.  Mais  l'abbé  de  Fol- 
le ville  s'aperçut  aussitôt,  au  chanf^ement 
de  manières  à  son  égard  ,  que  son  impos- 
ture était  découverte  ;  une  profonde  mé- 
lancolie s'empara  de  lui  ;  néanmoins  à  l'at- 
taque de  Granville  il  redoubla  de  zèle.  Il 
passa  la  journée  à  parcourir  les  rangs ,  à 
animer  les  soldats ,  à  relever  les  blessés , 
et  il  leur  portait  les  consolations  de  la  re- 
ligion sous  le  feu  même  de  l'ennemi.  Il 
continua  à  suivre  l'armée  jusqu'à  la  dé- 
route du  Mans ,  où  elle  fut  presque  en- 
tièrement détruite.  Alors  il  se  cacha  pour 
se  dérober  aux  poursuites  qu'on  faisait 
contre  les  Vendéens  ;  mais  il  fut  pris  et 
amené  à  Angers  ,  où  il  fut  condamné  à 
mort  et  la  sentence  fut  exécutée  le  5  jan- 
vier 1794.  On  l'a  représenté  dans  le  temps 
comme  un  homme  cruel.  Mais  sa  conduite 
prouve  qu'il  était  doué  au  contraire  d'un 
caractère  doux  et  humain. 

F  ON  CE  MAGNE  (  Etiexne  LAU- 
RÉAULT  de  ),  né  à  Orléans  le  8  mai  1694, 
mort  à  Paris  le  26  septembre  1779  ,  mem- 
bre de  l'académie  française ,  fut  sous- 
gouverneur  du  duc  de  Chartres.  Il  est 
connu  dans  le  monde  littéraire  par 
des  Lettres  au  sujet  du  Testament  poli- 
tique de  Richelieu ,  où  il  prouve  avec  au- 
tant de  politesse  que  de  jugement  et  de 
raisons  solides,  que  ce  Testament  est 
réellement  du  ministre  de  Louis  XIII;  par 
plusieurs  mémoires  qui  sont  insérés  dans 
les  recueils  de  l'académie  des  inscrip- 
tions, et  qui  roulent  tous  sur  des  points 
de  l'histoire  de  France  ,  excepté  celui  sur 
la  déesse  Laverne. 

FONFRÈDE.  F.  BOYER-FONFREDE. 

FONSECA  (  Antoine  de  ) ,  domini- 
cain ,  né  à  Lisbonne,  vint  faire  ses  études 
8  Paris,  et  publia  dans  cette  ville  ,  en  1330 
des  Remarques  sur  les  Commentaires  de 
la  Bible,  par  le  cardinal  Cajetan  ,  in-fol. 
Il  reçut ,  3  ans  après ,  le  bonnet  de  doc- 
teur de  Sorbonne.  De  retour  dans  sa  pa- 
trie, il  fut  prédicateur  du  roi ,  et  obtint 
une  chaire  de  théologie  en  l'université  de 
Coiinbre.  Il  mourut  en  1588. 

FONSECA  (  Pierre  de  ),  jésuite  ,  né  à 
Corticada  en  Portugal ,  docteur  d'Evora , 
mourut  à  Lisbonne,  le  k  novembre  1599 
à  71  ans ,  après  avoir  publié  une  Métor- 
physique  en  h  tomes  in-fol.  Cette  méta- 
physique a  eu  un  grand  cours ,  et  a  été 
long-temps  citée  dans  les  écoles.  Il  y  a 


des  choses  inutiles  par  leur  objet  direct , 
mais  excellemment  propres  à  exercer 
l'esprit ,  à  lui  donner  des  idées  justes , 
nettes,  précises,  et  à  le  former  à  une 
exacte  logique  (  Voyez  CHAPELAIN  , 
DUNS,  OCCAM). 

FONSECA  (  Roderic  ) ,  médecin  ,  natif 
de  Lisbonne ,  professa  la  médecine  avec 
distinction  au  commencement  du  17' 
siècle  ,  à  Pise  et  à  Padoue  ,  et  composa 
divers  ouvrages  sur  cette  science  ,  entre 
autres  :  De  tuenda  valetudinc  ^  et  De  cal- 
culorum  remediis. 

*  FO^SECA  SOARES  (Antoine  de  ) , 
cordelier  portugais,  né  en  1631 ,  mort  l'an 
1682  ,  en  odeur  de  sainteté ,  passait  pour 
un  des  plus  éloquens  prédicateurs  de  son 
temps  ;  il  a  écrit  un  assez  grand  nombre 
d'ouvrages  ascétiques  tels  que  :  |  les  Etin- 
celles de  l'amour  divin;  \  le  Fouet  des 
pécheurs  ;  \  le  Bouquet  spirituel ,  etc.  Le 
tout  a  été  recueilli  en  2  vol.  qui  ont  été 
souvent  réimprimés.  Sa  Vie  a  été  écrite 
par  le  père  Godinho. 

*  FONSECA  FIGUEIREDOY  SOLSA 
(  Joseph-Marie  ) ,  franciscain  i)ortugais  , 
né  à  Evora  en  1690,  mort  en  1760,  fui 
successivement  théologien  de  Benoit  Xlll 
au  concile  de  Latran,  consul  teur  des  con- 
grégations sacrées ,  président  de  salines  à 
Rome,  conseiller  aulique  de  l'empereur 
Charles  VI ,  chargé  d'affaires  du  roi  de 
Sardaigne  et  son  plénipotentiaire  sous 
les  pontificats  de  Benoît  XIII,  de  Clé- 
ment XII  et  de  Benoît  XIV,  enfin  évéque 
de  Porto  et  membre  de  plusieurs  acadé- 
mies. On  a  de  lui  plusieurs  ouvrages  en 
espagnol  et  en  italien  ;  les  principaux 
sont  :  I  Jura  romance  provinciœ  super 
ecclesiam  Jracœlitanam .  etc.,  Rome, 
1719,  in-fol.;  \  Excelencias  y  virtudes  del 
apostolo  de  las  Indias  S.  Francisco  So- 
lano,  ibfd.,  1727,  in-8°;  |  Tabula;  chro- 
nologicce  ^  etc. ,  sanctorum  pontificum, 
cardinalium.  etc.,  ibid.,  1737,  in-fol. 

*  FONSECA  (Eléonore,  marquise  de), 
dame  d'honneur  de  la  reine  de  Naples , 
née  en  1768  ,  d'une  famille  illustre  de 
cette  ville ,  passa  sa  première  jeunesse 
dans  l'étude  des  sciences  et  des  lettres,  et 
s'adonna  particulièrement  à  celle  de  l'his- 
toire naturelle  et  même  de  l'anatomie. 
Elle  correspondit  dans  la  suite  pour  cette 
science  avec  le  célèbre  Spallanzani,  à 
qui  elle  communiquait  ses  observations. 
On  croit  qu'il  en  profita  pour  sa  fameuse 
découverte  des  vaisseaux  lymphatiques. 
Eléonore  épousa  en  1784  le  marquis  de 
Fonseca,  d'une  ancienne  famille  espa- 


0nole  depab  long-temps  établie  à  Naples, 
et  fut  reçue  à  la  cour  en  qualité  de  dame 
d'honneur  de  la  reine  Marie-Caroline ,  qui 
lui  accorda  sa  bienveillance;  mais  elle 
ne  sut  pas  laronservor.  Des  prctpos  un 
peu  niordans  qu'elle  s'élait  permis  contre 
celte  princesse  et  le  ministre  Acton ,  et 
qui  furent  rapportés  à  sa  majesté  par  des 
pc:  ;  l'iiuses  de  la  faveur  de  la  mar- 

qi;  fU  donner  l'ordre  de  ne  plus 

rci     .  i  l;i  cour.  C'est  de  cette  époque 

que  date  1  inimitié  de  M""=  de  Fonseca 
pour  la  famille  royale.  Lorsque  la  révo- 
lution éclata  en  France  ,  elle  en  adopta 
les  principes  ,  et  se  servit  pour  nuire  à 
la  cour  de  l'influence  que  sa  beauté  ,  son 
esprit  et  son  amabilité  lui  donnaient  sur 
les  personnes  les  plus  remarquables  de  la 
capitale  qu'elle  rassemblait  chez  elle.  On 
l'a  même  accusée  d'avoir  eu  une  corres- 
pondance secrète  avec  les  Français  qui 
approchaient  de  Naples,  et  d'avoir  eu 
ainsi  une  grande  part  aux  troubles  de  ce 
royaume  en  février  1799.  Le  roi  ayant  été 
obligé  d'abandonner  son  palais,  les  laz- 
zaronis ,  qui  alors  lui  étaient  dévoués , 
commirent  les  plus  grands  excès  contre 
les  Français  qui  se  trouvaient  à  Naples  et 
contre  leurs  partisans.  Ils  se  proposaient 
de  se  porter  à  l'hôtel  de  la  marquise  de 
Fonseca  pour  exercer  sur  elle  leur  ven- 
ffeancc  :  mais  elle  avait  été  prévenue. 
Elle  parvint,  avec  un  grand  nombre  de 
dames  .  ennemies  comme  elle  de  la  cour , 
qu'elle  avait  réunies,  à  se  retirer  au  châ- 
teau Saint-Elme  ,  qui  était  déjà  au  pou- 
voir des  Français.  I^orsqu'ils  firent  leur 
entrée  dans  la  ville  ,  elle  entreprit  la  ré- 
daction d'un  journal  intitulé  Moniteur 
napolitain .  dans  lequel  elle  attaqua  sans 
ménagement  la  reine  et  ses  ministres.  Les 
succès  du  cardinal  Ruffo  ayant  obligé  les 
Français  d'évacuer  Naples,  la  marquise 
de  Fonseca  s'obstina  à  y  rester  ,  contre 
l'avis  de  ses  amis,  afin,  disait-elle,  d'être 
toujours  à  portée  d'encourager  son  parti  ; 
mais  elle  fut  arrêtée  et  condamnée  à  être 
pendue.  L'arrêt  fut  exécuté  le  20  juillet 
4799  ,  malgré  les  prières  de  sa  famille  et 
des  principaux  seigneurs,  qui  deman- 
diiient  au  moins  la  commutation  de  la 
peine.  Elle  n'avait  alors  que  31  ans. 

FOXT  (  JosEPU  de  la  ) ,  poète  français  , 
est  auteur  de  cinq  comédies ,  dont  les 
meilleures  sont  l'Epreuve  réciproque  et 
les  Fi'èret  rivaux.  On  a  encore  de  lui 
plusieurs  opéras  et  l'opéra  comique  inti- 
tulé U  Monde  renversé.  La  Font  était  né 
k  Paris  en  i686 ,  et  il  mourut  à  Passy  près 


7  TOS 

do  cette  capitale ,  en  17S5 ,  à  39  ans.  Il 
était  encore  plus  passionné  pour  le  jeu 
que  pour  la  poésie. 

FONT  (  Pierre  de  la  ) ,  né  à  iCvîgnon  , 
devint  prieur  de  Valabrègue  et  officiai  de 
l'église  d'ilzès.  C'était  un  homme  de  Dieu 
plein  de  zèle  et  de  charité.  Il  se  démit 
du  prieuré  dont  il  était  pourvu,  pour  en 
fonder  un  séminaire  dans  la  ville  épisco- 
pale.  lien  fut  lui-même  le  premier  supé- 
rieur, et  une  des  fonctions  de  cet  emploi 
pénible  nous  a  procuré  cinq  volumes 
d'Entretiens  ecclésiastiques ,  imprimés 
à  Paris ,  in-12.  On  en  fait  cas  ,  ainsi  que 
de  k  volumes  de  prônes jin-i'2.  Toutes  les 
preuves  que  fournissent  l'Ecriture,  les 
Pères ,  les  conciles ,  sur  les  devoirs  des 
ecclésiastiques  et  des  autres  fidèles,  sont 
répandues  dans  ces  deux  ouvrages  avec 
beaucoup  d'intelligence.  Le  pieux  auteur 
termina  sa  carrière  au  commencement  du 
18'  siècle.  ^ 

*  FONT  DE  SAVINES  (  Charles  la  ) 
évéque  de  Viviers,  né  à  Embrun  en  1742, 
fut  sacré  évoque  en  1778,  et  ne  se  fit 
connaître  qu'au  moment  de  la  révolution 
par  les  écarts  les  plus  malheureux.  En 

1791 ,  il  donna  la  démission  de  son  évêché 
entre  les  mains  des  électeurs  de  son  dé- 
partement ,  comme  pour  réparer  les  vices 
de  son  institution.  Confirmé  par  eux ,  il 
prêta  le  serment  voulu  par  la  constitution 
civile  du  clergé ,  et  la  défendit  par  ses 
écrits.  Il  prit  en  même  temps  le  titre  d'é- 
vêque  de  l'Ardèche ,  et  donna  la  consé- 
cration épiscopaltt  à  deux  curés  le  24  juin 

1792.  Le  1"  décembre  1793  il  renonça 
publiquement  à  ses  fonctions ,  en  se  dé- 
pouillant de  ses  habits  pontificaux  devant 
l'administration  départementale ,  et  en 
lui  livrant  sa  crosse ,  ses  mitres  ,  sa  croix  , 
son  calice  et  tous  les  ornemens  de  l'église- 
Il  prononça  en  cette  occasion  un  discours 
scandaleux  et  impie  ,  et  écrivit  depuis 
contre  la  célébration  des  fêtes  ,  le  célibat 
ecclésiastique,  le  jeûne  et  les  règles  les 
plus  saintes  et  les  plus  invariables  de  la 
discipline.  Pendant  la  terreur ,  il  fut  néan- 
moins arrêté  et  envoyé  à  la  Concierge- 
rie à  Paris.  Il  sembla  un  moment  que 
ce  châtiment  l'avait  fait  rentrer  en  lui- 
même.  Instruit  que  l'archevêque  de 
Vienne  gouvernait  son  diocèse  avec  des 
pouvoirs  du  saint  Siège  ,  il  conseillait  à 
ceux  qui  croyaient  à  la  juridiction ,  de 
s'adresser  à  ce  prélat,  reconnaissant  que 
lui-même  n'en  avait  réellement  pas.  Cet 
heureux  changement  ne  fut  pas  de  longue 
durée.   En    1797    il   s'éleva  de  nouveau 

14 


FOBÎ  i58 

contre  le  pape  et  contre  le  métropolitain, 
et  il  parut  vouloir  reprendre  la  conduite 
de  son  diocèse  ;  mais  il  fut  repoussé  par 
l'opinioh  de  ses  diocésains.  Il  se  retira 
alors  à  Paris  ,  et  revint  ensuite  dans  sa 
ville  natale ,  ovi  il  eut  le  bonheur  de  re- 
connaître et  d'avouer  ses  erreurs.  Il  ne 
cessa  de  les  pleurer  et  d'en  faire  péni- 
tence jusqu'à  sa  mort ,  arrivée  au  com- 
mencement de  janvier  1813. 

FONTAINE  (  Charles  ) ,  né  à  Paris  le 
13  juillet  1315  d'un  commerçant,  passa 
sa  vie  à  faire  des  vers ,  passables  pour  le 
temps.  Il  se  fixa  à  Lyon^  où  il  contracta 
successivement  deux  mariages  ,  et  mou- 
rut dans  un  âge  avancé ,  postérieurement 
à  1586.  Ses  principales  poésies  sont  re- 
cueillies en  1  vol.  in-S" ,  imprimé  à  Lyon 
en  1555 ,  sous  le  titre  de  Ruisseaux  de 
Fontaine.  On  a  encore  de  lui  le  Jardin 
d'amour,  avec  la  Fontaine  d'amour:, 
Lyon,  1588,  in-16  :  cette  édition  avait 
été  précédée  d^  deux  autres.  Victoire 
d'Argent  contre  Cupido .  Lyon  ,  1337 , 
in-16,  etc.  Il  a  mis  aussi  le  nouveau 
Testament  en  sixains ,  Lyon ,  1360 ,  in-12, 
avec  des  figures  en  bois. 

FONTAINE  (  Jean  de  la  ) ,  le  Fabu- 
liste par  excellence,  naquit  à  Château- 
Thierry,  le  8  juillet  1621,  un  an  après 
Molière.  A  19  ans ,  il  entra  chez  les  Pères 
de  l'Oratoire ,  qu'il  quitta  18  mois  après. 
La  Fontaine  ignorait  encore  à  22  ans  ses 
talens  singuliers  pour  la  poésie.  On  lut  de- 
vant lui  la  belle  ode  de  Malherbe  sur  l'as- 
sassinat de  Henri  IV  ,  et  dès  ce  moment  il 
se  reconnut  poète.  Un  de  ses  parens  ayant 
vu  ses  premiers  essais,  l'encouragea  et 
lui  fit  lire  les  meilleurs  auteurs  anciens 
et  modernes ,  français  et  étrangers.  On 
lui  fit  épouser  Marie  Héricard ,  fille  d'une 
figure  et  d'un  caractère  qui  lui  gagnaient 
les  cœurs.  La  Fontaine  ,  soit  insensibilité, 
soit  vanité ,  la  quitta  pour  vivre  dans  la 
capitale  ,  et  ce  n'est  pas  ce  qui  prévient 
le  plus  en  faveur  de  son  caractère.  La 
duchesse  de  Bouillon ,  exilée  à  Château- 
Thierry,  avait  connu  La  Fontaine ,  et  lui 
avait  même,  dit-on,  fait  faire  ses  pre- 
.  miers  contes.  Rappelée  à  Paris,  elle  y 
mena  le  poète.  La  Fontaine  avait  un  de 
ses  parens  auprès  de  Foucquet.  La  maison 
du  surintendant  lui  fut  ouverte ,  et  il  en 
obtint  une  pension ,  pour  laquelle  il  fai- 
sait à  chaque  quartier  une  quittance  poé- 
tique Après  la  disgrâce  de  son  bienfai- 
teur, La  Fontaine  entra  en  qualité  de 
gentilhomme  chez  la  célèbre  Henriette 
d'Angleterre ,  première  femme  de  Mon- 


FOIV 

sieur.  La  mort  lui  ayant  enlevé  cette 
princesse ,  il  trouva  de  généreux  protec- 
teurs dans  M.  le  prince ,  dans  le  prince 
de  Conti,  le  duc  de  Vendôme  et  le  duc  de 
Bourgogne ,  et  des  protectrices  dans  les 
duchesses  de  Bouillon ,  de  Mazarin ,  et 
dans  l'ingénieuse  La  Sablière  ;  celle-ci  le 
retira  chez  elle ,  et  prit  soin  de  sa  fortune. 
Attaché  à  Paris  par  les  agrémens  de  la 
société ,  et  par  ses  liaisons  avec  les  plus 
beaux  esprits  de  son  siècle ,  La  Fontaine 
allait  néanmoins  tous  les  ans  au  mois  de 
septembre  rendre  visite  à  sa  femme.  A 
chaque  voyage  il  vendait  une  portion  de 
son  bien,  sans  s'embarrasser  de  veiller 
sur  ce  qui  restait.  Il  ne  passa  jamais  de 
bail  de  maison  ,  et  il  ne  renouvela  jamais 
celui  d'une  ferme.  Cette  apathie  qui  coû- 
tait tant  d'efforts  aux  anciens  philosophes, 
il  l'avait  sans  effort.  Elle  influait  sur  toute 
sa  conduite  et  le  rendait  quelquefois  in- 
sensible même  aux  injures  de  l'air.  M"" 
de  Bouillon  ,  allant  un  matin  à  Versailles, 
le  vit  rêvant  sous  un  arbre  du  Cours  ;  le 
soir  en  revenant ,  elle  le  trouva  dans  le 
même  endroit  et  dans  la  même  attitude , 
quoiqu'il  fît  assez  froid  et  qu'il  eût  plu 
toute  la  journée.  Il  avait  quelquefois  des 
distractions  qui  lui  ôtaient  la  mémoire  ; 
il  en  avait  d'autres  qui  lui  ôtaient  le  ju- 
gement. Il  loua  beaucoup  un  jeune  homme 
qu'il  trouva  dans  une  assemblée.  «  Eh  ! 
»  c'est  votre  fils ,  lui  dit-on  ;  »  il  répondit 
»  froidement:  «  Ah  !  j'en  suis  bien  aise.  » 
Il  avait  fait  un  conte  ,  dans  lequel ,  con- 
duit par  sa  matière,  il  mettait  dans  la 
bouche  d'un  moine  une  allusion  fort  in- 
décente à  ces  paroles  de  l'Evangile  :  Vo^ 
mine ,  quinque  ialenta  tradidistimihi,  etc. 
et  par  un  tour  d'imagination  dont  La  Fon- 
taine seul  pouvait  être  capable  il  l'avait 
dédié  au  docteur  Arnauld.  Il  fallut  que 
Racine  et  Boileau  lui  fissent  sentir  com- 
bien la  dédicace  d'un  conte  licencieux  à 
un  homme  grave  choquait  le  bon  sens. 
Racine  le  mena  un  jour  à  Ténèbres,  et 
s'apercevant  que  l'office  lui  paraissait 
long ,  il  lui  donna  pour  l'occuper  un  vo- 
lume de  la  Bible ,  qui  contenait  les  petits 
prophètes.  Il  tomba  sur  la  prière  des  juifs 
dansBaruch,  et  ne  pouvant  se  lasser  de 
l'admirer  ,  il  disait  à  Racine  :  «  C'était  un 
»  beau  génie  que  ce  Baruch  :  qui  était- 
D  il  ?  »  Le  lendemain  et  plusieurs  jours 
suivans  ,  lorsqu'il  rencontrait  dans  la  rue 
quelques  personnes  de  sa  connaissance , 
après  les  complimens  ordinaires ,  il  éle- 
vait la  voix  pour  dire  «  Avez-vous  lu 
»  Baruch?  c'était  un  beau  génie  !  »  L'es- 


pèce  de  •tuptdilé  que  ce  côlèbro  fablilUtc 
avait  daps  son  air,  dans  son  maintien  et 
dani  sa  conversation  ,  lit  dire  k  M'"'  de  la 
Sablière,  un  jour  qti'elle  avait  conR6di»! 
tous  scsdomostiqui'j  :  «  Je  n'ai  pardé  avec 
■  mol  que  uïcs  trois  béte»,  nu"»  cJiien, 
»  mon  chai  et  La  Fontaine.  •  Cependant 
cet  hoiunic  ,  si  insensible  en  apj>arcncc  et 
si  apiithique.  était  qxielquefois  colère  et 
rancunier.  Ayant  eu  une  dispute  nvec  M. 
Choart .  cure  de  St.-Geruiain-le-Vicil ,  à 
Paris,  il  s'en  ven(;ea  par  la  fable  du  curé 
et  du  mort  (liv.  7,  fiab  il  ).  C'est  la  plus 
mauvaise  de  toutes  ses  fables ,  elle  se  res- 
tent de  l'humeur  du  poète  ;  le  nom  du  erré 
y  est  défiguré  (  voye?.  le  Journal  de  Pa- 
ris. 1787,  n°  107  ).  La  Fontaine  avait  tou- 
jours vécu  dans  une  grande  indolence  sur 
la  religion ,  comnMî  sur  tout  le  reste.  Une 
maladie  qu'il  eut  sur  la  fin  de  1692  le  fit 
rentrer  en  lui-même.  Le  Père  Poujet  de 
l'Oratoire  .  alors  vicaire  de  St.-Roch  ,  lui 
fit  faire  une  confession  générale.  Prêt  à 
recevoir  le  viatique ,  il  détesta  ses  contes 
et  en  demanda  pardon  à  Dieu ,  en  pré- 
sence de  quelques  membres  de  l'académie 
qu'il  prit  pour  témoins  de  son  repentir. 
Si  ce  repentir  fut  sincère  ,  il  ne  fut  pas 
constant.  La  Fontaine  laissa  échapper 
après  sa  conversion  encore  quelques  con- 
tes ;  celui  de  la  Clochette  en  est  un.  C'est 
à  quoi  fait  allusiou  son  prologue  cité  dans 
Moréri  : 

O  combien  l'homme  cil  ioeontltnt  ,  JÏTcn  , 
Faible,  lester,  tenant  m<tl    M  parole  ! 
J'avaU  joré  ,  iiii'me  en  rtiez  beaux  vert , 
ne  renoncer  à  tout  cozite  frivole  , 
Kl  quanti  jure  ?  c'eit  ce  qui  me  confond  , 
Pait,  liri-roiu  à  riroeur  qui  répond 
D'an  teal  moment 

La  Fontaine  réprima  ces  saillies  d'une 
imagination  long-temps  fixée  à  ce  genre 
d'écrire ,  qui  n'est  ni  le  plus  noble ,  ni  le 
plus  sage.  11  entreprit  de  traduire  les 
hymnes  de  l'Eglise;  mais  sa  verve  émous- 
séc  par  l'âge,  et  peut-être  son  génie  que 
la  nature  n'avait  pas  fait  pour  le  sérieux, 
ne  lui  permirent  pas  de  fournir  long- 
temps cette  carrière.  Il  mourut  à  Paris  en 
en  1695,  à  74  ans,  dans  les  plus  vifs  senti- 
mens  de  religion.  Lorsqu'on  le  déshabilla  , 
on  le  trouva  couvert  d'un  cilice.  Il  s'é- 
tait fait  lui-même  cette  épitaphc,  qui  le 
peint  parfaitement  : 

J'»o  t'en  alla  comme  il  e'tait  venu  , 
Vitufanl  i4>a  fondi  apr^i  ton  revenu. 
'  '    >ioi  te  bien  «hoir  peu  uéceitairc. 
<J>i»'a  i  ton  icmpt.  Lien  le  lut  dispenser  » 
lie»,  paru  e«  (t  4onl  il  tontait  paner 
L*»««  k  dormir  ,  cl  l'aairc  à  ne  ricc  fairt 


9  FOIV 

Parmi  les  ouvrogcs  qui  nous  restent  de 
La  Fontaine  il  faut  pincer  au  premier  ra'n^j 
SCS  coûtes  cKivt.  fahles.  Los  i)rcinicr88onl 
un  motlèle  parfait  du  style  historique  dans 
le  genre  familier  ,  mais  en  même  temps 
un  recueil  de  tableaux  destructifs  des 
mœurs,  qu'une  jeunesse  vertueuse  ne 
saurait  trop  redouter.  Ses  fables  sont  sa 
véritable  gloire.  On  y  reconnaît  le  poète 
de  la  nature  ;  une  niolle  négligence  y  dé- 
cèle le  grand  maître  et  l'écrivain  original. 
■  On  dirait ,  suivant  l'expression  d'un 
»  critique  judicieux  ,  qu'elles  sont  tombées 
»  de  sa  plume.  Il  a  surpassé  l'ingénieu» 
»  inventeur  de  l'apologue,  et  son  admi- 
»  rable  copiste.  Aussi  élégant,  aussi  na- 
»  turel,  moins  ptir  à  la  vérité,  mais  aussi 
»  moins  froid  et  moins  nu  que  Phèdre ,  il 
»  a  attrapé  le  point  de  perfection  dans  ce 
»  genre.  »  Si  ceux  qui  sont  venus  après 
lui,  comme  La  Motte,  Richer,  d'Ardenne, 
Aubert,  Desbillons,  l'ont  surpassé  quel- 
quefois pour  l'invention  des  sujets,  ils 
sont  fort  au-dessous  pour  tout  lo  resta , 
pour  l'harmonie  variée  et  Icfrère  des  vers, 
pour  la  grâce,  le  tour,  l'élégance,  les 
charmes  naïfs  des  exprecsisns  et  du  badi- 
nage.  lî  élève  ,  dit  La  Bruyère,  ses  petits 
sujets  jusqu'au  cublirie.  Scus  l'air  1-3  plos 
simple ,  il  a  du  génie ,  et  même  plui  de 
ce  qu'on  appelle  esprit,  qu'on  n'en  trouve 
dans  le  mc.ide  le  rL.icux  cultivé.  On  doit 
à  M.  de  Montenaulc  une  rcagaifique  édi- 
tion des  fcblss  de  La  Fcntair.e ,  ea  h  vol . 
in-fo!. ,  dont  le  premier  a  vu  le  jour  sn 
4755  ,  elle  dernier  er.  1759  ;  c^aqu^  fable 
est  accompagnée  d'r.r.e  ei  qi:cl';ucfois  de 
plusieurs  estampes  ;  l'ouvrage  est  précédé 
d'ime  vie  du  fabuliste.  On  a  une  au:re  édi- 
tion des  fables  de  La  Fontaine  par  Coste  , 
174.4 ,  2  vol.  in-12 ,  avec  ligures  et  de 
courtes  notes,  et  1  voL  in-12 ,  sans  figures. 
Elles  ont  depuis  été  réimprimées  très  sou- 
vent, in-8°,  in-i2et  in-18,  avec  et  sans 
figures ,  et  traduites  en  vers  latins  par 
Giraud  ,  1775  ,  2  vol.  in-S"  ou  in-12.  L'on 
a  imprimé  à  Paris  en  1758 ,  en  4  jolis 
petits  vol.  in-i2.  les  OEuQres  diverses  de 
La  Fontaine ,  c'est-à-  dire  tout  ce  qu'on  a 
pu  rassembler  de  ses  ouvrages  tant  en 
vers  qu'en  prose  ,  à  l'exception  de  ses  fa- 
bles et  de  ses  contes.  On  y  trouve  quel- 
ques comédies,  un  poème  sur  le  qum' 
quina ,  quelques  pièces  anacrcontiques , 
des  lettres  et  d'autres  morceaux ,  la  plu- 
part très  faibles  et  qu'on  n'aurait  jamais 
imprimés ,  si  les  éditeurs  consultaient  la 
gloire  des  morts  plutôt  que  l'intérêt  des 
vivans.  Tous  les  ouvrages  de  La  Fontaine 


roiv 


iGO 


FON 


furent  recueillis  en  1726 ,  5  vol.  in-4* , 
belle  édition  encadrée ,  1803 ,  8  tomes  en 
6  vol.  in-12 ,  et  1814 ,  6  vol.  in-8'' ,  fig. 
Le  libraire  Dupont  en  a  donné  une  édition 
en  6  vol.  in-8° ,  avec  les  commentaires  et 
les  notes  de  M.  Walkenaer.  La  Fontaine 
avait  essayé  de  beaucoup  de  genres ,  de 
quelques-uns  même  opposés  à  son  génie. 
Voici  comme  il  peint   son  inconstance  : 

Papillon  du  Parnasse  ,  et  semblable  aux  abeilles  , 
A  qui  le  bon    Platon  compare    nos  merveille» 
Je  suis  chose  légf:re  ,    et  vole   à   tout  sujet: 
Je  vais  de  fleur  en  fleur  ,  et  d'objet  en  objet  ; 
A  beaucoup  de  plaisir  je  mêle  un  peu  de  gloire. 
J'irais  plus  haut  peut-être  au  temple  de  mémoire 
Mais   quoi  !    je    suis    volage  en    vers    comme  en 
amours  ,  etc. 

M.  Walkenaer  a  publié  une  Histoire  de 
la  vie  et  des  ouvrages  de  Jean  de  La 
Fontaine ,  iSW  ,  ô'  édition,  1824,  in-8''. 
M.  A.  A.  Barbier  a  donné  une  Notice  des 
principales  éditions  des  fables  et  des  œu- 
vres de  La  Fontaine  qui  se  trouve  dans 
le  tome  2  des  fables  inédites  publiées  par 
M.  Robert ,  Paris ,  1823  ,  2  vol.  in-8°.  On 
a  de  Chamfort  l'Eloge  de  La  Fontaine , 
couronné  par  l'académie  de  Marseille. 

FOA'TAL\E  (  Nicolas  ) ,  parisien ,  fils 
d'un  maître  écrivain ,  fut  confié  à  l'âge 
de  20  ans  aux  solitaires  de  Port-Royal. 
Il  se  chargea  d'abord  d'éveiller  les  autres; 
mais  dans  la  suite  il  eut  le  soin  plus  no- 
ble des  études  de  quelques  jeunes  gens 
qu'on  y  élevait.  Les  heures  de  loisir  qui  lui 
restaient ,  il  les  employait  à  transcrire  les 
écrits  des  sa  vans  qui  habitaient  cette  so- 
litude. Il  suivit  Arnauld  et  Nicole  dans 
leurs  diverses  retraites.  Il  fut  enfermé  à 
la  Bastille  avec  Sacy,  le  13  mai  1666,  et 
en  sortit  avec  lui  en  1668.  Ces  deux  amis 
ne  se  quittèrent  plus.  Après  la  mort  de 
Sacy  en  1684 ,  Fontaine  changea  plusieurs 
fois  de  retraite.  Il  se  fixa  enfin  à  Melun, 
où  il  mourut  en  1709 ,  à  84  ans.  On  a  de 
lui  :  I  Vies  des  saints  de  l'ancien  Testa- 
ment ^  en  4  vol.  in-8°  :  ouvrage  composé 
8t)us  les  yeux  de  Sacy ,  qui  peut  être  de 
quelque  utilité  pour  l'histoire  sacrée. 
I  Les  Fies  des  saints  ^  in-fol.  et  4  vol. 
in-S".  C'étaient  les  plus  exactes  avant  celles 
de  Baillet  ;  mais  les  unes  et  les  autres  sont 
oubliées  depuis  celles  que  l'abbé  Godescard 
a  traduites  de  l'anglais ,  12  vol.  gr.  in-8°. 
I  Mémoires  sur  les  Solitaires  de  Port- 
Royal^  en  2  vol.  in-12  très  détaillés ,  et 
même  jusqu'à  la  minutie  :  tout  paraît 
précieux  dans  les  saints  d'un  parti  auquel 
on  est  dévoué.  |  Traduction  des  Homélies 
de  saint  Chrysostôme  sur  les  Epitres  de 


saint  Paul,  en  7  vol.  in-8°.  On  accusa 
l'auteur  d'être  tombé  dans  le  rjestoria- 
nisme;  l'archevêque  de  Paris,  Harlay, 
condamna  Fontaine ,  qui  se  rétracta ,  puis 
s'expliqua  ,  et  prétendit ,  à  l'exemple  de 
tous  les  dogmatisans,  avoir  raison.  |  Abré- 
gé de  l'histoire  de  le  Bible  ^  publié  sous 
le  nom  de  Royaumont,  in-8°,  avec  figures, 
communément  attribué ,  et  peut-être  avec 
raison,  à  Sacy.  Voyez  MAISTRE  (  le  ). 

FOA'TAIAE  (  Jacques  de  la),  jésuite 
de  Berg  -  Saint  -  Vinox  ,  travailla  avec 
beaucoup  de  zèle  à  la  défense  de  la  con- 
stitution Unigenitus  ^  et  publia  sur  ce  sujet 
un  ouvrage  en  4  vol.  in-fol.  Il  mourut  à 
Rome  le  18  février  1728 ,  à  l'âge  de  78 
ans. 

FONTAINE  (  Alexis  ) ,  né  à  Clavaison 
en  Dauphiné,  s'occupa  principalement 
du  calcul  intégral,  fut  reçu  de  l'acadé- 
mie des  sciences,  et  mourut  en  1771  à 
Cuiseaux  en  Franche-Conaté.  Ses  mémoi- 
res ^  qui  sont  dans  le  recueil  de  l'acadé- 
mie ,  ont  été  imprimés  séparément  en  1 
vol.  in-4°. 

*  FONTAINE  (  Jean-Claude  ) ,  profes- 
seur de  philosophie  au  collège  d'Annecy, 
et  chanoine  de  la  collégiale  de  la  même 
ville ,  né  à  Talloires  en  1715 ,  et  mort 
dans  la  même  ville  en  1807 ,  a  donné 
quelques  ouvrages  peu  connus.  Les  prin- 
cipaux sont  :  1  Réfutation  de  la  nécessité 
et  du  fatalisme .  Annecy ,  1783 ,  2  vol. 
in-8°;  |  Le  véritable  système  sur  le  m.éca~ 
nisme  de  l'univers  ^  ou  Démonstration  de 
l'existence  du  premier  moteur ,  Annecy, 
1785,2  vol.  in-8"'.  Il  a  laissé  plusieurs  ma- 
nuscrits sur  des  objets  d'astronomie ,  de 
physique,  etc. 

FONTAINE  DE  LA  ROCHE.  Voyez 
ROCHE. 

FONTAINES  (  Pierre  des),  né  dans 
le  Vermandois  en  Picardie,  maître  des 
requêtes  de  Saint-Louis ,  a  réuni  les  usa- 
ges du  Vermandois  sous  le  titre  de  Con- 
seils à  son  ami.  Du  Cange  les  a  publiés 
avec  l'Histoire  de  saint  Louis,  de  Join- 
ville,  1668,  in-fol.  C'est  le  premier  au- 
teur que  l'on  connaisse  qui  ait  écrit  sur 
la  jurisprudence  française.  Il  a  aussi  écrit 
une  histoire  sous  le  titre  de  Livres  de  la 
Reigne.  Joinville  dit  que  saint  Louis  s'en 
servait  «  pour  ouïr  les  plaids  de  la  porte, 
»  pour  recevoir  les  requêtes  et  faire  droit 
»  aux  parties.  » 

FONTAINES  (  Marie  -  Louise-Char-- 
LOTTE  de  PELARD  de  GIVRY,  épouse  ,du 
comte  de  ) ,  fille  du  marquis  de  Givry , 
commandant  de  Metz,   morte  en  1730» 


P0\ 


161 


FON 


culllvâ  les  lettres  a  lombrc  A\i  sWcnrt , 
«t  nicillU  quelques  fleurs  dans  le  champ 
romanesque.  0«  lui  doit  entre  autres  pro- 
ductions, écrites  sans  prétention  et  pour 
le  seul  plaisir  d'écrire  |  La  comtesse  de 
Savoie,  roman  dans  le  goût  de  Zafrf^ , 
imprimé  en  !7«  ;  |  Jtnénophès ,  prince 
de  Libye. 

FOXÏ  \1M>»(P»««*B-F»«*^''"»s  GUYOT 
deaV  naquit  à  Rouan  le  22  juin  1685, 
•  •  r  ftu  parlement.  Les  jésui- 

is  Util  ses  humanités  avec 
■  rent  leur  habit  en  1700. 
Apr^  avoir  professé  15  ans  dans  diffé- 
rena  collèges  de  la  société,  il  sollicita  sa 
«ortie  et  l'obtint  sans  peine.  Son  humeur 
dii'tlcile  et  son  génie  indépendant  avaient 
un  peu  indisposé  ses  supérieurs  ,  qui  lui 
avaient  conseillé  eux-mêmes  de  rentrer 
dans  le  siècle,  et  de  quitter  le  cloître 
pour  lequel  il  ne  paraissait  pas  fait.  L'abbé 
des  Fontaines  était  prêtre  alors;  on  lui 
donna  la  cure  de  Torigny  en  Normandie, 
mais  il  ne  tarda  pas  de  s'en  démettre.  Il 
fut  quelque  temps  auprès  du  cardinal 
d'Auvergne  .  comme  bel-esprit  et  homme 
de  lettres.  Quelques  brochures  critiques 
lui  firent  un  nom  à  Paris.  L'abbé  Bignon 
lui  confia  en  1724  le  Journal  des  savons, 
mort  de  la  peste  ,  comme  on  disait  alors, 
parce  que  les  prédécesseurs  de  l'abbé  des 
FonUiites  dans  ce  travail ,  ne  le  remplis- 
saient que  d'extraits  de  livres  sur  la  peste 
de  Marseille.  Le  nouveau  journaliste  ra- 
nima ce  cadavre,  et  se  distingua  égale- 
ment par  d'autres  ouvrages  périodiques. 
Le  premier  vit  le  jour  en  1731 ,  sous  le 
titre  de  Nouvelliste  du  Parnasse,  ou  Ré- 
flexions sur  les  ouvrages  nouveaux.  Il 
n'en  publia  que  2  vol.  L'ouvrage  fut  ar- 
rêté par  le  ministère  en  1732 ,  et  ce  fut 
au  grand  regret  de  quelques  littérateurs 
qui  y  trouvaient  l'instruction  ,  et  des  gens 
du  monde  qui  y  cherchaient  l'amusement. 
Fjiviron  trois  ans  «près,  en  1735  ,  l'abbé 
des  Fontaines  obtint  un  nouveau  privi- 
lège pour  dos  feuilles  périodiques.  Ce  sont 
celles  qu'il  intitula  :  Observations  sur  les 
écrits  modernes .  in-i2 ,  commencées 
comme  les  précédentes  avec  l'abbé  Gra- 
net ,  et  continuées  jusqu'au  33*  vol.  inclu- 
sivement. On  les  supprima  encore  en 
1743.  Cependant  l'année  suivante  il  pu- 
blia une  autre  feuille  hebdomadaire,  in- 
'■'"lée  :  Jugemens  sur  les  ouvrages  nou- 
ir .  en  11  vol.  in-12,dont  les  deux 
ùrrs  «ont  de  Mairault.  L'abbé  Granet 
n'eut  point  de  part  aux  jugemens  .  comme 
le  dit  l'abbé  Ladvocat  ou  son  continua- 


teur :  il  y  avait  î  ans  qu'il  était  mort. 
L'  abbé  des  Fontaines  mourut  en  1745  ,  k 
60  ans.  Ses  critiques  ont  été  taxées  de 
trop  de  sévérité;  mais  cette  sévérité,  dit 
un  auteur  judicieux  ,  n'était-ellc  pas  né- 
cessaire ,  si  l'on  fait  attention  à  la  rapi- 
dité avec  laquelle  le  goût  se  pervertit 
aujourd'hui?  n  était  naturel  que  l'abbé 
des  Fontaines  fût  sensible  h  la  dégrada- 
tion des  lettres  :  personne  ne  connaissait 
mieux  que  lui  les  règles  eî  les  raisons  des 
règles;  personne  ne  les  développait  avec 
plus  de  finesse ,  d'agrément  et  de  clarté; 
personne  ne  saisissait  avec  autant  de  pré- 
cision les  différens  degrés  du  beau  et  les 
moindres  nuances  du  ridicule  ;  l'œil  sans 
cesse  ouvert  sur  les  moindres  défauts ,  il 
les  sentait  vivement  et  ne  faisait  grâce  à 
rien.  Est-il  étonnant  après  cela,  qu'il  ait 
eu  pour  ennemis  les  médiocres  écrivains 
de  son  temps ,  et  même  des  écrivains  cé- 
lèbres qui  ne  voulaient  être  médiocres 
en  rien  T  Delà  ce  déchaînement  presque 
universel  contre  lui.  On  s'efforça  de  dé- 
crier ses  talens ,  on  attaqua  sa  réputation, 
on  calomnia  ses  mœurs,  on  enfanta  un 
déluge  de  libelles  ,  auxquels  il  eut  la  fai- 
blesse d'être  sensible  ,  et  qui  le  rendirent 
injuste  à  l'égard  de  ceux  qui  l'avaient  of- 
fensé; mais  si  le  ressentiment  a  aigri 
quelquefois  son  style ,  on  découvre  tou- 
jours dans  ses  jugemens  les  lumières  d'un 
homme  fait  pour  régenter  le  Parnasse. 
Toutes  les  fois  qu'il  n'écoute  que  la  raison 
et  le  bon  goût,  on  ne  peut  s'empêcher 
de  le  regarder  comme  le  modèle  des  bons 
critiques.  «  L'abbé  des  Fontaines  (  dit 
»  Fréron  ) ,  philosophe  dans  sa  conduite 
»  comme  dans  ses  principes,  était  exempt 
»  d'ambition;  il  avait  dans  l'esprit  une 
»  noble  fierté,  qui  ne  lui  permettait  pas 

*  de  s'abaisser  à  solliciter  des  bienfaits 
»  et  des  titres.  Le  plus  grand  tort  que  lui 
»  aient  fait  les  injures  dont  on  l'a  accablé, 
»  est  qu'elles  ont  quelquefois  corrompu 
»  son  jugement.  L'exacte  impartialité  ,  je 
»  l'avoue ,  n'a  pas  toujours  conduit  sa 
»  plume ,  et  le  ressentiment  de  son  cœur 
»  se  fait  remarquer  dans  quelques-unes 
»  de  ses  critiques Si  l'abbé  des  Fon- 

*  taines  était  quelquefois  dur  et  piquant 
»  dans  ses  écrits,  dans  la  société,  il  était 
»  doux  ,  affable ,  poli  sans  affectation  de 
D  langage  et  de  manières.  On  doit  cepcn- 
»  dant  le  mettre  au  rang  de  ceux  dont 
0  on  n'est  curieux  que  de  lire  les  ouvra- 
»  gcs.  !1  paraissait  dans  la  conversation 
»  un  homme  ordinaire,    à   moins  qu'on 

*  n'y  agitai  quelque  matière   de  littcrui- 


FOIV  (62 

h  tnrc  et  de  bel-esprit.  Il  soutenait  avec 
»  chaleur  ses  senlimens  ;  mais  la  même 
»  vivacité  d'imagination ,  qui  l'égarait 
»  quelquefois ,  le  remettait  sur  la  route , 
h  pour  peu  qu'on  la  lui  fit  apercevoir.  » 
J.  J.  Rousseau,  M.  Rollin  et  tous  ceux 
tfui  s'intéressaient  aux  progrès  de  la 
bonne  littérature ,  ont  rendu  par  leurs 
éloges ,  justice  à  ses  talens  et  à  ses  lu- 
mières. L'auteur  de  la  Métromanie  (  le 
célèbre  Piron  )  fut  long-temps  de  ce 
nombre.  Ami  faible  et  inconstant ,  comme 
ne  le  sont  que  trop  ordinairement  les 
gens  de  lettres,  il  ne  se  brouilla  avec 
l'abbé  des  Fontaines  que  pour  une  baga- 
telle. Voltaire  lui  fut  également  attaché , 
mais  quelques  plaisanteries  sur  la  tragé- 
die de  la  mort  de  César  ^  irritèrent  ce 
poète,  et  furent  le  signal  d'une  guerre 
qui  a  duré  jusqu'à  la  mort  du  critique. 
Outre  ses  feuilles ,  on  a  encore  de  l'abbé 
des  Fontaines  :  |  une  Traduction  de  Vir- 
gile^ en  h  vol.  in-8°,  Paris >  1743,  avec 
des  ligures  de  Cochin ,  des  discours  bien 
écrits,  des  dissei'tations  utiles,  des  re- 
marques propres  à  diriger  les  jeunes 
gens  dans  la  lecture  de  Virgile  et  des  au- 
teurs qui  l'ont  imité.  11  y  en  a  aussi  une 
édition  en  2  vol.  in-12.  Cette  version, 
fort  supérieure  aux  traductions  de  Fabre, 
de  Catrou  et  des  autres ,  est  la  meilleure  ; 
mais  elle  n'est  pas  encore  parfaite.  Quel- 
ques morceaux  sont  écrits  du  style  de  Té- 
léinaque  :  c'était  tout  ce  qu'on  pouvait  at- 
tendre d'un  traducteur  en  prose;  mais 
dans  plusieurs  autres  fragmens ,  l'auteur 
de  ÏEneïde  n'a  que  la  moitié  de  ses  grâ- 
ces. Ou  trouve  des  endroits  rendus  avec 
chaleur  ,  mais  avec  trop  peu  de  fidélité  ; 
d'autres  très  élégans ,  mais  froids  ,  gla- 
cés :  ceux-ci  sont  le  plus  grand  nombre. 
{  Poésies  sacrées ,  traduites  ou  imitées 
des  Psaumes,  ouvrage  de  sa  jeunesse  ,  et 
qui  n'en  est  pas  moins  froid  ;  |  Lettres 
tur  le  Livre  de  la  Religion  chrétienne 
prouvée  par  les  faits ,  par  l'abbé  Houtle- 
pille ,  in-12.  Elles  sont  au  nombre  de  18, 
et  la  plupart  très  judicieuses.  |  Para- 
doxes littéraires  sur  Z'Inès  de  Castro  de 
La  Motte  ^  \n-h°.  Cette  critique  fut  très 
recherchée.  |  £?iiretiens  sur  les  Voyages 
de  Cyrus  de  Rainsay  ^  autre  critique 
fort  sensée  ;  |  Racine  vengé,  ou  Examen 
des  remarques  grammaticales  de  M. 
l'abbé  d'Olivet  sur  les  OEuvres  de  Racine. 
in-i2.  Cette  brochure  prouve  que  l'abbé 
des  Fontaines  connaissait  le  génie  de  sa 
langno.  |  Les  Voyages  de  Gulliver,,  tra- 
duits de  l'anglais  de  Swift .  in-i2  ;  L  Le 


FOIV 

nouveau  Gulliver.  2  vol.  în-12.  Tl  ne 
vaut  pas  l'ancien  ;  mais  si  l'on  n'est  pas 
satisfait  de  l'invention  ,  on  y  reconnaît 
du  moins  le  même  goût  de  style  et  de 
critique  morale ,  qui  avait  fait  la  réputa- 
tion de  celui  de  Swift.  ]  Les  aventures 
de  Joseph  Andrews,  traduites  de  l'an- 
glais, 2  vol.  in-12;  \  l'Histoire  de  don 
Juan  de  Portugal,  in-12 ,  roman  histori- 
que, dont  le  fond  est  dans  Mariana.  L'abLé 
des  Fontaines  a  eu  part  à  la  traduction 
de  V Histoire  du  président  de  Thon  ;  à 
l'Histoire  des  révolutions  de  Pologne  ;  à 
celle  des  ducs  de  Bretagne  ;  à  la  traduc- 
tion de  l'Histoire  romaine  d'Echard  ;  à 
l'Histoire  abrégée  de  la  ville  de  Paris, 
par  d'Auvigni  ;  au  Dictionnaire  néologi- 
que ,  ouvrage  estimable  fait  pour  guérir 
quelques  auteurs  qui  écrivaient  comme 
parlaient  les  laquais  des  Précieuses ,  mais 
qu'il  infecta  de  satires  personnelles.  M. 
l'abbé  de  La  Porte  a  publié  en  1757  \ Es- 
prit de  l'abbé  des  Fontaines ,  en  4  vol. 
in-12.  On  trouve  à  la  tête  du  premier 
volume  la  vie  de  l'auteur,  un  catalogue 
de  ses  ouvrages  ,  et  un  autre  des  écrits 
publiés  contre  lui. 

FONTANA  (  PuBLio)  ,  prêtre,  né  eu 
1548  à  Palluccio ,  près  de  Bergame ,  eut 
le  talent  de  la  poésie  latine  et  les  vertus 
de  son  état.  Le  cardinal  Aldobrandini  ne 
put  jamais  lui  faire  quitter  sa  solitude.  Il 
mourut  en  1609,  à  62  ans.  Le  principal 
de  ses  ouvrages  ,  imprimé  à  Bergame  en 
1594 ,  in-folio,  est  son  poème  de  la  Del- 
phinide.  Il  y  a  de  la  grandeur,  de  la  no- 
blesse, de  l'élévation  ,  et  peut-être  un 
peu  d'enflure  dans  le  style. 

FOATAIVA  (  Dominique  ) ,  né  à  Mili , 
village  sur  le  bord  occidental  du  lac  de 
Lugano ,  en  1543 ,  vint  à  Rome  à  l'âge  de 
20  ans  pour  y  étudier  l'architecture.  Sixte 
V,  qui  s'était  servi  de  lui  n'étant  que  car- 
dinal, le  choisit  pour  son  architecte  lors- 
qu'il eut  obtenu  la  tiare.  Ce  pontife  avait 
conçu  le  projet  de  mettre  sur  pied  l'obé- 
lisque de  granit  d'Egypte  ,  qu'on  voit  ac^ 
tuellement  sur  la  place  de  Saint-Pierre  h 
Rome,  et  qui  alors  était  couché  parterre, 
près  le  mur  de  la  sacristie  de  cette  église. 
Il  proposa  un  concours  aux  artistes  ingé- 
nieurs et  mathématiciens,  pour  imaginer 
les  moyens  de  redresser  ce  précieux  reste 
de  la  magnificence  romaine  ,  haut  de  107 
palmes ,  d'une  seule  pièce ,  et  du  poids 
d'environ  un  million  de  livres.  Les  pro- 
cédés dont  les  Egyptiens  et  les  Romains 
s'étaient  servis,  soit  pour  transporter, 
soit  pour  élever  en  l'air  coa  m&sôes  énor- 


FON 


465 


TON 


oies,  éteicnt  cnsovclls  dans  l'oabli;  la 
Iradition  ne  fournissait  rien  à  ce  sujet,  cl 
il  fallait  nécessairement  imaginer.  Fontana 
présenta  au  pape  le  modèle  d'une  mactiine 
'prt)pre  k  celte  opération,  avec  laquelle  il 
{exécutait  en  pelil,  ce  qui  devait  se  prati- 
quer en  grand.  L'exécution  répondit  i 
rallenlc  :  l'obélisque  fut  d'abord  trans- 
porlc  sur  la  place  où  il  devait  être  élevé, 
distante  de  115  cannes  du  lieu  où  il  était 
couche ,  et  le  10  septembre  1686  il  fut 
dresse  sur  son  piédestal ,  au  bruit  des  ac- 
clamations réitérées  d'une  multitude  in- 
combrablc  de  spectateurs.  Il  fut  magnili- 
quement  récompensé.  Le  pape  le  créa 
chevalier  de  l'Eperon  d'or  et  noble  ro- 
main ,  et  fît  frapper  des  médailles  à  son 
honneur.  A  ces  distinctions  fut  ajoutée 
une  pension  de  2,000  écus  d'or ,  réver- 
sible à  ses  héritiers  ;  outre  5,000  écus  de 
gratification  ,  et  le  don  de  tous  les  maté- 
riaux qui  avaient  servi  à  son  entreprise, 
eslimés  à  plus  de  20,000  écus.  C'est  celte 
érection  de  l'obélisque  de  la  place  de  Saint- 
Pierre  qui  a  fail  la  plus  grande  réputa- 
tion de  Fonlona.  Dominique  transporta 
et  éleva  trois  autres  anciens  obélisques , 
.'un  sur  la  place  de  Sainte-Marie-Majeure, 
l'autre  sur  celle  de  Saint-Jean  de  Latran, 
et  le  troisième  sur  la  Place  du  peuple.  Il 
répara  les  colonnes  Trajane  et  Antonine , 
continua  le  palais  papal,  sur  le  mont 
Quirinal  nommé  depuis  Monle-Cavallo,  à 
cause  des  deux  groupes  représentant  des 
coursiers  domptés  par  deux  héros,  que 
Fontana  avait  fait  transporter  dans  ce 
lieu  des  Thermes  de  Diocléiien.  11  avait 
beaucoup  de  génie  pour  la  mécanique  ; 
mais  il  a  fait  de  grandes  fautes  en  archi- 
tecture. Les  mauvais  offices  qu'on  lui 
rendit  auprès  du  pape  Clément  VIII ,  et 
peut-cire  des  torts  réels,  le  firent  desti- 
tuer de  sa  place  de  premier  architecte  de 
la  Sainteté.  Il  fut  appelé  à  Naples  en 
1592  ,  par  le  comte  de  Mirande ,  vice-roi, 
qui  le  créa  architecte  du  roi,  et  ingénieur 
en  chef  du  royaume.  Il  construisit  plu- 
sieurs édifices  dans  celte  ville,  et  entre 
aulrcs  le  palais-royal.  Il  y  mourut  riche 
et  fort  considéré,  eu  1607.  On  a  de  cet  ar- 
diitecte  1  vol.  in-fol.  imprimé  à  Rome 
en  16'J0  ,  où  sont  décrits  les  moyens  qu'il 
employa  pour  le  transport  et  l'érection 
de  loln-lisque  dont  nous  avons  parlé. 

FONTANA  (  Charles),  architecte  cé- 
lèbre, né  k  Brucialo  dans  le  territoire  do 
Conte  en  1634,  fut  un  des  meilleurs  élèves 
da  cavalier  Bernin  ;  mais  il  n'eut  point  sa 
correction,  cl  duuna  dans  le   singidicr. 


Innocent  XII  cl  Clément  XI  employèrent 
souvent  ses  talens.  Il  a  construit  un  grand 
nombre  de  monumcns  publics  k  Rome, 
entre  autres  le  Mausolée  de  la  reine  Chris 
tine  à  Saint-Pierre,  les  palais  Grimani  et 
Bolognetti,  la  fontaine  de  Sainte-Marie  in 
Transtevere^xxne  des  fontaines  do  la  place 
Saint-Pierre,  le  théâtre  de  Tordionne ,  la 
bibliothèque  de  la  Minerve,  le  palais  de 
Visconti  à  Frescati,  etc.,  etc.  Innocent  XI 
le  chargea  do  faire  la  description  de  l'é- 
glise de  Saint-Pierre.  Suivant  le  calcul  do 
cet  architecte ,  les  dépenses  qui  ont  été 
faites  pour  cette  église  depuis  sa  fonda- 
tion jusqpi'au  moment  où  il  écrit  (  en  1G94), 
montent  ai  46  millions  huit  cent  mille 
cinquante-deux  écus  romains,  sans  y  com- 
prendre la  dépense  des  modèles ,  la  dé- 
molition de  l'ancienne  église  et  du  clocher 
du  cavalier  Bernin ,  les  peintures ,  les 
échafauds,  etc.  Il  mourut  à  Rome  le  6  fé- 
vrier 1714.  On  a  de  lui  :  |  La  description 
dont  nous  venons  de  parler,  sous  le  titre 
de  Templum  f^attcanum  et  ejus  origo, 
1694,  in-fol.  Il  renferme  d'cxcellcns  prin- 
cipes pour  les  jeunes  architectes.  |  Avfi- 
(catro  Flavio  descrilto  e  delineato,  con 
fiq..  la  Haye,  1725,  in-fol. 

FO\TA!VA  (  François  ) ,  habile  mathé- 
maticien et  physicien,  publia  en  1646,  un 
traité  intitulé  Novœ  cœlestium  et  terres- 
trium  rerum  obsetvationes.  Il  préparadt 
d'autres  ouvrages,  lorsqu'il  mourut  de  la 
peste  à  Naples,  eu  1656. 

•  FOATANA  (le  Père  Grégoiiie),  cé- 
lèbre mathématicien  italien,  ne  à  Villa  de 
Nogarola  dans  le  Ty,rol,  le  7  décembre 
1735,  s'engagea  fort  jeune  dans  l'ordre 
des  écoles  Pies  à  Rome,  et  s'y  fit  bientôt 
distinguer  par  ses  talens.  On  l'envoya 
professer  à  Sinigaglia,  à  Milan  ,  ensuite  à 
Pavie,  où  il  remplaça  le  fameux  Bosco- 
wich,  et  où  il  enseigna  avec  distinction 
pendant  près  de  50  ans  les  hautes  malhé- 
matiques.  11  était  en  même  temps  direc- 
teur de  la  bibliothèque  de  l'université 
créée  par  le  comte  de  Firmian ,  et  elle 
acquit  sous  lui  son  existence  et  une  grande 
partie  de  ses  richesses.  Lorsque  Bona- 
parte vint  en  Italie  en  1796,  comme  géné- 
ral en  chef  de  l'armée  française ,  il  le 
fit  nommer  membre  du  Corps  Icgislalil 
de  la  naissante  république  cisalpine,  cl  il 
eut  la  faiblesse  d  accepter  celle  place; 
mais  il  s'en  démit  bientôt.  Il  se  retira  è 
Milan  après  la  bataille  de  Marengo  ,  el 
devint  membre  du  collège  électoral  de' 
Dotti.  Une  fièvre  ardente  l'emporta  le 
24  août  1S03.  Il  a  laisse  \  i>lu«icurs  dicter- 


FON 


16& 


FOIV 


dations  ou  opuscules  académiques  ;  \  un 
grand  nombre  de  mémoires  insérés  dans 
la  collection  des  académies  de  Sienne,  de 
Turin  et  autres  sociétés  savantes  ;  |  plu- 
sieurs traductions  d'ouvrages  français, 
anglais,  ou  allemands ,  tels  que  V Hydro- 
dynamique de  l'abbé  Eossut  ;  une  disser- 
tation de  Laurent  Mosheim  sur  l'ouvrage 
d'Origène  contre  Celsus;  un  sermon  sur 
le  martyre  de  Charles  I"j  prononcé  à  Du- 
plin  ;  VEsempio  délia  Francia^  ou  VExem- 
ple  de  la  France  ^  cvis  et  miroir  pour 
l'Angleterre,  d'Artur  Young.  Ces  deux 
ouvrages  furent  faits  et  publiés  à  Tocca- 
Bion  du  meurtre  de  Louis  XVI. 

*  FOj\TA]\A  (  le  chevalier  Félix  de  ) , 
savant  physicien  et  naturaliste  italien, 
frère  du  précédent,  naquit  en  1730  à  Po- 
marolo,  petit  bourg  du  Tyrol.  L'empe- 
reur François  T',  alors  grand  duc  de  Tos- 
cane, le  nomma  professeur  de  philosophie 
à  Pise,  où  il  resta  jusqu'à  ce  que  le  grand 
duc  Pierre-Léopold ,  depuis  empereur 
sous  le  nom  de  Léopold  II ,  le  fit  venir  à 
Florence,  et  le  chargea  de  former  le  beau 
cabinet  de  physique  et  d'histoire  natu- 
relle qui  fait  encore  aujourd'hui  l'un  des 
plus  beaux  ornemens  de  cette  ville.  On  y 
remarque  entre  autres  objets  curieux  la 
collection  d'anatomie  exécutée  en  cire  co- 
loriée, et  qui  se  compose  de  vingt-quatre 
statues  de  grandeur  naturelle,  et  de  plus 
de  trois  mille  pièces  de  détails.  L'empe- 
reur Joseph  II,  à  son  passage  à  Florence, 
lui  accorda  le  titre  de  chevalier  du  Saint- 
Empire  romain,  en  signe  d'admiration  de 
ses  travaux.  Quoique  Foutana  n'eût  pris 
aucune  part  directe  aux  affaires  à  l'épo- 
que de  la  première  occupation  de  la  Tos- 
cane par  les  Français,  les  déférences  que 
les  généraux  français  lui  témoignèrent 
alors  lui  firent  courir  quelques  risques 
au  retour  des  Aulrichieus  ;  elles  insurgés 
d'Arexzo  qui  les  précédèrent  à  Florence, 
le  jetèrent  même  eu  prison;  mais  il  fut 
promplement  mis  en  Uberlé.  Il  mourut 
le  10  mars  1803  des  suites  d'une  cliute 
qu'il  avait  faite  quelques  mois  auparavant 
dans  une  rue.  On  a  de  lui  plusieurs  écrits 
œarquans  sur  la  chimie,  la  physique  et  la 
physiologie  ;  |  des  Lettres  sur  les  phéno- 
mènes de  l'irritabilité  j  insérées  dans  le 
troisième  volume  des  mémoires  de  Haller 
sur  les  parties  sensibles  et  irritables;  \  De 
moli  delV  iride,  Lucca ,  1765 ,  in-8°.  Il 
prouve  par  des  expériences  très  ingé- 
nieuses sur  les  mouvemens  de  l'iris,  que 
l'irritabilité  de  cette  partie  de  l'œil  est 
daus  certain  cas  somiùâe  à  la  volonté. 


I  Ricerche  filosofiche  sopra  la  fisica  ont- 
maie,  Florence,  1775,  in-4°;  ouvrage  qui 
vient  à  l'appui  du  précédent,  et  où  il  cher- 
che à  prouver  que  l'influence  du  nerf  sur 
la  fibre  ne  doit  être  considérée  que  comme 
un  irritant  extérieur  ;  ]  Ricerche  sopra'î 
veleno  délia  vipera,  Lucca,  1767,  in-8°.  . 

II  prétend  dans  ce  recueil,  où  l'on  trouve  I 
un  très  grand  nombre  d'expériences,  que  '. 
la  morsure  d'une  vipère  d'Europe  est  in-  1 
suffisante  pour  tuer  un  homme.  |  Traité  \ 
sur  le  venin  de  la  vipère,  sur  les  poisons  ^ 
américains,  sur  le  laurier  cerise ,  et  sur  \ 
quelques  autres  poisons  végétaux,  etc.,  ' 
Florence,  1781,2  vol.  in-4°,   fig.,  traduit 

en  allemand  en  1787 ,  2  vol.  in-i° ,   fig. 

I  Plusieurs  opuscules  et  mémoires  de  chi-  ' 
mie  insérés  dans  les  recueils  du  temps.  ^ 
Gébelin  en  a  traduit  quelques-uns  sous 
ca  tilre  :  Observations  physiques  et  chi- 
miques, Paris,  1785,  in-8".  Fontana  prit 
surtout  beaucoup  de  part  aux  recherches 
sur  les  gaz  auxquels  Cavendish,  Priestley 
et  Lavoisier  avaient  donné  une  si  grande 
impulsion.  On  lui  doit  l'emploi  du  gaz 
nitreux  pour  mesurer  la  salubrité  de  l'air  ; 
et  plusieurs  physiciens  se  servent  encore 
de  son  eudiomètre ,  qu'il  avait  conçu  d'a- 
près la  découverte  de  Priestley  sur  la 
propriété  qu'a  ce  gax  d'absorber  l'oxi- 
gène.  Il  a  particulièrement  observé  la  fa- 
culté du  charbon  d'absorber  les  différentes 
espèces  d'air.  Quoique  Fontana  soit  in- 
génieux dans  tous  ses  écrits ,  il  n'est  pas 
toujours  exact,  et  plusieurs  de  ses  expé- 
riences ont  besoin  d'être  revues  avant 
qu'on  puisse  les  employer  comme  bases 
de  doctrine.  On  doit  à  Fontana  l'art  de 
composer  des  cires  propres  à  confection- 
ner des  pièces  anatomiques.  Son  Eloge 
fut  prononcé  solennellement,  le  12  mars 
1812,  à  l'ouverture  de*  cours  de  l'univer- 
sité de  Paris ,  par  le  professeur  Joseph 
Mangili,  et  imprimé  à  Rome  en  1815. 

*FO\'TA\A(Maria!«o,  le  Père),  célèbre 
professeur  de  mathématiques,  né  à  Casal- 
Maggiore  le  18  février  1746,  entra  à  l'âge 
de  16  ans  dans  la  congrégation  des  bar- 
nabites  ou  clercs  réguliers  de  Satnt-Paul. 

II  se  fit  bientôt  distinguer  par  ses  taleni 
et  professa  successivement  la  philosophie 
et  les  mathématiques  à  Miian,  et  à  l'uni- 
versité de  Pavie,  où  il  enseigna  jusqu'en 
1802.  Il  se  retira  ensuite  à  Milan  avec  la 
pension  d'émérite  ;  et  y  mourut  dans  le 
couvent  de  Saint-Barnabe  le  18  novem- 
bre 1808.  Son  principal  ouvrage  est  son 
Corso  di  dinamica,  3  vol.  ou  part.  m-4°  , 
Pavie,  1790.  92  et  93.  On  trouve  dans  les 


FO!V 


16» 


TON 


attiou  actes  do  l'institut  d'Italie  ,  dont  il 
était  membre ,  un  tiiémoire  où  il  essaie 
de  réfuter  le  Traité  analytique  de  la  rési- 
stance des  solides  drgide  résistance,  pu- 
blié à  Paris  en  1798  par  Cirard. 

•  FONTW.V  (  FnA\çoiR-Locis)  cardi- 
nal, naquit  h  Casal-MacRiorc,  dans  le 
MUanais.  le  58  août  1750.  N'étant  àfic  que 
do  16  ans,  il  entra  à  l'exemple  de  deux  de 
•es  frères ,  dans  la  conjrc(;ation  des  bar- 
nabiles,  et  prononça  ses  vœux  en  1707. 
Après  avoir  terminé  ses  cours  de  pIiUoso- 
phio,  il  fut  nommé  pour  accompaener  le 
P.  Herménogilde  Fini,  habile  naturaliste, 
que  limpcratrice  Marie-Thérèse  venait 
d'appeler,  en  1772,  pour  visiter  les  mines 
de  Hongrie.  Pendant  son  séjour  à  Vienne 
il  se  lia  avec  plusieurs  gens  de  lettres, 
entre  autres  avec  Métastase.  Au  bout  d'un 
an  il  revint  en  Italie,  et  son  frère  Mar- 
tien Fontana  le  demanda  pour  le  secon- 
der dans  la  direction  du  collège  de  Saint- 
Louis  de  Bologne.  Peu  de  temps  après  il 
fut  chargé  d'une  chaire  d'éloquence,  dans 
le  grand  collège  de  Milan ,  et  c'est  là  sur- 
tout qu'on  put  apprécier  son  mérite  lit- 
téraire. Sa  congrégation  l'élut  provincial 
de  Milan  :  il  se  conduisit  avec  tant  de  pru- 
dence au  milieu  des  révolutions  d'Italie , 
qu'il  sauva  les  collèges  placés  sous  sa  sur- 
veillance de  la  destruction  dont  les  corps 
religieux  étaient  menacés  par  le  gouver- 
nement démocratique  de  cette  époque. 
Après  l'élection  de  Pie  VII,  le  cardinal 
Gerdil  fit  appeler  à  Rome  le  P.  Fontana, 
qui  fut  nommé  successivement  procureur- 
général  de  son  ordre  ,  consulteur  des  rites 
et  de  l'inquisition,  et  en  1807,  général  de 
sa' congrégation.  Il  accompagna  le  pape 
comme  théologien ,  dans  son  premier 
voyage  en  France  en  1804  :  mais  le  cardi- 
nal Borgia  étant  tombé  malade  à  Lyon,  ou 
il  mourut,  le  P.  Fontana  resta  dans  cette 
ville  pour  l'assister  dans  ses  derniers  mo- 
mens;  il  n'arriva  à  Paris  que  quelque 
temps  après  le  pape ,  et  y  mena  la  vie  la 
plus  retirée  ,  ne  voulant  jamais  paraître 
dans  les  cérémonies  publiques.  A  celte 
époque  un  ne  connaissait  de  lui  que  les 
biographies  de  quelques  savans  italiens  , 
qu'il  publia  en  1790,  dans  le  recueil  d'Ange 
Pabbroni  (  f'ita  italorum  doctrine  prœ- 
êtantium.  vol.  9. 10  et  11).  Fontana,  après 
la  mort  du  cardinal  Gerdil,  prononça  son 
éU)ge  funèbre  le  18  août  1802,  dans  l'é- 
glise de  Saint-Charles  de  Cattinari,  àRome; 
et,  le  7  janvier  1804 ,  il  lut  encore ,  à  l'a- 
cadcmie  des  Arcades  ,  un  éloge  littéraire 
du  cardinal  (in-4°  de  52  pa^csj.  Secondé 


par  lo  P.  Léopold  Scati,  confesseur  et  ex6- 
cuteur  testamentaire  de  Gerdil,  lo  P.  For»- 
iana  entreprit .  en  180C ,  une  nouvelle 
édition  in-4'*,  des  œuvres  du  savant  car- 
dinal. Les  six  premiers  volumes  parurent 
cette  même  année  :  l'ouvrage  était  au 
seizième  volume,  lorsque  les  événemens 
politiques  en  interrompirent  la  publica- 
tion ,  en  1809  :  elle  a  été  reprise  depuis  ; 

4  volumes  ont  été  publiés  en  1819,  par  le 
P.  Grandi,  procureur  générad  des  barna- 
bites.  Le  20*  et  dernier  volume  devait  com- 
prendre une  vie  do  Gerdil,  écrite  par 
Fontana  ;  elle  paraît  ne  pas  avoir  été  ter- 
minée. Fontana  a  composé  plusieurs  épi- 
laphes  d'une  élégante  latinité  ,  entre  au- 
tres celles  du  cardinal  Gerdil  à  Rome ,  et 
du  cardinal  Luchi ,  à  l'abbaye  de  Subiac 
On  connaît  de  lui  quelques  inscriptions 
et  poésies  grecques ,  à  limitation  de  celles 
de  saint  Grégoire  de  Nazianze.  Le  P.  Fon- 
tana essuya  une  part  considérable  des 
persécutions  que  Napoléon  fit  peser  sur 
les  principaux  ecclésiastiques  romains, 
dans  les  dernières  années  de  son  règne. 
On  le  fit  partir  inopinément  de  Rome ,  en 
1808,  avec  les  autres  chefs  d'ordres  reli- 
gieux, et  on  l'amena,  à  ses  frais  ,  à  Paris. 
Là,  on  lui  intima  la  défense  de  paraître 
publiquement  avec  son  costume,  et  on 
l'envoya  en  exil  à  Arcis-sur-Aube.  Il  fut 
rappelé  en  1809 ,  pour  s'adjoindre  à  une 
commission  d'évéques,  qui  avait  été  for- 
mée par  le  gouvernement,  afin  de  répon- 
dre à  diverses  questions  sur  les  affaires 
de  l'église.  Le  P.  Fontana  ne  parut  qu'aux 
premières  séances  :  une  maladie  vint  lo 
dispenser  de  prendre  part  aux  délibéra- 
tions de  cette  réunion.  Lors  de  l'éclat  que 
fit  le  bref  adressé  au  cardinal  Maury ,  du 

5  novembre  1810  ,  le  P.  Fontana  fut  com- 
pris dans  la  liste  des  cardinaux  ,  prélats 
et  ecclésiastiques  enfermés  à  Vincennes,- 
à  cette  occasion,  en  janvier  1811.  Il  paraît 
que  son  emprisonnement  fut  provoqué 
par  des  lettres  et  papiers  que  l'on  trouva, 
lors  de  la  visite  du  cabinet  du  pape  à  Sa- 
vone,  et  dans  lesquels  il  donnait  son  avis, 
contre  la  légitimité  canonique  du  second 
mariage  de  Napoléon.  Le  P.  Fontana 
passa,  trois  ans  et  trois  mois  en  prison , 
d'où  il  ne  sortit  qu'au  commencement  de 
1814.  A  son  retour  à  Rome,  Pie  VII  le 
nomma  secrétaire,  avec  droit  de  suffrage, 
d'une  congrégation  de  15  cardinaux  qu'il 
établit  pour  délibérer  sur  les  affaires  ex- 
traordinaires de  l'église.  En  181.'» ,  lors  do 
l'invasion  de  Mural .  il  suivit  le  pape  4 
Gènes.  Le  8  mars  1816,  il  fut  compris 


TON  iG6 

dans  une  promotion  de  cardinaux.  Lui  et 
le  cardinal  Caselli  se  trouvèrent  alors  les 
seuls  religieux  membres  du  sacré  colli%c. 
Le  pape  lui  conféra  le  titre  de  Sainte- 
Marie  lie  la  Minerve^  et  la  préfecture  de 
la  congrégation  de  l'index  ,  et  lui  permit 
de  conserver  en  même  temps  le  titre  de 
supérieur  général  des  congrégations.  Il  fut 
nommé  par  la  suite  membre  de  plusieurs 
congrégations  ,  et  en  outre  de  diverses 
commissions  civiles,  pour  rédiger  un  code 
civil  nouveau ,  pour  restreindre  les  pou- 
voirs de  l'inquisition,  pour  régler  le  sys- 
lème  des  études  et  déterminer  les  villes 
où  seraient  fixés  les  établisscmens  d'in- 
struction publique ,  dans  les  états  pontifi- 
caux. En  1818,  il  quitta  la  place  de  préfet 
de  l'index  ,  et  devint  préfet  de  la  propa- 
gande ,  de  la  congrégation  des  études  du 
collège  romain,  et  de  celle  de  la  correc- 
tion des  livres  pour  l'église  orientale. 
Fontana  s'acquittait  de  tous  ces  emplois 
avec  autant  de  lumière  que  de  dévoue- 
ment, lorsqu'il  est  mort,  le  19  mars  1822, 
à  l'âge  de  72  ans.  Le  P.  Placide  Zurla,  re- 
ligieux tamaldule,  prononça  son  oraison 
funèbre.  Ce  discours  a  été  imprimé  ,  et 
Von  y  apprend  que  le  P.  Fontana  refusa 
rarchcvèché  de  Gènes ,  auquel  le  roi  de 
Sardaigne  r.vait  voulu  ie  nommer.  Le 
P.  Grandi  barnabite,  a  écrit  sa  vie,  Rome, 
1823 ,  in-8°. 

•FONTANELLE  (Jean-Gaspard  DU- 
BOIS ) ,  professeur  de  belles-letîres  aux 
écoleacentrales  du  département  de  l'Isère, 
ensuite  professeur  d'histoire  et  doyen  de 
la  faculté  des  lettres  de  l'académie  de  Gre- 
noble ,  naquit  dans  cette  ville  le  29  octo- 
bre 1737,  et  mourut  le  15  février  1812. 
Son  principal  ouvrage  est  une  traduction 
nouvelle  des  Métamorphoses  d'Ovide^ 
1766,  2  vol.  in-8°  ;  1778  et  1780 ,  2  vol  in- 
12 ,  et  avec  des  notes ,  1802  ,  k  vol.  in-S"  ; 
1806,  2  vol.  in-12.  Elle  est  moins  élégante 
que  celle  -de  l'abbé  Banier,  mais  plus 
exacte.  Ses  autres  productions  sont  :  |  deux 
comédies  qui  n'eurent  aucun  succès  :  le 
Connaisseur  ^  en  2  actes  et  en  vers ,  et  le 
Bon  mari^en  un  acte  et  en  vers  :  |  Pierre 
le  grands  1766 ,  in-8° ,  tragédie  non  re- 
présentée; I  Ericie^on  la  JTestale  ^  dra- 
ine en  3  actes  ,  1768 ,  in-8'',  pièce  dirigée 
contre  les  vœux  monastiques  ,  et  qui  oc- 
casicna  dans  le  temps  un  grand  scandale. 
Le  censeur  royal  y  refusa  son  approba- 
tion ,  et  défense  fut  faite  à  l'auteur  de  la 
faire  imprimer;  néanmoins  il  la  mit  au 
jour,  et  elle  fut  recherchée  avidement. 
En  1789  elle  fut  représentée  sur  le  théâ- 


FON 

tre  Français.  |  Naufrage  et  aventures  de 
Pierre  Viaud .  1768,  Jn-12  ,  souvent  ré- 
imprimé ;  I  Effets  des  passions .  ou  Mé-^ 
moires  de  Floricourt ,  1768,  vol.  in-12  j 
I  Anecdotes  africaines^  VlTi^  in-8°  ;  |  Lo~ 
rédan,  tragédie  en  4  actes,  jouée  sans 
succès,  1776 ,  in-8°  ;  ]  Nouveaux  mélangeft 
sur  différens  sujets  ^  contenant  des  essais 
dramatiques  ^  philosophiques  et  littérai- 
res, 1781 ,  3  vol.  in-8°  ;  (  Anna,  ou  l'Héri- 
tière galloise,  traduit  de  l'anglais,  1788, 
4  vol.  in-12  ;  ]  Clara  et  Emmeline ,  aussi 
traduit  de  l'anglais ,  1788 ,  2  vol.  in-12  ; 
)  Etat  actuel  de  l'empire  ottoman,  traduit 
de  l'anglais  ,  1791 ,  2  vol.  in-8°  ;  |  Cours  de 
belles-lettres.  Paris,  1813,  k  vol.  in-S**, 
publié  par  M.  Renauldon,  petit-fils  de 
l'auteur.  Ce  cours,  écrit  dans  le  sens  phi- 
losophique ,  n'a  pas  eu  de  succès  et  ne 
peut  convenir  à  la  jeunesse ,  qu'il  ne  peut 
qu'égarer  en  lui  donnant  de  fausses  idées 
sur  nos  meilleurs  écrivains,  et  même  sur 
la  littérature ,  l'opinion  de  l'auteur  n'é- 
tant pas  toujours  conforme  à  celle  de  nos 
meilleurs  critiques.  On  a  encore  de  Fon- 
tanelle des  Co7ites  philosophiques .  et  au- 
tres ouvrages  immoraux.  Il  a  travaillé  à 
la  Gazette  universelle  de  politique  et  de 
littérature ,  de  Deux-Ponts ,  depuis  son 
établissement  en  1770  jusqu'en  1776  ;  à  la 
partie  politique  du  Journal  de  politique 
et  de  littérature ,  dont  Laharpe  rédigeait 
la  partie  littéraire  ;  et  à  la  partie  politique 
du  Mercure  de  France.  En  1784  il  était 
rédacteur  de  la  Gazette  de  France. 

*  FONTAKES  (  Loms  ,  marquis  de  ) , 
pair  de  France ,  grand-cordon  de  la  lé- 
gion d'honneur ,  membre  de  l'académie 
française,  etc.,  naquit  en  1761  à  Niort 
d'une  mère  catholique  et  d'un  père  pro- 
testant. Celui-ci ,  dont  le  nom  était  Jean- 
Marcellin  de  Fonlanes,  était  fils  d'un 
marchand  drapier  de  la  ville  d'Auch,  et 
avait  été  inspecteur  des  manufacture» 
dans  le  Poitou,  qui  lui  doit  en  partie  le  dé  • 
f richement  des- terrains  stériles,  appelés 
lais-de-mer.  et  la  propagation  des  pépi- 
nières de  garance.  Le  jeune  Louis  Fon- 
tanes  fut  élevé  dans  la  religion  catholique  , 
et  confié  à  d'anciens  jésuites  qui  dirigèrent 
habilement  ses  premières  études.  La  mort 
de  son  père  et  de  son  frère  aine ,  qui  suc- 
comba à  18  ans  laissant  des  essais  qui 
promettaient  déjà  un  poète  distingué  ,  le 
plaça  presque  au  sortir  de  ses  humanités , 
à  la  tête  de  sa  famille.  Après  avoir  réglé 
ses  affaires  domestiques ,  il  vint  à  Paris , 
où  quelques  pièces  de  vers  qu'il  inséra 
dans  le  Mercure  et  dans  VMmanach  des 


FO\  167 

musft  lui  assurèrenl  biontùl  un  rang  ho- 
norable parmi  les  meilleurs  poètes  de  l'é- 
poque. N'ayant  pu  oblcnir  du  ministre 
Nccker  la  pension  qu'il  sollicitait  au  nom 
desservices  rendus  par  son  père,  il  fît  un 
voya£;e  en  Angleterre  pour  en  étudier  la 
lan(^ie  et  lesuuieurs.  et  y  commença  la 
traduction  en  vers  français  de  l'Essai  sur 
lUomnif .  do  Pope.  Il  y  mit  la  dernière 
main  pendant  le»  deux  années  qu'il  passa 
iTulic ,  après  avoir  visité  la  Suisse 
s  contrées  de  la  France.  Cette 
1  qu'il  publia  4  Paris    avec  le 
i.e  du  Verger,  augmenta  considéra- 
ient sa  renommée  poétique,   tandis 
que  le  discours  préliminaire  qu'il  mit  à 
la   tête  de   V Essai  lui  assurait  un  nom 
comme  prosateur.  Les  petits  poèmes  qu'il 
lit  ensuite  paraître ,  tels  que  le  Cioitre  des 
Chartretuc.  des  Pragmens  de  Lucrèce  ,  et 
la  Joxtmée  des  morts  offraient  la  même 
pureté  do  goût  et  la  même  élégance  de 
style.  Son  E pitre  sur  ledit  en  faveur  des 
nôn-catholtques  fut  couronnée  par  l'aca- 
démie française.  Lorsque  la  révolution 
éclata.  Fontanes  n'en  adopta  les  principes 
qu'avec  une  grande  modération  II  com- 
posa un  Poème  Séculaire,  pour  la  fête  du 
ik  juillet  1790,  jour  de  la  fédération  et 
anniversaire  de  la  prise  de  la  Bastille  ,  et 
y  prit  occasion  de   réveiller  de  glorieux 
souvenirs    de  notre  vieille   morurchie. 
Fontanes  écrivit  aussi  dans  le  journal  le 
Modérateur.  Mais    un    mariage  avanta- 
geux le  fixa    à  Lyon ,   où  il  se  trouvait 
pendant  le  siège  de  cette  ville.  Il  parvint 
à  en  sortir  avec  son  épouse  enceinte  de 
huit  mois  ,  qui   mit  au  monde  quelques 
jours  après    une    fille,  dans  une  miséra- 
ble auberge.  Il  rentra  à  Lyon  après  le 
siège  et  osa  rédiger  une  pétition  h  la  Con- 
vention dans  laquelle  il  dépeignait  vive- 
ment les   atrocités  qu'on  faisait   subir  à 
cette  cité  malheureuse.    Mais  il  n'y  mil 
point  son  nom ,  qui  l'aurait  conduit  à  une 
nx>rt  certaine.  Après  le  9  thermidor  an   2, 
il  vint  à  Paris ,    fut    nommé  membre  de 
l'institut  (  classe  de    la  langue  et  de  la 
littérature  française  ).  et  fut  professeur  à 
f école  centrale  des  Quatre- Nations.  La 
Convention  lui  adjugea,  le  k  janvier  1795, 
MM  gratification  de  3,000  francs  ,  qui  ne 
l'ompécha  point  d'écrire  avec  son  indé- 
pepdanre  accoutumée,  dans  le  Mémorial 
qw  rédigeaient  Laharpe  et  l'abbé  de  Vau- 
CtHes.  Au  iSfructidor,  il  fui  compris  dans 
kl  Uite  de  déportation.  Il  se  réfugia  à  Ham- 
teorg  puis  à  Londres,  et  ne  »  etoui  na  dans 
f»  patrie  <ju  après  le  18  brumaire.  Lucien 


FOIV 

Bonaparte,  ministre  de  l'intérieur,  lut 
confia  une  division  de  son  département , 
cl  le  chargea  de  faire  l'éloge  funèbre  do 
Washington  dans  la  chapelle  des  Invalides 
alors  désignée  sous  le  nom  de  Temple  dit 
Mars.  Fontanes  fut  nommé  depuis  suc- 
cessivement membre  de  l'institut  et  du 
corps  législatif ,  chevalier  de  la  légion 
d'honneur ,  à  l'époque  de  la  création  de 
l'ordre ,  bientôt  après  commandant ,  et  en- 
fin président  annuel  du  corps  législatif , 
litre  qu'il  conserva  pendant  six  ans.  On 
lui  a  rcproclié  d'avoir  employé,  depuis 
qu'il  occupa  ce  poste  éminent ,  de  nom- 
breuses formes  d'adulation  auprès  de 
l'homme  qui  terxait  alors  les  rênes  du  gou- 
vernement, et  de  ne  s'être  pas  élevé  dans 
l'affaire  de  Georges  Cadoudal  et  de  Pi- 
chegru,  avec  assez  d'énergie  contre  la 
proposition  faite  par  les  commissaires  du 
gouvernement  au  corps  qu'il  présidait,  de 
rendre  un  décret  par  lequel  les  personnes 
qui  recèleraient  les  deux  prévenus  ,  se- 
raient punies  de  six  années  de  fer  ,  si  le 
recélement  avait  eu  lieu  avant  la  promul- 
gation du  décret ,  et  condamnées  à  mort , 
s'ilavait  eu  lieu  poslérieurement.  Au  mois 
de  septembre  1808  ,  Fontanes  fut  nommé 
grand-maltre  de  l'université  ,  qui  venait 
d'être  organisée ,  et  il  reçut  aussi  à  cette 
époque  le  titre  de  comte.  Fontanes  intro- 
duisit diverses  améliorations  dans  le  ré- 
gime universitaire ,  et  s'il  recula  devant 
plusieurs  abus,  c'est  que  ses  bonnes  inten- 
tions étaient  subordonnées  à  une  volonté 
toute  puissante.  Ce  fut  lui  qui  répondit  à 
M.  Etienne,  lors  de  sa  réception  à  l'acadé- 
mie française.  La  publication  Aas  Martyrs. 
de  M.  de  Chateaubriand,  ayant  soulevé  de 
vives  critiques  contre  cet  illustre  écrivain. 
Fontanes  lui  adressa  quelques  stances  à 
cette  occasion.  Il  fut  appelé  au  sénat  le  5 
février  1810;  nommé,  le  27  novembre 
1813 ,  rapporteur  d'une  commission  extra- 
ordinaire chargée  de  l'examen  des  pièces 
relatives  aux  négociations  entamées  avec 
les  puissances  alliées  ,  il  insista  fortement 
sur  la  nécessiléde  la  paix.  Le  1"  avril  18U 
U  vota  pour  la  déchéance  de  Napt)léoo  , 
adressa  le  6,  au  gouvernement  provisoire, 
son  adhésion ,  au  nom  de  l'université , 
aux  actes  du  sénat ,  et  fut  maintenu  dans 
ses  fonctions.  Il  entra  à  la  chambre  des 
pairs  et  contribua  à  la  rédaction  de  U 
charte  de  Louis  XVIU.  En  février  1815 , 
la  constitution  de  1  université  fut  modifiée 
et  le  grand-maître  fut  remplacé  par  on 
président  assisté  d'un  conseil.  Fontanes 
reçut  en  dcdommagemcDt  le  grand  cordon 


FOIV 


168 


FOIV 


die  la  légion  d'honneur  et  vécut  retiré  pen- 
dant les  cent-jours  ,  à  sa  maison  de  cam- 
pagne de  Courbevoie.  A  la  seconde  res- 
tauration, il  fut  nommé  président  du 
collège  électoral  des  Deux-Sèvres,  et  il 
revit  son  pays  natal  pour  la  première  fois 
depuis  trente  ans-  Au  mois  de  septembre 
i815  ,  il  fut  fait  ministre  d'état  et  membre 
du  conseil  privé.  Eu  1816,21  prononça  à 
l'académie  française  plusieurs  discours 
q^i  furent  remarqués ,  surtout  celui  qu'il 
fit  entendre  en  réponse  au  discours  de 
M.  Desèze  reçu  dans  la  séance  du  25  août. 
En  1817 ,  il  lut  à  la  même  société  une  Ode 
sur  la  violation  des  tombeaux  de  Saint- 
VeniSj  qui  obtint  le  plus  grand  succès.  Fon- 
tanes  est  mort  à  Paris  d'une  attaque  d'a- 
poplexie,le  ITmars  1821,  à  l'âge  de  soixante 
ans.  Ses  restes  furent  inhumés  au  cime- 
tière de  l'Est ,  oii  M.  Roger  prononça  un 
discours  au  nom  de  l'académie  française. 
M.  Pastoret  a  faitson.E'^o^ele  30  du  même 
mois  à  la  chambre  des  pairs ,  où  Fontanes 
avait  été  classé  parmi  les  marquis.  La  so- 
ciété des  bonnes  lettres  l'avait  récemment 
choisi  pour  son  président.  On  a  de  lui  : 
I  Nouvelle  traduction  (  en  vers)  de  l'Essai 
sur  l'homme  de  Pope,  Paris,  1783,  in-8°, 
5*  édition,  1822,  in-8*  ;  ]  le  Ferçer^-poèma 
1788 ,  in-8°  ;  |  Poème  sur  l'édit  en  faveur 
des  non-catholiques^  1789,  in-8°  ;  |  Poème 
séculaire  j,  ou  Chant  pour  la  fédération 
du  ik  Juillet  1790,  in-8°  ;  1  La  Journée  des 
morts j  poème,  1796;  |  Eloge  de  Washing- 
ton^ 1800,  in-8°  ;  \  Extraits  critiques  du 
Génie  du  christianisme  de  M.  de  Chateau- 
briand ,  1802 ,  in-8°  ;  |  Les  Tombeaux  de 
Saint-Denis^  ou  le  retour  de  l'exilée  ode, 
1817 ,  in-8''  et  in-4°  ;  |  Collection  complète 
des  discours  de  M.  de  Fontanes ,  1821 , 
in-8°.  On  sait  que  la  police  impériale 
n'avait  pas  permis  l'impression  de  cette 
collection,  où  se  trouvent  en  effet  des  pas- 
sages dont  Napoléon  n'avait  pas  eu  lieu 
d'être  content ,  tels  que  celui-ci  que  l'ora- 
teur fit  entendre  à  l'occasion  de  l'envoi 
des  drapeaux  pris  sur  les  napolitains  : 
«  Malheur  à  moi ,  si  je  foulais  aux  pieds 
»  la  grandeur  abattue  ;  je  respecte  la  ma- 
»  jesté  royale  juisque  dans  ses  humiliations; 
»  et  même  quand  elle  n'est  plus  ,  il  reste 
»  je  ne  sais  quoi  de  vénérable  dans  ses 
»  débris.  »  Ersch  lui  attribue  une  part  au 
Journal  des  amis  de  la  constitution  mo- 
narchique (  1790  )  et  à  la  Clef  du  cabinet 
des  souverains  (  1795  ).  M.  Barbier, dans 
don  Dictionnaire  des  anonymes,  dit  qu'il  a 
écrit  dans  le  Journal  littéraire  de  Clément 
(  de  Dijon),  1796-1797 ,  4  vol.  vi-8°.  Fon- 


tanes a  laissé  en  portefeuille  un  poème 
non  achevé  intitulé  la  Grèce  sauvée.  On 
a  encore  de  lui  une  imitation  en  vers 
français  de  l'épisode  du  2'  livre  des  Géor- 
giques :  O  fortunatus  nimium...;  un  Essai 
sur  l'astronomie  ;  un  grand  nomJjre  d'odes 
inédiles ,  etc.  On  lui  attribue  les  Renia?'- 
gués  sur  les  beautés  de  l'Enéide ,  qui  ont 
été  imprimées  avec  la  traduction  de  De- 
lille ,  pour  les  5*  et  6'  livres.  On  assure 
qu'il  a  encore  laissé  des  mémoires  sur  les 
premières  années  du  gouvernement  de 
Napoléon  et  du  19^  siècle.  Chaque  année, 
Fontanes  était  chargé  de  rédiger  l'adresse 
de  la  chambre  des  pairs ,  en  réponse  aux 
discours  du  trône  pour  l'ouverture  des 
sessions,  et  on  regarde  ces  morceaux 
comme  autant  de  chefs-d'œuvre  dans 
leur  genre. 

*  FOIMTANETTI  (  Pierre  ) ,  ecclésias- 
tique et  canoniste  sicilien ,  né  en  1661 , 
mort  en  1712  ,  est  auteur  de  plusieurs  ou- 
vrages, dont  les  principaux  sont  :  |  Ex- 
plicatio  propositionum  ab  Mexandro 
VIII  damnatarum  ;  |  Theologia  moralis 
scholastica.tomi  III  ;  \  Canonicceillustra- 
tiones  >  tomi  II  ;  \  Panegyrici  quaresi- 
mali. 

"  FONTANEY  C  Jean  de  ),  jésuite  fran- 
çais, mathématicien  et  astronome,  associé 
correspondant  de  l'académie  des  sciences, 
fut  envoyé  à  la  Chine  en  1685  avec  les 
PP.  Tachard,  Gerbillon ,  Lecomte,  Visde- 
lou  et  Bouvet ,  pour  y  fonder  la  célèbre 
mission  française  dont  les  membres  ont 
contribué  à  faire  connaître  les  contrées 
orientales  de  l'Asie.  Le  P.  Fontaney  est 
plus  recommandable  par  le  zèle  infatiga- 
ble avec  lequel  il  a  rempli  sa  carrière 
apostolique  que  par  ses  travaux  littérai- 
res', bien  qu'il  ait  transmis  à  l'académie 
des  observations  astronomiques  faites  au- 
delà  de  l'équateur ,  et  dont  plusieurs  sont 
consignées  dans  le  voyage  du  P.  Gerbillon. 
La  bibliothèque  du  roi  doit  au  P.  Fonta- 
ney quelques  livres  chinois  et  un  Diction- 
naire mandchou  en  12  volumes,  le  premier 
ouvrage  de  cette  langue  qu'elle  ait  pos- 
sédé. Les  Lettres  édifiantes,  t.  7  et  8, 
contiennent  2  Lettres  de  ce  missionnaire. 

FONTANGES  (Marie-Angélique  de 
SCORAILLE  de  ROUSSILLE,  duchesse 
de  ),  née  en  1661 ,  d'une  ancienne  famille 
du  Rouergue,  était  fille  d'honneur  de  Ma- 
dame. «  Belle  comme  un  ange ,  dit  l'abbé 
»  de  Choisy,  mais  sotte  comme  un  panier,  » 
elle  n'en  subjugua  pas  moins  le  cœur  de 
Louis  XIV.  A  une  partie  de  chasse,  le 
vent  ayant  déranoé  sa  coiffure  «  eUe  la  fît 


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160 


FOX 


attacher  avec  un  ruban  «lonl  les  nœuds 
lui  tombaient  sur  le  front .  ri  ccito  nuMic 
passa  avec  son  nom  dans  toute  l'Kurope. 
I.C  roi  la  iU  duchesse;  mais  elle  ne  jouit 
pas  loniî-temps  de  sa  faveur.  Elle  mourut, 
le  88  juin  f681 .  à  20  ans.  à  l'abbaye  de 
Port-Royal  de  Paris,  où  elle  s'était  retirée, 
•près  avoir  c*é  abandonnée  par  Louis 
XIV  à  la  suite  de  ses  couches,  pendant 
lesquelles  sa  maladie  l'avait  entièrement 
défujuréc.  Elle  voulut  voir  le  roi  dans  sa 
dernière  maladie.  Louis  XIV  s'attendrit, 
et  elle  lui  dit  :  <  Je  meurs  contente, 
»  puisque  mes  derniers  regards  ont  vu 
»  pleurer  mon  roi.  »  Faible  consolation 
et  bien  peu  assortie  à  la  nature  du  mo- 
ment. 

FONT.VMEH.  V.  PÉLÎSSON  (  Paul  ). 

FONTAMM  (  JuST  ),  savant  arche- 
v(>quc  d'Ancyre,  et  chanoine  de  l'église 
Sle.-IMarie-Majeure,  camérier  d  honneur 
de  Clément  XI ,  naquit  en  16f)6  dans  le 
duché  de  Frioul,  et  mourut  à  Rome  en 
<736.  Il  rà'y  avait  presque  aucun  homme 
distingue  dans  le  monde  savant ,  avec  le- 
quel il  ne  fût  en  commerce  de  lettres. 
On  a  de  lui  un  grand  nombre  d'ouvrages 
dont  les  plus  connus  sont  :  |  sa  Biblio- 
theca  delta  Eloquenza  italiana.  C'est  un 
catalogue  raisonné  des  bons  livres  de  la 
langue  italienne  dans  les  différentes 
classes.  Il  en  fut  fait  plusieurs  éditions 
du  vivant  de  l'auteur  ;  mais  la  meilleure 
et  la  plus  ample  est  celle  qui  a  été  donnée 
à  Venise  en  1736,  2  vol.  in-i'',  avec  les 
notes  d'Apostolo  Zéno,  dans  lesquelles  ce 
savant  et  judicieux  bibliographe  a  relevé 
une  multitude  d'erreurs  et  d'inexactitudes 
de  Fontanini.  |  Vne.  Collection  des  bulles 
de  canonisation .  depuis  Jean  XV jusqu'à 
lîenoit  XI II.  1729,  in -fol.  en  latin; 
'  une  Histoire  littéraire  d'Aquilée .  en  la- 

1 ,  in-i"  ,  Rome ,  1742  :  ouvrage  posthu- 

.(• ,  plein  d'érudition  sacrée  et  profane, 
ri  d'une  Ixjnne  critique;  \  Dissertatio  de 
corona  ferrea  Longobardorum .  1717.  Il 
prétend  que  la  couronne  de  fer  que  l'on 
toaserve  à  Monzal.  petite  ville  de  Lom- 
bardic  ,  est  faite  de  l'un  des  clous  de  N.  S., 
et  qu'on  s'en  est  servi  anciennement  pour 
«^uronner  les  rois  de  I^mbardie,  et  en- 
suite les  empereurs  d'Allemagne.  Mura- 
tori  lui  op|>osa  le  traité  :  De  corona  fer- 
rea.  où  il  soutient  que  la  couronne  de 
fer  était  inconnue  du  temps  des  rois  Lom- 
bards. 

FONT.WOX  (  ArrroixE  ) ,  avocat  au 
parlement  de  Paris,  natif  d'Auvergne, 
est  le  premier  qui  ait  rédigé  avec  ordre 


les  ordonnances  drs  rois  de  France.  On 
a  de  lui  une  Cnllrctinn  des  èdits  de  nos 
rois,  depuis  l'270  jusqu'à  la  fin  du  16* 
siècle  j,  temps  auquel  cet  auteur  florissait, 
en  4  vol.  iii-fol.,  Paris.  1611. 

FOXTF  (  MoDF.nATA  ),  dame  véni- 
tienne ,  nt^e  en  15.')!) ,  morte  le  5  noveinhr»- 
1592,  à  57  ans,  avait,  dit-on ,  une  mé- 
moire si  heureuse  ,  qu'elle  répétait,  ]M)iir 
ainsi  dire,  mot  pour  mot,  un  sermon, 
après  l'avoir  entendu  une  fois.  On  a  d'elle 
divers  ouvrages  en  vers  et  en  prose.  Les 
plus  comuis  sont  un  éloge  de  son  sexe  en 
vers,  intitulé  :  //  inerilo  délie  donne,  im- 
primé à  Venise,  IfiOO ,  in-.'i°,  et  le  Flori- 
doro .  poème  en  13  chants,  imprimé  dans 
la  même  ville  en  1581 ,  in-/»"  ;  Fonte-Mo- 
derata  est  un  surnom  qu'elle  s'était  donné. 
Elle  s'appelait  Modesta  Pozzo .  et  était 
mariée  à  un  gentilhomme  vénitien,  nom- 
mé Philippe  Georgi.  Sa  vie  a  été  écrite 
par  Nie.  Doglioni. 

'  FONTi::V AILLES  (  AïwonÉ  PERRET 
de  ),  vénérable  ecclésiastique,  né  à  Ma- 
çon, vers  1754,  mort  à  Paris  le  13  juin 
1831 ,  dans  un  état  voisin  de  l'indigence  . 
lit  ses  études  sous  l'abbé  Gardin  au  collège 
Louis  le  Grand ,  où  il  connut  particulière- 
ment le  jeune  Décalogue ,  dont  l'abbé 
Proyart  a  publié  la  vie.  Il  embrassa  l'état 
ecclésiastique  et  fut  reçu  docteur  en  théo- 
logie à  la  fin  de  1783.  Nommé  vicaire  de 
la  petite  paroisse  de  Ste.- Croix  dans  la 
Cilé,  il  devint  peu  après  chanoine  de  la 
cathédrale  de  Màcon.  Durant  la  révolution 
il  fut  jeté  sur  les  pontons  de  Rochefort. 
Après  avoir  survécu  à  presque  tous  ses 
compagnons  d'infortune ,  il  reprit  son  mi- 
nistère tantôt  comme  missionnaire,  tantôt 
comme  curé  dans  le  diocèse  de  Lyon. 
Il  revint  à  Paris  où  il  prêcha  dans  pres- 
que toutes  les  églises,  et  donna  des  re- 
traites qui  produisirent  les  plus  heureux 
effets.  Une  surdité  qui  lui  était  surve- 
nue l'obligea  de  s'abstenir  du  tribunal 
de  la  pénitence  ;  il  chercha  à  remédier  à 
l'inaction  forcée  où  le  tenaient  ses  infir- 
mités en  publiant  plusieurs  écrits,  dont 
VJmi  de  la  religion  a  rendu  un  compte 
avantageux.  Les  principaux  sont  :  |  Ma- 
nuel  religieux  à  l'usage  des  maisons  d'é- 
ducation ,  1824 ,  in- 18  ;  I  Manuel  des  do- 
mestiques et  des  ouvriers .  1826  ;  I  Instruc- 
tion sur  le  jubilé,  même  année;  |  le 
Guide  de  la  jeunesse  et  suite  du  manuel 
religieux.  1826,  2  vol.  in-18;  ce  sont  des 
lectures  spirituelles  pour  tous  les  jour» 
de  l'année  ;  ]  le  Guide  de  la  jeunesse 
chrétienne  ou  manuel  religieux .  1820,  2 
13 


FOX 


170 


FOîV 


vol.  iii-18  ;  c'est  une  nouvelle  édition  du 
Manuel  de  1824;  la  seconde  partie  se  vend 
séparément  et  est  destinée  aux  jeunes 
(jens  qui  ont  terminé  leur  éducation. 
I  Observations  sur  l'éducation  des  jeunes 
gens,  in-8°;  |  Observations  sur  l'éducation 
,  des  jeunes  ecclésiastiques^  in-S'*  ;  ces  deux 
écrits  ont  été  réunis  dans  une  2*  édition 
donnée  en  1829,  in-8°  de  126  pages.  |  Dis- 
cours de  morale  à  l'usage  des  missions  et 
des  retraites  spirituelles^  1829,  in-12. 
L'abbé  de  Fontenailles  avait  été  quelque 
temps  grand-vicaire  de  Mâcon ,  sur  la 
fin  de  l'administration  de  M.  Moreau , 
dernier  évêque  de  ce  siège  ;  il  avait  le 
litre  de  chanoine  honoraire  des  chapitres 
de  Bordeaux  et  de  Montauban. 

FOi\TEINAY  (  Jeaiv-Baptiste  BLAIN 
de  ),  peintre,  né  à  Caen  ,  l'an  1654  ,  con- 
seiller à  l'académie  de  peinture ,  mérita 
un  logement  aux  galeries  du  Louvre  ,  et 
une  pension  par  ses  talens.  Il  avait,  dans 
uu  de^jré  supérieur,  celui  de  peindre  les 
lUnirs  et  les  fruits.  Sa  touche  est  vraie , 
son  coloris  brillant ,  ses  compositions  va- 
riées. Les  insectes  paraissent  vivre  dans 
ses  ouvrages  ;  les  fleurs  n'y  perdent  rien 
de  leur  beauté ,  et  les  fruits  de  leur  fraî- 
cheur. Ce  peintre  mourut  à  Paris  en  171S. 

•  FOINTENAY  (  Piecke-Claude  ) ,  jé- 
suite ,  né  à  Paris  en  1683  ,  mort  à  La  Flè- 
che en  1742 ,  continua  ï Histoire  de  l'é~ 
glise  gallicane  ^  après  la  mort  du  Père 
Longueval ,  et  donna  les  tomes  9  et  10  de 
cet  ouvrage.  11  avait  composé  une  partie 
du  11'  vol. ,  que  le  Père  Brumoy  acheva. 
Son  style  est  moins  coulant  et  moins  his- 
torique que  celui  de  son  confrère  ;  mais 
on  y  voit  uu  liomme  qui  est  maître  de 
son  sujet.  <i  II  joignait,  dit  le  PèreBerthier, 
»  à  des  manières  faciles  et  complaisantes 
«  toutes  les  vertus  de  son  état.  »  Il  avait 
travaillé  au  Journal  de  Trévoux.  Il  s'était 
occupé  d  une  Histoire  des  papes  ;  mais 
il  n'a  pas  été  possible  de  tirer  parti  des 
manuscrits  qu'il  a  laissés  sur  ce  sujet. 

'  FO.XTENAY  (  Louis-Abel  de  BONA- 
FONS ,  plus  connu  sous  le  nom  d'abbé 
de  ),  né  en  1757  à  Castelnau  de  Brassac 
près  de  Castres,  entra  chez  les  jésuites,  et 
professa  les  humanités  à  Tournon.  Après 
la  dissolution  de  cette  société  ,  il  vint  se 
lixer  à  Paris  où  il  se  fit  connaître  sous  le 
nom  ^' abbé  deFontenay  par  plusieurs  ou- 
vrages d'un  mérite  assez  médiocre  ;  il 
rédigea  successivement  les  Affiches  de 
province  et  \c  Journal  général  de  France, 
jusqu'au  10  août  1792  ,  qu'il  fut  proscrit 
pour  avoir  défendu  dans  sa  feuille  les  in- 


térêts de  la  monarchie.  Il  passa  à  l'é- 
tranger ,  et  ne  revint  en  France  qu'après 
la  terreur.  Il  se  remit  à  ses  travaux  litté- 
raires ,  et  mourut  le  28  mars  1806.  On  a 
de  lui  :  |  Dictionnaire  des  artistes ,  1777 , 
2  vol.  petit  in-8''  ;  |  Table  de  l'Histoire 
universelle,  traduite  de  l'anglais,  formant 
le  46'"-  vol.  in-4°  ;  |  la  plus  grande  partie 
du  texte  de  la  Galerie  du  Palais  Royal, 
1786-1808 ,  59  livraisons  in-fol.  ;  |  la  suite 
du  Voyageur  français  ;  ]  L'illustre  des- 
tinée des  Bourbons,  1790,  4  vol.  in-12; 
I  Dictionnaire  de  l'élocution  française, 
par  Demandre,  édition  revue,  corrigée  et 
augmentée ,  1802  ,  2  vol.  in-8*'  ;  |  une  nou- 
velle édition  de  la  Géographie  de  La- 
croix, 1805,  2  vol.  ùi-12,  etc. 

FONTENAY.  Foyez  BRUMOY  LON- 
GUEVAL. 

FOi\TENELLE(  Bernard  le  BOUVIER 
de  )  ,  un  des  savans  les  plus  aimables  du 
18'  siècle  ,  naquit  le  11  février  1657,  à 
Rouen,  d'un  père  avocat ,  et  d'une  mère 
qui  était  la  sœur  du  grand  Corneille.  Cet 
enfant  destiné  à  vivre  près  d'un  siècle , 
dit  l'abbé  Trublet ,  pensa  mourir  de  fai- 
blesse le  jour  même  de  sa  naissance.  Le 
jeune  Fontenelle  fit  ses  études  à  Rouen 
chez  les  jésuites  qu'il  a  toujours  aimés. 
En  rhétorique  à  13  ans  ,  il  composa  pour 
le  prix  des  palinods  une  pièce  en  vers 
latins,  qui  fut  jugée  digne  d'être  imprimée, 
mais  non  d'être  couronnée.  Après  sa  phy- 
sique ,  il  fit  son  droit ,  fut  reçu  avocat , 
plaida  une  cause  ,  la  perdit ,  et  promit  de 
ne  plus  plaider.  Il  renonça  au  barreau 
pour  la  littérature  et  la  philosophie,  entre 
lesquelles  il  partagea  sa  vie.  En  1674  ,  ^ 
17  ans  ,  il  vint  à  Paris  ;  à  20  ans  il  fit  une 
partie  des  opéras  de  Psyché  et  de  Belle-' 
rophoti ,  qui  parurent  en  1678  et  1679 , 
sous  le  nom  de  Thomas  Corneille  son  on- 
cle. En  1681,  il  fit  jouer  sa  tragédie  d'As- 
par.  Elle  ne  réussit  point  ;  il  en  jugea 
comme  le  public  ,  et  jeta  son  manuscrit 
au  feu.  Ses  Dialogues  des  morts,  publiés 
en  1683 ,  reçurent  un  accueil  plus  favora- 
ble. Ils  offrent  de  la  littérature  et  de  la 
philosophie  ;  la  morale  y  est  agréable, 
peut-être  même  trop,  et  le  philosophe  n'a 
pas  assez  écarté  le  bel -esprit.  Voici  ses 
autres  ouvrages  suivant  l'ordre  chrono- 
logique :  j  Lettres  du  chevalier  d'Er... 
1685.  Elles  sont  pleines  d'esprit,  mais  non 
pas  de  celui  qu'il  faudrait  dans  des  lettres. 
On  sent  trop  qu'on  a  voulu  y  en  mettre, 
et  qu'elles  sont  le  fruit  d'une  imagination 
froide  et  compassée.  |  Entretiens  sur  la 
pluralité  des  mondes.  1686.  «Ce  livre. 


»(1il  laulctir  tlu  siècle  de  Ix>ni-«  \IV,  («a 
»  le  premier  exenijile  ilc  l'art  délicat  de 
•  rrpandre  des  gn\ces  jusque»  sur  la 
»  pliilosophic.  »  Mais  ce  fut  un  exemple 
daniîoreu't,  parce  que  la  véritable  parure 
de  la  philosophie  est  l'ordre  .  la  clarté  ,  et 
Surlout  la  vérité  ;  et  que  ,  depuis  cet  ou- 
vra^je  iu(iénieu«,  on  n'a  que  trop  souvent 
cherché  à  y  substituer  les  pointes  .  les 
Millics  ,  les  fauxornemens.  Ces  tnoncL'S  , 
dfjà  très  douteux  en  eux-mêmes ,  sont 
fondés  en  partie  sur  les  chimériques  tour- 
l)iIKms  de  Descartes.  Ils  ont  été  souvent 
réimprimés  :  la  meilleure  édition  est 
celle  de  1800  ,  enrichie  des  notes  de  La- 
landc.  Ils  ont  été  traduits  en  allemand 
par  Gottsched  ,  Leipsick  ,  1730  ,  in-8"  ,  et 
par  Tastronome  Bode  ,  Berlin  ,  1798,  in- 
12 ,  avec  des  notes  estimées  ;  en  italien  . 
par  Veslrini ,  Areizo,  1751  ;  en  an^jlais 
17C0  ;  en  grec  moderne,  par  Toussaint 
Kodrika,  athénien.  Vienne  ,  1794,  in-8". 

I  Histoire  rf«oratfe5^tiréede l'ennuyeuse 
compilation  de  Van  Dale  sur  le  même 
sujet.  Cet  ouvrage  écrit  d'un  style  lé^er 
et  superQciel  en  lui-même  ,  fut  réfuté  en 
1707  parle  Père  Baltus.  L'ouvrage  de  ce 
jésuite,  publié  sous  le  titre  de  Réponse  à 
l'Histoire  des  oracles  ,  parut  si  décisif  à 
Fontenelle,  qu'il  n'y  répondit  point,  di- 
sant que  le  diable  avait  gagné  sa  cause. 

II  faut  convenir  néanmoins  que  son  opi- 
nion sur  les  oracles  ,  quoique  historique- 
ment fausse  ,  n'aurait  peut-être  rien  eu 
de  répréhensible ,  s'il  n'y  avait  point  in- 
séré des  maximes  qui  pouvaient  se  tour- 
ner contre  les  plus  grandes  vérités  ,  et 
conduire  à  un  triste  scepticisme.  L'esprit 
d'irréligion  se  manifeste  plus  clairement 
dans  la  Relation  de  l'ilede  Bornéo  (faus- 
sement allribuée  à  Catherine  Bernard  ) , 
dans  le  Traité  sur  la  libertés  dans  \Epi- 
trc  sur  Basnage  à  Rome  et  Genève  ^  et 
dans  quelques  autres  écrits.  |  Poésies  pas- 
torales, avec  un  discours  sur  Téglogue , 
et  une  digression  sur  les  anciens  et  les 
modernes,  1688.  Les  gens  de  goût  ne  veu- 
lent pas  que  ces  pastorales  soient  mises  , 
pour  la  naïveté  et  le  naturel ,  à  coté  de 
celles  de  Théocrite  et  de  Virgile.  Les  ber- 
gers de  Fontenelle  ,  disent-ils ,  sont  des 
rourlisans  ou  des  petits-maîtres.  C'est  un 
'  'iuveau  genre  pastoral  qui  tient  un  peu 

lu  roman  ,  et  dont  lustrée  de  d'Urfé,  et 
It '^  comédies  de  \\4mynte  et  du  Pastor 
F.Jn.  ont  fourni  le  modèle  (  voyez  THLO- 
CniTK.  VIRGILE  ^  |  Plusieurs  volumes 
des  Mémoires  de  l'académie  des  Sciences. 
FontcntUe  ,  nommé  membre   de    cette 


71  FO\ 

ar.iiltinif  en  1691  ,  en  devint  sorr£ta|r<; 
en  1699.  Il  continua  de  l'être  pendant  ki 
ans  ,  et  donna  cliaque  armée  un  vol.  de 
l'histoire  de  cette  compagnie.  La  préface 
générale  est  estimée.  Dans  l'histoire ,  il 
jette  souvent  de  la  clarté  sur  des  matières 
obscures.  Les  Eloges  des  académiciens  . 
répandus  dans  cette  histoire,  ont  été  im- 
primés séparément  en  2  vol.  C'est  surtout 
dans  ses  éloges  qu'il  déploie  toulc  la  co- 
quetterie du  bel-esprit.  «  Ses  portraits  . 
»  dit  un  critique,  sont  tracés  avec  art,  et 
B  quoique  flattés ,  ils  conservent  néau- 
»  moins  un  certain  air  de  ressemblance 
»  qui  les  fait  reconnaître.  Il  n'approfon- 
«  dit  rien  ,  effleure  tout ,  parait  se  jouer 
»  de  son  sujet  ,  ne  donne  point  à  penser 
»  au  lecteur,  cherche  seulement  à  amu- 
»  ser  ,  le  surprend  même  quelquefois  par 
»  des  traits  ingénieux  et  lins;  partout  on 
»  aperçoit  le  manège  d'une  coquette,  dont 
»  le  fard  fait  tous  les  charmes  ;  (  V His- 
toire du  théâtre  français  jusqu'à  Cor- 
neille ,  avec  la  vie  de  ce  célèbre  drama- 
tique. Cette  histoire  très  abrégée  ,  mais 
avec  choix ,  est  pleine  d'enjouement. 
I  Réflexions  sur  la  poétique  du  théâtre 
tragique  :  c'est  un  des  ouvrages  les  plus 
pensés  de  Fontenelle ,  et  celui  peut-être 
où  ,  en  paraissant  moins  bel-esprit,  il  pa- 
raît plus  homme  d'esprit  ;  |  Elémens  de 
Géométrie  de  l'infini,  in-4°  ,  1727  :  livre 
dans  lequel  les  géomètres  nonl  guère 
connu  que  le  mérite  de  la  forme,  j  Une 
tragédie  en  prose  et  six  comédies;  les 
unes  et  les  autres  peu  théâtrales  ,  et  dé- 
nuées de  chaleur  et  de  force  comique. 
I  Théorie  des  tourbillons  cartésiens  :  ou- 
vrage qui ,  s'il  n'est  pas  de  sa  vieillesse  , 
méritait  d'en  être.  Fontenelle  était  grand 
admirateur  de  Descartes  ,  et  défendit  jus- 
qu'à la  mort  les  erreurs  dont  il  s'était 
laissé  prévenir  dans  l'enfance.  |  Des  Dis- 
cours moraux  et  philosophiques;  des 
pièces  fugitives  ,  dont  la  poésie  est  faible  ; 
des  lettres ,  parmi  lesquelles  on  en  trou\  t; 
quelques-unes  de  jolies  ,  etc.  Tous  ces 
différens  ouvrages  ont  été  recueillis  on 
U  voL  in-12 ,  Paris ,  1758 ,  et  8  vol.  in  «". 
Paris,  1790  (à  l'exception  des  écrits  de 
géométrie  et  de  physique) ,  sous  le  titre 
d'OEuvres  diverses.  L'édition  la  jjIus  ré- 
cente est  celle  de  Paris,  1824-1825.  On  en 
avait  fait  deux  éditions  en  Hollande,  l'une 
en  3  vol.  in-fol.  1728  ,  l'autre  in-4°  ,  3  vti. 
1729  ,  ornées  toutes  deux  de  figures  gra- 
vées par  B.  Picart.  Les  curieux  les  re- 
cherchent ;  mais  elles  sont  beaucoup 
moins  complètes  que  l'édition  ca  il  voi. 


FOI\  i 

in-12.  Ce  fut  aussi  Fontenelle  qui  donna 
en  1732  la  nouvelle  édilion  du  Diction- 
naire des  sciences  et  des  arts ,  par  Tho- 
mas Corneille.  Malgré  un  tempérament 
peu  robuste  en  apparence ,  Fontenelle 
n'eut  jamais  de  maladie  considérable,  pas 
même  la  petite  vérole.  Il  n'eut  de  la  vieil- 
lesse que  la  surdité  et  l'affaiblissement 
de  la  vue  ;  encore  cet  affaiblissement  ne 
9e  fit  sentir  qu'à  l'âge  de  plus  de  90  ans. 
Il  mourut  le  9  janvier  1737.  Un  caractère 
doux  et  sociable  ne  le  garantit  pas  de  la 
misanthropie  et  d'un  triste  égoïsme.  «  Les 
»  hommes  sont  sots  et  médians,  disait-il; 
»  mais  tels  qu'ils  sont,  j'ai  à  vivre  avec 
0  eux ,  et  je  me  le  suis  dit  de  bonne 
»  heure.  »  Ses  amis  lui  reprochèrent  plu- 
sieurs fois  de  manquer  de  sentiment  ;  il 
est  vrai  qu'il  n'était  pas  bon  pour  ceux 
qui  demandent  de  la  chaleur  dans  l'ami- 
tié. Il  voyait  très  souvent  M™'  de  Ten- 
cin  ;  quand  il  apprit  sa  mort  :  «  Eh  bien  ! 
»  dit-il ,  j'irai  dîner  chez  la  Geoffrin,  » 
{Voyez  ce  nom).  Il  vivait  beaucoup  avec 
l'abbé  Dubois,  qu'il  appelait  son  ami.  Un 
jour  qu'on  avait  fait  à  celui-ci  présent 
d'une  botte  d'asperges  dans  la  primeur , 
ils  convinrent  de  la  faire  assaisonner , 
partie  à  l'huile ,  partie  à  la  sauce ,  pour 
satisfaire  leurs  goûts  respectifs  ;  avant  l'en- 
tremets, l'abbé  Dubois  est  frappé  d'une 
apoplexie,  et  tombe  sans  connaissance, 
Fontenelle  court  sur  l'escalier  et  crie  à  la 
cuisinière  :  «  Toutes  les  asperges  à  la 
»  sauce ,  toutes  les  asperges  à  la  sauce.  » 
Quoiqu'il  fût  né  sans  biens  ,  il  laissa  de 
grandes  richesses  ;  sa  philosophie  n'ayant 
pu  l'affranchir  d'amasser  et  d'ajouter 
à  la  qualité  de  bel-esprit  celle  de  finan- 
cier. On  trouvera  de  plus  amples  dé- 
tails sur  Fontenelle  ,  dans  les  mémoi- 
res pour  servir  à  l'histoire  de  sa  vie  et 
de  ses  ouvrages,  par  M.  l'abbé  Trublet, 
Amsterdam  ,  1761 ,  in-12  ;  mais  il  faut  se 
souvenir  que  c'est  un  admirateur,  un  pa- 
négyriste qui  déplcie  en  faveur  de  son 
héros  toutes  les  ressources  de  l'enthou- 
siasme. Un  écrivain  aussi  zélé  pour  les 
bons  principes  que  pour  le  bon  goût  et  la 
belle  littérature ,  l'a  appelé  «  un  homme 
»  sans  caractère  et  sans  talent  prononcé  , 
K  moitié  philosophe  ,  moitié  bel-esprit  ; 
»  grimacier,  dont  tous  les  ouvrages  sont 
»  défigurés  i)ar  une  continuelle  afféterie 
>  d'expressions  et  d'idées  ,  par  des  tons 
■  précieux  et  maniérés,  par  des  pointes; 
»  qui  dans  les  sciences  n'a  rien  inventé  , 
»  et  n'avait  que  le  talent  d'exposer  avec 
»  méthode  et  clarté  les  inventions  d'au- 


72  FOIV 

n  trui.  T>  '  Fontenelle  étant  jugé  ici  un 
peu  sévèrement  ,  nous  croyons  devoir 
ajouter  au  jugement  de  Feller  celui  de 
l'abbé  Sabathier  :  »  En  envisageant ,  dit- 
»  il ,  M.  de  Fontenelle  comme  poète ,  il 
»  faut  oublier  ,  pour  sa  gloire  ,  qu'il  a  fait 
»  des  tragédies  ,  des  comédies ,  et  ne  se 
»  ressouvenir  que  de  l'opéra  de  Thétis  et 
»  Pelée.  (  Laharpe  même  dit  qu'il  ne  dut 
»  son  succès  qu'à  la  musique  et  aux  acces- 
»  soires  du  théâtre)  ;  ses  autres  poésies 
»  paraîtront  également  médiocres  à  ceux 
>•-  qui  préfèrent  le  naturel  à  l'affectation 
»  du  bel-esprit.  Ses  églogues  surtout  sont 
»  des  entretiens  de  petits-maîtres  raffinés, 
f  et  non  des  pastorales  dont  la  candeur  et 
»  la  simplicité  doivent  faire  le  premier 
»  agrément.  Comme  prosateur  il  serait 
»  dangereux  de  prendre  en  tout  sa  ma- 
»  nière  d'écrire  pour  modèle  :  la  finesse 
»  et  l'agrément  trop  recherché  qui  rè- 
»  gnenl  dans  sa  prose ,  sont  des  amorces 
»  séduisantes,  propres  à  égarer  les  jeunes 

»  esprits Les  Dialogues  des  morlSfiie 

r>  sont  que  des  assauts  de  pensées  bril- 
»  lantes ,  où  l'auteur  cherche  plus  à  éton- 
»  ner  par  les  interlocuteurs  disparates , 
»  qu'à  instruire  en  développant  le  vrai 
n  caractère  :  ce  n'est  pas  ainsi  qu'on  écrit 
»  la  morale  ;  l'élégance  de  l'esprit  ne  peut 
»  que  Taffaiblir.  Si  l'écrivain  dont  nous 
»  parlons  était  réduit  à  la  seule  gloire  d'a- 
»  voir  mis  au  jour  de  pareilles  produc- 
»  tions ,  sa  célébrité  aurait  fini  avec  sa 
»  vie,  et  même  avant.  Mais  en  reconnais- 
»  sant  les  défauts  du  bel-esprit ,  on  ne 
»  peut  s'empêcher  de  rer^dre  justice  an 
»  philosophe.  Le  talent  particulier  qu'il  a 
»  eu  de  mettre  à  la  portée  de  tout  le 
»  monde  les  matières  les  plus  abstraites  ; 
'j  de  revêtir  de  la  clarté  et  des  agréinena 
»  du  style  les  sujets  les  plus  ingrats  ;  de 
»  répandre  dans  ses  ouvrages  les  connais- 
»  sauces  les  plus  étendues,  sans  affecta- 
»  tien  ,  avec  ordre  et  dans  la  plus  grande 
»  précision  ;  de  dominer ,  par  l'aisance  de 
»  son  esprit,  tout  ce  qui  se  présentait  sous 
»  sa  plume  ,  dans  les  genres  les  plus  op- 
»  posés  et  les  plus  difficiles ,  lui  assure  la 
»  gloire  d'une  intelligence  fine  ,  prompte, 
»  profonde ,  et  celle  du  mérite  rare  d'a- 
j>  voir  su  communiquer  aux  autres,  sans 
»  effort,  ce  qui  paraissait  avant  lui  au- 
»  dessus  de  la  pénétration  du  commun  des 
»  lecteurs.  C'est  ce  qu'il  est  facile  de  re- 
»  marquer  dans  son  livre  sur  la  Pluralité 
B  des  Mondes  ,  dans  son  Histoire  de  l'A- 
»  cadémie  des  Sciences  ,  et  dans  les  éloges 
»  qu'il  a  faits  de  plusieurs  acadéuûcier;^. 


»  1.0  premier  ouvrage  fait  «iliiiiror  un  cs- 

•  prit  luminoux  qui  se  joue  ilo  leiubarras 

•  do-s  systèmes  ,  procède  avec  dexloiilé  à 

•  travers    les   contraditlions  ,  développe 

•  sans  g^ne  les  principes  qu'il  a  ctabli*  , 

•  et  fait  adopter  ses  idées  ,  non  en  faisant 
>  sentir  la  touche  intime  de  la  persuasion  , 
»  encore  moins  la  force  de  la  conviction, 

•  mais  par  le  talent  de  plaire  et  d'amu- 

•  ser  ,  etc.  S'il  s'é{Tara  dans  ses  idées  ,  il 
»  n'eut  pas  la  témérité  de  les  réduire  en 
»  systèmes  ;  s'il  avança  quelques  proposi- 

•  ttons  un  peu  hardies ,  il  ne  les  défendit 

•  pas  avec  opiniâtreté;  s'il  eut  quelques 

•  démêlés  littéraires,  il  les  soutint  cons- 
»  tamment  avec  honnêteté  ,  ou  termina 
»  par  un  silence  toujours  sage  quand  on 
»  n'offre  aux  autres  que  des  découvertes 
»  opposées  aux  idées  reçues.  Ces  qualités 
»  rendirent  au  moins  sa  philosophie  res- 

•  pectable  dans  ses  sentiment ,  quoiqu'elle 

•  ne  fût  pas  toujours  sûre  dans  ses  maxi- 

•  ines.  B  Pour  justifier  Fontenelle  sur  sa 
manière  de  penser,  nous  ajouterons  ici  le 
ïugement  que  l'auteur  des  Mémoires  pour 
servir  à  l'Histoire  ecclésiastique  a  porté 
sur  cet  écrivain  :  «  Il  donna  en  1687  Vl/is- 

•  toire  des  oracles,  tirée  en  partie  de  l'ou- 

•  vrage  de  Van  Dale  sur  le  rr>éme  sujet. 

•  Elle  a  été  réfutée  par  le  PèreBaltus.  Cet 

•  ouvrage  ne  donne  ,  ni  en  soi ,  ni  par  la 

•  manière  dont  il  est  traité ,  aucun  nio- 

•  tif  suffisant  pour  suspecter  la  religion 

•  de  Fontenelle.  On  lui  attribue  la  liela- 
»  tion  de  l'ile  de  Bornéo,  citée  par  Bavle, 

•  et  qui  renferme  une  histoire  allégorique 

•  et  critique  de  l'église  de  Rome  et  de 
»  celle  de  Genève.  Ce  morceau  si  court  ne 
»  pourrait  être  regardé  que  comme  une 
»  plaisanterie ,  et  ne  saurait  convaincre 

•  Fontenelle  d'incrédulité.  Fontenelle  ne 
»  parla  jamais  de  la  religion  qu'avec  res- 
»  pect  dans  ses  écrits  avoués.  S'il  lui  cùl 

•  été  contraire ,   il  aurait  pu  glisser   de 

•  temps  en  temps  quelques  traits  contre 
»  elle.  Il  ne  l'a  point  fait ,  quoiqu'il  fût 
»  assez  porté,  par  la  trempe  de  son  esprit, 

•  aux  allusions  fines  et  aux  épigrammes 
»  plus  ou   moins  voilées  ,   et  qu'il  les  ait 

•  prodiguées  sur  d'autres  sujets.  Dans  ses 

•  Eloges  des  académiciens  .  il  ne  manque 
■  jamais  de  faire  mention  de  leur  altache- 
»  rhemeiit  et  de  leur  respect  pour  la  re- 

•  ligion  ,  sans  que  saus  doute  rien  ne  l'o- 
»  bligtàt  à  en  parler.  Vollaire  ,   dans  sa 

•  Correspondance,  lui  reproche  d'avoir 
»  été  un  lâche,  ce  qui  veut  dire  apparem- 
»  mrnt .  qu'il  n'avait  pas  de  z.ilc  pour  la 
»  v*»il*>»*>pl"«-  Laharpe  dit  qu'il  pratiquait 


75  FOO 

»  tous  SCS  devoirs  publics  de  religion; 
»  et  suivant  Moréri,  il  demanda  lui-même 
»  les  sacrcinens  de  l'li{;lise,  qu  il  reçut 
>  avec  une  parfaite  connaissance.  Il  dit 
»  au  curé  de  l'église  de  St.-Roeh  qu'il  avait 
»  vécu  et  voulait  mourir  dans  le  sein  de 
»  l'église  catholique.  » 

FOXTETTE.  Voyez  FEVRET. 

FOIMTI  (Babtqklemi)  en  latin  Fontiut, 
né  à  Florence  en  1445 ,  se  fit  estimer  de 
Pic  de  La  Mirandole  ,  de  Marsille  Ficin  , 
de  Jérôme  Donalo,  et  des  autres  habiles 
écrivains  de  son  siècle.  Mathias  Corvin  , 
roi  de  Hongrie,  l'honora  de  son  amitié, 
et  lui  donna  la  direction  de  la  fameuse 
bibliothèque  de  Bude.  Les  écrits  de  Fon- 
tius  sont  :  un  Commentaire  sur  Perse  ; 
des  Harangues  ;  le  tout  recueilli  et  im- 
primé à  Francfort,  in-8",  1021.  Fonti 
mourut  en  1513. 

FO.\ TRAILLES  (  Louis  d  AST.\RAC  , 
marquis  de  ) ,  fut  choisi  par  Monsieur 
pour  aller  négocier  en  Espagne  un  traité, 
qui  lui  fournil  les  moyens  de  chasser  le 
cardinal  de  Richelieu  ;  mais  il  eut  lo  bon  - 
heur  de  n'être  pas  arrêté  comme  M.  de 
Cinq-Mars.  Il  revint  en  France  après  la 
mort  du  cardinal ,  et  ne  mourut  qu'en 
1677.  On  a  de  lui  une  relation  des  choses 
particulières  de  la  cour,  pendant  la  fa- 
veur de  Cinq-Mars .  imprimée  au  tome  1*' 
des  ménioires  de  Montrésor. 

•  FOOTE  (  Saïiuei.  ) ,  comédien  et  au- 
teur comique  anglais ,  né  eu  1722,  d'une 
bonne  famille  dans  le  conr.té  de  Cor- 
nouailles,  fut  destiné  au  barreau;  mais 
sa  mauvaise  conduite  ayant  entraîné  la 
ruine  de  sa  fortune,  il  devint  comédien 
par  nécessité.  Il  débuta  sur  le  théâtre  de 
Hay-Market  à  Londres  en  ^7kk ,  par  le 
rôle  d'Othello  et  quelques  autres  rôles 
tragiques  dans  lesquels  il  n'eut  aucun 
succès.  Après  avoir  tenté  pendant  deux 
ans  d'échapper  aux  poursuites  de  ses 
créanciers,  il  éleva  pour  son  compte  un 
petit  théâtre  à  Hay-Market  où  il  fut  à  la 
fois  directeur  ,  auteur  et  acteur.  II  eut  la 
hardiesse  d'y  mettre  en  scène  des  per- 
sonnages du  temps,  ce  qui  lui  attira  la 
foule,  mais  lui  causa  des  chagrins.  Le» 
procès  qu'on  lui  intenta  et  qui  l'obligè- 
rent de  payer  des  amendes  considérables, 
le  mirent  dans  la  nécessité  de  fermer  son 
théâtre.  Plus  tard  ,  après  un  accident  qui 
avait  forcé  de  lui  couper  une  jambe ,  il 
eut  la  permission  de  le  rouvrir  pendant 
la  clôture  des  deux  théâtres  principaux  tie 
Ixmdres.  La  foule  se  porta  à  ses  représen- 
tations ;  et  il  eut  acquis  uoe  fortune  con- 
15. 


FOR 


174 


FOR 


sidérablc,  si  le  jeu  n'eût  dévoré  ses  pro- 
fils. Il  mourut  presque  subitement  à  Dou- 
vres en  se  rendant  en  France  pour  sa 
santé.  On  l'a  appelé  W4ristophane  an- 
ylais.  Ses  œuvres  ont  élé  imprimées  à 
Londres  en  1778,  4  vol.  in-8°- 

FOPPENS  (Jeax-Fraivçois)  ,  né  à  Bru- 
xelles en  1G89,  fut  successivement  pro- 
fesseur en  philosophie  à  Louvain,  cha- 
noine de  l'église  de  Bruges,  chanoine 
de  Malines  et  archidiacre.  Il  mourut 
Te  16  juillet  1761 ,  âgé  de  72  ans.  Ses 
talens,  ses  vertus,  et  surtout  son  zèle 
pour  'la  religion  ,  le  firent  regretter  uni- 
versellement. On  a  de  lui  :  Bibliotheca 
Jîelyica^  Bruxelles,  chez  son  frère  Pierre 
Foppens ,  1739 ,  2  vol.  in-4" ,  où  il  a  fait 
entrer  les  ouvrages  d'Aubert  Le  Mire , 
de  François  Swerlius  et  de  Valère  André, 
sur  les  auteurs  belgiques.  Il  a  fait  de 
grandes  additions  à  ces  auteurs,  et  con- 
tinué la  bibliothèque  belgique  depuis  vers 
640  où  finit  celle  de  Valère  André,  jus- 
qu'à l'an  1680.  Cet  ouvrage  est  estimé  et 
mérite  de  l'être  à  bien  des  égards  ;  on  y 
désirerait  un  peu  plus  de  critique  et  d'exac- 
titude. I  Une  édition  du  Recueil  diplo- 
matique d'Aubert  Le  Mire,  Bruxelles, 
4723  ,  2  vol.  in-fol.  enrichie  de  nouvelles 
noies  et  de  tables ,  augmentée  d'un  grand 
nombre  de  diplômes  inconnus  à  Aubert 
Le  Mire.  Il  ajouta  ensuite  deux  volumes 
in-folio  à  celle  colleclion,  l'un  en  1754, 
Vautre  en  1748.  |  Ifistotia  episcopatiïs 
Antuerpiensis ,    Bruxelles,   1717,   in -4'; 

1  Historia  episcopatûs  Sylvœducensis  ^ 
Bruxelles  ,  1721 ,  ia-4";  |  Chronologia  sa- 
c?'a  episcoporum  Belgii  ab  anno  1561  ad 
annwn  1761 ,  in-12  ;  ouvrage  en  vers  avec 
des  notes  historiques  en  jjrose  ;  |  un  grand 
nombre  de  poèmes  latins,  dénués  la  plu- 
part d'énergie,  et  de  cet  enthousiasme 
qui  constitue  la  vraie  poésie,  mais  tou- 
jours sages  dans  leur  objet  et  les  vues  de 
l'auteur. 

rORBFS  (  Jeaw  ) ,  écossais ,  professeur 
de  théologie  et  d'histoire  ecclésiastique 
dans  l'université  d'Aberdeen  ,  mort  en 
1648 ,  à  55  ans ,  laissa  des  Institutions 
histoi'iques  et  théologîques  qu'on  trouve 
dans  la  collection  de  sesœuv7'es_,  1703, 

2  vol.  in-fol.  C'est  un  vaste  recueil ,  où 
l'auteur  en  traitant  do  la  doctrine  cliré- 
tienrie  prétend,  contre  la  vérité  notoire 
«les  faits,  que  diverses  circonstances  y 
ont  apporté  des  changcmehs.  On  a  fait  un 
abrégé  de  cet  ouvrage  propre  à  nourrir 
les  préjugés  des  pro  test  ans.  Son  père 
(  I'atricb),  évêqne  d'^Vberdcen,  mort  en 


1635  ,  donna  un  Commentaire  sur  t'Jpo- 
calijpse  .  in-4°  ,  1646. 

FOUBES  (  Guillaume  ) ,  premier  évê- 
que  d'Edimbourg ,  s'est  fait  un  nom  par 
ses  Considérations  sur  les  controverses , 
en  latin,  imprimées  à  Francfort,  in-8", 
1707.  Il  mourut  en  1634  dans  sa  49'  année 
en  laissant  un  fils  qui  embrassa  la  reli- 
gion romaine. 

FORBES  (  Du!VCA!V  ),lord,  président 
des  assises  d'Edimbourg  ,  mort  au  milieu 
du  18*  siècle,  est  connu  en  France  par 
les  traductions  qu'a  publiées  le  Père  Hou- 
bigant ,  de  ses  Pensées  sur  la  religion  j,  de 
sa  lett?'e  à  un  évéque ^  elc,  Lyon,  1769, 
in-8''.  Ces  écrits  ont  eu  un  succès  mé- 
diocre. 

FORBIN  (  Toussaint  de  ),  plus  connu 
sous  le  nom  de  cardinal  de  Janson  . 
d'une  famille  illustre  de  Provence ,  fut 
successivement  évêque  de  Digne ,  de 
Marseille  et  de  Beauvais.  Louis  XIV , 
connaissant  le  talent  singulier  qu'il  avait 
de  manier  les  affaires,  le  nomma  son 
ambassadeur  en  Pologne.  Jean  Sobieski, 
qui  dut  en  partie  à  son  crédit  le  trône  de 
cette  république ,  lui  en  marqua  sa  re- 
connaissance,  en  le  nommant  au  cardi- 
nalat. Envoyé  à  Rome  sous  Innocent  XII 
et  sous  Clément  XI ,  il  traita  avec  tant  de 
sagesse  les  affaires  de  France  ,  qu'il  fut 
honoré  en  1706  de  la  charge  de  grand- 
aumônier.  Il  mourut  à  Paris  en  1713 ,  à 
83  ans.  C'était  un  homme  spirituel  et 
preste  aux  réparties  vives.  Il  fut  im  des 
plus  ardeus  adversaires  de  VJpologic 
des  casuistcs.  Nous  avons  une  censure 
qu'il  publia  contre  elle  ,  étant  évêque  de 
Digne. 

FORBIN  (  François-Toussaint  de  ), 
neveu  du  précédent,  plus  coniui  sous  le 
nom  de  comte  de  iio5cm&<?r<7  ^  quitta  la 
France  pour  avoir  tué  en  duel  un  de  ses 
ennemis.  Il  y  rentra  ensuite  ;  mais  ayant 
été  blessé  à  la  bataille  de  la  Marsaille  en 
1693  ,  il  fit  vœu  de  se  faire  religieux  de 
la  Trappe.  Il  l'accomplit  environ  dix  ans 
après,  prit  le  nom  de  frère  Arsène ^  et 
fut  envoyé  à  Buon-Salazzo  en  Toscane , 
pour  y  établir  l'esprit  primitif  de  Cîteaux. 
Il  y  mourut  saintement  en  1710.  On  a 
publié  la  relatioii  éditiante  de  sa  vie  et 
de  sa  moi-t  y  traduite  de  l'italien  en  fran- 
çais, in-12,  par  l'abbé  Mauperluis. 

*  FORBI.X  (  Claude  ,  chevalier  de  ) ,  né 
en  1656  à  Gardane  près  d'Aix  en  Pro- 
vence, commença  dès  sa  première  jeu- 
nesse à  servir  sur  mer,  et  continua  avec 
beaucoup  d'intelligence,  de  courage  el 


FOU 


I7K 


FOR 


(Taclivité.  Après  avoir  vie  craml-amiral 
«la  roi  lie  Sïam  ,  à  (jui  il  fut  laissé  i-ii  KtSft 
par  le  rhevalicr  duChaiiiuunt,  il  <icsi(;nulu 
sur  la  mer  Adriali<i(u*.  Il  attaqua  en  170G, 
près  du  Texcl .  avec  cinq  petits  vais- 
aeaux.  une  escadre  ennemie,  forte  de  six 
vaisseaux  de  guerre  de  îiO  à  60  canons. 
Il  en  enleva  un.  brûla  un  autre,  coula 
bas  un  tn>isitMne,  et  mi»  enfuilele  reste. 
Devenu  clief  d'est-adre  ,  il  dispersa  dans 
les  mers  du  Nord  trois  différentes  flottes 
■nglaiscs  destinées  pour  la  Moscuvie.  A 
son  retour  il  battit,  avec  Dugua  y-Trou  in  , 
une  autre  flotte  anglaise.  Ses  infirmités, 
uu  plutôt  le  mécontentement  qu'il  avait 
des  ministres,  l'ayant  obligé  de  quitter 
l<;  service,  il  se  retira  vers  1710  auprès 
de  Marseille.  Il  y  mourut  en  1733 ,  à  77 
ans.  Foçbin  mérita  la  confiance  de  Louis 
XIV  et  l'estime  de  sa  nation ,  par  sa  bra- 
voure et  par  son  application  à  remplir 
ses  devoirs.  Il  s'attachait  à  ceux  qui  ser- 
vaient sous  lui ,  et  ne  laissait  point  échap- 
per l'occasion  de  les  faire  connaître  à  la 
cour.  Forbin  avait  la  tète  d'un  général  et 
la  ntain  d'un  soldat.  On  trouvera  plusieurs 
traits  d'une  bravoure  singulière  dans  ses 
mémoires,  publiés  en  1749,  en  2  vol.  in- 
12,  par  Reboulet,  réimprimés  en  1781. 

•  FORBIN  (  Gaspaud-Fra-^çois-Awe 
de  ) ,  de  la  même  famille  que  le  précé- 
deni,  chef  d'escadre  sous  Louis  XIV  .  na- 
quit à  Aix  en  Provence  le  8  juillet  1718. 
Il  embrassa  d'alwrd  le  parti  des  armes  , 
devint  chevalier  de  Multc ,  et  se  livra  en- 
suite à  l'étude  des  sciences  mathémati- 
ques et  physiques.  On  a  de  lui  :  |  Accord 
de  la  foi  avec  la  raison  dans  la  manière 
de  présenter  le  système  physique  du 
monde .  et  d'expliquer  Us  différens  mys- 
tères «/<?  la  relùjion  .  Cologiie  et  Paiis. 
1757,  2  vol.  in- 12.  î  Exposition  géomé- 
trique des  principales  erreurs  de  Actvtnn 
mr  la  génération  du  cercle  et  de  l'ellipse, 
Paris  ,  1761 ,  in-12  ;  |  Elémens  des  forces 
centrales,  ou  Obsen<ations  sur  les  lois 
que  suivent  les  corps  mus  autour  de  leur 
centre  de  pesanteur.  Paris,  Desaint. 
1774,  in -8".  Il  a  laissé  en  maïuiscrit  : 
(  Exposition  des  droits  de  la  puissance 
temporelle  en  matière  de  religion  .  qui 
n'a  jamais  été  imprimée  efi  France. 

FORBISIILII  ou  plutôt  FROBISIIKR 
(sir  Makti.<«),  pilote  anglais,  né  à  De- 
▼onshire,  se  signala  de  bonne  heure  par 
•es  courses  maritimes.  La  reine  Eli^^ibeth 
l'envoya,  avec  trois  navires  en  1576,  pour 
chercher  le  détroit  que  l'on  croyait  être 
ta  nord  de  la  Silk-rie ,  qui  devait  servir  à 


passer  de  l'occident  en  orient  par  le  notif. 
Mais  ce  voyage,  ainsi  que  celui  qu'il  entre- 
prit deux  ans  après  ,  et  tous  ceux  qu'on  a 
faits  depuis  relativement  à  cet  objet,  n'ont 
rien  produit,  parce  que  ce  passage  n'existe 
réellement  pas  :  car,  supposé  que  les  deux 
continens  ne  se  touchent  nulle  part ,  les 
monts  de  glaces  rendraient  encore  tout 
passage  impraticable  (  Voyez  COOK  ;. 
Forbisher,  qui  ne  connaissait  rien  en  his- 
toire naturelle,  apporta  de  ses  voyages 
une  grande  quantité  de  pierres  qu'il  avait 
fait  tirer  des  montagnes  de  ce  pays-là.  11 
s'imaginait  qu'elles  renfermeraient  de  l'or 
et  de  l'argent;  mais  après  les  avoir  bien 
examinées,  il  ne  s'y  trouva  rien,  et  l'on 
s'en  servit  pour  paver  les  chemins.  Peu  de 
temps  après  ce  second  voyage  ,  l'amiral 
flavvard  le  créa  chevalier,  pour  récom- 
penser les  marques  de  bravoure  qu'il 
avait  données  en  1588  dans  un  combat  en- 
tre la  flotte  anglaise  et  la  flotte  espagnole. 
Après  s'être  signalé  sur  mer,  il  se  signala 
sur  terre.  Il  débarqua  en  Bretagne  pour 
assiéger  le  fort  deGradon.  Cette  place  se 
rendit  après  une  vigoureuse  résistance  ; 
mais  Forbisher  y  fut  blesse,  et  mourutde 
sa  blessure  à  Plimoulh  en  1594. 

*  FORBO.WAIS  (François  VERON  ou 
VERONÏ  de),  inspecteur-général  des  mon- 
naies de  France,  de  l'inslilut  national, 
né  au  Mans,  le  2  octobre  17'Jt2,  d'une  fa- 
mille illustrée  dans  le  coiinnerce,  termina 
ses  études  à  Paris  ,  et  voyagea  en  Italie  et 
en  Espagne  pour  les  affaires  de  son  père. 
Ayant  été  appelé  en  17't5  ,  auprès  d'un 
oncle,  ricfie  armateur  à  Nantes,  il  s'a- 
donna entièrement  à  l'étude  de  l'écono- 
mie politique,  et  recueillit  un  grand  nom- 
bre d'observations  importantes  sur  les 
manufactures,  le  conunerce  ,  la  marine, 
les  colonies  ,  la  valeur  des  monnaies.  Eu 
1752 ,  il  vint  se  fixer  à  Paris,  où  il  sou- 
mit au  gouvernement  divers  mémoires 
sur  les  finances ,  qui  ne  furent  point  ac- 
cueillis par  les  ministres.  Il  publia  de 
1753  à  1758  plusieurs  autres  Mémoires 
sur  les  mêmes  matières;  ils  furent  mieux 
reçus  du  public  :  en  1756,  il  fut  nomme 
inspecteur -général  des  monnaies.  Sous 
le  ministère  de  M.  de  Silhouette  ,  il  pro- 
posa divers  plans  de  finances  et  des  vues 
utiles  ;  mais  il  fut  contrarié  dans  ses  pro- 
jets ,  et  exilé  dans  ses  terres.  Du  fond  du 
sa  retraite  ,  il  contiima  de  coi  respondrc 
avec  les  inlendans  des  finances ,  et  sur- 
tout avec  le  fameux  alibé  Terray,  qui 
lui  demanda  des  mémoires,  et  fit  des 
cffurls  inutiles  pour  le  ramener  au  thnon 


FOU 


176 


FOR 


ées  affaires.  Il  se  rcadit  à  Paris  en  1790  , 
sur  l'invitalioa  du  comité  des  finances, 
et  il  eut  part  à  un  travail  relatif  aux  mon- 
naies. II  mourut  le  20  septembre  1800.  II 
a  laissé  un  grand  nombre  d'ouvrages  sur 
les  finances  et  le  commerce ,  où  l'on 
trouve  d'excellentes  vues.  Ils  sont  écrits 
d'une  manière  noble ,  facile  et  souvent 
élégante.  Les  principaux  sont  :  |  Extrait 
(le  l'Esprit  des  lois ,  avec  des  observa- 
lions,  1753,  in-12;  |  Théorie  et  Prati- 
que du  commerce  et  de  la  marine^  traduit 
de  l'espagnol ,  1753 ,  in-4"  ;  |  Considéra- 
tions sur  les  finances  d'Espagne ,  relati- 
vement à  celles  de  France ,  1753 ,  in-12  ; 

1  Le  négociant  anglais ,  1753 ,  2  vol.  in- 
12;  I  Elémens  du  commerce^  Paris,  1754, 

2  vol.  in-12 ,  plusieurs  fois  réimprimés. 
L'édition  de  1796  a  été  corrigée  et  enri- 
chie d'additions  importantes,  j  Questions 
sur  le  commerce  des  Français  au  Le- 
vant ^  1755 ,  in-12  ;  |  Recherches  et  consi- 
dérations sur  les  finances  de  France^  de- 
puis 1595  jusqu'en  1721,  Bàle,  1758,  2 
vol.  in-i" ,  réimprimés  la  même  année 
à  Liège ,  en  6  vol.  in-12  ;  |  Principes  et 
observations  économiques  .  17G7 ,  2  vol. 
in-12  ;  |  Analyse  des  principes  sur  la  cir- 
culation des  denrées  et  l'influence  du  nu- 
méraire sur  celte  circulation  ^  1800 ,  in- 
12;  j  divers  articles  dans  l'Encyclopédie^ 
sur  le  commerce,  les  changes ,  la  popula- 
tion. Il  a  laissé  en  outre  un  grand  nom- 
bre de  manuscrits.  Sa  vie  littéraire  a  été 
écrite  par  Delisle  de  Sales ,  Paris ,  1801 , 
in-8°. 

FORCADEL  (  Etienne  ) ,  Forcatulus, 
professeur  en  droit  à  Toulouse ,  était  né 
en  1534,  à  Beziers,  et  mourut  en  1573. 
Ses  écrits  consistent  en  poésies  latines  et 
françaises^  1579,  in-8",  les  unes  et  les 
autres  très  médiocres  ;  en  livres  de  droit, 
un  peu  moins  mauvais,  et  en  histoires. 
Les  titres  de  ces  ouvrages  pourront  don- 
ner une  idée  de  son  style  précieux  et  af- 
fecté. I  JSecromantiœ^  sive  occultée  j'uris- 
prudentiœ  tractatus  >  in  centum  viginli 
quinque  dialogos  distinctus  ;  \  Spherœ  le- 
galis  dialogus  unus;  |  Cujridojuriiyjyerilus. 
m  viginti  duo  capita  divisas;  |  Penus  juris 
civiliSj,  sive  de  alimcntis ,  capita  trigin- 
ta  contiiiens  ;  |  Avianum  juris  civilis  in 
novem  capita  parlitam;  |  Comnientarius 
in  titulum  de  justitia  et  jwe.  lib.  1  Diges- 
torum  ;  \  Tractatio  dilucida  rei  ci'imina- 
lis ,  in  quatuor  digesta  partes;  |  Com- 
tnentarius  nobilis  in  jura  feudorum.  — 
Il  avait  pour  frère  Pierue  FORCADEL, 
professeur  royal  de  malliématifjues ,  morl 


en  1577 ,  dont  on  a  une  traduction  fran< 
çaise  d'Euclide  et  de  la  géométrie  d'O- 
ronce  Fine,  et  une  arithmétique  es  4 
livres. 

FORCE  (  Jacques -NoMPAE  de  CAtJ- 
MONT ,  duc  de  la),  fils  de  François,  sei- 
gneur de  La  Force ,  qui  fut  tué  dans  son 
lit,  avec  Armand  son  fils  aine,  pendant 
le  massacre  de  la  Sainl-Barlbélemi.  Jac- 
ques ,  qui  n'avait  que  neuf  ans,  et  qui  était 
couché  avec  eux,  se  caclia  si  adroitement 
entre  le  corps  de  son  père  et  celui  de  son 
frère ,  qu'il  échappa  au  glaive  des  assas- 
sins. C'est  lui-même  qui  a  écrit  cet  événe- 
ment dans  des  mémoires  conservés  dans 
sa  maison ,  et  cités  dans  la  Henriade.  Il 
porta  les  armes  sous  Henri  IV ,  et  servit 
ensuite  les  réformés  contre  Louis  XIII , 
surtout  au  siège  de  Montauban  en  1621. 
L'année  d'après,  La  Force  s'étant  détaché 
des  erreurs  et  des  séditieuses  intrigues  des 
huguenots ,  prit  Pignerol ,  et  défit  les  Es- 
pagnols à  Carignan  en  1630.  Quatre  ans 
après  il  passa  en  Allemagne ,  fit  lever  le 
siège  de  Philisbourg,  secourut  Heidel- 
berg,  et  prit  Spire  en  1635.  Sa  terre  de 
La  Force ,  en  Périgord ,  fut  érigée  en  du- 
ché-pairie l'an  1657.  Il  s'y  retira  après 
avoir  rendu  des  services  importans  à  l'é- 
tat, et  mourut  plein  de  jours  et  de  gloire 
en  1652.  Ce  n'était  pas,  suivant  l'abbé 
Le  Gendre,  le  général  le  plus  renommé 
de  son  siècle  ;  mais  ce  n'était  pas  aussi  le 
moins  habile. 

FORCE  (  Armand-Nompar  de  CAU- 
MONT,  duc  de  la  ) ,  fils  du  précédent,  et 
maréchal  de  France  comme  lui,  obtint  le 
bâton  en  1652  ,  pour  avoir  servi  avec  dis- 
tinction contre  les  huguenots.  Le  com- 
bat de  Ravon,  où  il  défit  2,000  impé- 
riaux, et  prit  prisonnier  Colloredo  leur 
général,  lui  fit  beaucoup  d'honneur,  il 
mourut  en  1675,  à  95  ans.  Une  longue 
vie  était  ce  semble,  le  partage  de  celle 
famille  illustre. 

FORCE  (  Charlotte- Rose  de  CAU- 
MONT  de  la  ) ,  de  l'académie  des  Rico- 
vrati  de  Padoue ,  était  petite-fille  de  Jac- 
ques de  La  Force  ,  cl  mourut  en  1724  ,  à 
74  ans.  Elle  a  illustré  le  Parnasse  fran- 
çais par  ses  vers ,  et  la  république  des 
lettres  par  sa  prose.  On  a  d'elle  ,  dans  le 
premier  genre,  une  épitre  à  M™'  de  Main- 
tenon  ,  et  un  poème  dédié  à  la  princesse 
de  Conti,  sous  le  titre  de  Château  en  Es- 
pagne ,  qui  ne  manquent  ni  d'imagina- 
tion ni  de  génie.  On  connaît  d'elle ,  dans 
le  second  genre  ;  |  V Histoire  secrète  de 
Bourgogne^  en  2  voL  in-i2,  roman  assez. 


FOR 

LU  n  ICI  il.  Paris,  1691;  |  colle  de  ^far- 
tftiehte  de  yalois.  k  vol.  iti-12 ,  Paris , 
i719  ;  I  La  f^ie  de  Catherine  deiiourbon; 
I  Les  Fées ,  contes  des  contes,  sans  nom 
d'auttnir,  in-l'J;  |  Mémoires  historiques 
ie  la  duchesse  dr  linr.  sœur  de  tienri 
II",  etc..  in- 12;  |  Gustare  ff^asa ,  iii-12, 
qxi'on  ne  lil  cuère.  Le  fond  de  presque 
lous  U-s  ouvraiies  de  M"'  de  La  Force  est 
liistorique ,  mais  la  broderie  en  est  ro- 
manesque. Elle  avait  épousé  en  1687 
(.harlos  de  Brion  ;  mais  le  mariage  fut 
dirclari^  nul  au  bout  de  dix  jours. 

•  FORCELLIM  (  Kuidio  ),  savant  ecclé- 
siastique italien,  né  dans  un  village  du 
diocèse  de  Padoue  en  1688,  lit  ses  études 
dans  le  séminaire  de  cette  ville,  et  fulen- 
•uite  appelé  à  la  direction  du  séminaire 
de  Cénéda,  el  à  la  chaire  de  rhétorique 
pour  les  jeunes  séminaristes  .  qu'il  fut 
obligé  d'y  remplir.  Il  mourut  le  k  avril 
1768.  On  lui  doit  un  grand  dictionnaire 
latin,  le  meilleur  que  nous  ayons,  qu'il 
fil  de  concert  avec  Facciolato  ,  et  qui  ab- 
sorba, pour  ainsi  dire,  sa  vie  entière.  Il 
a  été  publié  après  sa  mort  sous  ce  litre  : 
Totius  latinitatis  Lexicon.  consilio  et  cura 
Jac.  Facciolati  j  opéra  et  studio  yEgidii 
Forcellini.  Patavini ,  1771 ,  4  vol.  in-folio, 
réimprimé  en  180j.  Il  faut  y  joindre  un 
•upplément ,  publié  en  1816.  Chaque  mot 
latindece  dictionnaire  est  renduen  italien 
et  accompagné  du  mot  grec  correspon- 
dant. La  première  édition  est  la  meilleure. 
La  seconde  ne  renferme  point  d'augmen- 
tations, quoiqu'elles  soient  annoncées  sur 
le  frontispice.  La  vie  de  Forcellini  a  été 
écrite  par  l'abbé  J.  B.  Ferrari ,  Padoue, 
1792 ,  ïn-k". 

•  FORDYCE  (  Jacques  ) ,  célèbre  pré- 
dicateur écossais,  né  en  1720  à  Aberdeen 
occupa  long-temps  à  Londres  la  place  de 
pasteur  d'une  congrégation  de  dissenters 
ou  non-conformistes .  et  mourut  à  Bath 
k  1"  octobre  1796.  Ses  prédications  eu- 
rent beaucoup  de  vogue  :  il  avait  le  se- 
cret de  parler  au  cœur  ,  et  joignait  au 
mérite  d'une  composition  élégante  et  fleu- 
rie ,  celui  d'une  élocution claire  et  animée. 
On  lui  doit  :  |  Essai  sur  l'action  convena- 
ble à  la  chaire,  in-12 ,  imprime  à  la  suite 
de  Théodore  ,  dialogue  concernant  l'art 
de  prêcher,  par  David  Fordyce ,  son 
frère,  3"  édition  in-12  ,  1755;  |  Le  temple 
de  la  vertu,  songe ,  in-12  ,  1755  et  1777  ; 
I  Sennnnt  aux  jeunes  femmes ,  2  vol.  in- 
12,  17%.  <Aî  recueil,  généralement  gi)ùte 
de»  femmes,  a  été  traduit  en  français; 
I  le  ca.  a:  tire  et  la  conduite  du  iexe  (c- 


177  FOU 

minin  .  rt  1rs  a^uintagcs  que  les  jeune» gens 
peuvent  recueillir  de  la  société  des  femmes 
vertueuses .   1779 ,  in-8".  Il  recommande 
aux  jeunes  gens  un   commerce  spirituel 
avec  le  sexe  ,  qui   ressemble  à   l'amour 
platoniqtie.  |  adresses  aux  jeunes  gens  . 
1777  et  1796,  2  vol.   in-12;  |  Adresses  à 
la  Divinité  .{im  et  1787,  in-12  ;  |  un  vol. 
de  poésies ,  1786  ,  in-12.  Il  y  a  de  la  cor- 
rection, de  la  facilité  ,  mais  peu  de  poésie. 
*  FOIIDVCE  (  Georges  ) ,  célèbre  mé- 
decin ,  né  en  1736  ,  près  d'Aberdeen  ,  ou- 
vrit des  cours  particuliers  de  médecine  , 
et  s'attira  un  grand  nombre  d'auditeurs 
par  la   précision ,  la  clarté ,  l'exactitude 
avec  lesquelles  il  s'expriinail ,  ce  qui  vaut 
bien  l'éloquence  qui  séduit  toujours,  mail 
qui  est  souvent  stérile  pour  la  science.  Cu 
qui  contribua    Surtout  à  sa  réputation , 
ce  fut  une  série  d'expériences  qu'il  entre- 
prit en  1774  ,  avec  autant  de  lèle  que  «le 
talent,   pour  connaître    l'effet   des   plus 
hautes  températures  sur  le  corps  humain. 
Il  mourut  le  25  juin  1802,  laissant  phi- 
sieurs  ouvrages   en  anglais,  dépourvus 
du  charme  du  style,  mais  remarquables 
par  des  vues  neuves  et  des  expériences 
curieuses  :   |  Principes  d'agriculture  et 
préceptes  sur  la  végétation.  Edimbourg, 
1765   et   1771 ,  in-8".  Ils  ont  été   traduits 
eu  allemand  avec  des  notes  et  des  addi- 
tions. Vienne,  1777,  in-8";  |  Elémens  df. 
médecine  pratique.  Londres ,  1768  ,  in-8'', 
souvent  réimprimés  et  traduits  en  alle- 
mand. C'est  le  manuel  qui  servait  de  texJij 
à   ses  leçons.    |    Traité   de  la  digestion 
des  alimens.  Londres,  1791,  traduit  en 
allemand  en  1793  ;  |  des  dissertations  sur 
la  fièvre  simple^  Londres,  1794-1802, 
in-8". 

FOUEIRO  (  François  ) ,  en  latin  For- 
rerius.  dominicain  de  Lisbonne ,  mort  en 
1581 ,  fut  un  des  trois  théologiens  choisis 
pour  travailler  au  Catéchisme  du  concile 
de  Trente  .  où  il  avait  fait  admirer  son  ta- 
lent pour  la  chaire.  On  a  de  lui  un  savant 
Commentaire  sur  Istiie ,  in  fol.,  qu'on  a 
inséré  dans  le  Recueil  des  grands  cri- 
tiques. 

*  FOIIER  (  Laurent  ),  jésuite  suisse  cl 
fameux  controversiste,  né  en  1580,  profes- 
sa la  philosophie,  la  théologie  et  la  contro- 
verse dans  plusieurs  collèges  de  son  ordre, 
devint  chancelier  de  l'université  de  Dil 
lingcn,  puis  recteur  du  collège  de  Luceme 
et  mourut  en  1659  .  confesseur  del'cvéqu 
d'Augsbourg.  Il  laissa  44  ouvrage»  tant 
en  latin  qu'en  allemaïul  ;  on  eu  trouvera 
le  culalogue  dans  Sotwfl ,  bibliographe  do 


FOR 


178 


FOR 


la  société  de  Jésus;  les  principaux  sont  : 
(  Symbolum  catholicum  ,  lathrramun  , 
calvinianum  cutn  apostolico  cvllalum  , 
Dillingen,  1622,  in-4";  |  Gramm.  p?-oteus  . 
arcanorum  societatis  Jesu  Dœilalas  de- 
dolatus  .  et  genuino  suo  vulta  l'eprœsen- 
tatus  :  accessit  auclariain  animadversio- 
num  in  Gasparis  Scioppii  ecclesiaslicam 
astrologiam .  Ingolsladt ,  1656  in-8° ,  etc. 
il  a  traduit  du  latin  en  allemand  des  Ob- 
setvations  sur  les  eaux  thermales  de  Pfcf- 
fers,  Augsbourg,  1642,  in-S**,  fig. 

FOREST  (  Pierre  ) ,  savant  médecin , 
plus  connu  sous  le  nom  de  Forestus  .  né 
à  Alcmacr  en  1522 ,  d'une  famille  noble  , 
étudia  et  pratiqua  la  médecine  en  Italie, 
en  France  et  dans  les  Pays-Bas,  où  il 
mourut  en  1597.  On  a  de  lui  des  Observa- 
tions sur  lamédecine^G  vol.  in-fol.  Franc- 
fort, 1623. 

FOREST  (  Jean  ),  peintre  du  roi,  né 
à  Paris  en  1656 ,  mort  dans  la  même  ville 
en  1712,  était  un  excellent  paysagiste,  et 
joignait  à  ce  talent  beaucoup  d'esprit  et 
un  caractère  plaisant.  Il  fit  le  voyage  d'I- 
talie où  Pierre-François  Mola  lui  donna 
des  préceptes  dont  il  sut  bien  profiter  ;  et 
il  étudia  le  coloris  dans  les  ouvrages  du 
Titien,  du  Giorgion  et  des  Bassan.  On  re- 
marque dans  ses  tableaux  des  touches  har- 
dies ,  de  grands  coups  de  lumière ,  de  sa- 
vantes oppositions  de  clair  et  d'ombre, 
un  style  élevé ,  de  beaux  sites  et  des  fi- 
gures bien  dessinées. 

FOREST!  (  Jacques-Philippe  de  ),  né 
en  1434  àSalio,~prèsdeBergame,  est  plus 
connu  sous  le  nom  de  Philippe  de  Ber~ 
game.  Il  entra  dans  l'ordre  des  augustins 
et  s'y  fit  un  nom.  Il  mourut  le  15  juin  1520 
âgé  de  86  ans ,  après  avoir  publié  une 
Chronique  depuis  Adam  jusqu'en  1503, 
et  continuée  depuis  jusqu'en  1535  ,  Paris, 
d535 ,  in-folio.  Elle  eut  beaucoup  de  cours 
ians  le  siècle  de  l'auteur  ;  elle  ne  le  mé- 
ritait guère.  Si  l'on  excepte  les  événemens 
dont  il  a  pu  être  témoin ,  tout  le  reste 
n'est  qu'une  informe  compilation  des  his- 
toriens les  plus  crédules.  On  a  encore  de 
Foresti  :  CoJifessionale  :,  ou  Jnterrogalo- 
rium^  Venise  ,  1487,  in-folio  ;  et  un  Traité 
des  femmes  illustres^  Ferrare  ,  1497,  in- 
fol.,  en  latin. 

•  FORESTI  (  Antoine  ) ,  jésuite  italien 
du  17*  siècle,  mort  vers  15D9,  auteur  de 
quelques  ouvrages  ascétiques,  est  prin- 
cipalement connu  par  son  histoire  uni- 
verselle intitulée  :  Mappamondo  istorico 
owero  descrizione  di  tutti  imper ii  del 
mundo^  délie  vite  de'  pontefici ,  (atti  piu 


ilhistri  delV  antica  è  moderna  storia, 
Parme  ,  1690  et  années  suivantes ,  6  vol. 
in-4'>,  traduites  en  allemand,  par  Georges 
Schlueter,  Augsbourg,  1716-1718,  6  vol.  in- 
fol.  Cet  ouvrage  a  été  continué  par  Apo- 
stolo  Zeno,  parle  marquis  Dominique  Sua- 
rez  et  par  le  docteur  Silvio  Grandi;  il  a 
été  réimprimé  à  Venise  1745,  14  vol.  in-4''. 
FORESTIER  (  Pierre),  savant  clia- 
noine  d'Avalon ,  mort  dans  cette  ville  en 
1723,  à  69  ans,  est  auteur  de  2  volumes  f 
à! Homélies,  et  de  quelques  autres  ouvra- 
ges, dont  le  meilleur  est  V Histoire  des 
indulgences  et  des  jubilés  ,  in-12. 

*  FORESTIERI  (François-Bénédiçt), 
littérateur  italien,  né  à  Sinigaglia  en  1797, 
mort  en  1828,  fut  élevé  à  l'école  de  Fru- 
goni  et  de  Césarotti.  Il  a  laissé  des  traduc- 
tions de  qWijlques  -  unes  des  élégies  de 
Tibulle  et  des  poésies  latines  de  Pétrar- 
que :  il  publia  lui-même  plusieurs  mor- 
ceaux de  poésie,  parmi  lesquels  on  distin- 
gue celui  qu'il  fit  sur  la  mort  de  Perticari 
son  ami. 

*  FORFAIT  (  Pierre-Alexandre-Lau- 
rent ),  ingénieur  constructeur  de  la  ma- 
rine, naquit  à  Rouen  en  1752.  Il  exerça 
d'abord  les  fonctions  d'ingénieur  à  Brest , 
puis  à  Cadix  sous  les  ordres  du  comte 
d'Estaing ,  et  se  recommanda  particuliè- 
rement à  l'attention  du  gouvernement  en 
1787  par  la  construction  de  paquebots 
propres  à  recevoir  des  marchandises  , 
ainsi  qu'un  grand  nombre  de  passagers , 
et  destinés  à  entretenir  avec  les  Etats-Unis 
une  navigation  régulière.  Chargé  d'une 
mission  importante  auprès  de  l'Angleterre, 
il  fut  nommé  à  son  retour,  membre  de 
l'assemblée  Législative  en  1791 ,  et  il  eut 
le  courage  de  s'opposer  à  toutes  les  pro- 
positions révolutionnaires  faites  par  des 
tètes  exaltées.  Il  alla  ensuite  reprendre 
ses  fonctions  au  Havre ,  et  devint  suc- 
cessivement ministre  de  la  marine,  con- 
seiller d'état,  inspecteur  général  de  la  flo- 
tille  destinée  contre  l'Angleterre,  com- 
mandant de  la  légion-d'houneur ,  préfet 
maritime  au  Havre,  puis  à  Gènes.  Des- 
servi par  des  envieux  qui  parvinrent  à 
lui  faire  perdre  la  confiance  du  gouver- 
nement ,  il  se  retira  au  sein  de  sa  famille, 
et  mourut  des  suites  d'une  attaque  d'apo- 
plexie le  8  novembre  1807.  Il  a  laissé  : 
I  un  Mémoire  en  latin,  sur  les  canaux 
navigables,  couronné  par  l'académie  do 
Mantoue  en  1775;  [  un  Traité  élémentaire 
de  la  mâture  des  vaisseaux,  Paris ,  1788 , 
1  vol.  in-4'',  ouvrage  entrepris  par  ordre 
du  ministre  dé  la  marine ,  pour  l'iustruc- 


FOR  179 

lion  des  élèves  ,  et  qui  annonce  que  l'au- 
leur  avait  bien  approfondi  son  sujet. 
F0RGE4U  (saint),  roycz  FERRÉOL. 

•  PORGEOT  (Nicol*s-Julie:«),  auteur 
dramatique,  avocat  et  inspecteur  de  l'ad- 
ministration des  postes,  né  k  Paris  au  mois 
de  juillet  1758.  étudia  le  droit,  se  fit  rece- 
voir avocat,  et  mourut  à  Paris  le  4  avril 
i79S.  Il  a  donné  plusieurs  pièces  qui  cu- 
rent du  succès,  et  dont  quelques-unes  sont 
restées  au  répertoire  :  à  l'Opéra, /«s/^om- 
miers  et  le  moulin;  aux  Français,  les 
Epreuves,  la  Ressemblanee ;  au  théâtre 
Italien  ,  les  Deux  Oncles ,  les  Dettes^  la 
Caverne  .  etc.  ;  au  théâtre  Feydcau  ,  le 
Double  Divorce .  la  Rupture  inutile.  Son 
chef-dœuvre  est  l'opéra  comique  des 
Dettes,  en  2  actes  et  en  prose ,  mêlé  d'a- 
riettes ,  musique  de  M.  Champin  ,  joué  le 
6  janvier  1787. 

FORC.ES.  royez  DESFORGES-MAIL- 
L.\RD. 

FORGET  de  FRESNE  (Pierre),  habile 
secrétaire  d'état,  employé  dams  toutes  les 
affaires  importantes  de  son  temps  ,  mou- 
rut en  1610.  C'est  lui  qui  dressa  le  fameux 
édit  de  Santés.  —  Il  ne  faut  pas  le  con- 
fondre avec  Germaix  FORGET,  avocat  au 
bailliage  d'Evreux  .  dont  on  a  un  Traité 
des  personnes  et  des  choses  ecclésiasti- 
ques et  décimales^  Rouen,  i635,  petit 
in-8' 

•  FORKEL  (Jeaw-Nicolas),  célèbre 
musicien  allemand  et  docteur  en  philoso- 
phie, né  le  22  février  1749  à  Méeder  près 
de  Cobourg ,  de  parens  très  pauvres,  ap- 
prit seul  la  musique  en  s'aidant  de  l'ou- 
vrage de  Matthesons,  intitulé  le  Parfait 
maître  de  chapelle.  Ses  succès  furent  si  ra- 
pides, qu'à  17  ans  il  devint  préfet  du  chœur 
de  l'église  de  Schwerin.  Le  duc  de  Mcck- 
lembourg  ayant  trouvé  en  lui  de  l'ap- 
titude pour  les  sciences  et  les  lettres,  lui 
fournit  les  moyens  de  se  rendre  à  l'uni- 
versité de  Gottingue  ,  où  il  s'occupa  du 
droit  :  rebuté  d'une  étude  qui  n'avait  pour 
lui  aucun  agrément,  il  profitait  de  tous 
•es  momens  de  loisir  pour  apprendre  l'art 
dont  il  se  sentait  le  génie  :  il  profita  des 

ibrcuses  ressources  que  lui  fournissait 
che  bibliothèque  de  cette  ville,  et  éta- 
la théorie  de  la  musique  dans  les  meil- 
■^  ouvrages  qui  avaient  paru  jusqu'a- 

Fnrkcl  fut  chargé  de  diriger  le  con- 
'.  et  il  se  mit  en  relation 
•  IIS  célèbres  de  l'Allema- 

....,...,  i,i',e  de  Gottingue  le  reçut 
>  la  faculté  de  philosophie  en  1787,  et 
-tcorda  le  grade  de  docteur  avec  le 


FOU 

droit  de  bourgeoisie.  Ce  savant  professeur 
a  beaucoup  écrit  sur  la  partie  théorique 
de  son  art.  Ses  ouvrages,  tons  composés 
en  allemand,  sont  :  |  De  la  Théorie  de  la 
musique.  Gottingue,  1774,  in-4"  ;  |  Bihlio- 
tfièque  musicale  et  critique.  Gotha,  1778, 
3  vol.  in-8*'  ;  ouvrage  qui  produisit  une 
grande  sensation  ,  parce  qu'il  y  attaquait 
Gluck,  dont  il  était  l'antagoniste.  |  Sur  la 
meilleure  organisation  des  concerts  pu-' 
blics,  1779,  in-4°  ;  |  Développement  de  quel- 
ques idées  sur  la  musique;  \  Jlmanach 
musical  pour  l'Jllemagne,  1782  et  trois 
années  suivantes;  )  Histoire  générale  de 
la  musique .  1788-1801 ,  2  vol.  in-4",  ou- 
vrage que  Marpurg  considérait  comme 
une  production  dont  l'Allemagne  devait 
s'enorgueillir,  et  qui  est  resté  incomplet. 
I  Sur  la  littérature  universelle  de  la  mu- 
sique. Leipsick,  1790,  livre  destine  à  faire 
connaître  tous  les  écrits  qui  ont  été  pu- 
bliés sur  cette  matière.  Il  avait  annoncé 
en  1803,  dans  \xn Prospectus  un  ouvrage, 
sous  le  titre  de  Monument  de  l'art  musi- 
cal depuis  la  découverte  de  la  contrepointe 
jusqu'aux  temps  actuels,  qui  devait  avoir 
cinquante  cahiers  in-folio ,  et  contenir  le$ 
chefs-d'œuvre  de  toutes  les  sortes  de  mu- 
sique ;  mais  les  éditeurs  ayant  renoncé  au 
contrat  qu'ils  avaient  signé ,  cette  pro- 
messe ne  reçut  i>oint  son  accomplissement. 
Forkel  est  mort  le  20  mars  1818.  Les  aca- 
démies de  Stockholm  et  de  Livourne  l'a- 
vaient admis  dans  leur  sein  ;  celle-ci  en 
1811,  et  l'autre  en  1804. 

*  FORM.VGE  (Jacques- Charles- CÉ- 
SAR ) ,  littérateur,  né  à  Coupe-Sartre  près 
de  Lisieux,  en  1749 ,  fut  professeur  de  3' 
à  Rouen  en  1779,  occupa  la  chaire  de? 
langues  anciennes  à  l'école  centrale,  et  fut 
attaché  ensuite  au  lycée  de  celte  ville.  Il 
cultiva  les  poésies  latine  et  française.  On  a 
de  lui  :  \  In  licentiam  nostrce  poeseos  Car- 
men ;  1  Ignis  ;  |  In  pestem  quas  Rothomago 
incubuit;  \  Stances  sur  la  guerre  d'Ame- 
rique;  ces  trois  poèmes  et  les  stances  ont 
été  couronnés  par  l'académie  de  l'imma- 
culée-Conception  de  Rouen  en  1778  ,  1779 
et  1780,  insérés  dans  le  recueil  des  pièces 
de  cette  académie-  |  Discours  sur  la  réu- 
nion de  la  Normandie  à  la  couronne  de 
France  sous  Philippe- Auguste,  couronne 
en  1781  par  la  même  académie ,  et  inséré 
par  extraits  dans  son  recueil  ;  |  des  Fables 
mises  en  vers,  qui  n'ont  rien  de  remai- 
quable,  quoiqu'elles  lui  aient  fait  quelquu 
réputation.  Il  est  mort  à  iUmen  le  lltep» 
teujbre  1808. 

•rUUMEY  (jKAN-llESini-SAïU'Et),  OM- 


FOR 

nîslrc  proteslant,  né  à  Berlin  en  1711, 
d'une  famille  de  réfugiés  français,  fut 
nommé  pasteur  à  Brandebourg  à  20  ans, 
puis  à  Berlin,  où  il  obtint  en  1737  la  chaire 
d'éloquence  au  collège  français  de  cette 
ville,  et  en  1739  celle  de  philosophie,  va- 
cante par  la  mort  de  Lacroze.  Son  mérite 
lui  valut  la  place  de  secrétaire  correspon- 
dant de  la  princesse  Henriette-Marie  de 
Prusse,  retirée  au  château  de  Coepenick, 
cellede  conseiller  privé  auDirecloire fran- 
çais ,  et  de  secrétaire  perpétuel  de  l'aca- 
démie de  Berlin.  Il  mourut  le  8  mars  1797. 
Il  a  publié  un  très  grand  nombre  d'ouvra- 
ges ;  les  principaux  sont  :  |  Mémoires  pour 
servir  à  l'histoire  et  au  droit  public  de  la 
Pologne Ad^ndiye,  il ki,  et  Francfort,  1754, 
in-8"  ;  1  La  belle  Wolfienne.  ou  abrégé  de 
la  philosophie  tvolfienne.  la  Haye,  1741,  6 
vol.  in-8°,  et  1774,  6  vol.  in-12;  |  Conseils 
pour  former  une  bibliothèque  peu  nom,- 
breuse,  mais  choisie^  1746,  in-12,  souvent 
réimprimés;  |  Pensées  raisonnables  op- 
posées aux  pensées  philosophiques  ^  1749 
et  1756,  in-8";  |  Le  philosophe  chrétien^ 
Leyde ,  1750-56 ,  4  vol.  in-8°  :  c'est  le  re- 
cueild'une  partie  des  sermons  de  l'auteur. 
J  Discours  moraux  pour  servir  de  suite  au 
Philosophe  chrétien,  1765,  2  vol.  in-12. 
I  Mélanges  philosophiques ,  1754 ,  2  vol. 
in-8°  ;  |  Eloges  des  académiciens  de  Ber- 
lin et  de  divers  autres  savanSj  1757,  2  vol. 
in-12  ;  |  Le  philosophe  païen,  ou  Pensées 
de  Pline,  avec  un  commentaire  littéraire  et 
moral,  1759,  5  vol.  in-12  ;  \  Principes  élé- 
mentaires des  belles  lettres ,  1758  et  63  , 
iix-12  ;  I  Abrégé  de  l'histoire  de  la  philoso- 
phie, 1760 ,  in-8°  ;  |  Abrégé  de  l'histoire 
ecclésiastique,  1762,  2  vol.  in-12  ;  |  Anti- 
Emile, 1762  et  1764 ,  in-8''  ;  |  Emile  chré- 
tien,consacré  à  l  utilité  publique ,  Berlin, 
1764,  2  vol.  in-8"  ;  [  Sermons  sur  divers 
textes  de  V Ecriture  sainte ,  1776 ,  2  vol. 
in-8".  Il  a  travaillé  à  la  Bibliothèque  ger- 
manique avec  Beausobre ,  et  commencé 
une  autre  collection  sous  le  litre  de  Nou- 
velle bibliothèque  germanique ,  25  vol. 
in-8°-  Il  a  aussi  coopéré  au  Journal  de 
tlerlin ,  à  la  Bibliothèque  central^ ,  à  la 
iiibliolhèque  des  sciences  et  des  beaux- 
arts,  aux  Nouvelles  littéraires,  au  Jour- 
ytal  encyclopédique ,  etc. 

FORMOSE,  évéque  de  Porto,  succéda 
au  pape  Etienne  V  le  19  septembre  891. 
t/est  le  premier  évéque  transféré  d'un  au- 
tre siège  à  celui  de  Rome.  Formose,  déjà 
evèque,  ne  reçut  point  de  nouvelle  im- 
position des  mains  :  il  fut  seulement  intro- 
nise. Il  mourut  en  896 ,  après  avoir  cou- 


iSO  FOR 

ronné  Arnoul  empereur.  Etienne  VI,  suc- 
cesseur de  Formose,  après  le  court  ponli- 
ticatde  Boniface  VI,  lit  déterrer  son  corps, 
après  avoir  condamné  sa  mémoire  {voyez 
Etienne  VI).  Jean  IX  assembla  un  concile 
en  808 ,  qui  cassa  les  articles  du  synode 
convoqué  par  Etienne  VI,  et  rétablit  la 
mémoire  de  Formose.  Voyez  AUXILIUS. 
FORNARI  (Marie-Victoire),  née  à 
Gènes  en  1562,  fut  mariée  à  Ange  Strate, 
de  qui  elle  eut  trois  garçons  et  deux  tilles 
qui  tous  embrassèrent  la  vie  religieuse. 
Après  la  mort  de  son  mari ,  elle  institua 
l'ordre  des  annonciades  célestes  ,  et  mou* 
rut  en  odeur  de  sainteté  le  15  décembre 
1617.  Sa  Vie  a  été  imprimée  à  Paris ,  en 
1770,  in-12.  Son  ordre  a  une  centaine  de 
maisons ,  en  Italie,  en  Allemagne ,  et  en 
France.  Les  religieuses  sont  habillées  de 
blanc  avec  un  scapulaire  bleu-de-ciel ,  et 
le  manteau  de  même;  c'est  de  là  qu'elles 
ont  tiré  leur  nom  de  Céleste. 

•  FORIMCI  (Jean),  né  vers  l'an  1762 
et  mort  le  H  avril  1828  à  Rome,  oii  il  était 
chanoine  de  la  collégiale  de  St.-Eustache  , 
maître  des  cérémonies  pontificales ,  se- 
crétaire de  la  congrégation  des  cérémo- 
nies, archiviste  delà  pénitencerie  et  con- 
sulteur  de  la  congrégation  des  indulgen- 
ces ,  était  très  versé  dans  la  liturgie  :  il 
a  laissé  :  [  des  Institutions  liturgiques  poul- 
ie sénat  romain;  [  deux  collections  de  ques- 
tions et  les  répotises  sur  les  doutes  litur- 
giques ;  I  des  notes  imprimées  par  ordre 
de  la  congrégation  des  Rites  ;  |  un  recueil 
de  panégyriques ,  jjlusieurs  fois  réim- 
primé. 

•  FORSIUS  (  Sigefrid-Aron)  ,  théolo- 
gien, mathématicien  et  physicien  suédois, 
né  vers  la  fin  du  16"^  siècle,  mort  en  1637 , 
fut  d'abord  professeur  d'astronomie  et  de 
malhématiques  ,  à  Upsal,  puis  pasteur  à 
Stockholm  et  en  Finlande.  Il  mérita  même 
l'estime  de  Gustave- Adolphe  ;  mais  ses  ré" 
veries  astrologiques  l'exposèrent  à  l'a- 
nimadversion  du  gouvernement ,  et  lui 
firent  perdre  ses  places.  Il  rédigea  des 
Almanachs  pendant  un  grand  nombre 
d'années,  donna  la  première  Minérogra- 
phie  que  le  nord  ait  connue ,  et  traduisit 
en  vers  suédois  un  recueil  de  distiques 
latins,  intitulé  :  Spéculum  vitœ  humance. 

•  FORSKAL  (Pierre),  naturaliste  et 
voyageur  suédois,  né  en  1756 ,  fil  paraître 
de  bonne  heure  une  dissertation  intitulée: 
Dubia  de  principiis  philosophiœ  recen- 
tioris.  Son  ami  Linnée  le  recommanda  à 
Frédéric  r%  roi  de  Danemarck.  Ce  prince 
le  chargea  d'accompagner  Nicbubr  dans 


FOR 

on  voyage  en  Asie  ;  il  alla  rnsiiilc  k  Malle , 
ot  parvint  en  Euyplc ,  où  il  fut  pris  en  re- 
montant le  Nil,  et  clopouilU'  par  les  Arabes. 
Ayant  été  attaqué  de  la  poste .  il  mourut 
À  Djerim  en  Arabie  le  il  juillet  17()5h  peine 
àffé  do  27  ans.  Niebuhr  rassembla  ses  pa- 
piers ,  et  publia  les  ouvrages  suivans  : 
I  Descriptions  animalium.  avium.  am- 
phibiorum.  qiur  in  itinere  orientali  obser- 
voK'it  Pelrus  Forskal.  Hauniae.  177.'i,  in-i"  ; 

I  Flora  ctgyptiaco-arabica,  sivc  Descrip- 
tions plantarum.  etc.,  1775,  in-k"  ;  \  Icô- 
nes rerum  naturalium  quas  in  itinere 
orientali,  depingi  curavit  Forskal,  1776  , 
in-i». 

FORSTER  (  Jea?i  ) ,  théologien  proles- 
tant, né  à  Augsbourg  en  1495,  ami  de  Reu- 
chlin,  de  Mélanchthon  et  de  Luther ,  en- 
seigna l'hébreu  avec  réputation  à  Wit- 
tembcrg ,  et  y  mourut  en  1556.  On  a  de 
lui  im  excellent  Dictionnaire  hébraïque. 
Mlc,  156/t,  in-fol.  —  Il  est  différent  d'un 
autre  Jean  FORSTER,  mort  en  1613 ,  qui 
a  laissé  des  Commentaires  sur  l'Exode, 
Isate  etJéremie.  3  vol.  in  4°,  et  De  inter- 
pretatione  Scripturarum ,  Wiltemberg  , 
1608,  in-4°. 

•  FORSTER  (Froben,  en  latin  Frobe- 
nius) ,  né  le  50  août  1709,  à  Konigsfeld 
en  Bavière,  entra  dans  l'ordre  de  Saint- 
Benoit  à  l'âge  de  19  ans,  et  fit  profession 
à  Ratisbonne  dans  l'abbaye  de  Saint-Em- 
meran ,  où  il  professa  ia  philosophie  de- 
puis 1755  jusqu'à  1744  ,  époque  à  laquelle 
il  fut  appelé  à  l'université  de  Salzbourg 
pour  y  remplir  les  mêmes  fonctions.  Il 
revint  trois  ans  après  à  Saint-Emmeran 
pour  y  professer  l'interprétation  de  l'E- 
criture sainte-,  il  fut  élu  prieur  de  ce 
monastère  en  1750,  et  prince-abbé  en  1762. 

II  se  distingua  par  la  sagesse  de  son  ad- 
ministration, et  mourut  le  12  octobre  1791. 
Cet  illustre  prélat  avait  une  érudition 
profonde  ;  il  abnait  les  sciences ,  et  il 
s'efforça  de  les  faire  fleurir  dans  son 
abbaye.  Il  a  laissé  :  |  six  Dissertations  la- 
tines sur  divers  sujets  de  philosophie 
et  de  théologie  ;  |  une  Dissertation  en  al- 
lemand sur  le  concile  tenu  en  1763  à  As- 
chcin  ,  dans  la  Haute-Bavière.  Elle  a  été 
insérée  dans  le  tome  1"  des  Mémoires  de 
l'académie  des  Sciences  de  Bavière.  |  Une 
Filitiun  d'Alcuin,  sous  ce  titre  :  Beati 
l'hL.-,i  .4lbiniscu  Âlcuini..  opéra. .de  novo 
i  'lluta.multis  locis  einemlaia,  et  opuscu- 
li  s  pnmum  repertis  plwimum  aucta .  2 
parties,  1777,  4  vol.  in-fol.  DonCatelinol, 
bénédictin  de  la  congrégation  de  Saint- 
Tannes,  avait  aussi  travaillé  à  une  édi- 

5. 


lÂl  FOR 

lion  d'Alcuin  ,  do  laquelle  dom  Forster 
tira  beaucoup  de  sermons  pour  la  sienne. 
(  Voyez  C  ATELINOT.  )  Il  y  joignit  en  ou- 
tre soixante-onze  lettres  inédites ,  venues 
d'Angleterre,  beaucoup  de  variantes  et  de 
corrections,  fruits  d'immenses  recherches 
faites  dans  les  bibliothèques  d'Allemagne  ; 
un  traité  De  cursu  et  saltu  lunœ  bis-sexto  ; 
un  autre  De  orthographia .  et  enfin  un 
écrit  intitulé  :  Libellas  adversus  harcsin 
Felicis  [urgcllensis)  ad  abbates  etmona- 
chos  Gothiœ.  orné  d'une  préface  du  pèro 
Foggini.  (  Voyez  FÉLIX,  évéque  d'Urgel, 
et  FOGGINI,  qui  avaient  envoyé  ce  traité 
à  l'abbé  d'Emmeran,  d'après  un  manu- 
scrit du  Vatican.) 

FORSTER  (  VALENTm)  est  auteur  d'une 
Histoire  du  droit,  en  latin,  avec  les  Vies 
des  plus  célèbres  jurisconsultes,  jusqu'en 
1580,  temps  où  il  écrivait.  —  Nous  avons 
eu  dans  le  siècle  dernier  un  autre  FORS- 
TER (Natoanael)  ,  qui  adonné  une  Bible 
A^ôraïçrue.  sans  points.  Oxforl,  1750,  2  vol. 
in-4°  :  édition  estimée. 

•  FORSTER  (  Jean-Reinhold  ),  célèbre 
naturaliste  et  voyageur  prussien,  issu 
d'une  famille  anglaise  qui  avait  quitté  sa 
patrie,  à  cause  des  troubles  politiques  du 
règne  de  Charles  I"",  naquit  à  Dirschaw  , 
dans  la  Prusse  polonaise  le  22  septembre 
1729.  Il  fit  ses  études  au  gymnase  de  Berlin 
et  à  l'université  de  Halle,  où  il  s'était  sur- 
tout appliqué  à  la  connaissance  des  langues 
anciennes  et  modernes,  des  langues  orien- 
tales et  de  la  théologie ,  et  exerça  d'abord 
les  fonctions  de  prédicateur  à  Nassenhu- 
bcn  près  de  Dantiick;  mais  son  revenu 
ne  suffisant  pas  à  l'entretien  d'une  famille 
qui  prenait  de  l'accroissement',  il  accepta 
la  proposition  qu'on  lui  fit  d'aller  en  Rus- 
sie diriger  les  nouvelles  colonies  de  Sa- 
ratoff.  Le  peu  d'avantages  qu'il  lirait  de 
ce  poste  lui  fit  prendre  la  résolution  de  se 
rendre  à  Londres  en  1766,  et  il  fut  choisi 
en  1772  pour  accompagner  comme  natt>* 
raliste  le  capitaine  Cook  dans  son  second 
voyage  autour  du  monde.  Son  caractère 
dur  et  impérieux  en  lui  faisant  beaucoup 
d'ennemis ,  lui  attira  plus  d'une  fois  de« 
chàtimens  :  Cook,  à  son  retour,  porta 
plainte  contre  Forster  qui  fut  encore  puni 
par  l'amirauté;  on  le  priva  d'une  partie  des 
avantages  qu'il  pouvait  espérer,  et  il  lui 
fut  défendu  de  publier  aucune  relation 
Ces  désagréfhens  le  décidèrent  à  quitter 
un  pays  dont  le  séjour  lui  était  devenu  in- 
supportable. Frédéric  H,  dont  il  avait  fixé 
l'attention,  lui  fournit  les  moyens  de  re- 
venir (1780},  le  nomma  professeur  d'his- 


FOR 


i82 


FOR 


toire  naturelle  et  inspecteur  du  jardin  bo- 
tanique à  Halle.  Malgré  le  zèle  qu'il  ap- 
portait à  tout  ce  qui  pouvait  faire  fleurir 
cette  université,  il  ne  put  gagner  l'amitié 
de  ses  confrères  les  professeurs,  que  son 
caractère  vif,  irritable  et  susceptible  éloi- 
gnait de  lui.  Un  goût  désordonné  pour  le 
jeu  ajoutait  à  ses  malheurs  en  épuisant 
toutes  ses  ressources.  La  mort  de  ses  deux 
fils  vint  les  aggraver  encore.  Il  succomba 
à  une  longue  maladie  le  9  décembre 
1798.  Peu  de  savans  ont  possédé  des  con- 
naissances aussi  étendues  que  Forster; 
il  savait  dix-sept  langues  mortes  et  vi- 
vantes ,  entre  autres ,  le  cophte  et  le  sa- 
maritain ;  et  il  joignait  à  une  lecture  im- 
mense le  talent  de  bien  observer.  On  a  de 
lui  I  Introduction  à  la  minéralogie  ^  Lon- 
dres, 1768,  in-8°,  en  anglais,  ainsi  que  les 
deux  ouvrages  suivans  :  |  Catalogue  d'in- 
sectes anglais .  Warington  ,  1770 ,  in-8°  ; 
I  Catalogue  des  animaux  de  l'Amérique 
anglaise^  avec  des  instructions  succinctes 
pour  rassembler,  conserver  et  transporter 
toutes  sortes  de  curiosités  naturelles j  1770, 
in-8°;  |  Flora  jimericœ  septentrionalis 
{or  a  Catalogua  of  the  plants  of  north 
America  ).  1771 ,  in-8°  ;  |  Characteres  gê- 
ner um.  plantarum  .  qiias  in  itinere  ad  in- 
sulas  maris  australis  collegerunt,  descrip- 
serunt.  delinearunt .  annis  1772-1775,  J. 
R.  Forster  et  G.  Forster,  Gottingue ,  1776, 
in-i";  I  Observations  faites  dans  unvoyage 
autour  du  monde  sur  la  géographie  phy- 
sique^ l'histoire  naturelle  et  la  philosophie 
morale,  Londres ,  1778,  in-4° ,  en  anglais, 
trad.  en  allemand,  en  hollandais,  en  sué- 
dois ,  et  en  français ,  par  Pingeron ,  for- 
mant le  5'  vol.  de  l'édit.  française  in-4° 
du  2'  voyage  de  Cook.  C'est  un  résumé 
aussi  instructif  qu'intéressant  de  ce  fa- 
meux voyage.  |  Zoologiœ  Indicée  rarioris 
spicilegium,  avec  une  traduction  en  alle- 
mand, Halle,  1781  et  1793,  in-fol.  ;  |  Tableau, 
de  V  Angleterre  pour  l'année  1780  ,  conti- 
nué jusqu'à  l'année  1785 ,  in-8°,  1784 ,  en 
anglais  :  l'auteur  le  traduisit  en  allemand  ; 
I  Histoire  des  découvertes  et  des  voyages 
faits  dans  le  Nord  (  en  allemand),  Franc- 
/ort-sur-1'Oder,  1784,  in-8°,  traduit  en  an- 
glais :  Londres,  1786,  et  en  français,  d'a- 
près la  version  anglaise,  par  Broussonnet, 
Paris,  1788,  in-8''  ;  |  Enchiridion  historiée 
naturali  inserviens,VJ9>S,  in-8°  ;  \  Magasin 
des  voyages  les  plus  récens/'trad.  de  di- 
verses langues^  et  enrichis  de  remarques^ 
Halle,  1790-98,  16  vol.  in-8°  ;  |  Observa- 
tions et  vérités  jointes  à  quelques  princi- 
pes qui  ont  acquis  un  haut  degré  de  vrai- 


semblance ^  ou  Matériaux  pour  un  nouvel 
essai  sur  la  théorie  de  la  terre  australe^ 
Leipsick ,  1798,  in-8°. 

*  FORSTER  (  Jeaiv-Georges-Adam  ), 
fils  du  précédent,  né  à  Nassenhuben,  près 
de  Dantzick,  suivit  son  père  en  Russie, 
à  Londres  et  dans  son  voyage  autour  du 
monde  avec  Cook.  Il  vint  à  Paris  en  1777 
et  passa  ensuite  en  Hollande  et  en  Alle- 
magne ,  où  le  landgrave  de  Hesse  lui  of- 
frit une  chaire  d'histoire  naturelle  à  Cas- 
sel,  qu'il  occupa  jusqu'au  moment  où  la 
roi  de  Pologne  lui  en  fit  accepter  une  à 
l'université  de  Wilna,  où  il  reçut  le  grade 
de  docteur  en  médecine.  Catherine  II, 
jalouse  de  toute  espèce  de  gloire,  avait 
voulu  aussi,  en  1787|,  faire  exécuter  un 
nouveau  voyage  autour  du  monde,  et 
avait  nommé  Forster  historiographe  de 
cette  expédition  ;  mais  cette  entreprise 
n'eut  pas  lieu,  à  cause  de  la  guerre  contre 
les  Turcs.  Se  trouvant  sans  emploi,  il  se 
rendit  en  Allemagne ,  où  il  se  fit  une  bril- 
lante réputation  par  la  publication  de 
plusieurs  mémoires  sur  l'histoire  natu- 
relle et  la  littérature.  L'électeur  de  Mayen- 
ce  le  choisit  pour  son  premier  bibliothé- 
caire ,  et  il  remplissait  cet  emploi  avec 
distinction,  lorsque  l'armée  française 
s'empara  de  cette  ville  en  1792.  Ami  chaud 
des  nouveautés ,  il  embrassa  avec  ardeur 
les  principes  de  la  révolution,  et  fut  dé- 
puté à  Paris,  par  les  Mayençais,  pour 
solliciter  leur  réunion  à  la  France.  Pen- 
dant cette  mission,  qu'il  avait  acceptée 
avec  trop  de  légèreté ,  les  Prussiens  re- 
prirent Mayence  :  ses  manuscrits  et  tout 
ce  qu'il  possédait  tombèrent  au  pouvoir 
du  prince  de  Prusse  :  sa  femme  même 
qu'il  chérissait ,  séduite  par  un  Français, 
l'abandonna.  Puni  ainsi  de  son  ingrati- 
tude envers  son  bienfaiteur,  et  dégoûté 
de  la  révolution  et  des  biens  chimériques 
qu'elle  promettait,  il  se  livra  à  l'étude  des 
langues  orientales,  dans  le  but  d'entre- 
prendre un  voyage  à  l'Indostan  et  au 
ThLbet  ;  mais  sa  santé  altérée  par  les  se- 
cousses qu'il  avait  éprouvées,  et  un  vice 
scorbutique  dont  il  était  atteint,  le  con- 
duisirent au  tombeau  dans  le  mois  de 
mars  1794 ,  dans  sa  40*  année.  Il  a  laissé  : 

I  Voyage  autour  du  monde  sur  le  vais 
seau  la  Résolution  ,  commandé  par  le  ca- 
pitaine Cook  dans  les  années  1772-1773  , 
Londres,  1777 ,   2  vol.  in-4°,  en  anglais. 

II  le  traduisit  en  allemand  avec  son  père, 
et  y  fit  diverses  additions,  Berlin,  1779- 
80,2  vol.  in-4",  et  1784,  3  vol.  in-S". 
Cette  relation  ne  diffère  pas  pour  le  fond 


FOU 


185 


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d'avec  celle  de  Cook  ;  mais  elle  est  écrite 
avec  plus  do  soin ,  et  contient  quelquc<i 
ot>servations  qui  ne  se  trouvent  point 
dans  la  narration  de  co  crlèbrr  naviga- 
tfur  ;  elles  ne  consisltJit  Va  pltipart  qu'en 
allusious  ainores  diri^çres  contre  les  vices 
des  Européens .  et  mt^me  dos  compactions 
de  voyage  de  l'auteur.  Ces  sorties  souvent 
répétées  lui  suscitèrent  des  critiques,  et, 
quoique  très  jeune,  il  y  répondit  avec 
modération  dans  un  écrit  intitulé:  Répli- 
quf  aux  retnarqucs  de  M.  fVale  .  sur  la 
relation  du  dernier  voyage  de  Cook.  pu- 
bliée (par  M.  Forster,  Londres,  1778,  in- 
8"  ;  I  FloruUe  insularum  australium  pro- 
tlromus,  Gottingen ,  1786  ,  in-8"  ;  |  3f élan- 
ces ou  Essais  sur  la  géographie  morale  et 
naturelle,  l'histoire  naturelle  et  la  philo- 
sophie usuelle,  Leipsick  et  Berlin  ,  178'J- 
97,  6  vol.  in-8*,  eu  allemand.  Les  deux  der- 
niers vol.  ont  été  publiés  après  sa  mort. 
I  Tableau  delà  partie  inférieure  du  Rhin, 
du  Brabant ,  de  la  Flandre  .  de  la  Hol- 
lande,  de  V Angleterre,  de  la  France  en 
4790 ,  Berlin  ,  1791-94 ,  3  vol.  in-8".  Huber 
fit  paraître  le  dernier  volume  ,  auquel  il 
ajouta  ime  notice  sur  l'auleur.  Il  a  été 
trad.  en  hollandais,  grand  iii-8°,  et  en 
français  sous  ce  titre  :  Voyage  philoso^ 
phique  et  pittoresque  sur  les  rives  du 
Rhin,  à  Liège,  dans  la  Flandre  .  le  Bra- 
bant, la  Hollande,  Paris  ,  179 j,  2  vol.  in- 
8°,  et  Voyage  philosophique  et  pittores- 
que en  Angleterre,  suivi  d'un  Essai  sur 
i'hist.  des  arts  dans  la  Grande-Bretagne, 
4796,  in-S".  Ce  livre  annonce  beaucoup 
d'instruction  ;  mais  on  regrette  que  l'au- 
teur se  soit  trop  abandonné  à  sa  manie  du 
sentiment,  et,  dans  la  partie  qui  concerne 
l'Angleterre ,  à  sa  mauvaise  humeur 
contre  les  habitans  de  cette  ile  :  |  Sou- 
venirs de  Cannée  1790 ,  tableaux  histo- 
riques avec  figures  du  célèbre  Chodo- 
wiecki ,  Berlin ,  1793  ,  in-8°  ;  |  Magasin  de 
Gottingen ,  concernant  les  arts  et  la  lit- 
térature ,  journal  publié  en  allemand  en 
•ociété  avecLichtenberg,  Gottingen,  1780- 
83  ;  I  plusieurs  traductions  en  allemand 
et  divers  mémoires,  programmes ,  lettres 
elpamphlets  politiques,  relatifs  à  Mayen- 
ca.  U  a  aassi  travaillé  à  la  collection  des 
voyagea  publiés  par  Sprengel. 

•  FORSTER  (  Georges  ),  voyageur  an- 
glais, né  vers  1750,  était  employé  civil  au 
service  de  la  compagnie  des  Indes-Orien- 
**lc>.  lorsqu'il  conçut,  sans  doute  à  la 
sollicitation  de  quelques-uns  des  chefs  de 
U  compagnie,  l'audacieux  projet  de  reve- 
nir en  Europe  par  le  nord  de  l'Inde  et  de 


la  Perse;  il  partit  du  C^ilcutta  le  33  mai 
l78-i ,  après  avoir  pris  toutes  les  précau- 
tions dictées  par  la  prudence  :  ilavait  ap- 
pris les  langues  des  pays  qu'il  devait  par- 
coui  ir,  connaissait  leurs  mcRurs ,  cl  s'était 
vêtu  du  costume  oriental.  Il  passa  par  les 
pays  de  Cachemire  et  de  Candahar,  et  au 
bout  d'un  an  il  était  au  midi  de  la  mer 
Caspienne.  Il  avait  fait  900  lieues,  c'est- 
à-dire,  environ  2  lieues  et  demie  par  jour. 
Il  continua  sa  route,  et  au  premier  port 
il  s'embarqua  pour  l'Angleterre  et  ter- 
mina heureusement  ce  voyage  ,  malgré 
les  dangers  sans  nombre  qu'il  eut  à  cou- 
rir. De  retour  dans  l'Inde,  les  directeurs 
de  la  compagnie  lui  conférèrent  le  titre  et 
les  fonctions  d'ambassadeur  à  la  cour  des 
Marattes  orientaux  à  Nagpour  dans  le 
Bérar.  Il  y  mourut  peu  de  temps  après 
son  arrivée,  en  1792.  On  a  de  lui  :  |  Essai 
sur  la  mythologie  et  les  coutumes  des 
fndous ,  brochure  in-8",  qu'il  publia  à 
Londres  en  1785 ,  et  qui  eut  beaucouj» 
de  succès;  |  A  Journey  from  Bengalto 
england,  Calcutta,  1790,  2  vol.  in-4°.  Le 
second  ne  fut  publié  qu'après  sa  mort , 
d'après  les  matériaux  trouvés  dans  ses 
papiers;  c'est  la  relation  de  son  voyage. 
Elle  est  curieuse  et  instructive,  et  a  été 
traduite  en  allemand  et  en  français, 
sous  le  titre  de  Voyage  du  Bengale  à 
Saint-Pétersbourg  ,  à  travers  les  provin- 
ces septentrionales  de  l'Inde ,  le  Cache- 
mire,  la  Perse ,  la  mer  Caspienne ^  de, 
suivi  de  l' Histoire  des  Rohyllahs  el  de 
celle  des  Seiks ,  par  feu  Georges  Forster. 
traduit  de  l'anglais  avec  des  additions. 
etc.  Paris,  1802,  3  vol.  iu-8'',  avec  2 
cartes. 

•  FORSTER  (Jean-Chrétien  ),  naquit 
le  14  décembre  1735  à  Halle,  et  fut  pro- 
fesseur de  philosophie  dans  l'université 
de  cette  ville.  Il  y  exerça  ensuite  différent 
emplois  administratifs,  et  fut  chargé  ,  en 
1791 ,  de  l'inspection  du  jardin  botanique 
et  économique.  Il  est  auteur  des  ouvrages 
suivans:  |  Disputatio  de  deliriis ^  Halle, 
1759,  in-4°;  |  Comparatio  demonslratio- 
nis  Cartesii,  pro  existentia  Dei ,  cum  illa 
qua  Anselinus  cantuariensis  usus  est , 
Berlin,  1770,  in-4**.  Ses  autres  ouvrages 
sont  en  allemand  :  |  Caractère  des  trois 
philosoplies  Leibnitz,  tVolfel  Baumgar- 
ten.  2*  édition,  Halle,  1765,  in-8".  Cet 
ouvrage  est  bien  écrit  et  conçu  dans  do 
bons  principes;  |  Introduction  à  ta  poli- 
tique, d'après  les  principes  de  Montes- 
quieu, ibid.,  1765,  in-8°  ;  |  Essai  d'intro- 
duction à  l'économie  politique,  Berlin, 


FOR  iSli 

1771,  in-S"  ;  |  aperçu  de  l'hisloire  de  l'u- 
niversité de  Halle ,  pendant  le  premier 
siècle  de  sa  fondation  ^  ibid.,  1794 ,  in-8", 
etc.,  etc.  Forster  est  mort  le  19  mars  17Ô8. 
—  Il  y  a  un  autre  JEAN-CttRÉrjEN  FOR- 
STER ,  théologien  protestant ,  né  en  Thu- 
ringe  vers  1754,  mort  en  1800,  qui  a 
donné  en  allemand  quelques  ouvrages 
ascétiques  et  des  sermons. 

FORSTNER  (  Christophe  ),  né  en 
1598,  mourut  en  1667,  et  publia,  dès  l'âge 
de  19  ans ,  un  ouvrage  sur  la  politique. 
Après  avoir  étudié  en  Allemagne,  il  alla 
en  Italie ,  où  Jean  Cornaro ,  doge  de  Ve- 
nise ,  le  goûta  tellement  qu'il  l'honora  de 
l'ordre  de  Saint-Marc.  Forstner  vint  en- 
suite en  France,  et  retourna  en  Alle- 
magne. Employé  dans  les  négociations  de 
la  paix  de  Munster,  il  fit  paraître  tant  de 
prudence  et  de  capacité,  que  le  comte 
de  Trautmansdorf,  plénipotentiaire  de 
l'empereur,  lui  procura  la  qualité  de  con- 
seiUer-aulique.  Outre  ses  Hypomnemata 
politica,  1623,  in-8°,  on  a  de  lui  :  (  De 
principatu  Tiberii;  \  Notœ politicce  ad  Ta- 
citum  ;  \  un  recueil  de  ses  Lettres  sur  la 
paix  de  Munster,  etc.  etc. 

'  FORSYTH  (  Guillaume  ),  jardinier 
distingué ,  né  dans  le  comté  d'Aberdeen 
en  Ecosse  en  1737,  se  livra  de  bonne  heure 
à  la  pratique  du  jardinage  et  s'y  distin- 
gua bientôt.  Il  vint  à  Londres  en  1763 ,  et 
peu  après ,  travailla  sous  le  célèbre  Mil- 
ler, jardinier  du  jardin  des  apothicaires  à 
Chelsea,  et  lui  succéda  en  1771.  Le  i-oi  le 
nomma  en  1784  surintendant  de  ses  jar- 
dins royaux  de  Kensington  et  de  Saint- 
James.  Il  s'occupa  particulièrement  des 
remèdes  à  apporter  aux  maladies  aux- 
quelles les  végétaux  peuvent  être  sujets,  et 
découvrit  une  composition  qui  répondait 
à  ses  vues.  Forsyth  est  mort  le  2o  juillet 

4804,  Il  était  membre  de  la  société  des 
antiquaires  et  d'autres  corps  savans.  On 
lui  doit  :  I  Observations  sur  les  maladies^ 
les  défauts  et  les  accidens  auxquels  les 
arbres  à  fruit  et  les  arbres  forestiers  sofit 
sujets,  Londres,  1791,  in-8°  ;  i  Traité  de 
la  culture  des  arbres  fruitiers,  Londres, 
1802,  in-4",  traduit  en  français ,  avec  des 
notes  par  Pictet-Mallet,  Genève  et  Paris, 

4805 ,  in-S".  Ce  livre  ,  qui  contient  le  ré- 
sultat de  tous  ses  travaux ,  a  eu  trois  édi- 
tions en  peu  de  temps. 

FOUT  (  François  le  ),  d'une  famille 
patricienne  de  Genève,  naquit  en  cette 
ville  en  1656.  Une  forte  inclination  pour 
les  armes  le  fit  quitter  la  maison  pater- 
iielledès  l'âge  de  14  ans.  Après  avoir  servi 


FOR 

en  Hollande  comme  volontaire,  il  eut 
une  lieutenance  dans  le  régiment  d'un 
colonel  allemand  au  service  du  czar.  Le 
Fort  était  hardi  et  entreprenant  ;  il  par- 
lait asseE  bien  4  ou  5  langues.  Il  n'était 
point  savant  ;  mais  il  avait  beaucoup  lu, 
sans  avoir  dans  un  degré  égal  le  talent  de 
digérer  ses  lectures.  Pierre  le  Grand ,  qui 
avait  conçu  le  dessein  de  réformer  sa  na- 
tion ,  le  vit  et  lui  donna  sa  confiance.  En 
1696,  le  Fort  eut  la  conduite,  du  siège 
d'Azof.  Il  y  montra  tant  d'habileté  dans 
l'art  de  la  guerre,  que  le  czar  le  mit  à  lu 
tête  de  ses  troupes  de  terre  et  de  mer,  et 
le  fit  son  premier  ministre  d'état ,  avec  la 
qualité  d'ambassadeur  et  de  plénipoten- 
tiaire dans  toutes  les  cours  étrangères.  Le 
Fort  eut  part  à  tous  les  changemens  que 
Pierre  1*''  fit  dans  son  empire.  Il  mourut 
à  Moscou  en  1699.  Le  cxar,  pénétré  de  sa 
perte ,  lui  fit  des  obsèques  magnifiques , 
et  y  assista. 

FORT  (le  ).  rayez  MORINIERE. 

♦  FORTE  ou  FORTIO  (  Ange  ),  méde- 
cin vénitien  du  16'  siècle,  a  laissé  plu- 
sieurs ouvrages  sur  l'astrologie  judiciaire, 
dont  il  s'est  montré  pendant  toute  sa  vie 
un  zélé  partisan ,  nous  citerons  :  De  mi- 
rabilibus  humanœ  vitce  naturalia  Funda- 
menta.  \cmse,  1543,  1555,  in-8"  ;  et  F^e- 
ritatis  redivivœ  militia^  ibid.  1541,  in-8°. 

*  FORTEBRACCIO  (  Nicolas  ) ,  parti- 
san ou  condottiere  italien  du  15"^  siècle , 
successeur  du  fameux  Braccio  de  Montone, 
son  oncle,  servit  les  Florentins  contre 
Volterre  et  contre  Lurques  en  1429,  prit 
du  service  sous  le  pape  Eugène  IV,  déclara 
ensuite  la  guerre  à  ce  souverain  pontife, 
et  avait  déjà  conquis  la  plus  grande  partie 
de  ses  étals ,  lorsqu'il  mourut  en  1435  des 
suites  d'une  blessure  qu'il  avait  reçue  peu 
de  temps  auparavant  à  Capo-di-Monte. 

FORTESCUE  (  Jean  ) ,  lord ,  chef  de 
justice  et  grand  chancelier  d'Angleterre, 
sous  le  règne  de  Henri  IV,  naquit  dans  le 
15*=  siècle  à  Wear-Giflord  dans  le  Devon- 
shire.  Son  nom  est  très  connu  en  Angle- 
terre; sa  réputation  de  jurisconsulte  re- 
pose sur  plusieurs  ouvrages  estimés  qui 
ont  pour  objet  la  Loi  JSatur elle ^  et  les  Lois 
de  l'Angleterre.  Le  plus  remarquable  do 
ses  écrits  est  celui  qui  a  pour  titre  :  De 
laudibus  legum  Jnglice,  traduit  du  latin 
en  anglais  en  1737,  avec  des  notes  de  Sel- 
den  et  de  nombreuses  remarques  sur  les 
Antiquités^  l'Histoire  et  les  Lois  d'An- 
gleterre. 

FORTIGUERRA  (  Nicolas),  cardinal, 
natif  de  Pi^oie,  rendit  de  grands  service» 


roii 


185 


FOR 


tiu  papes  Eugine  IV,  Nicolas  V,  Pic  U 
et  Paol  U.  Il  cuiiunanda  l'aruiôe  du  saint 
Sio^ye  avec  succos ,  et  mourut  à  Vilerbe 
«n  i&75,  à  bli  ans. 

FORTir.lKRRV  (  Nicolas),  savant 
prélat  de  la  même  famille  que  le  précé- 
dent .mourut  en  17r>5.  à  61  ans.  (In  a  de 
lui  une  version  de  Térence  en  vers  ita- 
liens, Urbin.  17:^5.  fig.  avec  le  texte  latin. 
Sa  maison  était  le  rendei-vous  de  tout  ce 
que  Rome  possédait  alors  de  plus  excel- 
leus  littérateurs  ,  et  leurs  conversations 
ne  roulaient  que  sur  la  littérature.  Un 
jour  on  disputait  sur  la  prééminence 
entre  le  Tasse  et  lArioste  :  l'un  et  l'autre 
trouvèrent  des  partisans  dans  cette  assem- 
blée. Forliguerra  était  pour  le  Tasse;  et 
voulant  prouver  combien  il  était  facile, 
avec  de  Timagination,  de  réussir,  au  moins 
jusqu'à  un  certain  degré,  dans  le  genre  de 
TArioste,  il  composa  un  poème  en  50 
duints,  qui  fut  commencé  en  Uni  en  très 
peu  de  temps.  C'est  le  Ricciardetlo  pu- 
blié en  1758,  in-4°  :  ouvrage  héroïco-bur- 
lesque,  où  l'auteur,  à  l'exemple  de  l'A- 
rioste,  s'est  livré  à  tout  ce  que  son  ima- 
gination lui  présentait.  Il  y  règne  un  dés- 
ordre et  une  biiarrerie  qui  jettent  le 
lecteur  dans  une  contention  d'esprit  con- 
tinuelle, et  qui  en  rendraient  la  lecture 
insoutenable  ,  sans  les  plaisanteries  et  la 
versiûcalion  aisée  qu'il  respire  :  la  pu- 
deur ,  U  bienséance  et  la  religion  y  sont 
blessées  tour  à  tour,  de  l'aveu  même  du 
traducteur.  On  la  imité  en  vers  français 
en  1766,  2  vol.  in-S**  :  l'auteur  (  M.  du 
Mourrier  ),  chevalier  de  Saint-Louis,  mou- 
rut de  consomption  en  176'J  ,  soit  que  son 
travail  eût  orcasioné  sa  maladie  ,  soit  que 
sa  maladie  eut  déterminé  son  travail.  Cet 
ouvrage  empêcha  Forliguerra  d'avoir  la 
pourpre  que  lui  destinait  Clément  XII. 

•  FORTIS  (Jean-Baptiste  ALBERT, 
Vabbé  ),  littérateur  lilalien,  né  à  Vicence 
;n  1740,  entra  fort  jeune  dans  l'ordre  de 
Saint-Augustin;  mais,  ennemi  de  toute 
espèce  de  joug,  il  en  sortit  bientùt ,  et  lit 
plusieurs  voyages,  où  il  prit  une  ma- 
nière hardie  de  penser  qui  le  lit  nonuner 
par  plusieurs  de  ses  compatriotes  le  voya- 
geur philosophe.  Pendant  sa  carrière,  For- 
tis  fut  tour  à  tour  physicien,  naturaliste, 
poète,  journaliste  et  bibliofjraphe;  mais  son 
«Araclère  ardent  et  son  imagination  bigarre 
nt  lui  permirent  jamais  de  se  fixer.  En  1801, 
il  fut  nommé  préfet  de  la  riche  bibliothè- 
que de  Bologne,  où  il  mourut  le 21  octobre 
1803.  O'i  a  de  lui  :  |  Saggio  d' osserva zioni 
*opra  l'uoia  di  Cherso  ed  Osero.  Venise, 


1771,  in-4*;  |  riaggio  in  Dalmazia^  Ve- 
nlse ,  1774 ,  2  vol.  iii-4",  lig.  et  cart.  U  a 
été  traduit  en  anglais,  Ixindrcs,  1778,  in- 
4"  ;  et  en  français ,  Berne  ,  1778.  2  vol.  in- 
18.  On  convient  en  général  que  l'imagina- 
tion de  l'auteur  l'a  entraîné  un  peu  loin, 
et  qu'il  a  accordé  trop  de  conliance  à  des 
autorités  suspectes.  On  peut  consulter 
l'excellente  dissertation  intitulée  Osser- 
vazioni  sopra  diversi  pezzi  del  viaggio  in 
Dalmazia,  Venise,  1776,  in-4*.  |  Voyage 
minéralogique  dans  la  Calabre  et  la 
Pouille.  ou  Lettres  au  comte  Thomas  de 
Dasseyli.  patricien  de  Raguse.  Ces  lettres 
d'abord  écrites  en  italien ,  ont  été  publiées 
en  allemand  ,  Weimar,  1788  ,  in-4°.  |  Mé- 
moires pour  servir  à  l'histoire  naturelle, 
et  principalement   à  l'oryctographie  de 

I  Italie.  Paris,  1802 ,  2  vol.  in-8'"  ;  |  Beau- 
coup de  dissertations  disséminées  dans 
les  mémoires  de  diverses  académies  dont 
il  était  membre ,  ou  publiées  séparément. 

II  a  travaillé  long-temps  au  journal  de 
Grisellini,  qui  traitait  principalement  d'a- 
griculture, d'arts  et  de  commerce,  et  à 
VEuropa  lelteraria,  ouvrage  péi  iodique , 
publié  à  Venise  par  M™'  Caminer  Tura. 

*  FORTIS  (Aloys),  20*=  général  des  jé- 
suites, né  à  Vérone  le  26  février  1748,  fut 
reçu  dans  la  compagnie  de  Jésus  à  l'âge 
de  14  ans.  U  enseignait  la  rhétorique  air 
collège  de  Ferrare  quand  Clément  XIV 
supprima  la  société-  Résolu  cependant  de 
consacrer  sa  vie  entière  au  service  de 
l'Eglise,  il  rentra  dans  sa  patrie  pour  y 
faire  ses  études  Ihéologiques  et  fut  nom- 
mé à  la  chaire  de  philosophie  au  lycée  de 
Vérone.  Use  fit  une  grande  réputation  par 
le  Prodromus  ad  universam  melaphysi- 
cam  qu'il  y  publia.  Vers  la  même  époque, 
il  entreprit  et  acheva  conjointement  avec 
le  chanoine  Séraphin  Voila,  l'ouvrage 
connu  sous  le  titre  de  :  Illustrazione  de 
Pesci  impietriti  del  monte  Bolca  in  Ve- 
rona.  Comme  la  compagnie  subsistai! 
toujours  en  Russie,  le  Père  Forlis  se  lit 
inscrire  de  nouveau  au  nombre  de  ses 
membres  ;  il  alla  rejoindre  à  Parme  ceu» 
de  ses  frères  qui  sous  la  protection  du  duc 
Ferdinand  venaient  d'y  rouvrir  le  pen- 
sionnat des  nobles  ,  et  y  professa  plu- 
sieurs années  la  lilléiature.  Les  appluu- 
disseraens  avec  les<fuels  furent  accueillie» 
dans  plusieurs  réunions  de  sa  vans  ses 
poésies  italiennes,  grecques  et  latinos  onl 
fait  regretter  que  par  humilité  ,  sur  la  fin 
de  SCS  jours,  il  ait  livré  aux  flunnnes  tout 
ce  qui  lui  restait  d'écrits.  Des  que  la 
compagnie  de  Jésus  fut  rétablie  dans  le 


FOR 


i86 


FOS 


royaume  de  Naples  (1804  ),  il  s'y  rendit 
avec  empressement  ;  mais  à  peine  avait-il 
pu  organiser  les  classes  publiques  du  col- 
lège de  celte  ville  ,  que  les  circonstances 
politiques  le  forcèrent  de  se  retirer  à  Or- 
viète  puis  à  Vérone  ,  d'où  il  se  rendit  à 
Rome  à  l'époque  où  Pie  VII  rétablit  la 
compagnie  par  tout  l'univers  catholique. 
Sa  Sainteté  le  nomma  examinateur  des 
évéques,  et  le  général  Brzozowski,  qui 
résidait  toujours  en  Russie ,  le  fit  son 
vicaire-général  en  Italie.  Elu  général  de 
son  ordre  en  1820,  il  se  fit  estimer  au 
dehors  et  chérir  de  ses  inférieurs,  offrant 
lui-même  le  modèle  de  toutes  les  vertus 
qu'il  désirait  voir  briller  dans  les  autres. 
Il  est  mort  à  Rome  le  27  janvier  1829. 

FORTIUS ,  ou  plutôt  STERK  (  Joa- 
ciiim),  philosophe  et  mathématicien,  plus 
connu  sous  le  nom  de  Forlius  Ringelber- 
gius^  né  à  Anvers  vers  Van  1499,  se  fit  ai- 
mer d'Erasme,  d'Oporin,  d'Hypérius  et 
de  plusieurs  autres  savans  de  son  temps. 
On  le  mit  assez  jeune  à  la  cour  de  l'em- 
pereur Maximilien  \" ,  où  il  resta  jusqu'à 
l'âge  de  17  ans;  de  retour  dans  son  pays, 
il  fil  des  progrès  étonnans  dans  l'étude 
des  belles-lettres  et  de  la  philosophie.  Il 
employa  ses  heures  de  récréation  à  ap- 
prendre à  dessiner  et  à  graver.  Vers  l'an 
4529,  il  se  mit  à  parcourir  les  principales 
villes  de  la  France.  Arrivé  dans  une  ville, 
il  se  mettait  aussitôt  à  enseigner  quelque 
science  ,  dont  le  cours  n'était  ordinaire- 
ment que  d'un  mois.  Il  ne  fut  pas  possible 
de  le  retenir  plus  long-temps  dans  aucune 
ville.  Fortius  était  passionné  pour  les  lan- 
gues anciennes.  On  l'entendait  souvent 
dire  qu'il  préférait  un  mot  de  la  pure  la- 
tinité à  un  écu  d'or.  Aucune  science  n'eut 
pour  lui  tant  d'attrait  que  l'astronomie  ; 
mais,  comme  presque  tous  les  astronomes 
de  son  siècle,  il  donna  dans  les  chimères 
de  l'astrologie  judiciaire.  Il  mourut  vers 
•lo36.  Ses  ouvrages  ont  été  rassemblés 
sous  le  titre  de  Joachimi  Forlii  Ringel- 
hergii  lucubrationes  ^  Lyon  ,  1556  ,  in-8°. 
On  y  distingue  un  traité  De  Ratione  stu- 
dii^  Anvers,  1529,  dont  Thomas  Erpénius 
a  donné  une  édition  estimée,  Ley de,  1622. 
Cet  ouvrage  renferme  des  avis  très  judi- 
cieux, tant  pour  les  maîtres  que  pour  les 
écoliers  :  mais  ils  sont  balancés  par  des 
conseils  qui  sentent  le  pédantisme.  Com- 
me astrologue  ,  il  a  soin  d'y  dresser  l'ho- 
roscope de  son  livre. 

FORTUIVAT.  Voyez  VENANCE  FOR- 
TUNAT. 

FORTUNATIANUS.  Foyez  CURIUS. 


*  FORTUNIO  (  Augustin  ) ,  religieux 
de  l'ordre  des  camaldules ,  né  dans  le  16* 
siècle  à  Fiesole  dans  la  Toscane  ,  de  pa- 
rens  originaires  de  Florence  ,  qu'il  perdit 
de  bonne  heure,  fut  placé  dans  le  collège 
de  Pise  aux  frais  du  grand-duc.  Après 
avoir  fait  ses  vœux  dans  le  couvent  des 
Saints- Anges  à  Florence,  il  se  livra  à  l'en- 
seignement des  langues  et  à  la  recherche 
des  monumens  qui  pouvaient  intéresser 
son  ordre.  Ce  savant  religieux  mourut 
dans  un  âge  peu  avancé  à  Florence  vers 
1595,  laissant  les  ouvrages  suivans  :  |  His- 
toria  camaldulensium  j  Florence  ,  pre- 
mière partie  1575,  deuxième  partie,  4579, 
in-i"  :  cette  histoire  dont  Gui  Grandi  fait 
l'éloge  sous  le  rapport  de  l'érudition,  mais 
non  sous  celui  de  l'exactitude  chronolo- 
gique ,  est  inférieure  à  celle  des  PP.  Mil- 
tarelli  et  Costadoni  ;  |  Apologia  Augustini 
Florentini pro  libris  suis  historiarum  ca- 
maldulensium  ^  ibid. ,  1592  ,  in-12;  c'est 
une  réponse  au  Père  Luc  ermite,  qui  avait 
attaqué  plusieurs  récits  de  faits  miracu- 
leux racontés  dans  Vtfistoire  de  Fortu- 
nio;  I  Cronichetla  del  monte  san  Savino 
di  Toscana  Ahid.,  1583,  in-i»,  etc.  ;  |  Li- 
ber carminum^  ibid. ,  4591,  in-8°  ;  ce  sont 
des  poésies  pieuses  et  sur  des  sujets  do 
dévotion.  On  a  encore  de  Fortunio  des 
opuscules  moins  intéressans. 

FOSCARARI  (  Gilles  )  ,  dominicain 
bolonais,  né  le  27  janvier  4512,  mort  évê- 
que  de  Modène  en  1564  ,  à  52  ans,  fut  un 
des  théologiens  choisis  pour  travailler  au 
Catéchisme  du  concile  de  Trente.  C'était 
un  prélat  savant ,  pieux  et  charitable.  Il 
trouva  dans  sa  frugalité  et  sa  modestie  un 
fonds  suffisant  pour  subvenir  aux  néces- 
sités des  pauvres,  pour  fonder  une  maison 
des  Filles-Repenties ,  et  pour  embellie 
son  église  et  le  palais  épiscopal.  Dans  un 
temps  de  calamité ,  il  vendit  jusqu'à  sa 
crosse  et  son  anneau.  On  lui  attribue  un 
livre  intitulé  :  Ordo  judiciarius  in  foro 
ecclesiastico. 

FOSCARI  (François),  d'une  illustre 
famille  de  Venise ,  dont  il  augmenta  en- 
core le  lustre.  Il  fut  en  4415  procurateur 
de  Saint-Marc ,  et  élu  doge  en  1423,  après 
avoir  gagné  ou  acheté  les  suffrages.  Vou- 
lant se  rendre  redoutable  à  ses  voisins  , 
il  fit  la  guerre ,  et  soumit  à  la  république 
le  Bressan,  le  Bergamasque,  Crémone, 
Ravenne  et  d'autres  places.  Ces  conquêtes 
coûtèrent  beaucoup  aux  Vénitiens ,  qui 
murmuraient  hautement  contre  lui  ;  il  les 
apaisa  en  offrant  sa  démission,  qui  ne  fut 
pas  acceptée.  Ses  ennemis  suscitèrent  di- 


FOS 


187 


FOS 


Tcrs«S  affaires  à  «on  lils  ,  qiii  fut  relégué 
d'abwrd  à  Trévise,  cl  ensuile  di-ux  fois  à 
laC.anôe.  Le  dernier  t-xil  accabla  do  dou- 
Irur  le  «lalhcurcux  doge .  et  il  fut  hors 
ilolat  de  gouverner  les  affaires  de  la  rt'- 
publique.  Il  fut  déposé  k  l'Age  de  84  ans, 
en  1457,  et  Pascal  Maripert  mis  A  sa  place, 
il  mourut  deux  jours  après.  Son  lils  était 
mort  lui-même  dans  sa  prison  ;  on  l'avait 
accusé  d'à  voir  assassiné  un  sénateur  ;  mais 
le  véritable  meurtrier  déclara,  au  lit  de  la 
ujort.  que  Foscari  était  innocent.  Il  n'é- 
tait plus  temps  :  l'infortuné  Foscari  avait 
péri,  victime  de  la  calomnie. 

•  FOSCARI  (  François)  ,  sénateur  vé- 
nitien, célèbre  par  ses  missions  diploma- 
tiques ,  ses  connaissances  et  ses  travaux  , 
mort  le  7  décembre  1790 ,  a  publié  The- 
saunis  antiquitatum  sacrarum.  complec- 
tens  selectissima  clarissimorum  virorum 
opuscula.  in  quifms  veterwn  Hebrœoruin 
mores .  leges  ,  instifuta .  ritiis  sacri  et  ci- 
viles il  lustrantur^\  enise  ,  1744-1769,  34 
vol.  in-fol.  Il  fut  aidé  dans  celte  immense 
collection  par  Ugolini.  Il  a  publié  aussi 
Bibliotheca  veferum  patrum,  antiquorum 
scriptorum  ecclesiasticorum  grœco-lati- 
na ,  Venise,  14  vol.  in-fol.  :  et  les  Œuvres 
de  Théophylacte  ,  archevêque  de  Bulga- 
rie, Venise,  1763,4  vol.  in-fol. 

F0SC.\I11M  (  Michel  ) ,  sénateur  vé- 
nitien ,  remplit  différens  postes  dans  sa 
république  ,  et  mourut  en  1692,  à  64  ans. 
n  a  continué  l'Histoire  de  Venise .  par 
Nani ,  16%,  in-4°,  qui  fait  le  tome  10*  de 
la  Collection  des  historiens  de  f^enise , 
1718 ,  in-4°  :  collection  assez  mal  impri- 
mée, mais  dans  laquelle  on  n'a  fait  entrer 
que  de  bons  auteurs.  Foscarini  avait  écrit 
par  ordre  de  la  république  ,  et  il  est  re- 
gardé comme  un  historien  qui  a  eu  de 
bons  documens.  On  trouve  deux  de  ses 
nouvelles  dans  celles  de  Gli  Acad^mici 
incogniti ,  1651,  in-4''. 

•  FOSCARIM  (  Marc)  ,  de  la    même 
famille  que  le  précédent ,  naquit  en  1695  , 
et  se  distingua  dès   sa  jeunesse  par  ses 
•uccès  ,  ses  connaissances  et  ses  mœurs. 
Il  entra  de%onne  heure  dans  les  charges 
publiques,  et  devint  chevalier  et  procu- 
rateur de  Saint-Marc.  Envoyé  en  ambas- 
sade dans  plusieurs  cours  de  l'Europe ,  il 
revint  à  Venise  où  on  lui  confia  la  direction 
des  monumens  publics  ,  puis  celle  de  lu 
bihVtnihcque  de  Saint-Marc.  En  1762  les 
■'•   '  -is  compatriotes  l'appelèrent 
a  dignité  de  doge.  Il  mourut 
1...... .  ^....  alite  ,  10  mois  après  son  élec- 

Uoo.  On  a  de  lui  le  premier  volume  d'une 


I  Histoire  tittéraire  de  Venise ,  Padoue  , 
1752 ,  grand  in  fol.  ;  |  un  Traité  de  VèlO' 
quence  et  des  mérnoires  secrets  pour  ser- 
vira l'histoire  de  l'em/fcreur  Charles  Vl. 
Tous  ces  ouvrages  sont  écrits  en  italien. 
FOSCO  (  Placide),  italien,  médecin 
de  Pie  V ,  se  distingua  par  sa  science  cl 
I)ar  sa  vertu.  Il  mourut  à  Rome  en  1574, 
âgé  de  64  ans.  On  a  de  lui  un  traité  :  De 
usu  et  abusu  Âstrologice  in  arte  medica. 
L'astrologie  et  l'astronomie  étaient  alors 
synonymes ,  et  il  est  très  vraisemblable 
que  cette  dernière  science  n'est  point 
inutile  aux  médecins.  «  Je  voudrais,  dit 
»  M.  de  Lalande ,  que  les  médecins  con- 
B  sultassent  au  moins  l'expérience  à  cet 
■  égard,   et   qu'ils    examinassent  si    les 

>  crises  et  les  paroxysmes  des  maladies 
»  n'ont  pas  quelques  correspondances 
»  avec  les  situations  de  la  lune  par  rap- 
»  port  à  l'équateur,  aux  syzygies  et  aux 

>  apsides.  Plusieurs  médecins  m'en  ont 
»  paru  persuadés.  » 

'  FOSCOLO  (  Ugo  ) ,  célèbre  poète  ita- 
lien, né  dans  l'Ile  de  Zante  en  1777,  d'une 
famille  vénitienne,  quitta  de  bonne  heure 
les  îles  Ioniennes  ,  et  suivit  à  Padoue  les 
leçons  de  Césarotti.  Doué  d'une  imagina- 
tion ardente  et  d'un  esprit  indépendant , 
il  embrassa  avec  enthousiasme  le  parti 
do  la  révolution,  et  à  l'époque  de  l'entrée 
des  Français  en  Italie ,  sa  muse  qui  avait 
commencé  à  chanter  l'amour ,  consacra 
ses  vers  à  la  liberté.  Mais  l'abandon  de 
Venise  à  l'Autriche  déconcerta  ses  espé- 
rances ,  et  il  en  témoigna  son  indignation 
dans  ses  fameuses  Lettres  de  Jacopo  Or" 
tis ,  qu'il  publia  à  Milan  en  1802.  Nommé 
plus  lard  professeur  de  belles-lettres  à  l'u- 
niversité de  Pavie,  il  succéda  dans  ce 
poste  au  célèbre  Monti ,  et  débuta  par  un 
discours  sur  l'origine  des  règles  fonda- 
mentales de  la  littérature.  Mais  il  se  dé- 
mit bientôt  de  sa  chaire,  pour  embrasser 
la  carrière  des  armes,  et  se  rendit  à  Calais 
en  1805,  pour  prendre  part  à  l'expédition 
qui  se  préparait  contre  l'Angleterre.  Il 
revint  de  là  en  Italie,  et  publia,  en  1808,  à 
Milan,  une  belle  édition  des  ouvrages  clas- 
siques du  prince  Raimond  Montccuculli. 
Celle  qui  a  été  donnée  en  1821  par  M. 
Crassi  est  plus  complète  et  plus  soignée. 
Après  la  chute  de  Bonaparte  ,  il  rentra  de 
nouveau  dans  la  carrière  mililairc  comme 
aide-de-camp  du  général  Pino,  et  ha- 
rangua la  garde  nationale  de  Milan  qui 
cherchait  alors  à  recouvrer  son  indépen- 
dance ;  mais  ses  opinions  et  ses  espérances 
hautement  manifestées,  compromirent  sa 


FOS  188 

li\reté,  et  l'obligèrent  de  quitter  sa  patrie  ; 
il  alla  s'établir  à  Londres  où  il  mourut  le 
11  septembre  1827.  Ses  autres  ouvrages 
sont  une  traduction  en  italien  du  petit 
poème  de  Caîlimaque^  ou  la  Chevelure  de 
Bérénice,  que  Catulle  avait  mis  en  latin, 
auquel  il  ajouta  un  long  commentaire.  Il 
plaisantait  avec  ses  amis  de  ses  citations 
nombreuses  d'auteurs  anciens  et  moder- 
nes qu'il  n'avait  pas  même  lus;  |  une  tra- 
gédie de  Thyeste^  qu'il  donna  à  Venise  , 
et  qui  obtint  un  grand  succès ,  malgré  les 
défauts  de  plan;  |  une  tragédie  à'Jjax, 
jouée  à  Milan ,  mais  qui  n'obtint  pas  les 
suffrages.  Les  allusions  dont  elle  était  rem- 
plie contre  les  idées  religieuses  de  Napo- 
léon ,  qui  voulait  appuyer  son  pouvoir 
sur  la  religion,  faillirent  attirer  à  l'auteur 
un  ordre  d'exil,  de  la  part  du  prince  Eu- 
gène ,  vice-roi  d'Italie.  Foscolo  alla  cher- 
cher un  refuge  dans  la  patrie  du  Dante  et 
de  Machiavel.  |  Ricciarda  ^  qu'on  repré- 
senta sur  quelques  théâtres  d'Italie,  et  qui 
a  été  imprimée  à  Londres.  On  y  trouve 
quelques  scènes  qui  ne  manquent  pas  de 
chaleur,  mais  l'ensemble  est  évidemment 
défectueux.  |  Une  traduction  en  italien 
du  Voyage  sentimental  de  Sterne,  qu'il 
publia  sous  le  nom  de  Didimo  Chine- 
xico;  I  un  petit  poème  intitulé  :  Sepolcri, 
sujet  déjà  traité  par  Pindemonle ,  à  qui 
Foscolo  se  montre  bien  inférieur;  |  un 
Essai  sur  Pétrarque,  qu'il  publia  à  Lon- 
dres ;  I  un  travail  important  sur  la  divine 
Comédie  du  Dante.  Il  avait  entrepris  une 
traduction  de  Y  Iliade ,  dont  il  n'a  publié 
que  le  premier  chant.  On  a  encore  de  lui 
des  Odes,  des  Sonnets,  et  divers  mor- 
ceaux insérés  dans  les  journaux  anglais 
de  celte  époque.  Pendant  son  séjour  à 
Londres ,  Foscolo  y  fit  quelques  cours  de 
litlérature  italienne.  Il  eut  à  se  reprocher 
dauis  sa  vie  privée  des  désordres  qui  ne 
furent  peut-être  pas  étrangers  à  ses  mal- 
heurs. Comme  écrivain  ,  il  a  eu  plus  d'o- 
riginalité que  de  goût,  et  n'a  pu  s'élever 
au  premier  rang  dans  aucun  genre  de  lit- 
térature. 

*  FOSSATI  (Jean-Fra;vçois),  bénédic- 
tin de  la  congrégation  du  Mont-Olivet, 
naquit  à  Milan  vers  la  fin  du  16'  siècle  ;  il 
était  excellent  prédicateur  et  devint  évê- 
que  du  diocèse  de  Tortone  qu'il  adminis- 
tra avec  sagesse  jusqu'en  1635  ,  année  de 
sa  mort.  On  a  de  ce  prélat  :  |  Orazione 
funehre  délia  morte  del  ser.  Cosimo  II 
Medici,  gran-duca  di  Toscana,  Sienne, 
1620 ,  m-k"  ;  |  Memorie  istoriche  délie 
guerre  d'italia  del  sccolo  présente  daW 


FOS 

anno  1600,  Milan,  1640,  iri-4»,  Bologne» 
1641  et  1645,  in-8». 

*  FOSSATI  (Georges),  architecte  gra- 
veur et  imprimeur ,  né  à  Morco  près  de 
Lugano,  au  commencement  du  18'  siècle , 
s'est  fait  une  réputation  très  étendue  par 
le  grand  nombre  d'ouvrages  sortis  de  son 
burin.  On  a  de  lui  :  |  un  Recueil  de  di- 
verses fables  dessinées  et  gravées  par  lui, 
en  italien  et  en  français,  Venise  ,  1744  ,  6 
parties  en  3  vol.  petit  in-fol.  fig.  en  cou- 
leur. Les  gravures  font  le  principal  mérite 
de  ce  recueil  très  recherché  des  curieux. 

I  Vita  degli  architetti  del  signer  Fclibien , 
tradotta  delfrancese,  1735,  in-8",  fig.  On 
a  encore  de  lui ,  comme  graveur ,  im  re- 
cueil des  édifices  de  Palladio,  \g% plans  de 
Venise ,  Bergame,  Genève ,  et  une  carte 
du  lac  de  Lugano. 

FOSSE  (  Charles  de  La  ) ,  fils  d'un  or- 
fèvre, naquit  à  Paris  en  1640.  Il  entra 
dans  l'école  de  Le  Brun ,  premier  peintre 
du  roi,  et  l'imita  si  bien,  que  le  maître  ne 
dédaigna  pas  d'employer  son  élève  dans 
ses  grands  ouvrages.  Le  voyage  d'Italie 
le  perfectionna,  et  à  son  retour  il  peignit 
le  dôme  de  l'hôtel  royal  des  InvaUdes.  Il 
fut  regardé  comme  un  des  premiers  colo- 
ristes. Il  excellait  dans  la  fresque,  dans  le 
paysage,  et  surtout  dans  l'histoire.  Louis 
XIV  lui  accorda  une  pension  de  mille 
écus.  Il  fut  reçu  de  l'académie  de  pein- 
ture, et  en  devint  recteur  et  professeur. 

II  mourut  à  Paris  en  1716.  Sa  réputation 
l'avait  fait  appeler  en  Angleterre ,  où  mi- 
lord  Montaigu  l'occupa  à  décorer  sa  mai- 
son de  Londres.  Les  peintures  de  ce  grand 
artiste  furent  admirées  de  tous  les  con- 
naisseurs. Le  roi  Guillaume  III  étant  venu 
les  voir,  proposa  à  La  Fosse  un  établisse- 
ment très  avantageux;  mais,  vers  ce 
même  temps,  le  célèbre  Mansard  lui  écri- 
vit de  revenir  en  France,  où  il  était  dé- 
siré. — Il  y  a  un  graveur  célèbre  du  mémo 
nom  (  jEAX-BAPTisTE-josEPH  ),  né  à  Paris 
en  1721,  auquel  on  doit  les  gravures  du 
Voyage  de  Naples  et  de  Sicile,  par  l'abbé 
de  Saint-Non  ,  qui  excellait  surtout  à  sai- 
sir le  maintien  et  la  physionomie  du  ses 
modèles. 

FOSSE  (  Antoine  de  La),  sieur  d'Au- 
bigny,  neveu  du  précédent,  naquit  à  Pa- 
ris en  1633  d'un  orfèvre,  comme  son 
oncle.  Il  fut  successivement  secrétaire  du 
marquis  de  Créqui  et  du  duc  d'Aumoilt. 
Lorsque  le  marquis  de  Créqui  fut  tué  à  la 
bataille  de  Luzara ,  il  fut  chargé  de  por- 
ter à  Paris  le  cœur  du  jeune  héros ,  et  il 
chanta  sa  mort  dans  luie  pièce  de  vers 


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189 


FOS 


que  nous  avons  encore.  La  Fosso  parlait 
cl  ocritail  purcuionl  l'ilaltru.  l'nc  ode 
qu'il  (il  vn  ccilc  lanjîue  lui  mérita  une 
place  dans  l'acadt-inic  des  Àpatistes  de 
Florence.  Il  y  pronoii\-a  pour  rcmercî- 
menl  un  discours  en  prose  sur  ce  sujet 
•in(;ulicr  :  Qurls  yetix  sont  les  plus  beaux, 
des  yeux  bleus  ou  des  noirs  ?  Il  avait 
encore  plus  de  talent  pour  la  poésie  fran- 
çai.<ie.  Ses  vers  sont  exi reniement  tra- 
vailles :  il  avouait  lui-même  que  l'expres- 
•ion  lui  coûtait  plus  que  la  pensée.  On  a 
de  lui  plusieurs  tra(];édies,  dont  Manlius 
est  la  meilleure  ;  et  une  Traductioti .  ou 
plutôt  une  Paraphrase  en  vers  français , 
dej  Od«s  d'Anacréon.  On  trouve  après 
cette  version  plusieurs  autres  pièces  de 
poésie.  Il  mourut  en  1708,  à  55  ans.  Son 
Théâtre  est  en  2  vol.  in-12,  Paris,  1747. 
Il  en  a  paru  une  autre  édition  en  1755, 
qu'on  a  grossie ,  par  je  ne  sais  quel  motif, 
de  la  Gabinie  de  Brueys ,  et  du  Distrait 
de  Régna  rd. 
FOSSÉ  (  du  ).  rayez  THOMAS. 

•  FOSTER  (  Samuel  ) ,  mathématicien 
anglais ,  né  à  la  fin  du  16'  ou  au  commen- 
cement du  17'  siècle ,  étudia  les  mathéma- 
tiques avec  beaucoup  de  succès  à  l'uni  vcr- 
Bité  de  Cambridge  ;  il  fut  nommé  en  16r>6 
professeur  d'astronomie  à  Gresham,  quitta 
cette  place  au  bout  de  dix  mois ,  et  la  re- 
prit en  1641.  Fosler  mourut  en  1652  ,  lais- 
saint  les  ouvrages  su i vans  :  |  Traité  de 
gnomonique ,  1638,  in-8"  ;  c'est  un  ouvrage 
estimé  ;  |  OEuvres  posthumes  ^  1652 ,  in- 
4"  ;  I  Mélanges .  ou  Veillées  mathémati- 
ques {  en  latin  et  en  anglais  ),  1659,  in- 
fol.  Il  inventa  et  perfectionna  plusieurs 
instrumens  de  mathématiques  et  d'opti- 
que :  il  avait  fait  des  observations  d'éclip- 
ses.  Fosler  était  de  l'association  savante 
qui  précéda  la  société  royale  de  Londres. 

•  FOSTER  (  Ji:\^  ),  céltbrc  philologue 
I  inglais ,  né  à  Windsor  en  1751 ,  lit  ses  pre- 
I        mièrcs  éludes  à  Eton  et  à  l'université  de 

Cambridge.  Adjoint  au  docteur  Edouard 
Barnard,  célèbre  maître  de  l'école  d'Eton, 
Il  lui  succéda  en  1765  et  devint  chanoine 
de  Windsor  en  1772.  Le  délabrement  de 
la  santé  qu'avaient  altérée  ses  travaux , 
la  força  d'aller  aux  eaux  de  Spa  ,  où  il 
mourut  en  1773.  Foster  n'a  laissé  qu'un 
ouvrage  ;  mais  il  prouve  sa  vaste  érudi- 
tion. Il  a  pour  titre:  Essai  sur  la  nature 
différente  de  l'accent  et  de  la  quantité, 
avec  leur  usage  et  leur  application  dans 
la  prononciation  des  langues  anglaise , 
latine  et  grecque  ;  contenant  un  précis  et 
une  explication  des  tons  anciens,  et  une 


défense  de  l'accentuation  moderne,  contre 
les  objections  d'îsftac  fossius.  Itcnniniu», 
Sarpedonius.le  docteur  (ially  et  autres 
auteurs.  Cambridge,  1763,  in-8"  (cm 
anglais  ).  On  a  conservé  avec  soin  le» 
manuscrits  de  plusieurs  de  ses  exercices 
de  collège. 

FOSTER  (  Jacques  ) ,  ministre  anglais, 
non-conformiste ,  né  à  Excester  en  1697, 
mourut  le  5  novembre  1753,  après  avoir 
publié  :  I  l'Excellence  de  la  Révélation 
chrétienne  contre  Tidtlal.  1731  ;  |  Discours 
sur  la  Religion  naturelle  et  les  vertus  so- 
ciales.^ vol.  in-i";  |  des  Sermons;  \  des 
Traités  de  controverse. 

•  FO-TIIOU-TCIIin\G,  célèbre  Sa- 
manéen,  contribua  puissamment  à  l'éta- 
blissement de  la  religion  de  Bouddah  à  la 
Chine.  Il  était  né  dans  la  contrée  que  les 
Chinois  nomment  Thian-Tchou  (  Hin- 
doustan  ),  d'une  famille  qui  se  nommait 
Pe  :  après  s'être  livré  à  l'étude  des  scien- 
ces occultes,  il  vint  s'établir  l'an  310  àLo- 
Yang,  maintenant  Honan,  qui  était  la 
résidence  des  rois  Tchao,  princes  tar- 
tares  qui  gouvernèrent  le  nord  et  l'occi- 
dent de  la  Chine  de  l'an  508  à  l'an  329 
C'est  à  la  cour  de  ces  rois  qu'il  fit  usage 
de  sa  science  mystérieuse  :  il  parvint  à 
faire  croire  aux  esprits  crédules  de  cette 
province  qu'il  exerçait  un  grand  pouvoir 
sur  la  nature  :  qu'il  entretenait  un  com- 
merce avec  les  esprits  :  qu'il  avait  à  sa 
disposition  les  bons  et  les  mauvais  génies  : 
qu'il  se  nourrissait  d'air,  qu'il  avait  au 
côté  une  ouverture  d'où  jaillissaient  pen- 
dant la  nuit  des  torrens  de  flammes,  et 
d'où  il  faisait  souvent  sortir  son  cœur  et 
ses  entrailles  qu'il  lavait  parfois  à  la  ri- 
vière ,  et  bien  d'autres  absurdités.  Le  son 
des  cloches  était  pour  lui  un  pronostic 
d'où  il  lirait  l'indication  de  l'avenir. 
.\près  avoir  cherché  dans  le  désert  un 
refuge  contre  les  Chinois  qui  reprirent 
Lo-Yang ,  il  revint  cependant  auprès  du 
généralissime  auquel  il  fut  très  utile  : 
présenté  à  l'empereur  Chi- Le,  il  fit  de- 
vant lui  des  prodiges  ,  disent  les  partisan» 
de  Bouddah,  cl  élablit  ainsi  le  Boud- 
disme  dans  la  Chine.  On  croit  qu'il  mou- 
rut en  349,  après  avoir  fait  un  grand 
nombre  de  disciples  et  fondé  plusieurs 
monastères. 

•  FOTiIERGILL(  Jea:«  ),  célèbre  méde- 
cin anglais  ,  né  le  8  mars  1712  à  Carlend 
près  de  Richemonl  dons  le  comté  d'York, 
et  mort  le  26  décembre  1780  ,  cultiva  l'his- 
toire naturelle  et  la  botanique  avec  suc 
ces;  mais  il  se  rendit  surtout  recooMuan- 


FOU 


190 


FOU 


dable  par  sa  bienfaisance.  On  grava  sur 
son  tombeau  :  «  Ci-gîl  le  docteur  Fother- 
»  gill ,  qui  dépensa  200  mille  guinées  pour 
»  le  soulagement  des  malheureux.  »  Son 
cabinet  zoologique  et  minéralôgique  était 
un  des  plus  complets  de  l'Angleterre.  Il 
a  enrichi  les  Transactions  philosophi- 
ques j  et  les  Mémoires  de  la  société  mé- 
dicale de  Londres,  de  plusieurs  observa- 
lions  curieuses.  Tous  ses  écrits  ont  été 
rassemblés  après  sa  mort,  et  publiés  à 
Londres,  en  1781,  in-8°,  en  1783,  3  vol. 
in-8°,  et  en  1804,  in-4°.  Ils  ont  été  tra- 
duits en  allemand ,  Altenbourg ,  1785,2 
vol.  in-S". 

*  FOIJBERT  (  Jean  ) ,  né  à  Saint-Benoît- 
sur-Loire,  en  1840,  dut  son  éducation  au 
cardinal  Odet  de  Châtillon.  Il  embrassa 
l'ordre  de  Saint-Benoît  dans  sa  ville  na- 
tale, et  releva  l'éclat  de  la  congrégation 
par  ses  talens  et  ses  vertus.  Ce  religieux 
mourut  le  18  avril  1619.  On  connaît  de 
lui  :  I  Histoire  des  Lombards .  traduite  de 
Paul  diacre ,  avec  une  Préface ,  et  la  Vie 
de  cet  auteur ,  Paris ,  1603  ;  |  Supplément 
à  l'histoire  des  Lombards  de  Paul  diacre, 
depuis  l'élection  d'Hildebrand  jusqu'à  la 
prise  de  Pavie  par  Charlemagne ,  Paris , 
1603,  in-8°. 

*  FOUCAULT  (  François),  prêtre,  né 
à  Orléans  vers  1590,  mérite  d'être  cité 
pour  les  services  qu'il  rendit  comme  ci- 
toyen et  comme  ecclésiastique  aux  habi- 
tants de  sa  ville  natale  lors  de  la  terrible 
peste  qui  la  désola  en  1626.  C'est  à  cette 
occasion  qu'il  institua,  pour  le  clergé 
d'Orléans,  la  confrérie  qui  subsiste  en- 
core. Cet  homme  respectable  mourut  en 
1640.  Il  avait  composé  un  livre  de  prières 
intitulé  :  j  Le  Pain  cuit  sous  la  cendre 
apporté  par  un  ange  au  prophète  Elie 
pour  reconforter  le  moribond,  Orléans, 
1631 ,  réimprimé  plus  tard  sous  ce  nou- 
veau titre  :  Prières  chrétiennes  pour  ser- 
vir de  préparation  à  la  mort;  ce  livre  a 
été  destiné  dans  le  principe  aux  victimes 
des  maladies  contagieuses.  —  Il  ne  faut 
pas  confondre  François  Foucault  avec  un 
autre  FOUCAULT  (  Nicolas  ),  prêtre,  de 
la  même  famille  et  du  même  diocèse, 
mort  en  1692.  Ce  dernier  a  laissé  des  Prô- 
nes  pour  tous  les  dimanches  de  l'année, 
imprimés  en  1696,  et  qui  ont  eu  deux 
éditions.  Il  fonda  aussi  à  Orléans  l'éta- 
blissement du  Bon  Pasteur  ou  des  Filles 
pénitentes ,  à  l'instar  de  celui  de  Pai  is. 

*  FOUCAULT  (  Jean)  ,  chambellan  de 
Charles  VII,  et  l'un  des  plus  vaillans  ca- 
pitaines de  ce  prince ,  fut  fait  prisonnier 


par  le  fameux  Talbot  au  siège  de  Laval 
(  1423  ) ,  et  se  racheta  de  ses  deniers.  II 
assista  en  1429  au  sacre  de  Charles  VII , 
et  l'année  suivante  il  défendit  avec  hon- 
neur el  succès  la  ville  de  Lagny  contre  les 
Anglais.  11  mourut  en  1466  dans  un  âgo 
avancé. 

*  FOUC.IULT  (Jean),  seigneur  de 
l'Ardimalie ,  baron  d'Auberoche ,  né  dans 
le  Périgord  en  1542 ,  servit  de  tous  ses 
moyens  la  cause  de  Henri  de  Navarre, 
depuis  Henri  IV.  Ce  prince  le  nomma, 
lorsqu'il  fut  sur  le  trône  ,  son  chambellan, 
puis  gouverneur  du  Périgord  et  vicomte 
de  Limoges.  Foucault  fut  tué  d'un  coup 
de  canon  à  un  assaut  dans  la  guerre  que 
Henri  IV  soutenait  contre  les  Espagnols. 
La  famille  Foucault  conserve  religieuse- 
ment les  lettres  de  ce  prince  qui  attestent 
les  services  à  lui  rendus  par  ce  brave 
gentilhomme. 

FOUCAULT  (  Louis  ) ,  comte  de  Dau- 
gnon ,  avait  été  page  du  cardinal  de  Ri- 
chelieu. Il  s'attacha  au  duc  de  Fronsac 
qui  commandait  les  flottes  de  France.  Il 
servit  sous  lui  avec  le  rang  de  vice  ami- 
ral, au  combat  donné  devant  Cadix  en 
1640 ,  et  se  saisit  après  sa  mort  de  la  forte 
place  de  Brouage ,  dont  le  duc  était  gou- 
verneur. Cette  place  fit  la  fortune  de 
Foucault  :  car  en  la  remettant,  on  lui 
donna  pour  récompense  le  bâton  de  ma- 
réchal  de  France  le  20  mars  1653.  Il  mou- 
rut en  octobre  1659,  âgé  d'environ  45 
ans  avec  la  réputation  d'un  homme  avide 
de  gloire  et  d'argent. 

•  FOUCAULT  (  N.  -  J.  ),  né  à  Paris 
en  1643 ,  membre  honoraire  de  l'acadé- 
mie des  belles -lettres,  fut  successive- 
ment intendant  de  Montauban ,  de  Pau  et 
de  Caen ,  et  travailla  partout  pour  le  bien 
de  l'état  et  des  lettres.  Il  découvrit  en  1704 
l'ancienne  ville  des  Viducassiens  à  deux 
lieues  de  Caen  ,  et  il  en  envoya  une  rela- 
tion exacte  à  l'académie  des  belles-lettres. 
Il  avait  fait  la  découverte  ,  quelque  temps 
auparavant  ,  du  précieux  ouvrage  de 
Lactancc,  De  mortibus  perseculorum  . 
qu'on  ne  connaissait  que  par  une  citation 
de  Saint-Jérôme.  Ce  fut  sur  ce  manuscrit, 
trouvé  à  l'abbaye  de  Moissac  en  Querci , 
que  le  savant  Baluze  le  publia  (  voyez 
LACTANCE  ).  Foucault  mourut  en  1721 , 
âgé  de  près  de  80  ans.  Il  joignait  des 
mœurs  douces  à  une  vertu  austère,  et 
des  agrémens  à  un  savoir  profond. 

•FOUCAULT  DE  L'ARDIMALIE  (Louis 
marquis  de  ) ,  capitaine  de  chasseurs  a 
cheval ,  fut  élu  député  de  la  noblesse  du 


FOU 


191 


FOU 


Péri^ord  aux  états  ({éiuraax  de  i7S9.  et 
s'y  lit  remarquer  par  son  courage  à  dé- 
fonilre  les  droits  du  trùiic  et  de  la  no- 
blesse. Il  avait  peu  d'cloqucnco,  mais  il 
était  doué  d'une  voix  très  forte  qui  se 
faisait  entendre  au  niilicu  des  cris  des 
tribunes  et  du  coté  gauche.  Mirabeau  lui 
rendait  la  justice  dédire,  <  qu'il  rcdou- 

•  tait  plus  son  gros  bon  sens  que  l'esprit 
»  et    l'éloquence    de  beaucoup    d'autres 

•  membres  du  côté  droit.  »  Lors  de  la 
première  discussion  sur  les  émigrés,  il 
jusiilia  leur  fuite  par  les  dangers  que  leur 
offraient  les  lanternes  et  les  baïormcttes. 
Accusé  d'avoir  favorisé  M.  de  Brune  Saor- 
din,  il  avoua  à  la  tribune  l'avoir  caché 
plusieurs  jours  chez  lui ,  et  il  ajouta  : 
»  Que  sa  conscience  l'assurait  qu'il  n'a- 
»  vait  fait  en  cela  que  ce  qu'ordonnaient 

•  l'humanité  et  la  justice.  »  On  le  vit  quel- 
que temps  après,  dans  une  séance  ora- 
geuse où  il  était  menacé  d'être  envoyé  à 
l'Abbaye,  défier  hardiment  le  côté  gauche . 
et  déclarer  que  le  côté  droit  était  décidé 
à  résister  à  l'oppression.  Il  parla  plu- 
sieurs fois  contre  les  clubs,  fut  un  des 
signataires  des  protestations  du  12  et  du 
43  septembre ,  émigra  après  la  session  et 
servit  à  l'avant  -  garde  de  l'armée  des 
princes ,  ensuite  à  celle  de  Condé ,  où  il 
fut  employé  comme  officier  dans  les  corps 
nobles.  Il  profita  de  l'amnistie  du  26  avril 
pour  rentrer  en  France  ,  et  se  retira  dans 
les  terres  qui  lui  restaient.  Il  fut  tué  le 
S  mai  1805 ,  dans  son  château  de  l'Ar- 
dimalie,  par  la  chute  d'un  mur  qu'il  fai- 
sait réparer. , 

•  FOUCnÉ  (Joseph  ) ,  conventionnel, 
duc  d'Otrante ,  et  ministre  de  la  police 
sous  l'empire,  naquit  en  1753,  dans  un  vil- 
lage près  de  Nantes.  Son  père  qui  était 
capitaine  de  navire,  et  qui  le  destinait 
à  La  marine  ,  le  plaça  au  collège  de  l'Ora- 
toire de  cette  viUe ,  où  il  s'appliqua  spé- 
cialement anx  mathématiques.  Cepen- 
dant, après  avoir  achevé  ses  études,  le 
jeune  Fouché  se  sentant  du  goût  pour 
l'enseignement  public,  entra  che^  les  ora- 
loriens  de  Paris,  professa  successive- 
ment dans  plusieurs  collèges  de  cette  con- 
grégation, et  se  trouvait  dans  celui  de 
Mantes ,  en  qualité  de  préfet  des  études , 
qoandla  révolutiom  éclata.  Dévoré  d'am- 
bilion  ,  il  pensa  que  le  moment  était  venu 
poui  lui  de  jouer  un  rôle  moins  stérile  que 
celuidcr  '  passant  avec  transport 

•e»  non  ,  il  se  signala  bientôt 

^•û»  la  -  iolique  de  Nantes  par 

k  fougueux  emportement  de  ses  discours, 


et  fut  jugé  digne  d'aller  représenter  à  là 
Convention  le  département  de  la  Loire- 
inférieure.  Complètement  dépourvu  do 
moyens  oratoires  ,  il  voulut  suppléer  à  co 
qui  lui  manquait  du  côté  du  talent  par  une 
exagération  frénétique  qui  n'était  pas  en 
lui  l'effet  d'un  caractère  ardent ,  mais  un 
moyen  froidement  calculé  pour  se  faire 
remarquer.  Lié  avec  Marat,  dont  il  avait 
prêché  les  doctrines  sanguinaires  dans  le 
club  de  Nantes,  Fouché  fut  d'abord  ad- 
mis dans  le  comité  de  l'instruction  publi- 
que ,  d'où  il  passa  dans  celui  des  Gnances. 
Son  premier  rapport  y  eut  pour  objet  le» 
moyens  de  mettre  sous  la  main  du  gou- 
vernement tous  les  biens  ,  qui  jusques  là 
s'étaient  soustraits  à  la  fiscalité  révolution- 
naire. Chargé  d'une  mission  dans  le  dé- 
partement de  l'Aube,  il  organisa  un  batail- 
lon dans  la  ville  de  Troyes  en  1792.  Dans 
le  procès  de  Louis  XVI ,  il  vola  la  mort 
sans  sursis  et  sans  appel.  Envoyé  à  la  fin 
de  1793  dans  le  département  de  la  Nièvre, 
il  prit  un  arrêté  par  lequel  il  déclarait  que 
tous  signes  extérieurs  d'un  culte  quelcon- 
que étaient  proscrits ,  et  qu'il  serait  gravé 
sur  la  porte  des  cimetières  cette  simple 
inscription  :  La  mort  est  un  sommeil 
éternel!  Toute  la  vie  de  Fouché  fut  con- 
forme à  ce  matérialisme  désorgauiisa- 
teur.  Après  avoir  fait  abattre  les  croix 
et  démolir  les  autels,  il  fut  un  des  pre- 
miers à  imaginer  le  culte  de  la  déesse 
Raison  ;  le  pillage  des  églises  fut  une  des 
conséquences  et  peut-être  un  des  motifs 
de  ces  mesures.  Fouché  fit  à  la  Conven- 
tion plusieurs  envois  d'objets  précieux  en- 
levés aux  églises  duNivernais  ;  le  premier 
comprenait  plus  de  mille  pièces  d'orfè- 
vrerie en  or  et  en  vermeil.  Le  7.èle  que 
Fouché  déploya  dans  ces  spoliations,  le 
fit  juger  digne  d'aller  seconder  Collot 
d'Herbois  chargé  de  châtier  les  Lyonnais, 
qui  par  une  généreuse  résistance  avaient 
encouru  les  anathèmes  de  la  Convention. 
Dans  cette  mission  nouvelle  il  parut 
animé  de  la  même  fureur  de  destruction 
qui  transportait  son  collègue  ;  toute  sa 
correspondance,  durant  son  séjour  à 
Lyon ,  atteste  la  farouche  atrocité  de  son 
àme  :  Les  démolitions^  écrivait-il  à  la 
Convention ,  sont  trop  lentes.  Il  faut  des 
moyens  plus  rapides  à  l'impatience  répur 
blicaine;  l'explosion  de  la  mine  et  l'acti- 
vité dévorante  de  la  flamme  peuvent  seuleê 
^primer  la  toute-puissance  du  peuple  : 
sa  volonté  ne  peut  être  arrêtée  comme  celle 
des  tyrans  ;  elle  doit  avoir  les  effets  du 
tonnerre.  Dans  xme  autre  kttre  écrite  à 


FOU 

Collot-d'Herboîs,  Fouché  disait  :  Soyons 
terribles .  pour  ne  pas  avoir  à  craindre  de 
devenir  faibles  et  cmels;  anéantissons 
dans  notre  colère  et  d'un  seul  coup  tous  les 
rebelles  j  tous  les  conspirateurs  ^  tous  les 
traîtres....  frappons  comme  la  foudre,  et 
que  la  cendre  même  de  nos  ennemis  dispa- 
raisse du  sol  de  la  liberté.  Le  même  homme 
osait  écrire  dans  une  autre  circonstance  ces 
paroles  aussi  absurdes  qu'elles  sont  atro- 
ces :  que  la  foudre  éclate  par  huînanité  ! 
ayons  le  courage  de  marcher  sur  des  ca- 
davres pour  arriver  à  la  liberté!  Malgré 
ce  délire  apparent ,  Fouché  n'était  point 
un  fanatique  révolutionnaire;  sous  cette 
exaltation  extérieure ,  il  cachait  un  froid 
et  profond  égoïsme.  Il  ne  commettait  le 
crime  que  pour  arriver  à  la  fortune ,  et 
chemin  faisant,  suivant  l'énergique  ex- 
pression d'un  écrivain ,  il  ramassait  de 
l'or  dans  des  ruisseaux  de  sang.  Après 
son  retour  à  Paris ,  la  société  des  jaco- 
bins lui  donna  une  preuve  de  son  estime 
en  lui  décernant  les  honneurs  de  la  pré- 
sidence. Mais  Robespierre  à  qui  cette  po- 
pularité naissante  portait  ombrage,  se 
hâta  de  dénoncer  les  infâmes  voleries 
de  Fouché ,  et  le  fit  exclure  de  la  société 
qui  venait  de  l'accueillir  avec  distinc- 
tion. Dès  lors  une  haine  irréconciliable 
sépara  ces  deux  hommes  qui  songèrent 
à  se  perdre  mutuellement.  Fouché  se- 
conda les  efforts  des  ennemis  de  Robes- 
pierre au  9  thermidor.  Mais  après  la  chute 
de  son  rival ,  il  s'empressa  de  se  rallier 
au  parti  terroriste  pour  renverser  les 
thermidoriens.  Dénoncé  par  Tallien,  et 
décrété  d'accusation  sur  la  proposition 
de  Boissy-d'Anglas ,  il  fut  accablé  sous  le 
poids  des  dénonciations  de  tous  les  dépar- 
temens  où  il  avait  été  envoyé  pendant 
la  terreur.  Un  cri  univrsel  s'était  élevé 
contre  lui,  et  il  fut  chassé  de  la  Conven- 
tion le  23  prairial  an  3  (11  juin  1795). 
L'amnistie ,  qui  suivit  la  constitution  de 
l'an  3 ,  lui  permit  d'y  rentrer  dès  le  26 
octobre  suivant.  Mais  craignant  encore 
l'opinion  publique ,  il  garda  le  silence 
pendant  deux  ans,  et  se  tint  à  l'écart. 
Nommé  au  bout  de  ce  temps  par  le  di- 
recteur Barras,  ambassadeur  à  Milan, 
puis  en  Hollande,  il  fut  rappelé  de  ce 
dernier  poste ,  pour  diriger  le  ministère 
de  la  police.  Reniant  ses  doctrines  et  ses 
liaisons  politiques,  il  commença  par  fraps 
per  les  débris  de  la  faction  jacobine, 
en  faisant  fermer  la  salle  du  Manège, 
où  se  réunissaient  d'anciens  terroristes. 
Attaquant  la  liberté  avec  autant  d'éner- 


192  FOU 

gie  qu'il  en  avait  mis  naguère  à  soute* 
nir  la  licence ,  il  supprima  d'un  seul  coup 
onze  journaux  dans  la  capitale.  Le  mi- 
nistère de  la  police  était  pour  Fouché 
ime  mine  d'or  inépuisable  ,  et  i)our  le 
conserver,  nulle  concession  ne  pouvait 
coûter  à  un  homme  pour  qui  la  con- 
science n'avait  jamais  été  qu'un  vain  mot. 
Aussi  Bonaparte  après  le  18  brumaire ,  le 
trouva-t-il  tout  disposé  à  servir  d'instru- 
ment à  son  despotisme  naissant,  et  à  frap- 
per indistinctement,  suivant  la  volonté 
de  son  nouveau  maître ,  les  jacobins  et 
les  royalistes.  Dépouillant  jusqu'aux  moin- 
dres vestiges  du  jacobinisme ,  et  prenant 
des  habitudes  conformes  à  sa  nouvelle 
situation ,  Fouché  se  fit  grand  seigneur , 
et  réunit  dans  ses  brillantes  soirées  toutes 
les  notabilités  de  l'époque.  Les  sommes  im- 
menses dont  il  pouvait  disposer  contri- 
buèrent à  lui  faire  de  nombreux  amis , 
et  l'on  assure  que  ses  riches  offrandes  ne 
furent  pas  inutiles  pour  lui  assurer  l'ap- 
pui de  Joséphine  contre  l'inimitié  que 
Lucien  lui  avait  vouée.  Les  services  qu'il 
rendit  au  gouvernement  nouveau  en  dé- 
jouant plusieurs  complots,  tels  que  celui 
qui  conduisit  à  l'échaf aud  Aréna,  Céracchi , 
Demerville  et  Topino-Lebrun ,  établirent 
son  ascendant  sur  Bonaparte  lui-même, 
qu'il  gouverna  en  entretenant  ses  défian- 
ces et  ses  craintes.  Cependant  le  com- 
plot de  la  machine  infernale,  dont  il  ne  sut 
ou  ne  voulut  point  prévenir  l'exécution  , 
compromit  sinon  son  habileté  au  moins 
son  dévouement  aux  yeux  de  Bonaparte , 
et  il  fut  renvoyé,  mais  avec  tous  les  raé- 
nagemens  que  l'on  devait  à  un  homme 
aussi  redoutable  par  son  influence.  Nom- 
mé titulaire  de  la  sénatorerie  d'Aix  en 
Provence ,  Fouché  s'éloigna  pour  quel- 
que temps  du  théâtre  des  affaires  et  se 
retira  dans  sa  terre  de  Pont-Carré.  Rap- 
pelé au  bout  do  21  mois,  son  influence 
s'accrut  de  ce  retour  de  faveur  qui  sem- 
blait un  aveu  tacite  de  la  nécessité  de  sa 
présence.  Sa  réputation  d'habileté  s'é- 
tendit même  à  l'étranger  ;  et  on  l'y  re- 
présenta comme  l'appui  sans  lequel  le 
trône  impérial  serait  renversé.  Bonaparte 
fatigué  de  tous  ces  bruits  de  complots 
étouffés  ,  de  conspirations  déjouées  ,  qui 
arrivaient  à  ses  oreilles ,  résolut  d'écar- 
ter encore  une  fois  un  instrument  qui  lui 
était  devenu  redoutable  à  lui-même  ;  la 
conduite  de  Fouché  lui  offrit  bientôt  une 
occasion  de  le  disgracier,  qu'il  saisit  avec 
empressement.  En  1809 ,  après  la  bataille 
d'Ësling.  les  Anglais  ayant  opéré  un  dé- 


FOU 


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FOU 


harqiicmcnl  k  Valchercn ,  Fouchc  appela 
k  \a  dffonsc  do  l'empire  loul  le  premier 
Itan  de  la  (;arde  natimialc,  et  on  donna  le 
ruininandeiuent  à  Bernadutto  qui  clail 
«lors  en  disjràcc.  «  Prouvons  à  l'Europe, 
»disail-il  dans  une  circulaire,  que  si  le 
•  génie  de  Napoléon  Rcul  donner  de  l'é- 
»  clat  à  la  France  par  ses  victoires  ,  sa 
"  présence  n'est  pas  nécessaire  pour  rc- 
»  iKjusser  nos  ennemis.  »  Ces  paroles  har- 
«lics  (|ui  eurent  la  sanction  du  succès ,  ir- 
rilèroiU  Bonaparte  ,  et  l'éloignement  du 
ministre  fut  décidé.  Un  autre  fait  vint 
augmenter  le  mécontentement  de  Napo- 
lion  et  hâter  la  disgrâce  de  Fouchc.  L'em- 
pereur, vers  l'époque  de  son  mariage, 
avait  essayé .  sans  lui  en  faire  confidence, 
d'entamer  des  négociations  de  paix  avec 
l'Angleterre.  Le  ministre  de  son  côlc  , 
ignorant  les  démarches  de  Napoléon,  ou- 
vrit lui-même  des  négociations  auprès  du 
marquis  de  Wellesley ,  par  l'entremise  de 
M.  Ouvrard.  Le  peu  d'accord  qui  existait 
eiitre  les  propositions  des  deux  agens 
étonna  le  ministère  anglais.  Ces  deux 
hommes  lui  devinrent  également  sus- 
pects, et  il  les  chassa  brusquement.  Na- 
poléon surpris  de  cette  rupture  inatten- 
due conçut  des  soupçons  contre  Fouché  , 
et  ayant  «lérouvert  ses  menées  secrètes  , 
il  se  plaigrtit  hautement  dans  son  conseil 
de  la  conduite  audacieuse  du  ministre  ,  et 
donna  ordie  d'arrêter  M.  Ouvrard  qui  fut 
conduit  à  Vinccnnes.  Fouché  fut  nonmié 
gouverneur  de  Rome,  et  le  duc  de  Rovigo 
le  remplaça  dans  le  ministère  de  la  police 
le  3  juin  1810.  Le  ministre  disgracié  se 
retira  à  sa  terre  de  Pont-Carré  où  Bomi- 
partc  lui  fit  demander  ses  lettres  auto- 
graphes avec  d'autres  papiers  qu'on  n'a- 
vait pas  trouvés  au  ministère  ;  Fouché 
refusa  de  les  livrer  ,  et  se  hâta  de  partir 
pour  l'Italie.  Accueilli  à  Florence  avec 
empressement  par  la  princesse  Elisa ,  il 
•ongea  un  moment  à  chercher  un  asile 
•l'iren  Angleterre  ou  aux  Etats-Unis.  Mais 
eofin,  p<jur  éviter  une  expatriation  qui 
pouvait  être  irrévocable ,  il  consentit  à 
•e  dessaisir  des  papiers  qu'il  avait  jus- 
ques-là  refusés ,  et  dès  lors  il  put  sans 
crainte  rentrer  en  France,  et  il  alla  ha- 
biler  Aix,  chef-lieu  de  sa  sén&torerie , 
•ù  il  rcsU  jusqu'à  la  fin  de  1812.  Rappelé 
•près  la  dé«astreusc  expédition  de  Rus- 
tic  ,  il  alla  trouver  l'empereur  à  Dresde  , 
d'où  il  fut  envoyé  conune  gouverneur  en 
lUyrie,  au  mois  de  juillet  1813,  puis  à 
Na^es.  auprès  de  Murât.  On  eût  dit  que 
"  rte ,  au  ntomcnt  où  il  senlait  clian- 

9. 


celer  son  trône  .  s'efforçait  de  tenir  à 
une  grande  distance  de  lui  ce  mauvais 
génie  auquel  il  $iippr)sait  sans  doute  le 
désir  de  hâter  sa  chute.  Fouchc  était  re- 
venu en  France,  et  se  trouvait  à  Avi 
gnon  ,  lorsqu'il  apprit  les  événemens  du 
31  mars  1814.  Celte  absence  l'empêcha  ,  à 
son  grand  regret,  de  faire  partie  du  gou- 
vernement provisoire  ;  lorsqu'il  arriva 
dans  la  capitale,  Bonaparte  avait  abdi- 
qué. Fouchc  chercha  dès  lors  à  se  rap- 
procher des  Bourbons;  mais  malgré  toules 
ses  intrigues  il  ne  put  parvenir  à  faire 
agréer  ses  services  à  Louis  XVIll.  Retiré 
dans  son  chàleau  de  Ferrières,  il  sut, 
au  moyen  de  ses  nombreux  agens  ,  se 
faire  un  parti  à  la  cour  ,  et  attendit  l'oc- 
casion de  se  mêler  de  nouveau  à  la  poli- 
tique. A  la  nouvelle  du  débarquement  dp 
Napoléon  à  Cannes ,  les  royalistes  s'a- 
dressèrent à  Fouché,  mais  il  déclara  qu'on 
l'appelait  trop  fard.  Le  gouvernement  du 
roi  ayant  donné  ordre  de  l'arrêter,  il 
échappa  aux  recherches  des  agens  de  po- 
lice, en  se  sauvant  par  une  porte  secrète, 
dans  la  maison  de  madame  Horlensc  Beau- 
harnais,  voisine  de  la  sienne.  Napoléon  . 
en  arrivant  à  Paris,  se  hâta  de  lui  rendre 
le  portefeuille  de  la  police.  Fouchc,  son- 
geant avant  tout  à  son  propre  intérêt, 
servit  Bouapartc ,  mais  avec  la  résolu- 
tion secrète  de  l'abandonner  au  moment 
où  la  fortune  se  déclarerait  contre  lui. 
Aussi  le  vit-on,  après  la  journée  de  Wa- 
terloo ,  conseiller  à  Bonaparte  d'abdiquer 
sur-le-champ,  envoyer  des  émissaires  à 
Gand  pour  protester  de  sa  fidélité,  et  désa- 
vouer toutes  les  proclamations  qu'il  avait 
fait  répandre  pour  nuire  à  la  cause  des 
Bourbons.  Ecartant  le  projet  d'une  ré- 
gence et  celui  du  rétablissement  pur  et 
simple  des  Bourbons,  il  voulut  se  porter 
médiateur  entre  ceux-ci  et  les  révolution- 
naires, et  conseilla  à  Louis  XVIII  de  pren- 
dre la  cocarde  tricolore,  de  conserver  les 
chambres  de  Bonaparte,  en  un  root  de  se 
mettre  à  la  tète  de  la  révolution.  Ces  con- 
seils furent  rejclés  ;  mais  Fouché  le  régi- 
cide resta  ministre  de  la  police  sous  le 
règne  d'un  frère  de  Louis  XVI.  Il  contri- 
bua puissanmient  à  effectuer  la  soumis* 
sion  de  l'armée  de  la  Loire  ,  et  fit  arrêter 
Ney  et  Labédoyère.  Ces  actes  le  rendirent 
odieux  au  parti  de  la  révolution  et  de 
l'empire.  D'un  autre  côté  les  fantômes  de 
conspirations  dont  il  environnait  le  trône 
des  Bourbons,  le  rendirent  suspect  au 
parti  royaliste.  Bientôt  il  s'aperçut  qu'il 
avait  perdu   ses   partisans  et    sa   pui*> 


FOU 


19  it 


FOU 


sance  ;  et  il  prévint  sa  disgrâce  en  don- 
nant sa  démission.  Nommé  ambassadeur 
à  Dresde,  il  ne  demeura  pas  plus  de  trois 
mois  dans  celte  capitale.  Atteint  par  la 
loi  du  12  janvier  1816,  qui  proscrivait 
fous  les  régicides  ,  il  se  rendit  à  Prague, 
tt  obtint  du  gouvernement  autrichien  la 
permission  de  séjourner  à  Lintz.  De  cette 
ville  il  alla  se  fixer  à  Trieste ,  où  il  est 
mort  en  décembre  1820,  à  la  suite  d'une 
maladie  de  poitrine.  Fouché  s'était  retiré 
des  affaires  avec  une  fortune  de  quatorze 
millions.  En  1815  ,  il  avait  épousé  en  se- 
condes noces ,  mademoiselle  de  Castel- 
lanedont  il  avait  connu  la  famille  à  Aix. 
Il  a  laissé  plusieurs  enfans.  On  a  attribué 
à  Fouché  un  grand  nombre  d'ouvrages , 
entr'autres  :  |  Rapports  présentés  au  roi 
en  1815.  Cet  ouvrage  a  été  l'objet  de  plu- 
sieurs réfutations.  |  Lettre  de  Fouché  au 
duc  de  TVellington ,  1817  ;  |  Précis  de  la 
vie  publique  du  duc  d'Otrante^  Londres  et 
Leipsick,  1816,  in-8°;  |  Le  duc  d'Otrante, 
mémoire  écrit  à  L***  (Lintz),  Paris,  1819, 
in-8°;  |  Mémoires  de  Joseph  Fouché  duc 
d'OtraîitCj  ministre  de  la  police  géné- 
rale ,  Paris ,  1824 ,  2  vol.  in-8''.  Cet  ou- 
vrage rédige  par  Alphonse  de  Beauchamp, 
donna  lieu  à  un  procès  intenté  à  l'édi- 
teur, le  libraire  le  Rouge,  par  les  enfans 
du  duc  d'Otrante.  Le  tribunal  ordonna  la 
suppression  des  mémoires  qui  furent  re- 
connus faux. 

FOUCHER  (Simon),  surnommé  le 
Restaurateur  de  la  philosophie  académi- 
cienne^ parce  qu'il  travailla  à  ressusciter 
la  philosophie  des  anciens  académiciens, 
né  à  Dijon  en  1644 ,  mourut  à  Paris  en 
1696,  après  avoir  publié  :  |  Histoire  de  la 
Philosophie  académicienne  ;  \  Disserta- 
tion sur  la  recherche  de  la  vérité^  suivie 
d'un  examen  des  sentimens  de  Descartes. 
et  plusieurs  autres  ouvrages  aujourd'hui 
oubliés. 

FOUCHER  (l'abbé  Paul  ),  de  l'acadé- 
mie des  inscriptions  et  belles-lettres,  né 
à  Tours  en  1704 ,  mort  à  Paris  en  1778  , 
l'tait  un  savant  studieux ,  et  un  homme 
iloux  et  honnête.  Il  cultiva  d'abord  les 
sciences  exactes,  et  nous  avons  de  lui  une 
Géométrie  métaphysique,  1758,  in-8°.  Il 
se  tourna  ensuite  du  côté  de  l'érudition, 
et  eut  des  succès  en  ce  genre.  Son  traité 
historique  De  la  Religion  des  anciens 
Perses j,  divisé  en  plusieurs  Mémoires  im- 
primés dans  différens  volumes  du  Re- 
«iieil  de  l'académie  des  belles-lettres  , 
prouve  son  savoir  et  sa  sagacité.  Ce  sont 
^es  recherches  curieuses  et  neuves  sur 


un  siijet  traité  jusqu'alors  très  imparfai- 
tement. 

•  FOUCHER  D'OPSON VILLE  (N*"), 

écrivain  français,  né  en  1734,  entra  a» 
service  en  1752,  et  fit  deux  fois  pai 
terre  le  voyage  de  France  aux  Indes , 
chargé,  dit-on ,  de  missions  importantes 
près  des  souverains  de  ces  contrées  :  il 
profila  du  long  séjour  qu'il  fit  dans  ces 
pays  pour  en  bien  étudier  les  mœurs  des 
habitans  et  les  productions.  Les  ouvrages 
qu'il  publia  sur  ce  sujet  contiennent  des 
particularités  inconnues  jusqu'alors  :  il 
s'occupa  surtout  des  animaux  dont  les 
Arabes  et  les  Juifs  font  leur  nourriture  , 
notamment  des  sauterelles  ;  il  traita  Aes 
crocodiles,  des  caméléons  et  des  serpens; 
fit  connaître  les  causes  de  la  vénération 
que  les  habitans  de  l'Inde  ont  pour  le  che- 
val ,  l'âne  et  le  bœuf  ;  enfin  il  raconta  les 
fréquens  combats  que  dans  ces  contrées 
les  hommes  livrent  aux  tigres  en  les  atta- 
quant corps  à  corps.  Atteint  de  la  peste 
en  Arabie,  il  fut  abandonné  dans  le  désert 
par  la  caravane  dont  il  faisait  partie  ,  et 
ne  dut  saguérison  qu'à  une  espèce.de  pro- 
dige. Il  revint  en  France  à  travers  des 
difficultés  incroyables,  et  mourut  en 
1802,  après  avoir  publié  les  ouvrages  sui- 
vans  :  |  Essais  philosophiques  sur  les 
mœurs  de  divers  animaux  étrangers, 
Paris ,  1783,  in-8"  ;  ouvrage  curieux,  ex- 
trait du  Journal  des  voyages  de  l'auteur  , 
qui  embrasse  aussi  l'histoire  naturelle , 
les  mœurs  et  les  usages  des  peuples  que 
d'Opsonville  a  visités.  Il  avait  annoncé 
un  autre  ouvrage  beaucoup  plus  étendu 
sur  l'Inde,  mais  il  n'a  publié  que  le  Baga- 
vadam  qui  en  faisait  partie,  et  qui,  comme 
on  le  sait,  contient  la  doctrine  des  Indiens 
sur  l'Etre  suprême ,  les  dieux  ,  les  géans 
et  les  hommes,  1788,  in-8'',  traduit  sur 
une  version  Tamoule  par  Méridas  Poule, 
interprèle  de  la  compagnie  des  Indes. 
I  Supplément  au  voyage  de  Sonnerai . 
Amsterdam  (Paris),  1785,  in-8"  ,  conte- 
nant des  observations  critiques;  |  Lettre 
d'un  voyageur  au  baron  de  L.  sw  la 
guerre  des  Turcs,  Paris,  1788,  in-8°.  lia 
publié  aussi  quelques  brochures  en  fa- 
veur de  la  révolution. 

*  FOUCHY  (Jean-Paul  GRAND-JEAN 
de) ,  astronome  et  secrétaire  perpétuel  de 
l'académie  des  sciences,  né  à  Paris  enl70î^ 
y  mounit  le  15  avril  1788.  Il  eut  tous  les 
goûts  des  âmes  douces.  Né  avec  un  carac- 
tère paisible  ,  il  cultivait  la  poésie ,  niai» 
dans  le  secret  de  l'amitié  ,  ne  faisant  q«e 
des  vers  de  société.  Il  aimait  aussi  te  s»t|- 


FOU 


à9li 


FOU 


tique,  et  toucliait  Torique  presque  tous  les 
diœanchrs  dons  quelques  ÔQlisrs  de  son 
voisinaf^e  ;  par-là  il  satisfaiMit  à  la  foU 
son  goûl  pour  la  uuisiquo.  vi  piété  et  son 
u'ic  pour  ()l)lii;i'r.  Ou  trouve  un  (;rand 
nombre  de  ses  mrmoires  dans  le  recufil 
de  l'aradcuiic  dos  sciences,  et  la  descrip- 
tion de  q\u«lqucs  iustrumens  de  son  in- 
vention dan*  le  recueil  des  marliincs  de 
i académie,  tom.  5,  6.  7.  On  a  encore  de 
lui  des  éioges  de  plusieurs  académiciens  , 
Paris.  <761,  in-iS. 

FOrCQlTET  (Nicolas),  marquis  de 
Belle-Ile,  fils  d'un  conseiller  d'état,  na- 
({uit  en  1615.  Sa  mère,  Marie  de  Maupeou, 
dame  d'une  piété  éminente  et  d'une  cha- 
rité extrême,  morte  en  1681,  à  91  ans,  fut 
regardée  comme  la  mère  des  pauvres, 
auxquels  elle  faisait  distribuer  de  l'argent 
et  des  remèdes.  Elle  est  auteur  d'un  re- 
cueil très  répandu  sous  le  titre  de  Remè- 
des faciles  et  domesUqiirs.  2  vol.  in-12. 
Nicolas  Foucquct,  son  lils,  donna  dès  son 
enfance  des  marques  non  équivoques  de 
•on  esprit.  Il  fut  reçu  maître  des  requêtes 
a  20  ans.  et  procureur-général  du  parlc- 
meut  de  Paris  à  43  ans.  La  place  de  sur- 
intendant des  finances  lui  fut  donnée  en 
1652,  dans  un  temps  où  elles  avaient  été 
épuisées  par  les  dépenses  des  guerres  ci- 
viles et  étrangères.  Fouquet  aurait  dû  les 
ménager  ;  il  les  dissipa  et  en  usa  comme 
des  siennes  propres.  Il  dépensa  près  de 
56  millions  d'aujourd'hui  à  faire  bâtir  sa 
maison  de  Vaux.  Ses  déprédations,  les 
alarmes  que  donnaient  les  fortifications 
de  Belle-Ile,  les  tentatives  qu'il  avait  fait  es 
sur  le  cœur  de  madame  de  la  Vallière, 
tout  servit  à  irriter  Louis  XIV  contre  son 
ministre.  On  l'attira  avec  adresse  à  Nan- 
tes, et  on  l'arrêta  le  7  septembre  1661. 
Fuucquet  s'était  défait  fort  imprudem- 
ment,  quelque  temps  auparavant,  de  sa 
charge  de  procureur-général.  Son  procès 
lui  fut  fait  par  des  commissaires ,  qui  le 
condamnèrent  en  166/*  à  un  bannissement 
perpétuel,  comnmé  en  ime  prison  per- 
pétuelle. Ce  fut  dans  la  citadelle  de  Pi- 
gnerol  qu'il  fut  enfermé  ;  il  y  mourut , 
suivant  le  bruit  commun  .  en  1680.  J)c 
tous  les  amis  que  sa  fortune  lui  avait  faits, 
il  ne  lui  resta  que  Gourville ,  Pélisson , 
mademoiselle  de  Scudéri,  ceux  qui  furent 
enveloppés  dans  sa  disgrâce,  et  (pielques 
gciu  de  lettres  qu'il  pensionnait.  Le  pre- 
■der  assure  dans  SCS  Mémoires,  que  Fouc- 
qmt  sortit  de  sa  prison  quelque  temps 
•▼ant  sa  mort.  Le  second  prit  sa  défense 
dans  plusieurs  JUèmoires  recueillis  en  15 


volumes,    qui    sont   des  modèles  d'elle- 
quencc.  I.a  Fontaine  plaignit  ses  malheurs 
dans  une  élégie  touchante.   Il  cherrlw  è 
adoucir  la  sévérité  du  roi;  il  osa  n 
lui  adresser  une  ode    pour  émou\ 

pitié   en   faveur  du    ministre  dibi;: 

Kn  1789,  il  parut  une  dissertation  pour 
prouver  que  cet  intendant  était  le  célèbre 
Masque-de-fer,  opinion  peu  accréditée, 
et  qui ,  comme  le  remarque  un  critiqpie  , 
ne  s'accorde  pas  avec  l'extrême  respect 
qu'on  porta  toujours  à  ce  prisonnier ,  et 
les  mesures  extraordinaires  prises  pour 
laisser  son  nom  sous  le  plus  grand  secret. 
Il  faut  convenir  néanmoins  qu'elle  acquit 
quelque  vraisemblance  quand  on  consi- 
dère qu'cffcctivemeut  Foucquet  fut  d'a- 
bord enfermé  à  Pignerol,  et  qu'on  ne  sait 
pas  positivement  ce  qu'il  devint  depuis. 
Le  bruit  a  couru  qu'il  y  était  mort  ;  d'au- 
tres disent  qu'il  mourut  dans  le  sein  de 
sa  famille  (  Voyez  MASQUE-DE-FER.  ) 
Lorsque  sa  mère  apprit  que  son  fils  était 
arrêté  à  Nantes,  elle  se  prosterna  aus- 
sitôt, et. dit:  «  Je  vous  remercie,  mon 
»Dieu;  je  vous  ai  toujours  demandé 
»  son  salut ,  et  voilà  le  chemin  !  »  Fouc- 
quet mourut  en  effet  dans  de  grands 
sentimens  de  piété.  D'Auvigny  a  donné 
sa  vie  dans  le  tome  5  des  Vies  des  hommes 
illustres  de  France.  Il  assure  qu'il  compo- 
sa dans  sa  prison  divers  ouvrages  de  pié- 
té, dont  quelques-uns  ont  été  livrés  au  pu- 
blic, tels  que  les  Conseils  de  la  sagesse,  ou 
Recueil  des  maximes  de  Salomon,Varis , 
1683,  2  vol.  in-12.  Cet  ouvrage  n'est  pas 
de  Foucquct,  mais  du  Père  Boutauld,  jé- 
suite. On  peut  consulter  le  Recueitdes  Dé- 
fenses de  M.  Foucquet  (  en  Hollande  ; , 
1665-1668,  15  vol.  in-12,  et  les  notices  sur 
la  mort  du  surintendant  Foucquet .  re- 
cueillies à  Pignerol  par  M.  Modeste  Pa- 
roletti,  Turin,  1812.  in-4°. 

FOLCQLET  (  CBAnLES-ARMA%u),  fils 
du  surintendant  des  finances  ,  né  à  Paris 
eu  1657,  entra  dans  l'Oratoire  en  1682.  11 
devint  supérieur  de  Saint-Magloire  en 
1699,  et  fut  quelque  temps  grand-vicairo 
auprès  de  Foucquct  son  oncle,  évcque 
d'Agde.  Les  abbés  Bignon,  Duguct,  lioi- 
leau  etCouet,  furent  très  liés  avec  lui.  Il 
eut  l'auiilié  et  la  confiance  du  cardinal  do 
Nouilles,  et  mourut  à  Paris  dans  la  maison 
de  Saint-Magloire  ,  en  \TS\.  Après  la  mort 
de  la  Tour,  général  de  l'Oratoire  .  le  Père 
Foucquet  lui  aurait  infailliblement  sur 
cédé,  si  son  nom  ,  inscrit  sur  la  liste  des 
appelons,  et  des  réappelans,  ne  l'axait 
fait  cxtlure. 


FOU 


196 


FOtJ 


FOUCQUET  (Charles-Louis- Auguste), 

.  comte  de  Belle-Ile,  petit-fils  du  surinten- 
dant des  finances  ,  naquit  à  Villefranche 
en  Rouergue,  l'an  1684,  de  Louis  Fouc- 
quet,  et  de  Catherine- Agnès  de  Le  vis. 
Les  livres  qui  traitent  de  la  guerre,  de 
la  politique  et  de  Thistoire,  furent  dès 
son  enfance  ses  lectures  favorites;  il  ne 
les  quittait  que  pour  se  livrer  aux  mathé- 
matiques, dans  lesquelles  il  fit  des  progrès 
sensibles.  A  peine  fut-il  sorti  de  l'acadé- 
mie ,  que  Louis  XIV  lui  donna  un  régi- 
ment de  dragons.  Il  se  signala  au  siège  de 
Lille,  y  reçut  une  blessure,  et  devint  bri- 
gadier des  armées  du  roi  en  1708,  et  mes- 
tre-de-camp-général  des  dragons  en  1709. 
Dès  que  la  paix  fut  signée,  le  comte  de 
Belle-Ile  se  rendit  à  la  cour,  fut  très  bien 
accueilli  de  Louis  XIV  ;  et  les  services  du 
petit-fils  firent  oublier  les  fautes  du  grand- 
père.  La  mort  de  ce  monarque  ayant 
changé  le  système  des  affaires,  la  guerre 
fut  déclarée  en  Espagne;  le  comte  de 
Belle-Ile  mérita  alors  d'être  créé  maré- 
rhal-de-camp  etgouverneurde  Huningue. 
Il  eut  la  première  place  en  1718  ,  et  la  se- 
conde en  1719.  Le  duc  de  Bourbon  ayant 
succédé  dans  la  place  de  premier  minis- 
tre au  duc  d'Orléans  ,  le  comte  de  Belle- 
Ile,  lié  avec  M.  Leblanc,  fut  entraînédans 
la  disgrâce  de  ce  ministre,  et  enfermé  à 
la  Bastille.  Il  n'en  sortit  que  pour  être 
exilé  pendant  quelque  teuips  dans  ses 
terres.  Ce  fut  dans  le  calme  de  la  solitude 
qu'il  travailla  à  son  entierejustification.il 
fut  fait  lieutenant-général  en  1751,  et  gou- 
verneur de  la  ville  de  Metz  et  du  pays 
Messin  en  1733.  La  guerre  venait  d'écla- 
ter ;  il  obtint  le  commandement  du  corps 
d'armée  qui  devait  agir  sur  la  Moselle,  et 
s'empara  de  la  ville  de  Trêves.  Après 
avoir  joué  un  des  principaux  rôles  devant 
Philisbourg,  il  eut,  le  reste  delà  campa- 
gne ,  le  commandement  des  troupes  en 
Allemagne.  Il  se  rendit  l'année  suivante , 
i755  ,  à  Versailles ,  moins  pour  y  être  dé- 
coré de  l'ordre  du  Saint-Esprit  auquel  le 
roi  l'avait  nommé ,  que  pour  y  être  con- 
sulté par  le  cardinal  de  Fleury.  Les  puis- 
sances belligérantes  avaient  beaucoup  né- 
gocié pour  la  paix  dès  le  commencement  de 
1735.  Ce  fut  Belle-Ile  qui  engagea  le  cardi- 
nal à  ne  poin  l  se  désister  de  ses  prêtent  ions 
sur  la  Lorraine.  Rendu  à  lui-même,  il  em- 
ploya le  loisir  de  la  paix  à  écrire  des  Mé- 
moires sur  les  pays  qu'il  avait  parcourus, 
et  sur  les  différentes  parties  du  gouver- 
nement ;  ouvrage  jugé  un  peu  sévère- 
wcnt  par  le  marquis  d'Argenson  dans  ses 


Loisirs,  o  La  preuve ,  dit-il ,  que  ses  idée* 
»  ne  sont  ni  bien  lumineuses,  ni  réellement 
»  grandes ,  c'est  que  son  style  est  faible  et 
»  même  plat,  qu'il  n'écrit  ni  purement  ni 
»  fortement.»  C'est  à  lui  qu'on  dut  presque 
toutes  les  ordonnances  militaires  qui  pa- 
rurent en  1737.  En  1741,  il  reçut  le  bâton 
de  maréchal  de  France  ;  et  la  mort  de 
l'empereur  Charles  VI  ayant  rallumé  la 
guerre,  il  fut  nommé  ambassadeur  pléni- 
potentiaire à  la  diète  de  Francfort  pour 
l'élection  de  l'empereur  Charles  VII.  La 
magnificence  qu'il  étala  dans  cette  occa- 
sion, sera  long-temps  célèbre;  il  semblait 
être  plutôt  un  des  premiers  électeurs, 
qu'un  ambassadeur.  Il  avait  ménagé 
toutes  les  voix  et  dirigé  toutes  les  négo- 
ciations. Le  roi  de  Prusse,  informé  de  tout 
ce  qu'il  avait  fait,  ne  put  s'empêcher  de 
s'écrier  avec  admiration  :  //  faut  coJive- 
nir  que  le  maréchal  de  Belle-Re  est  le 
législateur  de  l'Allemagne.  Si  Charles 
VII  fut  élu  et  couronné ,  ce  fut  en  partie 
par  ses  soins.  Ce  prince  eut  quelques  suc- 
cès, suivis  de  grands  malheurs;  les  Fran- 
çais furent  abandonnés  des  Prussiens,  en- 
suite des  Saxons.  Le  maréchal  de  Belle- 
Ile  se  trouva  enfermé  dans  Prague.  Il  fal- 
lut évacuer  cette  place,  et  cette  opération 
n'était  pas  facile.  Il  surmonta  tous  les  ob- 
stacles, et  la  retraite  se  fit  à  la  fin  de  1742, 
A  la  troisième  marche ,  il  fut  atteint  par 
le  prince  de  Lobkowilz,  qui  parut  à  la  tête 
d'un  corps  de  cavalerie ,  au-delà  d'une 
plaine  où  l'on  pouvait  donner  bataille.  Le 
jirince  tint  un  conseil  de  guerre ,  dans 
lequel  il  fut  résolu  de  lui  couper  la  re- 
traite ,  et  d'aller  rompre  les  ponts  sur  la 
rivière  d'Egra,  par  où  les  Français  de- 
vaient passer.  Le  maréchal  de  Belle-Ile 
choisit  un  chemin  qui  eût  été  impratica- 
ble en  toute  autre  saison  :  il  fit  passer  son 
armée  sur  les  marais  glacés.  Le  froid  fut 
l'ennemi  le  plus  redoutable  ;  grand  nom- 
bre de  soldats  en  périrent;  un  des  otages, 
que  le  maréchal  de  Belle-Ille  avait  amenés 
de  Prague  avec  lui,  mourut  dans  son  car- 
rosse. Enfin  on  arriva  le  26  décembre  à 
Egra  par  une  route  de  38  lieues.  Cette 
retraite  hardie  ne  laissa  pas  d'être  blâmée 
par  quelques  vieux  militaires  ,  parce  que 
le  maréchal  eut  sans  peine  obtenu  une 
capitulation  honorable,  qui  eût  sauvé  tant 
de  braves  soldats.  C'est  le  parti  que  prit 
M.  de  Chevert,  resté  à  Prague  avec  trois 
mille  hommes  (  voyez  CHEVERT  ).  Ce- 
pendant le  maréchal  de  Belle-Ile  se  ren- 
dit à  Francfort ,  où  l'empereur  Charles 
VII,  qui  lavait  déjà  déclaré  prince   du 


FOU 


197 


FOU 


Saint-Empire ,  le  dccora  du  l'ordre  de  la 
Toison  d'or.  De  retour  rn  France  ,  il  par- 
tagea ses  inoniens  entre  les  affaires  et  les 
soins  qu'il  devait  à  sa  .vintc^.  Il  passa  de 
nouveau  en  Allemagne,  et  il  fut  fait  pri- 
sonnier le  20  décembre  1743,  en  allant 
prendre  des  relais  à  la  poste  d'Elbinge- 
nKle ,  petit  bourg  enclavé  dans  le  terri- 
toire d'Hanovre,  et  conduit  en  Angle- 
terre, où  il  resta  jusqu'au  17  août  de  l'an- 
née suivante.  Revenu  en  France,  il  fut 
tnvoyc  en  Provence  pour  repousser  les 
Autrichiens  qui  l'inondaient.  Il  les  chassa 
I  tu  .1  peu  de  cette  province,  et  leur  lit  re- 
j  ivsi  r  le  Var  en  février  1747.  Aprèsquel- 
(jucs  succès,  le  vainqueur  partit  pour 
concerter  à  Versailles  les  opérations  de  la 
campagne  de  1748.  Le  roi  qui  lavait  fait 
duc  de  Gisors  en  1742,  le  créa  pair  de 
France.  Il  était  sur  le  point  d'exécuter 
un  plan  qui  devait  le  rendre  niaitrc  de 
Turin ,  lorsqu'il  apprit  la  malheureuse 
affaires  d'Exilés,  où  son  frère  fut  tué.  La 
poix  de  1748  ayant  mis  lin  aux  hostilités, 
il  continua  à  jouir  de  la  confiance  de  Louis 
XV,  et  de\  int  ministre  principal  en  1757. 
L'assiduité  au  travail,  les  malheurs  de  la 
France,  les  soins  qu'il  prit  pour  les  répa- 
rer, le  consumèrent  peu  à  peu,  et  il  mou- 
rut le  26  jan\  ier  1761 ,  en  chrétien  et  en 
•âge.  Le  Père  di-  Neuville  prononça  son 
oraison  funèbre  chef-d'œuvre  d'éloquence 
et  de  sentiment ,  qui  sans  flatterie  et  sans 
exagération,  donne  de  cet  homme  illustre 
k  plus  grande  idée;  en  même  temps  que 
l'orateur  s'arrête  sur  des  vérités  sombres 
et  salutaires  forlrmcnt  prononcées.  On  a 
reproché  au  maréchal  de  Belle-Ile  d'avoir 
engagé  le  roi ,  mal{;ré  toutes  les  remon- 
trances du  cardinal  de  Fleury,  à  la  guerre 
de  1741,  qui  ruina  la  France  sans  aucun 
avantage  ,  et  lui  lit  perdre  sa  considéra- 
lion  morale  et  sociale  au  dehors  par  la 
violation  de  la  Pragmatique-Sanction  so- 
lennellement jurée.  Dans  les  fonctions  de 
ton  ministère  on  l'a  blâmé  de  s'attacher 
trop  aux  petits  détails ,  et  d'entrer  dans 
tous  les  projets.  Son  esprit  systématique 
I  engagea  à  recevoir  tous  les  plans  qu'on 
lui  présentait,  et  à  protéger  trop  d'aven- 
turiers; mais  il  relirait  ses  bontés  dès 
qu'il  s'apercevait  qu'on  l'avait  surpris. 
J'ai  fait  des  fautes  .  disait-il  qucKiucfois, 
mais  je  n'ai  jamais  eu  i orgueil  ridicule 
de  ne  pas  en  convenir.  Haut  avec  les 
grands ,  il  portait  dans  les  cours  étran- 
gère toute  la  dignité  qu'exigeait  la  gran- 
deur du  maître  qu'il  représentait  ;  mais 
Jfableet  prévenant  avec  ceux  qtii  élaÏL-nt 


au-dessous  de  lui ,  it  ne  leur  faisait  point 
sentir  le  i>oids  du  son  autorité.  Il  aima  les 
talens  en  homme  éclairé,  mais  non  pas 
en  ministre  qui  ne  protège  les  arts  que 
par  air.  Le  maréchal  de  Belle-Ile  était  na- 
turellement froid;  ses  conversations  n'é- 
taient pas  gaies ,  mais  elles  étaient  ins- 
tructives, et  il  savait  parler  avec  nctteltr 
et  bien  raconter  un  fait.  Né  sobre  ,  il 
n'aima  jamais  ni  le  jeu,  ni  la  table  ;  mais 
on  ne  peut  dissimuler  qu'il  eut  beaucoup 
de  penchant  pour  le  beau  sexe.  Par  son 
testament  il  donna  au  roi  tous  les  biens 
qu'il  avait  reçus  en  échange  de  Belle-Ile, 
à  la  charge  de  payer  ses  dettes  qui  étaient 
considérables.  Le  maréchal  de  Belle-Ile 
avait  été  marié  deux  fois.  Il  eut  de  son 
second  mariage  avec  Marie -Casimire- 
Thérèse-Geneviève-Emmanuelle  de  Bé- 
thune  ,  un  lils  unique,  Louis-Marie  ,  né  Ii; 
27  mars  1752,  appelé  le  comte  de  Gisors  , 
tué  en  1758  à  l'armée  du  Rhin  ,  dans  la 
malheureuse  journée  de  Crevelt.  Le  Tes- 
tament politique  ^  publié  sous  le  nom  du 
maréchal  de  Belle-Ile  ,  est  une  pièce  fa- 
briquée  par  Chévrier  et  Maubert. 

FOICQUET  (HE\ni-ALG€STE,  baron 
la  MOTTE),  fils  de  Charles  de  la  Motte 
Foucquet  ,  gentilhomme  normand,  qui 
s'était  retiré  en  Hollande,  après  la  révo- 
cation de  redit  de  Nantes,  fut  admis  fort 
jeune  en  qualité  de  page  à  la  cour  d'An- 
halt-Dessau;  mais  l'ardeur  qu'il  avait  de 
se  distinguer  dans  le  métier  des  armes, 
lui  fil  quitter  secrètement  la  cour ,  et  il 
s'enrôla  en  qualité  de  simple  soldat  au  ser- 
vice de  Prusse.  Sa  valeur  l'éleva  succes- 
sivement jusqu'au  grade  de  général  d'in- 
fanterie. Il  se  distingua  surtout  pendant 
la  guerre  de  sept  ans.  Schwerin  ayant 
perdu  la  vie  dans  la  sanglante  bataille  de 
Prague,  Foucquet  remplaça  ce  héros:  une 
balle  brisa  dans  sa  main  la  garde  de  son 
épée,  et  le  blessa  grièvement;  mais  il  ne 
perdit  point  contenance  ,  il  se  fil  lier  l'é- 
pée  à  la  main  blessée  ,  et  continua  de 
commander  l'aile  gauche  de  l'armée,  qui, 
soutenue  par  un  renfort  de  cavalerie , 
acheva  la  victoire.  A  la  bataille  de  Land- 
shul ,  le  23  juin  1760 ,  après  7  heures  de 
combat ,  il  fut  battu  par  Landon  ,  et  fait 
prisonnier.  Après  la  paix ,  il  se  rendit  a 
Brandebourg,  où  il  mourut  le  2  mai  1773. 
•  FOIK'.EUET  (  Ax-we-Fra^içoise  DOU- 
TREMONT  ) ,  fondatrice  de  la  Charité 
maternelle,  était  fille  et  petite-fille  de  ju- 
risconsultes célèbres  ;  elle  fut  mariée  fort 
jeune  à  M.  Fongenl  receveur-général  des 
finances.  Douée  d'une  disposition  à  la  bifii 


FOU 


198 


FOU 


faisancc  que  la  religion  augmentait  encore 
chex  elle  ,  l'abandon  des  enfans  avait  tou- 
jours été  pour  sou  cœur  maternel  une  des 
I)lus  honteuses  plaies  de  l'humanilé.  Les 
asiles  ouverts  par  saint  Vincent  de  Paule 
étaient  encombrés,  parce  que  la  misère  y 
précipitait  les  enfans  légitimes  avec  ceux 
qui  n'ont  point  de  famille  à  réclamer;  beau- 
"îoup  d'entre  eux  manquaient  de  nourrices, 
et  tous  les  soins  des  dignes  filles  de  Saint- 
Vincent  ne  pouvaient  empêcher  qu'une 
sorte  de  contagion  n'atteignît  la  plupart 
des  enfans  qui  séjournaient  à  l'hospice. 
Pour  remédier  à  ces  inconvéniens  ,•  ma- 
dame Fougeret  conçut  l'idée  d'une  asso- 
ciation qui  aurait  pour  but  de  secourir  à 
domicile  les  mères  pauvres  ,  afin  qu'elles 
pussent   nourrir    et   élever   elles-mêmes 
leurs  enfans.  Faisant  un  a^pel  aux  mères 
de  famille  ,  elle  eut  bientôt  réuni  un  grand 
nombre  de  dames  les  plus    riches  et  les 
plus  considérées  de  la  capitale.  Le  gou- 
vernement et  la  famille  royale  encouragè- 
rent de  leurs  bienfaits  cette  philanthropi- 
que institution,  et  dès  la  première  année, 
le  nombre  des  enfans  légitimes  portés  à 
riiospice  fut  considérablement  diminué. 
Les  règlemens  qui  dirigent  aujourd'hui 
les  diverses  sociétés  de  charité  maternelle, 
sont  encore  ceux  que   madame   Fouge- 
ret avait  médités  et   établis  en  1788.  Sa 
prévoyance  avait  dès  lors  mis  cette  in- 
stitution à  l'abri  des  difficultés   et   des 
dangers  qui  eussent  résulté  de  la  cessa- 
tion des  secours  ,  à  l'époque  où  la  révolu- 
tion frappa  dans  leur  fortune  ou  dans  leur 
personne  presque  toutes  les  dames  asso- 
ciées à  cette  œuvre.  La  Charité  maternelle, 
dont  le  nom  môme,  si  l'on  considère  l'épo- 
que où  il  fut  choisi,  témoigne  en  faveur  de 
l'esprit  religieux  et  sage  de  sa  fondatrice  , 
fut  protégée  par  tous  les  gouvernemens 
qui  se  sont  succédé ,  survécut  à  la  ré- 
publique, fut  pompeusement  adoptée  par 
l'empire  ,  et  sous  nos  rois  elle  a  retrouvé 
près  du  trône  la  protection  que  lui  avait 
autrefois  accordée  Marie-Antoinette.  Cette 
reine  avait  accepté  le  titre  de  fondatrice 
de  la  Charité  maternelle ,  à  une  époque 
bien  rapprochée  de  celle  de  ses  malheurs. 
.Moïse  sauvé  des  eaux  par  une  princesse^ 
et  rendu  à  sa  mère  pour  quelle  V  allaitât , 
avait  été  le  sujet  ingénieux  du  premier 
timbre  adopté  par  la  société.  Rien  n'avait 
été  négligé  pour  faire  reconnaître  au  peu- 
ple trompé  tout  ce  qu'il  devait  à  la  charité 
de  la  souveraine  contre  laquelle  on  l'ani- 
mait sans   cesse.  Les  soins  que  prenait 
madame  Fougeret  à  cet  égard  lui  procu- 


rèrent plusieurs  fois  l'honneur  d'être  ad- 
mise chez  la  reine;  elle  entendit  ses  plain- 
tes ,  elle  vit  couler  ses  larmes ,  et  baigna 
des  siennes  les  mains  de  celte  princesse 
infortunée ,  sans  avoir  d'autre  secours  à 
lui  offrir  que  son  dévouement  et  ses 
impuissans  efforts.  Traînée  à  son  tour 
dans  les  prisons  avec  ses  enfans,  madame 
Fougeret  eut ,  après  trente  années  de  la 
plus  parfaite  union ,  la  douleur  de  voir 
périr  sur  l'échafaud  un  époux  qui  s'ctat 
associé  à  toutes  ses  bonnes  œuvres.  Uni 
que  soutien  de  sa  famille,  elle  lutta  con- 
stamment pour  elle  contre  la  spoliation  ; 
et  l'énergie  de  ses  plaintes  étonna  quel- 
quefois ceux  qui  en  étaient  les  auteurs. 
Retirée  à  la  campagne  au  milieu  de  sa 
famille  ,  madame  Fougeret  ne  cessa  point 
de  faire  le  bien  et  d'en  donner  l'exemple. 
Elle  mourut  le  15  novembre  1813. 

*  FOUGEROUX  (Auguste- Denis), 
membre  de  l'académie  des  Sciences ,  né  à 
Paris  le  10  octobre  1752,  et  mort  le  28  dé- 
cembre 1789,  était  neveu  du  célèbre  Du- 
hamel, et  n'eut  d'autre  ambition  que  de 
l'imiter.  Comme  lui,  il  parcourut  toutes 
les  sciences  ,  pour  chercher  dans  chacune 
ce  qu'elle  pouvait  offrir  à  l'économie  ru- 
rale et  aux  arts ,  et  ce  qui  pouvait  contri- 
buer à  les  perfectionner.  Il  parcourut 
l'Anjou  et  la  Bretagne  ,  pour  y  examiner 
les  carrières  d'ardoise  et  les  travaux  qui 
s'y  exécutent.  Il  voyagea  ensuite  en  Italie. 
On  lui  doit  :  |  Mémoire  sur  la  formation 
des  os^  1760,  in-8";  |  L'Art  de  tirer  des 
carrières  l'ardoise ,  de  la  fendre  et  de  la 
tailler,  1762,  in-fol.;  |  L' Art  de  travailler 
les  cuirs  dorés,  1762,  in-fol.;  \  L'Art  du 
tonnelier,  in-îol.',  \  Recherches  sur  les  rui- 
nes d' Herculanum .  etc.,  avec  un  traité 
sur  la  fabrication  des  mosaïques ,  1769 , 
in-8°;  |  L'art  du  coutelier.  1772,  5  vol.  in- 
fol.;  I  Observations  faites  sur  les  côtes  de 
Normandie,  avec  M.  Tillet,  1775,  in-Zt"; 
I  beaucoup  de  Mémoires  dans  le  recueil 
de  l'académie  des  sciences. 

POUILLOUX  (Jacques  du),  gentil- 
homme poitevin,  mort  sous  Charles  IX  , 
auquel  il  dédia  son  ouvrage  sur  la  chasse, 
Rouen,  1650  ou  1636,  Paris,  16S3 ,  et 
Poitiers,  1661,  in-4''.  Cet  ouvrage,  remar- 
quable par  sa  naïveté  et  le  ton  de  vérité 
qui  y  règne ,  est  souvent  cité  par  Buffon 
et  Daubenton.  Il  a  été  traduit  en  italien 
par  César  Parona.  A  la  suite  de  la  P'éne- 
rie  ou  la  Chasse,  on  trouve  un  petit 
poème  intitulé  l'Adolescence  de  Jacques 
de  Fouilloux .  et  qui  n'est  remarquable 
que  par  la  belle  simplicité  du  siyle. 


FOU 

FOlTILLOrX  f  Jitu^tr.s),  lucticié  de 
Soi  lumne .  né  &  La  Roch.îllc ,  et  mort  à 
Taris  en  17.V>,  à  66  ans.  se  donna  beau- 
coup de  mouvemens  en  faveur  du  jansé- 
nisuic.  Il  cul  Rrandc  part  à  la  première 
idiliou  de  \'.4ction  de  Dieu  sur  les  créa- 
ttirr<  .  in-i",  ou  6  vol.  in-12  (  voijez 
HO  l'  »  S I E  U)  ;  au  X  Quatre  Gémissemens  sur 
Port-Royal,  in-1'2;  \a^\ix<jratids  Hexaples. 
17 -M.  7  vol.  in-4°:  |à  V Histoire  du  Cas  de 
c^nnicnce  .  170î> .  en  8  vol.  in-12,  et  à 
plusieurs  autres  pro<luclions  polémiques, 
qu  il  est  inutile  de  faire  connaître,  parce 
qu'elles  sont  oubliées  ou  qu'elles  doivent 
IV-lre. 

•  FOllLCOIE ,  en  lalin  Fulcoius .  poète 
fiançais  du  H' siècle,  naquit  à  Beauvais 
vt-rs  l'an  lO'JO.  Il  embrassa  l'état  ecclésias- 
tique, mais  il  ne  reyut  que  le  sous-dia- 
ronat.  Il  n'était  pas  seulement  un  poète 
ili-tiiifTué  pour  le  siècle  où  il  vivait,  mais 
i;  I  lail  encore  habile  grammairien  et  sa- 
vant jurisconsulte  :  cependant  il  ne  dut 
sa  réputation  qu'à  sou  talent  poétique.  Il 
adressait  ses  vers  aux  personnages  les 
plus  remarquables  ;  à  Manassé  ,  archevê- 
que de  Reims,  aux  papes  Alexandre  II , 
Grégoire  VII ,  et  aux  principaux  prélats 
de  la  cour  de  ^omc.  Mais  de  toutes  les 
personnes  qu'il  loua,  Manassé  fut  celui 
qui  se  montra  le  plus  reconnaissant:  Foui- 
roi  e  trouva  toujours  en  lui  un  protec- 
teur. Ce  poète  mourut  à  Mcaux.  en  108!^. 
Ses  poésies ,  conservées  à  la  bibliothèque 
du  roi .  sont  divisées  en  trois  tomes  ,  dont 
le  premier  est  intitulé  :  Utrum;  le  second, 
yrutruin;  et  le  troisième,  Utruinque. 
Lauleur  anonyme  d'une  préface  qu'on 
trouve  dans  l'exemp'.aire  de  la  bibliothè- 
que explique  ainsi  ces  titres  sin<i;uliers  : 
le  premier  est  intitulé  67ru»i,  parce  qu'il 
ne  contient  que  des  pièces  de  peu  d'éten- 
due; le  second,  Neutrum.  parce  que  l'au- 
teur y  a  rassemblé  des  ouvrages  plus  im- 
portans  que  ceux  du  premier  ,  mais  infé- 
rieurs à  ceux  du  troisième.  Ce  sont  des 
vies  des  saints  du  diocèse  de  Mcaux,  mises 
en  vers.  Le  troisième  enlin  est  intitulé 
tJlrunique,  parce  que  Foulcoie  y  traite  de 
l'un  et  l'autre  Testament  dans  un  long 
poème.  On  sent  que  la  versification  de 
Foulcoie,  à  cause  du  temps  où  il  écrivait, 
doit  être  très  négligée.  On  ne  trouve  dans 
»c$  poésies  aucune  trace  du  goût  ni  de 
règle  :  et  s'il  a  été  regardé  de  son  temps 
co.iiine  un  poète  célèl»re,  on  ne  doit  l'al- 
Ifibuer  sans  doute  qu'à  l'ignorance  de 
•on  siècle. 

FOLLLO.\  (  Jsar-Eraud}  ,  jésuite,  né 


199  FOU 

à  Liège  en  1008  dune  famille  noble  .  pr«*- 
cha  avec  applaudissement  p'-ndanl  !50ans. 
et  mourut  recteur  du  collège  de  Tournay 
le  2.')  octobre  l(i(i8.  Il  fut  la  victime  de  sa 
charité  ,  en.scrvanl  les  pestiférés.  L'Ecri- 
ture sainte  ,  la  morale  chrétienne  cl  l'his 
toire  de  son  pays  furent  les  principaux 
objets  de  ses  éludes.  Nous  avons  de  lui  . 
I  Commentahi historici  et  morales  in  libros 
Machahœorwn  .  Liège,  16*>9-1663,  2  vol. 
in-fol.,  estimés:  |  Vera  Ecclesia.  omniu/n 
in  fide  errorum  commune  reinedium . 
Liège  ,  1662  ;  |  //istoria:  Leodiensis  com- 
pendium ,  Liéjc  ,  1655  ,  très  exact  ;  |  Ilis- 
toria  Leodiensis .  Liège,  175,'î,  3  vol.  in- 
fol.  Les  deux  premiers  volumes  sont  du 
Père  Foullon  ;  le  troisième  a  pour  auteurs 
MM.  de  Crassier  et  de  Louvres,  éditeurs  <!»• 
cet  ouvrage.  Le  Père  Foullon  l'a  pous^ 
jusqu'en  1612,  et  les  continuateurs  jus 
qu'au  prince  de  Berghcs.  C'est  la  meil- 
leure Ilisloire  que  nous  ayons  de  la  prin- 
cipauté de  Liège. 

FOULON  ou  GNAPHÉE(PiER«Ele), 
né  à  Cormette  ,  chassé  de  sou  monaslèn; 
pour  son  penchant  à  l'eutychianisme,  ga- 
gna les  bonnes  grâces  de  Zenon  ,  gendre 
de  l'empereur  Léon,  et  obtint  par  son  cré- 
dit le  siège  d'Antioche.  Il  répandit  toutes 
sortes  d'erreurs,  se  maintint  sur  son  siège 
malgré  plusieurs  sentences  de  déposition, 
et  mourut  en  /t88. 

FOtILOM  (  Gliixaume  ) ,  Gnaphœus 
(  c'est  son  nom  en  grec  ) ,  poète  latin  ,  né 
à  la  Haye,  mourut  en  1568,  à  Norden  en 
Frise,  âgé  de  75  ans.  Il  fit  d'assez  plates 
comédies;  mais  comme  elles  ne  sont  pas 
commîmes,  quelques  curieux  les  recher- 
chent. On  a  de  lui  :  \VitaJoannis  Historil 
a  Woerden  .  Leyde  ,  1649 ,  in -8°  ;  |  /////w- 
crisis ,  tragi-comédie,  1544,  in-8°,  |  Miso- 
barbants,  comédie.  |  Àcolastus  de  Filin 
Prodigo ,  comédie,  1554,  in-S",  etc.  Il 
était  proteslant. 

•  FOl'LON  (N.).  ime  des  premières  vic- 
times de  la  révolution  française  né  vers 
1750  ,  suivit  la  carrière  de  l'administra- 
tion, et  fut,  sous  le  ministère  de  M.  d 
Choiscul ,  commissaire  des  guerres,  ir 
tendant  des  armées  en  1756  ,  et  enfin  con- 
seiller d'étal.  Lors  de  la  relraiu*  de  Nec- 
ker,  le  12  juillet  1789,  le  roi  le  nomnia 
conlnMeur  des  finances;  mais  les  événe- 
inens  du  14  l'empêchèrent  de   prcndrr 
possession  de  cette  place   Parmi  les  pr.> 
jets  qui  furent  alors  inventés  pour  renu 
dier  au  déficit  qui  pesait  sur  la  France  , 
Foulon  osa   en  proposer  un    fort  singu- 
lier.  Il    dirait  que  la  bonqueruuto  était 


FOU 


200 


FOU 


le  seul  moyen  de  rétablir  le  crédit  public. 
Cette  opinion  irrita  contre  lui  tous  les 
créanciers  de  l'état  et  ceux  qui  en  dépen- 
daient. Par  surcroit  de  malheur  le  blé 
devint  d'une  cherté  extrême  ,  et  on  ré- 
pandit le  bruit  parmi  le  peuple  que  Fou- 
lon avait  dit  à  quelqu'un  qui  lui  parlait 
de  la  misère  de  ce  même  peuple  ,  et  des 
excès  auxquels  il  se  livrait  :  Eh  bien!  si 
cette  canaille  n'a  pas  de  pain ,  elle  man- 
çera  du  foin.  Ne  pouvant  ignorer  les 
dispositions  de  Paris  à  son  égard ,  il 
alla  se  cacher  le  14  juillet  1789,  au  châ- 
teau de  Viry,  à  quelques  lieues  de  la 
capitale ,  et  se  fit  passer  pour  mort.  On 
découvrit  bientôt  celte  ruse  ,  et  des  pay- 
sans vinrent  le  chercher  dans  sa  retraite, 
où  ils  le  trouvèrent  déguisé.  S'étant  saisis 
de  lui ,  ils  lui  attachèrent  une  poignée 
d'orties  à  la  boutonnière ,  et  lui  mirent 
derrière  le  dos  une  botte  de  foin  avec  un 
écriteau  où  était  rappelé  le  propos  qu'on 
lui  attribuait.  Il  fut  livré  dans  cet  état 
aux  émissaires  de  Paris  ,  qui  exercèrent 
sur  Foulon  toutes  sortes  de  violences ,  et 
le  conduisirent  à  l'hôtel  de  ville.  Là ,  au 
milieu  des  huées ,  mille  accusations  s'é- 
levèrent contre  lui.  Pour  empêcher  un 
assassinat ,  M.  de  la  Fayette  proposa  de 
le  conduire  en  prison  et  de  lui  faii'e  son 
procès  ,  ainsi  qu'à  ses  complices.  Tout  le 
monde  applaudit  :  et  Foulon  se  croyant 
sauvé  ,  eut  l'imprudence  d'applaudir  lui- 
même  ;  le  peuple  qui  entourait  la  place 
de  Grève  et  la  salle  de  l'hôtel  de  ville ,  se 
croyant  trompé ,  poussa  des  cris  affreux. 
A  peine  Foulon  parut  sur  les  escaliers , 
que  plusieurs  voix  s'écrient  :  «  Qu'on 
»  nous  le  livre ,  qu'on  nous  le  livre ,  et 
»  nt)U3  en  ferons  justice.  »  On  l'arrache  à 
ses  gardes  ,  on  le  traîne  par  terre  ,  et  on 
le  pend  à  une  lanterne ,  où  il  expire. 
C'était  le  22  juillet  1789  ;  le  malheureux 
vieillard  avait  alors  soixante-douze  ans. 
Après  cette  cruelle  exécution ,  on  lui 
coupe  la  tête  ,  on  lui  met  un  bâillon  et 
ime  poignée  de  foin  dans  la  bouche  ;  et 
on  porte  cette  tête  inanimée  au  Palais- 
Royal,  en  même  temps  que  d'autres 
bourreaux  traînent  le  cadavre  dans  la 
fange.  M.  Berthier  ,  gendre  de  Foulon , 
avait  été  arrêté  à  Compiègne  le  même 
jour.  On  l'amenait  à  Paris ,  et  il  était 
arrive  à  la  rue  Saint-Denis.  Pour  mieux 
l'exposer  aux  insultes  de  la  populace,  on 
avait  abaissé  les  stores  de  sa  voiture.  Il 
rencontre  le  fatal  cortège  ;  et  depuis  ce 
moment  jusqu'à  ce  qu'il  fût  descendu  sur 
la  place ,  on  ue  cessa  de  lui  présenter  la 


tête  défigurée  de  son  malheureux  |>eaQ-' 
père.  Peu  de  temps  après  il  eut  à  subir 
un  sort  non  moins  cruel.  (  yoyez  BER- 
THIER, ) 

'  FOULON  (Nicolas),  bénédictin  de 
la  congrégation  de  Saint-Maur ,  né  à  Mar- 
cilly-sur-Saône  le  U  mars  1742 ,  était  pa- 
rent de  don  Clément ,  savant  bénédictin 
de  la  maison  des  Blancs-Manteaux  de  Pa- 
ris, où  le  jansénisme  commençait  à  do- 
miner. Il  en  adopta  non-seulement  les 
opinions  ,  mais  donna  encore  dans  les  fo- 
lies des  convulsions.  Son  goût  pour  la  li- 
turgie le  fit  choisir  pour  un  des  rédac- 
teurs du  nouveau  Bréviaire  de  la  con- 
grégation de  Saint-Maur  fixée  au  monas- 
tère des  Blancs-Manteaux,  et  c'est  là  qu'il 
en  prépara  Tédilion  publiée  en  1787,  en 
h  vol.,  où  l'on  ne  trouve  aucun  des  saints 
jésuites ,  et  où  l'on  fait  un  grand  éloge  de 
Rondet.  Il  renferme  aussi  un  tableau  de 
la  religion  où  l'on  reconnaît  les  idées  et 
le  langage  des  jansénistes.  La  manie  des 
innovations  a  porté  les  auteurs  jusqu'à 
composer  de  nouvelles  litanies  de  Notre- 
Seigneur  et  de  la  Ste.  Vierge  ;  aussi  ce 
Bréviaire  n'est  accompagné  d'aucxme  ap- 
probation du  général  des  bénédictins ,  et 
il  ne  fut  pas  adopté.  Peu  de  temps  après , 
dom  Foulon  qui  s'était  élevé  avec  force 
contre  les  prêtres  qui  ne  remplissaient 
pas  les  devoirs  de  leur  état ,  changea  tout 
à  coup  de  conduite  :  après  s'être  montré 
si  sévère  dans  ses  principes  ,  il  sortait 
continuellement  et  ne  conservait  presque 
plus  rien  des  habitudes  d'un  religieux. 
Ses  supérieurs  lui  ayant  fait  des  repré- 
sentations inutiles  ,  se  disposaient  à  l'en- 
voyer dans  une  autre  maison  ,  lorsqu'il 
s'évada  et  se  retira  à  Montmorency  chez 
le  P  Cotte  de  l'Oratoire ,  curé  intrus  de 
ce  lieu  ,  avec  lequel  il  était  lié.  Peu  après, 
il  contracta  des  liaisons  étroites  avec  la 
demoiselle  Marotte  du  Coudray,  fille  d'un 
ancien  conseiller  du  Chàtelet ,  élevée  dans 
les  principes  rigides  du  jansénisme,  et 
qui  n'avait  pas  voulu  se  marier  :  elle 
épousa  cependant  D.  Foulon,  et  sa  sœur 
le  P.  Cotte.  On  ignore  ce  que  devint  Fou- 
lon pendant  la  terreur,  mais  il  parait 
qu'il  vécut  dans  une  position  très  gênée  ; 
plus  tard  il  obtint  une  place  d'huissier 
au  conseil  des  Cinq-cents,  puis  au  tribu- 
nat  et  enfin  au  sénat  ;  il  la  conserva  jus- 
qu'au 15  juillet  1813,  époque  de  sa  mort. 
On  a  de  lui  :  I  Prières  particulières  en 
forme  d'office  ecclésiastique  pour  deman- 
der à  Dieu  la  conversion  des  Juifs  j  et  le 
renouvellement  de  l'église  en   France. 


FOU 


SOI 


FOU 


1778  .  in-lS  ;  |  Histoirr  élémentaire  .  phi- 
loiophique  et  politique  de  l'ancienne 
Grèce,  depuis  rétahlusement  des  colo- 
tue s  jusqu'à  la  réduction  de  la  Grèce  en 
provinces  romaines.  1801,  2  vol.  inS". 

Cet  on- -il  a  ^crit  par  demandes 

et  par  nr  le  inctlrc  plus  à  por- 

tre   di  -"i"  ,  est  froid  et  sec;  et 

quoiquilail  dû  couler  beaucoup  de  re- 
cherches k  l'auteur,  il  na  pas  eu  de  suc- 
cès. Foulon  y  parle  avec  respect  des  li- 
vre» saints ,  et  quelquefois  il  fait  de  sayos 
réflexions  ;  mais  il  affecte  de  ne  pas  nom- 
mer la  révélation  chrétienne  ,  et  se  perd 
dans  une  métaphysique  abstraite  qui  n'a 
rien  d'élémentaire  ,  et  n'offre  rien  aux 
jeunes  gens  de  positif  et  de  précis.  Il  avait 
annoncé  des  Histoires  romaines  et  de 
France  sur  le  même  plan  ;  celte  première 
histoire  ne  fait  pas  regretter  qu'il  ne  les 
ait  pas  publiées.  M.  Grégoire  a  dit  qu'il  a 
laissé  en  manuscrit  un  Traité  fort  étendu 
en  faveur  du  mariage  des  prêtres. 

FOULQUES  l"  ,  comte  d'Anjou  ,  dit  le 
Roux .  mort  en  938  ,  réunit  et  gouverna 
avec  prudence  toutes  les  terres  de  son 
comté. 

FOULQUES  II ,  dit  le  Bon,  fils  du  pré- 
cédent ,  mort  à  Tours  en  958 ,  fit  défri- 
cher et  cultiver  avec  soin  les  terres  du 
comté  d'Anjou.  Il  s'appliqua  à  faire  fleurir 
la  piété  et  les  sciences  dans  ses  états.  On 
dit  que  le  roi  Louis  d'Outre-mer  s'étant 
moqué  de  ce  que  Foulques  le  Bon  s'appli- 
quait à  l'étude  et  allait  souvent  chanter 
au  choeur  ,  Foulques  lui  écrivit  ces  mots  : 
Sachez  ,  Sire  ,  qu'un  prince  sans  lettres 
est  un  âne  couronné.  Foulques  composa 
des  Hymnes  en  l'honneur  de  saint  Martin. 

FOI  LQl'KS  III,  comte  d'Anjou,  dit 
Kerra  ou  le  Jérosolymitain .  à  cause  de 
deux  voyages  qu'il  fil  à  la  Terre-Sainte  , 
succéda ,  l'an  987  ,  à  Geoffroi  son  père. 
Ce  prince  belliqueux ,  prudent  et  rusé  , 
remporta  divers  avantages  sur  ses  voisins, 
et  mourut  à  Metz  le  25  juin  1040. 

FOULQUES  IV ,  dit  le  Rechin  .  fils  du 
seigneur  de  Chàteaulandon ,  et  d'une  fille 
de  Foulques  III  (aclirle  précédent),  suc- 
céda l'an  1060  à  son  oncle  maternel  Geof- 
froi Martel.  Il  s'empara  du  Gàtinois  et 
de  la  Tourraine,  qui  étaient  le  partage 
de  son  frère  aine  ,  cl  s'abandonna  au  vin 
et  aux  femmes.  II  en  épousa  trois  consé- 
cutivement ,  en  les  répudian»  l'une  après 
l'autre.  Mais  enfin  la  dernière,  Bertrade 
de  Montfort,  le  quitta  pour  Philippe  I", 
roi  de  France.  Ses  discussions  violentes 
^▼01-  Ilooul  arclievèque  de  Tours  le  tirent 


cxcommunit-r;  mais  plus  lard  il  rentra 
en  grâce  avec  l'Kglise.  11  mourut  en  1109. 
Il  avait  composé  une  Histoire  des  comte» 
djnjou .  d'xil  il  se  trouve  dans  le  Spi- 
cilége  de  d'Achcry  un  fragment .  que 
l'abbé  de  Marolles  a  traduit  dans  son  His- 
toire d' Anjou ,  1681  ,  in-i". 

FOULQUES,  archevêque  de  Reims, 
succéda  à  Ilincmar  en  883 ,  tint  un  con- 
cile en  892,  où  il  fit  reconnaître  roi 
Charles  le  Simple  ,  âgé  de  quatorze  ans. 
On  y  menaça  d'excommunication  Bau- 
douin, comlc  de  Flandre  ,  pour  les  usur- 
pations des  biens  d'église ,  et  pour  avoir 
maltraité  des  ministres  de  l'autel.  Le  roi 
Charles  ayant  voulu  dans  la  suite  faire 
alliance  avec  les  Normands  encore  ido- 
lâtres ,  Foulques  lui  fit  des  remontran- 
ces ,  qui  paraissent  n'être  pais  assez  mo- 
dérées. Quelques  critiques  l'excusent ,  en 
disant  qu'il  avait  sauvé  son  prince  encore 
enfant  des  mains  de  ses  ennemis;  qu'il 
l'avait  élevé  et  lui  avait  conservé  la  cou- 
ronne, et  que  quoique  ces  services  ne  If 
dispensassent  ni  de  la  fidélité ,  ni  du  res- 
pect qu'il  lui  devait,  ils  pouvaient  ce- 
pendant faire  tolérer  de  sa  part  certaines 
expressions  trop  libres ,  dictées  par  le 
zèle.  Il  fut  assassuié  par  des  vassaux  de 
Baudouin  en  900.  Ce  prélat  était  recom- 
mandable  par  ses  connaissances  et  par 
ses  vertus. 

•  FOULQUES  ,  abbé  de  Corbie  ,  dit 
le  Grand,  à  cause  du  zèle  qu'il  nrit  à  dé- 
fendre les  immunités  et  privilèges  de  son 
monastère ,  contre  les  prétentions  de 
Foulques  évêque  d'Amiens,  et  de  Gui. 
successeur  de  Foulques  ,  assista,  en  1049, 
au  concile  tenu  à  Reims  par  Léon  I.\ . 
accompagna  ce  pape  à  son  départ  de 
France  pour  l'Italie,  et  mourut  en  109.^. 
On  a  de  lui  un  Mémoire  sur  l'histoire  de 
son  monastère  ,  publié  en  partie  par  Ma- 
billon  dans  les  Annales  de  l'ordre  de 
Saint-Benoit. 

*  FOULQUES  de  BÉNÉVENT,  notaire 
et  secrétaire  du  sacré  palais  sous  le  pon- 
tifical d'Innocent  II,  au  12*  siècle,  esl 
auteur  d'une  Chronique  des  principaux 
événemens  de  son  temps  ,  depuis  l'an 
1102  jusqu'à  l'an  1141  ,  publiée  à  Naples  . 
1626  .  par  Antoine  Caracrioli .  théatin  .  et 
insérée  dans  la  Collection  des  anciennes 
histoires  de  la  Sicile  .  Francfort ,  1579. 

FOULQUES.  FOUQUES,  ou  FOUL- 
QUET ,    évêque   de  Toulouse  .  natif  de 

Marseille,  s'acquit  une  -•- •••  ...^"i  >•■.?», 

et  se  fit  aimer  des  priii  > 

ingénieuses  en  langue  ;  '    ,  '• 


FOU 


902 


FOU 


rut  avec  éclat  au  4^  concile  de  Latran  er. 
1215  ,  et  s'y  intéressa  pour  saint  Domini- 
que ,  son  intime  ami.  Il  mourut  en  1251. 
FOUIVTAIIVE  (sir  A^dueiv  ),  savant 
antiquaire,  dont  nous  avons  un  Traité 
curieux  sttr  les  médailles  de  Saxe.  On 
l'a  placé  dans  le  Trésor  des  antiquités  du 
Nord  >  imprimé  en  latin  à  Londres  en  5 
vol.  in-fol.  Il  mourut  le  k  septembre  1755, 
après  avoir  été  vice-chambellan  de  la 
reine  d'Angleterre,  gouverneur  du  prince 
Guillaume ,  chevalier  du  bain  et  conser- 
vateur de  la  monnaie. 

•  FOUQUART  (  Gabrielle  ),  née  à 
Abbeville  en  1568  ,  est  la  fondatrice  en 
France  des  religieuses  de  Saint-François- 
de-Paule.  Elle  avait  eu  depuis  sa  plus 
tendre  jeunesse  un  goût  décidé  pour  la 
vie  religieuse  ;  mais  son  père  étant  mort, 
elle  S€  trouva  sous  la  dépendance  d'un 
oncle  qui  la  força  de  se  marier  à  l'âge 
de  26  ans.  Restée  veuve  après  deux  ans 
de  mariage  ,  et  maîtresse  de  son  sort,  elle 
revint  à  son  premier  dessein.  Après  avoir 
donné  quelques  années  à  la  réflexion  , 
elle  prit  l'habit  de  Saint-François-de-Paule 
et  prononça  ses  vœux  à  l'âge  de  55  ans. 
Ayant  alors  réuni  quelques  dames  sécu- 
lières ,  qui  voulaient  suivre  son  exemple  , 
elle  fonda  à  Abbeville  un  monastère,  sous 
le  titre  de  Jesus-Maria .  et  ce  fut  la  pre- 
mière maison  de  cet  ordre  en  France. 
Le  pape  Grégoire  XV  autorisa  cette  fon- 
dation par  une  bulle  du  10  juin  1625,  et 
la  mère  Fouquart  en  fut  la  première  su- 
périeure ou  correctrice.  Cette  vertueuse 
fondatrice  mourut  en  1659. 

•  FOUQUEREÏ,  ou  FOQUERÉ  (don 
Antoixe-Michei,  ) ,  né  en  1640  à  Château- 
roux  en  Berry,  embrassa  l'ordre  de  Saint- 
Benoît  à  l'âge  de  17  ans  ,  et  prononça  ses 
vœux  le  5  octobre  1658 ,  dans  l'abbaye  de 
Saint-Augustin  de  Limoges.  Après  avoir 
enseigné  la  rhétorique  et  le  grec  dans  le 
monastère  de  Mauriac  en  Auvergne  ,  il 
fut  employé  en  qualité  de  supérieur  dans 
différentes  maisons  de  son  ordre ,  et  s'ac- 
quitta de  ses  fonctions  avec  autant  de  zèle 
que  de  sagesse.  Ayant  obtenu  sa  retraite 
en  1695  ,  il  choisit  pour  demeure  l'abbaye 
de  Saint-Faron  dans  la  ville  de  Meaux , 
et  y  mourut  le  5  novembre  1709  ,  âgé  de 
69  an«.  Il  était  de  la  congrégation  de  Saint- 
Maur.  On  connaît  de  lui  :  |  Synodus  beth- 
leemetica  pro  reali  prœsentia  anno  1672 
celebrata .  grœce  et  latine  ^  Paris ,  1676 , 
in-8°.  Cette  traduction  n'ayant  pas  paru 
assez  exacte,  Fouqueret  en  donna  une  se- 
conde édition,  et  fit  disparaître  ce  qu'il 


y  avait  de  défectueux  dans  la  première. 
Il  se  servit  pour  ce  travail  des  lumières 
du  docteur  Arnault  et  du  Père  Combefis. 
Cette  secoràde  édition  parut  sous  le  litre 
de  Synodus  hierosolymitana.  A  la  fin  de 
cet  ouvrage,  Fouqueret  a  fait  imprimer 
en  grec  et  en  latin,  un  écrit  intitulé  Dio- 
nysii  patriarchcB  constantinopolitani  su- 
per calvinistarum  erroribus,  ac  reali  im~ 
primis  prœsentia^  responsio,  ayino  1672 
édita.  Ces  actes,  dont  l'authenticité  est 
attestée  par  M.  de  Nointel ,  ambassadeur 
de  France  à  la  Porte  ottomane  ,  sont  très 
importans  ,  en  ce  qu'ils  prouvent  la  con- 
formité de  la  croyance  de  l'église  grec- 
que avec  celle  de  l'église  romaine  sur  le 
dogme  de  la  présence  réelle  ;  |  Celebris 
historia  monothelitarum,  Paris ,  1678  , 
ia-8".  Cet  ouvrage  ,  dédié  à  l'évêque  de 
Lavano  ,  et  qui  passe  pour  savant  et  pro- 
fond ,  parut  sous  le  nom  emprunté  de 
Jean-Baptiste  Tagnamini. 

*  FOlJQUET(  Jeax-François),  jésuite 
français  et  missionnaire  à  la  Chine  ,  ar- 
riva dans  ce  pays  le  25  juillet  1699  ,  et  y 
demeura  jusqu'en  1720.  Les  succès  qu'il 
obtint  dans  sa  mission  ,  lui  valurent  à  son 
retour  le  titre  d'évéque  d'Eleuthéropolis. 
Pendant  son  séjour  en  Chine,  il  étudia 
long-temps  le  Chou-king,  et  il  fut,  de  tous 
ses  confrères ,  celui  qui  se  laissa  le  plus 
éblouir  par  l'idée  de  retrouver  les  mys- 
tères du  christianisme  renfermés  dans 
les  caractères  symboliques  des  Chinois. 
Il  prétend  que  leurs  livres  sacrés  offrent 
une  perpétuelle  allégorie  avec  les  objets 
de  notre  foi.  Malgré  cet  esprit  systémati- 
que ,  on  ne  peut  lui  refuser  beaucoup  de 
mérite  et  de  savoir.  On  lui  doit  Tabula 
chronologica  historiœ  sinicœ.  C'est  un  ta- 
bleau en  trois  feuilles  où  sont  placés,  sui- 
vant l'ordre  chronologique  ,  les  noms  des 
princes  chinois  et  les  événemens  les  plus 
remarquables  de  leur  règne.  Ce  tableau 
a  été  réimprimé  à  Augsbourg,  en  1746, 
en  deux  feuilles  in-fol.  Ce  qui  en  tait  le 
principal  mérite,  c'est  l'explication  des 
nianhao  ^  ou  noms  d'années ,  si  néces- 
saires pour  la  lecture  des  historiens  chi- 
nois. On  a  encore  de  Fouquet  une  lettre 
au  duc  de  La  Force ,  insérée  dans  les  let- 
tres édifiantes  ,  où  il  rend  compte  des  dif- 
ficultés que  les  jésuites  éprouvèrent  quand 
ils  voulurent  s'établir  dans  la  province  de 
Kiamsi,  et  de  la  manière  dont  les  Chi- 
nois forment  leurs  guerriers.  Il  s'étend 
particulièrement  sur  les  Bonzes ,  princi- 
paux adversaires  des  missionnaires.  On  a 
aussi  de  lui  une  lettre  au  duc  de  la  Force, 


FOU 


805 


FOU 


datée  Je   yant-clianiffou,  dans  la   pm- 

vincc  de  KLiinsi  le   26  novembre  1702  ; 

.11..  ...  (rouvc  dans  le  Recueil  des  lettres 

■  tr$.  toinc  :>  de  la  1'*  édilion  ,  page 

!.)me  17  de  l'édition  de  1781.  page  95. 

•  lODQl'ET  (lIcxRi),  célèbre  profes- 
seur de  médecine  .  né  en  1727  à  Montpel- 
lier .  fut  lo  premier  qui  enseigna  dans 
I  tte  ville  la  médecine  clinique  :  il  eut 
lussi  la  gloire  de  perfectionner  un  mode 
'.enseignement  déjà  adopté  dans  les  plus 
rrlèbres  universités  étrangères.  Il  est  mort 
le  10  octobre  1806.  On  lui  doit  plusieurs 
I  dissertations    savantes  ;    la   plus   remar- 

quable est  une  Dissertation  sur  le  tissu 
[  tnuqueux.  On  a  encore  de  lui  un  Essai 
sur  le  poul9  considéré  par  rapport  aux 
affections  des  principaux  organes ,  1767  , 
in-8**  ;  un  Discours  sur  la  clinique  .  1803, 
in-A°,  et  plusieurs  articles  iinportans  dans 
l'Encyclopédie. 

FOl'Ql'ET.  Voyez  FOUCQUET. 

FOrQT  1ER -TAIN  VILLE.  Voyez 
TAINVILLE. 

FOrOriÈRES  (Jacques),  peintre, 
né  à  Anvers  vers  l'an  1580 ,  élève  de  Breu- 
ghel  le  paysagiste ,  et  de  Rubens ,  qui 
l'employait  quelquefois  à  ses  tableaux  , 
travailla  au  I^ouvre  sous  Louis  XIII.  Ce 
monarque  l'anoblit.  Les  airs  de  qualité 
qu'il  prit  depuis  le  firent  appeler  par  dé- 
rision le  baron  de  Fouquières.  Il  ne  pei- 
gnit presque  plus ,  crainte  de  déroger  à 
58  noblesse  ;  et  dès  qu  'il  prenait  le  pin- 
ceau, il  ne  manquait  pas  de  ceindre  son 
épée.  Il  mourut  pauvre  en  1621.  Ce  pein- 
tre a  également  réussi  dans  les  grands 
morceaux  et  dans  les  petits.  Il  était  excel- 
lent paysagiste.  Son  coloris  est  d'une  frai- 
cheor  admirable. 

FOUR  (don  Thomas  du)  ,  bénédictin 
de  Saint-Maur  ,  a  laissé  une  Grammaire 
hébraïque /in-S" ,  fort  méthodique,  Paris, 
1644.  Il  mourut  à  Jumiége  en  1647 ,  par- 
venu à  peine  à  sa  5Zi'  anuée.  Sa  science 
el  sa  piété  étaient  dans  un  degré  égsd. 
Nous  avons  encore  de  lui  un  Testanuint 
spirituel  pour  servir  de  préparation  à  la 
tnort,  in-13;  et  quelques  autres  ouvrages 
de  piété. 

POUR  (PintippE-SYLVESTRE  du  ) .  ha- 
bile antiquaire,  et  marchand  droguiste 
à  Lyon  .  était  de  Manosque.  11  cnintenail 
commerce  de  lettres  avec  tous  les  savans 
antiquaires  de  son  temps  et  principale- 
iiiciil  avfr  Jacques  Spon  ,  qui  lui  couunu- 
niquait  ses  lumières,  et  auquel  il  ouvrait 
généreusement  .v  bours«-.  Du  Four  était 
riche  ,  et  il  faisait  surtout  do  grandes  li« 


béralités  à  ceux  de  sa  secte.  Après  \à 
révocation  de  l'édil  de  Nantes,  il  se  relira 
dans  les  pays  étrangers.  Il  mourut  à  Vc- 
vey  en  Suisse  ,  en  168.) ,  à  6.")  ans.  On  a 
de  lui  :  |  Instruction  morale  d'un  père  à 
sonfds  qui  part  pour  un  long  voyage,  in-12; 

I  Traités  nouveaux  et  curieux  du  Cafc  . 
du  Thé  et  du  Chocolat,  iu-12.  Il  approuve 
l'usage  de  <;es  boissons ,  mais  avec  quel- 
ques restrictions.  Son  style  est  assez  mau- 
vais ,  et  ses  raisonnemeas  ne  sont  pas 
toujours  concluans. 

FOU  R  (  Charles  du  ) ,  curé  de  Saint- 
Maclou  à  Rouen,  et  ensuite  abbé  d'Aiil- 
nay,  mort  en  1679,  s'est  fait  connaître 
par  ses  disputes  avec  le  Père  Brisacier , 
et  par  son  7.èle  contre  la  morale  relâchée. 

II  est  auteur  de  divers  écrits  ecclésias- 
tiques ou  polémiques.  On  ne  les  lit  plus. 

•  FOURCROY  (AxToixE-FRAKçoisde  , 
conseiller-d'état,  commandant  de  la  lé- 
gion-d'honneur, directeur  général  de  l'in- 
struction publique  ,  membre  de  l'institut, 
et  de  la  plupart  des  sociétés  savantes  de 
l'Europe,  professeur  de  chimie  au  Muséum 
d'histoire  naturelle,  à  l'école  de  médecine, 
à  l'école  polytechnique ,  etc..  etc. ,  naquit 
à  Paris  le  15  juin  1755,  d'un  père  issu 
d'une  famille  noble  mais  pauvre  ,  et  qui, 
après  avoir  été  pharmacien  de  la  maison 
du  duc  d'Orléans,  perdit  le  droit  d'exercer 
sa  profession  dans  la  capitale,  par  suite 
de  la  suppression  générale  de  ces  sortes 
de  charges  demandée  par  la  corporation 
des  apothicaires.  Ce  malheur  mit  dans 
une  gêne  très  grande  toute  la  famille 
de  Fourcroy  qui  continua  néanmoins  ses 
études.  Il  entra  dans  un  bureau ,  et  peut- 
être  y  aurait-il  végété  d'une  manière  obs- 
cure pendant  toute  sa  vie  ,  si  les  conseils 
et  les  secours  de  Vicq-d'Azir,  l'ami  do 
sa  famille,  ue  l'eusseul  déterminé  à  em- 
brasser une  autre  carrière.  Fourcroy  sui- 
vit l'école  de  médecine,  et  son  bienfaiteur 
dirigea  ses  premiers  pas  dans  cette  nou- 
velle route  :  peu  s'en  fallut  qu'il  ne  fût 
arrêté  par  le  besoin  d'argent.  Le  docteur 
Diesl  avait  légué  à  la  faculté  de  méde- 
cine des  fonds  pour  qu'elle  accordât  tous 
les  deux  ans  des  licences  gratuites  à  l'é- 
tudiant pauvre  qui  en  serait  le  plus 
digne.  Fourcroy  concourut  en  1780  ;  mal- 
heureusement une  injustice  fruit  de  la  di 
vision  qui  existait  entre  l'ancienne  faculté 
el  la  société  royale  de  médecine,  lui  enleva 
cette  ressource.  Mais  il  fut  enûn  reçu. 
Fourcroy  n'était  pas  seulement  médecin, 
c'était  aussi  un  grand  chimiste.  Elève  de 
Burquot ,  il  fut  citarijé  plusieurs  fois  d:: 


FOU 


204 


FOU 


remplacer  ce  professeur  qui  lui  procura 
morne  un  amphitéâtre  pour  faire  des 
cours  particuliers.  Le  timbre  agréable  de 
sa  voix,  la  pureté  et  l'élégance  de  son 
langage ,  la  facilité ,  la  clarté  et  la  chaleur 
de  son  éloculion,  charmaient  son  nom- 
breux auditoire,  et  souvent  on  voyait 
une  foule  de  personnes  étrangères  aux 
connaissances  chimiques  assister  à  ses 
leçons  uniquement  pour  jouir  du  plaisir 
de  l'entendre.  En  1784,  après  la  mort  de 
Macquer ,  Buffon  le  nomma  à  la  chaire 
de  chimie  du  jardin  du  roi,  et  cet  habile 
professeur  enseigna  cette  science  avec  la 
plus  grande  distinction  pendant  25  ans. 
Admis  en  4785  à  l'académie  des  sciences 
(  section  d'analomie  ) ,  il  passa  bientôt  à 
la  section  de  chimie  où  sa  place  était 
mieux  marquée.  Il  fut  aussi  de  la  société 
de  Lavoisier,  et  travailla  avec  lui  aux 
grandes  expériences  qui  lui  valurent  une 
si  brillante  renommée.  Jusqu'à  l'époque 
où  éclata  la  révolution,  Fourcroy  vécut 
tranquille  et  loin  des  affaires  Alors  mé- 
content de  la  cour  dont  il  croyait  avoir 
été  négligé ,  il  se  montra  dans  les  assem- 
blées populaires,  et  fut  nommé  en  1792 
député  de  Paris  à  la  Convention  natio- 
nale ,  où  il  ne  siéga  toutefois  qu'après  le 
21  janvier.  Tant  que  dura  la  dictature 
de  Robespierre ,  il  fut  membre  du  comité 
d'instruction  publique.  Il  proposa  de  rap- 
peler plusieurs  savans  qui  étaient  expa- 
triés ou  qui  gémissaient  dans  les  fers; 
dans  la  liste  qu'il  présenta  on  ne  vit  point 
le  nom  du  célèbre  Lavoisier ,  et  lorsque 
ce  savant  fut  condamné  à  périr  sur  un 
échafaud,  on  lui  reprocha  de  n'avoir 
pas  tenté  de  le  sauver,  peut-être  à  cause 
de  la  jalousie  que  lui  inspirait  son  beau 
talent.  Fourcroy  fut  douloureusement 
affecté  de  ce  reproche  qui  lui  fut  répété 
dans  plus  d'une  occasion  avec  amertume. 
Nous  sommes  heureux  d'ajouter  que  cette 
accusation  paraît  sans  fondement.  «  Si 
»  dans  les  sévères  recherches  que  nous 
»  avons  faites,  disait  M.  Cuvier,  dans 
»  un  Eloge  historique  lu  à  l'institut, 
»  nous  avions  trouvé  la  moindre  preuve 
»  d'une  si  horrible  atrocité  ,  aucune  puis- 
»  sance  humaine  ne  nous  aurait  contraint 
»  de  souiller  notre  bouche  de  son  éloge.» 
Au  9  thermidor ,  Fourcroy  entra  au  co- 
mité de  salut  public.  Après  la  dissolution 
cte  la  Convention ,  il  entra  dans  le  conseil 
des  Anciens,  et,  à  la  suite  du  18  brumaire, 
il  fit  partie  du  conseil  d'état.  Chargé  en 
1801  de  la  direction  générale  de  l'instruc- 
tion  publique ,   Fourcroy   substitua  au 


plan  d'instruction  organisé  en  l'an  3 ,  !e 
système  qui  a  présidé  à  l'établissement  de 
l'université.  Il  rédigea  tous  les  règlemens 
et  tous  les  projets  relatifs  à  l'enseigne- 
ment ,  établit  les  écoles  de  médecine  de 
Paris,  de  Montpellier  et  de  Strasbourg, 
créa  12  écoles  de  dr,fnt,  plus  de  trente 
lycées,  aujourd'hui  collèges  royaux,  et 
plus  de  300  collèges  communaux.  Le 
ministère  de  l'instruction  publique  ayant 
été  remis  à  Fontanes ,  grand-mailre  de 
l'université,  Fourcroy,  qui  croyait  y 
avoir  des  droits,  se  crut  disgracié,  et 
cette  contrariété  agit  sur  lui  au  point  d'al- 
térer notablement  sa  santé.  Il  perdit  su 
gaîté  naturelle  et  tomba  dans  une  mé- 
lancolie que  ses  amis  essayèrent  en  vain 
de  combaltre.  L'un  d'eux ,  le  célèbre  Cor- 
visart ,  crut  qu'un  remède  moral  vau- 
drait mieux  que  tous  les  médicamens ,  et 
un  jour  qu'il  avait  occasion  de  parler  à 
Bonaparte  du  chagrin  qui  souvent  était 
une  maladie  mortelle ,  celui-ci  parut  dou- 
ter de  cette  vérité.  «  Oui,  sire,  dit  Cor- 
n  visart,  on  meurt  de  chagrin,  et  je  con- 
»  nais  quelqu'un  qui  dans  ce  moment 
»  meurt  de  cette  maladie  :  et  qui  donc , 
»  reprit  vivement  Bonaparte?— C'est  Four- 
»  croy,  sire. — Vous  croyez....;  Mais  ras- 
B  surez-vous ,  je  me  suis  occupé  de  sa 
»  guérison.  Allez  le  voir  et  vous  me  rap 
»  porterez  de  ses  nouvelles.  »  L'empereur 
avait  en  effet  signé  plusieurs  jours  au- 
paravant une  dotation  de  20,000  fr. ,  en 
faveur  de  Fourcroy  et  sa  nomination  à 
la  direction  des  mines.  Il  était  trop  tard; 
Fourcroy  mourait  en  ce  moment  mêm« 
d'une  attaque  d'apoplexie  ;  c'était  le  4." 
décembre  1809.  Son  titre  de  comte  et  s;; 
dotation  passèrent  à  son  fils ,  officier  d'ar- 
tillerie qui  mourut  sur  le  champ  de  ba- 
taille de  Lutzen.  Fourcroy  fut  un  des  in- 
venteurs de  cette  nouvelle  nomenclature 
qui  est  elle-même  une  analyse  de  la 
science ,  et  a  le  mérite  de  définir  les  sub- 
stances qu'elle  désigne.  Il  a  laissé  plusieurs 
ouvrages  très  estimés  parmi  lesquels  on 
remarque  son  Cours  de  chimie  ou  Leçoni 
d'histoire  naturelle  et  de  chimie^  qui  esi 
l'abrégé  de  son  enseignement,  1780,  2  vol. 
in-8°.  Il  s'en  est  publié  six  éditions  en  20 
ans.  La  dernière  a  6  vol.  ui-i°  ou  11  vol. 
in-8° ,  et  a  pour  titre  Système  des  connais' 
sances  chimiques  et  de  leur  application 
aux  phénomènes  de  la  nature  et  de  l'art  f 
I  Philosophie  chimique,  1792,  1795  et 
1806,  trad.  presque  en  toutes  les  langues 
et  même  en  grec  moderne  ;  |  Analysa 
de  l'eau  sulfureuse  d'Enghien,  1788,  un 


FOU 


lOK 


rou 


vol  ln-8*;  I  Fsxai  siiflrx  vinhitnrs  lirs  ar- 
tisan $  Art^à.  du  latin  de  Homar.r.ini ,  avec 
notes  eJ  additions.  1787,  in- 12;  |  L'art 
de  ecnnaitrr  et  U'rmploi/rr  le»  médica- 
ment dans  les  maladies  qui  attat/uent  le 
cwpt  II  "-^r. .  5  \o\.  in-8°  ;  |  Jix.sai 

tur  le  et  les  avides  .  1788  , 

ln-8*;   ,   -  .  i'Cine  éclairée  par  les 

tciences  physiques,  1791.4  vol.  in -8°; 
f  Procédé  pour  extraire  la  soude  du  sel 
marin .  179.S .  in-i"  ;  |  Tal)leaux  synopti- 
ques de  chimie .  1800- ISOo,  in -fol.  Il  a 
fourni  en  outre  aux  Jnnales  de  chimie 
9i  k  d'autres  journaux ,  ainsi  qu'aux  re- 
vues de  diverses  sociétés  savantes,  une 
foule  de  mémoires  sur  des  expériences 
qu'il  avait  faites.  On  regarde  comme  les 
plus  importantes  celles  qui  ont  rapport  à 
la  découverte  de  plusieurs  composés  qui 
détonnent  par  la  simple  percussion  ;  aux 
procédés  propres  à  perfectionner  l'ana- 
lyse des  eaux  sulfureuses  ,  à  la  séparation 
du  cuivre  ,  de  l'étain  et  aux  perfcclionne- 
mens  des  analyses  végétales.  Son  éloge 
a  été  fait  par  M.  Palissot  de  Beauvais, 
1810,  in -4*,  et  par  M.  Cuvier  dans  les 
Mémoires  de  l'institut. 

•  FOLRCROY  DE  RAMECOURT 
(  Charles  -  René  ) ,  ingénieur ,  associé 
libre  do  l'académie  des  sciences ,  naqiiit  à 
Paris  le  {9  janvier  1715 ,  et  eut  pour  père 
un  avocat  célèbre  :  destiné  lui-même  au 
barreau  dès  son  enfance ,  il  étudia  le  droit 
pour  plaire  à  sa  famille  ;  mais  entraîné  par 
un  penchant  irrésistible  vers  les  sciences, 
il  s'y  livra  en  secret  avec  une  telle  applica- 
tion qu'il  acquit  eu  peu  de  temps  les 
connaissances  exigées  alors  pour  entrer 
dans  le  génie.  Admis  dans  ce  corps  en 
1755,  à  l'àgc  de  20  ans,  après  un  examen 
très  brillant,  il  fit  plusieurs  campagnes 
pendant  la  guerre  de  1740  sous  les  ordres 
(lu  maréchal  d'Asfeld,  Vingt  ans  après  en 
1761,  pendant  la  guerre  de  sept  ans,  il 
'-ommanda  le  corps  des  ingénieurs  des 
'ôtes  de  Bretagne,  fit  ensuite  la  cam- 
pagne de  Portugal  et  se  trouva  en  1764 
au  siège  d'Almeida.  Lorsque  la  paix  lui 
eut  permis  de  reprendre  les  études  du 
rablnet,  il  s'appliqua  avec  une  nouvelle 
ardeur  à  perfectionner  ses  connaissances, 
et  fut  employé  successivement  à  Calais, 
dan»  le  Roussillon ,  en  Corse,  et  devint 
maréchsd-de-camp;  enfin  le  comte  de 
St.-GCTmain  voulant  attacher  au  minis- 
tère de  la  guerre  un  officier  supérieur , 
l'appela  comme  le  plus  digne  de  remplir 
ià  place  de  directeur  de  la  division  du 
corps  du  génie.  En  1776  il  fut  nommé  1»- 
5. 


sperlriii  i;«  ii.i.ii  (lo  son  armée,  et  mounit 
à  Paris  le  12  janvier  1791.  On  a  de  lui  : 
I  L'art  du  tuilier -briquetier  et  celui  du 
chaufournier .  dans  le  recueil  des  des- 
criptions publiées  par  l'académie  des 
sciences  dont  il  était  membre  ;  |  Mémoire 
sur  la  fortification  perpendiculaire .  Paris, 
1786  ;  I  Plan  de  communication  entre  l'Es- 
caut, la  Samhre ,  l'Oise,  la  Meuse .  la 
Moselle  et  le  Rhin,  pour  réimir  toutes 
les  parties  intérieures  de  la  France; 
I  plusieurs  Mémoires,  dans  le  recueil  de 
l'académie  des  sciences.  Il  a  enrichi  de 
remarques  et  de  descriptions  les  ouvrages 
des  savans  avec  lesquels  il  était  lié ,  et 
notamment  le  Traité  des  pèches  et  le 
Traité  des  forêts. 

•  FOIIRCROY  DE  Gl  ILLERVILLE 
(  Jeaiw-Locis  de  ) ,  frère  du  précédent ,  né 
à  Paris  en  1717,  entra  dans  la  compagnie 
des  cadets  gentilshommes  à  Rochefort. 
et  partit  avec  le  grade  d'officier  d'artil- 
lerie pour  St-Doniingue  où  il  demeura 
vingt  ans.  De  retour  en  France,  il  acheta 
une  charge  de  conseiller  au  bailliage  de 
Clermont-sur-Oise  ;  il  fut  ensuite  juge  au 
tribunal  qui  remplaça  le  bailliage  au 
moment  de  la  révolution,  et  mourut  à 
Clermont  en  1799.  On  a  de  lui  :  |  Lettre 
sur  l'éducation  physique  des  en  fans  du 
premier  Age.  Paris,  1770,  in- 8°;  |  Les 
enfans  élevés  dans  l'ordre  de  la  nature . 
ou  jàbrégé  de  l'histoire  naturelle  des  en- 
fans  du  premier  âge.  à  l'usage  des  pères 
et  mères  de  famille.  Paris,  1783,  in-12. 
Cet  excellent  ouvrage  a  été  traduit  en 
allemand  par  Cramer,  Lubeck,  1781,2 
vol.  in-8°. 

•  FOURIER  (Jean -Baptiste- Joseph, 
baron  ) ,  savant  géomètre  ,  membre  de  l'a- 
cadémie des  sciences,  de  l'académie  fran- 
çaise, etc.,  naquit  à  Auxerre  d'une  fa- 
mille originaire  de  Lorraine,  et  fut  placé 
à  l'école  militaire  de  cette  ville.  Il  avait 
terminé  ses  classes  dès  l'âge  do  treiie  ans, 
et  il  commença  alors  à  se  livrer  à  Tétude 
des  mathématiques,  sans  négliger  la  cul- 
ture des  lettres.  A  18  ans  ,  il  avait  fait  plu- 
sieurs découvertes  mathématiques  im- 
portantes, qui  sont  consignées  dans  un 
mémoire  où  les  coimaisseurs  reconnurent 
un  génie  précoce.  Nommé  à  celte  époque 
professeur  de  mathémaliqiu'S  à  lérolc  mi- 
litaire d'Auxerre  ,  Fourier  fut  envc»y«  aux 
écoles  normales  à  Paris,  par  son  ilr|.arte- 
ment,  lors  de  leur  institution.  Plus  l.u  d  1. 
cole  centrale  des  travaux  publics.  .I.,)iiis 
école  polytechnique,  fut  organisée  sur 
des  bases  fixes  ,  et  Lagrange  ainsi  que 

IS 


rou 


206 


FOU 


Monge  le  désigaèrent  pour  être  un  des 
professeurs  de  ce  célèbre  établissement. 
Bonaparte  le  mit  du  nombre  des  savans 
qui  devaient  l'accompafjner  dans  son 
expédition  d'Orient.  Lorsque  l'institut 
tl'i  gypte  fut  créé,  Fourier,  qui  en  fit  na- 
(urcllement  partie,  en  fut  élu  secrétaire 
perpétuel  et  y  lut  d'importans  mémoires. 
Choisi  ensuite  pour  commissaire  de  l'ar- 
mée française  auprès  d'un  divan  formé 
des  principaux  Ulémas  du  Caire  et  des 
provinces,  il  fut  chargé  de  l'administra- 
tion de  la  justice  en  Egypte  pendant  l'ex- 
pédition de  Syrie.  Bonaparte  avant  de 
quitter  l'Orient,  avait  divisé  l'institut  en 
deux  sections  d'explorateurs,  dont  l'une 
eut  pour  chef  Fourier.  Ils  firent  en  effet 
de  nombreuses  recherches  et  des  décou- 
vertes immenses ,  et  nul  n'a  concouru 
plus  efficacement  que  Fourier  à  la  com- 
position du  grand  ouvrage  sur  l'Egypte. 
Ce  fut  lui  qui ,  lorsque  Kléber  tomba  sous 
le  fer  d'un  assassin  ,  fit  entendre  à  nos 
<;oldats,  du  haut  d'un  bastion,  l'éloge  du 
vainqueur  de  Maëstricht  et  d'Héliopolis, 
comme  jdus  tard  il  prononça  celui  de 
Dcsaix,  lorsque  l'armée  française  apprit 
la  mort  glorieuse  de  ce  général  à  Marengo. 
Reterm  sur  les  rives  africaines  jusqu'au 
lerme  de  l'expédition ,  Fourier  revit  eniin 
sa  patrie  avec  un  petit  nombre  de  savans 
et  de  guerriers,  et  fit  arrêter  que  le  gou- 
vernement publierait  à  ses  frais  le  grand 
ouvrage  sur  l'Egypte  ,  dont  il  fut  chargé 
de  rédiger  la  préface.  Le  2  janvier  1802  , 
Fourier  fut  nommé  préfet  de  l'Isère  ;  il 
fui  aussi  compris  dans  la  légion-d'hon- 
neur, dès  qu'elle  fut  créée,  et  nommé  ba- 
ron avec  dotation  en  1808.  De  grands  tra- 
vaux publics  furent  achevés  sous  son  ad- 
ministration préfectorale ,  entre  autres 
le  dessèchement  des  marais  de  Bourgoin 
qui  infectaient  plus  de  quarante  commu- 
nes. L'institut  de  France  ayant  proposé  , 
en  1806 ,  une  question  d'une  difficulté 
égale  à  son  importance ,  celle  de  déter- 
miner les  lois  de  la  propagation  de  la  cha- 
leur, dans  les  corps  solides  ,  Fourier 
donna ,  en  1807 ,  une  solution  complète  de 
la  question  proposée  et  obtint  le  prix.  Il 
créa ,  pour  résoudre  ce  problème  qu'il 
agrandit  encore,  des  méthodes  entière- 
ment nouvelles,  vérifiées  par  de  curieuses 
expériences.  En  1811 ,  il  remit  à  l'institut 
un  second  mémoire  sur  le  même  sujet. 
En  1815,  lors  du  débarquement  de  Napo- 
léon, Fourier  fît  publier  une  proclama- 
tion pour  faire  respecter  l'autorité  du  roi , 
e^jsortit  de  Grenoble  à  l'arrivée  de  l'em- 


pereur. II fut  toutefois  appelé,  le  12  mars, 
à  la  préfecture  du  RluW  ;  mais  s'élant 
refusé  par  écrit  aux  mesures  qu'on  exigeait 
de  lui,  il  fut  révoqué  le  12  mai  suivant, 
et  il  vint  alors  habiter  Paris.  En  181G ,  il 
lut  à  l'académie  des  sciences  un  mémoire 
sur  les  vibrations  des  surfaces  élastiques, 
qui  contenait  plusieurs  intégrales  encore 
inconnues  d'équations  appartenant  à  des 
(Questions  dynamiques ,  et  ce  corps  se  l'a- 
grégea la  même  année.  Louis  XVIII  in- 
duit en  erreur  sur  son  compte ,  lui  refusa 
sa  sanction  royale  ;  mais ,  en  1817 ,  le  mo- 
narque mieux  éclairé ,  confirma  une 
deuxième  élection.  Fourier  fut  choisi , 
conjointement  avec  le  baron  Cuvier,  se- 
crétaire perpétuel  de  l'académie.  La  so- 
ciété royale  de  Londres  et  diverses  autres 
sociétés  étrangères  voulurent  aussi  le 
compter  parmi  leurs  membres.  Aux  dé- 
couvertes qu'on  lui  devait  déjà,  il  ajouta , 
en  1820 ,  la  solution  d'une  question  ex- 
trêmement compliquée  ;  elle  consiste  a 
former  les  équations  différentielles  qui 
expriment  la  distribution  de  la  chaleur 
dans  les  liquides  en  mouvement ,  lorsque 
toutes  les  molécules  sont  déplacées  par 
des  forces  quelconques  ,  combinées  avec 
les  changemensde  température.  Ces  équa- 
tions appartiennent  à  l'hydrodynamique 
générale ,  et  l'on  doit  à  Fourier  d'avoir 
complété  cette  branche  de  la  mécanique 
analytique.  En  1822 ,  parut  son  bel  ou- 
vrage intitulé  :  Théorie  analytique  de 
la  chaleur.  Fourier  a  aussi  prononcé  de- 
vant l'académie  des  sciences  ,  des  Eloges 
qui  l'ont  placé  à  côté  de  Fontenelle ,  et  en- 
tra à  l'académie  française  en  1827.  Il  est 
mort  presque  subitement  le  16  mai  1830  ; 
ses  principaux  ouvrages  sont  :  |  Discours 
préliminaire^  servant  de  préface  histori- 
que au  grand  ouvrage  sur  l  Egxjpte  ^  Pa- 
ris, 1810  , 1  vol.  grand  in-fol.,  écrit ,  selon 
l'expression  de  M.  de  Fontanes ,  avec  les 
grâces  d'Athènes  et  la  sagesse  d'Egypte  ; 
I  plusieurs  Mémoires  ^  insérés  dans  les 
collections  académiques,  sur  diverses 
questions  de  physique  générale  et  de  ma- 
thématiques ;  I  Rapport  sur  les  établisse^ 
mens  appelés  Tonlines,  Paris,  1821,  in-4"; 
I  Théorie  analytique  de  la  chaleur^  Pa- 
ris ,  1822 ,  in-4°  ;  |  plusieurs  Rapports  sur 
les  progrès  des  sciences  mathématiques , 
Paris,  1822  à  1829;  |  Eloge  de  Delambre . 
Paris ,  1823 ,  in-/i°  ;  |  Eloge  historique  de 
sir  Williams  Herschel^  Paris,  1824,  in-i»  ; 
I  Eloge  historique  sur  la  vie  et  les  ouvra' 
ges  de  Bréguet,  Paris,  1826,  in-8''.  En 
1827,  Fourier   avait  succédé  à  Laplac« 


FOU 

dan»  la  pr(*sliioncc  du  conseil  ilc  perfcc- 
tionnrintiit  lU*  récole  polytechnique,  et 
en  4828,  il  avait  rté  noiniin'  membre  île 
la  coin  mission  établie  aupri'S  tlu  ministère 
de  l'intérieur,  pour  les  encouragemens  à 
accorder  aux  lettres. 

FOnniKll  (  PiEiiHB).    rotjfz   FOUR- 
MI, n. 

roinMO\T  (  Etiewjjb  ),  né  en  1083  à 
Ilerbclay  .  village  près  de  Paris,  d'un 
père  chirurgien  ,  montra  dès  sa  jeunesse 
des  dispositions  surprenantes  pour  les 
langues.  11  avait  la  mémoire  si  heureuse, 
qu'après  avoir  appris  par  cœur  toutes  les 
racines  grecques  de  Port-Royal,  il  les  ré- 
citait souvent  en  rétrogradant.  Il  n'était 
encore  qu'écolier,  lorsqu'il  donna  ses  Jta- 
cwfis  lie  la  langue  latine  mises  en  vers 
^a«fa/s, ouvrage  qui  eût  fait  honneur  à  un 
maître.  Après  avoir  étudié  au  collège  des 
Trente- Trois  et  à  celui  de  Montaigu,  il 
fui  diargé  de  l'éducation  des  fils  du  duc 
d'Antin.  Il  succéda  à  M.  Galland  en  1715, 
dans  la  chaire  d'arabe  au  collège  royal  ; 
l'académie  des  inscriptions  se  l'associa  la 
même  année  ,  la  société  royale  de  Lon- 
dres en  1758  ,  et  celle  de  Berlin  en  1741. 
Il  mnunit  le  18  septembre  17'i5,  à  G2ans. 
Il  avait  joui  pendant  sa  vie  de  la  considé- 
ration due  à  son  $a\oir ,  à  la  droitiu'e  ,  à 
la  modestie  et  à  la  candeur  qui  l'accoin- 
pagnaicnt.  Le  comte  de  Tolède  ,  ministre 
d'Espagne  ,  lui  obtint  une  pension  de  la 
cour,  qui  fut  arrêtée  lors  de  la  rupture 
entre  la  France  et  l'Espagne.  Le  duc  d'Or- 
léans le  mit  au  nombre  de  ses  secrétaires. 
Les  savans  français  et  étrangers  le  con- 
sultaient dans  tout  ce  qui  concerne  le 
grec, le  persan,  le  syriaque,  l'arabe,  l'hé- 
breu et  le  chinois.  On  a  de  lui  une  foule 
d'ouvrages  imprimés  et  manuscrits ,  té- 
moignages de  son  érudition  et  de  son 
amour  pour  le  travail.  |  Reflexions  crili- 
quessur  les  Histoires  des  anciens  peuples, 
jusqu'au  temps  de  Cijrus.  1733,  1  vol.  in- 
k",  chargées  de  citations  ;  |  une  Gram- 
maire chinoise .  en  latin  ,  in-fol.  17.'i2,  sur 
'laquelle  on  peut  consulter  le  Journal  des 
savons ,  de  mars  et  avril  1743;  |  Médita- 
tiones  ainicœ.  il'Jl  ,  in-fol.,  ouvrage  qui 
renferme  les  préliminaires  de  la  gram- 
maire chinoise,  et  l'exidication  de  tout 
le  technisme  de  celte  langue  ;  |  plusieurs 
Disserlalions  dans  les  Mémoires  de  l'aca- 
démie des  belles-lettres  ,  semées  d'érudi- 
tion. Sa  vie  a  été  écrite  par  de  Guignes  et 
Deihauterayes  ses  élèves  ;  on  la  trouve  à 
la  lète  des  Re/lexions  sur  l'origine  des  an- 
ciens peuples.  P&ris,  1747,  2  vol.  in  4";  et 


807  FOU 

à  la  suite  de  celle  notice  on  trouve  la  liste 
de  ses  ouvrages,  mémoires,  dissertations, 
etc.  Fouroiont  avait  un  frère,  membre  df 
cette  compagnie  comme  lui,  et  professeui 
en  langue  syriaque  au  collège  royal.  Ce 
dernier,  appelé  IMichel  FOURMONT, 
mourut  en  174G.  Il  était  né  en  1G90  à 
Herbelay.el  avait  été  envoyé  en  1728  dans 
l'Orient  par  ordre  de  Louis  XV  pour  re- 
cueillir des  manuscrits  et  des  inscrijjlions. 
Ou  trouve  dans  les  archives  de  la  Biblio- 
thèque du  roi  lu  catalogue  des  manuscrit» 
qu'il  a  rapportés;  quelijues-uns  ont  servi 
à  éclairer  différens  points  de  l'histoire 
grecqiie.  Fourmont  s'occupait  de  la  pu- 
blication d'un  recueil  de  1200  inscriptions 
qu'il  avait  réunies  dans  ses  voyages , 
lorsque  la  mort  le  surprit  au  milleu4e  ce 
travail. 

•  FOUR\EL  (  Je.w- François  ),  né  en 
1745,  célèbre  avocat-consultant  de  Paris, 
était  le  doyen  des  avocats  lorsqu'il  est 
mort  le  21  juillet  1820.  Il  était  encore 
très  jeune  lorsqu'il  publia  un  Mémoire 
qui  sauva  du  bûcher  la  fille  Salmon ,  con- 
damnée par  deux  arrêts  à  être  brûlée  vive: 
ce  mémoire  parvint  à  la  cour  de  Rome,  et 
Fournel  fut  créé  par  le  pape  chevalier  de 
l'Epcron-d'or.  En  mars  1816,  il  devint  bâ- 
tonnier de  son  ordre,  après  avoir  été  long- 
temps membre  du  conseil  do  discipline. 
Ses  principaux  ouvrages  sont  :  |  Traité 
de  l'adultère,  considéré  dans  l'ordre 
judiciaire,  1778,  in-8°,  1783,  in-12  ;  |  Traité 
de  la  séduction^  1781,  in-12;  |  Code  des 
transactions,  avec  des  explications  { avec 
Vermeil),  1797,  \n-%";\  Explication  de  laloi 
du  19  floréal  sur  l'action  en  rescision  pour 
caust:  de  lésion,  179G,  in-S";  |  Analyse  cri- 
tique du  projet  du  code  civil,  1801,  in-8"; 
I  Etat  de  la  Gaule  à  l'époque  de  la  conqiu-tc 
des  Francs .  extrait  des  mémoires  d'U- 
rihahl  ^  ouvrage  inédit  et  contenant  dfs 
détails  sur  l'entrée  des  Francs  dans  1rs 
Gaules.  1805,  2  vol.  in-12  ;  |  Traité  des  iih- 
jures  considérées  dans  l'ordre  judiciaire, 
(  par  Darreau  )  .  avec  des  observations , 
qui  font  presque  les  deux  tiers  de  l'ou- 
vrage, 1785  ,  2  vol.  in-12  ;  j  Dictionnaire 
raisonné  .  ou  Exposition  par  ordre  al- 
phabétique des  lois  concernant  les  trans- 
actions entre  particuliers  .  1799,  in-S"; 
I  Traité  de  la  contrainte  par  corps.  1798, 
in-12;  |  Traité  du  voisinage  .  1796  ,  in-12, 
3'  édit.,  1812,2  vol.  in-S",  ouvrage  estime  ; 
I  Code  de  commerce  .accompagné  de  notes 
et  observations  .  1807,  in-S";  |  Histoire 
des  avocats  au  parlement  et  du  barreau 
de  Paris,  1790-1813.  2  vol.  iu-S";  1   Hist 


FOU 


208 


FOU 


iu  barreau  de  Paris  dans  le  cours  de  la 
'évolution^  1816,  111-8°.  C'est  la  suite  de 
i'ouvrage  qui  précède.  |  Les  Lois  rurales 
de  la  France  rangées  dans  leur  ordre 
naturel,  1819,  2  vol.  in-S";  |  Recueil  des 
lois  ,  ordonnances  ^  règlemens ,  arrêts  et 
décisions  cités  dans  les  Lois  rurales, 
1820.  Ce  volume  forme  le  troisième  vo- 
lume des  Lois  rurales^donl  il  est  le  com- 
plément nécessaire. 

FOURNI,  royez  FOURNY. 

FOURMER  (  Guillaume  ),  excellent 
critique  de  Paris  ,  professeur  en  droit  à 
Orléans,  mit  au  jour  en  1584,  in-folio,  De 
verborum  significationibus. 

FOURIVIER  (  Georges  ),  né  à  Caen,  se 
fit  jésuite,  et  mourut  à  la  Flèche  en  1652, 
à  57  ans.  Ses  principales  productions  sont 
I  une  Hydrographie,  1767,  in-fol.  ;  |  Asice 
descriptio,  curante  L.  M.  S.,  1656,  in-fol.  ; 
ouvrages  bons  pour  leur  temps  ,  et  qui 
ont  servi  à  en  faire  de  meilleurs.. 

FOURIVIER  (  Pierre-Simon  ) ,  graveur 
et  fondeur  de  caractères ,  naquit  à  Paris 
le  15  septembre  1712.  Il  excella  dans  son 
art.  Ses  caractères  ont  embelli  la  typogra- 
phie, ses  lumières  l'ont  éclairée.  Il  publia 
en  1737  la  Table  des  proportions  qu'il  faut 
observer  entre  les  caractères,  pour  déter- 
miner leurs  hauteurs  et  fixer  leurs  rap- 
ports. Cette  table  est  une  découverte  , 
non-seulement  honorable  pour  son  auteur, 
mais  très  essentielle  aux  progrès  de  l'art. 
Cet  habile  artiste  remonta  jusqu'à  la  nais- 
sance de  l'imprimerie  ,  pour  la  connaître 
à  fond.  Il  donna  en  différens  temps  divers 
traités  historiques  et  critiques  sur  l'origine 
et  les  progrès  de  la  typographie ,  dans 
lesqiiels  on  voit  un  savant  consommé 
dans  la  matière  qu'il  traite.  Ces  différentes 
dissertations  ont  été  recueillies  en  un  vol. 
in-S",  divisé  en  trois  parties.  La  dernière 
renferme  une  histoire  curieuse  des  gra- 
veurs en  bois.  Mais  l'ouvrage  le  plus  im- 
portant de  Fournie  r ,  est  son  Manuel 
typographique  utile  aux  gens  de  lettres  , 
et  à  ceux  qui  exercent  les  différentes 
parties  de  l'art  de  l'imprimerie^  en  2 
vol.  in-8°.  L'auteur  devait  y  en  joindre 
deux  autres  ;  mais  il  fut  prévenu  par  la 
mort  en  1768.  L'homme  n'était  pas  moins 
reoommandable  en  lui  que  l'artiste.  Le 
calme  de  son  âme ,  l'esprit  de  religion 
dont  il  était  animé  ,  répandait  autour  de 
lui  une  joie  douce  et  toujours  égale.  Il  ai- 
mait la  retraite  et  le  travail,  et  même  avec 
excès  ;  car  ce  fut  sa  constante  application 
qui  causa  sa  mort.  On  a  des  épreuves  des 
différens  caractères  qu'il  avait  gravés, 


dans  son  Manuel  typographique.  On  y  en 
trouve  môme  pour  la  musique  :  il  était 
l'inventeur  de  ces  sortes  de  caractères  ; 
et  ils  le  disputent,  pour  la  beauté  ,  à  la 
musique  gravée  en  taille-douce.  C'est  lui 
quia  péremptoirement  réfulé  M.  Schœp- 
flin  qui  avait  attribué  l'invention  de  l'im- 
primerie à  Guttemberg  (  voyez  ce  mot  ) , 
en  montrant  que  Guttemberg  ne  s'était 
point  servi  de  caractères  mobiles,  mais 
de  planches  gravées.  Ce  qu'il  y  a  de  re- 
marquable, c'est  que  le  passage  même 
dont  M.  Scliœpflin  étayait  son  opinion ,  la 
renverse  de  fond  en  comble.  Voyez  le 
Journal  historique  et  littéraire  ^  1''  juillet 
1791 ,  page  527. 

*  FOURIVIER  (Pierre-Nicolas),  ingé- 
nieur et  architecte  de  Nantes ,  naquit  à 
Paris  en  1747  d'un  financier.  Il  commença 
ses  études  au  collège  Duplessis  ;  mais  les 
désordres  de  sa  jeunesse  forcèrent  ses  pa- 
rens  à  le  placer  dans  un  couvent ,  où  il 
paraît  qu'il  porta  l'habit  religieux  pendant 
quelques  mois.  Il  embrassa  ensuite  la  car- 
rière des  armes,  et,  après  avoir  servi 
quelque  temps  dans  le  régiment  de  Colo- 
nel-général ,  et  dans  celui  de  La  Roche- 
foucault ,  il  entra  dans  l'artillerie  royale  , 
où  il  resta  de  1770  jusqu'en  1783.  Il  se  re- 
tira à  Nantes ,  où  il  se  chargea  de  l'admi- 
nistration du  grand  théâtre.  Dès  les  pre- 
miers symptômes  de  la  révolution  ,  il  se 
joignit  aux  Nantais  qui  se  rendirent  à 
Rennes  pour  favoriser,  disaient-ils  ,  la  li- 
berté nationale.  Après  le  14  juillet,  lors 
de  la  formation  des  compagnies  armées  , 
il  servit  comme  chef  de  bataillon  dans 
celle  de  Nantes.  Il  fut  ensuite  nommé 
commissaire-civil  de  la  force  départe- 
mentale, envoyée  à  Paris  par  le  départe- 
ment de  la  Loire-Inférieure ,  pour  prêter 
un  appui  aux  représentans  du  peuple  et 
veiller  au  maintien  de  la  liberté.  Four- 
nieret  son  détachement  furent  ensuite 
requis  pour  aller  combattre  les  Vendéens. 
Revenu  à  Nantes  avec  les  débris  de  sa 
petite  troupe,  il  s'y  trouva  le  30  juin  1793. 
Lorsque  cette  ville  fut  assiégée  par  les 
armées  combinées  d'Anjou  et  de  Poitou , 
il  défendit  son  poste  avec  obstination.  Peu 
de  temps  après  ,  le  gouvernement  révo- 
lutionnaire ayant  été  organisé ,  Fournier 
fut  compris  dans  les  cent  trente  -  deux 
Nantais  que  Carrier  envoyait  à  Paris ,  di- 
sait-il, mais  qui  devaient  être  assassinés 
sur  la  route.  Il  dut  la  vie  ,  comme  ses 
compagnons  d'infortune,  à  l'humanité  de 
Broussard  ,  et  ensuite  à  celle  du  générai 
Danican ,  qui  se  refusèrent  à  cet   ordre 


FOL 


209 


FOU 


barbare.  A  leur  arrivée  à  Pari»  ,  les  Nan- 
tais furent  jetés  en  prison,  où  il»  clenieu- 
ri^rent  pendant  plus  d'un  an.  Pendant  sa 
détention.  Koiirnier  publia  des  mémoires 
où  il  retraçait  les  services  qu  il  avait  ren- 
dus à  la  cause  révolutionnaire.  Il  fut  dé- 
fendu a  ver  autant  do  léle  que  de  talent 
par  rart.'ur  lleaulieu.  et  acquitté  avec  les 
autres  Nantais,  deux  n»ois  après  la  mort 
de  Robespierre.  Il  revint  alors  à  Nantes, 
où  il  ne  s'occupa  plus  que  des  fonctions 
d'inpénieur.  Ayant  trouvé  quelques  mé- 
dailles romaines  en  faisant  creuser  un 
aqueduc  ,  il  prit  du  ^oCil  pour  les  antiqui- 
té*, fit  faire  des  fouilles,  et  découvrit  plu- 
sieurs monumens  antiques ,  sur  lesquels 
il  a  écrit  différcns  Mémoires  conservés  à 
k  bibliothèque  publique  de  Nantes.  Il 
avait  aussi  tracé  le  plan  de  cette  ville  telle 
qu'elle  était  sous  Henri  III,  et  y  avait  joint 
une  savante  dissertation.  Il  mourut  dans 
celte  ville  le  20  septembre  1810.  Fournier 
était  archilectc-voyer  de  Nantes,  membre 
delà  société  des  sciences,  lettres  et  arts 
de  la  même  ville  ,  et  correspondant  de 
l'académie  ceîlique. 

•FOl'RMER(Cu*RLESouCLAtDE),  pro- 
priétaire et  babitaiit  de  Saint-Domingue 
né  en  Auvergne  en  17/»5 ,  et  surnommé 
V Américain. k  cause  du  long  séjour  qu'il 
lit  en  Amérique .  fut  un  de  ces  brigands 
qui  dés<ilèrent  la  France  jjendant  la  révo- 
lution. Il  était  à  Saint-Uomingue  vers  1772, 
il  y  servit  dans  les  dragons  bUmcs  pen- 
dant 13  ans  :  ce  qui  ne  l'empêcha  pas  de 
se  livrer  à  l'agriculture  ,  surtout  au  com- 
•nerce,  et  à  l'art  de  perfectionner  la  fabri- 
cation du  tafia.donl  il  lit  un  nouveau  genre 
de  commerce  pour  l'ile.  Il  gagna  ainsi  des 
sommes  immenses  qui  le  mirent  en  état 
de  devenir  lui-même  propriétaire  de  plu- 
sieurs fabriques.  Sa  fortune  devenue  co- 
lossale excita  l'envie  des  autres  fabrirans; 
telle  est  la  cause  des  persécutions  auxquel- 
les il  fut  en  butte  pendant  tant  d'années. 
Forcé  de  quitter  Saint-Domingue  après 
avoir  vu  incendier  ses  propriétés,  il 
repassaen  France  où,  après  plusieurs  dé- 
marches,on  lui  offrit  une  indemnité  pro- 
visoire :il  voulait  une  réparation  complète 
contre  les  autorités  locales  ;  mais  larévo- 
luUoa  qui  survint  lui  ôla  les  moyens  de 
U  poursuivre.  Arrivé  en  France  avant 
la  révolution  ,  il  se  trouvait  en  prison  au 
conuncnrcu:ent  des  troubles,  pour  les 
crimes  qu'il  avait  commis.  Mais  les  jHirles 
des  cachots  ne  lardèrent  pas  à  s'ouvrir  aux 
crU  de  vive  la  liberté.  Fournier  fut  bien- 
Ifll  remarqué   par  les  chefs  de  la  révolu- 


tion, qui  en  firent  un  ahoijeur  df.  place« 
et  l'admirent  ensuite  dans  le  club  des 
Cordelier».  Le  13  juin  1789,  il  avait  été 
nommé  commandant  des  volontaires  ; 
mais  il  perdit  cette  i)lare  à  l'époque  de 
l'orgarnisation  de  la  (;arde  nationale.  On  a 
prétendu  que  ,  lors  de  l'insurrection  du 
champ  de  Mars, le  17  juillet  17yi  ,  M.  de  La 
Fayette  étant  arrivé  avec  un  faible  détache- 
ment de  la  garde  nationale, pour  faire  ces- 
ser le  désordre,  ce  fut  Fournier  qui  lui 
tira  à  bout  portant  le  coup  dr  pistolet 
dont  il  faillit  être  atteint.  Au  10  août,  ii 
eomniaiidait  la  horde  des  brigands  dits 
Marseillais .  et  fut  un  de  ceux  qui  con- 
tribuèrent le  plus  aux  attentats  commis 
dans  cette  affreuse  journée.  Le  palais  de» 
rois  de  France  fut  inondé  de  sang.  Mais 
par  unii  contradiction  qu'on  ne  saurait  ex- 
pliquer, Fournier  sauva  là  vie  à  i)lusieuis 
personnes;  ce  n'était  qu'une  modération 
passa;;ère.  On  l'a  accusé  aussi,  mais  sans 
preuves  suffisantes  d'avoir  j)ri3  part  aux 
massacres  des  prisons  de  Paris  des  2 
et  5  septembre.  Chargé  de  conduire  les 
prisonniers  d'Orléans  à  Versailles,  il  les 
lit  tous  massacrer  dans  celte  dernière 
ville  le  9  septembre  17'J2.  Fournier  fut 
accusé  ,  le  12  mars  1793  ,  par  Bourdon  de 
l'Oise  et  Marat,  d'avoir  tiré  un  coup  de 
pistolet  sur  M.  de  La  Fayette,  et  d'avoir 
présidé  aux  massacres  de  septembre. 
Celte  accusation  n'eut  pas  de  suite.  Après 
le  18  brumaire ,  il  fut  arrêté  et  condamné 
à  la  déportation;  mais  on  se  contenta  de 
le  mettre  en  surveillance.  Enfin  il  se 
trouva  impliqué  dans  l'affaire  du  3  nivosu 
(  24  décembre  1800  ),  et  fut  déporté  aux 
ÙesdeSéclielles,  d'où  il  parvint  às'évader, 
après  avoir  perdu  tous  ses  compagnons 
d'infortune, à  l'aide  d'une '.réole,  qui  ne 
le  quitta  point  dans  ses  malheurs.  Il  g'"!?*^ 
la  Guadeloupe ,  fut  employé  par  Victor 
Hugues,  son  ami,  qui  y  commandait, 
sur  les  corsaires  qui  étaient  à  ses  ordres, 
et  s'y  distingua  lorsque  la  toUuiie  passa 
sous  la  domination  anglaise.  En  1808.  il 
revint  en  France,  fut  arrêté  de  nouveau, 
et  se  trouvait  encore  à  La  Force  en  181G; 
mais  ayant  demandé  des  juges,  il  fut  re- 
lâché et  traîna  sa  pénible  existence  jus- 
qu'en 1823  ,  qu'il  mourut  dans  un  état 
voisin  de  lindigence.  lia  publié  un  Mé- 
moire pour  se  juxtilier  des  massacres  de* 
prisonniers  d'Orléans,  et  quelques  autrea 
brochures. 

•FOURMEU  S.\r.LO\  LSi:  (FiiASiçoift), 
comte,  lieutenant-général,  né  eu   <77.S, 
dans  le  Pcrigord  ,  mort  au  mois  de  jaU' 
1». 


FOU 


210 


FOU 


vîcr  1827 ,  quitta  l'étude  du  droit  en  1792 
pour  embrasser  la  carrière  des  armes  et 
entra  comme  sous-lieutenant  dans  un  ré- 
giment de  dragons  ;  il  obtint  la  plupart 
de  ses  grades  sur  le  champ  de  bataille,  et 
était  à  23  ans  colonel  du  12*  régiment  de 
hussards.  Fournier,  quoique  imbu  des 
idées  républicaines ,  tolérait  les  opinions 
dès  autres,  et  au  besoin  les  défendait  : 
c'est  ce  qu'il  fit  en  1798  ,  en  poursuivant 
une  bande  d'assassins  qui  avaient  fait  une 
irruption  nocturne  dans  le  café  de  Gar- 
chi ,  rue  de  Richelieu ,  pour  attaquer  des 
hommes  tranquilles  ,  qu'ils  accusaient  de 
royalisme.  Le  colonel  Fournier ,  dans 
cette  lutte ,  reçut  plusieurs  coups  de  sa- 
bre. Bonaparte  voulut  qu'il  fit  partie  de 
son  corps  d'armée  d'Italie,  et  les  bulletins 
de  l'armée  répétèrent  souvent  le  nom  du 
12*  régiment  de  hussards  et  de  son  chef. 
Ces  éloges  n'apportèrent  aucun  change- 
ment à  ses  opinions  politiques,  et  il  blâ- 
ma hautement  les  projets  ambitieux  du 
■premier  consul.  Arrêté  à  l'Opéra  sur  l'o:  - 
drede  Bonaparte  lui-même,  il  fut  conduit 
dans  son  appartement,  où  l'on  devait  faire 
devant  lui  l'inventaire  de  ses  papiers  ; 
mais  à  peine  y  fut-il  entré  qu'il  enferma 
ses  gardiens  dans  sa  chambre  et  se  sauva. 
Il  fut  saisi  quelques  jours  après ,  et  jeté 
dans  la  prison  du  Temple ,  où  se  trouvait 
alors  le  chef  d'escadron  Donadieu  que  l'on 
accusait  d'avoir  voulu  de  concert  avec 
lui  assassiner  Bonaparte.  Aucune  preuve 
ne  fut  trouvée  contre  Fournier;  on  l'exila 
néanmoins  dans  le  Périgord.  L'amiral  Vil- 
leneuve ayant  été  chargé  d'une  expédi- 
tion en  Amérique,  Fournier  reçut  l'ordre 
de  l'accompagner.  Au  retour,  il  fut  con- 
liné  de  nouveau  dans  le  Périgord ,  puis 
on  l'appela  à  partager  les  succès  de  l'armée 
d'Allemagne.  Avant  la  bataille  d'Eylau, 
Bonaparte  lui  dit  :  Colonel  j.  dans  votre 
affaire,  il  faut  un  baptême  dé  sang.  Four- 
nier se  distingua  dans  cette  journée ,  ainsi 
qu'à  Friedland  où  il  fut  nommé  membre 
de  la  légion-d'honneur  et  général  de  bri- 
gade. Envoyé  en  Espagne  sous  les  ordres 
du  maréchal  Ney ,  il  fit  les  campagnes  de 
d808  et  de  1809  ,  et  se  défendit  à  Lugo , 
avec  trois  bataillons  et  deux  escadrons 
contre  i'armée  espagnole  commandée  par 
le  général  Mahy.  Ce  qui  lui  valut  la  croix 
(lofficier  de  la  légion-d'honneur  avec  le 
titre  de  comte.  Eu  1812  il  fît  la  campagne 
de  Russie ,  exécuta  les  charges  les  plus 
brillantes  à  la  bataille  delà  Bérézina.  Le 
grade  de  général  de  division  et  la  croix 
de  commandant  de  la  légion-d'honneur  fu- 


rent sa  récompense.  Quelques  reproche» 
adressés  à  Bonaparte,  après  les  revers 
de  cette  campagne,  le  firent  arrêter  et 
envoyer  à  Mayence.  Mais ,  avant  d'arri- 
ver ,  l'escorte  qui  le  conduisait  fut  atta- 
quée par  des  cosaques ,  et  il  se  sauva.  Le 
bruit  s'étant  répandu  qu'il  avait  passé 
à  l'ennemi ,  il  se  présenta  à  Mayence  et 
demanda  des  juges.  Cette  conduite ,  que 
Bonaparte  admira  lui-même ,  n'empêcha 
point  sa  destitution.  Fournier ,  retiré  en 
Périgord,  fut  mis  en  surveillance  illimitée. 
Après  la  rentrée  des  Bourbons ,  il  reçut 
d'eux  son  grade  et  la  croix  de  Saint-Louis. 
Une  servit  point  pendant  les  cent-jours,  fit 
partie  de  l'état-major  de  l'armée ,  et  fut  à 
plusieurs  reprises  employé  comme  inspec- 
teur-général de  la  cavalerie.  Fournier Sar- 
lovèse  est  auteur  de  Considérations  sur  la 
législation  militaire,  imprimées  en  1814 , 
dans  lesquelles  il  prédisait  d'une  manière 
positive  que  Bonaparte  reviendrait  de  l'Ile 
d'Elbe ,  et  indiquait  les  moyens  qui  de- 
vaient contribuer  au  succès  de  cette  en- 
treprise :  cet  ouvrage  ne  se  distingue  pas 
moins  par  l'érudition  que  par  le  mérite 
littéraire. 

♦  FOUIIMER  (  Joseph- Augustin  de  } , 
marquis  d'Aultane,  lieutenant- général , 
commandeur  de  l'ordre  de  Saint-Louis  et 
de  plusieurs  ordres  étrangers,  naquit  à 
Valréas  le  18  août  1759  ,  d'une  famille  an- 
cienne ,  illustrée  dans  la  carrière  des  ar- 
mes :  il  entra  au  service  à  l'âge  de  16  ans  , 
et  se  trouvait  capitaine  de  grenadiers  au  ! 
commencement  de  la  révolution.  Il  se  fit  : 
remarquer  par  sa  bravoure  aux  batailles 
de  Menin,  Courtray,  Vîdmy  ,  fut  appelé 
à  l'état-major-général  de  l'armée ,  et  nom- 
mé peu  après  général  de  brigade.  Ami 
du  général  Moreau ,  il  partagea  sa  dis- 
grâce et  demeura  plus  d'un  an  sans  em- 
ploi. Chef  d'état-major  du  3*^  corps  de  l'ar- 
mée d'Allemagne  en  1805,  il  fit  preuve  de 
la  plus  grande  activité  dans  la  marche  de 
l'armée ,  pour  arriver  à  temps  dans  la 
plaine  d'Austerlitz,.  Il  se  signala  aussi  par- 
ticulièrement à  la  bataille  d'Iéna ,  ou  il 
enleva  plusieurs  positions  importante». 
D'Aultane  fit  encore  la  campagne  de  Po- 
logne où  il  se  couvrit  de  gloire  dans  les 
champs  de  Pultusk ,  et  reçut  le  grade  de 
général  de  division  le  31  décembre  1806. 
Après  la  paix  de  Tilsitt,  il  fut  nommé  gou: 
verneur  de  Varsovie.  Ilsuivil  l'arméed'Es- 
pagne  en  qualité  de  chef  d'état-major  de 
l'armée  du  centre,  fut  nommé  gouverneur 
de  Tolède  ,  et  sa  sagesse  et  sa  modération 
furent ,  pendant  cette  guerre ,  non  moins 


FOU 


SU 


FOU 


-m  counigo  cl  son  expérience, 
i taille  de  Toulouse  ,  eu  1814  . 

i'.   lut    employé  coinuic    inspec- 

lour-gejvcral  lorsqu'on  voulut  organUcr 
nne  armée  dans  le  midi  en  1815;  il  fut  en- 
core nommé  chef  dctat -major  de  l'armée 
royalislc  50us  les  ordres  du  duc  d'Angou- 
léme.  Cette  expédition  ne  fut  pas  heu- 
reuse :  le  général  d'Aullanc  fut  chargé , 
pvir  le  duc  dAngouléme  ,  de  se  rendre  au 
Pont-Saint-Esprit  pour  négocier  une  ca- 
pitulation d'après  laquelle  l'arraco  serait 
licenciée,  et  le  duc  d'Angoulémo  pourrait 
•'embarquer  à  Marseille.  Celte  capitula- 
tion fut  deux  fois  suspendue  ;  enfin ,  le 
prince  eut  la  liberté  de  s'embarquer  à 
Cette ,  et  le  général  d'Aultane  fut  rappelé 
à  Paris  où  il  reçut  sa  destitution  ,  et  fut 
mis  en  surveillance.  Au  second  retour  du 
roi ,  il  fui  nommé  au  commandenxçnt  de 
la  7*  division  militaire,  qu'il  n'accepta 
point.  Il  est  mort  le  7  janvier  1828.  Sa 
probité  pt  son  désintéressement  l'ont  gé- 
néredement  fait  aimer  et  estimer,  et  les 
archives  de  plusieurs  villes ,  particuliè- 
renM:nt  de  Ratisbonne ,  en  onl  conservé 
le  souvenir. 

FOIÎRXIVAL  (  SiHON  ) ,  commis  au  se- 
crétariat des  trésoriers  de  France  ,  a  fait 
un  Recueil  des  titres  qui  les  concernent , 
Paris ,  IGoii ,  in-fol. ,  qui  est  rare.  Il  a  été 
continué  par  M.  Jeau-Léon  duBourgneuf, 
trésorier  de  France  à  Orléans  ,  et  impri- 
mé en  cette  ville  in-4°,  1745,  2  parties^ 
Ces  collections  ont  une  place  dans  les 
grandes  biblothèques. 

FOIRNV  (  HoxoBÉ  CAILLE  du  ),  au- 
diteur de  la  chambre  des  comptes  à  Paris, 
acquit  une  connaissance  de  l'histoire  de 
France,  et  des  anciens  titres  et  archives 
qu'on  garde  à  Paris  .  qui  lui  lit  un  nom  ; 
mais  sa  modestie  et  son  zèle  à  obliger  ses 
amis  le  rendirent  encore  plus  recomman- 
dablc.  Un  de  ceux  avec  qui  il  lia  amitié, 
fut  le  Père  Anselme  de  la  Vierge-Marie , 
augustin-déchaussc,  qui  avail  publié  en 
1674  l'Histoire  généalogique  et  chronolo- 
gique de  la  maison  de  France,  et  des 
grands  officiers  de  la  couronne.  Du  Four- 
ny  lui  prodigua  ses  avis  pour  une  nou- 
velle édition,  lui  fit  corriger  un  très  grand 
nombre  de  fautes ,  et  lorsque  ce  religieux 
fut  uiort  en  1694.  il  continua  de  travailler 
i  perfcctiormer  ce  grand  ouvrage.  Cepen- 
dant, dans  la  nouvelle  édition  qui  vit  le 
jour  en  1712  ,  il  voulut  que  les  correct  ions 
parussent  être  toutes  du  premier  auteur, 
et  il  ne  s'attribua  que  Ihonneur  d'avoir 
continué  la  suite  des  grards-officicrs  jus- 


qu'à celte  année.  L'abbé  de  Longuerue 
l'a  certainement  ju^jé  avec  trop  de  sévé- 
rité ,  quand  lia  dit  :  <>  M.  du  Fourny  était 
B  un  bon  humnte  .  incapable  de  vouloir 
B  tromper.  Il  savait  sa  chambre  des  coni- 
»  pies  -,  mais  il  ne  savait  que  cela  Son 
B  livre  fourmille  de  fautes.  On  lui  four- 
>  nissait  des  mémoires  ;  mais  il  ne  savait 
»  pas  assez  reconnaître  ce  qu'ils  avaient 
»  de  défecteux.  »  Il  est  bien  vrai  que  Du 
Fourny  n'a  pas  corrigé  toutes  Ips  fautes 
qui  se  trouvaient  dans  l'ouvrage  du  Père 
Anselme.  Mais  quel  est  le  critique ,  même 
érudit  et  judicieux,  qui,  en  fait  de  re- 
cherches et  de  monumens  plus  ou  moins 
authentiques ,  puisse  se  flatter  d«  se  dé- 
terminer toujours  avec  certitude  ?  Du 
Fourny  mourut  en  1731.  Celte  Histoire  est 
à  présent  en  9  vol.  in-fol. ,  publiésdepuis 
1726  jusqu'en  1733,  par  les  Pères  Ange  et 
Simplicien  ,  auguslins-décbaussés  ,  conti- 
nuateurs de  cette  utile  compilation;  ils 
ont  mis  le  plus  grand  soin  à  distinguer 
les  pièces  authentiques  de  celles  qui  no 
l'étaient  pas.  Du  Fourny  mourut  en  1731. 
rOURQlJEY  AUX  (Raimond  deBeccar  ie 
de  PAVIE ,  baron  de  ) ,  était  d'une  bran- 
che de  l'ancienne  famille  noble  de  Bec- 
carie  de  Pavie ,  retirée  en  France  au  temps 
des  guerres  entre  les  Guelphes  et  les  Gi- 
belins, né  à  Toulouse  en  1509;  il  com- 
mença à  servir  au  siège  de  Naples  sous 
Lautrcc,  en  1528.  Il  commandait  un 
corps  considérable  d'infanterie  grisonne 
et  italienne  à  la  bataille  de  Marciano  en 
Toscane  ,  l'an  1554  ;  il  y  fut  blessé  et  pri- 
sonnier, et  gardé  15  mois  dans  le  fort  de 
San-Miniato  à  Florence.  De  retour  en 
France,  il  obtint  le  gouvernement  de 
Narbonne.  On  raconte  qu'il  se  servit  d'un 
slratagcme  assez  singulier  pour  en  chas- 
ser plusieurs  habitans  mal-intentionnés. 
Il  fit  publier  que  deux  chevaliers  espa- 
gnols devaient  se  battre  en  champ-clos 
hors  de  la  ville.  Il  fit  poser  des  barrières 
pour  les  combattans,  et  dresser  des écha- 
fauds  pour  les  juges.  Tout  le  peuple  étant 
sorti  de  la  ville  pour  assister  à  ce  spec- 
taclc  ,  il  en  fil  fermer  les  portes ,  et  ne  lais- 
sa rentrer  que  les  sujets  fidèles  au  roi.  11 
contribua  beaucoup  en  1562  à  la  déli- 
vrance de  Toulouse  ,  dont  les  iiuguenots 
s'étalent  presque  rentlus  maîtres  ;  et 
mourut  chevalier  de  l'ordre  du  roi,  à 
Narbonoe  ,  en  1574 ,  à  66  ans ,  après  »voir 
rendu  des  services  impor:ansaux  monar- 
que» qui  l'employèrent  dans  la  province 
du  Languedoc.  Fourquevaux  est  auteur 
d  un   livre    intitulé:    f'iei  de  plusieurs 


FOX 


2i2 


FOX 


grands  Capitaines  français ,  imprimé  à 
Paris  en  1643,  in-i".  Ces  vies  sont  aunom- 
Ijre  de  14.  Elles  sont  compilées  fort  exac- 
tement d'après  les  historiens  du  temps  : 
c'est  dommage  que  l'auteur  n'en  ait  pas 
rassemblé  un  plus  grand  nombre. 

•  FOURQUEVAUX  (  Jean-Baptiste- 
IlAiMoniDde  PAVIEde  ),né  à  Toulouse  en 
1G93  ,  servit  pendant  quelque  temps  avec 
le  grade  de  lieutenant  d'infanterie,  puis 
emtrass^  la  vie  religieuse ,  et  mourut  au 
château  de  Fourquevaux  en  1768.  On  a 
de  lui  :  une  pièce  de  poésie  élégiaque 
couronnée  par  l'académie  des  jeux  flo- 
raux en  1714,  et  plusieurs  ouvrages  de 
controverse  :  \Lettre  d'un  prieur  au  sujet 
de  la  nouvelle  réfutation  du  livre  des 
Règles  pour  V intelligence  des  saintes 
Ecritures  ^Vd^ris,  1727,  in-12;  |  Nouvel- 
les Lettres  sur  le  même  sujets  1729 ,  in-12; 
I  Traité  de  la  confiance  chrétienne  :.  1728 
et  1731  ;  |  Catéchisme  historique  et  dog- 
matique j  1729 ,  2  vol.  in-12  ,  et  Paris , 
1766,  S  vol.  in-12,  avec  les  suites.  Son 
Eloge  se  trouve  dans  les  Nouvelles  ecclé- 
siastiques du  7  février  1769. 

FOURRIER  ou  plutôt  FOURIER  (Pier- 
re ),  de  Mathincourt ,  bourg  de  Lorraine 
dont  il  était  curé,  était  d'un  autre  bourg 
nommé  Mirecourt,  où  il  naquit  en  1563.  Il 
entra  jeune  parmi  Its  chanoines-régu- 
liers, chez  lesquels  Use  distingua  par  son 
savoir  et  sa  piété.  Il  établit  deux  nouvel- 
les congrégations ,  l'une  de  chanoines  ré- 
guliers réformés  qui  enseignent,  et  l'au- 
tre de  religieuses  pour  l'instruction  des 
filles.  Le  pape  Paul  V  approuva  ces  éta- 
blissemens  en  1615  et  1616.  Il  est  difficile 
de  dire  tout  le  bien  qu'elles  ont  opéré  et 
qu'elles  opèrent  encore  dans  le  monde 
clirétien.  Les  religieuses ,  nommées  com- 
munément de  la  Congrégation  de  Notre- 
Dame  ^  sont  particulièrement  estimées 
dans  toutes  les  villes  où  elles  sont  établies  : 
elles  y  jouissent  de  la  confiance  bien  mé- 
ritée des  parens  pour  l'éducation  de  leurs 
enfans ,  et  répandent  l'instruction  avec 
l'amour  de  la  vertu.  Le  Père  Fourrier 
mourut  saintement  en  1640.  Il  a  été  béa- 
tifié en  1730. 

FOURSY.  Voyez  FURSY. 

FOX(  Jbax  ),  né  à  Boston  en  1517, 
quitta  l'Angleterre  sous  le  règne  de  Henri 
VIII  pour  professer  le  calvinisme  en  li- 
berté. Il  fit  quelques  voyages  dans  sa  pa- 
trie, et  s'y  fixa  entièrement  sous  la  reine 
EUz,abeth.  Il  mourut  dans  un  âge  avancé. 
L'ouvrage  par  lequel  il  est  principalement 
sonnu,  est  intitulé  :  Acla  et  rnonumenta 


Ecclssice ,  en  3  vol.  in-fol. ,  réimprimé 
en  1684.  Péarson  lui  reproche  des  erreurs, 
de  fausses  citations  ,  de  mauvais  raison- 
nemens ,  etc.  ;  dans  une  tête  échauffée 
comme  la  sienne  par  les  nouveaux  dog- 
mes, cela  ne  pouvait  être  autrement.  Dans 
sa  jeunesse  il  avait  cultivé  la  poésie ,  pour 
laquelle  il  avait  quelque  talent.  On  a  de 
lui  plusieurs  pièces  de  théâtre.  Jacques 
Bienvenu  a  traduit  le  Triomphe  de  Jésus- 
Christ^  Genève,  1562,  in-4°,  rare.  Son 
fils  Samuel  Fox  a  écrit  sa  vie  qui  a  été  im- 
primée en  télé  des  actes  et  monumens  de 
l'église. 

FOX  (  Georges  ) ,  fondateur  de  la  secte 
des  Quakers  ou  Trembleurs ^  né  au  vil- 
lage de  Drayton  dans  le  comté  de  Leices- 
ter ,  en  1624  ,  n'avait  que  19  ans ,  lorsque 
sa  tête  s'élant  singulièrement  exaltée,  soit 
par  quelque  accident  particulier,  soit  par 
un  effet  de  son  tempérament ,  il  se  crut 
tout  d'un  coup  inspiré  de  Dieu ,  et  se  mit 
à  prêcher.  Vêtu  de  cuir,  dejjuis  les  pieds 
jusqu'à  la  tête,  il  allait  de  village  en  vil- 
lage ,  criant  contre  la  guerre  et  contre  le 
clergé.  Son  ignorance  dans  les  lettres  hu- 
maines ne  l'embarrassa  point.  Quoique 
fils  d'un  ouvrier  en  soie,  et  qu'on  ne 
lui  eût  appris  d'autre  métier  que  celui  de 
cordonnier ,  il  s'était  appliqué  de  bonne 
heure  à  parler  le  langage  de  l'Ecriture  et 
de  la  controverse.  Il  avait  de  la  mémoire 
et  de  l'enthousiasme. Les  provinces  de  Lei- 
cester,  de  Nottingham  et  de  Darbi ,  furent 
les  premiers  théâtres  de  ce  sombre  char- 
latan. Il  donna  aux  aveugles  enthousiastes 
qui  le  suivaient,  le  nom  d'enfans  de  la 
lumiè?'e.  Ayant  comparu  à  Darbi  devant 
les  juges ,  il  les  prêcha  si  fort  sur  la  né- 
cessité de  trembler  devant  le  Seigneur  , 
que  le  commissaire  qui  l'hiterrogeail  s'é- 
cria qu'il  avait  affaire  à  un  quaker ^  c'est- 
à-dire  trembleur  en  anglais ,  nom  qu'on  a 
donné  depuis  à  cette  secte.  Fox  s'associa 
des  femmes  ;  ayant  connu  dans  la  prison 
de  Lancastre  la  dame  Fell ,  veuve  d'un 
illustre  magistrat  de  cette  province  ,  il  lui 
inspira  ses  erreurs  et  l'épousa.  Le  patriar- 
che du  quakérisme  emmena  avec  lui  sa 
prosélyte  en  Amérique,  l'an  1662.  Elle 
partagea  les  fonctions  de  son  ministère , 
et  fit  valoir  ses  extravagances.  Il  y  eut, 
chez  les  sots  et  les  dupes ,  les  mêmes  suc- 
cès qu'il  avait  eus  dany  une  partie  de  l'an- 
cien monde.  Ce  succès  lui  persuada  (]iiu 
si  l'Europe ,  l'Asie  et  l'Afrique  ne  sétaienl 
pas  encore  rangées  sous  ses  étendards, 
c'est  qu'elles  l'ignoraient.  Il  écrivit  donc 
à  tous  les  souverains  des  lettres  insensées, 


FOX 


SIS 


FOX 


f{u*on  paya  du  plus  prufond  mépris.  Fox, 
revenu  en  Aiiglelorrc  ,  ronlinua  do  ré- 
pandre «es  riHcrii's,  i-t  mourut  en  1681. 
Peu  de  temps  avant  sa  mort ,  il  compusa 
on  (jrosvoUiine  sur  sa  l'iccl  sci.Uissions; 
pour  le  rendre  plus  mystérieux  ,  il  défen- 
dit par  son  testament  do  l'imprimer.  On 
peut  voir  ce  qu'en  dit  le  Père  Calrou  dans 
•on  Histoire  des  Trembleurs  ,  i)ubliéc  en 
KTSZ  (  voyez  BARCLAY  ,  RoBKnï).  Dans 
une  réiH)nsc  faite  aux  quakers  qui,  en 
1791 ,  étaient  venus  dans  l'assemblée  na- 
tionale de  France,  Mirabeau  réfuta  leurs 
prinripes  en  ces  termes  :  Vous  ne  prête» 
>  point,  dites-vous,  de    sermens  :  mais 

•  vous  vous  trompe/,  ;  un  serment  n'est 
»  qu'une  promesse  faite  à  Dieu  ;  la  con- 
»  science  d'une  âme  pure  est  un  temple  de 
»  la  Divinité,  et ,  en  promettant  sur  votre 
»  conscience,  vous  faites  intervenir  Dieu 
»  dans  vos  paroles...  Le  san(;  humain  n'est 
»  jamais  versé  par  vous  sur  la  terre  :  tou- 
»  chante  philosophie!  mais  prenez  garde  ; 
»  ne  seriei-vous  pas  dans  une  erreur  que 
»  la  vertu  vous  cache?  Auriez-vous  per- 
»  mis  que  ces  hordes  de  sauvages,  qui 
»  errent  dans  les  déserts  de  l'Amérique  , 
»  eussent  porté  le  massacre  dans  la  paci- 
»  lique  Pensylvanie,  qu'ils  eussent  égorgé 
»  vos  femmes ,  vos  cnfans ,  vos  vieillards, 
»  plutôt   que  de  sauver  ces  vies  si  chères 

•  en  donnant  la  mort  à  des  meurtriers  ?  » 
On  sait  qu'un  écrivain  trop  fameux  a  com- 
paré le  christianisme  naissant  à  la  secte 
des  quakers.  \J\\  si  étrange  parallèle  pour- 
rait faire  soupçonner  qu'il  avait  lui-même 
de  forte»  dispositions  au  quakérisme. 
Quand  la  secte  des  quakers  aura  subjugué 
les  piiilosophesetlesrois;  quand  elle  aura 
détruit  toutes  les  autres  religions,  et  cela 
dar.s  im  siècle  aussi  éclairé  que  celui 
d'Auguste  ;  quand  durant  18  siècles  elle 
■  lira  eu  le  suffrage  de  tous  les  bons  esprits, 

le  aura  pour  elle  un  grand  argument. 

est  à  ceux  qui  savent  apprécier  les  pos- 
-  lulités et  pressentir  l'avenir,  à  pronon- 

r  si  le  fanatisme  des  trembleurs  aura 
]  unais  ces  succès.  Les  écritsde  Fox  ont  été 
rcunis  en  3  vol.  in-fol.  :  le  premier  contient 
f'jn  Journal,  le  second  sa  Correspondance. 
'  troisième  ce  qu'il  a  écrit  sur  sadoctrine, 
\>'jelques  personnes  ont  prétendu  qu'il 
n'était  pas  réellement  l'auteur  de  ces  dif- 
férens  ouvrages  ;  mais  ses  sectateurs  sou- 
tiennent que  tout  ce  que  ce  recueil  rtn- 
f'-rme  de  plus  admiraLle  est  rccUemcnl 
lie  leur  patriarche. 

•  FOX  {Cn\Ri.ES-JACQiEs),  liommed'é- 
tat  et  orateur  distingué  de  la  chanjbre  des 


communes  ,  naquit  au  mois  de  janvier 
17&8,  de  Henri  Fox,  premier  lord  Hol* 
land  ,  que  ses  talens  firent  élever  au  mi- 
nistère de  la  guerre,  sous  le  règne  de 
Georges  II ,  et  qui  fut  long-temps  dans  la 
chambre  des  communes,  l'antagcMiistc  do 
William  Pitt,  depuis  comte  de  Chatam. 
Charles  Fox ,  montra  de  bonne  heure  des 
dispositions  heureuses,  et  lit  ses  études 
avec  un  grand  succès  au  collège  d'Elon, 
d'où  il  passa  à  l'université  d'Oxford.  Son 
père  trop  vivemi-nt  flatté  des  brillans  dé- 
buts du  jeune  étudiant ,  eut  la  faiblesse 
de  ne  i>as  réprimer  la  passion  du  jeu  qui 
se  développa  en  lui  de  bonne  heure ,  et 
qui  plus  tard,  détruisit  sa  fortune.  Sui- 
vant l'usage  des  anglais  de  distinction  , 
Charles  Fox  ,  après  avoir  terminé  ses  étu- 
des, voyagea  sur  le  continent,  et  se  fit 
remarquer  dans  plusieurs  capitales  par  un 
goût  excessif  pour  la  parure,  qui  s'unis- 
sait en  lui  à  une  certaine  originalité  d'es- 
prit. Plus  tard  lorsqu'il  eut  acquis  des 
titres  réels  à  une  grande  réputation ,  il 
remplaça  cette  élégance  recherchée  dans 
ses  habits  ,  par  luie  simplicité  qui  tenait 
de  la  négligence.  Durant  son  séjour  au- 
delà  des  Alpes ,  il  se  livra  à  des  études  sé- 
rieuses ,  et  fit  des  progrès  dans  la  langue 
et  la  littérature  italiennes.  Il  n'avait  que 
vingt  ans,  lorsque  son  père,  impatient  de 
le  voir  figurer  sur  la  scène  politique,  le 
lit  nommer  membre  de  >a  chambre  des 
communes.  Son  début  fut  loin  d'annoncer 
qu'il  figurerait  un  jour  parmi  les  orateurs 
les  plus  fougueux  de  l'opposition.  C'était 
l'époque  où  Wilkes ,  député  de  Middlesex, 
détenu  arbitrairement  dans  la  prison  du 
banc  du  roi,  réclamait  sa  rentrée  au  par- 
lement. Fox  combattit  sa  demande  et  n'en 
fut  félicité  que  par  le  ministère.  Mais  sous 
le  rapport  du  talent ,  il  fut  applaudi  du 
public ,  et  le  cliancelier  de  l'Echiquier, 
pour  le  récompenser,  le  nomma  payeur 
de  la  caisse  des  veuves  et  des  orphelins  ; 
et  ensuite  lord  de  l'amirauté  puis  de  la  tré^ 
sorerie.  Partisan  du  système  ministériel 
jusqu'en  1772  ,  il  se  lia  vers  cette  époque 
avec  quelques  membres  de  l'opposition  , 
et  entr'aulres  avec  Burke  ,  qu'il  a  de- 
puis appelé  le  plus  beau  génie  de  l'Angle 
terre  au  18*  siècle.  La  mort  de  son  père 
qui  arriva  en  1774,  leva  tous  les  obstacles 
qui  jusqu'alors  avaient  arrêté  l'essor  in- 
dépendant de  ses  opinions.  Les  reproches 
du  ministère  ne  firent  qu'occélérer  ce 
changement  conforme  à  la  franchise  na- 
turelle de  son  caractère.  I^  discussion  sur 
le  bill  relatif  au  serment  du  TeH,  lui  offrit 


FOX  214 

r-occasion  de  défendre  les  maximes  de  to- 
lérance religieuse  professées  par  l'opposi- 
tion ,  et  il  vola  dans  un  sens  contraire  au 
{jouvernement.  Le  ministère  irrité ,  le 
destitua.de  sa  place  de  lord  de  la  trésore- 
rie. Fox,  très  sensible  à  celte  disgrâce, 
essaya  de  s'en  consoler  par  les  distractions 
dune  vie  dissipée ,  qui  eut  bientôt  con- 
sumé son  patrimoine,  et  il  n'hésita  plus  à 
passer  dans  les,  rangs  de  l'opposition.  La 
guerre  de  l'indépendance  Américaine  lui 
offrit  une  occasion  de  se  venger  du  minis- 
tère. Il  soutint  que  les  colonies  avaient  le 
droit  de  se  taxer  elles-mêmes,  et  il  an- 
nonça les  conséquences  funestes  de  l'obsti- 
nation du  gouvernement.  «  Alexandre  le 
■  Grand,  disait-il,  n'a  pas  conquis  autant 
»  de  pays  que  lord  Norlh  aura  eu  le  talent 
»  d'en  perdre  dans  une  seule  campagne.  » 
Ayant  pénétré,  durant  un  voyage  qu'il  iit 
en  France,  les  intentions  hostiles  du  ca- 
binet de  Versailles,  il  en  revint  plus 
affermi  dans  son  système  d'opposition  ,  et 
il  ne  cessa  de  se  prononcer  contre  les 
mesures  qui  tendaient  à  soumettre  les 
rebelles  par  la  force  des  armes.  Cette 
conduite  et  un  duel  qu'il  s'attira  par  une 
vive  sortie  contre  les  députés  qui  aban- 
donnaient l'opposition  ,  lui  acquirent  la 
faveur  du  peuple ,  et ,  en  1780 ,  malgré 
tous  les  obstacles  que  lui  suscita  l'influence 
de  la  cour,  il  fut  élu  représentant  de 
Westminster.  Devenu  le  chef  de  l'oppo- 
sition ,  il  ne  laissa  aux  ministres  aucun 
moyen  de  se  maintenir,  après  la  capi- 
tulation de  lord  Cornwallis  ,  fait  prison- 
nier par  les  insurgés  américains.  Fox 
accusa  l'administration,  non  seulement 
d'impéritie,  mais  de  trahison.  Un  nouveau 
ministère  ayant  été  formé  en  1782,  il  y 
entra  comme  secrétaire  d'état  des  affaires 
étrangères.  Bientôt  la  mort  de  lord  Rockin- 
gham  ,  ayant  fourni  à  la  cour  vm  prétexte 
l)our  composer  un  ministère  qui  lui  déplût 
moins,  Fox  parut  oublier  ses  principes,  en 
se  rapprochant  de  lord  North  qu'il  avait 
long -temps  combattu  avec  si  peu  de  mé- 
nagement ,  violant  ainsi  la  promesse  so- 
lennelle qu'il  avait  faite  de  ne  jamais 
s'allier  avec  un  seul  personnage  apparte- 
nant au  cabinet  de  lord  North.  Nommé 
tme  seconde  fois  secrétaire  d'état ,  il  parut 
de  nouveau  en  contradiction  avec  sa  con- 
duite passée  ,  en  adoptant  pour  conclure 
la  paix  générale  signée  en  1783 ,  les  préli- 
minaires arrêtés  précédemment  par  lord 
Shelburne  ,  et  qu'il  avait  désapprouvés 
comme  membre  de  l'opposition.  Fox  se  vit 
loul-à-fail  abandonné  par  l'opinion  publi- 


FOX 

que ,  lorsqu  il  eut  appuyé  par  un  discours, 
regardé  dureste,  comme  un  chef-d'œuvre, 
un  bill  destiné  à  faire  dépendre  entière- 
ment du  ministère,  la  direction  des  affai- 
res de  l'Inde,  enôtantàla  compagnie  sa 
charte,  sous  prétexte  de  punir  les  malver- 
sations. Le  bill  passa  malgré  les  efforts  de 
Pitt  ;  mais  le  roi  trouvant  que  les  minis- 
tres allaient  trop  loin,  le  fit  rejeter  par  la 
chambre  haute  ,  et  changea  son  ministère. 
Cependant  telle  est  l'inconstance  de  l'opi- 
nion publique ,  que  le  nom  de  Fox  rede- 
vint populaire  dans  le  nouveau  parlemei\l 
qui  fut  convoqué,  dès  qu'il  se  fut  opposé 
à  l'établissement  de  quelques  taxes  nou- 
velles. En  1780,  il  appuya  avec  Pitt  et 
Burke  la  proposition  qui  fut  faite  d'abolir 
la  traite  des  noirs.  L'année  précédente  le 
roi  Georges  III  avait  eu  une  première  at- 
taque de  cette  maladie  qui  finit  par  aliéner 
totalement  sa  raison.  Fox  qui  voyageait 
alors  en  Italie ,  revint  précipitamment  à 
Londres,  et  soutint  avec  force  que  la  ré- 
gence appartenait  de  droit  à  rhéritiei 
présomptif  de  la  couronne.  Le  prompt 
rétablissement  du  roi  frustra  les  espéran- 
ces que  l'opposition  avait  fondées  sur  le 
prince  de  Galles.  En  1790 ,  Fox  combattit 
le  projet  qu'avaient  les  minisires  de  dé- 
clarer la  guerre  àla  Russie  et  à  l'Espagne , 
et  Catherine  II  fut  si  contente  du  discours 
qu'il  prononça  à  cette  occasion,  qu'elle 
voulut  faire  sculpter  son  buste  alln  de  le 
placer  entre  ceux  de  Démosthènes  et  de 
Cicéron.  Lorsque  la  révolution  française 
éclata.  Fox  y  applaudit  avec  chaleur,  ce 
qui  amena  sa  rupture  avec  Burke,  dont 
il  ne  put  jamais,  malgré  ses  instantes 
prières,  recouvrer  l'amitié.  Malgré  sa 
sympathie  pour  les  réformateurs  fran- 
çais ,  il  demanda  que  le  parlement  inter- 
vînt en  faveur  de  Louis  XVI ,  auprès  do 
la  Convention.  Il  s'opposa  néanmoins  en 
1795 ,  à  la  déclaration  de  guerre  contre  la 
France  ,  et  cette  opinion  indisposa  contre 
lui  la  chambre  tout  entière  ,  et  lui  enleva 
de  nouveau  presque  toute  sa  popularité. 
Le  jeu  et  les  paris  avaient  entièrement 
ruiné  sa  fortune.  Son  opposition  l'éloi- 
gnait  du  pouvoir,  et  il  ne  lui  restait 
d'autre  consolation  que  l'espoir  de  lecou- 
vrer  la  faveur  populaire.  Dans  une  fêle 
qui  lui  fut  donnée  par  les  Wighs ,  pour 
l'anniversaire  de  sa  naissance ,  il  osa  por 
ter  un  toast  au  peuple  souverain  !  ce  qui 
le  fit  immédiatement  rayer  de  la  liste  des 
conseillers  privés  du  roi.  La  paix  signée 
en  1801 ,  lui  permit  de  voyager  en  France 
où    il   reçut  l'accueil  le   plus  distingué. 


FOY 


213 


FOY 


î.or!tquc  Pill  immrut  en  1800 ,  Fox  fut 
noininé  proiuitT  ministre.  Toujours  ani- 
mé du  désir  d'otablir  avi-c  la  France  des 
relations  amicales,  il  nvail  cnlamé  n  Pa- 
ris une  né(;<Hialioii  qui  promelluil  d'heu- 
reux ril-sullals  ,  lors(ju'une  hydropisic  de 
)X)itrinP  l'enleva  le  13  seple-nbre  de  la 
m^nio  année.  Des  Iionneurs  extraordi- 
naires furent  rendus  à  sa  mémoire.  On 
ensevelit  ses  restes  dans  l'abbaye  de 
^^'rstminster  ;  et  le  prince  de  (ialles  de- 
I  rui  régent  lit  i)lacer  .son  buste  dans  la 
lie  du  conseil.  Fox  est  un  des  orateurs 
les  plus  éloquens  dont  l'Angleterre  s'ho- 
nore ;  une  simplicité  lucide,  une  dialec- 
tique nerveuse,  et  quelquefois  une  véhé- 
mence enlrainanle  faisaient  le  mérite  de 
ses  discours.  Son  talent  était  soutenu  par 
une  vaste  érudition  .  et  il  possédait  à  fond 
Ks  langues  grecque  et  latine.  On  doit  re- 
gretter que  ses  qualités  éminentes  aient 
été  ternies  par  la  passion  du  jeu  et  les 
h&bitudes  d'une  vie  dissipée.  Comme 
Mirabeau,  Fox  prétendit  allier  rexlrême 
irré{jularité  des  mœurs  et  les  travaux  de 
riiomme  d'état.  L'intempérance  de.  sa  vie 
altéra  sa  santé  naturellement  robuste  et 
hâta  le  terme  de  ses  jours.  On  a  de  lui  : 
I  Lettre  aux  dignes  et  indéperulans  élec- 
teurs de  la  cité  de  ff^esttninster.  1793  ; 
I  Histoire  des  deux  derniers  rois  de  la 
maison  des  Stuart .  Londres.  1808,  in-8"  ; 
cel  ouvrage  n'est  pas  terminé.  On  a  aussi 
publié  un  recueil  des  discours  de  Fox, 
dans  la  chambre  des  couimuncs,  Londres, 
1814,6  vol.  in-8°. 

FOX-MORZILLO,  Foxus  Morzillus 
(Sébastien),  né  à  Séville  en  1528,  fit 
ses  éludes  en  Espagne  et  dans  les  Pays- 
Bas,  et  s'acquit  de  la  réputation  par  ses 
ouvrages.  Pliilippe  H,  roi  d'Espagne, 
l'ayant  nommé  pour  être  précepteur  de 
l'infant  don  Carlos,  il  quitta  Louvain  ,  et 
alla  s'embarquer  pour  étr«  plus  tôt  auprès 
du  prince:  mais  il  lit  malheureusement 
naufrage  ,  et  périt  à  la  fleur  de  son  âge. 
On  a  de  lui  des  Commentaires  sur  le  Ti- 
mée  et  sur  le  Pliédon  de  Platon,  in-fol., 
cl  plusieurs  autres  ouvrages  remplis  d'é- 
rudition. 

•  FOY  (Lours-EriEMXE  de),  chanoine 
de  Meaux  ,  né  à  Angles ,  mort  en  1778 ,  a 
laissé  :  |  les  filtres  du  baron  de  Busbeck. 
ambassadeur  de  Ferdinand  II  auprès  de 
Soliman  If.  clc,  traduites  du  latin  et  cn- 
richi.,s  de  remarques  historiques,  17/t8, 
3  vol.  in-1'2;  ]  Traité  des  deux  puissances. 
ou  Maximes  sur  l'abus,  17î»2 ,  in-12; 
I  Protpectui  d'une  Description  historique. 


géoffraphique  et  diplomatique  de  la 
France,  17:)7 ,  in-4"  ;  |  Notice  des  dipli^- 
mes.  des  Chartres  et  des  actes  relatifs  à 
liristoirc  de  France,  t.  1,  176S ,  In-fol. 

•  FOY  (lM.\xiMii.iK\-SKB\snE:<)  comte, 
lieutenant  général  des  aruiécs  françaises, 
et  député  de  l'Aisne,  naquit  à  Ham,  dé- 
parlement de  la  Somme  en  février  1773, 
Desthié  à  la  carrière  militaire ,  il  entra , 
en  qualité  d'élève,  à  l'école  d'artillerie  do 
La  Fèrc  dès  l'âge  de  15  ans.  Nommé  en 
1702  lieutcnanl  en  second  au  troisième 
régiment  d'artillerie,  il  fit  ses  première* 
aruies  sous  les  ordres  du  général  Dumou- 
riez,  et  obtint  eu  1793  le  grade  de  capi- 
taine dans  la  12*  compagnie  d'artillerie  à 
cheval.  Après  la  retraite  de  Belgique ,  il 
servit  sous  les  généraux  Dampierre,  Jour- 
dan,  Pichegru  et  Houchard,  qui  tous  ren- 
dirent à  sa  valeur  et  à  ses  talens  les  plus 
honorables  témoignages.  Partisan  modéré 
des  idées  constitutionnelles,  il  ne  pul  voir 
sans  horreur  les  excès  de  la  révolution  , 
et  il  s'en  expliqua  avec  la  franchise  d'un 
soldat.  Joseph  Lebon,  si  célèbre  par  ses 
sanglantes  exécutions,  le  regardant  comme 
un  ennemi  de  la  république ,  le  fil  jeter 
dans  les  prisons  de  Cambrai,  et  traduire 
au  tribunal  révolutionnaire  de  cette  ville. 
Foy  ,  qui  avait  fait  entendre  des  paroles 
hardies  au  cruel  proconsul ,  déploya  la 
même  assurance  devant  ses  juges,  qui  se 
contentèrent  de  le  renvoyer  en  prison  jus- 
qu'à plus  ample  informé.  Rendu  quelques 
mois  après  à  la  liberté,  et  réinstallé  plus 
tard  dans  son  grade,  il  fit  dans  l'armée  de 
Rhin-et- Moselle  ,  les  campagnes  de  1795  , 
1796  ,  et  1797,  cl  se  distingua  au  passage 
du  Rhin  à  Diersheim  le  1"  floréal  an  5 , 
par  une  manœuvre  hardie  qui  favorisa 
l'établissement  de  l'infanlcric  française 
sur  l'autre  rive  du  fleuve.  Blesse  griève- 
ment par  un  boulet  au  fort  de  l'action  ,  il 
fut  nommé  chef  d'escadron  sur  le  champ 
do  bataille.  Profitant  pour  étendre  son 
instruction  des  loisirs  de  sa  convalescence, 
il  étudia  le  droit  public  des  nations  sous 
le  célèbre  professeur  Koch  de  Strasbourg. 
Envoyé  au  printemps  de  1798  avec  son 
régiment  rejoindre  l'armée  il\-/ngleterre 
rassemblée  sur  les  côtes  du  Nord ,  il  re- 
fusa la  place  d'aide-de-camp  que  Bon{^ 
parte  lui  fil  offrir.  L'année  suivante  il 
servit  dans  l'armée  de  Suisse  commandée 
par  le  général  Masséna ,  auquel  il  sut  ii»- 
spirer  la  plus  haute  cstin>e.  Après  avoir 
combattu  en  Allemagne,  il  passa  en  Italie, 
c(  fut  chargé  du  commandement  de  la 
ville  Je  Milan.  U  vtMia  Naplcs  et  Home  «t- 


FOY 

ton{  ce  que  le  pays  offre  de  curieux,  et 
revint  en  France  vers  l'époque  de  la  paix 
d'Amiens  avec  le  grade  de  colonel  du 
5*^  régiment  d'artillerie  à  ttheval.  Foy  était 
lié  avec  Moreau,  et  ses  relations  avec  ce 
général  firent  planer  sur  sa  tête  quelques 
soupçons  dans  le  fameux  procès  de  Geor- 
ges. Lorsque  Moreau  fut  mis  en  jugement, 
on  présenta  à  la  signature  de  Foy ,  qui 
était  alors  chef  d'état-major  du  camp 
d'Utrecht,  une  adresse  au  premier  consul, 
ou  la  conduite  du  vainqueur  de  Hohen- 
linden  était  incriminée;  mais  il  refusa 
d'y  donner  son  adhésion.  «  Je  ne  signerai 
»  jamais  ,  s'écria-t-il ,  une  pièce  qui  dé- 
»  signe  tels  ou  tels  individus  comme  au- 
»  teurs  de  conspirations  ;  parce  que  je  suis 
»  militaire,  et  que  je  ne  suis  pas  juge.  » 
Vers  le  même  temps,  la  question  de  l'éta- 
blissement du  gouvernement  impérial 
ayant  été  soumise  au  suffrage  de  l'armée, 
comme  à  celui  du  peuple ,  Foy  osa  voter 
contre  le  nouveau  titre ,  qui ,  selon  lui , 
allait  détruire  le  prestige  attaché  au  nom 
de  Bonaparte.  Napoléon ,  instruit  de  ces 
actes  de  résistance  auxquels  il  était  peu 
accoutumé,  ne  cessa  pas  pour  cela  d'em- 
ployer Foy  ;  mais  il  le  laissa  neuf  années 
dans  le  grade  de  colonel.  Foy  après  avoir 
pris  part  en  1805  à  la  campagne  d'Autriche, 
et  commandé  dans  le  Frioul  l'artillerie 
du  corps  qui  y  était  stationné,  fut  envoyé 
en  1807  à  Conslanlinople  à  la  tète  d'un 
corps  de  1200  canonniers  que  Napoléon 
envoyait  comme  auxiliaires  au  sultan 
Sélim  contre  les  Russes  et  les  Anglais.  Sur 
ces  entrefaites  une  révolution  ayant  éclaté 
dans  la  capitale  de  l'empire  ottoman,  les 
canonniers  revinrent  en  France;  mais 
Foy  poursuivit  sa  route  ;  et  achevant  heu- 
reusement sa  mission ,  il  fortifia  les  Dar- 
danelles et  fit  mettre  en  position  un  grand 
nombre  de  batteries  qui  forcèrent  l'en- 
nertii  à  se  retirer.  De  Constantinople  il 
passa  en  Portugal,  et  se  trouva  à  la  bataille 
de  Vimîiro ,  of»  il  fut  blessé.  Nommé  gé- 
néral de  brigade  le  3  septembre  1808,  il 
se  distingua  dans  toutes  les  affaires  qui 
eurent  lieu  pendant  celte  campagne.  Dans 
celle  de  1810,  où  il  fut  blessé,  il  défit  avec 
six  cents  hommes  trois  mille  Espagnols  à 
Arrago-del-Gorco  en  Estramadure  ;  et  dans 
une  autre  reiicontre  on  le  vit  avec  douze 
cents  fantassins  et  trois  cents  chevaux 
résister  pendant  une  marche  de  six  lieues 
au  corps  du  général  O'  Donnel,  composé 
de  sept  mille  hommes  d'infanterie  et  de 
deux  mille  cavaliers ,  et  sans  cesse  atta- 
qué, ne-làisser  à  l'ennemi  que  des  morts. 


àl6  FOY 

Choisi  par  le  maréchal  prince  d'Esling 
pour  aller  expliquer  à  Bonaparte  la  posi- 
tion difficile  où  se  trouvait  i'armée  fran- 
çaise ,  le  général  Foy,  après  avoir  faiHi 
périr  en  route,  parut  devant  l'empereur, 
qui  frappé  de  la  manière  dont  il  lui  remli» 
compte  des  opérations  de  l'armée,  le  prit 
en  estime ,  et  le  nomma  général  de  divi- 
sion. Pendant  les  campagnes  de  1811  et 
de  1812,  le  général  Foy ,  chargé  du  com- 
mandement de  plusieurs  divisions,  sembla 
malgré  ses  fatigues  et  ses  nombreuses 
blessures,  redoubler  de  courage  et  d'ac- 
tivité. Alabataille  de  Salamanque,il  coxi- 
vrit ,  à  la  tète  de  l'arrière-garde,  la  retraite 
de  l'armée ,  et  eut  plusieurs  engageraens 
avec  l'ennemi  jusqu'aux  bords  du  Duero. 
En  1813 ,  il  prit  d'assaut  la  place  de  Cas- 
fro-Urdiales,  défendue  par  une  forte  gar- 
nison espagnole,  et  par  une  escadrille 
anglaise  ;  et  après  la  perte  de  la  bataille 
de  Viltoria ,  il  rassembla  les  débris  de  l'ar- 
mée française ,  et  occupa  le  défilé  d'Ar- 
douin  qu'il  ne  quitta  que  sur  l'ordre  ex- 
près du  roi  Joseph.  Après  avoir  renforcé 
Saint -Sebastien,  il  repassa  la  Bidassoa 
sans  avoir  laissé  à  l'ennemi  ni  un  homme, 
ni  un  canon,  ni  un  fusil.  Grièvement 
blessé  à  la  bataille  d'Orthez,  le  27  février 
181/t ,  il  fut  retenu  au  lit  jusqu'après  la 
déchéance  de  Bonaparte,  et  le  rétablisse- 
ment du  trône  des  Bourbons.  Louis  XVIII 
le  nomma  successivement  inspecteur- 
général  de  la  14'  puis  de  la  12*  division 
militaire,  chevalier  de  Saint-Louis,  grand 
officier  de  la  légion  d'honneur,  et  comte 
Ces  faveurs  du  gouvernement  royal  ne 
l'empêchèrent  pas  de  se  ranger  après  le 
20  mars  sous  les  drapeaux  de  Bonaparte. 
Chargé ,  à  la  bataille  de  Waterloo ,  du 
commandement  d'une  division  d'infan- 
terie ,  il  y  reçut  sa  quinzième  blessure. 
Foy  rentra  après  la  seconde  restauration 
dans  la  vie  privée,  chercha  dans  Tétude 
un  délassement  de  ses  fatigues,  et  entre- 
prit d'écrire  l'histoire  de  la  guerre  et  de 
la  révolution  d'Espagne.  Nommé  en  1819 
inspecteur-général  d'infanterie  dans  les 
2*^  et  16"=  divisions  militaires,  il  fut  élu  dé- 
puté le  11  septembre  de  la  même  année 
par  le  département  de  l'Aisne.  Il  prit 
place  au  côté  gauche  de  la  chambre ,  et 
s'éleva  bientôt  au  rang  des  premiers  ora- 
teurs de  la  France.  Si  son  opposition  au 
ministère  fut  violente ,  elle  parut  dû 
moins  toujours  loyale  et  consciencieuse; 
le  talent  s'unissait  en  lui  à  un  noble  ca- 
ractère ,  et  ses  inspirations  les  plus  élo- 
quentes étaient  puisées  dans  un  schtifnetkt 


FOZ 


S17 


FHA 


\.»Ué  d'honneur  français  qui  trouvait  de 
U  sympathie   dans   tous   les  partis.  Foy 
lutta  ouvertement  contre   le   gouverne- 
ment des  Rourbons  ;  mais  il  ne  conspira 
j*mais.L'l  il  csl  probable  que  ses  vœux  en 
politique  n'nllaiont  pus  au-delà  de  l'uvi'-- 
lurnu-nt  d'un  minislèro  libéral.  La  Franru 
entière  admira  la  chaleur  entraînante  de 
ses  discours,  la  verve  brillante  de  ses  im- 
provisations ,  aussi  bien  que  le  vaste  sa- 
voir et  les  coimaissances  variées  qu'il  dé- 
ploya dansloscombatsjournaliersdela  tri- 
bune. Quand  son  mandat  de  député  expira 
en  1823,  les  collèges  de  Paris  ,  de  Saint- 
Quentin  et  de  Vervins  lui  accordèrent  si- 
multanément leurs  suffrages  pour  la  ses- 
sion de  182.'».  Son  /.èle  et  son  éloquence  pa- 
rurent s'accroître  encore  dans  ce  dernier 
I  iode  de  sa  carrière.  Mais  ses  forces  phy- 
[nes  ne  répondirent  pas  à  l'énergie  de 
son  àme. Atteint  d'une  affection  du  cœur, 
un  voyage  qu'il  fit  dans  les  Pyrénées  no 
put  lui  rendre  la  santé.  Les  émotions  qut: 
lui  fit  éprouver  l'accueil  qu'il  reçut  dans 
plusieurs  villes  de  France,  hâtèrent  les 
progrès  du  mal.  Les  soins  empressés  que 
les  médecins   lui  prodiguèrent  après  son 
retour  à  Paris  furent  impuissans  pour  le 
sauver,  et  il  succomba  le  28  novembre 
1825.  Ses  funérailles  furent  célébrées  avec 
une  grande  pompe.   L'opposition   s'était 
donne  rendez- vous  à  cette  lugubre  céré- 
monie, et  plus  de  50,000  personnes  y  as- 
sistèrent. Des  discours  furent  prononcés 
sur  sa  tombe  par  MM.  Casimir  Perrier , 
Uéchin  ,  Ternaux  et  le  général  MioUis. 
Plusieurs  écrits  en  prose  et  en  vers  furent 
Tubliés  à  sa  louange,  et  une  souscription 
.t  ouverte  dans  toute  la   France  pour 
ter  ses  enfans  et  pour  ériger  un  moim- 
■nt  à   sa  mémoire.  On   a  du  général 
'y  :  1  Hisloire  de  la  guerre  de  la  Péniiv- 
de  sous  Napoléon,  précédée  d'un  ta- 
'■•OH  politique  et  militaire  des  puissances 
(liyérantcs.  Paris,  1827,  k  vol.  in-S";  on 
a>sur«  que  cet  ouvrage  a  été  rédige  par 
M.  Tissol  s'ir  de  simples  notes  du  général 
Foy.  I  Dt 'cours  du  général  Foi/. précédés 
d'une  notice  biographique  par  M.  Tissot . 
d'un  éloge  par  M.  Ltienne  ^  et  d'un  essai 
ir  l'éloquence  politique  par  M.  Jay . 
'■   iris,  182j.  2  vol.  in-S". 

•  FOZIO  (  JosEPU  ),  en  latin  Fotius,  jé- 

5'iile  italien,   professeur  de  rhétorique, 

•  'i'.DSophie  et  de  théologie  dans  le^ 

de  son  ordre  à  Rome,  \t\x\i  vice. 

:   le  la  maiyjn  professe  de  cette  ville, 

.en  1G0<) ,  mort  vers  1676  ,  a  donne  un 

crit  inîitulé  :  Informatio  pro  ten.  servo 


Dei  Tgnatio  Azehcdo  et  sociis  in  odium 
/ùiei iuterfpctis ab  lurretiei.1.  Home,  1662, 
in-i".  II  a  traduit  en  italien  :  |  la  f  i>  de 
saint  François  de  Sales  par  lu  cardinal 
Franciolli ,  Rome,  1662,  in-8"  :  |  T  His- 
toire sainledu  P.  Nicol.  Talon,  Bologne, 
1649,  in- 12 ,  ]  et  plusieurs  autres  ouvrages 
ascétiques. 

FUA-B\STIE\.    royez   SÉBASTIEN. 

FRACVSTOR  (JérÔ>ie),  naquit  à  Vé- 
rone vers  l'an  1483 .  avec  des  lèvres  si  fort 
allacbées  l'une  à  l'autre,  qu'il  fallut  qu'un 
chirurgien  les  séparât  avec  un  rasoir.  On 
dit  que,  dans  son  enfance,  sa  mère  fut 
écrasée  de  la  foudre,  tandis  qu'elle  le  tenait 
dans  ses  bras ,  sans  qu'il  en  fût  atteint.  Ses 
progrès  dans  les  sciences  et  les  beaux  arts 
furent  rapides.  II  cultiva  surtout  avec  beau- 
coup de  succès  la  poésie  et  la  médecine. 
Le  pape  Paul  III,  voulant  transférer  d'Al- 
lemagne en  Italie  le  concile  de  Trente  ,  se 
servit  de  lui  pour  y  engager  les  Pères;  et 
ce  fut  alors  que  le  concile  fut  transféré  à 
Bologne.  Fracastor  mourut  d'apoplexie  à 
Casi,  près  de  Vérone ,  en  1553,  à  71  ans.  Sa 
patrie  lui  fit  élever  une  statue  6  ans  après. 
Fracastor  était  en  relation  avec  les  meil- 
leurs littérateurs  de  son  temps  ,  et  en  par- 
ticulier avec  l'illustre  cardinal  Bembo.  Il 
était  digne  de  ce  commerce  par  les  quali- 
tés de  son  cœur.  Exempt  d'ambition,  con- 
tent de  peu ,  il  mena  une  vie  saine  et 
joyeuse.  Il  parlait  peu  ;  mais  lorsqu'il  était 
en  société  avec  ses  amis  ,  sa  conversation 
était  aussi  gaie  qu'animée.  Dans  la  méde- 
cine ,  il  s'attachait  à  la  guérison  des  ma- 
ladies extraordinaires.  Fracastor  est  prin- 
cipalement connu  par  l'élégance  avec  la- 
quelle il  écrivait  en  latin.  Son  poème  in- 
titulé :  Syphilis,  sive  de  morbo  g  allie  o . 
ouvrage  dans  le  goût  des  Gcorgiques  de 
Virgile,  n'est  point  indigne  de  l'auteur 
qu'il  a  imité.  Il  a  obtenu  plus  de  20  éditions. 
La  versification  en  est  riche  et  nombreuse, 
les  images  vives  ,  les  pensées  nobles.  On 
en  adonné  en  1753,  in-12,  une  traduction 
en  français  avec  des  notes  :  elle  est  attri- 
buée à  Macquer  et  à  Lacombe.  Il  a  aussi 
été  traduit  en   italien.  Il  nous  reste  plu- 
sieurs autres  ouvrages  de  ce  poète  méde- 
cin; [De  slellis  liber  unus .  1535-1338, 
in-S'';  I  De  sympathia  etantipathia  rerum. 
1640,  qui  a  eu  plusieurs  éditions;  |  Fra~ 
castorius  sive  de  anima  Dialogus.  (►n  le<; 
a  recueillis  à  Padoue  en  1735,  en  2  v<.l.  in- 
4".  Lvs  poésies  avaient  été  imprimées  sé- 
parément dans  la  même    ville  en  1718, 
in-8". 
ir. ACIIETTA  (  JêrGmb ) ,  de  Rovigo 
19 


FRA 


218 


FRA 


en  Italie ,  se  fit  un  nom  par  ses  ouvrages 
de  politique.  Le  plus  considérable  est  :  Il 
seniinario  de  Governi,  di  Slato  e  di  Guer- 
ra^  1648,  ia-i°.  Il  mourut  à  Naplcs,  au 
commencement  du  dlx-septièn>e  siècle.  Il 
demeura  quelque  temps  à  Rome ,  où  i! 
fut  char(Té  par  la  cour  d'Espagne  de  di- 
verses affaires;  mais  son  esprit  satirique 
l'obligea  de  quitter  cette  capitale.  Nous 
avons  encore  de  lui  une  traduction  ita- 
lienne du  poèfne  de  Lucrèce ,  avec  d'excel- 
lentes remarques  sur  l'épicurcisme. 

*  FRA-DIAVOLO,  ou  Frère  Diable. 
dont  le  véritable  nom  est  Michel  Pozza  , 
naquit  à  Itri,  vers  17G0.  S'élant  mis  à  la 
tète  d'une  troupe  de  brigands  ,  il  désola 
pendant  long-temps  la  Calabre.  Lorsque 
les  Français  envahirent  le  royaume  de 
Naples,  Fra-Diavolo  prit  le  parti  du  roi 
et  leur  fit  la  guerre.  Le  cardinal  Ruffo , 
après  avoir  forcé ,  en  1799 ,  les  Français 
à  évacuer  le  royaume  de  Naplcs  ,  lui  ob- 
tint le  pardon  du  passé  et  le  brevet  de 
colonel  ou  de  chef  de  masse  insurgée.  De- 
venu tout  à  coup  un  autre  homme,  il  ne 
s'occupa  que  de  bien  former  sa  troupe  ,  fit 
la  campagne  de  Rome  ,  s'y  distingua  par 
son  intrépidité ,  et  obtint  plusieurs  ré- 
compenses. Lorsque  les  Français,  sous  la 
conduite  de  Bonaparte,  eurent  occupé 
Naples  une  deuxième  fois,  il  fut  chargé 
de  réunir  ses  camarades  ,  et  il  se  retira  à 
Gaiile.  Le  souvenir  de  son  ancien  métier 
lui  fit  commettre  quelques  désordr'js  dans 
celle  ville,  d'où  il  fut  chassé  par  ordre  du 
prince  de  Her.se-Philippslhal,  qui  en  était 
gouverneur.  Après  avoir  erré  quelque 
temps  dans  la  Calabre,  il  se  rendit  à  Pa- 
lerme  ,  où  il  prit  part  à  l'insurrection  or- 
{janiséepar  le  commodore  Sydney  Smilli. 
Ayant  débarqué  à  Sperlonga ,  il  délivra 
sur  son  passage  tous  les  malfaiteurs  dé- 
tenus dans  les  prisons  ,  pour  en  grossir  sa 
troupe,  et  marqua  sa  route  par  le  meurtre. 
le  vol  et  l'incendie.  Atteint  par  les  Fran 
çais,  il  se  défendit  avec  courage  ,  et  par- 
vint à  s'échapper  ;  mais  il  fut  trahi  par 
un  paysan,  arrêté  à  Saint-Severino ,  et 
jConduit  à  Naples  ,  où  il  fut  exécuté  le  6 
novembre  1806  ,  sur  la  place  du  marché, 
en  présence  d'une  foule  immense.  Sa  mort 
est  devenue  le  sujet  d'un  opéra. 

*FRAGOI\ARD  (Nicolas),  peintre, 
né  à  Paris  vers  1732,  fut  élève  de  Boucher, 
Il  adopta  la  manière  affectée  de  son  maî- 
tre ,  en  mettant  toutefois  plus  de  noblesse 
et  de  poésie  dans  ses  compositions.  Après 
avoir  remporté  le  grand  prix,  il  alla  étu- 
dier à  RoiTi*; lise  lit  recevoir  àson  retour 


membre  de  l'académie  de  peinture,  en 
présentant  son  tableau  de  Coresus  et  Cal- 
lirhoé\  qui  fit  concevoir  de  lui  les  plus 
hautes  espérances  ;  mais  ilaban-lonnabien- 
tot  les  compositions  d'histoire  pour  les 
tableaux  erotiques ,  qui  lui  obtinrent  la 
vogue  et  qui  lui  valurent  une  certaine 
opulence.  La  révolution  la  lui  ayant  fail 
I)erdre  ,  il  cessa  dès  lors  de  pehidre  ,  el 
mourut  à  Paris ,  en  1806,  dans  un  état 
voisin  de  la  misère. 

FRAGUIER  (  Claude -François  ) ,  de 
l'académie  française  et  de  celle  des  belles- 
lettres  ,  naquit  à  Paris  le  28  août  1666.  Les 
Pères  laBaune  ,  Rapin  ,  Jouvenci ,  la  Rue 
et  Commire  lui  inspirèrent  le  goût  des 
belles-lettres,  et  surtout  de  la  poésie.  Il 
prit  l'habit  de  jésuite  en  1683 ,  et  le  quitta 
en  1694 ,  soit  qu'il  fût  convaincu  que  ce 
n'était  pas  sa  vocation,  soit  que  ses  supé- 
rieurs ne  crussent  pas  qu'il  eût  l'esprit 
de  l'état  religieux.  L'abbé  Bignon  chargé 
de  présider  au  Journal  des  savans .  en- 
gagea l'abbé  Fraguier  à  partager  ce  tra- 
vail ,  auquel  il  paraissait  propre  par  ses 
connaissances  ,  et  surtout  parce  qu'il  pos- 
sédait différentes  langues.  Renfermé  chez 
lui  ,  dans  un  âge  peu  avancé  ,  par  des  in- 
firmités continuelles,  il  s'occupa  d'une  tra- 
duction de  Platon ,  que  sa  santé  l'obligea 
d'abandonner  ;  mais  il  jjublia  un  poème  sur 
la  philosophie  de  ce  Grec ,  intitulé  :  Ecole 
de  Pîaton.  Il  y  montre  un  grand  respect 
I)our  ces  vieux  pédagogues,  qui  ont  donné 
des  leçons  qu'ils  ne  pratiquaient  guère, 
leçons  qui  elles-mêmes  n'étaient  pas  tou- 
jours sages ,  et  respiraient  ou  la  vanité  ou 
la  corruption  des  auteurs,  et  qui  dans  tous 
les  cas  étaient  sans  ressort  et  sans  sanction 
(  rof/ez  PLATON ,  LUCIEN  ,  SOCRATE  , 
ZENON,  etc.  ).  Ce  poème  et  les  autres 
poésies  de  fabbé  Fraguier  se  trouvent 
dans  le  Recueil  de  celles  de  Huet ,  publié 
en  1729 ,  in-l2 ,  par  les  soins  de  l'abbé 
d'Olivet.  On  a  encore  de  fabbé  Fraguier 
î)lusieurs  Dissertations ,  insérées  dans  les 
î\lémoires  de  l'académie  des  belles-lettres. 
Il  mourut  d'apoplexie  en  1728  ,  âgé  de  G2 
ans.  Le  célèbre  Huet  et  d'autres  savans 
illustres  avaient  été  ses  amis,  mais  ses 
liaisons  avec  Ninon  de  Lenclos  et  son  en- 
thousiasme philosophique  qui  allait  jus- 
qu'à faire  f  éloge  du  pédéraste  Socrate  , 
éloignèrent  de  lui  les  hommes  vertueux. 

FRAL\  (Jean),  seigneur  du  Tremblai, 
né  à  Angers  en  1641 ,  membre  de  l'acadé- 
mie de  cette  ville ,  mourut  en  1724.  Sa 
conversation  était  celle  d'un  homme  qui 
avait  beaiw<»»rt  '•*     mais  trop  entêté  de 


FAA 


SiO 


FRA 


-es  Id^cs.  Sur  la  lin  de  ses  jours  il  devint 
l>res(iuc  misanthrope.  Ou  a  de  lui  plu- 
ticursTraiU'S de  morale  sulidonionti'crils: 
l  .XouveauJC    Essais    de   morale,   in-1'2; 

Traité  lie  la  vocation  chrétienne  drs 
m/ans  ;  I  Conversations  morales  sur  les 
/fujc  et  les  tlivertissemens  ;  \  Traité  ilc  la 
confiance  en  Pieu. 

•  FllAMEllY  (NicotAS-ETiENXE).  né  h 
liiucii  le  25  mars  1745,  mort  à  Paris  le 
;.  novembre  1810,  cultiva  tout  à  la  fois  la 
;  lésie.  l'art  drauialique  et  la  musiciuc,  et 
.  publié  dans  ces  différens  genres  plu- 
sieurs ouvrages  qui  ne  sont  pas  sans  mé- 
rite. Il  a  composé  :  |  Mémoire  sur  le  Con- 
servatoire de  musique  ,  1775  ;  |  Le  musi- 
len  pratique,  traduit  de  l'italien  de  d'A- 
7.>pardi.  2  vol.  in-S",  178G;  c'est  un  traité 
«.le  contre-point  que  l'on  dit  fort  médio- 
cre, et  dont  cependant  M.  Cboron  adonné 
une  nouvelle  édition  en  1823  ,  1  vol.  in- 
8"  ;  I  Lettre  à  l'auteur  du  Mercure  (  dans 
le  Mercure  de  septembre  1776  )  où  il  se 
déclare  contre  la  musique  de  Gluck  ; 
I  .4vis  aux  poètes  lyriques .  ou  de  la  né- 
cessité du  rhythme  et  de  la  césure  dans 
les  hymnes .  1780,  in-8°  ;  |  Discours  cou- 
ronné par  l'institut  sur  cette  question  : 
analyser  les  rapports  qui  existent  entre 
la  musique  et  la  déclamation .  et  déter- 
miner les  moyens  d'appliquer  la  décla- 
mation à  la  musique  sans  nuire  à  la  mé- 
lodie.  1802,  in-8";  |  JVotice  sur  Joseph 
Haydn.  Paris.  1810.  in-S";  |  De  l'organi- 
sation des  spectacles  de  Paris,  17ÎM,  in- 
8°  ;  [  Za  première  partie  du  Dictionnaire 
de  musique  de  l'Encyclopédie  méthodi- 
que, avec  Ginguené.  Il  rédigea  le  Jour- 
nal de  musique  en  1770  et  1771 ,  in-8"  : 
Framery  fut  le  premier  qui  parodia  en 
français  quelques  opéras  italiens  :  les 
pièces  qu'il  a  parodiées  sont  la  Colonie, 
V Olympiade .  V Infante  de  Zanwra  et  les 
deux  Comtesses.  Il  réussit  assez  bien 
dans  ce  genre  de  travail  qui  demande 
beaucoup  d'esprit  et  surtout  l'esprit  de 
critique.  11  avait  à  peine  18  ans.  lorsqu'il 
donna  aux  Italiens  sa  Nouvelle  Eve,  dont 
b  représentation  fut  défendue  par  ordre 
de  la  police.  Il  Gl  paraître  ensuite  (\a- 
nctte  et  Lucas,  musique  du  chevalier 
a'Herbain;  il  retoucha  et  fit  remettre  en 
M  énc  le  yicaise  de  Vadé;  il  donna  en 
1783  la  Sorcière  par  hasard,  opéra-comi- 
i\\v'  flont  il  avait  fait  la  musique  et  les 
^.  Enfin,  im  concours  ayant  été  ou- 
'ir  les  drames  lyriques,  F'ramcry 
prix  pour  son  opéra  de  Médce. 


chini  qui  mourut  avant  d'avoir  commencé 
son  travail  :  ce  fut  Krnmeryqui  se  char- 
gea de  ce  soin  ;  la  pièce  n'a  jamais  été  re- 
présentée. Parmi  les  attires  production» 
lilléraires  de  Framery  on  compte  |  La 
pureté  de  l'âme,  ode  couronnée  k  Rouen, 
1770  :  I  quelques  romans;  \  une  traduo 
tion  littérale  en  prose  de  la  Jérusalem  dé" 
livrée.  Paris,  1785,  5  vol.  in-18.  et  un 
autre  du  Roland  furieux.  Paris,  1787,  10 
vol.  in-12  :  ces  deux  traductions  ont  été 
faites  en  société  avec  Patickouke. 

FIIA\C  (  Martiv  le  ) .  prévôt  et  cha- 
noine de  Lausanne ,  puis  secrétaire  de 
l'antipape  Félix  V  et  du  pape  Nicolas  V, 
était  d'Aumaleen  Nortnandie,  selon  Fau- 
chct.  11  ptiblia  un  mauvais  livre  (  contre 
le  roman  delà  Rose  )  intitulé:  Le  Cham- 
pion dis  Dames.  Il  plaide  assez  mal  leur 
caase  ;  cependant  l'édition  de  Paris,  1530, 
in-8'',  est  recherchée  des  personnes  fri- 
voles, ainsi  que  son  Estrif  de  la  Fortu- 
ne  et  de  la  Vertu.  Paris,  1519,  in-i". 

FR.WC  (Jean-Jacques  le),  marquis 
de  Pompi'inan .  premier  président  de  la 
cour  des  aides  de  Montauban,  membre  de 
l'académie  française  ,  etc.,  né  en  1709  ,  à 
Montauban  ,  oti  il  exerça  d'abord  la  char- 
ge d'avocat  général  à  la  cour  des  Aides , 
et  succéda  ensuite  à  son  père  et  à  son 
oncle  dans  la  première  présidence  de  ce 
tribunal.  Il  avait  obtenu  aussi  une  place 
de  conseiller  d'honneur  au  parlement  de 
Toulouse  ,  distinction  extraordinaire  et 
même  unique.  Son  goût  pour  les  lettres 
lui  fit  quitter  bientôt  toute  espèce  de 
fonctions  publiques,  et  il  vint  à  Paris 
jouir  des  succès  que  lui  avaient  déjà  mé- 
rités quelques-uns  de  ses  ouvrages.  Il 
avait  débuté  sur  la  scène  tragique  en  1734 
par  sa  pièce  imitée  de  Metaatitse,  de  Di- 
don.  qui  s'est  long-temps  maintenue  au 
théâtre.  Depuis  cette  époque  tous  les  mo- 
mens  de  loisir  que  ses  emplois  lui  avaient 
permis  de  prendre  avaient  été  consacrés 
à  l'élude.  Il  s'est  fait  un  nom  très  dis- 
tingué dans  divers  genres  de  littérature. 
Bien  différent  de  nos  écrivains  moder- 
nes, il  s'était  nourri  de  tous  les  sucs  de 
la  saine  antiauité,  et  avait  puisé  dans  le» 
mêmes  sources  où  s'étaient  abreuvés,  si 
l'on  peut  hasarder  cette  expression,  le» 
Racine,  les  Despréaux,  les  J.  B.  Rous- 
seau. Le  latin,  le  grec,  l'hébreu,  ces  trois 
langues  qu'on  peut  regarder  comme  le» 
trois  fleuves  de  l'ancienne  érudition, 
étaient  familières  à  M.  de  Pompi;;nan  :  il 
y  joignait  l'italien  et    langlai».  On  peut 


dont  la  musique  devait  être  faite  par  Sac-  |  dire ,  sans  craiale  d'être  dciueoti  par  tout 


FRA 


220 


FRA 


connaisseur  impartial ,  que  M.  de  Pom- 
pignan  est  le  poète  français  qui  approche 
le  plus  de  J.  B.  Rousseau ,  pour  le  talent 
d'exprimer  en  vers  les  beautés  des  pro- 
phètes- Quoiqu'un  grand  poète,  descendu 
de  sa  sphère  pour  sacrifier  à  sa  passion, 
et  se  montrer  le  plus  petit  des  hommes, 
ait  dit  :  Sacrés  ils  sont,  car  personne  n'y 
touche;  celte  plaisanterie  n'empêchera 
point  que  les  Poésies  sacrées  de  M.  de 
Pompignan  ne  reçoivent  à  jamais  un  juste 
tribut  d'admiration.  On  sera  toujours  frap- 
pé de  l'ode  où  Isaie  nous  peint  les  om- 
bres hautaines  des  Souverains  de  l'E- 
gypte renversées  dans  les  enfers,  sous  la 
main  de  Dieu;  et  de  plusieurs  autres 
remplies  d'expressions  nobles,  d'idées 
vastes  et  sublimes.  Partout  on  y  retrouve 
le  poète  instruit,  l'homme  qui  possède 
toutes  les  richesses  de  sa  langue ,  point  de 
faux  éclat ,  le  terme  propre ,  la  rime  con- 
servée dans  son  exactitude.  Voilà  ce  qui 
distinguera  toujours  M.  de  Pompignan  de 
tous  ces  rimailleurs  qui  se  sont  avisés  de 
vouloir  imiter  J.  B.  Rousseau.  Ses  Poé- 
sies diverses  n'étincellent  pas  de  beautés 
aussi  frappantes.  Mais  sa  tragédie  de  Bi- 
don est  sans  contredit  une  des  meilleures 
qui  aient  paru  sur  le  théâtre  français.  Son 
T'oyage  de  Languedoc ^^\&in.  d'agrément, 
de  variété  et  d'intérêt ,  inférieur  à  celui 
de  Bachaumont  et  de  Chapelle  du  côté  de 
la  naïveté  et  de  l'aisance,  mais  supérieur 
par  la  correction,  la  noblesse  et  la  poésie, 
a  paru  moins  occuper  l'attention  du  pu- 
blic que  sa  traduction  des  Géorgiques^ 
ouvrage  généralement  applaudi,  devenu 
plus  célèbre  encore  par  l'espèce  de  lutte 
qu'il  a  essuyée  contre  celui  de  M.  l'abbé 
Delille,  et  les  parallèles  multipliés  qu'on 
a.  faits  des  deux  traductions.  «  La  manière 
»  de  M.  Delille,  dit  un  critique  juste  et 
»  éclairé,  doit  paraître  plus  brillante,  et 
M  cela  par  un  défaut  qui  a  généralement 
»  réussi  aux  poètes  de  ce  siècle  :  c'est  la 
méthode  de  travailler  en  marqueterie, 
»  par  de  petites  phrases  morcelées  ,  et  en 
»  isolant  leurS'  vers.  Cette  méthode ,  qui 
6  détruit,  à  la  vérité,  l'harmonie  générale 
»  d'un  ouvrage,  qui  empêche  d'en  sentir 
»  les  liaisons,  d'en  saisir  Tensemble ,  et 
»  d'en  suivre  la  marche,  a  de  grands  avan- 
»  tages  pour  briller  aux  yeux  des  lecteurs 
J»  superficiels ,  dont  l'attention  décousue 
V  et  le  goût  de  détail  ne  peut  voir  et  juger 
»  qu'un  petit  objet  à  la  fois.  La  manière  de 
»  M.  de  Pompignan ,  plus  simple ,  plus 
»  naturelle,  plus  conforme  en  général  à  la 
»  marche  des  idées  et  aux  phrases  périodi- 


B  ques  du  poète  latin ,  plaira  peut-être 
»  davantage  aux  connaisseurs  qui  sentiront 
»  un  peu  mieux  dans  ses  vers  le  goût  pur 
»  et  vrai  de  l'antiquité  ;  d'autant  plus  qu'on 
»  n'aura  point  à  lui  reprocher  ce  clinquant 
»  antithétique,  ces  bluettes  du  bel-esprit, 
»  ces  tours  maniérés,  ces  petits  agrémens 
B  sans  grâce ,  et  ce  vermillon  éblouissant 
»  dont  M.  l'abbé  Delille  a  souvent  enlu- 
»  miné  la  muse  de  Virgile.  »  Sa  traduc- 
tion ^Eschyle  et  de  quelques  dialogues 
de  Lucien  est  d'une  perfection  qu'il  sem- 
ble difficile  de  surpasser  ;  peu  d'écrivains 
ont  mieux  gardé  les  règles  de  la  traduc- 
tion ,  et  mieux  conservé  l'esprit  des  au 
teuis  traduits.  Il  a  donné  en  1784  ses  OEu- 
vres  complètes^  Paris,  6  vol.  in-S°,  très 
belle  édition.  On  souhaiterait  qu'il  eût 
fait  un  choix,  et  qu'il  n'eût  point  associé 
aux  titres  d'une  gloire  solide,  des  baga- 
telles qui  ne  peuvent  en  rien  y  contribuer. 
On  est»  surtout  fâché  d'y  trouver  la  PnV?re 
universelle  ^  pièce  remplie  de  maximes 
fausses,  que  l'auteur,  par  une  complai- 
sance mal  entendue  ,  a  traduite  de  Pope, 
à  la  sollicitation  de  quelques  Anglais,  faux 
amis  qui  l'imprimèrent  à  son  insu,  et  que 
lui-même  ,  par  une  tendresse  mal  placée 
envers  cet  enfant  illégitime ,  n'a  pas  eu  lo 
courage  de  supprimer.  Il  n'avait  jamais 
eu  dans  resi)rit  les  principes  qu'elle  ren- 
ferme ,  et  en  général  il  est  difficile  d'al- 
lier d'une  manière  plus  étroite  le  génie 
avec  la  religion,  avec  le  respect  des 
mœurs,  et  les  égards  dus  à  l'honnêteté  et 
à  la  décence.  On  chercherait  en  vain 
dans  ses  épîtres  et  dans  ses  Discours  phi- 
losophiques^ ce  ton  d'aigreur  et  de  cynis- 
me, qu'un  coloris  séduisant  n'est  pas  ca- 
pable d'adoucir;  ces  maximes  hardies  qui 
défigurent  toutes  les  notions  ;  cet  appa- 
reil de  sentiment  qui  n'échauffe  que  l'i- 
magination et  laisse  le  cœur  froid.  On  y 
trouve  en  revanche  des  traits  de  force  et 
de  lumière,  des  leçons  de  morale  ,  des  rè- 
gles de  goût  qu'on  peut  adopter  sans  crain- 
dre de  s'égarer.  Tout  ce  que  le  poète  y 
débite  est  toujours  daccord  avec  les  vrais 
principes.  Qu'on  lise  avec  attention  son 
Epitre  sur  la  décadence  de  la  littérature 
franç-aise  ,  on  y  reconnaîtra  sans  peine  le 
danger  des  travers  qu'il  condamne,  la  né- 
cessité des  préservatifs  qu'il  leur  oppose, 
la  sagesse  des  réflexions  quil  présente  ;  on 
y  admirera  surtout  un  athlète  vigoureux, 
luttant  avec  avantage  contre  les  cham- 
pions de  la  nouveauté  et  du  mauvais  goût. 
C'est  un  spectacle  bien  noble  que  celui 
d'un  académicien,  qui,  au  milieu  de  sa 


FRA  121 

compacnîc,  ose  rappeler  le»  lettres  à 
leur  preiniirc  dlîiiile,  élever  la  voix  eu 
faveur  île  la  pairie  et  tles  niKurs  ,  et  ilé- 
feiiilre  la  fi»i  île  5es  pères,  sans  que,  ni  les 
iimriiuires  d'une  parlie  tlel'aîiseinblée,  ni 
la  surprise  et  liii(li{ïrjalioii  qui  éclatent 
Mir  le  visage  de  certains  auditeurs,  ni  les 
u'fTonls  sévères  qu'on  lui  lance,  puissent 
i  KerlerTinlrépide  avocat  d'unecause 
U'.  Oppose?-  à  ce  tableau  celui  d'un 
i; -wlicureux  vieillard  qui  a  fondé  sa  répu- 
tation sur  la  ruine  de  la  religion  et  des 
mœurs,  égayant  ses  dernières  années  par 
de  coupables  facéties,  et  rappelant  toutes 
SCS  forces  pour  jeter  de  la  boue  au  visage 
de  son  respectable  confrère,  parce  qu'il  a 
eu  l'audace  d'exposer  en  pleine  académie 
les  senlimeris  d'un  hoanétc  homme  et 
d'un  bon  citoyen .  Un  homme  d'esprit  l'a 
appelé  le  dernier  des  Romains.  II  mou- 
rut le  1"  novembre  1784,  dans  son  châ- 
teau de  Pompiguau,  où  il  était  retourné 
pour  se  soustraire  à  la  tourbe  philosophi- 
que qui  le  persécutait.  M.  de  Sancy  a  con- 
sacré ces  vers  à  sa  mémoire  : 


Pr^t  «le  Rni-.ttcau  Le  Franc  cit  au  sacT^  rallon  , 
Favori   de  Minerve  ainii  que  d'Apollon  , 

Rien  ne  peut  ternir  la  rarmoire  , 

El  icn  triomphe  est  affensi  : 

Voltaire  fut  «on  enoeioi  , 

C'ctt  on  nouveau  litre  à  M  gloire. 

Outre  les  ouvrages  dont  nous  avons  parlé, 
SCS  Lettres  qui  sont  en  très  grand  nombre , 
et  dont  on  se  propose  de  faire  la  collection, 
ne  seront  pas  le  moindre  titre  de  sa  gloire. 
«  Cet  écrivain,  dit  l'abbé  Maury,  dans  un 
»  Discours  où  d'ailleurs  il  ne  lui  a  pas 
»  rendu  assez,  de  justice,  semble  amollir 
■  son  style  et  s'attendrir  au  nom  de  l'aml- 
»  tié,  dont  il  a  la  rordialité,  l'abandon, 
»  les  aimables  irii[uiétudes.  Ce  qui  dans 
t>  l'art  décrire  lui  a  le  moins  coûté,  sera 
9  peul-éire  ce  qui  honorera  le  plus  sa  mé- 
»  moire  ;  et  il  aura  ce  trait  de  resscm- 
»  blance  avec  le  chancelier  d'Aguesseau  , 
t-  dont  il  fut  chéri  et  estimé,  que  ses  lettres 
»  seront  un  des  plus  beaux  monumens  de 
»  ses  travaux  et  de  son  génie.  » 

FIlA\C(JEA>-GEOMtt:s  le),  marquis  de 
Pompignan,  frère  du  précédent,  ne  à 
Montauban  le  22  février  1715  ,  évéque  du 
l'uY  en  Velay  en  1743 ,  archevêque  de 
^  iiirie  en  1774,  est  mort  à  Paris  le  30  dé- 
'Tc  1790,  après  avoir  long-temps  servi 
1  I  .jlise  par  son  ztle,  édilié  la  France  par 
ics  vertus,  etcclairé  par  ses savans  écrits, 
dont  les  principaux  sont  :  |  Questions  di- 
verses sur  l'incrédulité .  in-12;  ouvrage 
très  bien  écrit,  quoique  d'une  manière 


FIIA 

un  peu  prolixe,  et  plusieurs  fol*  réim- 
primé. Il  y  examine ,  1"  s  il  y  a  l>eaucou|> 
do  véritables  incrédules  ;  2"  Quelle  e»t 
l'origine  de  linen-dulilé  ;  3"  Si  les  in- 
crédules sont  des  esprits- fort»  ;  4"  .Si 
l'incrédulité  est  compatible  avec  la  pro 
bile  ;  5°  Si  elle  est  pernicieuse  à  l'étal. 
Toutes  ces  questions  sonl  traitées  avec 
autant  de  profondeur  que  de  sagess--, 
I  L'Incrédulité  convaincue  par  les  J*n>- 
pliéties,  Paris,  17:i9,  3  vol.  in-12.  L'ai- 
complissemcnt  des  prophéties  ,  dans  l'ex- 
position  claire  et  précise  qu'en  fait  le  sa- 
vant prélat,  en  fixe  le  sens,  et  met  la  vé- 
rité de  la  religion  dans  le  plus  grand  jour. 
I  La  Religion  vengée  de  l'incrédulité  par 
l'incrédulité  elle-même,  Paris,  1772,  in- 
12.  Il  a  l'avantage  d'y  combattre  des  en- 
nemis qui  se  détruisent  eux-mêmes  par 
les  contradictions  et  les  absurdités  qu*; 
renferment  leurs  systèmes  comparés  les 
uns  avec  les  autres  ;  il  n'a  besoin,  pour  les 
terrasser,  que  des  propres  traits  qu'ils  se 
lancent  eux-mêmes,  et  il  en  fait  résulter 
le  triomphe  le  plus  complet  et  le  plus 
glorieux  pour  la  cause  qu'il  défend  ;  |  La 
dévotion  réconciliée  avec  l'esprit.  1754,  in- 
12.  II  y  prouve,  contre  les  détracteurs  de 
la  dévotion,  qu'elle  s'allie  très  bien  avec 
l'esprit  des  belles-lettres,  des  sciences, 
du  gouvernement,  des  affaires  et  de  so- 
ciété. I  Le  véritable  usage  de  l'autorité 
séculière  dans  les  matières  ,qui  concer- 
nent la  Religion.  Avignon,  1782,  in-lL'. 
4'édit.  On  y  trouve  la  même  solidité  qui 
caractérise  les  ouvrages  du  savant  évêquo 
duPuy;  car  tous  ces  ouvrages  ont  été 
publiés  avant  qu'il  ait  été  élevé  sur  lesiég  ^ 
de  Vienne  :  il  trace  avec  précision  la  lig  i 
de  démarcation  qui  sépare  les  deux  poi; 
voirs.  11  a  paru  oublier  les  principes  (piil 
y  établit ,  lorsqu'il  a  voulu  jouer  un  rolo 
dans  ce  qu'on  appelait  mal-à-propos  l'^-Zv- 
scmbléc  nationale  de  France;  mais  il  e^' 
à  croire  qu'il  ne  prévoyait  pas  jusqu'c  i 
les  choses  seraient  portées.  «  Trop  bon  . 
»  dit  l'abbé  Barruel ,  pour  soupçonn'T  a 
»  quoi  tendaient  ceux  qui  ont  abusé  de  s.i 
»  faiblesse,  il  se  laissa  entraîner  par  co 
»  parti,  qui  le  fit,  pour  quinze  jours,  pré- 
»  sident  de  l'assemblée ,  qui  lui  valut  en- 
»  suite  le  ministère  dj  la  feuille.  Il  fut  à 
»  la  cour  ce  qu'est   un  honnête  homme 

•  qui  dit  son  avis,  mais  qui  ,  sans  nerf  et 
»  sans  vigueur,  se  contente  de  gémir,  de 
»  pleurer,  quand  il  voit  prévaloir  des  de-; 

•  seins  pernicieux  à  l'Eglise.  Il  fut  un  tl 
»ces  hommes  qui,  par  crai  île  du  bruit  , 

•  n'osent  pas  même  souffler  quand  l'en- 

19. 


FRA  222 

»  nemi  est  aux  portes,  qui  se  rangent 
»  même  sous  ses  bannières,  sous  prétexte 
*  de  l'engager  à  faire  moins  de  mal  :  il 
"  lui  eu  a  coûté ,  je  ne  dirai  pas  des  re- 
»  mords  ,  mais  des  larmes  amer  es  ,  qu'il 
»  ne  répandait  même  qu'en  secret  et  en 
»  présence  de  ses  amis.  Il  avait  peur  qu'on 
«>  ne  sût  aux  Jacobins  qu'il  avait  pleuré 
»  sur  les  maux  de  l'Eglise.  Il  est  mort  pour 
»  avoir  étouffé  sa  douleur.  Bossuet  l'eût 
»  exhalée;  et  la  cour,  et  la  ville  ,  et  nos 
»  législateurs  auraient  su  que  la  peur  n'é- 
»  touffe  pas  la  voix  dos  Chrysoslôme  de- 
»  vant  les  précurseurs  du  schisme  et  de 
»  l'hérésie.  Bossuet  n"eût  pas  tenu  sous 
»  le  boisseau  ce  trait  de  lumière  échappé 
»  depuis  long-temps  à  Rome  sur  la  con- 
»  stitution  prétendue  civile  du  clergé.  Je 
»  le  sais  de  ceux  mêmes  qui  ont  vu  et  lu 
«la  lettre  du  pape  à  M.  dePompignan(i). 

>  Elle  en  disait  assez  pour  décider  notre 
»  opinion  sur  cette  malheureuse  consti- 
»  tution  du  clergé.  La  politique  Ta  tenue 
»  secrète  ;  je  rcproclie  à  cette  politique 
»  les  sermens  de  tous  ceux  que  la  mani- 
»  feslation  du  bi'ef  adressé  à  M.  de  Pom- 
»  pignan  en  aurait  détournés.  Nous  sou- 
»  hailons  que  Dieu  ne  fasse  pas  au  prélat 

>  mort  le  même  reproche.  La  peur  excuse 
K  tout,  mais  c'est  la  peur  même  qui  a  be- 

>  soin  d'excuse,  et  Dieu  seul  connaît  celles 
»  qui  peuvent  la  rendre  pardonnable  dans 
»  un  prêtre.  » 

•  Fll/VÎVC  (  N....  Le  ) ,  prêtre  eudiste  , 
ancien  supérieur  des  eudistes  de  Caen  , 
élail  du  nombre  de  ceux  qui  furent  mas- 
sacrés au  couvent  des  carmes,  le  2  sep- 
tembre 1792.  Il  avait  publié  deux  ouvrages 
intitulés  :  |  le  P^oile  levé  pou?'  les  curieux^ 
ou  Secret  de  la  révolution  révélé  à  l'aide 
de  la  franc-maçonnerie  ^Va.ris,  1791,  in-8°  ; 
I  Conjuration  contre  la  religion  catholique 
et  les  souverains,  Vàvis,  1792,  in-8".  Le 
Franc  avait  fait  des  recherches  sur  les 
iiommes  célèbres  du  Cotentin  (  Manche  ), 
et  en  communiqua  le  Manuscîit,  en  1792  , 
au  célèbre  abbé  de  St.-Léger  ;  celui-ci  lit 
beaucoup  de  notes  critiques  sur  ce  travail. 
Ce  Manuscrit  est  probablement  perdu. 


(:)  Cette  lettre  ne  fut  troave'e  dans  les  papiers  de 
7il.  de  Porapigniin  qu'après  sa  mort.  Cependant  il 
n'est  rien  de  plus  vrai  que  cette  excuse  des  prêtres  as- 
sermentés ,  fondée  sur  le  silence  prétendu  du  sonve- 
raio  pontife  sur  la  constitution  civile  du  cierge.  L'.tu- 
t«'ur  de  cette  note  atteste  avoir  entendu  dire  à  beau- 
toup  de  pn'tres  qu'ils  n'avaient  prêle'  serment  que 
parce  que  le  saint  Père  avait  refusé  de  répondre.  Si 
CCS  mêmes  ecclésiastiques  ont  persiste  depuis  dans 
tsur  termcol,  c'est  qu'un  abîme  en  appelle  uo  autre. 


FRA 

FîlAiVCESClïIM  (  Mvnc-AxTOiXE  ), 
peintre  bolonais,  naquit  en  1648.  Il  fui 
l'élève  de  Cignani.  Il  .saisit  tellement  le 
goût  de  son  rnailre ,  que  celui-ci  lui  con- 
fia l'exécution  de  ses  principaux  ouvrages. 
Ce  peintre  mourut  en  1729 ,  après  s'être 
fait  une  réputation  étendue. 

FUANC-FLOilE.  ^oijez  FLORE  (Fn.\.\-- 
çois  ). 

FRAlVCni  (Nicolas),  ou  plutôt  NI- 
COLO  FRANCO,  poète  satirique,  nalif  de 
Bénéve.nt  vers  1509  ,  l'ami  ,  ensuite  le  ri- 
val de  TArélin  ,  attaqua  counne  lui  les  vi- 
vans  et  les  morts,  et  en  fut  récompensé 
comme  lui ,  si  ce  que  nous  avons  dit  à 
l'article  Jrétin,  est  vrai.  Pie  V  l'ayant 
fait  arrêter,  il  fut  pendu  à  Rome  en  1369. 
Si  l'on  en  croit  le  Ghilini,il  écrivait  avec 
beaucoup  de  délicatesse  en  vers  et  eu 
I)rose;  mais  il  est  vrai  seulement  que 
Franco  écrivait  des  infamies  et  des  or- 
dures avec  beaucoup  de  facilité.  Son  ima- 
gination était  fécqnde  en  horreurs.  Il  se 
déchaîna  avec  fumeur  contre  le  pape  Paul 
in ,  contre  tous  les  Farnèse,  contre  les 
Pères  du  concile  de  Trente,  contre  Char- 
les-Quint, etc.  On  a  de  lui  :  |  plusieurs 
Sonîiets  sur  l'Arétin  .  qui  furent  impri- 
més avec  la  Priapeia ,  1548,  in-8" ,  de 
225  pages;  |  Dialogi  piacevoli ^  Venise, 
1542 ,  in-S"  ;  |  //  Tenipio  d'amore  ;  \  Dia- 
logo  Suella  Belloezza.  On  a  imprimé  en 
1777  la  Vie  de  Nicolo  Franco,  ou  les  Dan- 
gers de  la  satire  ,  Paris  ,  in-i2. 

FR AINClîI  (  VixcE^r  )  ,  président  du 
conseil  royal  de  Naples ,  sa  patrie  ,  et  cé- 
lèbre jurisconsulte ,  morl  en  1601 ,  à  70 
ans,  a  pul)lié  :  Decisiones  sacri  regiicon- 
siliineapolitani ,  in-fol. 

FRA.XCUÏM  (François),  né  à  Co- 
scnça  en  1495,  suivit  Charles-Quint  à  l'ex- 
pédition d'Alger ,  et  allia  Blars  avec  le.9 
Muses.  Il  fut  ensuite  évoque  de  Messa, 
puis  de  Populania ,  et  mourut  en  1554. 
On  lui  doit  quelques  Dialogues  ,  et  d'au- 
tres petits  ouvrages  écrits  avec  assez  d'a- 
grément. Les  meilleures  pièces  de'  Fran- 
chini  se  trouvent  dans  les  Carmina  illus' 
trium  poetarum  de  Toscano  ,  et  dans  les 
Deliciœ  poetarumitalorumde  J.  Gruter. 

FRANCL\  (  François  RAIBOLINI  ,  dit 
Le  ) ,  peintre  bolonais ,  mort  le  7  avril 
1553,  à  68  ans,  excellait  dans  le  dessin, 
et  fut  un  des  premiers  artistes  de  son 
temps  dans  l'art  de  graver  des  coins  pour 
les  médailles.  On  prétend  que  Raphaël 
lui  ayant  adressé  un  tableau  de  Ste.-Cé- 
cile  ^  pour  le  corriger  et  le  placer  dans 
une  église  de  Florence,  Francia  fut  si 


FRA 


S25 


I  l\A 


frapiu'i  do  8vi  lu'aulo .  que  la  jalousie  dé- 
i-iiorôc  en  di's«s|>oir .  orcMiona  sa  dcr- 
i.ièrc  nialndiorl  sa  mort. 

FRWr.ISOn:.  i.iintrc.  f  oi/r-r  MILK. 

l-KWr.HS   ;'    PiKBRK    FRANZ,    plus 

ronnu  soiis  lo   nom  de  ) ,  professeur  d'é- 

.  Hiuencc,  d'histoire  et  de  grec  à  Ainster- 

i.iin  .  sa  patrie,  né  en  16&3,  voya{îea  en 

Ani;letorre.   en   France   et  en    Ilalic.    Il 

jouissait  dune  réputation  assez,  étendue 

1  «rsquil  mourut  en  1703  ,  à  58  ans.  On  a 

'»•  lui  :  (  Rfcueil  de  poésies ,  1697,  in-12. 

(.0  Recueil  ronlieot  des  poésies  héroïques 

où  il  y  a  trop  peu  d'élévation,    des  é{jIo- 

pues  ,  dos  éléjjies  et    des   épi{îranimcs  ; 

c'est  dans  ces   deux  derniers   genres  que 

;  ranci  us  a  réussi,  surtout  dans  les  épi- 

;  ranimes.  |  Des  Harangues  .  170.-).  in-8°. 

Des  OEuvres  postlniines.  {lOd  .  in-S". 

FKWCK  ou  FRANK  de  FRANKENEAU 

Georges),    médecin,  naquit  à   Naum- 

■  ourg  en  1643.  A  l'âge  de  18  ans,  il  fut 
I  réè  poète  couronné  à  léna  :  il  mérita  cet 
lionneur  par  sa  grande  facilite  à  faire  des 
vers  alieniands  ,  latins .  grecs  et  hébreux. 
Dans  la  suite,  il  devint  successivement 
professeur  en  n)édecine  à  Ileidelberg  et  à 
M'iitemberg  ,  d'où  le  roi  de  Danemarck  , 
Christiern  V,  le  lit  venir  à  sa  cour  :  il 
fut  honoré  ,  à  son  arrivée ,  des  litres  de 
nifdirin  du  roi  et  de  conseillcr-aulique. 
I.'i'.iiiuTiur  Léopold  ajouta  celui  de  comte 
l\ilalin  en    16U'i.  Ses  ouvrages  imprimés 

'•ut  :  I  Flora  Franc ica  .  in-12;  |  Satijrce 
nedicœ;  \  plusieurs  Lettres.  Il  a  aussi 
!  lissé  un  grand  nombre  de  manuscrits 
;ui  méritaient  de  voir  le  jour.  L'acadé- 
mie Leopoldine  ,  celle  des  Ricovrati  de 
Padoue  ,  et  la  société  royale  de  Londres  , 
?e  l'étaient  associé.  Il  mourut  en  170i  ,  à 
61  ans. 

FH A.\CIv  (  Ai'gcste-Hermax  ) ,  théolo- 
gien allemand,  né  à  Lubeck  en  1665,  lit 
une  partie  de  ses  études  à  Leipsick.  Il  y 
fonda  ,  avec  quelques-uns  de  ses  amis  , 
;me  espèce  de  conférence  sur  l'Ecriture- 
•ainte,  qui  subsiste  encore  sous  le  titre 
!•;  Collcgimn  Philohiblicum.  Devenu  mi- 
islre  à  Erfurt.  il  fut  obligé  de  sortir  de 

■  ctte  xille  en  1691.  Le  fanatisme  que  res- 
l'iraient  ses  sermons  lui  attira  cette  ex- 
■■  lusion.  L'électeur  de  Brandebourg  l'ap- 
;  !a  dans  ses  états  :  il  s'y  rendit,  et  fut 
-,  r.  f.  ^scnr  de  grec  et  des  langues  orien- 
'  1.-.  I  Halle,  puis  de  théologie  en  1698. 
i>  est  dans  celte  ville  qu'il  fit  la  fondation 
i!c  la  Maison  des  orphelins.  Cette  maison 
,  rospéra  tellement,  qu'il  y  avait,  en 
.7i7,  il96  jeunes  gens,  cl  plus  de  130 


pr  <rptciir<.  On  y  donnait  à  manger  à 
près  de  600  pauvres,  soit  étudians,  soit 
orphelins.  L'empirisme  et  les  rharlntane- 
ries  d'un  certain  Basc«low  contribticrent 
depuis  à  lui  faire  perdre  sa  réputation. 
Franck  mourut  en  17!27,  à  ùk  ans.  On  a 
de  lui  :  |  des  Sermons  et  des  livres  de  dé- 
votion .  en  allemand  ;  |  MctUodus  studii 
theolngici;  \  Tntroductin  ad  lectionnn 
Prophetarurn  ;  |  Commcnfalio  de  scnpo 
lihrorum  Veteris  et  IS'ovi  Testamenri; 
I  Maniuluctio  ad  Icctionfni  Scripdirœ  sa- 
crœ  ;  \  Ohservationes  bililicœ.  Les  préju- 
gés de  secte  qui  réglaient  les  jugemens 
de  l'auteur  ont  empêché  qtie  ses  ouvra- 
ges ne  fussent  répandus  hors  des  pays  du 
Nord. 

FRWCK  (Snio'v),  né  à  Jemmapes, 
près  de  Liège,  en  1741,  se  distingua  dès 
le  premier  âge  dans  l'éloquence  et  dans  la 
poésie  latine,  comme  on  le  voit  par  les 
pièces  diverses  insérées  dans  les  Jfusre 
Leodienses ,  1761  et  1762,  2  vol.  in-8°. 
Dans  le  premier  de  ces  recueils,  on  dis- 
tingue un  poème  épique  sur  l'établisse- 
ment du  christianisme  au  Japon,  plein 
d'épisodes ,  d'images  et  de  comparaisons 
heureuses,  et  de  très  beaux  vers,  qui  a 
été  réimprime  à  la  suite  de  la  Vie  de  l'A- 
potre  des  Indes ,  Liège  ,  1788.  Parmi  les 
pièces  du  second  volume ,  on  remarque 
l'ode  :  In  impios  seculi  nostri  scripton-s. 
Ayant  embrassé  l'état  ecclésiastique ,  et 
s'élant  livré  a\ec  une  ardeur  extraordi- 
naire aux  fonctions  du  saint  ministère  ,  il 
mourut  dans  sa  patrie  en  1772,  dune  ma- 
ladie contagieuse,  qu'il  avait  contractée 
en  visitant  les  nialades,  avec  uny.èle  égal 
à  ses.  autres  vertus...  Qu'il  soit  para  lis  à 
l'auteur  de  cet  article  de  dire  : 

ÎManibni  date  lilia  picais. 
Hi«  «illcm  accuraulem  dooit  ,  tl  fuDgir  inani 
Munere.  JEni.lQ.  VI. 

FRA\r>KK\Ri:Rr.  f  ABnAHAMde) ,  sei- 
gneur de  Ludwigsdorff  et  de  Schwirse 
dans  la  principauté  d'Oels,  se  livra  au 
fanatisme  d'une  secte  obscure  et  mépri- 
sable. Il  passa  la  plus  grande  i)artiede  sa 
vie  à  Ludwigsdorff,  où  il  était  né  en 
li>93,  et  où  il  mourut  en  16o2.  On  ado 
lui  un  grand  nombre  de  livres  extrava- 
gans ,  en  latin  et  en  allemand,  remplis 
de  rêveries  des  Boéhmisies  ;  |  une  fie 
de  Jacques  Boehm,  fondateur  de  cette 
secte  :  |  Vita  veterum  Sapicnttini  ;  \  .Xosce 
te  ipsum  .  etc.  Il  y  a  dans  ces  derniers  ou. 
vragcs  quelques  vérités  triviales,  noyées 
dans  le  verbiage,  el  mêlées  à  diverses  ep» 
reurs. 


FRA 


224 


FRA 


•FR  VNCKEXBEUG  (Je\n-  Fîenri-Fer- 
DixAXode  ),  cardinal,  archevêquode  Ma- 
lines,  né  le  18  seplcmbre  1726,  à  Glogau 
enSilésie,  d'une  famille  distinguée  , /il 
ses  études  chex  les  jésuites.  II  se  voua  à 
l'état  ecclésiastique,  passa  à  Rome  pour 
suivre  les  cours  de  lhéolo{jie  et  de  droit 
canon  au  colléfro  germanique,  et  fut  or- 
donné prêtre  le  10  août  1749.  Il  prêcha 
devant  Benoit  XIV  la  veille  de  la  Tous- 
saint ,  et  fut  reçu  l'année  suivante  doc- 
teur en  droit  canon.  En  lllik,  il  fut  nommé 
chanoine  de  la  collégiale  de  Toussaint  à 
Prague  ,  et  en  1753  doyen  de  l'église  des 
saints  Corne  et  Damien  à  Breslau  en  Si- 
lésie.  Marie-Thérèse  lui  dorma  en  1759 
l'archevêché  de  Malines  ,  le  titre  de  con- 
seiller d'élat  et  la  grand'croix  de  l'ordre 
de  Saint-Etienne.  Le  nouveau  prélat  dé- 
ploya tout  son  zèle  dans  son  diocèse  ,  et 
prêcha  souvent  à  Malines  ,  à  Bruxelles  et 
à  Louvain  ;  il  se  levait  à  cinq  heures  du 
matin  ,  célébrait  chaque  jour  les  saints 
iTiystères  et  joignait  la  méditation  à  de 
fréquentes  prières.  Ses  règlemens  pour 
son  diocèse,  ses  exhortations  à  ses  sémi- 
naristes et  à  son  clergé ,  ses  instructions 
réitérées  au  peuple  qui  lui  était  confié , 
sa  constante  assiduité  aux  offices  de  l'é- 
gUse  ,  tout  annonçait  combien  il  était  pé- 
nétré de  ses  devoirs.  Pie  VI  l'éleva  au  car- 
dinalat le  l"  juin  1778  ,  et  jusqu'en  1780 
son  administration  fut  aussi  calme  qu'heu- 
reuse. Mais  la  mort  de  l'archiduc  Charles, 
gouverneur  des  Pays-Bas,  et  ensuite  celle 
de  Marie-Thérèse,  changèrent  totalement 
la  face  des  affaires;  Joseph  II  qui  succéda 
à  sa  mère  ,  voulut  faire  des  réformes ,  et 
rendit  sur  les  matières  ecclésiastiques  une 
foule  d'édils  et  ordonnances  aussi  con- 
traires à  la  religion  qu'au  repos  de  l'état. 
Le  cardinal  ne  pouvait  garder  le  silence  ; 
il  présenta  lui-même  à  Joseph,  alors  dans 
les  Pays-Bas  ,  un  mémoire  sur  l'inconve- 
nance de  ses  réformes  et  plusieurs  autres 
sur  les  édits  rendus.  Mandé  à  Vienne  en 
1787  pour  y  rendre  compte  de  sa  con- 
duite ,  il  parla  avec  respect  ,  mais  avec 
une  généreuse  liberté,  et  au  bout  de  quel- 
ques mois  il  lui  fut  permis  de  retourner 
dans  son  diocèse.  On  espéra  d'abord  que 
Joseph  ferait  droit  à  l'opposition  du  clergé, 
et  il  parut  un  moment  disposé  à  ne  pas 
exiger  l'exécution  des  mesures  qu'il  avait 
prescrites  ;  mais  né  avec  un  carcatère  ar- 
dent, il  se  roidit  ensuite  contre  les  obsta- 
cles, et  donna  un  nouveau  décret  pour 
l'ouverture  du  séminaire  général.  Le  car- 
dinal refusa  uon-sculcment  d'y  envoyer 


ses  théologiens,  mais  il  porta  un  jugement 
doctrinal  contre  cet  établissement.  Accusé 
en  cette  occasion  de  désobéissance,  il  ren- 
dit en  1788  un  décret  pour  recommander 
la  soumission  à  l'église  et  au  prince,  mais 
en  même  temps  il  adressa  de  nouvelles 
représentations  au  gouvernement  pour  ré- 
clamer les  droits  de  f  église  et  des  évêques 
sur  l'enseignement.  L'empereur  mécon- 
tent lui  ordonna  de  se  rendre  à  Louvain 
pour  s'assurer  de  l'orthodoxie  des  nou- 
veaux professeurs.  Le  cardinal  en  fit 
l'examen  en  présence  de  deux  théologiens 
qu'il  s'était  adjoints,  et  il  prononça  que  la 
doctrine  enseignée  était  répréhensible 
sur  plusieurs  points  et  n'était  point  or- 
thodoxe. Joseph  II  se  irfontrant  de  plus 
en  plus  rigoureux  ,  les  Brabançons  se  ré- 
voltèrent et  forcèrent  les  Autrichiens  de 
se  retirer  ;  un  congrès  fut  institué  et  les 
édits  de  JosephabolL;.  On  rétablit  l'ancien 
ordre  d'administration  des  évêques  et  on 
reprit  le  cours  des  éludes  de  l'université  ; 
on  arrêta  aussi  le  rétablissement  des  mo- 
nastères qui  avaient  été  supprimés.  Pie 
VI  avait  écrit  au  cardinal  et  autres  évê- 
ques du  pays  pour  leur  annoncer  que 
l'empereur  était  disposé  à  faire  droit  aux 
réclamations  des  Belges,  lorsque  Joseph 
mourut.  Son  frère  Léopold  qui  lui  succéda 
ayant  révoqué  les  édits  causes  de  tant  do 
troubles  ,  fut  reconnu  par  les  Pays-Bas  ; 
mais  bientôt  de  nouveaux  orages  fondi- 
rent sur  la  Belgique.  Les  Français  y  pé- 
nétrèrent à  la  hn  de  1792,  et  tout  en  invi- 
tant l'université  de  Louvain  à  continuer 
ses  travaux,  la  liberté  ,  disaient-ils  ,  étant 
amie  des  études  et  des  lettres  ,  les  églises 
les  plus  considérables  furent  dépouillées 
et  souillées  par  des  excès  de  tout  genre  , 
qui  soulevèrent  de  nouveau  un  peuple 
religieux.  Les  Français  en  furent  chassés 
dans  le  mois  de  mars  1793  ;  ils  y  rentrè- 
rent Tannée  suivante,  et  l'archevêque  se 
relira  d'abord  à  Utrecht  puis  à  Amster- 
dam ;  lorsqu'il  revint  dans  son  diocèse, 
il  fut  obligé  de  se  loger  dans  son  séminaire, 
sou  palais  ayant  été  dévasté.  Son  ardent 
désir  de  voir  le  rétablissement  de  l'ordre 
le  détermina  à  faire  plusieurs  sacrilices 
pénibles;  mais  lorsqu'on  prescrivit  le  ser- 
ment de  haine  à  la  royauté,  il  répondit 
que  sa  concience  ne  lui  permettait  poitif 
de  le  prêter.  Il  protesta  néanmoins  de 
sa  soumission  envers  la  république  (  1796  ), 
en  tout  ce  qui  ne  blesserait  pas  la  loi  de 
Dieu.  Un  décret  de  déportation  ayant 
été  lancé  contre  lui,  il  fut  transféré  à  Era- 
mcrik,  où  il  logea  au  monastère  des  reli- 


FAA  2S:> 

gieuz  Irinitaires.  Mais  un  ordre  qiic  srs 
ennemit  obtinrent  du  roi  de  Prusse 
l'ayant  force  de  se  retirer  de  ce  Heu  d  pu 
il  corresponiluit  avec  son  diocèse,  il  se  re- 
lira à  li*MkiMU  ,  ol  envoya  ,  peu  de  letnps 
aprèj  .  la  dnnission  de  son  »uy,i!  au  pape 
qui  la  lui  tlcuianduit.  Lecardin^tl  Consalvi 
l'invita  au  nom  du  Saint- Père  à  venir  à 
Rome  ;  mais  il  refusa  à  caiise  de  son  A(îo, 
et  mourut  à  Bréda  des  suites  d'une  atlaquo 
d'apoplexie  le  11  juin  1804.  Ce  courageux 
prélat  avait  continué  dans  l'exil  ses  fonc- 
tions épiscopales.  On  trouve  d'inléressans 
détails  sur  sa  vie  et  sur  son  administrai  ion 
dans  l'ouvrage  du  docteur  Van-de-Velde. 
intitulé;  Synopsis  inonumentorum^ Gmid, 
1822. 3  vol   in-8". 

FRA\CRE\STCIIV  (  Cdristian  Gode- 
FRoi),  né  à  Leipsick  en  1G61.  mort  le  26 
août  1717,  après  avoir  voyagé  en  France  , 
en  Angleterre  et  en  Suisse  ,  exerça  avec 
applaudissement  la  profession  d'avocat  à 
Leipsick.  Il  avait  une  mémoire  prodi- 
gieuse. Ses    principaux   ouvrages  sont  : 

I  une  Continuation  de  l'introduction  à 
'Tfistoire  de  Puffendorff;  \  Jle  de  la  reine 

itistine  ;  |  Histoire  du  IG''  et  da  iT'  siè- 

^s .  qui  ne  sont  que  de  mauvaises  com- 

ilations. 
FRAXCKEXSTEIN  (  JAr.QtES-Ac- 
ccsTE  )  ,  fils  du  précédent ,  mort  à  Leip- 
sick en  17.')3  ,  après  avoir  été  professeur 
de  la  chaire  du  droit  de  la  nature  et  des 
gens,  est  auteur  d'un  grand  nombre  d'ou- 
vrages et  de  dissertations  latines  ,  dont  la 
plupart  ne  sont  que  des  compilations,  en- 
tre autres  :  |  De  collatione  bonorum  ;  \  De 
juribus  Judœorum  singularibus  in  Ger- 
inania;  |  De  Thesauris,  etc. ,  etc. 

*  FU.\\CKLI\  (  Thomas  ),  ecclésiasti- 
que et  littérateur  anglais,  né  en  4721  à 
Londres,  mort  dans  cette  même  ville  en 
1784.  chapelain  du  roi  et  nunistre  de  Bras- 
led  ,  dans  le  comté  de  Surrey  ,  a  publié  : 
|une  Traduction  de  Sophocle  ,  Londres  , 
1739,  2  vol.  iiWi"  ;  |  une  Traduction  de 
Lucien,  ibid.,  1780  ,  2  vol.  in-4°  ;  |  les 
Epttres  de  Phalaris  .  ibid.,  17/»9,  in-S". 

II  traduisit  du  fian«;ais,  et  lit  représen- 
ter comme  lui  appartenant  en  propre  , 
Orrstr .  Electre  et  le  Duc  de  Foix  de 
Voltair»  ;  ainsi  que  le  Comte  de  War- 
wick.  de  la  Harpe. 

FR\XCKLI\  ou  FRANKLIN  (  Be:«- 
JiMi!»  ) ,  né  à  Boston  dans  la  Nouvelle- 
Aiij;loterre  le  17  janvier  1706,  mort  à  Phi- 
ladelphie en  Amérique  le  17  avril  1790, 
:  ifis  la  >i:i*  année  de  son  âge.  De  simple 
.  lote  d'imprimLrie,  il  parvint  à  su  faire 


FR.V 

un  nom  distingue  parmi  les  savans  et 
parmi  les  politiques,  ^on  père  qui  avait 
reçu  le  jour  en  Anglslerre  ,  et  qtil  était 
fabricant  de  savon  et  de  chandelles  à 
Boston,  lenvoja  à  l'àgc  de  huit  ans  dans 
une  école  ,  puis  l'en  rttira  deux  ans 
après,  pour  lui  faire  embrasser  sa  pro- 
fession. A  douze  ans  le  jeune  Francklin 
fut  mis  en  apprentissage  chez  son  frère 
•James  qui  était  imprimeur ,  et  y  lit  do 
grands  progrès.  Il  travaillait  avec  a.»- 
siduité,  lisait  beaucoup  et  méditait  encore 
plus.  Dès  1721  ,  James  fit  paraître  le 
Journal  de  la  Nouvelle-  Angleterre  :  c'é- 
tait la  3*  feuille  périodique  qui  paraissait 
en  Amérique  :  Francklin  y  mit  quelques 
articles  qui  furent  accueillis  favorable- 
ment, et  ce  succès  le  décida  à  continuer  ses 
travaux  littéraires.  Il  se  proposa  d'imiter 
le  Spectateur  d'Addison  ,  et  fit  pour  y  ar- 
river des  épreuves  de  tout  genre.  En 
même  temps  il  lisait  les  poètes  ,  les  phi- 
losophes ,  les  théologiens  :  cependant  il 
quitta  Boston  et  alla  à  New-York,  puis  à 
Philadelphie,  où  il  entra  dans  l'imprime- 
rie de  M.  Keimer.  Engagé  à  établir  une 
imprimerie  par  W.  Keit ,  gouverneur, 
qui  lui  promettait  l'appui  du  niinis- 
l-'re,  il  vint  en  Angleterre  pour  acheter 
le  matériel  nécessaire  à  cette  entreprise, 
ne  trouva  pas  le  gouvernement  favorable 
à  son  projet  ,  et  fut  quelque  temps  sans 
ressource  (  1724).  Devenu  ouvrier  impri- 
meur ,  il  économisa  sur  sa  nourriture  de 
quoi  faire  paraître  sa  Dissertation  sur  la 
liberté  et  sur  la  nécessité,  où  il  prélendit 
que  la  vertu  et  le  vice  ne  sont  que  de  vai- 
nes distinctions.  De  retour  à  Philadelphie, 
il  fut  prote  chez  M.  Keimer  ,  et  se  rendit 
utile  à  son  établissement .  Il  chercha  ensuite 
à  sortir  de  la  gène  qu'il  éprouvait  par  quel- 
ques essais  de  commerce  ,  el  parla  publi- 
cation d'un  journal  qui  eut  quelque  vo- 
gue, et  fonda  une  société  philosophique  el 
une  bibliothèque  :  il  couunença  aussi  son 
yÉlmanachdu  bon-homme  liichard  qu'i\ 
continua  pendant  23  ans  ,  et  qu'il  rem  pli! 
de  n>aximesde  frugalité  et  de  leçons  d'in- 
duslrie  :ilen  vendait  jusqu'à  10.000  exem- 
plaires par  an.  Nomme  en  1736  secré- 
taire de  l'assemblée  générale  de  Pen- 
sylvanie  ,  et  en  1737  tnaitre  de  poste, 
il  créa  une  compagnie  d'assurance  contre 
l'incendie,  une  troupe  de  pompiers,  une 
société  pour  la  défense  de  la  province. 
Francklin  fit  partie  do  l'assiMnbléc  de 
Pensylvanie  ,  et  prit  part  à  toutes  le» 
querelles  entre  le  gouvernement  et  ks 
habilans.  En  même  temps  il  s'appliqua 


FUA 


226 


FRA 


beaucoup  à  varier  les  phénomènes  de  l'é- , 
lectricilé  ,  et  à  les  faire  servir  à  une 
théorie  qui  donnât  une  idée  juste  de  ce 
fluide  si  subtil  et  si  merveilleux.  Quoique 
toutes  ses  idées  n'aient  pas  joui  de  l'ap- 
probation des  savans ,  on  ne  peut  nier 
qu'il  n'ait  répandu  des  lumières  sur  cet 
objet,  et  que  plusieurs  de  ses  conjectures 
ne  soient  appuyées  de  l'expérience.  Son 
projet  d'apaiser  les  tempêtes  de  la  mer 
avec  de  l'huile  et  des  matières  graisseuses 
est  aujourd'hui  reconnu  pour  une  illusion 
complète  (  voyez  le  Journ.  histor.  et 
/«■«<?>.,  l"  Juillet  1782,  p.  557,  et  autres 
cités,  ^bic",.  ).  On  cait  qu'il  a  beaucoup 
travaillé  à  l'indépenilance  des  colonies 
anglaiccs  en  Amérique,  et  c'est  à  ce  titre 
que  l'Assemblée  nationale  de  France  a 
décerné  un  deuil  de  trois  jours  pour  ho- 
norer sa  mémoire.  Cependant  la  guerre 
dans  laquelle  il  entraîna  la  France  a  fait 
un  mal  infini  à  ce  beau  royaume  ,  et  l'on 
peut  dire  qu'elle  a  mis  le  comble  au  dés- 
ordre de  ses  finances.  «  On  nous  fit  en- 
•  treprendre,  dit  un  écrivain  de  cette  na- 
»  lion,  contre  toutes  les  règles  de  la  vraie 
»  politique  autant  que  de  la  justice  ,  une 
»  guerre  effroyablement  dispendieuse  ; 
»  guerre  aussi  follement  conduite  que  lé- 
»  gèrement  engagée  ;  guerre  où  la  nation 
»  fut  réduite  à  se  regarder  comme  triom- 
»  phante  quand  elle  n'avait  pas  été  battue, 
j»  et  elle  n'eut  pas  toujours  cette  étrange 
»  gloire  ;  guerre  qui,  en  otant  à  nos  ri- 
»  vaux  des  domaines  immenses  en  éten- 
»  due  ,  où  leurs  forces  et  leur  commerce 
3»  s'extravasaient  avec  plus  de  faste  que 
»  d'utilité  réelle  pour  eux,  leur  en  a  rendu 
»  bien  plus  que  l'équivalent ,  puisqu'une 
»  paix  plus  humiliante  qu'avantageuse 
»  pour  nous  a  été  suivie  d'un  traité  de 
»  commerce  désastreux,  extravagant  dans 
»  plusieurs  de  ses  dispositions ,  ruineux 
»  dans  toutes,  et  dont  on  croirait  que  l'ob- 
»  jet  a  été  d'indemniser  l'Angleterre  des 
»  pertes  qu'elle  avait  faites  en  Amérique, 
»  de  lui  assurer  en  Europe,  sur  la  France, 
»  les  tributs  qu'elle  ne  pouvait  plus  re- 
»  tirer  dans  l'autre  continent.  »  Du  reste, 
c'est  peut-être  ce  point  de  vue-là  même, 
qui  a  rendu  cher  le  nom  de  Francklin  à 
l'Assemblée  nationale  ,  puisque  ,  sous  ce 
rapport ,  elle  lui  doit  son  existence.  Cet 
homme  célèbre,  étant  encore  imprimeur, 
s'était  fait  une  épitaphe  singulière,  où 
l'on  voit  qu'à  cette  date  il  croyait  à  la  ré- 
surrection un  peu  plus  fermement  que 
lorsqu'il  demanda  la  bénédiction  de  Vol- 
taire pour  son  fil3  (  Foy.  leJouma.  hist. 


et  mt.  .  23  mars  1778  ,  page  kGti  ).  Mais  fl 
parait  qu'à  la  fin  il  était  revenu  à  cette 
croyance  ,  puisqu'il  voulut  que  l'épitaphe 
fût  mise  sur  son  tombeau.  La  voici ,  tra- 
duite littéralement  par  M.  Berlin  : 

Le  corp» 

de  Benjamin  FrancUiin,  imprimeur, 

(comme  la  coiiverturî  d'un  vieux  livre 

dont  le  dedans  ;$l  arraché  , 

rt  qui  n'a   plus  ni  rsliure  ni  dorure) 

sert  ici  de  pâture  aux  vers  : 

maiî  l'ouvrage  en  luî-m<!rr.e  ne  sera   pas  perdo  , 

car  il  reparaître  un  jour, 

(ainsi  «ju'il  l'a  toujours  pensé) 

dans  une  nouvelle  et  plus  belle  édition, 

revue  et  corrigée 

par  l'auteur. 

Les  œuvres  de  Francîilin  ont  été  réimies 
en  3  vol.  in-8°,  Londres.  1806,  en  anglais. 
Barbeu  du  Bourg  a  publié  une  trad.  fran- 
çaise de  la  partie  physique,  Paris,  1775, 
2  vol.  in-i".  Gon  éloge  a  été  écrit  par 
Condorcet.  Cn  peut  consulter  les  mé- 
moires de  sa  vie  pnX^ée  qu'il  a  rédigés 
lui-môme  ,  et  adressés  à  son  fils  :  ils  ont 
été  traduits  en  français  par  M.  Ginguené, 
Paris  ,  1791  ,  in-C°.  Sa  Corrsfipondance 
choisie  a  été  publiée  et  traduite  en  fran- 
çais par  M.  de  la  MardcUe,  Paris  ,  1818,  2 
vol.  in-8°.Turgot  fit  sur  Francklin  le  vers 
suivant  : 

Eripuît  coelofulmen  iceplrumque  tyrannis. 

FRANCO  (  Battista  ) ,  peintre  véni- 
tien, mort  en  1561,  égalait  les  plus  habiles 
artistes  de  son  temps  dans  le  dessin  ;  mais 
il  était  faible  dans  le  coloris  ,  et  peignait 
d'une  manière  fort  sèche. 

*  FRANCO  (  AivTOivio  ) ,  portugais  ,  né 
en  1662  à  Montalvas  (  province  de  l'Alen- 
tejo  ) ,  entra  dans  la  société  des  jésuites  à 
l'âge  de  15  ans,  où  il  mérita  bientôt ,  par 
sa  piété  et  ses  talens,  l'estime  de  ses  su- 
périeurs. Il  remplit  les  charges  les  plus 
importantes  de  son  ordre,  et,  se  consacrant 
en  même  temps  à  des  recherches  histori- 
ques, il  contribua  à  la  gloire  de  la  société, 
en  faisant  connaître  les  jésuites  portugais 
les  plus  recommandables  par  leur  piété  , 
leur  talent  et  leur  zèle.  Le  père  Franco 
mourut  à  Evora  le  3  mars  1732.  Parmi  les 
ouvrages ,  soit  en  latin  ,  soit  en  portugais, 
qu'on  a  de  ce  religieux  ,  on  distingue  : 
I  Annus  gloriosus  societatis  Jesii  tn  Lusi- 
tania,  complectens  sacras  memo?ias  il- 
lustrium  virorum  qui  virtufibus,  siulori- 
bits,  sanguine,  fidem  ^  Lusitaniam  et  so- 
cietatem  Je  su  in  Asia ,  Africa ,  America 
et  Europafelicissime  exomarunt.  Vienne, 
1720  ,  in-4°  ;  |  Sijnopsis  annalium.  socie- 
tatis Jésu  in  Lusitania  abanno  1540,  us- 


FllA 

que  ad  annum  ll'iO,  Au(;sl>our(; 


S97 


FI\A 


1736 . 
iti-fol.  ;  I  Imatjeni  do  primfirn  srcnlo  du 
contpanhia  de  Jrsn  ein  Portufjat .  2  \o\. 
in-fui.  ;  I  Imaijem  do  srf/undo  seculo  . 
un  vol.  Dans  rc  dernier  oiivra({e,  rcslé 
iniHiit,  sont  ran{;(>s  par  ordre  clironolo(p- 
«juc  les  évènenuMis  les  plus  mémorables 
des  premiers  150  ans  do  la  sociélé  de  Jé- 
pus  .  dans  la  province  du  Portugal.  |  Une 
Syntaxe  ahrnjée  en  langue  portmjaise  ; 
I  une  Traduction  en  la  même  langue  de 
XIndicxdus  universalis  du  Tère  de  Po- 
inev.  (  foi/ez  POMKY.  ) 

FIl.WCO.  rayez  FRANCHI. 

rUAXÇOIS  D'ASSIvSi:(  sainl),  naquit  à 
Assise  en  Ombric  l'an  H82.  On  le  nomma 
Jean  au  baptême  ;  mais  depuis  on  y 
ajouta  le  surnom  de  François,  à  cause  de 
^  '■  facilité  à  parler  la  lan^fuc  française , 
n<  cessai re  alors  aux  Italiens  pour  le  com- 
inrrce  ,  auquel  son  père  le  destinait.  La 
])iélé  seule  avait  de  l'attrait  pour  Jean.  II 
quitta  la  inaison  paternelle,  vendit  le  peu 
qu'il  avait  ,  se  revêtit  dune  tunique  et 
se  ceignit  d'une  ceinture  de  corde.  Son 
exemple  trouva  des  imitateurs,  et  il  avait 
déjà  un  grand  nombre  de  disciples  ,  lors- 
que le  pape  Innocent  III  approuva  sa  rè- 
gle en  1210.  Ce  pape  n'avart  pas,  dit-on  , 
voulu  écouter  un  homme  que  son  exté- 
rieur annonçait  peu  avantageusement  ; 
mais  ayant  vu  en  songe  le  même  pauvre 
qu'il  avait  rebuté  ,  dans  l'attitude  de  sou- 
tenir l'église  de  Sainl-Jean-de-Latran  qui 
paraissait  s'écrouler,  il  le  lit  rappeler  et 
lu!  accorda  sa  demande.  L'année  d'après, 
le  saint  fondateur  obtint  des  bénédictins, 
l'église  de  Notre-Dame  de  la  Portioncule, 
près  d'Assise.  Ce  fut  le  berceau  de  l'ordre 
des  frères  mineurs  ,  répandu  bientôt  en 
Italie ,  en  Espagne  et  en  France.  L'en- 
thousiasme qu'inspiraient  les  vertus  de 
François  était  si  vif,  que  lorsqu'il  entrait 
dans  quelque  ville,  on  sonnait  les  cloches; 
le  clergé  et  le  peuple  venaient  au  devant 
de  lui ,  chantant  des  cantiques  et  jetant 
des  rameaux  sur  le  passage.  Sa  nouvelle 
famille  se  multiplia  tellement,  qu'au  pre- 
mier chapitre  général  qu'il  tint  proche 
d'Assise  en  1219,  il  se  trouva  près  de  5000 
frères  mineurs.  Peu  après  ce  chapitre,  il 
obtint  du  pape  Ilonorius  III  une  bulle  en 
faveur  de  son  ordre.  PUisieurs  de  ses  dis- 
ciples voulaient  qu'il  demandât  le  pou- 
voir de  prêcher  partout  où  il  leur  plairait, 
même  sans  la  permission  des  évêques. 
Le  sage  fondateur  se  contenta  de  leur  ré- 
pondre :  «  Tachons  de  gagner  les  grands 
B  par  l'humilité  et  par  le  respect  ,  et  les 


»  petits  par  la  parole  et  le  bon  exemple. 
»  Noire  privilège  singiiiicr  doit  être  de 
»  n'avoir  point  do  privilège.  •  Hépon»« 
digne  de  l'Iuimble  fondateur  ,  mais  qui 
n'empêche  pas  que  les  exemptions  et  pri- 
vilèges di*s  religieux  n'aient  été  souvent 
utiles  à  rF>(;lise,etmêmc  nécessaires  dant 
les  diocèses  dont  les  évêques  étaient  ou 
favorables  à  l'erreur  ,  ou  insourians  sur 
le  sahit  de  leurs  ouailles.  Ce  fut  vers  le 
même  temps  que  François  passa  dans  la 
Terre-Sainte  ;  il  se  rendit  auprès  du  sul- 
tan Mélédin  pour  le  convertir.  Il  cffrit 
de  se  jeter  dans  un  bûcher  pour  prouver 
la  religion  chrélienne  :  le  sultan  n'ayant 
pas  voulu  le  mettre  à  une  telle  épreuve, 
renvoya  François  avec  honneur.  Revenu 
en  Italie,  il  institua  le  tiers-ordre.  Il  vou- 
lut ,  par  cette  institution  ,  procurer  aux 
laïques  le  moyen  de  mener  une  vie  sem- 
blable à  celle  de  ses  religieux  ,  sans  en 
pratiquer  cependant  toute  l'austérité,  et 
sans  quitter  leurs  maisons.  Après  avoir 
réglé  ce  qu'il  croyait  convenir  le  plus  à 
ses  différens  enfans  ,  et  s'être  démis  du 
généralat  ,  il  se  retira  sur  une  des  plus 
hautes  montagnes  de  l' Apennin.  C'est  là 
qu'il  vit,  à  ce  que  rapporte  saint  Bona- 
venture,  un  Séraphin  crucifié  qui  perça 
ses  pieds,  ses  mains  et  son  côté  droit  ;  c'est 
l'origine  du  nom  de  Séraphique  qui  a 
passé  à  tout  son  ordre  :  événement  éton- 
nant ,  mais  bien  prouvé ,  que  io  pape 
Alexandre  IV  a  vérifié  par  lui-même,  et 
que  le  judicieux  Flcury  (  liv.  79 ,  n°  5  )  a 
montré  être  hors  des  atteintes  d'une  cri- 
tique équitable.  Le  Père  Chalippe,  récol- 
let, dans  la  Vie  de  saint  François, Vanis, 
175/i.et  1756,  réfute  très  bien  ce  queBaillet 
a  étourdiment  disserté  sur  ce  sujet.  Lo 
saint  patriarche  mourut  deux  ans  après  à 
Assise  en  1236,  âgé  de  45  ans.  Son  amour 
pour  la  pauvreté,  son  détachement  de 
tous  les  biens  de  la  terre ,  et  sa  profonde 
humilité  ,  l'ont  fait  regarder  comme  un 
des  plus  parfaits  modèles  de  l'abnégation 
chrétienne,  de  l'indifférence  et  du  dépouil- 
lement évangélique.  Sa  maxime,  ou  plutôt 
l'élan  habituel  de  sa  piété,  était  les  mots , 
Dt?us  meus  et  omnia.  «  Paroles  d'un  seul 
•  sublime  et  profond  (  dit  un  philosophe 
»  chrétien  )  :  Dieu  est  tout  ;  quitter  I«miI 
»  jwur  lui ,  c'est  ne  rien  quitter  ,  puisqno 
»  tout  se  retrouve  en  lui  éminenunent.  • 
Le  Ciel  ne  tarda  pas  à  faire  éclater  sa  sain- 
teté par  plusieurs  miracles  :  ce  n'en  était 
pas  un  petit ,  que  la  merveilleuse  jiropa- 
galion  de  son  ordre.  Quoiqu'il  eût  défendit 
de  toucher  à  sa  ri  glo  ,  à  peine  fut-il  v\wt\ 


FRA 


228 


FUA 


qu'on  rinlcrpréla  de  cent  manières.  Ce 
partage  produisit  dans  la  suite  les  diffé- 
rentes branches  des  Récollets ^  des  Pic- 
pus,  des  Capucins  ^  des  Observantins.  Ces 
enfans  du  même  père  diffèrent  beaucoup 
entre  eux  par  l'habit  et  par  la  façon  de 
vivre.  Les  chroniques  de  l'ordre  mar- 
quent expressément  que  le  premier  qui 
voulut  se  singulariser  dans  l'habit ,  quoi- 
qu'il fût  un  des  huit  anciens  compa^ïnons 
du  saint  fondateur,  fut  frappé  de  lèpre  et 
se  pendit  de  désespoir.  L'ordre  de  St.- 
François,  malgré  ses  différentes  scissions, 
a  produit  des  hommes  illustres  par  leur 
science  et  leur  vertu  ,  et  a  donné  à  l'E- 
glise cinq  papes  ,  et  un  grand  nombre  de 
cardinaux  et  d'évèques.  Les  services  qu'il 
a  rendus  à  l'Eglise  et  qu'il  continue  de 
rendre,  sont  inappréciables,  et  ont  ample- 
ment véritié  la  vision  du  pape  Innocent. 
La  haine  que  les  sectaires  lui  portent  est 
seule  une  preuve  décisive  du  bien  qu'il  a 
opéré ,  et  des  combats  qu'il  n'a  cessé  de 
livrer  aux  erreurs.  De  prétendus  réfor- 
mateurs ont  voulu  ramener  ces  religieux, 
ainsi  que  tous  ceux  qui  embarrassent  les 
ennemis  de  TEglise,  au  travail  des  mains, 
en  usage  chez,  les  anciens  solitaires.  Wi- 
clef  aurait  bien  voulu  ériger  cette  préten- 
tion en  dogme  ;  et  quoique  l'Eglise  l'ait 
condamnée  ,  quelques  écrivains  ,  parmi 
lesquels  on  est  fâché  de  compter  M.  Fleury, 
ne  se  sont  pas  assez,  écartés  de  ses  erreurs. 
«  Quels  qu'aient  été  la  vertu  des  solitaires 
V  d'Egypte  ,  dit  un  hagiographe,  et  îc 
»  zèle  pour  leur  sanctification  personnelle, 
»  il  serait  déraisonnable  de  vouloir  en 
»  faire  vuie  règle  complète  et  adéquate 
«  l)our  des  religieux  qui,  sans  professer 
»  la  même  austérité,  se  dévouent  à  l'in- 
»  struction  des  fidèles  ,  à  la  défense  de  la 
»  foi,  aux  combats  contre  les  hérétiques. 
»  Si  leur  vie  est  moins  éclatante  en  morli- 
»  fication  ,  elle  est  parfois  plus  édifiante 
»  en  fait  de  docilité  ,  d'humilité  et  d'or- 
»  thodoxie  :  car  l'on  n'ignore  pas  avec 
»  quelle  facilité  i)lusieurs  de  ces  solitaires 
»  se  sont  laissé  entraîner  dans  diverses 
»  hérésies  ,  et  avec  quelle  obstination  ils 
»  y  ont  persévéré  ;  et  de  nombreux  mo- 
snastèresy  persévèrent  encore  aujour- 
»d'hui.  »  On  lit  dans  les  ouvrages  de  saint 
Jérôme,  un  passage  exactement  applica- 
ble à  celte  nnatière  ,  où  l'on  trouve  toute 
l'éloquence  et  la  sévère  logique  de  ce  Père  : 
.Sï  aut  flscellam  junco  iexerem  ,  aut  pal- 
iïiarum  folia  complicarem^  aut  in  sudore 
vultùs  met  comederem  panem  .  etventris 
opus  soUicilâ  mente  pcrlractarcm  ;  nul- 


lus morderet^nullus  reprehenderet.  Nunc 
autem  quia  juxta  sententiam  Salvatoris . 
volo  opérari  cibum  qui  non  périt  ^  error 
mihigeminus  infligitur...  O  fratres  dilec- 
tissimi,  proflabello  ,  calathis  ,  spo7-tellis- 
que,  înunusculis  monachorum  spiritualia 
hœc  et  mansura  bona  suscipite.  2*  Prae- 
fat.  inlib.  Job.  (  Voy.  saint  CLAUDE, 
SAINT-AMOUR,  BON  AVENTURE,  NOR- 
BERT. )  La  meilleure  édition  des  deux 
Règles  du  saint  patriarche  et  de  ses  Opus^ 
cules  est  celle  du  Père  Jean  de  la  Haye,  en 
1641,  in-fol.  Elles  ont  été  réimprimées  en 
Allemagne  en  1759  ,  in-fol.  Le  Père  Cha- 
lippe,  récollel,  a  donné  sa  F'ie^  Paris,  1728, 
in-i",  et  1736,  2  vol.  in-d2. 

FRIAÇOIS  DE  PAULE  (  saint) ,  fon- 
dateur de  l'ordre  des  minimes ,  naquit  à 
Paule  en  Calabre  l'an  1416.  Un  attrait  sin- 
gulier pour  la  solitude  et  pour  la  piété  le 
conduisit  dans  un  désert  au  bord  de  la 
mer ,  où  il  se  creusa  une  cellule  dans  le 
roc.  La  réputation  de  sa  sainteté  attira 
auprès  de  lui  une  foule  de  disciples  ,  qui 
bâtirent  autour  de  son  ermitage  un  mo- 
nastère, le  premier  de  son  ordre.  On 
nomma  d'abord  ses  religieux  les  ermites 
de  saint  François  ;  mais  François  voulut 
qu'ils  portassent  le  nom  modeste  de  mi- 
îiimes.  Il  leur  prescrivit  un  carême  per- 
pétuel, et  leur  donna  une  règle,  approuvée 
parle  pape  Alexandr-e  VI,  et  confirmée 
par  Jules  II.  Le  nom  du  saint  fondateur 
se  répandit  en  Europe  avec  le  bruit  de 
ses  vertus.  Louis  XI,  dangereusement 
malade,  l'appela  en  France  du  fond  de  la 
Calabre  ,  espérant  d'obtenir  sa  guérison 
par  ses  prières.  Ce  prince  ,  très  jaloux  de 
tenir  son  rang,  alla  au-devant  de  lui  et  se 
prosterna  devant  l'humble  religieux. 
«  Vous  étiez  alors ,  o  mon  Dieu  1  connu 
»  dans  le  monde  (  s'écrie  à  ce  sujet  un 
»  orateur  célèbre),  et  les  cours  des  princes 
«  n'étaient  pas  des  lieux  inaccessibles  à 
»  votre  grâce  ni  à  la  piété  clirélienne, 
»  puisque  vos  serviteurs  y  étaient  si  hono- 
nrablement  traités,  »  Quoique  le  saint 
annonçât  au  roi  une  fin  prochaine,  au 
lieu  de  la  guérison  qu'il  espérait  ,  il  con- 
tinua à  jouir  de  toute  sa  confiance,  et  l'aida 
à  finir  par  une  mort  chrétienne  une  vie 
qui,  à  bien  des  égards  ,  ne  l'avait  pas  été. 
François  établit  quelques  maisons  en 
France,  et  mourut  dans  celle  du  Plessis- 
du-Parc  en  lo07  ;  il  fut  canonisé  en  1519, 
par  Léon  X.  Les  minimes  furent  appelés 
en  France  Bons- Hommes ^  en  nom  de 
Bon  Homme  que  les  courtisans  de  Louis 
XI  donnaient  à  leur  père.  Les  hommis 


FU\  2 

du  «ièclc  ne  UKiiiqui'iil  jiMiinis  »lo  roufiUi- 
drc  la  piolé  l't  I»  pntifusc  simplicilc  dt* 
l'Evangile  ,  avec  ce  qu'ils  appellent  bon- 
homie. Lr  Père  IlilariondcCostc  a  donné 
»  fie,  ink". 
FUWÇOIS  XWIEn  (  saint),  sur- 
nonuné  V. -/poire  tirs  Indes  .  né  au  rlià- 
loau  lie  Xavier  au  pied  des  Pyrénées  le  7 
a\ril  loOf».clail  neveu  du  célèbre  dotieur 
Navarre.  Il  enseignait  la  philosopliic  ati 
Cdllepe  de  Béarnais  à  Paris,  lorsqu'il  con- 
nut Iiîiiace  do  Loyola,  fondateur  des jé- 
suilcs.  Il  s'unil  élroiteinent  avec  lui,  et  fui 
iindcs  sept  compagnons  du  saint  espa- 
jMiol,  qui  tirent  voeu  dans  réalise  de  Mont- 
Martre,  en  irirv'i.  d'aller  travailler  à  la 
conversion  des  iulidèles.  Jean  III,  roi  dt- 
Portugal,  ayant  demandé  des  niissionnai- 
res  i)our  les  Indes  orientales,  Xavier  s'ein- 
iKirqua  à  Lisbonne  en  1541.  D^  Goa  où  il 
se  lixa  d'abonl .  il  répandit  la  lumière  de 
l'Evangile  sur  la  côte  de  Comorin  ,  à  Ma- 
laca  ,  dans  les  Moluqnes,  dans  le  Japon. 
In  nombre  infmi  de  barbares  reçurent 
le  baptême.  Xavier  leur  inspira  le  goût 
pour  le  christianisme,  autant  ^lar  ses  ver- 
tus que  par  son  éloquence  ;  et  la  Provi- 
dence renouvela  plusdune  fois,  en  faveur 
(le  ces  nouvelles  églises  ,  les  merveilles 
tics  premiers  temps  du  cbristianisme. 
Il  mourut  en  l'.io'i  ,  dans  l'ile  de  Sancian  , 
il  la  \<ic  de  l'empiredclaChine,  où  il  brû- 
lait de  porter  la  foi.  Ilétaitàgé  de  4G  ans, 
tl  en  avait  employé  dix  et  demi  à  la  con- 
version des  Indes.  «  Terme  bien  court, 
p  dit  l'abbé  Béraull,  quand  il  n'eût  soumis 
»  qu'une  nation  au  joug  de  l'Evangile. 
»  Mais  s'il  a  établi  la  foi  dans  52  royaumes 
splusou  moins  étendus;  s'il  a  arboré  l'é- 
»  tendard  de  la  croix  dans  3,000  lieues  de 
»  pays  ;  s'il  a  baptise  de  sa  main  près  d'un 

•  million  tant  de  Sarrasins  que  d'idolàtre.s; 
»  s'il  a  procuré  à  l'Eglise  plus  de  nouveaux 
»  sujets  que  les  fameux  bérésiarques  de 
f  son  siècle  n'ont  fait  de  déserteurs  et 
••d'apostats,  ne  jicut-on  pas  dire  que  lara- 
»  pidité  des  conquérans  les  plus  mémora- 
»  blés  n'égala  pas  la  sienne  ;  et  que  s'il 
»  eût  rempli  la  mesure  commune  «le  la 
»  vie  humaine  ,  le  monde  entier  ,  pour 
»  son  zèle  ,  plutôt  que  |)our  leur  valeur, 

•  eût  été  un  champ  trop  étroit?»  Son 
corps,  plusieurs  fois  relevé  de  terre,  d'a- 
tK)rd  à  l'ile  de  Sancian  ,  puis  à  Malaca  , 
ensuite  à  différentes  fois  à  Goa.  fut  trouvé 
sans  aucune  corruption.  En  17«2  ,  il  fut 
<!creditf  déc«^»uverl  et  exposé  durant  trois 
jours  aux  yeux  du  public.  (  f'oyez  la  lic- 
latiua  de  M.  Cicala,  et  sa  Vie  impritnce  à 

5. 


20  FR.\ 

l.ir;;e  .  p.  22.  )  (Jrégoire  XV  le  mil  OU 
noud)re  des  saints  en  i()22.  Les  protestant 
mêmes  lui  ont  dt»nné  ce  nom.  Tavernler 
dit  qu'on  peut  l'appeler  ajuste  titre  le 
saint  Paul  et  le  vchtable  apôtre  des 
Indes.  Richard  Ilaklvit  ,  au  second  tome 
<lcs  IS'aviyatiuns  de.  la  nation  anglaise,  en 
parlant  de  l'ile  de  Sancian ,  remarque 
(lu'elle  est  fami^use  par  la  mort  de  Fran- 
çois Xavier,  dont  il  fait  un  grand  é'.oge, 
auipud  il  ajoute  que  les  histoires  modcr- 
n  s  des  Indes  sont  ronpUes  des  excel- 
lentes vertus  et  des  œuvres  de  ce  saint 
homme.  Baldeus ,  dans  son  Histoire  dr , 
Indes ,{\.{tvH  avoirparléde  Xaviercounn 
d'un  aulre  saint  Paul,  dit  «juc  les  dons 
({u' il  avait  reçus  pour  exercer  la  charge 
de  ministre  et  d'ambassadeur  de  Jésus- 
Christ,  étaient  si éminens.  qu'Une  lui  est 
pas  possible  de  les  exprimer.  Et  quelques 
lignes  après ,  adressant  la  parole  au  saint 
même  :  Plût  à  Dieu,  s'écrie-t-il ,  qu'ayant 
été  si  célèbre  par  votre  ministère,  notre 
Religion  nous  permit  de  vous  adopter,  ou 
que  la  vôtre  ne  vous  obligeât  pas  de  nous 
renoncer  .'Effectivement,  la  vie  et  les  im- 
menses travaux  de  ce  grand  homme  son 
le  fruit  visible  de  celte  conviction  intime, 
de  cette  foi  vive  ,  de  cette  charité  active 
et  brûlante ,  que  les  systèmes  et  les  opi- 
nions des  hommes  ne  sauraient  produire  : 
aussi  ,  le  zèle  pour  la  conversion  des  in- 
fidèles a-t-il  toujours  été  et  sera  toujours 
propre  à  l'Eglise  catliolique  ;  ceux  des 
sectaires  qui  ont  voulu  l'imiter  n'ont  pu 
en  soutenir  long-temps  les  apparences  , 
moins  encore  en  renouveler  les  effets  ;  et 
pour  dire  un  mot  des  apôtres  de  la  nou- 
velle philosopiiie,  conlens  d'enseigner 
commodément  dans  des  brochures  la  pré- 
tendue vérité  ,  ils  n'ont  garde  de  quitter 
leurs  foyers  pour  l'annoncer  à  des  peu- 
ples ignorans  et  sauvages.  On  a  de  .saint 
François-Xavier  :  |  cin([  livres  d'JJpitres. 
Paris,  1G51,  in-S";  |  un  Catéchisme;  |  des 
Opuscules.  Ces  ouvrages  respirent  le  zèle 
le  plus  animé,  la  piété  la  plus  tendre,  un 
jugement  sûr  et  solide.  Les  Pères  Tu rsc- 
linet  Bouhoui s,  jésuites,  ont  élégamment 
écrit  sa  fie  ^  l'un  en  latin  ,  et  l'autre  eii 
français.  Celle-ci  a  été  très  souvent  reim- 
prin»ée.  On  a  de  M.  Dulard  une  é|K)pée 
intitulée  la  Xavériade.  ou  l'Apostolat  </- 
saint  François-Xavier,  un  peu  froid» 
mais  pleine  de  grandes  idées  :  il  y  en  a  un 
autre  en  latin  (  vogez  FllANCK  j. 

FR.\.>ÇOIS  DK  nonGIA  (saint),  du. 
de  Candie  où  il  naquit  eu  1510,  cl  vice-t  \ 
de  Catai<ti{ue.  juui»sail  de  la  plus  grande; 


FIIA 


250 


FUA 


fonsidéraîîon  à  la  cour  de  Charles-Quint. 
Chargé  de  conduire  à  Grenade  le  corps 
de  rimpéralrice  Isabelle  ,  yioiir  y  être  dé- 
posé dans  le  tombeau  royal,  etol)li[îc  d'at- 
tester que  c'éluil  réellement  le  corps  de 
cette  princesse  qui  avait  été  un  prodijje 
de  beauté ,  il  fui  si  frappé  à  l'ouverture 
du  cercueil,  de  ne  pouvoir  plus  la  recon- 
naître ,  que  ce  tableau  de  la  mort  devint 
pour  lui  une  leçon  subiteinent  efficace. 
Il  vécut  en  saint  au  milieu  de  la  cour  ,  et , 
après  la  mort  de  son  épouse ,  il  entra 
chez,  les  jésuites,  dont  il  l'ut  le  troisième 
{jénéral.  Tous  les  honneurs  le  poursuivi- 
rent dans  sa  retraite;  de  riches  évèohés  , 
le  cardinalat ,  et  d'autres  dignités  lui  fu- 
rent offertes  à  plusieurs  reprises,  et,  après 
la  mort  de  Pie  V  ,  une  partie  des  cardi- 
naux voulurent  Télever  sur  la  chaire  de 
saint  Pierre.  Il  échappa  à  tout  cela,  et 
mourut  à  Rome  quelques  mois  après  ce 
pape,  le  .oO  septembre  1572,  à  làge  de 
62  ans  ,  après  avoir  établi  sa  compagnie 
dans  un  grand  nombre  de  provinces  et 
rendu  de  grands  services  à  l'Eglise.  Le 
voyage  quil  lit  par  ordre  de  Pie  V  avec 
le  cardinal  Alexandrin,  pour  réunir  les 
princes  chrétiens  contre  Les  infidèles , 
avança  sa  mort ,  ses  forces  et  l'étal  de  sa 
santé  ne  répondant  pas  aux  fatigues  de 
cette  commission.  C'était  un  homme  d'une 
mortification  extraordinaire.  Sainte  Thé- 
rèse qui  l'appelait  un  saint  recherchait 
et  suivait  ses  conseils  dans  les  affaires 
difficiles.  Charles-Quint  voulut  le  voir 
dans  sa  retraite  de  Saint-Juste  ,  et  lui  ré- 
péta ce  qu'il  lui  avait  confié  long-lemps 
auparavant,  que  son  exemple  avait  beau- 
coup servi  à  le  déteru)iner  à  quitter  le 
trône  et  le  monde,  et  que  dès  lors  il  en 
avait  conçu  la  résolution,  anecdote  qui 
détruit  les  contes  imaginés  sur  l'abdica- 
tion de  ce  prince  (  iio?/^;^  VESAL  ).  Clé- 
ment X  le  mit  au  nombre  des  saints  en 
i67i.  Il  laissa  plusieurs  ouvrages,  tra- 
duits de  l'espagnol  en  latin  par  le  Père 
Alphonse  Dez.a,  jésuite,  Bruxelles,  1675  , 
in-fol.  Voxjez  sa  Vie  j  publiée  en  fran- 
çais, in-V,  par  le  Père  Verjus,  d'après 
liibadeneira  et  Eusèbe  Niéx-emberg. 

FRAÎXÇOIS  DE  S.\LES  (  saint  ) ,  né  au 
«'hâteau  de  Sales,  diocèse  de  Genève  ,  en 
io67,  fit  ses  premières  études  à  Paris,  et 
son  cours  de  droit  à  Padoue.  Il  édifia  ces 
deux  villes  par  sa  piété  aussi  douce  que 
tendre.  Il  fut  d'abord  avocat  à  Chambéri, 
puis  prévôt  d'Anneci;  ensuite  évêque  de 
Genève  ,  après  la  mort  de  Claude  Garnier , 
son  oncle ,  en  1602.  Son  zèle  pour  la  con- 


version des  y.uingliens  et  des  calvinistes 
avait  éclaté  avant  son  épiscopat  ;  il  ne  lut 
que  plus  ardent  après.  Ses  succès  répon- 
dirent à  ses  travaux.  Il  avait  gagné  à  l'E- 
glise plus  de  _70,000  hérétiques  ,  depuis 
1592  jusqu'en  1602  qu'il  fut  évêque.  Il  se- 
rait difficile  de  faire  un  détail  exact  de 
ceux  qu'il  ramena  au  bercail,  depuis 
1602  jusqu'à  sa  mort.  Le  cardinal  du  Per- 
ron disait  qu'î7  n'y  avait  jjoint  d'héréti- 
que qu'il  ne  jJÙt  convaincre  ;  mais  qu'il 
fallait  s'adresser  à  l' évêque  de  Genève 
pour  les  convertir.  Un  jour  nouveau  lui- 
sît sur  le  diocèse  de  Genève  ,  dès  qu'il  en 
eut  pris  possession.  Il  fit  fleurir  la  science 
et  la  piété  dans  le  clergé  séculier  et  ré- 
gulier. Il  institua  l'an  1610  l'ordre  de  la 
Visitation  ,  dont  la  baronne  de  Chantai , 
qu'il  avait  détrompée  des  faux  charmes 
du  monde,  fut  la  première  supérieure.  Il 
voulut  qu'on  y  admît  les  filles  d'un  tem- 
pérament délicat,  et  mémo  les  infirmes, 
qui  ne  peuvent  se  placer  dans  le  monde  , 
ni  danâ  les  cloîtres  austères.  Cette  congré- 
gation fut  érigée  en  litre  d'ordre  et  de 
religion,  Tan  1618,  par  le  pape  Paul  V. 
Sur  la  fin  de  cette  même  année,  François 
fut  obligé  de  se  rendre  à  Paris  avec  le 
cardinal  de  Savoie  ,  pour  conclure  le  ma- 
riage du  prince  de  Piémont  avec  Chris- 
tine de  France.  Cette  princesse  le  choisit 
pour  son  aumônier  ;  le  saint  évêque  ,  qui 
avait  déjà  refusé  un  évêché  en  France  ,  et 
qui  refusa  vers  le  même  temps  la  coadjuto- 
rerie  de  l'évêché  de  Paris  ,  ne  voulut  ac- 
cepter cette  place  qu'à  condition  qu'elle 
ne  l'empêcherait  point  de  résider  dans 
son  diocèse  pour  lequel  il  soupirail.  Il  y 
retourna  le  plas  lot  qu'il  put ,  et  conti- 
nua d'y  vivre  en  pasteur  des  premiers 
siècles  de  l'Eglise,  en  Irénée,  en  Augus- 
tin. L'an  1622,  ayant  eu  ordre  de  se  rcn* 
dre  à  Lyon,  où  le  duc  de  Savoie  devait 
voir  Louis  XIII,  il  y  fui  frappé  d'apoplexie 
le  27  décembre,  et  mourut  le  lendenjain, 
à  56  ans  (i)-  Saint  François  de  Sales  était 
une  de  ces  âmes  tendres  et  sublimes , 
nées  pour  la  vertu  et  pour  la  piété ,  el 
destinées  i>ar  le  Ciel  à  inspirer  l'une  et 
l'autre.  On  remarque  ce  caractère  dans 
tous  ses  écrits  :  la  candeur  ,  l'onction  qu'ils 
respirent,  les  rend  délicieux  même  à  ceux 
que  les  lectures  de  piété  eimuienl  le  plus. 
Les  principaux  sont  |  Introduction  à  la 
vie  dévote.  Le  but  de  ce  livre  était  de 
montrer  que  la  dévotion  n'était  pas  scu- 


(i)   Saint   FrjBçoit   de    Sile»    a    cté  caDoniiC  pi 
Alexandre  VU-  I*  —  -'-il  i665. 


FIV.\ 


S5i 


FUI 


IcinciU  faite  pour  les  rloltrcs  ,  mais  qu'elle 
pouvait  i^trc  dans  le  monde ,  et  s'y  accor- 
der avec  les  obligaliun.H  de  la  vie  civite 
cl  séculière.  Il  Ut  des  fruits  merveilleux 
à  la  cour  de  Franre  et  à  celle  de  Piémont. 

1  l'n  lYaité  de  l'amour  de  Dieu. .  mis 
dans  un  nouvel  ordre  par  le  Père  Fellon, 
jfsuilc.  en  3  vol.  Il  a  clé  depuis  imprimé 

M  2  vol  ,  et  abrégé  en  un  seul  par  l'abbé 
\ic»\çt.\  Des  Lettres  spin'lu^llcs ,  et  d'aii- 
ires  ouvrages  de,  piélé,  recueillis  en  2 
vol.  tn-fol.  Elles  ont  été  réimprimét-s  en 
1817,  en  3  vol.  in-S",  avec  un  beau  por- 
Irnit  et  un  modèle  de  son  érritwie. 
Saint  François  de  Sales  y  parait  un  des 
mystiques  les  plus  judicieux  des  der- 
niers temps.  Les  lecteurs  qui  voudront 
connaître  plus  en  détail  ses  ouvra<;es 
et  ses  vertus,  peuvent  lire  sa  fie  élé- 
gamment écrite  par  l'abbé  Marsollier,  en 

2  vol. ,  et  son  Esprit^  par  le  Camus,  évé- 
que  de  Belley ,  son.  intime  ami.  Ce  der- 
nier livre,  insipidemenl  prolixe,  a  été 
réduit  par  M.  CoUot,  docteur  de  Sorbonne, 
à  un  gros  vol.  in-S",  ou  2  vol.  in-12  ,  plu- 
sieurs fois  réimprimé.  On  a  publié  à  Paris 
en  1823  une  belle  édition  complète  de  ses 
œuvres,  16  vol.  in-8". 

FR.\\ÇOIS.  rotjez  RÉGIS. 
FRANÇOIS  DR  LORRAINE    (  Etien- 
KE  ). ,  empereur  d'Allemagne,  naquit  en 
1708,  de  Léopold,   duc  de   Lorraine,  et 
d'tlizabeth- Charlotte  d'Orléans,  et    fut 
marié  en  1736  avec  Maiie-Thérèse,  lille 
de  l'empereur  Ciiarles  VI  [voyez  ce  nom  ). 
Après  la  mort  de  ce  prince,  il  disputa  la 
couronne  impériale  à  Ciiarles  Vil ,  mort 
Munich  en  janvier  i7/*5.  Il  fut  élu  empe- 
1    ur  le  13  septembre  de  la  même  année. 
Le  fléau  de  la  guerre  désolait  alors  toute 
l'Europe.  On  peut  voir  à  l'article  BROWN 
un  précis  des  expéditions  militaires  de  ce 
temps-là.  La  paix  conclue  en  1748  à  Aix- 
la-Chapelle  rendit  la  tranquillité  à  l'em- 
.  pire  d'Allemagne.  Une    nouvelle  guerre 
s'clant  allumée  en  17;>6 ,  fut  terminée  par 
le  traité  d'Huberbourg  en  Saxe,  le  15  fé- 
vrier 1763.  L'empereur  François  profita 
de  l'heureux  loisir  de  la  paix  pour  faire 
^fleurir  le  conmierce,  les  sciences  et  les 
arts  dans  ses  états  ,  qui  le  perdirent  le  18 
,aoûl   1765.   Il   nmurut  subitement  à  In- 
spruck  .  où  il  s'était  rendu  pour  les  noces 
do  son  tiU  Léopold  avec  l'infante  Marie- 
T'iuisc  d'Espagne.  Comme  il  mourut  au 
.'-rlir  de  la  comédie  ,  on  ne  manqua  pas 
'  t  n  accuser  l'air  du  spectacle,  qu'on  sait 
•  tre  plus  n)éphitiquc  ([ue  dans  k-s  sali,  s 
U  liùpiUus  cl  d'aJ!at».mie.  Celait  un  de 


ces  hommes  verli.rux  par  religion  et  par 
sentiuuMit.qui  font  h;  birn  pour  lui-même, 
et  savent  se  mettre  à  l'abri  de  celte  ceh  - 
brité  bruyaiilc  ,  qui  flatte  la  faiblesse  cl  la 
vanité  jusque  sur  le  tronc.  Sa  vie  n'a  été 
qu'une  suitt;  non  interrompue  d'actions 
de  sagesse,  de  justice  ,  de  bienfaisance; 
et  cependant  il  y  a  peu  d'empereur»  qui 
aient  fait  moins  de  bruit  dans  lo  monde 
que  François  T'.  Serait-ce  une  propriété 
de  la  véritable  grandeur ,  de  n'être  i):x8 
compromise  jiar  la  fausse  science? 

rois  ET  PUIXCES   DE   FRANCE. 

FRANÇOIS  I",  roi  de  France,  parvint 
à  la  couronne  le  I"  janvier  1515,  à  21 
ans  ,  après  la  mort  de  Louis  XII  son  beau- 
père.  Il  était  ué  à  Cognac  en  l.'*94,  de 
Charles  d'Orléans,  comte  d'Angoulème, 
et  de  Louise  de  Savoie.  Petit-lils  de  Va- 
lentine  de  Milan,  il  prit  avec  le  titre  de 
roi  de  France,  celui  de  duc  de  Milan,  el 
se  mit  à  la  tète  d'une  puissante  arméo 
pour  aller  se  rendre  maître  de  ce  duché. 
Il  n'ignorait  pas  que  les  Suisses  s'étaiejit 
emparés  du  Mont-Genève  et  du  Moul-Ce- 
nis ,  les  deux  portes  de  lllalie;  mais  il 
espérait  tout  de  son  courage  et  de  celui 
de  ses  troupes.  On  tenta  de  passer  les 
Alpes  par  les  cols  de  l'Argenlière  el  de 
Guillestre,  jusqu'alors  impraticables;  on 
en  vint  à  bout,  et  les  Français  se  virent 
bientôt  aux  plaines  de  Marignan ,  où  ils 
furent  attaqués  par  lés  Suisses.  La  bataille 
dura  deux  jours,  les  13  et  14  septembre 
1515.  François  I"  ne  perdit  point  le  sang- 
froid  dans  cette  action ,  aussi  longue  que 
meurtrière  ;  il  passa  une  partie  de  la  nuit 
à  ranger  ses  troupes,  et  une  autre  partie  sur 
l'affût  d'un  canon  ,  en  attendant  lo  jour 
Le  vieux  maréchal  de  Trivulce  disait ,  de* 
18  batailles  où  il  s'était  trouvé  ,  «  que  c'é- 
p  talent  des  jeux  d'enfans;  mais  que  celle 
3  de  Marign:in  était  une  bataille  degéans.» 
Bayard  avait  ce  jour  armé  chevalier  son 
roi.  Les  Suisses  fuirent  entin,  laissant  sur 
le  champ  de  bataille  ])lus  de  dix  mille  do 
leurs  compagnons  ,  et  abandonnant  le  Mi- 
lanais aux  vainqueurs.  Plus  tard  ils  de- 
vinrent Us  lidèles  alliés  de  la  Fiance.  Maxi- 
milieu  Sforre  lui  en  lit  la  cession,  et  sa 
relira  en  France  ,  où  il  mourut.  Les  Gé- 
nois se  déclarèrent  pour  les  Français.  Lo 
pape  Léon  X  ,  effrayé  de  leurs  succès .  vit 
le  roi  à  B»)logne ,  et  fit  sa  paix  avec  lui. 
Ce  fui  dans  cette  conférence,  qu'après 
avoir obtenurabolition  de  la  pragmatique* 
sanction  ,  il  conclut  le  14  décembre  1515 1 
le  concordat  pour  la  collât ioa  dos  l»^<)é> 


FRA 


232 


FRA 


fices  ,  confirmé  l'année  suivante  au  con- 
cile de  Latran.  François  obtint  la  nomi- 
nation des  bénéfices  ,  et  Léon  les  annales, 
en  renonçant  aux  mandats,  réserves, 
expectatives,  et  autres  droits  dont  jouis- 
sait le  siège  de  Rome.  Les  universités  et 
les  parlemens  ne  reçurent  le  concordat 
qu'après  de  longues  résistances.  Cepen- 
dant les  universités  n'avaient  pas  tant  à 
s'en  plaindre ,  i)uisque  la  troisième  partie 
des  bénéfices  leur  est  réservée  par  le 
moyen  de  l'impét ration;  et  les  parlemens 
ne  faisaient  pas  attention  que  François  l"", 
en  accordant  les  annates ,  se  procurait 
d'ailleurs  des  avantages  considérables  ;  et 
ils  oubliaient  sans  doute  la  maxime  très 
raisonnable  comme  très  catholique,  que 
tous  les  chrétiens  doivent  encourir  à  l'en- 
Iretien  du  premier  pontife,  et  à  la  splen- 
deur de  son  siège.  «  Maxime  si  peu  con- 
»  testée ,  dit  un  jurisconsulte  de  ce  siècle, 
»  que  le  concile  de  Bâle ,  en  proposant  l'a- 
»  bolition  des  annales,  demandait  en 
»  même  temps  un  moyen  de  les  suppléer , 
»  et  de  donner  au  souverain  pontife,  et  à 
»  l'administrateur  de  l'Eglise  universelle, 
»  les  secours  nécessaires  à  un  gouverne- 
»  ment  si  vaste  et  si  composé.  Fébronius 
)>  lui-même  ,  cet  ardent  adversaire  des 
«  pontifes  romains  ,  convient  que  les  an- 
»  nates  sont  une  rétribution  légitime  ,  et 
»  fondée  sur  des  vues  et  des  fins  très  sa- 
»  ges.  Et  quand  on  sait  que  tout  le  produit 
»  des  annales  et  autres  droits  quelconques, 
j)  attachés  aux  expéditions  romaines  ,  ne 
»  vont  annuellement  pour  toute  la  France 
»  qu'à  500.000  1.,  on  ne  peut  comprendre 
»  les  clameurs  que  produit  ce  mince  objet, 
»  sans  en  chercizer  la  source  dans  la  haine 
»  de  Dieu  et  de  son  culte.  »  L'année  d'a- 
près la  conquête  de  Milan  en  1516  ,  Char- 
les-Quinl  et  François  r*^ signèrent  le  traité 
de  Noyon,  où  ils  se  donnèrent  mutuelle- 
nient,  l'un  l'orilre  de  la  Toison-d'or,  et 
l'autre,  celui  de  Saint-Michel ,  après  s'être 
juré  une  paix  éternelle.  Cette  paix  fut  de 
deux  jours.  Après  la  mort  de  l'empereur 
Maximilien  ,  François  fit  briguer  la  coii- 
ronne  impériale.  Charles  plus  jeune  ,  et 
moins  craint  par  les  électeurs  ,  l'emporta 
sur  lui,  malgré  les  400,000  francs  qu'il 
dépensa  pour  avoir  des  sulfragts.  La 
guerre  fut  allumée  dès  lors  ,  et  le  fut  pour 
long-temps.  Le  ressentiment  de  François 
éclata  d'abord  sur  la  Navarre.  Il  la  con- 
quit et  la  perdit  presque  au  même  temps. 
Il  fut  plus  heureux  en  Picardie  ;  il  en 
chassa  Charles  qui  y  était  entré  ,  pénétra 
dans  la  Flandre ,  lui  i)rit  Landrccies ,  Bou- 


chain,  Hesdin  et  plusieurs  autres  places; 
mais  il  perdit  le  Milanais  par  les  violences 
de  Lautrec ,  et  le  connétable  de  Bourbon 
par  les  injustices  de  Louise  de  Savoie  sa 
mère.  Ce  général  se  jeta  dans  le  parti  de 
l'empereur.  Les  Français,  commandés  par 
Lautrec  ,  furent  défaits  le  27  avril  1522  à 
la  Bicoque.  Cette  f  unes  le  journée  fut  sui- 
vie de  la  perte  de  Crémone  et  de  Gènes. 
Bourbon,  secondé  par  Antoine  de  Lève , 
battit  en  152l!i.  l'arrière-garde  de  l'amiral 
Bonnivet  à  la  retraite  de  Rebec ,  où  Eayard 
fut  tué;  il  marcha  vers  la  Provence,  prit 
Toulon,  et  assiégea  Marseille.  François  l" 
courut  au  secours  de  la  Provence,  et,  après 
l'avoir  délivrée  ,  il  s'enfonça  encore  dans 
le  Milanais  et  assiégea  Pavie.  On  était  dans 
le  cœur  de  l'hiver.  C'était  une  faute  con- 
sidérable ,  d'avoir  formé  un  siège  dans 
une  saison  si  rigoureuse.  François  en  fit 
une  autre  non  moins  importante ,  en  dé- 
tachant mal  à  propos  dix  mille  hommes 
de  son  armée  pour  les  envoyer  conquérir 
Naples.  Trop  faible  pour  résister  aux  im- 
périaux ,  il  fut  baltu  le  24  février  1525, 
après  avoir  eu  devix  chevaux  tués  sous  lui, 
et  fait  prisonnier  avec  les  principaux  sei- 
gneurs de  France  (  voyez  LANNOY).  Son 
malheur  voulut  encore  qu'il  fût  pris  par 
le  seul  officier  français  qui  avait  suivi  le 
duc  de  Bourbon,  et  que  ce  duc  fût  présent 
pour  jouir  de  son  humiliation.  L'abbé 
Gervaise  ,  dans  la  Vie  de  saint  Martin  de 
Tours ,  semble  attribuer  ce  malheur  à  la 
violation  du  tombeau  de  ce  saint ,  d'où 
François  I""  venait  de  faire  enlever  une 
grille  d'argent  pour  la  convertir  en  mon- 
naie. Comme  il  parait  que  le  roi  lui-même, 
ainsi  que  la  reine,  était  dans  cette  per- 
suasion, il  ne  sera  pas  inutile  de  rapporter 
ici  le  passage  de  cet  historien,  homme  rai- 
sonnable et  instruit.  «  Quoique  François  T"" 
»  eût  fait  serment  comme  les  rois  ses  pré- 
»  décesseurs,  lorsqu'il  se  fit  recevoir  abbé 
»  et  chanoine  de  l'église  de  Saint-Martin, 
»  d'en  être  le  protecteur ,  quelques  offi- 
»  cicns  de  ses  finances  abusant  de  sa  faci- 
»  lité,  lui  firent  croire  que  dans  les  be- 
»  soins  pressans  de  l'état ,  il  pouvait  légi- 
»  tin)ement  se  servir  du  treillis  d'argent 
»  qui  fermait  le  tombeau  de  saint  Martin. 
»  Ils  vinrent  à  Tours  au  :Tiois  de  juillet 
ft  de  l'année  1522,  signifier  aux  chanoines 
»  l'ordre  qu'ils  avaient  de  l'enlever.  On 
»  trouve  dans  les  registres  de  cette  église 
»  la  réponse  que  le  chapitre  leur  fit.  Elle 
»  est  conçue  en  ces  termes  :  Leschanoinea 
rt  disent  qu'ils  sont  très  humbles  et  très 
»  obéissans  chapelains  et  orateurs  dudii 


IMW  2 

»  $1  inx'-ur  roi .  et  (/ti  à  <iir  n  ,  st  <ir  que- 
»  trUrs  ,  at'fjurr  rt  rontrstrr  aiwr  sa  ma- 
»  ;f•>^•;  wmit  r/nr  crnîi/nfrnt  d'offenser 
»  Dieu .  le  créateur .  et  monsieur  saint  Var- 
»  tin .  et  pour  frs  causes  par  eux  déjà  al- 
»  léguées  .  et  autres  légitimes,  ils  n'osent 

•  et  ne  doivent  consentir  ledit  treillis  être 
»  pn's  ou  enlevé.  Les  offitiers  ne  laissrrenl 
»  pas  de  passer  outre  ;  le  Ireillis  fut  mis 
»  en  pières  le  8  du  mois  suivant,  et  chargé 

•  à  ia  porte  de  réalise  dans  des  chariots , 
»  escortés  de  phisieurs  compagnies  de  sol- 
»  dais,  qui  le  conduisirent  à  la  monnaie, 
p  On  en  lit  des  lésions,  où  d'un  côté  la 
»  ligure  de  saint  Martin  est  empreinte.  Il 

•  s'en  trouve  encore  quelques-uns  dans 
»  les  cabinets  des  curieux.  Celte  aclion  si 
»  peu  attendue  d'un  prince  calholique  , 
»  jela  tous  les  gens  de  bien  dans  la  con- 
»  stcrnalioii.  Ceux  mêmes  qui  s'élaienl 
»  chargés  de  cette  entreprise  ,  la  Irouvè- 

■  rent  si  honteuse,  qu'ils  ne  voulurent  ja- 
»  mais  permettre  qu'on  en  dressât  un  pro- 
»  cès-verbal.  Le  fabricier  de  l'église  et 
»  quelques  chanoines  des  plus  zélés  ,  s'é- 
«  tant  o|)iniàtrés  à  le  vouloir  faire,  en  fu- 

■  rent  chassés  avec  les  notaires.  La  chose 
»  fut  si  loin,  qu'ayant  paru  à  l'une  des  fc- 
»  nôtres  de  l'église .  pour  voir  ce  qui  s'y 
»  passait ,  l'on  tira  dessus  plusieurs  coups 

■  d'arquebuse,  dont  heureusement  per- 
»  sonne  ne  fut  blessé.  Quelques  historiens 
»  ont  cru  que  les  malheurs  qui  arrivèrent 
»  depuis  à  François  I"  ,  furent  de  justes 

■  chàlimens  de  la  profanation  du  tombeau 
»  de  saint  Martin.  En  effet,  on  remarque 
»  que  ce  itrinre  ayani  peu  de  temps  après 
»  iHjrlé  ses  armes  dans  le  Milanais,  et  mis 

■  le  siège  devant  Pavie,  il  y  fut  abandonné 
»  des  siens,  son  clieval  lue  sous  lui  dans 

>  la  retraite,  lui-même  dangereusement 

■  blessé,  et  arrête  sur  les  terres  que  Char- 

•  lemagne  avait  données  à  l'église  de 
»  sainl  Marlin.  Il  reconnut  alors,  mais  trop 
»  tard,  que  ce  n'était  i>as  sans  raison  que 
»  Clovis  avail  dit  aulrefdis  qu'il  n'y  avait 
»  pas  lieu  de  se  promeître  la  victoire  de 
»  ses  emu'mis,  apn'squ'on  avail  offensé  ce 
»  grand  saint.  Louise  de  Savoie,  sa  mère, 
»  à  qui  il  avait  laissé  la  régence  pendant 

•  son  absence,  siiot  qu'elle  eut  reçu  la 
»  nouvelle  du  la  prise  du  roi,  vint  avec  les 

>  princesses  ,  cnfans  de  France  ,  au  lom- 

•  J>ean  du  saint,  implorer  son  secours,  et 
r,  par  les  présens  qu'elle 

qui  lui  avait  été  faite, 
-lij  n'eut  pitsplustôtrecou- 
»  Tré  sa  liberté,  qu'il  y  vint,  avant  d'aller 

■  à  Paris,  pour  lui  en  faire  une  esiit  ce  de 


.  t;:('. 

.   V    1 

.  Ia- 


•'"5  FI\A 

•  satisfaclii.n.    La  colère   de   Dieu   éclal.i 
»  d'une  manièrj'lu'en  plus  sensible  contit; 

•  la  personne  de  Jac(iues  Founiier  (d'au 
»  très  le  nouimeiit  Itenune,  vm/ez  ce  mot  , 
»  seigneur  de  Semblançai ,  qui  avail  él- 
»  l'auteur  d'une  si  méchante  action  ;  car 
>  cinq  ans  après,  le  même  jour  ijue  le 
»  treillis  avait  été  enlevé  ,  sur  une  fausse 
«  accusation  il  fut  condamné  à  être  pendu, 
»  et  le  fut  en  effet  quelques  jours  après 
»  à  Monlfaucon  ,  dans  le  fief  du  prieuré 
»  de  Sainl-Marlin-des-Champs.  »  Quoi 
qu'il  en  soit  de  ces  observations,  Fraii 
çois  V  fut  conduit  à  Madriil,  où  Charlrs 
le  traita  avec  tous  les  égards  possibles,  et 
lui  rendit  la  liberté  par  un  traité  qu'il 
savait  bien  que  son  prisonnier  n'observe- 
rait pas.  Par  ce  traité  ,  signé  à  Madrid,  lo 
14  janvier  1526,  François  renonçait  à  ses 
prétentions  sur  Naples,  le  Milanais,  Gènes 
et  Asti,  à  la  souveraineté  sur  la  Flandre 
et  l'Artois.  Il  devait  céder  le  duché  de 
Bourgogne  ;  mais  lorsque  Lannoy  vint  le 
demander  au  nom  de  l'empereur  ,  F'ran- 
çois  r*",  pour  toute  réponse,  le  fit  assister 
à  une  audience  des  députés  de  Bourgogne, 
qui  déclarèrent  au  roi  «  qu'il  n'avait  pa; 
p  le  pouvoir  de  démembrer  aucune  pro- 
i>  vince  de  sa  monarchie  ;  »  et  commis 
l'empereur  se  jdaignit  de  ce  manquement 
de  parole ,  François  lui  fit  dire  en  pro- 
pres termes  :  «  Vous  avez  menti  par  la 
»  gorge,  et  autant  de  fois  que  vous  le  di- 
»  rez,  vous  mentirez.  »  Il  fil  plus,  il  se  ligua 
contre  Charles  avec  les  Vénitiens  et  pres- 
que toute  l'Italie.  Lautrec  se  rendit  maître 
d'une  partie  de  la  Lombardie,  et  aurait 
pris  Naples,  si  les  maladies  contagieuses, 
favorables  aux  Espagnols .  n'eussent  en- 
levé une  partie  de  l'armée  française  avec 
leur  général,  en  lo28.  Ces  pertes  avancè- 
rent la  paix  :  elle  fut  conclue  à  Cambray 
en  1529.  Lé  roi  de  France  épousa  Eléo- 
nore,  veuve  du  roi  de  Portugal  et  sœur 
de  l'empereur.  Ses  deux  fils  étaient  restés 
en  olage lorsqu'il  sortit  de  prison  ;  en  vio- 
lant le  Irailé  de  Madrid  ,  «  il  les  exposa, 
»  dit  Voltaire ,  au  courroux  de  l'empe- 
»  reur;  il  y  a  des  temps  où  cette  infrac- 
»  lion  eût  coulé  la  >  ioà  ces  deux  princes  :  • 
mais  le  caractère  de  (.liarles  ignorait  ce 
genre  de  vengeance.  l'rançois  racheta  ses 
enfans  moyennant  deux  millions  d'or. 
Mais  celte  rançon  devint  fatale  à  la  France, 
parce  que  le  roi  prit  la  résolution  iii(îi,;n  • 
d'un  grand  prince,  d'altérer  la  moïK.nr. 
et  fil  frapper  desesi>èccs  de  moindri  .  I..i 
que  celles  qui  avaient  cours,  pour  payer 
celle  somme.  Celle  supercherie  ,  itiinie  a 


FRA 


234 


FRA 


la  faiblesse  qu'avait  eue  François  I"  d'a- 
bandonner ses  alliés  à  son  rival,  lui  lit 
perdre  la  confiance  de  l'Europe.  A  peine 
la  paix  était  conclue,  qu'il  travailla  sour- 
dement à  faire  des  ennemis  à  l'empereur. 
En  iSô/i,  il  envoya  en  Amérique  Jacques 
Cartier  habile  navigateur  de  Sainl-Malo  , 
pour  faire  des  découvertes;  et  en  efftl  ce 
Tuarin  découvrit  le  Canada  {voyez  CAR- 
TIER ).  Il  fonda  le  collé^^e  royal ,  il  forma 
la  bibliothèque  royale  ;  il  aurait  plus  fait 
encore,  sans  la  passion  malheureuse  de 
vouloir  toujours  être  duc  de  Milan  et 
vassal  de  l'empire  malgré  l'empereur.  Il 
passa  encore  en  Italie  ,  et  s'empara  de  la 
Savoie  en  1;)35.  L'empereiir  de  son  coté 
se  jeta  sur  la  Provence,  assiégea  Mar- 
seille ,  et  fut  repoussé.  François  \"  s'unit 
avec  Soliman  II,  mais  celte  alliance  avec 
un  empereur  mahométan,  excita  les  mur- 
mures de  l'Eiirope  chrétienne  ,  sans  lui 
procurer  aucun  avantage.  Las  de  la  guerre, 
il  conclut  enfin  une  trêve  de  dix  ans  avec 
Charles,  dans  une  entrevue  que  le  i)ape 
Paul  III  leur  ménagea  à  Nice  en  1550. 
L'empereur,  ayant  passé  quelque  tem[)s 
après  par  la  France  pour  aller  châtier  les 
Gantois  révoltés,  lui  promit  l'investiture 
du  Milanais,  si  l'on  en  croit  la  plupart  des 
historiens  français,  mais  les  Esjjagnols 
l'ont  couslaiiunent  nié.  «  Quelle  appa- 
ï>  rence,  disent-ils,  qu'un  prince  sensé  aura 
»  consenti  à  céder  une  grande  el  inagni- 
1)  fique  province  ,  pour  avoir  pu  abréger 
n  son  chemin,  et  arriver  quelques  jours 
»  plus  tôt  aux  portes  d'une  ville  révoltée,  n 
Voltaire  lui-même  assure  que  Charles  ne 
donna  qu'une  parole  vague  ;  et  l'on  ne 
peut  disconvenir  que  la  demande  qu'en  fil 
François  dans  ces  circonstances  ne  fût 
très  déplacée.  Si  dans  l'alternative  d'être 
arrêté  ou  de  promettre  le  Milanais,  Charles 
eût  pris  ce  dernier  parti,  la  promesse  eût 
été  nulle  selon  toutes  les  règles  du  droiî. 
Quoi  qu'il  en  soit,  la  guerre  se  rallume 
bientôt  après.  Fraru;ois  envoie  des  troupes 
en  Italie ,  dans  le  Roussillon  et  dans  le 
Luxembourg.  Le  comte  d'Enghien  bat  les 
impériaux  à  Cérisoles  en  {ohk  ,  et  se  rend 
maître  du  Montferrat.  La  France  ,  unie 
avec  Barberousse  et  Gustave  Wasa ,  se 
promettait  de  plus  grands  avantages,  lors- 
que Charles-Quint  et  Henri  A'III,  ligués 
contre  François  I",  détruisirent  toutes  ses 
espérances,  en  pénétrant  dans  la  Picardie 
et  la  Champagne.  L'empereur  était  déjà 
à  Soissons,  et  le  roi  d'Angleterre  prenait 
Boulogne.  Le  luthéranisme  fit  le  salut  de 
ia  France.   Les  princes  luthériens  d'Al- 


lema;;ne  s'unissent  contre  l'empereur. 
Ciiarles,  pressant  la  France  el  pressé  dans 
l'empire,  fit  la  paix  à  Crespi  en  Valois  le 
18  septembre  ibkk.  François  1".  délivré 
de  l'empereur,  s'accommoda  bientôt  avec 
le  roi  d'Angleterre  Henri  VIII.  Ce  fut  le  7 
sejitembre  l;)/i6.  Il  mourut  Tannée  d'après 
à  Rambouillet ,  le  31  mars  i'6k7 ,  de  celte 
maladie  alors  presque  incurable  ,  que  la 
découverte  dii  Nouveau -Monde  ,  avait, 
dit-on,  transplantée  en  Europe,  mais  que 
plusieurs  savans  croient  être  d'une  date 
très  antérieure  (voyez  ASTRUC).  L^n  long 
portrait  de  François  r*"  serait  superflu  : 
il  est  assez  peint  dans  le  cours  de  cet  ar- 
ticle. Il  fut  plus  brave  chevalier  que  grau  il 
prince.  Il  eut  plutôt  l'i  nvie  que  le  pouvoir 
d'abaisser  Charles-Quint ,  son  rival  de 
gloire  ,  mais  plus  puissant,  plus  heureux 
et  plus  circonspect.  «  Charles-Quint,  dit 
»  l'abbé  Raynal ,  n'agissait  que  par  des 
»  intérêts  d'étal,  et  François  T',  qui  n'a- 
»  vait  en  vue  que  des  passio  is  parlicu- 
n  lières,  y  portail  ce  motif  pelil  et  bas  qui 
»  entraîne  toujours  à  l'humiliation  ■ 
(■  Anecd.  hisl.  ,  tome  i.  page  181  ).  Comme 
il  réfléchissait  peu  ,  il  entreprenait  les 
guerres  avec  une  légèreté  extrême,  el 
s'exposait  imprudeimiientaux  plus  grands 
revers.  Quoiqu'il  s'occupât  beaucoup  du 
soin  d'étendre  son  royaume,  il  ne  le  gou- 
verna jamais  lui-même.  L'état  fut  succes- 
sivement abandonné  aux  caprices  de  la 
duchesse  d'Angonlême,  aux  passions  des 
ministres,  à  l'avidité  des  favoris.  Son  zèle 
l)Our  la  religion  fut  singulièrement  incon- 
séquent :  tandis  qu'il  faisait  brûler  les 
hérétiques  en  ï'rance,  il  les  soutenait  en 
Allemagne  ;  et  c'est  à  lui  que  le  luthéra- 
nisme est  redevable  de  n'avoir  pas  suc- 
combé à  la  puissance  de  Charles-Quint. 
La  protection  qu'il  accorda  aux  beaux- 
arts,  semble  avoir  couvert  aux  yeux  des 
savans  une  partie  de  ses  défauts.  Il  se 
trouva  précisément  dans  le  temps  de  la 
renaissance  des  lettres  ;  il  en  recueillit  les 
débris  échappés  aux  ravages  de  la  Grèce, 
et  il  les  transplanta  en  France.  Son  règne 
est  l'époque  de  plusieurs  révolutions  dans 
l'esprit  et  dans  les  mœurs  des  Français. 
Il  appela  à  sa  cour  les  dames,  les  cardi- 
naux et  les  prélats  les  plus  distingués  de 
son  royaume.  La  justice,  depuis  la  fonda- 
tion de  la  monarchie,  avait  été  rendue  eu 
latin;  elle  commença  l'an  15â6à  l'être  en 
français.  François  T""  fut  déterminé  à  ce 
changement  par  tmc  expression  barbare, 
emjiloyée  dans  un  arrêt  rendu  au  parle- 
ment de  Paris.  Motif  bien  léger  et  plein 


FRA  25:i 

d'iarnnsiHjuence ,   j)uis<iiril  cùl  »'Ii'   jdus  [  donii 
facile  et  plus  simple!  de  corrifp-r  un  solé- 
cisme, que  de  chaHi^cr  de  l»n(rue.  •  Celle 
»  innovation,  dit  un  ohservalenr  moderne, 
»a  en  plus  d'un  mauvais  effet.  D'abord  la 

•  langue  romaine  ,  ee  j;raml  ori;ane  de 
»  l'érudilion  el  des  sciences ,  cet  idiome 
»  des  grands  modèles  ,  u  él«'  iu'[îli(;ée.  La 

•  jurisprudence  est   devenue    un  rl»am|> 

•  ouvert  k  lotit  le  monde;  les  ii;norans  , 

>  toujours  plus  i)résomj)tueux  et  p!us 
»  prompts  que  les  i;ens  insiruils.  s'en  sont 

•  emparés.  I.a  science  de  la  justice  et  des 

•  lois  a  dégénéré  en   verliia;;e  et  en  elii- 

•  cane.  Le  nom  d'avocat  est  devenu  l'éli- 
»  quelle  <lcs  petits-mailres.    el   un  titre 

•  pour  ceuxiiui  n'en  oui  pas  d'autre.  La 
»  nuiRislralure  a  été  considérée  comme 
»  un  groupe  de  {»ens  ignares  ou  iulércs- 

>  SCS,  et  quelquefois  counne  un  corps  de 
»  factieux.  De  là  les  termes  de  robinerie  . 
»  de  rnhinnillc,  de  robinaiuleric .  etc.,  af- 
»  feclés  aujourd'hui  à  une  profession  <jui 
»  mérita  loue-temps  le  respect  el  la  con- 
»  fiance  des  peuples.  Tant  il  est  dantjereux 
»  de  loucher  aux  usajyes  établis,  ne  fût-ce 
»  qu'en  matière  de  ian(îue!  »  Ce  fut  en- 
core François  V  qui  introduisit  la  mode 
de  porter  les  cheveux  courts  el  la  barbe 
lon^jue  .  pour  cacher  une  blessure  qu'il 
re<;ut  dans  un  jeu  en  lî)2l.  Tous  les  cour- 
tisans eurent  la  plus  loufjue  barbe  qu'ils 
purent  :  c'était  alors  un  ornement  de 
I)etit-majtre.  Les  (;ens  (graves  et  les  ma- 
j}islrals  n'en  portaient  point;  ils  ne  lais- 
sèrent croître  la  leur,  que  lorsque  les 
courlisaus  se  furent  dégoûtés  de  cette 
mode.  François  \"  accabla  son  peuple 
dimpûls,  et  il  recommanda  à  son  fils  en 
mourant  de  diminuer  les  tailles.  II  laissa 
dans  ses  coffres  environ  six  millions 
d'à-présenl.  Son  histoire .  écrWe  par  M. 
Gaillard, 8  volumes  in-I2,  est  le  fruil  de  la 
prévention  el  de  l'esprit  national  ;  tous 
les  faits  et  tous  les  caractères  y  sont  dé- 
figurés. Ce  prince  est  mieux  apprécié  dans 
la  Galerie  philosophique  du  IG*  siècle,  par 
M.  de  Mayer,  2  vol.  in-h".  On  y  trouve  . 
après  divers  détails  intéressafis,  ce  por- 
trait en  petit  :  •  François  I'',  bon,  sincère, 
»  ^Onéreux,  populaire,  mais  incons<-quent 
»  et  indiscret  .  jamais  méchant  ni  cruel, 
»  n'eut  point  de  mœurs,  énerva  et  ruina 
»  la  nation  sans  le  vouloir.  »  On  a  aussi 
sa  f^'ic  écrite  par  Varilias,  Paris ,  IG«.') ,  2 
volnmcs  in-i".  On  a  publié  à  Paris,  1707, 
in-l'i:  Histoire  et  parallèle  de  Charlcs- 
Çuint  rt  ilr  François  /*'.  tirés  d'un  ma- 
nuscrit du  f'atican;  M"'  de  Lussan  a 


FRA 

les  .tncc  iitles  tir  ta  our  (Je  Fran- 
çois /".  Londres  (  Paris),  17'iK,  3  vcdiiine» 
iu-12;  IM.  Rœderer  a  publie  L«)ui$  XII  et 
François  V  ,  ou  Mèmoirm  j>our  servir  à 
ifiif  nouvrtlc  histoire  de  leur  rn/nr.  V.nWn 
la  bibliothèque  du  roi  possède  |(Iusieurt 
recueils  manuscrits  de  poésirsci  de  lettres 
de  François  l"  :  l'ubbé  Len(;liil  en  a  tiré 
une  Kpiire  (eh  vers  ),  traitant  de  son 
part  fine  lit  de  France  et  de  sa  prise  tlr- 
vant  Pavie.dX  l'a  publiée  à  la  fui  del'/Z/i- 
toire  justifiée  contre  1rs  romans,  Amster- 
dam, Rouen,  I7.'I),  in-12. 

FU  WÇOIS  II  ,  roi  de  France  .  né  h 
Fontainebleau  en  lîi/t.'i,  de  Henri  If  et  de 
Catherine  de  Médicis,  monta  sur  le  trône 
après  la  mort  de  son  père  en  l.'i'iO.  Il  avait 
épousé  l'année  d'auparavant  Marie  vStuarf , 
fille  tinique  de  Jacques  V,  roi  d'Ecosse. 
Quoique  son  rèjjne  ne  fût  que  de  17  mois, 
il  vit  éclore  tous  les  maux  qui  depuis  dé- 
solèrent la  Fiance.  François,  duc  de  Guise, 
cl  le  cardinal  de  Lorraine  oncles  de  ce 
roi  enfant  ,  par  sa  femme,  furent  mis  à 
la  Icte  du  gouvernement,  pour  réprimer 
les  calvinistes  qui  menaçaient  le  royaumij 
d'une  enlièrc  subversion.  Antoine  do 
Bourbon  ,  roi  de  Navarre .  el  Louis  ,  sot; 
frère,  prince  de  Condé,  fâchés  de  n'avtjir 
point  de  part  à  radminislration  ,  résolu- 
rent de  secouer  le  jou;;.  Ils  se  joijînirent 
aux  calvinistes  pour  détruire  les  Guises  , 
protecteurs  des  catholiipies.  L'ambition 
fut  la  cause  de  cette  {jnerre.  la  reli{jioii , 
le  prétexte ,  el  la  conspiration  d'.tmbois  • 
le  premier  sijjnal.  Celte  conspiration 
éclata  au  mois  de  mars  laGO.  Le  prince 
de  Condé  en  était  l'àme  invisible,  et  La 
Renaudie  le  conducteur.  Celui-ci  s'élant 
ouvert  à  Avenclles  ,  avocat  de  Paris  ,  la 
plus  grande  partie  des  conjurés  est  arrê- 
tée, et  ils  sont  exéculés.  La  Renaudie  fut 
lue  en  combattant  .  et  plusieurs  autres 
périrent  comme  lui  les  armes  à  la  main. 
La  conspiration  découverte  et  punie,  le 
pouvoir  des  Guises  n'en  fut  que  plui 
gra-id.  Ils  firent  donner  un  édit  à  Roino- 
rantin  .  i>ar  lequel  la  connais-nurc  du 
crime  d'hérésie  était  renvoyée  aux  évo- 
ques el  inlerdile  aux  parlemens.  Ce  fut  le 
chancelier  de  rilô|)ilal  lui-même,  quoique 
très  favorable  aux  protcsians,  qui  dressa 
cet  édit;  édit  raisonnable  el  assorti  à  la 
nature  des  délits  ,  i)uisque  les  évéque» 
sont  les  vrais  ju;;es  de  la  doctrine.  On  d^ 
fendit  aux  calvinistes  de  tenir  des  asseiiv- 
blées.On  créa  dans  chaque  parlement  une 
chambre  qtii  ne  connaissait  que  de  c«  •. 
cas-là ,  cl  qu'on  appelait  la  Chambre  ar 


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236 


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dente.  Le  prince  de  Condé,  chef  du  parti 
calviniste,  fut  arrêté,  condamné  à  perdre 
la  tête,  et  allait  finir  par  la  main  du  bour 
reau,  lorsque  François  II ,  malade  depuis 
long-temps  et  infirme  dès  son  enfance , 
mourut  à  17  ans  ,  le  5  décembre  1560  , 
d'un  abcès  qu'il  avait  à  la  tèle,  et  dotit  l'hu- 
meur ne  put  entièrement  couler  par  son 
oreille.  Quelques  auteurs  rapportent  que 
cet  accident  devint  mortel  par  le  poison 
que  le_  chirurgien ,  qui  était  huguenot, 
mêla  parmi  les  remèdes  ,  pour  délivrer 
Son  i)arti  de  la  crainte  que  lui  inspirait  la 
sévérité  indispensable  des  lois  de  Fran- 
çois Il  {voyez  les  Mémoires  de  Caste biau 
avec  les  notes  de  Jean  le  Laboureur). 

FRANÇOIS  de  FRANCE,  duc  d'Alençon. 
d'vVnjou  et  de  Brabant ,  et  frère  de  Fran- 
çois II,  Charles  IX  et  Henri  III,  né  en 
V6ok  ,  se  mit  à  la  tête  des  mécontens  lors- 
que son  frère  Henri  III  ajouta  sur  le  trône. 
Catherine  de  Médicis ,  sa  mère ,  le  fit  ar- 
rêter ;  mais  le  roi  le  remit  en  liberté.  Il  en 
profila  pour  exciter  de  nouveaux  troubles. 
En  1^75,  il  se  mit  à  la  têle  des  Reistres , 
parce  qu'on  lui  avait  refusé  la  lieutenance 
générale  du  royaume.  On  l'apaisa;  mais 
quelque  temps  après  ayant  été  appelé  par 
les  confédérés  des  Pays-Bas ,  il  alla  les 
commander  malgré  son  frère,  et  se  ren- 
dit maître  de  quelques  places.  Il  revint 
en  France,  et  repassa  ensuite  dans  les 
Pays-Bas  ,  dont  il  fut  reconnu  prince.  Il 
signala  son  courage  contre  le  duc  de  Par- 
me qui  assiégeait  Cambray,  et  se  rendit 
maître  de  Cateau-Cambresis  en  1581.  Il 
passa  la  même  année  en  Angleterre  pour 
conclure  sofi  mariage  avt-c  Eli/.abeth  ,  qui 
le  joua  ,  et  qui  ne  voulut  pas  s'unir  avec 
lui,  malgré  l'anneau  qu'elle  lui  avait  don- 
né pour  gage  de  sa  foi.  De  retour  dans 
les  Pays-Bas  ,  il  fut  couronné  duc  de  Bra- 
bant à  Anvers,  et  comte  de  Flandre  à 
Gand,  en  lo82;  mais  l'année  suivante 
ayant  voulu  asservir  le  pays  dont  il  n'é- 
tait que  le  défenseur  et  se  rendre  maître 
d'Anvers,  il  y  fut  entièrement  défait  et 
obligé  de  retourner  en  France.  Il  y  mourut 
de  phthisicen  158/(.. à  29 ans,  sans  avoir  été 
marié,  regardé  cournie  un  prince  léger, 
bizarre ,  qui  mêlait  les  plus  grands  dé- 
fauts à  quelques  bonnes  qualités. 

FRANÇOIS  de  BOURBON,  comte  de  St.- 
Pol  et  de  Clîaumont,  né  en  1491 ,  de  Fran- 
çois ,  comte  de  Vendôme ,  signala  son 
courage  à  la  bataille  de  Marignan  en  1515. 
Le  brave  Bayard ,  ayant  fait  chevalier 
François  l"  après  cette  journée,  accorda 
le  même  honneur  à  François  de  Bourbon. 


Ce  général  secourut  Mézièrcs  assiégé  par 
les  troupes  impériales  en  1521 ,  prit  Mou- 
ron et  Bapaume ,  et  battit  les  Anglais  au 
combat  de  Pas.  A  la  bataille  de  Pavie  en 
1525  ,  il  fut  du  nombre  des  généraux  pri- 
sonniers. Use  sauva,  et  fut  repris  en 
1528  par  Antoine  de  Lève  ,  qui  le  surprit 
à  Landriano,  à  5  lieues  de  Milan.  Les  Lans- 
quenets et  les  Italiens  l'avaient  abandonné 
dans  ce  péril ,  et  sa  cavalerie  s'était  sauvée 
à  Pavie  avec  l'avant-garde.  Il  mourut  à 
Colignan  ,  près  de  Reims,  en  15i5. 

FRA\ÇOIS  de  BOURBON,  duc  de  Mont- 
pensier ,  de  Chàtelleraut,  prince  de  Bom- 
bes ,  dauphin  d'Auvergne,  fils  de  Louis 
de  Bourbon  II  du  nom ,  donna  des  preu- 
ves de  sa  valeur  au  siège  de  Rouen  en 
15G2,  aux  batailles  de  Jarnac  et  de  Mont- 
contour  en  15f39  ,  et  au  massacre  d'Anvers 
en  1572.  Henri  III  le  fit  chevalier  de  ses 
ordres.,  et  l'envoya  en  Angleterre.  Après 
la  mort  de  ce  monarque,  il  fut  un  des  plus 
fidèles  sujets  de  Henri  IV ,  et  un  de  ses 
plus  braves  généraux.  Il  se  distingua  à 
Arques  et  à  Ivri  en  1590.  Il  mourut  à  Li- 
sieux  en  1592  ,  à  50  ans ,  après  avoir  sou- 
mis Avranche  au  roi  et  lui  avoir  rendu 
d'autres  services  non  moins  importans. 

FRAI\ÇOISde  BOURBON,  comte  d'En- 
ghien ,  gouverneur  de  Hainaut ,  de  Pié- 
mont et  de  Languedoc,  naquit  au  château 
de  La  Fère,  de  Charles  de  Bourbon  ,  duc 
de  Vendôme.  Son  courage  se  développa 
de  bonne  heure.  François  1"=''  lui  confia  en 
15/i3  la  conduite  d'une  armée  ,  avec  la- 
quelle il  se  rendit  maître  de  Nice,  s'avança 
dans  le  Piémont,  prit  Crescentin,  De- 
zance  ,  et  remporta  la  victoire  de  Ccri- 
soles,  le  lundi  de  la  fête  de  Pâques  de 
15'i4.  Il  s'empara  ensuite  du  Montferrat , 
à  l'exception  de  Casai.  L'année  d'après  ,ce 
prince ,  jouant  avec  de  jeunes  seigneurs 
à  défendre  un  fort  de  neige,  y  fut  tué  , 
en  1545  ,  à  27  ans. 

FRAXÇOIS  de  LORRAINE,  duc  de 
Guise  et  d'Aumale  ,  fils  aîné  de  Claude  de 
Lorraine  ^  duc  de  Guise ,  né  au  château  de 
Bar  en  1519  ,  reçut  au  siège  de  Boulogne 
en  1545  ,  une  blessure  qui ,  suivant  quel- 
ques auteurs,  le  fit  appeler  le  Balafré^ 
quoique  ce  surnom  semble  n'appartenir 
qu'à  Henri  de  Guise.  Son  courage  se  mon- 
tra d'une  manière  plus  éclatante  en  155.^ 
à  Metz  ,  qu'il  défendit  vaillamment  contre 
Charles-Quint.  Les  troupes  de  l'empereur, 
engourdies  par  le  froid ,  laissèrent  plu- 
sieurs soldats  après  elles.  Le  duc  de  Guise 
loin  de  les  faire  assommer ,  comme  fai- 
saient quelques  généraux  de  ces  temps 


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2S7 


FHA 


malhciireax,  les  recul  avec  humanité. 
Autant  sa  valeur  avait  paru  durant  le  sîc- 
po.  autant  sa  (;«Miorosité  éclata-t-elle  après. 
riusiiMirs  autres  avantages  en  Flandre  et 
en  Italie  firent  proposer  à  quelques-uns 
de  le  faire  vice-roi  dr  ta  France;  mais 
ce  titre  paraissant  trop  dangereux  dans 
un  sujet  puissant  et  belliqueux ,  on  si; 
rontenla  de  lui  donner  celui  de  lieutc- 
Kitnt-ffènéral  des  armées  du  roi  au  de- 
dans et  au  dehors.  Les  malheurs  de  la 
France  cessèrent  dès  qu'il  fui  à  la  tète  des 
troupes.  En  huit  jours  il  prit  Calais  et  toul 
son  territoire,  au  milieu  de  l'hiver.  Il 
chassa  pour  toujours  de  celte  ville  les  An- 
l^lais ,  qui  l'avaii-nt  i>ossèdèe  210  ans. 
Celte  conquête  ,  suivie  de  celle  de  Thion- 
ville  ,  prise  sur  les  Espagnols,  mil  le  duc 
deGui'Ne  au  dessus  de  tous  les  capitaines 
de  son  temps.  Il  prouva  que  le  bonheur 
ou  le  malheur  des  èlals  dépend  souvent 
d'un  seul  homme.  Maître  de  la  France 
sous  Henri  II ,  il  le  fut  encore  sous  Fran- 
çois II.  La  conspiralion  d'Amboise  ,  tra- 
mée par  les  proleslans  pour  le  perdre ,  ne 
lit  qu'augmenter  son  crédit.  Le  parlement 
lui  donna  le  titre  de  €onsen>atcur  de  la 
patrie.  Son  aulorilc  était  telle,  qii'il  rece- 
vait assis  et  couvert,  Antoine  ,  roi  de  Na- 
varre, qui  se  tenait  debout  et  tète  nue. 
Après  la  mort  de  François  II ,  cette  auto- 
rité baissa  ,  mais  sans  être  entièrement 
abattue.  Dès  lors  se  formèrent  les  partis 
des  Condé  et  des  Guise.  Du  côté  de  ceux- 
ci  étaient  le  connétable  de  IMontmorenci 
et  le  maréchal  de  SainI -André,  de  l'autre 
étaient  les  protestons  cl  les  Coligni.  Le 
duc  de  Guise,  7.èlé  catholique,  et  lame 
du  parli  opposé  aux  proleslans,  avait  ré- 
solu de  maintenir  l'ancienne  religion  dans 
son  éclat.  Passant  auprès  de  Vassy,  sur  les 
frontières  de  la  C.hampafîne,  il  trouva  des 
calvinistes  qui  chantaient  les  psaumes  de 
Marot  dans  une  grange.  Ses  domestiques 
prirent  querelle  avec  eux.  On  en  vint  aux 
mains  ;  et  il  y  eut  près  de  soixante  de  ces 
malheureux  lues  et  deux  cents  de  blessés. 
Cet  cvénemeni  imprévu,  que  les  proles- 
lans appcllenl  le  ma  Fiacre  de  f^asst/,  al- 
lumala  guerre  civile  dans  toul  le  royaume. 
Le  duc  de  Guise  prit  Rouen ,  Bourges,  et 
gagna  la  bataille  de  Dreux  en  1502.  Il  fut 
alors  au  comble  de  sa  gloire.  Vainqueur 
partout  où  il  s'élail  trouvé,  il  était  chéri 
des  catholiques  et  le  maître  de  la  cour  , 
affable,  généreux  ,  et  en  loul  sens  le  pre- 
mier homme  de  rétiil.  Il  se  préparait  à 
assiéger  Orléans ,  le  centre  de  la  faction 
proleslaiilc  et  leur  x>lacc  d'armes ,    lors- 


qu'il fut  tué  d'un  coup  de  pistolet  cn  I56S 
par  Pollrol  de  Mérc  ,  gentilhomme  hu- 
guenot. Les  ralvinistcH  qui .  sous  Fran- 
çois II  et  Henri  II,  n'avaient  su  que 
prier,  et  souffrir  ce  qu'ils  aj)pelaient  le 
martyre,  étaient  devenus,  dit  un  histo- 
rien ,  des  enthousiastes  furieux.  Ils  ne 
lisaient  plus  l'Ecriture,  que  pour  y  «her- 
rher  des  exemples  d'assassinats.  Pollrot 
se  crul  un  Aod,  envoyé  de  Dieu  jiour 
tuer  un  chef  philistin.  Le  parli ,  aussi  fa- 
natique que  lui ,  fit  des  vers  en  son  hon- 
neur ;  et  il  reste  encore  des  estampes  avec 
des  inscriptions  qui  élèvent  son  meurtre 
jusqu'au  ciel,  quoique  re  ne  fût  que  le 
vr'wuQ.  d'un  furieux  aussi  làrhe  qu'imbé- 
cile. Valincoura  écrit  la  fie-Ac  François 
de  Guise,  in-12.  Il  parut,  en  lî»76  .  une 
satire  san;',lanle  contre  lui ,  le  cardinal  son 
frère  et  les  autres  Guise,  sous  le  litre  de 
Légerule  de  Charles  .  cardinal  de  Lor- 
raine .etc.,  i»ar  François  de  l'Ile,  in-8°. 
On  la  trouve  dans  le  tome  fi  des  Mémoires 
de  Condé  ,  in-Zt".  Le  nom  de  l'auteur  est 
supposé;  on  la  croit  de  Régnier  de  \a 
Planche.  Aux  traits  flétrissans  que  ren- 
ferme celle  satire  ,  nous  substituerons 
ceux-ci;  ils  font  trop  d'honneur  à  ce 
héros ,  pour  les  laisser  dans  l'oubli.  Un 
jour  qu'il  visitait  son  camp,  le  baron  de 
Lunebourg  ,  un  des  principaux  chefs  des 
Reistres,  trouva  mauvais  qu'il  voulu/ 
examiner  sa  troupe  ,  et  s'emporta  jusqu'à 
lui  présenter  le  bout  de  son  pistolet.  Le 
duc  de  Guise  tira  froidement  l'épée , 
éloigna  le  pistolet  et  le  lil  tomber.  Mont- 
pe/.at ,  lieutenant  des  gardes  de  ce  prince, 
choqué  de  l'insolence  de  l'oflicier  alle- 
mand .  allait  lui  ôler  la  vie,  lorsque  Guise 
lui  crie:*  Arrête/, ,  Monlpe7.al,  vous  ne 
»  savez  pas  mieux  tuer  un  homme  que 
»moi.  »  Et  se  tournant  vers  l'emporté  Lu- 
nebourg :  «  Je  le  i)ardonne  ,  lui  dit-il  , 
»  l'injure  que  tu  m'as  faite  ;  il  n'a  tenu 
»  qu'à  moi  de  m'en  venger.  Mais  pour 
»  celle  que  lu  as  faite  au  roi ,  dont  je  re- 
I»  présente  ici  la  personne  ,  c'est  à  lui  d'en 
»  faire  la  justice  qu'il  lui  plaira.  »  Aus- 
sitôt il  l'envoya  en  prison,  et  acheva  de 
visiter  le  camp ,  sans  que  les  Reistres 
osassent  murmurer,  quoiqu'ils  fussent 
naturellement  séditieux....  On  avail  averti 
le  duc  de  Guise  qu'un  gentilhomme  hu- 
guenot était  venu  dans  son  camp  à  des- 
sein de  le  tuer;  il  le  fit  arrêter.  Ce  pn»- 
lestant  lui  avoua  s*  résolution.  Alors  h- 
duc  lui  demanda  :  «  Est-ce  à  cause  de  quel 
»  que  déplaisir  que  tu  aies  reçu  de  moi  7— 
Non  ,  lui  réi»«jndil  le  prolestaut ,  C*«tt 


: 


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238 


FRA 


»  parce  que  vous  êtes  le  plus  grand  en- 
»  nemi  de  ma  religion.  —  Eh  bien  !  répli- 
»  qua  Guise,  si  ta  religion  te  porte  à 
>  m'assassiner  ,  la  mienne  veut  que  je  te 
»  pardonne,  »  et  il  le  renvoya.  Le  duc  de 
Guise  avait  une  intrépidité  que  les  héros 
les  plus  fameux  traiteraient  d'imprudence. 
On  lui  montra  un  jour  un  homme  qui 
8'étail  vanté  de  le  tuer  ;  il  le  fit  venir ,  le 
regarda  entre  deux  yeux  ,  et  lui  trouvant 
un  air  embarrassé  et  timide  :  «  Cet  homme 
»  là ,  dit-il  enlevant  les  épaules,  ne  me 
»  tuera  jamais  ;  ce  n'est  pas  la  peine  de 
»  l'arrêter.  » 

FRAXÇOIS  (  don  Claude  et  don 
Philippe  ) ,  qu'on  réunit  dans  le  même 
article  pour  éviter  les  redites ,  apparte- 
naient tous  deux  à  la  congrégation  de 
Saint- Vannes.  Don  Claude  ,  né  à  Paris 
en  1559  ,  fut  envoyé  ,  après  avoir  fait  sa 
profession,  au  Mont-Cassin,  pour  y  étu- 
dier les  règlemens  sur  lesquels  la  congré- 
gation de  Saint- Vannes  ,  encore  au  ber- 
ceau ,  voulait  se  modeler.  Don  Claude 
revint  avec  une  constitution  qu'il  avait 
rédigée,  et  fut  nommé  président  de  la 
congrégation.  II  trouva,  après  quelques 
années  d'expérience,  que  l'article  des 
constitutions  qui  statue  la  vacance  de  la 
supériorité  après  le  terme  de  cinq  ans  , 
sans  que  le  supérieur  pût  être  continué  , 
offrait  des  inconvéniens.  Les  autres  su- 
périeurs, et  particulièrement  don  Phi- 
lippe ,  ne  partagèrent  pas  son  opinion  ;  on 
écrivit  de  part  et  d'autre,  mais  sans  se 
convaincre  mutuellement.  En  1630 ,  le 
pape  mit  fin  à  la  dispute  en  permettant  de 
continuer  le  supérieur  au-delà  de  cinq 
ans ,  lorsque  le  bien  de  la  congrégation  le 
demanderait.  L'union  entre  les  deux  con- 
frères fte  souffrit  pas  de  cette  dissension  , 
et  don  Claude,  après  avoir  rendu  de 
grands  services  à  la  congrégation ,  et  en 
avoir  été  douze  fois  président ,  mourut  à 
l'abbaye  de  Saint  Michel,  le  10  aoiU 
1632.— FRANÇOIS  (Don  Pihlippe  ),  dont 
le  véritable  nom  était  Philippe  Colard . 
naquit  àLunévilleen  1579.  Il  était  à  peine 
âgé  de  10  ans  lorsque  son  parent  Ligna- 
rius  ,  abbé  de  Sénones  ,  le  prit  dans  son 
monastère  dans  l'intention  d'en  faire  son 
coadjuteur.  Il  prit  l'habit  de  Saint-Be- 
noit et  lorsqu'il  eut  fait  profession  ,  il  alla 
faire  ses  cours  de  philosophie  et  de  théo- 
logie à  l'université  de  Pont-à-Mousson.  Il 
y  étudia  aussi  la  langue  grecque  ,  et  avec 
tant  de  succès  que  dés  ce  moment  il  s'en 
servit  habituellement  pour  correspondre 
evec  son  père ,  qui  était  très  versé  dans 


cette  langue.  Désirant  entrer  dans  nn 
monastère  où  la  réforme  fût  en  vigueur, 
il  quitta  secrètement,  en  1603  ,  Sénones, 
malgré  les  avantages  qui  devaient  l'y  re- 
tenir ,  et  se  rendit  à  Saint- Vannes  ,  où  il 
fit  profession  l'année  suivante ,  après 
avoir  enseigné  la  pliilosophie  et  la  théo- 
logie à  Saint-Michel,  où  le  cardinal  de 
Lorraine  avait  introduit  la  réforme.  Rap- 
pelé à  Saiul-Vannes  ,  il  y  fut  mis  à  la  tète 
du  noviciat.  En  JG09,  il  fut  nommé  visi- 
teur, et,  trois  ans  après  ,  prieur  de  l'ab- 
baye de  Saint-Airy  de  Verdun,  dont  il 
devint  abbé.  En  1622  ,  il  fut  élu  président 
de  la  congrégation.  Il  mourut  à  Saint- 
Airy,  le  27  mars  1637,  après  avoir  fait 
rebâtir  l'église  de  cette  abbaye  ,  et  l'avoir 
enrichie  de  beaucoup  de  choses  précieu- 
ses. C'était  un  religieux  plein  de  /.èle  et 
de  piété ,  et  très  attaché  à  la  discipline. 
Marie  -  Jacqueline  Bouette  de  Blemur, 
religieuse  bénédictine,  a  écrit  sa  Vie,  in- 
sérée dans  le  2*^  volume  des  Hommes  il- 
lustres de  l'ordre  de  Saint-Benoit.  Don 
Philippe  écrivit  plusieurs  ouvrages  au 
sujet  do  son  différend  avec  don  Claude. 
On  a  en  outre  de  lui:  |  Trésor  de  per~ 
fection  tiré  des  épîtres  et  évangiles  qui  se 
lisent  à  la  messe  pendant  Vannée  ^  Paris , 
1615  ,  4  vol.  in-12  ;  |  Le  Guide  spirituel 
pour  les  novices,  Paris,  1616,  in-12; 
I  Le  Noviciat  des  bénédictins  avec  un  traité 
de  la  mort  précieuse  des  bénédictins , 
in-12;  |  Renouvellement  spirituel  néces- 
saire aux  bénédictins  ;  \  La  Règle  de 
Saint- Benoît ,  traJuite  avec  des  considé- 
rations. Paris  ,  1615  et  1620  ;  |  Occupation 
journalière  des  religieux;  \  Enseignement 
tiré  ds  la  règle  ;  j  Courte  explication  de 
ce  qui  se  dit  dans  l'office  divin ,  conte- 
nant le  sens  littéral  et  mystique  de  cha^ 
que  psaume^  avec  des  affections;  |  Le& 
Exercices  des  novices.  Ils  ont  été  tra- 
duits en  latin,  et  étaient  en  usage  dans 
presqua  toutes  les  congrégations  de  bé- 
nédictins. 

FUVAÇOISou  FRANCISCUS  de  VIC- 
TORIA ,  ainsi  nommé  du  lieu  de  sa  nais- 
sance ,  dominicain ,  j)rofesseur  de  théo- 
logie à  Saiamanque,  mort  en  1549,  est 
auteur  de  ];)lusieurs  petits  traités  de  théo- 
logie ,  recueillis  en  un  vol.  in-8°  sous  le 
titre  de  Theologicœ  prœlectiones. 

FRAXÇOIS  DE  JÉSUS  MARIE  ,  carmo 
réformé  ,  natif  de  Burgos  ,  fut  professeur 
de  théologie  à  Saiamanque  et  défînileur 
général  de  son  ordre.  Il  mourut  en  1677, 
après  avoir  publié  un  Cours  de  théologie 
mora/<?  >  imprimé  à  Saiamanque  ,  et  réim- 


fh.v  i^ 

prinu'  «li'puis  à  Madrid  cl  à  Lyon  ,  i-n  (> 
vol.  in  fol. 

FKA.NÇ^'S  nOMVIX.  dit  le  frère  Ro- 
main,  An  l'ordre  de  Saint  -  Uoininiquc, 
naquit  à  Grand  v\\  i6&C.  Il  travailla  en 
1684  i  la  construrlion  diino  arrlie  du  pont 
de  Marstrichl  par  ordri"  drs  étals  de  Hol- 
lande. Louis  XlV  l'appela quelquesannces 
après  en  France  pour  achever  le  Pont- 
Hoyal  comnuMicé  par  M.  Gabriel ,  et  qu'on 
désespérait  de  pouvoir  finir.  Le  sucrés 
de  cet  ouvrage  lui  valut  les  titres  d'ins- 
pecteur de5  ponts  el  chaussées  et  d'ar- 
chitecte du  roi  dans  la  généralité  de  Paris. 
Il  mourut  dans  cette  ville  en  17ôj,  à  89 
ans.  Il  était  aussi  bon  religieux  que  grand 
architecte.  Il  donnait  aux  devoirs  de  sou 
état  tous  les  niomcns  qu'il  pouvait  déro- 
ber à  rarchiteclure. 

FU.\\<,:OIS(  LituExrdc),  né  ù  Arin- 
Ihod ,  dans  le  diocèse  de  Besançon ,  le  2 
novembre  1698,  passa  ([uclques  années 
dans  la  congrégation  do  la  iriission  et  s'y 
distingua  par  ses  talens  quil  continua 
d'employer  ulilemenl  contre  les  erreurs 
du  temps,  après  en  être  sorti.  Il  mourut 
à  Paris  le  24  février  1782  ;  et  laissa  ses  lé- 
gataires imivcrsels,  les  pauvres  de  la  pa- 
roisse dans  laquelle  il  était  né.  Ses  vertus 
répondaient  à  son  xole  i>our  la  religion , 
dont  il  pratiquait  les  devoirs  comme  il  en 
défendait  les  dogmes.  Nous  avons  de  lui  : 
{lettre  sur  le  pouvoir  des  démons  /vn-W*  ; 
I  Les  Preuves  de  la  Religion  de  J.-C. ,  1 75 1 , 
8  vol.  in-12;  |  L'Examen  du  Catéchisme 
de  l'honnête  homme,  1761 ,  I  vol.  in-12  ; 
\  Réponse  aux  dif/iculté s  proposées  contre 
ta  Religion  Chrétienne  par  J.-J.  Rous- 
seau. 176.T,  in-12  ;  |  Oljservations  sur  la 
Philosophie  de  l'Histoire ,  et  le  Diction- 
naire philosophique,  2  vol.  in-S",  avec 
gravure.  Voltaire,  dans  une  épilre  àd'A- 
lembert ,  traite  l'auteur  de  pauvre  imbé- 
cile ,  qui  a  fait  un  livre  en  deux  volumes 
contre  les  philosophes ,  que  personne  ne 
cannait  et  ne  connaîtra.  Il  faut  cependant 
bien  que  le  livre  ait  été  connu  ,  puisqu'il 
•  donné  tant  d'humeur  à  l'irascible  philo- 
S^)phe  dont  l'honnétc  critique  ne  trouvait 
ni  esprit,  ni  jugement  chez  les  gens  qui 
réfutaient  ses  erreurs.  |  Examendes  faits 
qui  servent  de  fondement  à  la  religion 
chrétienne ,  1767,  3  vol.  in-i2.  Lesouvra- 
Cc»  non  imprimés  de  cet  auteur,  sont  la 
Réfutati  ■;nie   de   la  nature,  k 

^*>''  *ît    '  trs  trois  imposteurs. 

^-«souvr  ,,  avoir  le  mérite  de  l'é- 

légance el  de  la  précision  .  ont  celui  de  la 
dtf  été ,  de  la  simplicité ,  de  la  facilité  el 


'  I  II  \ 

(1(  1  (Ml.  Mon.  i,('s  i-xcfiii  us  rdisonncmcns 
opposés  aux  erreurs  du  temps,  srinldrnt 
quelciuefois  saf.uiblir  par  la  prolixité  de 
l'exposiiion  el  la  marche  grave  et  motteste 
de  l'auteur;  mais  pour  peu  qu'on  réfléchisse 
et  qu'on  resserre  l'ensemble,  on  en  saisit 
toute  la  force.  Ce  savant,  couune  la  plupart 
des  modernes,  s'était  laissé  engouer  de 
riujportance  et  de  la  beauté  des  maximes 
<les  anciens  philosophes  grecs  et  perses; 
mais  ayant  examiné  leurs  livres  de  plus 
près ,  il  revint  de  son  erreur.  Il  s'apen;ut 
que  c'e^st  une  ruse  de  nos  philosophes  de 
nous  donner  des  extraits  de  Zoroaslrc,do 
Confucius,  cl  d'autres  prétendus  sages  di 
l'antiquité ,  pour  faire  croire  que  nous  n'a^ 
vions  pas  besoin  de  la  religion  chrétienne 
pour  avoir  une  bonne  morale  :  s'ils  d(m- 
naient  en  entier  les  ouvrages  de  ces  an- 
ciens, ils  ne  feraient  point  tant  de  dupes  : 
car  à  côté  d'une  phrase  raisonnable  dic- 
tée parle  bon  sens  ,  ils  en  mettraient  une 
autre,  qui  semblerait  naître  d'une  extra- 
vagance consommée.  «  C'est  raisonner 
»  pauvrement ,  dit  un  savant  théologien , 
»  de  dire  :  telle  maxime  de  la  loi  chré- 
»  tienne  se  trouve  dans  les  philosophes, 
»  telle  autre  dans  les  législateurs  :  l'une 
»  est  prêchée  à  la  Chine,  l'autre  en 
0  Egypte  on  au  Japon  :  celle-ci  a  été  con- 
»  nue  du  temps  de  Pylhagore,  celle-là 
»  cinq  ou  six  cents  ans  après.  Donc  le$ 
»  hommes  n'ont  pus  été  mieux  instruits 
»  par  Jésus-Christ  que  par  les  païens.  » 
roy.  COLLIUS,  CONFUCIUS,  EPICTÈTE, 
ZENON ,  etc. 

FRANÇOIS  (  Je A!«-Cn ARLES),  graveur 
des  dessins  du  cabinet  du  roi ,  naquit  à 
Nancy  en  1717  d'une  famille  honnête.  Il 
commença  par  graver  la  vaisselle  ;  mais 
il  était  né  pour  un  travail  bien  supérieur 
à  celui-là.  Après  avoir  perfectionné  son 
talent  pour  la  taille-douce  à  Lyon,  il  vint 
à  Paris  et  y  trouva  des  prolecteurs.  C'est 
dans  celle  ville  qu'il  inventa,  dit-on ,  la 
gravure  en  dessin,  que  d'autres  attribuent 
à  Demarteau  (  vo>jez  ce  nom  ).  C'est  une 
gravure  qui  imite  le  dessin  au  crayon,  au 
point  de  faire  illusion.  Quoi(iu'eUe  n'aii 
rien  de  flatteur  à  l'œil,  elle  peul  servir 
pour  mettre  sous  les  yeux  des  élèves  d'ex- 
cellens  modèles  à  étudier  et  à  copier. 
Cette  découverte,  qu  on  lui  a  disputée, 
lui  valut  une  pension  de  600  liv.  et  le  tilro 
de  graveur  des  dessins  du  cabinet  du  roi. 
Les  persécutions  que  l'envie  lui  suscita 
hâtèrent  sa  mort,  arrivée  en  1769.  Celait 
un  homme  simple,  plus  occupé  de  son 
travail  que  de  sea  succès.  Ses  principaux 


FRA 

ouvrages  sont  :  |  un  livre  à  dessiner;  \  le 
recueil  des  châteaux  que  le  roi  de  Polo- 
gne occupait  en  Lorraine,  gravés  par  or- 
dre de  ce  monarque  ;  |  le  corps  de  garde, 
d'après  Vanloo  ;  ]  la  F^ierge, d'après  Vien; 
I  les  portraits  qui  accompagnent  l'His- 
toire des  philosophes  modernes  de  Save- 
rien  ;  I  une  marche  de  cavalerie ,  d'après 
Parrocel ,  supérieurement  gravée  ;  |  le 
portrait  de  M.  Quesnay,  estampe  unique, 
dans  laquelle  la  taille-douce ,  le  burin ,  la 
manière  noire  du  crayon ,  toutes  les  fa- 
çons de  graver  sont  réunies. 

*  FRANÇOIS  (don  Jean),  savant  bé- 
nédictin de  la  congrégation  de  Saint- 
Vannes,  naquit  le  26  janvier  1722,  à  Acre- 
mont  ,  village  près  de  Bouillon.  Il  prit 
l'habit  de  son  ordre  à  l'abbaye  de  Beau- 
lieu  en  Argonne,  et  y  prononça  ses  vœux 
à  l'âge  de  17  ans.  Après  avoir  enseigné  la 
théologie  et  occupé  avec  distinction  plu- 
sieurs emplois  supérieurs  de  sa  congré- 
gation ,  il  devint  successivement  prieur 
de  l'abbaye  de  Sainl-Arnould  et  de  Saint- 
Clément,  dans  la  ville  de  Metz.  A  l'épo- 
que de  la  révolution ,  il  se  retira  dans  le 
hameau  qui  l'avait  vu  naître ,  et  y  mou- 
rut le  22  avril  17i)l,  dans  sa  soixante- 
dixième  année.  On  lui  doit  |  une  Histoire 
de  Metz,  (avec  don  Tabouiilot)  1779  et  an- 
nées suivantes,  k  vol.  in-4";  |  Dictionnaire 
roman,  wallon,  celtique  et  tudesque,  pour 
servir  à  l'intelligence  des  anciennes  lois 
et  contrats.  Bouillon,  1777,  in-4°  ;  |  Biblio- 
thèque générale  des  écrivains  de  l'ordre 
de  Saint-Benoit,  patriarche  des  moines 
d'Occident,  contenant  une  notice  exacte 
des  ouvrages  de  tout  génie,  composés  par 
les  religieux,  des  diverses  branches,  fi- 
liations etréformes.  Bouillon,  1777,  k  vol. 
in-4°. 

*  FRANÇOIS  ("Louis-Jean),  supérieur 
prêtre  de  la  congrégation  de  Saint-Lazare, 
massacré  le  5  septembre  1792  ,  dans  son 
séminaire  qui  avait  été  converti  en  pri- 
son. Il  a  publié  plusieurs  écrits ,  où  il 
manifestait  son  opposition  aux  principes 
des  novateurs  ,  savoir  :  |  Opinion  sur  les 
biens  ecclésiastiques  ;\Poinl  de  démission; 
I  Réponse  à  M.  Camus,  où  il  vengeait  l'or- 
thodoxie et  la  régularité  des  brefs  de  Pie 
VI,  relatifs  à  la  constitution  civile  du  cler- 
gé ;  I  Trois  lettres  sur  la  juridiction  épi- 
scopale,  en  réfutation  des  écrits  schisma- 
liques  de  Gralien ,  usurpateur  du  siège 
métropolitain  de  Rouen  ;  |  Mon  apologie , 
excellent  ouvrage,  où  il  démontrait  qu'on 
ne  pouvait  prêter  le  serment ,  sans  em- 
brasjcr   ri.érésie  et   créer  un  schisme; 


240  FRA 

I  Apologie  du  veto,  apposé  par  le  roi  au 
décret  concernant  la  déportation  des 
prêtres. 

FRANÇOIS,  sculpteur,  royez  QUES- 
NOY  (François  du).  i 

FRANÇOIS  SONNIUS.  Voyez  SON- 
NIUS. 

♦  FRANÇOIS  DE  NEUFCHATEAU  (Ni- 
colas-Louis,  comte),  membre  de  l'institut, 
ministre  de  l'intérieur,  etc.  etc. ,  né  le  17 
avril  1750  ,  à  Neufchàteau  en  Lorraine,  fi! 
ses  premières  études  chez  les  jésuites  avec 
tant  de  succès  que  dès  l'année  17G5  il  fit 
paraître  un  recueil  de  poésies  qui  lui  ou- 
vrit les  portes  de  l'académie  de  Dijon. 
Deux  ans  plus  tard  il  fui  aussi  admis  dans 
celles  de  Lyofi  et  de  Marseille.  En  1766  , 
il  ajouta  à  son  nom  François  celui  de 
Neufchàteau  qii'un  arrêt  du  parlement 
de  Nancy  l'autorisa  en  1777  à  conserver. 

II  devint ,  en  1776,  lieutenant-général 
civil  et  criminel  au  bailliage  royal  et  pré- 
sidial  de  Blirecourt,  et  quatre  ans  après 
on  lui  permit  de  réunir  à  cet  emploi  ce- 
lui de  subdélégué  de  l'intendance  de  Lor- 
raine. Les  fonctions  de  procureur-général 
du  roi  au  conseil  souverain  du  Cap-Fran- 
çais (Saint-Domingue),  lui  furent  conliécs 
en  1783,  et  lors  de  la  suppression  de  cette 
cour,  en  1787,  son  nom  fut  inscrit  au  livre 
des  pensions  pour  une  somme  de  5,000 
francs.  Il  perdit  dans  un  naufrage,  en  reve- 
nant en  France,  sa  fortune  et  de  précieux 
manuscrits,  dont  un,  la  traduction  de  Ro- 
land le  furieux,  lui  laissa  surtout  de 
vifs  regrets.  Le  roi  lui  donna ,  en  1788, 
le  litre  de  conseiller  honoraire  au  conseil 
supérieur  de  Saint-Domingue.  François 
de  Neufchàteau  se  déclara  pour  le  parti  de 
la  révolution,  et  fut  nommé  député  sup- 
pléant des  communes  du  bailliage  de  TouJ 
aux  états-généraux  où  il  n'a  point  siégé,  lin 
1790,  il  fut  désigné  par  le  gouvernement 
pour  commissaire  du  roi  dans  laformalioii 
du  département  des  Vosges,  dont  les  élec- 
teurs l'envoyèrent  au  mois  de  septembre 
de  l'année  suivante  à  l'assemblée  Législa- 
tive. Il  en  fut  nommé  secrétaire  avec  Con- 
dorcet,Lacépède,  etc.,  et  élu  président  le 
3  octobre  suivant.  Il  parla  contre  les  prê- 
tres insermentés,  à  l'égard  desquels  il  pro- 
posa des  mesures  rigoureuses  et  vota  la 
vente  des  biens  nationaux,  alin  d'attacher 
ainsi  la  masse  des  cultivateurs  à  la  cause  de 
la  révolution.  Pré  voyant  bien  que  l'avenir 
ne  pouvait  manquer  de  faire  éclater  de 
violentes  tempêtes,  François  de  Neufchà- 
teau refusa  le  ministère  de  la  justice  que 
lui  offrit  la  Convention,  le  6  octobre  1792, 


FHA 


%M 


FRA 


en  prt'IeiUnl  le  mauvais  «lat  île  sa  saiilr. 
tlii  prisideiit  de  ra«lininislrati(>n  du  do- 
|i.irlc  l'CnUits  VosROs.  en  171)5,  il  fit  jotuT. 
quelque  temps  après  .  sur  le  thràlrc  de  la 
naliun ,  une  pièce  intitulée  :  Panuta  ou 
la  J'erturéconti>fnsée ,  qui  valut  la  pri- 
son àson  auteur,  quoique  celui-ci  y  eût  fait 
les  t  hanRCinens  cxiijrs  par  le  romilc  du 
Mlut  public.  11  n'en  sortit  qu'après  le  9 
tlicrniidor  et  apprit  presque  aussitôt  sa 
nomination  de  juge  au  tribunal  de  cassa- 
tion. Appelé,  en  1795,  aux  fonctions  de 
commissaire  du  directoire  près  de  l'ad- 
ministration centrale  du  département  des 
Vosges  ,  il  les  exerça  pendant  un  an  ,  et 
•uccéda,  le  21  juillet  1797,  à  Benciech, 
comme  ministre  de  l'intérieur.  I)eux  mois 
après ,  il  fut  porté  au  directoire  avec 
Merlin  de  Douai,  pour  remplacer  Barthé- 
lémy et  Carnot ,  proscrits  au  18  fructidor. 
Admis  à  l'institut,  vers  la  mouie  époque, 
il  contribua  au  rétablissement  de  la  société 
d'agriculture.  En  1798,  il  assista  aux  con- 
férences de  Seltz  ,  en  qualité  de  plénipo- 
tentiaire de  la  république  française  ,  fui 
replacé  au  ministère  de  l'intérieur  à  lu 
fin  de  la  même  année ,  et  le  quitta  de 
nouveau  en  1799 ,  après  avoir  montré 
beaucoup  de  lèle  en  faveur  des  sciences 
et  des  arts.  On  lui  doit  la  première  expo- 
sition publique  des  produits  de  l'industrie 
française ,  qui  se  fil  le  1"  vendémiaire 
an  VU  (22  septembre  1798).  Il  fit  ache- 
ter des  exemplaires  de  tous  les  ouvrages 
importans  ,  jxjur  en  envoyer  à  la  biblio- 
thèque de  chaque  département,  et  donna, 
en  1798,  la  plus  grande  solennité  à  la  fétc 
de  la  réception  des  monumens  des  aris 
conquis  en  Italie.  Après  le  18  brumaire  , 
il  fut  fait  sénateur,  et  il  reçut  en  1804,  la 
croix  de  grand-officier  de  la  légion-d'hon- 
neur ,  puis  en  1805,  le  grand-cordon  du 
même  ordre.  Lors  du  couronnement  de 
Napoléon,  il  fut  diargé  comme  président 
du  sénat,  de  liaranguer  l'empereur  ,  au 
nom  de  ce  corps  et  du  tribunal  réunis, 
et  dans  les  différcns  discours  qu'il  lui 
adressa,  il  sut  adroitement  mêler  à  quel- 
ques conseils  qui  auraient  pu  paraître 
déplacés ,  des  louanges  exagérées  qui  les 
faisaient  oublier.  Lurs  du  retour  de  Na- 
l'oleon  de  la  brillante  campagne  qui  se 
termina  par  la  bataille  d'Ausierlilz, 
François  de  Neuf  château  adressa  encore  , 
au  nom  du  sénat ,  de  solennelles  félicita- 
lionn  à  l'empereur,  et  lui  décerna  le  nom 
de  Grand,  qui  accompagna  de])uis  le 
nom  du  monarque  dans  toutes  les  adresses 
dec  autorités  civiles  et  militaires.  Après 
5. 


la  paix  de  Presbourg  ,  il  célébra  de  nou- 
veau les  merveilles  du  règne  de  Napo- 
léon, qu'il  ai)\ic\a  la  tni  du  peuple .  ie  pérr 
du  f/enre  humain.  Depuis  1807,  il  s'e.sl 
retiré  de  la  scène  politique,  pour  ne  plu» 
s'occuper  que  d'objets  d'agriculture,  prin- 
cipalement de  la  partie  des  haras,  sur  la- 
quelle il  a  plus  d'une  fois  appelé  l'atten- 
tion du  gouvernement.  Il  est  mort  le  10 
janvier  1828,  n'ayant  conservé  de  ses  an- 
ciennes dignités  que  la  présidence  à  vie 
de  la  socit^é  d'agriculture.  On  a  de  Fran- 
çois de  Neufciiàteau  :  |  Nècrologe  dei 
hommes  célèbres  de  France  depuis  1764 
jusqu'en  1782,  (  avec  Poinsinct  de  Sivry, 
(Castillan,  Palissot,  Irlande,  etc.),  Paris, 
1767-1782,  17  vol.  in- 12  ;  |  Poésies  diverses 
de  deux  amis  (avec  Mailly  de  Dijcm  )  ou 
Pièces  fugitives,  Amsterdam  et  Paris,  1768, 
in-S";  I  Nouveaux  contes  moraux  en  vers, 
par  un  arrière-neveu  de  Guillaume  Vadé , 
Berlin,  1781,  in- 12;  |  Poésies  diverses. 
1765,  in-12  ;  |  Pièces  ugilives  de  Fran- 
çois de  Neufchàteau  .  1766.  in-12  ;  |  Ode 
sur  les  parlcmens.  1771 .  in-S"  ;  |  le  Mois 
d'Juguste,  épitre  à  Voltaire,  1774  ,  in-8"; 
(  Discours  sur  la  manière  de  lire  les  vers. 
Paris,  1775,  in-12;  |  Anthologie  morale . 
1784,  in-16  ;  |  Recueil  authentique  des  an- 
ciennes ordonnances  de  Lorraine.  1784. 
2  vol,  in-8°  ;  (  Discours  sur  la  disette  du 
numéraire  à  Saint-Domingue,  et  sur  les 
moyens  d'y  r^meV/ie/', Cap-Français,  1784  , 
in-8°,-  réimprimé  à  Metz,  1788,  in-8"; 
I  les  Etudes  du  magistrat  au  Cap-Fran- 
çais, 1786;  1  \ Origine  ancienne  des  prin- 
cipes modernes  ou  les  décrets  constitu- 
tionnels conférés  avec  les  maximes  des 
sages  de  l'antiquité,  1791,  in-S"  ;  |  les 
Lectures  du  citoyen,  1792;  |  Paméla,  co- 
médie en  5  actes  et  en  vers,  1795,  in-S"; 
I  des  améliorations  dont  la  paix  doit  être 
l'époque,  1797,  in-S";  |  les  Vosges,  poème, 
1796,  in-8",  2"  édition  1797  ;  |  l'Instruction 
des  enfans  ou  Conseils  d'un  père  à  son 
fils,  imités  des  vers  latins  de  Muret,  1798 , 
in-S"  ;  I  Méthode  pratique  de  lectwe  . 
1799  ,  in-8°  ;  |  le  Conservateur  ou  Recueil 
de  morceaux  choisis  d'histoire  .  de  poli- 
tique, de  littérature  et  de  philosophie . 
1800.  2  vol.  in-8°  ;  |  Lettres  sur  le  Robi- 
nier. 1803,  in-12;  |  Tableau  des  vues  que 
se  propose  la  politique  anglaise  dan* 
toutes  les  parties  du  monde.  1804,  in-«»; 
I  Histoire  de  l'occupation  de  la  Itavière 
par  les  Autiichiens.pn  1778  et  1779,  etc., 
1806,  in  8°  ;  |  Voyage  agronomique  dont 
la  sénatorerie de  Dijon.  IbOC.  in-4";  \\'.-irt 
de  multiplier  te*gram$,  1010.  in-S»;  !  Fa- 
it 


FRA 


242 


FHA 


blés  et  Contes  en  vers,  suivis  des  poèmes 
de  la  Lupiade  et  de  la  Vulpéide  ^  1814, 
2  vol.  in-12  ;  |  Lettre  à  M.  Suard  sur  sa 
nouvelle  édition  de  la  traduction  de  l'his- 
toire de  Charles-Quint  et  sur  quelques 
oublis  de  RobertsonASn ,  in-8°;  insérée 
d'abord  d&nslesudnnales  encyclopédiques; 
I  Supplément  au  mémoire  de  M.  Parmen- 
tier  sur  le  mdis^  1817,  in-8°  ;  ]  les  Tropes 
ou  les  figures  de  mots  ^  poème  en  k  chants 
avec  des  noies  et  extraits  de  Denys  d'Ha- 
lycarnasse  sur  les  tropes  d'Homère,  et  des 
recherches  sur  les  sources  et  l'influence 
du  langage  mélhaphysique,  dédié  à  la  jeu- 
nesse studieuse,  1817,  in-12  ;  I  les  Trois 
nuits  d'un  Goutteux^  poème  en  trois 
chants,  1819,  in-8";  |  Esprit  du  grand 
Corneille  ou  Extrait  raisonné  de  ceux 
des  ouvrages  de  P.  Corneille  qui  ne  font 
pas  partie  du  recueil  de  ses  chefs-d'œu- 
vre^ 1819,  in-8°,  formant  le  tome  45  de  la 
Collection  des  meilleurs  ouvrages  de  la 
langue  française;  \  une  nouvelle  édition 
des  Lettres  provinciales^  augmentée, 
1822,  2  vol.  in-8°  ;  [  Examen  de  la  ques- 
tion de  savoir  si  Lesage  est  Fauteur  de 
Gilblas  ou  s'il  l'a  pris  de  l'espagnol,  im- 
primé dans  une  nouvelle  édition  de  Gil- 
blas, 1820,  3  vol.  in-S"  ;  \  Introduction 
aux  Pensées  de  Biaise  Pascal^  en  tète 
d'une  édition  de  cet  ouvrage,  1821,  in-8°  ; 

I  V Institution  des  enfans,  nouvelle  édition, 
1824-1828,  in-8°  et  in-12  ;  ]  Mémoires  sur 
la  manière  d'enseigner  et  d'étudier  la- 
griculture,  etc.  (  en  1801,  à  la  société  d'a- 
griculture delaSeine),  1828,  broch.,in-8°. 

II  coopéra  avi  Dictionnaire  d'agriculture 
pratique,  1828,  2  vol.  in-8°  ;  l'introduction 
est  de  François  deNeufcliâteau.  Il  a  com- 
posé en  outre  plusieurs  Rappo7-ts,  Lettres, 
Mémoires  et  autres  pièces  insérées  dans 
divers  jofirnaux.  Un  anonyme  a  publié  : 
Essai  historique  sur  la  vie  et  les  écrits 
de  Eratiçois  de  Neufchâteau,  entremêlé 
de  quelques  conseils  qu'on  lui  adressa  sur 
son  ministère,  1799,  in-8°. 

FRANÇOISE  (  sainte),  dame  romaine, 
née  en  1384,  également  respectable  par  sa 
piété  et  sa  charité,  mariée  dès  l'âge  de  12 
ans  à  Laurent  Ponziani,  morte  en  1440 ,  à 
56  ans ,  fonda  en  1425  le  monastère  des 
Oblates,  appelées  aussi  Collatines.  à  cause 
duquartierdeRome,  où  elles  furent  trans- 
férées en  1433.  «  A  toutes  les  vertus  de  la 
»  femme  forte ,  dit  un  hagiographe  ,  à  la 
»  prévoyance,  à  l'activité,  au  courage, 

>  elle  joignait  dans  un  degré  rare  toutes 
»  celles  que  le  christianisme  a  portées  si 

>  baiit,  la  douceur,  la  charité,  la  patience, 


»  l'humilité.  On  voyait  cette  dame  illustre 
»  porter  sur  ses  épaules  ce  qui  était  né- 
»  cessaire  à  l'entretien  des  pauvres  et  de 
»  sa  communauté,  ou  conduire  à  travers 
»  la  ville  l'animal  qui  portait  ces  provi- 
B  sions.  On  en  raconte  des  choses  fort  ex- 
»  traordinaires ,  que  tant  de  sainteté  rend 
»  très  croyables ,  indépendamment  des 
»  témoignages  sur  lesquels  elles  sont  aj)- 
«  puyécs.  »  Paul  V  la  canonisa  ;  on  fait 
sa  fête  le  9  mars. 

FRANÇOISE,  femme  de  Pierre  II,  duc 
de  Bretagne,  fille  de  Louis  d'Amboise,  vi- 
comte de  Thouars  ,  naquit  en  1427.  Elle 
eut  beaucoup  à  souffrir  de  l'humeur 
sombre  et  chagrine  de  son  mari,  qui  en 
vint  jusqu'à  la  frapper  :  outrage  ,  dont 
elle  fut  si  affligée  qu'elle  en  tomba  ma- 
lade. Le  duc  la  voyant  à  l'extrémité  lui 
demanda  pardon ,  et  vécut  depuis  avec 
elle  dans  une  grande  union.  Elle  fut  sa 
principale  garde  dans  tout  le  temps  de  sa 
maladie;  mais  ni  ses  prières,  ni  ses  soins 
n'empêchèrent  point  qu'il  ne  mourût.  Il 
dit  avan  t  d'expirer  «  qu'il  laissait  son  épouse 
»  aussi  pure,  qu'il  l'avait  reçue.  »  Les  pa- 
rens  de  cette  princesse,  et  le  roi  Louis  XI , 
employèrent  inutilement  les  prières ,  la 
ruse  et  la  force  pour  l'obliger  à  épouser 
le  duc  de  Savoie ,  qui  la  désirait  ardem- 
ment à  cause  de  sa  vertu.  Elle  se  fit  car- 
mélite en  1467 ,  et  mourut  le  26  février 
1485,  victime  de  sa  charité.  Elle  gagna  sa 
dernière  maladie  auprès  d'une  religieuse, 
qu'eUe  secourut  jusqu'à  la  mort.  L'abbé 
Barrin  a  écrit  sa  Vie,  Bruxelles,  1704, 
in-12. 

FRANCOLIIM  (Baltiiasarj,  naquit  à 
Fermo,  dans  la  Marche  d'Ancône,  en  1650, 
se  fit  jésuite  en  1666 ,  enseigna  avec  dis- 
tinction la  philosophie  et  la  théologie  à 
Rome,  et  mourut  au  collège  romain  le  10 
février  1709,  avec  la  réputation  d'un  re- 
ligieux vertueux  et  savant.  Son  livre  in- 
titulé Clericus  romanus  conlrq,  nimium 
rigorem  munitus ,  imprimé  à  Rome  avec 
les  ajjprobations  ordinaires  en  1705,  et  en- 
suite à  Munich  en  1707,  a  pour  objet  de 
réfuter  les  reproches  des  jansénistes  ,  et 
surtout  du  docteur  Arnauld,  contre  la  ma- 
nière dont  on  administre  dans  l'Eglise  lo 
sacrement  de  pénitence. 

FRA\COWlTZ  (Mathias  FLACH), 
né  à  Albona  dans  l'Istrie ,  le  3  mars  1521 , 
est  connu  parmi  les  théologiens  p  rotes- 
tans  sous  le  nom  deFlaccus  Illyricus.  Lu- 
ther eut  en  lui  un  disciple  ardent  :  ce  fa- 
natique s'éleva  avec  force  contre  Yinle- 
rim  de  Charles-Quint ,  et  contre  les  pro- 


jf  (Mlion.  Il  eut  brnuiom)  dc 

I  iilH)siru)ii  des   centuries  d< 

.»/   .  ;    roijrz  .lUDF.X).  Nous  axons 

dc  lui  i  Le  Catalogue  des  témoins  de  la 
rérité  ,  Francfort  .  ifJS  ,  in-4'  f  voyez 
EISEÏNGUKN);  |  Missa  latina  antiqua . 
in-8°.  Slrasbonru.  l'i'iT.  La  rareté  dc  ce 
livre  la  rendu  1res  cher.  Celle  lilurcie 
iiUienl  la  foi  et  les  usages  anciens  dc 
.  (jlisc  romaine.  Les  protestans  croyaient 
(luelle  serait  un  tcmoignacc  contre  les 
catholiques;  mais  s'étant  aperrus  qu'elle 
fournissait  des  armes  à  leurs  adversaires, 
ils  n'oublièrent  rien  pour  en  supprimer 
tous  le-s  exemplaires;  et  c'est  la  cause  de 
leur  rareté.  On  la  trouve  cependant  en 
entier  dans  les  JunalesAu  Père  Le  Cointe, 
cl  dans  les  Litxuyies  du  cardinal  Bona. 
Franco wilr  a  donné  un  Appendix  à  sa 
Missa  latina  dans  son  édition  de  Sulpice- 
Scvère,  Bàle,  1536.  in-8°.  On  a  encore  de 
lui  une  foule  de  Traités  violens  contre 
l'église  romaine.  Il  veut  y  prouver  «  que 
»  la  papauté  est  une  invention  du  diable, 
»  et  que  le  pape  est  un  diable  lui-même,  p 
Tous  les  ouvrafjes  de  cet  enthousiaste 
furieux  sont  peu  communs.  Ceux  qui  sont 
curieux  de  sottises  cl  de  pauvretés  peu- 
vent en  voir  le  catalogue  dans  le  tome 
2'i  des  Mémoires  de  Nicéron.  Il  mourut 
a  Francfort-sur-leMein  en  1575,  à  55  ans. 
Hitler  a  publié  une  notice  sur  la  vie  et 
les  ouvrages  de  Flaccus  lUyricxis,  Franc- 
fort, 17'2:>et  1725.  in-i". 

FRA.NCl'S  (Sébastien)  ,  fameux  ana- 
baptiste du  16*  siècle,  publia  plusieurs 
écrits  remplis  d'erreurs  et  de  fanatisme. 
Los  théologiens  de  la  confession  d'Augs- 
Itourg,  assemblés  à  Smalcalde  en  1540  , 
rhargèrcnl  Mélanchthon  de  le  réfuter. 
Francus  publia  encore  un  livre  très  sati- 
rique contre  les  femmes;  il  fui  réfuté  par 
Jean  Freherus  et  par  Luther,  qui  se  char- 
gea volontiers  de  la  cause  du  sexe. 

FRANiîlPAM  (  François-Christophe, 
comte  de  ),  beau-frère  du  comte  de  Serin, 
conspira  avec  lui  contre  l'empereur  Léo- 
pold,  et  fut  un  des  principaux  chefs  dc  la 
rtvolle  des  Hongrois  ,  qui  commença  en 
1665.  Les  points  capitaux  de  l'accusation 
formée  contre  Frangipani ,  n'étant  que  trop 
prouvés,  il  fut  condamne  à  avoir  le  poing 
droit  coupe  et  la  télé  tranchée.  Tous  ses 
biens  furent  confisqués  au  proût  de  l'cm- 
•""""  "'  'r\  famille  dégradée  de  noblesse; 
se  lit  publiquement  dans  la 
^  i-tadt,  où  il  était  prisonnier,  le 

50  avril   1G71.  Frangipani  mourut  avec 
beaucoup  de  résignation  cl  de  constance. 


•  FnAMi  (JKAi^-rifcKBE).  I...  -il.  m  al- 
lemand d'une  famille  originaire  dc  France, 
né  à  Holulben  ,  dans  le  grand  duché  de 
Bade,  le  19  mars  1745,  fil  ses  première* 
études  chez,  les  piaristes,  à  Radstat.  II  em* 
brassa  la   profession  do  médecin ,  et  se 
rendit  à  l'université  de  Heidelberg  ,  après 
avoir  étudié  la  philosophie  à  Met/,  et  i 
Ponl-à-Mousson.  En  1765,  il  fit  un  voyage 
à  Strasbourg,  pour  y  suivre  les  cours  et 
fréquenter  les  hôpitaux,  et  revint  l'année 
suivante   prendre  le  bonnet  de  docteur  à 
Heidelberg.  Deux  ans  aj)rè3,  il  alla  fixer  sa 
résidence  à  Baden  ,  prèsRadslat.  En  1772, 
le  prince  évéque  de  Spire  le  choisit  pour 
son  premier  médecin,  elle  mit  au  nombre 
de  ses  conseillers  d'état.    Pendant  neuf 
ans  qu'il  passa  à  Bruchsal ,  Frank  fit  de« 
cours  d'analomie  et  de  physiologie,  et  di- 
rigea l'ensei^jnement  des  sages-femmes. 
En  1784  ,  il  fut  appelé  à  l'université  de 
Gœltingue ,  en  qualité  de  professeur  de 
clinique,  et  le  roi  d'Angleterre  lui  accorda 
le  titre  de  conseiller  d'état.  Obligé  de  quit- 
ter Gœltingue  dont  le  climat  nuisait  à  sa 
santé,  il  se  rendit  à  Pavie,  en  1786,  pour 
y  remplacer  Tissol.  Vers  la  même  époque 
il  fut  nommé  direclcur-généraJ  pour  l'état 
sanitaire  delà  Lombardie.  En  1795,  l'Em- 
pereur d'Autriche  l'appela  à  Vienne  pour 
régler  le  service  de  santé  do  ses  armées, 
et  vers  la  fin  de  la  même  année,  il  le  nom- 
ma conseiller  aulique  et  directeur-général 
de  l'hospice  civil  de  Vienne.  En   1804  , 
Franck  partit  pour  Wilna,  où  il  était  ap- 
pelé à  remplir  la  chaire  de  professeur  de 
clinique.  L'empereur  de  Russie  le  choisit 
pour  son  premier  médecin  et  pour  pro- 
fesseur de  niédecintî-pratique  à  l'aradt- 
mie  médico-chirurgicale    de    Sl.-Pélers- 
bourg.  Le  mauvais  élatde  sa  santé  l'ayatii 
obligé  de  quil  ter  la  Russie,  il  par  lit  en  180s, 
pour  se  rendre  à  Fribourg  en  Brisgan  . 
Il  quitta  cette  ville  en  1811 ,  pour  se  fixer 
à  Vienne.  L'archiduchesie  !*Iarie  Louise 
lui  accorda  plus  lard  la  croix  de  comman- 
deur de  l'ordre  de  St. -Georges.  Frank  c^i 
mort  à  Vienne,  le  24  avril  1821.  On  a  d.- 
lui  les  ouvrages  suivans  :  |   lettres  s<ir 
quelques  principes  émis  par  le  cnllifjr  iL-s 
médecins,  à  Munster  (en  allvmand  .  ."Vlan- 
beim.  1776.  in-S"  (anonyme,  :  |  Epistnla 
invitatoria  aderuditos  .de  commun ican 
dis  qxuz  ad  politiam  mrduam  speclant 
principum  ac  leijislatorum  dcc relis .  .Maii- 
heim,  1776,  in-8";  |  Systcme  complet  de 
police  médicale  (  on  albinanJ  ) .  Manheim. 
1779-80-83-89-18I1-I8I7.6  vol.  in-8";  |  Ob- 
scrvaliones  medico-chirur^ica^  de  sin^ju- 


FRA 


244 


fha 


lari  abcessu  hepatico  et  de  secitone  sym- 
phy sis  osmim  pubis  in  episcopatu  spirensi 
peractâ.l£.Tloidi,  1783 ,  in-4°  ;  |  Oratio  inau- 
ffuraliSj  de  instiluendo  adpraxin  medico. 
Gœltingue,  1784;  |  Prolasio  de  larvismor- 
borum  6i7?os<5  ^  Gœltingue ,  1784,  in-4"  ; 
I  Dissertalio  de  magistratu  medico  feli- 
cissimo.  1784 ,  in-4";  [  Détectas  opusculo- 
ncm  medicorum  antehac  in  Germaniâ . 
in  diversis  academiis  editorum^quam  in 
auditorum  commodum  collcgit^  et  cum 
notis  hinc  indc  aucta  recudi  curavit,  Pa- 
vie,  1783-1793,  12  vol.  in-8°  ;  1  Pland'école 
clinique,  ou  méthode  d'enseigner  la  prati- 
que de  la  médecine  dans  un  hôpital  aca- 
démique. Vienne,  1790,  in-8°,  trad.  en 
italien.  Crémone,  1790,  in-8°;  |  Apparatus 
' medicaminum  ad  usum  nosocomii  ti- 
îcinensis,  1790,in-8°;  |  De periodicaram 
affectionum  ordinandis  familiis  oratio 
eicademicaA79l,  in-8°;  ]  De  curandis  ho- 
minum  morbis  epitome ,  prœlectionibus 
academicis  dicata,  1792-1821 ,  in-8'*  :  tra- 
duit en  français ,  sous  le  litre  de  Traité 
de  m,édecine  pratique  par  Goudareau, 
Paris  ,  1820-23,  5  vol.  in-8°  ;  en  allemand , 
1793,  in-S°  ;  ]  Interpretationes  clinicœ  ob- 
servationum  selectaram,  1811,  in-8''. 

FRANKLIN  (  Eléonore -  Aivîve ,  plus 
connue  sous  le  nom  de  m.iss  Porden  ) , 
née  en  1793 ,  était  fille  de  William  Por- 
den, architecte.  De  bonne  heure  elle 
montra  du  goût  pour  la  littérature  et  sur- 
tout pour  la  poésie  qu'elle  cultiva  avec 
une  sorte  de  passion.  Dès  l'âge  de  17  ans 
elle  fit  paraître  une  poème  badin  intitulé 
les  Voiles  (  Ihe  Vils  )  qu'elle  augmenta 
dans  la  suite  et  fit  réimprimer  en  1813,  en 
six  chants.  Trois  ans  après  elle  donna  un 
second  petit  poème  qu'elle  intitula  \ Ex- 
pédition arctique ,  et  qui  lui  valut  la  con- 
naissance du  capitaine  John  Franklin, 
célèbre  par  les  voyages  de  découverte 
qu'il  a  faits  dans  le  nord  le  l'Amérique. 
L'admiration  que  ce  marin  éprouva  pour 
le  talent  de  miss  Porden  le  détermina 
à  demander  sa  main,  et  il  l'épousa  dans 
le  mois  d'août  1823.  Cette  xmion  ne  fut 
pas  de  longue  durée  ;  M"*"^  Franklin  mou- 
rut le  22  février  1825,  au  moment  où  son 
mari  venait  de  partir  pour  son  second 
voyage.  Un  an  avant  son  mariage  elle 
avait  encore  publié  un  poème  épique  in- 
titulé Cœur-de-Lion  ou  la  troisième  croi- 
sade. 

FRANKLIN  (Bexjamix).  V.  FRANCK- 
LIN. 

FRANTZIUS  ou  FRANTZ  (  Wol- 
CANG  ),  théologien  luthérien,  ne  en  13G4 


à  Plawen  dans  le  Voigtland,  devint  pro- 
fesseur en  histoire,  puis  en  théologie  à 
Wittemberg,  où  il  mourut  en  1628.  On  a 
de  lui  1  Animalium  historia  sacra,  1666^ 
in -12,  Dresde,  1687,  2  vol.  in- 8°,  ou- 
vrage recherché  et  curieux  ;  ]  Tractatus 
de  interpretatione  sacrarum  scriptura- 
rum,  1634,  111-4°,  et  d'autres  ouvrages, 
où ,  si  l'on  excepte  quelques  préjugés  de 
secte,  il  y  a  des  choses  utiles  à  recueillir. 
Le  célèbre  Scheuchzer  a  consulté  l'Bis^ 
toria  animalium  pour  sa  Physica  sacra. 
FRANZ  (  Joseph  ) ,  jésuite ,  naquit  à 
Lintz  en  1703,  et  fut  professeur  de  physi- 
que expérimentale  à  l'académie  de  Vien- 
ne ,  et  puis  directeur  de  celle  des  langues 
orientales,  fondée  en  1734,  dans  la  mémo 
ville ,  par  Marie-Thérèse.  Le  Père  Franz 
était  généralement  estimé,  et  pour  ses 
lalens,  et  pour  la  pureté  de  ses  mœurs. 
On  a  de  lui  |  Dissertatio  de  natura  elec- 
trij  Vienne,  1751 ,  in-4°;  |  Jeu  de  cartes 
géographiques,  ibid.,  1739.  On  lui  attri- 
bue un  petit  drame  intitulé  Godefroi  de 
Bouillon,  représente  par  les  élèves  des 
.académies  des  langues  orientales,  devant 
leurs  augustes  fondateurs,  le  18  décembre 
1737,  Vienne,  1761,  in-8".  Les  interlocu- 
teurs s'expriment  dans  les  langues  turque 
et  française;  cette  dernière  est  écrite 
avec  une  grande  pureté.  Le  Père  Franz 
est  mort  le  13  avril  1776 ,  trois  ans  après 
la  suppression  de  son  ordre. 

FRA-  PAOLO.  Voyez  SARPI  (  Paul  ). 
FRASSEN  (  Claude  ) ,  né  près  de  Pé- 
ronne  en  Picardie  en  1620,  définiteur- 
gcnéral  de  l'observance  de  Sl-François, 
docteur  de  Sorbonne  et  gardien  de  Paris, 
mourut  en  1711,  dans  la  91*^  année  de  son 
âge.  Ce  savant  religieux  avait  paru  avec 
distinction  dans  le  chapitre  général  de 
son  ordre ,  tenu  à  Tolède  en  1682 ,  et  dans 
celui  de  Rome  en  1688.  A  l'exception  de 
ces  deux  voyages  ,  il  vécut  toujours  dans 
une  exacte  retraite.  Les  principaux  fruits 
de  ses  veilles  sont,  |  une  Philosophie  im- 
primée plusieurs  fois  en  2  vol.  in -4°. 
I  Une  Théologie,  en 4  vol.  in-folio,  Paris, 
1672.  Elle  vaut  mieux  que  sa  Philosophie, 
qui  était  bonne  cependant  pour  son 
temps  :  la  logique,  la  métaphysique  et  la 
morale  y  sont  très  bien  traitées;  il  y  a, 
comme  c'était  alors  l'usage,  plusieurs 
questions  plus  subtiles  qu'importantes, 
mais  qui  servent  à  rendre  l'esprit  juste 
(  Voyez  DUNS ,  OCCAM  ).  |  Disquisitio- 
nes  biblicce,Vixris,  1682,  en  2  vol.  in-4°. 
le  premier  sur  la  Bible  en  général .  le 
deuxième  sur  le  Pentateuque,  réimpri- 


FRE 


%k^ 


FRE 


mes  avec  des  atijjm'.Mitatiuns ,  h  Lacques, 
Î764,  en  8  vol.  in-fol.  L'cnidillon  brille 
dans  Cfl  ouvraj^o;  mais  on  y  désirerai» 
plus  de  mclhodc  et  de  prérisinn.  On  lui 
reproche  d'avoir  pillé  dans  la  Démonstra- 
tion évanjrliqtte  de  M.  Huct ,  et  d'avoir 
masque  son  larrin  d'une  ruse  assci  com- 
mune aux  plagiaires.  Il  critiqua  d'une 
fa^-on  peu  décente  l'illustre  prélat ,  à  l'îns- 
ti(;ation  de  Louis  Ferrand;  mais  dans  la 
suite  il  en  dcnKinda  pardon  à  l'offensé. 

FRATTA  (  Jkam  ),  poète  italien  d'une 
famille  noble  de  Vérone,  vivait  dans  le 
iC*  siècle  :  il  laissa  dos  églogues .  et  un 
poème  héroïque  intitulé  la  Multékle,  dont 
Le  Tasse  faisait  cas.  Ce  poème  fut  im- 
primé à  Venise  en  1596,  in-4*,  du  vivant 
de  son  auteur. 

•  FRAIMIOFER  (  Joseph  ),  opticien 
né  à  Slraubing  en  i787,  mort  à  Munich 
en  1826 ,  fut  obligé ,  pour  acquérir  l'ins- 
truction à  laquelle  il  doit  sa  réputation , 
de  vaincre  les  plus  grands  obstacles.  Or- 
phelin à  il  ans,  il  fut  mis  en  apprentis- 
sage chez  un  maître  très  exigeant;  il  par- 
vint ,  quoique  dépourvu  de  tout  secours, 
à  apprendre  à  lire  et  à  écrire.  Retiré 
comme  par  miracle  de  dessous  les  ruines 
de  la  maison  qu'il  habitait  et  qui  s'était 
écroulée  subitement ,  il  devint  l'objet  d'a- 
l>ord  de  la  curiosité  puis  de  l'inlérët  de  plu- 
sieurs personnages  de  distinction,  entre 
«ulresde  Maximilien-.Ioseph,  roi  de  Ba- 
vière. Malgré  l'ex II éme  discrétion  avec  la- 
quelle le  jeune  Fraunhofer  usa  des  secours 
qu'on  lui  accorda ,  il  vint  à  bout  d'appren- 
dre les  mathématiques.  A  l'àgc  de  20  ans 
il  fut  reçu  dans  le  bel  établissement  créé 
par  MM.  Reichenbach  et  Uti-^chneider  pour 
la  confection  des  instrumens  de  malhé- 
nioliques  et  d'optique  :  et  dès  lors  il  com- 
mença la  carrière  qu'il  a  parcourue  avec 
tant  de  succès.  En  1823  il  fut  nommé  con- 
»•  rvateur  du  cabinet  de  physique  de  l'a- 
oadémic  de  Munich  dont  il  était  déjà 
membre.  Associé  à  plusieurs  académies, 
notamment  à  V Institution  astronomique 
d' Edimbourg  et  à  VUniversité  d'Erlan- 
gen.  il  reçut  du  roi  de  Bavière  la  déco- 
ration de  l'ordre  du  mérite  civil,  et  du 
roi  de  Danemarck,  celle  de  l'ordre  de 
Danebrog.  Le  célèbre  télescope  de  l'uni- 
versité de  Dorpat  est  l'ouvrage  de  ce  sa- 
vant modeste. 

FRAVITAS.  roy<rzFLAVITAS. 

FUEVRD     DU     <:ASTÉL    (    Raoul - 

AbRtcv  ) ,  né  à  Bayeux ,  réunissait  aux 

vertus  sociales  les  qualités  d'un  homme 

ie  bien.  Se*  mocnens  de  loisir  étaient  par 


lagés  entre  l'étude  de  la  géométrie  et  la 
culture  de»  fleurs.  11  mourut  en  1766. 
après  avoir  dcmné  :  |  Elémens  de  la  géo- 
métrie d'Euclide.  Paris,  17/»0,  in-H; 
I  V Ecole  du  jardinier  fleuriste,  ibid. , 
1764,  in-12.  Ces  ouvrages  sont  faiblement 
écrits., 

FRÉDEOAIRE,  le  plus  ancien  histo- 
rien français  depuis  Grégoire  de  Tours. 
es\.Oi\)\ic\cle  scnlastique,  parce  qu'autre- 
fois on  honorait  de  ce  nom  les  hommes 
qui  se  distinguaient  par  leurs  écrits.  Il 
composa,  par  ordre  de  Childebrand,  frère 
de  Charles  Martel,  une  chronique  qu'on 
trouve  dans  le  recueil  des  historiens  de 
France  de  Duchesne  et  de  don  Bouquet. 
Elle  va  jusqu'en  641.  Son  style  est  bar- 
bare; il  manque  de  construction  et  d'ar- 
rangement. Il  coule  d'ailleurs  trop  rapi- 
dement sur  des  évcnemens  intéressans. 
Cependant,  tout  abrégé  qu'il  est,  il  faut 
absolument  recourir  à  lui  pour  cette  par- 
tie de  l'histoire  de  France.  Sa  Chronique 
est  divisée  en  5  livres  dont  les  trois  pre- 
miers ne  sont  qu'une  compilation  des 
chroniques  précédemment  écrites  par 
Jules- Africain  ,  Eusèbe ,  saint  Jérôme  et 
Idace  ;  le  4'  est  un  abrégé  de  saint  Gré- 
goire de  Tours,  et  le  5*  renferme  la  con- 
tinuation de  cette  histoire.  Cet  ouvrage  a 
eu  des  continuateurs  anonymes,  qui  l'ont 
conduit  jusqu'en  768.  La  Chronique  de 
Frédegaire  a  été  imprimée  en  forme  d'ap- 
pendice aux  OEuvres  de  saint  Grégoire 
de  Tours.  Bâle,  1568  et  1610,  in-8°,  sous 
ce  titre  :  Fredegarii  Scholastici  chroni- 
con  qund  ille ,  jubente  Childebrando 
comiic  ,  Pipini  régis  patruo  scripsit  ;  et  a 
été  traduite  en  français  par  l'abbé  de 
MaroUes  et  M.  Guizot  (  Collection  des  his- 
toriens de  France  ).  On  peut  consulter 
sur  cet  ouvrage  la  dissertation  d'Adrien 
de  Valois  ,  de  Fredegario  ejusque  operi- 
Ints .  la  préface  de  D.  Ruiiiart  en  tcte  des 
oeuvres  de  Grégoire  de  Tours,  l'histoire 
littéraire  de  France  de  D.  Rivet .  tom.  3. 
et  V Apologie  de  l'histoire  de  Frédegaire 
par  l'abbé  de  Vertot ,  insérée  au  tome  1" 
des  Mémoires  de  l'académie  des  Inscrip- 
tions. 

FRÉDÉr,0\DE,  femme  de  Chilpéric  I*', 
roi  de  France  ,  née  en  .').'*3  à  Mout-Didici 
en  Picardie  .  d'une  famille  obscure  ,  entra 
d'abord  au  service  d'Audouaire  ou  Audo- 
vère .  première  femme  de  ce  prince.  Elle 
employa  tout  son  esprit  et  t'  uté 

pour  la  lui  faire  répudier.  «  'il 

une    seconde  femme  ;   Frétiio .^    .d  tit 

amassiiier.  et  obtint  le  lit  et  4e  trône 
21. 


FRE  246  FRE 

Ce  monstre  d'ambition  |  j>  lion  des  princes,  et  non  de  la  libéralité 


qu'elle  occupait 
et  de  cruauté  inspira  sou  mari ,  el  lui  fit 
commettre  une  foule  de  crimes.  Il  accabla 
'.limpôts  ses  sujets,  et  Ot  la  guerre  à  ses 
frères.  Frédéyonde  seconda  ses  armes  par 
le  fer  el  le  poison.  Elle  fit  assassiner  Sige- 
bert,  Mérovée,  Clovis,  Prétextât,  etc. 
Après  la  mort  de  Chilpéric ,  elle  arma 
contre  Childebert,  défit  ses  troupes  en 
o9l,  ravagea  la  Champagne,  et  reprit 
Paris  avec  les  villes  voisines  qu'on  lui 
avait  enlevées.  Elle  mourut  en  597,  cou- 
verte de  gloire  par  ses  succès ,  et  d'op- 
probre par  ses  crimes.  Nous  parlons,  dans 
cet  article  ,  d'après  le  plus  grand  nombre 
des  historiens.  Il  y  a  cependant  apparence 
que  la  haine  publique  exagéra  beaucoup 
les  vices  et  les  maux  attribués  à  Frédé- 
gonde.  Dreux  Duradier  a  entrepris  de  la 
justifier  dans  son  Histoi7'e  anecdotique 
des  reines  et  régentes  de  France  ^  6  vol. 
in-12;  mais  il  a  été  victorieusement  ré- 
futé par  Gaillard  ,  dans  le  Journal  des 
savans  de  janvier  1765 ,  pag.  15  et  sui- 
vantes. Voijez  BRUNEHAUT. 

FRÉDÉRIC  (saint),  évéque  d'Utrechl, 
et  fils  d'un  grand  seigneur  de  Frise , 
gouverna  son  diocèse  avec  zèle ,  et  fut 
martyrise  en  858  pour  la  défense  de  la 
foi. 

EMPEREURS  d'aLLEDIAGNE. 

FRÉDÉRIC  I",  dit  Barberousse.  fils  de 
Frédéric ,  duc  de  Souabe ,  et  duc  de 
Souabe  lui-même  en  1147 ,  après  la  mort 
de  son  père ,  était  né  en  1121 ,  et  obtint  la 
couronne  impériale  en  H52,  à  51  ans, 
après  Conrad  III  son  oncle.  Il  avait  déjà 
été  avec  ce  prince  en  Asie,  et  avait  com- 
battu dans  les  rangs  des  croisés  (  1147  ). 
Il  passa  en  Italie  l'an  1155,  poui  la  rece- 
voir des  mains  du  pape.  Adrien  IV  le 
sacra  le  11  juin  après  bien  des  difficultés 
sur  le  cérémonial.  On  savait  si  peu  à 
Rome  ce  que  c'était  que  l'empire  romain, 
et  toutes  les  prétentions  étaient  si  con- 
tradictoires ,  que  d'un  côté  le  peuple  se 
souleva ,  parce  que  le  pape  avait  cou- 
ronné l'empereur  sans  Tordre  du  sénat 
et  du  peuple  ;  et  de  l'autre  côté ,  le  pape 
Adrien  écrivait  dans  toutes  ses  lettres, 
qu'il  avait  conféré  à  Frédéric  le  bénéfice 
do  l'empire  romain.  Frédéric  imposa  si- 
lence aux  députés  du  peuple  :  «  Rome, 
»  leur  dit  -  il ,  n'est  plus  ce  qu'elle  a  été  ; 
»  Charlemague  el  Othon  l'ont  conquise, 
»  et  je  suis  votre  maître.  »  Non  moins 
choqué  des  lettres  du  pape ,  il  dit  «  qu'il 
*  tenait  son  cmi-ire  de  Dieu  et  de  l'clec- 


»  des  pontifes  romains.  »  Un  légat ,  devant 
qui  il  prononça  ces  paroles ,  voulut  le  lui 
contester;  Frédéric  le  renvoya.  Adrien 
lui  envoya  en  1157  à  Besançon ,  où  il 
était  alors,  un  axitre  légat  auquel  l'em- 
pereur fit  protester  que  par  le  mot  de 
bénéfice  ^  le  pape  n'avait  entendu  que  la 
bénédiction  ou  le  sacre ,  et  non  une  in- 
vestiture. L'année  précédente  (1156)  Fré- 
déric avait  répudié  Adélaïde,  pour  épou- 
ser Béalrix ,  fille  de  Renaud  ,  comte  de 
Bourgogne,  et  réunit  par -là  le  comté 
de  Bourgogne  à  ses  états  ;  mais  ce  pré- 
tendu mariage,  contracté  contre  les 
règles  de  l'évangile,  le  mit  mal  dans  l'es- 
prit des  peuples  ,  et  ne  coutribua  pas  peu 
à  la  conduite  des  Milanais  envers  la 
nouvelle  impératrice  (  voyez  BÉATRIX  ). 
Après  la  mort  d'Adrien ,  en  1160 ,  Fré- 
déric, qui  voulait  dominer  à  Rome,  op- 
posa au  légitime  pontife  Alexandre  III , 
l'antipape  Victor  ,  et  successivement  deux 
autres.  Les  Milanais,  indignés  de  ces  vio- 
lences, secouèrent  le  joug  en  1161,  et 
tâchèrent  de  former  une  république.  Mais 
leur  capitale  fut  prise  en  1162  et  rasée 
jusque  dans  ses  fondernens.  On  passa  la 
charrue  <'t  on  sema  du  sel  sur  son  terrain. 
Bresse  ,  Plaisance  furent  démantelées  ,  et 
les  autres  villes,  qui  avaient  voulu  être 
libres ,  perdirent  non-seulement  cet  avan- 
tage ,  mais  leurs  privilèges.  Le  vainqueur 
fit  faire  la  recherche  de  tous  les  droits  et 
de  tous  les  fiefs  usurpés.  Quatre  docteurs 
de  l'université  de  Bologne  qu'il  consulta, 
lui  attribuèrent  tous  ces  droits ,  et  même 
l'empire  du  monde  entier,  tel  que  les 
empereurs  des  premiers  siècles  l'avaient 
possédé.  Le  fameux  Barthole  ne  balança 
pas  même  à  déclarer  hérétiques,  tous 
ceux  qui  oseraient  douter  de  la  monar- 
chie universelle  des  empereurs  romains. 
On  voit  par  cette  plaisante  décision ,  que 
la  jurisprudence  des  empereurs  n'était 
pas  mieux  en  ordre  que  celle  des  papes  ; 
et  que  ceux  qui  déclament  tant  contre  la 
seconde ,  affectent  à  l'égard  de  la  pre- 
mière un  silence  qui  tient  de  l'injustice 
et  de  la  mauvaise  foi.  Le  pape  Alexandre 
m,  qui  avait  été  obligé  de  se  retirer  en 
France,  excommunia  Frédéric  en  1168. 
Les  villes  de  Lombardie  se  liguèrent  en- 
semble la  même  année  pour  le  maintien 
de  leur  liberté.  Les  Milanais  rcbâtireiil 
leur  ville  malgré  l'empereur.  Ils  rempor- 
tèrent sur  lui  une  victoire  signalée ,  prè» 
de  Côme,  en  1176;  el  cette  victoire  pro- 
duisit la  paix    entre  Alexandre  et  Fré- 


FRE 


Î47 


FIIK 


ilnu.  \,ii.so  fui  le  lieu  de  la  réconcilia- 
lion.  Il  fallut  que  le  superbe  Frédéric 
jiliàt.  Il  rccounul  le  pape,  baisa  ses  pieds, 
lui  servit  d'huissier  dans  l'ccliie,  et  con- 
duisit sa  Ulule  dans  la  place  St.-Marc.  La 
p.iix  fut  jurée  le  1"  août  il77,  par  42 
jiriuccs  de  l'cnipire.  Tout  fut  à  Tavanlagc 
.le  1  Eglise;  Frédéric  promit  de  reslitner 
rc  qui  ap|)arlcnait  au  saint  Siège.  Les 
Il  rres  de  la  comtesse  Mathilde  ne  furent 
l><»iut  spétillces .  et  ce  fut  un  nouveau 
sujet  de  querelle  entre  l'empereur  et  le 
j.ape  l'rbain  III.  Les  projrès  des  Sarra- 
sins réunirent  les  esprits.  Saladin ,  le 
liéros  de  son  pays  et  de  son  siècle ,  avait 
repris  Jérusalem  sur  les  chrétiens.  Le 
pape  engagea  Frédéric  à  reconquérir  la 
Terre-Sainte.  Ce  prince  se  croisa  en  1189. 
Isaac  l'Ange,  empereur  de  Constanti- 
nople ,  était  l'allié  de  Saladin  et  du  sultan 
d'Icône.  Frédéric  fut  donc  obligé  de  com- 
battre les  Grecs.  Il  força  les  passages, 
remporta  deux  victoires  sur  les  Turcs , 
prit  Icône,  pénétra  en  Syrie,  et  alla 
mourir  l'année  suivante  1190,  après  un 
règne  de  38  ans ,  près  de  Tarse  en  Cilicie, 
pour  s'être  baigné  dans  le  Cidnus  ou  le 
Senef,  de  la  maladie  qu'Alexandre  le 
Grand  contracta  autrefois  dans  le  même 
fleuve,  suivant  quelques  critiques  :  mais 
la  chose  n'est  pas  certaine.  Il  laissa  en 
mourant  une  réputation  célèbre  d'inéga- 
lité et  de  grandeur.  Il  couvrit  son  orgueil, 
son  caractère  violent  et  emporte ,  par  le 
courage,  la  franchise,  la  libéralité  et  la 
constance  dans  la  bonne  et  la  mauvaise 
fortune.  Il  avait  xme  mémoire  surpre- 
nante ,  cl  même  beaucoup  de  savoir ,  pour 
un  siècle  où  la  rouille  de  l'ignorance  était 
si  épaisse,  que  presque  aucun  prince  alle- 
mand ne  savait  ni  lire  ni  signer  son  nom. 
Jamais  les  revenus  des  empereurs  n'a- 
vaient été  plus  considérables  que  sous 
Frédéric  ;  il  tirait  annuellement  de  l'Italie 
et  de  l'Allemagne  60  talens  d'or ,  ce  qui 
retient  à  6  millions  d'écus  d'Allemagne  : 
tomme  prodigieuse  pour  ce  temps-là ,  où 
lo  domaine  des  empereurs  avait  déjà  souf- 
IiTl  des  pertes  immenses.  C'est  sous  Fré- 
déric 1"  que  les  archevêques  de  Mayence 
Commencèrent  à  prendre  le  tilre  d'archi- 
thanceliers  de  l'empire.  La  Fie  de  Frc- 
ilt'ric  liarhrrousse  Si  été  écrite  en  latin. 


et  fils  de  l'empereur  Henri  VI,  n*en  \\%, 
à  lési,  élu  roi  des  Romains  en  H%,  du 
vivant  de  son  père,  empereur  en  1212, 
à  17  ans,  ne  fut  paisible  possesseur  de 
l'empire  qu'après  la  mort  dOlhon  en  1218. 
Son  règne  commença  par  la  diète  d'Kgra 
en  1219.  Ce  fut  dans  cette  diète  qu'il  lit 
jurer  aux  grands  seigneurs  de  l'einpire  , 
de  ne  plus  rançonner  les  voyageurs  qui 
passeraient  dans  leur  territoire,  et  de  ne 
pas  faire  de  fausse  monnaie  :  usages  bar- 
bares,  que  les  petits  princes  prenaient 
pour  des  droils  sacrés  dans  ces  temps  de. 
brigandage.  Après  avoir  mis  ordre  à  tout 
en  Allemagne  ,  il  passa  en  Italie.  MilaJn  lui 
ferma  ses  portes  comme  à  un  petit-fils  de 
Barberousse  :  et  il  alla  se  faire  couronner 
à  Rome  par  le  pape  Honoré  III ,  le  22  no 
vembre  1220.  Il  signala  son  couronne- 
ment par  des  édits  violens  contre  les  héré- 
tiques, et  par  le  serment  d'aller  se  battre 
dans  la  Terre-Sainte.  Frédéric  né  en  Ita- 
lie ,  et  s'y  plaisant  beaucoup ,  ne  se  pressa 
pasde  se  rendre  à  Jérusalem.  Grégoire  IX. 
successeur  d'Honoré  III,  l'avertit  en  vain 
d'exécuter  son  serment ,  et  l'excommunia 
en  1227  et  1228.  Frédéricpartpourla  Terre- 
Sainte,  et  y  arrive  en  septembre  1228. 
Mélédin  ,  sultan  de  Babylone,  effrayé  de 
l'orage  qui  allait  fondre  sur  lui ,  conclut 
l'année  d'après  une  trêve  de  dix  ans  avec 
l'empereur.  Grégoire  IX,  irrité  de  ce  que 
Frédéric  avait  abandonné  si  légèrement 
la  cause  des  chrétiens  d'Orient ,  et  exécnli: 
son  serment  d'une  manière  illusoire,  l'a- 
nathématisa.  Il  assembla  une  armée ,  cl 
s'empara  d'une  grande  partie  de  la  Fouille, 
dont  il  investit  le  beau-père  de  Frédé- 
ric II ,  Jean  de  Bricnne.  Le  jeune  Henri 
son  fils,  roi  des  Romains  ,  se  déclara  aus.'i 
contre  son  père  ,  et  fit  répandre  le  bruit 
de  sa  mort.  Cette  nouvelle,  quoique  fausse 
occasiona  la  révolte  générale  de  la  Sicile 
cl  de  l'Italie.  Frédéric,  instruit  decesc\e- 
nemens,  repasse  en  Europe.  Ayant  ramas- 
sé une  armée  à  la  hâte  ,  il  se  rend  maitie 
de  la  Romagne  ,  de  la  Marche  d' Ancône , 
des  duchés  de  Spolclte  et  de  Bénévenl. 
Les  soldats  de  la  croisade  papale  ,  appe- 
lés Guelfes  ,  portaient  le  signe  des  deux 
clés  sur  l'épaule.  Les  croisés  de  l'empe- 
reur s'appelaient  Gibelins,  et  portaient  la 
croix;  ils  furent  souvent  vainqueurs.  I^ 
Lcip^irJi,  r/73,  in-4°.  On  peut  consulter    pape  se  réconcilie  avec  l'empereur  en  1230 


»ur  ce  prince  entre  autres  ouvrages,  la 
<:hroniqxur d 'Othou  de  Frcisingen  ;  ctGttti 


moyennant  la  somme  de  130,000  marcs 
d'argent  et  la  restitution  des  villes  qu'il 


ther  Lujuiinus.  sive  de  rébus  gestis  Fre-    lui  avait  prises.  Frédéric  ne  fut  si  facile, 
derici  i.  lihri  X,  llcidclberg,  1812,  in  8".    que  parce  que  son  fils  sétail  révolté  en 
FRÉDÉRIC  II,  petit  fils  de  Frédéric  i",  '  All^masac  II  va  assembler  une  dièle  à 


PRE 


248 


FRE 


Mayence;  condamne  en  1235  le  rebelle  à 
une  prison  perpétuelle  ,  et  fait  élire  peu 
après  son  second  fils ,  Conrad  IV  ,  roi  des 
Romains.  L'Allemagne  pacifiée ,  il  repasse 
en  Lombard  ie  en  1240,  bat  les  Milanais 
et  en  fait  un  grand  carnage.  Il  prend  plu- 
sieurs autres  villes,  soumet  la  Sardaigne, 
triomphe  des  forces  de  Venise  et  de  Gènes, 
se  rend  maître  du  duché  d'Urbin  et  de  la 
Toscane ,   et  assiège  Rome.  Ce  fut  alors 
que  ce  prince  emporté  et  cruel  fit  fendre 
la  téie  en  quatre ,  ou  marquer  d'un  fer 
chaud  fait  en  croix ,  les  prisonniers  qu'il 
faisait.  Il  alla  ensuite  saccager  Rénévent , 
le  Mont-Cassin,  et  les  terres  des  Templiers. 
Rien  n'arrêtait  ses  dégâts ,  et  c'était  sur- 
tout à  l'égard  des  ministres  de  l'Eglise 
qu'il  se  montrait  implacable.  «  Les  temples, 
>.  disent  les  historiens ,  furent  saccagés  ; 
I»  les  vases  sacrés  servirent  dans  sa  cui- 
»  sine  ;  les  cendres  des  saints  ,  troublées 
•  dans  leur  tombe,  furent  jetées  aux  vents, 
-  leurs  ossemens  dispersés  ;  des  ecclésias- 
»  tiques  languirent  dans  les  fers  ;  à  d'au- 
»  1res  on  creva  les  yeux;  d'autres  furent 
»  chassés  de  l'empire ,  ou  égorgés  ou  li- 
■  vrés  aux  flammes.  L'on  fit  expirer  sur 
»  les  bûchers  des  comtes  et  des  barons  du 
»  parti  guelfe  :  d'autres  périrent  de  faim 
»  et  de  vermine  dans  les  prisons  souter- 
»  raines  d'antiques  donjons.  Des  villes  de 
»  cette  faction  furent  ruinées  de  fond  en 
»  comble. Ez.zelino,  gibelin  furieux  et  san- 
»  guinaire  ,  fit  périr  par  la  faim  ,  le  fer  et 
»  le  feu  ,  douze  mille  citoyens  de  Padoue , 
»  enfermés   dans  l'amphithéâtre  de  Vé- 
»  rone  »  (  voyez  EZZELINO  ).  Frédéric 
avait  été  de  nouveau  excommunié  par 
Grégoire  IX  en  1256.  Le  pape  donnait  pour 
motif  de  cette  excommunication ,  que  les 
armées  fle  ce  prince  avaient   pillé  des 
églises,  qu'il  avait  fait  juger  par  des  cours 
laïques  les  affaires  ecclésiastiques,  et  qu'il 
avait  blasphémé  Jésus-Christ  dans  la  diète 
de  Francfort,  et  l'avait  mis  au  nombre 
des  imposteurs  qui  avaient  trompé  l'uni- 
vers. Dans  sa  îettre ,  adressée  aux  princes 
et  prélats  contre  cet  empereur,  le  12  des 
calendes  de  juin  de  la  15"^  année  de  son 
pontificat ,   1259  ,   Grégoire  l'accuse  for- 
mellement d'avoir   rangé  le  Sauveur  du 
monde,  Moïse  et  Mahomet  sur  une  même 
ligne ,  et  rapporte  les  paroles  mêmes  de 
l'empereur  :  A  tribus  Baraltoribus ,  xit 
ejus  verbis  xitamur  ^  scilicet  Christo  Jesitj 
Moïse  et  Mahometo .totum  miindum  fuisse 
deceptum .  etc.  V.  VIGNES  (Pierre  des.) 
Cette  dernière  accusation  ,  la  plus  grave 


un  manifeste  envoyé  à  toutes  les  cours. 
Le  pape  ,  qui  n'ajoutait  aucune  foi  à  cette 
protestation  ,  et  qui  avait ,  comme  il  l'as- 
sure dans  sa  lettre ,  des  preuves  démon- 
stratives du  fait ,  voulut  faire  assembler 
un  concile  ;  mais  les  prélats  français ,  an- 
glais et  espagnols,  s'étant  embarqués  à 
Gênes,  furent  faits  prisonniers  par  Henri 
roi  de  Sardaigne ,  fils  naturel  de  l'empe- 
reur. Le  pontife  en  mourut  de  douleur. 
CélestinlV,  son  successeur  ,  n'occupa  le 
trône  pontifical  que  18  jours.  Le  siège  va- 
qua pendant  19  mois.  Enfin  Innocent  IV 
ayant  été  élu  ,  ce  pape ,  l'ami  de  Frédéric 
quand  il  était  cardinal,  s'efforça  en  vain 
de  le  réconcilier  avec  le  saint  Siège.  Après 
bien  des  négociations  inutiles,  il  le  déposa 
dans  le  concile  de  Lyon,  en  1245;  mais  la 
sentence  ne  fut  prononcée  qu'au  nom  du 
pape  et  en  présence  du  concile,  prœsente 
concilio ,  non  avec  l'approbation  du  con- 
cile, approbante  concilio ^  comme  portent 
les  décrets  où  le  concile  concourait  avec  le 
pape.   Il  n'a  point  été  question  dans  ce 
concile  du  droit  du  pontife  sur  la  cou- 
ronne du  prince  ;  ce  point  n'y  fut  nulle- 
ment agité ,  ni  défini.  Tout  paraît  avoir 
été  supposé  comme  un  article  de  jurispru- 
dence  reconnu   (  Voyez  MARTIN  IV , 
GRÉGOIRE  VII  ).  Tout  se  réduisait  à  sa- 
voir  si  l'empereur  était    véritablement 
coupable  des  crimes  dont  on  l'accusait  ; 
c'est  là-dessus  qu'intervint  le  jugement. 
Des   historiens  et  des  jurisconsultes  ont 
écrit  que  le  point  dont  il  s'agit  ici,  formait 
une  question  purement  civile ,  très  dif- 
férente de  celle  qui  regardait  le  prétendu 
domaine  temporel  des  papes,  et  que  c'était 
une  prétention  de  suzeraineté.    Sous  le 
règne  des  Olhon,  disent-ils,  non-seule- 
ment le  pape,  comme  souverain  de  Rome, 
conférait  l'empire  ;  mais  il  donnait  encore 
aux  empereurs  le  pouvoir  de   designer 
leurs  successeurs.  Après  les  Othon,  ildomia 
à  certains  princes    d'Allemagne  le  droit 
d'élire  les  rois  des  Teutons,  qui  étaicni 
ensuite  élevés  à  la  dignité  impériale,  et  les 
empereurs  élus  lui  prêtaient  serment  do 
fidélité  (  Suppl.  Baron.,  l.  'i ,  c.  40,  tom. 
10 ,  ann.  964 ,  p.  783,  784  et  909  ).  Lis 
papes  prétendirent  en  conséquence  que 
les  empereurs  tenaient  leur  couronne  du 
saint  Siège  ,  comme  les  électeurs  le  droit 
d'élection.  De  là  ils  inféraitnt,  par   une 
conséquence  quelconque  ,  le  droit  de  les 
juger  et  de  les  déposer.  On  voit  par  une 
lettre  de  Frédéric  II,  que  c'était  là  une 
des  raisons  sur  lesquelles  Innocent  IV  a.\y- 


de  toutes  j  fut  niée  par  l'emperiur ,  dans  J  puyait  ses  prétentions  ;  elle  est  rapportée 


FRE 


^k9 


FRE 


dans  VUistohr  de  France ,  par  Daniel, 
lome  i.  p.  573,  éilit.  (7.'>5.  Quoi  qu'il  en 
•oit .  les  i^crivas<iiers  qui  se  sont  opuisi'S 
en  sarcasmes  cnntio  lu  conduite  <lt's  pon- 
tife» dans  ces  IcinjJS  jïi-nibles  et  difficiles. 
n'ont  jias  eu  l'iMiuilé  d'observer  qu'ils 
avaient  les  mœurs  de  leur  temps ,  qu'ils 
en  avaient  adopté  la  jurisprtidencc  cl  les 
niaximrs;  que  c'est  sur  cet  état  de  choses 
qu'il  faut  les  ju{jer  ,  ainsi  qui*  les  ciiipc- 
reurs  qui  n'étaient  pas  plus  au  dessus  de 
leur  siècle  que  les  papes,  et  dont  la  juris- 
prudence, couHsie  nous  venons  de  lob- 
«erver  à  l'article  de  Frédéric  P'  était  plus 
défectueuse  encore  et  plus  révoltante.  Les 
papes  d'aujourd'hui  sont  très  éloignés  de 
ces  prétentions,  et  n'en  ont  pas  qui  leur 
soit  plus  chère  que  celle  de  donner  aux 
souverains  de  la  terre  des  exemples  de  mo- 
dération, de  douceur,  de  sagesse  et  de  jus- 
tire. «C'est  une  chose  sinjulière.dit  un  écri- 
»  vain  moderne,  et  elle  serait  inconcevable 
»  si  on  ne  connaissait  l'hypocrisie  du  sié- 
»  cle,  d'entendre  nos  philosophes  déclamer 

•  avec  fureur  contre  le  droit  que  s'attri- 
»  huaient  les  papes  sur  des  rois  chrétiens, 

•  précisément  en  faveur  de  l'Eglise  qu'ils 
»  troublaient ,  et  que  leur  devoir  était  de 
»  proléger  :  tandis  que  ces  mêmes  philo- 
»  sophes  font  ime  jirofession  ouverte  de 
»  renverser  les  troncs ,  de  traiter  en  es- 
»  daves  les  rois  les  plus  sages  ,  et  d'éla- 
»  blir  l'atiarcbie  la  plus  affreuse  sur  les 
»  débris  de  toute  autorité.  »  Les  peuples 
ligués  de  Lombardic  battirent  Frédéric  : 
les  princes  ne  le  regardèrent  plus  que 
comme  un  impie;  pour  comble  de  mal- 
heur, les  Allemands  élurent  contre  lui, 
en  1246,  Henri  de  Thuringe,  puis  Guil- 
lnuu)e,  comte  de  Hollande,  en  1247.  On 
dit  qu'étant  dans  la  Pouille ,  il  découvrit 
que  son  médecin  voulait  l'enjpoisonner, 
et  qu'il  fut  oblige  de  prendre  des  malio- 
mélans  pour  sa  garde.  Ils  ne  le  garanti- 
rent pas  des  fureurs  de  Mainfroy,  l'un  de 
ses  bâtards,  qui,  à  ce  qu'on  prétend, 
l'empoisonna  à  Fiorenxuela  en  1250 ,  à  57 
ans  ,  et  l'etouffa  sous  une  pile  de  carreaux, 
parce  qu**-  le  poison  n'agissait  pas  assez 
promptemcnt.  D'autres  le  font  mourir 
d'une  manière  différente.  Quoi(iue  d'un 
naturel  violent  et  emporté,  cet  empereur 
avait  quelques  qualités  estimables.  Actif, 
vigilant ,  courageux  ,  il  eut  pu  réprimer, 
s'il  avait  voulu  sérieusement,  la  puissance 
malumiétane  dans  sa  naissance.  11  fonda 
des  universités,  notamment  celle  de  Pa- 
douc  ;  il  niUiva  les  beaux-arts  et  les  fil 
ctiltivcr.  On  a  de  ce  prince  des  vers  en  i 


langue  romane,  des  lettres  tn  latin,  et 
un  traité  do  la  chasse  au  faucon  (  De  arte 
vcnandi cum  avihus),  imprimé  avec  yél- 
bertus  marjnns.  De falconihus.. \.U{',f>hourg 
11)00,  in-8".  Il  lit  traduire  de  grec  en  latin 
divers  livres,  en  particulier  ceux  d'Àris- 
tote ,  l' .ilmngeste  de  Ptolémée  et  plu- 
sieurs traites  de  Gallien.  Ce  fut  un  des 
meilleurs  troubadours  de  son  époque.  Il 
parait  que  dans  les  dernières  années  de 
sa  vie  il  était  revenu  à  des  sentimens  plus 
religieux,  puisque  dans  son  testament  il 
charge  son  iils  Conrad  de  restituer  tout 
ce  qui  pouvait  appartenir  à  l'Eglise ,  et 
légua  100,000  onces  d'or  pour  le  secours 
de  la  Terre-Sainte.  Quelques  auteurs  pré- 
tendent qu'il  mourut  dans  de  grands  sen- 
timens de  piété  et  de  repentir. 

FRÉDÉniC  m,  dit  le  Beau,  fils  d'Al- 
bert 1"  d'Autriche  ,  fut  élu  par  quelques 
électeurs  en  1514  ;  mais  le  plus  grand 
nombre  avait  déjà  donné  la  couronne  im- 
périale à  Louis  de  Bavière,  qui  le  vainquit 
et  le  fit  prisonnier  dans  une  bataille  dé- 
cisive en  1522.  Il  mourut  en  1555,  après 
quelques  années  do  prison ,  empoisonné 
par  un  philtre  amoureux  ,  selon  les  uns  ; 
rongé  des  vers ,  selon  les  autres.  Duchat 
lui  attribue  cette  devise  :  A.  E.  I.  O.  'V.  que 
Matthieu  Tympius  prétend  signifier  j4qui- 
la  Elrcta  Juste  Oinnia  Vincit.  L'événe- 
ment fait  voir  qu'elle  convenait  mieux  à 
son  rival.  D'autres  l'ont  expliquée  par 
Âustria  Erit  In  Orbe  Vltimo  ;  d'autres 
jtar^ï  us  tria  Erit  Imper  ans  Orbi  f-'niverso; 
d'autres  enfin  par  Audox  Et  Imprnbus 
Omnia  Vcrtit. 

FUEDÉIUC  IV,  empereur  (ou  HI , 
selon  q»ielques-uns ,  qui  ne  mettent  pas 
Frédéric  IH  au  nombre  des  empereurs  ) , 
dit  le  Pacifique  ,  né  le  25  décembre  1415 
d'Krnest,  duc  d'Autriche,  monta  sur  le 
Irone  impérial  en  1440,  à  25  ans,  et  fut 
couronné  à  Rome  en  1442,  de  la  main  du 
pape  Nicolas  V.  Par  le  serment  qu'irprcta 
à  ce  i>onlife,  il  promit  de  n'exercer  dans 
Rome  aucun  acte  de  souverain  ,  sans  son 
consentement.  Le  couronnement  de  Frè 
déric  est  le  dernier  qui  ait  été  fait  à  Rome, 
et  fut  un  des  moins  éclatans.  Eleonore  de 
Portugal, qu'ilavaitdemandée  en  mariai;' 
se  rendit  à  Rome  ,  et  y  fut  couronnée  iin 
péralrice  en  même  temps  que  son  éi>oux. 
Frédéric  ne  voulait  pas  d'abord  conson>- 
mcr  le  mariage  en  Italie .  de  peur  que 
l'enfant  qui  en  naîtrait  n'eût  les  moeurs 
italiennes.  Il  fallut  qu'Alfonse  ,  aïeul  de 
sa  fennne,  roi  d'Aracon  et  de  Naplc»,  ly 
engageât.  L'empereur  de  retour  en  Ail»- 


FKE  2 

magne  s'abandonna  à  son  humeur  trop 
pacifique,  et  pour  nnticux  dire,  insou- 
ciante ;  il  en  résulta  des  {juerres  «iviles. 
Les  électeurs,  assemblés  à  Francfort,  le 
sommèrent  de  s'appliquer  aux  affaires  de 
l'état ,  de  rétablir  la  paix  publique ,  de 
faire  administrer  la  justice  et  de  punir  le 
crime.  On  le  menaça  d'élire  un  roi  des 
Romains,  qui  aurait  le  gouvernement  de 
l'empire.  Ces  menaces  furent  inutiles.  La 
Hongrie  se  donna  eu  1458  à  Mathias ,  fils 
d'Huniade  son  défenseur.  Frédéric  se 
contenta  de  lui  refuser  la  couronne  de  saint 
Etienne ,  qu'il  avait  entre  les  mains  :  re- 
fus qui  produisit  une  guerre  sanglante. 
Mathias  envahit  l'Autriche,  prend  Vienne, 
en  chasse  l'empereur,  qui,  avec  une  suite 
de  80  personnes  ,  se  met  à  se  promener 
de  couvent  en  couvent ,  en  attendant  que 
son  vainqueur  fût  mort.  Il  répétait  sans 
cesse  ces  paroles ,  qui  doivent  être  dans  le 
cœur  d'un  philosophe,  mais  non  dans  celui 
d'un  monarque  :  «  L'oubli  des  biens  qu'on 
»  ne  peut  recouvrer,  est  la  félicité  supré- 
D  me.  »  Il  se  conduisit  suivant  ces  princi- 
pes, et  finit  la  guerre  par  un  traité  de 
paix  honteux  en  ilST.  Il  mourut  en  1W5, 
à  78  ans ,  après  un  règne  peu  glorieux. 
C'est  au  commencement  du  règne  de  cet 
empereur  en  1440,  qu'on  place  l'invention 
de  l'imprimerie.  Voyez  FUST.  On  trouve 
quelques  bons  mots  (  Proverbia  )  de  ce 
prince  dans  un  recueil  intitulé  Margarita 
/actffmrum>  Strasbourg,  i509,  in-4". 

ROIS  DE  DAXEMARCK. 

FRÉDÉRIC  P%  roi  de  Danemarck  en 
1523,  après  l'expulsion  du  barbare  Chris- 
tiern,  se  maintint  sur  le  trône  par  les  armes. 
IlfitallianceavecGustaveP, qui  s'était  fait 
reconnaître  roi  de  Suède ,  et  se  ligua  avec 
les  villes  anséatiques.  Après  il  introduisit 
le  luthéranisme  dans  ses  états  ,  l'an  1526. 
Il  mourut  en  1555  ,  à  l'âge  de  62  ans. 

FRÉDÉRIC  II,  roi  de  Danemarck ,  fils 
et  successeur  de  Chrisliern  III,  aug- 
menta ses  états ,  favorisa  l'académie  de 
Copenhague  ,  fit  fleurir  les  lettres  ,  aima 
les  sa  vans,  et  protégea  Ticho-Brahé  auquel 
il  donna  l'ile  de  Herven  pour  y  construire 
le  fameux  observatoire  d'Uraniembourg. 
Son  règne  ne  fui  troublé  que  par  une 
guerre  passagère  avec  la  Suède  ;  elle  fut 
heureusement  terminée  en  1570.  llmourul 
en  1588,  à  54  ans.  Il  eut  pour  ministre 
Pierre  Oxe  dont  les  talens  améliorèrent 
sensiblement  ses  états. 

FRÉDÉRIC  m.  né  en  1609,  d'abord 
archevêque  de  Brème,  ensuite  roi  do  Da- 


i>0  FRE 

nemarck  en  1648 ,  après  la  mort  de  Chris- 
tiern  IV  son  père  .  perdit  plusieurs  places 
que  Charles-Gustave  ,  roi  de  Suède ,  lui 
enleva.  Il  mourut  en  1670  ,  à  61  ans,  après 
avoir  obtenu  que  la  couronne ,  aupara- 
vant élective  ,  serait  héréditaire  dans  sa 
maison.  La  noblesse  ,  qui  traitait  les  au- 
tres ordres  avec  dureté  ,  perdit  en  même 
tempsune  partie  de  ses  privilèges. 

FRÉDÉRIC  IV,  roi  de  Danemarck,  fils 
de  Chrisliern  V,  né  en  1671,  monta  sur 
le  trône  de  son  père  en  1699.  Il  se  ligua , 
avec  le  czar  Pierre  et  le  roi  de  Pologne  , 
contre  Charles  XII ,  qui  le  contraignit  à 
faire  la  paix.  Après  une  guerre  fort  désa- 
vantageuse, le  roi  de  Suède  ayant  été  ré- 
duit à  se  retirer  en  Turquie  par  le  czar  , 
Frédéric  se  dédommagea  de  ses  pertes  et 
lui  enleva  j)lusieurs  places.  Il  mourut  en 
1750  ,  à  59  ans ,  après  avoir  fondé  les  mis- 
sions du  Groenland  et  de  la  Laponie  ,  la 
maison  des  Orphelins  de  Copenhague  et 
240  écoles  pour  l'instruction  des  enfans 
pauvres. 

*  FRÉDÉRIC  V,  roi  de  Danemarck  et 
de  Norwége  ,  fils  de  Christian  VI ,  né  en 
1723 ,  succéda  à  son  père  le  6  août  1746 , 
et  mourut  en  1766.  Pierre  III  étant  monté 
sur  le  troue  de  Russie  en  1762 ,  leva  une 
armée  considérable  pour  reprendre  sur  le 
Danemarck  le  duché  de  Flesseig  dont  son 
père  avait  été  dépouillé.  Déjà  le  général 
Romanzow  ,  à  la  tête  de  40,000  hommes, 
jetait  la  terreur  dans  le  Mecklenbourg  ,  et 
Frédéric  préparait  une  résistance  formi- 
dable ,  lorsque  Pierre  fut  assassiné  et  que 
Catherine  s'empressa  de  retenir  ses  trou- 
pes et  de  signer  la  paix.  Son  règne  fut  re- 
marquable par  plusieurs  institutions  et  en- 
treprises propres  à  faire  fleurir  l'indus- 
trie, le  commerce,  les  sciences  et  les  arts. 
Il  accorda  de  grands  avantages  à  la  compa- 
gnie asiatique,  et  parvint  à  rendre  le  com- 
merce de  l'Amérique  entièrement  libre. 
Copenhague  lui  doit  une  académie  de  pein- 
ture et  une  maison  d'accouchemens  gra- 
tuits :  cet  hôpital  est  devenu  l'un  des  plus 
remarquables  de  l'Europe  par  sa  bonne 
organisation. 

ROIS  DE  POLOGNE. 

FRÉDÉRIC-AUGUSTE  1",  roi  de  Po- 
logne 1  naquit  à  Dresde  en  1670  ,  de  Jean- 
George  III,  électeur  de  Saxe.  Il  eut  cet 
électoral  après  la  mort  de  Jean-George 
IV  ,  son  frère,  en  1G94.  Il  fil  ses  premières 
campagnes  contre  les  Français  en  1689  sur 
les  bords  du  Rhin,  et  y  donna  des  mar- 
ques de  valeur.  Choisi  en  1695  pour  com- 


FRE 

nvindcr  l'armée  chrclioimc  conire  les 
Turcs,  il  soutint  la  rcpuUiliiMi  do  bra- 
voure, et  cul  sur  eux  de  grands  avanlactis. 
Ayant  cmlirassé  la  roli(riun  catholique 
l'année  suivante ,  il  fut  élu  roi  de  Polouiic 
le  27  juin,  et  couronné  à  Cracovic  le  15 
septciMbre.  Il  avait  acheté  la  moitié  des 
5uffra{;es  delà  noblesse  polonaise,  et  forcé 
l'autre  par  l'approche  d  une  armée  saxon- 
ne .  qu'il  ne  tanla  pas  d'employer  contre 
Charles  XH.  11  se  jeta  d'abord  sur  la  Li- 
vnnic:  il  y  cul  quelques  succès  contre  les 
Suédois,  mais  ils  furent  suivis  de  plusieurs 
échec*.  Il  fut  obligé  de  lever  le  siège  de 
Biga ,  perdit  la  bataille  de  Clisso  w  et  celle 
de  Frawstadl  ;  et  après  une  pucrre  où  il 
avait  été  aussi  malheureux  que  brave  ,  il 
sit^na  la  paix  en  1706.  Par  ce  traité  il  fut 
dépouillé  de  la  couronne  de  Polotpae ,  que 
Charles  XII  avait  fait  donner  à  Stanislas 
Lcc7.inski,  en  1704.  Après  la  bataille  de 
Pultawa,  Frédéric-Auguste  remonta  sur 
le  trône ,  et  s'y  soutint  avec  honneur  jus- 
tju'à  sa  mort .  arrivée  en  1733.  Ce  monar- 
(|uc  avait  une  force  de  corps  incroyable; 
mais  il  était  plus  connu  encore  par  sa 
bravoure  et  surtout  par  sa  grandeur  d'àme 
dans  la  bonne  et  la  mauvaise  fortune.  Sa 
cour  était  la  plus  brillante  de  l'Europe , 
après  celle  de  Louis  XIV.  Il  signala  son 
régne  par  un  nouveau  code .  par  l'érec- 
tion de  différentes  chaires  académiques, 
p.Tr  la  fondation  d'un  gymnase  pour  la 
noblesse  à  Dresde ,  et  par  d'autres  etablis- 
semcns  qui  l'ont  inunortalisédans  le  cœur 
de  ses  suje's. 

FRÉDÉRIC-AUGUSTE  II ,  roi  de  Po- 
logne, lilsdu  précédent,  naquit  en  1696  , 
cl  parvint  au  trône  en  1734.  Les  dernières 
années  de  son  règne  furent  très  malheu- 
reuses. En  17.")6,  le  roi  de  Prusse  s'em- 
para de  la  Saxe  ,  qu'il  garda  jusqu'à  la 
paix  conclue  à  Hubertsbourg ,  le  15  fé- 
Nrier  1763.  Frédéric-Auguste  mourut  le 
.'>  octobre  du  la  même  année.  C'était  un 
prince  plein  de  bonté  et  de  générosité  ; 
mais  qui  ayant  des  voisins  puissans  né- 
gligea trop  le  soin  de  préparer  de  bonne 
bture  les  moyens  de  leur  résister. 

ROI  DE  StÈDE. 

FRÉDÉRIC,  prince  de  Hesse-Cassel , 
épousa,  le  i'i  avril  1713,  Ulrique  Eléo- 
norc ,  S'tur  de  Charles  XII ,  roi  de  Suède. 
Celle  princi-ssc.  après  la  mort  funeste  du 
conquérant  s«>n  frère ,  succéda  à  la  cou- 
ronne le  3  février  1719.  L'année  suivante 
elle  associa  «jn  époux  au  trône  avec  l'a- 
ient de»  état»,  et   Frédéric  fui  pro- 


S5I  II\E 

damé  roi  de  Suède  le  24  avril  1720.  Il  Ç\* 
la  guerre  aux  ItuHses,  qui  battirent  st -> 
troupes  en  plusieurs  rencontres,  et  motv 
rut  en  1731  ,  à  7oans,  sans  postérité. 

ELECTEUnS  DE  BRA:«nEBOi;RG. 


FREDEUIC-tUJILLAUME  DE  BRA\- 
DEBOCRG  .  surnommé  le  GraiiJ-KUc- 
<cur,  né  à  Berlin  en  1620,  fit  la  guerre, 
aux  Polonais  avec  avantage.  Elle  finit 
par  le  traité  de  Braunsberg  en  1657.  Dans 
la  guerre  de  1674  conire  Louis  XIV.  i; 
s'unit  avec  le  roi  d'Espagne  et  les  Hollan- 
dais. Il  marcha  dans  l'Alsace  avec  son  ar- 
mée ;  mais  il  fut  bientôt  contraint  de  la 
retirer  ,  pour  s'opposer  aux  Suédois  qui 
s'étaient  emparés  des  meilleures  places 
du  Brandebourg.  Frédéricles  mit  en  fuite, 
fit  une  descente  dans  l'île  de  Rugen ,  prit 
Fehrschanti ,  Stralsiuid ,  Gripswalde  ,  et 
fit  une  paix  avantageuse,  fruit  de  ses 
victoires.  Il  mourut  en  1688.  L'auteur  des 
Mémoires  de  Brandebourg  en  fait  ce  por- 
trait, ou,  pour  mieux  dire, ce  panégyri- 
que :  «  Frédéric-Guillaume  avait  toutes 
»  les  qualités  qui  font  les  grands  hommes  ; 
»  magnanime,  débonnaire  ,  généreux  . 
n  humain....  Il  devint  le  restaurateur  et 
»  le  défenseur  de  sa  patrie,  le  fondateur 
»  de  la  puissance  du  Brandebourg,   l'ar- 

»  bitre  de   ses  égaux Avec    peu    de 

»  moyens  il  fit  de  grandes  choses,  se  tint 
»  lui  seul  lieu  de  ministre  et  de  général , 
»  et  rendit  florissant  un  état  qu'il  avait 
■>  trouvé  enseveli  sous  ses  ruinçs.  »  Lors- 
que Frédéric  II  fit  transporter  les  corp- 
de  ses  ancêtres  dans  la  nouvelle  catln 
drale   de  Berlin,  il  voulut  voir  celui  de 
Frédéric-Guillaume,  son  bisà'ieul-  Après 
l'avoir  considéré   long-temps  en  silence 
et  les  larmes  aux  yeux,  il  le  prit  par  I 
main  et  dit  aux  assistans  :  <  Âlessieurs 
»  celui-ci  a  fait  beaucoup.  » 

FRÉDÉRIC  1",  électeur  de  Brande- 
bourg .fils  du  précédent,  naquit  à  Kœnig,'  - 
berg  en  1657.  Le  titre  de  roi  tentait  son 
ambition  ;  il  fit  négocier  en  1700  auprès 
de  Léopold,  pour  l'érection  du  duché  du 
Prusse  en  royaume.  L'empereur  avait 
refusé  ,  en  1695,  de  reconnaître  la  Prusse 
pour  un  duché  séculier  ;  mais  en  1700, 
Frédéric  lui  ayant  promis  du  secours 
contrôla  Fian<e.  il  ne  fit  aucune  diffi- 
culté de  la  reconnaître  pour  un  royaume. 
L'Ancletcrre  et  la  Hollande  furent  ga- 
gnées par  le  même  motif.  1^8  différend» 
entre  la  Suède  et  le  roi  de  Polr>gne  assu- 
rèrent le  consentement  de  f  I- 
ronnes,   qui    avaient  un    ii'  a 


FRE  2 

ménajcr  Frédéric;  enfin,  à  la  paix  d'U- 
trecht,  il  fut  généralement  reconnu 
comme  roi.  On  lui  confirma  en  même 
temps  la  possession  de  la  ville  de  Guel- 
dres ,  et  de  quelques  autres  de  ce  duché 
dont  il  s'était  emparé  en  1703.  Il  aug- 
menta encore  ses  états,  du  comté  de  Tck- 
lenbourg,  de  la  principauté  de  Neuchàtel 
et  de  Valangin.  Ce  prince  mourut  d'une 
frayeur  :  sa  troisième  femme  Lou^ise  de 
Mecklenbourg  était  tombée  en  démence  ; 
on  cherchait  à  le  cacher  au  roi;  mais 
un  jour  elle  enfonça  une  porte ,  et  se 
présenta  vêtue  de  blanc  et  tout  ensan- 
glantée devant  Frédéric  qui  dormait  :  à 
sa  vue ,  il  pensa  voir  le  Fantôme  blanc  , 
être  imaginaire  qui  d'après  une  tradition 
populaire,  apparaissait  dans  les  châteaux 
de  la  famille  de  Brandebourg,  peu  avant 
la  mort  d'un  prince  de  cette  niaison. 
Trois  semaines  après  Frédéric  était  mort  : 
c'était  en  1715.  Ce  prince  était  magni- 
fique et  généreux,  mais  c'éiait  aux  dé- 
pens de  ses  sujets  :  il  foulait  les  pauvres 
pour  engraisser  les  riches.  Sa  cour  était 
superbe ,  ses  ambassades  magnifiques  , 
ses  bàtimens  somptueux  ,  ses  fêtes  bril- 
lantes. Il  fonda  l'université  de  Halle, 
la  société  royale  de  Berlin,  et  l'aca- 
démie des  Nobles.  Il  dépensait  ordinai- 
rement sans  choix  l'argent  de  ses  peu- 
ples. Il  donna  un  fief  de  40  mille  écus  à 
un  chasseur ,  qui  lui  fit  tirer  un  cerf  de 
haute  ramure  ;  enfin,  pour  nous  servir 
de  l'expression  de  son  petit-fils ,  a  il  était 
»  grand  dans  les  petites  choses,  et  petit 
»  dans  les  grandes.  » 

ROIS  DE  PRUSSB 

FRÉDÉRIC-GUILLAUME  I"  (i),  roi 
de  Prusse ,  né  à  Berlin ,  le  15  août  1688 , 
était  fils  du  précédent;  il  commença  à 
régner  en  1713,  sous  les  auspices  favora- 
bles de  la  paix.  Toute  son  attention  se 
tourna  d'abord  sur  l'intérieur  du  gouver- 
nement. Il  rétablit  l'ordre  dans  les  finan- 
ces, la  police,  la  justice,  le  militaire.  De 
cent  chambellans  qu'avait  eus  son  père, 
il  n'en  retint  que  douze.  Il  réduisit  sa 
propre  dépense  à  une  somme  modique , 
disant  «  qu'  un  prince  doit  être  économe 
»  du  sang  et  du  bien  de  ses  sujets.  »  La 


(i)  Ce  serait  FhÉdÉRIC-GdillAUME  II,  si  l'on  comp- 
tait Frédéric-Guillaume  le  grand  électeur;  mais 
l'on  date  depuis  l'crcction  de  la  Prusse  en  royaume 
•—D'un  autre  côté  ,  il  faut  observer  que  t'est  l'usage 
de  cette  cour  de  considérer  l'ensemble  de  deux  noms 
•omrae  un  nom  différent  :  c'est  pourquoi  le  grand 
Frédéric  n'est  que  Frédéric  II. 


52  FRE 

bonne  administration  de  ses  finances  fit 
que  ,  dès  la  première  année  de  son  règne, 
il  entretint  50  mille  hommes  sous  les  ar- 
mes, sans  qu'aucune  puissance  lui  payât 
de  subsides.  La  France  et  l'Espagne 
avaient  enfin  reconnu  sa  royauté ,  et  la 
souveraineté  de  la  principauté  de  Neu- 
chàtel. On  lui  avait  garanti  le  pays  de 
Gucldres  et  de  Kessel ,  en  forme  de  dé- 
dommagement de  la  principauté  d'O- 
range ,  à  laquelle  il  renonça  pour  lui  et 
pour  ses  descendans.  Le  Nord  était  en  feu 
par  les  querelles  de  Charles  XII.  Frédé- 
ric ne  voulut  pas  s'en  mêler,  et  tandis 
que  ce  héros  soldat  perdait  ses  plus  riches 
provinces,  Frédéric  acquérait  la  baronie 
de  Limbourg  dans  la  Souabe.  Il  fut  enfin 
obligé  de  prendre  part  à  celte  guerre  ,  et 
de  se  déclarer  contre  le  roi  de  Suède , 
dont  les  procédés  et  les  hostilités  l'avaient 
d'autant  plus  irrité  ,  qu'il  ne  voulait  pas 
les  réparer.  Frédéric ,  forcé  de  se  défen- 
dre, ne  put  s'empêcher  de  s'écrier  :  «  Ah  ! 
»  faut-il  qu'un  roi  que  j'estime ,  me  con- 
»  traigne  à  devenir  son  ennemi?  »  Ses  ar- 
mes eurent  un  heureux  succès  ,  il  chassa 
les  Suédois  de  Stralsund  en  1715 ,  et  re- 
vint vainqueur  à  Berlin  ,  mais  sans  vou- 
loir permettre  qu'on  lui  élevât  un  arc  de 
triomphe.  En  méprisant  les  dehors  de  la 
royauté,  il  en  outrait  cependant  quelque- 
fois les  droits ,  et  se  rendait  maître  des 
propriétés.  C'est  ainsi  qu'il  abolit  en  1717 
tous  les  fiefs  dans  ses  états ,  et  les  rendit 
allodiaux.  L'année  suivante ,  il  borna  la 
durée  des  procès  criminels  à  trois  mois. 
Il  repeupla  la  Prusse  et  la  Poméranie  , 
que  la  peste  avait  dévastées.  Il  fit  venir 
des  colonies  de  la  Suisse ,  de  la  Souabe  et 
du  Palatinat,  et  les  y  établit  à  grands 
frais.  Beaucoup  d'étrangers  furent  appe- 
lés dans  ses  états.  Ceux  qui  établissaient 
des  manufactures  dans  les  villes ,  et  ceux 
qui  y  faisaient  connaître  des  arts  nou- 
veaux, étaient  excités  par  des  bénéfices, 
des  privilèges  et  des  récompenses.  Il  par- 
courait annuellement  toutes  ses  provin- 
ces ,  et  partout  il  encourageait  l'industrie 
et  faisait  naître  l'abondance.  Dès  l'an  1718, 
son  armée  montait  à  près  de  60  mille 
hommes,  nombre  excessif  pour  l'étendue 
de  ses  états  ;  mais  de  ce  mal  il  résulta 
quelque  bien  ;  l'argent  que  les  provinces 
payaient  à  l'état  leur  revenait  sans  cesse 
par  le  moyen  des  troupes.  Les  laines 
qu'on  Tendait  aux  étrangers  et  qu'on  ra- 
chetaitaprès  qu'ils  les  avaient  (lavaillées, 
ne  sortirent  plus  du  pays.  "Toute  l'armée 
fut  habillée  de  neuf,   régulièrement  tous 


FRE 


25S 


FRE 


le*  ans.  La  paiidi*  {7'20  lui  assura  lavilk» 
cl  la  principauté  dcSicttin.  KrtHloric  avait 
établi  sa  rcsiJonce  n  Pot/Alain  ,  maison  de 
plaisance,  dont  il  lit  une  belle  ville,  où 
fleurirent  les  arts.  Il  y  fonda  un  grand 
bùpHal  où  sont  entretenus  annuellement 
S.-SOO  enfans  de  soldais,  qui  peuvent  ap- 
prendre les  professions  auxquelles  leur 
génie  le»  détermine.  Il  établit  de  même 
un  liopital  de  tilles,  qui  sont  élevées  aux 
ou^  rages  propres  à  leur  sexe.  Il  aug- 
menta ,  la  même  année,  en  17t22 ,  le  corps 
des  cadets,  où  300  jeunes  gentilshommes 
apprenaient  l'art  de  la  guerre.  Tandis 
que  Frédéric  faisait  fleurir  ses  étals  au- 
dcdans,  il  les  soutenait  au  dehors.  Il  si- 
gna en  17-27  le  traité  de  Muslerhausen 
avec  l'empereur  ;  il  consistait  dans  des 
garanties  réciproques.  A  peine  ce  traité 
fut-il  conclu,  qu'il  pensa  s'allumer  une 
guerre  en  Allemagne  entre  les  rois  de 
Prusse  et  d'Angleterre.  Il  s'agissait  de 
deux  petits  prés  ,  situés  aux  contins  de  la 
vieille  iMarclie  et  du  duché  de  Zell,  et  de 
quelques  paysans  hanovriens  que  des 
ofliciers  prussiens  avaient  enrôlés.  Cette 
querelle  fut  pacifiée  dans  le  congres  de 
Brunswick.  L'année  1730  est  remarquable 
par  les  brouillcries  de  Frédéric  avec  son 
lils,  qui,  lie  de  bonne  heure  avec  les 
philosophes ,  et  lisant  leurs  livres,  n'a- 
vait pas  pris  les  maximes  qui  assurent  la 
paix  des  familles.  Le  roi  de  Prusse,  père 
tendre  mais  sévère  ,  l'envoya  prisonnier 
à  Cusfrin  sur  l'Oder,  et  ne  le  relâcha 
qu'après  les  prières  réitérées  de  l'empe- 
reur et  du  roi  d'Angleterre.  11  mourut  le 
31  mai  1740,  avec  tous  les  sentimens  de 
religion  qu'on  peut  avoir  hors  de  la  véri- 
table Eglise.  «  La  politique  de  Frédéric , 

>  dit  son  illustre  fils,  fut  toujours  insépa- 
»  rable  de  sa  justice.  Moins  occupé  à 
»  étendre  ses  états  qu'à  les  bien  gouver- 
»  nci  ,  circonspect  dans  ses  cngagemens  , 
»  vrai  dans  ses  promesses  ,  austère  dans 
'  »cs  mœurs ,   rigoureux  sur  celles  des 

•  autres,  scrupuleux  observateur  de   la 

>  discipline  militaire,  il  présumait  si  bien 

•  de  l'humanité  ,  qu'il  aurait  voulu  que 
»  SCS  sujets  fussent  aussi  sto'iques  que 
»  lui.  >  Il  n'aimait  pas  les  savans  ni  les 
poètes.  I4i  connaissance  de  i'hisloire , 
peut-être  celle  de  la  nature  humaine,  lui 
avait  persuadé  que  les  lettres  cultivées 
au-delà  d'un  certain  degré,  et  devenues 
d'un  usage  trop  général,  détruisaient  l'é- 
nergie des  nations  et  préparaient  la  chute 
des  empires;  et  c'est  peul-éire  à  la  con- 
duite qu'il  tint  à  cet  égard,  qu'il  faut  en 


partie  attribuer  la  gloire  du  règne  sui- 
vant, rot/ez  GIHALDI  (  Lii-io  ),  ROUS- 
SKAU  (  Jew-Jacquks.  )a  11  retarda  par 
■  là,  dit  l'abbé  Dcnina,  les  progrès  d'une 
B  philosophie  destructive  et  de  cet  esprit 
»  léger  qui  commençait  à  se  répandre  de 
•  son  temps.  C'était  à  l'éjwque  de  la  ré- 
»  gencc  du  duc  d'Orléans,  que  Frédério 
»  Guillaucne  montrait  tant  d'aversion  pour 
»  les  modes  et  les  muses  françaises.  C'é- 
»  tait  dans  ce  temps-là  que  les  Français  les 
»  plus  sensés  se  plaignaient  de  la  futilité 
»  qui  régnait  dans  la  littérature,  et  de  la 
»  corruption  du  goût  qui  gagnait  ample- 
»  ment.  »  Les  anecdotes  suivantes  achè- 
veront de  donner  une  juste  idée  de  son 
caractère.  Le  roi  et  le  prince  royal  (  de 
puis  Frédéric  II  ),  passant  quelques  jours 
à  Bonn,  l'électeur  Clément-Auguste,  de 
la  maison  de  Bavière,  les  traita  avec  toute 
la  magnificence  possible.  On  leur  donna 
entre  autres,  un  bal.  Frédéric-Guillaume 
était  toujours  fort  mal  habillé ,  car  il  por- 
tait un  uniforme  aussi  long-temps  qu'il  le 
pouvait  ;  et  quand  il  se  faisait  faire  un 
habit  neuf,  on  y  mettait  les  boulons  du 
vieux.  Le  prince  royal  n'était  guère  plus 
élégant  ;  d'ailleurs  il  était  fort  triste  ,  et 
ne  trouvait  aucun  plaisir  à  tous  les  diver- 
tissemens.  Le  roi  s'en  étant  aperçu  lui 
demanda  la  raison  de  sa  tristesse,  et  pour- 
quoi il  ne  dansait  pas.  Frédéric  baissa  les 
yeux  et  regarda  son  habit  tout  usé.  Mais 
le  vigoureux  monarque  répondit  en  lui 
appliquant  un  ample  soufflet  devant  toute 
la  compagnie  ;  et  le  poussa  au  milieu  de 
la  salle,  en  lui  disant  :  Allons,  allons  , 
marche!  Des  larmes  coulèrent  des  yeux 
du  prince  ;  mais  il  fallut  prier  une  dame  , 
et  danser  avec  elle.  Quand  Frédéric- 
Guillaume  avait  fait  sa  revue,  il  allait  se 
promener  à  pied  par  la  ville.  Alors  tout 
le  monde  s'enfuyait  au  plus  vite.  Il  ne 
pouvait  pas  souffrir  surtout  une  frmme 
dans  les  rues.  Quand  il  en  rencontrait 
quelqu'une,  il  la  renvoyait  chez  elle, 
avec  une  paire  de  soufflets  ,  ou  quelques 
coups  de  canne  ou  de  pied,  en  disant  ; 
«  Que  fait  ici  cette  gueuse?  Les  honnêtes 
»  femmes  restent  dans  leur  ménage.  »  Un 
beau  jour  d'été  ,  il  surprit  plusieurs 
femmes  qui  se  promenaient  derrière  la 
château  dans  une  place  publique  ,  nom- 
mée >ar</m  du  Roi.  ma.\i  qui  n'est  qu'une 
grande  place  d'exercice.  A  cette  vue ,  il 
appela  des  soldats  ,  envoya  dierchcr  des 
balais,  et  obligea  les  belles  dames  à  ba- 
layer la  place  pendant  une  demi-heure.  Il 
ne  pouvait  souffrir  que  les  ministres  <> 


FRE  2 

la  parole  île  Dieu  vinssent  voirla  parade  ; 
et  quand  il  en  apercevait  quelques-uns , 
il  les  envoyait,  à  coups  de  canne  ,  lire  la 
bible  et  faire  des  sermons.  On  a  publié 
la  Vie  de  Frédéric-Guillaume ,  en  2  vol. 
in-12  ,  1741.  C'est  un  ouvrage  très  médio- 
cre, fait  en  partie  sur  les  {jarettes  ,  mais 
plus  véridique  que  la  plupart  des  histoi- 
res modernes,  écrites  avec  l'emphase  du 
faux  esprit  philosophique. 

FRÉDÉRIC  ir  ,  roi  de  Prusse,  fils  du 
précédent,  né  le  2/».  janvier  1712,  succé- 
da à  son  père,  Frédéric-Guillaume  ,  le  51 
niai  17i0.  A  l'âge  de  18  ans ,  ce  prince  fut 
tellement  indigné  des  vexations  tyranni- 
ques  dont  il  était  l'objet ,  qu'il  voulut 
prendre  la  fuite  :  un  goût  naturel  pour 
les  lettres  et  les  arts  ,  développé  encore 
par  une  éducation  toute  française ,  lui 
avait  d'ailleurs  rendu  insupportable  la 
cour  de  son  père.  Aussi  en  1730  il  allait 
partir;  mais  son  projet  échoua  par  l'im- 
prudence d'un  offlcier  nommé  Katt ,  qui 
devait  être  le  compagnon  de  sa  fuite. 
Frédéric  eut  la  douleur  de  voir  exécuter 
ce  malheureux  jeune  homme  qu'il  aimait 
tendrement ,  et  fut  lui-même  condamné 
à  mort  :  il  passa  plus  d'une  année  dans 
an  emprisonnement  rigoureux  ,  resta 
éloigné  de  la  cour,  étudia  dans  la  retraite, 
et  ne  se  montra  guère  qu'en  1740  pour 
monter  sur  le  trône.  Il  entra  la  même 
année  en  Silésie  à  la  tête  d'ime  armée , 
pour  enlever  celle  province  à  l'héritière 
de  Charles  VI ,  et ,  par  une  de  ces  révolu- 
tions dont  la  politique  humaine  offre  tant 
d'exemples,  on  vit  le  successeur  du  plus 
fidèle  allié  de  l'Autriche,  tourner  sa  puis- 
sance contre  une  maison  long-temps  dé- 
fendue et  secourue  par  ses  ancêtres.  Il 
ne  trouva  qu'une  faible  résistance  ,  et  fut 
bientôt  maître  des  places  les  plus  consi- 
dérables. L'année  suivante,  le  9  avril,  il 
surprit  à  Molvitz ,  le  comte  de  Neipperg, 
commandant  2a  mille  autrichiens ,  et  le 
défit  entièrement,  quoique  le  général 
Bomer,  à  la  tète  de  la  cavalerie,  eût 
d'abord  culbuté  l'armée  prussienne.  Cette 
victoire  fut  suivie  de  celle  de  Czaslau , 
le  17  mai  1742  ;  mais  la  cavalerie  prus- 
sienne y  ayant  été  presque  détruite  ,  la 
paix  fut  signée  le  11  juin  à  Breslaw  ; 
le  comté  de  Glatz  en  Bohème  et  la 
basse  Silésie  furent  cédés  au  roi.  L'ex- 
trémité où  les  succès  de  Marie-Thérèse 
avaient  réduit  l'empereur  Charles  VII 
et  ses  alliés ,  engagea  le  roi  de  Prusse  à 
reprendre  les  armes.  Il  s'empara  de  Pra- 
gue le  16  septembre  1744  ;  mais  les  Hon- 


54  FRE 

grois  la  reprirent  le  17  novembre  de  la 
même  année.  La  victoire  remportée  à 
Friedberg,  le  24  juin  1745  ,  sur  les  Autri- 
chiens et  les  Saxons  ,  fut  suivie  d'un  nou- 
veau traité  de  paix  ,  conclu  le  23  décem- 
bre ,  où  les  cessions  précédentes  furent 
confirmées.  Depuis  cette  époque  ,  Frédé- 
ric s'appliqua  entièrement  au  gouverne- 
ment intérieur  de  ses  états ,  à  protéger 
le  commerce ,  à  établir  des  manufactu- 
res ,  embellir  les  villes  et  surtout  sa  capi- 
tale ,  élever  des  forteresses  ,  etc.  ,  jusqu'à 
ce  qu'en  17S6 ,  sur  le  soupçon  d'une  al- 
liance conclue  entre  le  roi  de  Pologne  et 
l'împératrice-rcine  ,  il  entra  brusquement 
en  Saxe ,  combattit  le  général  Brown  à 
Lowositz  en  Bohème ,  le  1"  octobre  1756, 
et  quoique  la  victoire  parût  indécise  , 
s'empara  peu  de  jours  après  de  toute  l'ar- 
mée saxonne  ,  composée  de  14,000  hom- 
mes ,  renfermée  dans  le  camp  de  Pyrna. 
L'année  suivante,  il  s'avança  jusqu'à  Pra- 
gue, donna  le  6  mai  une  bataille  sanglante, 
dans  lacpielle  ayant  rapidement  occupé 
un  vide  que  les  Autrichiens,  par  trop 
d'ardeur ,  avaient  laissé  dans  leur  centre  , 
il  obligea  une  partie  de  leur  armée  de  se 
retirer,  et  l'autre  d'entrer  dans  Prague. 
Il  assiégeait  cette  ville ,  lorsque  le  comte 
de  Daun  lui  présenta  la  bataille  à  Kolin  , 
le  18  juin.  Il  y  perdit  ses  meilleures  trou- 
pes. Ses  grenadiers  furent  repoussés  à  six 
reprises  différentes  ;  les  voyant  hésiter  à 
obéir  à  l'ordre  d'une  nouvelle  attaque ,  il 
accourut  en  personne  en  leur  criant  : 
Jf^oUet  ihr  dann  ewig  leben  7  (  Voulez- 
vous  donc  vivre  éternellement?)  Celte 
exhortation  singulière  les  fit  marcher  à 
une  septième  attaque ,  aussi  inutile  que 
les  précédentes.  Après  cette  défaite  ;  il 
leva  le  siège  et  évacua  la  Bohème.  Le  50 
août  de  la  même  année,  ses  troupes, 
commandées  par  le  général  Lehvald ,  fu- 
rent défaites  par  les  Russes  à  Gros-Jœ- 
gerndorff  dans  la  Prusse  Brandebour- 
geoise,  elle  7  septembre,  par  les  Autri- 
chiens sur  la  Neiss ,  dans  la  Lusace  ;  mais 
le  S  novembre  il  remporta  sur  les  Fran- 
çais la  fameuse  bataille  de  Rosbach.  11 
perdit  Schweidnilz ,  le  12  novembre ,  et 
son  armée  commandée  par  le  prince  de 
Beveren  ,  fut  défaite  à  Breslau  le  22  du 
même  mois ,  ce  qui  rendit  les  Autrichiens 
maîtres  de  cette  capitale  de  la  Silésie  ; 
mais  ils  la  perdirent  le  10  décembre,  après 
avoir  été  totalement  défaits  à  Lissa,  5 
jours  auparavant.  La  campagne  suivante 
s'ouvrit  par  le  siège  d'Olmutï ,  que  le  roi 
commandait  en  personne  ,  tandis  que  le 


FUE 

a)inlc  de  Daun  s'orcupail  h  former  une 
ariuoc  (car  la  défaite  de  Lt.s<«a  avait  pres- 
que anéanti  celle  qui  triompha  à  Kulin 
et  à  Brt'Slaw  ).  Ce  yéiiérnl  avan^'a  avec 
ces  nouvelles  traupcs,  intercepta  un  (jrand 
convoi  ;  et  celte  armée  ,  composée  pour 
ainsi  dire  de  recrues  ,  que  le  danpt'r  do 
Ja  patrie  avait  fait  accourir  de  toutes 
I>«r«s ,  força  le  roi  à  lever  le  sié(;e  de 
lettc  place  importante  (  i  ).  L'année  f75i< 
fut  remarquable  par  la  liataillc  donnée  à 
/^rnodorff  le  2j  août  ;  les  Russes  com- 
inandcs  par  le  général  Former,  et  les 
Prussiens  par  leur  roi ,  s'attribuèrent  éf^a- 
lement  la  victoire.  La  bataille  de  Hocli- 
Kirchen  fut  plus  décisive ,  le  camp  des 
l'russiens  .  leurs  tciiics  ,  leurs  baiïaces, 
tombèrent  au  pouvoir  du  comte  de  Daun  ; 
mais ,  ce  qui  est  plus  étonnant  qu'une  vic- 
toire ,  c'est  que  le  roi  complètement  battu, 
partit  comme  un  foudre  pour  la  Silésie  , 
et  fit  lever  le  siège  de  Neiss ,  qui  était 
sur  le  point  de  se  rendre.  L'année  1759  , 
l'armée  prussienne  fut  défaite  à  Zulli- 
cliau  le  2ô juillet  par  le  général  russe  Sol- 
f  ikow  ,  et  à  Kunncrsdorff  le  12  août  par 
le  même  général  et  un  corps  d'Autri- 
chiens, commandé  par  Laudon.  Dresde 
se  rendit  aux  Autrichiens  le  k  septem- 
bre ,  et  le»  Trussicns  tâchèrent  inutile- 
ment de  le  reprendre  en  17G0.  Ils  eurent 
plus  de  succès  au  combat  de  Peitx  ,  le  30 
octobre  1759  ;  mais  le  général  Finck  ,  s'é- 
lant  placé  avec  20,000  hommes  près  de 
Maxen  sur  un  plateau  commandé  de  toutes 
parts  ,  fut  environné  par  les  Autrichiens 
et  obligé  de  se  rendre  sans  tirer  un  coup 
de  fusil,  le  20  novembre  1759.  Le  général 
Fouquet  ne  fut  pas  plus  heureux  le  23 
juin  17G0  ,  ayant  été  battu  et  fait  prison- 
nier à  Landshut ,  par  Laudon  ,  cet  habile 


(0  Celte  ebierTilion  et  d'antre»  dn  m?nie  grnre 
pr«dairADl  prol-étre  ud  jour  dr.  çrandci  rfformei  dan» 
fétu  militaire  :  on  pensera  qu'une  ariorc  de  3o  i 
So.ooo  hororne»  de  Tirilles  Iroapei  peut .  en  peu  de 
B«ii ,  former  et  s'iocorporer  loo.ooo  recroei ,  et 
^n'une  telle  armée  eoœpojre  de  loldali  •aios  ,  ro- 
Laitet  et  de  bonne  volonté  ,  vaut  plot  Af  tfOo.ooo 
komraet  énerriff  daof  l'oiii'-.-te  ,  dam  la  eorrtiption 
Morale  et  phytique  :  Ir'lail  ^vmain  .  comme  dit  un 
komMe  d'eiprit ,  qui  périt  Iroi»  foi»  avant  qu'on  r.n 
ait  besoin.  I.e  génie  de  l'komanilé  ouvrira  peul-i^lrc 
on  jo-»r  les  yeoi  des  rois  sur  cet  important  oLjrt  ;  mais 
I»  politique  d'aujourd'hui  est  tonte  d'apparril,  et  rllc 
n'a  pont  de  calculs  ponr  lr«  moyens  qni  rendent  l'état 
fsraiîdable  uni  parade  et  i^ns  bruit.  Kt  d'ailleurs, 
«(■aad  les  genvetneraeni  crtsrronl  -  ils  de  consacrer 
dans  Iritrs  rclalinns  celte  immorale  et  odieuse  maiiree 
da  ^roi!  l :  rlu$  fort,  et  quand,  pr'nrtré»  du  sentirai  ni 
i>r  la  Hgnitr  hiimai'>e  ,  cesseront-ils  de  sersrr  a*ce  si 
p««  àl%  foéna^rmenl  le  sang  de(  peuplei f 


iî>3  FUE 

et  actif  militaire  ,  que  Fi  édéric  appelait  sa 
sentinelle ,  parce  qu'il  en  était  partout  ob- 
servé et  le  rencontrait  partout.  Lo  3  no- 
vembre ,  les  l'russiens  curent  leur  rr 
vanche  à  Torgau  ,  oii  I«  comte  de  Dan 
avait  d'abord  été  victorieux  ;  mais  les  Au- 
tri(  biens  ayant  abandonné  une  montagne 
que  le  général  Ziethcn  s'empressa  d'occu- 
per, l'honneur  de  cette  journée  resta  à  Fré 
déric.  Laudon  ayant  pris  Schwcidnit/. 
d'emblée  en  1761,  les  Prussiens  le  reprirent 
en  1762  après  un  siège  de  deux  mois.  Mais 
Colbi-rg  étant  tombé  au  pouvoir  des  Rus- 
ses ,  et  l'étal  menacé  de  toutes  parts,  Fré- 
déric avait  besoin  de  tout  son  courage 
potir  ne  pas  céder  aux  revers  ,  lorsque  la 
mort  de  la  czarine  Elisabeth  ,  arrivée  en 
1762.  changea  l'état  des  affaires,  et  amena 
la  paix  signée  à  Iluberl.sbourg  le  15  fé- 
vrier 17G3.  Le  résultat  de  ce  traité,  fruit 
de  tant  de  sang  inutilement  répandu  ,  fut 
que  tout  resterait  sur  le  pied  où  il  était 
avant  la  guerre.  Les  divisions  de  la  Po- 
logne ayant  inspiré  en  1772  aux  puissances 
voisines  le  projet  de  la  démembrer,  Fré- 
déric eut  pour  sa  part  la  Prusse  polo- 
nai.'îeet  quelques  autres  districts.  Les  pré- 
tentions que  l'impératrice  forma  sur  la 
Bavière  ,  après  la  mort  de  l'électeur  Maxi- 
milien-Joseph  en  1777 ,  rallumèrent  la 
guerre,  qui  dura  deux  ans  sans  qu'il  y 
ait  eu  de  part  et  d'autre  aucune  action 
d'éclat.  Par  le  traité  conclu  à  Teschen 
le  13  mai  1779,  on  ajouta  à  l'Autriche 
quelques  districts  de  la  Ravière  ,  et  la 
succession  de  Bareuih  et  d'Anspach  fut 
assurée  à  Frédéric.  Ce  monarque  était 
occupé  à  former  une  ligue  qu'il  croyait 
nécessaire  à  la  sûreté  et  à  Icquilibre  du 
l'Allemagne,  lorsque  la  diminution  sen- 
sible de  SCS  forces  l'avertit  que  la  fin  de 
son  règne  n'était  pas  éloignée  ;  une  hy- 
dropisie,  qui  se  joignit  a  cet  épuisement, 
avança  sa  tnort  et  l'enleva  à  Sans-Souci . 
près  de  Potidam ,  le  17  août  1786,  dan» 
sa  75'  année.  Il  avait  épousé  Eliiabeth- 
Christine  de  Brunswick,  nièce  de  l'im- 
pératrice ,  épouse  de  Charles  VI ,  dont  il 
n'etit  point  d'enfans.  {l'oyez  MAHIE- 
THÉRESE,  LOI  IS  XV,  BROWN,  DAl>. 
CHARLF:S-ALEXANDRE,  etc.  )  Un  génio 
vaste,  vif  et  rapide  ,  une  étendue  de  vuen 
qui  embrassait  tout,  une  promptittulo 
qui  réunissait  presqn'au  même  instant  lu 
projet  et  l'exécution  :  la  science  de  k 
guerre  portée  à  f-nn  romble;  «ne  vto 
dure,  agissante.  inratic-^l>lc  ;  un  fond* 
inéptiisiible  de  ressources  personnelles  et 
jioliliqtics  dans  les  circonstance»  le»  plu» 


FRE  2 

pénibles  ;  une  administralioa  ferme,  cffale, 
conséquente ,  seront  toujours  des  idées 
allachées  au  nom  de  Frédéric  II.  Il  aima 
les  sciences  et  les  arts ,  il  les  cultiva  lui- 
même  ,  fui  l'ami  et  le  Mécène  des  savans. 
S'il  se  trompa  quelquefois  sur  l'objet  de 
ses  bienfaits ,  si  de  l'encouragement  gé- 
néral il  est  né  quelquefois  un  excès  de 
confiance,  si  la  licence  et  l'audace  ont 
usurpé  le  nom  de  liberté ,  c'est  qu'il  est 
bien  difficile  à  la  prudet^f^e  humaine  de 
faire  le  bien  sans  rnélange  ,  et  d'atteindre 
exclusivement  le  but  qu'elle  se  propose. 
Ceux  qu'on  appelle  aujourd'hui  philoso- 
phes l'ont  regardé  comme  leur  appui  ; 
mais  on  sait  avec  quelle  sévérité  il  les 
châtiait  quand  leur  vanité  et  leur  égoïsme 
osaient  compromettre  sa  protection  ,  et  à 
quel  point  leur  chef  éprouva  son  ressen- 
timent. Son  zèle  pour  la  justice  a  pu  s'é- 
garer dans  sa  route,  par  la  célérité  et 
l'ardeur  avec  lesquelles  il  l'a  quelquefois 
poursuivie  ;  mais  si  dans  le  flegme  de  la 
réflexion  et  la  lenteur  des  formes  judi- 
ciaires le  magistrat  peut  s'abuser,  ne  ju- 
geons pas  trop  sévèrement  le  monarque 
dont  la  puissance  ne  prescrit  pas  contre 
l'erreur.  Un  état  militaire  égal  à  celui  des 
plus  grandes  monarchies  ,  l'obligea  à  tirer 
de  ses  provinces  des  subsides  propor- 
tionnés à  une  si  vaste  dépense  ,  à  établir 
tin  ordre  de  finances  qui  semblait  pres- 
surer le  peuple  :  mais  dans  toutes  les  oc- 
casions il  venait  à  son  secours  :  les  villes 
et  les  provinces  ne  réclamaient  jamais 
en  vain  le  trésor  public;  il  respecta  la 
propriété ,  les  possessions  civiles  et  reli- 
gieuses ,  comme  un  dépôt  sacré  confié  à 
sa  défense.  Trop  judicieux  pour  s'en  tenir 
en  fait  de  religion  à  l'inconséquence  des 
principes  protestans  ,  il  fut ,  comme  tous 
les  savans  destitués  de  la  lumière  de  la 
■vraie  foi,  dans  un  état  d'indécision  et  de 
perplexité  ;  mais  la  nécessité  et  l'impor- 
tance de  la  religion  en  général  lui  étaient 
connues.  Il  aima  ,  il  protégea  les  catholi- 
ques ,  conserva  leurs  églises,  leurs  prê- 
tres ,  et  ne  permit  point  qu'on  donnât  la 
moindre  atteinte  à  leurs  usages  ,  à  l'ordre 
et  à  la  pompe  de  leur  culte.  Tous  les  étran- 
gers admirent  le  beau  temple  qu'ils  ont 
iJevc  à  Berlin  sous  ses  auspices.  Il  était 
vivement  touché  de  la  majesté  de  leurs 
cérémonies,  et  surtout  de  la  pompe  im- 
posante du  sacritice.  Un  jour  qu'il  avait 
assisté  à  la  grandmesse  chantée  dans  la 
cathédrale  de  Breslaw  par  le  cardinal  de 
Ziuzendorff ,  il  dit  à  ce  prélat  :  «  Les  cal- 
*  vinistes  traitent  Dieu  comme  ixn  servi- 


:j6  FRE 

»  leur,  les  luthériens  ,  comme  leur  égal , 
»  mais  les  catholiques  le  traitent  en 
»  Dieu,  n  Vers  la  fin  de  son  règne  ,  ayant 
appris  qu'une  secte,  auparavant  peu  con- 
nue en  Allemagne,  et  qui  partout  se  faisait 
passer  pour  un  fantôme  ^  faisait  des  ra- 
vages à  Brunn  et  à  Olmutz  ,  il  prit  toutes 
les  précautions  convenables  pour  en  pré- 
server le  clergé  de  ses  états.  On  lui  a  re- 
proché d'avoir  profité  de  la  faiblesse  de 
l'Autriche  pour  conquérir  une  de  ses  pro- 
vinces ,  d'avoir  ravagé  et  épuisé  la  Saxe , 
d'avoir  réglé  sur  l'esprit  de  conquête  et  la 
gloire  des  combats,  des  démarches  que  la 
morale  chrétienne  et  la  rigueur  du  droit 
font  dépendre  d'autres  principes;  mais 
«  quel  est  le  prince,  dit  le  maréchal  de 
»  BerAvick  dans  ses  excellens  mémoires  , 
i>  quelle  est  la  nation  qui  puisse  se  vanter 
»  d'avoir  toujours  préféré  la  bonne  foi  et 
»  la  justiceà  ses  intérêts?  Iln'est  question 
»  que  d'un  peu  plus  ou  d'un  peu  moins  : 
»  car  l'on  peut  avancer  hardiment,  qu'il 
»  semble  que  la  religion,  l'équité  et  la  pa- 
»  rente  ne  sont  plus  présentement  des 
»  motifs  qui  fassent  impression  ;  et  que 
»  pour  satisfaire  son  ambition  et  se  pro- 
»  curer  quelques  avantages,  l'on  se  croit 
B  tout  permis.  »  Tout  cela  peut  être ,  et 
n'est  effectivement  que  trop  vrai;  mais 
dans  les  jugemens  moraux  ,  ce  n'est  pas 
sur  ce  qui  est  généralement  pratiqué,  que 
le  sage  se  règle,  mais  sur  ce  qui  doit  être 
pratiqué.  L'équité  n'eût-elle  plus  qu'un 
seul  partisan,  n'en  eùt-oJile  aucun,  c'est  sur 
clle.sur  elle  seule,  sur  ses  droits  invariables 
et  imprescriptibles,  que  l'homme  de  pro- 
bité, que  l'homme  chrétien  se  décide 
pour  distribuer  la  louange  et  le  blâme. 
Nous  ne  rassemblerons  pas  ici  tous  les 
traits  de  ce  monarque  célèbre.  Les  por- 
traits des  rois  guerriers  surtout  ne  peu- 
vent acquérir  qu'avec  le  temps  le  mérite 
d'une  ressemblance  parfaite.  Il  est  des 
traits  qui  doivent  être  aperçus  de  loin 
pour  faire  leur  véritable  effet  dans  l'en- 
semble ;  il  est  des  couleurs  trop  vives  ou 
trop  foncées ,  que  le  temps  doit  réduire  à 
des  nuances  convenables.  Si  l'admiration 
a  ses  excès ,  la  censure  a  les  siens.  Si  la 
personne  des  monarques  s'illustre  par  des 
faits  éclatans,  la  gloire  des  actions  publi- 
ques est  quelquefois  obscurcie  par  des 
bruits  sourds  que  l'indiscrétion  répand 
sur  la  conduite  personnelle.  Quelques 
anecdotes  suppléeront  à  l'ensemble  d'un 
portrait  complet.  Frédéric  aimait  les  re- 
parties libres ,  et  s'en  offensait  rarement, 
surtout  quand  elles  étaient  promptes  el 


FBE 


t57 


FI\E 


vives ,  et  qu'il  y  avait  donné  lieu.  Dans 
une  revue,  ayant  aperçu  vu»  officier  qui 
avait  une  balafre  ,  il  lui  dit  :  «  A  quoi  ca- 

■  barcl  avc7.-vous  .itlrnpc  cela?  A  Koliu, 
»  répondit  celui-ci ,  où  Votre  iMajeslc  a 

■  paye  l'écol.  •  (  Le  roi  avait  tté  complè- 
tement batlu  à  Kolin.  )  —  l'ar  le  parla{;e 
de  la  Pologne  et  la  prise  de  possession  du 
roi.  l'é  vèquc  do  Warmic  perdit  une  grande 
partie  de  ses  revenus.  Ce  prélat,  que  Fré- 
déric aimait  beaucoup,  étant  venu,  en 
1776,  lui  rendre  ses  devoirs  à  Tol?.- 
dam  ,  le  monarque  lui  dit  :  «  Il  est  impos- 
»  siblc  que  vous  ni'aimicï.  »  L'évéquc  ré- 
pondit qu'il  n'oublierait  jamais  les  de- 
voirs d'un  sujet  envers  son  souverain. 

•  Pour  moi ,  dit  le  roi,  je  suis  vraiment 
»  votre  aiiii ,  cl  j'ai  beaucoup  compte  sur 
»  votre  amitié.  Si  saint  Pierre  me  rcfu- 
»  sait  un  jour  l'entrée  du  Paradis,  j'es- 
»  père  que  vous  auriez  la  bonté  de  m'y 

•  porter  sous  votre  manteau,  sans  que 

■  personne  s'en  aperçoive.  »  «  Cela  sera 
»  difllcile  ,  reprit  l'évéque  ,  car  votre  ma- 
»  jcsté  me  l'a  tellement  ro{;né,  que  je  ne 
»  pourrai  jamais  y  cacher  de  la  conlre- 
»  bande.  »  Le  roi  se  mit  à  rire  et  prit  fort 
bien  la  plaisanterie.  —  Soupant  un  jour 
avec  l'abbé  Basliani ,  un  des  italiens  qu'il 
avait  souvent  auprès  de  lui,  Frédéric  lui 
dit  :  «  Quand  vous  aurez  obtenu  la  tiare 

■  (  car  je  ne  doute  pas  que  vos  vertus  ne 
»  vous  la  procurent  un  jour  ) ,  comment 
»  me  rccevrez-vous,  lorsquej'irai  à  Rome 
»  pour  vous  rendre  mes  hommages  ?  Je 
»  dirai,  répondit  l'abbé  ,  qu'on  laisse  en- 
»  trer  l'aiffle  noir,  afin  qu'il  me  couvre 
»  de  ses  allés  ,  mais  en  même  temps  je 
»  me  garderai  de  son  boc.  »  —  Un  anglais 
causait  un  jour  avec  le  roi  de  Prusse  sur 
les  débats  du  parlement  d'Angleterre. 
Frédéric,  se  plaignant  du  peu  de  ressort 
de  l'autorité  royale  dans  le  royaume  bri- 
tannique ,  dit  :  «  Oh  !  si  j'étais  roi  d'An- 
»  gletcrre...  »  «  Sire  ,  dit  l'anglais ,  en  l'in- 
»  terrompant ,  si  vous  étiez  roi  d'Angle- 
»  terre ,  vous  ne  le  seriez  pas  vingt-quatre 

■  heures.  »  —  On  sait  que  le  roi  faisait 
battre  une  grande  quantité  de  petite  mon- 
naie de  mauvais  aloi ,  que  l'on  nommait 
pièces  de  six  pfennings.  On  payait  avec 
ces  pièces  les  suidais ,  les  ouvriers,  et  une 
partie  des  pensions  des  officiers  civils  et 
militaires  ;  mais  à  aucune  caisse  royale  on 
ne  recevait  ces  six  pfennings  ,  de  sorte 
que  le  roi  attirait  le  bon  argent  dans  ses 
coffres  pour  n'en  ressortir  jamais,  cl  dis- 
tribuait parmi  le  peuple  cette  mauvaise 

qui  ne  rentrait  plus  dans  ses 


coffres.  Un  jour  Frédéric,  pa<i»nnt  à  Pof? 
dam  devant  la  porte  d'un  boulanger  ,  I 
voit  disputer  avec  un  paysan  ;  il  demand 
ce  que  c'est ,  on  lui  dit  que  le  boulanger 
veut  payer  en  six  pfennings  du  blé  qu'il 
a  acheté  du  paysan  ,  et  que  ce  dernier  re- 
fuse de  prendre  celle  monnaie.  Frédéric 
s'avance  et  dit  au  paysan  :  «  Pourquoi  ne 
»  veux-tu  pas  prendre  celte  monnaie?»  Le 
paysan  regarde  le  roi,  et  lui  répond  avec 
humeur  :  «  La  prends-tu,  toi?  »  Le  roi  no 
répondit  pas  un  mol ,  et  passa  son  che- 
min. —  Un  jeune  officier  quittait  quel- 
quefois son  uniforme ,  quoique  cela  fût 
défendu  sévèrement,  et  metlait  un  habit 
vert,  pour  aller  à  quelques  parties  de 
plaisir.  Un  jour  qu'il  croyait  le  roi  ab- 
sent ,  il  va  ,  ainsi  vêtu  ,  se  promener  avec 
sa  maîtresse  dans  les  jardins  de  Sans- 
Souci.  Au  détour  d'une  allée  ,  il  aperçoit 
le  roi,  qui  le  reconnaît  à  son  épée  qu'il 
avait  eu  l'imprudence  de  garder.  Qui  étcS'. 
vous?  lui  dit  Frédéric.  «  Sire ,  répond  hi 
»  jeime  homme ,  en  se  remellant  de  sa 
»  frayeur  ,  je  suis  un  officier,  mais  je  mo 
»  promène  ici  incognito.  »  Le  roi  se  mit  à 
rire  et  lui  dit  :  «  Eh  bien  !  prenez  gardo 
»  que  le  roi  ne  vous  voie ,  »  et  il  passa 
son  chemin.  —  Cependant  cette  indul- 
gence de  Frédéric  à  l'égard  de  la  liberté 
des  reparties  ,  avait  des  exceptions  ;  quel- 
quefois il  en  prenait  de  l'humeur  ,  et  ne 
pouvait  s'empêcher  de  la  témoigner,  et  il 
reste  toujours  vrai  en  géHcral  qu'il  n'est 
pas  bon  de  rire  avec  les  rois.  *  Frédéric, 
>  dit  l'auteur  de  sa  vie  ,  aimait  à  railler 
oies  autres,  et  la  plaisanterie  lui  était 
»  désagréable ,  lorsqu'il  en  était  l'objet. 
»  Quand  il  voyait  un  médecin,  la  prc- 
B  mière  chose  qu'il  lui  demandait,  c'était 
»  le  nombre  des  personnes  qu'il  avait  cn- 
»  voyées  dans  l'autre  inonde.  L'un  d'eux 
»  lui  répondit  :  Pas  tant  que  vous ,  Sire. 
»  Il  lui  tourna  le  dos  et  ne  lui  reparla  de 
»  sa  vie.  »  —  Ce  qui  avait  irrité  Frédéric 
contre  Voltaire  ,  c'est  que  Mauperluis  lui 
avait  raconté  l'anecdote  suivante,  l'n 
jour  que  le  général  Manslein  était  dans  la 
chambre  de  Voltaire .  où  celui-ci  corri- 
geait le  style  des  Mémoires  sur  la  Russie. 
composés  par  cet  officier ,  lo  roi  lui  en- 
voya une  pièce  de  vers  de  sa  façon  à  exa- 
miner. Voltaire  renvoya  Manslein.  en  Ini 
disant  :  «  Mon  ami,  à  une  aulre  fois; 
»  voilà  le  roi  qui  m'envoie  son  linge  sa! 
Ȉ  blanchir,  je  blanchirai  le  \oti 
.  après.  »  —  La  Mélrie  ayant  dit  au  i 
qu'on  étail  bien  jaloui  de  la  faveur  cl  <1 
la  fortune  de  Voltaire ,  il  rt  pondit  :  •  Lai- 
•n. 


FRE  2 

0  sez  faire  :  on  presse  l'orange  ,  et  on  la 
»  jette  quand  on  en  a  avalé  le  jus.  »  «  Fré- 
»  déric ,  ajoute  son  biographe,  n'eut  ja- 
»  mais  d'autre  dessein  que   de  faire  cor- 
»  riger  et  publier  ses  ouvrages  ,  par  cet 
»  auteur  à  la  mode.  »  —  Lorsque  l'abbé 
Raynal  vint  à  Berlin  ,  Frédéric  demanda 
à  le  voir  ,  et  se  vengea  par  une  petite  mé- 
chanceté  du  passage    de  Ylfisloire   des 
deux  Indes  j  où  il  n'était  pas  ménagé.  Le 
Toi  lui  parla  de  son  Histoire  du  Stathou- 
derat  et   de  ses    Mémoires  historiques . 
et  affecta  de  ne  lui  pas  dire  un  mot  de 
\ Histoire  des  deux  Indes.  L'abbé  lui  dit  : 
o  Sire,  j'ai   fait   encore  quelques  autres 
»  ouvrages.  —  Je  iie  les  connais  pas,  lui 
«  répondit  Frédéric  ;  »  et  il  parla  d'autre 
chose.  On  prétend  que  l'abbé  n'aurait  pas 
refusé  la  place  de  président  de  l'académie 
si  on  la  lui  eût  offerte  ;  on  en  toucha  quel- 
que chose  à  Frédéric ,  qui  rejeta  la  pro- 
position bien  loin.  Il  écrivit  en  même 
temps  une  lettre  à  d'Alcmbert ,  où  il  di- 
sait les  plus  belles  choses  de  l'abbé  Ray- 
nal ;  mais  dans  les  petits  soupers  on  le 
traitait  de  fanatique  et  dedécla/nateur.  — 
Frédéric  se    moquait  de  son  académie, 
qu'il  avait  appris  à  connaître  par  toutes 
ses  guerres  intestines,  aussi  bien  que  par 
la  bizarrerie  et  la  contradiction  de  ses  ju- 
gemens.  «  Un  jour,  dit  l'auteur  de  sa  f^ie^ 
»  il  voulut  s'assurer  si  les  louanges  que 
V  les   académiciens   prodiguaient    à   ses 
»  Mémoires  étaient  bien  sincères.  Pour 
»  cet  effet ,  il  lit  passer  au  secrétaire  per- 
»  pétuel  un  manuscrit  de  sa  façon ,   en 
»  cachant  soigneusement  d'où  il  venait. 
»  Soit  oubli  ou  négligence  ,  il  n'en  fut  fait 
»  aucune  mention.  Au  bout  de  quelque 
»  temps,  le  nom  de  l'auteur  transpira,  et 
»  les  louanges  recommencèrent ,  mais  on 
»  prétend  que  Frédéric  répondit  :  Fous 
«  77i'avez  appris  ce  que  je  dois  penser  de 
»  vos  suffrages.  »  —  Ce  qui  pouvait  un 
peu  consoler  l'académie  ,  c'est  que  les  ju- 
gemens  de  Frédéric  n'étaient  quelquefois 
pas  mieux  motivés.  «  Avant  que  Voltaire 
»  eût  avoué  au  roi  qu'il  avait  fait  la  Pu- 
»  celle   d'Orléans^   Frédéric    prétendait 
«  que  c'était  faire  injure  au  plus  bel  es- 
«  prit  de  la  France  ,  que  de  lui  attribuer 
y  ce  qu'il  appelait  une  infâme  rapsodie. 
»  Quand  on  sut  que  Voltaire  en  était  l'au- 
■  teur,  il  se  la  fit  lire  par  d'Algarotti,  et 
»  dit  :  Ce  n'est  pas  cela  que  j'avais  lu  ; 
»  ceci  est  charmant,  il  n'xj  a  que  Voltaire 
»  capable  de  faire  un  si  bel  ouvrage.  L'é- 
»  tait  le  même  ouvrage ,  mais  les  noms 
»  en  imposent.  »  Le  roi  répara  en  quel- 


a8  FKE 

que  sorte  cette  inconséquence  par  les  vers 
suivans  ,  où  la  Pucelle  sert  de  pendant  à 
Candide . 

Candide  est  un  pclit  vaurien  , 
Qui  n'a  ni  pudeur  ni  cervelle  ; 

A  ces  Irails  on  le  connaît  bien 

Fiàe  cadet  de  la  Facflle. 

I.eur  vieux  p.ipa  ,  pour  rajeunir. 

Donnerait  une  belle  somme  : 

Sa  jeunesse  va  revenir  , 

Il  fait  des  œuvres  de  jeune  liomire. 

Tout  n'est pn s  hien  :  lisez  l'écrit  , 

La  preuve  en  est  à  chaque  page  : 

"N'ous  le  verrez  en  cet  ouvrage  , 

Où  /oa/  es/  mal ,  comme  il  le  dit. 

Quand  Frédéric  eut  bien  apprécié  sea 
académiciens,  non-seulement  il  en  fit  son 
jouet,  mais  «  il  encouragea,  dit  l'auteur  de 
»  sa  Vie^  les  plaisanteries  que  Ion  fit  con- 
«  tre  eux,  et  donna  même  le  plan  d'un 
»  ouvrage  critique  sur  leurs  Mémoires. 
»  Quand  il  les  faisait  venir,  c'était  souvent 
»  pour  se  moquer  d'eux.  Il  appelait  l'un 
»  son  Montesquieu ,  un  autre  son  d'Alem- 
»  bert ,  un  troisième  son  Fontenelle.  Les 
n  bons  académiciens  faisaient  de  profon- 
»  des  révérences,  et  allaient  raconter  ces 
»  beaux  complimens  à  leur  retour  à  Ber- 
»  lin,  pendant  que  Frédéric  riait  de  leur 
j)  crédulité  et  s'applaudissait  de  son  per- 
»  sifflage.  Il  y  a  dans  une  ville  de  Suisse 
»  un  homme  employé  à  la  poste  aux  let~ 
»  très,  qui  a  été  académicien  de  Berlin. 
»  Il  ne  manque  pas  pour  se  donner  du 
j>  relief ,  de  faire  parade  do  ce  titre.  Un 
»  plaisant  lui  disait  un  jour  :  p'ous  n'avez 
»  guère  changé  d'état  ;  vous  étiez  homme 
»  de  lettres;  maintenant  vous  êtes  V homme 
»  au.x  lettres.  Un  autre  suisse  ,  aussi  mem- 
»  bre  de  l'académie  de  Berlin ,  a  postulé 
»  dans  sa  patrie  une  place  d'espèce  de 
»  massier.  qui  porte  la  livrée  de  l'état.  Il 
»  n'a  pas  réussi,  et  a  été  obligé  de  rester 
»  à  Berlin  (  i  ).  »  —  Après  le  départ  de 
Voltaire,  Frédéric  défendit  les  plaisan- 
teries irréligieuses;  et  causant  un  jour 
avec  la  comtesse  de    Camas,   il  lui  dit 


(i)  On  ne  peut  s'empècber  de  faire  ici  une  re'Sexion 
aussi  frappante  par  ta  vcritc  ,  qu'humiliante  pour  les 
petits  esprits  ,  qui  se  croient  savans,  parce  qu'ils  sont 
membres  d'un  corps  réputé  scientifique.  Si  soui  Ici 
yeux  d'un  roi  qui  se  connaissait  en  hommes  ,  et  sur- 
tout e:)  hommes  de  lettres  ,  qui  voulait  s'illustrer  par 
les  sciences  ,  par  les  secours  et  l'éclat  qu'il  leur  don- 
nait ;  si ,  dis-je  ,  sous  les  yeux  et  .i  la  nomination  im- 
médiate d'un  tel  prince,  de  semblables  personnage! 
ont  obtenu  àtijaulfuils,  que  penser  des  académicien* 
àr%  autres  pays  ,  que  penser  de  ce  genre  d'honneur  en 
général,  que  penser  de  cea»  qui  l'ambitionnent  ? 
l'oyez.  l'wow  ,  MuRAToai     PiissK  (  Armand  ). 


FRE  2 

qu'il  eslini.TÏl  forl  heureuses  los  personnes 
<!  Il  pouvaient  eroirc  les  vérités  de  la  rc- 
1  ;;ion  ;  mais  que  jjour  lui,  ayant  une  fois 
Vrisson  parti,  il  ne  pouvait  plus  clian{îer; 
€  car,  ajouta-t-il.siines  sujets  me  voyaii-nt 
»  maintenant  aller  a  ré(Tlise,  ils  se  moque- 
»  raient  de  moi,  et  m'accuseraient  de  fai- 
»  blcse.  —  Non,  Sire,  lui  répondit  M™'  de 
»  Camas,  on  les  verrait  verser  des  larmes 
»  de  joie.  »  —  Nous  Unirons  tous  ces  dé- 
tails par  le  jugement  qu'un  écrivain  connu 
xient  de  faire  de  l'administration  de  Fré- 
déric, à  l'occasion  du  pané{;yrique  de  ce 
prince ,  publié  par  l'auteur  de  l'J-Jssai 
relierai  lie  tactique.  «  Depuis  cette  guerre 

•  de  sept  ans,  les  forces  de  Frédéric  n'ont 
»  guère  servi  qu'à  maintenir  la  paix  en 
»  Europe ,  en  épouvantant  ceux  qui  se- 
»  raient  tentés  de  la  troubler.  Dans  ce 
»  long  repos ,  il  restait  au  roi  de  Prusse  à 
»  acquérir  une  autre  gloire  qui  eût  expié 
»  cette  gloire  du  guerrier  qui,  comme  le 
i»  dit  Montesquieu ,  laisse  toujours  uiie 
»  grande  dette  à  payer  à  l'humanité.  Je 
»  parle  de  la  gloire  de  grand  administra- 
»  leur  et  de  grand  législateur.  Le  pané- 
»  gyriste  de  Frédéric,  attaché  à  la  mé- 

•  moire  de  ce  grand  homme  par  quelque 
»  rapport  secret  de  goût  et  de  génie,  vou- 
■  drait  bien  ,  après  en  avoir  fait  le  pre- 
»  mier  des  rois  guerriers,  lui  assigner  cn- 
»  core  une  des  places  les  plus  honorables 
»  parmi  les  monarques  administrateurs 
»  et  législateurs.  Il  parait  que  les  esprits 
»  les  plus  éclairés  de  l'Kurope  résisteront 
»  beaucoup  à  ce  jugement  :  ce  n'est  i)as 
»  que  le  panégyriste  dissimule  les  repro- 
»  chesqui  ont  été  faits  à  son  héros,  mais 
»  il  en  atténue  trop  quelques-uns,  et  il 
»  voudrait  trop  balancer  les  autres  par 
»  quelques  biens  particuliers,  ouvrage  de 

l'ordre  cl  de  l'économie  du  roi  de  Prusse. 
»  Si  on  le  considère  comme  législateur, 
»cc  Code  Frédéric  ^  auquel  il  a  permis 
>  qu'on  donnât  son  nom  .  ne  méritait  pas 

•  de  le  porter. Ce  n'est  guère  qu'un  extrait 
»  du  droit  romain ,  qui  n'est  pas  au-dessus 
»  du  livre  de  notre  Domat.  Tous  les  dé- 
»  fauts  des  lois  romaim-s  y  sont ,  au  nom- 
»  brc  près,  parce  qu'on  a  tout  abrégé  ;  et 
»  il  est  douteux  qu'on  y  ait  ajouté  une 
»  seule  grande  vue  de  législation  ;  car  ce 

•  n'en  csl  pas  une  que  cet  amour  de  sim- 

•  plicitcct  de  rapide  exécution,  qui  tient 

•  bien  plus  à  l'esprit  militaire  qu'à  l'esprit 
»  lc,;i^latciir.  Si  on  le  considère  comme 
D  administrateur,  l'indexible  équité  or- 
»  donne  de  porter  sur  sa  mémoire  un  ju- 

•  gemcnt  pluss^\ère  encore.  On  cite  les 


'>0  FRE 

n  terres  qu'il  a  fait  défricher,  les  »ablrf 
«qu'il  a    rendjis  fertiles,  les  nombreux 

•  villages  qu'il  a  élevés  ou  peuplés;  dci 
»  manufactures  par  lui  créées  ou  cncou- 
»ragé(s;  la  population  enfin  augmentée 
o  dans  son  royaume  ,  tandis  que  partout 
B  ailleurs  elle  a  beaucoup  de  peine  à  se 
»  soutenir  à  son  niveau.  Tous  ces  faits 
i>  peuvent  n'être  pas  assez  bien  établis;  ils 
»  peuvent  avoir  été  exagérés  ;  et  quand 
»  ils  seraient  tous  vrais  et  tous  exacts,  l'ad- 
»  ministralion  du  roi  de  Prusse  pourrait 
»  encore  avoir  été  très  vicieuse.  N'ayant 
»  aucune  cour,  aucun  faste  ,  avec  beau- 
»  coup  d'économie ,  il  a  dû  avoir  beau- 
»  coup  d'argent,  et  avec  de  l'argent  il  a  pu 
»  faire  des  établissemeiis  utiles  :  il  en  a 
»  fait.  Mais  ce  qu'un  roi,  tel  puissant  qu'il 
»  soit,  peut  faire  par  lui-même  ,  est  tou- 
»  jours  peu  de  chose  en  comparaison  de 
»  ce  que  ferait  sa  nation  ,  s  il  la  laissait 
»  libre  de  toute  géno  cl  de  toute  entrave, 
»  en  protégeant  seulement  son  industrie. 
»  Cent  mille  esprits  qui  méditent  con- 
»  stammcnt  sur  leurs  propres  hiférêls, 
»  voient  .toujours  beaucoup  plus  de  cho- 
»  ses  et  les  voient  mieux  qu'un  seul  homme 
B  de  génie  qui  médite  quelquefois  sur  les 
»  intérêts  des  autres.  Frédéric  avait  une 
»  manie  bien  indigne  dun  esprit  supé- 
»  rieur.  Il  voulait  tout  voir  et  tout  admi- 
»  nislrer  par  lui-même  ;  au  lieu  que  les 
»  grands  administrateurs,  éclairés  par  uti 
»  petit  nombre  de  principes  dont  ils  ré- 
»  pandenl  la  lumière  sur  leur  nation, 
»  sont  des  spectateurs  tranquilles,  et  non 
»  des  créateurs  uiquiets  dun  ordre  qui 
»  n'est  jamais  si  beau  ni  si  heureux  que 
»  lorsqu'il  s'établit  par  lui-même  sur  les 
1»  lois  éternelles  de  la  nature  des  choses  et 
»  des  hommes.  Le  bien  que  Frédéric  a 
B  fait,  est  celui  d'un  particulier  très  pui»- 
»  sant,  plutôt  que  l'œuvre  d'un  souverain 

•  qui  avait  du   génie  :  et  si  vous   touIcz 

•  prendre  une  juste   idée  du  méchant  sy- 

•  stème  d'administration  qu'i}  avait  em- 
»  brassé,  voyez  à  quelles  misérables  et 

•  honteuses  pratiques  ce  système  avait 
»  conduit  un  grand  homme  :  voyez  en 
■  quelle  estime  il  avait  pris  cet  art  de  nos 
»  finances,  dont  notre  désespoir  est  de  ne 

•  pouvoir  nous  délivrer;  voyez-le  travail 
»  1er  de  concert  avec  des  faux-monnaycurs 

•  qu'il  devrait  punir  du  dernier  supplice. 
»  et  faire  servir  son  effigie  à  attester  un 
»  mensonge  et  à  couvrir  une  fraude;  mul- 
»  tiplier  des  impôu  à  toutes  les  entrées. 
>  sur  tous  les  objets  do  consommation  .  et 
>M  persuader  encore,  comme  les  plus 


FRE 


260 


FRE 


I.  bornés  de  nos  politiques,  que  ce  qui  est 
t>  pris  sur  la  denrée  n'est  pas  pris  sur  la 
»  terre ,  que  ce  qui  est  pris  sur  les  mar- 
»  chandises  étrangères  n'est  pas  pris  sur 
»  les  nationaux  qui  les  achètent  :  voyez- 
»  le  porter  l'inspection  d'un  inquisiteur 
»sur  des  actions  abandonnées  à  la  liberté 
»  dans  les  empires  les  plus  despotiques; 
»  défendre  à  ses  sujets  riches  de  nnaricr 

•  leurs  filles  sans  sa  permission  :  leur  in- 
»  terdire  les  longs  voyages  ;  ne  pas  leur 
>  permettre   de  transporter   hors   de  la 

*  Prusse  leur  fortune  :  le  royaume  d'un 
»  roi  philosophe  semble  être  converti  en 
»  un  cloître.  Frédéric  oublie ,  ou  il  ignore 
»  que  la  liberté  est  la  chaîne  la  plus  forte 
»  qui  attache  les  hommes  dans  un  pays, 
»  et  il  croit  rendre  son  empire  florissant 
B  en  dépouillant  ses  sujets  des  droits  les 
»  plus  sacrés  de  la  nature.  Je  ne  croirai 
»  donc  pas  à  tout  ce  qu'on  a  dit  des  pro- 
»  spérités  de  son  peuple  ^  parce  que  je  ne 
p  crois  pas  aux  prospérités  des  esclaves  ; 
»  et  quand  même  ce  qu'on  en  a  dit  serait 
»  incontestable,  je  croirai  qu'avec  un  sys- 
»  tème  opposé ,  Frédéric  eût  fait  cent  fois 
»  plus  de  bien  encore.  Et  qu'on  ne  dise 
»  pas  que  j'oppose  un  principe  général  à 
»  un  fait  ;  ce  principe  général  est  fondé  sur 
»  des  faits  universels;  au  reste,  et  je  dois 
»  le  répéter,  le  panégyriste  du  roi  de 
»  Prusse  énonce  lui-même  presque  tous 
»  ces  reproches,  et  s'il  tâche  de  les  adoucir 
»  en  faveur  d'un   monarque  qui  a  de  si 

0  grands  droits  à  l'admiration  universelle, 
»  on  voit  sans  incertitude  qu'il  ne  partage 
o:  aucune  de  ses  erreurs,  et  qu'il  est  loin, 
»  comme  tant  d'avitres,  de  se  servir  des 
a  fautes  d'un  grand  homme,  pour  attaquer 
»  des  vérités  auxquelles  on  doit  plus  de  res- 
»  pect  encore.  »  Outre  la  vie  dont  nous 
avons  cité  quelques  passages ,  et  qui  a 
paru  à  Strasbourg  en  1788 ,  4  volurries  in- 
8",  l'abbé  Denina  en  a  donné  une  autre 
en  1789,  beaucoup  plus  courte,  mais  écrite 
avec  plus  de  discernement  et  de  sagesse , 

1  volume  in-8°.  Le  meilleur  ouvrage  an- 
glais sur  Frédéric  II  est  intitulé  Tableau 
durègne  de  Frédéric  II,  avec  un  paj-al- 
lèle  entre  ce  prince  et  Philippe  II  de  Ma- 
védoincj  par  Gillies ,  Londi*es,  1809.  Le 
[jénéral  Jomini,  dans  son  Traité  desgran- 
ies  opérations  militaires,  a  donné  \ His- 
toire critique  des  campagnes  de  Frédé- 
ric^ comparées  à  celles  de  l'empereur 
Napoléon.  On  trouve  dans  les  œuvres  de 
Guiberl  V Eloge  historique  de  Frédéric  II ; 
on  peut  encore  consulter  l'ouvrage  de 
Busching  intitulé  :    Caractère  de  Fré- 


déric II,  traduit  de  l'allemand,  et  les 
souvenirs  de  Thiébaud.  Paris,  181 0,  S 
vol.  in-8".  On  a  publié  les  OEuvres  pri- 
mitives de  ce  prince,  c'est-à-dire,  la  col- 
lection des  ouvrages  qui  avaient  paru  de 
son  vivant,  en  h  vol.  in-8°,  Amsterdam, 
1790,  et  ses  OEuvrcs posthumes,  &n  20 
vol.  in-S",  avec  sa  wze,  Amsterdam ,  1789. 
Nous  n'entrerons  pas  dans  le  détail  de  tout 
ce  qu'ils  présentent  de  matières  propres 
à  l'éloge  ou  à  la  censure.  Il  en  est  peu 
qu'on  puisse  regarder  comme  lui  appar- 
tenant en  entier.  Mais  si  quelques  philo- 
sophes lui  ont  attribué  les  leurs ,  un  d'eux 
fut  accusé  de  s'être  attribué  les  siens  ;  et 
l'on  sait  ce  qu'il  lui  en  coûta.  Il  n'y  a  pas 
d'apparence  qu'un  prince  qui  avait  un 
grand  sens  ait  écrit  tout  ce  qu'on  lit  dans 
quelques-uns  de  ces  ouvrages ,  moins  en- 
core qu'il  l'ait  pensé  Parmi  les  produc- 
tions de  Frédéric,  on  remarque  r^7i?e-iW«- 
chiavel;  les  Mémoirespour  servir  à  Vhis- 
toire  de  la  vfiaison  de  Brandebourg  ;  les 
Poésies  du  Philosophe  de  Sans-Soicci  ; 
l'Histoire  de  mon  temps  (1740-45)  ;  |  l'His- 
toire de  la  guerre  de  sept  aiis,  etc.  Il  montra 
de  bonne  heure  du  goût  pour  l'étude  et  les 
lettres,  et  ce  fut  même  un  sujet  de  brouille- 
rie  avec  son  père,  qui  connaissait  le  danger 
de  ses  études  philosophiques  {voyez  FRÉ- 
DÉRIC-GUILLAUME ).  Le  jeune  Frédéric 
ne  persista  pas  moins  dans  ses  idées;  il 
étudia  la  philosophie  de  Wolff,  se  lia  avec 
Voltaire,  et  se  permit  avec  lui  les  plai- 
santeries les  plus  indécentes  contre  le 
christianisme  et  contre  les  prêtres.  En 
montant  sur  le  trône ,  il  ne  craignit  pas 
de  renoncer  à  tout  acte  de  religion ,  et  iï 
accueillit  successivement  tous  les  écri- 
vains à  qui  leurs  ouvrages  irréligieux  at- 
tiraient quelques  traverses ,  c'est-à-dire 
tous  les  hommes  dont  les  idées  d'innova- 
tion menaçaient  leur  pays  d'une  révolu- 
tion prochaine.  Il  est  vrai  que  lorsqu'à 
connut  mieux  leurs  principes ,  il  les  éloi- 
gna de  sa  cour;  mais  devait-il  leur  en  per- 
mettre l'entrée?  N'était-ce  pas  une  injure 
faite  aux  autres  puissances,  que  de  donner 
un  asile  à  des  hommes  proscrits  dans 
leur  patrie  pour  leurs  principes  dange-i 
reux?  Berlin  éprouvera  long-temps  l'inr. 
fiuence  funeste  de  ses  exemples,  de  ses 
écrits  et  de  ceux  des  philosophes  qu'il  ad- 
mettait dans  ses  états  et  même  dans  son 
intimité.  On  a  dit  néanmoins  qu'il  aima, 
qu'il  protégea  les  catholiques;  cependanc 
on  lit  dans  l'histoire ,  qu'à  son  entrée  dana 
la  Silésie ,  il  favorisa  les  luthériens,  et  qu'il 
élendil  leurs  privilèges  au  point  qu'ils  eu- 


FKE  261 

)  :;>os  ilo  toute  pari  ;  qu'un  con- 

t  it  dos  nusurcs  fàchrusos  coii- 

1  lifiuos.  <juil  di-fciulil  les  pè- 

leriiiaijcs,  suppriuia  des  fètc».  cl  conféra, 
lie  sa  propre  nulorilé  ,  des  bénéfices  à  des 
rcelésiasliques  réfuj^ics  dans  ses  étals,  et 
STisperts  sur  la  rt  li;;i()ii  .  tels  que  l'abbé 
de  Tiades  et  l'abbé  liasliani.  Son  niépris 
lK)ur  la  religion  était  tel ,  qu'il  lit  con- 
struire, sur  la  place  des  Gendarmes  à 
Berlin,  une  salle  de  spectacle  entre  une 
e-jlisc  catholique  et  un  temple  luthérien  , 

•  de  manière,  dit  un  historien  de  sa  vie, 
»  que  les   murs  de  ces   édifices   se   tou- 

•  chaient,  et  que  souvent  l'office  divin 
»  était  interrompu  par  lebruit  delorches- 
»  tre  et  le  chant  des  acieurs.  »  Il  est  triste 
de  voir  qu'un  souverain  qui  devrait  pro- 
téger la  relijion  en  fasse  ainsi  un  sujet  de 
dérision  et  de  caprice.  Il  n'avait  guère 
plus  de  respect  pour  la  juslice,  que  par- 
dessus tout  un  monanjuc  devrait  respec- 
ter, puisque  c'est  le  lion  de  toute  société. 
«Comme  il  aimait,  dit  un  de  ses  liisto- 
»  riens,  à  être  le  maître  en  tout ,  et  qu'il 
»  ne  pouvait  souffrir  qu'on  lui  résistât , 
»  adin  d'entretenir  la  crainte  dans  tous  les 
»  tribunaux  et  les  collèges,  il  cassait  de 
»  tempe  en  temps  des  gens  en  place  sans 
»  examen  ,  sans  donner  raison  de  sa  con- 
Bduite,  sans  qu'il  y  evilaucime  apparence 
»de  faute.  »  JSous  ne  lui  reprocherons  pas 
Dresde  livrée  au  pillage ,  la  garnison  de 
Neiss  passée  au  fil  de  l'épée,  les  forteres- 
ses de  Custrin  et  de  Spandaw  pleines  de 
prisonniers  d'état.  Ce  sont  là  de  ces  traits 
propres  À  Icus  les  conquérans ,  et  l'on  ne 
peut  en  attendre  davantage  d'un  guer- 
rier incrédule.  Si  nous  passons  è  radini- 
nisiralion  intérieure  et  aux  détails  domes- 
tiques, il  était  d'une  sévérité  implacable, 
et  oubliait  aisément  les  plus  importans 
services.  On  lui  reproche  aussi  son  goùl 
pour  la  raillerie,  si  peu  séant  pour  un  roi. 
Il  n'est  pas  un  seul  de  ses  amis,  de  ses 
courtisan-:,  de  ses  savans,  de  ses  philoso- 
phes, qu'il  n'ait  cherché  à  liumilier.  On 
1  accuse  encore  d'une  avarice  excessive, 
et  ses  historiens  en  citent  des  exemples 
peu  honorables.  L'auteur  du  Voyage  en 
Prusse  .  in-8",  1807.  prétend  qu'il  n'ai- 
itiait  personne  ,  et  cite  de  lui  des  traits 
étranges  d  égoïsme  et  de  dureté;  il  lui 
reproche  des  actes  iniques,  une  profonde 
indifférence  pour  l'opinion  jjublique,  son 
mépris  pour  ses  sujets,  et  sa  défiance  de 
ceux  qui  l'entouraient.  Il  faut  tirer  le 
>()il»;sur  ses  nupurs  ;  Voltairi;  on  a  dé- 
voile la  turpitude.  Quant  à  tes  écrits,  on 


FUE 

est  facile  d'y  voir  Fro«léric  descendre  au 
r»*)le  choquant  d'un  conjuré  ,  et  i»arler  d<' 
la  religion  avec  une  licence  révoltante  cl 
le  ton  d'un  homme  de  mauvaise  comjja- 
gnic.  Il  est  vrai  que  dans  quelques-uns  d» 
ses  ouvrages  il  a  changé  de  langage,  et 
qu'après  avoir  approuvé  les  projets  des 
plnlosoplics ,  tant  qu'il  a  cru  qu'ils  n'en 
voulaient  qu'à  la  religion,  il  a  cherché  à 
les  réfuter;  mais  c'est  lorsqu'il  les  a  vus 
attaquer  aussi  les  rois.  «Que  voulei-vous, 
»  écrivait-il  à  d'Alembert,  que  le  public 
»  pense,  lorsqu'il  voit  des  écrits  du  même 
B  auteur  se  contredire  ,  qu'on  voit  des  li- 
»  belles  infâmes  paraître  contre  le  gou- 
»  vernement,  et  des  cynicjues  effrontés 
»  qui  mordent  indifféremment  tout  ce 
»  qu'ils  rencontrent?  •  Il  écrivait,  dans  un 
autre  endroit ,  toujours  en  parlant  des 
philosophes:  «  Mon  avis  serait  de  loger 
»  ces  messieurs  aux  Petites-Maisons,  pour 
»  qu'ils  fussent  les  législateurs  des  fous 
»  leurs  semblables,  ou  de  leur  donner  à 
n  gouverner  une  province  qui  méritât 
«  d'être  châtiée.  Ils  apprendraient ,  par 
»  leur  expérience,  après  qu'ils  y  auraient 
«tout  mis  sens  dessus  dessous,  qu'ils  sont 
»  des  ignorans,  et  surtout  qu'on  s'expose  à 
»  dire  force  sottises  quand  on  se  niéîe  de 
»  parler  de  ce  qu'on  n'entend  pas.  a  II  est 
malheureux  qu'il  n'ait  pas  toujours  pensé 
de  même.  «  Frédéric  fut,  dit  un  écrivain 
»  judicieux  ,  un  grand  capitaine  ;  mais  le 
B  titre  de  grand  roi  cmbiassc  de  plus 
B  hautes  qualités.  Les  vertus  guerrières 
B  étendent  les  empires  :  ce  sont  les  vertus 
B  civiles  qui  les  affermissent...  Frédéric 
B  a  créé  l'armée  prussieimc  qui  déjà 
B  n'existe  plus;  il  n'a  point  créé  de  nation. 
B  II  a  fondé  iine  tactique  nouvelle;  il  n'a 
B  point  formé  cet  esprit  public  et  social 
B  qui  naît  de  l'amour  de  l'ordre.  Il  a  mon- 
B  trc  en  cela  moins  de  prévoyance  qu'il 
B  n'appartient  à  un  prince  d'en  avoir... 
B  II  fallait  donc  fonder  son  trône  sur  une 
B  base  plus  solide  qu'une  époe  ;  il  fallait 
B  rendre  sa  nation  forte  en  mœurs  et  en 
B  principes,  y  répandre  cet  esprit  d'ordre 
B  et  de  vertu  qui  résiste  aux  chances  des 
B  combats  et  aux  secousses  des  révolv 
B  tions  ;  et,  par  un  insigne  aveuglement, 
B  ce  prince  rassembla  autour  de  lui  tous 
B  les  esprits  forts  delllur.ipc,  comme  pour 
B  multiplier  dans  son  jiays  les  exemples 
B  de  licence. d'impiélcet  dedépravation.» 
Pour  terminer  col  article,  nous  y  ajoute- 
ronscc  portrait  de  Krodoric  trace  on  peu 
de  mots.  Sa  vie  ne  fut  qu'un  enriiaino 
lucnl  d'arliiices  :  en  violaul  toutes  les  loii 


FRE 


262 


FRE 


de  riuimanilé,  il  avait  l'audace  d'en  pro- 
clamer les  droits.  Dominé  par  deux  pas- 
sions cruelles,  l'ambition  et  l'avarice,  il 
se  montra  plus  jaloux  de  l'affermissement 
de  son  pouvoir  que  du  bonheur  de  ses 
sujets. 

'  FRÉDÉRIC-GUILLAUME  II,  roi  de 
Prusse  ,  né  le  25  septembre  1744 ,  était  ne- 
veu du  grand  Frédéric  ,  qui  lui  témoigna 
toujours  beaucoup  d'affection ,  mais  ne 
voulut  pas  qu'il  fût  ménagé  sous  aucun 
rapport.  Aussi  on  l'exposait  aux  hasards 
de  la  guerre  comme  un  simple  hussard. 
De  bonne  heure  il  donna  les  plus  grandes 
espérances.  Chargé ,  dans  la  guerre  de  la 
succession  de  Bavière ,  de  conduire  un 
corps  d'armée  en  Silésie ,  il  le  ramena 
sans  se  laisser  entamer,  quoiqu'il  fût  suivi 
par  des  forces  beaucoup  supérieures  aux 
siennes.  Il  parvint  au  trône  à  l'âge  de  42 
ans ,  le  16  août  1786 ,  et  montra  d'abord 
des  intentions  de  bienfaisance.  Il  répara 
plusieurs  injustices  de  son  prédécesseur, 
diminua  quelques  impôts,  abolit  des  mo- 
nopoles vexaloires  ,  et  voulut  que  ses  su- 
jets jouissent  d'une  plus  grande  liberté; 
mais  d'un  autre  côlé ,  il  se  montra  fort 
jaloux  de  son  autorité,  et  il  écarta  suc- 
cessivement du  ministère  les  hommes  les 
plus  distingués  par  leurs  talens  et  leur 
expérience.  En  même  temps  il  s'abandon- 
nait à  son  goût  excessif  pour  la  débauche, 
et  se  laissait  dominer  par  ses  maîtresses 
et  des  favoris  obscurs.  Un  autre  travers 
de  Frédéric  fut  sa  crédulité  pour  les  illu- 
minés j  alors  très  nombreux  en  Allema- 
gne, qu'il  accueillit  dans  son  palais,  et 
qui  parvinrent  à  égarer  son  imagination  et 
à  tromper  son  esprit.  Dès  lors ,  les  emplois 
ne  furent  plus  accordés  qu'aux  plus  misé- 
rables intrigues;  les  trésors  que  Frédéric 
avait  amassés  pour  des  circonstances  im- 
portantes ,  furent  dissipés  d'une  manière 
honteuse ,  et  l'armée  qui  cessa  d'être  en- 
couragée par  la  présence  de  son  chef, 
perdit  tout-à-fait  sa  supériorité  ;  mais  ce 
qu'il  y  eut  de  plus  malheureux  encore , 
ce  ini  sa  faiblesse  et  sa  versatilité  dans 
les  occasions  les  plus  importantes.  On  le 
vit  successivement  abandonner  les  Turcs, 
les  Polonais  et  les  Belges  après  les  avoir 
excités  à  des  attaques  imprudentes.  En 
1792 ,  il  se  mit  à  la  lète  de  la  coalition  qui 
devait  rétablir  Louis  XVI  sur  le  trône , 
et  après  être  parvenu  à  50  lieues  de  Paris 
avec  une  armée  de  80,000  hommes ,  il 
négocia  avec  le  parti  révolutionnaire  ,  au 
moment  où  il  fallait  agir  avec  le  plus  de 
vigueur ,  pour  ne  pas  lui  laisser  le  temps 


de  se  reconnaître.  Son  armée  revint  sur 
le  Rhin,  où  elle  combattit  encore  deux 
ans  sans  résultat.  Il  s'occupait  en  même 
temps ,  de  concert  avec  la  Russie ,  d'un 
nouveau  partage  de  la  Pologne ,  et  ce  fut 
lui  qui  triompha  en  1794  de  Kosciusko, 
et  s'empara  de  Cracovie.  En  1795,  il  se 
retira  tout-à-fait  de  la  coalition,  aban- 
donnant à  la  république  française  ses  états 
de  la  rive  gauche  du  Rhin ,  et  laissant 
l'Autriche  presque  seule  aux  prises  avec 
cette  puissance ,  dans  le  moment  où  son 
aggression  et  ses  menaces  avaient  porté  le 
parti  révolutionnaire  de  France  à  mettre 
sous  les  armes  une  immense  population. 
C  est  à  une  telle  défection  et  dans  de  pa- 
reilles circonstances ,  qu'il  faut  sans  doute 
attribuer  tous  les  malheurs  qui  accablè- 
rent depuis  l'Europe.  Frédéric-Guillaume 
ne  jouit  pas  lui-même  long-temps  de  la 
paix  qu'il  venait  de  procurer  à  ses  sujets. 
Il  mourut  le  16  novembre  1797,  laissant 
la  couronne  à  son  fils  Frédéric-Guillau-  * 
me  III.  M.  le  comte  de  Ségur  aîné  a  pu- 
blié en  1800 ,  V Histoire  des  principaux 
événemens  du  règne  de  Frédéi'ic-Guil' 
laume  II,  roi  de  Prusse  ,  et  tableau  po~ 
litique  de  l'Europe  depuis  1786  jusqu'en 
1796 ,  contenant  un  précis  des  révolutions 
de  Brabanl ,  de  Hollande ,  de  Pologne  et 
de  France  j  5  vol.  in-8".  Cette  histoire  est 
écrite  en  général  avec  élégance.  On  y 
trouve  des  portraits  bien  frappés;  mais 
on  y  désirerait  de  temps  en  temps  quelque 
chose  de  plus  précis,  de  plus  mâle,  de 
plus  sévère. 

*  FRÉDÉRIC- GUILL/VIJME,  premier 
roi  de  Wurtemberg ,  né  le  G  septembre 
1734 ,  à  Treptow  en  Poméranie,  était  fils 
de  Charles-Eugène  duc  de  Wurtemberg. 
Il  entra  très  jeune  au  service  de  Prusse 
en  qualité  de  colonel ,  et  se  distingua  dans 
la  guerre  de  la  succession,  pendant  la- 
quelle il  obtint  le  grade  de  major-général. 
L'impératrice  Catherine  II ,  au  service  de 
laquelle  il  s'était  ensuite  placé,  le  créa 
lieutenant-général  et  lui  confia  le  gouver- 
nement de  la  Finlande.  Il  épousa  en  pre- 
mières noces  la  princesse  Auguste-Caro- 
line de  Brunswick-Wolfenbuttel ,  et  eo 
secondes  noces, le  18  mai  1797,  Charlolte~ 
Auguste-Mathilde  d'Angleterre,  sœur  de  1 
Georges  IV,  et  fut  appelé  sur  le  trône  ducal 
de  Wurtemberg ,  par  la  mort  de  son  père 
arrivée  le  25  décembre  1797.  Une  ancienne 
constitution  souscrite  à  Tubingen  en  1514 
par  Ulric,  et  garantie  depuis  par  l'Au- 
triche ,  la  Prusse  et  le  Hanovre ,  assurait 
aux  étals  de  Wurtem.berg  le  droit  de  sur- 


FRE  i63 

veiller  rassi<M5c  de  rimpùl  ci  Icmpl»»!  de 
son  produit  :  le  duc  U-ur  driiiu  ce  droit , 
et  comme  il  Iruuva  de  la  nsistancc ,  il 
e'ensiiivit  de  violens  démêlés.  Une  vou- 
lut voir  dans  cette  opposition  que  le  ré- 
sultat des  idées  dtMua(jo;îiques  dont  ses 
tUJclscommcn«;aienl  à  se  pcnélrcr,  cl  lit 
arrêter  les  principaux  membres  de  l'as- 
semblée ,  comme  accusés  d'entretenir  des 
relations  politiques  avec  les  républicains 
de  France.  Les  vicloires  de  Moreau ,  le 
CQOtrai^iirent  de  s'enfuira  l'élran^fcr,  et 
une  contribution  de  six  millions  de  francs 
fui  imposée  au  Wurtemberg.  Le  duc  re- 
vint dans  ses  étals  après  le  traité  de 
Luné  ville,  du  9  février  i80l,  et  signa 
avec  la  France  un  traité  particulier , 
diins  lequel  des  indemnités  lui  furent 
garanties.  Elles  lui  furent  en  effet  assi- 
gnées ,  le  2i>  du  même  mois ,  par  le  rccex 
de  la  dcputalion  de  l'empire,  dont  il  de- 
vint membre.  Le  duché  de  Wurtemberg 
fut  érigé  en  éleclorat ,  et  Frédéric  fut  dé- 
dommagé aux  dépens  du  territoire  des 
états  faibles  de  la  confédération.  Lorsque 
la  guerre  fut  déclarée  par  la  France  à 
l'Autriche,  l'électeur  de  Wurtemberg ou- 
Uia  ce  qu'il  devait  à  la  confédération  ger- 
manique reçut  Bonaparte  à  Ludvvigs- 
bourg ,  et  conclut  avec  lui  le  4  octobre 
iSOo  un  traité  par  lequel  l'intégralité  de 
son  électoral  était  garantie;  il  devait  en 
revanche  fournir  à  son  protecteur  un 
corps  de  huit  à  dix  mille  hommes.  L'ar- 
chiduc d'Autriche  ,  François  II  ,  avait  en 
1804  pris  de  sa  propre  autorité  le  titre 
impérial  :  les  électeurs  de  Wurtemberg  et 
de  Bavière  prirent  le  titre  de  roi  sous  le- 
quel ils  furent  désignés  comme  alliés  de 
Bonaparte  dans  le  traité  de  Presbourg, 
et  se  firent  proclamer  dans  leurs  états  le 
1"  janvier  1806.  Le  nouveau  roi  de  Wur- 
temberg reçut  plusieurs  accroîssemens 
de  territoire.  En  vertu  de  la  convention 
signée  le  12  octobre  1805  ,  Bonaparte 
avait  délégué  à  Frédéric  toute  la  puissance 
souveraine  :  voulant  en  conséquence  user 
pleinement  du  droit  que  lui  accordait  son 
maître,  il  cassa  les  états ,  anéantissant  par 
cette  mesure  violente  l'ancienne  coostitu- 
tion  du  pays  :  de  là  de  sourds  mcconten- 
temens,  puis  des  soulèvemens  qu'il  fallut 
réprimer  par  des  moyens  extrêmes  ; 
cette  fermentation  des  esprits  dura  jus- 
qfu'cn  1814 ,  époque  où  le  roi  se  vit  con- 
traint de  faire  des  concessions  exorbitan- 
tes et  de  donner  une  constitution  qui  lui 
■tttrs  de  la  part  de  la  noblesse  médiatisée 
4t  fi  «mères  censures.  Il  avait  été  on 


FUE 

(1rs  premiers  à  signtr  larlc  di-  confedé- 
ralisme  des  états  du  Hhin  proposé  par 
Bonaparte  (  12  juillet  1806  ).  Après  avoir 
assisté  à  la  conférence  d'Erfurl  qui  eut 
lieu  en  1808  entre  Bonaparte  et  l'empe- 
reur Alexandre ,  il  prit  l'année  suivante 
ainsi  que  cinq  autres  princes  delà  confé- 
dération ,  la  part  la  plus  active  à  la  guerre 
des  Français  contre  l'Autriche.  I^  paix 
de  Schœtibrunn  lui  permit  de  s'occuper  un 
peu  de  son  royaume,  et  on  le  vit  faire 
des  échanges  de  territoire  avec  le  roi  de 
Bavière.  Il  assista  en  1809  à  l'anniversaire 
du  couronnement  de  Bonaparte,  et  réu- 
nit de  nouveau  ses  troupes  aux  troupes 
françaises  pour  faire  la  campagne  de 
Russie.  Après  les  désastres  qui  signalè- 
rent cette  expédition,  il  resta  encore 
quelque  temps  lidèle  à  son  allié  ;  mais  obéis- 
sant à  la  loi  des  circonstances  ,  il  se  ran- 
gea du  côté  des  Russes  et  des  Prussiens. 
Mais  ce  n'est  pas  sur  un  champ  de  ba- 
taille que  se  fit  ce  revirement.  Dès  le  22 
octobre  1813  ,  un  de  ses  ministres  entama 
des  négociations  à  ce  sujet ,  et  le  8  du 
mois  suivant  le  comte  de  Zepplin  signait 
à  Fulde ,  en  son  nom ,  un  traité  par  le- 
quel il  promettait  de  donner  12,000  hom- 
mes aux  puissances  alliées.  Lorsque  les 
événemens  qui  amenèrent  la  chute  de 
Bonaparte  eurent  été  accomplis,  il  se 
rendit  à  Vienne  et  assista  au  congrès  qu'il 
quitta  brusquement  pour  revenir  à  Stutl- 
gard  :  son  titre  de  roi  avait  été  maintenu 
par  les  hautes  puissances  et  son  indépen- 
dance garantie.  Il  convoqua  les  états  pour 
le  15  mars  1815 ,  et  leur  présenta  l'acte 
constitutionnel  qu'il  donnait  à  son  peuple. 
On  assure  que  cette  concession  qui  fut 
blâmée  par  tous  les  souverains ,  empoi- 
sonna le  reste  de  sa  vie.  Il  mourut  le  TiU 
septembre  1816  :  son  lils  Guillaume  1*^'. 
né  le  27  septembre  1787  lui  a  succède. 
Frédéric  avait  du  goût  pour  les  arts  , 
mais  il  les  encoaragea  avec  peu  de  dis- 
cernement. Une  de  ses  filles  épousa  un 
dos  frères  de  Bonaparte  ,  Jérôme ,  alors 
roi  de  Westphalie. 

•  FRÉDÉUIC-AUGTISTE.  roi  de  Saxe. 
né  le  23  décembre  1750,  était  fils  de  l'é- 
lecteur Frédéric-Christian.  Il  perdit  s«m 
père  à  l'âge  de  treiae  aas,  et  le  prince 
Xavier,  l'ainé  de  ses  oncles  exerça  la  ré- 
gence jusqu'en  1768.  En  prenant  les  rênes 
du  gouvernement ,  Frédéric  -  Aagost- 
trouva  le  pays  dans  l'état  le  phis  dépl«>- 
rable  par  suite  de  la  mauvaise  adminis- 
tration du  régent .  et  des  m«in  qoe  U 
â»aie  avait  soufferts  pendant  U  guerre 


TRE 


264 


FRE 


de  7  ans;  mais  par  une  stricte  économie 
et  les  sages  conseils  de  son  ministre  Gud- 
schmid,  il  parvint,  en  peu  de  temps, 
à  ranimer  l'agriculture ,  l'industrie  et  le 
commerce;  il  encourafjea  les  beaux-arts, 
et  enrichit  la  belle  galerie  de  Dresde , 
d'un  grand  nombre  de  chefs-d'œuvre.  Il 
s'occupa  aussi  de  l'amélioration  des  codes , 
adoucit  l'extrême  rigueur  des  lois  crimi- 
nelles et  abolit  la  torture  en  1770.  Fré- 
déric Auguste  épousa ,  en  1769 ,  Marie- 
Amélie-Auguste,  fille  de  l'électeur  de  Ba- 
vière ,  et  il  jouissait  de  l'amour  de  ses  su- 
jets ,  lorsqu'une  conspiration  tramée  par 
quelques  ambitieux  que  dirigeait ,  dit-on, 
sa  propre  mère,  vint  troubler,  en  d776, 
son  repos;  mais  averti  à  temps  par  la 
Gour  de  Prusse  qui  en  eut  connaissance , 
il  parvint  à  la  déjouer  ,  en  faisant  arrêter 
le  colonel  Aydolo,  chef  principal  qui  fut 
enfermé  dans  une  forteresse.  Frédéric- 
Auguste  se  ligua  ensuite  avec  la  Prusse 
pour  faire  valoir,  contre  l'Autriche ,  les 
droits  de  sa  mère  à  l'électorat  de  Bavière, 
devenu  vacant  par  la  mort  de  l'électeur, 
dernier  enfant  mâle  de  sa  famille.  Le 
traité  de  Teschen,  signé  le  10  mai  1770, 
qui  mit  fm  à  la  guerre ,  lui  assura  la  sub- 
stitution à  tous  les  droits  de  sa  mère ,  et 
l'Autriche  renonça  à  ses  prétentions.  En 
1791 ,  il  eut  la  sagesse  de  refuser  la  cou- 
ronne de  Pologne ,  qui  lui  fut  offerte  au 
nom  de  la  nation  polonaise.  Il  résista 
également  aux  sollicitations  de  l'Autriche 
et  de  la  Prusse  pour  se  joindre  à  la  coali- 
tion contre  la  France,  et  ce  ne  fut  qu'en 
1792  ,  lorsque  les  Français  eurent  pénétré 
dans  les  Pays-Bas,  qu'il  fit  enfin  mar- 
cher le  contingent  qu'il  devait  fournir 
comme  prince  de  l'empire.  Frédéric- Au- 
guste continua  de  prendre  part  à  la  guerre 
jusqu'en  1796 ,  époque  à  laquelle  le  géné- 
ral Jourdan  entra  en  Franconie  ;  il  con- 
clut avec  lui  un  armistice ,  et  obtint  sa 
neutralité  qu'il  conserva  pendant  plusieurs 
années ,  ayant  refusé  de  prendre  part  à  la 
guerre  entre  l'Autriche  et  la  France.  Mais 
ses  relations  avec  la  Prusse  l'obligèrent 
de  permettre ,  en  1805 ,  le  passage  des 
troupes  de  cette  puissance  par  ses  états  , 
et  de  faire  marcher  en  1806 ,  contre  l'ar- 
inée  française ,  un  corps  auxiliaire  de  22 
mille  hommes.  Les  batailles  décisives 
d'Iéna  et  de  Auërstaedt  mirent  la  Saxe  à 
la  merci  du  conquérant ,  qui  occupa  mili- 
tairement le  pays ,  et  le  frappa  de  fortes 
contributions.  Les  fortifications  de  Dresde 
furent  rasées ,  et  la  Saxe  néanmoins  fut 
érigée  en  royaume   et   agrandie.  Etant 


entré  dans  la  confédération  du  Rhm  ,  Fré- 
déric-Auguste vit  incorporer  à  son  royau- 
me sous  le  nom  de  duché  de  Varsovie  , 
les  provinces  méridionales  enlevées  à  la 
monarchie  prussienne.  Le  roi  de  Saxe  de- 
vint alors  l'allié  de  la  France  ,  et  lui  four- 
nit un  contingent  de  vingt  mille  hommes 
En  1809 ,  les  Saxons  n'ayant  pu  ,  malgré 
leur  bravoure,  empêcher  l'ennemi  d'en- 
trer à  Dresde ,  le  roi  se  retira  à  Francfort- 
sur-le-Mein ,  et  ne  revint  dans  ses  états 
qu'après  la  défaite  des  Autrichiens.  Son 
royaume  reçut  encore  de  nouveaux agran- 
dissemens  par  le  traité  de  Venise.  Bona* 
parte  ,  avant  de  partir  pour  son  expédi- 
tion de  Russie  ,  eut  à  Dresde  (  1812  )  ime 
entrevue  avec  les  rois  de  Saxe  et  de  Prusse  , 
l'empereur  d'Autriche  et  plusieurs  princes 
de  l'Allemagne ,  qui  tous  lui  parurent  dé- 
voués ,  mais  qui  l'abandonnèrent  ensuite  , 
à  l'exception  du  roi  de  Saxe  qui ,  décidé 
à  partager  le  sort  de  son  allié ,  lui  resta 
fidèle.  Forcé,  à  l'approche  des  Russes, 
de  quitter  sa  capitale  ,  il  remit  aux  Fran- 
çais les  places  fortes  de  Wittenberg,  de 
Fergau ,  de  Kœnigsberg ,  et  après  la  san- 
glante bataille  de  Leipsick ,  il  eut  la  dou- 
leur de  voir  ses  états  livrés  à  toutes  les 
horreurs  de  la  guerre  ;  il  fut  conduit  à 
Berlin  et  enfermé  dans  un  château  avec 
sa  famille ,  en  attendant  que  les  souve- 
rains alliés  prononçassent  sur  son  sort. 
La  Prusse  exigeait  la  Saxe  pour  prix  des 
services  qu'elle  avait  rendus  à  la  coalition  ; 
cependant  la  France  et  l'Autriche  réunies 
obtinrent  que  Frédéric- Auguste  conser- 
verait le  titre  de  roi;  il  perdit,  non-seu-. 
lement  tout  le  pays  qu'il  avait  acquis, 
mais  encore  une  grande  partie  de  son  an- 
cien territoire;  il  dut  en  même  temps 
fournir  son  contingent  de  troupes  pour 
la  guerre  contre  Bonaparte  qui  était 
rentré  en  France.  Profitant  ensuite  de  la 
paix  générale ,  il  ne  s'occupa  plus  qu'à  ré- 
parer tous  les  maux  dont  ses  états  avaient 
été  la  proie.  Il  est  mort  le  5  mai  1827,  ne 
laissant  qu'une  fille ,  la  princesse  D.  Ma- 
rie-Auguste ,  née  le  21  juin  1782. 

FRÉDÉRIC  DE  HOLSTEIN.  Voyez 
ADOLPHE-FRÉDÉRIC. 

FRÉDÉRIC  V,  électeur ,  palatin  suiu 
nommé  roi  d'hiver.  Voyez  FERDINAND 
II,  enipereur. 

FRÉDOLI  (  BÉRENGER  ) ,  né  à  Benne, 
en  Languedoc ,  d'une  famille  noble ,  mort 
à  Avignon  en  1323 ,  était  habile  dans  le 
droit.  Il  fut  choisi  en  1298 ,  par  Boniface 
VIII ,  pour  faire  la  compilation  du  Sexte, 
c'est-à-dire  ,  du  6"  livre  des  Décrétales, 


FRE 


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FI\E 


avec  Guniaumc  de  Maiulai;ot  cl  Richaril 
de  Sienne.  Clément  V  llionora  du  cha- 
peau de  cardinal  en  inOS. 

•FRÉE  (  Jean  ).  ccfl«'"siaslique  an- 
(;liran,  né  à  Oxford  en  1711,  consacra 
sa  vie  à  la  prédicalion,  à  l'instruction  de 
la  jeunesse  et  à  la  culture  des  lettres.  Il 
fut  directeur  de  l'école  de  grammaire  de 
S  linl-Sauveur,  et  occupa  successivement 
plusieurs  cures.  Il  mourut  dans  un  état 
voisin  de  l'indiccnce.leO  septembre  17'JI. 
Son  principal  ouvrage  est  une  Histoire  de 
la  langue  anglaise,  1753,  en  4  parties,  qui 
a  eu  plusieurs  éditions.  La  4*  est  de  1788. 
On  a  encore  de  lui  des  semions  et  plu- 
sieurs écrits  de  controverse ,  dirigés  la 
plupart  contre  les  méthodistes,  eides  poé- 
sies diverses. 

FHÊt.OSE,  FULGOSE,  ou  CAMPO- 
FRÉGOSE  .  nom  d'une  illustre  famille  gé- 
noise .  d'origine  plébéienne,  qui  s'éleva 
«liins  le  14'  siècle  au-dessus  de  la  noblesse 
et  fournit  plusieurs  doges  à  la  république. 
Les  membres  les  plus  remarquables  de 
«  ette  famille  sont  FRÉGOSE  (  Paul  ) ,  car- 
dinal, archevêque  de  Gènes,  sa  patrie, 
doge  en  HG2  :  il  perdit  cette  place  quel- 
que temps  après ,  la  recouvra  en  l/t65 ,  et 
l'occupa  encore  deux  fois.  Il  mourut  à 
Romeen  1498. 

FRÉGOSE  (  Baptiste)  ,  neveu  du  pré- 
cédent, né  à  Gènes  vers  l'an  1440,  fut 
élu  doge  eu  1478.  Il  ne  conserva  que  très 
peu  de  temps  cette  dignité.  La  hauteur 
de  son  caractère  et  la  sévérité  de  son  gou- 
vernement le  firent  déposer  la  même  an- 
née. Il  fut  exilé  à  Trégui  ;  mais  nous 
itjnorons  quand  il  mourut.  Il  égaya  sa  re- 
îraite  par  la  lecture  et  le  travail.  On 
doit  à  sa  plume  :  |  un  ouvrage  italien  eu 
'J  livres,  mais  qui  n'a  paru  qu'en  latin, 
Milan,  1509,  in-ful.  de  la  traduction  de 
(^dmille  Chilini,  sur  les  actions  mémora- 
hles ,  dans  le  goût  de  Valère-Maxirae.  Les 
meilleures  éditions  de  ce  traité,  souvent 
réimprimé,  sont  celles  de  Juste  Gaillard, 
avocat  au  parlement  de  Paris  ,  qui  y  a 
fait  des  additions  ,  des  corrections,  et  l'a 
orné  d'une  préface.  |  La  f^ie  du  pape 
Martin  V;  \  un  Traité  latin  sur  les  fem- 
mes savantes  ;  \  un  autre  en  italien  contre 
l amour.  Milan,  4496,  in-4*,  traduit  en 
français,  1581  ,  in-4°;  l'original  et  la  ver- 
sion sont  également  rares. 

FREGOSE  (  Frédéric  ) ,  né  à  Gènes  en 
1480,  archevêque  de  Salerne  et  cardinal, 
de  la  même  famille  que  les  précédens, 
défendit  la  côte  de  Gènes  contre  Cortoijoli, 
corsaire  de  Barbarie ,  qui  la  ravarjeait.  Il 


surprit  ce  pirate  d.ins  le  port  de  Biserte  , 
passa  à  Tunis  ,  et  à  l'ilc  de  Gerbes  ,  et  re- 
vint à  Gènes  chargé  de  gl(»irecl  de  bulin 
Les  Espagnols  ayant  surpris  Gène»  en 
l;)!22,  Frédéric  chercha  un  asile  en  France 
François  l*"""  le  reçut  avec  distinction,  et  lui 
donna  l'abbaye  de  Saint-Bénigne  de  Dijon 
De  retour  en  Italie  ,  il  fut  fait  cardinal  et 
évéque  d'Engubio  où  il  mourut  en  1541. 
La  langue  grecque  et  l'hébra'ique  lui 
étaient  familières.  Son  savoir  était  soutenu 
par  les  vertus  épiscopales.  On  a  de  lui  un 
Traité  de  l'oraison  en  italien ,  Venise , 
1542,, in-S". 

FRÉGOSE  (  Anto:«io-Fii-eremo  ) ,  né  à 
Gènes,  un  des  poètes  italiens  qui  fleurirent 
à  la  fin  du  15*  siècle  et  au  commencement 
du  16*,  eut  un  grand  succès  dans  son 
temps.  Son  poème  de  Cçrva  Bianca .  et 
autres  poésies  ont  été  réunies  à  Milan  en 
2  vol.  in-8";  le  1"  parut  en  1513,  le  2*  en 
1525 ,  et  ils  sont  assez  rares. 

FRÉGOSE.  royez  FULGOSE. 

FREHER.  Voyez  MARQUART-FRE- 
HER. 

•  FREIESLEBEN  (  Curistophe-He^vri), 
jurisconsulte  allemand,  conseiller 'camé- 
ral  du  duché  de  Saxe-Gotha  et  des  mines 
d'Altenbourg  ,  mort  vers  l'an  1733,  a 
laissé  plusieurs  ouvrages  fort  utiles  pour 
l'étude  du  droit  :  |  Corpus  juris  civilis  aca- 
demicum.  Altenbourg,  1721,  in-4°,très 
souvent  réimprimé.  La  dernière  édition 
est  de  1789.  |  Corpus  juris  canonici  aca- 
demicum .  1778,  in-4''.  La  dernière  édi- 
tion est  de  Bàle,  1775;  |  Schutzius  illustra- 
tus  sive  compendium  juris  Schutzio  Lau- 
terbachianum  ex  compluriuni  celeberri- 
înorumjurisconsultorum  scriptis  ac  no- 
tis  illustratum,  Altenbourg,  1734  ,  2  vol. 
in-4° ,  compilation  fort  bien  faite .  des- 
tinée à  expliquer  l'abrégé  fait  par  Schutz 
du  Collegium  juris  ,  de  Lautcrbach.  |  Une 
traduction  allemande  deVI/omme  de  cour 
de  Balt.  Gracian,  et  quelques  opuscules 
moins  importans. 

FREUi  (  Jean-Thomas  )  Freigius,  né 
à  Fribourg  en  Brisgaw  l'an  1543  ,  ensei- 
gna le  droit  avec  réputation  à  Fribourg,  à 
Bàle  et  à  Altorf ,  et  mourut  de  la  peste 
vers  1583.  On  a  de  lui  des  Paralilles  sur 
le  Digeste,  in-S"  ,  et  d'autres  ouvrages. 

FREI\D  (Jean  )  naquit  en  1675  ,  à  Cr«^- 
ton ,  dans  le  comté  de  Norlhamplon,  d'un 
pèro  ministre.  Westminster  fut  sa  pre- 
mière école.  Dès  l'âge  de  SI  ans .  il  mit  au 
jour  deux  discours  grecs ,  l'un  d'Eschine. 
l'autre  de  Déinusthènes,  avec  une  tra- 
duction et  des  ruinaniues    11  se  consacra 


FRE 


266 


FRE 


ensuite  à  la  médecine.  Le  comte  de  Pé- 
terborough  l'emmena  avec  lui  en  1703  en 
Espagne,  alors  le  théâtre  de  la  guerre. 
Après  y  avoir  exercé  sa  profession  pen- 
dant deux  ans ,  il  passa  à  Rome  et  s'y  lia 
avec  tous  les  savans  qui  cultivaient  son 
art.  Freind ,  de  retour  en  Angleterre ,  fut 
renfermé  à  la  tour  de  Londres ,  soupçon- 
né d'être  d'intelligence  avec  les  ennemis 
de  l'état  :  malheureusement  les  philoso- 
phes et  les  lettrés  ne  sont  que  trop  sou- 
vent dans  ce  cas-là  (  voyez  VESPASIEN  ). 
On  sollicita  en  vain  son  élargissement 
pendant  six  mois;  mais  au  bout  de  ce  temps , 
le  ministre  étant  tombé  malade,  Méad 
(  voyez  ce  nom  ),  confrère  du  prisonnier, 
ne  voulut  lui  ordonner  aucun  remède , 
que  Freind  ne  fût  sorti  de  la  tour  ;  con- 
duite très  blâmable  et  qui  ne  prouve  pas 
que  Méad  fût  convaincu  de  l'innocence 
de  son  ami.  Cependant  Freind  fut  élargi, 
et  obtint  la  place  de  premier  médecin  de 
la  princesse  de  Galles ,  depuis  reine  d'An- 
gleterre. Il  mourut  à  Londres  à  53  ans , 
en  1728,  membre  de  la  société  royale. 
Freind  était  aussi  heureux  dans  la  prati- 
que ,  qu'éclairé  dans  la  théorie.  Ses  opi- 
»ions  étaient  reçues  en  Angleterre,  comme 
elles  d'Hippocrate  dans  la  Grèce.  Des  ou- 
«rrages  qu'il  a  laissés  les  principaux  sont  : 
I  Histoire  de  la  médecine^  depuis  Ga- 
lien  jusqu'au  14'  siècle  :  livre  savant,  tra- 
duit de  l'anglais  en  français  par  M.  No- 
guez,  en  3  vol.  in-i",  1728.  |  VEmmeno- 
logie  ^  ou  Traité  de  l'évacuatio7i  ordinaire 
des  femmes ,  traduit  en  français  par  De- 
vaux  ,  1730 ,  in-12  ;  |  Lectiones  chimicœ , 
Amsterdam,  1710,  in-8°;  |  Traité  de  la 
fièvre.  Tous  les  écrits  de  Freind  ont  été 
recueillis  à  Londres ,  in-fol. ,  1753 ,  et  à 
Paris ,  1735 ,  in-i"  ;  sa  Vie  est  à  la  tête  de 
cette  collection. 

FREINSHEMIUS  (  Jeai«  ),  naquit  en 
1608  à  Ulm  en  Souabc.  Mathias  Berneg- 
ger  ,  savant  de  Strasbourg ,  lui  confia  sa 
bibliothèque  et  lui  donna  sa  fille.  L'uni- 
versité d'Upsal  lui  ayant  proposé  des 
avantages  considérables,  il  y  alla  profes- 
ser l'éloquence  pendant  5  ans.  La  reine 
Christine ,  qui  l'enviait  à  l'université ,  le 
choisit  pour  son  bibliothécaire  et  son  his- 
toriographe ,  avec  sa  table  et  2,000  écus 
d'appointemens.  Il  fut  bientôt  obligé  d'a- 
bandonner ces  honneurs  et  de  revenir 
dans  sa  patrie ,  pour  rétablir  sa  santé , 
que  le  climat  de  Suède  avait  dérangée. 
L'électeur  palatin  lui  donna  un  an  après 
son  départ  d'Upsal ,  en  1656 ,  une  place 
de  professeur  honoraire  de  l'université  de 


Heidelberg,  et  une  charge  de  conseiller 
électoral.  Freinshemius  n'en  jouit  pas 
long-temps ,  étant  mort  en  1660 ,  à  52  ans. 
Ce  savant  possédait  les  langues  mortes 
et  presque  toutes  les  langues  vivantes.  Il 
joignait  à  une  littérature  choisie  ,  de  l'es- 
prit et  du  goût.  Il  s'occupa  toute  sa  vie 
avec  autant  de  zèle  que  de  succès  à  ré- 
parer les  brèches  que  le  temps  avait  faites 
à  quelques  auteurs.  Il  entreprit  de  fairo 
des  Supplémens  à  Quinte-Curce ,  et  il  y 
réussit,  dans  l'édition  qu'il  donna  avec 
un  index  et  des  commentaires  ^  Stras- 
bourg, 1640,  2  vol.  in-8°.  Il  fit  avec 
succès  un  semblable  travail  sur  Tite- 
Live  dont  il  publia  (  Lib.  XI  ad  XX). 
Strasbourg,  1649  ,  in-12,  et  donna  ensuite 
une  édition  qui  contient  60  livres ,  Stras- 
bourg, 1654,in-4°;  Doujat  réunit  ensuite 
les  95  livres  dans  son  édition  de  Tite-Live 
ad  usum  Delphini.  Les  supplémens  de 
Tite-Live,  moins  estimés  que  ceux  de 
Quinte-Curce  ,  ont  été  cependant  insérés 
dans  les  éditions  latines  de  Jean  Leclerc 
et  de  Crevier,  de  Lemaire,  et  traduits  en 
français  par  Durier ,  Guérin,  Dureau  de 
la  Malle.  Il  fut  moins  heureux  dans  ses 
supplémens  de  Tacite .  parce  que  ,  pour 
faire  revivre  cet  historien  inimitable,  il 
fallait  un  génie  aussi  fort,  aussi  vigou- 
reux ,  aussi  profond  que  le  sien ,  et  il  s'en 
trouve  à  peine  un  dans  vingt  siècles.  Le 
Père  Brotier  y  a  depuis  complètement 
réussi.  On  a  encore  de  Freinshemius  des 
Commentaires  sur  Florus .  et  quelques 
autres  auteurs  latins ,  qu'il  a  ornés  de  sa- 
vantes tables. 

FREIRE  DE  ANDRADA  (Hyacinthe), 
abbé  de  Sainte-Marie  de  Chans,  né  à  Béja 
en  Portugal,  l'an  1597,  parut  d'abord 
avec  distinction  àla  cour  d'Espagne  ;  mais 
son  attachement  à  la  maison  de  Bragance 
indisposa  le  ministère  contre  lui.  Il  s'é- 
clipsa jusqu'au  temps  que  Jean  IV  fui 
proclamé  roi  de  Portugal,  en  1640.  Il  se 
rendit  auprès  de  lui ,  et  en  fut  très  bien 
reçu.  Ce  monarque  lui  offrit  l'évêché  de 
Visen  qu'il  refusa,  prévoyant  que  le  pape, 
qui  ne  reconnaissait  pas  d'autre  roi  de 
Portugal  que  celui  d'Espagne ,  ne  lui  ac- 
corderait point  ses  bulles.  Il  mourut  à 
Lisbonne  ,  en  1657,  à  60  ans.  Freire  avait 
l'esprit  léger ,  mais  le  cœur  généreux  et 
plein  de  franchise.  Il  défendait  ses  amis 
en  secret ,  et  les  reprenait  en  face.  Il  cul- 
tiva avec  succès  la  poésie  et  l'histoire.  On 
a  de  lui  :  |  la  Vie  de  don  Jxian  de  Castro. 
in-fol.  traduite  en  latin  par  Ratto ,  jésuite 
italien.  C'est  un  des  livres  les  mieux  écrits 


FAE 


ÎC7 


FRE 


an  porluoais.  |  Des  Poésies  portugaises ^ 
en  petit  nombre,  m;ils  rlrj{anlcs. 

FRCIT  Vr.ou  philù  Fin: YTAG  (Jeaîh), 
né  à  Niedcr  Wcsel .  dans  le  duché  de  Clè- 
ves.  en  1581,  fut  professeur  en  médecine 
àllcliiistadt,  médecin  cndiffrrenlrs  cours 
d'Allemagne,  cl  enfin  professeur  h  Gronin- 
Ruc  ,  où  il  mourut  en  I6il.  11  ne  cessa  de 
critiquer  les  ouvrages  du  célèbre  Daniel 
Secmcrl ,  auquel  il  ne  semble  pas  avoir 
rendu  asscr.  de  justice  ,  quoique  plusieurs 
«le  ses  critiques  soient  fondées.  Les  prin- 
cipaux ouvrapes  de  Freitaij  sont  |  :  Noc- 
trs  medicœ .  Francfort ,  1G16 .  in-4°;  |  Ju- 
rora  mcdicorum .  \(\'(\ ,  in-4°  (  voyez 
Mangct.  Bibliotheca  script,  medicor.  t.{{, 
p.  346  ).  —  n  ne  faut  pas  le  confondre 
arec  Jea\  FREIT  \G  ,  né  à  Perleberg  en 
1587 .  qui  pratiqua  la  médecine  avec  ré- 
putation à  Ratisbonuc ,  où  il  mourut  en 
lOrii  ,  après  avoir  publié  De  vieïancholia 
hypochondriaca  ;  ni  avec  Jew-Hexri- 
FREITAG,  qui  publia  un  ouvrage  sur  la 
chimie  en  1635,  à  Quedlimbonrg  ;  ni  avec 
le  major  FREITAG ,  devenu  célèbre  pour 
a  voir  donné  à  Francfort  des  coups  de  bâton 
à  M.  Arouel  de  Voltaire,  par  ordre  de 
Frédéric  II,  roi  de  Prusse. 

"  FREMI\  (  Re\é  )  ,  sculpteur,  né  en 
1673  à  Paris ,  où  il  prit  les  premières  le- 
çons de  son  art ,  alla  à  Rome  pour  se  per- 
fectionner, el  se  distingua  à  son  retour 
par  divers  ouvrages.  Appelé  en  Espagne 
par  Philippe  V,  qui  faisait  alors  con- 
struire la  Cranja,  à  Saint-Ildefunse ,  il 
contribua  beaucoup  à  orner  les  jardins 
de  ce  palais ,  et  fil  un  grand  nombre  de 
statues  el  de  groupes  ;  mais  l'ouvrage  qui 
lui  fît  le  plus  d'honneur  fui  la  fontaine 
dite  des  Grenouilles.  On  loue ,  dans  cet 
artiste,  l'élégance  et  la  facilité  avec  la- 
quelle il  exécutait  ses  ouvrages  ;  mais  on 
rritique  l'atlitudc  de  ses  statues  et  le  ca- 
ractère qu'il  imprimait  à  ses  dieux  et  à 
ses  nymphes  ,  qui  manquent  de  cette  sin>- 
plicité  grecque  dont  il  aurait  dû  se  péné- 
trer à  Rome.  Il  est  mort  à  Paris,  comblé 
d'honneurs  et  de  richesses,  en  1745. 

FREWI\nT(M*nTix  ),  peintre,  né  h 
Paris  en  1^67  ,  fit  le  voyage  de  Rome  dans 
un  temps  que  les  peintres  étaient  parta- 
gés entre  Michel-Ange  de  ("aravage,  et 
Joseph  d'Arpino  dit  le  Giospin.  11  s'atta- 
cha à  prendre  ce  que  ces  deux  peintres 
avaient  de  meilleur,  el  y  réussit.  Fremi- 
net  était  très  instruit  dans  les  sciences  re- 
latives à  son  art  :  il  savait  l'anatomie,  la 
perspective  et  l'architecture.  Il  fut  un 
grand  dessinatetir,  et  l'oo  remarque  beau- 


coup d  invention  dans  S(y  tableaux;  mais 
sa  manière  fière ,  les  expressions  forte» 
de  ses  figures  ,  des  muscles  et  des  nerf» 
durement  prononcés  ,  et  les  actions  de  ses 
personnages  trop  recherchées,  ne  sont 
l>oinl  du  goût  de  tout  le  monde.  »Ses  des- 
sins sont  terminés.  Henri  IV  le  fit  son  pre- 
mier peintre,  et  Ix)uis  XIII  l'honora  du 
cordon  de  Saint-Michel.  Il  peignit  le  pla- 
fond de  la  chapelle  de  Fontainebleau  ,  ei 
mourut  à  Paris  en  1619. 

FREMIWILLE  (  Edme  de  la  POIX  ), 
né  en  1680  à  Verdun  en  Bourgogne ,  du 
lieutenant-général  de  cette  ville,  devint 
lui-même  bailli  de  La  Palisse.  Les  ma- 
tières féodales  sonl  les  principales  qui  se 
présentent  à  traiter  devant  un  juge  de 
grandes  seigneuries  ;  il  en  fit  une  étude 
particulière.  Le  fruit  de  ses  travaux  fut 
le  Traité  des  dîmes ,  1  vol.  in-12;  la  Pra- 
tique des  terriers  ,  en  5  vol.  in-4°  qui  est 
un  excellent  traité  des  fiefs.  Il  fit  un  6* 
volume ,  pour  les  droits  des  habitans.  Il  a 
extrait,  par  ordre  alphabétique,  le  Traité 
de  la  police  du  commissaire  La  Marre  , 
sous  le  titre  de  Dictionnaire  de  la  police, 
en  1  vol.  in-4<»  :  ouvrage  estimé ,  et  réim- 
primé en  province ,  in-8°.  Freminville 
mourut  à  Lyon ,  le  14  novembre  1773.  C'é- 
tait un  homme  savant  et  laborieux. 

FREMIOT.  royez  CHANTAL. 

FREMIOT  (  AxDRÉ  ),  archevêque  de 
Bourges,  né  à  Dijon  en  1573,  d'une  fa- 
mille noble  et  féconde  en  personnes  de 
mérite ,  fut  chargé  d'affaires  importantes 
sous  Henri  IV  et  Louis  XIII,  et  s'en  ac- 
quitta en  homme  intelligent.  On  a  de  lui 
un  discours  des  marques  de  l'Eglise  con- 
tre les  hérésies,  1610,  in-8°  et  d'autres 
ouvrages.  Ce  prélat  estimable  mourut  à 
Paris  le  13  mai  1641. 

•FREMOMT  (don  Charles),  religieux 
et  réformateur  de  l'abbaye  de  Grammont. 
naquit  à  Tours  en  1610.  Dès  qu'il  eut  pris 
l'habit ,  à  l'âge  de  18  ans,  il  ne  tarda  pas 
à  s'apercevoir  du  relâchement  qui  régnait 
dans  la  discipline  de  l'abbaye  ;  il  n'en  fit 
pas  moins  son  noviciat  avec  une  exac- 
titude exemplaire ,  et  redoubla  de  fer- 
veur et  de  zèle  pour  ses  devoirs.  Lors- 
qu'il eut  fait  sa  profession ,  son  al)bé  le 
nomma  prieur  de  l'abbaye.  Dom  Frc- 
mont  s'efforça  .  par  son  exemple  et  SC3 
discours,  d'établir  parmi  ses  confrères 
plus  de  régularité;  ne  pouvant  y  parve- 
nir, il  demanda  cl  obtint  la  permission 
d'aller  à  Paris  terminer  ses  éludes  dani  le 
collège  que  l'ordre  y  av.iit  prè<  de  l'uni- 
versité. A.yant  été  présenté  au  cardinal  de 


FRE  268 

Richelieu ,  il  lui  fit  agréer  un  plan  de  ré- 
forme qu'il  avait  dressé.  Nommé  par  le 
ministre ,  prieur  d'Epoisse ,  près  de  Di- 
jon ,  don  Frémont  aidé  de  son  confrère 
don  Joseph  Baboul,  y  jeta  les  premiers 
fondemens  de  sa  réforme.  Pour  ne  pas 
paraître  affecter  la  singularité,  il  se  con- 
ienta  de  remettre  en  vigueur  dans  sa 
communauté  la  règle  telle  que  le  pape  In- 
nocent IV  l'avait  mitigée.  Le  prieuré  de 
Thiers  en  Auvergne ,  lieu  de  la  naissance 
fie  saint  Etienne,  instituteur  de  l'ordre  , 
prit  aussi  la  réforme ,  ainsi  que  six  ou 
sept  autres  monastères,  mais  sans  se  sous- 
haire  à  la  juridiction  de  l'abbé  de  Gram- 
mont.  Don  Frémont  gouverna  pendant  50 
ans  le  prieuré  de  Thiers,  et  y  mourut 
saintement  en  1689 ,  âgé  de  79  ans.  On 
connaît  de  ce  religieux  :  La  Fie ^  la  Mort 
et  les  Miracles  de  saint  Etienne ,  confes- 
seur ^  et  fondateur  de  l'ordre  de  Grani- 
mont  ^  dit  vulgairement  des  Bons-Hom- 
mes ^  Dijon  ,  1647  ,  in-8°.  On  trouve  à  la 
suite  de  cet  ouvrage  La  Vie  du  bienheu- 
reux Hugues  de  Lacerta,  disciple  de  saint 
Etienne.  Il  a  composé  en  outre  plusieurs 
OEuvres  de  piété  à  l'usage  de  ses  con- 
frères. 

*  FRÉMO^'T-D'ABLAîVCOURT  (Nico- 
las ) ,  diplomate  et  littérateur,  né  à  Paris 
en  1625 ,  était  neveu  de  Perrot  d'Ablan- 
court  qui  fut  son  maître.  Il  se  fit  une 
grande  réputation  d'esprit  et  de  savoir  , 
et  plusieurs  princes  d'Allemagne  s'ef- 
forcèrent de  l'attirer  auprès  d'eux.  Mal- 
gré les  offres  les  plus  brillantes,  il  se 
décida  d'autant  moins  à  quitter  le  ser- 
vice de  sa  patrie  ,  que  Turenne,  qui  l'a- 
vait pris  sous  sa  protection ,  le  fit  nom- 
mer ambassadeur  de  France  près  la  cour 
de  Portugal ,  et  quelque  temps  après  ré- 
sident à  Strîisbourg.  De  retour  à  Paris, 
après  la  mort  de  Turenne ,  il  partageait 
çun  temps  entre  la  société  des  beaux  es- 
prits de  l'époque  et  la  culture  des  lettres, 
lorsque  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes 
le  força  de  s'expatrier  dans  un  âge  encore 
peu  avancé.  Il  se  retira  en  Hollande  où 
le  prince  d'Orange  le  nomma  son  historio- 
gi  aphe  et  lui  accorda  une  pension.  Fré- 
mont mourut  à  la  Haye  ,  en  1693  ,  laissant 
les  ouvrages  suivans  :  ]  Dialogues  de  la 
santés  Amsterdam ,  178i ,  in-12  ;  |  Perrot 
d'Ablancourt  vengé  ou  Amelot  de  la 
Houssaye  convai?icu  de  ne  pas  parler 
français  et  de  mal  expliquer  le  latin, 
Amsterdam ,  1786 ,  in-12  ;  |  Mémoires 
concernant  l'histoire  de  Portugal,  depuis 
le  traité  des  Pyrénées  (  1659  )  jusqu'en 


FKE 

1668,  avec  les  révolutions  arrivées  dans 
ce  temps-là  à  la  cour  de  Lisbonne ,  Paris, 
1701,  in-12,  réimprimés  la  môme  année 
en  Hollande.  Frémont  a  ajouté  à  la  tra- 
duction des  OEuvrcs  de  Lucien,  par 
Perrot  d'Ablancourt ,  le  Dialogue  des  let- 
tres de  l'alphabet  et  le  Supplément  à 
l'histoir-e  véritable.  Il  a  aussi  revu  la  tra- 
duction de  V Afrique  parMarmol,  et  a 
travaillé  au  Dictionnaire  des  rimes  de 
Richelet. 

FREMCLE(  Nicolas  ) ,  poète  français 
né  à  Paris  en  1600,  fut  conseiller-général 
en  la  cour  des  monnaies,  et  mourut 
doyen  de  la  même  cour  après  l'an  1661. 
On  a  de  lui  plusieurs  pièces  de  théâtre  : 
I  Polémon  elNiobé ,  in-S",  deux  pastora- 
les ;  1  VEnt?-ètien  des  bergers,  autre  pas- 
torale  ;  [un  poème  intitulé  Jésus  crucifié  ; 
I  une  Paraj)hrase  des  psaumes,  en  vers , 
etc.  Tous  ces  ouvrages  sont  très  mé- 
diocres. 

FREIVICLE  DE  BESSY  (  Berîvard  ) , 
frère  du  précédent,  mort  en  1675  ,  fut 
grand  arithméticien  et  ami  de  Descar- 
tes. Ce  philosophe  faisait  grand  cas  de 
son  arithmétique ,  qui  le  conduisait  à  des 
détails  où  l'analyse  a  bien  de  la  peine  à 
parvenir;  mais  il  s'étonnait  que  sans  le 
secours  de  l'algèbre ,  dont  en  effet  il  ne 
faisait  aucun  usage ,  Bessy  fût  devenu  si 
profond  dans  cette  science.  On  trouve 
plusieurs  de  ses  écrits  dans  le  6'  tome 
des  anciens  mémoires  de  l'académie  des 
sciences ,  dont  il  était  membre  :  entre  au- 
tres, une  méthode  pour  trouver  la  solu- 
tion des  problèmes  par  les  exclusions. 
Condorcet  a  écrit  son  éloge. 

*  FRÈRE  (  GiîoncES  ) ,  comte  ,  lieute- 
nant-général ,  naquit  le  2  octobre  1764  à 
Montréal.  A  l'âge  de  17  ans  (  1791  ) ,  il  en- 
tra dans  le  2^  bataillon  de  l'Aude ,  et  y 
ayant  déployé  du  courage  et  de  rintelli- 
gence ,  il  fut  nommé  capitaine  en  1792. 
Devenu  chef  de  bataillon  l'année  suivante, 
à  l'armée  des  Pyrénées -Occidentales,  il 
se  distingua  bientôt  après  à  celle  des  Py- 
rénées-Orientales ,  d'où  il  passa  en  Italie , 
y  fit  les  campagnes  de  1794  et  1795,  et 
fut  blessé  aux  redoutes  de  Séza.  Lorsque 
les  Français  entrèrent  dans  le  Piémont , 
il  reçut  à  la  journée  de  la  Brenta  une 
nouvelle  blessure,  qui  lui  valut  le  yrade 
de  chef  de  brigade.  De  retour  en  France, 
après  le  traité  de  Campo-Formio ,  il  servit 
dans  les  armées  de  l'Ouest,  de  la  Hol- 
lande et  du  Rhin,  fut  nommé  ensuite 
commandant  de  la  garde  du  premier  con- 
sul ,  devint  général  de  brigade  en  sep- 


FKE 


269 


FRE 


fcnibrc  1802 ,  ci  fui  employé  dans  l'ariuce 
de  HiinoTfe  cl  à  la  grande  armée  ,  pen- 
dant les  campayncs  de  1805,  1H06  et  1807. 
Le  yenoral  Fri-rc  fut  souvent  cité  avec 
•  loge  dan»  les  bulletins  du  temps;  et  no- 
tammct»t  en  1806  à  la  prUc  de  Lubcck. 
où  il  entra  un  des  prcrtuers.  Un  de  ses 
l)lus  beaux  faits  dariucs  fut  la  défense  do 
Kl  tète  du  ptml  de  SjMindau  sur  la  Vassar- 
i;c.  Avec  un  seul  régiment  etqxiatre  pièces 
Je  canon,  il  soutint  l'attaque  de  10,000 
Russes ,  qui  revinrent  six  fois  à  la  charge 
pour  s'emparer  de  ce  pont,  et  qui  furent 
forcés  de  se  retirer,  après  avoir  éprouvé 
une  perte  considérable.  Il  fut  nommé  suc- 
cessivement comte  ,  cominandant  de  la 
lésion  d'honneur  et  général  de  division. 
Le  6  mai  1808,  il  se  rendit  en  Espagne  , 
et  le  7  juin .  il  s'empara  de  la  ville  de  Sé- 
govie.  Il  alla  ensuite  appuyer  l'armée  du 
maréchal  Moncey ,  qui  assiégeait  Valence; 
et .  après  la  prise  de  celte  ville  ,  il  coopéra 
au  siège  mémorable  de  Saragosse ,  en  qua- 
lité de  chef  d'étal-major  du  maréchal 
Lannes.  \  ppelc  à  la  grande  armée ,  le  gé- 
néral Frère  se  trouva  à  la  bataille  de  Wa- 
frram,  où  il  se  distingua  de  nouveau  et 
reçut  des  blessures  graves.  A  peine  guéri, 
il  retourna  en  Espagne  et  assista  aux  siè- 
ges d'Ostalric,  de  Tortosc  et  de  Tarra- 
gone.  Il  revint  en  France  en  181'),  et  passa 
au  commandement  de  la  ly  division  mi- 
litaire à  Rennes,  puis  à  la  10"^  à  Lille.  Lors 
delà  première  restauration,  Louis  XVIII 
le  créa  chevalier  de  Saint-Louis.  Après  le 
débarquement  de  Bonaparte  à  Cannes,  le 
20  mars  1H15  ,  et  pendant  les  ccnt-jours  , 
le  général  Frère  se  conduisit  avec  une  ré- 
serve extrême.  Cependant,  s'il  ne  s'em- 
pressa pas  de  se  ranger  sous  les  drapeaux 
de  son  aincien  général,  il  ne  se  montra  pas 
non  plus  fort  zélé  pour  la  cause  des  Bour- 
bons. Anssi,  au  retour  du  roi,  et  dés  le 
commencement  de  1816  ,  il  fut  mis  en  non 
activité,  et  y  resta  jusqu'à  sa  mort,  arri- 
vée le  17  février  1826. 

FRERET  (Nicolas),  secrétaire  perpé- 
tuel de  l'Hcadémie  des  belles-lettres .  né 
à  Paris  le  15  février  168S,  d'un  proaireur 
•u  parlement,  se  fil  recevoir  avocat  par 
complaisance  pour  sa  famille.  La  nature 
ne  lui  avait  donné  aucun  goût  pour  le 
barreau,  et  par  conséquent  presque  point 
détalent;  il  le  quitta  pour  se  livrer  à  l'his- 
toire el  à  la  dironologie,  ses  premières 
p.issions.  L'académie  des  inscriptions  li'i 
ouvrit  SCS  portes  dès  l'âge  de  25  ans.  Il 
»i{;nala  son  entrée  par  un  Discours  sur 
l  origine  des  Fronçait ,   rempli  de  pro- 


pos indiscrets  sur  l'affaire  des  princes 
avec  le  régent,  qui  le  fit  renfermer  à 
la  Bastille.  Bayle  fut  presque  le  seul  au- 
teur qu'on  lui  donna  pour  égayer  sa 
prison;  il  le  lut  tant  do  fois,  qu'il  le  sa- 
vait presque  par  cœur.  Les  erreurs  de  ce 
fameux  sceptique  s'inciilquèrcnt  dès  lor» 
dans  son  esprit.  On  ne  s'en  aperçoit  q\ie 
trop,  lorsqu'on  jette  les  yeux  sur  ses  Let- 
tres de  Thrasybule  à  Leucippe .  où  l'on 
trouve  le  triste  athéisme  réduit  en  prin- 
cipes ,  quoique  adroitement  enveloppé  ; 
et  sur  X Examen  des  apologistes  du  chris- 
tianisme. 1767,  in-8°  :  ouvrage  posthume, 
non  moins  répréhcnsible  que  le  précédent, 
mais  qui  n'est  pas  de  lui.  L'abbé  Bergier 
l'a  réfuté  victorieusement  par  son  ouvrage 
intitulé  Certitude  des  preuves  du  chris- 
tianisme. Fréret  ayant  obtenu  sa  liberté, 
s'adonna  entièrement  à  ses  anciennes 
études.  On  lui  doit  :  |  plusieurs  mémoires. 
pleins  d'érudition  et  de  discussions  épi- 
neuses. Ils  sont  répandus  dans  les  diffé- 
rens  volumes  de  la  collection  académique 
des  belles-lettres.  Ceux  dans  lesquels  il 
essaie  d'éclaircir  la  chronologie  lydienne 
et  la  chinoise  ont  été  d'abord  recher- 
chés ;  mais  l'on  s'est  convaincu  depuis , 
que  CCS  fabuleuses  histoires  n'avaient 
rien  gagné  aux  travaux  de  ce  savant,  beau- 
coup plus  crédule  en  matière  de  vieilles 
aimalcs,  qu'en  matière  de  religion.  |  I^ 
préface,  les  notes,  et  une  partie  de  la  tra- 
duction du  roman  espagnol,  intitulé  Ty- 
ran le  Blanc.  2  vol.  in-12  ;  \  Défense  de  ta 
chronoloyie  contre  le  système  de  Newton . 
Paris,  1738,  in-4°;  |  quelques  ouvrages 
frivoles,  qui  n'amuseront  jamais  les  lec- 
teurs sages.  Fréret  avait  une  vaste  litté- 
rature, il  connaissait  l'intrigue  de  pres- 
que toutes  les  pièces  des  différens  théàt  re» 
de  l'Europe.  Sa  mémoire  était  immense. 
Il  écrivait  avec  netteté  et  avec  ordre,  mais 
il  avait  du  penchant  pour  les  opinions  sin- 
gulières; ses  Lettres  de  Thrasybule  annon- 
cent,  au  jugement  d'uncritique  judicieux, 
«  un  esprit  dur  et  un  cœur  corrompu.  • 
L'auteur  du  Dictionnaire  philosophique 
s'est  souvent  paré  de  l'érudition  de  Fré- 
ret, et  n'en  a  pas  fait  un  n»e;lleur  usage. 
Il  mourut  en  1749.  Ses  OKuvres  complèlet 
ont  été  recueillies  el  publiées  par  Sepl- 
chénes,  en  '.0  vol.  in-12,  Paris.  1766  ;  mais 
cette  édition  est  extrêmement  inromplèie 
el  défectueuse;  l'auteur  n'a  fait  usa«e 
d'aucun  des  manuscrits  de  Fréret .  qui 
étaient  alors  entre  les  mains  de  Sainic- 
Croix,  et  dont  plusieurs  sont  reste*  iné- 
dits. On  fait  awez  de  cas  de  ses  méinonc* 
•11. 


FRE 


270 


FRE 


sur  les  cultes  de  plusieurs  dieux  du  pa- 
ganisme, sur  VÂ7inée  persane;  de  son 
Traité  sur  iot'igine  des  Grecs,  et  de  son 
traité  ^  sur  les  antiquités  de  Babylone. 
1<  RÉROîV  (  Elie-Catherine  ) ,  né  à 
Quimpcr  en  i7i9,  «iontrade  bonne  heure 
des  talcns.  II  entra  chez,  les  jésuites,  pour 
les  y  perfectionner.  Il  professa  pendant 
quelque  temps  avec  succès  au  collège  de 
Louis  le  Grand.  Les  Pères  Brumoi  et  Bou- 
geant le  dirigèrent  dans  ses  études,  et 
lui  inspirèrent  le  goût  de  la  belle  litté- 
rature. Quelques  mécontentemens l'ayant 
obligé  de  sortir  des  jésuites  en  1759 ,  il 
aida  d'abord  l'abbé  des  Fontaines  dans  la 
Komposition  de  ses  feuilles ,  et  donna  en- 
suite un  petit  journal,  sous  le  titre  de  Let- 
tres de  JfJ"""  la  comtesse,  in-12,  1746.  Cette 
comtesse  était  l'interprète  de  la  raison  et 
du  bon  goût ,  et  elle  s'exprimait  avec 
autant  d'esprit  que  de  sel.  Comme  la  ré- 
putation de  plusieurs  beaux  esprits  n'é- 
tait pas  ménagée  dans  ces  feuilles,  ils 
eurent  le  crédit  de  les  faire  supprimer. 
Elles  reparurent  en  1749 ,  sous  un  autre 
titre.  C'est  au  commencement  de  cette 
année  que  Fréron  publia  ses  Lettres  sur 
quelques  écrits  de  ce  temps^  qui ,  renfer- 
mant une  critique  aussi  vive  que  pi- 
quante ,  ne  plurent  pas  plus  à  un  grand 
nombre  d'écrivains,  que  celles  de  la  com- 
tesse. Elles  furent  quelquefois  inter- 
rompues ,  et  ce  fut  presque  toujours  au 
regret  du  public ,  qui  aime  à  s'amuser 
des  critiques  et  de  ceux  qui  en  sont  l'objet. 
Après  avoir  publié  13  vol.  de  ce  journal, 
l'auteur  le  fit  paraître  en  17S4,  sous  le  titre 
iVj4nnée  littéraire,  et  il  en  a  publié  régu- 
lièrement 8  vol.  par  année ,  à  l'exception 
de  1734,  qu'il  n'en  donna  que  7,  jusqu'à  sa 
mort  arrivée  en  mars  177C.  Beaucoup 
d'esprit  naturel ,  de  la  gaîté,  un  goût  sûr , 
un  tact  fin,  le  talent  de  présenter  les  dé- 
fauts d'un  ouvrage  avec  agrément  :  telles 
furent  les  qualités  de  ce  redoutable  jour- 
naliste. De  la  partialité,  une  malignité 
quelquefois  trop  marquée  ,  de  la  préci- 
pitation dans  les  jugemens  :  tels  furent 
ses  défauts.  Il  avait  des  mœurs  douces,  et 
sa  société  était  facile  et  enjouée;  mais  le 
ressentiment  des  injustices  le  rendit 
quelquefois  injuste.  Ses  autres  ouvrages 
sont  :  I  un  recueil  di' opuscules  ,  en  3  vol. 
in-12,  parmi  lesquels  on  trouve  des  poé- 
sies qui  ne  sont  pas  sans  mérite,  VOde 
sur  la  bataille  de  Fontenoi  est  une  des 
meilleures  qui  aient  paru  depuis  Rous- 
seau. I  Les  amours  de  Vétius  et  d'Ado- 
nis^ in-i2,  1748  :  brochure  traduite  de  l'i- 


talien (lu  cavalier  Marini.  Fréron  était 
très  peu  conséquent  dans  l'attachement 
qu'il  affichait  pour  les  bonnes  mœurs.  Di- 
verses analyses  qu'on  voit  dans  V Année 
littéraire,  en  sont  une  autre  preuve.  II 
travailla  pendarit  quelque  temps  dM  Jour- 
nal étranger.  Il  l'abandonna  pour  s'occu- 
per entièrement  de  son  Année  littéraire. 
dont  le  privilège  a  été  continué  à  sa  veuve. 
*  FRÉRON  (Louis-Stanislas),  fils  du 
précédent,  né  à  Paris  vers  175S,  oblinl 
après  la  mort  de  son  père  le  privilège  de 
l'Année  littéraire,  qu'il  fit  publier  sous 
son  nom ,  par  l'abbé  Royou  ,  son  oncle,  et 
par  le  professeur  Geoffroy.  Fréron  ne 
s'occupait  que  de  ses  plaisirs.  Dès  1789, 
il  embrassa  le  parti  de  la  révolution  avec 
fureur,  et  devint  l'émule  de  Marat  par  la 
publication  d'vme  petite  feuille  périodi- 
que iniituléeV Orateur  du  peuple.  Il  avait 
connu  Robespierre,  lorsqu'il  faisait  ses 
études  au  collège  de  Louis  le  Grand  ;  et 
quand  celui-ci  vint  à  Paris  pour  siéger 
aux  états-généraux,  ils  agirent  long-temps 
de  concert.  Lors  de  l'insurrection  du  mois 
de  mars  1791,  il  fut  remarqué,  ainsi  que 
Camille  Desmoulins  ,  à  la  tète  des  insur- 
gés ,  et  il  devint  un  des  plus  violens  ora- 
teurs du  club  des  cordeliers  qui  prit  une  si 
grande  part  auxévénemens  du  10  aovitl792 . 
Dans  cette  journée ,  il  s'empara  de  vive 
force  de  la  commune,  et  en  devint  membre, 
sans  avoir  fait  ratifier  sa  nomination.  Il  fut 
ensuite  élu  à  la  Convention,  où  il  vola  la 
mort  du  roi.  Envoyé  dans  le  Midi  avec 
Barras ,  Salicetti  et  Robespierre  le  jeune, 
il  fut  l'auteur  des  mesures  sanglantes 
exécutées  à  Marseille  et  à  Toulon.  Il  ne 
persécuta  pas  seulement  les  chefs  de 
l'autorité  proscrite  ,  mais  tous  les  négo- 
cians  les  plus  considérés ,  les  riches,  ainsi 
que  tous  ceux  qui  jouissaient  de  quelque 
crédit.  On  cite  de  lui  entre  autres  ce  trait 
horrible.  Etant  entré  à  Toulon  après  que 
les  Anglais  eurent  évacué  cette  ville ,  il 
ordonna  aux  habitans  de  se  rendre  au 
Champ  de  Mars  sous  peine  de  mort,  pour 
y  recevoir  les  instructions  qu'oh  avait  à 
leur  donner.  Huit  cents  s'y  rendirent  ;  à 
peine  y  furent-ils  arrivés,  qu'il  fit  appro- 
cher une  batterie  de  canons  et  tirer  sur 
eux  à  mitraille.  Plusieurs  qui  n'avaient 
pas  été  atteints  se  jetèrent  à  terre  et  fei- 
gnirent d'être  morts.  Fréron,  qui  ne  vou- 
lait pas  qu'aucune  de  ses  victimes  lui 
échappât,  s'écria  alors  :  «  Que  ceux  qui 
n  ne  sont  pas  morts  se  lèvent ,  la  répuhli- 
»  que  leur  fait  grâce.  »  Ces  malheureux 
se  levèrent  en  effet,  et  à  l'instant  même 


FKE 


171 


FHE 


U«  furent  massacres  à  coups  ilc  sabre  et 
de  fusil  par  ordre  du  féroce  proconsul. 
»>n  nepiut  lire  >aiis  ctre  saisi  d'horreur  les 
Irllres  qu'il  tcrivail  alors q  la  Convention. 
I>.ins  «a  correspondance  avec  son  çollè(;ne 
Î^Ioise  Bayle.  où  il  lui  rendait  compte  des 
vénemens  de  Toulon,  Fréron  lui  disait 
;  ail  avait  requis  12.000  hommes  pour 
l^or  la  ville  .  que  tous  les  jours  on  y  fai- 
it  tomber  deux  cents  tètes,  et  il  ajou- 
!  it  :  .  Toutes  les  grandes  mesures  ont 
»  clé  manquées  à  Marseille  par  Albiltc  et 
»  par  Cartuux.  »  Après  avoir  fait  périr  un 
prand  nombre  d'habitans  de  Toulon  et 
détruit  une  partie  de  ses  édilices  ,  Fréron 
retourna  à  Marseille  pour  y  continuer  ses 
œuvres  de  destruction.  Il  y  fit  périr  en- 
core 400  personnes  et  fit  recommencer 
K'S  démolitions.  Mais  la  Convention  in- 
'  rrompit  elle-même  ces  bri(îanda{jes,  en 
appelant  ses  commissaires.  Ils  revinrent 
Paris,  et  Fréron,  reçu  comme  un  triom- 
phateur par  la  société  des  jacobins,  fut 
jiroclamé  le  Sauveur  du  Midi  !  La  mésin- 
tiHigence  commençait  cependant  à  se 
ineltre  entre  les  différens  partis,  et  Ro- 
cspierre  venait  de  faire  périr  Hébert, 
t.lool7,,Chaumette.  Danton,  qui  étaient  les 
principaux  meneurs  du  club  des  Corde- 
liers;  Fréron,  qui  appartenait  à  la  même 
faction,  et  plusieurs  autres  clubistes, 
(  raignant  le  même  sort,  concertèrent  leurs 
moyens  de  défense  ,  et  parvinrent  à  ren- 
verser leur  ennemi  le  9  thermidor  (27  juil- 
let 1794).  Après  la  chute  de  Robespierre, 
Fréron,  ainsi  que  la  faction  dautoniste  , 
prirent  le  nom  de  thermidoriens,  et  quit- 
tèrent la  Monta{jnc  ,  pour  aller  s'asseoir 
au  côté  droit.  Il  devint  alors  l'apôtre  de 
la  réaction  ,  et  poursuivit  avec  acharne- 
ment ses  anciens  amis.  En  l'entendant 
faire  la  motion  de  raser  l'hôtel-de-ville  et 
le  club  des  jacobins,  et  plus  tard  de  brûler 
le  faubourg  Saint-Antoine  ,  on  reconnut 
encore  en  lui  le  proconsul  de  Toulon  fu- 
mant et  de  Marseille  saccagée.  Fréron  pu- 
blia de  nouveau  son  Orateur  du  peuple. 
où  l'on  remarquait  toujours  la  même  fré- 
nésie d'expressions,  quoique  dans  un  esprit 
différent ,  et  se  mit  à  la  télé  d'une  troupe 
déjeunes  gens  qui,  sous  le  nom  de  jeu- 
nesse dorée  de  Fréron .  parcouraient  les 
rues  et  les  places  publiques  en  chantant 
le  Réveil  du  peuple,  et  poursuivant  les 
jacobins.  Le  club  de  ces  derniers  fut  fer- 
mé à  la  suite  d'une  rixe.  Après  l'insurrec- 
tion du  13  vendénuaire  (o  octobre  1793  ), 
les  thermidoriens  craignirent  d'avoir 
p<irlé  trop  loin  leur  système  de  réaction , 


et  soupçonnèrent  in^mo  quelques-uns  de 
leurs  collègues,  d'avoir  fuit  un  pacte  secret 
avec  les  royalistes.  Fréron,  Tallien,  Bar- 
ras reparurent  alors  au  hotU  de  la  Mon  - 
lagnc.  Ils  firent  nommer  un  comité  extra 
ordinaire,  dont  Tallien  fut  rapporteur, 
et  ils  révèrent  le  renouvellement  de  la  ter- 
reur. Après  la  session  Fréron,  qui  n'avait 
point  été  réélu,  fut  envoyé  de  nouveau 
dans  le  Midi  en  qualité  de  commissaire 
extraordinaire  du  nouveau  gouverne- 
ment ;  mais  craignant  le  ressentiment  des 
habilans,  il  s'y  fil  accompagner  d'une 
force  imposante.  Plus  tard,  illit  paraître 
un  mémoire  sur  sa  mission.  Bonaparte 
était  devenu  premier  consul  ;  on  assure 
que  Fréron  devait  épouser  sa  sœur,  dont 
la  wiain  lui  avait  été  promise  et  qui  fut 
depuis  mariée  au  général  Leclerc  cl  en- 
suite à  Camille  Borghèse.  Fréron,  nommé 
sous-préfet  dans  un  des  arrondissemens 
de  Saint-Domingue ,  refusa  long-temps 
de  s'y  rendre  ;  il  partit  cependant  en  1802 , 
avec  l'armée  sous  les  ordres  du  général 
Leclerc.  Il  y  mourut  en  1802,  après  une 
maladie  de  six  jours.  On  a  de  lui  :  |  Mc- 
i7ioire  historique  sur  la  réaction  royale 
et  sur  les  massacres  du  Midi,  avec  des 
notes  et  pièces  justificatives .  première 
partie.  1795,  in-S".  Isnard  y  répondit  par 
une  brochure  virulente  intitulée  Isnard 
à  Fréron;  \  Moïse  Dayle  au  peuple  sou- 
verain et  à  la  Convention,  in-8";  |  Hé- 
fiexions  sur  les  hôpitaux  .  et  particuliè- 
rement sur  ceux  de  Paris ,  et  V établisse- 
ment d'un  mont-de-piété.  1800,  in-8°. 

•  FIIESIA  D'OGLIAMCO  (Machice- 
Ign.vce  ),  lieutenant-général  des  armées 
françaises,  naquit  à  Saluées  en  1746  d'une 
ancienne  famille  du  Piémont.  Il  reçut  à 
Turin  une  éducation  distinguée  et  entra 
à  20  ans  au  service  de  Sardaigne.  D'abord 
cornette  dans  le  régiment  du  roi  (  dra- 
gons), il  parvint  de  grade  en  grade  à  ce- 
lui de  colonel  qu'il  obtint  en  1793,  d'abord 
dans  le  régiment  de  Chablais,  puis  dans 
celui  des  chevau-légers  du  roi.  Il  avait 
fait  jusqu'alors  toutes  ses  campagnes  con- 
tre la  France  :  nommé  général  en  17%,  il 
passa  l'année  suivante  sous  les  drapeaux 
français  avec  le  môme  grade ,  et  se  di$- 
îingua  dans  plusieurs  occasions,  notam- 
ment dans  deux  affaires  qui  eurent  lieu 
sous  les  murs  de  Vérone.  Il  dut  à  sa  bril- 
lante réputation  le  commandement  fr^né- 
ral  des  troupes  piémonlaises  ;i  '• 

l'rance,  qui  s'ius  >(s  ordres.  t 

de  courage  et  de  gloire  avec  nu.  ..  .:  -  Lr 
Béncral  Frcsia  fut  fait  prisonnier  vx  bord 


FRE 

ée  l'Adda  ;  mais  il  fut  bientôt  écliangé ,  et  : 
reparut  à  la  tête  de  ses  troupes.  Lorsque 
le  Piémont  fut  réuni  à  la  France,  Frésia 
fut  investi  du  commandement  du  dépar- 
tement de  la  Haute-Loire  et  ensuite  de 
celui  de  l'Hérault.  II  organisa  en  1803  à 
Montpellier  le  corps  piémontais  que  l'on 
appela  la  légion  du  midi .  fit  les  campa- 
gnes de  1805  et  de  1806  en  Italie  ,  et  celle 
de  1807  en  Prusse ,  et  obtint  le  grade 
de  général  de  division.  Il  commandait 
la  cavalerie  piémontaise  à  la  bataille 
de  Friedland  et  conduisit  ensuite  un 
corps  de  cavalerie  en  Espagne,  d'où  il 
revint  par  suite  de  la  capitulation  de 
Baylen  que  fit  le  général  Dupont.  Après 
avoir  été  pendant  quelque  temps  à  la  tête 
de  la  18"  division  militaire ,  il  fut  envpyé 
à  la  cour  de  Toscane  où  il  remplit ,  à  la 
satisfaction  du  gouvernement,  la  mission 
qui  lui  avait  été  confiée.  Employé  de  nou- 
veau, à  son  retour,  à  la  grande  armée,  il 
commanda  ensuite  la  k^  division  militaire 
du  royaume  d'Italie ,  fut  chargé  provi- 
soirement du  gouvernement  de  Venise , 
et  lit  en  1813  la  campagne  de  Saxe.  Nom- 
mé commandant  militaire  des  provinces 
Illyriennes,  il  pourvut  à  la  défense  de  Lay- 
bach  et  de  Trieste.  Lorsque  les  événe- 
mens  le  forcèrent  de  quitter  ces  provin- 
ces, il  revint  en  France  où  il  reçut  le 
commandement  de  la  division  de  réserve 
que  l'on  organisait  dans  le  Piémont.  Au 
commencement  de  1814.  il  fut  chargé  de 
la  défense  de  Gènes  qu'il  ne  rendit  au 
général  Bentink  qu'après  avoir  obtenu 
une  honorable  capitulation.  Les  événe- 
mens  de  1814  ne  ramenèrent  point  le  gé- 
néral Frésia  dans  sa  patrie;  il  continua 
de  résider  en  France  où  il  obtint  sa  re- 
traite en  1815,  et  où  il  est  mort  dans  le 
mois  d'octobre  1826 ,  âgé  de  80  ans. 

FRESNAYE  (  Jean  V  AUQUELIN  de  la), 
né  en  1556  à  la  Fresnaye  en  Normandie  , 
fut  d'abord  avocat  du  roi  au  bailliage  de 
Caen,  ensuite  lieutenant-général,  et  pré- 
sident au  présidial  de  celte  ville  ;  il  y 
mourut  en  1606 ,  à  ce  qu'on  croit ,  à  70 
ans.  C'est  le  premier  poète  français  qui 
ait  fait  des  satires.  Celles  de  La  Fresnaye, 
plus  sensées  que  plaisantes  ,  n'ont  ni  l'é- 
nergie ,  ni  le  piquant  de  Régnier  ;  et  par 
ixjuséquent  sont  moins  lues  par  les  Fran- 
çais, naturellement  amis  du  sel  et  del'é- 
pigramme.  On  a  encore  de  La  Fresnaye  : 
I  un  ^rt poétique  qu'on  ne  lit  plus  et  qu'on 
ne  doit  plus  lire ,  parce  que  ce  qu'il  y  a 
de  bon  se  trouve  ailleurs,  et  que  le  reste 
D'est  qu'un  recueil  de  préceptes  triviaux, 


272  FRE 

versifiés  faiblement.  |  Un  poème  intitulé  : 
Pour  la  Monarchie  de  ce  royaume  contre 
la  division^  ouvrage  d'un  zélé   patriote- 

I  Deux  livres  d'Idylles ,  et  trois  autres 
à! Epigrammes  ^  à.' Epitaphes  et  de  Son- 
nets. Toutes  ces  poésies  ont  été  recueillie» 
par  lui-même,  in-8'',  1605,  à  Caen.  Il  était 
père  de  Des  Ivetaux.  (  Voyez  ce  nom) 

FRES\  E  (  Abraham- Alexis  QUINAULT 
du),  naquit  d'une  famille  attachée  au  théâ- 
tre depuis  long-temps.  11  était  d'un  carac- 
tère extrêmement  hautain,  comme  Ba- 
ron. Il  disait  modestement ,  en  parlant  de 
lui  :  a  On  me  croit  heureux  :  erreur  po- 
»  pulaire  !  Je  préférerais  à  mon  état  celui 
»  d'un  gentilhomme  qui  mangerait  tran- 
»  quillement  douze  mille  livres  de  rente 
»  dans  son  vieux  château  »  Du  Fresne 
était  si  glorieux ,  qu'il  parlait  à  peine  a 
ses  domestiques  ;  et  lorsqu'il  était  question 
de  payer  un  fiacre  ou  un  porteur  de 
chaise,  il  se  contentait  de  faire  un  signe  , 
ou  de  dire  d'un  air  dédaigneux  :  Qu'on 
paie  ce  malheureux.  «  Ce  n'est  du  reste  pas 
»  à  ces  mimes  qu'il  faut  s'en  prendre,  dit 
»  un  auteur,  s'ils  sont  pleins  d'insolence 
»  et  d'orgueil ,  mais  à  l'engouement  du 
»  public  qui  leur  fait  perdre  la  tête  par 
»  des  applaudissemens  exagérés,  et  par 
»  des  richesses  qui  les  mettent  de  niveau 
»  avec  les  plus  grands  seigneurs.  »  (  Voy. 
BARON,  ESOPUS,GARRICK,ROSCIUS), 
Cet  histrion  est  mort  en  1767. 
^  FRESIVE.  Foyez  CANGE  (du). 

FRESIVE.  Voyez  FORGET. 

•FRESIVEL  (  Augustin- Jeaiv  ),  physi- 
cien célèbre,  né  à  Broglie,  département  de 
l'Eure,  le  10  mai  1788.  Jacques  Fresnelson 
père,  qui  était  architecte  et  entrepreneur 
de  travaux  publics ,  n'ayant  point  adopté 
les  principes  de  la  révolution,  se  vit  forcé, 
par  l'anarchie  révolutionnaire,  de  renon- 
cer aux  entreprises ,  et  de  venir  chercher 
un  asile  ,  en  1794,  dans  une  petite  campa- 
gne qu'il  possédait  aux  environs  de  Caen. 

II  s'y  occupa  uniquement  de  l'éducation 
de  ses  enfans.  Les  progrès  d'Augustin,  s<aj 
fils  cadet ,  furent  singulièrement  retar- 
dés par  sa  complexion  faible  et  valétudi- 
naire ;  il  savait  à  peine  lire  à  huit  ans.  A 
15  ans,  ses  parens  l'envoyèrent  continuer 
ses  éludes  à  l'école  centrale  de  Caen  ,  où 
deux  professeurs ,  du  plus  rare  mériU-, 
MM.  Quesnot  et  l'abbé  de  Larivièrc, 
chargés  l'un  d'un  cours  de  mathéma- 
tiques ,  l'autre  du  cours  de  grammaire 
générale  et  de  logique,  contribuèrent  à 
développer  et  fortifier  en  lui  un  sens  droit 
et  un  jugement  exquis.  A 16  ans  il  fut  ad- 


riiE 


273 


FRE 


misa  récole  polyicclmique,  et  malgré  les 
infirmités  précoces  qui  arcnblaiciU  déjà  sa 
jeunesse,  il  se  fit  remarquer  parmi  les  élè- 
ves les  plus  distingués  ,  et  fixa  sur  lui  l'at- 
It-ntion  de  ses  prfifosscurs.  par  la  solution 
de  plusieurs  problènu-s  d'une  difficullé  re- 
marquable. Au  sortir  de  l'école  polytechni- 
que, Fresnel  entra  dans  celle  des  ponls- 
,1    ■  ^.  et  fut  bientôt  employé  com- 

1,  I  dans  le  département  de  la 

>  ,  usuite  dans  celui  de  la  Drome 

où  il  bc  trouvait  lors  du  débarquement  de 
Bonaparte.  S'étant  montre  favorable  aux 
Bourbons  ,  il  fut  destitué  et  se  retira  en 
Normandie,  où  il  se  livra  à  des  éludes 
physico- mathématiques,  et  principale- 
ment à  des  recherches  sur  les  divers  phé- 
nomènes que  nous  présente  la  lumière. 
Celte  étude  pour  laquelle  il  avait  toujours 
eu  beaucoup  de  goût,  mais  dont  il  n'avait 
pu  s'occuper  avec  continuité  à  cause  de 
ses  emplois,  le  conduisit  à  déterminer 
les  lois  de  la  diffraction  de  la  lumière,  qui 
jusques-là  n'avaient  pas  été  bien  connues  ; 
il  publia,  en  1816 ,  dans  les  Jimales  de 
physique  et  de  chimie^  un  Mémoire,  con- 
tenant les  premiers  résultats  de  ses  recher- 
ches, qui  attira  l'attention  de  l'académie 
des  sciences.  Les  principales  questions  qui 
y  étaient  traitées  devinrent  le  sujet  d'un 
prix  propose  par  elle  en  1817.  Alors  Fres- 
nel reprit  et  compléta  ses  expériences,  et 
présenta  un  nouveau  travail  qui  fut  cou- 
ronné par  l'académie  en  1819,  et  qui  le 
plaça  parmi  les  plus  célèbres  physiciens. 
Après  les  cent-jours,  il  avait  été  réintégré 
dans  ses  fonctions  d'ingénieur,  et  envoyé 
dans  le  département  d'Ile- et- 'Vilaine. 
M.  Becquey,  nommé,  en  1817,  directeur- 
général  des  Ponts-et-Chaussées ,  le  fi^a  à 
Taris  en  le  chargeant  d'un  service  qui  lui 
laissait  les  loisirs  nécessaires  pour  conti- 
nuer ses  recherches  scientifiques,  dans 
lesquelles  nous  ne  pouvons  suivre  ici  leur 
«avant  auteur.  Il  fut  appelé  en  181'J  à 
concourir  aux  travaux  de  la  connnission 
des  phares,  et  inventa  un  nouveau  sys- 
tème d'éclairage,  \ks  phares  lenticulaires^ 
qui  ont  été  définitivement  adoptés,  en 
1825,  pour  l'éclairage  de  toutes  nos  côtes 
maritimes  et  lui  valurent  la  médaille  d'or 
annuellement  destinée  par  la  société  d'en- 
couragement à  l'auteur  de  la  plus  belle 
invention  dans  les  arts.  Cette  découverte 
lui  donne  des  droits  à  la  reconnaissance 
dis  marins  de  tous  les  pays.  En  1813, 
l'iesncl  chargé  d'aller  remplacer  l'ancien 
appareil  d'éclairage  du  pliare  de  Cor- 
Uwuun,  d  l'cutbouchure  de  la  Gironde, 


par  un  appareil  lenticulaire  à  éclipses  dm 
premier  ordre,  s'actiuitta  de  cette  mi*- 
sion  avec  un  plein  succès,  el  recueillit  sur 
les  lieux  même  des  témoignages  d'admira- 
tion de  marins  français  et  étrangers.  L'aiv- 
née  suivante,  il  fut  nommésecrelairedcla 
commission  des  phares,  et  chargé  de  l'ins- 
pection des  phares  maritimes,  fondions 
qu'il  a  remplies  jusqu'à  sa  mort.  En  I8'i/», 
il  fut  nommé  chevalier  de  la  légion-d'hon- 
neur. Plein  de  dévouement,  Fresnel  avait 
accepté,  en  1821,  les  fonctions  d'exami- 
nateur de  physique,  de  géométrie  des- 
criptive à  l'école  polytechnique  ;  les  fati- 
gues de  ce  nouveau  travail ,  qu'il  accom- 
plissait avec  une  exactitude  scrupuleuse, 
réagirent  d'une  manière  funeste  sur  sa 
santé.  A  la  suite  des  examens  de  1824, 
Fresnel  éprouva  une  attaque  d'hémo- 
ptysie ,  qui ,  regardée  d'abord  comme  pu- 
rement accidentelle,  était  en  effet  le  pre- 
mier symptôme  d'une  affection  de  poi- 
trine du  caractère  le  plus  alarmant.  Sa 
santé  qui  s'affaiblit  depuis  continuelle- 
ment, ne  lui  permit  plus  ([ue  de  se  con- 
sacrer exclusivement  au  service  des  pha- 
res. Durant  sa  dernière  maladie  ,  il  reçut 
de  la  société  royale  de  Londres,  pour  avoir 
appliqué  la  théorie  des  ondulations  lu- 
mineuses à  l'application  des  phénomènes 
de  la  polarisation ,  la  médaille  d'or  fon- 
dée par  Rumford,  pour  les  plus  belles 
découvertes  sur  la  théorie  de  la  lumière 
et  de  la  chaleur.  Cette  médaille  lui  fui 
remise  huit  jours  avant  sa  mort  par 
M.  Arago ,  son  ami.  Fresnel  a  expiré  à 
"Ville-d'Avray ,  dans  les  bras  de  sa  mère  , 
le  14  juillet  1827 ,  regrettant  de  ne  pou- 
voir compléter  plusieurs  recherches  scien- 
tifiques du  plus  haut  intérêt.  Ses  produc- 
tions scientifiques  n'ont  pas  été  réunie» 
en  corps  d'ouvrage.  Voyez  pour  les  mé- 
moires et  notes  sur  la  diffraction,  la  po- 
larisation, la  double  réfraction,  etc.,  les 
^/nnales  de  physique  et  de  chimie .  an- 
nées 1816,  17,  18,  19,  21.22,  23  et  25;  le 
Bulletin  de  la  société  philomatique,  an- 
nées 1822,  23  et  24  ;  le  Supplément  à  la 
traduction  de  la  chimie  de  Thompson, 
parRiffault ,  et  les  Mémoires  de  l'acadé- 
mie des  sciences,  tomes  5  et  7.  Le  J/tf- 
moire  sur  l'éclair aye  des  phares  a  été 
publié  séparément  en  1822.  On  a  promis 
de  publier  plusieurs  travaux  inédits  de 
Fresnel.  M.  Duleau,  ingénieur  des  jKjntv 
et-chaussées  lui  a  consacré  une  excel- 
lente notice.  Fresnel  avait  été  élu,  à  ruc 
nanimité,  en  1823.  membre  de  Tacadc- 
uiic  des  sciences.  U  clail  déjà  de  la  *»- 


FKE 


27/1. 


FUE 


cicté  philomatique ,  de  l'académie  royale 
de  Caen,  et  de  la  société  de  physique  et 
d'histoire  naturelle  de  Genève.  La  société 
royale  de  Londres  l'admit  parmi  ses  mem- 
bres en   i825. 

FRESIVOY  ( Charles- Alfoivse  du),  né 
à  Paris  en  16H,  d'un  apothicaire,  fut  des- 
tiné à  la  médecine  par  ses  parens ,  à  la 
poésie  et  à  la  peinture  par  la  nature.  Les 
beaux  arts  l'emportèrent  sur  la  pharmacie, 
malgré  les  mauvais  traitemens  que  sa  fa- 
mille lui  fit  essuyer.  Il  prit  d'abord  des 


leçons  de  dessin   chez   Perrier  et  chez'   »  que  je  n'enrichirai  jamais,  »  du  Fresny 


Vouet.  De  cette  école  il  passa  dans  celle 
d'Italie,  sans  autre  secours  pour  vivre  que 
son  pinceau.  Du  Fresnoy  fui  obligé  ,  pour 
subsister,  de  peindre  des  ruines  et  des 
morceaux  d'architecture.  Pierre  Mi- 
gnard ,  avec  lequel  il  lia  une  amitié  qui 
dura  jusqu'à  la  mort,  vint  le  trouver  à 
Rome ,  et  l'aida  à  sortir  de  l'indigence. 
Chaque  jour  étendait  la  sphère  de  ses 
connaissances  :  il  étudiait  Raphaël  et  l'an- 
tique, et  à  mesure  qu'il  avançait  dans  la 
théorie  de  son  art ,  il  écrivait  ses  remar- 
ques en  vers  latins  pour  s'aider  dans  la 
pratique.  De  ces  observations  rassemblées 
naquit  son  poème  :  De  arte  graphica^  de 
l'art  de  la  peinture  :  production  admira- 
ble pour  les  préceptes,  mais  dénuée  d'or- 
nemens  et  de  grâces ,  et  très  inférieure , 
pour  la  pureté  et  l'élégance  du  style ,  au 
poème  latin  de  l'abbé  de  Marsy ,  sur  le 
même  sujet.  Du  Fresnoy  prenait  tour  à 
tour  la  plume  et  le  pinceau.  Il  approche 
du  Titien  pour  le  coloris  et  de  Carrache 
pour  le  dessin.  Ses  tableaux  et  ses  dessins 
ne  sont  pas  communs.  Le  musée  de  Paris 
possède  deux  tableaux  de  cet  artiste  :  une 
Sainte-Marguerite  et  une  "Nymphe  avec 
des  Naïades.  Il  mourut  en  1665  ,  chez  un 
de  ses  frères,  dans  le  village  de  Villiers-le- 
Bel,  à  k  lieues  de  Paris.  Son  poème  sur  la 
peinture  a  été  traduit  en  français  par  Ro- 
ger de  Piles.  La  meilleure  édition  de  ce 
poème  est  celle  de  Paris,  1673,  qu'on  a 
ornée  ies  figures  de  Le  Clerc,  in-i2.  Re- 
ntra en  a  donné  en  1789  une  traduction 
libre  et  en  vers,  avec  des  remarques  ;  en- 
fin M.  Rabany-Beauregard  en  a  publié 
une  nouvelle  traduction  à  Clermont-Fer- 
rand,  1810,  in-S". 

FRESAOY.  Fby.  LENGLET  du  FRES- 
NOY (NiCOTAS). 

FRES\ Y  (  Charles  RIVIÈRE  du  ) ,  né  à 
Paris  en  1648,  passait  pour  petit-fils  de 
Henri  IV,  et  lui  ressemblait.  Il  joignait  à 
un  goût  général  pour  les  arls ,  des  talens 
particuliers  pour  la  musique  et  le  dessin. 


Sans  crayon,  sans  pinceau,  sans  plume j 
il  faisait  des  tableaux  charmans.  Il  excel- 
lait surtout  dans  l'art  de  distribuer  les 
jardins.  Ce  talent  lui  valut  le  brevet  de 
contrôleur  des  jardins  du  roi ,  et  le  pri- 
vilège d'une  manufacture  de  glaces.  Du 
Fresny ,  extrêmement  prodigue  ,  le  céda 
pour  une  somme  médiocre.  Il  se  fit  lem- 
bourser  en  même  temps  une  rente  viagère 
de  3  000,  livres,  que  Louis  XIV  avait 
ordonné  aux  entrepreneurs  de  lui  faire. 
Ce  prince  disait  :  «  Il  y  a  deux  hommes 


et  Bontems.  C'étaient  ses  deux  valets-de 
chambre ,  et  presque  aussi  dissipateurs 
l'un  que  l'autre.  Du  Fresny  quitta  la  cour , 
après  avoir  vendu  toutes  ses  charges. 
Ses  ouvrages  ont  été  recueillis  en  1731 ,  en 
6  vol.  in-12.  Ils  renferment  :  |  ses  Pièces 
de  théâtre  ;  \  des  Cantates  ^  qu'il  a  mises 
lui-même  en  musique;  |  plusieurs  chan- 
sons ;  I  les  j4m.usemens  sérieux  et  co- 
miques ^  petit  ouvrage  souvent  réimpri- 
mé ,  et  plein  de  peintures  vives  et  plai- 
santes de  la  plupart  des  états  de  la  vie  ; 
I  des  Nouvelles  historiques ,  etc.  On  re- 
marque dans  toutes  ces  productions  une 
imagination  enjouée  et  singulière. 

*  FRESSINET  (  le  baron  PHILIBERT  ), 
lieutenant-général ,  né  le  21  juillet  1767  , 
à  Marcigny,  département  de  Saône-et- 
Loire,  s'enrôla,  en  1789  dans  un  régi- 
ment de  dragons,  et  devint  en  1797  ad- 
judant-général. Il  fut  employé  en  Allcma> 
gne  ,  en  Suisse ,  et  fit  les  campagnes  d'I- 
talie de  1799.  A  la  bataille  de  Tauffert , 
il  mérita  le  grade  de  général  de  brigade, 
fut  blessé  à  celle  de  Novi ,  et  continua  de 
servir  en  Italie ,  sous  les  ordres  du  gé- 
néral Brune.  En  1802 ,  il  fit  partie  de  l'ex- 
pédition de  Saint-Domingue ,  sous  les 
ordres  du  général  Leclerc.  Ayant  blâmé 
l'arrestation  de  Toussaint-Louverture 
qui  s'était  rendu  à  lui ,  il  fut  renvoyé 
du  service  actif.  De  retour  en  France, 
il  demeura  cinq  ans  sans  activité ,  après 
quoi  il  fut  envoyé  à  l'armée  de  Naples. 
En  1812 ,  il  eut  un  commandement  dans  le 
11*^  corps  de  l'armée,  et  joignit,  avec  ses 
troupes  ,  le  prince  Eugène ,  en  Pologne , 
à  la  suite  des  désastres  de  la  letraite  de 
Moscou.  Le  commandement  d'une  divi- 
sion lui  fut  confié  en  1815,  et  il  s'empara, 
à  la  bataille  de  Lulzen ,  du  village  d'Es- 
dorf  ;  l'intrépidité  et  le  talent  dont  il  fit 
preuve  en  cette  occasion ,  lui  valurent  le 
grade  de  général  de  division,  celui  de 
commandant  de  la  légion  d'honneur  et  la 
croix  de  commandeur  de  l'ordre  de  Wurt»- 


FRE  2 

îxMir<».  II  comballit  encore  avec  distinc- 
iiDii  aux  batailles  de  Baiilr.en  et  de  Leip- 
sii-k.  V.n  18i'»  il  pa!>5a  en  Italie,  et  se  lit 
remarquer  à  la  défense  du  Haut-Minrio. 
Après  la  resta\iration ,  Kressinet  rentré 
en  France  reçut  la  cniix  de  Saint-Louis. 
Bonaparte ,  pendant  les  cenl-jours  ,  le 
tiomuia  au  commandement  de  la  15'  di- 
vision militaire  à  Houen  ;  et  en'iuite,  par 
intérim  .  à  celui  de  la  10*  division  militaire 
àToulon.  Il  publia  dans  ces  deux  villes  des 
proclamations  où  il  se  prononçait  contre 
la  restauration  et  en  faveur  de  l'em- 
pereur. Il  remit  peu  après  le  comman- 
dement de  la  10'  division  au  général- 
Decaen  ,  et  revint  à  Paris.  Après  la  ba- 
taille de  Waterloo,  il  signa,  avec  quel- 
«Hies  autres  généraux ,  une  adresse  à  la 
chambre  des  représenlans ,  contre  la  res- 
tauration de  la  dynastie  des  Bourbons , 
et  suivit  l'armée  sur  les  bords  de  la  Loire. 
Son  nom  fut  inscrit  à  l'article  2  de  l'or- 
donnance du2i  juillet  1815,  confirmée  par 
la  loi  du  47  janvier  1816.  En  conséquence, 
il  quitta  la  France,  et  se  retira  en  Bel- 
(TÎque.  C'est  là  qu'il  publia ,  dans  la  pre- 
mière effervescence  de  son  ressentiment, 
une  brochure  intitulée  :  Jppel  aux  géné- 
rations présentes  et  futures  .  sur  la  con- 
vention de  Paris,  faite  le  Z  juillet  1815, 
où  il  prétend  démontrer  que  la  conven- 
tion de  Paris  avait  été  conclue  pour  assu- 
rer toute  {jarantie  aux  personnes,  contre 
la  recherche  des  faits  politiques  qui  ve- 
naient de  se  passer.  En  janvier  1818,  Fres- 
Mnet  partit  d'un  port  de  la  Belgique  avec 
-a  famille,  pour  l'amérique  méridionale 
dans  l'intention  d'aller  combattre  sous 
I  les  drapeaux  des  colonies  insurgées 
'  contre  l'Espagne.  Il  arriva  à  Buenos- 
Ayres  le  10  mai  i818  ,  à  bord  la  goélette 
américaine  l'Aurora.  Il  se  proposait  d'al- 
ler rejoindre  l'armée  de  San- Martin;  mais 
diverses  circonstances  l'en  détournèrent. 
De  retour  en  Europe ,  le  ministère  fran- 
çais lui  permit  de  rentrer  dans  sa  patrie. 
Il  était  à  Paris,  en  1820,  lors  des  émeutes 
populaires  ,  à  la  suite  desquelles  il  fut  dé- 
tenu pendant  quelques  jours.  Après  sa 
mise  en  liberté  ,  il  obtint  une  audience  du 
roi,  et  fut  replacé  sur  le  cadre  de  dis- 
ponibilité. Le  général  Pressinel  est  mort 
i  Paris,  la  nuit  du  9  an  10  août  1821, 
dans  un  état  voisin  de  l'indigence. 

•  FRETEAII  DE  SAI.\T-JIJST  (  Emjia- 
HCEL-M^mie-MicHEL-PHiLipPE) ,  Conseil- 
le! de  grand'chambre  au  parlement  de 
Paris,  beau-frère  du  président  Dupaty,  né 
v«rs  1743,  se  voua  au  commencement  de 


7.S  FRE 

la  révolulii.n  au  parti  d'Orléans,  et  se  d*»- 
rlara  contre  les  mesures  propo^ies au  par- 
lement par  les  ministres.  Arrêté  par  suite 
de  ces  différends,  il  fut  relâche  après  la 
disgrâce  du  cardinal  de  Briennc,  et  nom- 
mé, par  le  bailliage  de  Melun  ,  député  do 
la  noblesse  aux  états  généraux.  Il  fut  un 
des  premiers  membres  de  la  minorité  qui 
passèrent  à  la  chambre  du  tiers-état,  et 
fut  entièrement  dévoué  au  parti  démo- 
cratique. Son  empressement  à  parler  sur 
toutes  les  matières  et  à  vouloir  se  mêler  d« 
tout,  le  lit  surnommer  par  Mirabeau  ,  la 
commère  Fréteau.  Il  proposa  de  donner 
à  Louis  XVI  le  titre  de  roi  des  Français, 
et  d'ajouter  à  ces  mots  :  Louis  par  lagràce 
de  Dieu,  ceux-ci  :  et  par  la  loi  constitu- 
tionnelle lie  l'état,  appuya  toutes  les  me- 
sures contre  la  cour,  dénonça  les  bastilles 
secrètes  ,  demanda  l'abolition  des  ordres 
religieux  et  la  vente  des  biens  du  clergé. 
Il  vota  ensuite  pour  que  le  droit  de  guerre 
et  de  paix  appartint  à  la  nation  ,  adhéra  à 
l'abolition  de  la  noblesse,  et  fit  une  vio- 
lente sortie  contre  lesennernLS  de  la  con- 
stitution. Il  voulut  s'opposer  au  nouveau 
serment  du  clergé ,  mais  il  ne  fut  pas 
écouté.  Son  rapport  alarmant  sur  la  situa- 
tion de  la  France  en  1791  lui  attira  une 
foule  de  sarcasmes.  Cependant,  à  la  suite 
de  ce  rapport ,  on  ordonna  au  prince  de 
Condé  de  rentrer  en  France,  et  il  lit  ren- 
dre le  28  juin  un  décret  qui  défendait  à 
tous  les  Français  de  sortir  du  royaume. 
Après  la  session  ,  il  fut  nommé  juge  du 
tribunal  du  2'  arrondissement  de  Paris. 
Les  jacobins  le  firent  arrêter  comme  su- 
spect en  1793 ,  et  il  fut  condamné  seule- 
ment à  la  détention  par  mesure  de  sûreté 
générale  ;  mais  poursuivi  par  la  haine  de 
Robespierre ,  on  l'enveloppa  dans  une 
prétendue  conspiration  des  prisons,  et  il 
fut  mis  à  mort  le  14  juin  1794. 

*  FRËTE.VU  (  JEA:«-MAKiE-NicoLAS  ) . 
médecin,  naquit  à  Messai,  diocèse  de  Ren- 
nes, en  1765.  Son  père  était  avocat  aupar- 
lementde  cette  ville,  et  il  y  lit  ses  premiè- 
res études  médicales.  Il  se  rendit  à  Paris, 
en  1788 ,  pour  les  compléter  ,  et  revint  i 
Nantes,  entreprendre  l'exercice  de  son 
art.  En  1793  il  fut  nommé  chirurgien  ma- 
jor à  la  suite  des  hôpitaux  ambulans  de 
l'armée  des  côtes  de  Brest  ;  fixé  à  Nantes, 
il  s'y  occupa  à  la  fois  de  la  théorie  de  son 
art  sur  laquelle  U écrivit,  et  de  la  pratique, 
principalement  dans  la  partie  chirurgi- 
cale ,  qu  il  avait  étudiée  sous  Desault.  e| 
où  il  se  fit  une  grande  répuUliou  pour  U 
cure  des  plaies  invétérée»  In  l'an  S  U  olf 


FRE 


276 


FRE 


tînt  par  éleclîon  le  litre  de  chîrurfîien- 
inajor  des  volontaires  de  la  Loire-Infé- 
rieure. Fréteau  s'étant  rendu  plus  tard  à 
Paris,  pour  recevoir  le  grade  de  docteur , 
soutint  publiquement  le  2  vendémiaire  an 
12,  une  thèse  sur  l'asphyxie  de  Venfant 
nouveau-né.  Fréteau  a  souvent  porté  la 
parole  comme  président  ou  secrétaire  de 
la  société  royale  académique  de  Nantes, 
et  les  discours  qu'il  a  prononcés  en  ces 
occasions  sont  imprimés  dans  les  recueils 
de  cette  société.  En  1819,  il  rédigea  au 
nom  de  cette  compagnie,  un  mémoire  sur 
l'état  de  l'agriculture  dans  les  déparfe- 
mens  de  Tanciemie  Bretagne.  Fréteau  fut 
membre  du  conseil  général  du  départe- 
ment delà  Loire-Inférieure,  et  est  mort  le9 
avril  1823  à  la  suite  d'une  attaque  d'apo- 
plexie. Il  pratiqua  avec  un  égal  succès  la 
chirurgie  et  la  médecine.  Il  s'attaclia  d'une 
manière  particulière  à  étudier  l'action 
des  moyens  mécaniques  propres  à  corri- 
ger les  difformités  du  corps  ;  il  s'était  ac- 
quis une  brillante  réputation  dans  l'art 
des  accouchemens.  On  a  de  lui  :  |  Mémoi7'e 
sur  les  moyens  de  guérir  facilement  et 
sans  danger  les  vieux  xdcères  des  jam- 
bes j  même  chezlesvieillards,Va.ris,  1803; 
j  Essai  sur  l'asphyxie  de  l'enfant  7iou- 
veau-né^  Paris,  F.  Louis,  1803  ;  |  Considé- 
rations pratiques  sur  le  traitement  de  la 
çonorrhée  virulente,  etc. ,  Paris,  Le  Nor- 
mand, 1813,  in-8°  de  500  pages  ;  |  Traité 
élémentaire  sur  l'emploi  légitime  et  mé- 
thodique des  émissions  sanguines  dans 
l'art  de  guérir  J.  avec  application  des  prin- 
cipes à  chaque  maladie ,  Paris  ,  Gabon , 
1816,  in-8''.  Cet  ouvrage  avait  été  cou- 
ronné par  la  société  de  médecine  de  Paris, 
le  5  juillet  ISl/i.  |  Considérations  sur  l'as- 
phyxie de  l'enfant  nouveau-né,  1816.  C'est 
la  réponse  à  une  critique  de  son  ou  vragesur 
le  même  sujet,  qu'il  développe  plus  am- 
plement, et  d'une  manière  victorieuse.  Il 
a  donné  ,  en  outre,  un  grand  nombre  de 
mémoires  dans  plusieurs  journaux  savans 
etde  médecine,  comme  sur  V Heureux  ef- 
fet de  l'allaite?nent  artificiel.  —  Sur  la 
ligature  d\m  polype  utérin  —  Sur  une 
hémorrhagie  très  sérieuse  dont  la  cause  a 
été  long-temps  inconnue. —  Sur  la  doctrine 
des  nécroses  ,  et  la  nécrose  du  tibia.  — 
Sur  une  intumescence  de  la  langue,  avec 
prolongement  hors  de  la  bouche.  —  Di- 
vers articles  sur  V agriculture ,  le  magné- 
tisme j  etc. 

•  FREU>fDWEILER  (Henri),  peintre 
suisse,  né  à  Zurich  en  1733  ,  fit  plusieurs 
voyajjes  en  Allemagne,  et  séjourna  quel- 


que temps  à  Dresde  et  à  Berlin.  Le  prince 
de  Dessau  chercha  à  se  l'attacher  :  mais  cet 
artiste  préféra  son  indépendance  ,  et  re- 
vint en  Suisse ,  où  il  cultiva  surtout  le 
genre  historique.  La  plupart  de  ses  ta- 
bleaux sont  tirés  de  Vhistoire  de  sa  na- 
tion. On  loue  la  vérité  de  leurs  détails  et 
la  beauté  de  leur  coloris. 

*FREVIER  (  Charles- JoSEPu),  né  à 
Rouen  le  11  novembre  1689,  entra  fort 
jeune  dans  la  société  des  jésuites,  où  il 
fut  deslinéàrenseigneinent.  On  n'est  pas 
sûr  de  l'époque  do  sa  mort  ;  mais  il  vivait 
encore  en  1770 ,  après  la  suppression  de 
son  ordre  ;  il  parait  qu'il  survécut  peu  à 
cette  époque.  Il  est  coruiu  par  le  différend 
littéraire  qu'il  eut  avec  ses  confrères  les 
journalistes  de  Trévoux.  Le  PèreWiden- 
hoffer,  jésuite  allemand,  passant  par  Ma- 
tines, remarqua  dans  la  bibliothèque  des 
jésuites  de  cette  ville  un  manuscrit  de 
Bellarmin  ,  qui  contenait  xine  disserta- 
tion sur  la  Vulgate  ;  il  en  lit  un  précis  ; 
mais  trouvant  ensuite  plus  à  propos  de 
faire  imprimer  la  manuscrit  lui-même,  il 
en  obtint  une  copie  collatiotmée  du  Père 
Holvoët,  bibliothécaire  du  collège  de  IVIu- 
lines,  et  le  publia  sous  ce  titre  :  Apogra- 
phus  ex  manuscriplo  aulographo  venera- 
bilis  Dei  servi  Roberti  Bcllarmini  e  socie- 
tate  Je  su,  S.  R.  E.  cardinalis ,  de  édi- 
tions Kulga,ta ,  quo  sensu  a  concilio  tri- 
dentino  definitum  sit ,  ut  ea  pro  authen- 
tica  haberetur.  Le  Père  Berlhier,  en  ren- 
dant compte  de  cet  écrit  dans  son  Jour- 
nal de  Trévoux,  établit  que  le  sentiment 
de  Bellarmin  et  même  du  cardinal  Palla- 
vicin  était  que  le  concile  de  Trente ,  en 
déclarant  la  Vulgate  authentique ,  avait 
voulu  dire  qu'elle  était  exemple  de 
toute  erreur  en  matière  de  foi  et  de 
mœurs  ,  et  qu'elle  seule  devait  être  en 
usage  dans  les  églises  et  les  écoles ,  mais 
qu'il  n'avait  pas  prétendu  qu'il  ne  s'y  trou- 
vait pas  de  fautes.  Le  Père  Frévier  s'éleva 
contre  cette  opinion,  qu'il  trouvait  dan- 
gereuse ,  dans  un  livre  qu'il  publia  sous 
ce  titre  :  La  Vulgate  authentique,  authen- 
tique dans  tout  son  texte,  plus  authentiqtie 
que  le  texte  hébreu,  que  le  texte  grec,  qui 
nous  restent;  théologie  de Rellarmin,  son 
apologie  contre  l'écrit  annoncé  dans  le 
Journal  de  Trévoux ^  article  85,  juillet 
1730 ,  Rome ,  1733,  in-12.  II  y  soutient  que 
la  Vulgate  est  le  seul  texte  pur,  et  que  ni  le 
texte  hébreu  ni  le  grec  n'ont  cet  avan- 
tage, et  que  c'est  ainsi  qu'a  voulu  l'établir 
le  concile  de  Trente.  Quant  à  l'opinion  de 
Bellarmin  et  du  cardinal   Pallavicin,  il 


FUE 


Î7T 


FUI 


prouve,  d'après  des  pussapos  lires  de  leurs 
écrits,  que  leur  sentiment  étail  le  ipt^nie 
que  le  sien  ,  cl  que  le  nianuscril  trouvé  î» 
Malines  ne  peut  prouver  lo  contraire , 
étant  luic  pièce  Sivns  ronséciuence,  un  mé- 
morial où  Kellarniin,  jeune  encore,  aurait 
recueilli  le  résultat  deses  lectures,  etquil 
aurait  ensuite  jeté  comme  un  écrit  indi- 
gne de  lui.  Mais  c'était  moins  pour  com- 
battre le  Père  Berlhier  que  Frévier  avait 
romiM)sé  ce  livre,  que  pour  ne  pas  laisser 
croire  que  les  l^crilurcs  saintes  pouvaient 
^ire  exposées  à  un  soupyon  de  corrup- 
tion. 

FREY  (  Jeax-  CÉCILE  ) ,  né  à  Keisers- 
luhl  en  4580,  piofessa  la  philosophie  au 
collège  de  Monlaigu  à  Paris  ,  cl  y  mourut 
de  la  peste  l'an  lG5i.  Ses  ouvrages  latins 
de  philosophie  furent  imprimés  en  cette 
Tille,  in-8°,  ÎJ  vol.  ;  le  1"  en  Ifiio,  le  r 
en  {(tU&.  On  trouve  dans  celui-ci  quelques 
écrits  de  médecine ,  science  en  laquelle  il 
avait  été  passé  docteur.  La  liste  des  autres 
ouvrages  que  renferme  cette  collection  se 
trouve  dans  le  Dictionnaire  de  Moréri  et 
dans  le  tome  ô9  des  Mémoires  du  Père 
Nicéron. 

FllEV.  royez  NEUVILLE. 

FREY  (  Jeax-Jacques),  né  à  Lucerne. 
le  17  février  1681 ,  fut  l'un  des  plus  célè- 
bres graveurs  de  son  époque,  vécut  long- 
temps à  Home  ,  et  y  mourut  le  12  janvier 
1751.  Il  a  gravé  d'après  les  plu»  grands 
maîtres,  tels  que  Raphaël,  le  Guide,  le 
Dominiquin,  Annibal  Carrache,  Carlo 
Maratti,  le  Poussin.  Son  burin  est  vif  et 
expressif.  Le  recueil  de  ses  gravures  for- 
me 2  gros  vol.  in-folio  et  s'élève  à  plus  de 
cent  planches  ,  outre  l'estampe  ,  qui  passe 
pour  être  son  chef-d'œuvre  et  qui  est 
appelée  :  In  conspectu  cmgelorum  psal- 
lam  tibi. 

FREZIER  (  Améoée- François  ) ,  ingé- 
nieur et  voyageur,  né  à  Chambéry  en 
1682,  d'une  famille  distinguée  dans  la 
robe,  originaire  d'Ecosse,  vint  à  Paris 
pour  étudier  la  jurisprudence  ;  mais  les 
mathématiques  ayant  plus  d'attrait  pour 
lui ,  il  s'y  livra  entièrement ,  et  entra  dans 
le  corps  du  génie  en  4707.  La  cour  le 
chargea  d'aller  examiner  les  colonies 
espagnoles,  au  Pérou  et  au  Chili  en  1711. 
cl  employa  son  talent  pour  les  fortifica- 
tions à  Saint-Malo,  à  Saint-Domingue  en 
1719,  à  Landau  en  1728.  Ce  fut  aussi  cette 
même  année  qu'il  reçut  la  croix  de  St.- 
Louis ,  et  qu'il  te  maria.  Il  parvint  en- 
suite au  grade  de  lieutenant  -  colonel ,  et 
enfin  de  directeur  de  toute»  les  fortific»- 
5. 


lions  de  la  Brctaijne.  Il  mourut  en  1773, 
h  l'Age  de  92  ans.  Nous  avons  de  lui  divers 
ouvrages  :  |  Traité  des  fciix  d'arti/ice . 
iM-8";  I  Voyage  de  la  mer  du  Sud.  1716, 
17'»7,  in-4",  cl  2  vol.  iii-12,  1717  ;  |  Théorie 
et  pratique  de  la  coupe  des  pierres  et  des 
bois,  Strasbourg,  1737-39 ,  3  vol.  in -4°. 
Il  donna  l'abrégé  de  ce  livre  sous  le  titre 
d'Llémens  de  stéréotomie ^  Paris,  1759,  2 
vol.  in-S". 

FRE/ZI  DE  FOLIGNO  (Frédéric), 
évéque  de  Foligno  sa  patrie,  avait  été 
dominicain,  il  fut  décoré  de  la  mitre  par 
Uoiiiface  IX  en  1403,  assista  au  conci'e 
de  Pise  en  1409,  et  moiirut  en  1416  à 
Constance,  pendant  la  tenue  du  concile. 
11  est  auteur  d'un  poème  fort  estimé  des 
Italiens,  intitulé  :  //  quadriregio .  ou  Les 
quatre  règnes  de  la  vie  de  l'homme;  \v 
i"  règne  est  celui  de  Cupidon,  le  2' celui 
de  Satan  ^  le  5'  celui  des  Vices ,  et  le  4* 
celui  de  Mineive  ou  de  la  Vertu.  Il  fut 
imprimé  pour  la  première  fois  à  Foligno 
en  1481,  in-fol.,  et  celte  édition  est  rare 
et  recherchée.  La  dernière  et  la  meil- 
leure est  celle  de  Foligno,  1725,  2  vol. 
in-4°.  Quelques  critiques  ont  voulu  enle- 
ver cet  ouvrage  à  Frezzi,  pour  le  donner 
à  Nicolas  Malpigli,  Bolonais;  mais  les 
meilleurs  bibliographes  d'Italie  soutien- 
nent qu'il  est  certainement  de  Frei/.i. 

FRI.VRT  ou  FRÉAR.  Voyez  CHAM- 
BRAT (Rolaxd). 

FRIBURGER.  Voyez  GERING. 

*  FRIEDEL(ADRiEN-CnBÉTiEx),  naquit 
à  Berlin  le  31  mars  1753.  Il  vint  à  Paris 
dès  sa  première  jeunesse ,  et  fut  profes- 
seur en  survivance  des  pages  du  roi.  11 
publia  plusieurs  comédies  traduites  de 
l'allemand,  comme  La  Piété  filiale  ^  d'En- 
gel ,  1781  ;  Le  Page .  du  même ,  1781 ,  etc. 
Il  donna  en  outre  le  Nouveau  théâtre 
allemande  ou  Recueil  des  pièces  qui  ont 
paru  avec  succès  sur  les  théâtres  des  ca- 
pitales de  l'Jllemagtie.  1782-1785 ,  12  vol. 
in  8°.  M.  Bonncville  a  eu  part  à  cette  tra- 
duction. Le  Nouveau  théâtre  contient 
vingt-huit  pièces  des  meilleurs  auteurs 
allemands.  A  la  tète  du  premier  volume  , 
on  trouve  une  histoire  de  leur  théàtre- 
Friedel  est  mort  en  1786. 

•  FRIEDEL  (LouisE-BÉATE-Auci;8Ti."«K. 
UTECHT,  dame),  née  en  1758  à  Colno\y 
en  Poméranic ,  njorle  à  Carcassorme  ei; 
1818,  est  auteur  de  deux  ouvrages  qui 
ont  sauvé  son  nom  de  l'oubli  :  |  \\4rt  d  > 
confiseur ,  Paris ,  1802.  souvent  réimpi  i 
mé;  I  Mémoire  d'une  mère  infortunée  a 
ses  filles;  la  14*  édition  faits  en  1819,  iia 


FRI 


278 


FRI 


roi.  in-l2 ,  est  précédée  d'une  Notice  sur 
l'auteur. 

FRISCH  C  Jean -LÉONARD  ) ,  ministre 
protestant  et  philologue  allemand ,  né  à 
Sulzbach  le  19  mars  1666 ,  passa  la  moitié 
de  sa  vie  à  voyager  en  Allemagne,  en 
France ,  en  Suisse,  en  Italie,  en  Hollande, 
en  Turquie,  etc.  et  se  fixa  en  1700  à 
Berlin ,  où  il  enseigna  la  langue  russe  à 
Leibnitz.  Il  exerça  tour  à  tour ,  auprès 
de  divers  gentilshommes ,  l'emploi  d'éco- 
nome, d'intendant  et  de  précepteur,  et 
devint  recteur  de  la  société  prussienne 
en  1726.  Il  fut  chargé  en  1731  de  diriger  la 
classe  historico-philologico- germanique , 
et  mourut  à  Berlin  le  21  mars  17/i.3.  On  a 
de  lui  un  grand  nombre  d'ouvrages  qui 
attestent  la  variété  de  ses  connaissances  : 
I  Spécimen  lexici  get^manici^  Berlin,  1723, 
in -8°;  |  Dictionnai7-e  allemand  -  latin  ^ 
4741,  in- i";  |  Nouveau  dictionnaire  des 
passagers j  français-  allemand  et  alle- 
mand-français ^  Leipsick,  1712  ,  très  sou- 
vent réimprimé  en  1  et  2  vol.  in  -  8°  ; 
I  Programma  de  origine  characteris  sla- 
vonicij  vulgà  dicti  ci7'ulici_,  Berlin,  1727, 
in -4°;  I  Continuationes  historiée  linguœ 
slavonicœ .  1727, 1729  et  1734,  in-4°  ;  |  Des- 
cription de  tous  les  insectes  de  l'yïlle- 
tnagne^  Berlin,  1720-1758,  13  cahiers 
in-4";  ouvrage  estimé;  |  Description  et 
figure  des  oiseaux  de  l'Allemagne^  in- 
folio, figures  coloriées,  très  bel  ouvrage, 
qui  a  été  continué  par  son  fils  Joseph- 
Léopold,  mort  en  1787  ;  |  Recherches  d'his- 
toire naturelle j,  Berlin,  1742,  et  autres 
ouvrages  qui  ont  pour  objet  la  minéra- 
logie et  la  z,oologie'. 

FRISCH  (JosEPH-LÉopoLD  ) ,  fils  puîné 
du  précédent ,  ministre  protestant,  naquit 
à  Berlin,  le  29  octobre  1714 ,  et  fut  très 
instruit  dans  les  sciences  naturelles  et 
dans  la  philologie.  On  a  de  lui  :  |  Musei 
hoffmaniani  petrificata  et  lapides j  Halle , 
1741 ,  in-4''  ;  )  Tableau  systématique  des 
quadrupèdes^  distrilmés  en  ordres  .genres 
et  espèces  .  GloQixw ,  4775,  in -4°;  |  Des 
avantages  et  des  inconvéniens  que  pré- 
sentent les  quadrupèdes  j  Bulaunz,  1776, 
in- 8".  Ces  deux  ouvrages  sont  écrits  en 
allemand.  Frisch  mourut  en  1787. 

FRISCH E  (  Don  Jacques  du  ) ,  béné- 
dictin de  la  congrégation  de  St.-Maur ,  né 
i  Séez  en  1640 ,  donna,  en  4686  et  1690, 
avec  D.  Nicolas  Le  Nourri ,  une  nouvelle 
édition  de  saint  Ambroise .  accompagnée 
de  «ayantes  notes,  en 2  vol.  in-fol.  Onlui 
doit  aussi  la  Vie  de  saint  Augustin,  qui 
se  trouve  ù  la  tête  des  œuvres  de  ce  saint 


docteur;  il  y  travailla  avec  D.  Vaillant 
sur  les  mémoires  de  l'abbé  de  Tillomojit. 
D.  Frische  travaillait  à  une  nouvelle  édi- 
tion de  saint  Grégoire  de  Nazianze .  lors- 
qu'il mourut  à  Paris  en  1693,  avec  la  ré- 
putation d'un  savant  vertueux.  Pinsson  , 
avocat  au  parlement,  a  fait  l'éloge  de 
don  Frische  dans  une  lettre  imprimée 
en  1694. 

FRISCIILIX  (  NicoDÈME  ) ,  philologue 
allemand ,  né  à  Balingen ,  darts  le  duché 
de  Wurtemberg,  le  22  septembre  1347, 
se  tua  en  1590,  à  43  ans,  en  voulant  se 
sauver  d'une  tour  où  ses  vers  l'avaient 
fait  enfermer.  Il  avait  beaucoup  de  talent 
pour  la  poésie.  On  a  de  lui  seize  livres 
d'élégies,  sept  comédies .àGxm  tragédies, 
etc.  Sa  comédie  de  Rébecca  lui  valut  une 
couronne  de  laurier  d'or  ,  que  l'empereur 
Rodolphe  voulut  lui  donner  solennelle- 
ment à  la  diète  de  Ratisbonne.  Il  était 
partisan  de  Ramus  :  ses  écrits  en  matière 
grammaticale  en  font  foi.  Il  a  travaillé 
aiissi  sur  Callimaque  .Aristophane .  Vir- 
gile.  Perse,  etc..  qu'il  a  ou  traduits  ou 
éclaircis  par  des  notes.  Ses  Œuvres  poé- 
tiques T^&rurent  en  4  vol.  in -8",  1598  à 
1607.  On  a  encore  de  lui  des  ouvrages  sur 
V astronomie,  sur  les  Hébreux .  et  un  dic- 
tionnaire grec -latin-allemand.  Lange  a 
publié  à  Brunswick  en  1727  :  Frischlini 
Vita.  fama.  scriptis  et  vitœ  exitu  memo- 
rabilis.  (  Voyez  la  liste  de  ses  ouvrages 
dans  le  tome  19  des  Mémoires  de  Nicéron.) 

FRISCHMUTH  (  Jean  ) ,  né  en  4619  à 
Wertheim,  dans  la  Franconie,  fut  rec- 
teur, puis  professeur  de  langues  à  léna, 
où  il  mourut  en  1687.  On  a  de  lui  :  |  des 
explications  de  plusieurs  endroits  diffi- 
ciles de  l'Ecriture  sainte ,  dont  quelques- 
unes  sont  assez  heureuses  ;  |  plus  de  60 
dissertations  in-4°,  philologiques  et  tfiéo- 
loaiques.  sur  des  sujets  curieux  ,  pleines 
d'érudition. 

*  FRISI  (  l'abbé  Paul  ) ,  célèbre  ma- 
thématicien et  physicien,  né  à  Milan  le  43 
avril  1728,  entra  à  l'âge  de  15  ans  chez  les 
clercs  de  Saint-Paul  de  l'ordre  des  Barna- 
bites,  et  composa  à  22  ans  sa  fameuse 
Dissertation  sur  la  figure  de  la  terre.  Il 
professa  la  philosophie  à  Milan ,  ensuite 
à  Pise.  En  1764 ,  il  fut  rappelé  dans  sa 
patrie  pour  occuper  la  chaire  de  mathé- 
matiques dans  les  écoles  palatines.  Il  était 
membre  de  presque  toutes  les  académiics 
de  l'Europe,  et  fut  honoré  de  la  protec- 
tion du  pape  ^Clément  XIH ,  de  l'empereur 
Joseph  II,  de  Catherine  II,  et  de6;rjW8. de 
Prusse,  et  de  Danemarck.  Pise  bii  avait 


F  m 


i79 


FRI 


HonnéU  pferiniesiun  de  M.aictdftri«er.  U 
l'.ircourul  alors  à  plusieurs  reprise»  l'I- 
t  ilitî,  l'Allemagne ,  !«  Franco  «t  l'Anglo- 
I  "      'ut  consulté  ,  par  louL  duiinont 

i  1%  ù>  sur  tous  Us  snJL'ts  de  lua- 

I  puru&,    d'a^lruiioiiiie ,    do 

IjUyaiquo  et  partàcultèrcmLMit  d'hydrauli'- 
({ue.  L'abbc  Frisi  apprit  aux  iMilaiiais  ù  se 
scr\ir  des  paraioiiiicrre-s.  Il  uiourut  à 
Milau  en  1"»S4.  Sfs  printipaux  ouvrages 
sont  :  I  IHsqnisitio  matheineUica  in  cuu- 
Stiin  phtjsiciun  figura  et  viaguiludinis  tel- 
tun's  itostne ,  Milaii,  1751;  |  Xova  clec- 
UiciUitis  Uuioria.  etc.  Milan,  1755;  |  De 
Viotu  diumo  terrce  disse rtatio ,  Pise,  1758  ; 

I  Del  modo  di  regolare  i  fuuni  e  torrenti 
principalmenie  del  Bolognesse  e  délia 
Homaiftia^  Ubri  tre .  Lucqucs,  17G2  et 
17G^,  5'  édiliou  augmentée,  Florence, 
1770.  On  eu  a  publitf  uiie  traduction  fran- 
V-iise  à  Paiisen  1774.  |  Saggio  sopra  iar- 
chiiecUira,  gQlica,lÀ\ovirue,  1766;  |  De 
gravitate  universali^  Ubri  très,  Milaa, 
1708.  IternoulU  dit  que  cet  ouvrage  est 
un  des  plus  protonds  et'des  plus  utiles 
qu'il  y  ait  sur  l'ustrouonue.  |  Cosmogror- 
j'hiœ physicce  et  matheinatico',,  etc.  Milan, 
177i.,  2  vol.  iu-4".  Ce  livre  est  regardé 
rumine  le  chef-d'œuvre  de  Frisi;  |  Pauli 
Frisii  opéra.  Milan,  1782-85,  3  vol.  in-8". 

II  a  écrit  en  outre  plusieurs  éloges,  parmi 
lesquels  il  n'a  pas  oublié  celui  de  d?  Alem- 
bert,  son  amL  Le  comte  Verri  a  dédié  à 
C.uiulorcet  l'éloge  de  Frisi  intitulé  :  Me- 
T/iorie  appartenenti  alla  vita  ed  agli  stiulj 
(îel  signor  don  Paoli  Frisi ^  Milan,  1787, 
in-4". 

*  FRITZ  (  Chables-  Maximiliex  ) ,  na- 
Miit  le  7  octobre  1758  à  Strasbourg.  Après 
avoir  tenniné  ses  études,  il  visita  l'Alle- 
luagne,  et  particulièrement  léna,  où  il  lit 
la  connaissance  des  savans  professeurs 
'riesbach,  Doederlein,  Eiclihorn.  Deux 
us  après  son  retour,  en  1788,  U  fut  nom- 
ué  agrégé  au  collège  Guillaume  ,  et  pas- 
ur  à  Barr,  en  1795.  îl  avait  à  peine  com- 
iiencé  à  remplir  ce  dernier  cuipioi ,  que  la 
persécution  l'obligea  à  fuir  dans  les  mon- 
tagnes. Découvert  avec  plusieurs  autres 
fugitifs  ,  il  fut  traîné  dans  les  prisons.  Mais 
i)ientôt  la  tranquillité  ayant  été  rétablie. 
Frit!  retoumd  à  ses  fonctions,  auxquelles 
il  joignit  celle  de  prédicateur  et  de  maître 
d'école.  En  1802,  il  fut  nommé  prédica- 
fi  nr  ;i  ri-('li*<.  neuve  de  Strasbourg,  et  eu 
-.eur  de  théologie  au  sémi- 
iul.  U  obtint  le  même  emploi 
à  la  fjiculif  (le  théologie,  lors  de  sou  réta- 
bliKeracnl  en  1819. 11  était  vu  outre  ;:vm- 


iiasuirque  et  mspe<  leur  «ccl 
Frits  est  mort  à  Strasbourg,, lu  tV  janvier 
1821 ,  &gâ  do  62  nos  .'>  niuis.  On  a  de  lui  ; 
I  Te/itarrwN  ,  „,n .  1782;   |  y^ntr 

mativerston  >na  folturii  circa 

irligionis  <  i<  iric/ines  .  asaerta  . 

1786  ;  I  Discours  prononcé  aux  funéraillea 
de  Jean- Laurent  /ilesssig  .  1816,  in-K'' ; 
I  fie  de  Jean- Laurent  Hlcasig .  Stras- 
bourg, 1818,  in  8".  lig.  Ces  deux  dernierf 
ouv rages  sont  écrits  en  allemand. 

FUIZO.\  (  Pierre  ),  du  diocèse  de 
Reims,  d'abord  jésuite,  ensuite  grand- 
maitre  du  collège  de  Navarre,  et  docteur 
de  Sorbonue  ,  mort  en  1651 ,  laissa  :  |  une 
histoire  des  cardinaux  français,  sous  le 
titre  de  Gallia  piwpurata .  1658,  in -fol., 
ouvrage  très  estimé  d'abord,  mais  qui 
perdit  quelque  chose  de  son  crédit,  lors- 
que Baluze  en  eut  dévoilé  les  bévues  dans 
son  Anti-  Frizonius;  \  une  édition  de  la 
Bible  de  Louvain .  avec  les  moyens  de 
discerner  les  Bibles  françaises  catholiques 
d'avec  les  hérétiques,  1621 ,  in -fol.  —  11 
ne  faut  pas  le  confondre  avec  Nicolas 
FRIZON,  jésuite  lorrain,  mort  au  com- 
mencement du  18*"  siècle  ,  après  avoir  pu- 
blié :  I  La  vie  du  cardinal  Bellarmin . 
Nancy,  1708 ,  in -4"  ;  |  La  vie  du  vénéra- 
ble Jean  Berchmans.  in-8°  ;  |  Abrégé  des 
méditations  du  Père  I^ouis-du-Pont ,  Chà- 
loiis,  1712.  Cet  abrégé  est  très  bien  fait; 
on  en  a  donné  une  nouvelle  édition  en 
1786,  à  Paris,  chez  Nyon ,  4  vol.   in-12. 

*  FRIZIËRI  ou  FRIEDZERI  (  N...  ), 
célèbre  compositeur ,  né  à  Vérone  le  6 
janvier  1741,  perdit  la  vue  avant  l'âge 
d'un  an,  et  lit  preuve  cependant  d'une 
adresse  si  grande ,  qu'à  l'âge  de  11  ans  il 
lit  une  mandoline ,  et  apprit  sevd  à  jouer 
de  cet  instrument.  U  était  parvenu  aussi 
à  jouer  très  bien  de  la  flûte ,  du  cor ,  de 
l'orgue,  etc.  U  voulut  mettre  à  prolit  ses 
talens,  et,  dès  l'âge  de  24  ans,  il  alla 
chercher  des  applaudissemens  dans  plu- 
sieurs villes  d'Italie.  Il  s'arrêta  d'abord  à 
Novare.  où  il  produisit  le  plus  grand 
effet  sur  la  mandoline  et  le  violon,  et 
séjourna  long- temps  à  Strasbourg  et  à 
Paris.  Ce  que  l'on  admirait  surtout  en 
lui ,  c'était  la  précision  et  la  facilité  avec 
lesquelles  il  improvisait  l'accompagne- 
ment d'une  sonate.  Fri/ieri  avait  aussi  la 
faculté  de  retenir  les  plus  loniîs  morceaux 
de  musique  dès  qu  il  les  avait  entendu! 
une  fois.  Il  a  donné  à  Paris  plusieur» 
opéra-comiques  qui  ont  obtenu  du  succès, 
enlr'jnilres  les  Dexix  miliciens.  1771 ,  les 
Souliers  mordorés  ou  la  Cordonnière  attf 


FRO 


280 


FRO 


mande  j  1776  ;  on  lui  a  attribué  aussi 
Lucelte  ^  opéra  joué  en  1784  ;  mais  cet 
opéra  n'est  pas  de  lui.  Il  avait  établi  à 
Nantes  une  aca-démie philharmonique.  En 
4794,  il  revint  à  Paris  où  il  établit  en  1796 
une  société  philharmonique  où  l'on  en- 
tendit ses  deux  filles  exécuter  d'une  ma- 
nière brillante  les  concerto  de  Viotti  sur 
le  violon.  L'explosion  de  la  machine  in- 
fernale du  5  nivôse  ayant  détruit  son  éta- 
bUssement,  il  alla  à  Anvers  où  il  est  mort 
en  1823  à  8S  ans.  Il  avait  publié  à  Paris 
un  OEuvre  de  duo  de  violons  ;  une  sym- 
phonie concertante  pour  deux  violons; 
deux  recueils  de  six  romances^  avec  ac- 
compagnement de  piano  ;  une  scène  tirée 
de  son  opéra  des  Thermopyles  ^  et  un 
livre  de  quatuors. 

FROBEN  (  Jean  ) ,  célèbre  imprimeur 
d'Hammelburg  dans  la  Franconie,  alla 
exercer  sa  profession  à  Bâle.  Il  fut  le 
premier  en  Allemagne  qui  eut  de  la  déli- 
catesse dans  l'art  d'imprimer ,  et  du  dis- 
cernement dans  le  choix  des  auteurs.  Il 
publia  les  ouvrages  de  saint  Jérôme ,  de 
saint  Augustin,  d'Erasme,  qui  vint  lui- 
même  à  Bâle  ,  attiré  par  sa  réputation. 
Ces  trois  impressions  sont  les  plus  cor- 
rectes de  toutes  celles  de  Froben.  Il  se 
proposait  de  mettre  au  jour  les  Pères 
grecs  ^  lorsqu'il  mourut  en  1527  d'une 
chute.  Son  fils  et  son  gendre  soutinrent 
son  nom  avec  honneur. 

FllOBISHER.  royez  FORBISHER. 

•  FROCHOT  (Nicolas-Tuérèse-Beivoit, 
comte  ) ,  conseiller  d'état ,  préfet ,  grand- 
oflicier  de  la  légion  d'honneur,  etc.,  était 
notaire  et  prévôt  royal  à  Arnay-le-Duc,  à 
l'époque  où  éclata  la  révolution  dont  il 
adopta  les  principes.  Nommé  député  aux 
états  généraux  par  la  sénéchaussée  de 
Chàlillon-sur-Seine ,  il  se  lia  étroitement 
avec  Mirabeau,  qui  le  choisit  pour  un  de 
ses  exécuteurs  testamentaires.  Frochot  se 
chargea  de  révéler  à  l'assemblée  Consti- 
tuante l'insolvabilité  de  ce  célèbre  ora- 
teur, et  demanda  que  ses  funérailles  fus- 
sent faites  aux  frais  du  trésor  public. 
Quelques  mois  plus  tard,  il  développa  à  la 
tribune  un  projet  de  révision  périodique 
de  l'acte  constitutionnel;  ses  raisonnemens 
produisirent  une  si  grand  e  impression  sur 
l'assemblée  qu'elle  en  fit  la  base  de  ses  dé- 
ciets,  et  que  le  plan  proposé  par  Frochot 
devint  le  fondement  du  titre  VII  de  la 
constitution.  Nommé  juge  de  paix  en  1792, 
il  vécut  dans  l'obscurité  jusqu'après  le  18 
brumaire ,  époque  à  laquelle  il  fut  appelé 
au  corps  législatif.  Il  fut  ensuite  revêtu  des 


fonctions  de  conseiller  d'état  et  de  préfet 
de  la  Seine,  et  reçut  de  l'empereur  divers 
titres  et  décorations.  Lors  de  l'audacieuse 
tentative  du  général  Mallet  contre  la  puis- 
sance de  Napoléon  (1812),  le  comte  Fro- 
chot fut  accusé  de  n'avoir  pas  déployé 
toute  la  vigueur  nécessaire  ,  et ,  le  20  dé- 
cembre, dans  une  réponse  aux  discours  du 
sénat,  l'empereur  fit  entendre  ces  mots 
qui  annonçaient  sa  résolution  :  «  Des  ma- 
»  gistrats  pusillanimes  détruisent  l'empire 
»  des  lois,  les  droits  du  trône  et  l'ordre  so- 
»  cial  lui-même.  »  Trois  jours  après  le  pré- 
fet de  la  Seine  fut  en  effet  destitué.  Après 
la  première  rentrée  du  roi,  Frochot  recou- 
vra son  titre  de  conseiller  d'état,  avec  une 
pension  de  1S,000  francs  sur  la  réclama- 
tion expresse  des  maires  et  du  conseil  gé- 
néral de  la  capitale.  Napoléon,  à  son  re- 
tour de  l'île  d'Elbe ,  le  nomma  préfet  des 
Bouches-du-Rhône  ;  mais  après  les  cent- 
jours  il  dut  renoncer  entièrement  aux  af- 
faires publiques.  Frochot  est  mort  le  50 
juillet  1828,  âgé  de  soixante-huit  ans. 

FRODOARD  royez  FLODOART. 

FROELiCH  (Guillaume),  né  en  1492 
à  Zurich  en  Suisse,  servit  avec  beaucoup 
de  zèle  et  de  gloire  les  rois  François  T"", 
Henri  II  et  Charles  IX  ;  il  commanda  en 
quaUté  de  colonel,  plusieurs  régimens 
suisses  au  service  de  ces  princes,  et  mou- 
rut à  Paris  en  1562,  après  40  ans  de  ser- 
vice. On  lui  éleva  un  mausolée  dans  l'é- 
glise des  grands  Cordeliers.  Frœlich  était 
zélé  pour  la  religion  catholique,  autant 
que  pour  le  service  militaire.  Il  quitta  sa 
patrie,  lorsqu'elle  embrassa  les  nouvelles 
erreurs.  Brantôme  et  de  Thou  font  un 
grand  éloge  de  ce  brave  officier. 

FROELIGU  (  Erasme  )  ,  né  à  Gratz  en 
Styrie  en  1700,  entra  chez  les  jésuites  en 
1716.  Il  professa  les  belles-lettres  et  les 
mathématiques  à  Vienne  ,  où  il  eut  occa- 
sion de  suivre  son  inclination  pour  la 
connaissance  des  médailles.  Il  était  biblio- 
thécaire du  collège  Thérésien  de  cette 
ville  ,  lorsqu'il  y  mourut  le  7  juillet  1758. 
De  1753  à  1757  il  a  publié  outre  un  grand 
nombre  d'opuscules  ,  16  ouvrages  impor- 
fans  sur  les  médailles  et  les  monnaies  des 
rois  et  des  villes  grecques  ,  romaines  et 
asiatiques  :  nous  citerons  seulement  les 
suivans  :  |  Utilitas  reinummariœ  veteris, 
compendio  proposila  ^  etc.^  Vienne,  1735  , 
in-8°  ;  1  Annales  compendiarii  regum  et 
rerum  Syriœ  ^  nummis  vetetibus  illus- 
trati  ^  deducti  ab  obitu  Alexandrie  etc. 
Vienne  ,  1744 ,  in-folio  ;  2'  édition  aug- 
mentée, ibid.,  1754,  in-fol.;  )  Regumvcte' 


FRO  281 

mm  numismata  amfalofa  ,  aut  prrrara. 
notii  illiutrata  .  flo..  ibid. ,  17;>'J! ,  in-4°  ; 
i  Qiuttuor  leniamina  in  re  nummariâ 
vfteri.  Vienne,  1757,  in-4.".  rôimprim»^  en 
<750;  I  De  fiijttrà  /«.'//un.»  .  Tassau ,  i757, 
I«-4"  ;  j  Dfs  (liisertations  sur  des  iiié- 
iaiilesunrtjfulicrfs  ,  parmi  lesquelles  on 
dislingue  Fannlia  f'aballathi  Jiummis 
illnstrata.  1762.  in-4°,  etc. 

I  UOII»IO.\  r  ou  FROMONT  (Libert), 
/•Vomom/««,  né  à  Hacourt,  village  du  pays 
oe  Liège  ,  en  1587  ,  docteur  ,  inlcrprèle 
royal  de  l'Ecriture  sainte  à  Louvain,  mou- 
rut doyen  de  la  collégiale  de  St. -Pierre 
(le  celte  ville  en  1653.  Descartes  et  Jan- 
sénius  étaient  ses  amis  ;  il  publia  T. /u^i^s- 
tinus  du  dernier  avec  Henri  Calénus,  cha- 
noine et  ensuite  archidiacre  de  Malines, 
ol  évêque  de  Ruremonde  :  service  dont 
on  doit  leur  savoir  peu  de  gré,  quand  on 
ri'ûéchit  aux  troubles  que  ce  livre  a  fait 
iiailre  (  voyez  CALENUS  et  JANSÉNIUS  . 
On  a  de  Froidmont  :  |  un  Commentaire 
latin  jur  les  Epitres  de  saint  Paul.  2  lom, 
in-folio,  1670.  C'est  proprement  un  abrégé 
de  celui  dEstius.  |  Des  Commentaires  sur 
le  Cantiques  lies  cantiques  et  sur  l'Apoca- 
lypse, peu  utile»,  et  qui  se  ressentent  des 
erreurs  qu'il  avait  adoptées;  |  f^iticentii 
fenis  theriaca  contre  les  Pères  Peteau  et 
Deschamps,  jésuites.  Ce  dernier  ouvrage 
>t  polémique.  On  a  encore  de  lui,  dans  le 
même  genre,  avec  des  titres  bizarres  et 
ridicules  :  la  Lampe  de  saint  Augustin  ; 
les  Mouchettes  île  la  Lampe;  Colloques 
en  rimes  entre  saint  Augustin  et  saint 
Ambroise  ;  ces  écrits  sont  en  latin. 

FROILA,  1"^  de  ce  nom,  roi  d'Espagne, 
à  Oviédo,  à  Léon  et  dans  les  Asturies, 
était  flls  d'Alfonse  1",  et  commença  de  ré- 
gner l'an  757.  H  lit  d'abord  de  belles  or- 
donnances pf)ur  la  police  du  royaume  et 
>'oppo9a  aux  courses  des  Maures.  Depuis 
il  remporta,  l'an  760,  une  célèbre  victoire 
sur  Omar,  prince  des  Sarrasins  en  Galice, 
et  tua  54  mille  de  ces  Iwirbares.  Froila 
souilla  sa  gloire  par  le  meurtre  de  son 
frère  Vimazan  ;  meurtre  vengé  bientôt 
après  par  Aurèle  son  autre  frère,  qui  lui 
ùta  le  trône  et  la  vie  en  768. 

FROIL\  II.  Voyez  FRUELA. 

FROIL.V  III ,  frère  dOrdogno,  roi  de 
Léon  en  Espagne  ,  lui  succéda  l'an  9iJ3 , 
parce  que  les  cnfans  de  son  frère  n'étaient 
pa*»  en  état  de  régner.  Il  ne  sut  imiter  son 
prédécesseur  que  dans  ce  qu'il  avait  fait 
d«  mal.  A  son  exemple,  il  lit  mourir  les 
enfans  d'un  grand  seigneur  de  Castillc, 
nommé  don  Osmond   Ccttt-  action  àclu'va 


FRO 

de  révolter  les  Castillans.  IN  iMircrn  u-a 
armes  ouvertement,  »érig«Tent  en  cspeer 
de  république,  et  liront  rlmix  de  deux 
magistrats  souverains  pour  les  gouverner. 
Froila  mourut  de  la  lèpre  enl)24,aprè« 
avoir  régné  un  peu  plus  d'un  an. 

FROivSSARD  (Jka:^)  ,  naquit  à  Valen - 
ciennes,  en  1553.  Vn  esprit  vif  et  inquiet 
ne  lui  permit  pas  de  se  fixer  long-temp* 
aux  mêmes  occupations  et  aux  mémeit 
lieux.  Il  aimait  la  chasse,  la  musiriue,  \e% 
fêtes,  la  parure,  la  bonne  chère,  le  vin, 
les  femmes.  Ces  goûts  ,  fortifiés  par  l'ha- 
bitude, ne  moururent  qu'avec  lui.  On  croit 
qu'il  finit  ses  jours  à  Chimay ,  où  il  était 
chanoine  et  trésorier  vers  1402.  Froissa  ri 
était  poète  et  historien  ;  mais  il  est  plus 
connu  sous  celle  dernière  qualité  que  sous 
la  première.  Sa  Chronique  de  France, 
d'Angleterre,  d'Ecosse,  d'Espagne,  de  Bre- 
tagne,  etc.,  a  été  imprimée  plusieurs  fois. 
La  meilleure  édition  cl  une  des  moins 
communes  était  celle  de  Lyon  ,  in-fol.  en 
4  vol.  1559  ,  réimprimée  à  Paris  en  1574. 
Cette  chronique  s'étend  depuis  1526  jus- 
qu'en 1400.  Jean  Sleidan  l'a  abrégée. 
Monstrelet  l'a  continuée  jusqu'en  •1467. 
On  y  trouve,  dans  un  détail  très  circon- 
stancié, même  quelquefois  jusqu'à  la  mi- 
nutie, les  événemens  les  plus  considéra- 
bles arrivés  de  son  temps  en  Europe.  Elle 
a  été  traduite  en  anglais  par  Bourchier  . 
Londres,  1725-1725,  2  vol.  in-folio;  5*  édi 
lion,  Londres,  1812,  2  vol.  in-4°,  avec  dr 
nombreuses  corrections,  etc.,  etc.  Johnes 
en  a  donné  une  nouvelle  traduction  an- 
glaise imprimée  avec  le  plus  grand  luxe, 
1805-1807,  4  vol.  in-4'',  avec  un  supplé- 
ment publié  en  1810.  La  chronique  de 
Fioissaid  a  été  abrégée  en  français  pai 
Belleforest  sous  le  titre  de  Recueil  diligent 
et  profitabU.  V'drïs,  i'il-î ,  in-16;  en  latin 
par  Sleidan .  ibid.  1657  ,  in-8"  ;  en  anglais 
par  le  P.  Godling,  Londres,  1608,  in-4".  C*ii 
a  encore  de  Froissard  plusieurs  pièces 
de  poésies,  parmi  lesquelles  oii  distingue 
SCS  pastourelles .  un  peu  trop  libres  pour 
les  productions  d'un  chanoine.  Froissard 
fut  un  des  premiers  qui  mit  en  vogue  la 
ballade. 

FROLAND  (Louis),  avocat  au  parle- 
ment de  Rouen  ,  mort  en  1746  .  exerça  sj 
profession  à  Paris,  et  y  fut  singulicremi m 
consulté  sur  la  coutume  de  Norman. lir 
qu'il  possédait  très  bien.  On  a   !  i    i 

qucs  ouvrages  de  droit,  rclai 
tume  de  son  pays.  |  Mmioirci  ,  -   i 

la  prohibition  d'cvoqut-r  les  décrets  dwi 
mrublrs  situés  en  .\ormandte  \72i,  in  4'- 


FRO 

1  Mémoires  concernant  les  statuts  ,  1729 , 

2  vol.  in-i»  ;  |  Mémoires  sur  le  sénatus- 

consulte  velléien.  1722,  in-4°  ;  \ sur  la 

comté-pairie  d'Eu ,   in-i". 

*  FROMIGE  DES  FEUGRES  (Chaii- 
les-Michel-Fra:vçois),  vétérinaire  né  en 
1770  à  Viette  près  Lisieux,  professa  depuis 
1791  jusqu'en  1793  la  philosophie  au  col- 
h'ge  de  celte  ville;  il  fut  nommé  élève  à 
l'école  normale  en  179/t,  puis  à  celle  d'Al- 
fort,  où  il  fut  professeur  de  médecine  et 
de  chirurgie.  Plus  tard  il  quitta  sa  chaire 
pour  devenir  vétérinaire  en  chef  de  la 
gendarmerie  de  la  garde  impériale  ,  et 
périt  malheureusement  pendant  la  désas- 
treuse retraite  de  Moscou,  à  latin  de  1812. 
On  lui  doit  :  |  Correspondance  sur  la  con- 
servation et  l'amélioration  des  animaux 
domestiques  ^  1811  ,  h  vol.  in-i2  ;  |  De  la 
garantie  dans  le  commerce  des  animaux,, 
Paris,  1805,  in-S";  |  Traité  de  l'engraisse- 
ment des  animaux  domestiques  ,  1803,  et 
1806,  in-12;  |  Importance  de  V amélioration 
et  de  la  multiplie alion  des  chevaux  en 
France^  1805,  in-8°;  |  Moyens  de  rendre 
l'art  vétérinaire  j)lus  utile,  1805,  in-8°.  Il 
a  publié  ces  quatre  derniers  articles  avec 
Cijaberl.  [Plusieurs  articles  dans  la  conti- 
nuation du  Cours  complet  d'agriculture 
de  Rozier,  et  dans  V Abrégé^  en  6  volumes 
in-8°,  publié  sous  le  litre  de  Cours  com- 
plet d'agriculture  pratique^  Paris,  1809. 

FROMA.GE\U  (Germain),  parisien  , 
docteur  de  Sorbonne  succéda  à  Delamet 
dans  la  décision  des  cas  de  conscience. 
Son  désintéressement  le  porta  à  refuser 
(OU3  les  bénéfices,  et  sa  charité  à  accepter 
l'emploi  héroïque  d'assister  ceux  qui  sont 
(:^ndamnés  au  dernier  supplice.  lU'cxerça 
iong-temps  avec  beaucoup  de  zèle.  Il  mou- 
rut en  Sorbonne  l'an  1703,  laissant  grand 
nombre  de  décisions  de  cas  de  conscience, 
recueillies  avec  celles  de  son  prédécesseur 
en  2  vol.  in-folio,  à  Paris,  1735. 

•  FROMVGEOT  (  Jea\  -  Baptiste  ) , 
avocat  au  parlement  de  Dijon,  et  profes- 
seur en  droit  à  l'université  de  cette  ville, 
y  naquit  le  10  septembre  172i,  et  mourut 
à  Besançon  le  14  août  1753.  Il  eut  plusieurs 
querelles  avec  le  président  Bouhier.  On 
hii  doit  les  Lois  ecclésiastiques  tirées  des 
seuls  livres  saints,  1753,  in-12,  et  plusieurs 
dissertations  sur  différens  sujets  de  juris- 
prudence. 

FROMA.GET  (N.),  mort  à  Paris  en 
1739  ,  poêle  médiocre ,  donna  quelques 
romans  et  quelques  opéra-comiques  déjà 
presque  oublies. 

•FROME.\T  (lebaron  Fraxçois-Marie 


282  FRO 

de),  né  à  Nîmes  ,  le  9  juillet  1756  ,  d'une 
famille  originaire  d'Italie,  était  avocat  dans 
cette  ville  lorsque  la  révolution  éclata. 
Dès  son  origine  il  se  fit  remarquer  par  son 
opposition  aux  principes  des  novateurs  ; 
et  donna  contre  eux  le  sighal  de  l'insur- 
rection dans  le  raidi  de  la  France.  Froment 
contribua  puissamment  à  organiser  le  ras- 
semblement du  camp  de  Jalès;  et  courut 
de  grands  dangers  à  l'époque  des  pre- 
miers troubles  de  Nimes,  comme  ayant  eu 
beaucoup  de  part  à  la  requête  que  les  ca- 
tholiques présentèrent  à  l'assemblée  na- 
tionale, pour  que  leur  religion  restât  do- 
minante. La  relation  de  ces  événemens  se 
trouve  dans  un  écrit  de  Froment',  impri- 
mé à  Nimes,  à  Lyon  et  dans  l'étranger, 
sous  ce  titre  :  Mémoire  historique  et  poli- 
tique ,  contenant  la  relation  du  massa- 
ci'e  des  catholiques  de  Nim.es  en  juin  1790 , 
et  des  réflexions  sur  les  événemens  qui 
l'ont  amené.  Ce  mémoire  curieux  est  de- 
venu fort  rare.  A  la  fin  de  1790  il  se  ren- 
dit à  Turin oîi  il  fut  parfaitement  accueilli 
par  Mgr.  le  comte  d'Artois.  La  noblesse  du 
Languedoc ,  qui  se  trouvait  auprès  du 
prince  ,  demanda  des  lettres  de  noblesse 
pour  lui  et  sa  famille,  illustrée  par  la  vertu. 
Cette  faveur  lui  fut  accordée  par  les  prin- 
ces français,  qui  lui  confièrent  ensuite  des 
missix)ns  importantes,  en  Espagne,  en  An- 
gleterre ,  et  dans  sa  patrie ,  où  il  courut 
les  plus  grands  dangers.  Après  la  restau- 
ration. Froment  rentré  en  France  fut  con- 
firmé dans  ses  titres  de  noblesse  ,  et  dans 
celui  de  secrétaire  de  la  chambre  et  du 
cabinet  du  roi ,  qui  lui  avait  été  accordé 
en  1793;  mais  il  resta  sans  fonctions ,  et 
ne  put  obtenir  aucune  des  indemnités 
qu'il  réclamait  pour  ses  pertes  et  ses 
nombreux  services.  Les  refus  du  minis- 
tère jetèrent  Froment  parmi  I(^s  mécon- 
tens;  il  consigna  ses  plaintes  dans  un 
opuscule  intitulé  :  Recueil  de  divers 
écrits  relatifs  à  la  révolution^  Paris,  1816, 
in-8".  Lors  du  retour  de  Bonaparte  en 
1815,  il  se  réfugia  en  Espagne,  et  il  revint 
à  Paris  en  1816.  Froment  est  mort  le  22 
septembre  1825 ,  âgé  de  59  ans.  On  a  en- 
core de  lui  :  Lettre  à  M.  le  Marquis  de 
Foucault^  colonel  du  génie  ^  secrétaire- 
rapporteur  de  la  commisson  des  anciens 
officier  s,  etc.  Paris,  1817,  in-8°. 

FROME\TII.\L  (Gabriel  BERTHON 
de),  juge-mage  du  Puy  en  Yelay,  mort 
vers  1762,  fut  l'oracle  de  son  pays  par 
son  savoir ,  et  ne  fut  pas  moins  estimé 
pour  son  intégrité.  Ses  Décisions  de  droit 
civile  canonique  et  français,  1740,  ji>- 


FI\0 


283 


FRO 


r.>iio,  9onl  consultées  de  tous  les  juriscon- 

inOMENTIERES  (Jba!«- Louis  de), 
évoque  d'Aire,  naquit  on  1632  h  Sainl- 
Di-nis  de  Gastines,  dans  le  Bas-Maine.  Il 
prêcha  l'A  vent  devant  Ix)uis  XIV  en  1672, 
el  le  Carême  en  1680.  et  toujours  avec  suc- 
cès. Elève  du  Père  Scnaut,  de  l'Oratoire, 
Il  mil  comme  lui ,  dans  ses  sermons  ,  de 
rélovation  et  de  la  solidité.  Quoiqu'il  eût 
défendu  eu  mourant  de  les  imprimer  ,  on 
les  publia  en  1684 .  6  vol.  in-12.  Cet  ora- 
teur, plus  attentif  au  fond  des  choses 
qu'à  la  forme  ,  néglige  quelquefois  l'har- 
nH>nie,  l'élégance  et  la  pureté  du  langage. 
Il  mourut  en  168i,  exlrémement  regretté 
de  son  diocèse ,  malgré  les  réformes  qu'il 
y  avait  introduites. 

•FROMO.ND  (  Jea-s-Claide),  religieux 
tamaldule  ,  correspondant  de  l'académie 
des  sciences  de  Paris ,  et  membre  de 
f  presque  toutes  celles  d'Italie ,  né  à  Cré- 
mone en  1703  ,  mort  en  1763,  professa  la 
philosophie  à  l'université  de  Pise.  Mathé- 
matiques pures  ,  physique  animale  et  ex- 
périmentale, chimie,  histoire  naturelle,  il 
lit  faire  à  toutes  les  parties  de  la  science 
quelques  progrès.  C'est  lui  qui  découvrit 
que  la  contraction  du  cœur  est  le  résultat 
d'une  force  physique  ,  opinion  qui  parut 
singvdière  alors ,  mais  dont  Albert  Hallcr 
a  prouvé  depuis  la  vérité  jusqu'à  l'évi- 
dence. Les  plus  remarquables  de  ses  ou- 

:  âges  sont  :  [  Nova  et  generalis  introduc- 

0 ad philosophiam ^yenïsc,  1748,  in-8°  ; 

Délia  fluidità  decorpi .  trattato  ,  Li- 
vourne  ,  1734  ;  |  Examen  in  prœcijma 
viechanicœ  principia .  Pise  ,  1738  ;  |  de 
Raiione  philosophandi .  quâ  instrum. 
mechanica  gencralim  polenliarum  actio- 
nibus  corroborandis  vcl  etiervandis.  etc., 
\  Pise,  1739.  L'abbé  Bianchi ,  professeur  de 
morale  à  Crémone  ,  a  publié  VElogio  sto- 
rico  del  P.  D.  Giovan.  Claud.  Fnmiond , 
pulA.  profess.  nelV  università  di  Pi  sa , 
Crémone,  1781 ,  in-4''.  On  y  trouve  la  liste 
de  tous  les  écrits  de  ce  professeur. 

FROXSAC.  Vo<jez  MAILLÉ-BRF.ZÉ. 

FROXSPERG  ou  plutôt  !•  RL  NDSBERG, 
(  GcuROES ,  comte  de  ) ,  d'une  maison  illus- 
tre du  Tyrol,  naquit  à  Mundelheim  dans  le 
Wurtemberg.  C'était  un  homme  d'une  va- 
leur et  d'une  force  extraordinaires.  Il  servit 
deux  fois  l'empereur  Charles  V  en  Italie  , 
avec  beaucoup  de  gloire,  particulièrement 
à  la  bataille  de  Pavie  ;  mais  ses  emporte- 
mens  allèrent  jusqu'à  la  fureur  contre  l'é- 
glise romaine.  Fronsperg  était  luthérien, 
et  au  fanatisme  d'un  hérétique,  il  joignit 


la  férocité  d'un  soldat.  Ayant  levé  dei 
troupes  pour  l'empereur  contre  le  pape 
Clément  VII,  il  lit  publier  qu'il  enrichi- 
rait ceux  qui  le  suivraient  des  dé|>ouilleS 
de  Rome.  Les  lutliérieiis  accoururent  CQ 
foule  pour  s'enrôler  sous  ses  enseignes; 
et  sur  l'espérance  du  sac  de  Rome  ,  ils  se 
contentèrent  d'un  écu  par  tête.  Fronsperg 
ayant  formé  \uio  armée  d'environ  18,000 
hommes  ,  se  mit  en  marche  au  mois  d'oc- 
tobre pour  entrer  en  Italie.  Ce  fut  alors 
qu'il  fit  faire  un  cordeau  tissu  d'or  et  de 
soie  ,  qu'il  portail  en  écharpe  à  la  vue  de 
tout  le  monde.  Il  disait  à  ceux  qui  lui  en 
demandaient  la  raison,  «  que  c'était  pour 
»  traiter  le  pape  conune  les  OHomans  trai- 
»  talent  leurs  frères.  »  Ce  barbare  joignit 
l'armée  du  duc  de  Bourbon  sur  la  fin  du 
mois  de  janvier  1327;  mais  il  n'alla  pas 
jusqu'à  Rome;  car  pendant  que  les  trou- 
pes étaient  dans  le  Bolonais  ,  il  fut  frappo 
d'une  apoplexie  dont  il  mourut  àFerrare, 
sur  la  fin  du  mois  de  mars. 

FRO.\TE  VU  (  Jew  ) ,  chanoine-ré- 
gulier génovéfain,  et  chancelier  de  l'uni- 
versité de  Paris,  naquit  à  Angers  en  1614, 
enseigna  la  philosophie  et  la  théologie, s'at- 
taclia  pendant  quelque  temps  au  parti  des 
anii-constitulionnaires  ,  et  fut  exilé  dans 
un  prieuré  de  l'Anjou.  Ayant  quitté  l'es- 
prit de  parti ,  il  revint  à  Paris  et  fut  fait 
curé  de  la  paroisse  de  Sainte-Madeleine 
à  Montargis,  où  il  mourut  dix  jours  après 
sa  prise  de  possession  en  1662.  On  a  de 
lui  divers  ouvrages  :  j  De  dicbus  festivis. 
in-fol. ,  dans  le  Kalendariam  romanum  . 
1632,  in-8";  ]  Jnd'thescs  Jugustini  et  Cal- 
vini  ^  1631,  in-16  ;  |  Epistolxs  de  origine 
parochiarum.  de  jure  episcoporum ,  dé 
priscorum christianoruni  moribus ^de  si- 
gna cnicis.  j4nnotata  in  romanum  Kalei>- 
darium ,  etc.  La  meilleure  édition  e«t 
celle  de  Vérone,  1736,  in-S".  |  Des  Disser- 
tations pour  prouver  que  l'Imitation  de 
Jésus-Christ  est  de  Thomas  à  Kempis  ,  et 
non  pas  de  Gerson  ni  de  Gersen  (  voyez 
AMORT).  I  Une  édition  des  aruwr«rf*/f^i 
de  Chartres .  Paris  ,  1647  ,  in-fol.  accom- 
pagnée de  remarques  savantes  et  judicieu- 
ses, et  d'une  yje  de  ce  pieux  docteur.  Le 
Père  Fronteau  possédait  neuf  langue* , 
ce  fut  lui  qui  dressa  la  belle  bibliothèque 
de  Sainte-Geneviève.  Se  piété  était  aa>«i 
solide  qu'af  fer  tueuse,  et  ne  lui  permit  pas 
de  rester  long-lemps  dans  un  i»arti  qui 
n'en  avait  que  les  dehors ,  et  qui  dans  la 
dedans  nourrissait  l'orgueil  de  la  rcbcllioQ 
contre  lEglisc.  L'éloge  du  Père  tVon- 
teau  a  clé  lait  en  latin  par  lo  Père  LaUt- 


FRO 


284 


FRO 


tnand,  chancelier  de  Sainte- Geneviève, 
Paris,  1665,  in^4". 

FROI>iTIi\  {Sextus  Julius  Frontinus), 
brave  guerrier  et  savant  jurisconsulte 
romain,  fut  préteur  l'an  70  de  J,-C.,  et 
ensuite  5  fois  consul.  Vespasien  l'envoya 
vn  78  contre  les  Anglais  ,  et  il  les  battit 
plusieurs  fois.  La  lecture  des  auteurs  mi- 
litaires, grecs  et  romains,  perfectionna 
beaucoup  ses  connaissances  sur  l'art  de 
la  guerre.  Il  a  laissé  quatre  livres  de  stra- 
tagèmes de  guerre ,  écrits  ,  à  ce  que  l'on 
croit,  sous  Domitien  ,  et  imprimés  avec 
les  antres  auteurs  qui  ont  traité  de  l'art 
militaire  dans  les  T^eteres  de  re  militari 
scriptores ,  Wesel,  1670,  2  vol.  in-S"  ;  et 
plusieurs  fois  séparément,  Leyde  ,  1731, 
in-8° ,  et  Paris,  sans  notes,  1765,  in-12. 
Ils  sont  traduits  en  français  avec  Polyen, 
1770 ,  3  vol.^  in-12.  C'est  l'ouvrage  d'un 
capitaine  autant  que  d'un  savant.  L'expé- 
dition d'Angleterre  l'avait  encore  plus 
instruit  que  ses  lectures.  Nerva  lui  donna 
l'intendance  des  eaux  et  des  aqueducs  de 
Rome,  sur  lesquels  il  composa  un  ouvrage 
en  deux  livres,  imprimé  à  Bâle  et  à  Flo- 
rence, sous  le  titre  -.De  aquœductibus 
urbis  Romœ.  M.  Rondelet  a  publié  une 
traduction  de  cet  ouvrage  :  Commentaire 
de  Frontin  sur  les  aqueducs  de  Rome . 
traduit  avec  le  texte  eu  regard,  précédé 
d'une  notice  sur  Frontin,  Paris,  1820,  un 
vol.  in-4°,  avec  un  atlas.  Son  traité  De 
qualitate  agrorum  vit  le  jour  à  Paris  par 
les  soins  de  Turnèbe  ,  avec  les  autres  au- 
teurs qui  ont  écrit  sur  les  limites.  On  a 
encore  de  lui  un  petit  livre  :  De  coloniis. 
Ses  livres  :  De  scientiâ  militaiH ,  qu'il 
avait  dédiés  à  Trajan,  sont  perdus.  Fron- 
tin mourut  l'an  106  de  J.-C.  (859  de 
Ruine). 

FRO\TO  (  Marcus-Cokivélius  ) ,  rhé- 
teur latin  ,  eut  pour  disciples  L.  Vérus  et 
Marc-Aurèle ,  qui  fit  ériger  une  statue  à 
son  maître,  et  qui  le  nomma  consul.  Son 
éloquence  n'était  pas  fleurie ,  mais  elle 
était  noble  et  majestueuse ,  et  respirait 
une  certaine  gravité  austère  :  quelques- 
uns  disent  que,  pour  cette  partie,  il  était 
l'émule  de  Cicéron.  Il  ne  reste  guerre  de 
Fronto  que  quelques  fragmens  cités  par 
les  grammairiens. 

FRONTO  (  Marcus  -  JuLius  ) ,  consul 
l'an  96  de  J.-C,  osa  s'écrier  en  plein  sé- 
nat, en  parlant  des  abus  qui  se  glissaient 
dans  la  punition  des  délateurs  :  «  Il  estdan- 
»  gereux  d'être  gouverné  par  un  prince 
»  sous  qui  tout  est  défendu  (  il  voulait  par- 
1*  1er  de  Néron  )  ;  et  encore  plus  dangereux 


»  de  l'être  par  un  prince  sous  qui  tout  est 
«permis.  «Ces  dernières  paroles  tombaient 
sur  la  facilité  de  Nerva,  qui  remédia  bien- 
tôt aux  désordres  dont  elle  avait  été  la 
source. 

FRONTO  DUC/EUS.  Fbyez  DUC. 

*  FRORIEP  (Just-Frédéric),  ministre 
protestant  et  savant  orientaliste  d'Allema- 
gne, naquit  en  17ii.o  à  Lubeck,  et  y  fit  d'ex- 
cellentes études  qu'il  perfectionna  en- 
suite à  Leipsick.  Il  fut  reçu  maitre  en  phi- 
losophie dans  l'université  de  cette  ville,  en 
1767,etbaclielier  en  théologie  l'année  sui- 
vante. Nommé  prédicateur  du  temple  dans 
la  même  université,  il  se  fit  dans  cette  car- 
rière évangéliqueune  réputation  brillante, 
et  bientôt  il  obtint,  encore  dans  la  même 
université,  la  place  de  professeur  extraor- 
dinaire de  théologie  ;  mais  il  occupa  très 
peu  de  temps  cette  chaire  qu'il  échangea 
successivement  contre  celle  de  théologie 
à  Augsbourg  ,  en  1771,  et  contre  celle  des 
langues  orientales  à  l'université  d'Erfurtli. 
En  1792,  Froriep  fut  destitué  :  alors  il  se  re- 
tira à  Wetzlar  où  il  fut  nommé  prédicateur 
en  1796.  Il  avait  publié  un  grand  nombre 
d'ouvrages  sur  la  philosophie  sacrée  et  la 
littérature  orientale,  lorsqu'il  mourut  dans 
cette  ville  en  1800.  Ses  productions  les  plus 
importantes  sont  :  |  Deutilitatelinguœara- 
bicœ  in  defendendis  nonnullis  locis  S. 
Scripturœ  spécimen  primum,  Leipsick, 
1767,  in-i"  ;  |  Corani  caput  primum  et  se- 
cundi  priores  versus  arabice  et  latine . 
cum  animadversionibus  historicis  et  phi- 
lologicis,  1768,  in-8'';  |  Arabische  biblioteh . 
Leipsick,  in-S";  |  Dissertatio  inaugurait^ 
de  nova  ralione  conjungendi  theolngiani 
dogmaticamcumtheologiâ  morali.  Ileîm- 
sladt ,  1772 ,  in-h°;  |  Bibliothèque  des  con- 
naissances théologiques j,  en  allemand, 
premier  vol.  Lemgo,  1771-1775,  deuxiènie 
vol.  ibid.  1774-1778.  La  liste  complète  de 
ses  ouvrages  se  trouve  dans  le  Diction- 
naire de  Meusel.  —FRORIEP  (Amélie- 
Hexriette-Sopiiie),  femme  du  précédent, 
née  à  Roslock  en  1762 ,  morte  à  Gotha  en 
1784,  à  l'âge  de  22  ans,  traduisit  en  langue 
allemande  les  deux  ouvrages  suivans  :  la 
jSouvelle  Clémentine ,  ou  Lettres  de  Hen- 
riette de  Berville  de  Léonard  Weimar, 
1782,  in-S";  Correspondance  de  Rollin 
avec  le  roi  de  Prusse.  Gotha,  1783,  in-8". 
Elle  avait  aussi  composé  Amélie  de  Nor- 
dheim  ou  la  Mort  prématurée .  1785,  2 
vol.  in-8°. 

*  FROSSARD  (  N...  ),  professeur  de 
théologie  protestante  à  Montauban ,  na. 
quit  à  Nyon  dans  le  canton  de  Vaud  ,  ei 


FRO  28» 

exerça  d'abord  le  minislôru  de  pasteur  à 
Lyon;  mais  la  révuUitiun  le  força  d'in- 
terrompre SCS  fonctions  ecclésiastiques 
qu'il  ne  reprit  qu'en  t.SOi  à  Munluubun. 
Lorsqu'on  forma  u;ic  faculté  do  tlu-oloyic 
da/19  cette  vill'; ,  il  en  fut  nommé  doyen, 
et  fut  on  même  temps  professeur  de  mo- 
rale et  d'elo<iucnce  de  la  chaire.  Frossard 
y  est  mort  au  mois  de  janvier  1830  ,  à  78 
ans.  On  a  de  lui  une  Traduction  des 
ifrmons  de  Bloi s  c\.  à' wn  livre  de  Wilber- 
force,  intitulé  :  le  Christianisme  des  gens 
du  monde  mis  en  opposition  avec  le  véri- 
tabte  c/uistianisme ^  Paris,  1821,  2  vol. 
in-S". 

•  FROTTÉ  (le  comte  Louis  de),  chef 
des  royalistes  de  Normandie,  gentilhomme 
de  cette  province,  servit  dans  l'infanterie 
avant  la  révolution  française  ,  et  se  mon- 
tra de  bonne  heure  l'adversaire  de  toutes 
les  innovations  politiques  de  cette  époque. 
U  prit  le  parti  de  rémi^;ralion  en  17'J2  ; 
mais  la  guerre  extérieure  ne  remplissant 
point  son  attente,  il  quitta  l'Angleterre 
deux  ans  après,  et  passa  en  France  pour 
faire  insurger  la  Normandie  ,  où  il  avait 
des  intelligences.  En  débarquant  sur  la 
côte  de  Saint -Malo  avec  plusieurs  au- 
tres gentilshommes  ,  il  eut  à  s^iulcnir  un 
combat  avec  les  troupes  républicaines  ; 
U  leur  échappa,  et  parvint  dans  la  basse 
Normandie ,  où  il  commença  à  figurer 
parmi  les  chouans  royali-îles  en  qualité  de 
général.  Il  avait  tout  ce  qu'il  faut  pour 
réussir,  un  grand  courage,  une  patience 
à  toute  épreuve,  des  lalens  militaires  na- 
turels et  le  désir  de  se  faire  un  nom.  Il  se 
rendit,  le  1"^  avril  1705  ,  aux  conférences 
de  La  Mabilais  en  Bretagne ,  et  refusa  de 
signer  le  traité  négocié  par  Cormalin,  en 
déclarant  qu'il  n'y  avait  pour  les  royalis- 
tes de  sécurité  que  dans  les  armes.  Il  re- 
gagna alors  la  Normandie,  et  organisa 
l'insurrection  dans  les  cantons  limilro- 
plics  du  Calvados  et  de  la  Manche.  Il  n'eut 
d'abord  sous  ses  ordres ,  que  300  hom- 
uies  peu  aguerris;  mais  sa  persévérance 
et  son  infatigable  activité  lui  valurent 
d'-**  succès  partiels  et  répétés  contre  des 
tachemens  de  républicains.  En  1793  11 
une  incursion  dans  le   Maine,  s'em- 

irnenlanémcnt  de  la  petite  ville  de 

.  et  s'efforça  de  coordonner  ses 

■  ns  avec  celles  des  autres  chefs  de 

iijou,  du  Maine  et  de  la  Bretagne.  La 

ilheureuse  issue  de  l'expédition  deQui- 

r)rron  vint  arrêter  l'essor  de  ses  vastes 

projets,  n  ne  jx-rdiJ  cependant  pas  courage, 

et  rcniporta  quelques  avanipgcs  sur  plu- 


FRO 

sieurs  bataillons  républicains;  mais  il  fui 
battu  à  son  tour.  Ayant  reçu  des  subsides 
du  ministère  anglais  ,  il  redoubla  de  lèle, 
forma  une  compagnie  organisée  sous  1« 
nom  de  goitilshommes  de  la  couronne, 
et  devint  redoutable  aux  troupes  qui  lui 
furent  opposées;  il  essaya  même  de  s'eir»- 
parer  de  la  petite  ville  de  Tinchebray,  qui 
levait  quelques  fortitications;  mais  il  fut 
repoussé  avec  perte.  Poursuivi  par  le  gé- 
néral Hoche,  qui  avait  soumis  la  Vendée, 
il  se  vit  contraint,  après  une  résistance 
opiniâtre ,  de  se  rembarquer  pour  l'An- 
gleterre. Il  y  resta  jusqu'à  l'époque  de  la 
rupture  des  conférences  de  Kasladt,  en 
1799,  où  les  royalistes  purent  reprendre 
les  armes.  Alors  il  débarqua  en  Norman- 
die, et  se  trouva  bientôt  à  la  tète  de  for- 
ces considérables  que  l'on  peut  porter 
jusqu'à  10  mille  hommes.  Il  prit  plusieurs 
bourgs,  et  délivra  sa  mère  et  un  grand 
nombre  de  royalistes  qui  venaient  d'être 
emprisonnés,  en  exécution  de  la  loi  des  ota- 
ges. Il  lit  ensuite  une  expédition  assez  heu- 
reuse dans  le  midi  du  département  de  la 
Manche,  puis  il  éprouva  quelques  revers. 
Mais  après  le  18  brumaire  qui  promettait 
plus  de  stabilité  au  nouvel  état  de  choses, 
presque  tous  les  autres  chefs  royalistes 
capitulèrent,  et  il  résistait  encore,  reje- 
tant toute  espèce  de  pacification.  Enfin 
accablé  par  des  forces  toujours  croissan- 
tes ,  il  se  détermina  à  écrire ,  le  28  jan- 
vier 1800,  au  général  Guidai  pour  lui  dé- 
clarer qu'il  se  soumettait  aux  lois  de  la 
république.  Il  se  rendait  à  Alençon  pour 
négocier  son  accommodement,  lorsqu'au 
mépris  de  la  foi  jurée  11  fut  arrêté  avec 
six  de  ses  officiers,  et  traduit  devant  une 
commission  militaire  fonnée  à  Vemeuil. 
Frotté  parut  devant  sesjuges  avec  l'audace 
qui  l'avait  toujours  caractérisé,  et  fut 
condamné  à  être  fusillé.  Il  ne  voulut  pas  se 
laisser  bander  les  yeux,  et  attendit  debout 
et  avec  calme  le  coup  qui  devait  lui  ôter 
la  vie.  Il  avoit  environ  45  ans.  Son  supplice 
fut  un  des  premiers  crimes  politiques  de 
Bonaparte.  On  assure  qu'il  avait  donné 
des  ordres  secrets  pour  son  arrestation 
et  pour  sa  condamnatioru 

FROIJME.XTE  \|]  (  Nicolas),  nom  sont 
lequel  s'est  caché  un  écrivain  protestant  du 
16*^  siècle,  qu'on  n'a  pas  encore  dérouvert 
selon  les  luis.  et  qui  selon  d'autres  s'appe- 
lait BAKNAUD.  Ses  ouvrages  sur  le  réta- 
blissement des  linanres  sous  le  malheu- 
reux règne  de  Henri  IH,  sont  encore  re- 
rherchés  malji  é  leur  style  suranné,  par  la 
caiidriir  .    la  l»onhomie  et  les  vue»  utiles 


FRU 


286 


FUC 


qui  y  régnent.  Le  premier  est  intitulé  : 
Secret  des  finances  de  France^  ia^8°,  1{)8I; 
le  second  :  Cabinet  du  roi  de  France^ 
J582,  in-8°.  Ce  dernier  ouvrage  contient 
des  infamies  qui  font  presque  oublier  leS' 
bonnes  observations  qui  y  sont  mêlées. 

FRUCTUEUX  (saint),  évêque  de  Tar- 
ragone,  souffrit  le  martyre  en  259,  par 
ordred'Einilien,  gouverneur  de  cette  ville. 

FRUCTUEUX  (saint) ,  archevêque  de 
Brague  au  7^  siècle,  se  retira  dans  une 
solitude  et  bâtit  un  monastère  qu'il  nonmia 
Complutum^  parce  qu'il  le  consacra  à  Dieu, 
sous  l'invocation  des  saints  Justin  et  Pas- 
teur, martyrs  de  Complule ,  aujourd'hui 
Alcala  de  Hénarez,  dans  la  Caslille.  Mal- 
gré l'amour  qu'il  avait  pour  la  retraite, 
SCS  vertus  relevèrent  à  Tépiscopal.  On  l'or- 
donna d'abord  évèque  de  Dunie  ,  et  on 
(556,  le  10"^  concile  de  Tolède  le  plaça  sur 
le  siège  archiépiscopal  de  Brague.  Il  mou- 
rut en  663  ,  après  avoir  éditié  le  monde 
vt  comme  évèque  et  comme  religieux. 
Ses  reliques  sont  à  Compostelle.  On  a  en- 
core deux  règles,  dont  il  est  l'auteur.  La 
première  est  dite  de  Complute^  parce 
qu'elle  était  particulière  à  l'abbaye  de  ce 
nom.  La  seconde,  appelée  Rèçle  com- 
mîmes s'observait  dans  les  autres  commu- 
nautés d'hommes  et  de  femmes  ,  dont  il 
était  fondateur.  Sa  vie^  écrite  par  un  au- 
teur contemporain,  se  trouve  dans  Bol- 
landus,  Mabillon  et  Bulteau. 

FRUELA  ou  FROILA,  usurpateur  du 
royaume  de  Léon,  vers  le  milieu  du  9*^ 
siècle,  était  fils  du  roi  Véremond,  et 
comte  de  Galice.  L'ambition  le  perdit.  Il 
ne  put  voir  sans  envie  la  couronne  sur  la 
tète  d'Alfonse  III,  son  neveu  qui  avait 
succédé  à  Ordogno,  et  qui  par  ses  belles 
qualités  était  digne  de  régner  :  il  se  fit 
proclamer  roi  dans  cette  province.  Alfonse, 
dont  la  prudence  ne  s'élendail  pas  jusqu'à 
soui)ço»uier  de  trahison  ceux  qui  lui 
étaient  unis  par  le  sang,  n'apprit  cette 
révolte  que  par  la  marche  de  Fruela ,  qui 
venait  se  présenter  devant Ovîedo  avec 
nue  armée  assez,  forte -,  mais  bientôt  après 
*1  ti'ouva  le  n:toyen  de  faire  poignarder 
l'usurpateur  et  de  se  rétablir  sur  le  trône 
vers  l'an  866. 

FRUGOiM  (  CnARLES-IxNOGENT  ) ,  poêle 
italien,  né  à  Gènes  le  21  novembre  1692, 
entra  dans  l'ordre  des  clercs  réguliers  So- 
in asqu  es  ,  et  enseigna  les  belles -lettres 
pendant  plusieurs  années.  Il  se  dégoûta 
ensuite  <le  son  état,  sollicita  et  obtint  du 
pape  la  permission  de  quitter  son  ordre. 
11  était  prêtre,  et  vécut  le  reste  do  sa  vie 


a  Parme,  où  l'mfant  don  Philippe  l'ho^ 
norait  de  son  estime.  Il  y  mourut  en  1768. 
La  collection  de  ses  poésies ,  fort  estimées 
des  Italiens,  a  paru  à  Parme,  en  1779,  en 
9  vol.  in-8°.  On  a  réimprimé  à  Brescia  en 
1782  un  Choix  des  poésies  de  Frugoni  ^ 
en  2  vol.  in-8°. 

FRUMEKCE  (saint),  apôtre  de  l'Ethio- 
pie, était  tyrien.  Etant  allé  dans  l'Ethiopie 
avec  Edesse  son  frère,  et  Mérope,  mar- 
chand et  philosophe  de  Tyr,  les  deux 
frères  plurent  tellement  par  leur  sagesse 
et  leur  science  au  roi ,  qu'il  en  fit  ses  fa- 
voris ;  il  fit  Edesse  son  échanson,  et  Fru- 
mence  son  trésorier.  Frumence  se  servit 
de  son  crédit  pour  établir  la  religion  chré- 
tienne dans  l'Ethiopie,  dont  il  fut  ordonné 
évèque  l'an  531 ,  par  saint  Athanase.  Le 
christianisme  fit  de  grands  progrès  par 
son  moyen  dans  ce  vaste  empire.  Ces  peu- 
ples reconnaissent  qu'ils  sont  principale- 
ment redevables  à  sairjt  Frumence  de  leur 
conversion  au  christianisme.  Ils  tombè- 
rent depuis  dans  l'hérésie  d'Eutychès,  et 
encore  aujourd'hui  ils  ne  reconnaissent 
qu'une  nature  en  Jésus-Christ.  Dans  le 
16^  siècle  leur  roi  envoya  une  ambassade 
au  pape  Clément  VII.  Il  se  forma  des  mis- 
sions dans  leur  pays.  Grégoire  XIII  leur 
envoya  des  jésuites  ;  les  succès  répondi- 
rent d'abord  à  leurs  travaux  ,  mais  ne  se 
soutinrent  pas  :  ces  missionnaires  furent 
martyrisés  en  1670. 

FRUTER  ou  plutôt  FRUITIERS  (Ldc), 
FrutetHus s  ct'û.\(['aQ ,  né  en  1541  à  Bruges, 
vint  à  Paris  en  1566 ,  et  y  mourut  ayant  à 
peine  25  ans.  Il  était  ami  de  Muret  et  de 
plusieurs  autres  sa  vans.  On  a  de  lui  quel- 
ques ouvrages,  1584,  in-8°,  bien  écrits  en 
latin  ,  et  qui  promettaient  beaucoup  à  la 
république  des  lettres.  Quoique  très  jeune, 
il  avait  le  jugement  aussi  sain  que  les 
vieillards  les  plus  expérimentés. 

*  FUCIIS  (Théophile),  poète  et  mi- 
nistre protestant ,  né  en  1720,  à  Leppers- 
dorf,  dans  la  Haute-Saxe,  était  fils  d'un 
pauvre  paysan  et  ne  reçut  aucune  édu- 
cation jusqu'à  l'âge  de  dix-huit  ans.  A 
celte  époque ,  il  fréquenta  la  petite  école 
de  Freiberg.  A  25  ans ,  désirant  étudier 
dans  une  université ,  il  reçut  de  son  frère 
une  avance  de  sept  florins  sur  la  succession 
de  leur  père,  et  partit  avec  cette  somma 
pour  Leipsick.  Le  long  de  la  route,  il  com- 
posa un  poème  sur  sa  misère  passée  et  le 
bonheur  qu'Use  pi'omettait,  et  il  présenta 
cette  pièce  à  Gottsched  ,  qui  l'inséra  dans 
sa  Nouvelle  bibliothèque  des  sciences  et 
des  arts,  en  recommandant  l'auteur  au.x 


FUE 


387 


Fï  R 


•mis  lit»  Icllrcs.  liatïoilorn  onvoyaù  Furhs 
viiigj-cinq  ôrus  de  Saxe  ,  ou  .*an  propre 
nom.  et  sept  cents  olll^^"^  au  nom  de  ses 
concitoyens  de  llai«bt)nr(î.  Celle  somme 
le  mit  à  même  de  suivre  lo^  cours  do 
lliéolooic  de  Leipsick,  et  en  17')!  ,  Fiichs 
fut  nommé  second  pasteur  de  Ircluen . 
près  Messein.  Il  épousa  .  en  17ii2,  la  lille 
du  IJoufiïmeslreHubner  de  Dresde,  et  fut 
pille  trois  fois  durant  la  {jiierrc  de  trente 
ans.  Nonuné,on  1761).  prédicateur  à  Tau- 
benlieim,  près  Kreiberg ,  il  obtint  sa  re- 
traite en  1787  ,  et  mourut  vers  1810  ,  à 
Meisscn,  où  il  était  flxé.  Ses  ptiésies,  dans 
lesquelles  il  a  imité  Hagedorii ,  offrent 
du  naturel  et  de  l'esprit;  niais  on  y  désire- 
rait plus  d'clegancc  et  de  correction.  Plu- 
sieurs de  ses  odes  se  trouvent  dans  les 
yinthologics  lyriques  de  Ramier  et  de  Mal- 
thisson,  et  dans  le  recueil  de  Christophe- 
Henri  Schmid.  L'auteur  publia,  en  1759, 
à  Lei}>sick,  in-i",  sans  y  mettre  son  nom, 
vingt-cinq  odes ,  mises  en  musique  par 
Doles.  On  a  encore  de  Fuchs  :  ]  Poésies 
d'un  fils  de  Paysan  qui  a  fait  ses  éludes 
à  Leipsick,  "Dresde ,  1771,  in-8°;  \Ma  vie 
jusqu'à  l'âge  de  soixante-dix-sept  ans . 
biièvetnent  racontée  pour  la  gloire  de 
Dieu  et  la  consolation  des  hommes.  179G. 

*  FLCIIS  (  Jean-Christophe),  physi- 
cien et  littérateur  allemand,  né  le  l"" 
murs  1726  à  Gross-Germerslcben  dans  le 
duché  de  Magdebourg,  mort  en  1795.  fut 
nommé  à  Fàge  de  28  ans  gouverneur 
des  pages  du  roi  et  de  la  reine  de  Prusse, 
emploi  qu'il  conserva  toute  sa  vie.  Ama- 
teur éclairé  des  sciences  physiques  et 
naturelles,  il  écrivit,  duns  les  momens  de 
loisir  que  lui  laissait  sa  place ,  quel({ues 
mémoires  inléressans  qui  ont  été  insérés 
dans  les  recueils  de  Y  Jcadémie  des  Scru- 
tateurs de  la  nature .  de  Berlin ,  dont  il 
était  membre  :  nous  citerons:  |  Mémoires 
sur  l'histoire  des  fossiles  et  des  pétrifica- 
tions; 1  Mémoire  sur  un  os  maxillaire  et 
une  défense  d'éléphant  trouvés  près  de 
Potsdam  en  1768;  |  Mémoires  sur  les  pa- 
ratonnerres. On  a  encore  de  lui  d'autres 
dissertations  qui  ont  été  iasérécs  dans 
d'autres  recueils  académiques.  Il  a  laissé 
aussi  quelques  opuscules  inédits.  Tous 
tcf  ouvrages  «ont  écrits  en  alloniond. 

FUCHS1L8.  Foycx  FL'SCH. 
FUKXTE.  Tov.  PONCE  de  laFUENTE. 

•  !«  <•»■!;•-;  '\:-.  rooTte  de),  général  es- 
i  (lodid  le  18  septembre 
1                               1  Lsiiaction  sous  le  règne 

t  U  isl  sous  celui  de  Philippe 
y-     t      :    ,     d  comoianduil,  quoique  octo- 


génaire, cetlr  réU-bn*  infanlerl 
regardée  roininc  invincible  jn 
ment  où   le  grand  Coudé  en   l  ,         i 

la  bataille  de  Uocroi.  Fucntè»,  alors  tour- 
menté de  la  goutte,  se  lit  porter  sur  le 
cliainp  de  bataille,  où  il  mourut  percé  tlo 
coups  le  19  mars  IG/tlî.  Condé,  en  appie- 
nant  sa  mort,  s'écria  qu'il  aurait  voulu 
mourir  comme  lui.  s'il  n'avait  jws  vaincu. 

FIHÙSI  (Pie),  dominicain,  né  en  1703 
à  Comaron  en  Hongrie,  de  parens  pio- 
teslans,  embrassa  la  religion  catholique 
et  entra  dans  l'ordre  des  Dominicains.  Il 
mourut  à  Vait/.en  en  1769.  On  a  de  lui  : 
I  Otia  poetica.y'icnne,  ilkk;  \  Tribunale 
confessariorum  et  ordinandornm  Martini 
If^igardt  in  brève  compendium  collée- 
tum ,  17/i'>  ;  I  Fasciculus  biblicus  .  Bude  , 
1746  ;  I  Vie  de  saint  Vincent  Fcrrier  ..  eu 
hongrois,  Œdenbourg,  1749;  |  Catonis 
moralia  disticha  ,  ad  hungaricos  versus 
magna,  elegantia  redacta,  plusieurs  fois 
réimprimés,  dernière  édition,  Bude, 
1772. 

FUESSLI  (  Jea^-Melchior  ) ,  graveur 
et  écrivain  ,  naquit  à  Zurich  en  1677.  Il 
a  exécuté  plusieurs  planches,  parmi  les- 
quelles  on  cite  la  Cérémonie  des  scrmens, 
qui  représente  l'alliance  jadis  stipulée 
entre  la  république  de  Venise  et  les  can- 
tons de  Zurich  et  de  Berne.  Fucssli  a  aussi 
laissé  un  ouvrage  csiimé,  qui  a  pour  titre 
lliiitoire  des  meilleurs  peintres  de  la 
Suisse .  de  17I>5  à  1780  ,  4  vol. ,  avec  un 
Supplément  et  portraits.  Fuc&sli,  après 
avoir  long-temps  voyagé  en  Allemagne  , 
où  il  s'attira  l'amitié  des  artistes  et  d<s 
gens  de  cour,  revint  en  Suisse,  s'y  marin, 
ocruiK»  quelques  temps  la  plocc  de  chan- 
celier, et  mourut  en  1736.  —  Son  iiisalné, 
Jean-Rodolphe,  mort  à  'Vienne  'en  moo, 
avait  entrepris  le  Catalogue  raisonné  des 
meilleures  estampes  gravées  d'après  tet 
artistes  les  plus  célèbres  dr.'  cfuufue  école. 
dont  il  n'a  publié  (jue  les  4  premiers  vi>- 
lumes,  1798  à  1806.  Ils  comprennent  les 
écoles  flamandes  et  italiennes.  Il  a  gravé 
les  portraits  et  les  vignettes  de  VHisttàrt 
des  peintres  de  la  Suisse,  de  son  père. 

MJFJtôLI  (JEA\-^o!«n;iDj,  né  eu  i7;«4 
à 'Wclzlar ,  où  son  père  originaire  de  Zu- 
rich  était  pasteur,  fut  minislrc  à  VeltJieini 
en  17^  ,  et  mourut  en  1775.  On  a  de  lui  : 
I  T/usaurus  Aw/orrrr  hrhetuee^  Zucich  , 
1755,  in-fol.  ;  c'est  un  recueil  des  bisl«>- 
rieits  latins  de  lu  Suivse;  i  un  Abrégé  de 
l  histoire  de  la  Suisse  à  la  suite  de  JHW- 
vetioritm  respublica  de  Sindec, 
1754.  Sou    fanatisme  contre  ia   ri 


FUE 


288 


FUL 


calhollque  perce  partout  où  il  a  trouvé 
occasion  de  le  montrer. 

•  FUESSLI  (  Matthieu  ) ,  peintre ,  né  à 
Zurich  en  1598 ,  se  distingua  dans  la  re- 
présentation des  scènes  effrayan4es  ;  telles 
que  batailles,  combat  naval,  incendies  et 
pillages.  Il  mourut  en  1661. 

*  FUESSLI  ou  FUSELI  ( He\ri  ) ,  peintre 
et  professeur  de  dessin  à  l'académie  de 
Londres ,  né  à  Zurich  en  17/iO  ,  d'une  fa- 
mille féconde  en  hommes  célèbres  dans 
la  carrière  des  beaux  arts  (  Voy.  les  arti- 
cles précédens  ),  fit  ses  études  dans  sa 
patrie ,  et  suivit  à  Berlin  les  leçons  des 
grands  maîtres  de  l'école  allemande. 
Après  s'y  être  pénétré  de  la  lecture  des 
poètes  les  plus  distingués  de  ce  pays,  sur- 
tout de  Kleist,  de  Wieland,  de  Klopstock, 
il  s'attacha  au  fameux  Lavater  avec  qui  il 
parcourut  en  1761  une  partie  de  l'Alle- 
magne. Use  rendit  ensuite  en  Angleterre 
où  il  se  lia  avec  le  fondateur  de  l'école  de 
peinture  de  ce  pays,  Reynolds,  surnommé 
le  Corrége  de  la  Grande-Bretagne ,  passa 
à  Rome  en  4772  pour  y  étudier  les  chefs- 
d'œuvre  de  Michel-Ange  et  des  autres 
grands-maîtres.  Il  revint  en  Angleterre 
en  1778,  et  se  fixa  à  Londres.  Ses  tableaux 
ont  été  accueillis  avec  tant-  de  faveur 
qu'on  l'a  placé  après  le  fameux  West.  Il 
mourut  le  26  avril  1825  à  Pultney-Hill 
près  de  Londres,  dans  un  état  tellement 
voisin  de  l'indigence  qu'on  assure  que  la 
modique  place  de  gardien  de  l'académie 
royale  l'empêcha  seule  de  périr  de  mi- 
sère. Son  œuvre  complet ,  précédé  d'une 
notice  historique  a  paru  à  Zurich  en  1806, 
k  volumes  in-fol.  Parmi  ses  principaux  ta- 
bleaux on  remarque  ladij  Macbeth  ;  quel- 
ques scènes  de  l'Espiègle  ;  le  Sceptre  de 
Dion^  d'après  Plutarque;  une  suite  de  su- 
jets tirés  de  Milton  ;  Hercule  combattant 
les  chevaux  de  Diomède.  Fuessli  a  publié 
aussi  des  ouvrages  sur  son  art  :  |  Leçons 
sur  l'art  de  la  Peinture,  Londres,  1801  ; 
\Réflexions  sur  la  peinture  et  la  sculpture 
des  Grecs  ,  avec  des  instructions  jiour  le 
connaisseur,  et  un  essai  sur  la  grâce  dans 
les  ouvrages  de  l'art ,  traduit  de  "Winkel- 
mann  ;  |  Dictionnaire  des  peintre»*  (  de 
Pilkington  )  avec  des  notes  et  corrections, 
Londres,  1805. 

FUET  (Louis), célèbre  avocat  au  par- 
lement de  Paris,  mort  en  1739,  âgé  de  plus 
de  50  ans  ,  est  auteur  d'un  IVaité  estimé 
sur  les  matières  bénéficiales  ,  1723,  in-i". 
Rousseau  de  Lacombe  l'a  redonné  sous  le 
titre  de  Jurisprudence  canonique,  in-fol., 
4774,  après  l'avoir  rectifié  et  augmenté. 


FUGGER  (  Ui.Ric  ),  né  en  1528  à  Angs- 
bourg,  d'une  famille  riche,  fut  d'abord 
camérier  du  pape  Paul  III ,  et  se  fit  en- 
suite j)rotestant.  Il  faisait  des  dépenses  si 
considérables  pour  acquérir  les  manu- 
scrits des  auteurs  anciens,  que  sa  famille 
lui  fit  ôter  l'administration  de  son  bien, 
lise  retira  à  Heidelberg,  où  il  mourut  en 
158/i ,  à  56  ans.  Il  légua  sa  bibliothèque , 
qui  était  très  belle ,  à  l'électeur  palatin. 
C'est  le  seul  individu  de  cette  famille  cé- 
lèbre qui  ait  abandonné  la  religion  catho- 
lique. Il  arriva  même  contre  son  inten- 
tion qu'il  rendit  grand  service  à  cette 
religion  en  destinant  1000  florins  pour 
une  œuvre  pieuse ,  et  engageant  ses  pa- 
rens  à  en  faire  autant  ;  car  cette  somme, 
beaucoup  accrue ,  servit  ensuite  à  la  fon- 
dation du  magnifique  collège  de  Saint- 
Sauveur  à  Augsbourg,  un  de  ceux  qui  fu- 
rent les  plus  utiles  à  l'église  catholique 
en  Allemagne.  Les  jésuites  l'occupaient 
encore  après  leur  suppression  ,  en  1791 , 
et  il  en  sortit  une  multitude  d'ouvrages 
contre  les  erreurs  et  les  faux  docteurs  du 
temps.  On  peut  voir  sur  ce  sujet,  Origo 
collegii  S.  J.  ad  sanctum  Salvatorem , 
A.  V.  Fuggeriunœ  pietatis  monumentam . 
Augsbourg,  1786,  4  vol.  in-S". 

*  FUHRM  A]\N  (Mathias),  savant  moine 
autrichien,  de  l'ordre  de  Saint-Paul,  pre- 
mier ermite ,  était  définiteur-général  de 
la  province  d'Autriche,  et  movirut  en  1773. 
Il  a  publié  plusieurs  ouvrages  en  alle- 
mand :  I  V  Autriche  ancienne  et  moderne. 
Vienne,  1734,  h  part,  in-8";  |  Vienne  an- 
cienne  et  moderne,  1758,  2  part.  in-S"; 

I  Vie  et  miracles  Se  Saint-Severin,  apôtre 
du  Nordgau  ou  de  l'Autriche,  il k(>,  in-8"; 
j  Description  historique  de  la  ville  et  des 
faubourgs  de  Vienne,  1766-67,  2  volumes 
in-8°;  |  Histoire  générale  ,  ecclésiastique 
et  civile  des  états  héréditaires  de  la  mai- 
son d'Autriche ,  depuis  Auguste  jusqu'à 
Van  557  de  J.-C,  4769,  in-i",  fig.;  |  His- 
toria  sacra  de  baptismo  Constantini  Max. 
Aug.  colloquiis  faniiliaribus  digesta, 
Rome,  47i5-47,  2  part.  in-i°,  fig.,  ou- 
vrage plein  d'érudition ,  mais  dont  la  se- 
conde partie  est  défigurée  par  de  nom- 
breuses fautes  d'impression;  |  Dux  via 
angelicus  ad  urbem  Romam,  4749,  in-8° 

II  a  été  traduit  en  allemand ,  la  même 
année. 

FULBERT  ,  54*  évêque  de  Chartre«  en 
1007,  chancelier  de  France,  suivant  quel- 
ques-uns, avait  été  disciple  de  Gerbert, 
depuis  pape  sous  le  nom  de  Sylvestre  II. 
Il  passa  d'Italie  en  France,  et  fit  des  le- 


Fil.  2 

çon9  »le  lhcuU>j{ic  (laii>i  U>  inn>  »li  li- 
glisc  (le  Chnrtros.  Il  iiiuuiul  le  10  avril 
T039.  lo^ardé  coinnic  lu  piclal  de  son 
temps  qui  connaissait  le  mieux  l'an- 
cienne discipline  ,  et  qui  la  faisait  obscr- 
Ter  avec  le  plus  dexartilude.  Ses  œuvres 
ont  été  pvibliees  en  1G08 .  in-S".  On  peut 
voir  dans  ses  épitres  combien  il  était  con- 
sidéré de  tous  les  princes  de  son  temps. 
Elles  sont  d'ailleurs  bien  écrites,  et  sur- 
tout fort  utiles  pour  l'histoire,  la  disci- 
pline et  les  usages  de  son  siècle.  Ses  au- 
tres ouvrages  sont  des  scrmons^da  hym- 
nes,  dt:s  proses  ;  mais  co  ne  sont  pas  les 
plus  précieuses  parties  de  ses  Œuvres. 

FULC.KNCE  (saint),  Fa/jius  Clautiius 
Gordianus  Fulgentius .  né  à  Leplé  dans 
la  Biiàcène,  province  dWfrique  ,  en  4(i7  , 
ou  bien  en  403 ,  de  parens  nobles ,  quitta 
le  monde,  où  il  aurait  pu  briller  par  ses 
talens,  pour  se  renfermer  dans  un  mo- 
nastère. Il  devint  le  pèro  d'une  grande 
comumuaulc  en  494,  fut  ordonné  jjrétre 
à  Rome  en  jOO.On  le  tira  de  sa  solitude, 
pour  l'élever  sur  le  si.'ge  de  Ruspc  en 
Afrique ,  en  508.  Son  xèle  contre  l'aria- 
nisme  déplut  àTrasiinond,  roi  des  Van- 
dales, qui  l'exila  en  Sardaigne.  HiUléric  , 
successeur  de  ce  prince  barbare  ,  le  rap- 
pela en  ii23.  Son  peuple  le  reçut  comme 
en  triomphe.  Pendant  son  exil  il  avait 
composé  plusieurs  ouvrages.  Le  Père  Sir- 
niund  en  a  publié  quelques-uns  ,  Paris  . 
<684,  in-4"  :  ca/  nous  n'avons  pas  tous 
ceux  qui  sont  sortis  de  sa  plume.  Lo  prin- 
cipal de  ceux  qui  nous  restent  est  son 
Traité  de  la  prédestination  et  de  la  grâce, 
en  3  livres.  Il  y  défend  avec  /.éle  la  doc- 
trine de  saint  Augustin.  Il  mourut  en 
5r>3 ,  après  avoir  fait  un  bien  inTmi  en 
Af  ri(iue,  par  une  science  profonde,  unie  à 
une  rare  vertu. 

FL'LCE.NTIIS-PLWCIVDES  (  Fv- 
Wfs)  esl  auteur  de  trois  Livres  de  m;/lho- 
iwjie .  publiés  à  Amsterdam  en  KiSI ,  2 
toi.  in-8".  avec  Julius-IIyginius.  Lactan- 
cius-Placidus  et  Albricius,  pai  Muncker, 
s<»us  le  titre  de  M>jlhoijraphi  liUini  II  était, 
dit-on,  évéque  de  Carlhage  dans  le  G*^  siè- 
cle. Nous  avons  encore  de  lui  un  traité 
curieux  :  De  priscis  vocabulis  iatinis  j, 
Paris,  lîiSC ,  in-4". 

FLLGOSE  ou  FRÉOOSE  (Rapuael), 
enseigna  vers  l'an  14^8,  le  droit  avec  ré- 
putation à  I'a\ie  et  à  Plaisance,  puis  à 
Padoue,  où  il  mourut ,  'aissant  divers  ou- 
vrages peu  lus  ,  même  par  les  juriscon- 
sultes. —  Il  y  a  un  autre  FULGUSE  ou 
FaEG(XSE  (Uaptiste),  qui  fut  do^c  de 


89  ¥Vh 

(unes,  sa  patrie,  en  1478.  f'oi/ez  FRE- 
GOSi:  (Raimistf). 

•  FI;lu.ATTI  (Julks), jésuite  de  Cé- 
sène  dans  la  Romagne  ,   fil    imprimer   . 
Ferrarc  en    1017  ,  un    ouvrage  intitule 
/Jrglioriuoli  a  sole.  Mu7.7.ioC)ildi  d'Urbin 
architecte  de  Lorettc,  qui  avait    publi' 
un  Traité s.ur  ce  sujet,  à  Milan,  en  161/». 
in-4'*,  cl  à  Venise  en  1048,  prétendit  qu'un 
partie   de  son  ouvrage  avait  été  copit 
par  Fuligalti.—  'FULIG-VTri  (Jacqlks,, 
aiitre  jésuite  italien,  né  en  lîj9j,à  Rome, 
mort  dans  la  môme  ville  en  1653,  est  au- 
teur des  ouvrages  suivans  :  |  f^ita  di  Ro- 
hcrlo  liellannino  cardinale.  Rome,  1624, 
in-4'',  traduit  en  latin  par  Sylvestre  Petru 
Sancta,  Liège,  i026  ,  in-4'',  et  en  français 
par   Fierre  Morin ,   Paris ,    1025 ,   in-8"  ; 
I  Cornpendio  délia  vita  di  San  France sca 
Xaverio .  Rome ,    1637 ,  in-8"  ;  [   Vita  di 
Bernardo  Healino.  Viterbe  ,  1744,  in-8°  ; 
I  F'itadi  P.  Canisio ,  Rome  ,  1649,  in-8"  ; 

I  et  une  Vie  de  sainte  Elizabelh.  reine  de 
Portugal .  en  latin. 

♦  FlJLLEBOttN  (Georces-Gcstave). 
savant  professeur  allemand,  né  à  Glogau 
le  2  mars  17G9  ,  lit  ses  premières  élude 
sous  son  père,  homme  profond  et  distin- 
gué par  ses  connaissances  littéraires  ,  el 
qui  était  conseiller  du  bailliage  de  Glogau. 

II  alla  lestcrmineràruniversilé  de  IlalU- 
où  il  publia  bientôt  une  Dissertation  la 
tine  sur  le  livre  de  Xcnophon  :  Zenon  u 
Gorgias.  ordinairement  attribué  à  Aris- 
tote.  De  reloyr  à  Glojjau  en  1789,  il  prêcha 
dans  l'église  luthérienne  de  cette  ville  , 
et  ses  succès  dans  la  prédication  le  firent 
nommer  troisième  diacre.  Appelé  à  Eres- 
lau  iH)ur  y  enseigner  les  langues  hébraï- 
que, grecijue  et  latine  ,  en  remplace mci;t 
du  célèbre  professeur  Gedickt,  dans  l'ét  ;. 
blissement  ap|)elé  VL'lizabelhanuin  i! 
Breslau  ,  il  ne  remplit  pas  long-temps  cc> 
fonctions,  qui  l'avaient  illustré,  .\lteiiil 
d'une  maladie  du  ciRur  causée  par  la  con- 
tinuité de  ses  travaux,  il  mourut  à  la  fleur 
de  l'âge  le  10  février  1803.  il  a  laissé  un 
grand  nombre  d'ouvrages  dont  les  prin- 
cipaux sont  :  I  une  édition  des  satires  </-• 
Perse j  avec  une  traduction  et  des  nota 
en  allemand ,  Zullichau  ,  1794  ;  |  Théorie 
abrégée  du  aty le  latin,  en  allemand,  Brp*- 
lau  ,  1783  ,  iu-S";  |  que 

taires  dans  la   méin< 
I  des  mélanges  intiluU^  i 
d'Ldelnalde  Justas .   17«^5  ;  \  Fragnicr 
de  Parnunide  avec  une  Vaduction  cidi 
notes  en  allemand.  Zullirhaii,  1793,  \u-b 
I  Gcoriji  Gemiithi  S.  VlfthonU  et    V/i .  i 


FUL 


200 


FUL 


Gpostoli. orationca funèbres  dum, in qiihus 
de  immortdlilale  animi  exponitifr^  nu)}C 
primum  c  manu.sci\  editî,  Leipsick,  1793, 
in-8'';  (  Encyclopediaphilologica ,  Bres- 
lau ,  2*=  edit.  1805, 1  vol.  in-8"  ;  |  une  édition 
des  œuvres  jiosthumes  du  célèbre  Lessinç/ . 
Berlin ,  179,j ,  in-S"  ;  |  un  morceau  sur  le 
dialecte  silésien  ^  inséré  daiis  le  Journal 
de  Silesie  ;  \  des  fragmens  pour  servir  à 
l'histoire  de  la  Philosophie ^&n  12  parties, 
ZulUchau  et  Freystadt,  1791  ,  5  vol.  in-S^, 
i  Notes  et  dissertations  jointes  à  la  tra- 
duction de  la  politique  d'yïristote ,  l>n~ 
liliées  par  Garve  ,  Breslau ,  1799-1800  ,  in- 
«S^;  I  un  ouvrage  périodique  en  allemand 
sous  le  titre  de  Conteur  de  Glogau.  à  par- 
tir du  Zi.^  cahier,  1800. 

FULI.ER  (  Nicolas  ) ,  né  en  l;Jo7  à  Sou- 
ihamplon,  fut  successivement  secrétaire 
(le  Robert  Horn,  évèque  de  "Winchester, 
])asteur  de  l'église  d'Aldinglon  ,  chanoine 
<ie  Salisbury  ,  et  recteur  de  Wallhain.  Il 
iiiourut  à  Aldington  en  1622.  On  a  de  lui: 
I  Miscellanea  Vneolotjica  et  sacra  ,  Lon- 
dres, 1G17,  in-4"  ;  |un  Jppendix  à  cet  ou- 
vrage ,  Leyde  ,  1022,  in-8".  On  y  trouve 
beaucoup  d'érudition.  L'auteur  possédait 
très  bien  les  langues  orientales. 

FULLER  (TH051AS  ) ,  historien  anglais, 
né  en  1608  à  Aldwincle,  dans  le  comté  de 
Northampton,  fut  ministre  en  différens 
endroits,  chanoine  de  Salisbury,  prédica- 
teur à  Londres.  Le  zèle  qu'il  montra  pour 
Charles  l"  l'exposa  à  des  tracasseries  de  la 
l)art  de  l'usurpateur ,  qui  le  dépouilla  de 
ses  emplois  ;  il  fut  ensuite  réintégré  dans 
.von  canonicat  de  Salisbury  ,  où  il  mourut 
Je  16  août  1661.  On  lui  doit  :  |  Description 
delà  Palestine  et  des  régions  adjacentes  ^ 
cl  des  choses  mémorables  y  arrivées 
.sous  l'ancien  et  le  nouveau  Testament , 
ï/ondreSj  1662,  iu-folio  ,  en  anglais.  Il  s'y 
iiiontre  habile  critique.  [  Histoire  del'E- 
tjUse  depuis  Jésus-Christ  jusqu'en  1648,  | 
Londres,  IGiia,  in-fol.  On  comprend  qu'elle 
n'est  pas  exemple  de  préjugés ,  surtout 
quant  aux  derniers  temps.  |  Histoire  des 
croisades^  Cambridge,  1651,  in-folio; 
(  lies  des  hommes  illustres  de  l' Angle- 
terre, 1662,  in-folio,  réimprimée  en  1810, 
on  2  vol.  in-.'i.'',  avec  des  notes  explicatives; 
}  De  la  vie  des  théologiens  modernes,  1651, 
h\-k°  ;  I  des  sermons  et  des  livres  de 
controverse.  Tout  ce  qu'il  a  écrit  est  en 
anglais. 

fULPiADE,  abbé  de  St.- Denis  en 
France  ,  archichapelain  du  roi  Pépin , 
njcnt  en  784 ,  se  distingua  par  sa  piété  , 
j)ar  ses  talens  et  sa  capacité  dans  les  af- 


faires et  les  négociations  i.npoi  tantes  dont 
il  fut  cliargé.  Il  sut  mériter  la  confiance 
des  princes  et  des  papes.  Etienne  II  lui 
accorda  divers  privilèges  pour  son  abbaye 
(le  St.-Denis,  où  il  logea  lorsqu'il  vint  en 
France  solliciter  du  secours  auprès  de 
Pépin,  contre  Astolfe.  Voyez  ETIENNE  H. 
*  FULTO.\  (  Robert),  célèbre  mécani- 
cien américain,  né  vers  1767,  dans  le  comté 
de  Lancaslre  .  état  de  Pensylvanie,  fut 
d'abord  destiné  à  la  profession  de  joaillier, 
qu'il  abandonna  pour  se  livrer  à  la  pein- 
ture. Il  suivit  à  Londres  les  leçons  de  West, 
origuiaire  d'Amérique,  et,  après  avoir 
passé  plusieurs  années  sous  ce  grand 
peintre  d'histoire,  il  exerçiiit  son  art  dans 
le  comté  de  Devon  lorsqu'il  fit  la  cgunais-* 
nancc  du  mécanicien  Rumsey  son  com- 
patriote ;  il  se  livra  alors  à  l'étude  de  la 
mécanique  dont  il  attendait  des  résultats 
pins  avantageux  ,  lorsqu'un  américain  , 
Joël  BarloAV.  l'attira  en  France  pour  exé- 
cuter des  panoramas.  Cette  entreprise  lui 
attira  gloire  et  profit.  Il  retourna  aux 
Etats-Unis,  où  il  publia  successivement  la 
découverte  d'un  moulin  pour  scier  et 
polir  le  marbre;  un  système  de  canaux  de 
navigation  ;  une  machine  à  faire  des 
cordes  ;  l'invention  d'un  bateau  pour 
naviguer  sous  l'eau  ,  du  torpédo ,  ou  ma- 
chine pour  faire  sauter  en  mer  les  vais- 
seaux ennemis  ;  et  enfin  mit  en  pratiquo 
!a  découverte  du  steamboat ,  que  Jona- 
th;m  Hull  avait  déjà  fait  connaître  aux  An- 
glais en  1737.  l'abbé  Arnal  aux  Français, 
en  1781,  et  Rumsey  aux  ha!)itan3  des 
Etats-Unis  en  1784.  Il  conçut  depuis, 
potir  la  défense  des  ports  en  temps  d« 
guerre,  xine  espèce  de  frég:ale  qu'on  peut 
manoeuvrer  au  moyen  de  cette  machine, 
et  il  eut  la  satisfaction  de  voir  ses  expé- 
riences réussir  au-delà  de  ses  espérances. 
Il  fut  noniiné  immédiatement  mem- 
bre de  la  société  philosophique  do  Phi- 
ladelphie et  de  la  société  militaire  des 
Etats-Unis.  Le  congrès  venait  de  lui  ac- 
corder cinq  mille  dollars  ,  pour  l3  mettre 
à  même  de  continuer  ses  expériences  du 
torpédo,  lorsqu'une  moit  prématurée 
l'enleva  au\  sciences,  le  24  février  1815. 
Plusieurs  de  ses  découvertes  ont  été  dé- 
crites en  français  dans  les  Annales  des 
arts  et  manufactures,  et  dans  le  Bulletin 
de  la  société  d'encouragement.  Son  sy- 
stème des  canaux  a  été  traduit  par  M.  de 
Recicourt ,  sous  ce  litre  :  Recherches  sur 
les  moyens  de  perfectionner  les  canaux 
de  navigation, eic,  Paris,  1799,  'm-8",  fig. 
La  vie  de  Fulton  a  été  éciite  par  son 


FUL 


291 


FUM 


ami  f-idwallcr  D.   Coltlcn,  Ncw-Yoïk, 
18IÎ),  il.-»". 

FI'LVIK,  dame  romaine,  de  la  famille 
Fulvia  qui  donna  tant  de  grands  capitai- 
ne» à  la  république  .  mariée  d'abord  uu 
ti^ditieux  (.lodtus,  ensuite  à  Curion,  enfin 
à  Alarc- Anloitu* ,  eul  part  à  toutes  les 
extTution»  liarhure»  du  triumvirat.  Kilo 
liait  au.ssi  vindicative  que  son  mari.  Lors- 
qu'«)U  lui  apiMirta  la  tète  de  Cicéron  ,  elle 
per<;a  sa  lanjue  avec  un  poinçon  d'or,  et 
j.iit;nit  à  cet  oulraui;  toutes  les  indignités 
qu'une  fennnc  en  fureur  peut  imaginer. 
Antoine  l'avait  quittée  pour  Ciéopàtre  , 
dont  il  était  éperdument  amoureux  :  elle 
voulut  qu'Auguste  venjjeàl  cet  affront  ; 
mais  n'ayant  pu  l'obtenir,  elle  prit  les 
armes  contre  lui  ,  cl  les  lit  prendre  à  Lu- 
cius-Anloine  frère  de  son  mari.  Auguste 
ayant  été  vainqueur  ,  elle  se  retira  en 
Orient,  fut  très  mal  reçue  par  Antoine,  et 
en  mourut  de  douleur  à  "Sicyone  l'an  40 
avant  J.-C. 

FULVIIS  NORILïOIl  (  Servils  ) ,  de 
l'illustre  famille  Fulvia,  dont  nous  venons 
de  parler,  fut  élevé  au  consulat  ,  l'an  235 
avant  J.-C.  ,  avec  Emilius  Paulus.  Ils  si- 
gnalèrent leur  administration  par  des  vic- 
toires et  des  malheurs.  Ayant  appris  l'in- 
fortune de  Ré{îiilus ,  fait  prisonnier  en 
Afrique  ,  ils  y  allèrent  pour  soutenir  la 
réputation  des  armes  roiuaines.  Ils  chas- 
sèrent les  Carthaginois  qui  assiéfjeaient 
Clupéa  ;  et  après  avoir  fait  un  grand  bu- 
tin, ils  périrent  dans  un  naufrage  ,  avec 
près  de  *200  navires.  —  Marcls  FULVIUS 
^■OBILIOK  ,  petil-fdr,  du  consul,  fut  en- 
voyé l'an  189  avant  J. -<"■..  en  Espagne,  cl 
y  rendit  de  grands  services  à  la  républi- 
que. Il  fut  aussi  honoré  du  consulat  l'an 
lOr),  Use  distingua  parla  prise  d'Ambra- 
cie,  près  du  golfe  de  Larta,  et  obligea  les 
Etoliens  de  demander  la  paix.  —  11  y  eut 
du  temps  d'Auguste  un  sénateur  nommé 
FULVIUS  ,  qui  ayant  eu  la  faiblesse  de 
dire  à  sa  femme  un  secret  important,  que 
l'empereur  lui  avait  contié  cl  qui  fut  di- 
vulgué sur-le-champ  ,  se  donna  la  mort 
de  regret.  Sa  femme  suivit  cet  exemple 
funeste. 

FULVII'S-l'USIXL'.S  ou  FLUVIO  OR. 
>SINI,  romain,  bâtard  ,  dil-on,  de  la  mai- 
son desUrsins.  Un  chanoine  de  Latran 
réleva  et  lui  donna  son  canonicat  ;  il  en 
cm  ploya  les  revenus  à  ramasser  des  livres. 
Il  mourut  à  Rome  en  IGOO,  à  70  ans,  lais- 
sant des  notes  sur  Cicéron  ,  Varron  ,  Co- 
InmelK*.  Festus-Pompéius  .  tir. ,  cl  plu- 
sieurs o   Mujt  5  sur  l'anti.iuitè.  On  distin- 


gue ses  traités  |;  De familiis  Romanorun 
1G63  ,  in-f(dio  ;  |  De  Trirlinin  Romuri', 
rum.  1089  ,  in-12,  on  il  a  mis  à  prolit  l<>  ' 
ce  que  la  belle  littérature,  dirigée»  par  ; 
goût,  peut  fournir  iK>ur  cclaircir  ctl' 
matière. 

•  FULVY(PiiiuPPE-LoLisOURY,  ni, m 
quis  de  )  naquit  le   4  février  177)0   à   IV 
de  France,  suivant  quelques  biograpf»' 
cl  suivant   d'autres  à  VersaUles ,  ou  à  - 
terre  de   Fui  vy  ,  d'un    conseiller  d'él.ii 
Jean-Henri- Louis  Orry,  qui    fut  inln, 
dant  des  finances  cl  (jui  établit  à  ses  frai 
à  Vincennes  la  belle  manufacture  de  p.. 
celainc,   qui  à  sa  mort  fut  Iransféréo  i 
Sèvres  ,  où  elle  est  maintenant  exploiter 
pour  le    compte    du  gouvernement.   Lo 
jeune  de  Fulvy  se   relira  en   Angleterr:- 
au  commencement  de   la   révolution  ,  < 
y  resta  jusqu'à  sa  mort  arrivée  le  18  jan- 
vier 1823.    11  cultiva  les  lettres   pendant 
toute  sa  vie  :   avant   1789  il  avait   inséré 
un  grand  nombre  de  pièces  fugitives  dans 
le  Mercure,  dans  X  Almanach   des  Musra 
et  dans  celui  des  FArennes  d'Jpollon.  W 
a  laissé  un  Recueil  de  133  fables.  IMadrid, 
1798,    dont   il  existe    à    la  bibliothèque 
royale  un    exemplaire  ,  peut-être   le  seul 
qui  soit  en  France.  On  a  encore  de  lui  ; 
I  Relation  d'un  voyage  de  Paris  à  Bru- 
xelles en  1791,  suivi  de  poésies  diverses. 
l'aris,  1823,  in-18.    On  a  cependant  attri- 
bué la  relation  du  voyage  à  Louis  XVIIl, 
et  le  marquis  de  Fulvy  serait  seulement 
l'auteur  des  Poésies(\\i\  suivent  à  l'excep- 
tion de  trois.  |  Louis  XT'III ,  sa  vie,  ses 
derniers  momens.  sa  mort,  suivi  du  détail 
de  ses  funérailles .  et  d'anecdotes  sur  r. 
prince,  par  E.  de  S.-H.  ,  Paris ,  1823  ,  in 
12  ,  2' édition.  Les  poésies   de  P'ulvy  - 
font  remarquer   par  la  décence  des  e  v 
pressions,  la  facilité  du  style  et  la  délie  i 
tesse  du  sentiment. 

•  FL'M  VOALLl  (  le  PèrcAxcB  ),  savan 
historien  de  la  Lombardie  et  abbé  de  l'oi  - 
dre  de  Cileaux  ,  entra  à   l'àgc  de  15  ans 
dans  cette  congrégation ,  et  y  étudia  les 
langues  orientales  et  la  théologie.  Lors 
de  la  création  de  l'Institut  d»-s  sciences  , 
lettres  et  arts  du  royaume  d'Italie  ,  il  fit 
choisi  des   premiers  pour  donner  de  l'i 
lustration  à  celte  compagnie  naiisanle 
mais  la  suppression  de  son  ordre  devii, 
pour  lui  la  cause  d'un  chagrin  mortel  :  . 
n'y  survécut  que  peu  de  ten. 

rut  à    Milan  le   12   mars  is 

On  a  de  Fumagalli  les  «>uv  r    .. 

Ions  écrits  en  italien:  |  Sur  l  Onyme  U« 

l'idolùtiie  (^daiis  k   recueil  miJun au  ) , 


FU>1 


292 


FUN 


J7S7  ;  (  Sw  un  Code  grec  de  la  liturgie 
aniln-osienne  ^  17u9;  |  Les  Vicissitudes 
de  Milan ,  pendant  la  gueri'e  de  Frédé- 
ric I"  (Barbe-Rousse) .  1778,  1  vol.  in-4°; 
j  Histoire  des  arts  du  dessin  chez  les 
anciens^  par  J.  Winkelmann  (  traduit  en 
italien),  Milan,  2  vol.  in-4"  ;  |  Fie  du 
célèbre  littérateur  du  16*^  siècle  François 
Cicercio  (  traduit  de  l'italien  )  ;  |  Des 
antiquités  de  la  Lombardie  milanaise  ^ 
etc  ,  ibid. ,  h  vol.  ïa-h°  ;  \  Des  Institu- 
tions diplomatiques ,  ibid.,  1802,  2  vol. 
in-4°  ;  |  Code  diplomatique  ambrosien , 
contenant  les  diplômes  et  les  chartes  des 
siècles  8*  et  9*^,  qui  existaient  dans  les 
archives  du  monastère  de  Saint-Am- 
hroise.  ibid.,  1805,  1  vol.  in-/t°;  |  Notice 
historique  sur  l'existence  des  oliviers  ^ 
clans  plusieurs  endroits  de  la  Lombai-die^ 
depuis  le  k^  siècle  jusqu'au  lO',  ibid. , 
1789-1793,  2  vol.  iu-/t°;  |  Esquisse  sur  la 
police  du  royaume  lombard  j  dans  les 
siècles  8*=  et  9%  Bologne  ,  1809,  1  vol.  in- 
4°  ;  I  Mémoire  historique  économique  sur 
l'arrosage  des  prairies^  au  tome  second, 
dans  les  Actes  de  la  société  d'agriculture 
de  Milan. 

*  FUMARS  (  ExiENXE  ) ,  littérateur  et 
poète  ,  né  le  22  octobre  1743  ,  dans  un 
bourg  des  environs  de  Marseille ,  fut 
chargé  de  l'éducation  des  enfans  du  comte 
de  Grave  ,  et  ensuite  de  celle  des  enfans 
du  comte  de  Vérac  ,  qu'il  accompagna 
dans  son  ambassade  en  Danemarck.  Il  s'y 
maria^  et  devint  professeur  de  littérature 
française  à  l'université  de  Kiel,  et  ensuite 
à  ceÛe  de  Copenhague.  Il  mourut  subite- 
ment dans  cette  ville  le  50  novembre  1806. 
On  a  publié ,  après  sa  mort ,  à  Paris  ,  le 
recueil  de  ses  fables  ^  en  1  vol.  in-8°  et 
in-12,  1807  :  quelques-unes  joignent  à  la 
facilité  du  style  l'originalité  des  idées  ; 
mais  le  plus  grand  nombre  sont  faibles 
d'invention  et  de  couleur. 

FUMÉE  (  Adam  ) ,  premier  médecin  de 
Charles  VII ,  de  Louis  XI  ,  et  de  Charles 
VIII,  eut  les  sceaux  par  commission  en 
1492 ,  comme  doyen  des  maîtres  des  re- 
quêtes, elles  eut  jusqu'à  sa  mort,  qui  ar- 
riva au  mois  de  novembre  1494.  Il  était 
mathématicien,  médecin,  poêle,  historien. 
Louis  XI,  qui  l'estimait  beaucoup,  l'avait 
souvent  employé  dans   des  négociations. 

FUMÉE.  Voyez  BEUCHLIN. 

FUMEL  (  Jean- Félix-Henri  de  ),  né  à 
Toulouse  en  1717,  fit  ses  études  à  St.-Sul- 
pice  et  fut  sacré  évêque  ae  Lodève  en 
17S0  :  il  illustra  son  épiscopat  par  les  ver- 
t;i8  et  les  œuvres  que  la  religion  inspire 


aux  vrais  ministres  de  .lésus  Christ  II  fut 
pendant  trente  ans  le  père  et  le  consola- 
teur de  son  peuple.  Indépendamment  des 
travaux  propres  de  son  ministère  ,  aux- 
quels il  se  livraitavecune  activité  incroya- 
ble, payer  les  dettes  des  pauvres,  secourir 
des  familles  honteuses  ,  étaient  ses  actes 
de  bienfaisance  de  chaque  jour  Les  curés 
du  diocèse  trouvaient  toujours  chez  lui 
des  ressources  pour  leurs  paroisses.  L'é- 
glise de  la  cathédrale,  l'Hôtel-Dieu  ,  l'hô- 
pital ,  ont  été  les  objets  de  sa  générosité. 
Il  aimait  surtout  l'hôpital  qu'il  s'est  appli- 
qué à  rendre  utile  et  commode  à  force  de 
dépenses  ,  et  qu'il  a  institué  son  héritier. 
Par  le  spectacle  de  ses  vertus  autant  que 
par  ses  instructions,  il  a  ramené  à  la  reli- 
gion catholique  un  grand  nombre  de  cal- 
vinistes, et  leur  a  assuré  un  état  honnête, 
surtout  aux  enfans  persécutés  ou  aban- 
donnés de  leurs  parens  (  voyez  -  en  un 
exemple  touchant  dans  le  Journal  histo- 
rique et  littéraire  ,  15  juillet  1784  ,  page 
411  ).  Il  mourut  le  2  janvier  1790  ,  au  mi- 
liciu  des  ruines  de  l'église  de  France  ,  et 
dans  le  pressentiment  douloureux  des 
scènes  plus  affreuses  encore  qui  allaient 
s'ouvrir.  Il  n'a  eu  d'autre  oraison  funè- 
bre que  les  sanglots  des  pauvres  et  les 
larmes  de  tous  les  catholiques  de  son  dio- 
cèse. On  a  de  lui  deux  Insti^uclions  pas- 
torales, l'une  du  21  novembre  1759, 
l'autre  du  25  mars  1705,  où  il  s'élève  par- 
ticulièrement contre  les  incrédules;  et  le 
Culte  de  l'amour  divin  ^  ou  Dévotion  au 
sacré  cœur. 

FUi\CH  ,  FUIVECCIUS  ou  FUNCCïUS 
(  Jean  ) ,  ministre  luthérien  ,  né  à  Wer- 
den,  près  de  Nuremberg,  en  1518,  s'atta- 
cha à  la  doctrine  d'Osiander  ,  dont  il 
épousa  la  fille,  et  exerça  le  ministère  dans 
la  Prusse.  Il  ne  put  se  défendre  de  l'esprit 
de  trouble  qui  agitait  tous  les  réforma- 
teurs de  son  siècle.  Ayant  été  convaincu 
de  donner  à  Albert ,  duc  de  Prusse  ,  dont 
il  était  cliapelain,  des  conseils  désavanta- 
geux à  l'état  de  Pologne,  il  fut  condamné 
avec  quelques  autres  ,  comme  perturba- 
teur du  repos  public.  Il  eut  la  tête  tran- 
chée à  Kœnigsberg  en  1566.  On  a  de  lui 
une  Chronique  depuis  Adam  jusqu'à 
1560,  Wittemberg,  1570,  in-fol. ,  et  quel- 
ques autres  ouvrages  auxquels  son  sup- 
plice donna  de  la  célébrité  autrefois,  mais 
qui  n'en  ont  plus  aucune  aujourd'hui. 

•  FUNÉS  (Martin),  jésuite  espagnol, 
né  à  Valladolid  en  1560  ,  mort  à  Colle  près 
Florence  en  1617,  a  publié  :  |  Disput.  de 
Deo  uno^  et  de  vitiis  et  peccatis^  Grat», 


FUR 


«9:s 


Fun 


1589;  I  Spéculum  niortde  practicum.  Con- 
Blaiicc.  1598,  Cologne.  KilO;  |  Ulcthodus 
practica  utrndi  libnt  Thnmcr  à  Kcmpia 
t/e  Imùatione  C/iristi .  Iraduil  en  diffé- 
rentes langues ,  et  placé  en  tête  de  plu- 
sieurs éditions  de  l'Imitation  do  J.-C. 

FrUKTlÈRE  (  A\toi\e)  .  né  en  IG'20, 
pari>iien.  abbé  do  Clialivoi,  de  racadémic 
fran<"aise,  fut  exclu  de  celte  compagnie  en 
IbSo.  L'académie  l'accusail  d'avoir  profité 
de  son  Iravail  pour  composer  le  diction- 
naire françaisquiporleson  nom.  Use  justi- 
fia dans  des /"./r^<m5  ;  mais  ilajouta  aux  rai- 
sons des  injures  contre  plusieurs  acadé- 
n)iciens,  à  la  vérité  écrites  avec  esprit  , 
mais  qui  n'en  étaient  pas  moins  des  inju- 
res. On  prétend  qu'il  chercha  à  se  rac- 
commoder avec  eux  avant  sa  mort,  arri- 
vée en  1GS8.  à  68  ans.  Son  Dictionnaire 
ne  vit  le  jour  que  deux  ans  après,  en  IGi'O, 
2  vol.  in-fol, ,  ou  3  vol.  in-i".  Basnagc  de 
Beauval  le  retoucha  ,  l'augmenta ,  et  en 
publia  une  édition  beaucoup  meilleure 
que  la  première,  en  1701 ,  3  vol.  in-folio, 
réimprimée  à  Amsterdam  ,  1725  ,  k  vol. 
in-folio.  On  a  dit  que  ce  dictionnaire  avait 
donné  naissance  à  celui  de  Trévoux,  dont 
la  dernière  édition  est  de  1771  ,  8  vol.  Si 
cela  est,  il  faut  convenir  que  les  imitateurs 
ont  tellement  perfectionné  l'ouvrage, 
qu'on  n'y  reconnaît  plus  le  premier  ar- 
chitecte. Furelière  s'était  fait  connaître 
par  d'autres  ouvrages  :  |  par  c'inqsadrfs 
en  vers,  in-12,  et  des  paraboles  cvangé- 
liqnes  .  aussi  en  vers  ,  1672  ,  in-12  ;  les 
unes  et  les  autres  sont  écrites  faiblement; 
I  par  son  Roman  bourgeois  .  satire  mo- 
rale et  un  peu  trop  personnelle,  qui  eut 
beaucoup  de  cours  dans  son  temps  ;  |  par 
une  Relation  des  troubles  arrivés  au 
royaume  d' FAnquence ,  in-12,  allégorie 
forcée  ;  |  un  Recueil  de  poésies;  \  yoyage 
de  Mercure.  On  publia,  après  sa  mort, 
un  Fureteriata.  recueil  où  il  y  a  bien  des 
choses  qui  lui  sont  absolument  étrangères. 

•  FrilGAILT  (  Nicolas  ),  professeur 
à  l'université  de  Paris,  né  en  I70'l  à  Suint- 
Urbain  près  de  Joinville,  diiwèse  di;  Chà- 
lons-sur-Marne,  fit  ics  études  avec  dis!  inr- 
tion  au  collège  de  Troyrs,  cl  vint  les  per- 
fectionner à  Paris.  Ilfutapp;lé  ensuite 
dans  luniveriité .  et  il  professa  d'abord  la 
sixième,  i)uis  la  septième  au  collège  Ma- 
ya r  in.  Sonr.èle  pour  la  jeunesse  le  porta  à 
composer  un  grand  nombre  d'ou\  rages  qui 
sonltou3dpsliu('sàs<jn  inslruction.il  «  pu- 
blié :  I  un  ynuvel  abrégé  de  la  Grammaire 
^rec/7U^,Pari8.1746,in-8",  ouvrage  élémen 


université  qu'elle  en  fil  un  usa^c  constai^t 
jusqu'au  moment  do  sa  suppression  ;  ou 
en  a  fait  depuis  phisieuis  réimpressions 
parmi  lesqu«'lli-s  n,»us  remarquons  les  édi- 
tions de  M.  .lannet ,  Paris,  1813  et  181.'», 
in-8".  \Àbrégéde  la  quanti  té  ou  mestirede» 
syllabes  latines.  Paris,  17/i6,  in-8'';cct 
ouvrage  était  à  sa  neuvième  é«lilion  eti 
1813;  I  Dictiommire  d'antiquités  grec  furs 
et  romaines  .  Paris ,  1768 ,  et  17»J(»  petit  in- 
8"  ;  3'  édition,  1809.  in-8";  |  JJictionnaim 
géographique  historique  et  mythologique 
iwrlatif.V-AÙs,  1776,  petit  in-8";  |  Les prin- 
cipaui  idiotismes  grecs  avec  les  ellipses 
qu'ds  renferment.  Paris,  1780,  178't  <ft 
1789,  in-8";  cet  ouvrage  fait  suite  à  la 
grammaire  grecque;  |  Les  ellipses  de  lu 
langue  latine  précédées  d'une  courte  imn- 
hjse desdifférens mots  appelés  pai  lies  d'o- 
raison, Paris,  1780,  in-12.  Tous  ces  oîivra- 
gcs  sont  Irè.s  estimés.  Furgaull  avait  été 
nommé  professeur  émérile  de  l'université, 
et  il  jouissait  en  paix  de  ce  titre  modeste  . 
lorsque  la  révolution  le  força  de  quitter 
Paris,  lise  retira  dans  son  lieu  natal  où  il 
est  mort  le  21  décembre  1795.  11  avait  pris 
l'habitude  de  se  faire  lire  quelques  mor- 
ceaux de  Séncquc  après  son  repas ,  par 
une  de  ses  nièces  ;  et,  c'est  pendant  une 
de  ces  lectures  sur  la  brièveté  de  la  vie  , 
qu'un  jour  celle-ci,  le  croyant  endormi , 
s'aperçut  bientôt  après  qu'il  avait  cessé 
de  vivre. 

FI  ur.OLE  (  Jeax-Baptistf.  ) ,  avocat 
au  parlement  de  Toulouse ,  né  en  1690  à 
Castel-Ferrus ,  dans  le  bas  Armagnac , 
joignit  à  la  science  la  i)lus  profonde  des 
lois  de  la  jurisprudence  française,  des 
usages,  des  coutumes  ,  la  connaissance  de 
cette  partie  de  lliistoire,  qui  est  relative 
à  la  législation  de  tous  les  temps  cl  do 
tous  les  pays.  Le  chancelier  d'Aguesseau, 
qui  l'estiniait  beaucoup,  l'encouragea  a 
entreprendre  un  Commentaire  sur  l'or 
donnauce  concernant  les  donations,  du 
mnii  de  février  1751.  Cet  ouvrage  ,  inv- 
primé  d'abord  à  Toulouse  en  un  seul  vol. 
in-'»",  a  été  réiniprimé  en  2 ,  en  1761. 
Après  avoir  publié  cet  ouvrage  ,  il  com- 
mença son  Traifédes  curés  primitifs, etc.. 
un  vol.  'm-k",  1736,  dont  l'édition  est  épui- 
sée depuis  long-temps.  11  se  rendit  h  Para 
pour  présenter  lui-uiémc  son  Traité  des 
Testamens  et  autres  dispositions  de  der- 
nière volonté.  Lcchanreli-r  [wrrourut  cet 
ouvrage,  et  donna  (b  '  ",ui- 

teur.  Il  parut  en  4  vol  is 

les  exemplaires  »c  li 


taire  quifut  tellement  (joûlé  par  l'ancienne  I  mcsuro  que  chafiue  volumo  vit  le  jci 


FUR 


294 


FUS 


L'édition  donnée  à  Paris  en  1779,  quoi- 
qa'en  5  vol.,  est  beaucoup  plus  complète. 
Il  se  préparait  à  faire  imprimer  son  Com- 
mentaire sur  l'ordonnance  des  substitu- 
tions ,  lorsque  le  roi  le  nomma  capiloul  en 
4745.  Les  occupations  de  cette  charge 
l'empêchèrent  de  finir  l'édition  de  cet  ou- 
vrage qui  n'a  été  publié  qu'en  1767 ,  par 
les  soins  de  Poncet  de  la  Grave ,  en  1  vol. 
in-4°.  Il  travailla,  en  attendant,  à  son 
Traité  de  la  seigneurie  féodale  univer- 
selle^ et  du  Franc-Aleu  naturel,  qui  a  paru 
à  la  même  époque,  in-12.  On  a  réimprimé 
ses  OEuvres  complètes,  Paris,  1775  et  1776, 
8  vol.  in-8°.  Cette  édition  est  moins  es- 
timée que  rin-4°.  Ce  savant  jurisconsulte 
est  mort  en  mai  1761. 

FURIUS-BIBACULUS  (  Marcus  ),  de 
Crémone,  poète  latin  vers  l'an  103  avant 
J.-C.  écrivit  des  Annales  en  vers,  dont 
Macrobe  rapporte  quelques  fragmens  ,  cl 
qui  ne  donnent  pas  une  grande  idée  de 
ses  talens.  C'est  de  lui  que  parle  Horace 
dans  ce  vers  : 

Furium  hibernas  eana  nive  conspuit  Alpes 

FURST  (Walter),  /^wrsms,  suisse  du 
canton  d'Uri,  fut  un  des  fondateurs  de  la 
liberté  helvétique.  Il  se  joignit  en  1507  à 
plusieurs  de  ses  compatriotes  animés  du 
désir  de  secouer  le  joug  d'Albert  d'Au- 
triche. Furst  travailla,  de  concert  avec 
ses  compagnons,  à  s'emparer  de  toutes  les 
citadelles  bâties  pour  les  contenir.  On  les 
démolit ,  et  ce  fut  le  premier  signal  de  la 
liberté.  Voyez  TELL  et  MELCHTAL. 

FURSTEMBERG  (  Guillaume  de  ),  issu 
d'une  des  plus  illustres  maisons  d'Alle- 
magne ,  grand-maître  de  l'ordre  de  Li- 
vonie  ,  ou  des  Portes  Glaives ,  défendit 
cette  province  contre  les  armes  des  Mos- 
covites ;  moins  heureux  en  1560 ,  il  fut  fait 
prisonnier,  et  on  l'emmena  en  Moscovie, 
où  il  mourut. 

FURSTEMBERG  (Ferdinand  de  ),  évê- 
que  de  Paderborn ,  puis  de  Munster,  né  à 
Bilstein,  en  1626,  fut  le  père  de  son  peu- 
ple et  le  Mécène  des  hommes  de  lettres. 
On  lui  est  redevable  de  plusieurs  monu- 
mcns  de  l'antiquité ,  qui  étaient  dans  son 
diocèse  de  Paderborn.  Il  les  fit  renouveler 
à  grands  frais ,  les  embellit  de  plusieurs 
inscriptions ,  et  en  publia  de  savantes  des- 
criptions dans  ses  Monunienta  Paderbor- 
nensia,  Amsterdam,  1672,  et  Francfort, 
1713  ,  in-4°  :  collection  utile  et  curieuse. 
On  lui  doit  encore  des  poésies  latines . 
imprimées  au  Louvre  en  1684,  in-folio  , 
çt  dignes  de  cet  honneur ,  par  la  pureté 


du  style  et  la  noblesse  des  pensées.  L'an- 
tourne  vit  point  cette  magnifique  édition, 
étant  mort  le  6  juhi  de  l'année  précé- 
dente. 

FURSTEMBERG  (  François  EGON, 
prince  de  ) ,  fils  d'Egon  ,  comte  de  Furs- 
tcmberg,  naquit  eu  1626.  Il  fut  grand 
doyen  et  grand-prévôt  de  Cologne ,  et 
l'un  des  principaux  ministres  de  l'élec- 
teur de  celte  ville.  Ayant  été  élu  évêqiie 
de  Strasbourg  en  1663,  il  conçut  le  dessein 
d'y  voir  rétablir  la  religion  catholique  ,  et 
s'attacha  à  la  France  ,  qui  s'empara  de 
cette  ville  en  1681.  Il  mourut  à  Cologne, 
le  l^""  avril  de  l'année  suivante. 

FURSTEMBERG  (  Guillaume  EGON, 
prince  de  )  frère  du  précédent ,  lui  suc- 
céda dans  son  évéché.  Il  s'attacha  aussi 
à  la  France,  devint  cardinal  et  abbé  do 
Saint  -  Germain-des-Prés  à  Paris ,  où  il 
mourut  le  10  avril  1704 ,  dans  sa  75'  année. 
II  avait  été  postulé  de  14  voix  pour  l'évê- 
ché  de  Cologne  en  1688  ;  mais  le  prince 
Clément  de  Bavière  l'emporta  sur  lui , 
après  un  procès  vivement  poussé  de  part 
et  d'autre,  et  décidé  par  Innocent  XI. 
Louis  XIV  en  conçut  un  chagrin  très-vif, 
et  ce  ne  fut  pas  la  moindre  cause  qui  dé- 
cida la  guerre  de  1688 ,  terminée  par  ta 
paix  de  Ryswicken  1697.  Ce  cardinal  était 
un  homme  instruit ,  et  doué  de  qualités 
très  estimables 

FUUSY.  Voyez  FOILLAN. 

FUSCIIIUS  ou  FUSCH  (  Léonard),  ap- 
pelé l'^^m^fe  d'Allemagne,  naquit  à  Wem- 
bdingen,  en  Bavière,  l'an  1501.  Il  professa 
et  exerça  la  médecine  avec  beaucoup  de 
réputation  à  Munich  ,  à  Ingolstadt,  etc. 
L'empereur  Charles-Quint  l'anoblit ,  et 
Cosme,  duc  de  Toscane,  lui  offrit  600 
écus  d'appointemens  pour  l'attirer  dans 
ses  états.  Il  s'attacha  surtout  à  la  partie  la 
plus  essentielle  de  la  médecine  ,  à  la  bota- 
nique. Son  exemple  et  ses  leçons  la  firent 
renaître  en  Allemagne ,  et  excitèrent  l'é- 
mulation en  France  et  en  Italie.  Parmi 
le  grand  nombre  d'ouvrages  qu'on  a  de 
lui,  on  ne  citera  que  son  Historia  Stir- 
piu}7i^\e  meilleur  de  tous,  Bâle,  1542, 
in-fol.  Il  mourut  en  1566  à  Tubingen  ,  âgé 
de  63  ans.  Il  ne  faut  pas  le  confondre  avec 
Remacle  FUSCHIUS,  de  la  ville  de  Lim- 
bourg  médecin,  mort  chanoine  de  Saint- 
Paul  a  Liège  en  1587  ,  et  qui  a  aussi  donné 
une  flistoire des  plantes ,  Anvers^  1344, 
et  Pies  des  médecins  .  Paris  ,  1342. 

FUSELI.  Voyez  FUESSLI. 

FUSI  (Antoine),  docteur  de  Sorbonne, 
cl  curé  de  Sainl-Barthélemi  et  de  Saiwt- 


FUS 


sorj 


FUS 


Ton  son  annexe  ,  fut  privé  do  sof»  bciii-- 
Iji  fs  par  scnlcnrc  de  l'ufiirialitu  .  ren- 
ilue  sur  des  acctisations  de  ina(ji«\  I^ 
sciilonco  ayant  i'W  ronfirmce  par  la  pri- 
inatie,  il  se  retira  à  (ii-novc  en  1619,  s'y 
maria,  et  y  mourut.  Il  a  public  sous  le 
nom  de  Juvain  Solonicque  .  ime  satire 
contre  Vivian,  maître  des  comptes,  mar- 
Cuillier  dcSaint-Leu,  intitulée  Ae  Jfasli- 
t.'i)/j/wre.  1609,  in-8";  cl  depuis  sa  retraite 
à  Genève  .  il  a  donné  Le  franc-archer  de 
la  véritable  Eglise.  1019,  in-S".  Il  eut  un 
lils  digne  de  lui ,  qui  su  fit  mahométan  à 
<",onstantinople  ,  pour  décliner  la  juritlic- 
lion  de  l'ambassadeur  de  France,  qui  de- 
vait le  juger  pour  un  crime  qu'il  avait 
commis. 

FUSS  (  Nicolas  ) ,  né  en  1754  à  Bàle, 
partit ,  dès  l'âge  de  dix-huit  ans,  pour 
Saint-Pétersbourg,  après  avoir  reçu  une 
éducation  très  distinguée.  Ce  fut  son 
maître  Daniel  Bcrnoulli  qui  lui  lit  faire 
ce  voyage  pour  aller  servir  d'adjoint 
au  célèbre  Euler  qui  était  aveugle.  Fuss 
s  journa  long-temps  dans  la  maison  de 
ce  savant.  Associé  en  177C  à  l'acadé- 
mie des  sciences  de  Saint-Pétersbourg,  il 
en  devint  membre  en  1783,  puis  secré- 
taire en  1800  :  son  zèle  et  sa  science  fu- 
rent très  utiles  à  celte  société  qu'il  diri- 
gea pendant  long-temps.  L'empereur 
Alexandre  le  nomma  en  1802  membre 
d'une  commission  chargée  de  faire  des 
statuts  pour  l'académie,  les  universités  et 
les  écoles  de  l'empire  ,  et  le  choisit  aussi 
plus  tard  pour  la  direction  générale  des 
écoles  que  l'on  venait  d'organiser.  Il  avait 
été  nommé  conseiller  d'état  et  chevalier 
des  ordres  de  Saint-Wladimir,  et  faisait 
partie  d'un  grand  nombre  de  sociétés  sa- 
vantes. Il  est  mort  le  23  décembre  182.Ï. 
On  lui  doit  plusieurs  Mémoires  importans 
sur  les  mathématiques  pures  ou  appli- 
quées :  quelques-uns  ont  été  traduits  en 
plusieurs  langues. 

Fi:ST  ou  FAUST  (  Je4:v  ),  orfèvre  de 
Maycnce  ,  fut  un  des  trois  artistes  qu'on 
associe  ordinairement  pour  l'invention 
de  l'imprimerie;  les  deux  autres  sont  Gul- 
Icmberg  et  Schueffer.  Il  parait  qu'on  lui 
doit  particulièrement  les  caractères  sculp- 
tés mobiles  ;  car  il  est  vraisemblable  que 
Ouitenibcrg  a  imprimé  avant  lui,  ou  vers 
le  même  temps  que  lui ,  sur  des  planches 
gravées.  ATégard  de  Schœffer,  qui  était 
écrivain  de  profession,  et  devint  depuis 
gendre  de  Faust,  on  ne  peut  lui  disputer 
la  gloire  d'avoir  imaginé  les  poinçons  et 
le*  matrices  ,  à  l'aide  desquels  cet  art  ad- 


mirable fut  porté  n  sa  p<Tfcction.  Le  pre- 
mier fruit  de  ce  nouveau  procédé,  qui 
<(>ristitue  rori(rinu  du  véritable  art  typo- 
Crapliiquc.  fui  le  Duran.li  rafionale  divi- 
nnruin  nfficionini.i\nv.  Faust  et  Schfpffer 
publièrent  en  l/».')9,  et  qui  fut  suivi  l'ati- 
tiée  d'après  du  Catholicon  Jnannit  .lu 
nucnais.  Panit  ensuite  la  liible  de  HCj 
si  recherchée  des  amateurs  de  rareté ■» 
typographiques. Ces  trois  ouvrages  a  vairnt 
été  précédés  de  deux  éditions  du  Psautier 
par  les  mêmes  artistes,  la  première  en 
1/i  j7,  et  la  2*  en  1459  ;  mais  exécutées ,  au 
jugement  de  quelques  savans,  l'une  et 
l'autre  avec  des  caractères  en  bois  sculp- 
tés, quoique  d'autres  prétendent  qu'elles 
sont  imprimées  avec  des  caractères  en 
fonte,  excepté  les  capitales.  Ces  deux  édi- 
tions du  Psautier,  excessivement  rares, 
sont  des  chefs-d'<EUvre  de  typographie  , 
qui  étonnent  les  gens  de  l'art ,  tatit  par  la 
hardiesse,  la  propreté  et  la  précision  avec 
laquelle  l'industrieux  Sclueffer  en  a  taillé 
les  caractères,  qui  imitent  la  plus  belltî 
écriture  du  temps,  que  par  la  beauté  et 
l'élégance  des  lettres  initiales,  imprimées 
par  rentrées  de  trois  couleurs,  bleu,  roug»; 
et  pourpre,  à  la  manière  des  cama'ieux,  et 
par  Ja  justesse  et  la  netteté  de  l'impres- 
sion. On  connaît  cependant  des  livres  que 
l'on  juge  plus  anciens  que  ceux  que  uojm 
avons  cités,  quoique  la  date  ni  le  nom 
du  lieu  et  de  l'imprimeur  n'y  soient  pas 
marqués.  Tels  sont  :  |  une  liible  de  la 
bibliothèque  ma/.arinc,  imprimée  aver 
des  caractères  en  bois  mobiles,  en  2  vol. 
in-fol.  :  (  Le  Spéculum  vitœ  humanœ.  en 
58 planches;  |  une  Histoire  de  l'ancien  et 
du  nouveau  Testament,  représentée  en 
40  figures,  gravées  en  bois,  avec  des  sen- 
tences et  des  explications  latines  sculptée» 
sur  les  mêmes  planches  ;  |  L'Histoire  di 
saint  Jean  l'évangéliste  ,  de  même  en  48 
planches:  ]  Ârs  rnoriendi ,  en  2'i  pages, 
imprimées  seulement  d'un  coté.  Chaque 
pag*î  est  composée  d'une  estampe  en  l)ois. 
qui  représente  un  exemple  des  misères 
de  la  vie  humaine  avec  quelques  explica- 
tions gravées  sur  la  même  planche.  Ce 
livre  a  été  vendu  1000  liv.  à  la  vente  do 
cabinet  de  M.  Mariette ,  en  1775-  Ce»  troi« 
derniers  livrets,  qui  sont  in-folio  ,  précè- 
dent sûrement  l'impression  en  caractères 
mobiles,  et  peuvent  remonter  jn- 
1440.  La  Bible  doit  avoir  été  inij 
entre  1450  et  14î»3.  L'abbé  Ghes'iu.vi.. 
long-temps  associé  aux  boUandistrs,  pré- 
tend qu'on  a  un  petit  livret  d'une  date 
pour  le  moins  aussi  ancienne,  imprimé 


FUS 


296 


FUZ 


par  un  Jean  Brito  de  Bruges  ;  mais  il  pa- 
rait certain  que  cet  ouvrage  n'est  point 
un  fruit  de  la  typographie,  mais  un  ma- 
nuscrit exécuté  avec  de  nouveaux  soins  et 
une  méthode  particulière ,  quoique  l'in- 
scription ,  prise  dans  un  sens  absolument 
littéral ,  semble  dire  autre  chose  (  voyez 
le  Journ.  histoi:  du  l'-''  août  1780,  pag. 
51/».).  On  a  écrit  et  répété  bien  des  fois, 
que  Fusl,  étant  venu  à  Paris  pour  y  vendre 
une  partie  de  son  édition  de  la  Bible  Ae 
1462,  et  en  ayant  vendu  les  exemplaires 
à  vil  prix,  en  comparaison  de  ce  qu'on 
payait  alors  les  Bibles  manuscrites  ,  mais 
à  des  prix  fort  différens ,  avait  été  pour- 
suivi en  justice  par  quelques  acheteurs 
qui  se  plaignaient  de  les  avoir  surpayés; 
qu'ayant  même  été  accuse  de  magie  à 
cause  de  la  parfaite  ressemblance  qu'on 
avait  remarquée  entre  les  caractères,  il 
avait  été  obligé  de  s'enfuir.  Mais  s'il  est 
vrai  que  Faust  ait  vendu  à  Paris  des  exem- 
plaires d'une  bible,  ce  ne  peut  être  de 
celle  de  1462,  puisque  le  Psautier  impri- 
mé cinq  ans  auparavant ,  absque  calami 
exaratione  Ani  ôtait  le  moyen  de  faire 
des  dupes.  Quant  à  l'accusation  de  magie, 
c'est  un  vieux  conte  qui  doit  son  origine  à 
l'histoire  du  docteur  Faustus  ou  Faust 
(  voi/ez  FAUSTUS  ).  L'on  ne  peut  douter 
néanmoins  que  Faust  n'ait  fait  plusieurs 
voyages  à  Paris.  Il  y  était  en  1466,  et  la 
preuve  en   résulte  d'un  exemplaire  des 


offices  de  C/ce>o«. publiés  celte  année  par 
le  même  Faust  et  Schœffer,  son  gendre, 
existant  dans  la  bibliothèque  publique  de 
Genève,  à  la  fin  duquel  le  premier  pos- 
sesseur de  ce  livre  a  noté  de  sa  main, 
«  qu'il  lui  a  été  donné  par  Jean  Faust ,  à 
»  Paris,  au  mois  de  juillet  1466.  »  On 
peut  croire  que  Faust  mourut  delà  peste, 
qui ,  cette  même  année  ,  enleva  quarante 
mille  habitans  à  la  capitale,  pendant  les 
mois  d'août  et  de  septembre ,  et  d'autant 
mieux  qu'on  ne  trouve  plus  que  le  nom 
de  Schœffer  seul  dans  les  souscriptions 
des  livres  imprimés  postérieurement  à 
Mayence.  Voyez  GUTTEMBERG. 

FUZELIER  (Louis)  ,  parisien,  cultiva 
les  lettres  dès  son  enfance.  Il  fut  rédac- 
teur du  Mercure^  conjointement  avec 
La  Bruyère,  depuis  le  mois  de  novembre 
1744,  jusqu'à  sa  mort  arrivée  le  19  sep- 
tembre 1752,  dans  la  80*^  année  de  son  âge. 
Cet  auteur  travailla  seul  ou  en  société 
pour  tous  les  théâtres  de  Paris.  Parmi  ses 
pièces  on  en  compte  36  dont  une  seule  est 
passable,  c'est  Momus  fabuliste  :\?L\\\.^iux 
a  voulu  faire  une  critique  de  La  Fontaine. 
Laharpe,  dans  son  Cours  de  Littérature, 
dit  «  qu'il  affichait  des  prétentions  fort 
»  mal  placées;  et  qu'il  était  bien  le  plus 
»  froid  et  le  plus  plat  rimeur,  le  bel  esprit 
»  le  plus  glaçant  et  le  plus  glacé ,  qui  ait 
»  fait  chanter  à  l'opéra  des  fariboles  dia- 
»  lofîuées.  » 


GAB 


GAB 


ijAAL  ,  fils  d'Obed  ,  alla  à  Sichem ,  dans 
le  dessein  de  défendre  et  d'affranchir  les 
habitans  de  cette  ville ,  de  l'oppression  et 
de  la  tyrannie  d'Abimélech  ;  mais  il  se 
vit  indignement  trahi  par  un  certain  Zé- 
bul ,  qui  par  les  avis  quil  donna  à  Abi- 
mélech  fut  cause  que  Gaal  fut  battu ,  mis 
en  fuite  ,  et  ses  troupes  taillées  en  pièces. 
Gaal  étant  rentré  dans  Sichem ,  Zébul  l'en 
chassa  avec  ses  gens. 

GABALÏS.  ;^0i/^;3  VILLARS  (l'abbé de 
Montfaucon  de  ). 

GADATO  (  Sebastien  ),  surnommé  le 
Nocher,  iVaucferu5>  mérita  ce  titre  par 
son  habileté  dans  la  navigation.  Il  était 
natif  de  Venise  ;  il  quitta  sa  patrie ,  et  s'é- 
tablit à  Bristol  en  Angleterre.  Il  tenta  le 
premier  de  suivre  une  route  différente  de 


celle  que  Christophe  Colomb  tenait  pour 
aller  en  Amérique.  Colomb  faisait  toujours 
voile  vers  les  Canaries ,  de  là  vers  les 
Açores ,  et  arrivait  en  Amérique  par  le 
sud-ouest.  Gabalo  au  contraire  crut  qu'on 
arriverait  plus  tôt,  et  avec  moins  de  peine, 
si  l'on  faisait  voile  toujours  vers  le  nord- 
ouest  ;  et  il  ne  se  trompa  point.  Henri  VIT 
lui  donna  en  1496  trois  vaisseaux  mar- 
chands ,  avec  lesquels  il  découvrit  la  terre 
de  Labrador.  On  peut  voir,  sur  ce  cé- 
lèbre navigateur  ,  la  Vie  de  Henri  VII , 
par  le  chancelier  Bacon. 

GABBARA ,  géant  de  9  pieds  8  pouces 
de  haut ,  dont  Pline  fait  mention.  On  le 
mena  d'Arabie  à  Rome,  du  temps  de 
l'empereur  Claude.  On  peut  croire  que  la 
grandeur  que  Pline  lui  donne  est  cxagc- 


CAR 


Q97 


r.  \n 


rrc ,  comme  le  sonl  la  plupart  do  se*  rap- 
ports: c'est  au  reste  &  peu  près  la  gran 
(leur  de  Goliath. 

r.  Vni\IK\  .cilcbre  rlu'teur,  enseigna 
avec  beaucoup  de  réputation  la  rlitMori- 
!iiie  dans  les  Gaules,  pendant  environ 
'JO  ans ,  sous  l'empire  de  Vespasien.  Ce- 
lait selon  saint  Jériune,  un  torrent  d'é- 
loquence. Ce  père  renvoie  au  recueil  des 
Discntus  de  Gabinien  ,  ceux  qui  aiment 
la  délicatesse  et  rélécance  du  style.  Ces 
discours  n'existent  plus  aujourd'luii. 

G.VBIMl'S  (  AuLUs) .  consul  romain 
f)8  ans  avant  J.-C. ,  ayant  obtenu  le  j^ou- 
vernemeiit  de  Syrie  et  de  Judée  par  les 
inlrigues  de  Clodius  ,  réduisit  Alexandre, 
fils  d'Aristobule  ,  roi  de  Judée ,  à  deman- 
der la  paix,  rétablit  Hyrcan  dans  la  di- 
gnité de  grand-pontife,  et  rendit  la  tran- 
quillité à  la  Judée.  Il  tourna  ensuite  ses 
armes  contre  les  Parlhcs  ;  mais  Plolémée 
Aulètcs  lui  ayant  offert  mille  talens  ,  pour 
rtre  rétabli  sur  le  trône  d'Egypte  ,  il  mar- 
cha vers  ce  royaume.  La  cupidité  était 
1  àme  de  toutes  ses  entreprises.  Il  pro- 
longea la  guerre  autant  qu'il  put  ;  Arclié- 
laiis,  ennemi  de  Ptolémée ,  payait  cbère- 
uientces  retardemens,  Arcliélaiis ayant  été 
tué  dans  un  combat,  Gabinius  mit  son 
rival  en  possession  de  son  royaume.  De 
retour  à  Rome ,  il  fut  accusé  de  couciissiou 
et  banni.  Cicéron,  qui  avait  voulu  le  faire 
condamner  pendant  son  absence,  le  dé- 
fendit alors,  et  harangua  vivement  pour 
lui  à  la  prière  de  Pompée.  Gabinius  mou- 
rut à  Salone ,  vers  l'an  40  avant  Jésus- 
Christ. 

•  GABIOT  (  Je\:v-Locis  ),  auteur  dra- 
matique, né  à  Salins  (  Franche  -  Comté) 
en  1759,  mort  à  Paris  le  12  septembre 
1811 ,  vint  dans  celle  ville  à  l'àgc  de  18 
ans,  et  entra  en  qualité  d'instituteur  dans 
une  maison  d'éducation,  travailla  ensuite 
jKiurle  théâtre  et  donna  plusieurs  petites 
p/ï'ccs ,  qui  furent  jouées  à  l'Jinttigu-co- 
mique .\^  plupart  avec  succès.  Les  princi- 
pales sonl  :  Esope  aux  boulevards,  pièce 
épisodique  en  un  acte  et  en  vers  ,  Paris, 
1784.  in-S",  citée  avec  éloge  dans  W-innée 
littéraire  ;  |  Le  goûter,  ou  un  bienfait  n'est 
jamais  perdu  ,  proverbe  ;  |  Les  deux  ne- 
veux .  comédie  en  deux  actes  ;  |  Le  baron 
Ue  Trenck .  fait  historique  en  un  acte  et 
en  vers,  1788,  in-S",  etc.  On  a  encore  de 
lui  une  traduction  du  poème  des  Jardins 
du  Père  Rapin  ,  Paris,  1782  et  1803 ,  in-8", 
préférable  à  celle  de  Gaz^n-DoucKigné  ; 
if  style  en  est  cepî.'ndiuit  un  peu  enflé,  et 
les  iiiijgcs  du  poi.'tc  bttn  n'y  sont  pas  tou- 


jours rendues  ndèbMnent.  Sur  la  fi'i  de 
sa  rarrirre  Gd)i()t  reprit  les  fonctions 
d'instituliiir.  —  C.AIUOT  (.Ir.^^i)  jésuite, 
delà  niéioiî  famill^^  né  et  niorl  dans  le  17' 
siècle,  fut  recteur  du  collé(;eile  Kesançoi: 
et  a  composé  Mnriœ  pro  nccc/itis  a  D,  , 
in  sacra  et  illihata  concrpftonr  bcncfictts 
votiva  congratulatio  ,  Lyor»  ,  IG.")!  .  in-ji'. 

•(;\ULI:R  (  JEW-Pim.nM'f O  .  fameux 
théologien,  né  le  4  juin  17.>.')  à  Francf(jit 
sur  le  Mein.  d'un  père  qui  était  secrétair.- 
du  consistoire,  suivit  peiidaul  quelque 
temps  les  leçons  de  Grieslmch  à  Féna.  Il 
fut  nommé  lui-môme  professeur  de  Ihéo 
logie  ,  d'abord  au  Gymnase  de  Don 
mund.puis  à  celui  d'Allforl,  et  enfin  i 
lénaà  la  place  de  son  ancien  maître  Gries- 
bach.  Le  duc  de  Saxe-Weymar  luidoniii 
le  titre  de  conseiller  eciiésiasticpie.  Gabier 
est  mort  le  17  février  18'i6 .  après  avoir 
publié  les  ouvrages  suivans  qui  sont  es- 
timés: I  Essai  sur  le  nouveau  Testa- 
ment. Alt  fort ,  1788;  |  Introduction  his- 
torique et  critique  au  nouveau  Testament 
ci  -  dessus ,  1789  ;  |  Histoire  primitive 
d' Eichhorn .  ouvrage  remarquable  par 
Vintrodurtian  et  les  notes  dont  il  l'a  enri- 
chi ;  I  Aouvel  Essai  sur  l'fiiftoire  de  la 
création  de  Aloise  .  Allfort ,  17!l.").  Il  a  tra- 
vaillé aussi  au  Journal  de  théologie.  1796, 
1811. 

(i Alton.  Voijez  BETLEM-GABOR. 

GAItillKr^SKVÈUE.  né  à  Moncmbasi.i 
autrefois  Epidaure,  ville  du  Prl<»j>onè-'' 
ou  Morée  ,  ordonné  évéquc  de  Philadel 
phie  en  l;i77,  quitta  cette  église,  où  il 
y  avait  très  peu  de  Grecs,  pour  se  retirer 
à  Venise.  Il  fut  évéque  des  grecs  répan- 
dus dans  le  territoire  de  la  république. 
On  a  de  lui  divers  ouvrages  de  théologir . 
publiésen  1671 ,  in-4'',  par  RichardSimo:i 
en  grec  et  en  latin  ,  avec  des  remarques 
dans  lesquelles  il  prouve  qu'on  ne  peut 
pas  admettre  cet  évéque  au  rang  de»  grec? 
unis  à  l'église  de  Rome  ,  puÏMiu'il  a  écrit 
conlre  le  concile  de  Florence.  Quoiqu  • 
peu  favorable  aux  Latins,  le  prélat  gre-.- 
admettait  la  transsubstantiation  ain>i 
qu'eux.  On  le  voit  clairement  dans  son 
Traité  des  sacremens ;  et  l'on  convient 
aujourd'hui,  même  parmi  les  protcstanv 
que  c'est  la  doctrine  générale  et  uniform 
de  l'Eglise  grecque.  Ses  autres  écrit-;  re- 
fermés dans  ce  recueil  sont  une  l> 
du  culte  que  les  Grecs  rendent  au  , 
au  vin  que  l'on  doit  consacrer  ,  Ior>.,i. .  . 
les  porte  au  sanctuaire;  un  Discours  d  • 
l'Usage  des  colyhes  ou  des  Ugitnies  cuii». 

G  VUUILL  SlOMTi: ,  savant  marunitu  « 


GAB 


298 


GAB 


né  à  EdJen  ,  petite  ville  -du  mont  Liban  , 
professeur  des  langues  orientales  à  Ro- 
me, fut  appelé  à  Paris  en  1614  ,  pour  tra- 
vailler à  la  Polyglotte  de  Le  Jay.  C'est 
lui  qui  fournit  les  Bibles  syriaque  et  ara- 
l)e,  imprimées  dans  celie  Polyglotte.  Il 
les  avait  copiées  sur  des  manuscrits ,  et  y 
avait  ajouté,  par  un  travail  inconcevable, 
les  points  voyelles  que  nous  y  voyons , 
avec  une  version  latine.  Cet  habile  homme 
mourut  à  Paris  ,  en  16.'i8,  âgé  de  72  ans  , 
professeur  royal  dans  les  langues  syria- 
que et  arabe.  Les  savans  de  cette  capitale 
se  perfectionnèrent  sous  lui  dans  la  con- 
naissance de  ces  idiomes.  Il  ne  dirigea  pas 
jusqu'au  bout  la  Polyglotte  de  Le  Jay.  Ce 
président ,  s'élant  brouillé  avec  lui,  ap- 
pela Abraham  Ecchellensis  pour  le  rem- 
placer. Gabriel  Sionite  traduisit  encore  la 
géographie  arabe  ,  intitulée  Gcographia 
Nuhiensis .  d'Abou  Abdallah  Mohamed 
Edrissi ,  1619,  in-i°,  et  publia  une  Gram- 
maire arabe.  Il  fut  aidé  pour  ces  deux 
ouvrages  par  Jean  Hesronita ,  maronite. 
Il  donna  avec  Victoire  Scialac ,  de  Gre- 
noble ,  les  Psaumes  de  David ,  traduits 
de  l'arabe. 

GABRIEL  (JACQtfEs),  architecte,  né 
à  Paris  en  1667,  parent  et  élève  du  célèbre 
Mansard,  se  rendit  digne  de  son  maître. 
Il  acheva  le  bâtiment  de  Choisy  et  le  Pont 
Royale  ouvrages  commencés  par  son 
père  ,  architecte  du  roi.  Il  donna  le  pro- 
jet du  grand  égoût  de  Paris  ,  et  les  plans 
d'un  grand  nombre  de  bât imens  publics  , 
parmi  lesquels  on  cite  ceux  de  Vltôtel- 
de -faille ,  de  la  Cour  du  présidial .  et  de 
la  Tour  de  l'horloge ^Aq  Rennes;  de  la 
Maison  de  ville  ^  de  la  Salle  et  de  la 
Chapelle  des  Etats  ^  de  Dijon.  Il  était  né 
à  Paris ,  en  1667  ,  et  y  mourut  en  1742. 

GABRIELLE  DE  BOURBOX,  fille  de 
Louis  l"  de  Bourbon,  comte  de  Montpen- 
sier ,  épousa  en  1485  Louis  de  La  Tré- 
mouille ,  tué  à  la  bataille  de  Pavie  en  1523. 
Elle  en  eut  Charles ,  comte  de  Talmond , 
tué  à  la  bataille  de  Marignan  en  1315. 
Elle  mourut  au  château  de  Thouars  en 
Poitou,  en  décembre  1516.  On  a  d'elle  : 
I  L'Instruction  des  jeunes  pucelles  ;  \  Le 
temple  du  Saint-Esprit  ;  \  Le  voyage  du 
pénitent;  \  Les  contemplations  de  l'âme 
dévote  ,  sur  les  mystères  de  l'Incarna- 
tion et  de  la  Passion  de  Jésus-Christ .  et 
d'autres  ouvrages  de  piété,  manuscrits. 
Cette  princesse  avait  autant  de  vertu  que 
d'esprit. 

GABRIELLE      D'ESTRÉES.     Voyez 
ESTRÉES. 


GVRRIELLE  DE  VERCY.  Vogcz 
FAIEL. 

GABRIELLI  (N.)  prélat  romain,  d'une 
famille  noble,  se  laissa  séduire  par  un 
certain  docteur  Oliva ,  qui  se  mêlait  de 
sortilège.  Ils  furent  arrêtés  sous  le  pape 
Alexandre  VIII,  ainsi  que  quelques-uns 
de  leurs  adhérens.  Ils  avouèrent  qu'ils 
tenaient  des  assemblées  nocturnes,  dans 
lesquelles  ils  offraient  au  démon  du  sang 
humain ,  mêlé  avec  des  hosties  et  des  re- 
li{[ues.  On  les  accusa  encore  d'autres 
crimes  non  moins  atroces.  La  plupart  des 
malheureux  partisans  d'Oliva  furent  con- 
danmés  aune  prison  perpétuelle.  Gabrielli 
perdit  tousses  bénéfices  et  ses  dignités, 
et  fut  enfermé  dans  un  château,  où  il  vécut 
jusqu'à  la  fin  du  17*=  siècle. 

*  GABRIELLI,  nom  d'une  famille  illus- 
tre d'Italie ,  originaire  de  Giibio ,  dans 
la  Marche  d'Ancône.  Au  lieu  de  suivre  la 
carrière  des  armes,  la  famille  Gabrielli  su 
consacra  ,  pendant  le  14*=  siècle,  à  l'élude 
des  lois.  En  1302,  Cante  de  Gabrielli ,  po- 
destat de  Florence ,  porta  des  sentences 
de  proscription,  qui  enveloppèrent  tout  le 
parti  des  blancs,  et  entre  autres  le  Dante 
et  le  père  de  Pétrarque.  Jacob  Gabrielli 
fut  revêtu  à  Florence ,  en  1336 ,  d'un  pou- 
voir presque  illimité;  mais  il  y  exerça 
une  tyrannie  si  odieuse,  qu'il  fut  défendu 
par  une  loi ,  de  confier  jamais  à  cette  fa- 
mille aucune  magistrature.  Cependant 
en  1340  le  même  Gabrielli  fut  rappelé  à 
Florence,  pour  réprimer  les  ennemis  de 
l'ordre  public.  En  1350,  Jean  de  Canlaccio 
de  Gabrielli  s'empara  de  l'autorité  souve- 
raine dans  sa  patrie;  mais  en  1354,  il  fut 
dépouillé  de  son  autorité  par  le  cardinal 
Egidio  Albornos,  qui  soumit  Gubbio  à 
l'Eglise.  Enfin  Cante  de  Gabrielli,  nommé 
en  1379,  capitaine  du  peuple  à  Florence, 
pendant  la  fureur  de  la  révolution  des 
Ciompi,  résista  cotirageusement  aux  me- 
naces du  peuple ,  qui  voulait  le  forcer  à 
verser  le  sang  de  Pierre  Albizzi  et  de  sea 
collègues.  La  même  famille  a  donné  ensuite 
plusieurs  cardinaux  à  l'Eglise ,  et  plusieurs 
hommes    distingués    dans  la  littérature. 

*  GABRIELLI  (Jules  ),  évêque  de  Si- 
nigaglia,  naquit  à  Rome  le  20  juillet  1748 
et  mourut  à  Albano  le  22  septembre  1822. 
Pie  VII  le  créa  cardinal  le  23  février 
1805 ,  et  évoque  de  Sinigagîia  le  1 1  janvier 
1808.  Il  exerça  les  fonctions  de  pro-sc- 
crétaire  d'état  du  saint  Siège  dès  le  6  mars 
1808,  en  remplacement  du  cardinal  Doria, 
exilé  par  le  gouvernement  français,  et  sa 
conduite  fut  remarquable  \>q.y  la  fermeté 


G  AH 


qu'il  nuKilra  dans  la  lull»'  qu'il  enl  à  »«)U- 
Iriiir  roiilrc  les  pinicraux  de  Huiiapaiic  : 
ainsi  le  "0  mars  .  î2'i  jours  ajjri's  sa  nonii- 
nalion,  il  donna  à  tous  les  fonctionnaires 
de  r«''lal  ercK'vSiastique  ,  Tordre  formel  de 
se  rctirrr.  si  l'on  voulait  les  forcer  d'o- 
béir à  une  autre  autorité  qu'à  celle  du 
Mini  Sit  (jo.  Son  T.éle  pour  les  intérêts  du 
souverain  jxintife  indisposa  contre  lui 
M.  Lcfibvrc,  envoyé  de  France:  le  17 
juin  suivant,  on  saisit  ses  papiers;  lui- 
niéinc  fut  arrêté  et  exilé  à  Sinigaglia, 
puii  à  Milan,  cnlln  en  France.  Il  avait 
adressé  un  niai»ifeste  aux  ministres  élran- 
pvTs  et  une  ciri  ulaire  aux  cardinaux  . 
protestant  dans  ces  di-ux  pièces  contre 
son  arrestation  et  déclarant  qu'il  ne  cé- 
dait qu'à  la  force.  En  ISliil  revint  à  Uomc 
avec  Pie  VIII  ,  devint  secrétaire  du  Bref, 
j)uis  préfet  delà  congréualion  du  concile, 
cl  enfin  pnodataire.  En  181G  il  donna  sa 
démission  de  son  sié^e  épiscopal.  On  re- 
marque plusieurs  pièces  de  sa  correspon- 
d.incc  diplomatique  dans  l'ouvrage  intitulé 
C'jrrcspondaftcr  anlhentiqiie  île  la  cour 
dr  Ilnme  avec  la  France,  1809,  in-S". 

(.  VBIIIM  (Nicolas)  ,  dit  Ricnzi .  né 
à  Rome  dans  l'obscurité,  mais  vain  et  in- 
trigant, se  fil  députer  par  les  Romains 
M-rs  Clément  VI  à  Avignon  ,  pour  per- 
suader ce  pape  de  revenir àRome.  Pétrar- 
que se  joignit  à  lui;  le  poète  présenta  au 
jiontifc  un  beau  poème  latin  ,  et  Gabrini 
l:ii  fit  une  barangue  éloquente.  Mais  ce- 
lui-ci d'un  génie  bien  plus  exalté  qtie  Pé- 
trarque, fit  du  parlement  qui  se  tint  à 
Uomc  pour  entendre  le  rapport  de  l'am- 
bassade d'Avignon,  une  vraie  faction  de 
r.)iij:irés  contre  la  puissance  pontificale, 
(.e  lils  audacieux  d'un  meunier,  et  pour 
(jui  la  diarge  de  notaire  avait  autrefois 
été  une  fortune  ,  persuada  aux  Romains 
de  rétablir  rancicnne  dignité  de  tribun 
du  peuple  et  s'y  fit  nommer  par  acclama- 
tion. 11  les  flatta  de  l'espoir  cbimériquc 
de  rétablir  Rome  dans  son  antique  splen- 
deur, d'en  étendre  de  nouveau  la  domi- 
nation sur  tout  l'univers,  et  déclara  que 
l'empire  et  l'élection  de  l'empereur  ap- 
partenaient à  ce  peuple  roi .  citant  devant 
Hii ,  pour  un  terme  fixe  ,  tous  les  princes 
qui  prétendaient  avoir  droit  à  l'empire  , 
ou  à  l'élection  de  l'empereur.  Il  exen;a 
'1  abord  une  justice  exacte,  poursuivit 
s..:i<  reUrlte  les  brigands  protégés  par  dif- 
f  Meurs,  et  prit  des  mesures  si 

ir  la   tianquillilé  publique, 
!  aller  partout  en  pleine  »iire- 
ic,  la  iiuU  auÂfti  bien  que  le  jour.  Biciitùt 


21)9  G.. m 

il  se  renlit  irniverselleuicul  oJietix  par 
son  insolence,  son  avarice  et  sa  cruauté. 
Il  fiit  chassé  de  Rome,  erra  quel(|ue  temps 
fugitif,  et  tomba  nu  pouvoir  du  pape, 
qui  le  fit  emprisonner  à  Avignon  ,  où  il 
demeura  dans  les  fers  jusqu'à  la  mort  de 
Cléu>eut  VI.  Le  jmpe  suivant  l'en  tira  ,  et 
le  renvoya  comme  sénateur  à  Rome ,  dam 
l'espérance  de  s'en  servir  avec  avanlag» 
roiiire  unsfcond  tyran,  nommé  Baronrùt- 
li.  (jui  fut  nîis  en  pièces  parle  peujile. 
Au  bout  de  k  mois ,  Ricn^.i  eut  le  mèm3 
sort  le  S  octobre  Mo'»  pour  s'être  aban- 
donné de  nouveau  à  l'injustice  .  aux  exac- 
tions et  aux  violences  de  tout  genre. 
a  Tous  ces  désordres,  dit  un  historien, 
»  et  tant  d'autres  qui  affligèrent  la  capi- 
»  talc  du  monde  chrétien  ,  furent  l'effil 
»  de  la  résolution  funeste  qui  transporl.i 
»  la  résidence  papale  à  Avignon.  G^inmo 
»  si  les  maux  qui  en  résultèrent  pour  l'E- 
»  glise  n'étaient  pas  suffisans  pour  punir 
»  ce: te  imprudence,  et  pour  avenir  les 
»  papes  de  retourner  dans  leur  siégj .  il 
»  fallut  que  Rome  fut  en  proie  aux  factions 
»  et  à  la  plus  désolante  anarchie.  »  L'/Ii.s- 
toire  de  Gabrini -a  été  écrite  en  italien 
par  Thomas  Fortiliocca,  auteur  contem- 
porain. Nous  en  avons  une  en  français, 
curieuse  et  bien  écrite  ,  par  le  jicre  du 
Cerceau ,  jésuite  .  avec  des  additions  cl  des 
noies  du  ])ère  Brumoi ,  de  la  même  socié- 
té. Cette  Histoire  a  été  imprimée  à  Paris, 
en  1753,  in-12,  sous  le  litre  do  Conjura^ 
lions  de  !\'icolas  Gabrini  ,  dit  de  liienzit 
tyran  de  Rome  .  en  lô47. 

•  r.ARRIM  (  Tiio>ias-Map.ik  ) ,  général 
de  l'ordre  des  clercs-mineurs  réguliers, 
né  en  1736  à  Rome  prétendait  descendre 
de  Nicolas  Gabrini  plus  comui  sous  le 
nom  de  llienzi  dont  il  est  question  dans 
l'article  précédent.  Entre  dans  l'ordre  des 
clercs-mineurs,  il  professa  pendant  quel- 
que temps  avec  succès  à  Pesaro,  cl  revint 
ensuite  n  Rome  où  il  remplit  nue  chairo 
de  philosophie.  Il  fui  ensuite  charge 
d'une  cure  qu'il  gouverna  pendant  27  ans. 
Gabrini  mérita  par  ses  talens  et  ses  vertus 
d'être  élevé  à  la  dignité  de  ({énéral  de 
son  ordre.  C'était  un  philologue  très  sa- 
vant et  un  des  meilleurs  hellénistes  de 
«ju  temps.  Il  fit  paraître  un  grand  nom- 
bre de  dis.i£rtations  sur  l'histoire  du  tri- 
bun Ricnzi.  On  a  en  outre  de  lui  plusieurs 
vicmoires  ou  Icttrfs.  imprimés  soi*,  sépa- 
rément ou  dans  >'  ••-  ■  'îvcrses 
académies,  un  ou  u  in- 
titulé \i\  scnuiinc  ;e  1res 
réjtandu .  cl  sa  Ji^strlulivn  tuf  la  20* 


GAB 

proposition  du  i"  livre  cV  Euclide,  Pcsaro, 
47;);2  ,  iii-8".  Il  a  laissé  des  manuscrits  sur 
l'antiquité  sacrée,  ctilre autres,  une  dis- 
sertation curieuse  sur  la  population  des 
antipodes  avant  le  déluge.  Le  Père  Gabri- 
ni  est  mort  à  Rome  le  16  novembre  4807. 
•  GABUÏ.\0  (Augustin),  fanatique 
italien  ,  ne  à  Brescia  vers  le  milieu  du 
17'  siècle,  s'annonça  comme  le  monar- 
que de  la  Sainte-Trinité ,  prince  du  sep- 
tennaire  ,  chef  suprême  de  tous  les  nom- 
bres mystérieux ,  délé(ïué  de  Dieu  pour 
sauver  l'Eglise  catholique  de  l'invasion  de 
l'anlechrist,  dont  le  règne  était  prochain, 
et  qui  devait  soumettre  le  monde  à  sa 
puissance.  Il  réunit  une  troupe  d'imbé- 
ciles ,  la  plupart  artisans ,  au  nombre 
d'environ  80,  leur  donna  le  titre  de  che- 
valiers de  l'Apocalypse,  avec  des  armoi- 
ries qui  consistaient  en  une  étoile  flam- 
boyante environnée  des  noms  des  archan- 
ges Raphaël ,  Michel,  Gabriel,  un  bâton 
de  commandeur  et  une  épée  en  sautoir. 
Le  dimanche  des  Rameaux  de  l'an  1694 , 
Gabrino  entra  dans  une  église  de  Brescia 
et  fondit  sur  les  prêtres  qui  y  célébraient 
le  service  divin;  mais  il  fut  arrêté,  mis 
en  prison  comme  aliéné,  et  sa  secte  dis- 
j)arut  avec  lui. 

GABUllEÏ  (  Nicoi-AS  ),  chirurgien  du 
roi  Louis  XIII ,  ne  se  rendit  pas  moins 
recommandable  par  la  candeur  de  ses 
mœurs,  que  par  sou  habileté  dans  sa  pro- 
fession. Lorsqu'on  fut  obligé  de  préparer 
des  lieux  pour  y  recevoir  ceux  qui  étaient 
tittaqués  de  la  peste  ,  Gaburet  fut  nommé 
en  1621  pour  les  gouverner.  Cet  emploi 
offrit  une  ample  matière  au  zèle  du  chi- 
rurgien. Il  se  comporta  dans  ses  fonctions 
presque  autant  en  missionnaire  éclairé, 
<pii  cherche  à  guérir  les  âmes,  qu'en  chi- 
rurgien expérimejilé  ,  qui  donne  son  ap- 
plication à  la  guerison  des  corps.  Il  mou- 
rut en  1602 ,  dans  un  âge  assez  avancé. 
*GABY  (  Je.vx-B.vptiste),  cordelier  ob- 
servantin  et  missionnaire  ,  né  vers  1  640 
était  supérieur  dans  le  couvent  de  Loches 
et  fit  en  1686  un  voyage  au  Sénégal ,  où 
il  opéra  plusieurs  conversions.  Il  publia 
à  son  retour  en  France  une  Relation  de 
la  Nigrilie ,  contenant  une  exacte  des- 
cription de  ses  royaumes ,  avec  la  décou- 
verte de  la  rivière  du  Sénégal ,  etc.  ,  Paris 
1689,  in-12.  L'auteur  faitdériver  ce  fleuve 
du  lac  de  Borno,  et  non  du  Nil,  comme 
le  prétendaient  plusieurs  géographes. 
Mais  de  nouvelles  découvertes  ont  prouvé 
que  ces  deux  fleuves  ont  leurs  sources 
dans  la  même  chaîne  de  montagnes.  Quoi- 


00  GAD 

que  la  relation  du  Père  Gaby  soit  très 
concise,  on  y  trouve  des  détails  inlércs- 
sans  sur  la  religion ,  les  mœurs  et  les 
usages  des  nègres.  Il  est  mort  vers  1710. 
GACOiV  (  François  )  ,  fils  d'un  négo- 
ciant de  Lyon,  né  en  1G07,  d'abord  Père 
de  l'Oratoire,  sortit  de  cette  congrégation 
pour  se  livrer  à  la  poésie.  Il  avait  de  la 
facilité  ;  ow  dit  même  que  Regnard  l'em- 
ployait, lorsqu'il  était  pressé, à  mettre  en 
vers  quelques  scènes  de  ses  comédies  ;  mais 
cette  facilité  lui  fut  funeste  :  il  s'en  servit 
pour  se  laisser  aller  à  son  humeur  sati- 
rique. Il  y  a  quelquefois  d'assez  bonnes 
choses  dans  ses  satires,  mais  encore  plus 
de  mauvaises.  La  plupart  ne  regardent 
que  de  petits  auteurs  ,  obscurs  dans  leur 
temps  même ,  aujourd'hui  entièrement 
inconnus.  Ses  principaux  écrits  sont  : 
I  Le  poète  sans  fard,  ou  Discours  sati- 
rique sur  toutes  sortes  de  sujets ,  2  vol. 
in-12,  1696.  Quelques  mois  de  prison  fu- 
rent le  prix  des  traits  de  satire  dont  cet 
ouvrage,  d'ailleurs  assez  médiocre,  est 
parsemé.  |  Une  traduction  d'Jnacréofi  en 
vers  français ,  1712 ,  2  vol.  in-12.  Gacon 
commenta  le  poète  grec  àsa  façon.  Il  noya 
le  texte  dans  de  prétendues  anecdotes 
sur  son  auteur ,  et  dans  une  foule  de  ré- 
flexions satiriques ,  où  il  s'attacha  moins 
à  expliquer  son  original ,  qu'à  lancer  quel- 
ques traits  contres  des  gens  qu'il  n'aimait 
pas.  }  L'anti- Rousseau ,  ou  Histoire  sati- 
rique de  la  vie  et  des  ouvrages  de  Rous- 
seau ;  en  vers  et  en  prose ,  par  M.  F. 
Gacon.  C'est  un  gros  vol.  in-12,  com- 
posé de  rondeaux  et  de  réflexions  sati- 
riques. Rousseau  se  vengea  de  ce  libelle, 
par  plusieurs  épigramme*  pleines  du  sel 
le  plus  piquant.]  V Homère  vengé ,  in-12, 
contre  La  Motte  ;  |  Les  fables  de  L^amotte 
traduites  en  vers  français  au  café  du  Par- 
nasse. in-S".  De  toutes  les  plaisanteries  de 
Gacon,  c'est  la  moins  mauvaise.  |  Plu- 
sieurs Brevets  de  la  calotte ,  dans  les 
Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  de  cette 
turpitude,  1752,  4  vol.  ui-12.  |  Plus  da 
200  inscriptions  en  vers,  pour  les  por- 
traits gravés  par  des  Rochers....  Gacon 
reprit  Ihabit  ecclésiastique  sur  la  fin  de 
ses  jours.  Il  eut  le  prieuré  de  Raillon , 
près  Beaumont  sur  Oise,  où  il  mourut  ea 
172.^  ,  âgé  de  58  ans.  Son  style  est  lâche, 
lourd  et  diffus  en  prose ,  dur  et  rampant 
en  vers.  Il  remporta  pourtant  le  prix  de 
l'académie  française  en  1717  ;  mais  beau- 
coup d'auteurs  médiocres  ont  eu  cet  hon- 
neur. 
GAD,  T  fils  de-  Jacob  par  Zelpha,  mv- 


GAD 


301 


GAE 


quil  l"an  IT.")'»  avant  J.-C  ,  cl  fut  chef 
d'une  tribu  de  sou  nom,  (|iii  produisit  do 
vaillans  hommes.  Ses  ciifans  .sortirent 
d'Ejryptc  .  au  nombre  de  /iU.GIiO  ,  tous  en 
ftgc  tic  porter  les  armes. 

CiAD,  prophète  que  David,  persécute 
par  Saiil,  ronsidta  pour  savoir  s'il  devait 
sVnfermcr  dans  urje  forteresse.  Le  pro- 
phète l'en  dissuada.  Il  tiffrit,  par  l'ordre  de 
Dieu  à  David,  le  choix  de  la  famine,  de 
la  {juerre  ou  de  la  i)esle,  pour  punir  ce 
prince  de  ce  que  par  vanité  et  inaljjré  sa 
défense,  il  avait  fait  faire  le  dénombre- 
ment du  peuple.  David  ayant  choisi  la 
peste.  Gad  lui  conseilla  d'offrir  un  sacri- 
lice  à  Dieu  pour  apaiser  sa  colère. 

GVDDI-GAnDQ  (A-sge),  peintre  flo- 
rentin .  né  en  l'iôO  mort  en  1512  .  à  73  ans  , 
excella  dans  la  peinture  à  la  mosa'i'quc.  Sfs 
ouvra{7es  sont  répandus  dans  plusieurs 
villes  d'Italie,  et  surtout  à  Iloujc  cl  à  Flo- 
rence. 11  n'avait  point  d'égal  de  son  temps 
])Our  le  dessin.  Gaddi  s'occupa  à  tm  genre 
.le  travail  assez,  sinijulicr.  Il  faisait  peindre 
des  coquilles  tl'œuf  on  diverses  couleurs  . 
et  les  employait  ensuite  avec  beaucoup  de 
patience  et  d'art  pour  représenter  diffé- 
rens  sujets. 

nVDDI  (Taoeo),  fils  du  précédent, 
élève  du  Giolto  .  boa  peintre,  bon  arclii- 
Ijcte.  né  en  17)00.  mourut  en  1552,  àfjé 
de  J>2  ans.  C'est  sur  ses  dessins  que  fut 
construit  un  des  ponts  qu'on  voit  à  Flo- 
rence ,  appelé  Ponte  l''ecchio.  Il  fut  em- 
jiloyé  aussi  dans  la  même  ville  à  terminer 
la  construction  de  la  tour  de  Santa  Maria 
del  Fiore .  commencée  par  le  Giolto.  Il 
reste  aussi  de  ce  mailre  quelques  pein- 
tures. Il  .s'attachait  surtout  à  bien  expri- 
mer les  passions  .  et  il  n'a  pas  mal  réussi. 
();j  .emarquail  aussi  beaucoup  de  génie 
(';.ms  sa  romposilion. 

GADEBL'.SCII  (  Fp.ÉDÉnic-Co\r.AD  ), 
écrivain  allemand,  né  le  29  janvier  1719 
dans  l'ile  de  Rugcn ,  fut  d'abord  chargé  de 
fonctions  subalternes  dans  la  magistrature. 
f.at!icrine  II  l'appela  ensuite  à  faire  partie 
de  la  conjmission  légi.slstive  instituée 
par  clic  à  Moscou  ,  dans  l'intention  de 
reformer  les  lois  de  la  Russie.  De  rc- 
lîjur  en  Suède,  il  devint,  peu  de  temps 
a;)rès,  membre  du  consistoire  et  chef  de  la 
jjsticede  la  ville  de  Dorpat  ,où  il  mourut 
I'.;  8  juillet  1788.  Il  a  laisse  un  grand  nom- 
bre d'ouvrages  maimscrits  et  imprimes  : 
parmi  ces  derniers  on  remarque  :  |  Mé- 
moire sur  /i'5  historiens  de  la  Livonie . 
Ili;,'a.  1772.  in-8";  |  Essai  sur  la  vie  dn 
comte  de  Fermor^  Reval ,  1773,  in-8°; 


I  Ilihliothèque  livoniriuie  par  ortùe  al- 
phah.Uiqne.  Riga,  1777.  3  vol.  in-8";  ]  Es- 
sais sur  l  histoire  et  ta  jurisprudence  fia 
la  Livonic  .  9  livraisons  in-S",  Riga.  1779 
à  1785;  I  .Innalrs  livoniennr.i  ilrpuii  lOTïO 
jusqu'en  1761 ,  8  vol.  in-8°,  Rif;i .  «780-83. 
Tous  ces  ouvrages  sont  ccriu  en  alle- 
mand. 

GADROIS  (Ci-AunE  ) ,  parisien  ,  mou- 
rut en  1678  ,  à  la  fleur  de  son  âge  .  car  à 
peine  avait-il  56  ans.  11  était  ami  du  doc- 
teur Arnauld.  Basin,  maître  des  rcfiuélcs, 
et  intendant  de  l'armée  d'Allemagne,  la 
prit  auprès  de  lui  en  ({ualitc  de  secrétaire, 
cl  lui  doima  deux  ans  après  la  direction 
de  riiopilal  de  l'armée  établi  à  Melz. 
Gadrois,  en  visitant  les  soldats  cl  les  ofii- 
ciers  malades,  contracta  une  ma!adi« 
dont  il  mourut.  On  a  de  lui  plusieurs  ou- 
vrages de  philoso[)iiie  :  les  pluî  connus 
sont  un  petit  Traité  sur  l'inflnrncn  dt:s 
astres ,  in-12,  et  un  Système  du  mond  . 
1675  ,  in-12.  Ses  écrits  ne  sont  plus  guèrr 
consultés,  parce  que  C''idrol;",«élail  pas- 
sionné pour  la  philosophie  de  Descartes;  et 
que  cet  te  philosophie,  fruit  de  l'imagina  tior> 
de  son  inventeur,  plutôt  que  de  l'étude  (' 
la  nature,  n'est  plus  regardée  que  co'niiit 
im  vieux  roman  péniblen>cnt  imaujiné  et 
dénué  de  vraisemblance. 

•  GAEUT.VER  (CiiAKLES-CnRiSTiA;«  ). 
conseiller  de  cour  de  Brunswick,  né  en 
1712,  à  Frcybcrg,  petite  ville  de  l'Erzge- 
biigc  (Saxe)  ,  où  son  père  était  maître 
de  poste  et  négociant,  termina  ses  éttidcs 
à  l'université  de  Leipsick.  Il  publia  dans 
le  journal  intilulé  Les  uniuscinens  de  la 
raison  et  de  V esprit ,  ses  premiers  essais 
poétiques ,  qui  lui  valurent  les  bonne» 
grâces  du  fameux  arislarque  Gollsched, 
sous  la  direction  duquel  il  traduisit  en- 
suite une  grande  parlie-4.1u  diciioimaii' 
de  Bayle  et  quebiues  volumes  de  l'histoiri' 
de  Rollin.  Plus  tard  il  s'associa  cepen- 
dant à  plusieurs  écrivains  qui  s'étaient 
réunis  pour  combattre  l'école  dont  Golt- 
schcd était  le  chef.  Ceux-ci  fondèrent  à  cet 
effet  un  recueil  périodique  sous  le  titre  d'- 
Nouveaux  amusemens  de  la  raison  et  da 
l'esprit,  et  les  premiers  écrivains  do  l'é- 
poque, tels  que  Klopslock ,  Gellcrt,  K.  A. 
Schmit,  etc.  s'empressèrent  d'y  cnvoy.r 
des  articles.  En  1745,  Gacrlner  accomju- 
gna,  en  qualité  de  gouverneur,  deux  jeu- 
nes comtes  à  Brunswick.  Il  y  oblinl  unu 
chaire  d'éloquence  latine  (  î  ' 
raie  au  collège  Carolin.  cl  la 
qu'à  sa  mort  arrivée  le  14  f 
Outre  le» articles  de  critique  et  Ir»  puvstos 
26 


GAE  5 

fngilives  que  Gaertner  a  fait  insérer  dans 
des  écrits  périodiques,  on  a  de  lui  trois 
recueils  de  Discours ,  de  Poésies  et  de 
Pièces  de  théâtre  ^  qu'il  a  successivement 
publiés  de  1761  à  1790  ,  à  Brunswick. 

*  GAERTiXER  (Joseph)  ,  un  des  plus 
célèbres  botanistes  allemands,  du  siècle 
dernier,  naquit  à  Calw  ,  dans  le  duché 
de  Wurtemberg,  le  12  mars  1752,  et  étu- 
dia d'abord  pour  l'élat  ecclésiastique  ,  puis 
pour  le  barreau,  et  enfin  pour  la  méde- 
cine. Il  suivit  pendant  deux  ans  les  cours 
rie  Haller  à  l'université  de  Gœtlingue  ,  et 
se  lit  rccevoii-  docteur  en  1753.  Jaloux  de 
connaître  les  hommes  les  plus  distingués 
cl  les  i)lus  fameux  établissemens  scienti- 
fiques de  l'Europe  ,  il  parcourut  l'Italie  et 
la  France  et  dans  ses  courses,  il  s'occupa 
de  la  physique  expérimeritale  pour  la- 
quelle il  consîruisit  plusieurs  instrumens 
tels  qu'un  Iclescope,  un  microscope.  Nom- 
mé à  son  retour  ,  professeur  d'anatomie  à 
Tubingen\  il  se  rendit  ensuite  à  Saint- 
Pétersbou'i<3%  où  il  accepta  la  chaire  de 
botanique  et  la  direction  du  jardin  et  du 
cabinet  d'histoire  naturelle;  mais  le  climat 
étant  contraire  à  sa  santé,  il  quitta  la 
Russie  à  la  lin  de  l'été  de  1770 ,  povir  se 
fixer  dans  sa  ville  natale.  Peu  de  temps 
avant  son  départ ,  il  fit  avec  le  comte 
Orloff  un  voyage  dans  l'Ukraine  d'où  il 
rapporta  beaucoup  de  plantes  étrangères. 
Dès  lors  il  s'occupa  uniquement  de  son 
beau  travail  carpologique  qu'il  avait  com- 
inencé  sur  les  bords  de  la  Newa.  Dési- 
rant se  procurer  plusieurs  renseignemens 
qui  lui  manquaient  encore  pour  complé- 
ter son  ouvrage,  il  visita  l'Angleterre  et 
la  Hollande ,  et  remplit  le  but  de  son 
voyage  :  le  travail  trop  assidu  auquel  il 
s'était  livré ,  altéra  sa  constitution,  et  pen- 
dant 20  mois  il  s'environna  de  médecins 
et  de  remèdes  ;  mais  le  mal  empirait  tous 
les  jours.  Enfin  il  se  décida  à  laisser  agir 
la  nalure  ,  recouvra  la  vue  et  la  santé,  et 
acheva  en  2  ans  les  derniers  manuscrits 
de  son  1""  volume.  Il  avait  composé  le 
second  et  il  y  mettait  la  dernière  main, 
lorsqu'il  mourut  le  15  juillet  1791.  On  lui 
doit  :  I  De  fructibus  et  seminibus  plan- 
tarxim.  Stutlgard ,  1788,  et  Tubingen,  1791, 
2  vol.  in-/i.°,  ouvrage  très  estimé;  j  Car- 
yologia ,  seu  descriptiones  et  icônes  fruc- 
tuiirn  et  seminum  plantaruni ,  Leipsick, 
1803-7,  5  parties  en  un  vol.  in-i".  Cet  ou- 
vrage se  joint  souvent  au  précédent,  et 
alors  il  en  forme  Ip  tome  3.  Il  a  été  jugé 
par  l'académie  d:'3  sciences  de  Paris,  un 
descavr^jc?  les  plus  uliijs  qui  aient  paru 


02  GAE 

depuis  plusieurs  années.  |  Un  Mémoire 
sur  les  mollusques,  inséré  dans  les  Trans- 
actions philosophiques.  M.  Deleuze  a 
publié  dans  le  premier  volume  des  Ân^ 
nales  du  musée  d'histoire  naturelle ,  une 
notice  sur  la  vie  et  les  écrits  de  Gaertner. 
Le  docteurallemand  Jean-Chrétien-Daniel 
Schaeber  consacra  à  Gaertner  un  genre  do 
plantes  de  la  famille  de  malpiyhiacées . 
sous  le  nom  de  gaertnera. 

GAETAN  (saint),  né  à  Vicence  en  1480, 
d'une  famille  illustre,  protonotaire  apo- 
stolique participant ,  exerçait  celle  charge 
à  Rome ,  lorsqu'il  forma  le  dessein  d'insti- 
tuer un  nouvel  ordre  de  clercs-réguliers. 
Jean-Pierre  Caraffe, archevêque  de  Thcate 
ou  Chiéti ,  depuis  pape  sous  le  nom  de 
Paul  IV;  Boniface  Colli,  gentilhomme 
milanais,  et  Paul  de  Ghisleri  se  joignirent 
à  lui  pour  commencer  l'édifice.  Le  but  de 
la  nouvelle  fondation  était  principalement 
de  travailler  <à  inspirer  auxecclésiasfiques 
l'esprit  de  leur  état,  de  combattre  les  hé- 
résies renaissantes  de  toutes  paris  ;  et  sur- 
tout d'assister  les  malades  et  d'accompa- 
gner les  criminels  au  supplice.  Un  des 
points  de  cet  institut,  formé  pour  soulager 
les  misères  lunnaincs  ,  était  de  ne  point 
qiiéter  et  de  ne  rien  demander.  Les  (jualre 
fondateurs ,  Gaétan  à  la  tête ,  firent  leurs 
vœux  le  14  septembre  lo24,  dans  l'église 
de  Saint-Pierre  au  Vatican.  Le  pape  Clé- 
ment VII  avait  donné,  deux  mois  aupara- 
vant ,  une  bulle  approbative  de  cet  ordre 
de  clercs-réguliers,  appelés  Théatins . 
parce  que  Caraffe.  leur  premier  supérieur 
conserva  le  titre  d'archevêque  de  Théate. 
Gaétan  fut  supérieur  après  lui,  et  mourut 
sainîement  à  Naples  ,  en  1547,  dans  la  67* 
année  de  son  âge,  et  la  vingt-troisième  de 
la  fondation  de  son  ordre,  des  suites  do 
ses  austérités,  jointes  à  ses  travaux  con- 
tinuels. A  l'approche  de  son  dernier  mo- 
ment ,  les  médecins  lui  conseillant  de  re- 
noncer à  la  coutume  qu'il  avait  de  cou- 
cher sur  des  planches  :  «  Mon  Sauveur  est 
»  mort  sur  la  croix,  répondit-il,  laissez.- 
»  moi  du  moins  mourir  sur  la  cendre,  n 
Il  fut  béatifié  en  1629,  et  canonisé  par 
Clément  X,  en  1671  ;  mais  la  bulle  de  sa 
canonisation  ne  fut  publiée  qu'en  1G9I.  On 
garde  ses  reliques  dans  l'église  de  Saint- 
Paul  à  Naples.  Voyez  sa  Vie  ,  par  le  Père 
de  Tracy ,  1774  ,  in-12.  On  a  plusieurs  let- 
tres de  saint  Gaétan;  huit  sont  adressées 
à  Laura  Mignana ,  religieuse  augustine  do 
Brescia ,  morte  en  odeur  de  sainteté  en 
1525  Elles  ont  été  imprimées  dans  Vf/is- 
toire  du  m,onaslèrc  de  ces  religieuses,  en 


GAE  -( 

ITi'i.  ."-.  .  l.fS  autres  se  liouxoul  dans 
li'S  Mémoires  historii/tiei  sur  la  vie  ilu 
»aiiil.  par  lept-ru  Ziiiclli,  ini|>ri:iics  à  Ve- 
nise en  1753 ,  in-i-».  Le  feu  divin  doiil 
Captaii  était  enflauiuié,  se  luauifeste  clans 
SCS  Icllros.  L'obbé  de  Barrai,  vicaire  de 
Snint-Méry,  à  Paris  (  (jnil  ne  faut  pas 
confondre  avec  le  lexicotpaphe  janscnisle 
du  même  nom  )  .  a  donné  aussi  une  édi- 
tion de  ce«  Icllrcs  en  1785,  Paris,  1  vol, 
in-l-i,  avec  do  bonnes  notes.  C'est  doiu- 
niai;e  que  parini  res  lettres  il  s'en  soit 
plissé  fine  de  lu  fabritiue  du  sieur  Carrac- 
cioli,  ce  fameux  compositeur  des  lettres 
de  Canf/anelli, -Vvdllcur  aurait  dû  se  tenir 
en  garde  contre  une  telle  surprise.  Foyez 
le  Journal  liist.  et  litt.  15  juillet  1786 , 
p.  413.  . 

•  GAÉTAM  (  CÉSAinE  ,  comte  de  la 
JORRE  ),  né  à  Syracuse  en  1718,  d'une 
des  familles  les  i)lus  distinguées  de  celte 
ville,  s'adonna  de  bonne  beure  à  l'étude 
des  lanjjues  savantes,  et  se  livra  particu- 
lièrement à  des  recherclies  profondes  sur 
les  anticpiités  de  sa  ville  nalulc.  Il  lit  faire 
à  ses  frais  des  fouilles  nombreuses  et  il  dé- 
couvrit des  restes  de  l'ancien  lliéàlre,  de 
l'ancien  arsenal,  des  bains  ,  des  caves ,  et 
des  aqueducs  creusés  dans  la  pierre  vive, 
des  vases,  de  petites  statues  de  terre  cuite, 
des  médailles,  des  inscriptions,  des  dypli- 
ques.  etc.  G.iétani  s'occupait  aussi  de  pliysi- 
que,  de  pbilosopliie  morale,  de  littérature  ; 
il  expliqua  par  la  tht»orie  de  la  réflexion 
et  de  la  réfraction  de  la  lumière,  des  pbé- 
nomèncs  singuliers  qui  ont  lieu  de  temjis 
en  temps  auprès  du  lac  Naflia.  Le  comte 
Gaétani  exjjliqua  les  Oflice.s  de  Cicéron 
dans  une  chaire  publique.  Il  mourut  à 
Syracusedans  le  mois  d'août  1808,  laissant 
divers  ouvrages  dont  les  princi|)aux  sont  : 
!  Disserlazione  islorico-apolojetno-tii- 
tira  interno  aW  ori(jine  f  fondazione délia 
cfiiesa  di  Stjracusa,  Rome .  17/»8,  in-/t"  ; 
I  Opticarum  quœslionuin  dissertaliones , 
i.-iorm.,  1754,  in-4";  |  f'estigi  di  Syra- 
isa  antica  illustrati .  2  vol.  in-fol.  ma- 
nujcr.  ;  |  une  traduction  .  en  vers  italiens  , 
des  Odes  d'Anacri-on.  des  Idylles  et  des 
Epigrammesde  Thcocrite.de  Moschus  et 
de  Bien;  \  des  Dialogues  sacrés,  des  Eylo- 
gues  ,  et  autres  poésies  lyriques  et  musi- 
cales, qui  se  fciit  remarquer  par  l'éié- 
gance  de  la  diction  et  par  le  charme  de  la 
simplicité,  et  plusieurs  Mémoires  et  t)l>- 
'i'afions  sur  des  objets  d"anti<iuilé  in- 
I  es  dans  la  Collezione  di  Opuscoli  di 
(l'tfori  sicdiani,  qui  s'imprime  annucllc- 
r.icnl  à  Palcrmo- 


)■"  GAF 

'  <.  Vl.J  ■»\0(0(:îAvr.)  .  savaiii  jr^niio 
sicilien,  né  à  Syracuse  on  L'iMi ,  mort  A 
Païenne  en  1020 ,  fut  ndminislraleur  des 
collèges  de  Messine  et  de  Palerme  ,  et  di- 
recteur de  la  maison  professe  de  ccttedcr- 
nière  ville.  Il  donna,  pendant  toute  sa  vie, 
des  marques  d'une:  piété  fervente.  On  a 
d(!  lui  :  I  De  die  vatali  S.  IS'ympho'.  viryi- 
nis  et  martyn's  panonnitanœ .  Palerme, 
1610.  in-.t"  ;  |  Idca  o])eris  Sirulorum  sanc' 
torum  fauiave  sanctitalis  illuslrium.  Pa- 
lerme. 1617,  in-i"  ;  |  f'itœ  SS.  Siciiloru/n  ex 
antiquis  yrœcis,  latinisque  monument is. 
et  ut  plun'inum  ex  mnnuscriptis  codicib. 
nondum  edilis  colleclœ.  ibid.,  1057,  3  vol, 
in-fol.  ;  I  Isayo'je  ad  historiam  sacram  Si' 
cidani.  ibid.  1707,  m-k"  ;  |  Oraison  fuucor" 
de  Philippe  //.  roi  d'Espagne  (en  ilalicnj, 
1601  ,  1619,  :/  édition.— GAETANO  (Ai,- 
FoxsE  ),  frère  du  précédent,  jésuite  comme 
lui ,  né  à  Syracuse  en  1578 ,  mort  en  1647. 
a  laissé  une  Vie  de  François  Gaetano  de 
la  compagnie  de  Jésus  (en  italien)  ,  Pa- 
lerme, 1037,  Bologne,  1649,  traduite  eri 
latin  par  le  P.  T.  Bridoul,  Lille,  1641, 
in-S". 

GAFFAREL  (  Jacques),  né  en  1601 ,  à 
."Mannes,  village  de  Provence,  mort  à  Si* 
gonce ,  dans  le  diocèse  de  Sisteron.  en  1681 
à  80  ans  ,  fut  bibliothécaire  du  cardinal  de 
Richelieu.  Ce  ministre  l'envoya  en  Italie, 
pour  y  acheter  les  meilleurs  livres  impri« 
niés  et  manuscrits.  Gaffarel  en  rcvinlavec 
une  abondante  moisson.  Personne  n'a  pé- 
nétré plus  avant  que  lui  dans  les  sciences 
aussi  mystérieuses  que  vaines  des  rabbins 
et  dans  t«)utes  les  ridicules  manières  d'ex- 
pliquer l'Ecriture  dont  se  servent  les  ca- 
lialistes.  On  a  de  lui:  |  Curiosités  inoiùes. 
etc.,  qui  ont  été  traduites  en  latin  sous  co 
litre  :  Curiositates  inautiitte de  fiyuris  Per- 
sarum  talisntanicis ,  avec  des  notes  de 
Grégoire  rdichaélis,  Hambourg,  1676,  i 
vol.  in-l2  :  celte  édition  est  la  plus  esti- 
mée ,  l'auteur  y  n)ontre  l'abus  des  talis- 
mans; nïais  malade  lui-n»cme,  en  voulant 
guérir  les  autres,  il  leur  attribue  néan- 
moins quelques  vertus.  Cet  ouvrage  fut 
censuré  par  la  Sorbonnc.  |  ^bdita  cubain 
mysteria  defensa .  Paris,  1625,  in-i" 
I  Index codicum cabtlistorum  Mss.  quibu» 
usus  est  J.  Picus  Mirandulanus .  Paris . 
1051.  in^";  |Çu/r.  num  reti' 

gionis  dissidia.  p<  i  '«"«  prm- 

cipia.perantiquo^'  umonenta- 

lium  Uhros  riluales .  et  pcr  propria  fut- 
rcticorum  dogmata  conciliari  possintT 
in-k" ,  16,15.  On  dit  que  le  cardinal  de  Ki- 
chelieu  voulait   l'eniployer  à  réunir  les 


GAG 


304 


GAG 


protesUms  a  la  religion  catholique  :  ce  fut 
apparyinment  pour  ce  sujet  que  Gaffarel 
avait  fait  ce  traité,  où  il  y  a  quelques  vues 
singulières  et  beaucoup  d'excellentes  cho- 
ses ,  propres  à  ramener  les  hérétiques  qui 
seraient  dans  la  bonne  foi ,  et  qui  réflé- 
chiraient sérieusement  sur  leur  séparation 
d'avec   l'ancienne   église   des  chrétiens; 

I  Histoire  universelle  du  monde  souter- 
rain, contenant  la  description  des  plus 
beaux  antres  et  des  jHus  rares  grottes , 
voûtes,  cavernes  et  spélonques  de  la  terre. 

II  n'y  a  jamais  eu  que  le  prospectus  de  cet 
ouvrage  qui  ait  vu  le  jour  ;  et  il  est  de- 
venu rare.  L'axifeur  en  aurait  fait  un  mo- 
nument de  folie  et  dé  savoir.  Il  voulait  y 
traiter  les  matières  les  plus  singulières  et 
de  la  façon  la  plus  ridicule.  Entre  ses  mains 
toulse  métamorx)hosait  en  grottes. Gaffarel 
possédait  presque  toutes  les  langues  mor- 
tes et  vivantes.  On  ne  peut  lui  refuser  la 
gloire  de  l'érudition,  mais  il  aurait  pu 
charger  un  peumoins  samémoire,et  s'ap- 
pliquer davantage  à  redresser  son  esprit, 
trop  porté  au  singulier  et  au  bizarre. 

GAGE  (  TuoMis)  ,  irlandais  issu  d'une 
famille  distinguée  ,  fut  envoyé  en  1612  en 
Espagne  ,  pour  étudier  chez,  les  jésuites. 
II  était  au  monastère  de  Xérez,  en  Anda- 
lousie ,  lorsqu'il  fut  envoyé  en  162o  mis- 
sionnaire en  Amérique.  Il  acquit  de  gran- 
des richesses  dans  ses  missions,  apostasia 
et  se  réfugia  en  Angleterre.  Il  publia  en 
1651 ,  en  anglais  ,  une  Relation  curieuse 
des  Indes  Occidentales ,  que  Colbert  lit 
traduire  en  français.  Cette  version,  publiée 
en  2  vol.  in-12 ,  1676 ,  eut  autant  de  succès 
à  Paris,  malgré  plusieurs  retranchemens, 
que  l'original  en  avait  eu  à  Londres.  Gage 
était  le  premier  étranger  qui  eût  parlé 
avec  quelque  étendue  d'un  pays  dont  les 
Espagnols  défendent  l'entrée  à  toutes  les 
nations.  Voilà  ce  qui  donna  du  cours  à  ce 
Voyage  ,  qui  d'ailleurs  n'a  pas  un  grand 
mérite.  L'affectation  do  l'auteur  à  débiter 
de  petits  contes  sur  les  moines,  ses  an- 
ciens confrères  ;  ses  mauvaises  plaisante- 
ries sur  les  cérémonies  ecclésiastiques  ; 
la  haine  qu'il  fait  paraître  contre  les  Es- 
pagnols, ses  bienfaiteurs,  les  inutilités 
dans  le  style  et  dans  les  faits,  tout  cela 
a  indisposé  les  amis  de  la  vérité  et  les  gens 
de  goût  contre  l'auteur  et  contie  le  livre, 
dont  la  version  française  est  d'ailleurs  fort 
mal  écrite.  On  l'attribue  à  Baiilet.  Th. 
Gage  mourut  en  16o5  à  la  Jamaï<[ue. 

GAGES  (JEAX-BoMVVENTL'nE  DUMONT, 
comte  de),  né  le  27  décembre  1682  à  Mons 
en  liainaut,  embrassa  le  parti  des  armes, 


s'attacha  à  la  cause  de  Philippe  V,  et  en-, 
tra  dans  le  régiment  des  gardes  wallones. 
Sa  bravoure  et  son  intelligence  lui  mé- 
ritèrent un  avancement  rapide ,  et  il  servit 
en  qualité  de  lieutenant-général  dans  l'ex- 
pédition de  rile  de  Minorque.en  1740, 
sous  les  ordres  du  comte  de  Glimes.  Vers 
la  lin  de  septembre  1742 ,  ayant  pris  le 
commandement  de  l'armée  espagnole, 
forte  de  18,000  hommes ,  il  s'avança  vers 
la  Lombardie;  et  à  la  journée  de  Campo- 
Santo,  il  enleva  aux  Autrichiens,  quoique 
bien  supérieurs  en  nombre  ,  4  pièces  de 
canons,  plusieurs  drapeaux  et  étendards, 
180  chariots  de  blé ,  et  fit  400  prisonniers. 
Celte  campagne  de  1743  et  celle  de  1744 , 
lui  firent  le  plus  grand  honneur.  Quoique 
harcelé  par  des  forces  supérieurs ,  il  sut 
se  maintenir  dans  ses  positions  ,  et  lors- 
qu'il eut  reçu  des  renforts,  prenant  à  son 
tour  l'offensive,  il  s'empara  de  Nocera, 
Lodi,  Alexandrie,  etc.,  et  força  le  prince 
de  Lichtenstein  ,  commandant  de  l'armée 
autrichienne,  à  se  replier  derrière  la  Sec- 
chia,  après  s'être  emparé  de  Milan  le  19 
décembre  1743.  L'infant  don  Philippe , 
qui  avait  pris  le  commandement  en  chef 
de  l'armée,  ayant  repassé  le  Pô ,  de  Gages 
perdit  le  fruit  de  la  victoire.  Mais  il  no 
montra  jamais  autant  d'habileté  que  dans 
la  savante  retraite  qu'il  exécuta  apiès  la 
perle  de  la  bataille  de  Campo-Freddo  ,  et 
surtout  à  la  journée  du  10  août,  après  le 
passage  du  Tidon  ,  où  il  repoussa  le  mar- 
quis de  Botta  avec  perte  de  0,000  liommes. 
Il  avait  reçu  de  Philippe  V  le  collier  do 
la  Toison-d'Or.  Après  la  mort  de  ce  prince 
en  1746,  le  comte  de  Gages  remit  le  com- 
mandement de  l'armée  au  marquis  de  laî 
Minas  ,  et  revint  à  Madrid  ,  où  le  roi  Fer- 
dinand lui  conféra  les  commanderies  de 
Vittoria  et  de  Pozuelo ,  la  première,  de 
l'ordre  de  Saint-Jacques ,  la  seconde  ,  de 
celui  de  Calatrava.  En  1748  ,  on  lui  offrit 
encore  le  commandement  des  armées  es- 
pagnoles en  Italie  ,  mais  son  grand  âge  et 
ses  infirmités  le  forcèrent  à  refuser.  Nom- 
mé alors  gouverneur  et  capitaine  général 
de  la  Navarre  ,  il  s'occupa  du  bien  de  la 
province  ,  et  fit  tracer  les  belles  routes  qui 
la  traversent.  Le  comte  de  Gages  mourut 
à  Pampelune  le  51  janvier  1733.  Le  roi 
Charles  III  lui  fit  élever  en  1768,  dans 
l'église  des  capucins  de  cette  ville  ,  un  su- 
perbe monument  pour  lequel  il  composa 
lui-même  une  épilaphc. 

GAGLI.VUDI  (  Paul  ) ,  né  à  Brescia  en 
1695,  fut  chanoine  de  la  cathédrale  de  cette 
ville.  Il  s'app.'iqua  avec  ardeur  à  la  ra- 


CAO 

cImi  i  rr  ta-  tout  rc  qui  po.iv.ui  vcrxirj'i 
rhisloirc  do  sa  patiio.  Son  t-rtrlilion  le 
iiMiilll  (•«■"lèbriMlaiis  loutcrilalic.  Plusiciiis 
vans  le  cilciU  avec  rloijc.  t'I  Fonlaiiiiii 
sirait  tju'il  lioniiM  une  édition  dos  .!/<•- 
i/»o/7r/i/rsri«///Ml  Oiiavio  Rossi. le  croyant 
jilus  propre  que  personne  à  le  faire  avec 
Fuc«ès.  Paul  <>;i(;liardi  ujoiirul  à  Bresiia 
«11  17  «'J.  Il  a  laissé  :  |  Oratiu  pro  advcntu 
J.-F.  liai-bodict  mi  episcojmfuin  Brixta- 
Ti/r  j:rclcsi{e.\vn\se  ,  1715,  in-ltJ  ;  |  Pa- 
trre  intorno  alltintico  stafo  (le  ctnouiaui 
rJ  ai  loro  co/i/îni .  Padoue,  17'i.'i,  in-8".  Cel 
ouvrage  a  t'ié  réiiupriuié  dans  les  Memorie 
tstorico-criticite  intorno  alCantico  statn 
lie'  cenomani .  deSaniluico,  Brcscia  ,  17')0, 
in-fol.  I  Los  Or.nvrcs  de  saint  Pliilastre  et 
de  saint  (iaudence,  évoques  de  Brescia, 
au  4*  siècle,  Brescia,  1758,  in-V.  11  a 
placé  à  la  tète  de  l'édition  la  f-^ie  des  deux 
saints  évèques  ,  et  une  Rt-futalion  .  faite 
avec  autant  de  force  (jue  de  sajacilé .  de 
lu  critique  trop  sévère  que  Diipin  avait 
faite  do  leurs  écrits  ;  |  Sancli  Gaudenlii 
sermoiwi .  cnin  opusnilis  Rarnperli  et 
Aiielmanni  lirixiœ  episcoporv.m  .  avec 
des  notes  .  Padoue.  1710,  in-4"  ;  |  des  Notes 
remplies  d'érudition  sur  la  liste  des  évé- 
(jues  do  Brescia.  publiée  dans  Vltalia  sa- 
cra dl;;lu'lli.  Ces  notes  ont  été  insérées 
à  la  suite  de  la  liste  dans  la  dcuxièn>e 
vdilion  de  l'ouvrafye. 

•  r.  \r.  I.l  VIIDO  ou  GAGLIARDI 
f  Ar.un.i.E},  jésuite,  né  à  Padoue  en  l.*)."57, 
professa  à  25  ans  la  morale  et  la  philoso- 
phie à  Rome,  la  théolo^rie  à  Padoue  et  à 
Milan,  devint  successivement  directeur 
des  collées  de  Turin  ,  de  Milan  ,  de  Ve- 
nise et  de  Brescia,  et  mounit  à  Mo<Kne 
en  1007.  Il  laissa  :  |  un  catéchisme  en 
Ian<jue  italienne  .  Milan ,  1584 ,  xn-k"  ;  |  île 
Disiijjlina  hominis  intcrintis  ;  \  Coniprn- 
(iitim  christianœ  prrfeclionis  .  contincns 
praxitn  nnientli  animant  cum  Dco  ,  tra- 
duit en  latin  à  Vienne,  <G."»3;  (  des  Com- 
mentaires sur  les  écrits  de  saint  If/nare; 
î  Krf)lication  de  l'institut  de  la  société  de 
Jésus;  I  des  Méditations  pour  tous  les 
étals  ;  I  Différentes  manières  île  méditer 
en  récitant  le  rosaire. 

•GAG.VA  (GASPAno  ),  jésuite  italien, 
né  en  1086,  mort  à  Turin,  directeur  du 
rolléj'c  ,  en  175.0,  a  laissé  :  |  Lettere  il'Ku- 
</rnio  apoloyista  ad  un  collega  del  P.  I)a- 
nirllo  Concina  sulle  lUss/rtazioni  délia 
storia  drl  prol)alnlismo  e  del  ritjorismo 
del  ptutre  Saddefo  .  con  un  saggio  ili  av- 
verhmenti sopra  l'opéra  niedcsima  e  con- 
futaziwu  ,yi\u'i3c,  1745,  3  vol.  in-4*. 


50  rj  G\r, 

GAr.MEfl  (  h.w  ;.  nv  a  i'.uM,  vfr« 
l'an  l<;70,  d'abord  calliolique.  montra  dans 
la  suite  du  penchant  pour  h-;i  nouvelles 
erreurs;  atin  de  les  ])rofcsser  plus  libre* 
ment,  il  su  retira  en  Angleterre,  où  U 
acheva  ses  études  à  Ca,nl)rid(îc  et  à  Oxford. 
Il  s'appliqua  particulièrement  à  l'élude  des 
langues  orientales  ,  devint  professeur  «l'a- 
rabe h  Oxford,  et  y  mourut  le  2  mars  1740. 
Il  illustra  la  république  des  lettres  par  plu- 
sieurs ouvrages  pleins  de  ren«ar«pies  sa- 
vantes, accompagnées  d'une  crititiue  ju- 
dicieuse et  éclairée.  Les  plus  connus  sont  : 
I  f'i'e  de  Mahomet ,  traduite  et  compilée 
du  Coran,  des  traditions  authentiques  de 
l.i  Sonna,  et  do»  meilleurs  auteurs  arabes, 
Amsterdam,  1732,  2  vol.  in-lij,  réimpr, 
en  1748,  en  5  vol.  in-12  ,  dans  la  même 
ville;  mais  cette  réimpression  est  peu  es- 
timée. On  y  voit  une  partie  des  imperti- 
nences que  le  prophète  conquérant  don- 
nait pour  des  inspirations  divines.  Cel 
ouvrage  est  très  propre  à  réfuter  lapologie 
que  de  prétendus  pliilosoplies  ont  voulu 
faire  de  cet  imposteur.  |  Une  traduction 
latine  de  la  Géographie  d'Aboul-Féda  . 
Londres,  1752.  avec  l'arabe  à  coté  ,  in-fol.. 
et  avec  les  petits  géographes,  1712,  m-S"; 
I  une  autre  ,  aussi  latine  ,  du  livre  hébreu 
de  Joseph  lien-Gorion,  Oxford,  170G,  in- 
4°,  avec  des  notes  très  savantes;  j  f-'indi- 
cite  Kircheriana;.  0\foiii,  1718 ,  ii^fo!.; 
I  L'église  romaine  convaincue  d  idolâtrie 
et  d'anti-chrintianisnie  ^  la  Haye,  1700, 
in-8". 

GAGUIN  (  Robert),  20*  minisire  géné- 
ral de  l'ordre  de  la  rédemption  des  cap- 
tifs, né  à  Collines  petit  bourg  du  diocèse 
d'Arras,  situé  sur  la  Lys  aux  contins  de 
l'Artois ,  d'une  famille  assex  obscure,  se  lit 
icligicux,  et  entra  dans  un  couvent de^ 
Malluu-in3,  à  Provins  en  Champagne.  On 
lui  trouva  des  dispositions  qui  engagèrent 
ses  supérieurs  à  l'envoyer  à  Paii*.  11  lit 
ses  études  dans  runiveri>ité,  et  y  prit  bj 
bonnet  de  docteur.  Son  mérite  le  lit  par- 
venir au  généralal  de  son  ordre.  Une 
grande  connaiss;mce  des  houmies  et  une 
prudence  consouunée  lui  ar([uiient  utiu 
estime  universelle.  Il  passait  pour  l'hom- 
me de  son  siècle  qui  écrivait  le  mieux  en 
lutin  ,  jugeuuiit  qui  a  éprouvé  des  contra- 
dictions. Il  fut  employé  par  \i:%  rois  Char- 
les VIII  et  Louis  Xll,  dans  plmieuri  né- 
gociations aussi  imjMJrlnnlcs  qu'epimu- 
ses  ,  en  Italie  ,  en  Allema(ît»c .  en  Afi  ;1. - 
terre.  Ces  voyage»  allcrèntit  "vit.Tii''  i 
interrompirent  sesélud 
de  ics  and)as5ade>,  il  rc 


GAÎ  30 

el  ne  put  oblonir  du  roi  un  seul  regard 
pour  le  dédommager  de  ses  maux  et  de  ses 
peines.  «  Voilà,  dit-il ,  comme  la  cour  ré- 
»  compense  !  »  Il  mourut  à  Paris  en  1501 , 
avec  la  réputation  d'un  homme  sincère  et 
reconnaissant.  Il  n'abandonnait  pas  ses 
amis  dans  la  disgrâce.  Il  paraît ,  par  ses 
lettres  ,  qu'il  était  un  malade  un  peu  in- 
quiet, et  qu'il  redoutait  l)eaucoup  la  mort. 
Nous  avons  de  lui  plusieurs  ouvrages  en 
vers  et  en  prose.  Les  principaux  sont  : 
I  une  Flistoire  de  France  en  latin,  depuis 
Pharcmioiid  jusqu'à  Vannée  1499,  in-fol. 
Lyon,  lu2/i,  traduite  en  mauvais  français 
en  1514  j  par  Desrey.  Les  auteurs  des  dif- 
férentes Histoires  de  France  se  sont  servis 
de  celle  de  Gaguin  ,  non  pas  pour  les  pre- 
miers temps  de  la  monarchie  ,  qiie  l'histo- 
rien a  chargés  de  contes  fabuleux,  mais 
pour  les  événemens  dont  il  avait  été  té- 
moin. I  Chroniques  et  histoires  faites  et 
comjmsées  par  l'archevêque  Turpin  ,  tra- 
duites du  latin  en  français  ,  par  ordre  de 
Charles  VIII ,  1527  ,  en  lettres  gothiques  , 
in-4",  ou  Lyon,  1583,  in-8",  |  des  épitres 
curieuses,  des  harangues  et  des  poésies  en 
latin  ,  1498 ,  in-4°  ;  j  une  Histoire  romaijie, 
en  5  vol.  in-folio,  en  gothique,  recher- 
chée par  les  bihliomanes,etc.;  |  \\n  poèrtie 
latin  sur  la  Conception  immaculée  de  la 
Vici'ge  ^  imprimé  à  Paris  en  1497  :  il  y  a 
des  épisodes  et  des  expressions  peu  con- 
venables ;  mais  qu'il  ne  faut  pas  juger  ce- 
pendant sur  nos  idées  ,  ni  sur  la  fausse 
délicatesse  de  notre  langue  ,  qui ,  comme 
l'on  sait ,  est  en  raison  directe  de  la  cor- 
ruj)tion  des  mœurs. 

GAlCHiÉS  (  Jean  )  ,  né  à  Condom  en 
d647,  prêtre  de  l'Oratoire,  théologal  de 
Soissons  et  membre  de  l'académie  de  cette 
ville,  troubla  son  repos  parson  attachement 
aux  opinions  de  Jansénius  ;  il  fut  obligé 
par  son  évèque  Languet ,  de  se  démettre 
de  sa  théologale,  et  vint  se  fixer  à  Paris, 
où  il  mourut  dans  la  maison  des  Pèrss  de 
l'Oratoire,  rue  Saint-Honoré ,  en  1731,  à 
83  ans  et  demi.  L'abbé  de  Lavarde  a  pu- 
blié le  recueil  de  ses  OEuvres  en  1759  ,  in- 
12.  On  y  trouve  10  discours  académiques 
aussi  élégans  que  judicieux  ;  et  des  Maxi- 
uies  sur  le  7ninistère  de  la  chaire.  Cet 
ouvrage  (  attribué  d'abord  à  Massillon  qui 
le  désavoua  )  est  estimé,  tant  pour  la  so- 
,  lidiîé  des  préceptes,  que  pour  les  agré- 
mens  du  style. 

G.UGXKY  ou  GANAY  (  Jea\  de),  Ga- 
ynœus,  docteur  de  Sorbonne,  né  à  Paris, 
mort  en  1549,  fut  chancelier  de  l'univer- 
sité et  premier  aumônier  du  roi  Fraji- 


o  GAI 

çois  I".  On  a  de  lui  de  savans  Commen- 
taires sur  le  nouveau  Testament ,  oh  ij 
sens  littéral  est  développé  avec  beaucoup 
de  justesse.  On  les  trouve  dans  la  BH/ha 
magna  du  Père  de  La  Haye,  5  vol.  in-fo!. 
*  GAIL  (  Jeax-B.vptisïe),  professeur  de 
littérature  grecque  au  collège  de  France, 
conservateur  des  manuscriis  grecs  et  la- 
tins à  la  biJiliothèque  royale,  membre  de 
l'institut,  de  l'académie  de  Gœttingue  el 
d'un  grand  nombre  de  sociétés  savantes, 
un  des  hellénistes  les  plus  connus  et  les 
plus  laborieux  de  ce  siècle,  naquit  en  175G 
à  Paris,  de  parens  sans  fortune.  H  s'adonna 
debonne  heure  à  rinstructio.i.  fut  d'abord 
répétiteur  au  collège  dHarcourt  où,  selon 
l'usage  du  temps,  il  portait  le  petit  collet, 
ce  qui  le  fit  appeler  l'abbé  Gail  ^  quoi- 
qu'il ne  soit  jamais  entré  dans  les  ordres. 
Il  s'était  fait  connaître  depuis  plus  de  dix 
ans  par  des  traductions  el  des  éditions  d'au- 
teurs grecs,  lorsque  la  proscription  de  Vau- 
villiers  le  lit  nommer  professeur  de  groc 
au  collège  de  France  en  1792  ;  il  n'accepla 
cette  place  qu'^îu  déclarant  qu'il  ne  la  re- 
cevait que  comme  un  dépôt  etqu'il  était 
prêt  à  la  rendre  au  savant  exilé.  Gail  rem- 
plit cette  chaire  avec  distinction  jusqu'à 
sa  mort.  Indépendamment  de  ce  cours,  il 
en  faisait  encore  un  gratuit  de  la  même 
langue,  entièrement  élémentaire,  et  il  con- 
tribua beaucoup  à  faire  revivre  l'étude 
du  grec  à  l'époque  où  tous  les  moyens 
d'instruction  avaient  été  anéantis.  lia  con- 
tinué ce  cours  pendant  25  ans .  et  il  a  été 
suppléé  parson  fils  pendant  les  trois  der- 
nières années.  C'est  donc  au  zèle  de  ce 
professeur  qu'est  due  en  France  la  conser- 
vation de  l'élude  de  la  languegrecque,  jus- 
qu'au moment  où  elle  a  été  rélablic  da:i.s 
nos  écoles.  Il  répandit  un  grand  nombr  j 
d'éditions  de  petits  ouvrages  grecs  qu'il 
accompagnait  de  notes  très  utiles  aux  éle- 
vés. Chargé  par  le  gouvernement  de  don- 
ner une  édition  de  Xénophon ,  il  fit  pa- 
raître ce  grand  ouvrage  avec  une  traduc- 
tion française  en  10  vol.  in-4°  :  et  pu- 
blia à  ses  propres  frais  son- Thucydide  en 
()  vol.  ^1-4",  collalionné  sur  13  manuscrits 
dont  les  variantes  enrichissent  cette  édi- 
tion. Ses  traductions  d'Anacréon  et  do 
Théocrite,  ses  textes  do  Théocrite  et  d'Hé- 
rodote, ses  travaux  sur  la  géographie  (!e 
cet  historien  ,  ses  éditions  de  Musée  ,  da 
Lucien  ,  des  fabulistes ,  son  Philologue , 
dont  il  publia  successivement  22  volumes, 
indicjuent  assez  quels  furent  sa  constance 
et  son  zèle-  Gail  composa  pour  les  jeunes 
gens  luie  grammaire  grecque  meilleure 


G  AT  507 

que riMIos qu'on  avait  failcsavanllasifniic 
(ii<»>is  ne  parlons  pas  «le  celle  de  l'orl- 
Hoy.il.  qui  n'est  pas  à  la  portée  tlos  coin- 
uie  içans,  et  qui  a  eu  le  mérite  de  préparer 
colles  qui  ont  été  coiuposéca  depuis).  Gail 
est  mort  à  Paris  au  mois  de  février  iS'iO. 
»  7*»  ans  et  demi.  Il  rerut  de  Ixjuis  XVIII, 
m  ISH,  la  décoration  delà  légion  dlion- 
n-.-iir.  et  avait  reyu  la  croix  de  St.-Wladi- 
niir  on  I80'J  de  l'empereur  de  Russie  à  qui 
il  avait  fait  liommaije  d'ua  de  ses  ouvra- 
i;es.  Celte  même  nimée,  il  fut  re<;u  mem- 
bre de  l'institut.  A  la  mari  de  M.  Laporle- 
Dulhoil,  Gail  fut  nommé  conservateur 
lUs  manuscrits  ^recs  et  latins  de  la  biblio- 
llieque  royale.  Ou  a  de  lui  :  |  Grninuinirc 
<jrfcque.\y  édition  ,  Paris.  Delalaiu,  1818. 
iu-S".  La  i)remière  édiUon  de  celte  yram- 
uiaire  avait  été  puliliéeen  I7*.»'J.  —  Supplé- 
ment à  la  grammaire  grecque  ,  ou  Idio- 
tismes  de  la  Uinijnc  grccqu.".  suivie  d'ob- 
servations pdreasèes  à  M.  Hcrinnnn , 
Paris,  Delalain,  1812,  in-8".  M.  Gail  relève 
dans  ce  sup\)lcment  les  contre-sens,  les 
solécismes  et  les  barbarismes  qui  four- 
millaient dans  un  ouvrajje  qtii  avait  paru 
antérieurejuciit  sous  le  même  litre. J-Z/tc- 
yé  de  la  grammaire  grecque ,  Paris  ,  le 
même.  1813,  in-12,  réimprimé  en  I8U, 
1820,  18'i2.  I  Introduction  au  cours  grec 
ou  nouveau  Choix  de  fables  WKsopcdi- 
visées  en  quatre  parties,  accomjiaynées 
de  notes  grammatictles,  où  souvent  l'on 
compare  entre  elles  les  lan^j^cs  ffrec<iue, 
française  et  latine,  et  suivies  |  d'un  Ile- 
rueil  de  jnols  français  dérivés  du  grec, 
et  des  fables  d'Esope,  imitées  par  Phèdre 
et  La  Fontaine;  \  d'un  index  des  notes 
les  plus  utiles,  o^  édition,  Paris,  Delalain, 
1812,  1822.  in-12.  |  Cours  de  langue  grec- 
que ^  ou  extraits  de  diffère ns  auteurs, 
avec  traduction  interlinéaire  en  latin  et  en 
français.  Paris,  17'J7,  2  vol.  in-8";  |  Dis- 
sertation contenant  les  observations  {'^ sur 
le  duel  des  Grecs  ;  2"  sur  les  seconds  aoris- 
tes et  les  secomis  futurs,  etc.  Paris  ,  De- 
blain,  ISI^t  ,  in-12.  Cette  dissertation  a 
été  imprimée  aus'^i  111-8"  ,  à  120  exem- 
plaires; à  la  suite  de  ces  derniers  exem- 
plaires l'auteur  a  joint  lui  autre  de  ses  écrits 
intilulé  :  J.  It.  Gail  à  M.  Hast.  \  Essai 
iur  l'effet,  le  sens,  la  valeur  des  désinen- 
ces grecques  ,  latines  ,  françaises,  et  sur 
divers  points  fie  grammaire,  1808  ,  iu-8"  ; 
Essai  sur  les  prépositions  grecques  ou 
IS'ouvcau  supplément  à  la  grammaire 
grecque.  Paris,  Gail  neveu,  1821,  182S. 
in-8".  Ce  vohuTïe  fait  aussi  partie  du  2' 
volume   de  la  Géographie   d'Hérodote  : 


GAI 

il  a  été  reproduit  dans  le  Phtloloque , 
dont  il  f.)rme  \v.  8'  v..Inuic.  |  IXccherche^ 
sur  .IpolUm  et  sur  divers  jmints  île  i/ram- 
maire.  Paris,  Delalain.  1814,  in-»" de  3'J 
Itajîes  ;  |  OEuvres  complètes  de  Xénophon. 
traduites  en  français ,  181/»  ;  ]  Traite  de  ta 
chasse  de  A'énophnn  traduit  en  français  , 
1801  ;  I  Réclamation  contre  la  déeision 
du  jurg,  et  observations  sur  l'opinion  en 
vertu  de  laquelle  le  jurg  institué  par  S.  JA 
l'empereur  et  roi  propose  d/;  décerner 
un  pnx  à  M.  Coray  .  à  l'exclusion  de  la 
Ciiassede  Xénopbon,  rf«  Thucydide  prer-. 
Ialin-fran<;ais  ,  et  f/<?«  Observations  litl 
raircssurTliéocriteetVirjfile,  Paris.  181 
in-'i";  I  Réponse  à  la  critique  de  sa  tra- 
duction du  Trailé  de  la  chasse  de  Xéfio- 
plion,  par  E.  Clavier,  Paris,  1801.  in-lS. 
I  Repos  et'délassemsns  ite  J.-Ii.  Gail. 
après  cinquante  antiées  de  travau  r ,  ojms- 
cule  accompagné  de  fac-similé.  Paris,  De- 
lalain, Wurlz  ;  Buffart  ;  Gail  neveu,  1827, 
in-b".  Cet  opuscule,  qui  contient  plusieurs 
circonstances  de  la  vie  de  l'auteur,  <•-! 
adressé  aux  habilans  de  Bourg  en  Bres<  -, 
et  aux  instituteurs  de  l'universilé  de 
France.  Il  est  écrit  avec  modéralion,  quot- 
((ue  sous  l'influence  d'un  mécontentement 
bien  excusable  après  la  perle  d'un  proct<. 
!  République  de  Sparte  et  <C.tthrnes.  trad. 
de  Xénopiicn.  17'j:j.  (  l'oyez  XÉNOPHON. ) 

1  Observations  hisloriqties  et  critiques  s  tr 
le  Traité  de  la  Chasse  de  Xénophon .  Par  is, 
1809,  in-8";  |  Histoire  grecque  de  Thiuy- 
dide,  trad.  du  grec,   181/»;  |  Géographie 
d'Hérodote  prise  dans  les  textes  de  l'a  i 
leur  et  appuyée  sur  un  examen  gramtn 
tical  et  critique,  avec  Allas  contenant  ' . 
géographie  des  trois  grands  historiens  < 
l'antiquité  et  les  plans  des  batailles  qa 
ont  décrites,  et  avec  trois  index  ,   Par 
imp.  royale,  cher.  Truttel  et  NVurl/.,  IS- 

2  vol.  10-8",  cl  Atlas,  in-/»";  [  Idyll'js  et  c 
très  pièces  de  Théocrile  ,  trad.  tlu  ;;ri 
1792;  I  Idylles  de  fiion  et  de  Moschus .  t r 
du  grec,  1795;  |  Xotessur  Isocrate  et  /> 
monique.  dans  lesquelles  on  a  de  fréqu  1 
tes  occasions  de  reuurquer  le  dan;»er  <! 
corrections  arbitraires,  Paris,  le  mém 
1813,  in-12;  |  Antholof/ie  poétique  grc 
que, oit  Extraits  de  différens  auteurs  av. 
la  traduction    interlinéaire  latine- f m  \ 
çaisc  avec  des  notes  yrammntieales  et  crt- 
tiques:   première  partie  de  l'AnlluiloQio 
poétique  et  cinriuieme  du  aiurs  f;r<<  ;  'i* 
vol.  de  la  collection,  in-8«.  Pari»,  l> 
an  9  (  1801 }.  i  Observât  ion  t  sur  T 
et  I  irgilf.  Paris,  Ch.  Gail.  neveu,  m 
I  Odes  tfjnacréon ,  Il  ad.  du  ijrcc ,  17J  • 


GAI 


508 


GAI 


/  Phiîoctète  ,  tragédie  de  Sophocle,  trad. 
du  grec,  1815  ;  |  Examen  du  Phiîoctète 
de  La  Harpe ,  rapproché  du  texte  de  So- 
phocle, Paris,  Delalaia,  1813,  in-8";  |  Re- 
chei-ches  sur  les  Pha?-aons  de  l'Egypte  , 
les  temples  grecs,  et  le  monument  d'Osy- 
rnandias,  décrit  par  Diodore,  avec  exa- 
men des  opinions  de  divers  savans ,  j)our 
servir  de  suite  à  la  Descript.  de  l'Egyple, 
Paris,  Gail  neveu,  1823,  in-8°  avec  plan- 
ches, reproduit  dans  le  14*^  vol.  du  Philo- 
logue ;  I  Tableaux  chronologiques  des 
principaux  faits  de  l'histoire  ancienne 
avant  l'ère  vulgaire,  suivis  d'un  tableau 
synoptique,  etc.,  et  d'un  excursus  où  l'on 
donne ,  d'après  Hérodote.  Thucydide  et 
Xénophon.  la  division  de  l'année  et  l'ex- 
plication de  diverses  locutions  chronologi- 
ques ,  Paris  ,  Gail  neveu ,  1822 ,  in-S";  |  Ta- 
bleaux chronologiques  des  principaux 
faits  de  l'histoire  depuis  l'ère  vulgaire. 
Paris,  le  même,  1822,  in-8".  Ces  deux  vo- 
lumes ont  encore  été  reproduits  dans  le 
Philologue  :  le  premier  en  forme  le  t.  13, 
et  le  second  le  commencement  du  tom,  6. 
(  Promenade  des  Tuileries  ou  Notice  his- 
torique et  critique  des  monumens  du  jar- 
din des  Tuileries  dans  laquelle  sont  rele- 
vées les  erreurs  commises  dans  les  pré- 
cédentes descriptions ,  suivie  d'une  notice 
sur  le  Louvre  et  autres  monumens,  nou- 
velle édition  ,  avec  estampes  et  spécimen 
des  écritures  de  Henri  IV  et  de  S.  A.  R. 
I\I(jr.  le  duc  de  Berry,  Paris,  Gail  neveu  , 
1821,  in-8".  La  première  édition  parut  en 
1798  sous  le  litre  de  Promenade  savante 
des  Tuileries.  La  dernière  édition  fait 
aussi  partie  du  Philologue ,  et  se  trouve 
dans  le  [f  volume.  |  Le  Philologue ,  ou 
Recherches  historiques,  militaires ,  géo- 
graphiques ,  grammaticales  .  lexicologi- 
ques  et  philologiques ,  d'après  Hérodote  ; 
Thucydide  ,  Xénophon.  Polybe,  Strabon, 
etc.,  pour  servir  à  l'étude  de  l'histoire  an- 
cienne, Va.iis,  Ch.  Gail,  1814-1828,  22  vol. 
in-S",  dont  im  d'Jtlas  de  107  planches 
in-4°.  Parmi  les  ouvrages  dont  Gail  a  été 
l'éditeur,  les  ims  sont  destinés  à  l'Europe 
savante  et  ont  fondé  sa  réputation  :  les 
autres  ont  été  faits  dans  l'unique  but 
d'être  utile ,  et  pour  être  mis  à  la  por- 
tée des  élèves.  Ces  nombreuses  publi- 
cations forment  34  volumes.  Indépen- 
damment de  ces  ouvrages,  Gail  a  fourni 
des  articles  au  Mercure  ,  des  mémoires 
aux  5*  et  6^  vol.  du  Recueil  de  l'acadé- 
mie des  inscriptions ,  des  notices  aux 
./n?iales  des  faits  et  des  sciences  mili- 
taires. 


*  GAIL  (  Sophie,  née  GARRE  ) ,  épouse 
du  précédent ,  née  à  Meiun  en  1776  ,  était 
tille  d'un  habile  chirurgien ,  auquel  ses 
services  avaient  mérité  le  cordon  de  Saint- 
Michel.  Elle  montra  de  bonne  heure  d'heu- 
reuses dispositions  pour  les  arls  et  surtout 
pour  la  musique  :  dès  1700  elle  publia 
dans  des  journaux  de  musique  différens 
morceaux  qui  furent  accueillis  avec  fa- 
veur. En  1794  elle  épousa  M.  Gail  qui  était 
alors  professeur  au  collège  de  France  ; 
mais  une  fâcheuse  incompatibilité  de  goûts 
troubla  le  bonheur  de  cette  union  qu'une 
séparation  volontaire  rompit  au  bout  de 
quelques  années.  Madame  Gail  devenue 
lii)re  ,  perfectionna  encore  son  talent.  Elle 
voyagea  dans  le  midi  de  la  France,  visita 
l'Espagne  ,  et  reproduisit  dans  ses  com- 
positions plusieurs  insj)irations  emprun- 
tées à  la  musique  de  ce  pays.  Au  re- 
tour de  son  voyage  elle  songea  à  travail- 
ler pour  le  théâtre.  Elle  s'était  déjà  es- 
sayée ,  en  1797,  dans  le  genre  dramatique 
par  la  partition  d'un  opéra  qu'elle  avail 
composé,  et  qui  mérita  les  suffrages  de 
Méhul  :  cet  opéra  avait  élé  joué  dans  quel- 
ques sociétés;  mais  elle  n'avait  point  o>é 
hasarder  son  talent  devant  le  public.  Son 
début  fut  un  chef-d'œuvre  :  peu  à' opéras 
ont  été  entendus  avec  autant  d'enthou- 
siasme que  les  Deux  Jaloux  qn'eWe  donna 
en  1813  au  théâtre  Feydeau.  Quelque 
temps  après,  madame  Gail  lit  représenter 
mademoiselle  de  Launay  à  la  Bastille  : 
autre  opéra  dont  l'intrigue  assez  triste  est 
tirée  à.&s  Mémoires  de  M""^de  Staè'lqaïQix 
est  l'héroïne.  Elle  eut  peu  de  succès,  mais 
la  musique  fit  encore  honneur  à  Madame 
Gail.  Son  dernier  opéra  intitulé  la  Séré- 
nade ne  fit  qu'auginetiter  sa  réputation. 
Madame  Gail  a  aussi  publié  trois  Recueils 
de  7iocturnes ,  et  un  grand  nombre  de 
romances  qui  pourraient  servir  de  modè- 
les. Elle  s'occupait  d'opvrages  plus  éten- 
dus que  ceux  qu'elle  avait  publiés  jusque 
là,  lorsqu'une  maladie  aiguë  de  poitrine 
vint  l'enlever  aux  arts  le  24  juillet  1817. 
Peu  de  temps  avant  de  mourir,  elle  eut 
la  satisfaction  de  voir  son  fils  couroimé 
par  l'académie  des  inscriptions  et  belles- 
lettres.  Après  sa  mort  on  a  donné  d'elle 
deux  nouveaux  Recueils  de  nocturnes  et 
un  autre  Recueil  de  romances. 

GAILL  (  A\DRÉ},  hubile  jui  isconsulte  , 
né  à  Cologne  l'an  152G,  fut  conseiller  de 
la  chambre  impériale  à  Spire,  de  la  part 
de  l'électeur  de  Trêves,  Jean  de  Leyen. 
Maximilien  II  et  Rodolphe  H  l'honorèrent 
de  plusieurs   commissions  imporlunles. 


G  AT 


.•509 


GAI 


Son  liabiletc  dans  la  jurisprudence  l'a 
(ail  nommer  le  Papinien  de  l' rlUftiiagne : 
au  wvoir,  il  joi|;nait  un  yrand  léle  pour 
la  conservation  de  la  foi  de  se»  pères.  Il 
niotnut,  selon  la  plus  commune  opinion, 
à  Coloiîno  le  11  décembre  1587.  Nous 
avons  de  lui  :  |  Practicarum  ohservalio- 
mim  /i7;ri  rfuo,  Amsterdatn,  1665.  in-4°. 
r.tsl  la  meilleure  édition;  il  y  en  ad'aulres 
q»ii  sont  enrichiesdc  remarques  par  Bcrn- 
lianlt  Greveh ,  Everard  Fabricius ,  et 
Charles  Othon  Tyllius  ;  |  Decisiones  Cor- 
vterce  imperialis ,  avec  Meisncr,  Franc- 
fort ,  1603, 3  vol.  in- fol.;  [  I\'ovHm  opus  con- 
ciliorum.  Francfort.  1666,  in-fol.;  ]  une 
édition  ,  avec  des  additions  ,  d'I/ad/iani 
Cilinanni  supplicationes  processuum  Ca- 
vierœ  imperialis  ^  Francfort,  1601,  2  vol. 
in-folio. 

GAILLARDDE LOJUMEAl! (  Jean  ), 
lâC  à  Ai\  le  22  mai  1654  d'une  ancienne 
maison  de  Provence,  évèque  d'Apt  depuis 
1673  jusqu'en  1695  ,  année  de  sa  mort , 
forma  le  premier  le  projet  d'un  {jrand 
dictionnaire  historique  universel ,  et  en 
confia  l'exécution  à  Moréri  son  aumùnier. 
Il  fit  faire,  pour  la  construction  de  cet 
édifice  ,  depuis  «i  augmenté  ,  des  recher- 
ches dans  tous  les  pays ,  et  surtout  dans 
la  bibliothèque  du  'Vatican.  Moréri  dédia 
à  son  Mécène  la  première  édition  de  son 
Dictionnaire,  entrepris  en  Provence,  et 
publié  à  Lyon  en  167/(.  Il  lui  donne  des 
éloges  magnifiques;  l'évéque  d'.Apl  les 
méritait  par  sou  amuur  éclairé  pour  les 
arts,  et  par  ses  vertus. 

GAILLARD  (  HoxoBÉ  ),  jésuite,  né  à  Aix 
en  1641,  mort  à  Paris  en  17ii7,  exerça  avec 
beaucoup  de  succès  le  ministère  de  la  pré- 
dication, et  fut  aussi  goiilé  à  la  cour  qu'à 
la  ville.  Nous  n'av(»ns  de  lui  que  quatre 
oraisons  funèbres  imprimées  séparément. 
Elles  prouvent  un  talent  marqué  pour 
l'éloquence  brillante  et  pathétique.  Le  père 
Gaillard  avait  ras3en;b!é  ses  sermons 
quelque  temps  avant  sa  mort;  mais  on 
ne  sait  ce  que  ce  précieux  recueil  est  de- 
venu. Ce  jésuite  joignit  aux  travaux  de  la 
chaire,  cc^x  de  la  direction.  C'est  lui  qui 
convertit  la  fameuse  Fanchun  Moreau, 
actrice  de  l'opéra,  qui  épousa  depuis  un 
capitaine  aux  gardes. 

•  (lAILLARD  {  Gabriei.-Hexri  ),  litté- 
rateur et  historien  français  né  à  Ostel  en 
Pi(;trdiele26  mars  1726,  étudia  en  droit, 
et  fut  reçu  avocat;  mais  il  quitta  bientôt 
le  barreau  pour  se  livrer  exclusivement 
aux  lettres.  L'académie  des  inscriptions 
l'admit  au  nombre  de  ses  membres  en 


1750,  et  l'académie  française,  en  1771.  V.n 
1796  il  entra  à  l'institul  dans  la  classe 
d'histoire  et  de  littérature  ancienne.  Sur 
la  fin  de  ses  jours  il  se  relira  à  Saint-Fir- 
min,  près  Chantilly,  où  il  mourut  le  i 
février  1806.  On  a  de  lui  :  |  une  Ilhélort 
que  française  à  l'usage  des  demoiselles, 
Paris,  1743,  ouvrage  devenu  classique  qui 
a  obtenu  un  grand  nombre  d'éditions, 
quoique  ce  soit  une  pr<Kluction  osseï  mé- 
diocre :  I  Poétique  française  à  l'usage  des 
dames,  Var'ii,  1749  :  |  Parallèle  des  quatre 
Electre  (  tragédies),  ibid.  1730;  \ Mélan- 
ges littéraires  en  prose  et  en  vers.  Paris  , 
173(5,  in-12  ;  [  Histoire  de  Marie  de  Bour- 
gogne.iAm  nom  d'auteur,  Paris,  1737,  in- 
12  ;  |  Histoire  de  François  /",  7  vol.  in- 
12,  Paris,  1769,  et  1819,  4  vol.  in-8°.  C'est 
un  de  ses  bons  ouvrages;  maison  regrette 
qu'il  ait  suivi  le  système  adopté  par  Vol- 
taire ,  qui  consiste  à  traiter  séparénuînt 
chaque*  partie  de  l'histoire  ;  systèii^e  vi- 
cieux, en  ce  qu'il  détruit  l'ensemble  et 
rompt  la  chaîne  des  événemens.  Cel.'c  uia- 
nière  d'écrire  l'histoire  est  plus  facile; 
mais  ce  n'est  pas  celle  desmaltrcade  l'art. 
Elle  a  été  vivement  critiquée.  Néanmoins 
l'auteur  a  continué  de  l'adopter  dans  l'ou- 
vrage suivant  :  |  Histoire  de  Charlenuignr. 
Paris  ,  1782  ,  4  vol.  in-12,  et  1819,  i)  vol. 
in-8°;  livre  mal  digéré,  confus,  rcnai»li 
d'inexattitudes  et  des  petites  vues  de  la 
philosophie  du  jour.  On  lui  reproche  en- 
core d'y  avoir  inséré  deux  consiiléralions 
assez  diffuses,  sur  la  première  et  la  se- 
conde races,  qui  font  presque  oublier  le 
principal  sujet.  |  Histoire  de  la  ri-^alité 
de  la  France  et  de  l' Angleterre.  1771-77. 

7  vol.  in-12  ,  et  Paris  ,  1818,  6  vol.    in-.s 
_  Le  plan  en  est  défectueux ,  la  marche  lr< 

lente;  les  citations  quchiuefois  agréabli- 
mais  souvent  déplacées.    C'est  cependa  - 
son  meilleur  ouvrage.  On  y  trouve  d.  - 
détails  intél-essans  sur  tout  ce  qui   con- 
cerne les  deux  nations.  |  Histoire  de  la  ri- 
valité de  la  France  et  *U  rEspagnr    """ 

8  vol.  in-12.    L'introduction  qui  i 
cet  ouvrage   est   généralement    e- 
mais  celte  histoire    présenté  à  peupt' 
les   unîmes   défauts   qtie  la  précédenlf 
l'autfur   s'y  montre  généralement    ""!%■. 
impartial.  Le  style  de  «iaillard  ,   du,.  .    , 
différentes    histoires,  surtout  dan-   < 
dernière,  manque  de  force  ctdc  r  ^ 

les  phrases  sont  Ionique*  et  sym'i; 
cepciulant  on  y  '  '     ' 

l'élégance;  I  Des  ' 

de  France  de  l  '    ^    '  '       ' . 

1806,  4  vul.  in-li.  Ce*  ul>»«.(valuMW,  t^u 


GAI 


10 


GAÎ 


l'auleur  n'avait  probablement  faites  que 
pour  lui ,  ne  présentent  presque  que  des 
remarques  grammaticales  :  celles  qui  lou- 
lent  sur  des  points  d'histoire  sont  souvent 
peu  justes.  ]  Divers  éloges  et  discours 
oratoires,  poèmes^  odes.épitres,  discours 
envers,  etc..  qui  ont  remporté  des  prix 
à  lacadémie  française  et  dans  d'autres  aca- 
démies, recueillis  en  grande  partie  après 
sa  mort,  sous  le  litre  de  Mélanges  acadé- 
miques, poétiques,  littéraires,  philologi- 
ques, critiques  et  historiques.  Paris,  1806, 
k  vol.  in-8°;  |  plusieurs  mémoires  d'éru- 
dition insérés  dans  le  Recueil  de  l'acadé- 
mie des  inscîiptions  et  belles-lettres;  pres- 
que tous  les  articles  d'histoire  qui  se  trou- 
vent dans  l'Encyclopédie  méthodique.  Il 
a  travaillé  au  Journal  des  savans  depuis 
1752  jusqu'en  1792,  et  a  fourni  beaucoup 
d'articles  au  3Iercure  de  France  depuis 
1780  jusqu'en  1789. 

GAILLARD.    Voxjex   FRÉGOSÉ  (  Bap- 
tiste.) 

GAI.XAS,  golh,  devenu  général  romain 
par  sa  valeur,  et  surtout  par  la  faiblesse  de 
l'empire  ,  qui  n'avait  alors  aucun  grand 
homme  à  mettre  à  la  tête  des  armées.  Il 
fit  tuer  Rulin ,  qui  voulait  s'emparer  du 
trône  impérial.  L'eunuque  Eutrope  ,  fa- 
vori d'Arcadius  après  llufin,  eut  la  même 
ambition  ;  Gainas  appela  les  Barbares 
dans  l'empire  ,  et  ne  les  cliassa  qne  lors- 
qu'on lui  QÛt  remis  l'indigne  favori.  Les 
empereurs  romains  n'étaient  plus  ces 
fiers  el  puissans  monarques  de  l'univers 
qui,  au  premier  ordre  ,  faisaient  venir  au 
pied  de  leur  tronc  des  rois  du  bout  du 
monde.  Un  particulier,  un  étranger,  s'il 
avait  un  peu  de  courage ,  les  faisait  trem- 
bler. Gainas  n'en  continua  pas  moins  de 
ravager  l'empire,  après  la  mort  d'Eulrope. 
Il  fallut  que  le  lâche  et  faible  Arcadius 
vint  le  trouver  à  Chalcédoine,  pour  traiter 
de  la  paix.  Ils  se  la  jurarent  ;  mais  le  gotli 
n'ayant  pu  obtenir  de  saint  Jean-Chry- 
sostôme  une  église  pour  les  ariens,  il 
tomba  sur  la  Thrace,  et  mit  tout  à  feu  et 
à  sang.  Flavita  le  repoussa  jusqu'au-delà 
du  Danube  où  il  fut  tué  par  Ûldin,  roi  des 
Huns  l'an  iOO.  Sa  tête  fut  portée  à  Arca- 
dius, qui  la  fit  promener  par  toutes  les 
rues  de  Constantinople. 

•  GAIN  -  MOATAIGIVVC  (  Fratïçois 
de  ),  né  au  château  de  Monlaignac  en  Li- 
mousin le  6  janvier  1744,  d'une  famille 
noble  et  ancienne,  embrassa  l'état  ecclé- 
siastique, el  devint  d'abord  aumônier  du 
roi  et  grand-vicaire  de  Reims,  puis  évc- 
que  de  Tarbes,  le  20  octobre  1762.  Lors- 


que la  révolution  éclata,  il  fut  du  nombre 
des  prélats  qui  s'opposèrent  avec  le  plus 
de  constance  aux  innovations.  Remplacé 
dans  son  diocèse  pour  avoir  refusé  le  ser- 
ment, il  chercha  vainement  à  ramener 
celui  qui  devait  lui  succéder  à  des  idées 
orthodoxes  ,  et  continua  toutefois  d'exer- 
cer son  ministère  jusqu'à  l'époque  de  la 
terreur.  Il  se  retira  dans  la  vallée  d'Aran 
en  Espagne  ,  à  une  journée  de  Tarbes,  et 
laissa  en  partant  une  ordonnance  et  des 
instructions  sur  le  schisme.  Il  se  rendit 
ensuite  au  monastère  des  bénédictins  de 
Notre-Dame  de  Mont-Serrat  en  Catalogne, 
où  il  resta  5  ans ,  et  d'où  il  ne  cessa  de 
correspondre  avec  la  partie  fidèle  de  son 
clergé  et  de  son  troupeau  qu'il  soutenait 
par  ses  sages  conseils.  Il  passa  de  là  en 
Italie  ,  en  Portugal ,  et  chaque  fois  qu'il 
changeait  de  résidence  il  avait  soin  d'en 
prévenir  son  clergé  ,  ailn  de  maintenir 
les  communications  nécessaires  avec  son 
diocèse.  Lorsque  Pie  VII  demanda  la  dé- 
mission aux  évêques  de  France,  il  donna 
la  sienne  et  la  motiva;  mais  la  maniera 
dont  le  concordat  fut  exécuté  l'affligea 
beaucoup,  et  il  signa  les  réclamations  qui 
furent  envoyées  au  pape  en  1803.  Il  mou- 
rut à  Londres,  en  1806.  Dans  ses  nom- 
breux écrits  il  montra  beaucoup  de  zèle 
pour  les  intérêts  du  roi;  et  en  même  temps 
beaucoup  d'opposition  à  des  concessions 
que  des  évêques  et  des  ecclésiiastiqut'S 
restés  en  France  crurent  devoir  accor- 
dt;r,  et  qui  sans  doute  leur  parurent  né- 
cessaires dans  la  situation  des  affaires  de 
l'Eglise. 

•  G  AIIVSBOnOUGn  (  Thomas  ) ,  pein- 
tre anglais  ,  naquit  en  1727  à  Sudbury 
dans  le  comté  de  Suffolk,  de  parens  sans 
fortune.  Des  l'âge  de  10  ans  il  crayonnait 
tous  les  objets  qui  frappaient  sa  vue.  A  15, 
il  se  rendit  à  Londres,  guidé  par  le  désir 
d'aider  plus  tard  sa  famille  et  de  travailler 
à  l'élude  de  la  peinture  :  il  reçut  des  le- 
çons du  peintre  Gravelot ,  et  travailla 
ensuite  seul.  Il  excellait  dans  le  portrait 
et  dans  le  paysage,  et  mourut  à  Londres, 
le  2  août  1788.  Ses  paysages  se  font  re- 
marquer par  la  simplicité  des  sujets,  par 
le  naturel  avec  leqtiel  sont  rendus  les  si- 
tes et  les  objets  qu'il  y  a  rassemblés,  par 
la  vigueur  du  coloris  et  la  juste  distri- 
bution de  la  lumière.  On  cite  surtout  son 
petit  berger,  la  fdle  qui  garde  les  cochons^ 
le  combat  des  petits  g  arçons  et  des  chiens, 
le  bûcheron  surpris  par  l'orage.  Ce  der- 
nier tableau  passe  i>our  son  chef  d'œuvre. 
•  Sa   manière   rappelle  celle  des  Walcau» 


GAL  5 

des  Wlnâns  et  des  Tcniors.  Prtnni  ses 
portraits,  ou  disliiiRuo  ceux  do  prcsqui- 
toiH  les  membres  do  lu  faiiullo  royale 
d'An(jlelcrk'o ,  du  inusirioii  Abel.  et  do 
Lokaiii  lo  comcdien.  llsaisi<sul  av«'cuiu' 
grande  facilité  lu  rcsscuibianco  la  plus 
parfaite;  repi-ndimt  il  échoua  contrôla 
physionomie  niobilo  de  (;»»rrick  et  relie 
du  comédien  Koole  •  Ces  hommcs-là.  di- 
»  sait-il.  ont  la  li(',urc  de  tout  le  niunde, 
»  excepté  la  leur.  » 

(i.VlOT  (  Marc-/V\toixe  ) ,  natif  d'An- 
::i»nay.  diocèse  de  Lyon,  professeur  d'hé- 
breu à  Rome,  publia  eu  cette  vilh',  en 
16.^7.  in-8",  \cs,  jphnrismcsii' llippocràtc. 
en  trois  langues,  à  trois  colonnes,  savoir: 
le  texte  grec  ;  une  version  latine,  où  il 
prétend  avoir  été  plus  exact  que  Foès  ,  el 
une  traduction  hébraïque,  faite  par  des 
rabbins. 

(iVITTK  (  CninLEs),  docteur  de  Sor- 
bonnc  et  chanoine  de  Lui;on,  publia  en 
4678  in-V,  un  traité  tlu'oloyique  en  latin 
Siu  l'usure,  qui  parut  sévère  aux  casuis- 
les  reilàcbcs.  Il  est  intitulé  :  De  tisura  el 
fenore. 

i;  \J  VDO.  l'oyez  CAJ\DO  (  He\ri  ). 

(>AL  ou  GALL  (  saint  ) ,  Gallus  .  natif 
d'Irlande  et  disciple  de  saint  Colomban, 
fonda  en  Suisse  le  célèbre  monastère  de 
Saint-Gai.  dont  il  fut  le  premier  abbé  en 
Gl'».  Il  mourut  vers  CiG.  <  Les  courajjcux 
»  missionnaires rdit  le  protestant.auteur  du 
»  Dict.  géo(j..hist.  et  polit,  de  la  Suisse), 
•  chez  des  usurpateurs  barban-s  ,  chez 
»  des  peuples  abrutis  par  de  lon;;ues  dé- 
»  solutions  et  par  resclava{je.  tirent  succé- 
»  dcr  à  des  superstitions  absurdes,  sou- 
»  vent  atroces ,  des  do{îmes  de  bienfai- 
>  s^mcc  et  d'Iiumilité  ,  les  craintes  et  les 
9  consolations  d  nue  vie  à  venir.  •  On  a  de 
saint  Gai  quelques  ouvra{;es  peu  connus. 
—  Il  ne  faut  pas  le  confondre  avec  saint 
GAL.  évèqucde  Clermont,  mort  versii.'ii. 

GAL  \DI\  (  Mauomëc  ) ,  empereur  du 
Mojol.  dans  lo  IG'  siècle,  s'illustra  par 
ses  belles  qualités.  H  possédait  l'art  de  ré- 
gner. Ses  sujets  pouvaient  avoir  audience 
deux  fois  par  jour  ;  et  a  lin  (pie  les  per- 
sonnes de  basse  condilioii  ne   fussent  pas 

poussées   par  sc-s  (jardes ,   il  lit  mettre 

ic  clochette  à  stm  palais,  dont  la  corde 
f  pondait  .i  la  rue.  Dés  qu'il  entendait 
K  son  de  la  cloche,  il  descendait  ,  ou  il 
f  lisait  monter  celui  quiavait  des  deman- 

s  ou  des  plaintes  à  lui  faire.  Il  mourut 

1  IGO").  On  prétend  qu'il  se  serait  fait 
chrétien,  si  la  pluralité  des  femmes  ne 
)*avftit  retenu  dans  le  mahométbmc. 


Il  GAL 

r,  VrVNTICS,  roi  de*  anciens  Celle» , 
succéda  n  sa  mère  (f.ilulhea.  Après  avoir 
Kubju,;ué  plusiiMirs  peuples,  il  leur  donna 
lo  nom  de  Gafutrs  .  et  uppella  (ialatie  le 
pays  qui  fut  d  puis  iioimné  (Maffia  (  la 
(iaule  J.  Leurs  descendants  s'c  lentlirent 
jus(pm  d  ui3  la  Grèce  et  dans  l'Asic-Ali- 
neuro.o:!  ils  transportèrent  le  nom  il« 
Galales. 

*  (.\L\\Ti  (  Josr.PH-M%miB).  mé  en 
I7i3  à  Can>i>o-Basso  dans  l'ancien  Satt^ 
niuin.  étudia  la  juris|)niileui-o  à  l'univer- 
sité do  Naples;  mais  il  négligea  bientôt 
la  carrière  du  barreau,  et  en  177i  il  pu- 
blia Vclogp  (le  Gcnovesi  i\oi\i  il  était  l'é- 
lu»'e  ;  il  fonda  ensuite  une  imprimerie,  et 
donna  une  nouvelle  édition  des  OKuvres 
lie  Machiavel ,  qui  fut  supprimée  avant 
d'avoir  i)aru.  Balanti  publia  bientôt  uno 
description  détaillée  du  comté  de  Molise, 
1780.  2  vol.  in-8"  :  lo  gouvernement  du 
Naples  le  chargea  do  faire  un  travail  sem- 
blable ou  une  statistique  générale  de  ce 
royaume.  Au  milieu  de  ses  description» 
du  pays.Galanti  plaça  des  considérations 
étrangères  à  son  sujet;  il  fit  connaître  des 
abus  vrais  ou  faux,  et  en  demanda  la  ré- 
forme :  on  l'engagea  à  ne  pcjint  continuer 
l'ouvrage,  et  ,  pour  le  dédommager  de 
ses  peines  ,  on  lui  accorda  une  place  dans 
la  magistrature.  A  l'époque  de  l'organisa- 
tion do  la  ré])ubli(pio  napolitaine,  Ga- 
lanti  fut  nouuné  représentant  ;  il  fut 
exposé  à  do  grands  dangers ,  lorsque  la 
gouvernement  royal  fut  rétabli ,  et  vécut 
caché  et  proscrit  jusqu'au  retour  des 
armées  françaises.  Il  venait  d'être  nom- 
mé bibliothécaire  du  conseil  d'état  avec 
le  rang  de  conseiller,  lorsqu'il  mourut 
à  Naples  le  G  octobre  I80G.  Ses  ouvrages 
sont:  I  Elogio  di  Gcnovesi.  Naples,  1771, 
in-S";  I  Descrizione  liel  contado  di  Mo' 
lise;  1780,  2  vol.  in-S";  \  FAogio  sto- 
rico  diMacchiavelli.  Naples ,  1779,  in-8"; 

1  Saggio  stdla  storia  di  primi  abita' 
tori  d  Italia.  ibid.  178'>,  in-S"  ;  |  Osser^ 
vazioni  intorno  aromanzi,c\c.  Ibid.  1781, 
in-I2  ;  |  Bello  spirito  générale  délia  re- 
iigione  cristiana.  ibid.  1788,  in-12;  |  Dclla 
descrizione  storicageograficadcli  Italia. 
ibid.  1782-91,  2  vol.  in-8",  ouvrage  incom- 
plet; I  Descrizione  geografica  e  poiitica 
de  lie  Sic  t  lie.  ibid.,  178G,  4  ^ol.  in-8". 
trad.  en  fran»;ais,  en  allemand  et  en  an- 
glais; I  Napolie  suocotUomo.  ibid.  1791, 
ia-S"  ;  I  Testanwnto /"orense .  Veuise.<806i, 

2  vol.  in-8".  Tous  ces  ouvrages  sont  écrits 
en  italien. 

GALA.M'S  (  CuiMt%r  ),  né  à  Sorrunto, 


GAL  312 

tlans  le  royauma  de  Naplos,  tliéaliu  ,  mis- 
sionnaire en  Arménie  pendant  12  ans, 
publia  à  son  retour  à  Rome ,  de  4630  à 
4661 ,  deux  gros  volumes  in-fol.  en  latin 
et  en  arménien  ,  sous  ce  titre  :  Concilia- 
lions  de  l'église  arménienne  avec  l'église 
romaine  ^  sur  les  témoignages  des  Pères 
et  des  docteurs  arméniens.  L'auleur  re- 
marque dans  sa  préface,  qu'il  a  commencé 
par  «apporter  les  histoires  des  Arméniens 
avant  de  disputer  contre  eux  ,  parce  que 
tous  les  schismatiques  orientaux  ne  veu- 
lent que  sous  ce  point  de  vue  parler  de 
la  relijîion  avec  les  Occidentaux;  quand 
ils  sont  convaincus  ,  ils  répondent  «  qu'ils 
»  suivent  la  foi  de  leurs  pères,  et  que  fts 
»  latins  sont  des  dialecticiens  qui,  ayant 
»  l'esprit  subtil,  peuvent  prouver,  comme 
»  des  vérités ,  les  plus  grandes  faussetés 
»du  monde.  »  Cette  réponse  prouve  assc7, 
que  c'est  l'ignorance  et  l'entêtement  qui 
entretiennent  le  schisme  fatal  qui  divise 
l'église  grecque  d'avec  la  latine.  Du  reste, 
la  méthode  de  Galanus  est  excellente  : 
l'histoire  de  la  religion  suffit  pour  faire 
connaître  la  véritable,  pour  montrer  la 
nouveauté  et  l'inconséquence  des  sectes. 
Il  enseigna  à  Rome  la  théologie  aux  Ar- 
méniens en  leur  propre  langue.  On  doit 
encore  à  Galanus  une  grammaire  armé- 
nienne qui  a  pour  titre  :  Grammalicœ  et 
logicce  institutiones  linguœ  litteralis  arme- 
nicœ,  addito  vocabulari  armeno -latino 
dictionum  scolasticarum,  1645,  in-/i.°. 

GAL./VS  ou  plutôt  GALLAS(Mathias  ), 
général  des  armées  impériales >  né  dans 
la  comté  de  Trente,  fit  à  Maëstrieht  son 
cours  d'humanités  en  1589,  et  fut  d'a- 
bord placé  en  qualité  de  page  auprès 
du  haron  de  Beaufremont,  chambellan 
du  duc  de  Lorraine.  II  se  signala  tel- 
lement en  Italie  et  en  Allemagne ,  sous 
le  célèbre  Tilli ,  qu'après  sa  mort  il  fut 
mis  à  la  tète  des  armées  de  l'empereur 
Ferdinand  II.  Galas  rendit  des  services 
importans  à  l'empire,  ainsi  qu'au  roi  d'Es- 
pagne Philippe  IV.  Il  voulut  même  s'em- 
parer de  la  Bourgogne  en  1656  ;  mais  il 
fut  repoussé  à  Saint- Jcan-de-Lône ,  ob- 
ligé d'en  lever  le  siège  et  de  retourner  en 
Allemagne.  Il  réussit  mieux  contre  les 
Suédois  ;  cependant  son  armée  ayant  dé- 
péri près  de  Magdehourg  par  les  habiles 
manœuvres  de  Torstenson  ,  il  fut  disgra- 
cié de  l'empereur.  Quelque  temps  après 
on  lui  rendit  le  commandement  des  trou- 
pes; mais  il  n'en  jouit  pas  long-temps, 
étant  mort  à  Vienne  en  Autriclie  en  I6/i.7, 
à  53  ans,  avec  h  répulalio;i  d'un  des  plus 


GAL 

grands  généraux  de  son  temps.  Son  père 
était  né  à  Trente  ,  ce  qui  a  donné  lieu  à 
l'erreur  de  quelques  historiens  qui  ont 
fait  naître  Blalhias  Galas  dans  cette  ville. 
On  p.'^ut  consulter  le  Père  Engelflus  dans 
la  préface  de  l'ouvrage  intitulé  ;  Virtutis 
et  honoris  œdes. 

GALVTÈE  ou  GALATÉO  (  Antoine  ), 
né  à  Galatina  ,  village  d'Italie  qui  lui 
donna  son  nom,  s'appelait  originairement 
Ferrari.  Il  s'illustra  dans  le  15*  siècle, 
comme  pliilosophe ,  médecin,  poète  et 
géographe.  Nous  avons  de  lui  :  |  una 
excellente  Description  de  la  lapygie,  1624, 
in-i"  ;  une  autre  de  Gallipoli  ;  \  des  vers 
latins  et  italiens  ;  |  V Eloge  de  la  goutte, 
qu'il  composa  pour  charmer  les  douleurs 
de  cette  cruelle  maladie  ;  |  Succesi  dell 
armata  Turchesca  délia  citta  d'Olranto 
deir  anno  1480,  in-4°,  1612.  Il  avait  ac- 
compagné le  fils  du  roi  de  Naples  à  cette 
expédition.  |  Vite  de  letterati  Salentini. 
Il  mourut  en  1517,  âgé  de  73  ans. 

GALATIIN  (  Pierre  ),  juif  italien,  se 
convertit  et  se  lit  franciscain.  Il  devint 
ensuite  docteur  en  théologie  et  péniten- 
cier apostolique.  Il  était  savant  dans  les 
langues ,  et  se  fit  un  nom  par  son  traité 
De  Arcanis  catholicce  veritatis .  contre 
les  juifs.  Il  y  aeu  plusieurs  éditions  de  cet 
ouvrage  ,  qui ,  sans  être  parfait,  renferme 
des  choses  utiles  et  curieuses.  La  meil- 
leure est  celle  de  Francfort  1612,  in-folio. 
Galatin  vivait  encore  en  1552.  L'auteur 
s'est  beaucoup  servi  de  l'ouvrage  de  Por- 
cheti,  qui  lui-même  avait  profité  de  celui 
de  Raimond- Martin,  selon  son  propre 
aveu. 

GALAUP  DE  Cil ASTEUIL,  (Fran- 
çois de  ) ,  né  à  Aix  ,  d'une  famille  noble , 
en  1586,  ami  du  célèbre  Peiresc,  avait 
beaucoup  de  goût  pour  les  langues  orien- 
tales, et  alla  les  cultiver  dans  le  pays 
même.  Il  se  retira  en  1631  sur  le  mont 
Liban ,  où  il  partagea  son  temps  entre 
l'élude  et  la  prière.  Les  courses  des  Turcs 
troublèrent  souvent  le  repos  de  sa  soli- 
tude :  mais  sa  vertu  faisait  impression 
sur  l'esprit  même  des  Barbares.  Il  était 
si  parfaitement  connu  de  tous  les  maro- 
nites, qu'après  la  mort  de  leur  patriar- 
che, ils  voulurent  le  revêtir  de  cette  di- 
gnité. Le  saint  solitaire  la  refusa,  et  mourut 
peu  de  temps  après ,  eu  1644,  dans  un  mo- 
nastère de  carmes-déchaussés.  On  peut 
consulter  sa  Vie ,  in-12  ,  écrite  par  Mar- 
cheli,  prêtre  de  Marseille,  ou  celle  com- 
posée par  Gaspard  Augeri  oui  a  pour 
titre  le  Solitaire  provençal  du  mont  Li- 


CAL  5 

!an  ,  Aix,  1671,  ln-12.— Il  y  a  eu  encore 
lie  la  mt^inc  faïuillu.  Fi\a\çois  cl  Pieiire 
<iALAUP,  neveux  du  i»rocédent.  Le  pre- 
mier,  préci"|)li'ur  ilu  lils  du  «!uc  de  Sa- 
voie, uiori  à  ViMi-oil  vu  |{)7'i,  à  5t2  ans ,  cul- 
ii\ait  la  p()t>>io,  la  pliilusuphie  et  la  liltc- 
lature.  Il  s'ilail  mis  daltord  au  service 
lie  I-asraris  ,  grand-uiaitre  de  Malle  .  puis 
t  crlui  du  nraïul  Coudé,  qui  le  lil  cupi- 
^liIle  do  SCS  {>ir<li's.  Ce  prince  étant  sorti 
.11»  France.  Galaup  se  relira  à  Toulon, 
ou  il  arma  un  vaisseau  de  (juerre,  suus  la 
bannière  de  Malle.  Après  s'être  sitjnalé , 
jifudanl  plusieurs  années,  il  fut  pris  par 
drs  Algériens,  el  mis  en  esclavage.  Il  en 
5i)rlil  au  bout  de  2  ans,  et  passa  au  ser- 
vice du  duc  de  Savoie,  qui,  pour  récom- 
penser son  mérite,  le  (jratilia  d'une  pen- 
sion de  2.000  livres.  Il  avait  traduit  les 
prlils  Prophètes  ,  et  mis  en  vers  français 
quelques  livios  de  la  Thcbaïds  de  Stace. 
Le  second,  mort  en  17S7,  à  8/t  ans,  fai- 
sait joliment  des  vers  provençaux ,  et 
était  lie  avec  Kuretière,  La  Fontaine, 
lîoilcau  el  M"*^  Scudéri.  11  a  laissé  une 
KrpUcalion,ïn-io\.,  drs  arcs  de  triom- 
phe dressés  à  Aix  pour  l'arrivée  des  ducs 
de  Bour{;Ojne  cl  de  Berry. 

(i.VLB.V  (  SKP.viLS-StLPirics  ),  empe- 
reur romain,  de  la  famille  des  Sulpices, 
ficonde  en  prands  hommes,  naquit  dans 
une  petite  ville  d'Italie,  près  de  Terra- 
rine,  le  2''*  décembre,  la  'o^  année  avant 
1  ère  conmnine.  Il  exerça  avec  lioimeur 
la  charge  de  préleur  à  Rome ,  puis  celles 
de  gouverneur  d'Aquitaine,  de  général  des 
années  dans  la  Germanie  ,  et  ensuite  dans 
l'Espajne  Tarragonaise.  Dans  le  temps 
(ju'il  était  en  Afrique,  il  rendit  un  juge- 
ment resnarquable.  Deux  citoyens  se  dis- 
putant la  possession  d'un  cheval ,  sur  le- 
t:uel  les  témoins  ne  s'accordaient  point  ; 
(^alba  ordonna  que  l'animal  serait  conduit 
les  yeux  landé.s  à  son  abreuvoir  ordi- 
naire, qu'tnsuite  on  lui  ôterait  son  ban- 
deau, el  qu'il  apparliendrail  à  celui  de 
bi'S  deux  maîtres  chez,  (jui  il  se  rendrait 
lie  lui-même.  Au  milieu  de  ses  emplois, 
il  se  livra  h  la  solitude,  pour  ne  point 
donner  prises  aux  soupçons  inquiets  de 
Néron.  Il  ne  put  les  éviter.  Ayant  désap- 
prouvé les  vexations  cruelles  que  les  in- 
ti  ndans  exe  rçairnl  dans  toutes  les  pro- 
\  inces  de  l'einjare,  Néron  envoya  ordre 
dr  le  (aire  mourir.  Galba  évita  le  sup- 
j.iice  ,  eu  se  faisant  proclamer  empereur. 
Toute  la  Gaule  le  reconnut.  Néron  fut 
force  de  se  donner  la  mort ,  l'an  G8  de 
J.-C.  Quoique  moins  affermi  sur  le  trùnc 


15  GAL 

qu'aucun  de  ses  pré(l<cc9»eurs ,  Galba  ne 
prit   aucune    précaution  pour  sa  îulrcté. 
Il  se  livra  au  contraire  û  trni*  liommr^ 
obscurs  ,  que  les  Romains    ;ii  , 
pédtujoffurs .  Le  pif  m  i  t  T  f  a  \  1 
nius  liulinus,  autrefois  sni>  !•  u 

Kspagne  ,  et  d'une  insatiabk:  uvarire.  l  o 
jour  étant  à  la  table  de  l'empereur  Claude, 
il  vola  une  coupe  d'or.  Claude  qui  en  fut 
informé  le  lil  inviter  encore  le  lendemain , 
et   le  lit  servir  seul  en  vaisselle  de  terre. 
Le  deuxième  favori  était  Cornélius  Laco  , 
capitaine  de  ses  gardes,  que  son  orgueil 
rendait   insupportable  à  tout  le  monde  : 
mais  extrénjcment  lâche  et   paresseux  . 
ayant  autant   d'ignorance  que   de    pré- 
somption. Lp   troisième  était  Marcianns 
Icélus,  le  premier  de  tous  li'.s  affrancliis 
de  Galba,  et  qui  ne  prétendait  pas  m<;i.  > 
qu'à  la  première  dignité  dans  Tordre  <l- 
chevaliers.  Ces  îrois   favoris   le  gouvei 
nant  tour  à  tour  avec  des  vices  différen 
le    llrcnt    passer     continuellement    d'u-; 
vice  à  un  autre.  A  la  vérité ,  il  rappela  1- 
exilés  du  règne  précédent;  mais  l'avarie 
rcmpêcha  d'achever  son  ouvrage  :  il  ou 
blia  la  restitution  des  Liens ,  et  au  lieu  d 
réparer  les  crimes  de  Néron  ,  il  s'en  reti 
dit  le  complice.  Les  soldats  n'eurent  pa  . 
moins  à  s'en  jdaindre  que  les    citoyens. 
Les  troupes  de   la  m.irine  lui  ayant  de 
mandé  le  titre  de  léfponnaire.^,  que  Néron 
leur  avait  accordé,  il  lit  fondre  sur  elle> 
ses  cavaliers,  qui  en  massacrèrent  uik 
grande  partie.  Galba,  aspirant  au  trône  . 
avait  promis  de  grandes  sounnes  aux  pré- 
toriens ;  il  les  refusa  dès  qu'il  y  fut  monté. 
«  Un  empereur,  leurdil-il  fièrement ,  doit 
»  choisir  ses  soldats,  el  non  les  acheter.  » 
Cette  réponse  irrita  ses  troupes  ;  elles  pro- 
clamèrent Othon  et  assassinèrent  Galba, 
l'an  6î)  de  .J.-C.  Cet  empereur  fut  dans  l'em- 
pire ce  que  Sylla  avait  été  dans  la  républi- 
que ;  l'un  donna  le  premier  excnqilv.  de  la 
tyrannie  ,  l'autre  de  la  révolte.  Il  dévoila , 
dit  Tacite,  un  secret  funeste  aux  Romains , 
et  funeste  à  lui-même  ,  en  leur  apprenant 
qu'un  empereur  pouvait  être  élu  hors  dv* 
Rome  :  Kvuhjato  impe.rii  arcano ,  poisf 
priiicipcm  alibi  quàni  Ronur  fieri  [  T.i«- 
Hist.,  1.  1  }.  Galba  fut  grand  ,  tant  .]r 
régna  pas,  mais  ses  vertus  devinr^ 
défauts,  lorsqu'il  fut  emi^-rcur.  11  .. 
pas  s'élever  avec  la  fortune ,  et  garda  ion  - 
jours  le  caractère  d'un  parlicolier  .  uu   V. 
outra  celui  de  roi.  Il  avait  75on$  loriqu  :- 
fut  tué. 

'GALDI  (  Mattko),  ne  ^w  I7f6  h  Co- 
pcrchia  prèsdeSoIcinc  dans  le  rttpmm; 


GAL  5 

de  Naplcs,  embrassa  au  sorlir  de  ses  éludes 
la  canicre  du  barreau,  et  allait  se  livrer 
à  la  plaidoierie  ,  lorsque  les  principes  ré- 
volulioimaires  qu'il  avait  adoptés  le  for- 
cèrent de  s'expatrier.  Il  se  réi'ujjiaen  Fran- 
ce, et  s'enrôla  dans  Tarmée  qu'on  organi- 
sait,  pour  francbir  les  Alpes.  Attaché  à 
l'état-major ,  il  arriva  bientôt  avec  les 
troupes  françaises  à  Milan  ,  où  il  échangea 
son  grade  de  capitaine  contre  une  place 
de  professeur  :  doué  du  talent  de  l'impro- 
visation, il  prit  une  part  très  active  aux 
affaires  d'Italie ,  soit  en  haranguant  le 
peuple,  soit  en  distribuant  ses  écrits  po- 
litiques. Le  gouvernement  républicain  de 
Kaples  l'envoya  coiTime  agent  de  relations 
commerciales  près  de  la  république  ba- 
tave.  IVlurat  le  nomma  ])îiis  tard  intendant 
d'une  province,  puis  directeur  de  l'in- 
slruclion  publique  du  royaume  de  Naples. 
A  la  chu  te  de  ce  prince,  Gakii  sa  relira  ;  dé- 
puté eu  1820,  à  l'assemblée  qui  fut  tenue 
alors  par  les  constitutionnels,  il  fut  élu  pré- 
sident du  parlement  napolitain,  et  reçut  en 
cette  qualité  le  serment  du  roi  Ferdinand, 
Galdi  est  mort  en  novembre  1821.  Ses 
principaux  ouvrages,  écrits  en  italien, 
sont  :  ]  Considérations  sur  la  féodalité; 
I  Nécessité  d'établir  une  république  en 
Italie ,  1796  ;  |  Obse^oations  sur  la  répu- 
blique helvétique  .  1797;  |  Vicissitudes  du 
théâtre  italien  ;  \  Discours  sur  les  rap- 
ports  2>olitiques  et  économiques  de  l'Ita- 
lie avec  la  France  et  V lî:urope  ^  il^il  ; 
I  une  Statistique  de  la  Hollande;  |  Pen- 
sées sur  l'instruction  publique  ^  J^aiAes. 
•1819.  Il  a  dotmé  à  l'acadéniic  royale  de 
Naples,  dont  il  était  membre,  plusieurs 
mémoires  snr  des  matières  de  législation 
et  d'économie  politique.  La  poésie  ne  lui 
était  pas  étrangère,  et  on  a  de  lui  quelques 
pièces  de  vers. 

GALDI.\  (  saint  ),  né  à  Milan,  de  l'il- 
lustre maison  de  la  Scala,  célèbre  dans 
l'histoire  d'Italie ,  s'attacha  de  bonne 
heure  au  service  des  autels  ,  après  s'y  être 
préparé  par  l'étude  de  l'Ecriture  sainte  , 
j)ar  une  grande  innocence  de  mœurs ,  et 
jjar  la  pratique  de  toutes  les  vertus  chré- 
tiennes. Il  devint  sucessivement  archi- 
tliacre  et  chancelier  de  l'église  de  Milan. 
Les  archevêques  Ribald  et  Hubert  se  dé- 
«  hargèrent  sur  lui  d'une  partie  de  l'admi- 
nistration du  diocèse,  qui  était  alors  rem- 
pli de  troubles  et  de  confusion.  Ce  fut 
dans  ce  temps  que  l'empereur  Barberousse 
se  mit  en  marche  contre  la  ville  de  Milan, 
qui  prétendait  avoir  le  droit  exclusif  de 
choisir  ses  magistrats,   et  qu'il  attaqua 


14  G. IL 

avec  une  nombreuse  armée,  cl  la  força 
de  se  rendre  à  discrétion  après  un  sié/je 
de  dix  mois.  Ce  prince  porta  la  vengeance 
aux  derniers  excès.  La  ville  fut  détruite  , 
et  les  habitans  eurent  à  peine  la  vie  sauve. 
roijez  FRÉDÉRIC  {  Barbe  rousse).  Hu- 
bert, archevêque  de  Bliian,  étant  nioit 
en  1166,  Galdin  ,  quoique  absent,  fut  éiu 
pour  lui  succéder.  Le  pape  le  sacra  lui- 
même ,  le  fit  cardinal  et  le  nomma  légat 
du  saint  Siège.  Galdin  remplit  avec  exac- 
titude tous  les  devoirs  d'un  digne  pas- 
teur. Il  annonçait  assidûment  la  parole 
de  Dieu  ;  soulageait  les  malheureux  avec 
une  bonté  paternelle  ,  et  prévenait  mémo 
leurs  besoins;  rétablit  la  discipline  qui 
avait  beaucoup  souffert,  étouffa  toutes 
les  semences  de  division,  et  s'occupa 
surtout  à  détruire  les  erreurs  des  catha- 
res, espèce  de  manichéens  qui  avaient 
profité  des  troubles  occasionés  par  la 
guerre  ,  pour  s'introduire  en  Lombard ie. 
Il  mourut  au  milieu  de  son  clergé  et  de 
son  peuple,  le  18  avril  1176,  après  avoir 
fait,  malgré  sa  faiblesse  ,  un  long  sermon 
qu'il  débita  avec  beaucoup  de  feu.  Sa 
mort  fut  généralement  pleurée.  Sasain 
tetc  éclata  par  plusieurs  miracles.  Il  est 
honoré  dans  les  anciens  bréviaires  de  Mi- 
lan ,  et  est  nommé  le  18  avril  dans  le 
Martyrologe  romain.  (  Voyez  ses  deux 
vies ,\\\nG  et  l'autre  autiientiques  avec 
les  notes  du  Père  Henschenius,  avril , 
tom.  2,  p.  593.) 

GALK  (  Thomas  ) ,  né  à  Scruton,  dans 
le  duclié  d'Yorck  en  1656,  fut  successivu- 
mont  directeur  de  l'école  de  Saint-Paul  . 
membre  de  la  société  royale  de  Londres, 
et  enfin  doyen  d'York  en  1697.  Ses  ou- 
vrages décèlent  une  profondeur  d'érudi- 
tion étonnante.  Les  principaux  sont  :  |  JJii- 
toriœ  poeticœ  antiqui  scriplorcs  ^  Viùvis , 
1675,  in-S",  Oxford,  1676,  in-8".  Ce  sont  h'S 
anciens  écrivains  de  la  mythologie ,  ac- 
compagnés de  savantes  notes,  elprécéilés 
d'un  discours  préliminaire  non  moins  sa- 
vant. I  Jamblicus  de  mijsteriis  JEgypiio- 
rurn  ,  etc.^  Oxford  ,  in-fol.  1678  ,  en  git^c 
et  en  latin,  avec  des  éclaircissemens  (jui 
renfermentun  fonds d'éruditionimmense; 
\IIistoriœ  Britannicce  j  Saxoniœ  et ylmjlo- 
Danicœ  scriptores  quindecim ,  Oxford  , 
1687  et  1691,  2  vol.  in-folio,  avec  une 
préface  qui  fait  sentir  le  mérite  de  cette 
compilation,  et  une  table  des  matières  fort 
ample;  |  Rhetores  sélectif  Oxford,  1676, 
in-8°,  d'un  mérite  égal  aux  précédens; 
I  Opuscula  mythologica,ethica  et  phy- 
sica,  en  grec  et   en  latin  ,   Cambridge, 


GAL 


Si» 


GVL 


lf(l7,  inS",  ou  Amslcrdaiij ,  1688.  Il  inou- 
rul  le 8  avril  1702,  que  l'on  comptait  aUirs 
ni  AimlclLTrc  1701.  On  lui  attribue  eii- 
a>re  Jntnnitti  itrr  Hn'tanniaruni .  1709  . 
iii-l",  avt'c  des  notes  ;  mais  c'est  son  (ils 
lîojor  (|ui  a  publié  cet  ouvrage.  Le  nirme 
a  traduit  m  Au|;lais  la  science  des  .!/«'- 
..'cilles  lie  Jol^eti .  1715.  in-8",  et  donné 
lies  explications  de  médailles  et  d'insrrij)- 
'.l.ins  dans  différens  recueils.  —  Un  autre 
(!e  ses  tiU,  SamlelGALE,  no  à  Londres 
*'n  166^,  luorl  en  {Tôk,  adonné  au  pu- 
blic l'Histoire  de  la  cathédrale  d  York . 
in-folio. 

G  VLKANO  (  Josicrn  ) ,  savant  médecin 
de  Pulerme  né  vers  1G03 ,  pratiqua  son 
art  avec  beaucoup  de  succès;  et  en  déve- 
loppa les  principes  avec  d'autant  phis  de 
sagacité,  qu'il  l'avait  exerce  pendant  50 
ans.  Son  génie  s'étendait  à  tout ,  belles- 
lettres,  poésie,  théolojjie,  mathématiques  ; 
mais  il  ne  lit  qu'eflleurer  ces  différens 
genres,  pour  approfondir  davantage  la 
médecine.  On  a  de  lui  plusieurs  ou\  rages 
en  italien.  Les  jjUis  coiuuis  sont  :  ]  Mctlw- 
do  di  conservar  la  sunita ,  è  di  curare 
ogni  morbo  col  solo  itso  deW  acqua  vita  , 
en  lGt22,  in-i°  ;  ]  //  café  con  piu  diliyenza 
esaminato.  1674,  in-Zi".  On  en  a  aussi  en  la- 
tin, parmi  lesquels  on  distingue  |  son  Jlijr- 
jjocratcs  redivivus  .  paraphrasihus  illus- 
tralits.  en  IGjO,  IGîijcI  1701.  et  1  sa  Politica 
medicn  pro  leproiis.On  lui  doit  encore  un 
Jîecueil  des  petites  pièces  des  écrivains  les 
plus  célèbres  qui  ont  cultivé  les  muses 
siciliennes,  en  li  vol.  Galéuno  mourut  en 
iG7o,  regretté  de  sa  patrie  dont  il  était 
l'oracle.  Les  pauvres  perdirent  en  lui  un 
bienfaiteur  ingénieux.  Il  était  consulté 
de  toutes  les  parties  de  l'Europe. 

GALÉAS.  roijcz  VLSCO.NTL 

GALE\  (  MATTfuuu  ).  né  à  "VVcstcapel 
en  Zélandc,  vers  l'an  1528,  enseigna  la 
théologie  avec  réputation  à  DilUngen , 
puis  à  Douai,  devint  chancelier  de  l'uni- 
versilé  de  cette  ville,  y  lit  llenrir  les 
sciences  ,  cl  mourut  en  107.').  On  a  de  lui  : 
I  Commentarium  de  christiano  et  catho- 
lico  sacerdotio .  Dillingen,  15G5,  in-4°; 
\  De  orif/inibufi  uwtiusticis  ;  \  De  miisœ 
sacrifîcio;  \  De  sœculi  nostri  choreis.  et 
d'autres  écrilâ  pleins  d'érudition,  quel- 
quefois dépourvus  de  critique,  mais  rem- 
plis d'une  sage  morale. 

GALEX  (  Jeax  van-)  «capitaine  fameux 

Il  service  des  Provinces-Unies  des  Pays- 

!'.as.  Né  vers  1600,  à  Esscn  dans  la  Wcsi- 

•   ■'■■•,  iVxine  lionne  famille,  mais  pauvre, 
:tc:iça  par  cire  malciel.  Ses  pro- ' 


grès  furent  si  rapide»  que  ,  dès  l'àgc  de  26 
ans  ,  il  fut  capitaine  de  vaisseau.  Il  se  si- 
gjiala  contre  le»  Frawvi'i"»,  les  Anglais,  Ict 
Maures  et  les  Turcs.  Ko  1G52  il  XAm^un, 
avfc  quelques  vaisseaux  des  états  <!.•  Ho!- 
lamle,  six  vaisseaux  anglais,  enfermes 
dans  le  poil  de  Livourne.  D'autres  vais 
seaux  étant  venus  à  leur  secours,  il  y  eut 
un  conjbat  dans  leciuel  van  Galen  fi;' 
blessé  à  la  jambe.  On  voulut  l'engager 
se  retirer,  nuiis  il  répondit  :  C'est  mourir 
ylorieusement .  que  de  perdre  la  vie 
au  tnilieu  de  la  victoire  que  l'on  reni>. 
porte  pour  sa  patrie.  Il  fallut  lui  cou- 
per la  jambe,  et  il  mourut  neuf  jours 
après  à  Livourne  l'an  1G55.  Son  corps  fut 
transporté  à  Amsterdam;  les  états  lui 
firent  ériger  m»  monument  superbe,  qu'où 
voit  dans  l'église  neuve  d'Amsterdam. 

GALCN  (  CnnisTofiiE-BEH\ARD  ). 
prince-é  vé(iue  de  Munster ,  d'une  des  plus 
anciennes  familles  de  Wcstphalie,  naquit 
vers  1G07  ,  et  porta  d'abord  les  armes.  Il 
les  quitta  pour  un  canonirat  de  Munster, 
mais  sans  i)erdre  le  goût  de  son  premier 
état.  Elu  évéque  de  celle  ville,  et  ne  pou- 
vant la  soumettre  à  son  autorité,  il  l'as- 
siégea en  IGGI,  la  prit  et  la  conserva  en 
faisant  bâtir  une  forte  citad-  lie.  En  1664 
il  fut  choisi  pour  être  un  de»  directeurs 
de  l'armée  de  l'empire  ,  contre  les  Turr«. 
en  Hongrie.  Il  n'eut  pas  le  temps  d'y  si 
gnaler  son  courage  ,  la  paix  ayant  été  con 
due  d'abord  après  son  arrivée.  L'annd 
suivante  il  endossa  encore  la  cuirasse  pou  i 
les  Anglais  contre  les  Hollandais,  et  rem- 
porta sur  eux  divers  avantages.  La  paix 
se  lit  en  16GG,  par  la  médiation  de  Loui> 
XIV;  mais  la  guerre  recounnença  en  1G7'_', 
pour  une  seigneurie  que  la  Hollande  Im 
retenait.  Uni  avec  les  Français,  il  enle\.. 
aux  étals  plusieurs  villes  et  places  fortev 
Les  armes  de  l'empereur  l'ayant  oblij;. 
de  faire  la  paix ,  il  se  ligua  avec  le  roi  d' 
Danemarck  ,  contre  le  roi  de  Suède,  «i 
lui  enleva  quelques  places.  Galen,  grand 
capitaine  ,  mauvais  evéque,  avait  la  bra- 
voure d'un  soldat.  Il  mourut  en  1G78,  à 
71  ans,  aussi  peu  regretté  de  sou  peupl< 
que  de  ses  troupes.  Sa  f^ie,  traduite  rn 
français  par  Le  Ixjrrain  ,  en  1679,  in-l'J, 
est  un  ouvrage  mal  écrit ,  remjili  de  faii« 

hasardés  ou  exagérés  ;  Jean   ^  ■••   " 

chanoine   de   Cologne  cl  de 
réfutée  dans  son  traité  :  De  i 
gestis  Chri.ffophoré  llentardi .  «yw,. 
principis  Monastcncnsu  .  etc.  ,  G> 
16λA .  in-8». 
GALE.\US.  fotjez  GALICN. 


GAL 


516 


GAL 


GALEOTTI  (  Nicolas)  Jésuîle  italien, 
ne  à  Vienne  en  1C92 ,  est  célèbre  par  les 
Vies  des  généraux  de  sa  compagnie , 
avec  leurs  portraits .  in-fol.,  lalin  et  ita- 
lien ,  imprimées  à  Rome  en  1748.  Ses  sa- 
vantes Notes  sur  le  Musœum  Odescalcum, 
Rome,  1751,  2  tom.  in-fol.  sont  un  ou- 
vrage posthume.  Il  professa  en  1725  la 
physique  à  Macerata,  et  de  1728  à  1749  la 
rhétorique  ù  Rome  où  il  mourut  en  1758. 

GALEOTTI-MiVRZIO  ,  né  à  Narni  dans 
l'Ombrie  vers  1440,  fut  secrétaire  de  Ma- 
thias  Corvin ,  roi  de  Hongrie  ,  et  précep- 
teur de  Jean  Corvin  son  fils.  Il  mourut 
à  Lyon  en  1494  d'une  chute  de  cheval ,  en 
allant  au-devant  de  Charles  VIII.  Sixte  IV 
assista  quelquefois  à  son  cours ,  ainsi  que 
plusieurs  savans,  entr'autres  Mérule.  On 
a  de  lui  :  ]  un  Recueil  des  bons  mots  de 
Mathias  Connn  ,  dans  la  Collection  des 
historiens  de  Hongrie  ,  Francfort,  1600, 
in-fol.;  I  un  traité  De  homine  interiore , 
et  de  ejus  partihus,  Bàle  1518  ,  in-4'' ,  qui 
fit  beaucoup  de  bruit  à  cause  de  quelques 
sentimens  peu  orthodoxes  qu'il  fut  obligé 
de  rétracter  ;  |  De  dortrinâ  jn-omiscuâ^ 
dédié  à  Laurent  de  Médicis  ,  Florence, 
1488  ;  Lyon ,  1552  ,  in-8''.  C'est  un  mélange 
de  questions  de  médecine ,  de  physique 
et  d'astrologie.  C'est  surtout  dans  le  livre 
intitulé  :  De  incognitis  vulgo^  qu'il  fit  pa- 
rade de  ses  sentimens  hétérodoxes.  Il  y 
réduisait  la  religion  à  la  seide  pratique 
de  la  loi  naturelle.  Il  en  fil  circuler  quel- 
ques copies  manuscrites ,  qui  pensèrent 
lui  coûter  cher;  caf  dans  ces  temps  on  ne 
répandait  pas  aussi  impunément  qu'au- 
jourd'hui la  doctrine  philosophique.  —  II 
y  a  eu  un  autre  GALEOTTI  (Bartiiélkmi  ) 
qui  donna  ,  dans  le  16*^  siècle  ,  une  His- 
toire des  hommes  illustres  de  Bologne  ^ 
sa  j)atric  ,  Ferrare,  1590,  in-4". 

GALERE  -  ARME^TAIRE ,  empereur 
romain.  Voyez  MAXIMIEN,  Galerius 
Valer.  Maximianus. 

*  GALESIM  (  PiEHRE  ),  i)rofonotaire 
apostolique  à  Milan,  né  à  Ancône  vers 
1520,  vécut  dans  l'intimité  de  saint  Char- 
les Borromée  ,  s'occupa  avec  fruit  de  l'é- 
lude de  l'antiquité  ,  et  mourut  vers  1590. 
On  a  de  lui  :  |  une  Traduction  latine  des 
Sermons  de  saint  Grégoire  de  Nysse, 
Rome ,  1563  ;  |  une  autre  de  la  Lettre 
d'Isidore  de  Péluse  à  Palladius  ;  |  3far- 
tyrologium  romanum,  in  singulas  dies 
anni accommodatum ,  Milan,  1578,  in-4°; 
j  Ordo  dedicationis  obelisci  qaem  Sixtus 
V  in  fora  vaticano  erexit^  Rome,  1586, 
in -4";    I  Dedicatio  columnœ  cochlidis 


Trajanœ  ad  honorem  sancti  Pc  tri ,  îb. , 
1587  ;  I  Conimentarius  brevis  de  bibliis 
grœcis  interprelum  LXXII ,  etc. ,  ib. , 
1587,  in-4''.  On  lui  doit  encore  des  édi- 
tions de  plusieurs  auteurs  sacrés  ;  il  a  eu 
part  au  Recueil  des  actes  de  Véglise  de 
Milan  ;  et  il  a  laissé  en  manuscrit  une 
Histoire  des  papes  sous  le  titre  de  Thea- 
trum  pontificale ,  ainsi  qu'une  Histoire 
des  saints  de  Milan. 

GALFRII) ,  ou  GEOFFROI  de  WINE- 
SALF  ,  célèbre  poète  latin,  né  en  Angle- 
terre ,  vers  1170.  Après  avoir  visité  plu- 
sieurs villes  de  la  France,  dont  il  était 
originaire,  il  suivit,  en  1190,  le  roi  Ri- 
chard à  la  Terre-Sainte.  A  son  retour  en 
Europe,  il  passa  à  Rome,  où  le  pape  In- 
nocent ÎV  lui  fil  un  bon  accueil.  D'après 
l'avis  du  Père  Fatlorini  et  de  Tiiaboschi, 
Galfrid  enseigna  les  belles-lettres  à  Bolo- 
gne, ce  qui  ferait  croire  qu'il  se  fixa  cr» 
Italie.  L'époque  de  sa  mort  est  incertaine, 
et  on  ne  peut  guère  la  fixer  que  vers  l'an 
1250.  Il  a  laissé  :  |  Poetica  nova^  sive  Car- 
men de  arte  dictandi,  versificandi  et  Irans- 
fercndi,  publiée  par  Deyser  dans  son  His- 
toria  pocmatum  mcdiiœvi.  Halle,  1721, 
réimprimée  séparément  à  Helmstad,  1724 
in-S^-Ildédiacetouvrage, d'un  rare  mérite 
pour  le  temps,  à  Innocent  IV.  On  en  con- 
serve un  manuscrit  dans  la  bibliothèque 
vaticane.  ]  Ilistoria  seu  itinerarium  Ri- 
chardi  Anglorwn  régis  in  Terram  Sanc- 
tam  ab  anno  1177  ad  1190,  insérée  dans 
les  Script,  hist.angl.  de  T.  Gale.  |  De  plan- 
tatîonc  arborunt  et  conservatione  fruc- 
tuum  ,  c\c.. ,  dont  une  copie  est  conservée 
dans  la  bibliothèque  de  Cambridge.  On 
altriljue  à  Galirid  une  élégie  intitulée  : 
De  statu  curiœ  romance.  Don  Mabillon  .  la 
considérant  comme  vme  apologie  de  l'E- 
glise romaine,  l'a  insérée  dans  le  tome  4 
de  ses  Analccta.  Francowitx ,  au  con- 
traire, qui  était  protestant,  n'avait  vu  en 
elle  qu'une  satire  de  cette  même  église, 
et  l'avait  placée  d'avance  dans  son  recueil 
De  corraplo  Ecclesiic  statu  ,  Bàle,  1557. 
Nous  aimons  mieux  nous  fier  aux  lumières 
du  savant  Mabillon. 

GALGACIJS,  chef  des  Calédoniens, 
résista  long-temps  avec  courage  aux  Ro- 
mains commandés  par  Agricole.  Il  suc- 
comba dans  une  grande  bataille  avec  pres- 
que tous  ses  soldats.  Tacite  (  Vie  d'Agri- 
cola  )  met  dans  sa  bouche  un  discours  ad- 
mirable qu'il  adressa  à  ses  troupes  avant 
le  combat. 

GALÎANI  (  Fep.dixam»  )  naquit  le  2 
décembre  1728  à  Chiéti,  où  sonpèrerem- 


r.Ai  1 

I>lt^•lail  la  chnr(;e  «l'autlii' m  tovii.ll  fut 
inxoyo  à  NapU-s ,  à  rà(»c  tlo  8  ans.  cIhv. 
stMi  iMiclo,  Cc'Ii'5liii  (ialjaui,  arche v«\qu(î 
th'Tarcntc  et  (^niiul-rliapclaiii  dii  nti ,  qui 
vu!  soin  de  son  cddcatioii.  Ses  talons  ne 
fai  drrcnl  pas  à  se  montrer.  II  pnMia  en 
17iiO  ,  à  l'àye  de  21  ans ,  un  onvrafre  sur  la 
monnaie ,  qui  eut  un  succès  décid«i ,  piiis- 
quo  le  gouvernement  adopta  les  principes 
fie  l'auteur,  qui  avait  pardc  ranonvmc. 
A  cette  é|K)que  .  il  entra  dans  la  carrière 
erclé->ia8tique,  et  fut  p(Mirvu  d'un  ln-nè- 
ticc  de  500  ducats,  auiiuel  il  réunit  une 
nlibaye.  Après  avoir  vopgé  en  diverses 
contrées  d'Italie,  il  revint  à  Naples  en 
^7b'■>.  Nonniu'  en  17;>9  secrétaire  de  l'am- 
bassade en  France  ,  il  ])assa  dix  ans  à  Paris 
cl  s'y  lia  avec  tous  les  beaux  -  esprits  , 
surtout  avec  les  encyclopédistes,  le  sei- 
gneur de  Ferney  et  M""  d'Epinay.  De 
retour  à  Naples,  il  ne  cessa  de  s'y  occti- 
pcr  des  sciences  et  des  lettres  ju.^qu'en 
1787 ,  qu'il  mourut  dans  cette  ville  le  50 
octobre,  à  l'âge  de  près  de  59 ans.  On  a  de 
lui ,  outre  le  Traité  sur  la  monnaie  dont 
nous  avons  parlé.]  plusieurs  écrits  sur  les 
antiquités  d'//<?rrM/<ï«M;;i ,  de  Pompcia  et 
de  Stttbia;  \\\i\c  Oraison  funèbre  de  Benoit 
XIV;  I  un  I)ia!of/ue  sur  Icsfetnmes;  [un 
Traité  sur  1rs  (jeans .  à  l'occasion  d'un 
jeune  Irlandais  d'une  stature  extraordi- 
naire, nommé  Ma{irat;\  des  noies  sur 
Horace,  qui  ont  paru  dans  la  Gazette 
littéraire  r/f  l'/Stu-o/je  :  et  à  la  suite  des 
vcuK-res  d'Horace,  traduites  par  MM.  Cam- 
penon  et  Df«près,  Taris.  <8t21,2  vol.  in- 
8"  ;  divers  Mémoires  sur  le  commerce  des 
grains .  sur  la  disette  qui  afpiqea  la 
France  en  17!>r)  et  {~f>k .  etc..  où  les  éco- 
nomistes ne  sont  pas  ménagés  ;  un  opéra 
intitulé  le  Sncrate  imaginaire .  etc.  «  On 
»  trouve  dans  tout  cela ,  dit  l'abbé  de 
■  Saint-I^'i;»'r,  im  é«  ri  vain  facile  et  plai- 
»  sanl .  chez,  qui  les  pràces  n'ofrus(iuent 
»  pas  le  jugement.   La  vérité  ne  permet 

•  pourtant  pas  de  dissimuler  que  plu- 
a  sieurs  traits  caustiques  épars  dans  les 
»  dialogues,  et  plus  encore  les  sarcasmes 

•  qui  Coulaient   à   floU  de  la  bouche    de 

•  Galiani  dans  les  sociétés,  lui  tirent  <Ies 

>  ennemis  à  Paris,  où  il  avait  beaucoup 

>  perdu  de  l'estime  publique,  quand  il 

•  en  partit  d\\  mai  17ti9,  pour  retourner 
»  à  Naples  et  rentrer  dans  le  conseil  du 
»  commerce;  néanmoins  il  entretint  tou- 

•  jours  un  commerce  éjustolairc  avec  l)i- 
»  de  rot .  d'Jlenibert,  foliaire .  les  abbés 

•  liatteuT.  .^niauld .  liarthélenii .  et  nos 

•  Mires  53^ ans,  dudt    il  a  conservé  les 


i7  r.  VI, 

•  lettres,   qui   foruieril    nruf   bons   vol  i 
»  n«es.   »M.  Diodali  a  publié  sa  vie.  N 

pies,  1788,  in  8".  L'hiMorien  ne  di«M 

pas  les  fautes  et  les  vices  de  son  i 
il  lui  applique  ces  paroles  de  Cn 
Népos  sur  Thcmistorle  :  /fujit%  vi' 
jrimis  siint  emendata  virfntihiis.  i 
de  paradoxe  ou  d'impossibilité  .s.  ,.,.,. 
Horace  : 

Virtmeil  viliora  fiigere  ,  el  i»pientia  prima 
Stutiitia  caruitie 

On    a    publié    sa   Correspondance    OK^rr 
.»/""=  d'Epinay  et  antres  en  1818.  2  v(. 
in-8".  roijez  EPINAY.  C'est  un  livre  ( n 
rioix  et  nécessaire  à  consulter  jwur  cou 
naître  l'hisloirc  do  l'école  pliilosophiqi. 
du  19*^  siècle.  —  Il  avait  un  frère  nommr 
le  marquis  GALIANI.  dont  il  existe  une 
traduction  de  Fitruve ,    avec   des    com- 
mentaires ,  Naples.  1758,  in-folio. 

G\LIE\,  Clau'iius  Galenus  .  {  suivant 
les  règles,  il  faudrait  dire  GALÈNE  ], 
célèbre  médecin  sous  Antonio  ,  Marc-Au 
rèle  et  quelques  autres  empereurs ,  na- 
quit à  IVrgame  d'un  habile  architecte . 
vers  l'an  151  de  J.-C.  On  n  épargna  rien 
pour  son  éducation.  Il  cultiva  égalemeiil 
les  belles-lettres,  les  mathématiques,  Ii 
pliilosoi.hie  ;  mais  Lt  médecine  fut  son 
goût  et  son  talent  principal.  Il  jiarcouriit 
toutes  les  écoles  de  la  Grèce  et  de  l'E- 
gypte, pour  se  pcrfoclionner  sous  les  pli!> 
habiles  maîtres.  Il  s'arrêta  à  Alexandrie  . 
le  rende/.  -  vous  de  tous  les  savans  ,  et  i  i 
meilleure  école  de  niédecine  que  l'on  coi 
nût  alors.  D'Alexandrie  il  passa  à  Rom* 
et  s'y  lit  des  admirateurs  et  des  envien\ 
Ses  confrères ,  jaloux  de  sa  gloire  da:  - 
l'art  si  conjectural,  mais  si  nécessaire., 
l'humanité,  de  guérir  les  malades,  allri- 
biièrent  ses  succès  à  la  magie.  Toute  la 
magie  de  Galion  était  une  élude  profond  ' 
dos  écrits  d'ilippocrate.  et  surtout  de  1,» 
nature.  Une  peste  cruelle ,  qui  ravagea 
une  jiarlie  du  monde,  l'obligea  de  retour- 
ner dans  sa  patrie  ;  mais  il  fut  rappelé  h 
Rome  par  les  lettres  obligeantes  de  Marc- 
Aurèle.  Cet  empereur  avait  une  con- 
fiance aveugle  en  lui.  A|>rès  la  mort  d»' 
ce  prince.  Galion  rotonina  de  nouveai; 
dans  sa  patrie,  où  il  mourut  dans  une 
vieillesse  avancée,  vers  l'an  SIC  de  J.-C.. 
Il  dut  sa  longue  vie  à  sa  frugalité;  car  il 

était   d'ailleurs   d'un    tcmp«r ■■■% 

délicat.  Sa  maxime  (  cl  ce  «1 
de   quiconque    aime  sa   sani 
sortir  de  ttUtle  avec   un  reste  du^jrtiù 
Ses  mœurs,  son  caractère  rrpnnd.ivul  i 
27. 


GAL  3 

son  habileté ,  et  ajoutaient  encore  à  sa 
réputation.  Outre  les  principes  de  la  mé- 
decine, il  avait  étudié  ceux  de  toutes  les 
sectes  philosophiques.  Il  se  trompa  néan- 
moins étrangement  dans  les  idées  qu'il  se 
forma  des  chrétiens.  Il  les  confondait  avec 
les  juifs,  qu'il  accusait  de  croire  aveu- 
glément les  fables  les  plus  absurdes ,  et 
devint  leur  ennemi  déclaré.  Il  recon- 
naissait les  causes  finales,  et  s'élevait  au 
Créateur  par  l'élude  de  ses  ouvraj^es.  Un 
jour  qu'il  avait  expliqué  l'anatomie  du 
corps  humain  :  «  J'ai ,  dit-il ,  offert  à  l'E- 
»  ternel  un  sacrifice  plus  agréable  que  le 
»  sang  des  boucs  et  des  taureaux.  »  Leçons 
utiles  pour  ces  demi-medecins  qui ,  pour 
avoir  entrevu  lestement  quelques  opéra- 
tions de  la  mystérieuse  nature,  arrêtent 
leurs  regards  sur  la  superficie  de  l'ou- 
vrage ,  en  méconnaissent  le  but ,  la  sa- 
gesse de  l'ensemble  ,  et  l'aiiteur  lui-même 
(  voyez  ELOY  ).  Une  partie  des  écrits  de 
ce  médecin ,  périt  dans  l'incendie  qui 
consuma  le  temple  de  la  paix  à  Rome ,  où 
ils  avaient  été  mis  en  dépôt.  Ceux  qui 
nous  restent  ont  été  publiés,  d'abord  à 
Bàle,  en  1558,  6  vol.  qu'on  relie  en  ,'i,  et  ont 
été  traduits  et  commentés  un  grand  nom- 
bre de  fois  surtout  dans  le  IG*"  siècle.  Cette 
édition  fut  suivie  d'une  autre  à  "Venise  en 
4(i2o,  6  vol.  en  grec  et  en  latin,  et  elle  a  été 
éclipsée  par  celle  de  Chartier  ,avec  Hip- 
pocrate,  Paris,  1639,  13  tom.  en  9  vol.  in- 
fol.  Galien  devait  beaucoup  à  Ilippocrate, 
et  ne  s'en  cachait  pas.  Plusieurs  modernes 
sont  redevables  de  leurs  connaissances  à 
ces  illustres  anciens  ,  et  les  ont  décriés  : 
semblables  aux  enfans  qui  déchirent  le 
sein  qui  les  nourrit.  Mais  le  plus  grand 
nombre  des  médecins  s'est  réuni  non- 
seulement  aies  respecter,  mais  à  prendre 
leurs  écrits  pour  des  modèles,  et  leurs 
décisions  pour  des  oracles.  Les  hommes 
sages  et  in)partiaux  ont  tenu  un  milieu 
entre  les  détracteurs  et  les  partisans  ou- 
trés de  ces  pères  de  la  médecine.  Ils  ont 
jugé  d'eux  comme  ils  jugent  de  leur  art, 
pour  lequel  il  ne  faut  avoir  ni  trop  de 
confiance ,  ni  trop  de  mépris.  On  con- 
vient que  Galiea  a  beaucoup  contribué 
aux  progrès  de  la  médecine  par  ses  ex- 
périences ;  mais  qu'il  lui  a  fait  aussi 
beaucoup  de  tort  par  ses  raisonnemens 
trop  subtils,  par  ses  qualités  cardinales  ^ 
et  autres  chimères.  Galien  fit  le  premier 
des  dissections  sur  le  corps  humain ,  quoi- 
que les  lois  romaines  défendissent  de  tou- 
flier  aux  cadavres  :  il  disséquait  plus  sou- 
vent des  animaux,  surtout  des  singes.  Il 


18  GAL 

s'est  beaucoup  occupé  des  muscles  dont 
il  a  tracé  la  figure,  la  position,  la  direc- 
tion, et  a  composé  un  Traité  sur  la  sai- 
gnée dont  il  était  partisan. 

*  GALIEX  (Joseph),  religieux  domi- 
nicain, ne  en  1699  près  du  Puy-en-Velai, 
professa  la  philosophie  scolastique  et  la 
théologie  dans  l'université  d'Avignon, 
cultiva  la  physique  avec  succès,  et  mou- 
rut dans  sa  ville  natale  en  17G2.  Il  avait 
entrevu  la  possibilité  de  s'élever  dans  les 
airs,  au  moyen  d'une  sorte  de  vaisseau 
plus  léger  que  l'air  atmosphérique ,  dé- 
couverte qui  illustra  plus  tard  les  frères 
Monlgolfier  (  voyez  ce  nom  ).  On  a  de 
lui  :  I  l'jfrt  de  naviguer  dans  les  airs , 
précédé  d'un  Mémoire  sur  la  nature  et  la 
formation  de  la  grêle ,  Avignon,  17oo  et 
1737 ,  in-16. 

GALIFET  ou  GALIFECT  (  Joseph  ), 
jésuite,  est  particulièrement  connu  par 
un  ouvrage  de  Cultu  sacro-sancti  cordis 
JesH  ,  Rome  ,  1726  ,  in-4",  dédié  au  pape. 
Il  en  a  publié  lui-inême  une  traduction 
française  sous  ce  titre  :  Excellence  de  la 
dévotion  au  cœur  adorable  de  Jésus- 
Christ.  Ce  livre  traite  amplement  de  la 
charité  immense  de  Jésus-Christ  pour  les 
hommes,  dont  le  souvenir  nous  est  re- 
tracé parle  symbole  de  son  cœur,  cl  des 
sentimens  que  ce  souvenir  doit  faire 
naître  dans  l'âme  des  fidèles  reconnais- 
sans  :  ce  qu'on  exprime  ordinairemen  t  par 
dévotion  env  rs  le  sacré  Cœur  (voyez 
Marguerite-Marie  ALACOQUE  ).  Mais 
comme  l'esprit  de  l'homme  toujours  ir»- 
quiet  et  immodicus^  selon  l'expression 
d'un  ancien  ,  ne  sait  s'arrêter  où  il  faut , 
le  Père  Galifet  a  joint  à  son  ouvrage  un 
Appendix ^  pour  prouver  qu'il  faut  join- 
dre le  culte  du  cœur  de  la  sainte  Vierge 
à  celui  de  l'Homme-Dieu  (  cnllum  cordis 
Mariœ  a  cultu  cordis  Jesu  non  separe- 
mus  ).  Cette  singularité,  qui  semblait 
confondre  des  cultes  dont  les  objets  sont 
l'un  de  l'autre  aune  distance  infinie,  et 
dont  le  second  ne  pouvait  entrer  dans  l'es- 
prit de  la  représentation  symbolique  dont 
nous  avons  parlé,  excita  des  murmures 
de  la  part  même  des  personnes  les  plus 
dévotes  envers  la  sainte  Vierge,  et  d'un 
autre  coté  trouva  des  défenseurs  et  des 
partisans.  Clément  XIU  se  contenta  de  lu 
condamner  par  le  fait,  en  instituant  ex- 
clusivement la  fête  du  sacré  cœur  de  ./<?- 
5U5,  et  en  expliquant  la  nature  et  robjit 
de  cette  fêle  ,  de  manière  à  ne  souffrir 
aucune  extension.  On  peut  voir  là-dessus 
le  Journal  hist.  el  //«^r.,  13  juillet  1791, 


G  AL  S 

p.  .\î8  ;  l.'i  soploiubro  ,  p.  1 10.  On  a  cnrorc 
iT|irorlic  ou  IVro  («aliTet  d'avoir  ras- 
&(>inMt*  dans  c«'t  .ipprndir  hvaiiamp  de 
cliosos,  où  la  sovi'ie  Ui«'olo(»ic  n'esl  pas 
d'arcord  aviT  la  piilé  de  l'aulcur.  Tout 
y  est  porté  à  l'cxIriMnc:  tout  ce.  qui  a  pu 
chc  taxé  dinexacliludc  ou  d'iiypcrbolc 
dans  les  é-rrils  do.  qufhiuc  homme  relcbre, 
y  est  répété  comme  autant  d'expression» 
normales  de  la  cr«)yance  catholique.  Il  est 
impossible  de  lire  cette  partie  de  l'ou- 
>rij{îc,  sans  que  l'imaf^ination  sorte  des 
homes  où  se  tient  la  notion  d'une  pure 
créature,  et  sans  prendre  l'idée  d'une 
espèce  d'égalité  qui  heurte  les  fondemens 
de  la  foi.  «  On  est  étrangement  embar- 
»  rassé,  a  dit  quelqu'un  ù  celte  ocrasion. 
»  quand,  après  la  lecture  de  ces  sortes 
»  de  livres,  (m   vient  à  rencontrer  celte 

•  maxime  fondamentale  du  christianisme, 

•  si  clairement  et  si  maguiliquement 
»  énoncée  par  le    prince   des    apôtres  : 

•  yon  est  in  alio  aliqiio  salus .  neque 
■  enim  alitid  nomen  est  suh  cœlo  datiim 
»  liominibus  in  quo  oforteat  nos  salvos 
.  fteri.  .  (  AcI.  IV.  )  f'oij.  MURATORI. 

GALIGAI  (  Ei.ÉoxoRE,  )  lille  d'un  me- 
nuisier et  d'une  blanchisseuse,  épousa  le 
célèbre  et  malheureux  Concini,  depuis 
maréchal  d'Ancre.  Elle  était  venue  en 
France  avec  Marie  de  Médicis,  dont  elle 
était  sœur  de  lait,  et  qui  l'aima  toujours 
tendrement.  Celte  femme,  modèle  de 
L'tideur,  et  sans  aucun  autre  mérite  que 
ci-lui  de  l'intrigue,  obtint  pour  sou  ujari 
l.s  postes  les  |>lus  brillans.  L'abus  inso- 
lent qu'ils  tirent  de  leur  faveur  souleva 
tous  les  glands  de  la  cour,  et  J>ouis  XIII 
en  partie  II  lier.  Concini  fut  tué,  et  sa 
feiume  conduite  à  la  Bastille.  On  lui  im- 
puta mille  crimes,  et  surt<Mit  celui  de  la 
magie;  mais  tout  son  sortilège,  connue 
rilc  répondit  elle-même  à  ses  juges,  qui 
lui  demandaient  comment  elle  avait  en- 
sorcelé la  reine,  était  le  pouvoir  tiu' ont 
1rs  âmes  fortes  sur  les  âmes  faibles.  Cette 
réponse  ne  la  sauva  {Kjint  :  elle  perdit  la 
tète  en  place  de  Grève,  l'an  1(JI7  ,  comme 
sorcière.  On  ajouta  à  l'accusation  de  la 
magie,  celle  de  judaïsme  [voyez  CON- 
CINI ,.  I^  relation  de  sa  mort  se  trouve 
avec  relie  de  son  mari,  dans  l'Histoire 
d«>  Favoris,  par  Du  Puy.  On  lit  aussi  sur 
sa  mort  une  tragédie  intitulée  La  magi- 
cienne étrangère ,  en  4  actes  et  en  vers, 
Houcn,  1617,  in-8"  :  satire  atroce  et  gros- 
îiere.  I-a  Galigaï  avait  eu  un  lils  et  une 
hile.  Celle-ci  nu>urut  peu  de  temps  après 
le  meurtre  de  son  père.  Le  ûls  fut  cnvc- 


10  CAL 

lop|n  .>..,..  ,.,  sentcnre  rendue  ronln-  sj 
mrre ,  et  dégmde  de  noblesse.  Il  se  retira 
à  Florence,  où  il  jouit  de  \k  mille  écu« 
de  rente,  que  «on  père,  licurcuMMnent 
pour  lui.  avait  placé»  dans  cette  ville.  Lu 
frère  de  la  Galiga'i',  parvenu  k  l'arclie- 
vèché  de  Tours  et  .i  l'abbaye  de  IMarrnou- 
tier»,  se  démit  de  ces  deux  bénélices.  sur 
Icscpiels  on  lui  d»)nua  luie  bonne  pension, 
et  alla  finir  ses  jours  en  Italie,  loin  des 
orages  des  cours. 

(.AMLÉK-GAMLEI.  créateur  de  la 
philosophie  expérimentale,  fils  naturel  de 
Vincent Galilei,  noble  florentin  [voy.  son 
article  ),  naquit  à  Pise  en  Vjiàk.  Après 
avoir  étudié  d'abord  la  nuisiquc  et  le  des- 
sin pour  lesquels  il  montra  peu  de  goût , 
il  suivit  des  cours  de  médecine  {tendant 
quelque  temps  à  Venise  ;  mais  pressera 
tant  sa  vocation  .  il  profila  de  son  séjour 
dans  cette  ville  pour  s'y  livrer  enlière- 
u>ent  à  l'étude  des  mathématiques.  A  Ik 
ans  il  obtint  une  chaire  de  philo8f)phie  à  Pa- 
doue ,  et  il  la  remplit  pendant  18  ans  avec 
le  plus  grand  succès.  C'est  à  cette  époque 
qu'il  inventa  le  thermomètre .  le  pendule. 
et  la  balance  hydrostatique  qui  n'étaient 
que  le  prélude  de  ses  découvertes  plus 
importantes  encore.  Cosme  II,  grand  duc 
de  Toscane  ,  l'envia  à  cette  ville  ,  et  le  lui 
enleva  pour  le  fixer  à  Horence.  Il  l'y  .•■ 
tacha  par  les  titres  de  son  premier  phil 
sophe  et  son  premier  mathématiritri. 
Lorsque  Galilée  était  à  Venise,  il  avait  eu 
occasion  de  voir  une  des  lunettes  d'ap- 
proche que  Jacques  Métius  avait  inven- 
tées en  Hollande.  Cette  découverte  le 
frappa  tellement ,  qu'il  en  fit  une  sem- 
blable. ÎMetius  avait  dû  cette  invention  en 
partie  au  hasard;  Galilée  la  fit  servira 
l'astronomie.  Le  télescope  de  Galilée  fut 
créé  en  1609.  Aidé  de  cet  instrument,  il 
vit  plusieurs  étoiles  incotmues  ju-^qu'a- 
lors.  le  croissant  de  l'astre  de  Venus,  lea 
quatre  satellites  de  Jupiter,  appelés  d'u- 
I>ord  les  astres  de  Médicis .  la  surface  ds 
la  lune,  les  sinuosités  qui  lui  sont  parti- 
rulièies,  etc.  Il  aurait  été  à  souhaiter 
p»)ur  son  repos,  qu'il  se  fût  borné  à  faire 
de.< observations  dans  Icciel;  mais  il  voulut 
al>solument  embrassi-r  un  système  :  il  - 
détermina  jiour  celui  de  Coi>crnic.  Sch'  . 
ner,  jésuite  allemand,  à  qui  on  doit  |.i 
découverte  de»  taches  du  soleil,  comliattil 
S(jii  ardeur  à  soutenir  une  cIkmc  incer- 
taine, qui  lui  paraissait  d'ailleurs  cooi- 
promellre  le  témoignage  des  livres  saints 
(  voyez  SCHEINEH  }.  Dès  l'an  tOll .  lu. 
quisiiion  du  Ilonie   avait  fait  un  dén. 


GAL 


520 


GAL 


contre  l'opinion  de  Copernic,  contraire, 
selon  elle,  à  l'Ecriture    Galilée,  dont  on 
esUmait  les  lalens  en  attaquant  ses  idées, 
en  fut  qxiitte  pour  une  défense  de  ne  plus 
soutenir  son  système,  ni  de  vive  voix, 
ni  par  écrit.  Le  cardinal  Bellarmin,  chargé 
de  lui  faire  celle  défense,  lui  donna  un 
écrit  par  lequel  il  déclarait  «  qu'il  n'avait 
»  été  ni  puni,  ni  même  obligé  à  se  ré- 
«  tracter;    mais    qu'on    avait    seulement 
»  exigé  de  lui  qu'il  abandonnât  ce  senti- 
>.  ment,  et  qu'il  ne  le  soutînt  plus  à  l'ave- 
I)  nir.  »  Galilée  promit  tout  ce  qu'on  vou- 
lut ,  et  surtout  de  ne  plus  contourner  l'E- 
criture sainte  pour  établir  son  système 
(  car  il  allait  jusqu'à  prétendre  qu'il  était 
tiré  de  la  Genèse,  et  voulait  en  faire  un 
dogme  ).  Il  tint  sa  parole  jusqu'en  1652  : 
il  eût  pu   continuer  à   jouir  du  repos, 
d'autant  plus  aisément,  que  par  un  dé- 
cret de  l'an    dG!20 ,  on   lui  avait  permis 
d'enseigner    son    système    comme     une 
hypothèse  astronomique.  Mais  la  vanité 
dont  un  mérite  réel  ne  garantit  pas  tou- 
jours les  savans ,  lui  ayant  fait  publier  en 
1(>52  des  dialogues  pour  établir  l'immo- 
bilité du  soleil  et  le  mouvement    de  la 
terre,  comme  une  chose  incontestable, 
l'inquiéition  le  cita  de  nouveau.  On  lui 
rappela   ses   promesses  ;    il    se    défendit 
mal,  et  il  fut  condamné,  le  21  juin  1G33, 
par  un  décret  signé  de   7  cardinaux ,  à 
élre    emprisonné,   et  à  réciter  les  sept 
psjiumes    pénilenciaux  iiae  fois    chaque 
semaine ,  pendant  5  ans.  Galilée  demanda 
j)ardon  et  abjura  son  grand  attachement  à 
une  hypothèse  plausible ,  qu'il  regardait 
comme  la  source  de  sa  gloire  ;  mais  au  mo- 
ment que  la  cérémonie  iinit,  ildit  en  frap- 
pant la  terre  du  pied  :  E  pur  si  move  (  et 
pourtant  elle  se  meut  ).  Il  est  cependant 
•   certain  que  cette  assertion  n'avait  point, 
au  moins  alors,  ce  degré  d'évidence  et  de 
démonstration  qui  nécessite  le  consente- 
ment et  subjugue  l'esprit  d'une  manière 
invincible  (  voyez  COPERNIC  )  ;  on  peut 
même  dire  qu'il  n'avait  pas  lui-même  de 
ce  système  une  idée  parfaitement  nette  et 
bien  conséquente,  puisqu'il  en  dérivait, 
comme  une  vérité  évidente  et  incontes- 
table, le  flux  et  le  rellux  de  la  mer,  qui , 
au  jugement  de  tous  les  savans,  n'y  a  pas 
le   moindre    rapport  (i).   Les   cardinaux 
inquisiteurs  le  renvoyèrent  en  Toscane , 


(i)  On  trouvera  toute  cette  malif^re  araplt-ment  dé- 
vcloppre  ,  tant  pour  la  partie  historique  que  pour  la 
partie  astronomique  et  physique  ,  daus  les  Olisirva- 
lions  p!iitosophiq:ies  sur  les  sysùmes  ,  troisième  cdi- 
lion,  Liège  ,  1788  pa;;»;  'jâ  ,  n"  1 12  et  luiv. 


oiJ  il  vécut  comme  il  voulait  dans  la  cam- 
pagne qu'il  avait  dans  le  territoire  d'Ar- 
cetri.  M.  Mallet  du  Pan ,  quoique  proles- 
tant, a  publié  en  1784  une  dissertation, 
où  il  réfute  les  hijurcs  bannales  que  les 
écrivailleurs  ont  coutume  de  dire  à  celle 
occasion  contre  l'inquisition,  et  prouve 
que  tous  les   torts  étaient  du  côté  de  Ga- 
lilée. Un  M.  Ferri  a  fait  de  vains  efforta 
pour  affaiblir  cette  démonstration  (  voyez 
le  Journ.  hist.  el  littèr..  15  mai  1785,  j). 
112  ).  Galilée  lui-même  a  supérieurement 
réfuté  tous  ces  contes.  «  Le  pape  (  dit-il 
»  dans  une  lettre  qu'il  écrivait  au  père 
»  Receneri,    son    disciple  )    me    croyait 
«  digne  de  son  estime...  Je  fus  logé  dans 
«  le  délicieux    palais  de  la  Trinité -du- 
«  Mont...  Quand  j'arrivai  au  saint  Office, 
»  deux  jacobins  m'intimèrent  très  lion- 
»  nêtement  de  faire  mon  apologie...  J'ai 
»  été  obligé  de  rétracter  mon  opinion  en 
»  bon  catholique.  »  — «  Pour  ine  punir, 
»  continue-t-il,  on  m'a  défendu  les  />/«- 
»  logues,  et  congédié  après  cinq  mois  de 
ft  séjour  à  Rome...  Aujourd'hui  je  suis  à 
»  ma  campagne  d'Arcetri,  où  je  respire 
»  un  air  pur  auprès  de  ma  chère  patrie.  » 
La  vieillesse  de  Galilée  fut  affligée  ])ar 
une  disgrâce  plus  réelle  :  il  perdit  la  vue 
trois  ans  avant  sa  mort ,  arrivée  à  Flo- 
rence en  1642,  à  78  ans.  Il  fut  enterré  dans 
l'église  de  Sainte-Croix,  où  on  lui  a  élevé 
un  mausolée  en  1757,  vis-à-vis  celui  de 
Michel- Ange.  Cet  astronome  était  d'une 
physionomie  prévenante,  et  d'une  con- 
ver.sation    vive  el    enjouée.   11   cultivait 
presque  tous  les  arts  agréables.  La  géo- 
graphie lui  doit  beaucoup ,  par  ses  obser- 
vations astronomiques  ;  et  la  mécanique  , 
pour  la  théorie  de  l'accélération    On  pré- 
tend qu'il  puisa  une  partie  de  ses  idées 
dans  Leu.-ippe.  Peut-être    ne  connut-il 
jamais  ni  Leucippe,  ni  sa  doctrine.  Il  csj 
bien  vrai  que  les  modernes  ont  pris  beau- 
coup des  anciens,  mais  on  les  dépouille 
quel([uefois  avec  trop  de  rigueur  de  l'in- 
vention des  systèmes  vrais  ou  faux  qu'ils 
ont  pu  imaginer  tout  aussi  bien  que  les 
spéculateurs  de  Rome  et  d'Athènes.  Le^ 
goût  de  Galilée   n'était  rien   moins  que 
pur.  Ses  jugomeus  en  fait  de  littérature 
ne  prouvent  pas  la  solidité  de  son  esprit. 
Il  était  à  la  tête  des  plus  fanatiques  admi- 
rateurs de  l'Arioste ,  el  donnait   haute- 
ment la  préférence  aux  bizarreries  et  aux 
caprices  de   ce  poète  bouffon ,    sur  les 
beautés  nobles  et  régulières  du  Tasse.  Les 
ouvrages  de  cet  homme  célèbre  ont  été 
recueillis  à  Florence  en  1718,  en  3  vol 


GAL  321 

iu-.'*".  Il  y  on  a  (nu>l(im>H-nin  on  lalin  ,  et 
phi.Htours   on    ilalien.  Coll 


odiltoii  csl 
ornée  d'une  vit  ruriouso  ol  intorossanto  de 
ratitour.  Liv%  principaux  ouvra(^jos  d«!  Ga- 
liU'c  sont  :  |  Dialaghi  tir  lie  scirnze  minier; 
I  SiJ^/nis  nuncins  .  Florence.  1610;  |  // 
sagittatorr  .  twl  quale  con  bilancia  esqui- 
sita  e  f/iusla  si  pondcrano  le  cose  conlr- 
niite.clc..  Rome.  1625,  in-4"  ;  |  Dialor/fti 
(jualtro  sapra  i  rfwr  massimi  sistemi  Ucl 
mondo  Tolemaico  e  Copemicatio .  Fltv 
ronce  .  {(yS-l,  in-4°  ;  |  Fpistolœ  très  de  con- 
ciliittione  sacrœ  scripturce  cuin  sijsieinate 
telluris  mohifis  ,  quanon  dwr  posteriores 
nunc  primuni  cura  M.  Nevrœi  prodnmt . 
Lyon,  4649.  in- 4";  |un  Traité  de  fortifica- 
tion et  d'architecture  .  etc.  La  plus  coni- 
plôlc  des  éditions  de  Galilée  est  celle  de 
Milan,  1808.  13  vol.  in-8°.  Le  P.  Frisi  a 
publié  en  italien  l'Eloge  de  Galilée.  Li- 
vourne.  1775,  traduit  en  français  par 
Flonct'l.  Les  pièces  originales  de  son  pro- 
cès en  latin  et  en  ilalien,  qui  se  trou- 
vaient à  Rome  dans  les  archives  pontili- 
ralcs,  furent  envoyées  en  1810  à  Paris 
par  ordre  de  Bonaparte.  M.  A.  Barbier, 
fut  chargé  de  les  examiner,  et  en  traduisit 
ou  en  lit  traduire  une  partie.  Ces  orijji- 
naux  ont  été  rendus  en  1814,  sur  la  de- 
mande du  Saint -Père. 

(iVLILÛE  (  Vi\r.EXT  ) ,  111s  du  précé- 
dent, soutint  avec  hoiuieur  la  réputation 
de  son  illustre  père.  C'est  lui  qui  a  le  pre- 
mier appliqué  le  pendule  aux  liorlo;;es  : 
invention  à  laquelle  on  doit  la  perfection 
de  l'horlojjerie.  Son  père  avait  inventé  le 
jKndule  simple,  dont  il  se  servit  utile- 
ment pour  les  observations  astronomi- 
ques. Il  eut  ujcme  la  pensée  de  rai)pli«pu;r 
aux  horloges  ;  mais  il  ne  l'exécuta  pas  .  et 
en  laissa  l'honneur  à  son  fds  qui  en  lit 
l'essai  à  Venise  en  16/t9;  celte  invention 
fut  perfectionnée,  dans  la  suite,  par  Huy- 
L'cns. 

<".  VLILEI  f  ViiwcEJiT  ) ,  père  du  célèbre 
Galilée,  gentilhomme  florentin,  .savant 
dans  les  mathématiques,  et  surtout  dans 
la  musique,  lit  instruire  son  lils,  quoique 
illégitiuie,  comme  s'il  eut  été  son  enfant 
propre.  Il  lui  inspira  son  goût  pour  les 
mathématiques  ;  mais  il  no  put  jamais  lui 
donner  celui  de  la  musique.  Ses  ouvrages 
prouvent  ses  connaissances.  Ix'S  plus  csli- 
n>és  sont  cinq  dialogues  en  italien  sur  la 
musique.  Florence,  ICOl ,  et  1602,  Ui- 
folio.  Il  attaque  dans  le  dernier  Joseph 
Zarlin  ,  et  y  traite  de  la  musique  ancienne 
et  moderne.  Descartes  a  confondu  plu- 
sieuii  fuis  Ig  père  avec  le  Jils. 


CAL 

r.VMI.KI   (   Ai.KXA^DRK   ),    arrhitecle 
florentin  ,  né  on  1691 ,  voya/rr.i  dans  dif- 
fércnlc»  contrées  de  rKuro|ic  ;   de  retour 
de  l'Angleterre  ,  où   il  s'était  arrêté  pen- 
dant sept  ans,  il  devint  surintendant  drS 
édilices  publics  de  Toscane.  Il  fut  appelé 
à  Rome  par  Clément    XI.    La  f.i»;.i,l.!  <!« 
Saint-Jeau  de  Latran.  la  chapelle  (.orsini 
de  cette  église,  et  la  façule  de  Saiul-.Ic.'. 
des  Florentins,  sont  des  ouvrages  qui  !■ 
font  honneur.  Cet  artiste  entendait   Ir^ 
bien  la  décoration  et  le  choix  des  orri 
uuMis.   qui    quelquefois    font  disparaît i 
des   vices    d'architecture.  Il  mourut    i  u 
17.-^7. 

•  G  VLIM  \UD  (  N...  ).  jésuite  fran.;ai< 
qui  vivait  dans  le  17*  siècle,  n'est  connu 
qtie  par  les  ouvrages  qu'il  a  publiés  sous 
le  voile  de  l'anonyme  :  ce  sont  :  |  Philoso- 
phie des  princes  .  1690 ,  in-12  ;  |  Histoire 
réduite  à  ses  principes.  1671,  deux  vol. 
iu-l'i.  Il  a  doimé  une  seconde  édition  de 
W'irl  d'élever  un  prince .  par  le  P.  M.  An  t. 
de  Foix  .  1688,  un  vol.  in-S". 

*  G.VLI.X  (  Pierre),  musicien,  né  i 
Bordeaux  en  1786,  de  parens  pauvres, 
mort  à  Paris  en  1821 ,  fut  d'abord  profes- 
seur «le  mathématiques  spéciales  au  lycée 
de  liordcaux,  puis  instituteur  des  sourds- 
muets  de  l'école  de  cette  ville.  Ce  fut  dans 
le  but  de  perfectionner  les  théories  mu- 
sicales qu'il  ab.Miilonna  renseignement 
des  mathématiques  et  ses  essais  sur  l'e- 
diication  des  sourds- muets.  Il  se  proposa 
de  reformer  la  marche  routinière  qu'on 
avait  toujours  suivie  dans  1rs  leçons  ék  - 
mentairesde  nuisique,  et  après  une  aune, 
d'iicnreux  essais,  il  publia,  en  1818,  l'ex 
|K)sitit)n  de  sa  méthode,  connue  aujour- 
d'hui sous  le  nom  de  Méthode  du  tnélo- 
plaste.  Son  ouvrajje  a  pour  titre  :  Kxposi 
lion  dune  nouvelle  m<thode  pour  l'ensa 
qni'tnent  de  la  inn%iquc ,  Bonleaux  et 
Paris,  1818,in-8".  M.  Francirur  arenduuti 
compte  très  avantageux  de  celle  décou- 
verte dans  une  notice  sur  différent  pro- 
cédés tiiis  en  wsa./e  depuis  quelques  an- 
nées dans  la  musique .  insérée  ilans  le 
tome  12.  pag«'  20  tie  la  Revue  encyclopr- 
dique.  Lu  mort  prématurée  d«»  Galin  n. 
lui  a  pas  permis  d'achever  le  travail  plu5 
étendu  qu'il  se  projxtsait  de  donner  »oni 
le  titre  de  Traité  élemenlaire  de  musique. 
Un  de  ses  élèves  .  M.  Golin  .  a  publié  une 
Exposition  de  la  gamme  .  rrhed"  rlèmrn. 
taire  de  la  musique .  y 

c  est  le  complément    ' 

vrage  do  son  maître,  .".i 

professeur  «  Trcolc  ruyalo  de*  ponl»  et 


GAL 


522 


GAL 


chaussées,  membre  de  plusieurs  sociétés 
savantes,  et  qui  avait  été  son  élève,  a 
donné  une  troisième  édition  de  \di  Méthode 
du  Méloplaste  ^  par  Galin^  Paris  ^  1831, 
nri  vol.  in-S" ,  en  y  ajoutant  de  nouveaux 
développcmens,  et  de  nouveaux  tableaux. 

GALirVDOiV.  roijez  PRUDENCE  LE 
JEUNE. 

*  GALINDO  (  Beatrix  ) ,  connue  sous 
le  nom  de  la  Latina,  naquit  à  Salamanque 
en  1/1.75.  Dès  râ^je  de  neuf  ans,  elle  mon- 
tra xm  goût  décidé  pour  l'étude  ,  ce  qui 
engagea  un  de  ses  oncles,  ecclésiastique 
insiruit,  à  seconder  ces  heureuses  dispo- 
sitions. Il  lui  enseigna  la  langue  latine  , 
dans  laquelle  elle  iit  de  si  grands  progrès 
qu'en  peu  de  temps  elle  expliqua  avec  une 
facilité  étonnante  les  passages  les  plus  obs- 
curs des  auteurs  classiques.  Elle  étudia 
la  philosophie  avec  le  même  succès.  Isa- 
belle de  Castille  l'appela  à  sa  cour,  la 
nomma  sa  demoiselle  d'honneur,  et  la 
maria  en  1493  à  don  François  Ramirex , 
secrétaire  de  Ferdinand  V.  Restée  veuve 
à  trente  ans  sans  enfans ,  et  possédant  des 
biens  immenses,  elle  fonda  un  hôpital 
qui  existe  encore  à  Madrid ,  et  qui  porte 
toujours  le  nom  d'hôpital  de  la  Latina. 
Elle  fonda  aussi  plusieurs  maisons  reli- 
gieuses consacrées  à  l'éducation  des  de- 
moiselles sans  fortune ,  et  se  voua  elle- 
iTiême  à  la  direction  d'une  de  ces  maisons. 
Elle  fut  toujours  un  modèle  de  vertu  et  de 
piété ,  et  mourut  à  Madrid  le  25  novembre 
1553.  Cette  savante  espagnole  avait  com- 
posé plusieurs  ouvrages  qui  sont  restes 
manuscrits  ;  des  Commentaires  sur  Aris- 
tote ^  des  notes  sur  les  anciens^  et  des 
poésies  latines. 

GALIOTE.  roi/ez  GOURDON. 

GALISSONxXlÊRE.  Voyez  GALLIS- 
SONNIÈRE. 

G.VLIÏZIIV  (  Basile  )  surnommé  le 
Grand,  seigneur  d'une  des  plus  illustres 
et  des  plus  puissantes  familles  de  Russie, 
né  en  1653  d'une  famille  qui  tirait  son 
origine  d'un  Kan  ou  jjrince  tartare,  se 
distingua  de  bonne  heure  par  son  instruc- 
tion ,  sa  prudence  ,  ses  mœurs  polies  et 
son  aptitude  aux  affaires.  Il  avait  appris 
le  grec  et  le  latin,  et  dès  le  règne  d'Alexis 
Michaelowitz,  il  développa  ses  talens 
et  sa  capacité  dans  des  travaux  utiles. 
Nommé  ministre  en  1680  par  Fœdor  suc- 
cesseur d'Alexis ,  il  gouverna  presque 
seul  sous  la  minorité  des  deux  cz.ars  Ivan 
et  Pierre ,  et  sous  la  régence  de  Sophie 
leur  sœur.  Il  apaisa  la  révolte  des  Slré- 
lilz  en  1682,  coriclul  un  traité  de  paix 


perpétuelle  avec.  laLVolotrne  en  1G86,  fut 
vice-roi  de  Casan  ,  d'Astracan  ,  et  garde- 
sceau  de  la  Russie.  Son  caractère  ambi- 
tieux et  intrigant  donna  lieu  de  le  soup- 
çonner d'avoir  pensé  lui-même  à  mouler 
sur  le  trône  de  Moscovie  ;  et  ce  soupçon, 
joint  aux  échecs  que  ses  armes  essuyè- 
rent, l'exposa  à  l'animadversiou  des 
Russes.  Dans  sa  première  compagne 
contre  les  Tartares  de  Crimée ,  ceux-ci 
vinrent  au-devant  de  lui  avec  quelques 
tonneaux  remplis  de  ducats ,  et  ils  enga- 
gèrent Galitzin  à  leur  vendre  la  paix. 
Dans  une  autre  expédition  contre  les 
mômes  peuples ,  il  lit  mettre  le  feu  aus 
herbes  sèches  d'un  désert ,  de  cent  lieues 
de  longueur ,  pour  leur  ôter  toute  espé- 
rance de  fourrages  (i).  Pendant  l'incen- 
die, le  bruit  courut  que  l'ennemi  appro- 
chait ;  on  n'était  pas  bien  disposé  à  le 
recevoir  ,  on  prit  l'alarme:  il  fallut  fuir 
au  travers  même  de  ce  feu  qui  brûlait 
encore,  et  la  flamme  ou  la  fumée  fil  péiir 
plusieurs  milliers  de  soldats.  Celte  mal- 
heureuse expédition  attira  à  Galitzin  xmd 
aversion  extrême.  Quelques  jours  avant 
qu'il  partît  de  nouveau  pour  l'armée ,  ou 
trouva  le  matin  devant  sa  porte  un  cer- 
cueil ,  avec  un  billet ,  où  on  lui  annonçait, 
que  s'il  ne  réussissait  pas  mieux  dans 
cette  campagne  que  dans  la  précédente , 
ce  cercueil  serait  sa  demeure.  Le  succès 
fut  le  même  qu'auparavant  ;  le  czar  Pierre 
ne  lui  ôta  pas  cependant  la  vie  ;  mais  on 
confisqua  tous  ses  biens  et  on  le  relégua 
eu  Sibérie.  Cet  exil  quelque  temps  après 
fut  changé  en  un  plus  doux  :  il  fut  envoyé 
dans  une  de  ses  terres,  près  de  Moscou. 
Il  se  relira  sur  la  lin  de  ses  jours  dans 
un  couvent,  où  il  s'assujétit  àtoutel'aus- 
térilé  des  moines  grecs.  Il  y  mourut  en 
1715,  âgé  de  près  de  80  ans.  Galitzin  avait 
préparé  les  voies  au  C7.ar  Pierre  ,  et  on 
lui  attribue  avec  raison  une  grande  par- 
tie des  changemens  qui  se  sont  faits  en 
Moscovie.  ' 

G ALITZIN  (Michel  1"  Michaelovitz, 
prince  de),  né  en  167i,  de  la  même  fa- 
mille que  le  précédent,  aida  le  czar 
Pierre  le  Grand  dans  la  guerre  de  Charles 
XII.  Il  se  trouva  presque  à  toutes  les  ba- 
tailles, et  en  gagna  plusieurs  sur  mer  eî 
sur  terre.  Ce  fut  lui  qui  termina  heureu- 


(i)  Ce  ne  fut  point  Galilzîn  ,  mais  bien  !<■«  Tartares 
eux-mèraes  qui  mirrnl  le  feu  À  dej  tsptces  de  »a- 
vannes  ,  dant  un  espace  de  ccut  tieuet ,  e*.  qui ,  en  al- 
lumant cet  immense  incendie  ,  fatcit  uti  dtiseri  walrc 
eu>(  ¥t  leurs  cancmis. 


GAL 

RCîiicnl  rcltc  {jucrre  par  la  paix  di;  Ny- 
ktadt,  après  avoir  coiuinaiulu  plus  do  dix 
ans  eu  Fiulaiido.  Ses  services  ne  dcniou- 
rorent  pas  sans  rcrouipcnso.  Il  devint 
premier  fchl-niaréelial  en  I7iij:el.  après 
'la  morl  du  rrar  ,  il  fui  déclaré  présidenl 
du  col'iétje  dotal  de  ({uerre.  Il  nioiirul  en 
1730.  regardé  ronune  un  bon  ministre  et 
lia  {^rand  rapitaine. 

•(..\1.1T/J\  ;DEMEraiusou  Dimitri  III. 
.rince  do),  parent  des  précédens,  na- 
quit vers  175j.  Nommé  ambassadeur  en 
France  en  17G5  ,  il  se  lia  avec  les  hommes 
rjni  avaient  alors  le  plus  decéléhrité  dans 
les  Ifllres,  notamment  avec  Voltaire  et  eji- 
trelio!  avec  lui  une  correspondance  suivie 
pendantplusieiirsannées.Cel  écrivain  loue 
ses  belles  qualités  et  surtout  son  esprit  de 
tolérance.  Il  parait  en  effet  que  le  prince 
tie  Galàl/,in  suivit  toujours  ,  dans  ses  opi- 
nions, la  doctrine  des  philosophes.  Ayant 
été  nommé  à  l'ambassade  de  Hollande ,  il 
acquit  le  manuscrit  du  Traité  de  l' homme 
et  de  ses  f.icuHés  intellectuelles  d'Hel vé- 
lins, cl  le  publia  à  la  suite  des  OEuvres 
d'  ce  métaphysicien  philosoidie ,  dont  il 
donna  une  belle  édition.  Lorsque  la  ré- 
v!>hilion  éclata,  il  se  retira  en  AUematjne, 
(  l  se  livra  à  Tétude  de  l'histoire  naturelle 
<  )  de  la  minéralogie  .  qu'il  avait  toujours 
aimées  avec  passion  et  sur  lesquelles  il  fit 
quelques  ouvrajes  peu  importans.  Il  mou- 
rut à  Drunswick  le  17  mars  I80."î.  Galitzin 
ùt  don  de  scm  riche  cabinet  de  minéralogie 
à  la  société  minéralo{jiqne  d'Iéna,  dont  il 
avait  été  nommé  président.  Il  était  aussi 
membre  dcsacadémiesde  Pélcrsboury.de 
Stockholm,  de  Berlin,  de  Bruxelles,  etc.  Il 
a  laissé  quelques  ouvrages  :  |  Description 
l'hysiquede  la  Tauritle  (  la  Crimée  )  rela- 
tivement aux  trois  règnes  de  la  nature  , 
traduite  du  russe  en  français  ,  la  Haye  , 
•  788,  in-8";  |  Traité  de  minérahtrjic  ,o\x 
Description  abrégée  et  méthodique  de  mi- 
néraux. Maestricht.  17'.l2.  in-4",  édition 
aujmcntée,  Helmstadt,  1790.  in-4";  |  L'es- 
prit des  économistes  ,  ou  Les  économistes 
justifiés  d'avoir  posé .  par  leurs  principes . 
lesbasesde larévolution française.  Biuris- 
wick,  1796.  2  vol.  in-S".  Celte  justili- 
cation  est  très  faible .  comme  on  se  l'ima- 
îjlne  bien.  L'auteur  n'a  pas  su  ou  n'a  jias 
voulu  remonter  aux  véritables  causes. 
I  Un  Essai  sur  le  k'  livre  de  régèce.  inséré 
dans  le  Journal  des  savons .  et  plusieurs 
'•es  dans  les  recueils  des  sociétés 
s  ;  I  des  notes  et  observations  sur 
...  i-.u-e  de  Ui  guerre  entre  la  Russie  et 
la  iïirguie,  par  Keralio. 


523  G.\L 

*  r.Al.r  (  .Ikw-.Joskimi  ),  médecin  c| 
physiolojiste  célèbre ,  noquit  eu  i75«  à 
ïiesenbrnnn  dans  te  Wurtemberg.  Après 
avoir  étudié  successivement  à  Badn .  è 
Brucksul.  à  Sirasbouri;  et  a  Vienne,  il  fui 
reçu  docteur  dans  celle  dernière  villu  en 
178:; .  et  y  exerça  sa  profession  jusqu'en 
1S05.  Il  parcourut  alors  rAllemafjnc  pour 
y  répandre  ses  découvertes  analomique^, 
et  sa  doctrine  sur  les  fondions  «lu  cer- 
veau. Parlant  du  fait  {fénéralement  re- 
connu que  les  divers  individus  de  l'es- 
pèce humaine  apportent  en  naissant  de» 
aptitudes  cl  des  propensions  différentes, 
il  avait  cherché  et  cru  trouver  dans  l'or- 
ganisation du  cerveau  la  cause  de  celte 
variété  des  facultés  instinctives,  njorales. 
et  intellectuelles,  et  il  avait  Uni  par  dis- 
tinguer un  certain  nondire  d'orjanes  pla- 
cés sur  divers  points  de  la  superlicie  cé- 
rébrale, par  lesquels  il  expliciuait  les  di- 
vers phénomènes  de  la  vie  humaine  con- 
sidérée sous  tous  ses  aspects.  Pensant  que 
la  boite  osseuse  du  cranc  représente  assez, 
fidèlement  la  surface  interne  de  cette 
partie  du  corps  humain,  il  jn.îca  que  les 
saillies  et  l'étendue  des  |)rotnb(rances  vi- 
sibles, indiquaient  le  (lévcloppement  de 
la  masse  cérébrale  correspondante,  et  par 
suite  ,  de  la  faculté  ou  du  penchant  qui 
était  attaché  à  cet  organe.  Dans  le  njème 
syslèsnc ,  l'applalissement  des  protubé- 
rances, et  surtout  leurs  ilépressions,  indi- 
quaient au  contraire  le  défaut  de  déve- 
loppement de  l'organe  interne  qu'elles 
reccmvraient .  el  aussi  de  la  faculté  cor- 
respondanle.  D'après  cela  ,  le  di)Cteur  (lall 
pensa  que  l'on  pouvait ,  sur  la  seule  iu- 
spcction  du  crâne  ,  déterminer  le  pen- 
chant, l'aptitude  ,  le  caractère  de  chaque 
honune.  Il  s'ap]»liqua  donc  à  faire  uiiti 
exploration  du  cerveau  plus  cxarle.  plus 
détaillée  que  celles  qu'on  en  avait  faites 
avant  lui.  Comparatil  à  la  conformation 
du  cranc  humain  celle  des  crânes  de  di- 
verses espèces  d'animaux  qu'il  trouva 
toujours  marquée  d'un  caractère  à  part, 
selon  leur  instinct  propre  ,  et  étudiant 
l'organisa  lion  cérébrale  dans  une  foule 
d'hommes  et  surtout  <lans  des  individus 
conims  par  une  aptitude  ou  un  penclianl 
prédoininant ,  il  crut  avoir  puise  as>ci 
de  lumière»  dans  celle  suite  d'observa- 
tions pour  tracer  la  carie  du  crâne  In»* 
main,  il  délernnncr  d'une  manière  pré- 
cise la  section  du  cerveau  qui  »er\sit  de 
siège  à  chaque  faculté  ou  pcDchani.  Il 
porta  d'abord  le  niMubre  de»  organes  cl 
des  protubcraiiccs  à  27.  cusuilc  à  33,  noii^ 


GAL  55 

bre  que  le  docteur  Spurxheiin ,  son   dis- 
ciple et  son  collaborateur,  a  aufïmenlé  de 
deux.  Parmi  ces  organes  se  trouvent  ceux 
du  choix  de  la  demeure  ^  de   la  sociabi- 
lité,  de  la  rixe ,  de  l'orgueil ,  de  la  pru- 
dence, de  l'espérance ,  de  la  conscience , 
de  la  géométrie  ou  des  formes ,  de  l'éteti- 
due^  des  poids ,  du  temps  ou  de  l'exacti- 
tude,de  la  logique,  etc.  Il  suflit  d'un  coup 
d'oeil  pour  s'apercevoir  que  celte  nomen- 
clature est  tout-à-fait   arbitraire  ,  et  que 
Gall  a  converti  en  facultés  distinctes  de 
simples  modilications  de  la  pensée.  Plu- 
sieurs de  ses  organes  paraissent  n'avoir 
été  établis  que  sur  des  données  vagues  ou 
des  analogies  forcées.   Quelquefois   il   a 
confondu  une    aptitude-  physique   et  un 
sentiment  moral  qui  n'avaient  rien  de 
commun  enlr'eux ,  comme  par  exemple 
lorsqu'il  a  rapporté  au  même  organe  la 
disposition  à  grimper  ou  à  habiter  sur  les 
lieux  élevés,  la  fierté,  et   la     hauteur. 
Ce  n'est  pas  sans  raison ,  qu'on  lui  a  re- 
proché d'avoir  matérialisé  l'âme ,  et  d'a- 
voir livré  l'homme  en  ce  monde  à  la  fa- 
talité de  son  organisation.  Car  ,  dans  son 
système ,   toute    action    volontaire   étant 
l'effet  d'une  excitation  cérébrale,  lorsque 
certains  organes  attribués  aux  penchans 
vicieux  prédomineront  dans  le  cerveaix, 
l'organe  de  la  volonté  ne  devra-t-il   pas 
obéir  sans  résistance  à  leur   impulsion 
énergique?  où  l'àme  trouvera-t-elle  un 
point  d'appui  pour  les  combattre?  Il  y  a 
donc  dans  ce  système  des  hommes  voués 
sans  espérance  de  retour  à  la  carrière  du 
crime.  La  doctrine  du  docteur  Gall,  com- 
battue sous  le  point  de  vue  moral  et  re- 
ligieux, l'a  été  encore  sous  le  rapport  de 
l'anatomie.  AValter,  Sœmmering,  les  doc- 
teurs Gordon  et  Barclay  en  ont  fait  sentir 
le  défaut.  Les  deux  derniers  surtout  sou- 
tiennent qu'il  est  impossible  de  découvrir 
à  la  surface  tlu  cerveau  mis  à  nu,    la 
moindre   trace   d'élévations  qui    corres- 
pondent aux  protubérances  extérieures 
du  crâne.  D'autres  écrivains  ont  contesté 
les  fonctions  assignées  aux  divers  organes 
du  cerveau.  Des  faits  nombreux  ont  été 
cités  d'ailleurs,  qui  démentent  complète- 
ment la  doctrine  de  Gall.  On  a  remarqué 
que  plusieurs  individus  célèbres  par  des 
talens  extraordinaires,  n'offrent  point  les 
protubérances    correspondantes,    tandis 
qu'une    foule    d'hommes    ordinaires,  et 
même  des  idiots,  ont  la  tète  pleine  de  ces 
bosses  qui  sont  censées  révéler  le  génie. 
Quoi  qu'il  en  soit ,  le  système  du  docteur 
Gall    trouva  à   sa    nais-îanre    beaucoup 


h  GAL 

d'adversaires  et  quelques  partisans.  L'au- 
torilè  n'ayant  pas  permis  à  Gall  de  déve- 
lopper sa  doctrine  à  Vienne,  il  visita  le 
nord  de  l'Allemagne  ,  la  Suède,  le  Dane- 
marck  et  vin»,  en  1807  se  fixera  Paris,  où 
il  exposa  sa  doctrine  dans  une  chaire  de 
l'Athénée  et  où  il  publia  successivement 
sur  l'anatomie  et  la  physiologie  du  sys- 
tème nerveux,  plusieurs  ouvrages  qui 
contribuèrent  à  donner  à  son  système  une  ' 
certaine  faveur.  Le  docteur  Spurz,heim 
l'introduisit  en  Angleterre  et  en  Ecosse, 
où  après  avoir  été  repoussé  par  les  ana- 
(omistes,  et  tourné  en  ridicule  par  les 
poètes ,  il  finit  cependant  par  acquérir 
une  certaine  vogue,  surtout  à  Edimbourg. 
Gall  accusé  de  iMatérialisme,  publia  pour 
se  justifier  un  écrit  intitulé  :  des  Dispo- 
sitions innées  de  l'âme  et  de  l'esj)i'it,  ou 
du  Matérialisme,  Paris,  1812,  in-8°.  Mais 
sa  mort  arrivée  à  Montrouge  ,  le  22  août 
1828 ,  ne  sembla  que  trop  confirmer  les 
accusations  dont  il  avait  été  l'objet.  Après 
avoir  refusé  les  secours  de  la  religion,  il 
demanda  que  son  corps  fût  porté  directe- 
ment au  cimetière.  Sa  veuve,  dans  imc 
lettre  adressée  à  la  Quotidienne  le  14  sep- 
tembre de  la  même  année,  s'efforça  de  le 
justifier  du  reproche  d'incrédulité  qui  lui 
avait  clé  adressé  ;  elle  y  déclarait  que  ,  si 
le  docteur  Gall  avait  défendu  de  présenter 
son  corps  à  l'église  ,  ce  n'était  point  par 
une  vaine  fanfaronnade  d'impiété  ,  mais 
parce  que  Rome  ayant  mis  son  livre  à 
l'index ,  il  avait  craint  qu'on  ne  renou- 
velât autour  de  son  cercueil,  des  scènes 
tumultueuses  dont  il  avait  déploré  le  scan- 
dale, a  Les  sacrifices  de  l'Eglise,  ajoutait- 
«  elle,  n'ont  point,  il  est  vrai,  répandu 
»  leurs  consolations  sur  les  derniers  mo- 
»  mens  du  docteur  Gall,  plaignons-le...,  et 
»  respectons  par  notre  silence  les  mysté- 
»  rieux  décrets  d'une  Providence  qui  a 
D  ravi  l'usage  de  toutes  ses  facultés  inlel- 
»  lectuelles,  cinq  jours  avant  sa  mort,  à 
»  un  homme  qui  ayant  consacré  de  si 
i>  grands  talens  et  une  carrière  de  70  ans, 
»  à  prouver  ses  prodiges  et  ses  bienfaits  , 
»  a  bien  pu,  pendant  l'épreuve  d'une  lon- 
»  gue  agonie  ,  trouver  grâce  aux  yeux  de 
»  sa  miséricorde.  »  Le  docteur  Gall  a  joui 
d'une  réputation  européenne.  11  a  pu- 
blié :  I  RecJicrches  philosophiques  et  mé- 
dicales sur  la  natui'e  et  l'art  dans  les  états 
de  santé  et  de  maladie^  Vienne  ,  1791 ,  2 
vol.  in-S";  |  Introduction  au  cours  de 
physiologie  du  cerveau,  ou  Discours  pro- 
noncé à  la  séance  d'ouverture  de  son 
cours  public.  Paris,  1808,  in-8";  |  Mé- 


GAL 

moire  concernant  les  recherches  sur  le 
système  tten'eux  en  (/èru'ral  et  sur  celui 
(lu  cerveau  en  particulier,  Paiii ,   1809, 
ln-4*  ;  I  .■énatomie  et  physiolnyie  du  sys- 
tème uer\'eux  et  du  cerveau  en  par'.icu- 
lier ,  avec  des  observations  sur  ta  possi- 
bilité   de  reconnaître  plusieurs  disposi- 
tions intellectuelles  et  morales  de  l  hom- 
me et  des  animaux  par  la  confu/uration 
de  leur  tête  .VatH.  1810,  1818.  i  volumes 
in-t"  avec  17  planches  ,  in-folio.  Le  doc- 
teur Spuizherin  a   travaillé  au  premier 
volunie  et  à  la  moitié  du  swronti  ;  |  Sur 
les  fonctions  du  cerveau  et  sur  celles  de 
chacune  de  ses  parties,  avec  des  obsetva- 
tions  sur  la  possibilité  de  reconnaître  les 
instincts  ^  les  penchans,  les  talens  ou  les 
dispositions  morales  et  intellectuelles  des 
hommes  et  des  animaux  par  la  configu- 
ration de  leur  cerveau  et  île  leur  tête . 
Paris,  1822,  in-S"  (  prospectus)  ;  l'ouvrage 
u  paru  sous  les  litres  su  i  vans  :  Sur  V  ori- 
gine des  qualités  morales  et  dei  facultés 
intellectuelles  de  l'homme,  et  sur  les  con- 
ditions de  leur  manifestation  ^Varis,  1822, 
lom.l"  et  2*^;  [  Influence  du  cerveau  sur 
ta  forme  du  crâne  .  difficultés .  moyens 
de  déterminer  les  qualités .  et  les  facultés 
fondamentales  et  de  découvrir  le  siège  de 
leurs  organes  ,  1823,  tom.  3;  |  Organolo- 
gie ou  exposition  des  instincts  .  des  pen- 
chans  .  des  sentimens .  et  des  talens  ,  ou 
des  facultés  morales  et  des  facultés  in- 
tellectuelles fondamentales  de  l'homme 
et  des  animaux  et  du  siège  de  leur  or- 
gane.  1823,  tom.  h  clli;  \  Revue  critique 
((e  quelques  ouvrages  anatomico-physio- 
logiques.  et  exposition  d'une  nouvelle  phi- 
losophie des  qualités  morales ,  et  des  fa- 
cultés intellectuelles,  tom.  6. 

GALLA ,  fille  de  l'empereur  Valenti- 
nien  et  de  Justine,  fut  mariée  l'an  386  à 
Thécxlosc ,  et  fut  mère  de  Galla  Placidia 
fdont  on  parlera  au  mot  PLACIDIK),  et 
de  Oratien,  mort  jeune.  Philostoqje  dit 
qu'elle  était  arienne  ;  il  est  vrai  que  sa 
ruTc  l'avait  fait  élever  dans  les  principes 
de  l'arianisnie;  mais  il  y  a  lieu  de  croire 
que  l'épouse  de  Théodose  et  la  mère  de  Pla- 
cidie  était  bonne  ralholique.  M.  Fl«*chier 
dit  que  l'empereur  Théodosc  a  l'avait 
»  retirée  des  erreurs  où  l'impératrice  Jus- 
»  tine  l'avait  enrayée  dang  son  enfance, 
*  et  lui  avait  fait  part  non-seulenn'nt  de 
»  vm  trône,  mais  encore  de  sa  piélc.  » 
Klle  mourut  en  couches  à  Constantinople, 
vers  le  mois  do  mal  de  l'an  594.  —  II  ne 
faut  pas  la  confondre  avec  GALLA.  fennne 
de  Jules  Constance,  qui  était   frère  de 


T^rS  GAL 

(',i)j:>I.Tnlin  le  Grand,  cl  mire  de  Gallas. 
frère  de  Julien  raiM)slat. 

(ÎALLA-PLACIDIA./'oyrsPLACIDii:. 
*  G  ALLAIS  (JBAX-PiKiiiiE),  ancien  bé- 
nédictin de  Sainl-Maur  ,  et  professeur  de 
piiilosophie  dans  son  ordre  ,  né  à  Doué 
en  Anjou  (IMaine  et  Loire) .  le  18  janvier 
175G.  Dès  rori|;iiic  de  nos  troubles,  il  aii' 
nonça  lus  malheurs  qui  en  seraient  la  suite, 
dans  ])Iusieurs  opuscules  qu'il  publia  en 
1789,  90  et  91,  sous  les  titres  d'//isfoire 
persane  ,  de  Dictionnaire  inutile ,  de  Dé~ 
mocrite  voyageur ,  etc.  En  1792  il  entre- 
prit la  rédaction  dn  journal  général,  que 
dirigeait  alors  l'abbé  de  Fontenay,  cl  il  y 
écrivit  jusqu'au  10  août,  avec  une  liberté 
qui  n'était  i)as  alors  sans  courage.  Trois 
jours  avant  le  jugement  de  Louis  XVI ,  il 
ne  craignit  pas  de  publier  un  mémoire . 
sous  le  titre  d'Jppel  à  la  postérité  .  où  il 
protestait  contre  le  droit  que  les  conven- 
tionnels s'arrog»aient  de  citer  à  leur  barre 
ce  monarque  infortuné.  Le  libraire  Wc- 
bert  qui    distribuait   cette  brochure  au 
Palais-Royal,  fut  pris  et  périt  sur  l'écha- 
faud  un  an  plus  tard.  M.  Gallais  prit  la 
fuite,  mais  fut  arrêté  le  17  septembre  1793, 
et  envoyé  à  la  Force  ,  où  il  demeura  sept 
mois.  Après  la  mort  de  Robespierre,  il 
coopéra  à  la  rédaction  de  la  Quotidienne, 
du  Censeur  des  Journaux,  ei  fut  proscrit 
après  le  18  fructidor  an  5.    Les  presses 
de  Gallais  furent  brisées  ce  jour-là,  sa 
niaison  fut  pillée,  et  il  n'échappa  lui-même 
à  la  déportation  qu'en  vivant  caché  pen- 
dant deux  ans.  Rendu  à  la  liberté  par  le 
décret  qui  amnistiait  les  déportés,  il  fut 
chargé  pendant  10  ans  de  la  rédaction  du 
Journal  de  Paris,  et  devint,   en  1800, 
professeur  d'éloquence  cl  de  philosophie 
à  l'académie  de  législation,  où  il  se  ùt 
remarquer  par  ses  leçons  de  morale  chré- 
tienne. Sa  vie  privée  fut  cependant  peu 
édifiante.  Oubliant  son  premier   état,  il 
avait  eu  la  fail)lesse  de  se  marier,  et  l'au- 
teur d'une  notice  sur  sa  vie ,  le  nomino 
comme  ayant  été,  en  1806,  membre  de 
de  la  société  épicurienne ,  séant  au  Ho- 
cher de  Cancale.  On  a  de  lui  |  une  suite  de 
V Histoire  de  France  d'Anquetil ,  2  vol.  in 
8",  ou  3  vol.  in- 12  ;  |  des  i:tudes  de  littéra- 
ture .  d  histoire  et  de  philosophie  ,  2  vol. 
in-8°  ;  |  des  .Vœurs  et  caractères  du  iT 
siMe,  2  vol.  in-8".  elc.  ;  mais  les  ouvrages 
qui  ont  le  plus  contribué  à  le  faire  con- 
nallre ,  sont  |  V  Histoire  de  la  révolution  du 
18  fructidor ,  2  vol.  in-S",  où  il  ne  crai- 
gnit point  de  faire  celle  profession  de  fo4 
poltli  pie  -.«Qu'il  n'y  a  point  de  salut  {Miur 


GAL  526 

y  la  France  Siins  monarchie ,  et  point  de 
»  monarchie  sans  les  Bourbons;  »  |  l'His- 
toire du  i8  brumaire  et  de  Botiajiarte  ^ 
5  part,  in-8",  que  le  public  éclairé  distin- 
gua de  la  foule  des  brochures  que  chacune 
des  époques  de  notre  révolution  a  vues  naî- 
tre ;  I  et  V Histoire  de  la  révolution  du  20 
mars  1815  ,  qui  fut  son  dernier  ouvrage , 
et  mérita  un  égal  succès.  Gallais  est  mort 
à  Paris  le  2G  octobre  1820  dans  la  63*=  an- 
née de  son  âge.  Gallais  fut  en  butte  aux 
sarcasmes  des  philosophes  :  Cliénier  a  dit 
de  lui  : 


Et  Gallaii ,  qui  n'a  point ,  maïs  qui  donne  la  gloire  , 
Croit  que  le  sort  du  monde  est  dans  son  écritoire. 

Gallais  avait  été  choisi  après  la  seconde 
restauration  par  l'empereur  de  Russie 
pour  son  correspondant  littéraire, 

GALLAIND  (  Pierre),  principal  du  col- 
lège de  Boncour  à  Paris,  et  chanoine  de 
Notre-Dame ,  était  né  vers  1510 ,  à  Aire 
en  Artois.  Il  lia  une  étroite  amitié  avec 
Turnèbre,  qui  fut  son  disciple,  avec  Bu- 
dé,  "Valable,  Latomus,  etc.,  et  fut  estimé 
de  François  I".  Il  mourut  en  1559.  On  a 
de  lui  divers  ouvrages  en  latin  ,  qui  ne 
sont  pas  assez  bons  pour  en  donner  le 
catalogue. 

GALLAND  (  Auguste  ) ,  procureur- 
général  du  doiTiaine  de  Navarre,  et  con- 
seiller d'état,  né  vers  1570,  était  très 
Ncrsé  dans  la  connaissance  des  droits  du 
roi,  et  dans  celle  de  Thistoire  de  Franco. 
vSes  ouvrages,  pleins  d'une  érudition  cu- 
rieuse et  recherchée,  en  sont  un  témoi- 
(^nage.  Les  principaux  sont  :  |  Mémoire 
j)our  l'histoire  de  Navarre  et  de  Flandre^ 
IG48,  in-rfol.  ;  |  plusieurs  Traités  sur  les 
i-nseignes  et  étendards  de  France  ;  sur 
la  chape  de  saint  Martin  ;  sur  \' Office  du 
cjrand-sénéchal ;  sur  VOriflainme  ^  etc. 
I  Discours  au  roi  sur  la  naissance  et  ac- 
croissement de  la  ville  de  La  Rochelle . 
J028,  in-8"  ;  |  un  Traité  contre  le  franc- 
oleu^  sans  titre,  dont  la  meilleure  édition 
est  de  1657,  in-4''.  On  croit  que  Galland 
mourut  vers  Tan  idkh.. 

GALLAi\D  (  Antoiive  ),néàRollotdans 
la  Picardie  en  1G4G  ,  de  parens  pauvres  , 
mais  vertueux ,  se  tira  de  l'obscurité  par 
ses  talens  pour  les  langues  orientales.  Il 
obtint  une  chaire  de  professeur  d'arabe 
au  collège  royal ,  et  une  à  l'académie  des 
inscriptions  et  belles -lettres.  Le  grand 
Colbert  l'envoya  dans  l'Orient.  Il  en  re- 
vint avec  une  moisson  abondante;  il  co- 
pia des  inscriptions,  il  dessina  des  monu- 
lïiens,  il  en  enleva  môme;  il  obtint  des 
attestations  sur   la   cr.jy mce   de  l'église 


GAL 

grecque,  touchant  l'eucharistie,  très  fa- 
vorables à  celle  de  l'église  latine.  Ces 
voyages  le  perfectionnèrent  dans  la  con- 
naissance de  l'arabe  et  des  mœurs  njuh(>- 
métanes.  Les  ouvrages  qui  nous  restent 
de  lui,  ont  été  empruntés  en  partie  des 
Orientaux.  Les  principaux  sont  :  |  Traité 
de  l'origine  du  café,  1G90,  in-12,  traduit 
de  l'arabe  ;  |  Relation  de  la  mort  du  sul- 
tan Osman j,  et  du  couronne/nent  du  sul- 
tan jtiustapha Ar&dmle  du  turc,  in-12; 
I  Recueil  des  maximes  et  des  bons  mots 
tirés  des  ouvrages  des  Orientaux,  in-12; 
I  Les  Mille  et  une  nuits.  C'est  un  recueil  de 
contes  arabes,  les  uns  piquans  ,  les  autres 
insipides  ,  mais  présentant  en  général  de 
bonnes  moralités  ,  en  12  vol.  in-12,  réim- 
primé en  6.  Dans  les  deux  premiers  vo- 
lumes de  ces  contes,  l'exorde  était  tou- 
jours :  «  Ma  sœur,  si  vous  ne  dormez  pas, 
»  faites-nous  un  de  ces  beaux  contes  que 
»  vous  savez.  »  Quelques  jeunes  gens,  en- 
nuyés de  celte  uniformité  ,  allèrent ,  une 
nuit  qu'il  faisait  très  grand  froid,  frapper 
à  la  porte  de  l'auleur  ,  qui  court  en  che- 
mise à  sa  fenêtre.  Après  l'avoir  fait  i)ior- 
fondre  quelque  temps  à  lui  demander 
s'il  était  M.  Galland,  auteur  des  Mille  et 
une  nuits  .  et  s'il  était  levé,  ils  tinirent  la 
conversation  par  lui  dire  :  «  M.  Galland , 
»  si  vous  ne  dormez  pas ,  faites-nous  un 
»  de  ces  beaux  contes  que  vous  savez.  » 
I  La  Préface  de  la  Bibliothèque  orientale 
de  d'Herbelot,  qu'il  continua  après  la  mort 
de  ce  savant  ;  |  plusieurs  Traités  et  dis- 
sertations sur  clés  médailles  antiques.  Gal- 
land mourut  en  1715,  à  fi9  ans.  Il  était 
simple  dans  ses  nriœurs  et  dans  ses  maniè- 
res, comme  dans  ses  ouvrages.  Il  iie  se 
proposait  dans  ses  livres  que  l'exactitude, 
sans  se  mettre  en  peine  des  ornemens.  Il 
aimait  l'étude  avec  passion  ;  s'occiipant 
peu  des  besoins  de  la  vie,  et  dédaignant 
ses  commodités.  Voyez  son  éloge  dans  le 
recueil  de  ceux  de  M.  de  Boze. 

*  GALLAIMDI  (AxonÉ),  prêtre  orato- 
rien  qui  vivait  dans  le  18^  siècle,  s'e.'-t 
fait  connaître  par  deux  ouvrages  :  |  Bi- 
hliotheca  veterum  patrum  antiquorvm' 
que  scriptorum  ecclesiœ .  etc. ,  Venise, 
i7G5-81,  14  vol.  in-4°,  collection  très  im> 
portante;  |  De  tietustis  canonum  collée- 
tionibus  dis  sert.  Sylloge.  i790,  2  vol.  in-4°, 

'  GALLAllD  (Germain),  docteur  de 
Sorbonne,  grand-vicaire  et  chanoine  de 
Sentis  ,  né  en  1744,  à  Arlenay  près  d'Or- 
léans, til  SCS  études  à  Paris  et  fut  nommé 
en  I772directeurspirituel  de  l'école  royale 
mililaire  de  Paris.  Il  joignait  à  l'esprit  et 


GAL  5 

aux  cunnatssanci'9  de  son  élut  une  ainr- 
nitéde  caraclèrc  qui  lo  faisait  rcrluTchor. 
So«i  niéiili".  le  lil  choisir,  par  rassemblée 
«lu  chîrt;»'"  de  178'J,  piiur  donner  une  édi- 
lioa  coinpièle  des  OtSm.<rrs  Uf  Fénélon  \n- 
h";  mais  les  foitcliuns  qu'il  avait  à  reuiplir 
Il  la  faiblesse  »le  s;i  sanlé  l'empiVlièrent 
de  lermiiuT  seul  «elle  enlieprise.  On  fui 
obligé  de  lui  udjoindre  le  Père  Querbeuf . 
homme  latK)rieux  qui  acheva  l'édilioii 
fil  9  vol.  ii'-V,  el  composa  la  vie  de  ce! 
illustre  archexèijue.  Pendant  la  terreur, 
l'abbé  Gallard  fut  obli[;é  de  se  cacher; 
mais,  lors(jue  des  temps  moins  ora[jeux 
lui  permirent  de  se  montrer  ,  il  entreprit 
de  donner  une  édilion  des  Srrmons  de 
lieauvais  êvéque  de  Sener.,  qui  avait  été 
son  an>i,  qu'il  jjublia  en  1807,  en /i  vol. 
in-12,  el  où  il  ne  lil  p;is  entrer  deux  dis- 
cours prononces  dans  les  assemblées  du 
clergé ,  et  deux  autres  sur  la  cène.  Il  de- 
vait joindre  à  celle  édition  un  éloge  de 
l'auteur,  mais  sa  mauvaise  santé,  cl  peut- 
être  un  peu  de  né{jli(Tence ,  rempcchèrenl 
de  terminer  ce  travail  ;  il  n'en  a  publié 
qu'un/'/"a<7/nc«/ qui  fait  repreller  que  celle 
œuvre  soit  rcsléc  tncomplùle.  lin  1809 
ral)bé  Gallard  fui  appelé  à  uire  chaire  d'é- 
loquence sacrée  da^is  la  faculté  de  théolo- 
gie :  il  la  refusa,  se  conlenlanl  d'une  pe- 
tite place  dans  une  des  connnissions  de 
l'univcrsilc.  Il  est  mort  à  Paris  lu  11  mai 
1812. 

GAI-LE  (Skr  vais),  Seivatiits  Gallœus. 
hollandais,  né  à  Holterdam  en  1027,  motl 
à  Campcn  en  1709,  est  auleur  dim  Traité 
latin  sur  les  oracles  des  Sjjhillrs .  2  vol. 
iii-/*",  Amsienlain,  1089;  le  l^conliml 
les  orades  avec  un  commentaire.  Le  se- 
cond contient  des  dissertations  sur  tout  ce 
qu'on  peut  dire  des  Sybilles.  Il  prouve 
leur  existence  conire  Socin  :  il  soulienl 
qu'elles  ont  été  inspirées  par  le  démon; 
il  nie  qu'elles  aient  élé  vierges,  et  pré- 
tend qu'il  n'y  a  rien  de  fixe  sur  leur  nom- 
bre. 11  y  fait  un?  sorlii;  pleine  do  Cel  con- 
tre quelques  saintes,  à  «pii  Ion  a  attribué 
le  don  ce  prophétie.  «  Plaisanl  cmbarnis, 
»  dit  un  critique  ,  où  s'est  trouvé  ce  bon 
»  prolestant  !   RecoHuaissant  l'existence 

>  des  Sybilles   el  leur  inspiration  ,  mais 

>  craignant  quehjues  fâcheuses  conséquen- 

•  ces  cofiire  sa  série,  il  aime  mieux  les 
«faire  inspirer  par  le  démon  ,  et  leur  cn- 
»  lever  leur  virginité,  que  de  fournirquel- 
»  que  preuve  en  faveur  des  vierges  qui , 

•  parmi  les  catholiques,  ont  paru  av«,ir 

•  «juelque  connaissante  d<;  l'axcnir.  »  O.i 
a  encore  de  lui  une  édition  de  Lactance  . 


i7  <;vL 

1  Lcydo ,  ICfiO,  où  il  fait  I ou»  %t%  efforts 
pour  réfuter  les  noie»  qu'Isxus  avait  fai- 
tes sur  cet  ancien  nuleur  chrétien,  et  pour 
mélamorphoser  Larlancc  en  huguenot.  Il 
a  travaille  à  une  éililion  de  MinuUut  Fe- 
lix .  qui  na  pas  vu  le  jotir  ,  el  qui  apjja- 
remmenl  ne  valait  pas  mieux  que  la  pré- 
cédente. 

•  O ALLF.T  ou  GALET  (  N  ...  ) ,  crclc- 
siaslique  français  attaché  à  Fénélon  qu'il 
a  presque  toujours  suivi,  a  publié  :  |  la 
Vie  do  ce  prélat  sous  ce  tilre  :  Recueil 
des  principales  vertus  de  Fénélon,  Nati- 
cy,  172j,  in-12,  1res  rare  ;  |  nnt  Disserta- 
tion dogmatique  et  morale  sur  la  doctrine 
des  indulgences  .  sur  la  foi  des  miracles 
et  sur  la  pratique  du  Itosa.'re.  172'»,  ln-12. 
On  lui  attribue  :  Lettre  d'un  anonyme  à 
feu  M.  de  Iteausohre  sur  .V.  de  Fénélon. 
inséré  dans  la  Bibliothèque  germanique . 
lome  /»('»,  p.  CO. 

'  (i  VLLKT  (  J.vr.QLEs),  ancien  supé- 
rieur du  séminaire  de  Saint-Louis  à  Paris, 
naquit  à  Lamballe  (  Bretagne)  vers  le  mi- 
lieu du  17*  siècle,  et  mourut  en  172C  a 
Compans  dans  le  diocèse  de  Meaux  ,  où  il 
élait  curé.  Il  se  livra  à  de  profondes  re- 
cherches sur  Ihisloirc  de  la  Brelagne.  II 
a  composé  une  dissertation  histori(]ue  sur 
l'origine  des  Bretons  dont  l'abbé  des  Fon- 
taines a  fait  les  tomes  5  el  6  de  son  Histoire 
des  dues  de  Bretagne  qui  parurent  en 
1757  ;  elle  a  été  réimprimée  à  la  fin  du  i" 
vol.  de  l'Histoire  de  Bretagne  de  don  Mo- 
rice,  qui  l'a  beaucoup  améliorée  tant  par 
ses  propres  corrections  que  par  la  resti- 
tution du  texte  d'après  le  manuscrit  ori- 
ginal que  possédait  le  cardinal  de  Rolian. 

•  (,ALLI:TTI  (  PiKRiit-Lotis  ) ,  savant 
antiquaire  italien  cl  évéque  de  Cyrène  . 
né  en  1724  à  Rome,  n>ort  subitement il'une 
attaque  d'apoplexie  le  {'j  décembre  1790, 
fit  ses  premières  études  dans  sa  \illc  na- 
tale, puis  entra  cher,  les  bénédictins  de 
Florence,  cl  fut  nommé  bibliothécaire-ar- 
chiviste de  .Son  couvent.  II  avait  dirigé 
ses  travaux  vers  l'antiquilé  ,  et  l'hisluirc 
p<jlitique,  lilléraire  el  ecclésiastique  de 
plusieurs  villes  et  maisons  religieuses.  F.n 
parcourant  les  manuscrits  de  la  biblio- 
thèque de  Florence  il  Irouvj»  une  charte 
sur  l'origine  primilive  de  l'ordre  deshio* 
ronymiles  :  ce  <(ut  occasiona  une  di*. 
cussion  assez  \ivc  enirc  lui  cl  le  Pcrr  No- 
rini,  abbé  général  de  cet  ordre  ,  dÏM-ut- 
sion  dans  laquelle  il  parait  que  l'avautajo 
lui  resla.  Kn  IT.tli  il  publia  une  di>ferla- 
lion  tendant  à  delenniurr  la  po^likit; 
exacte  de  I'uik  icnnc  Ruine  cl  d4u«  loquoUc 


GAL  528 

il  prétend  qu'elle  était  dans  le  lieu  qu'on 
appelle  civitacula.  On  lui  doit  aussi  des 
notices  intéressantes  sur  les  actes  de  saint 
Gélulien  et  de  ses  compagnons  ;  des  mé- 
rnoù'es  sur  les  antiquités  ecclésiastiques  ; 
ime  collection  des  inscriptions  du  mot/en 
âge  qui  se  trouvent  encore  dans  plusieurs 
contrées  d'Italie,  publiée  à  Rome  de  1737 
à  1766  ;  la  publication  de  plusieurs  lettres 
médites  de  saint  Basile  le  Grand  eldu 
vénérable  Bède  ,  et  de  trois  discours  de 
Th.  Ph.  Jnghirami  de  Volterre.  Son  mé- 
rite lui  obtint  l'amitié  des  plus  illustres  pré- 
lats ;  le  pape  Pie  VI  lui  conféra  plusieurs 
bénéfices  et  le  titre  d'évêque  de  Cyrène. 
Ses  principaux  ouvrages  sont  :  |  Ragio- 
namento  deW  origine  e  de  primi  tempi 
delV  abadia  Fiorentina,  Rome ,  1773  ,  in- 
U°;  I  Capenamunicipio  de' Romanis  Rome, 
1756;  I  Gabbio  antica  citta  diSabina  sco- 
jjerta  ave  era  torrij,  ovvero  le  grotte  di 
toro^  Rome,  1757,in-ii°,  fig.;  |  Inscriptio- 
nes  veiwtœ  infimi  œvi ,  Romce  exstantes, 
Rome,  1737-1766,  3  vol.  in-4°.  Il  publia  suc- 
cessivement les  inscriptions  de  Bologne, 
1  volume  in-/i.°  ;  de  Rome ,  3  volumes 
in-4"  ;  de  la  Marche  d'Ancône  et  du  Pié- 
mont. 

GALLI.  Voyez  BIBIENA. 

GALLICrVN  (  saint  ) ,  consul  romain 
sous  l'empereur  Constantin ,  battit  les 
Scythes,  et  souffrit  le  martyre  à  Alexan- 
drie ,  par  ordre  de  Julien  l'Apostat,  le  23 
juin  362. 

GALLICAN,  tribun  de  l'armée  de  Ves- 
pasien.  Il  se  signala  beaucoup  à  la  prise 
de  Jotapat,  et  fut  envoyé  à  Flave  Josèphe, 
pour  l'exhorter  à  se  rendre. 

*GALL£CCIOLI  (  l'abbé  Jea.\-Bap- 
TiSTE  ),  savant  professeur  d'hébreu  et  de 
grec,  né  à  Venise  en  1753.  Il  savait  indé- 
pendamment des  langues  orientales  ,  le 
syriaque,  lechaldéen,  le  latin,  le  français, 
l'anglais  ;  et  son  plus  grand  plaisir  était 
de  communiquer  son  savoir  à  ses  disci- 
ples. Il  leur  avait  inspiré  une  telle  con- 
iianceet  en  mêmetempsune  si  grande  ar- 
deur pour  l'élude,  qu'ils  le  suivaient  jus- 
que dans  les  rues  de  Venise,  pour  profi- 
ter de  ses  conversations.  Il  était  d'une 
excessive  charité  pour  les  pauvres,  et  à 
sa  science  se  joignit  une  extrême  modestie. 
Quoiqu'il  possédât  une  fortune  assez  con- 
sidévable,  on  le  trouva  ,  à  sa  mort  arrivée 
en  1806,  dépourvu  de  tout ,  et  l'on  décou- 
vrit qu'il  y  avait  plusieurs  familles  qui 
ne  vivaient  que  de  ses  bienfaits.  On  lui 
doit  :  I  Dizionario  latino  italiano  délia 
sacru  Biblia;  \  Disserlazione  deli  aiUicà 


GAL 

lezione  degli  Ebrei  e  delV  origine  de- 
puJiti;\  Pensieri  sulle  70  setlimane  di  Da- 
niele,  écrit  rempli  d'érudition  ,  dont  tou.es 
les  universités  italiennes  lui  firent  des 
remercîmens  ;  |  Mémorie  venete  antiche 
profane  ed  ecclesiastiche ,  8  vol.;  |  la 
grande  table  des  32  vol.  in-foldu  Thésaurus 
antiquitatum  saci'armn,  d'Ugolini  ;  j  tra- 
ductions italiennes  de  V Ecclésiaste  et  des 
différentes  Défenses  de  la  religion  chré- 
tienne^ écrites  par  Talien  ,  Atliénagorc  , 
etc.  On  regrette  qu'il  n'ait  pas  publié 
avant  sa  mort  un  ouvrage  important,  qui 
lui  avait  coûté  20  ans  de  travail,  intitulé: 
Approssimazione  délia  sinagoga  alla 
nostra  religione.  Galliccioli  a  donné  aussi 
une  édition  des  œuvres  de  saint  Grégoire 
le  Grand. 

GALLIEIV,  Publius  Licinius  Gallianus  ^ 
fils  de  l'empereur  Valérien  ,  fut  associé 
à  l'empire  par  son  père  ,  l'an  233  de  J.-C, 
et  lui  succéda  l'an  260.  Le  nouvel  empe- 
reur avait  signalé  son  courage  contre  lc3 
Germains  et  les  Sarmates  ;  mais  la  vo- 
lupté amollit  son  âme  ,  dès  qu'il  fut  sur 
le  trône  impérial.  Pendant  que  tout  le 
monde  gémissait  sous  le  poids  des  guerres 
et  des  calamités  publiques,  il  vivait  tran- 
quillement à  Rome  ,  toujours  environné 
de  femmes  impudiques,  tantôt  couché  sur 
des  fleurs,  tantôt  plongé  dans  des  bains  , 
ou  crapuleusement  assis  à  table  ,  ne  res- 
pirant que  pour  le  plaisir,  et  n'ayant  point 
d'autre  objet.  Les  uiiines  ,  les  bouffons 
formaient  son  cortège  ordinaire ,  et  des 
femmes  prostituées  l'accompagnaient 
tous  les  jours  lorsqu'il  allait  au  bain.  Il 
était  devenu  insensible  à  tout  ce  qui  ne 
regardait  pas  la  volupté.  Quelqu'un  étant 
venu  lui  dire  que  le  royaume  d'Egypte 
s'était  révolté  contre  lui  :  «  hé  bien  !  ré- 
»  pondit-il ,  ne  saurions-nous  pas  vivre 
»  sans  le  lin  d'Egypte  ?  »  Un  autre  lui  ap- 
prenant la  défection  des  Gaules,  il  répon- 
dit d'un  air  indolent  :  «  Qu'importe  ?  Est-ce 
»  que  l'état  ne  peut  subsister  sans  les  lon- 
»  gués  casaques  et  sans  les  draps  d'Ar- 
»  ras  ?  »  Il  ne  reçut  pas  avec  moins  d'in- 
différence la  nouvelle  qu'on  lui  apporta 
des  désordres  qu'avait  faits  en  Asie  un 
furieux  tremblement  de  terre  ,  et  celle 
d'une  dernière  invasion  des  Scythes  ;  il 
ne  dit  que  ces  mots  :  «  Il  faudra  nous 
»  passer  de  salpêtre.  »  La  perte  de  plu- 
sieurs autres  provinces  ne  le  toucha  pas 
davantage  ,  et  on  eût  dit  ,  à  le  voir  et  à 
l'entendre  ,  qu'il  était  un  simple  parlicu- 
lier.  Il  fallut  enfin  qu'il  sortit  de  sa  léthar- 
gie. Poslliunio  et  ln?T;cnuuà  se   firent  pro- 


GAL 

rUmor  empereurs  en  môme  lpmp<,  l'un 
ilans  les  Gaules,  >"aulre  dans  rillyric.  (ial- 
licn  marcha  contre  celui-ci ,  le  vainquit 
cl  le  tua.  Il  lit  pt'rir  tous  les  rebelles  , 
■iins  distinction  dàje  ni  de  sexe  ,  ou  par 
lui-nu^mc  ,  ou  par  ses  licutenans.  «  Epou- 
»  se/.,  écrivit  il  à  l'un  d'eux,  ma  querelle, 
r  et  ven^er-la  comme  si  c'était  la  vôtre.  » 
les  soldats  et  le  petiple  de  Mœsie  ,  irri- 
tes de  tant  d'exécutions  barbares,  procla- 
mèrent un  nouvel  empereur,  tué  par  ses 
pardes  peu  de  temps  après.  Macrianus, 
tlu  empereur  en  Ejjypte  vers  le  même 
temps  ,  y  répna  près  de  2  années.  Trente 
tyrans  dans  différentes  parties  de  l'em- 
pire se  mirent ,  ou  se  firent  mettre  sur  la 
télc  ,  la  courotme  impériale.  Gallien , 
plongé  dans  Tassoupissement  des  plaisirs, 
n'avait  de  vivacité  que  celle  que  lui  don- 
nait sa  colère  ;  dès  qu'elle  était  apaisée  , 
il  retombait  dans  son  indolence.  Son  père 
avait  été  fait  prisonnier  par  les  Perses  ; 
au  lieu  d'aller  le  délivrer,  il  confia  lesoin 
de  le  ven;;er  à  Odénat.  Ce  général  fit  ce 
que  l'empereur  aurait  dû  faire  :  il  chassa 
les  Barbares  des  terres  de  l'empire,  et 
porta  la  terreur  dans  leur  propre  pays. 
Odénat  ayant  été  tué  ,  Zénobie  sa  veuve, 
prit  le  titre  de  reine  de  l'Orient ,  et  fit 
proclamer  empereurs  ses  trois  fils.  Iléra- 
clien,  envoyé  contre  elle,  fut  battu,  et  son 
armée  taillée  en  pièces.  Auréole ,  dace 
d'origine ,  berger  d'extraction  ,  prenait 
dans  le  même  temps  le  litre  d'empereur, 
et  se  rendait  maître  de  Milan.  Gallien  alla 
mette  le  siège  devant  cette  ville.  Le  re- 
belle, pour  se  défaire  de  lui,  fit  donner  de 
faux  avis  aux  principaux  officiers,  et  leur 
persuada,  par  ses  émissaires,  que  Gallien 
avait  résolu  leur  perte.  On  forma  à  l'in- 
stant une  conjuration  contre  lui  ,  et  on 
l'assassina  l'an  2fj8  de  J.-C. ,  avec  son  fiis 
Valérien  qu'il  avait  associé  à  l'empire.  II 
avait  alors  50  ans.  Ce  prince  cruel  et  bru- 
tal fut  à  quelques  égards  plus  nKKlérc  et 
plus  juste  que  les  empereurs  les  pliu 
vantés.  Les  chrétiens ,  dont  les  Trajan  et 
les  aiarc-.Vurèle  firent  couler  le  sang  dans 
toutes  les  provinces  de  l'empire  ,  furent 
épargnés  par  Gallien.  11  les  connut ,  il  les 
jugea  mieux  ;  il  con«;ut  du  respect  pour 
leurs  vertus,  fit  publier  des  éditsde  paci- 
fication en  leur  faveur,  leur  accorda  le 
libre  exercice  de  leur  religion  ,  ordonna 
qu'on  leur  rendit  les  cimetières  où  ils 
s'assemblaient,  et  qu'on  restituât  aux  par- 
ticuliers tous  le»  bien»  confisqués.  Tant 
il  est  vrai  que  l'orgueil  philosophique  et 
une  vainc  o<>lenlalion  de  vertu  sont  lou- 


529  G. IL 

vent   plus  à  craindre  que  des  vice»  re- 
connus et  avoués  ! 

*GAI.I.lMVUD(JeA^  Kdur).  institu- 
teur et  professeur  de  mathématiques  qui 
mourut  à  Paris  en  1771 ,  à  l'âge  de  86  nus, 
a  laissé  un  grand  nombre  d'ouvrages  qu'il 
les  pritu'i- 


a  composés  pour  la  jeunesse 
paux  sont  :  |  V Arithmétique  dctunuatra- 
tive;  l'Jlyèbre,  ou  l'arithmétique  littérale 
dé  montrée,  tn  deux  tables,  chacune  d'un.' 
feuille  d'impression.  1740,  in-8";  |  Géomé- 
trie élémentaire  d'Euclide  avec  des  sup- 
plémens,  1736,  1749,  in-12;  (  Science  du 
calcul  numérique,  1750,  in-12  ;  |  les  Sec- 
tions coniques  et  autres  courbes  traitées 
profondément,  1752,  in-i";  |  Méthode  théo- 
rique et  pratique  d'arithmétique,  d  algè- 
bre et  de  géométrie .  mise  à  la  portée  dir 
tout  le  monde.  1753,  in-l6;  |  Théorie  des 
sons  applicable  à  la  musique,  175/t ,  iu-8  " 
d'une  feuille;  |  .-alphabet  raisonné  pour  la 
prompte  et  facile  instruction  des  en  fans, 
1757,  in-12;  |  le  Pont  aux  ânes  métho- 
dique, ou  Nouveau  liarréme  pour  les 
comptes  faits  ,  1757 ,  in-8". 

G.VLLIO\'  (  JcîviL's),  sénateur  romain, 
fut  d'avis  que  les  coliortes  prétoriennes  , 
après  plusieurs  campagne»,  auraient  I;î 
droit  d'être  assises  parmi  les  quator?.  ; 
ordres.  Il  en  fut  rudement  repris  par  leni- 
pereur  Til)ère,  qui  sur-le-champ  le  lit 
sortir  du  sénat,  puis  de  l'Italie.  Il  choisit 
l'agréable  ville  de  Lesbos  pour  le  lieu  d«; 
sa  retraite.  Tibère  sut  qu'il  s'y  plaisait, 
et  le  fit  revenir  à  Rome,  où  il  fut  obligiî 
de  demeurer  dans  la  maison  des  magis- 
trats. C'est  toute  la  récompense  qu'il  eut 
pour  les  bassesses  qu'il  avait  faites  au- 
près de  ce  tyran. 

G  VLLION  (Ju:«ius),  frère  de  Sénèquc  , 
précepteur  de  Néron.  Etant  proconsul 
d'Aclia'ie,  le»  juifs  lui  amenèrent  saint 
Paul  pour  le  faire  condamner;  mais  Gal- 
lion  leur  dit  «  qu'il  ne  se  mêlait  point  .le 
leur»  disputes  de  religion,  et  qu'ils  eu>- 
scnt  à  vider  leur  différend  entre  eux.  • 
(  Jet.  18j.  Celte  réponse  semble  prouver 
que  ce  pnKronsul  regardait  ce»  démêh  « 
avec  indifférence.  Cependant  quehjuos 
historiens  en  ont  conclu  que,  s'il  n'était 
pas  chrétien  ,  il  avait  quelque  penchant 
au  christianisme.  Gallion,  condamné  à 
mort  par  Néron,  se  tua  lui-même;  ce  der- 
nier trait  prouve  mieux  que  tout  le  re»tc 
qu'il  n'était  pas  chrétien. 

G  \I.USS()>XIÈRE  (  RoLA^o  Mirnrt 
BAllRIN,  marquis  de  la  ) .  liculenant-cr- 
néral  des  armée»  navales  de  France,  né 
à  RocheforI  le  il    novembre  lûOS ,  entra 


GAL 


330 


GAL 


au  service  en  1710 ,  comme  garde  de  la 
marine,  et  après  diverses  promotions,  fut 
nommé  gouverneur  général  du  Canada 
en  1743.  Il  remplit  cette  place  avec  talent 
«.'l  distinction,  elles  succès  que  les  armées 
françaises  eurent  dans  cette  partie  du 
monde  furent  le  fruit  de  l'ordre  qu'il  y 
avait  établi.  Il  repassa  en  France  en  1749, 
et  fut  nommé  chef  d'escadre.  Tout  le 
monde  connaît  la  célèbre  expédition  de 
Minorque,en  1756,  où  il  battit  les  An- 
glais et  s'empara  de  Mahon.  Mais  celte 
expédition  si  glorieuse  pour  de  La  Gal- 
lissormière,  acheva  de  ruirxer  sa  santé, 
dérangée  depuis  plusieurs  années.  11  mou- 
rut à  Nemours  ,  le  26  octobre  de  la  même 
année ,  âgé  de  63  ans.  Aux  talens  supé- 
rieurs de  son  état ,  à  des  connaissances 
très  variées  (i),  cet  illustre  marin  joignait 
un  7,èle  et  une  bonté  de  coeur  rares.  iS'une 
exacte  probité  et  de  mœurs  austères  ,  il 
n'était  sévère  que  pour  lui-même. 

GALLO  (  Alo\zo  ) ,  auteur  espagnol , 
à  qui  nous  devons  un  traité  fort  recher- 
ché et  très  rare ,  surtout  en  France ,  écrit 
dans  sa  langue,  sous  ce  titre  :  Declaracion 
del  valor  del  oro.  Madrid,  1615,  in-12. 
Cet  ouvrage  a  été  d'un  grand  usage  pour 
ceux  qui  travaillent  ce  métal  ou  qui  le 
négocient.  L'auteur  vivait  dans  le  17*= 
siècle.  —  Il  ne  faut  pas  le  confondre  avec 
GALLO (  .lEAiv-BAiTiSTE).  /"oyezGELLI. 
GALLOCOE  {  Louis),  natif  de  Pa- 
ris, mort  en  1761  âgé  de  91  ans,  fut 
elevede  Boullongne  qui  l'instruisit,  en 
lui  dévoilant  les  principes  de  la  peinture 
d'après  les  tableaux  mêmes  des  grands 
hommes.  Celte  façon  d'instruire  habitua 
Galloche  à  un  goût  de  théorie,  qui  semble 
,  avoir  nui  en  quelque  sorte  au  progrès 
des  connaissances  qu'on  acquiert  par  la 
pratique.  On  voit  néanmoins  quantité  de 
beaux  tableaux  de  cet  artiste  ,  entre  au- 
tres la  Résurrection  du  Lazare .  à  Téglise 
de  la  Charité;  le  Départ  de  saint  Paul 
de  Miletpour  Jérusalem ,  à  Notre-Dame; 
saint  Nicolas ,  évcque  de  Myre ,  à  Saint- 
Louis  du  Louvre  ;  V Institution  desenfans 
trouvés,  à  Saint-Lazare;  la  Samaritaine , 
et  la  Guérison  du  possédé ,  à  Saint-Mar- 
tin des  Champs  ;  saiiit  Nicolas  de  Tolen- 
■Un  3  dans  l'église  des  petits-Pères;  et  dans 
ia  sacristie  ,  la  Translation  des  reliques 


(i)  Le  marquis  de  la  Galisspnnière  e'tait  membre 
aisacié  libre  du  l'acadomie  des  sciences,  dont  les  ÎMe- 
ranirei  renferment  un  e'crit  de  lui  intitulé  :  Observa- 
tions sur  une  espèce  Je  ^ranil  qu'on  trouve  près  de 
Skoa.la.igu  ,  el  qui  est  susceptible  d'un  beau  poli. 


de  saint  Jugustin  :  c'esi  le  chef-d'œu%Te 
de  l'auteur  ,  ainsi  que  son  tableau  de  r»> 
ception  àl'académie  royale,  représentant 
Hercule  qui  rend  Alceste  à  son  épouM 
Admète...  Galloche  fut  gratifié  par  le  roi 
d'un  logement  et  d'une  pension.  François 
le  Moine  fut  son  disciple.  Il  mourut  rec- 
teur et  chancelier  de  l'académie  royale. 

GALLOIS  (  Jean  ),  abbé  de  Saint-Mar- 
tin des  Cores,  secrétaire  de  l'académie 
des  sciences ,  professeur  en  grec  au  col- 
lège royal,  et  inspecteur  du  même  col- 
lège ,  naquit  à  Paris  en  1632  ,  et  y  mou- 
rut d'hydropisie  en  1707.  Il  travaillaaprès 
Sallo ,  le  père  du  Journal  des  savons,  à 
cet  ouvrage  périodique;  mais  il  n'y  mit 
pas  la  même  critique  ;  il  savait  combien 
elle  offensait ,  lors  même  qu'elle  est  mo- 
dérée et  juste.  Les  auteurs  furent  contens, 
mais  le  public  le  fut  moins  :  on  l'accusa 
de  prodiguer  les  louanges,  non -seule- 
ment aux  bons  écrivains,  mais  même 
aux  médiocres;  défaut  devenu  commun 
à  tous  les  journalistes,  et  qui  va  toujours 
croissant ,  en  raison  directe  de  la  déca- 
dence du  goût  et  des  sciences.  «  La  bonne 
»  critique  ,  dit  un  auteur  moderne  ,  a  dis- 
»  paru  avec  le  vrai  savoir. Elle  a  cesséd'être 
»  sévère,  jjarce  qu'elle  a  senti  sa  faiblesse 
»  et  son  impuissance;  elle  a  craint  ses  pro- 
«presjugemens,  parce  qu'elle  n'apas suies 
»  fonder  assez  en  raison  et  en  droit  pour  les 
»  faire  respecter.  De  là  tous  ces  pérîodistes 
»  louangeurs  qui  ne  savent  qu'admirer  et 
»  s'épanouir,  lors  même  qu'ils  analysent  la 
»  pauvreté  et  la  sottise.  C'est  l'ignorance 
»  qui  compose  avec  l'ignorance ,  qui  loue 
»  pour  être  louée  à  son  tour ,  comme  ces 
»  faux  prophètes  dont  il  est  dit  dans  TE- 
»  criture  :  Beatificant  et  beatificantur.  » 
Observation  du  reste  qui  ne  convient  pas 
dans  toute  son  étendue  à  l'abbé  Gallois  . 
et  qui  ne  doit  se  rapporter  qu'au  mauvais 
exemple  qu'il  a  donné  .  et  qui  est  aujour^ 
d'hui  si  bien  suivi.  Le  grand  Colbert ,  ton. 
ché  de  rutilitéde  ce  journal,  prit  du  goût 
pour  l'ouvrage,  et  bientôt  après  pour 
l'auteur.  Après  avoir  éprouvé  long-temps 
son  esprit,  sa  littérature,  ses  mœurs,  il 
le  prit  chez  lui  en  1674  ,  et  lui  donna  tou- 
jours une  place  à  sa  table  et  dans  son  car- 
rosse. L'abbé  Gallois  lui  apprit  un  peu  de 
latin  dans  ses  voyages  de  Versailles  à  Pa- 
ris. On  n'a  de  lui  que  les  extraits  de  ses 
journaux  ,  et  quelques  petits  écrits  qui  ne 
formeraient  pas  un  volume. 

*  GALLOIS  (  A\toine-Paul  le) ,  béné- 
dictin de  la  congrégation  de  Saint-Maur, 
né  en  1640  à  Vire ,  en  Normandie ,  pro- 


G  AL 


351 


GAL 


foMa  la  philosopliic  à  l'abbaye  de  Sainl- 
Waiulrillc  :  il5o  livra  eiisiiitu  à  la  prédica- 
lion,  i*t  y  renonça  au  Ik>uI  de  20  ans.  pour 
écrire  l'Iiisloire  de  Bretagne.  Il  suivail 
ce  projet  avec  ardeiw  lorsqu'il  mournt 
d'ajjoplexie  en  l(î'J5  ,  à  l'abbaye  du  nioiit 
Sainl-Micliel .  dont  il  était  allé  visiter  les 
archives.  Il  a  laissé  :  |  Oraison  funèbre  d^ 
ia  reine  Marie-Thcrèse  WJutriche,  Pa- 
ris ,  1()8.T  ;  I  Klof/e  funèbre  du  chancelier 
L^teïlier.  en  latin,  Paris  et  Rouen,  1685; 
I  Abrégé  de  sermons  de  controverse  . 
Caen ,  1684,  in-'i°;  |  Eclaircisiemens 
apologétiques  sur  quelques  propositions 
de  théologie. *i\c,  il)id.  IG86.  in-Zi"  ;  ]  quel- 
ques autres  écrits  peu  remarquables,  |  et 
des  fragnicns  de  ï/fistoire  de  Bretagne, 
terminée  par  D.  Lobineau. 

•  G AM.OIS  (  JiiA!«-ANT«iNE  GAUVIN), 
membre  associe  de  l'institut  (  section  d'é- 
conomie politique),  fut  envoyé  en  1791 
avec  Gensonné  dans  la  Vendée  en  qualité 
de  commissaire  pour  examiner  de  quelle 
nature  étaient  les  troubles  de  celte  pro- 
vince. Il  lit  le  9  octobre  suivant  un  rap- 
port sur  l'état  relijïieux  des  départemens 
de  l'Ouest,  où  il  avait  pa  constater  une  op- 
position très  vive  à  la  constitution  civile 
du  clergé  et  aux  prêtres  qui  l'avaient 
adoptée.  Cliargé  en  1798,  de  traiter  de  l'é- 
change des  prisormiers  français  en  An- 
gleterre, il  échoua  dans  celte  mission  et  il 
lui  fut  même  défendu  de  séjourner  à  Lon- 
dres. De  retour  en  F'rance,  il  fit  partie 
du  tribunat  dont  il  devint  président  en 
1802,  et  secrétaire  en  1804.  C'est  en  cette 
qualité  qu'il  signa  le  procès-verbal  de  la 
séance  dans  laquelle  M.  Jard-Panvilliers 
demanda  que  Bonaparte  fût  déclaré  em- 
pereur et  que  ladiijnilé  impériale  fût  hé- 
réditaire dans  sa  faiiitlle.  Après  la  dissolu- 
tion du  tribunal,  Gallois  devint  membre 
du  Corps  législatif;  plus  tard  il  adhéra  à 
la  déchéance  de  Bonaparte.  Membre  de  la 
chaml)re  des  dé|»utés  de  la  première  res- 
tauration, il  y  parla  en  faveur  de  la  liberté 
de  la  presse,  puis  vécut  dans  l'obscurité 
jus(|u'à  sa  morl  arrivée  le  TjuilU-l  1828. 
On  lui  doit  une  traduction  française  de 
l'ouvrage  de  Filangiéri  sur  la  science  de 
la  législation,  Paris,  1786,  1798,7  vol. 
inS". 

G.VM.OMO  (A\toi?ie),  prêtre  orato- 
rien  de  Rome,  mort  en  1617,  publia  en 
italien  :  |  une  Histoire  des  vierges .  l.Wl, 
in-4°;  |  les  fies  de  qwlques  martyrs  . 
i:;97.  in-4";  |  la  lie  de  saint  Philippe  de 
Aéri.  in-8"  ;  i  de  Afonachalu  sancli  Gre- 
gorii.  Roine ,  1004  ,  ïn-h".  Il  y  prétend , 


avec  Baronius  ,  que  laint  Gréjroîrc  n'a  pas 
été  bénédictin,  mais  de  l'ordre  de  saint 
Kiiuice ,  dont  saint  (irégoire  fait  mention 
dans  ses  livres  de  morale.  |  Il  mit  au  jour 
en  1591  ,  in-4°,  avec  les  figure»  de  Tcni- 
pesta.  un  traité  en  italien,  curieux  et  fait 
avec  beaucoup  de  soin  ,  sur  les  différent 
supplices donl  les  païensse  servaient  pour 
faire  souffrir  les  martyrs  de  la  primitive 
église.  Cet  ouvrage  ,  traduit  en  latin  par 
l'auteur,  fut  imprimé  en  i:j94  ,  et  réiirw 
primé  en  16'J9  à  Paris.  Gallonius  non-seu- 
lement recueillit  ce  qui  se  trouve  des 
tourmens  des  martyrs  dans  leurs  actes  , 
dont  plusieurs  pourraient  être  suspects 
aux  esprits  forts,  mais  aussi  ce  qu'on  lit 
dans  les  auteurs  anciens ,  tant  profanes 
qu'ecclésiastiques.  Ce  livre  est  ufie  ré- 
ponse victorieuse  à  cette  phrase  d'un  in- 
crédule UHiderne  :  «  Il  est  difficile  de  curi- 
»  cilier  avec  les  lo4s  romaines  tous  ces 
»  tourmens  recherchés,  toutes  ces  mutila- 
»  lions,  ces  langues  arrachées,  ces  mem- 
»  bres  coupés  et  grillés,  etc.  »  Il  se  peut 
qu'aucune  loi  romaine  n'ordonna  jamais 
de  tels  supplices  ;  mais  la  fureur  des  r»>- 
mains  Idolâtres  les  inventait,  cl  les  juges 
les  laissaient  faire,  et  souvent  les  ordon- 
naient eux-mêmes.  Le  traité  de  Gallonius 
en  est  la  preuve.  <«  Le  même  argument , 
»  dit  un  savant  moiierne,  prouverait  la 
»  fausseté  de  toutes  les  atrocités  exercées 
»  par  les  Adrets  ,  les  Halberstad  ,  les  La 
»  Marclc.  les  Sonoi,  etc.;  car  où  sont  Ws 
»  lois  qui,  chez,  les  proîeslans,  ordonnent 
»  de  tels  supplices  envers  les  catholiques  ! 
»  Et  pour  rester  dans  l'histoire  romaine. 
»  par  quelles  lois  «le  la  jurisprudence  cri- 
»  minellc,  les  chrétiens  ,  sous  Néron,  fu- 

•  rent-ils  enduits  de  poix  et  transformés 

•  en  flambeaux.  »  Le  livre  De  crue e  de 
Juste-Lipsc  peut  servir  de  pendant  à  ce- 
lui de  Gallonius. 

GALLOW  VV.  rugez  RUVIGNT. 

G  ALM'CCI.  ou  plutôt  G  ALLL'ZZI  ^Tx*- 
QCiiv),  Gallulius .  jésuite  italien,  mort  ;« 
Rouje  en  1649,  à  75  ans,  est  auteur  de  pi !i- 
sieurs  ouvrages.    Les  principaux  sont   : 

1  findicationes  virgilian^  .  Wome ,  1621, 
in-4'';  |  Commentani  très  df  tragœdiâ.il' 
comeedià  et  de  etegià.  Paris,  liir)!  cl  tù\:>, 

2  vol.  in-fol.  Il  était  passionné  |Knir  Vir- 
gile,  autant  que  M""  Daner  l'était  pour 
Homère.  Il  a  tàdié  de  veinjcr  le  pt»cto 
latin  de  toutes  les  rri tique*  qu'tl  •  c»- 
suyées.  Il  y  a  eu  eneo!  '.  v>- 
PaclGALLICCI.  sa^  »- 
lien,  ne  a  Salo .  dans  !-  la 
milieu  du  16*  iièdc ,  Uwnl  ic^  priaripau» 


GAL 


532 


GAI. 


ouvrages  sont  :  |  un  traité  Degli  stro- 
vienti  di  astronomia^  Venise,  1597,  \n-k°; 

1  Spéculum  uranicum,  in-fol.;]  Cœlestium 
cwporum  explicatio .  in-fol.;  |  Theatrum 
mundi  et  temporis,  in-fol.  etc. 

GALLIICCIO  (Axge)  ,  ne  à  Macérata 
l'an  1593,  entra  dans  la  société  des  jésuites 
en  1606,  enseigna  pendant  24  ans  la  rlié- 
torique  dans  le  coUéje  roinain,  avec  beau- 
coup de  réputation,  et  mourut  à  Rome 
le  28  février  1674.  Son  principal  ouvrage 
est  la  continuation  des  décales  :  De  bello 
belgico  du  Père  Famien  Strada,  son  con- 
frère, depuis  1590  jusqu'à  1609,  imprimée 
à  Rome  en  1671 ,  2  vol.  in-4".  Sa  latinité 
est  pure  et  élégante,  mais  swi  style  est 
plus  affecté  et  moins  coulant  que  celui  de 
Slrada. 

GALLIÎS  (Cornélius),  de  Fréjus  en 
Provence ,  grand  capitaine  et  bon  poète  , 
était  chevalier  romain.  Il  aima  Cytliéris, 
affranchie  de  Volumnius,  et  la  célébra 
dans  ses  vers  ;  mais  cette  courtisane  le 
quitta  pour  s'attacher  à  un  autre  :  ce  qui 
donna  occasion  à  Virgile  de  composer  sa 
10*^  églogue,  pour  consoler  Gallus  de  cette 
perte.  L'empereur  Auguste  lui  donna  le 
gouvernement  d'Egypte.  Gallus  pilla  ce 
pays ,  et  ,  selon  quelqiH'S-uns  ,  conspira 
contre  son  bienfaiteur  ,  qui  l'envoya  en 
exil.  Il  s'y  tua  de  désespoir  l'an  26  avant 
J.-C.  Virgile,  qu'on  peut  croire  n'avoir  eu 
pour  amis  que  des  gens  d'un  mérite  dis- 
tingué, fait  l'éloge  de  ce  poète.  Gallus  avait 
travaillé  dans  le  genre  élégiaque  ;  mais  il 
ne  reste  presque  rien  de  ses  poésies.  Les 
fragmens  que  nous  en  avons  se  trouvent 
dans  l'édition  de  Catulle  et  Tibulle  j.  1771, 

2  vol,  in-8"  et  in-i2,  avec  une  élégante 
traduction  française  par  M.  le  marquis  de 
Pezai. 

(îALLUS  (ViBius) ,  natif  des  Gaules, 
orateur  célèbre  sous  le  règne  d'Auguste, 
parut  au  barreau  avec  tant  d'éclat ,  qu'on 
lui  donna  un  des  premiers  rangs  parmi 
les  orateurs  romains,  après  Cicéron.  Sé- 
nèque,  son  ami  et  son  admirateur,  a  con- 
servé quelques  échantillons  de  ses  plai- 
doyers. Gallus  mourut  frénétique. 

GALLUS  (Caius  VibiusTréboniaivus), 
proclamé  empereur  romain  en  251,  à  la 
place  de  Dèce  qu'il  fit  mourir,  était  d'une 
bonne  famille  romaine  ,  dont  il  souilla  la 
gloire  par  des  actions  lâches  et  honteuses. 
Outre  le  meurtre  de  son  prince ,  il  con- 
clut avec  les  Goths  une  paix  si  ignomi- 
nieuse, que  les  Romains  n'en  avaient  point 
fait  de  semblable  jusqu'alors  :  le  traité 
porlait  qu'ils  i)aycraicnt    aux   Goths  un 


tribut  annuel.  Domitien  avait  cependant 
introduit  autrefois  la  coutume  de  don- 
ner de  l'argent  aux  barbares,  pour  les 
empêcher  de  ravager  les  terres  de  l'em- 
pire. Il  ne  tarda  pas  long-temps  à  porter 
la  peine  de  ses  infâmes  actions  ;  mais 
l'eiTipire  la  piarïagea  avec  lui.  Les  Gotlis 
et  les  autres  peuples  ennemis  des  Romains 
ne  se  contentarrt  pas  du  traité  avantageux 
qu'ils  avalent  fait ,  le  rompirent  presque 
aussitôt  qu'ils  l'eurent  conclu.  Ils  vinrent 
fondre  sur  la  Thrace,  la  Mœsie,  la  Thes- 
salie  et  la  Macédoine  ,  qu'ils  ravagèrent, 
et  où  ils  commirent,  sans  que  Gallus  té- 
moignât s'en  soucier,  tous  les  désordres 
ordinaires  aux  nations  septentrionales. 
Les  Perses  ,  d'un  autre  côté ,  qui  n'igno- 
raient pas  les  progrès  des  Goths,  entrè- 
rent sous  les  ordres  du  fameux  Sapor, 
dans  les  provinces  de  Mésopotamie  et  de 
Syrie;  et  poussant  plus  avant,  ils  subju- 
guèrent l'Arménie ,  d'où  ils  chassèrent  le 
roi  Tiridate.  Gallus  ,  aussi  tranquille  que 
s'il  n'eût  point  eu  d'ennemis  ,  demeurait 
à  Rome  plongé  dans  les  plaisirs.  Après 
avoir  associé  à  l'empire  Volusien  son  lils, 
qui  n'était  encore  qu'un  enfant ,  comme 
s'il  eût  dû  le  trône  des  Césars  à  sa  valeur 
et  au  mérite  de  son  nouveau  collègue  ,  il 
fit  battre  des  pièces  de  monnaie  avec  cette 
inscription  :  Virtus  Augustorum.  Ce- 
pendant le  peuple  paraissait  si  irrité  de 
l'indolence  de  Gallus,  que  ce  prince  cher- 
cha à  l'apaiser  ,  en  adoptant  un  jeune  fils 
de  Dèce  ;  mais  craignant  qu'il  ne  vengeât 
la  mort  de  son  père,  il  l'empoisonna  de- 
puis secrètement.  Gallus  ajouta  à  tous 
ses  crimes  ,  la  persécution  des  chrétiens  ; 
mais  le  courroux  du  ciel  se  manifesta  en 
même  temps  contre  l'empire,  par  une 
peste  épouvantable.  Ce  fléau  commença 
en  Ethiopie,  sur  les  confins  de  l'Egypte, 
se  répandit  de  là  dans  toutes  les  provin- 
ces, et  fut  aussi  funeste  par  sa  durée  que 
par  sa  violence.  Gallus  fut  massacré  par 
ses  soldats  à  Terni ,  l'an  253.  Son  fils  Vo- 
lusien ,  qu'il  avait  décoré  de  la  pourpre, 
fut  tué  avec  lui. 

GALLUS  (  Flavius-Claudics-Constan- 
Tius  ) ,  fils  de  Jules  Constance  et  frère  de 
l'empereur  Julien,  fut  créé  césar  en  551, 
par  l'empereur  Constance  son  cousin  ,  qui 
lui  fit  épouser  sa  sœur  Constanline.  Il 
avait  passé  sa  jeimesse  avec  Julien  dans 
une  espèce  d'exil ,  où  ils  furent  élevés 
dans  la  piété.  Gallus  parut  très  attaché  au 
christianisme;  il  abolit  l'oracle  d'Apollon 
dans  un  faubourg  d'Antioche  où  il  fai- 
sait sa  demeure ,  brûla  les  villes  des  Juifs 


GAL  5 

qtil  s'étaient  révoltés ,  défit  les  Perse» ,  et 
s'acquit  la  répiitalion  d'un  priiirc  coura- 
geux. Mais  les  porlidcs  conseils  de  (lA>n- 
Stanline  le  perdirent  :  |M»ur  satisfaire  leur 
avarice,  ils  s'abaiuloimérenl  à  toutes  sor- 
tes de  vexations  et  de  cruautés.  Gallusltt 
massacrer  Doinitien,  préfet  d'Orient, 
Théophile,  gouverneur  de  Syrie  ,  et  Mon- 
liiis,  ininislru  des  linanccs.  On   prétend 

uine  qu'il  forma  le  projet  de  détrôner 
«  instance.  Ce  prince  le  lit  arrêter;  on 
procétla  contre  lui  comme  contre  un  sim- 
ple particulier,  et  il  eut  la  tète  tranchée 
en  3;)4.  Il  n'avait  que  29  ans.  Q)nstance 
fit  périr  les  principaux  complices  de  ses 
crimes,  royez  CONSTANTINE. 

•  GALLL'ZXI  (RiGLCcio),  historien 
ilalien  ,  né  à  Volterra  vers  l'an  17/t3  ,  est 
auteur  d'une  Histoire  du  grand  duché 
de  Toscane  sous  les  Médicis .  publiée  en 
italien  à  Florence,  1781 ,  5  vol.  iii-4"  et  9 
vol.  in-S",  réimprimée  plusieurs  fois.  Cet 
ouvrage  lui  avait  été  commandé  par  le 
grand-duc Lt-opold  qui  l'avait,  assure-t-on, 
engagé  secrètement  à  déprécier  celte  fa- 
mille puissante  pour  rehausser  la  nou- 
velle dynastie.  Lorsque  celle  histoire  pa- 
rut ,  elle  excita  les  nombreuses  réclama- 
tions des  cours  d'Espagne  ,  de  Naples ,  de 
Parme,  et  surtout  de  Rome, sur  le  compte 
des<iuellcs  l'auteur  s'était  exprimé  dune 
manière  souvent  inconvenante  et  injuste; 
soutenu  et  protégé  par  le  grand-duc,  Gal- 
lur.zi  ne  fui  point  inquiéléet  mourut  tran- 
quillement en  1805. 

•GALOIS  (  EvARiSTE  ) ,  jeune  mathé- 
maticien qui  donnait  les  plus  grandes  es- 
pérances, naquiten  181îJ  à  Bourg-la-Reine, 
dans  le  département  de  la  Seine;  il  lit  ses 
études  au  collège  Louis-le-Grand ,  à  Paris, 
remporta  en  18iJ7,  aux  concours  généraux 
un  prix  de  mathéujaliiiues.  et  entra  deux 
ans  plus  tard  à  l'école  norn»alc.  11  avait 
adopté  avec  une  sorte  d'enthousiasme 
les  idées  républicaines,  que  les  résultats 
de  la  révolution  de  juillet  1830,  dont  il 
n'avait  pas  lieu  d'être  satisfait,  exaltèrent 
encore,  -assistant  un  jour  à  un  banquet 
donné  aux  tendances  de  liourgogue ,  il 
se  leva  comme  pour  porter  un  toast,  et 
prononça  ces  mois,  en  tenant  un  couteau 
àlamain  :  A  Louis-Philippe  .s'il  trahit... J 
^•nprisonné   jwur  ce   fait  ,  il  fui  bientôt 

idu  à  la  liberté.  Evariste  Galois  est 
il.  ri  en  1832,  à  la  suite  d'un  duel,  lais- 
sant plusieurs  ouvrages  inédits  sur  les 
mathématiques,  entre  autres  un  Mémoire 
sur  la  théorie  des  équations .  donl  M.  Cau- 
chy  présenta,  en  18S9,  un  extrait  à  l'acu- 


>r>  GAL 

demie  des  sciences.  I.41  lin  mallieiireuse 
de  ce  jeune  homme  doil  élre  attribuée  a 
une  absence  de  princifies  religieux  qu'on 
ne  peullropdéplorei  (/'oy<rr  ESCOLSSE). 
(;AIX)PI!>i  (  Geukgb  ) ,  né  à  Mf»n»  en 
Hainaut  ,  vers  l'an  IGOO  ,  bénédictin  dans 
le  monastère  de  Saint-Guislain  ,  s'op(Kisa 
avec  véhémence  à  la  réforme  de  Saint- 
Vanne  ,  que  l'on  introduisit  dan»  ce  mo- 
nastère ,  et  nuisil  par  là  à  sa  réputation. 
11  parait  néanmoins,  par  toute  la  suite  de 
sa  conduite,  que  c'était  un  homme  droit 
et  vrai,  qui  peut-être  dans  celte  reforme 
appréhendait  quelque  nouveauté.  Il  so 
relira  à  Douai ,  où  il  fui  fait  professeur 
de  philosophie  au  collège  du  roi,  cl  y 
mourut  le  21  mars  1G57.  Il  s'applii|ua  à 
donner  de  lx)nnes  éditions  avec  des  notes 
des  anciens  auteurs  ecclésiastiques,  qui 
n'avaient  pas  encore  vu  le  jour,  entre 
autres,  du  f'crbum  ahbreviatuin  Ae  Pierre 
le  Chantre;  du  Commentaire  sur  le  Penta- 
tcuque  de  saint  Bruno,  cvéque  de  Wurtr- 
bourg,  de  Wlurora  de  Pierre  Riga;  la 
fie  de  saint  f'éron  .  par  Albert ,  abbé  de 
Gemblours ,  et  une  Généalogie  des  com- 
tes de  Flandre  .  tirée  des  manuscrits  du 
monastère  de  Sainl-Guislain. 

•  (..VLSIIIXTE,  ou  GALSUINDE,  nom- 
mée par  quelques-uns  Ca/5onf<f  et  Gelé- 
suinte,  fille  dAthanagilde ,  roi  des  Visi- 
goths  d'Espagne ,  et  sœur  ahiée  de  Brune- 
haut ,  naquit  vers  l'an  îi.'»0.  Elle  se  niaria 
en  5G6,  à  Chilpéric  roi  de  Soissons  et  fils 
de  Clolaire  ;  mais  ce  roi ,  épris  de  la  fa- 
meuse Frédégonde  ,  qui  lui  avait  déjà  fait 
répudier  Audovère  ,  sa  première  femme, 
se  lassa  bientôt  des  grâces  et  des  vertus 
de  sa  nouvelle  épouse.  Cette  princesse  , 
justement  indignée  contre  sa  rivale,  et  ne 
l^juvanl  en  détacher  le  roi,  lui  demanda 
la  grâce  de  retourner  en  P^spai'.ne .  offrant 
de  lui  laisser  la  riche  dot  <iirelle  avait 
apportée.  Chilpéric  parvitil  a  ra[>aiser; 
mais  quelque  jours  après  on  trouva  celte 
malheureuse  princesse  morte  dans  son  lit. 
Grégoire  de  "Tours  assure  <|ue  ce  fut  lo 
roi  qui  la  fit  étrangler  ,  ayant  été  conduit 
à  ce  crime  par  les  instillations  de  Fréd^ 
gorille ,  qu'il  plaça  sur  le  trône  aprè»  la 
mort  de  Galsuinte.  C'est  en  \oulanl  tirer 
vengeance  de  ce  crime  «jiie  IJnuiehaut 
s'engagea  contre  Frédeguiule  dans  la  luHe 
sanglante  où  elle  finit  par  succomber  vic- 
time du  fils  de  sa  rivale,  yoyez  CLO- 
TAIRE  If. 

•  C;AI.V  AM  (  Lotis  ),  médecin  et  phy- 
sicien célèbre  d'Italie,  professeur  d'fciia- 
toniie  ,  né  a  Il«>logne  k;  y  »rplcmbre  1737, 


GAL  5 

montra  dès  l'enfance  un  grand  zèle  pour 
la  religion  catholique  et  témoigna  même 
le  dessein  de  se  renfermer  dans  un  cloître. 
Mais  on  le  détermina  à  embrasser  la  car- 
rière de  la  médecine  qu'il  négligea  en- 
suite pour  étudier  l'anatomie.  Il  soutint 
en  1762  sa  thèse  sur  les  Os  ^  et  fut  nommé 
professeur  d'aiiatomie  à  l'université  de 
Bologne ,  emploi  dont  il  s'acquitta  avec  la 
plus  grande  distinction.  En  même  temps 
il  exerça  avec  beaucoup  d'habileté  la  chi- 
rurgie et  l'art  des  accouchemens  :  et  il  se 
livra  jusqu'en  1790  sur  cette  partie  de 
lart  à  de  nombreux  et  importans  travaux, 
qui  sont  insérés  dans  les  Mémoires  de 
l'institut  des  sciences  de  Bologne.  Mais  il 
dut  sa  plus  grande  célébrité  à  sa  décou- 
verte du  galvanisme  (  1790  ) ,  qui  ne  fut 
cependant  que  l'effet  du  hasard  ,  comme 
presque  toutes  les  découvertes.  On  pré- 
parait des  bouillons  de  grenouilles  pour 
M™*  Galvani  ,  dont  la  santé  était  affaiblie  ; 
un  des  aides  de  ce  médecin  ayant  appro- 
ché sans  y  songer  la  pointe  d'un  scalpel 
des  nerfs  cruraux  internes  d'une  gre- 
nouille écorchée ,  qui  se  trouvait  ])lacée 
près  d'une  machine  électrique  en  mou- 
vement ,  tous  les  muscles  furent  aussitôt 
agités  d'une  vive  commotion.  M™'  Gal- 
vani, s'en  étant  aperçue,  en  avertit 
son  mari,  qui  s'attacha  dès  lors  à  l'i- 
dée d'une  électricité  inhérente  au  corps 
animal,  et  ses  expériences  multipliées 
lui  en  offrirent  la  certitude.  Plusieurs 
savans,  qui  ont  cherché  à  perfection- 
ner la  découverte  de  Galvaini,  en  ont  ob- 
tenu des  effets  nouveaux  et  curieux; 
mais  quelques-uns  ,  en  adoptant  ses  pro- 
cédés et  en  multipliant  ses  expériences  , 
leur  attribuèrent  d'autres  principes.  Gal- 
vani défendit  son  système  dans  plusieiirs 
mémoires  dédiés  à  Spallan/.ani.  On  a  publié 
beaucoup  d'écrits  sur  le  galvanisme.  Les 
principaux  sont  V Histoire  du  galvanisme j 
par  Pierre  Suc,  Paris,  1803,  k  vol.  in-8", 
et  le  Manuel  du  galvanisme ,  par  Joseph 
Izarn,  Paris,  1804,  in-8°.  Galvani  était 
doux,  modeste,  extrêmement  aimant, 
simple  dans  ses  goûts  et  dans  ses  mœurs. 
Il  parlait  avec  facilité,  mais  sans  élo- 
quence, et  il  était  modéré  dans  la  discus- 
sion. Il  observait  rigoureusement  les  pré- 
ceptes de  la  religion,  à  laquelle  il  était 
sincèrement  attaché.  Lorsque  la  républi- 
que cisalpine  exigea  de  tous  les  employés 
im  serment ,  il  préféra  perdre  sa  place  et 
les  émolumens  qui  y  étaient  attachés  et 
qui  faisaient  toute  sa  fortune,  plutôt  que 
de  trahir  sa  conscience.  II  se  relira  alors 


34  GAL 

chez  un  de  ses  frères  ,  où  il  succomba  le 
h  décembre  1798  à  une  maladie  de  lan- 
gueur qui  le  minait  depuis  la  perte  de  son 
épouse  (1790  ).  Quelques  jours  avant  sa 
mort,  le  gouvernement  cisalpin  avait 
décrété  qu'il  serait  rétabli  dans  sa  chaire, 
sans  être  tenu  de  prêter  le  serment  qu'on 
avait  exigé.  Le  docteur  Alibert  a  fait  son 
Eloge  historique  ^  où  il  a  résumé  avec  un 
rare  talent  le  système  de  ce  célèbre  mé- 
decin :  il  sert  d'introduction  au  li'  voluine 
de  la  société  médicale  d'émulation.  Les 
principaux  écrits  de  Galvani  sont  :  |  De 
renibus  atqueuréteribus  volatilium.  Cette 
description  anatomique  de  quelques  orga- 
nes des  oiseaux  est  remarquable  par  l'exac- 
titude scrupuleuse  avec  laquelle  il  rendit 
compte  des  observations  que  lui  avaient 
permis  de  faire  ses  dissections  nombreuses. 

I  De  volatilium  aure.  Cet  ouvrage  n'était 
qu'une  ébauche  d'un  grand  travail  qu'a- 
vait entrepris  l'auteur  sur  l'organe  de 
l'ou'i'e  ;  Galvani  accusa  Scarpa  de  lui  avoir 
enlevé  ces  découvertes  à  mesure  qu'il  les 
faisait  connaître  à  ses  élèves.  |  De  viribiis 
electricitatis  in  motu  musculari  com- 
mentarius.  Ce  dernier  opuscule  a  été  in- 
séré dans  le  tome  7  des  Mémoires  de  l'in- 
stitut, et  est  imprimé  séparément.  C'eât 
dans  ce  mémoire  (de  58  pages)  qu'est 
consignée  sa  découverte  des  phénomènes 
excités  ou  produits  après  la  mort ,  sur  la 
contraction  musculaire,  au  moyen  des 
métaux  mis  en  contact  avec  les  nerfs  et 
les  muscles. 

GALVANO,  ou  plutôt  GALVAM  (An- 
toine), fds  naturel  d'Edouard  Galvano, 
naquit  à  Lisbonne  en  1503  ;  après  avoir 
achevé  ses  études,  il  s'embarqua  en  15^7 
pour  les  Indes  et  devint  gouverneur  des 
iles  Moluques.  Il  signala  le  commence- 
ment de  son  gouvernement  par  la  vic- 
toire qu'il  remporta  dans  J'île  de  Tidor 
sur  20,000  hommes,  n'eii  ayant  avec 
lui  que  350.  Il  purgea  les  mers  voisines 
de  tous  les  corsaires.  Il  ne  se  rendit  pas 
moins  recommandable  par  sa  bonté  pour 
les  naturels  du  pays ,  et  par  le  soin  qu'il 
prit  de  les  faire  instruire  des  vérités  de 
la  religion.  On  assure  que,  pendant 4  ans, 
il  dépensa  70,000  crusades  :  aussi  acquit- 
il  le  glorieux  titre  S! Apôtre  des  3foluques 
Ses  libéralités  l'ayant  réduit  à  im  étal  qui 
n'était  guère  au-dessus  de  la  misère,  il 
se  rendit  l'an  1540  en  Portujjal ,  où  il  ne 
trouva  pas  la  reconnaissance  qu'il  devait 
attendre  du  roi  Jean  III,  dont  il  avait  aug- 
menté les  revenus  de  500,000   crusades. 

II  se  vit  obli;]é  de  se  retirer  dans  l'hôpital 


GAL 

lîe  I.UIkmhio,  où  il  vorut  jusqu'en  I5!»7. 
llavail  t'cril  une  Histoire  des  Moliiqurs. 
qui  est  p<*rdue  ;  innison  imprima,  co  i5.*i.'>, 
à  Lisbonru",  un  IVnitc  (hs  <li\,'rrs  chemins. 
par  lesquels  les  inurcliuiidises  des  Indes 
onl  élé  opporlées  un  Eumpe.  et  (1rs  dé- 
couvertes faites  jusqu'en  io50. 

•GALVEZ  (don  Ukr>\rd  ).  oflicier  gé- 
néral esiWRnol,  vice-roi  duMi-xiquo,  né  à 
Mala{;a  en  17 1>6.  dut  sa  fortune  à  son  oncle, 
don  Joseph  Galver  ,  ministre  d'état ,  (jui , 
n'ayant  pas  d'enfans  mâles,  l'appela  à  Ma- 
drid en  1775.  et  le  fit  entrer  dans  le  corps 
des  gardes  wallones.  Il  quitta  bientôt  le 
service  d'Espagne  pour  venir  servir  en 
France  dans  im  régiment  cantabre.  De- 
puis trob  ans  il  était  dans  les  troupes 
françaises  lorsqu'il  reulra  dans  son  corps 
avec  le  grade  de  lieuteiuuil,  et  partit  pour 
l'expcdiliou  d'Alger  en  1761),  où  il  se  dislin- 
l^ua  en  plusieurs  occasions.  Peu  après  son 
retour,  il  fut  nommé  successivement  colo- 
lu'l ,  et  maréchal  de  camp,  ayant  à  peine 
24  ans;  mais  son  oncle,  voulant  rendre 
sa  carrière  plus  rapide  encore,  le  nomma 
f eus-gouverneur  de  la  Louisiaue.  Galvez 
partit  pour  celle  colonie,  où  il  épousa  la 
lille  dun  riche  négociant  français,  et 
remplaça  bientôt  le  gouverneur,  appelé 
à  d'autres  fonctions.  Il  se  distingua  dans 
celte  place  autant  par  sa  modération  que 
par  la  sagesse  de  ses  vues.  Il  améliora  la 
rolonic  par  toutes  sortes  de  moyens, 
donna  de  nouveaux  développemens  à  l'a- 
griculture et  au  commerce,  bâtit  de  nou- 
velles liahitations .  ré|)andil  la  civilisa- 
tion et  mérita  les  éloges  de  sa  cour  tt  la 
reconnaissance  des  colons.  I>a  guerre  d'A- 
mérique ayant  éclaté  (  1780  ),  il  fut  chargé 
d'une  expédition  contre  les  Florides,  «-t. 
créant  lui-même  les  ressources  dont  il 
avait  besoin  ,  forma  une  armée  de  l'»,()00 
hommes;  il  attaqua  les  anglais  et  s'em- 
para de  Pensacola,  malgré  la  vigoureuse 
résistance  des  assiégés.  Après  la  paix  de 
1783,  il  obtint  le  titre  de  comte,  et  fut 
nomme  vice-roi  du  Mexique.  Il  s'atlaclvi 
ù  corriger  les  abus  qui  s'étaient  introduits 
dans  différentes  branches  d'aJinini-^tra- 
tion.  et  se  déclara  protecteur  des  colons  et 
des  propriétaires  des  mines  :  aussi  jamais 
U-  Mexique  ne  fut  plus  riche  cl  plus  licu- 

"■■■IX  que  sous  son  gouvernement  :  il  de- 

.:  l'idole  des  Mexicains  ;  mais  cette  pré- 

clion  exclusive  déplut  à  la  cour.  Une 

M  te  circonstance  l'aurait   perdu  infail- 

■  li-ment  :  il  venait  de  faire  bâtir  à  peu 

de  dislance  de  Mexico  une  maison  de  plai- 

eance  entourée  de  fossés  et  extrêmement 


333  GA^I 

forliûée  ;  on  supposa  qu'il  visait  i détacher 
ce  pays  de  la  mèrc-pairie,  pour  s'en  faire 
proclamer  roi.  Le  cabinet  i-sfiairnol  allait 
le  rappeler,  lorsque  p  •   ii,  violent 

exercice  qu'il  avait  I  ,  il  mou- 

rut en  août  171)4  ,  nj  ralcment 

de  tous  les  Mexicains. 

OAM  V  (Vasco  de),  célèbre  navigateitr 
porlugais,  né  à  Cynis.  ville  maritime  d« 
Portu;;al,  d'une  famille  illustre,  s'est  im- 
mortalisé par  la  découverte  du  pntsage 
aux  Indes  orientales,  par  le  cap  de  /ion- 
ne-Kspèrance.  Le  roi  don  Emmanuel 
l'envoya  en  1497  dans  les  Indes  pour  lc$ 
reconnaître.  Il  courut  toute  la  cote  orien- 
tale de  l'Afrique  ,  descendant  en  divers 
lieux  pour  tenter  de  faire  alliance  avec 
les  rois.  Il  se  conduisit  de  même  sur  la 
c«^)te  orientale  de  l'Inde;  mais  il  ne  trouva 
de  favorables  dispositions  que  dans  le  roi 
de  Melinde  ,  qui  le  lit  acompagnerà  sou 
retour  par  un  ambassadeur.  Gama,  satis- 
fait  de  son  premier  voyage  ,  se  prépara  à 
en  faire  un  second  avec  une  flotte  de  20 
vaisseaux.  Le  roi,  pénétré  d'estime  i>our 
son  mérite  et  de  reconnaissance  pour  sej 
services  ,  le  fil  comte  de  Vidiguère  et 
amiral  des  mers  des  Indes,  Perse  et  Arij- 
bie:  titre  que  ses  descendans conservent. 
Il  partit  le  10  février  1502,  et  après  s'ê- 
tre vengé  des  insultes  qu'il  avait  s«juffer- 
tesla  preujière  fois,  en  bombardant  quel- 
ques places,  et  battant  plusieurs  petites 
flottes  des  princes  b:irbares,  il  revint 
avec  13  vaisseaux  chargés  de  richess<;s.  le 
premier  septembre  1503.  Enfin  le  roi  .Ican 
III,  l'ayant  nommé  vice-roi  des  Indes  en 

1524,  l'y  renvoya  pour  la  troisième  fois; 
mais  à  peine  avail-il  établi  son  siège  à 
Cochin,  qu'il  y  mourut  le    24  décembre 

1525.  vScs  lieulen  lus  venaient  «le  défaire 
les  flottes  de  Calicut  et  de  Cananor.  On 
dit  qu'il  publia  la  relation  de  son  pre- 
mier voyage  dans  les  Indes;  mais  on  no 
la  trouve  point.  Ce  grand  homme  fut  ho 
noré  du  don .  pour  lui  et  pour  sa  posté- 
rité, et  créé  grand  du  Portui^'il.  On  voit 
ses  exploits  amplement  détaillés  dans  l'é- 
légante Histoire  des  Indes  du  Père  »Iaf- 
fée.  Le  Camoéns  a  chante  dans  la  /.usiaita 
{  Os  Lusiatlas  )  la  découverte  du  rap  d<) 
Bonnc-Esiiéiance  ,  que  Vasro  tic  Gania 
avait  appelé  le  cnp  des  Tourmentes. 

r.  \M  V  (  A-xTtu^E  de  ; .  né  à  Lislmnnf», 
en  1520,  mort  dans  celle  ville  n  75  ans, 
fut  conseiller   d'élal  et  c  lier 

du  nii  de  Portugal.  Les  n  '■  u  « 

laissés  sont  :  |  Dcciuonf*  .,.,,. .,„t  Luâi- 
tani(t  senatàs .  ii»-fol.  ;  |  TracUAu*  de  sa- 


GAM 

cramenlis  iJrœstandis  ultimo  supplicio 
damnalis.  Ce  savant  magistrat  tirait  son 
plus  grand  lustre  de  son  érudition ,  de  sa 
probité  €t  de  sa  religion ,  et  il  le  fit  re- 
jaillir sur  les  dignités  qu'il  remplit. 

GAM  \  (  EuMAXUEL  de  ),  avocat  au  par- 
lement de  Paris,  publia  en  1706,  in-12, 
une  Dissertation  sur  le  droit  d'aubaine^ 
droit  qui  paraîtrait  barbare,  si  un  long 
usage  ne  l'avait  consacré.  Ce  n'est  pro- 
prement qu'un  factum;  mais  il  roule  sur 
une  question  importante.  L'auteur  pré- 
tend que  le  droit  d'aubaine  ne  s'étend  que 
sur  les  étrangers  établis  dans  le  royaume, 
et  non  pas  sur  ceux  qui  n'y  font  que  pas- 
ser en  voyageant. 

*  GAM  A  (  Ant.  de  Léon  ),  astronome 
cl  géo;îraphe,  naquit  au  Mexique  en  172G. 
Il  publia  différens  Jllémoires  sur  les  sa- 
tellites de  Jupiter,  sur  l'almanach  et  la 
chronologie  des  anciens  Mexicains,  et  sur 
le  climat  de  la  Nouvelle-Espagne  ;  mé- 
moires qui ,  suivant  l'opinion  du  savant 
Humboldt,  «  annoncent  une  grande  jus- 
«  tesse  dans  les  idées,  et  de  la  précision 
«  dans  les  observations.  »  Gaina  concou- 
rut avec  d'autres  astronomes  à  détermi- 
ner la  longitude  du  Mexique  ;  travail 
dans  lequel  les  observateurs  eux-mêmes 
avouent  qu'ils  restèrent  incertains  de 
près  d'un  quart  de  degré  pour  avoir  cal- 
culé sur  des  tables  anciennes.  Gama  don- 
na au  public  le  résultat  de  ses  opérations 
dans  une  brochure  en  espagnol ,  intitu- 
lée :  Description  orthograpliique  de  l'é- 
clipse  de  soleil  du  'ik  juin  1778  ,  dédiée  à 
don  Joacliiin  Velasquez  de  Léon,  Mexico, 
4778,  in-4''.  Ce  savant  astronome  naquit 
pauvre,  vécut  dans  la  misère,  malgré  les 
recommandations  du  célèbre  navigateur 
Malaspina,  qui  lâcha  en  vain  d'intéresser 
la  cour  d'Espagne  en  sa  faveur. 

GAMACHES  (JoaciiimROUAULT  de), 
geuUlhomme  de  Poitou,  acquit  une  grande 
réputation  sous  Charles  VII  et  sous  Louis 
XI.  Il  se  trouva  à  deux  batailles  et  à  dix-sept 
sièges,  sans  avoir  pourtant  commandé  en 
chef.  Son  action  la  plus  éclatante  est  la 
défense  de  Paris  pendant  la  guerre  du 
Bien-public  y  en  1463.  Ses  services,  qui 
lui  méritèrent  le  bâton  de  maréchal ,  ne 
le  garantirent  point  des  jaloux,  ni  des  dé- 
Jiances  do  Louis  XI.  Ce  prince  le  îil  arrê- 
ter en  1476,  et  juger  par  des  commissai- 
res. Gamaches  lut  condamné,  non-seule- 
ment à  perdre  ses  charges,  mais  encore  à 
l»aycr  au  roi  20,000  francs  d'amende,  et 
à  garder  la  prison  pendant  S  ans  ;  mais  le 
raarécljal  n'en  conserva  pas  moins  sa  li- 


556  GAM 

berlé  el  ses  biens.  On  ne  dit  point  quel 
était  son  crime ,  ni  pour  quelle  raison 
l'arrêt  ne  fut  point  exécuté.  Gamaches 
mourut  en  1478. 

GAMACHES  (PniuppE  de  ) ,  abbé  de 
Saint-Julien  de  Tours,  docteur  et  profes- 
seur de  Sorbonne,  né  en  1568,  se  distin- 
gua par  l'ardeur  avec  laquelle  il  soutint  le 
docteur  Richer  {voyez  ce  nom).  Sans  l'aj)- 
peler  un  grand  homme  (  comme  fait  le 
Lexicographe  critique  ^  aussi  outré  dans 
ses  éloges  que  dans  ses  satires),  on  petit 
dire  que  Gamaches  élait  un  bon  scolasti- 
que.  On  a  de  lui  des  Commentaires  sur  la 
Somme  de  saint  Thomas ,  2  vol.  in-fol. 
Cet  écrivain  mourut  en  1623,  à  57  ans. 

GAMACHES  (  Etienne  de) ,  né  à  Meii- 
lan  en  1672 ,  entra  chez  les  chanoines  de 
Sainte-Croix  de  La  Brelonnerie ,  et  s'y  dis- 
tingua par  un  esprit  méditatif  et  profond. 
L'académie  des  sciences  de  Paris  lui  ou- 
vrit ses  portes.  Nous  avons  de  lui  :  |  une 
Astronomie  physique j  ou  Principes  géné^ 
vaux  de  la  nature  appliqués  au  méco' 
visme  astronomique,  1740,  in-4°  ;  |  Sys- 
tème du  cœur,  sous  le  nom  de  Clarigny  j 
1708,  in-12  ;  |  Système  du  philosophe  chré- 
tien.  1721 ,  in-8°  ;  |  Dissertations  littérai- 
res et  philosophiques ,  1755  ,  in-8".  Mais 
celui  de  ses  livres  qui  est  le  plus  connu, 
est  intitulé  :  Les  agrémens  du  langage 
réduit  à  ses  principes,  Mol ,  in-12.  Cet 
ouvrage,  qu'un  homme  d'esprit  appelait  le 
Dictionnaire  despensées  fines,^  été  vaincr- 
menf  déprisé  par  l'abbé  Goujet.  Il  est  digne 
d"étre  lu  par  quiconque  veut  écrire.  L'au- 
teur mourut  en  4756  ,  dans  sa  84"^  année. 
GAMALIEL  ,  docteur  de  la  loi ,  et  à  ce 
que  l'on  croit ,  disciple  secret  de  Jésus- 
Christ,  maître  de  saint  Paul,  fut  très  fa- 
vorable aux  apôtres  dans  une  assemblée 
que  les  juifs  tinrent  pour  les  faire  mourir. 
Il  fut  sensiblemeKt  touché  du  mauvais 
traitement  qu'ils  reçurent,  et  surtout  du 
martyre  de  saint  Etienne  ,  qu'il  fil  ense- 
velir honorablement ,  mais  sans  se  mon- 
trer. On  dit  que  ce  saint  homme  fut  en- 
suite découvert  et  martyrisé  avec  son  lils 
Abibon ,  âgé  de  20  ans  ;  qu'en  415  il  appa- 
rut en  songe  à  un  saint  prêtre  nommé  Lu- 
cien ,  à  qui  il  découvrit  l'endioil  où  repo- 
sait son  corps  et  celui  de  saint  Etienne. 
Nous  avons  un  écrit  de  Lucien  lui-même 
sur  ce  sujet.  Il  nous  apprend  que  Gama- 
liel  ayant  enlevé  le  corpsde  saint  Etienne, 
la  nuit  après  son  martyre,  l'avait  enseveli 
dans  un  tombeau  neuf ,  où  il  fut  depuis 
enterré  lui-même  avec  Abibon  son  lils  cl 
Nicodème.    Ces  corps    furent    effective- 


CAM 


537 


GAM 


iiuMil  trouvas  iluns  rciidroit  que  Gamalicl 

\  ait  iiiiliquc.  SaiiU   Aufriisliii    et  Evodc 

uonluiit  la  chose  avi-c  des  circonstances 

<jin  ne  laissent  aucun  doute  sur  lu  vérité 

tiii  récit  de  Lucien.  Cet  illustre  docteur 

de    rE(jlise    rapp«)rte    en  particulier    les 

■u'-risons  miraculeuses  qui  se  tirent  lors 

•  la  translation  du  corps  de  saint  Etienne. 

•  <,)uol  tcmoignaue.  s'écrie  un  orateur  clué- 

»  lien,  en  faveur  des  honneurs  que  nous 

»  rendons    aux    dépouilles  niorlcUes  des 

»  serviteurs  de  Dieu  !  Les  saints  eux-niè- 

»  mes  nous  en  uionlrcnl  les  dépôts,   et 

»  d'autres  saints  accourent  pour  les  hono- 

à  rer ,  et  le  Dieu  de  tous  les  saints  fait 

■  éclater  au  milieu  de  tout  cela  les  mer- 

»  veilles  de  sa  puissance;  et  les  houmies 

»  qui  attestent  tout  cela  comme  témoins 

»  oculaires  ,  sont  des  saints  eux-mêmes  et 

»  de  grands  docteurs  ,  des  {jénics  fermes 

»  et  i)rofonds  :  et  cela  dans  le  temps  où , 

»  de  l'aveu  des  novateurs,  l'Eijlise  était  en- 

rroie  chaste  et  pure.  Que  faut-il  donc  à 

Terreur  pour  la  confondre,  si  de  tels  faits 

:ic  la  confondent  pas.  »  Voyez  GERVAIS 

et  PUOTAIS  (  saints  ). 

(l.VMB.VRA  (  VÉuoxiQiiE  ) ,  sœur  du 
cardinal  Uberto,  née  à  Prato-Alboino  près 
de  Krescia  en  l/tSS  ,  mariée  à  un  seigneur 
italien,  fut  veuve  de  bonne  heure,  et  ne 
voulut  point  se  remarier,  pour  être  moins 
Cénée  dans  son  goût  pour  la  poésie  et  pour 
la  littérature.  Elle  savait  le  latin  et  le 
grec,  et  était  très  versée  dans  la  connais- 
sance des  principaux  ouvrages  anciens  et 
modernes,  sacrés  et  profanes.  Elle  mou- 
rut à  Ck>rrégio  en  15>)0.  Ses  poésies  oui 
été  jmprimées  plusieurs  fois,  et  en  der- 
nier lieu  à  Brescia  en  17j9,  in-8^ 

r.AMBAR.V  (LAttiENf),  poète  latin, 
de  Brescia,  dans  l'état  de  Venise  ,mort  en 
11)86  ,  à  90  ans  ,  demeura  long-temps  au- 
près du  cardinal  Alexandre  Famèse,  son 
ami  et  son  protecteur.  On  lui  doit  :  |  un 
traité  latin  5ur/rt/;oesic,in-4'*.  Rome,  1586. 
L'auteur  voudrait  que  les  poètes  chrétiens 
n'employassent  i)as  dans  leurs  ouvrages 
les  noms  des  dieux  du  paganisme.  La 
poésie  perdrait*  peut-être  quelques  agré- 
mens;  mais  elle  serait  plus  digne  des 
lecteurs  sages.  On  peut  excepter  les  noms 
qui  sont  devenus  en  quelqtie  sorte  pure- 
ment symboliques,  pour  signilier  les  cho- 
ses mômes  auxquelles  présidaient  ces  fac- 
tices divinités.  Foyez  RAPIN  (Re\é). 
I  In  poème  en  U.  chants,  intitulé  Coluin- 
bus.  où  la  Coloinbiade.  Ce  fut  le  cardinal 
de  Grandvellc  qui  l'engageaà  le  composer  ; 
ruuteur  le  lui  dédia.   C'est  l'histoire  de 


Christophe  Culumb  mise  en  vers.  M"*  du 
Bocage  a  fait  un  poème  sur  lu  mémo  sujet 
en  vers  français,  hvspoc'siea  de  Gainbara 
sont  en  gémral  lâches  et  faibles.  On  en  a 
plusieurs  éditions  :  le»  meiUeures  sont 
celles  de  Rome  en  lîiSl  el  i'.tbt't.  in-Zi".  On 
estime  ses  églogues,  intitulées  f  rnaloriœ. 
—  Il  ne  faut  pas  le  confondre  a\ec  Hu- 
bert GAMIÎAHA.  né  à  Bresse,  évéquc  de 
Tortone.  11  fut  chargé  de  commissions 
imi)orlanlcs  par  les  papes  Léon  X,  Clé- 
ment VU  et  Paul  m.  Les  services  qu'il 
leur  rendit  lui  procurèrent  le  cliapcau  do 
cardinal  en  ili^J.  Il  mourut  à  Rome  en 
luA9.  —  J»:a\-Fka.\çois  GAMBARA,  son 
neveu,  évéciue  de  Tortone,  cardinal,  mou- 
rut à  Rome  en  io8'»,  à  54  ans,  après  avoir 
rendu  de  grands  services  à  la  maison  d'Au- 
triche. 

GAMBART  (Adrien),  pieux  et  7.élé  mis- 
sionnaire ,  fut  un  des  premiers  disciples 
de  saint  Vincent  de  Paul.  Il  mourut  à 
Paris, le  19  décembre  1608,  à  08  ans,  après 
avoir  consacré  sa  vie  à  l'instruction  des 
pauvres  et  des  gens  de  la  campagne-  On  n 
de  lui  des  prônes  sous  le  titre  de  Mission- 
naire paroissial .  en  8  vol.  Ceux  qui  s'ap- 
pliquent à  instruire  le  peuple  de  la  cam- 
pagne, recherchent  encore  aujourd'hui  cet 
ouvrage. 

•  (iAMELIN  (Jacques  ),  peintre  ,  né  à 
Carcassonne  le  V»  octobre  1759,  de  v hit  pro- 
fesseur à  l'académie  de  Saint-Luc  de  Rome, 
puis  directeur  de  l'académie  de  Montpel- 
lier en  1776.  11  était  professeur  à  l'école 
centrale  de  l'Aude  lorsqu'il  mourut,  dans 
sa  ville  natale  ,  le  12  octobre  1803.  On  es- 
time ses  tableaux  moins  pour  le  dessin 
et  le  coloris  que  pour  la  chaleur,  la  fou- 
gue d'imagination,  et  la  hardiesse  de  la 
touche.  On  lui  doit  un  nouveau  Recueil 
d'ostéologie  et  de  myolojie ,  dessiné  d'a- 
près nature,  imprinié  et  gravé  à  Toulouse 
en  1779,  grand  in-folio.  M.  Mahul  lui  a 
consacré  une  notice  dans  sa  brochure  : 
Aotice  sur  quelques  artistes  néglùjés  dan» 
tous  les  Dictionnaires  historiques  ,Parii, 
1818,  in-8". 

•  GAMON  (FBAJiçois-JosEpn  ),  con- 
ventionnel, né  a  Eniraigucs  (  Avryron  ), 
dans  le  Vivarais,  vers  1765,  fx>  •• 
la   révolution   la  profession  <;  ' 

déparlenunl  de  l'Ardèchc  le  i -  -a 

179*i  député  suppléant  à  l'assemblée  Lé- 
gislative,  où  il  rrniiilTf-i  VnHadirr  .dé- 
missionnaire. En-.  '  •  '- 
vention,  il  se  lit  i 

ration  de  ses  prin.  .j-    .*.;..•  .......i.i  — -;.s 

hà  séance  du  3  décembre  I7OT  qu'on  co- 
S'J 


GAiV 


338 


GAIV 


lentlîl  Louis  XVI,  avant  de  prononcer  le 
docrt't  d'accusalion.  Lors  du  jii{jement  de 
ce  monarque  ,  Gamon  vota  pour  la  mort 
avec  l'appel  au  peuple  et  le  sursis  à  l'exé- 
cution jusqu'au  moment  où  le  territoire 
français  serait  envahi.  Nommé,  en  1795  , 
membre  du  comité  des  inspecteurs  ,  il 
rendit  compte  eu  cette  qualité  des  ma- 
nœuvres employées  parles  Jacobins  pour 
composer  les  tribunes  publiqvies  de  leurs 
affidés.  Signataire  des  protestations  du 
Coté  droit  contre  les  journées  des  51  mai 
et  2 juin,  il  fut  compris  dans  la  proscrip- 
tion des  73.  Mais  il  se  déroba  aux  re- 
iherches,  se  réfugia  en  Suisse  et  rentra  à 
la  Convention  le  8  décembre  1794.  Gamon 
lit  partie  du  conseil  des  Cinq-cents  jus- 
qu'en 1797  ,  fut  nommé  en  1800  juge  à  la 
cour  d'appel  de  Nimes  ,  et  président  au 
tribunal  criminel  de  l'Ardèche,  puis  en 
juin  1811,  président  d'une  des  chambres 
(le  la  cour  impériale  de  Nîmes.  En  1814  , 
il  fut  obligé  de  quitter  ses  fonctions  qu'il 
reprit  durant  les  cent-jours.  A  cette 
même  époque ,  le  collège  électoral  de 
l'Ardèche  le  députa  à  la  chambre  des  re- 
présentans  où  il  proposa,  après  la  défaite 
de  Waterloo,  de  remettre  en  vigueur  lu 
constitution  de  1791.  Destitué  de  nouveau, 
à  la  seconde  restauration,  Gamon  se  re- 
tira dans  sa  terre  d'Entraigues,  et  fut 
exilé  comme  régicide.  Il  revit  la  Suisse, 
où  il  s'était  marié,  lors  de  sa  première 
expatriation ,  et  obtint  sous  le  ministère 
Decazes  la  permission  de  revenir  en 
France.  11  vécut  depuis  dans  une  complète 
obscurité ,  et  est  mort  le  l*^"^  novembre 
1852.  Il  avait  présenté,  en  1806 ,  à  Napo- 
léon,  un  drame  intitulé  :  Beaurèpaire , 
ou  la  Prise  dS  Verdun  en  1792.  Il  mit  en 
veis  le  Télémaque  de  Fénélon,  et  a  laissé 
ie  plus  :  |  Clêopâtre^  tragédie,  en  3  actes 
et  vu  vers,  Amsterdam,  1788,  in-8"  ;  |  des 
Poésies^  Privas,  1803,  in-8°  ;  |  enfin  Bx- 
■posé  de  ma  conduite  j)olitique  depuis  le 
20  mars  jusqu'au  1  juillet  1815,  1815, 
in-8". 

GAINA  Y  (  Je  vx  de).  Voyez  GAIGNEY. 

GAIXD.  Voyez  HENRI  de  G  AND. 
GAÎ\DOLl*ÎIY  (Pierre)  ,  prêtre  ca- 
Iholique  anglais ,  étudia  en  tliéologie  au 
collège  de  Stonyhurst.  Il  s'était  fait  une 
certaine  réputation  par  ses  sermons  de 
controverse,  relatifs  aux  limites  de  l'au- 
torité temporelle  sur  la  discipline  de  l'E- 
glise ;  mais  lorsqu'il  les  eut  imprimés ,  on 
crut  y  découvrir  des  choses  peu  exactes  ; 
Gandoiphy  n'ayant  point  voulu  consentir 
«  lus  rccliiicr  ,  son  li%re  fui  censuré  par 


l'evêque  catholique  de  Londres.  L'auteur 
se  pourvut  à  Rome  contre  celte  décision, 
et  soutint  avec  fermeté  les  senlimena 
qu'il  avait  émis  dans  ses  écrits.  Il  séjourna 
quelque  temps  à  Paris,  à  l'occasion  de  sou 
voyage  dans  la  capitale  du  monde  chré- 
tien. Cette  controverse  donna  naissance  à 
divers  pamphlets.  Gandolphy  est  mort  à 
Eastsheen,  le  9  juillet  1821 ,  âgé  seulement 
de  41  ans.  On  a  de  lui  :  1  Défense  de  la 
foi  ancienne  ou  cinq  Sermons  sur  le» 
preuves  de  la  religion  chrétienne  j^  1811 , 
in-S"  ;  I  LitU7'gie  ou  Exposition  complète 
de  la  foi  de  l'église  catholique  ^  1812, 
in-8°;  |  deux  Lettres  au  docteur  H.  Marsh. 
1811  et  1813,  in-S"  ;  |  Exposé  complet  de 
la  religion  chrétienne  en  une  série  de  se?-- 
mofiSj  1813,  in-8°  :  |  Sermons  sur  le  texte: 
Rendre  à  César,  etc.,  1813,  in-4°. 

GA\GA1\ELLI.  Voyez  CLÉMENT  XIV. 

*  GAXGES  (Asine-Elizabeth  de  ROS- 
SAN  ,  marquise  de  ) ,  darne  célèbre  par 
ses  malheurs  ,  née  à  Avignon  en  1656  , 
épousa  à  l'âge  de  13  ans  le  marquis  de 
Castellane,  et  devint  bientôt  veuve.  Ayant 
contracté  une  nouvelle  union  avec  le  mar- 
quis de  Ganges,  elle  revint  avec  lui  à 
Avignon.  Son  mari  avait  deux  frères  qui, 
ayant  coiiçu  pour  elle  la  passion  la  plus 
criminelle  ,  cherchèrent  chacun  séparé- 
ment à  la  séduire.  Leurs  efforts  ayant  été 
inutiles ,  ils  jurèrent  sa  perte  et  s'enten- 
dirent pour  la  consommer.  Après  en  être 
venus  auprès  d'elle  à  la  violence,  à  la- 
quelle elle  eut  la  force  de  résister ,  ils  se 
présentèrent  devant  elle  un  jour  que  son 
mari  était  absent,  et  lui  dirent  en  lui  pié- 
senlant  un  pistolet ,  un  breuvage  empoi- 
sonné et  une  épée  nue  :  il  faut  mourir^ 
choisissez  :  elle  se  décide  à  prendre  le 
breuvage,  mais  elle  parvient  à  le  répan- 
dre-, sans  l'avoir  bu ,  et  se  précipite  par 
une  fenêtre  élevée  de  22  pieds;  poursui- 
vie par  ses  assassins,  elle  est  percée  de 
sept  coups  d'épée  dont  elle  mourut  au 
bout  de  19  jours.  Les  assassins  avaient 
pris  la  fuite.  Plusieurs  personnes  furent 
compromises  dans  celle  affaire  et  notam- 
ment le  mari  même  de  la  marquise  dont 
l'absence  parut  extraordinaire.  Le  parle- 
ment informa  contre  les  coupables  et  par 
arrêt  rendu  le  20  août  16u7  ,  il  condamna 
les  deux  frères  qui  étaient  contun^aces  à 
être  rompus ,  et  le  marquis  à  pei  dre  ses 
biens ,  à  être  dégradé  de  sa  noblesse  et 
banni  à  perpétuité.  On  trouve  dans  les 
Causes  célèbres  le  récit  de  celle  affreuse 
aventure,  qui  faille  sujet  de  la.  •■/" Iléroide 
de  Gilbert.   EUe  a    éiiïtleiuenl  fourni  à 


G  AN 

MM.  Boiric  cl  LoupuKl  le*  siijct  d'an  nie- 
lodratiu!  cii  3  actes  s<ius  ce  litre  :  /m  mar- 
quise de  Gang  es  ,  ou  Les  trois  frères  , 
Paris,  1815  ,  iii-H".  M.  d«  Foi  lia  tl'frliaii 
a  puliHc  Vhistoira  de  la  mar qui  ne  de  G  an- 
ges ,  1810.  iii-Jti.    . 

CANIIUSILS    (Jei:«).   Foijez  GON- 
NELLI. 

•  (;\N\0  (  lÎTiBivsiE    de),    religiiîux 
iiciâcain,  né  à  Luvaur  en  1A80,  est  k* 

prriiiicr  qui  ail  écrit  sur  Thisloirc  de 
Toulouse  ,  où  l'on  conserve  aux  ardiives 
de  i'holel-dc-villo  sou  ouvrage  manu- 
scrit. Fonlellc  parle  d'une  ancienne  édi- 
tion in-^}*^  iiupriiiiée  sous  Ixjuis  XI  ;  mais 
il  y  a  erreur  dans  celle  époque  ;  car,  l'au- 
teur étant  né  en  1480,  celle  Loprcssion 
n'a  pu  avoir  lieu  que  sous  Louis  XII.  On 
connaît  encore  d'Elienne  de  Ganno  une 
Chronique  renfennant  les  exploits  de 
Charles  .Martel  et  de  Charlemagne. 

•  G.VNS  ou  GANZ  (  Jeax)  ,  jésuite  al- 
lemand ,  né  à  Wurlzbouriî  en  1591 ,  pro- 
fessa la  philosophie  ,  la  tliéologie  et  les 
mathématiques  dans  plusieurs  collèges  de 
son  ordre,  se  livra  ensuite  à  la  prédica- 
tbn,  devint  confesseur  de  l'empereur 
Ferdinand  III  ,  et  mourut  à  Vienne  eu 
1662 ,  dans  la  maison  professe  de  sa  so- 
ciété. On  a  de  lui  :  |  quelques  Oraisons 
funèbres. el  plusieurs  ouvrages  ascétiques 
(  en  allemand)  ;  |  des  Sermons  (  en  latin  )  ; 
I  Jrboretum  gcnealogicum  exhibens  om- 
nes principes  qui  liiiea  recta  a  HodolpUo 
I.  impèratore  austriaco.  dcscendwit ^KJo- 
logne,  1650  et  1658,  in-fol. 

•G\.NTEAt.ME  (le  comte  Howoré  ) , 

vice-amiral  et  pair  de  France  ,  graitd  - 

rroix  de  la  légiou-dhoimeur,  etc.,  né  à  La 

i.tolat ,  en  17jj  ,  ilail  lils  d'un  capitaine 

de  vaisseau  marchand,  et  suivit  Ja  ménie 

carrière  que  son  père.  Il  jouissait,  à  "il  ans, 

de  la  réputation  d'un  excellent  marin,  et  à 

l'éfKxiuede  la  guerre  d'Amérique,  il  passa 

sur  les  vaisseaux  de  lélat  en  qualité  d'of- 

ticicr  auxiliaire.  Ganleaume  se  lit  remar- 

|uer  au  combat  naval  de  la  Grenade  et  à 

b  prise  de  celte  ile  par  le  comte  d'Lslaing. 

n  assbta  au  siège  de  Savanah  et  à  la  prise 

de  Trinquemale  par  le  bailli  de  Suffren. 

A  la  paix,  il  conliiiua  de   servir   sur  les 

bâtimens  de  guerre,  el  entra,  en  1786, 

dans  le  Corps-Koyal  de  la  Marine  avec  le 

(jra'k-  de  Sf)us-lieu tenant  de  vaisseau.  La 

iiarliedesofUciersde  ce  corps 

au  commencement  de  la  re- 

...,,.1,,,,.,..  lut  élevé,  au  couunencencent 

'••la  guerre  avec  l'Angleterre  en  17'J"> .  au 

rade  de  lieutenant  de  vaisseau,  et  Tan- 


née sui\.i.i:      .1     ..,i,    a.    i.Jiiiiainc.   En 
179j,  il  devint  chef  de  diviition  ,   cl   fut 
chargé  dune  expédition  de  l'Archipel,  où 
il   débloqua   l'escadre    française  retenuu 
dans  lo  port  de  Smyrne,  pui:«  rentra  à 
Toulon  avec  la  conserve  anglaise  ta  Se- 
mésis.  L'habileté  avec  laquelle  il  dirigea 
sa  navi^ration  lui  lil  beaucoup  d'honneur; 
il  ne  se  signala  pas  moins  en  1797,  où  il 
eut  le  couimandement  dune  escadre  des* 
linée  à   proléger  l'arrivage   par  mer  det 
uuuiitioMs    el     subsislances     nécessaires 
pour    rée([uiper  notre  armée   navale    de 
l'Océan  ;  malgré  les  croisières  ennemies 
avec  lesquelles   il  eut   plusieurs  engagc- 
mens,  et  qu'il  sut  écarler  de  la  cote  ,  il 
parvint  a.  favoriser  l'entrée  des  convois. 
Il  lit  ensuite  partie  de  la  fameuse  expé- 
dition d'Egypte  comme  chef  d'état-major 
de  l'amiral  llrueys ,  et  on  lui  imputa  la 
détermination  que  celui-ci  prit  d'attendre 
l'ennemi  au  mouillage  d'Aboukir,  faute 
considérable  qui  causa  la  perle  presquo 
totale  de  notre  escadre.  Ganleaume  fut 
blessé  pendant  lu  combat;  mais  il  eut  io 
bonheur  d'échapper  au  désastre  du  vais- 
seau l'Orient  qui  sauta  en  l'air  au  foi'i  do 
l'action,   et   suivit  l'armée  de    terre   eu 
Egypte  et  en  Syrie.  Ce  fut  lui  qui  pré- 
para, avec  autant  d'activité  que  de  secret, 
l'armement  qui   raniena,  en  septembre 
1799,  Bonaparte  en  France.  Les  consuls 
le  nommèrent  alors  membre  du  constil- 
d'état,  el   président  de  la  section  de  la 
marine.  En  1802 .  il  reyiil  le  commande- 
ment de  l'expedilion  qui  sortit  du  ixjrtde 
Brest, el  tenta,  sans  succès,  de  porter  du 
renfort  au  général  Menou  qui  comman- 
dait en  Egypte.  Apres  la  paix  d'.\miriu  il 
fut  nommé  préfet  maritime  à  Toulon ,  cC 
il  reçut  le  grand  cordon  di;  l'ordre  de  l.i 
Ié^;ion-<rhonneur  aussilùt  que  celle  nou> 
velle  distinction  eut  élé  élublie.  Lorsque 
la  guerre  se  ralluma  en  ISCi,  Ganleaume, 
qui  n'était  alors  i\\n'.  cuntrc-amiral ,   ne 
I>ouvail  avec  justice  obtenir  le  couimaii- 
dement  de  nos  forces  navales,  qui  fut  con^ 
lié  aux  deux  plus  anciens  vice-amiraux; 
mais  Truguet,  l'un  d'eitx  .  ayant   refuse 
son  vole  à  l'élévalion   .i  ;  ' 

au  trône  impérial ,  tut  i 
teaume  qui  reçut  alors  K  „ 
amiral,  et  il  eut  le  rommandcmctit  dir  U 
plus  l>elle  de  nos  flottes;  l'inaction  dans 
laquelle  il  resta  pendant  p;è$  de  deux 
ans,  quoiqu'il  eùl  reçu,  dil-on.  des  ordrrs 
pour  agir  .  nuisit  considemblcmenl  à  !»« 
réputation,  clic  lendil  l'oltjct  dos  railkp- 
ries  des  nuii4*loU  eux-mêmes-  Eo  janvtar 


GAR 


540 


GAU 


iSOS,  il  fut  cîiarEjé  de  ravitailler  Corfou 
bloque  par  une  escadre  anglaise  ;  il  y  Ut 
entrer  ses  convois  le  25  février,  et  revint 
à  Toulon.  Ce  fut  sa  dernière  expédition. 
U  fut  nommé  inspecteur-général  des  côtes 
de  l'Océan,  et  à  la  fin  de  1815,  envoyé 
comme  commissaire  extraordinaire  dans 
la  8*^  division  militaire  pour  des  mesures 
de  salut  public.  Cependant ,  lors  de  l'oc- 
cupation de  Paris  par  les  troupes  étran- 
gères, il  adhéra  à  la  déchéance  de  l'em- 
pereur et  au  rétablissement  des  Boui- 
hons.  Il  n'accepta  aucun  emploi  pendant 
bs  cent-jours,  et  se  rendit  même  à  Tou- 
lon avec  la  coc&rde  blanche  avant  que  les 
autorités  maritimes  eussent  reconnu  le 
gouvernement  du  roi.  Il  se  concerta  avec 
elles  pour  le  rétablir  ,  et  fut  élevé  à  la  di- 
gnité de  pair  du  royaume  et  de  com- 
mandeur de  l'ordre  royal  de  Saint-Louis. 
Peu  après  on  rétablit  pour  lui  l'ancienne 
place  d'inspecteur-général  des  classes  des 
marins.  Ganteaume  est  mort ,  dans  sa 
terre  d'Aubagne  près  de  Toulon,  dans  le 
courant  de  septembre  1818. 

GANTES  ou  GANTERI  (Jeapj  de  ),  d'une 
maison  ancienne ,  originaire  du  Piémont , 
établie  en  Provence ,  naquit  à  Cuers  en 
1350.  Il  se  signala  en  qualité  de  chevalier, 
sous  Robert  le  Bon ,  comte  de  Provence , 
et  commanda  des  corps  considérables  sous 
Jeanne ,  reine  de  Naples ,  de  Sicile  et  de 
Jérusalem.  Il  suivit  cette  princesse  à 
Naples,  où  il  apaisa  une  sédition  populaire. 
Il  partit  ensuite  pour  Rome,  et  soutint 
Rvec  honneur  la  cause  et  les  intérêts  de  sa 
souveraine.  De  retour  en  Provence ,  l'an 
1373,  il  leva  un  corps  considérable  de 
troupes  dans  la  contrée  de  Cuers ,  de  Sou- 
liers et  d'Hières,  pour  s'opposer  à  des 
brigands  qui ,  sous  le  nom  de  Tuschiens , 
ravageaient  la  Provence  au  nombre  de 
plus  de  12,000  hommes.  Les  états  du  pays 
tenus  à  Aix  en  1574 ,  nommèrent  Jean  de 
Siméonis  généralissime  contre  ces  bri- 
gands, et  Jean  de  Gantés  fui  son  lieule- 
nant-général.  Ces  deux  généraux  délirent 
totalement  les  Tuschiens.  Gantes  mérita 
le  surnom  de  In'Civs  ^  et  la  place  de  lieu- 
tenant-général des  troupes  de  la  reine 
Jeanne.  Il  mourut  à  Cuers  en  1589.  — Il  y 
eut  un  AxNiB.vL  GAISTES  ,  qui  lit  impri- 
mer à  Auxerre  V Entretien  familier  des 
musiciens  j  1043,  in-8".  Cet  ouvrage,  rare 
et  singulier ,  est  recherché  des  curieux. 
L'auteur  était  de  Marseille  ,  et  chanoine 
de  Saint-Etienne  d'Auxerre. 

GA\Z.  Voyez  DAYID  GANZ. 

GARA  (Nicolas)  ,  palatin  deIIongri<>. 


né  dans  1" obscurité,  s'en  tira  par  sa  valear . 
Il  parvint  aux  plus  éminentes  dignités  du 
royaume  de  Hongrie.  Elizabeth  ,  veuve  du 
roi  Louis  1"  ,  mort  en  1582  ,  lui  en  confia 
le  gouvernement.  Si  l'on  en  croit  quelques 
historiens ,  Gara  ne  se  servit  de  son  pou- 
voir et  de  son  crédit  que  pour  tyranniser 
les  petits  et  opprimer  les  grands;  seloa 
d'autres,  ces  reproches  sont  peu  fondés, 
et  le  mécontentement  des  grands  ne  vint 
que  de  ce  qu'ils  se  voyaient  éloignés  des 
affaires.  Ils  prirent  les  armes  et  donnèrent 
la  couronne  de  Hongrie  à  Charles  de  Duras 
roi  de  Naples.  Gara,  le  regardant  comme 
un  usurpateur,  le  lit  assassiner.  Alors  la 
reine  Elizabeth,  accompagnée  de  son  mi- 
nistre et  du  meurtrier  de  Charles,  par- 
courut les  diverses  provinces  de  l'état 
pour  se  faire  reconnaître.  Le  gouvernent 
de  Croatie  ,  conhdent  du  prince  assassiné, 
se  servit  de  cette  occasion  pour  être  son 
vengeur.  Il  assembla  la  noblesse  et  le  peu- 
ple ,  prit  Gara  et  Elizabelli.  Il  tua  le  pre- 
mier, et  fit  jeter  la  seconde,  enfermée 
dans  un  sac ,  au  fond  de  la  rivière  (d'au- 
tres disent  qu'elle  mourut  prisonnière  au 
château  de  Novigrad).  Il  ne  restait  que 
Marie  ,  fille  d'Elizabeth  ;  il  l'enferma  dans 
une  prison.  Sigismond,  marquis  de  Bran- 
debourg, auquel  cette  princesse  avait  été 
promise  ,  vint  la  délivrer  ,  fit  périr  son 
persécuteur  par  le  dernier  supplice  ,  et 
l'épousa  ensuite. 

GAIIAMOA'D  (  Claude  ),  parisien ,  mort 
dans  sa  patrie  en  1561,  était  un  très  célè- 
bre graveur  et  fondeur  de  caractères.  Il 
grava,  par  ordre  de  François  T'' ,  les  trois 
sortes  de  caractères  grecs  dont  Robert 
Etienne  s'est  servi  dans  ses  éditions.  Il 
n'excellait  pas  moins  pour  les  autres  ca- 
ractères. Ce  fut  lui  qui  bannit  des  impri- 
meries la  barbarie  gothique,  et  qui  donna 
le  goût  des  beaux  caractères  romains.  Ses 
caractères  se  sont  extrêmement  multipliés 
par  le  grand  nombre  qu'il  en  a  gravé,  et 
et  par  les  frappes  qui  en  ont  été  faites. 

*  GARAMPI  (Joseph  ),  cardinal  et  sa- 
vant antiquaire  italien  ,  naquit  à  Rimini 
en  1725  et  devint  d'abord  garde  des  ar- 
chives secrètes  du  Vatican  sous  Benoit 
XIV,  où  il  obtint  un  canonicat  à  Saint- 
Pierre  de  Rome,  fut  ensuite  promu  à 
l'évêché  de  Montefiascone  ,  et  exerça  plu- 
sieurs nonciatures.  Garampi  se  trouvait 
à  Vienne  en  1782 ,  lorsque  le  pape  Pie  VI 
y  vint,  et  il  fut  créé  cardinal  le  H  février 
1785.  Il  passa  le  reste  de  ses  jours  tantôt 
à  Montefiascone,  tantôt  à.Rome,  au  collège 
germanique  dont  il  était  protecteur,  cl  ij 


r.  A  i\ 

tivnirut  daiiJ  celle  (ifiiiii'io  ville  le  î  mai 
179->.  Garampi  avait  éiclié  avec  lo  célèlne 
Muratori.  Ou  a  de  lui  :  |  /ir  nummo  ar- 
grnteo  nenedicti  II ,  pontiftcis  maximi 
tlisseitntio.cic,  Rome,  1749,111-4";  |  -W*- 
morie  ccclrsinstiche  nppartenend  ail'  is- 
ton'a  ed  al  niltn  dclla  beata  Chiaria  di 
Himini  .  ibid.  .  ITîi:),  in-4";  |  Sotizie  .  re- 
gole  e  orazioni  in  onore  de  SS.  martiri 
delta  basilica  yaticana.  etc.,  ibid.,  17."»6, 
in- 12;  |  Wastraziona  di  wi  siijillo  dclla 
Oarfagnana.  ibid.,  17;i'.';  [  Satfgiodioxscr- 
vazioni  sul  valore  drtfc  anliche  ntnnrle 
pontificie ,  in-4",  sans  date.  Le  cardinal 
J.  Garampi  a\ail  formé  une  immense  bi- 
bliothèque, dont  le  calal();;ue ,  fait  avec 
soin,  fut  publié  par  M.  Mariaiio  de  Ro- 
manis. Rome,  171t() ,  7  %ol.  f»rand  in-S". 
M.  Jérôme  Amerli  a  placé  à  la  tète  de  ce 
calaloiTUc  une  nolicB  latine  sur  la  vie  du 
cardinal.  On  trouve  son  EloflC  par  Re- 
nazzi  dans  le  tome  4  de  l'histoire  de  l'u- 
niversité de  la  Sapicnce. 

GARASSE  (Fr.wçois)  ,  jésuite  né  eu 
4585  à  Angouléme ,  prit  l'iiabit  de  la  socié- 
té en  IGOl.  Né  avec  du  feu,  de  l'imagina- 
lion  ,  mais  sans  goùl  et  sans  jugement ,  il 
se  mil  à  écrire  contre  ceux  qui  lui  déplu- 
rent. Il  se  sitjnala  surtout  roulre  le  poète 
Théophile  et  l'avocat  Pasquier.  On  doit  h. 
sa  plume  infalijjable  :  |  Heclierrhes  des  re- 
cherches d'Etienne  Pasquier ,  in-8".  Timt 
ce  que  la  foujîue  la  plus  impétueuse  peut 
inspirer  de  {jrossièrelés,  esl  entassé  dans 
cet  ouvra(je.  Ce  (jui  peut  excuser  l'auteur 
à  un  certain  point ,  c'est  que  les  écrits  de 
Pasquier  n  étaient  pas  plus  exempts  d'ex- 
pres>ions  basses  et  ridicules,  moins  encore 
de  colère  et  d'emportement.  C'esl  une  es- 
pèce de  représailles ,  mais  qu'un  homme 
de  bon  goût  et  d'une  àme  élevée  ne  se  se- 
rait pas  permise.  Les  lilsde  Pasquier  entre 
prirent  de  venger  leur  père.  Le  jésuite 
avait  adresse  son  premier  ouvrage  :  <  A 
»  feu  Etienne  Pasquier,  partout  où  il 
»  sera.  ■  Les  lils  de  1  avocat-général .  dont 
le  style  ne  s'éloignait  pas  do  celui  de  Ga- 
rasse ,  lui  adressèrent  la  réponse:  *  En 
•  quelque  lieu  qu'il  fut.  »|  Doctrine  cu- 
rieuse des  beaux  esprits  die  ce  temps  .  ou 
prétendus  tels,  IG'ir),  iu-4°  :  ouvra{»e  contre 
les  déistes,  rempli  de  lurlupinades  et  de 
raisons,  qui  auraient  eu  plus  d'effet  si  elles 
avaient  été  seules.  |  lin''elai.i  réformé, 
'\n-\-2  :  mauvais  livre  de  controverse  contre 
du  Moulin,  et  qui  n'est  point  du  tout , 
comme  quelques-uns-  l'ont  cru  ,  une  re- 
fonte de  l'inintelligible  livre  de  Rabelais, 
l  Somme  de  théologie  ,  1625 ,  in-fol. ,  ceo- 


surée  par  l;i  Sdiboime.  L'auleur  ydi  -i  .fe 
la  m.ijesté  de  la  religion ,  par  le  style  I»î 
plus  familier  et  le  plushouffcm.  |  1^  ban- 
quet des  srpt-saqes  .  dressé  au  logis  de 
M.  Louis  Scrvin.  Ce  livre,  publié  mjih  lu 
nom  il'/ïspinceil .h  Paris,  IGI7,  in  '  "  î 
la  plus  rare  des  productions  de  (, 
il  y  a  quelques  bonnes  plaisante 1 1 
a  de  lui  de»  poésies  latines  .  iri-4°:  ce  Mint 
des  élégies  sur  la  mort  de  Henri  IV  ,  et  tin 
pnèmf!  sur  le  sacre  de  son  lils  Ix)uis  XIII. 
L'auteur  relégué  à  Poitiers  par  ses  supé- 
rieurs ,  mourut  en  secourant  les  pestiféréf 
en  16'>1 ,  à  46  ans.  Ce  jésuite  ,  si  amer  dans 
ses  livres,  était  doux  dans  la  société;  sa 
colère  n'est  que  dans  sa  plume  :  ses  ac- 
tions et  sa  ^induite  portaient  l'empreinte 
de  la  charité.  Dans  des  temps  plus  mo- 
dernes,  le  style  de  Garasse  a  provoqu»' 
l'imilalion  de  plus  d'un  honnne  célèbre. 
Son  livre  île  Recherches  des  recherches 
d'Etienne  Pasr/uier .  peut  être  regardé 
comme  les  archives  où  Voltaire  a  puiso 
les  injures  qu'il  a  prodiguées  à  tant  d'é- 
crivains. Il  y  a  cependant  cette  différence 
entre  hii  et  Garasse,  que  celui-ci  se  bor- 
nait à  dire  que  ses  adversaires  étaient  des 
impies .  des  athées .  des  ânes  ,  des  sots 
par  bémol .  des  sots  par  béquarre .  dis 
sots  à  la  plus  haute  gamme  ;  et  que  h; 
champion  de  l'abbé  Ra/.in  a  traité  les  siens 
non-seulement  A'ànes  et  de  sots  ,  mais  di; 
crocans .  de  cuistres,  de  marauds.  <l«: 
fripons  .iS" ivrognes  .  de  sndomites .  de 
scélérats .  à' auteurs  mmirant  de  honte  ri 
de  faim.  De  plus ,  Garasse  ne  se  passion- 
nait que  contre  ceux  qij'il  croyait  être  Us 
ennemis  de  Dieu,  de  la  morale  et  de  la 
justice  :  l'cmule  de  Garasse  faisait  des  in- 
jures un  usage  tout  inverse.  Chaque  siècly 
a  donc  sa  nuance.  Si  Garasse  était  un  d(- 
clamateur  burlesque,  comment  nomnici a- 
t-on  son  imitateur  î 

*  (.\n  AT  (  Pie««E-JEAi«). célèbre  rluin- 
teur,  neveu  du  comte  de  Garât  qiil  était 
ministre  de  la  justice  à  réix)que  de  la  coi»> 
damnationdc  Louis  XYI,  naqtiit  en  i763à 
Bordeaux  ,  suivant  son  acte  mortuaire, 
mais,  à  c  qu'il  parait,  à  Usiarilz  daiu  lo 
pays  des  li:isq'ics,  et  1     •   '      '    '  !i  lo 

goùUhulunl  lU- sa  m  <"c, 

qui  toutes  ùr\i\  j.os-  l!o 

voix.  Destiné  au  barreau,  ii  tuiiuucn4,a  *c% 
études  à  B^irdeaux  et  Ie«  continua  à  Bar- 
ber.ieux.  Mais  elles  ne  i  "     "  tourner 

de  sa  vocation  musicii  \  i  U  d*al- 

tenlion  et  de  mcmoir  -lil  pour 

retenir  les  iiwrcraux   de  musique   qu'il 
enIcnUaii   cxiculcr  par  »ca  catuaradea. 
S9* 


furent  tels  qu'il  s'ensuivit  une  maladie  de 
consomption.  Ses  parons  pour  le  guérir  se 
virent  obligés  de  le  retirer  de  pension.  Il 
reçut  plus  tard  à  Bordeaux  des  leçons  de 
Lamberli  et  de  François  Beck.  Le  jeune 
Garât  se  rendit  chez  son  oncle  à  Paris  en 
4782,  et  obtint  de  nombreux  succès  dans 
les  plus  brillantes  sociétés  de  la  capitale. 
Il  contrefaisait  la  voix  de  tous  les  acteurs, 
le  son  de  tous  les  instrumens,  et  exécutait 
seul  un  opéra  entier  ,  d(  puis  l'ouverture 
jusqu'aux  airs  de  ballet.  Les  premiers 
compositeurs  de  ce  temps,  Gluck,  Piccini, 
Grétry  ,  Philidor ,  avaient  peine  eux- 
mêmes  à  cioire  ce  prodige.  Garât  clianta 
au  concert  spirituel  avec  mesdames  Saint- 
Hubert  y  elTodi,  et  le  12  janvier  1785,  il 
reçut  l'invitation  de  venir  chanter  devant 
à  reine,  qui  en  fut  tellement  satisfaite 
«[u'elle  voulut  prendre  des  leçons  de  lui. 
La  même  année  le  comte  d'Artois  le  prit 
pour  son  secrétaire,  et  il  reçut ,  en  1734, 
une  pension  de  6,000  francs  sur  l'admi- 
nistration de  la  loterie.  Admirateur  du 
génie  de  Gluck  ,  Garât  chantait  la  musiq^ie 
de  ce  célèbre  compositeur  avec  une  ex- 
pression ,  une  sensibilité  que  personne 
n'a  pu  égaler  ,  et  il  excellait  dans  tous  les 
genres.  Il  pratiqua  long-temps  son  art  plus 
en  amateur  qu'en  artiste,  et  il  se  montra 
fidèle  au  malheur  comme  il  l'avait  été  à 
la  prospérité.  Le  succès  de  sa  romance  : 
Fous  qui  portez  un  cœur  sensible,  com- 
posée après  les  journées  des  5  «t  6  octo- 
bre 1789  ,  et  dans  laquelle  il  faisait  allu- 
sion aux  infortunes  de  Marie-Antoinette, 
causa  son  arrestation  à  Rouen  en  17.)5. 
Mais  il  fut  remis  en  liberté  au  bout  de 
quelques  mois  de  détention,  dont  11  a  dé- 
crit les  peines  dans  sa  touchante  com- 
plainte :  Kous  qui  savez  ce  qu'on  endure, 
etc.  Réduit  à  chercher  des  ressources 
'  dans  son  talent,  il  donna  au  théâtre  Fey- 
deau,  à  la  fin  de  179a,  ses  premiers  con- 
certs publics  qui  attirèrent  la  foule.  Ces 
concerts  continuèrent  pendant  quelques 
hivers  dans  le  même  local,  puis  dans  une 
salle  de  la  rue  Cléry.  Garât  voyageait  du- 
rant la  belle  saison  en  Hollande,  en  Angle- 
terre, enEspagne,  en  Allemagne,  et  obte- 
nait partout  les  mêmes  succès.  En  1796,  il 
fut  attaché  au  Conservatoire  de  musi(iue 
comme  professeur  de  la  classe  pour  le 
])erfectionnement  du  chant,  et  l'on  cite 
})armises  élèves  Nourrit, Ponchard,  Deri- 
vis,  Levasseur,  Mesd.  Branchu ,  Boulan- 
ger, etc.  Des  allusions  qu'on  crut  remar- 
quer dans  quelques-unes  de  ses  productions 
telles  que  la  romance  :  ïfcnri  //"  à  Ga~ 


GAR 

brielte  et  une  autre  sur  Bayard,  indispo- 
sèrent contre  lui  Naijoléon  ([ni  lui  relira 
pendant  quatorze  mois  son  traitement  de 
professeur.  Garât  le  recouvra  en  1814,  et 
fut  chargé,  en  1817,  par  le  ministère  de  la 
maison  du  Roi,  de  parcourir  le  midi  de 
la  France,  pour  y  choisir  des  sujets  pro- 
pres aux  différens  emplois  du  chant.  Il  est 
mort  à  Paris  le  i*^""  mars  1823  ,  à  l'âge  de 
60  ans.  Ses  restes  ont  été  inhumés  près 
de  ceux  de  Grétry,  de  Méhul  ,  de  Delille 
et  de  Ginguené.  M.  Bignan  a  publié  en 
1825  Hommage  aux  mânes  du  célèbre 
Garât ,  chœur  à  quatre  voix  et  avec  ac- 
campagnement  de  piano. 

*  GARWE  (Claude-Toussaixt  MA- 
ROT  de  la),  gentilhomme  brelon,  naquit 
à  Rennes  le  28  octobre  1675.  Après  avoir 
terminé  ses  études  avec  succès,  il  consa- 
ci'a  ses  travaux  et  sa  fortune  entière  au 
soulagement  des  malheureux.  Non  con- 
tent d'avoir  établi  de  petites  écoles  pour 
les  enfans,  des  hospices  pour  les  malades, 
des  ressources  pour  les  prisonniers,  des 
fondations  pieuses  de  tout  genre  ,  soit  à 
Renues,  soit  même  à  Paris,  il  étudia,  pour 
être  plus  à  portée  de  donner  ses  soins  aux 
indigens,  la  médecine,  la  chimie,  et  cher- 
cha à  propager  les  lumières  qui  devaient 
leur  assurer  des  secours  mieux  dirigés  et 
pi  us  efficaces.  C'est  dans  cette  vue  qu'il  pu- 
blia: I  Recueil  alphabétique  des  pronostics 
dangereux  et  mortels  sur  les  différentes 
maladies  de  l' homme ^  pour  servir  à  MM. 
les  curés  et  autres,  Paris,  1736,  in-18,  plu- 
sieurs fois  réimprimé  ;  |  Chimie  hydrau- 
lique pour  extraire  les  sels  essoitiels  drs 
végétaux  ^  animaux  et  minéraux  avec 
l'eau  pure,  Paris,  1745,  et  1775,  in-12. 
L'analyse  végétale  lui  doit  quelques  pro- 
grès :  ce  fut  lui  qui  apprit  aux  pharma- 
ciens à  préparer  l'extrait  sec  de  quin- 
quina, lequel  porta  long-temps  le  nom 
de  sel  essentiel  de  La  Garaye.  Cet  homme 
respectable  mourut  dans  son  château , 
près  de  Dinan  ,  le  2  juillet  1755,  regretté 
de  tous  les  pauvres  dont  les  larmes  ont  été 
son  plus  bel  éloge.  Sa  vertueuse  épouse 
partageait  tous  ses  soins.  Le  vénérable 
abbé  Caron  a  publié  leur  vie  sous  ce  titre  : 
Les  époux  charitables  oir  /'7<?  du  comte 
et  de  la  comtesse  de  La  Garaye,  Rennes  , 
1782,  in-8"; 

*  GAlUîÉ  (le  vicomte  M.VRiE-Tniio- 
DORE-Unu.vix  ),  lieutenant-général,  inspec- 
teur général  du  génie,  né  à  Hesdin  en 
1769,  y  commença  ses  études  et  vint  les 
terminer  à  Paris,  au  collège  de  3Tonlaigu. 
A  l'époque  de  la  révolution  il  retourna 


G  AU  .•) 

danssa  vilU'  natale,  rt  il  y  i  inii.l;ss.iil  avt'c 
5iirri's  les  fonctions  lUr  piofoscur  ilt*  ina- 
tlKiiialiqucH,  loistiu'il  fut  appolc  par  la 
picinicre  i t'«piisilion  à  la  di-fcnse  de  nos 
frontières,  ri  envovr  à  l'arnice  du  nord  , 
où  il  servit  dans  le  llf  ré({inienl  d'infan- 
terie, ronime  siiupL»  Rren.ulier.   Vu  coii- 
ruuis  ayant  été   ouvert  pour  l'arnic  du 
l'.tnic,   il  s'y  présenta  et  reçut  le  brevet 
délèvc  sons-lieutenant  le  26  venlose  an  2. 
Après  dix-huit  mois  d'études,  il  sortit  de 
I  erolc  de  IMeti  le  1"^  {terminal  an  !>,  avec 
le  îfradc   do   llculeuant  ;    envoyé   aussi- 
tôt à  l'année  des  Alpes  ,  il  fut  attaché  à  la 
division  Serrurier.  Uientôt  les  succès  de 
l'armée  d  Italie  lui  ouvrirent  un  théâtre 
plus  brillant  :  il  se  trou\a  à  Montenotlc, 
à  Mondovi  et  à  d'autres  affaires  qui  sifyna- 
lèrent  celte  campa;îno,  et  fut  récompensé 
par  le  prade  dcr.ipitaiMc.  Fait  prisonnier 
pnr  les  Autrichiens  il  fut  bientôt  délivré, 
continua  la  campa{!^ie  jusqu'au  traité  de 
Campo-Formio,  et  lit  exécuter  des  travaux 
dans  diverses  jilaces  fortes.  Garbé  était  à 
Rome  lorsipi'il  rceul  l'ordre  d'aller  s'em- 
barquer à  Civila-Vecrhia  avec  la  division 
Desaix.   Débarqué  en  Egypte,  au  iMara- 
bou,  avec  sa  division,  il  la  suivit  aussitôt 
à  la  con(iucte  du  Caire  à  travers  le  désert, 
et  il  se  Ircmva   aux  batailles  de  Chebreis 
et  des  Pyrauiivles,  qui  décidèrent  la  red- 
dition de  celte  capitale.  Il  fit  construire 
le  fort  de  Kenné,  puis   nommé  chef  de 
balaillon  il  fut   chargé  des  ouvrajjes  qui 
furent  exécutés  au  Caire.  A  son  retour 
en  France,  il  fut  envoyé  à  Ostendc  et  à 
Gand   couune  sous-directeur  des  fortili- 
cations  ;  il  dtri[;ea  ensuite  les  travaux  du 
parc  du  génie  au  camp  de  Bouîo{;ne,  et  y 
participa  à  la  première   distribution  des 
décorations  delà  lé;;ion-d'honneur.  Garbé 
suivit  l'armée  en  Allemagne,  comme  chef 
d'état-major  du  génie,  et  se  trouva  à  Mem- 
mingen,  à  Hollenbrun ,  à  Austcrlilr.  Nom- 
mé colonel  après  celte  dernière  bataille  , 
le  5  nivôse  an  4,   il  assista  à  celle  diéna, 
à  la  prise  de  Lubeck,  à  la  bataille  d'F.ylau, 
au  combat  d  Hofl,  où  il  fut  atteint  d'une 
balle  au  bras,  et  à  cchii  d'Heilsberg,  où 
nne  autre  balle  lui  traversa  la  cuisse.  II 
fut  nommé  oflicier  de  la  légiori-d'honneur 
le   25  mars  1807  .  et  baron  de    l'emiiire 
après  la  paix  de  Tilsitt.  Envoyé  en  Espa- 
gne, il  commanda  le  génie  dans  le  corps 
d  armée  du  maréchal  Soult.  1^  prise  de 
la  Corofjnc,  le  combat  d'OporIn,  l'affaire 
du  pont  de  l'A^-   "  '  ^iialcrcnt  cette 

campaj^rM'.  n;  il    fut  nomtiié 

général  de  br;j  i  jve.ubre  lilUD. 


'1  :^  (.  A  u 

Il  fît  exéruler  les  nombreux  ouvrages  qti{ 
furent  élevées  aulo-ir  de  Cadix,  à  Cliirlaua 
rueH(»-Réal,  Tort  Sainte-Marie,  el  eut  un 
cheval  lue  sous  lui  à  la  désastreuse  ba- 
taille  de  Vitloria.  Arrivé  sous  les  mur»  do 
r.ayoniie  ,  if  reeut  le  commandement  su- 
|iei  ieur  du  génie  de  celle  place  ,  et  lit 
exécuter  un  camp  relfanrhé  sur  les  hau- 
teurs de  Mousseroles  el  tous  les  travaux 
nécessaires  pour  arrêter  l'armée  anglaise. 
Ce  but  imp»)rtanl  fut  atteint.  Le  génériil 
Garbé  fut  nommé  commandant  de  la  lé- 
gion d'honneur  en  ISI/*,  et  se  trouva  à  la 
bataille  de  Waterloo.  De  1«I5  à  1823,  il 
siégeait  au  coniilé  du  géi»ie,  lit  des  in- 
spections annuelles  sur  nos  diverses  fron- 
tières et  présenta  des  mémoires  sur  leur 
défense.  En  1827),  il  se  tr.)uvait  en  mis&ior. 
sur  les  Pyrénées  lors  de  la  formation  de 
l'armée  destinée  à  s'emparer  de>  places 
de  la  Navarre  et  de  l.i  Catalogne.  Le  gé- 
néral Garbé  reçut  l'ordre  d'aller  comman- 
der le  génie  à  cette  armée,  el  il  y  dirigea 
les  travaux  du  siégede  Pampelune.  .\près 
la  prise  de  celte  jdace  ,  il  fut  fait  graii.I- 
oflicier  de  la  légion-d'honneur,  et  lieu- 
tenant-général. De  ISi")  à  18.->0,  indéperK- 
dammenl  de  ses  travaux  au  comité  du 
génie  et  des  inspections  dcjut  il  fut  chargé  , 
il  lit  partie  de  plusieurs  cotumissions  im- 
portantes ,  et  s'occupa  de  |>lusieurs  mé- 
moires sur  l'art  militaire  et  nos  institu- 
tions politiques.  Nommé  en  1830  à  la 
chambre  des  députés,  il  venait  d'y  étr-j 
réélu  en  IS.'il,  lorsqu'il  mourut  à  l'âge  de 
G2ans,  le  lOjuillet  !8'l. 

•  G.VRBlÉm,  peintre  d'histoire,  né  à 
Bologne,  mourut  en  IGjV.  Elève  de  Louis 
Garrache,  il  était  il'un  génie  sombre,  et 
chereiiail  toujours  à  ]>eindrc  des  sujets 
tristes;  tels  que  des  morts,  des  pestes,, 
des  carnages  :  cependant  sa  masiière  lière 
et  terrible  n'était  point  privée  de  gràcci, 
quand  les  sujets  le  demandaient. 

•G.VRBO  (RiPiiAti.  de;,  peintre  d  his- 
toire ,  né  à  Florence  en  IhTd ,  mort  en 
lo34.  Son  tableau  de  la  Résurrection  {UMa 
pour  un  chef-d'œuvre. 

r.,VUCEZ(  Jolies)  ,  dominicain  araso> 
nais,  né  en  IWO,  étudia  à  Paris,  fut  reçu 
ilocteur  en  Sorljonne.  enseigna  cusuilc  la 
tliéologie  dans  sa  patrie  avec  réputation, 
fut  nommé  par  (harles-Quint  preuiirr 
évéque  de  TIascala  au  Mexique,  où  U  (ui 
le  iM're  de  son  pi-uple.  U  »  intéressa  tur- 
tout  au  sort  des  Indiens,  rt  écrivit  are 
sujet  un  t/uit/'vn  f  ■  '  '  •■-  ■  -  '-t-^\cc 
au  p.ipc  PjuI  m.  I  il'a 

fait  impriîncr  Jan^  'Icifc» 


GAR  5 

que.  Garcex  mourut  en  odeur  de  sainteté, 
vers  l'an  1547. 

GARCIA  ,  ou  GARCIAS  II,  roi  de  Na- 
varre ,  né  à  Tudéla  en  958,  succéda  à 
son  père,  Sanche  II,  en  994.  Il  fut  ap- 
pelé le  Trembleur,  parce  qu'il  tremblait 
d'impatience  martiale  lorsqu'on  l'armait 
pour  aller  aux  combats.  Il  remporta  plu- 
sieurs victoires  sur  les  Maures  ;  et  lié  avec 
don  Bermudo  ,  roi  de  Léon ,  et  avec  le 
comte  de  Casltlle  ,  il  {ïa^jna  en  998  la  fa- 
meuse bataille  de  Calacanazor ,  où  le  ter- 
rible Almanxor  ,  vaincu  pour  la  seconde 
fois,  laissa  sur  le  champ  de  bataille  50,000 
des  siens.  Garcia  lit  de  nombreuses  fon- 
dations ,  protégea  le  clergé ,  et  mourut 
en  1001 ,  trois  ans  après  la  défaite  d'Al- 
iTianxor. 

GARCIA  I"  ,  ou  GARCIAS  FERNAN- 
DKZ ,  comte  de  Castille  ,  naquit  à  Burgos 
en  938.  Il  succéda  à  son  iwre  Fernand 
Gony.alès  en  970.  Plein  de  justice  et  de  gé- 
nérosité ,  il  signala  son  avènement  au 
jiouvoir  en  pardonnant  aux  comtes  de 
Vêla  qui  s'étaient  toujours  montrés  enne- 
mis de  la  maison  de  Castille  ,  et  s'étaient 
rendus  coupables  de  plusieurs  rébellions. 
11  gagna  trois  victoires  consécutives  sur 
Ordouan  ,  roi  de  Cordoue  ,  et  défit  com- 
])lélement ,  en  984  ,  dans  les  plaines  d'Os- 
man, le  terrible  Almanzor ,  et  fut  ainsi 
le  premier  qui  vengea  la  défaite  des  Es- 
pagnols à  Alorcon.  Ce  prince  généreux 
eut  la  douleur  de  voir  son  lils  Sanche  ré- 
volté contre  lui,  par  les  perfides  insinua- 
tions des  comtes  de  Vêla,  à  qui  il  avait 
pardonné.  Sanche ,  vaincu  par  son  père, 
en  obtint  un  pardon  généreux.  Garcia 
fut  de  nouveau  obligé  de  marcher  contre 
Almanzor,  qui  s'était  jelé  sur  les  terres 
de  Castille  avec  des  forces  considérables. 
Dans  le  combat  qu'il  lui  livra,  s'étant  laissé 
entraîner  trop  loin  par  sa  valeur,  il  fut 
fait  prisonnier,  et  mourut  de  ses  blessures 
peu  de  jours  après.  Ses  sujets  pleurèrent 
sa  mort ,  et  les  Maures  admirèrent  son 
courage  et  sa  fermeté. 

*  GARCIA  II,  comte  de  Castille,  petit- 
fils  du  précédent ,  succéda  à  son  père,  don 
Sanche,  lorsqu'il  avait  à  peine  atteint  sa 
ih!^  année.  L'implacable  famille  des  Vêla 
excita  de  nouveaux  troubles  peu  après 
son  avènement.  Le  roi  de  Navarre ,  oncle 
de  don  Sanche  ,  parvint  à  les  apaiser.  Les 
comtes  de  Vêla  semblèrent  alors  entière- 
ment dévoués  aux  intérêts  de  leur  jeune 
maître,  mais,  par  la  plus  noire  perfidie, 
rayant  attiré  chez  eux  ,  ils  le  poignardè- 
rent, et   firent  prisonniers  tous  les  gens 


fi^  CAR 

de  sa  suite.  Le  roi  de  Navarre  vengea  son 
neveu  ,  et  ravagea  les  terres  des  comtes 
de  Vêla,  qu'il  fit  mettre  à  mort.  Garcia 
fut  assassiné  le  15  juin  1052  ;  il  avait  alors 
24  ans. 

'GARCI A  de  MASC ARENII A5  (Blaise) , 
poète  portugais,  naquit  le  5  février  1596 
à  Avarodans  la  province  de  Beyra.  Ayant 
lue  son  adversaire  dans  un  duel ,  il  fut 
condamné  à  la  déporlalion;  mais  il  par- 
vint à  s'échapper  au  moment  où  on  allait 
le  faire  partir ,  et  il  se  réfugia  à  Madrid. 
Ses  parens  ayant  obtenu  sa  grâce,  il  re- 
vint en  Portugal ,  d'où  il  partit  pour  le 
Brésil  en  1614  avec  le  grade  de  sous-lieu- 
tenant. Il  se  signala  contre  les  Hollandais, 
avec  lesquels  l'Espagne  était  toujours  eu 
guerre.  Mais  ayant  appris  la  révolution 
qui  arrachait  le  Portugal  à  la  domination 
de  l'Espagne ,  il  repassa  à  Lisbonne  en 
1640,  et  assista  au  couronnement  du  duc 
de  Bragance  proclan>é  sous  le  nom  de 
Jean  IV.  Il  leva  eri  l'honneur  de  ce  prince 
une  compagnie  de  jeunes  gentilshommes 
dont  il  fut  élu  capitaine.  On  le  nomma  en- 
suite gouverneur  d'Alfajates,  et  il  défen- 
dit cette  place  avec  le  plus  grand  courage 
contre  les  attaques  réitérées  des  Espagnols 
Accusé  d'avoir  trempé  dans  un  complot 
contre  l'état ,  il  fut  traîné  en  prison.  Il 
parvint  à  prouver  son  innocence,  et  le 
roi ,  en  lui  rendant  ses  bonnes  grâces,  lui 
rendit  aussi  le  gouvernement  d'Alfajates, 
et  le  nomma  chevalier  de  l'ordre  d'Avis. 
Dans  les  dernières  années  de  sa  vie  il  se 
relira  dans  sa  terre  natale  pour  se  li\Ter 
entièrement  à  la  poésie.  Il  mourut  le  8 
avril  1656. Les  recueils  poétiques  portugais 
renferment  plusieurs  de  ses  compositions. 
Mais  ce  qui  a  le  plus  contribué  à  établir 
sa  réputation  de  poète,  c'est  son  Viriato . 
poème  en  20  chants  ,  qui  fut  imprimé 
après  la  mort  de  l'auteur  et  qui  a  mérité 
les  éloges  de  plusieurs  lit lérateurs  distin- 
gués, et  notamment  du  Père  de  los  Reyes. 
Le  plan  de  ce  poème  est  sagement  conçu  ; 
le  style  est  plein  de  chaleur,  et  la  versi- 
fication ordiniiremenl  Iiarmonieuse.  On 
trouve  cependant  qu'il  manque  quelque- 
fois de  régularité  et  d'ensemble.  Malgré 
ces  défauts,  les  véritables  beaute*s  dont  il 
abonde  ont  placé  Garcia  après  le  Camoëns, 
à  côté  des  meilleurs  poètes  épiques  por- 
tugais. 

♦  GARCIA-SUELTO  (  Thomas),  mem- 
bre du  conseil  de  santé  d'Espagne  et  de 
l'académie  royale  de  Madrid,  né  en  cette 
ville  l'an  1778  ,  se  livra  de  bonne  heure 
à  l'élude  des  lettres ,  et  par  les  connais- 


G  AU  r> 

tanrcs  rionduos  qu  il  acquit  en  peu  do 
loiiips  dans  lus  lanjiics  latine  et  (irecque, 
ne  tarda  i)as  à  se  faire  une  réputation 
d'érudit.  Outre  plusieurs  poésies  de  dif- 
forcnsffcnres  qu'il  publia  dés  l'année  1800, 
il  lit  paraître  peu  de  temps  après  une  pièce 
de  vers  héroïques  en  lauf^ues  latine ,  es- 
pa(jnole,  française,  italienne  et  allemande, 
avant  pour  titre  Conseils  d'un  père  à  ses 
cnfans.  U  écrivit  aussi  d'autres  composi- 
tions littéraires,  et  notamment  quelques 
poèmes  dramatiques.  Le  (ïoût  et  le  dis- 
cernement dont  il  lit  preuve  dans  ses  di- 
vers ouvrajjes  ,  le  tirent  distinguer  par  le 
pouvernement  espagnol  qui  le  nomma 
membre  des  diverses  commissions  créées, 
soit  pour  l'examen  des  œuvres  destinées 
au  théâtre .  soit  pour  celles  qui  concer- 
naient l'instruction  publiqtie.  En  njéme 
temj)S  qu'il  cultivait  ainsi  la  littérature  et  la 
poé.sie,  Garciasuivail  la  carrière  médicale 
<i  s'était  rendu  à  l'université  d'Aleala. 
Il  rédigeait  un  journal  périodique .  qui 
paraissait  sous  le  titre  de  Seminario  eni- 
dito  de  scicncias  .  artes  y  bellas  letras  de 
la  Ciudad  île  Jlcala.  Il  vint  ensuite  à 
Madrid  ,  et  suivit  pendant  deux  ans  les 
cours  de  l'école  royale  de  clinique  et  de 
perfectionnement ,  sous  le  célèbre  profes- 
seur Severo  Loper.,  Les  propres  qu'il  fit 
dans  la  médecine  et  la  connaissance  qu'il 
avait  acquise  de  presque  toutes  les  langues 
(le  rturope,  le  firent  nomnu-r  médecin 
(Us  étran^jers  àl'hôpilal  civil  et  militaire 
de  Madrid.  Garcia  fil  preuve  du  zèle  le 
plus  aclif  à  ré{jard  des  blessés  français  , 
et  sa  conduite  lui  valut  bientôt  le  titre  de 
médecin  ordinaire  de  l'armée  française. 
In  1810,  il  traduisit  en  espagnol  le  savant 
Traité  de  Ilumholdl  sur  le  galvanisme. 
avec  des  notes  curieases  qui  le  firent  con- 
naître comme  physicien.  Il  accompaf^na 
l'armée  française  dans  sa  retraite  ,  vint 
à  Paris,  fut  accueilli  par  les  savans  et  fil 
bientôt  partie  de  plusieurs  sociétés  médi- 
cales. Gar<;ia  mourut  dans  cette  ville  le  iO 
septembre  ISltj.  Outre  les  ouvrages  dont 
nous  a\ons  déjà  parlé,  il  en  a  laissé  plu- 
sieurs autres,  parmi  lesquels  on  distingue  : 
I  sa  '.rafjrdic  de  f  'i>  nirte ;  \  des  traductions 
t\\ï  Cid  de  Corneille;  |  des  Recherches 
physiques  sur  lu  vie  et  la  mort  de  Bichat; 
iHOli;  I  les  3  premiers  vol.  de  l'anato- 
viie  médicale  de  Portugal,  1805;  |  un 
J.loye  historique  du  docteur  Severo  Lo- 
pez,etc.  Il  a  aussifwurni  plusieurs  articles 
è  la  Bibliothèque  médicale ,  ou  Journal 
universel  des  sciences  médicales .  où  il 
inséra  en  18 IG  uii  Mémoire  contre  la  pré- 


4»  GAR 

tendue  incnmbuslibddé  du  charlatan  Ma- 
riano  Chacon:  une  notice  sur  la  médecine 
des  Jrabes.  M.  le  docteur  Ifurtudo  a  pu- 
blié une  notice  sur  la  vie  et  les  écrits  dr 
Th.  Garcia-Surlto.  Paris,  1816.  In-8";cllc 
a  été  insérée  par  M.  Leroux  dans  sonjnw 
nal  de  médecine,  mois  d'octobre  de  la 
même  année.  Enfin  Garciaa  été  le  prlii* 
cipal  rédacteur  d'un  journal  universel  de 
sciences,  arts  et  belles-lettres. 

•  r.AUCI.V  (  Maxlel  ),  compositeur  et 
chanteur  espagnol,  naquit  à  vSévillo  en 
1779 ,  et  fit  ses  premières  études  musicales 
à  la  cathédrale  de  cette  ville.  Il  débuta  par 
(juelques  vaudevilles  qui  furent  joués  avec 
suriès  à  Madrid  ,  et  donna  en  1801 ,  à 
Malaga,  sous  le  titre  du  Prisonnier ,  un 
opéra  qui  commença  sa  réputaiion.  Gar- 
cia parcourut  ensuite  plusieurs  villes  d'Es- 
pagne, de  France,  d'Italie,  etc.  ou  il  faisait 
entendre  sa  voix.  Sa  pièce  intitulée  IlCa- 
lifo  di  Bagdad,  en  1  actes ,  après  avoir  éle 
représentée  avec  succès  à  Naples  en  1812, 
le  fut  aussi  à  Paris  en  1817,  et  1  auteui 
y  reujplil  le  rôle  principal.  Ce  succès  lo 
détermina  à  rester  en  France  et  il  est 
mort  à  Paris  le  10  juin  1852,  laissant  d'au- 
tres pièces  qui  sont  :  |  L' Aid}ergiste ; 
I  L'Horloge  du  bois;  \  les  Chevilles  de 
maître  Ailam  ;  \  La  cantate  de  Diane  et 
Lmlymion.  exécutée  à  Naples;  |  Le  I^tète 
colporteur,  etc. 

<i  VIICIAS  (  Nicolas),  jurisconsulte  du 
15*  siècle,  natifdc  Scville,  laissa  des  Com- 
mentaires sur  les  Décrétâtes.  — Il  faut  le 
di.stinguer  de  Nicolas  GARCI  AS,  autre  sa- 
vant jurisconsulte  espagnol  du  17"^  siècle, 
dont  on  a  un  Traité  des  bénéfice  s.  csliinc , 
1618.  in-folio. 

GAHCi  \S-L  \.SO  DELA  VLGA  (et  par 
abréviation  (iarcilaso  ) ,  poète  cspai;nol , 
le  réforcnateur  de  la  poésie  espaiMuilf , 
naquit  en  i:>05  à  ToUde,  d'un.    '  r- 

ble  alliée  à  la  maison  de  Gu/  t 

fils    puîné   d'un   grand   romi  :».« 

Lœn  h  qui  Ferdinand  V  doiuia  lu  »urnoin 
lie  la  Véga.  en  mémoire  d'une  p»one*«K 
chevaleresque.    Il  eut    l'av.in  ,• 

élevéauprèide  l'empereur  (  t 

et  sui\it  ce  prince  en  .\lleiiM.,: ...- 

que,  en  Barbarie   el  en  Provence,  il  fut 
blessé    dans  cette    dernière    exprtlilion. 
.Vyant  voulu  faire  étala 
aux  yeux  de  son  inaltrr 

me  coup  de  pierre  au  \ 

près  de  Fréjus ,  et  mourut  a  àNice  de  *<-i 
blessures,  en  1.536.  à  Sfi  an*.  Gnrri   ^    -^x 
tm  de  ceux  à  qui  la  pt» 
plus  d'obligattun.  il  La  , 


GAR 


516 


CAR 


ment  de  son  ancienne  barbarie,  mais  il 
lui  prêta  diverses  beautés,  empruntées 
des  étrangers  anciens  et  modernes.  Ses 
ouvrages  offrent  beaucoup  de  majesté  et 
moins  d'enflure  que  ceux  des  autres  poètes 
de  sa  nation.  Paul  Jove  prétend  que  ses 
odes  ont  la  douceur  de  celles  d'Horace  ; 
mais  elles  n'en  ont  pas  l'énergie.  On  a 
donné  plusieurs  éditions  des  Poésies  de 
Gardas.  Sanctius  ,  le  plus  savant  gram- 
mairien d'Espagne,  les  a  commentées. 
Il  relève,  en  bon  commentateur ,  les  moin- 
dres beautés  de  son  original.  Ce  qu'il  y 
a  de  plus  utile  dans  ses  notes ^  ce  sont 
les  comparaisons  des  beaux  morceaux 
de  Garcias  avec  ceux  des  poètes  anciens 
qu'il  a  imités.  Les  Observations  de  Sanc- 
tius  parurent  à  Naples  en  1664  ,   in-8°. 

*  GAUCIAS  (  Grégoire  ),  religieux  do- 
minicain ,  né  en  1554 ,  à  Cozar  en  Anda- 
lousie ,  prêcha  long-temps  la  parole  de 
Dieu  dans  l'Amérique  et  au  Mexique  ,  re- 
vint en  Europe  vers  1603,  fut  nommé 
lecteur  de  théologie  morale  au  couvent 
de  son  ordre  àBaeça,  et  mourut  dans  cette 
ville  en  1627.  On  a  de  ce  savant  mission- 
naire :  I  Origine  des  Indiens  du  nouveau 
vionde  examinée  ^  etc.  Valence ,  1607  , 
in-12;  Madrid,  1729,  in-fol.;  |  Prédication 
de  l'évangile  dans  le  nouveau  monde  du 
vivant  des  apôtres .  Baeça ,  1623 ,  in-8". 

*G.\RCIASyMATAMOROS(ALFo.\SE), 
naquit  à  Cordoue  en  1490.  .Ge  savant  Es- 
pagnol eut  un  talent  très  précoce.  A  l'âge 
de  dix -sept  ans  il  possédait  déjà  une  éru- 
dition peu  commune  dans  son  siècle.  Il 
ne  nous  reste  de  cet  auteur  qu'un  seul 
ouvrage  intitulé  :  De  academiis  et  doctis 
viris  Ilispaniœ^  inséré  dans  Yllispania 
illustrata,  Alcala,  1555,  in-8°.  Il  avait  em- 
brassé l'état  ecclésiastique,  et  l'on  assure 
qu'il  avait  beaucoup  de  talent  pour  la 
cliaire. 

GAIICIAS  LASO  DE  LA  VEGA  ,  sur- 
nommé l'Inca ,  né  en  1550  ,  à  Gusco  au 
Pérou  ,  mort  en  1568,  a  donné  en  espa- 
gnol l'Histoire  de  la  Floj'ide  ^  et  celle  du 
Pérou  et  des  Incas  ,  écrite  d'un  style  am- 
poulé ,  et  traduite  ,  l'une  eu  latin  et  l'au- 
tre en  français,  par  Beaudoin  ,  Amster- 
dam, 1757,  2  vol.  in-4",  avec  ligures, 
telle  histoire  n'est  qu'une  espèce  de  ro- 
man ,  imaginé  par  ce  péruvien  en  l'hon- 
neur de  sa  patrie.  L'auteur  se  ressentait 
de  la  faiblesse  d'esprit  qui  caractérisait  sa 
nation.  Il  est  étonnant  que  la  plupart  des 
écrivains  français  aient  plutôt  adhéré  aux 
narrations  de  ce  visionnaire,  (juaux.  ré- 
cits de  Xérès  ,  de  Zarate,  de  Herrera  et 


d'aulrcs^  historiens  judicieux  et  instruits. 
Marmontel ,  dans  ses  Incas .  leur  a  aussi 
préféré  les  contes  de  l'écrivain  péruvien  : 
il  est  naturel  du  reste  que  pour  faire  un 
roman  de  celte  espèce,  il  n'ait  consulta 
ni  le  vrai  ni  le  vraisemblable.  M.  Paw, 
dans  ses  Recherches  sur  les  américains , 
réfute  la  plupart  des  extravagances  de 
Garcias  Laso ,  qu'on  nomme  ordinaire- 
ment Garcilaso ;  nmis  le  critique,  en 
combattant  quelques  erreurs  de  fait,  en 
écrild'aulres  beaucoup  plus  graves  où  les 
vérités  de  la  morale,  de  la  religion  et  de 
la  bonne  physique  sont  étrangement  com- 
promises. 

GARCiVS  DELOAYSA.  Vog.  GIRON. 

GARDAi\E  (Joseph-Jacques),  mé- 
decin i)rovençal ,  né  à  La  Ciotat ,  prit  ses 
degrés  à  la  faculté  de  Montpellier,  et 
exerça  son  art  avec  distinction  à  Paris, 
vers  le  milieu  du  18""'  siècle.  Il  dirigea 
plus  particulièrement  ses  éludes  sur  les» 
parties  de  la  médecine  qui  ont  un  rap- 
port immédiat  avec  la  salubrité  publique 
et  avec  les  mœurs.  Il  s'appliqua  d'une 
manière  spéciale  aux  maladies  des  arti- 
sans ,  et  publia  successivement  plusieurs 
ouvrages  qui  prouvent  son  humanité  et 
où  l'on  trouve  des  vues  utiles,  des  faits 
exacts  et  bien  prouvés.  Ses  principaux 
ouvrages  sont  :  |  Conjectures  su?'  l'élec- 
tricité médicinale^  Paris,  1768,  in-12; 
I  £ssais  sur  la  putréfaction  des  humeurs 
animales ,  nù9  ,  in-12;  |  Recherches  pra- 
tiques sur  les  différentes  ma/iiéres  de  trai- 
ter les  maladies  vénériennes  ^  i77Q-7b  , 
in-8°.  (  r^oijez  ASTRUC.)  |  Mogens  de 
détruire  le  mal  vénérien^  1772  j  in-S"  ; 
I  Manière  sûre  et  facile  de  guérir  les  ma- 
ladies vénériennes  ,  1775,  in-12. 

•  GARDAÎVE-DIIPORT,  chirurgien, 
né  en  1746  à  Toulon  et  mort  à  Paris  eu 
1813,  en  a  domié  une  nouvelle  édition, 
avec  des  améliorations  ,  sous  le  titre  de 
Méthode  sûre  de  guérir  les  maladies  vé- 
nériemies ,  Paris ,  1787  ,  in-8"  ;  |  Avis  au 
peujjle  sur  les  asphyxiés  y  177 k  ,  in^l2; 
I  Traité  des  mauvais  effets  de  la  fumée 
de  la  lilarge  ^  1776 ,  in-8"  ;  |  Eloge  histo- 
rique de  M.  de  Bordeu  ^  i777 .  in-8"  ;  |  Mé- 
moire concernant  une  espèce  de  colique 
observée  sur  les  vaisseaux ,  Paris  ,  1785  , 
in-8"  ;  |  des  maladies  des  créoles  en  /iu- 
roj)e,  avec  la  manière  de  les  traiter.  Gar- 
dane  publia  aussi  la  Gazette  d€  santé  de 
1773  à  1776. 

M;ARDAi\.\E  (Paul-Ange),  général 
français  natif  de  Provence  ,  habitait  le  dé- 
partement du  Yar.  A  i'époq,uc  du  siège 


G.VR 


5i7 


GAR 


de  Toul4Mi  ,,il  se  mit  ù  la  h' tr  d'un  nimi- 
lirc  considi'rablc  de  pay.s;inH  qui  iiiarrliè- 
rt'ut  sur  rctte  ville  iM)ur  la  détruire.  Apres 
la  |M  isc  de  cette  ville  .  il  v«TUt  a«er  lufig- 
ttiiips  sans  cinpU)i .  parce  que  l'on  rc- 
iloiilait  la  violence  de  son  caractère .  qui 
l'avuit  entraîné  quelquefois  pendant  le 
siéije  à  des  mesures  d'iuie  grande  ri[jueur. 
Se  trouvant  à  Paris  au  15  vendémiaire,  il 
fut  employé  contre  les  sections  en  qualité 
d'adjudant  général,  et  peu  après  envoyé 
en  Italie  sous  le  général  Bonaparte.  Il  se 
distinjjiia  particulièrement  à  l'attaque  du 
Mincio  cl  à  la  bataille  d'Arcole ,  où  il  fut 
blessé.  Il  fut  ensuite  employé  comme  chef 
de  brigade  sur  le  Rhin  .  et  il  se  lit  remar- 
quer par  son  sang-froid  cl  l'habileté  de  ses 
manœuvres  à  la  bataille  de  Neuwied.  Il 
passade  nouveau  en  Italie  en  1799,  et 
commanda  la  ville  d'Alexandrie  qu'il  fut 
oîfligé  de  rendre  après  la  perle  de  la  ba- 
taille de  la  Tréhia.  De  retour  en  France  , 
il  concourut  à  dissiper  les  rassemblemens 
delà  "N'endée.  Il  repassa  en  Italie  en  1800, 
cl  sa  conduite  à  la  bataille  de  Marengo  lui 
mérita  un  sabre  d'honneur.  Il  commanda 
<|uelque  temps  dans  la  Ligurie  et  le  .Man- 
touan ,  cl  passa  en  Allemagne  pendant 
les  années  180G  et  1807,  et  mourut  à  Bres- 
lau  le  1/i  août  1807  ,  lorsqu'il  revenait  en 
Fiance  pour  se  reposer  des  fatigues  de  la 
i;  lierre. 

•<iAUD.\X\r  ' Gaspard- A^DBÉ,  comte 
de'*  ,  général  de  brigade,  oncien  aide  de 
r.jmp  de  Bonaparte  ,  ne  à  Marseille  le  11 
juillet  17r.r>.  entra  au  service  en  qualité 
(iofliricr  de  cavah-rie  en  1792,  el  parvint 
dès  i7'.>9  au  grade  de  général  de  brigade. 
Honaparlc  le  nomma  sou  aide  de  camp, 
et  lui  donna  en  180.'i  la  charge  de  gou- 
verneur de  ses  pages.  F.n  1807  l'empereur 
envoya  le  comte  de  Gamlanne  en  qualité 
de  ministre  plénipotentiaire  .  près  la  cour 
tle  Téhéran,  atin  d'engager  Feth-Aly- 
iJiah,  roi  de  Perse  ,  à  faire  cause  com- 
nnme  avec  lui.  Le  général  Gardanne,  dont 
I  j'ieul  avait  déjà  rempli  une  pareille  n)is- 
»iun,  partit  dans  le  mois  <le  mai  1807  , 
traversa  rVllemagne  ,  la  Hongrie  el  la 
Turquie  jasqu'à  Sculari,  cl  s'embarqua  le 
iO  septembre  pour  l'Asie-mineurc.  Il  ne 
fut  point  inquiété  pendant  toute  sa  roule, 
excepté  dans  l'Annénie  où  il  fut  obligé  de 


Ijenl  à  son  cfligie.  Arrivé  ii  Téhéran  il  tei 
présenta  devant  le  roi  de  Perse  <|ui  le  ro- 
\ut  avec  distinction  ,  et  lui  donna  le  lilrc 
de  Khan.  Ce  prince  le  décora  en  outre 
de  l'ordre  du  vSoleil.  Les  nei;<»riali()os  qui 
furerjl  enlamées  devaient  avoir  le<  [dus 
heureux  résultats  dans  rintércl  de  l'em- 
pereur, niais  soU  que  Bonaparte  ,  occu|>é 
de  tant  d'autres  intérêts  ,  nrgli;;càl  si>n 
envoyé,  soit  que  cehii-ci  ne  fui  pas  con- 
tent des  relations  qu'il  entrclenail  axecla 
ministre  des  affaires  étrangères  sans  la 
participation  duquel  il  était  entré  dans  la 
diplomatie,  il  quitta  la  Perse  sans  ordres, 
el  revint  à  Paris  où  il  tonil)a  complète- 
ment en  disgrâce.  Il  perdit  ses  titres  d'aide 
de  camp  et  de  gouverneur  des  pages,  en- 
voyé en  Espaî;ne,  il  éprouva  un  échec 
lors  de  la  retraite  du  Portugal  en  1810. 
Lors  des  événemens  de  181.'i  il  comutan- 
<lait  dans  le  département  de  la  I^ozère  une 
brigade  sous  les  ordres  du  général  Krnouf 
dans  l'armée  qu'avait  réunie  le  duc  d'An- 
gouléme  ;  mais  il  ne  larda  pas  à  suivre 
l'entrainemeul  général  ,  et  se  réunit  aux 
troupes  impériales.  Admis  à  la  retraite 
en  septembre  181;),  il  est  m(»rt  en  1818. 
Napoléon  lavait  fait  comte  de  l'empire  , 
avec  une  dotation  de  2.'>,000  francs. 

•  GVRDAN.NE  (  PAti.-A\r.E-Lotis  de  ), 
né  à  Marseille  le  2  mars  176îi,  suivit  en 
Perse  son  frère  qui  y  avait  été  nununc 
ambassadeur  de  France,  el  partit  en  qua- 
lité de  premier  secrétaire  d'ambassade.  II 
revint ,  en  1808,  dans  sa  i)alrie,  et  rendit 
compte  de  la  mission  dont  le  c<i(nte  de 
Gardannc  avait  été  cliargé  auprès  du 
schah  do  Perse,  Felh-Aly-<.hah.  Il  publia 
à  celle  occasion  :  Jvnninl  d'un  vixjai;^ 
dans  la  Turquie  d' tiie  et  en  l'erse,  fait 
rn  1807  et  180H.  Marseille  ,  1808  ,  in-8°  : 
on  y  tr<mve  dus  détails  curieux .  et  à  la 
lin  de  l'ouvrage,  un  voca'.ulaiie  it-'-  ■• 
persan  cl  lurc  par  le  prince  Ti 
Mir7^.  Gardanne  mourut  <lanssa  xi 

taie  le  8  janvier  1822  .  laissant  quelque» 
manuscrits.  Il  avait  fourni  plusieurs  ar- 
tich'S  à  la  nac/ic  pnwençalf  '     'i- 

blié   n  Marseille,  qui   niifei  '• 

détails  sur  lui  dans  le  n"  l"  il' 

•  GAUDAZ  (Fn.»>rot?»-M*»ifc;,  uc  n 
Oyonnax  en  B-igey  ver»  1777  ,  d'une  fa- 
mille peu  riche  ,  étuil  compatriote  du  f.i- 
meux   S.îjithonax ,   qui   h"    procura    Ici 


r«'pous«cr  l'attaque  de  cpielques  Counles. 

peu idudes  de  brigands  (pii  désolent  celte    moyens  «le  faire  quelques  études,  cl  de 

du  I  se  faire  recevoir  avoral'à  Lyon.  Il  no  psu- 


patlii:  de  l'Asie.  En  pjssant  au  pied 
mont  Ararat.  Gardannc  lit  graver  sur  le 
roc'u-r  le  nom  de  son  maître  el  y  déjwjsa 
plusieurs  pièces  de  monnaie  d'or  cl  d'ar- 


lagea  pas  cependant  »c»  pitiiCipc*  rc»i>- 
lulionnaircs ,  et  li»r»  de  la  rcstauratioo  ,  il 
fut  un  des  premier»  à  clocr  M  \uU  en 


Gar 


548 


CAR 


Ikveur  des  Bourbons.  Les  événemens  du 
mois  de  mars  i815  l'affeclèrent  si  vive- 
ment, qu'au  mois  de  septembre  de  la 
même  année,  s'imaginant  que  l'usurpa- 
teiir  revenait  une  seconde  fois  ,  il  fut  saisi 
d'une  lièvre  violente  et  mourut  dans  d'af- 
freuses convulsions  après  avoir  avalé,  dit- 
on,  sa  langue.  Un  a  de  lui  :  |  Essai  sur  la 
vie  et  les  ouvrages  de  Linguet,  1809,  in- 8", 
ouvrage  qui  fut  vivement  critiqué,  et  pour 
lequel  on  l'accusa  de  plagiat;  |  Vœux 
propJiétiques  et  réalisés ,  à  V occasion  de 
V heureux  7'éta.blissement  des  successeurs 
de  saint  Louis  sur  le  trône  de  France, 
par  Vabbé  Delille ,  suivis  de  quelques  con- 
sidérations sur  les  effets  du  fatalisme  et 
de  l'irréligion  ,  ISl/i-,  in-8"  ;  |  divers  arti- 
cles dans  les  journaux. 

G  VUDE  (  A\TOi:«E  ESCALIN  DES  AI- 
MARS  ,  baron  de  la  ) ,  et  marquis  de  Bri- 
gançon,  connu  d'abord  sous  le  nom  de  ca- 
I)itainePolin,  naquit  en  1498  d'une  famille 
obscure  au  village  de  La  Garde  en  Dau- 
phiné ,  dont  il  acheta  par  la  suite  la  sei- 
gneurie, et  ne  élut  son  élévation  qu'à  son 
courage  et  à  son  esprit.  Parvenu  de  l'élat 
de  simple  soldat  au  grade  de  capitaine  , 
Guillaume  du  Bdlay-Langey  le  fit  con- 
naître à  François  V^,  qui  l'envoya  en  am- 
bassade à  Constantinople,  vers  Soliman  II, 
on  iVthi.  Il  devint  ensuite  général  des  ga- 
lères, et  se  fit  une  grande  réj)utation  sur 
nier  par  ses  belles  actions.  Il  commandait 
ca  Provence  comme  lieutenant-général , 
lors  de  la  sanglante  exécution  qui  se  fit 
contre  les  Vaudois  de  Cabrières  et  de  Me- 
rindoî,  en  1545.  Il  fut  emprisonné  à  celte 
«u-casion  ,  et  destitué  du  généralat  des  ga- 
lères ;  mais  au  l)out  de  5  ans,  il  fut  élargi, 
déclaré  innocent  et  réintégré  dans  sa 
charge  {Voyez  OPPÈDE).  Elle  lui  fut  en- 
core ôtée  en  luo7,  et  ne  lui  fut  rendue 
qu'en  1566.  Il  mourut  d'hydropisie  à  80 
ims,  en  1578. 

GARDE  (  Philippe  BRIDARD  de  la  ) , 
né  à  Paris  en  1710 ,  mort  le  5  octobre 
1767  ,  fut  chargé  des  fêtes  particulières 
que  Louis  XV  donnait  dans  ses  apparle- 
mcns.  Il  avait  un  goût  singulier  pour  ce 
genre.  La  marquise  de  Pompadour  fut  sa 
bienfaitrice  ;  sa  mort  le  jeta  dans  une  ha- 
bitude de  mélancolie,  qu'il  ne  fut  i)as 
maître  de  dissiper.  Il  faisait  la  partie  des 
spectacles  pour  le  Mercure  de  France. 
On  a  de  lui  les  ]  Lettres  de  Thérèse,  2  vol. 
\x\-iiL;\/lnnales  amusantes,  in-12;  \la  Rose, 
opéra-comique,  et  d'autres  frivolités  où 
il  n'y  a  rien  à  gagner  pour  la  sagesse  et 
les  mœurs,  ni  même  pour  le  bon  esprit. 


*  GAPiDEIL ,  professeur  de  médecine 
et  de  mathématiques  à  Toulouse,  et  mem- 
bre de  l'académie  des  sciences  de  cette 
ville ,  né  vers  1725,  mort,  le  19  avril  1808, 
a  publié  sous  le  voile  de  l'anonyme  une 
traduction  des  OEuvres  médicales  d'Hip- 
pocrate  sur  le  texte  grec ,  d'après  Foès  , 
Toulouse ,  1801  ,  k  vol.  in-8°.  Il  consacra 
50  ans  à  cet  ouvrage  dont  il  n'a  fait  ce- 
pendant que  les  sept  premières  sections; 
la  mort  l'empêcha  d'achever  la  8*^  au  temps 
qu'il  avait  désigné  pour  la  publication  de 
cette  traduction.  On  a  encore  de  lui  une 
lettre  à  Bernard  de  Jussieu  sur  le  tri' 
poli,  insérée  dans  le  Recueil  de  l'acadé- 
mie des  sciences. 

*  GA.RDELLI.\I  (Louis  ),  sous-promo- 
teur de  la  foi ,  naquit  à  Rome  le  4  août 
1759,  et  mourut  le  8  octobre  1829.  Il  avait 
été  choisi  à  l'âge  de  28  ans  pour  l'office 
de  sous-promoteur  de  la  foi,  qu'il  remplit 
pendant  toute  sa  longue  carrière ,  et  fit 
même  les  fonctions  de  promoteur  en  l'ab- 
sence de  M.  Ei-skine.  Il  était  en  outre  as- 
sesseur de  la  congrégation  des  Rites,  cha- 
noine de  Sainte-Anastasie  et  chapelain  à 
Sainte -Marie -Majeure.  Sa  douceur,  sa 
modestie ,  sa  charité  pour  les  pauvres  re- 
commandent autant  sa  mémoire  que  sa 
fermeté  dans  le  malheur  et  sa  pieuse  ré- 
signation à  la  mort. 

*  G.\RDE.\  (  Fraîwçois  )  ,  magistrat  et 
littérateur  écossais,  plus  connu  sous  le 
nom  de  lord  Gardenstone ,  né  à  Edim- 
bourg en  1721  ,  fut  reçu  avocat  en  1744  , 
et  se  distingua  dans  le  barreau ,  autant 
par  ia  sagacité  de  son  esprit  que  par  la 
justesse  et  rimparliaiilé  de  ses  opinions. 
En  1764  ,  il  fut  nommé  solliciteur  du  roi , 
et  ensuite  l'un  des  juges  de  la  cour  de 
session  et  de  celle  de  justicier.  Ayant 
adquis  le  domaine  de  Johnston  ,  près  du 
village  de  Laurence-Kirk,  et  témoin  du 
sort  misérable  des  paysans ,  il  chercha  à 
l'adoucir ,  et  consacra  une  partie  de  sa 
fortune  pour  y  établir  des  manufactures. 
Ce  village  s'étant  accru  considérablement, 
il  obtint  en  1779  qu'il  fût  érigé  en  bourg 
de  baron ie  ,  ayant,  entre  autres  avan- 
tages ,  celui  d'un  magistrat  particulier, 
La  santé  de  lord  Gardcnslone  exigeant 
un  climat  plus  doux  que  celui  d'Angle- 
terre, il  passa  en  France  en  1786  ,et  par- 
courut plusieurs  autres  parties  de  l'Eu- 
rope ,  formant  des  collections  d'objets 
d'histoire  naturelle  et  d'art.  On  assure 
qu'il  se  montra  partisan  de  la  révolution 
française.  Il  a  publié  le  résultat  de  ses  re- 
marques dans  ses  voyages,  sous  ce  titre  : 


GAR  S 

Souvenirs  d'un  voyageur.  1702,  3  vol.  in- 
IJ,  ocrit»  avec  ayrôincnt  et  chaleur,  et 
iciifermant  des  anecdotes  intéressantes  : 
les  deux  premiers  vol.  parurent  en  1791 
et  1793;  le  3*  ne  fut  publié  qu'après  sa 
mort.  On  a  encore  de  lui  Mélanges  en 
pr<M«tf<<rni>frj.  dont  les  meilleures  pièces 
lui  sont  attribuées.Lord  Gardcnstone  mou- 
rut  le   22  juillet  1793. 

r.ARDIE  (  POrTUS.  baron  de  la),  gen- 
tilhomme de  Carcassonne,  célèbre  par  son 
courage  et  par  ses  aventures  ,  servit  d'a- 
bord en  Piémont ,  puis  en  Ecosse ,  en- 
suite en  Danemarck.  Ayant  été  fait  pri- 
sonnier dans  un  combat  contre  les  Sué- 
dois, Eric  XIV,  roi  de  Suède,  le  prit  à 
son  service.  Ce  prince  ayant  perdu  son 
trône,  La  Gardie  conserva  sa  faveur  au- 
])rès  de  Jean  III ,  à  qui  sa  bravoure  avait 
été  utile.  Il  lui  confia  des  commissions  im- 
porrantes  à  Rome  et  à  Vienne ,  et  le  dé- 
(  laraen  1580  général  des  troupes  de  Suède 
<onlre  les  Moscovites.  Pontus  se  rendit 
maître  de  la  Carélie,  et  ût  d'autres  con- 
quêtes avec  autant  de  courage  que  de 
bonheur.  Ses  victoires  furent  suivies  des 
népocialions  pour  la  paix.  Dans  cet  inter 
valle  La  Gardie  périt  malheureusement, 
l'an  1!>85  ,  dans  le  port  le  Revel.  Il  avait 
épousé  une  fille  naturelle  du  roi.  Il  en 
cul  deux  fils,  desquels  sont  descendus  les 
comtes  de  La  Gardie ,  qui  sont  comptés 
parmi  les  plus  grands  seigneurs  de  Suède. 

GARDIE  (  Mag!«i}S  GABRIEL  de  La  ), 
comte  d'Avensbourg,  né  en  1622 ,  fut  suc- 
cessivement conseiller  ,  trésorier  ,  pre- 
mier maréchal  de  la  cour  ,  chancelier  de 
Suède ,  enfin  premier  ministre  et  direc- 
teur-général de  la  justice  dans  tout  le 
royaume.  Il  fut  fort  avant  dans  les  bonnes 
grices  de  la  reine  Christine  ,  qu'il  empê- 
cha d'abdiquer  autant  qu'il  fut  en  lui  ; 
mais  ayant  été  obligé  de  se  retirer  de  la 
cour  en  163i,  cette  reine  fit  ce  qu'elle 
voulut.  Il  y  rentra  sous  Charles-Gustave, 
qui  le  nomma  trésorier  du  royaume,  lieu- 
tenant du  roi,  et  généralissime  dans  la  Li- 
vonie.  En  1656,  il  obtint  le  gouvernement 
de  la  Samogilie  et  de  la  Lithuanic  ,  et  dé- 
fendit Riga  avec  tant  de  vigueur,  que  les 
Moscovites  furent  obligés  de  se  retirer  au 
bout  de  six  mois  de  $ié(Te.  Après  la  mort 
du  roi ,  il  fut  élu  chancelier  du  royaume, 
et  eut  part  à  la  régence.  II  fut  ensuite 
premier  ministre  de  Charles  IX,  qu'il  as- 
sista utilement  de  ses  conseils.  Il  mourut 
en  1686. 

•  GARDIN-DUNESNIL  (  Jeaw-Bai' 
TiSTE  ) ,  professeur  de  rhétorique  aux  col- 


Aï  GAR 

hgcs  de  Lisicux  et  d'IIarcourt  A  l'uaiver- 
sllédc  Paris,  était  ne  en  1720  au  vilUge 
dcSaint-Cyr,  près  de.Valofrne  m  Basse- 
Normandie.  Il  fut  ensuit  liicc- 
teur  du  collège  de  L<.i  i  Un 
goût  sûr  et  un  talent  j,our 
transmettre  à  ses  élèves  Id  scicticc  qu'il 
possédait,  lui  assurent  un  rang  distingué 
parmi  les  maîtres  les  plus  illustres  du  18* 
siècle.  Retiré  dans  son  pays  natal  avant 
la  révolution,  il  y  fonda,  du  fruit  de  ses 
économies,  une  école  gratuite  pour  les 
enfans  des  habitans.  Pendant  la  terreur, 
son  école  fut  anéantie ,  et  il  se  vit  forcé 
de  s'expatrier.  Il  rentra  ensuite  dans  son 
pays  où  il  mourut  en  1802.  On  lui  doit  : 
I  les  Préceptes  de  Rhétorique  tirés  de 
Quintilien,  Paris,  1762in-12;  ]  leiSgnony- 
înes  latins,  ouvrage  d'un  mérite  généra- 
lement reconnu,  fait  sur  la  plan  des  5y». 
onymes  français  de  l'abbé  Girard,  1777, 
in-12.  lien  donna  en  1788  une  2*  édition 
revue ,  corrigée  et  considérablement  aug- 
mentée. M.  Jannet  en  a  publié  une  3*  édi- 
tion ,  Paris,  1813,  in-8'',  où  il  a  ajouté  un 
grand  nombre  d'exemples ,  et  fait  dispa- 
raître quelques  inexactitudes  de  l'auteur. 

GARDI.\ER  (Etienne  ),  savant  évo- 
que de  Winchester  et  chancelier  d'Angle- 
terre, natif  de  Saint-Edmond,  dans  le 
comté  de  Suffolk,  souscrivit  à  l'arrêt  da 
divorce  de  Henri  VIII ,  et  le  défendit  par 
son  traité  :  De  verà  et  falsâ  obedientiâ . 
Londres,  1335,  in-4°.  Il  ne  se  sépara  de 
l'église  romaine  qu'en  ce  seul  point.  S'é- 
tant  opposé  à  la  réformation  ,  il  fut  em- 
prisonné et  déposé  sous  Edouard  VI,  ré- 
tabli sous  Marie;  et  il  mourut  en  1555, 
laissant  quelques  écrits  de  controverse. 
in-«». 

*  G.ARDINER  (Guillaume),  mathéma- 
ticien anglais  du  18*  siècle,  ne  s'est  fait 
connaître  que  par  ses  Tables  de  loga- 
rithmes .  Londrc$  ,  1742,  in-fol.  Cet  ou- 
vrage a  été  réimprimé  avec  des  addi- 
tions, parles  .soins  des  Pères  Pezenas, 
Dumas  et  Blanchard  ,  Avignon,  1770,  in- 
fol.  Il  n'est  plus  consulte  depuis  que  les 
Tables  des  logarithmes .  XoyapiG/ioi ,  ont 
paru. 

GAREXGEOT  (Rênf.  T ,  -  '  ROIS- 
SAl^T  de  ) ,  né  à  Vitry  1  !»>88. 
était  membre  de  la  sociri  Ixxi- 
dres,  et  démonstrateur  royal  tu  diirurgie 
à  Paris,  où  il  mourut  le  10  drccmbre 
1759.  Il  avait  beaucoup  de  connaissances 
et  de  dextérité.  Ses  ouvrages  sont  :  |  La 
Mitomie  humaine .  1750 ,  1  ▼ol.  in-1  J  ; 
I  Traité   de*  ùutrumens   de  chirurgie  s 


FOR 


5dO 


GAR 


1727,  2  vol.  în-12  ;  \  Des  opérations  de 
chimr(/ie,i7li9,  3  vol.  in-12  ;  |  L'Anato- 
mie  des  viscères,  1742,  2  vol.  in-12; 
[L'Opération  de  la  taille  ^  1730,  in-12. 
Ces  différens  écrits  sont  estimés.  • 

GARET  (  Jean  ) ,  bénédictin  de  Saint- 
Maur,  naquit  au  Havre-de-Grâce  en  1617, 
et  mourut  à  Jumiéges  en  1694 ,  à  77  ans , 
avec  la  réputation  d'un  savant  consommé 
et  d'un  bon  religieux.  Il  donna  une  belle 
édition  de  Cassiodore ,  à  laquelle  il  a 
joint  une  dissertation  curieuse  sur  la  pro- 
fession monastique  de  ce  célèbre  sénateur 
romain.  Celle  édition  parut  à  Rouen  en 
1679,  2  vol.  in-fol.  Les  notes  en  sont  sa- 
vantes et  judicieuses.  (  Voyez  l'Histoire 
littéraire  de  la  congrégation  de  Saint-Maur, 
pages  158  et  159  ). 

GARETIUS  (  Jean  ) ,  né  à  Louvain , 
chanoine  régulier  de  l'ordre  de  Saint- 
Augustin,  se  distingua  par  son  zèle,  ses 
prédications  et  l'étude  des  saintes  Lettres. 
On  a  de  lui  :  |  De  veritate  corporis  Chris- 
ti  in  Eucharistiâ.  C'est  une  collection  des 
passages  des  Pères  grecs  et  latins ,  tou- 
chant la  certitude  du  dogme  de  l'eucha- 
ristie. La  dernière  édition  est  d'Anvers, 
1569,  in-8°.  |  De  mortuis  vivorum  preci- 
bus  juvandis  ^  Anvers ,  1564 ,  in-16  ;  |  De 
sacrificio  missœ  ^  An\ ers  ,  1561,  in-i2  ; 
I  De  sanctorum  invocatiotie  ^  Gand ,  1570, 
in-8°.  Ces  ouvrages  ont  paru  ,  traduits  et 
commentés  en  français,  sous  le  titre  de 
Perpétuité  de  la  Foi.  Ceux  qui  les  ont  lus 
et  qui  les  ont  confrontés  avec  celui  qui, 
sous  ce  dernier  titre ,  a  fait  tant  d'hon- 
neur à  Nicole  et  Arnauld ,  n'auront  pas 
de  peine  à  grossir  l'histoire  des  réputa- 
tions usurpées.  L'auteur  mourut  à  Lou- 
vain en  1571.  Son  frère  Henri  GARETIUS 
docteur  en  médecine  dans  l'université  de 
Padoue  ,  est  auteur  de  quelques  ouvrages 
de  son  art. 

GARIDEL  (Pieuue),  né  à  Manosque 
en  Provence ,  professeur  de  médecine  en 
l'université  d'Aix ,  publia  en  1715  une 
Histoire  des  plantes  qui  naissent  en  Pro- 
vence j  1  vol.  in-fol,  avec  figures.  Il  mou- 
rut en  1737  ,  à  78  ans. 

GARi:V  LE  LOIÏÉRANS  ou  le  LOR- 
RANS.  C'est  le  nom  du  plus  ancien  roman 
que  nous  ayons  en  langue  romance ,  ou 
vulgaire  française.  L'auteur  vivait  en 
1150,  sous  le  règne  de  Louis  le  Jeune ,  bis- 
aïeul de  saint  Louis.  Il  y  chante  en  vers 
les  beaux  faits  de  Heruis ,  duc  de  Metz; , 
tils  du  duc  Pierre ,  et  père  de  Garin  ou 
Guérin  Le  Lohérans,  aussi  duc  de  Metz 
el  de  Brabant.  Le  poète  suppose  que  ces 


princes  vivaient  sous  les  règnes  de  Pépin 
et  de  Charles  Martel,  et  en  raconte  beau- 
coup d'aventures  fabuleuses.  La  plupart 
des  historiens  de  Lorraine  citent  cepen- 
dant ce  poème  comme  une  histoire  véri- 
table ,  au  moins  quant  au  fonds  :  car  il  est 
impossible  de  soutenir  tous  les  contes  qu'il 
y  débite.  L'auteur  n'a  aucune  teinture  de 
la  vérité  de  l'histoire  ,  ni  des  vraies  généa 
logies;  il  pèche  à  tout  moment  contre  la 
chronologie  et  la  géographie.  Tout  l'usage 
que  l'on  peut  faire  de  ce  roman  se  réduit 
à  connaître  le  goût ,  le  langage  et  les 
mœurs  de  ce  temps-là. 

GARISSOLES  (  Antoine  ) ,  ministre  de 
la  religion  prétendue  réformée ,  né  àMon- 
tauban  en  1587,  a  publié  plusieurs  ouvra- 
ges ,  dont  les  principaux  sont  :  |  L'Adol- 
phide  j  poème  épique  en  12  livres ,  où  il 
chante ,  en  beaux  vers  latins ,  les  exploits 
de  Gustave-Adolphe  ;  |  un  autre  poème 
latin  à  la  louange  des  cantons  suisses  pro- 
testans  ;  |  diverses  thèses  de  théologie; 
I  un  traité  De  impulatione  primi peccati 
AdcB:.  et  un  autre  :  De  Christo  media- 
tore.  Il  mourut  en  1650. 

GARLANDE  (  Jean  de) ,  grammairien, 
né  dans  le  village  de  Garlande  en  Brie , 
passa  en  Angleterre  après  la  conquête  de 
ce  royaume ,  par  le  duc  Guillaume ,  et  il 
y  enseigna  avec  honneur.  Il  vivait  encore 
en  1081.  C'est  son  séjour  en  Angleterre 
qui  a  fait  croire  à  plusieurs  écrivains 
qu'il  était  anglais.  On  a  de  lui  im  grand 
nombre  d'ouvrages  imprimés  et  manu- 
scrits. Les  principaux  des  imprimés  sont  : 
I  un  écrit  en  vers  rimes ,  intitulé  Face- 
tus.  sur  les  devoirs  de  l'homme  envers 
Dieu ,  envers  le  prochain  et  envers  soi- 
même  ,  Cologne  ,  1520,  in-4°;  |  un  poème 
sur  le  mépris  du  monde  ^  faussement  at- 
tribué à  saint  Bernard ,  Lyon ,  1489 ,  in-4°. 
On  le  trouve  aussi  avec  le  précédent.  |  Un 
autre  poème ,  intitulé  Floretus  ou  Liber 
Floretij  sur  les  dogmes  de  la  foi  el  sur 
presque  toute  la  morale  chrétienne ,  im- 
primé avec  les  précédens  ;  |  un  Traité 
des  synonymes  ^  et  un  autre  des  équivo- 
ques ou  termes  ambigus,  Paris,  1494; 
Londres, 1505, in-k'' •,{ Dictionnarium  artis 
alchimiœ ,  cum  ejusdem  artis  compendio, 
Bâle,1571,  in-8°.  On  trouve  en  général 
beaucoup  plus  de  goût  et  de  savoir  dans 
cet  auteur,  qu'on  n'en  suppose  pour  l'or- 
dinaire aux  écrivains  de  son  temps  ;  et 
c'est  une  nouvelle  preuve  contre  les  dé- 
tracteurs de  ces  prétendus  siècles  d'igno- 
rance ,  que  l'abbé  Bérault  a  si  bien  réha- 
bilités. 


GAIV 


35i 


GAR 


•GARNEKIN  (  A^uitk -.Ia«  yi  ks  ,1c 
Jeune),  célèbre  ai'ionaule,  né  en  1770, 
avait  été  rharjc  on  1793.  par  le  comité  do 
s.ilut  public .  d'une  mission  auprès  de 
larnue  du  Nord  .  relative  aux  équipafjcs 
lie»  cliarrois.  Il  fut  pris  parles  Aulriobieiis 
a  MarcliJLMHU'S  o»  rcnfcriué  dans  les  ca- 
(  hols  tle  Bude  en  Honjjrie  où  il  resta  trois 
ans.  Il  a  publié  à  ce  sujet  :  |  l'otjarjc  et 
capt^Hté  du  citoyen  Garnerin ,  excommis- 
sicnnaire  de  la  rétniblifjue  française,  etc., 
cl  son  ouvra[jc  a  eu  deux  édilions.  C'est 
pendant  sa  captivité  en  Honr^rie,  qu'en 
motlitant  sur  les  moyens  de  francliir  les 
murs,  il  consul  l'idée  des  parachutes.  A 
son  retour  en  France,  il  lit  l'essai  de  sa 
découverte  qui,  après  diverses  lenlalives 
j»eu  silisfaisanlcs  ,  réussit  complètement  ; 
plusieurs  fois  il  a  répété  son  expérience 
devant  presque  tous  les  princes  de  l'Eu- 
rope. Il  fui  pendant  quelque  tcnjps  en 
contestation  avec  son  frère  aine  qu'il  ac- 
cusait de  vouloir  usurper  son  titre,  et  à 
cette  occasion  il  publia  l'ouvrage  inlilulé  : 
L'surpation  d'étal  et  de  réputation  par 
un  frère  au  préjudice  d'un  frère.  Jacques 
Garneiin  ,  le  jeune ,  phijsicien  .  premier 
aéronaute du  Sord ,  au  public.  1815,  in-4°. 
Garneriti  prenait  le  tilrede  premier  aéro- 
naute du  fs'ord  depuis  la  descente  en  pa- 
rachute qu'il  avait  exécutée  en  1800 ,  de- 
vant la  cour  de  Sainl-Pélersbourg.  En 
1816 ,  il  lit  paraître  le  Ti-iomphe  des  Lis  : 
divertissement  qu'il  composa  en  l'hon- 
neur du  roi.  Garnerin  le  Jeune  est  mort 
a  Paris  le  18  août  1823,  a  53  ans .  des  suites 
•  l'une  blessure  qu'il  avait  reçue  au  jardin 
IJeaujon. 

GAUXET  'Wksm),  jésuite,  naquit  à  Not- 
lingliam  en  Anulelerrc,  l'an  1555  ;  après 
a  voir  ensei{jiié  les  mathématiques  à  Rome 
avec  une  réputation  é{;ale  à  celle  du  célè- 
bre Clavius,  ildevinl  provincial  de  sa  com- 
pagnie en  Angleterre,  et  travailla  jus- 
qu'en 1606,  avec  autant  de  tèle  que  de 
succès,  à  y  soutenir  la  foi  catholique.  La 
conjuration  des  poudres  donna  occasion 
aux  ennemis  de  celte  religion  ,  de  se  dé- 
faire d'un  adversaire  redoutable-  Ils  l'ac- 
rusèrenl  d'avoir  eu  connaissance  de  celle 
odieusfi  entreprise;  il  l'avait  ctw  effecti- 
viim-iil,  mais  par  la  voie  de  la  confession 
f!  ;i\a\l  employé  tous  les  moyens  de  per- 
sii.iNion  pour  détourner  les  conjurés  de 
leur  dessein.  Le  ministre  Cécil  lui  ht  faire 
son  pn)rès  ;  le  Père  Carnet  fut  pendu  et 
ecartelé  le  5  mai ,  en  présence  d'une  mul- 
titude incroyable  de  petiplc,  qui  voulait 
voir  mourir  le  Grand  Jésuite;  c'est  ainsi 


qu'on  l'appelait  communément ,  mém'* 
parnil  les  protestans  ;  les  cnliiolique^  le 
révérèrent  comme  un  martyr.  Tout  le 
monde  a  entendu  iwrler  de  l'épi  sur  le 
qtu'l  était  tombée  une  (joullc  de  sang,  où 
le  vis.ige  du  PèreGarnel  était  peint  avec 
la  phis  grande  ressend)îafire.  Larrcy  dit 
(jue  c'est  une  supersiilion  ;  Dupleix  et  les 
auteurs  catholiques  en  ont  parlé  différem- 
ment. Le  roi  demanda  lui-nu'^me  à  voir 
l'épi  ;  mais  l'ambassadeur  d'Espagne  l'a- 
vait déjà  fait  passer  au  collège  anglais  i 
Liège.   Foytfz  JACt^UESVl,  roi  d'Ecosse. 

('.ARMEIl  (  RoBEnr),  né  à  la  Ferlé- 
Bernard,  ville  du  Maine  en  1534,  mort  au 
Mans  en  1590  ,  à  cinquante-six  ans  ,  fut 
lieutenant-général  de  celle  ville,  et  ob- 
lint  une  place  de  conseiller  au  grand- 
conseil  sous  Henri  IV.  La  lecture  de  Sé- 
nèque  le  tragique  lui  ayant  donné  du 
goût  pour  l'art  dramatique,  il  travailla , 
et  dès  la  seconde  pièce  ,  il  disputa  le  pas 
à  Jodelle ,  le  père  de  la  tragédie  française. 
Ses  amis  le  mirent  au-dessus  d'Eschyle  , 
de  Sophocle  et  d'Euripide  ;  mais  les  gens 
de  goût  sentaient  qu'il  étail  beaucoup  au- 
dessous  de  ces  grecs.  Les  tragédies  de 
Grt;vji>r  furent  recueillies  à  Lyon  en  1  vol. 
in-12,  en  1597,  et  à  Paris  en  1007.  Ou  a  en- 
core de  lu  i  V Hymne  de  la  monarchie.  In  4", 
15G8  ;  et  d'autres  poésies,  qui  ne  valent  pas 
mieux  que  son  Théâtre.  L'abbé  Le  Clerc  , 
dans  sa  liibliothèque  du  Richcict,  pré- 
tend qu'il  faut  placer  la  naissance  de  Gar- 
nicr  en  1545,  et  sa  mort  en  1601 ,  à  56 
ans. 

(..VRMER  (Seb\stie:v  ),  procureur  à 
Blois ,  sons  le  règne  de  Henr«i  IV,  s'occupa 
de  la- poésie  avec  peu  de  succès.  Il  esl  au- 
teur dune  Ilenriade,  dont  il  lit  impriiTi.  r 
les  huii  derniers  chants  à  Blois.  1  - '".  , 
in-4".  II  y  célèbre  les  exploits  de  en  piinrr 
contre  les  Espagnols.  (>n  réimprinja  ce 
poème  en  1770.  in-8"  .  pour  prouver  «pi» 
Voltaire  y  avait  pris  l'idce  desalh  n 
On  a  encore  de  Garnier,  la  / 
Blois,  1594,  in-4°.  Ce  sont  les  ti\  i 
miers  clianis  d'un  poème  sur  l'cxpcdilion 
de  saint  Louis  dans  la  Terre  Sainte.  —  Il 
ne  faut  pas  le  confondre  avec  Ci.At;»K 
GAHNIKH,  poète  contemporain  de  Mal- 
herbe, dont  on  a  des/MKiirj  imprimée» 
en  1609,  in-12,  qui  sont  cnilcreinenl  ou* 
bliées. 

OARMER  (  '      ^  ><• .  profe»s«ur 

d'humanités,  «i  .  de  philoso- 

phie  et   <lo   th-  ,11*  *  P"'"  "" 

1612.    et    .1.    uni'     .    !■■  1  •    :.      '  "     ' 
allaritaltuiuc  ou  savMmp.ijtiK-  iJ^, 


GAR  5 

pute.  C'était  un  homme  plein  de  piété  et 
de  savoir  :  les  ouvrages  qui  nous  restent 
de  lui  en  sont  des  témoignages.  Les  prin- 
cipaux sont  :  I  une  édition  de  3fa?-ius 
Mercator j  iGlU  ,  in-folio,  avec  quantité 
ée  pièces,  de  notes,  de  dissertations  sur 
le pélagianisme ^  d'une  grande  recherche. 
On  les  a  réimprimées  dans  V  Jppendix 
de  saint  Augustin  ^  An  vers ,  1703 ,  in-folio  ; 
j  une  édition  de  Libérât^  in-8°,  Paris , 
1675,  avec  de  savans  commentaires  ;  |  une 
édition  du  Journal  des  papes  (  Liber 
diurnus  ) ,  1680 ,  in-i.",  accompagnée  de 
notes  historiques  et  de  dissertations  très 
curieuses  ;  |  le  Supplément  aux  OEuvres 
de  Thèodoret,  1684 ,  in-fol.;  |  Systema  bi- 
bliothecœ  collegii  Parisiensis  societatis 
Jesu.  C'est  un  vol.  in-/i.",  parfaitement 
bien  disposé ,  et  très  utile  à  ceux  qui 
veulent  mettre  en  ordre  les  grandes  hi- 
bliothèques.  Voyez  l'éloge  que  le  Père 
Hardouin  à  fait  de  ce  jésuite,  à  la  têle  de 
son  Supplément  aux  OEuvres  de  Théo- 
doret.  Le  cardinal  Noris  critiqua,  avec 
peut-être  un  peu  d'aigreur ,  des  annota- 
tions géographiques  et  d'autres  remar- 
ques du  Père  Garnier ,  dans  sa  Disserta- 
tion sur  les  Synodes  tenus  à  l'occasion 
du  pélagianisme  ;  mais  lorsque  ce  cardinal 
eut  lu  le  Marius  Mercator  du  Père  Gar- 
nier, il  revint  des  préjugés  qu'il  avait 
adoptés  trop  légèrement  contre  ce  savant, 
et  dit  que  Garnier  approchait  du  mérite 
des  Pères  Pe*au  et  Sirmond  ;  il  ajouta 
que  les  Dissertations  sur  le  pélagianisme 
lui  avaient  tellement  plu ,  que  s'il  les 
avait  vues  avant  de  faire  imprimer  son 
Histoire  pélagienne  j.  il  ne  l'aurait  jamais 
donnée  au  public.  On  trouve  ces  anec- 
dotes détaillées  dans  la  Vie  du  cardinal 
Noris ,  par  les  frères  Ballerini. — Il  ne  faut 
pas  le  confondre  avec  PiERRE-IgN ace  GAR- 
NIER, aussi  jésuite,  né  à  Lyon,  en  1692, 
mort  à  Avignon  en  1763,  dont  on  a  les 
Pensées  du  marquis  de  **  sur  la  religion 
et  l'Eglise.  i7b9,  in-12. 

GARNIER  (  don  Julien  ) ,  de  Conne- 
rai ,  au  diocèse  du  Mans ,  bénédictin  de 
Saint-Maur  en  1670 ,  mort  à  Paris  en  1725 , 
âgé  d'environ  55  ans ,  joignait  à  une 
grande  variété  de  connaissances ,  ces  ma- 
nières douces  et  prévenantes,  ce  carac- 
tère aimable ,  qui  désarment  les  envieux 
et  nous  font  des  amis.  Ses  supérieurs  le 
chargèrent  de  l'édition  de  saint  Basile,, 
une  des  meilleures  qui  soient  sorties  de  la 
congrégation  de  Saint-Maur.  La  préface 
est  un  morceau  précieux  par  une  critique 
très  judicieuse ,  et  un  discernenicnl  sûr 


52  GAR 

pour  distinguer  les  ouvrages  véritables 
des  écrits  supposés.  Don  Garnier  ne  put 
en  faire  paraître  que  2  vol.  Don  Maran , 
chargé  de  continuer  ce  travail  après  la 
mort  de  son  confrère ,  mit  au  jour  le  5* 
en  1730.  Il  n'  est  point  indigne  des  pre- 
miers. Voyez  l'Histoire  littéraire  de  la 
Congrégation  de  Saint-Maur,  p.  Ii70. 

*  GARNIER    (     CUARLES-GEORGE-Tno- 

MAS  ) ,  avocat,  né  à  Auxerre  le  21  septem- 
bre 1746,  fit  ses  études  au  collège  Duplessis, 
et  entra  ensuite  dans  la  carrière  du  bar- 
reau ;  mais  un  penchant  irrésistible  l'en- 
traînait vers  les  belles-lettres  auxquelles  il 
consacra  tous  les  momens  de  loisir  que 
lui  laissait  l'exercice  de  sa  profession.  En 
1770  ,  il  publia  dans  le  Mercure,  sous  le 
nom  pseudonyme  de  M^^Raigner  de  Mal- 
fontaine, quelques  Proverbes  dramatiques 
qui  attirèrent  l'attention  de  M""*  de  Pra- 
lay,  chargée  de  diriger  l'éducation  de  la 
jeune  princesse  de  Condé.  Elle  les  fit  re- 
présenter à  l'abbaye  de  Panthémont,  par 
la  princesse  et  ses  compagnes,  et  après 
avoir  connu  quel  en  était  l'auteur,  elle 
lui  en  demanda  de  nouveaux.  On  a  de 
Garnier  :  ]  Proverbes  dratnatiques  .  re- 
marquables par  le  naturel  du  dialogue, 
la  vérité  des  caractères  et  l'heureuse  in- 
vention du  sujet  :  un  précepte  moral  est 
toujours  le  but  de  chacun  de  ces  petits 
drames.  |  Nouveaux  proverbes  drajna- 
tiques,  ou  Recueil  de  comédies  de  so- 
ciété, pour  servir  de  suite  aux  théâtres 
de  société  et  d'éducation,  par  M.  G., 
Paris ,  1784 ,  in-8'';  |  Le  Cabinet  des  fées  . 
ou  Collection  choisie  de  contes  de  fées  et 
autres  contes  merveilleux .  1785.  41  vol. 
in-8''  et  in-12  ;  |  Voyages  imaginaires, 
songes .  visions .  et  romans  merveilleux  , 
Paris,  1787,  59  vol.  in-8°  ;  |  OEuvres  de 
Regnard  avec  des  remarques  sur  chaque 
pièce,  par  M.  G....,  Paris,  1789  et  1810, 
6  vol.  in-8°.  A  l'époque  de  la  révolution 
il  fut  nommé  commissaire  (  procureur  du 
roi  )  près  un  des  tribunaux  civils  de  Paris; 
il  exerça  ensuite  les  mêmes  fonctions  à 
Auxerre  où  il  est  mort  dans  le  mois  de 
février  1795. 

*  GARNIER  (  Jean-Jacques  ) ,  histo- 
riographe de  France ,  et  membre  de  l'a- 
cadémie des  inscriptions  et  beUes-letIres, 
né  à  Goron,  bourg  du  Maine,  le  18  mars 
1729 ,  de  parens  pauvres ,  qui  lui  donnè- 
rent néanmoins  une  éducation  au-dessus 
de  leur  état.  Il  se  rendit  à  Paris  à  18  ans 
et  il  ne  lui  restait  que  24  sbus,  lorsqu'il 
se  trouva  devant  la  porte  du  collège  d'ilar- 
court,  à  l'heure  où  les  élèves  y  entraient: 


OAIV 


5î>3 


il  «c  niôla  parmi  imj\  pour  pt'nt'lrer  duiis 
la  cour  où  hii'utùl  il  resta  si-iil ,  chacun 
«lant  entre  dans  sa  classe.  I,e  sous-princi- 
pal qui  le  rencontra  lui  lit  quelques  ques- 
tions, prit  intérêt  n  son  sort,  et  lui  fil 
donner  dans  cet  établissement  une  place 
de  sous-maitre.  Garnier  apprit  riiébreu 
ft  dut  à  la  i)rotcclion  du  ministre  Sainl- 
Klorentin  ,  la  place  de  professeur  de  cette 
langue  au  collège  de  France,  dont  il  de- 

V  int  ensuite  inspecteur  ;  il  parvint,  à  force 
d\ffortselde  démarches,  à  relever  cet  éta- 
blissement et  à  lui  rendre  son  premier 
éclat.  Lorsqu'on  exigea  le  serment  à  la 
constitution  en  1790,  plus  attache  à  ses 
principes  qu'à  ses  intérêts,  il  quitta  le 
collège  ,  aussi  pauvre  qu'il  y  était  entré. 
Lalande  lui  fit  obtenir  une  pension  de 
1200  francs  ,  dans  un  moment  où  il  était 
réduit  à  la  plus  grande  détresse.  Il  mou- 
rut quelques  années  après  ,  le  21  février 
1805.  On  a  de  lui  :  |  i Homme  de  lettres ^ 
i764  ,  2  vol  in-12  ,  dans  lequel  il  s'est  peint 
iai-mème  ;  1  un  Traité  de  l'éducation  ci- 
'ile,  1763,  in-12;  |  V Origine  du  gouver- 
nement français  .  176λ ,  in-18  ;  ]  une  suite 
à  X Histoire  de  France  de  l'abbé  Velly.  Il 
a  écrit  la  moitié  du  rigne  de  Louis  XI  et 
s'est  arrêté  à  la  moitié  de  celui  de  Cliar- 
les  IX.  Il  avait  achevé,  dit-on,  ce  règne, 
mais  il  détruisit  par  délicatesse  le  manu- 
scrit ,  ne  voulant  pas  publier  des  faits  peu 
Iiunorables  pour  la  royauté  ,  dans  un  mo- 
ment où  l'onen  sapait  les  fondemens.  Son 
travail  est  moins  estimé  que  celui  de 
Velly  et  de  Villaret.  Il  n'est  pas  cependant 
aussi  superficiel  que  le  premier,  ni  dé- 
clamatcur  comme  le  second  ;  mais  il  a 
moins  de  goût ,  d'esprit  et  de  talens  que 
ces  deux  écrivains  ;  |  Figures  de  l'histoire 
de  //-anrff,  dessinées  par  Moreau  le  Jeune, 
1 1  gravées  par  Le  Bas  ,  avec  des  explica- 
tions, Paris,  1785,  gr.  in-i";  |  un  grand 
nombre  de  mémoires  dans  le  rectwil  de 
l'académie  des  inscriptions .  qui  se  re- 
rx>mmandent  presquo  toas  par  l'iinpor- 
lance  des  sujets  et  pir  la  manière  dont  ils 
Bont  traités.  AI.  Barbier  lui  attribue  le 
Commerce  remis  à  sa  place.  17i»G .  in-i2  ; 
'e  Bâtard  légitime  ou  le  Triomptie  du 
comique  larmoyant .  17;»7,  in  12. 

•  G.VRMEU  DKSCIIE.NKS  (Edme-iii- 
'  vinE  },  né  à  Montpellier  en  1727,  et  mort 
.  G  janvier  1812,  fut  notaire  à  Paris,  puis 
:  hninistratcur  de  l'enregistrement  et  des 
i.):nainr3.  Il  a  public  :  |  Jai  Coutume  de 
Paris  mise  en  vers,  PaiTis,  17C8,  petit  in-12, 

V  édition,  in-S",  1787;  |  Traité  élémentaire 
do  géographie  astronomique ,  naturelle 


n-H"  :  \  necherrhea sur 


et  poliUifur,  1708 

l'origine  du  calcul  duodécimal.  1800, 
8"  ;  I  Observations  sur  le  projet  dr  rode 
civil .  1801  ,  in  8"  ;  |  Traité  l'iémcnlnire 
du  notariat  Ami ,  in-8"  ;  |  Formules  d'ac- 
tes à  joindre  ati  Traité  élémentaire ,  {Mi. 
in-/t"  ;  I  des  Mémoires  dans  ceux  de  la 
société  d'agriculture  de  Paris .  dont  il 
était  membre  ;on  y  trouve  aussi  son  éloge 
•  r.ARMKIl  (le  comte  Ger»ai\  ) , 
pair  de  France,  ministre  d'état,  né  à  Au- 
xerre  le  8  novembre  175'»,  était  procureur 
au  Chàtclet,  lorsqu'il  obtint,  en  1789.  par 
la  protection  de  IM*"*  la  duchesse  de  Nar- 
boime,  la  phce  de  secrétaire  de  M'"*  Adc»- 
la'ide  tante  de  Ix)uis  XVI.  Il  fut  élu  dé- 
puté suppléant  de  Paris  aux  états  géné- 
raux, où  il  ne  siégea  pas,  et  devint  en- 
suite membre  du  Directoire  du  départe- 
ment. En  1790,  il  s'attacha  à  la  société  mo- 
narchique ,  et  refusa,  l'année  suivante,  le 
ministère  de  l'intérieur.  Forcé  de  s'ex- 
patrier en  1792,  il  se  retira  en  Suisse  où 
l'étude  fut  son  unique  occupation  ;  il  ren- 
tra en  France  ,  après  le  18  brumaire ,  fut 
nommé  préfet  de  Seinc-et-Oise  ,  ensuite 
sénateur  et  comte  de  l'empire.  Décoré  du 
cordon  de  la  Légion  d'honneur,  il  fut  en 
1809  président  du  Sénat.  Il  vota  la  dé- 
chéance de  Bonaparte,  cl  fut  créé  pair  de 
France  avec  le  titre  de  marquis  par  le 
roi,  le  4  juin  1814.  Fidèle  à  son  serment, 
il  quitta  Paris  le  20  mars  1815,  et  rejeta 
les  offres  qui  lui  furent  faitesde  reprendre 
les  fonclioiis  de  conseiller  du  sceau  des 
titres.  Il  ne  reparut  sur  la  scène  politique 
qu'après  le  8  juillet,  époque  où  le  roi  le 
nomma  président  du  collège  électoral  de 
Seine-et-Oise,  membre  du  conseil  privé 
et  ministre  d'état.  Il  i>arut  souvent  à  la 
tribune  et  fut  menjbre  de  plusieurs  a»jn- 
missions,  surtout  des  finances  dont  il  était 
habiluellemtnt  le  rapporteur.  Il  e.*t  mort 
le  A  octobre  1821.  Il  avait  enipb)yé  à  la 
culture  des  lettres  les  momcns  de  loi-«ir 
que  lui  laissaient  Us  divers  emplois  d(ml 
il  avait  été  chargé,  et  était  membre  dt-  l'a- 
cadémie des  hisrriptions.  On  a  de  lui  :  |  /)é 
la  propriété  considérée  dons  w*  rapfftrtn 
avec  le  droit  politique.  i'J 
élémentaire  des  print  \ 
politique A7'Jù, 'iti-1'2.  i  ^-  '- 

nature  et  les  causes  de  la  richesse  de*  na- 
fio/u,  traduites  de  l'anfjbisd'.Adfltn  S.nitl». 
avec  un  grand  non.  '- 

valions,  1802,^  ^ 

C  vol.  in-S",  avec  v! i 

la  meilleure  traduction  que  nou«  aytHM 
de  cet  ouvrage,    j  Descripti<m  geojra- 
90. 


GAR  554  GAR 

phiquej physique  et  politique  du  dêpar-    comité  des  recherches  de 

.  •   »-  o-' _»   r\:„^    jQr»o    :..  o»  .  I  •r^l.■■. 


tementde  Seine-et-OiseASO^,  iii-8°  ;  |  plu- 
sieurs   rapports  sur  le  budget ,   sur   les 
finances ,  etc.  ;  |   deux  Mémoires  sur  la 
valeur  des  monnaies  de  compte  chez  les 
peuples  de  Vantiquilé.V&vïs,  1817,2  vol. 
'u\-U°;   ces  mémoires  ont  été  réfutés  par 
M.  Letronne,  son  collègue,  à  l'académie 
des  inscriptions ,  où  l'auteur  les  avait  lus, 
dans  un  écrit   intitulé  :   Considérations 
Qénérales  sur  l'évaluation   des  monnaies 
grecques  et  romaines,  et  sur  la  valeur  de 
l'or  et  de  l'argent  avant  la  découverte  de 
l'Amérique,  Paris,  1817,  in-4°.  1  Observa- 
tions en  réponse  aux  considérations  gé- 
nérales (  de  M.  Letronne  ) ,  Paris  ,  1817, 
in-/i."  ;  |  Jppelà  tous  les  propriétaires  de 
l'Europe.  Paris,  18J8,  in-8°,  ]  Histoire  de 
la  monnaie,  depuis  le  temps  de  la  plus 
haute  antiquité,  jusqu'au  ?-ègne  de  Char- 
lemagne .  ibid.    1819,  in-8°.  Le  marquis 
Garnier  a  ,  en  outre ,  traduit  de  l'anglais 
Caleb  Jf^illiams,  de  Godw in,  Paris,  1794, 
2  vol.   in-8°  ;  [  Les  faisions  du  château 
des  Pyrénées  .  par  Anne  Radcliff ,  ibid., 
1809,  4  vol.  in-12  ;  |  Poésies  de  lady  Mon- 
taguë.  traduites  de  l'anglais,  1806.  Il  a  été 
l'cdileur   des  OEuvres  complètes  de  Ra- 
cine, et  a  joint  ses  notes  au  Commentaire 
de  La  Harpe  sur  cet  immortel  tragique, 
Paris,  1807,  7  vol.  in^"  ;  — 1816,  avec  gra- 
vures. M.  Garnier  communiqua  à  M.  Mil- 
ievoie  le  manuscrit  autographe  des  Let- 
tres inédites  de  madame  de  Sévigné.  dont 
ce  poète,  que  la  mort  ravit  à  la  fleur  de 
l'âge,  donna  ime  édition  en  1814,  1  vol. 
in-8". 

GAROFALO  ou  GAROFANO  (  Ben- 
VEXUTO-Tisio  ,  dit  le  ) ,  peintre  ,  naquit 
à  Fer  rare  en  1481 ,  et  mourut  en  1559.  Il 
fut  long-temps  entre  les  mains  de  mau- 
vais maîtres,  qui  empêchèrent  ses  talens 
de  se  développer  ;  mais  il  fit  un  voyage 
en  Italie ,  où  la  vue  des  ouvrages  des 
plus  célèbres  peintres  échauffant  son  gé- 
nie, le  mit  en  état  de  produire  de  belles 
choses.  Il  excellait  à  copier  les  tableaux 
de  Raphaël.  Dans  ceux  qu'il  ne  devait 
qu'à  lui-même,  il  peignait  ordinairement 
un  oeillet,  par  allusion  à  son  nom  qui,  en 
italien,  signifie  la  même  chose.  On  a  deux 
morceaux  de  lui  au  Palais-Royal,  à  Paris, 
et  une  belle  copie  du  tableau  dela2'/-a«s- 
figuration  de  Raphaël. 

*  GARRAA  DE  COIILOA  (  Jean  Phi- 
lippe ),  membre  de  l'insUlut ,  né  vers 
1744  à  Saint-Maixent  (  Deux-Sèvres  ) , 
embrassa  les  principes  de  la  révolution, 
Cl  devint   successivement    membre    du 


sa  commune, 
dépulé   à  l'assemblée  Législative  et  à  la 
Convention.  Il  présenta  plusieurs    rap- 
ports contre  la  cour,  appuya  la  proposi- 
tion  de  supprimer  les  titres  de  sire  et 
de  majesté .  et  se  déclara  en  faveur  de 
l'affranchissement   des    noirs.    Lorsqu'il 
fut  question  du  jugement  de  Louis  XVI  , 
il  s'éleva  contre  l'accumulation  de  pou- 
voirs  que    se    permettait    l'assemblée , 
refusa    de  prononcer  comme  juge   sur 
le  sort  de   ce  prince  ,  et  vota  comme  lé- 
gislateur la  réclusion  du  monarque.  Nom- 
mé grand -juge  à  la  haute   cour   d'Or- 
léans ,  il  fut  réélu  au  conseil  des  Cinq- 
cents  ,  où  il  défendit  Sanlhonax  ,  dont  il 
justifia  l'administration,  vota  en  faveur 
des  sociétés  populaires,  et  déclara  même 
qu'il   était  membre   de    celle  de  Paris. 
Après  sa  sortie  du   conseil ,  il  remplaça 
Genissieux  dans  les  fonctions  de  commis- 
saire du   Directoire  près  le  tribunal  de 
cassation,  et  fut  élevé  à  la  dignité  de  sé- 
nateur après  la  révolution  du  18  bru- 
maire. En  mai  1804,   il  obtint  la  sénato- 
rerie  de  Riom,  et  quoiqu'il  eût  pris  part  à 
tous  les  actes  du  sénat  contre  Bonaparte, 
il  ne  fat  pourtant  pas  du  nombre  des  pairs 
nommés  par  le  roi.  Il  est  mort  le  19  dé- 
cembre 1816 ,  à  72  ans.  Il  était  de  l'insti- 
tut ,  et  a  publié  outre  plusieurs  rapports 
aux  diverses    assemblées  dont  il  a    été 
membre  :   (  Recherches   politiques   sur 
l'état  ancien  et  modeimc  de  la  Pologne, 
appliquées  à  la  dernière  révolution.  1795, 
in-8''  ;  |  Rapport  sur  les  troubles  de  Saint- 
Domingue.  in-8",  etc.  Il  a  aussi  fourni  de 
nombreux  articles  au  Répertoire  de  ju- 
risprudence Ae.  Gwfoi. 

GARRICK  (  David)  ,  né  à  Hereford  en 
1716 ,  d'un  français  nommé  la  Garrigue, 
protestant,  s'est  fait  une  grande  célébrité 
par  les  rôles  divers  qu'il  a  joués  sur  les 
théâtres  de  Londres.  Dans  un  siècle  où 
les  hommes  et  les  femmes  consacrés  à  la 
frivolité  publique,  sont  estimés  et  pré- 
conisés comme  des  gens  qui  auraient 
sauvé  la  patrie,  la  gloire  de  l'histrion 
anglais  n'a  pas  de  quoi  surprendre.  Du 
reste ,  ce  n'esl  pas  seulement  à  la  gloire 
d'acteur  qu'il  a  osé  aspirer  :  on  l'a  encore 
flaltc  de  celle  d'écrivain  digne  de  servir 
de  modèle.  Des  gens  dont  le  fanatisme 
servile  exalte  tout  ce  qui  est  tuie  fois  par- 
venu à  faire  quelque  bruit ,  sont  embar- 
rassés à  trouver  quelque  chose  qu'ils  puis-* 
sent  comparer  à  la  délicatesse ,  et  à  l'élé- 
gance des  épilogues  de  Garrick.  Pour  ap- 
précier son  mérite,  sous  ce  dernier  point 


GAR  3ii5 

(ie  vue,  il  fauî  savoir  rc  que  c'csi  qu'ui. 
é|>Uugue  nnijluis.  A  la  fin  d'une  pu  ce, 
vous  t'tes  lout  surpris  de  voir  un  acteur 
ou  une  actrice  sorlir  de»  couliîises,  sou- 
vent un  papier  à  la  main,  et  débiter,  de 
•Tiénioire  ou  en  Usant ,  un  sermon  satiri- 
que, qui  n'a  souvent  aucun  rapi>ort  avec 
ce  que  l'on  vient  de  jouer.  Il  mourut  à 
Londres  en  177'.»,  et  fut  enterré  dans  l'é- 
cHse  de  Westminster,  comme  Newton,  et 
avec  la  même  pompe  que  lui.  Si,  comme 
on  l'assure,  il  a  laissé  quatre  millions  de 
biens,  ses  héritiers  ont  le  droit  de  le  trou- 
ver un  très  grand  lïoiTime  ;  mais  le  pu- 
blic, dont  cette  somme  atteste  la  duperie 
et  la  balourdise,  paraîtra  bien  petit.  Il 
est  vrai  que  les  anciens  mimes  levaient 
sur  les  individus  oisifs  etdissipés  des  tri- 
buts peut-être  plus  forts  encore  (  voyez 
ROSCIUS)  ;  mais  cela  prouve  précisément 
que  l'espèce  humaine  a  toujours  eu  du 
goût  pour  les  sottises ,  et  n'a  jamais  pru 
les  payer  trop  cher.  On  a  aussi  de  lui  un 
assez  grand  nombre  de  comédies  et  de 
petits  opéras. 

'GARROS  (Pierre- AscEXSiox), méca- 
nicien ,  mort  à  Paris  le  24  janvier  1823, 
s'est  fait  cormaitro  comme  fondateur 
d'une  manufacture  pour  les  apprentis 
pauvres  et  orphelins,  qu'il  avait  établie 
rue  du  faubourg  Saint-Denis  à  Paris  ,  et 
qui  malheureusement  n'a  pu  se  mainte- 
nir. Garros  inventa  une  machine  télégra- 
piiique  à  l'usage  de  la  marine  et  des  ar- 
mées qui  ne  fut  point  adoptée.  Il  a  publié 
sur  les  sciences,  la  politique  et  la  morale 
plusieurs  écrits  anonymes  dont  les  plus 
importans  sont  :  |  Ponts  en  fer  indestruc- 
tihles  et  inamovibles  jetés  en  2  minutes . 
1799 ,  in-8"  ;  |  Projet  de  cmistilution .  base 
fondamentale  de  la  constitution  fran- 
çaise.  Paris,  181/»,  in-8°  ;  |  de  la  Sauve- 
garde des  peuples  contre  les  abus  du  pou^ 
voir.  1815,  in-S",  trad.  espagnole  ;  |  Esprit 
de  la  morale  universelle  ou  Manuel  de 
tous  les  âges  ,  traduit  d'un  manuscrit  in- 
dien .  1821 ,  in-8".  —  Un  autre  GARROS 
(  Pierre  de  ),  poêle  gascon,  né  à  Ler- 
toure ,  est  auteur  d'un  Hccucil  de  poésies 
pfttoises.  imprimé  en  1563. 

C;  VRSAL'LT  (  Fra:«çois-Alex,\;«ore  ) , 
pet  il- fils  d'un  éruyer  de  la  grande  écurie 
du  roi  de  France,  s'occupa  beaucoup  de 
tout  ce  qui  concerne  les  chevaux  ,  ce  qui 
le  mit  en  élal  de  publier  Le  nouveau  Par- 
fait Maréchal .  ou  Connaissance  générale 
et  universelle  du  cheval ,  7*  éUtion  iti-4". 
1805.  Les  éditions  mullip'iées  de  cet  ou 
vrage  montrent  qu'il  a  été  bien  accueilli. 


GAR 

cl  qu'il  est  fort  utile.  Il  avait  auparavant 
donné  V.inatnniir  du  cheval .  traduite  »lr 
l'anglais  deSnap.  Paris,  I7."^7,in-/»«'.  On  a 
encore  de  lui  :  |  Traité  des  voitures,  1756, 
in-4".  Il  y  donne  entre  autres  la  devrip- 
tion  d'une  voilure  inversabic ,  donl  il  s'esl 
long  temps  servi.  |  Le  guide  du  cavalier. 
1769,  in-r2;  |  Ia;  Notionnaire  de  ce  qu'il 
y  a  de  plus  utile  dans  les  connaissances 
utiles  .  1761 ,  in-8°  ;  |  Faits  des  causes  ce- 
lè>>res  et  intéressantes,  Amsterdam ,  17;»7, 
in- 12;  |  Description  de  plusieurs  arts 
dans  les  Mémoires  de  l'académie.  Il  mou- 
rut en  1778,  à  8.'»  ans. 

(;  VRTII  (  sir  Samlei.  ) ,  poète  et  méde- 
cin anglais,  de  la  province  d  York,  mort 
le  18  janvier  1719,  âgé  d'environ  46  ans. 
cultiva  avec  un  succès  égal  ces  deux  art* 
différens.  Il  fut  admis  dans  le  colléfje  des 
médecins  de  Londres,  en  l('»93.  On  doit  a 
son  zèle  la  fondation  du  Dispensari.  C'est 
un  appartement  du  collège  médical  de 
Londres,  dans  lequel  on  donne  aux  pau- 
vres les  consultations  gratis,  et  les  méde- 
cines à  bas  prix.  Cet  établissement,  qui 
fait  tant  d'honneur  à  l'humanité,  excita 
contre  lui  la  plupart  des  médecins  et  des 
apothicaires.  Gartli  se  vengea  d'eux  par 
un  petit  poème  en  6  chants,  dans  le  goût 
du  Lutrin  de  Roilcau,  intitulé  (  thc  Itis- 
pensary,  dont  la  6*^  édition  a  été  donnée  j 
Londres  en  1706,  in-8".  C'est  une  bataille 
entre  les  médecins  el  les  apothicaires. 
Celte  satire  n'est  pas  toujours  fine;  mais 
elle  est  très  piquante.  Ofi  y  trouve  de  l'i- 
magination ,  de  la  variété  ,  de  la  naïveté . 
et  même  du  savoir. 

G.\RVE  (  Christian  ),  moraliste  alîe- 
mand,  né  à  Brcslati  le  7  janvier  1742,  y 
mourut  le  i*'  décembre  1798.  Il  réuniss,ni 
à  beaucoup  d'instruction  une  grande  nm 
naissance  du  cœur  humain.  Ses  prinrip«s 
de  morale  sonl  assez  purs  ;  il  se  montra 
cependant  en  quelques  endroits  admira- 
teur de  la  philosophie  de  Kanl.  Ses  prin- 
cipaux ouvrages  sonl  :  1   Disserta tio  de 

nonnullis  i;    "  '      "   '  ~  '  '  > 

babilium 
tatio  de  rat 

losophicam ,  1766  ;  j  Disurtaliou 
uion  de  la    morale  et  de  la   pi' 
Breslau.  1788.   in-8".  < 
que  les  ouvra.'yes   sui^ 
duite  en  français,  Berl 
ches  sur  divers  objet*  de  la  maraU  .  .<>  la 
littérature  et  de  la  vie   sociale  .  Brrtbu  , 
il  8";  I  Tableau  des  pnn- 
■narquiddes  de  la  phitutf*- 
'  ;  Mis  Artitott  jusqu'à  no$ 


GAR 

jours  .  Breslau ,  1798  ,  in-S"  ;  1  Qiielques 
considérations  sur  les  principes  les  plus 
yénéraux  de  la  philosophie  morale ,  1798, 
in-8";  |  un  Traité  de  la  patience,  qu'il 
dicta  de  son  lit  de  mort  à  un  de  ses  amis  ; 
I  Sur  l'existence  de  Dieu ^  Breslau ,  1802, 
in -8°,  ouvrage  posthume.  |  Un  grand 
nombre  de  traductions  ,  parmi  lesquelles 
on  remarque  celles  de  V Ethique,  delà 
llhélorique  et  de  \a.  Politique  d'Aristole, 
et  plusieurs  ouvrages  sur  l'histoire,  la 
politique  et  la  biographie,  parmi  lesquels 
on  distingue  Fragmens  d'un  tableau  de 
l'empire,  du  caractère  et  du  gouverne- 
tnent  de  Frédéric  II ,  1798,  2  vol.  111-8". 
GARZI  (  Louis  ) ,  peintre ,  de  Pistoie 
dans  la  Toscane ,  disciple  d'André  Sachi , 
et  émule  de  Carie  Marate  dans  cette  école, 
fut  chéri  de  son  maître ,  et  surpassa  son 
rival.  Il  avait  de  grandes  parties  ,  un  des- 
sin correct,  une  belle  composition,  un 
coloris  gracieux  ,  une  touche  facile.  Après 
avoir  fait  plusieurs  ouvrages  à  Rome ,  il 
fut  appelé  à  Naples  ;  mais  on  tenta  vaine- 
ment de  l'y  retenir.  Il  retourna  à  Rome, 
où  il  peignit,  à  l'âge  de  80  ans ,  par  ordre 
de  Clément  XI ,  la  voùle  de  l'église  des 
Stigmates.  Il  termina  cet  ouvrage  supé- 
rieui'  à  tout  ce  qu'il  avait  fait  dans  les 
plus  belles  années  de  sa  jeunesse.  C'est 
son  chef  -  d'oeuvre.  Il  mourut  peu  de 
temps  après ,  en  1721 ,  à  83  ans. 

•  GAUZIA.  Il  y  a  eu  en  Espagne  plu- 
sieurs peintres  célèbres  de  ce  nom,  de- 
puis le  17* siècle  jusqu'au  commencement 
du  18"  ;  ces  artistes  sont  :  —  GARZIA  Hi- 
dalgo ,  dont  on  cite  à  Valence  le  tableau 
de  la  Bataille  de  Lépante;  —  GARZIA  de 
Muanda,  appelé  le  Manchot,  peintre  de 
Philippe  V  ;  —  GARZIA  Reynos  ;  ~  GAR- 
ZIA Salmeron.  —  On  compte  parmi  les 
bons  sculpteurs  du  nom  de  Garzia,  Fer- 
nand,  François,  Jean,  et  deux  frères 
François  et  Jérôme,  chanoines  de  Saint- 
Sauveur  de  Grenade. 

GARZONI  (  TnoMAS  ) ,  né  à  Bagnaca- 
vallo ,  chanoine-régulier  de  Lalran,  mou- 
rut en  1589,  à  iO  ans.  Il  est  auteur  de 
différons  ouvrages  moraux,  imprimés  à 
Venise,  1617,  in-4°.  |  Théâtre  de  divers 
cerveaux  du  monde,  traduit  en  français 
par  Gabriel  Claipuis,  lo8(3,  in-lG;  |  L' Hô- 
pital des  fous  incurables ,  traduit  eu  fran- 
çais par  François  de  Clarier,  sieur  de 
Longueval,  1620,  in-8°  ;  |  //  rairabile  Cor- 
nucopiaconsolatorio,  1601 ,  111-8°.  C'est  un 
ouvrage  burlesque ,  pour  consoler  un 
homme  qui  croyait  sa  femme  infidèle. 

•  GAIIZOIVI  (  Pierre  ) ,  sénateur  et  his- 


356  CAS 

toriographe  de  Venise,  naquit  en  1660.  H 


fut  chargé  de  continuer  VHistoire  de 
cette  république ,  que  Michel  Foscarini 
avait  conduite  jusqu'en  1690 ,  et  il  la  pu- 
blia sous  le  titre  de  Isto?-ia  délia  repu- 
blic a  di  Venezia,  in  tempo  délia  sacra 
lega  centra  Maometto  IV  être  suoi  suc- 
cessori,  Venise,  1705,  2  vol.  in-i,°.  Elle 
obtint  un  brillant  succès  et  fut  réimpri- 
mée pour  la  quatrième  fois  en  1719.  li 
mourut  vers  1750. 

*  GASCOIG^E  (  sir  William  ) ,  magis- 
trat anglais,  célèbre  par  sa  vertu  incor- 
ruptible et  la  fermeté  de  son  caractère , 
naquit  à  Harwood  vers  1350.  Il  remplit 
avec  honneur  les  fonctions  d'avocat  du 
roi  et  de  juge  des  plaids  communs,  et  mit 
un  frein  aux  rapines  des  gens  de  justice. 
La  manière  honorable  dont  il  s'acquitta 
de  cet  emploi  le  fil  élever  à  la  dignité  de 
grand  -  justicier  d'Angleterre  (  premier 
juge  du  banc  du  roi  ) ,  et  dans  ce  poste 
éminent  il  se  conduisit  avec  une  énergie 
peu  commune.  L'archevêque  Scrope,  ac- 
cusé de  haute  trahison ,  fut  présenté  à  son 
tribunal  avec  injonction  expresse  de  la 
cour  de  prendre  connaissance  de  cette 
affaire;  mais  ne  pouvant,  sans  enfrein- 
dre les  libertés  ecclésiastiques  ,  juger  un 
archevêque,  il  préféra  encourir  la  dis- 
grâce du  monarque  que  de  prononcer 
dans  une  cause  dont  la  connaissance  lui 
était  interdite  par  la  loi.  Toujours  inexo- 
rable dans  ses  fonctions ,  il  osa  condam- 
ner, en  présence  du  jeune  prince  de 
Galles  (  depuis  Henri  V  ) ,  un  des  compa- 
gnons de  ses  débauches ,  traduit  devant 
son  tribunal  pour  un  crime  capital ,  quoi- 
que le  prince  le  prît  publiquement  sous 
sa  protection,  et  qu'il  fût  venu  lui-mèmr 
à  l'audience  dans  l'espoir  de  lui  imposer  ; 
il  fit  même  arrêter  sur-le-champ  ,  et  con- 
duire dans  la  prison  du  banc  du  roi,  ce 
prince  qui ,  furieux  de  ce  qu'il  regardait 
comme  un  manque  d'égard  pour  sa  per- 
sonne ,  s'oublia  jusqu'au  point  de  le  frap- 
per sur  son  siège.  Le  roi,  instruit  de  celte 
action ,  s'écria  :  a  Heureux  le  monarque 
»  qui  possède  un  magistrat  assez  coura- 
»  geux  pour  faire  exécuter  les  lois  contre 
»  un  tel  criminel  !  mais  plus  heureux  en- 
»  core  le  père  dont  le  fils  peut  se  sou- 
»  mettre  à  une  telle  punition.  »  Cet  évé- 
nement a  été  souvent  célébré  par  les 
poètes,  notamment  dans  une  pièce  inti- 
tulée Theplay  ofking  Henri  y.  Gascoigne 
fut  chargé  par  Henri  IV  de  plusieurs  né- 
gociations importantes,  et  contribua  beau- 
coup à  apaiser  les  troubles  occasionés  par 


GAS  3 

Il  rcvollc  de   Henri    Pcrcy ,    comte   de 
Norlhumberland.  Il  niuurut  en  1413. 

•  GASM  \:VN  (  Florian-Lkopoi.o  ) ,  cé- 
lèbre compositeur  allemand,  né  en  1729, 
à  Brux  en  lîoliômr  ,  njorl  en  1774  ,  par- 
courut une  partie  de  l'Italie ,  et  vint  se 
fixer  k  Vienne  ,  où  il  rédigea  le  catalojue 
de  la  bibliothèque  impériale  de  musique. 
Cette  ville  lui  doit  encore  rétablissomont 
d'une  caisse  de  secours  pour  les  veuves 
des  musiciens  ,  qu'il  établit  en  1772.  Il  a 
travaillé  pourlelliéàlre,pour  la  chambre, 
mais  plus  particulièrement  pour  l'église. 
On  cite,  dans  ce  dernier  genre  ,  son  Dies 
irce  et  son  orr4orio  de  Bethulia  libcrata. 
On  peut  voir  la  liste  de  ses  ouvrages  dans 
Cerber. 

GASPVn.  Voyez  MAGES. 

•  G  ASP  AUI  (  Curistia:«-Adam  )  ,  con- 
seiller de  collège  et  professeur  de  géogra- 
phie et  de  statistique  à  l'université  de 
Kœnigsberg,  naquit  le  18  novembre  1752 
à  Scheusinger,  ville  du  comté  de  Honne- 
berg  dans  le  royaume  de  Saxe.  Il  termina 
ses  études  à  l'université  de  Gollinguecl 
devint  ensuite  gouverneur  chez  le  comte 
de  Molke  à  Noerdans  le  duché  de  Schles- 
wig.  Il  s'occupa  beaucoup  d'économie  po- 
litique ;  et  publia  trois  volumes  de  maté- 
riaux pour  servir  à  la  connaissance  de 
l'histoire  et  de  l'économie  politi(iue  des 
royauiï.es  du  Nord.  Reçu  docteur  de  la 
faculté  de  philosophie  à  l'université  de 
Kiel  en  1790  ,  il  fut  bientôt  professeur  au 
gynmase  d'Oldenbourg  ;  puis  il  fut  chargé 
de  la  rédaction  de  la  liibliothèque  alle- 
mand'^ que  Nicolaï  avait  abandonnée  en 
1792.  Il  passa  trois  ans  à  Hambourg,  et 
dc-l.i  il  se  rendit  à  Erfurl.  àWeimar,  cl 
à  léna.  où  il  enseigna  la  géographie  et  la 
statistique.  Retiré  à  Wandsbcck  près  de 
llamltourg  ,  il  publia  successivement  un 
nrand  nombre  d'ouvrages.  Après  avoir 
fait  paraître  deux  volumes  sur  le  llecez 
de  la  députation  de  l'empire .  il  donna 
de  1800  à  1802  les  Epliémérides  de  géo- 
(fraphie  générale.  Ces  écrits  le  lirent 
appeler  en  1803  à  la  chaire  de  sluti.Ntique 
et  d'histoire  de  l'université  de  Dorpal 
nouvellement  crét-e  ,  avec  le  titre  de  con- 
seiller auliquc  imirérial,  puis  en  1810  à 
celle  de  géographie  et  de  stati^ttiquo  de 
Kœnigsbergoù  il  est  mort  le  27  mai  ISJO, 
après  avoir  reçu  de  l'empereur  Alexan- 
dre et  de  son  successeur  les  distinctions 
les  plus  honorables.  Gaspari  a  été  trois  fois 
protecteur  de  l'université  ,  et  neuf  fois 
iluvon  de  la  faculté  de  philosophie  :  on 
iruuve  la  liste  de  ses  productions  dans 


il  (\  V8 

VJH< .....  ,.■  .....i^f/f'de  McuSfl  .  êc\  m/t- 
ntuls  pour  renscignemcnront  eu  beau- 
coti|)  d'éditions. 

GASI»\RI\0,  surnommé  BARZIZZIO 
ou  Barrir/.a.  du  lieu  de  sa  naissance  Bar- 
7.i7.ia,  près  de  Bergame  ,  où  il  naquit  vert 
l'an  ir>70.  contribua  beaucoup  h  ramener 
en  Italie  le  goût  de  la  belle  latinité.  Il  lut 
Cicéron,  Virgile,  César,  tous  les  l)ons  écri- 
vains de  l'antiquité  ,  en  prit  l'esprit,  et  1«- 
commimiqua  à  ses  disciples.  L'utiivcrsil»- 
de  Padoue  l'nppela  pour  professer  les 
belles-lettres  ;  le  duc  de  Milan,  Philippe- 
Marie  Visconti,  jaloux  d'un  tel  homme . 
le  lui  enleva.  Ce  prince  le  combla  de 
bienfaits  ,  et  l'honora  de  l'intimité  la  plu; 
flatteuse.  Gasparini  mourut  eu  l/t3f,  re- 
gretté par  les  uns  coramie  ami,  par  les  au 
très  comme  un  maître,  partons  en  géneml 
comme  la  gloire  de  l'Italie.  Nous  avons  de 
lui  I  ilcs  commentaires  sur  divers  livres  de 
Cicéron  ;  |  des  épitres  imprimées  en  vSor- 
bonne ,  1469 ,  in-4"  ;  |  des  harangues  t-l 
d'autres  productions.  Ses  lettres  et  sis 
harangues  ont  été  réimprimées  en  172.'i , 
avec  une  préface  utile  et  curieuse.  S«>n 
traité  De  eloqunUià  est  imprimé  avec 
Sicphani  Flisci  stjnonyma .  Turin  et  Mi- 
lan, 1480,  in-fol. 

CV\SSE.\DI  (  Pikrre),  prévôt  delà 
cathédrale  de  Di^jne  ,  et  professeur  royal 
de  mathématiques  à  Paris,  naquit  en  i:>9J 
à  Chantersier  ,  bourg  près  Digne.  In  es- 
prit vif  et  pénétrant,  une  mémoire  heu- 
reuse, une  envie  de  tout  apprendre  .  an- 
noncèrent à  SCS  parens  qu'il  i>ourrait  etr».- 
un  jour  l'honneur  de  leur  famHle.  Quoi- 
qu'ils ne  fussent  pas  riches,  ils  eurent  soin 
de  son  éducation.  Dès  l'âge  de  4  ans,  cet 
enfant  précoce  composait,  dit-on ,  et  dé- 
clamait de  petits  sermons.  Sun  goût  {mmit 
l'astronomie  se  développa  peu  de  tein|>v 

après,  et  il  devint  si  foit ,  qu-' ; 

du  sommeil  pour  jouir  du  ^i 
ciel  étoile.  On  l'envoya  à   l)i 
achever  ses  études.  Il  y    professa  ïa  rhé- 
torique  pendant  une  année.  Il  avait  eu 
cette  chaire  au  concours,  qur;    :'  i 

que  16  ans.  En  1614  ,  il  fut    n 
logal  de  Digne   et  2  ans  âpre  .  .      i 

à  Aix,  pour  y  remplir  les  chaires  de  pfi»- 
fesscur  de  théologie  et  di»  f.lulov>|.hie 
dans  l'université  de  c«'t  'i 

ne  garda  ces  places  qtit  i 

de  la  solitude  le  raruen  i       '  ' 
treprit  un  ouvrai;*  contre  Li 
d'Aristotc.  qu'il  lit  imprimer 
où  il  fut  envoyé  pour  le»  aff.iir. -^   iie  mm» 
chapitre.  Ce  philosophe  eut  ensuite 


G  AS 


55$ 


GAS 


sien  (l'èUidier  l'anatomie  ,  pour  laquelle 
Descartes  avait  encore  plus  de  goût  que 
lui.  Il  composa  un  écrit  j)Our  prouver  que 
«  l'homnie  n'est  destiné  à  manger  que 
»  du  fruit ,  »  et  que  l'usage  de  la  viande  , 
éiant  contraire  à  sa  constitution  ,  était 
abusif  et  dangereux  II  fondait  ce  système 
particulièrement  sur  la  figure  des  dents 
de  l'homme,  qui,  disait-il,  annoncent  un 
nnimal  frugivore  ;  mais  cet  argument 
n'es';  pas  plus  solide  que  celui  que  Buffon 
lire,  en  faveur  du  système  contraire  ,  de 
la  configuration  de  l'estomac  ;  et  l'on  ne 
risque  rien  de  dire  que  cette  controverse 
n'est  point  encore  décidée,  et  qu'il  n'y  a 
point  d'apparence  qu'elle  le  soit  jamais 
par  des  observations  de  cette  espèce. 
Celle  de  Buffon  se  trouve  en  opposition 
avec  l'opinion  commune,  qui  regarde  les 
végétaux  comme  la  nourriture  de  l'homme 
avant  le  déluge  ,  et  avec  la  bonne  consti- 
tution de  tant  de  persorines  qui  ne  man- 
gent point  de  viande  ;  et  celle  de  Gassendi 
est  suffisamment  réfutée  par  le  droit  qu'a 
l'homme  de  tuer  les  animaux  pour  s'en 
nourrir,  droit  quiserait  une  cruauté  inu- 
tile et  révoltante,  si  leur  chair  était  con- 
traire à  sa  santé,  et  qui  est  néanmoins 
constaté  par  des  titres  sûrs  et  justes  {voyez 
le  Spect.  de  la  Nature,  tom.  3,  p.  i%  ).  Il 
est  arrivé  dans  cette  matière  comme  dans 
l.;s  autres  :  en  voulant  généraliser  les  dé- 
cisions, on  ne  peut  les  assortir  à  la  nature, 
lorsqu'elle  n'a  point  de  règle  constante  et 
uniforme.  Quoi  qu'il  en  soit ,  Gassendi  se 
conduisait  suivant  ses  principes  ;  et  pen- 
dant les  dernières  années  de  sa  vie  il  ne 
voulut  point  rompre  l'abstinence  du  ca- 
rême, quoiqu'il  fût  très  malade.  Un  procès 
l'ayant  appelé  à  Paris  ,  il  se  fit  des  amis 
puissans,  tels  que  MM.  du  Vair,  le  cardi- 
nal de  Richelieu  ,  le  cardinal  de  Lyon.  Ce 
fut  par  la  protection  de  celui-ci,  qu'il  eut, 
en  1645,  une  chaire  de  mathématiques  au 
roUége  royal.  Descartes  changeait  alors 
la  face  de  la  philosophie  ;  il  ouvrait  une 
nouvelle  carrière.  Gassendi  y  entra  avec 
lui;  il  attaqua  ses  méditations^  dont  quel- 
ques-unes sont  des  rêves ,  et  jouit  de  la 
gloire  de  voir  partager  les  philosophes  de 
6on  temps  en  cartésiens  et  en  gassendistes. 
Les  deux  émules  différaient  beaucoup. 
Descartes,  entraîné  par  son  imagination  , 
bâtissait  un  système  de  philosopliie , 
«•omme  on  construit  un  roman  ;  il  vou- 
lait tout  prendre  dans  lui-même.  Gas- 
sendi ,  homme  d'une  grande  littérature  , 
ennemi  déclaré  de  tout  ce  qui  avait  quel- 
que air  de  nouveauté,  était  extrêmement 


prévenu  en  faveur  des  anciens.  Chimères 
pour  chimères ,  il  aimait  mieux  celles  qui 
avaient  deux  mille  ans.  Il  prit  d'Eplcure 
et  de  Démocrite  ,  ce  que  ces  philosophes 
lui  paraissaient  avoir  de  plus  raisonna- 
ble ;  mais  la  source  était  si  mauvaise,  qu'il 
n'y  avait  pas  de  bon  choix  à  faire.  Il  ro- 
nouvelales  atomes  et  le  vide,  et  les  ajusta 
à  sa  mode  et  le  mieux  qu'il  put.  Gassendi, 
en  soutenant  l'épicuréisme,  se  fît  des  ad- 
versaires ;  et  malgré  la  pureté  de  ses 
mœurs,  malgré  la  plus  exacte  probité  ,  on 
attaqua  sa  religion  ;  mais  cette  imputa- 
tion resta  sans  d'autre  preuve,  que  l'ana- 
logie de  son  système  avec  celui  d'Epicure; 
analogie  dont  Gassendi  avait  tâché  de 
prévenir  les  conséquences ,  en  enseignant 
l'existence  d'un  Etre-Suprême.  Son  sys- 
tème n'en  était  pas  meilleur  en  bonne 
physique.  Il  mourut  le  2b  octobre  16oG  , 
dans  la  65*^  année  de  son  âge.  Des  incouj- 
modités  fréquentes,  jointes  à  son  applica- 
tion continuelle,  avaient  ruiné  sa  santé. 
Gassendi  avait  une  vivacité  douce  qui 
s'échappait  quelquefois  en  saillies.  Vv. 
imbécile  voidant  lui  faire  adopter  le  sys- 
tème de  la  métempsycose ,  et  lui  disant 
les  choses  les  plus  absurdes ,  il  répondit  : 
«  Je  savais  bien  que,  suivant  Pythagore  , 
n  les  âmes  des  hommes  après  leur  mort 
»  entraient  dans  le  corps  des  bêles  ;  mais 
»  je  ne  croyais  pas  que  l'âme  d'une  bête 
»  entrât  dans  le  corps  d'un  homme.  »  Ré- 
ponse applicable  à  nos  profonds  matéria- 
listes, qui  renchérissent  encore  sur  les 
pythagoriciens.  Gassendi  avait  cependant 
aussi  ses  travers  :  indépendamment  do 
ses  atomes,  il  s'était  beaucoup  occupé  de 
l'astrologie  judiciaire  ;  il  disait,  àla  vérité, 
que  c'était  un  jeu  ,  mais  le  jeu  du  monde 
le  mieux  inventé.  Il  avait  appris  l'astrono- 
mie en  vue  de  l'astrologie  ;  mais  il  y  fut 
trompetant  de  fois,  qu'il  l'abandonna 
pour  se  donner  entièrement  àla  première. 
Il  avait  mis  à  la  tête  de  ses  livres  :  Sapere 
aude  ;ce  n'était  pas  le  moyen  d'y  réussir, 
que  de  prendre  Epicure  pour  maitre. 
Montmor,  qui  lui  avait  donné  un  appar- 
tement pendant  sa  vie ,  fit  recueillir  ses 
ouvrages  après  sa  mort.  Ils  furent  im- 
primés à  Lyon  en  6  vol.  in-fol.  ,  1658, 
avec  la  vie  de  Gassendi ,  par  Sorbière.  Il.s 
renferment  :  |  la  Pliilosophie  d' Epicure  ; 
I  la  Philoso2>hie  de  l'auteur  ;  \  des  OEu~ 
vres  astronomiques  ;  \  les  lies  de  Peiresc» 
d'Epicure  (  roman  apologétique  ) ,  de 
Copernic,  de  Tycho-  Brahé ,  de  Peurba- 
chius.  etc.;  \  la  Réfutation  des  médita- 
tiens  de  Descartes:  recueil  do   visions 


CAS  350 

philosopliiqucsqui  rn  coniballcnt  d'autres; 

1  (livirs  aulrcs  traités;  |  des  ^;>f/rrj.  Co» 
ouvraffcs  inonlrciit  de  l'orudititm  ,  mais 
celle  érudition  nuit  snuvrnt  à  ses  raison- 
nemens,  scinl>K;  affaildir  son  ju(;ciiicnt  , 
et  porter  la  confusion  dans  ses  idées.  Des- 
cartes avait  rertaineincnt  sur  lui  la  supé- 
riorité du  style  cl  du  Rénio.  Le  Père  Bou- 
pcrel  de  l'Oratoire  a  donné  en  1757,  à  Pa- 
ris, la  fie  de  Pierre  Gassemli .  gros  vol. 
iu-12  .  qui  offre  beaucoup  de  recherches, 
mais  pcud'affrémcnl,  et  trop  de  minuties 
et  de  di(jressions  étrangères  à  son  sujet. 
François  Bernier  a  abrégé  la  Philosophie 
de  Gassendi^  en  8  vol.  in-12.  Il  a  paru  en 
4770  un  Jbrégé  de  la  vie  et  de  la  philoso- 
phie de  Gassendi,  par  M.  de  Cambural. 
C'est  une  aiwlogie  du  philosophe  et  de  ses 
opinions,  pleine  d'inexactitudes  ,  de  vues 
superficielles  et  fausses. 

•  G  \SSE.\DI  (  Jea\-J.\cques-Basii.ie!V 
comte  de  ),  lieutenant-général  d'artillerie 
et  pair  de  France  ,  né  en  Provence  le  18 
décembre  1748,  de  la  famille  du  précédent. 
En  1789,  il  était  capitaine  d'artillerie  T  il 
fut  créé  en  1791  chevalier  de  Saint-Louis, 
fit  les  campagnes  de  la  révolution ,  et 
pat  vint  au  grade  de  général  de  brigade 
qu'il  avait  obtenu  en  1800,  lorsque  Bona- 
parte, qui  avait  servi  sous  ses  ordres  dans 
le  régin)ent  de  Lafère,  lui  conlia  le  soin 
d'organiser  et  de  commander  le  parc 
d'artillerie  du  camp  de  l'armée  de  réserve 
formé  dans  les  environs  de  Dijon.  Gas- 
sendi devint  successivement  en  1803  chef 
de  la  6*  division  au  ministère  de  la  guerre, 
peu  de  temps  après  conseiller  d'état , 
grand-officier  de  la  légion  d'honneur  en 
1811 ,  candidat  au  sénat-  conservateur  , 
comte  de  l'empire  ,  général  de  division, 
sénateur  en  1813  et  grand-croix  de  l'ordre 
impérial  de  la  Réunion.  Il  reçut  de  Louis 
XVIII  le  titre  de  pair  qu'il  conse  rva  du- 
rant les  Cent-jours.  Exclu  sous  la  seconde 
restauration  de  la  chambre  haute  .  il  y 
rentra  en  1819  après  avoir  démontré  qu'il 
était  étranger  à  l'insertion  de  son  nom 
dans  l'ordonnance  de  Bonaparte.  Gas- 
Bendi  est  mort  en  1828  à  Nuits  (Cote-d'Or) 
où  il  avait  depuis  long-temps  fixé  son  do- 
micile. Il  avait  donné  en  1789  un  ouvrage 
élémentaire  sur  l'arlillerie  qui  a  eu  beau- 
coup de  succès  ,  et  qui  a  été  réimprimé 
cinq  fois;  la  dernière  édition  est  de  1819  , 

2  vol.  in-8"*.  Il  a  pour  titre  :  Âide-tné- 
nioire  à  l'usage  des  officiers  d'artillerie 
de  Frœxce.  attachés  au  service  de  terre. 
On  a  de  lui  aussi  un  recueil  de  i>oésies, 
publié  par  lui-mcmc  et  intitulé  :  vies  loi- 


GAS 

sirs  par  3f.  de  G. .  ancien  officier  au  rè^ 
fjimcnt  dr  Lafère .D\'\on  ,  1820,  1  vol.  in- 
18.  L'alinanach  des  Afmes  renferme 
aussi  yilusieurs  pièces  de  poésies  de  lui. 

'GASSIKS.  peintre  d  histoire  et  de 
genre,  mort  à  Bordeaux,  sa  patrie,  au 
mois  d'octobre  48:)2  ,  à  la  fleur  de  son  âge, 
fut  élève  de  David.  La  simplicité  d'exe* 
cution  ou  plutôt  la  vérité  ,  résultat  d'une 
étude  approfondie  des  effets  de  la  lumière, 
était  le  caractère  distinclifde  son  talent.  U 
renipoî-ta  le  prix  de  l'école  flamande  à  l'a- 
cadémie de  Bruxelles.  Parmi  ses  tableaux 
historiques  remarqués,  aux  diverses 
expositions  du  Louvre,  il  faut  citer  celui 
qui  a  pour  sujet  la  dernière  communion 
de  saint  Louis ,  qui  décore  le  maltre-au- 
tel  de  la  cathédrale  de  Versailhs.  Plu- 
sieurs de  ses  autres  ouvrages  ornent  aussi 
diverses  églises  de  Paris,  le  palais  des 
Tuileries  ,  la  cathédrale  de  Strasbourg  et 
de  Marseille.  Marin  dans  son  premier  âge, 
Gassies  avait  beaucoup  observé  les  côtes 
de  l'Océan,  et,  devenu  peintre,  il  ai- 
mait à  reproduire  sur  la  toile  les  divers 
lieux  qu'il  avait  observés  dans  ses  jeunes 
années.  Mais  c'est  surtout  dans  les  ta- 
bleaux d'intérieurs  d'églises  gothiques  ou 
mauresques  qu'il  excellait.  Peu  de  jours 
avant  sa  fin  prématurée ,  il  venait  d'é- 
baucher plusieurs  ouvrages  qui  promet- 
taient devoir  ajouter  encore  à  sa  réputa- 
tion. Il  avait  été  décoré  par  Charles  X  de 
la  croix  de  la  légion  d'honneur. 

G.\SSIO\  (  Je.iti  de  ) ,  maréchal  de 
France  ,  né  à  Pau  en  1609 ,  était  fils  d'un 
président  au  parlement  de  cette  ville.  Il 
servit  d'abord  en  Piémont ,  et  passa  en- 
suite au  service  de  Gustave- Adolphe,  roi 
de  Suède  ,  et  s'y  distingua  par  diverses 
actions  de  bravoure,  que  ce  prince  eùl 
récompensées  ,  s'il  n'eût  été  lue  à  la  ba- 
taille de  Lulzen  en  1632.  Gassi(»n ,  ayant 
perdu  son  bienfaiteur  retourna  en  France, 
suivi  de  son  régiment,  avec  lequel  il  joi- 
gnit l'armée  du  maréchal  da  La  Force  en 
Ixjrraine.  Il  défit  1,400  liommes  en  trois  pe- 
tits combats,  prit  Charmes  ,  Neuchâtel.  et 
d'autres  places.  Les  années  suivantes  le 
virent  paraître  au  combat  de  RavtMi ,  au 
siège  de  Dôle,  à  la  prise  d'Hcsdin,  au 
combat  de  Saint-Nicola».  à  la  pri  v  d'Aire  ; 
mais  un  des  endroits  où  il  s<- 
plus,  ce  fut  à  Hocroi.  Blesné  <! 

ment  à  la  prise  de  Thionville  , ,    ..i 

récompense  de  ses  exploit»  le  bàlon  de 
maréchal  de  France  an  1643.  Il  fut  déclaré 
l'année  d'après  lieulenanl-gcnéral  de  l'ar- 
mée de  Flandre  ,  et  continua  de  donner 


GAS  5 

ries  preuves  de  sa  valeur  au  siège  de  di- 
verses places,  surtout  à  celui  dcGravell- 
iies,  qu'il  prit  conjointement  avec  le  ma- 
réchal de  La  Meilleraye.  Il  arriva  à  ce 
siège  ime  anecdote  singulière,  qui  prouve 
que  des  subalternes  peuvent  quelquefois 
oublier  l'obéissance  et  la  subordination, 
l)Our  prévenir  les  malheurs  qui  naissent 
des  passions  des  chefs  ,  et  que  les  règles 
les  plus  sacrées  ont  leurs  exceptions. 
Voici  comme  Puységur  raconte  la  chose 
dans  ses  Mémoires.  «  Lors  de  la  prise  de 
»  Gravelines  en  d6H  ,  le  régiment  des 
»>  gardes,  conduit  par  La  Meilleraye,  entre 
»  le  premier  dans  la  place  :  le  premier 
»  régiment  de  l'armée  étant  le  seul  qui,  sui- 
B  vaut  l'usage  du  temps,  ait  droit  d'entrer 
»  dans  une  ville  conquise,  quand  il  est  assez 
»  fort  pour  la  garder.  Gassion  voulant  y 
»  faire  entrer  le  régiment  de  Navarre ,  la 
»  Meilleraye  s'y  oppose  ;  et  la  querelle 
»  s'échauffant,  ils  mettent  tous  deux  l'épée 
»  à  la  main,  l'un  criant  :  A  moi  Navarre :, 
»  et  l'autre  :  A  moi  les  gardes.  Les  deux 
a  maréchaux  et  les  deux  régimens  sont 
»  sur  le  point  d'en  venir  aux  mains  ,  lors- 
»  que  le  marquis  de  Lambert  arrive.  Il 
»  fait  ce  qu'il  peut  pour  les  apaiser;  mais 
»  voyant  qu'il  n'y  réussit  pas,  il  dit,  d'un 
»  ton  de  maître  ,  au  régiment  des  gardes 
»  et  à  celui  de  Navarre  :  Messieurs  ^  vous 
»  êtes  les  troupes  du  roi.  Il  ne  faut  pas 
»  qu^  lam.ésintelligence  de  deux  généraux 
»  vous  fasse  couper  la  gorge.  C'est  pour- 
»  quoi  je  vous  commande  j.  de  la  part  du 
»  roi  et  de  M.  le  duc  d'Orléans^  de  retirer 
t>  vos  armes  ^  et  de  ne  plus  obéir  ni  à  M. 
»  de  la  Meilleraye  ni  à  M.  de  Gassion. 
»  Les  troupes  lui  obéissent  ;  et  les  deux 
»  maréchaux  ,  voyant  qu'ils  ne  sont  plus 
«  les  maîtres  ,  se  retirent.  Cette  action , 
»  également  sage  et  hardie  ,  augmenta 
»  considérablement  la  réputation  de  Lam- 
»  bert.  »  Gassion  recul  un  coup  de  mous- 
quet au  siège  de  Lens  ,  en  1647,  et  mou- 
rut b  jours  après  à  Arras,  regardé  comme 
un  bon  politique  et  un  grand  capitaine  , 
infatigable,  ardent,  intrépide.  Il  avait 
établi  parmi  les  gens  du  métier  les  plus 
entendus  ,  la  maxime  que  la  spéculation 
était  merveilleuse  dans  le  cabinet  ;  mais 
qu'il  fallait  nécessairement  de  l'audace 
et  de  l'action  à  la  guerre.  L'abbè  de  Pure 
a  donné  l'Histoire  du  maréchal  de  Gas- 
sion, en  k  vol.  in-12,  écrit  d'un  style 
languissant  et  diffus. 

GASSAEIl  (  Jeak-Joseph  ) ,  prêtre  du 
diocèse  de  Coire  en  Suisse ,  curé  dun 
village  autrichien  nommé  Cloeslerlc.  en- 


60  GAS 

suite  conseiller  ecclésiastique  et  chape- 
lain du  prince  évoque  de  Ratisbonnc,  né 
le  20  août  1727,  à  Kratx ,  près  de  Pludentz, 
sur  les  fron  tières  du  Tyrol  et  de  la  Souabe, 
s'est  rendu  célèbre  en  Allemagne  par  le 
don  qu'on  lui  a  attribué  de  guérir  les 
malades  par  l'invocation  et  l'efficace  du 
nom  adorable  du  Sauveur.  Le  fameux  M. 
Lavater  ,  ministre  de  Zurich ,  et  un  grand 
nombre  de  protestans  et  de  catholiques 
ont  attesté  ce  fait  comme  témoins  oculai- 
res ;  d'autres  l'ont  nié  ;  quelques-uns  ont 
essayé  de  l'expliquer  par  des  raisons  pu- 
rement physiques.  On  peut  voir  tout  ce 
qu'on  a  dit  pour  ou  contre  ces  guérisoas, 
dans  le  Journal  hist.  et  litt.,  15  juin  1776, 
p.  248;  15  décembre  1777,  p.  595,  1*' 
octobre  1784,  p.  234.  L'abbé  Gassner  était 
au  reste  un  homme  de  bien  ,  un  ecclésias- 
tique plein  de  charité  et  de  zèle,  respec- 
table par  ses  mœurs ,  sa  piété  et  son  dés- 
intéressement. Il  est  mort  le  4  avril  1779. 
M.  Haen ,  à  la  fin  de  son  traité  De  mira- 
culis,  Francfort,  1776,  parle  de  Gassner 
d'urte  manière  qui  semble  tenir  de  la  pré- 
vention ,  et  qui  prouve  qu'il  a  adopté  avec 
une  entière  confiance  la  diatribe  publiée 
par  le  moine  Herlzinger ,  contre  ce  ver- 
tueux prêtre.  Mais  on  voit  en  même 
temps  l'embarras  où  il  se  trouve  d'expli- 
quer une  multitude  innombrable  de  faits 
dont  il  ne  conteste  pas  la  certitude  ;  il  com- 
bat tous  les  moyens  de  les  expliquer  na- 
turellement ,  et  parait  enfin  décidé  à  les 
regarder  pour  de  la  magie  :  ce  qui  n'est 
guère  plus  philosophique  que  de  les  don- 
ner pour  des  miracles.  Et  le  bon  Gassner 
avait  d'ailleurs  l'air  si  peu  magicien  !  Ceux 
qui  l'ont  comparé  à  Mesmer ,  et  lui  ont 
supposé  les  secrets  du  prétendu  magné- 
tisme ,  n'ont  pas  raisonné  plus  juste.  Le 
savant  abbé  HoU ,  dans  la  Statistica  ec~ 
des.  germ.,  et  le  célèbre  Martin  Ger- 
bert ,  abbé  de  Saint-Biaise  ,  dans  son  His- 
toriaNigrœ  Sylvce,  ont  parlé  de  Gassner 
d'une  manière  à  embarrasser  ses  adver- 
saires. 

*  GAST  (  Jean  ) ,  historien  irlandais , 
né  à  Dublin  en  1716,  était  fils  d'un  of- 
ficier français ,  qui  avait  quitté  Bor- 
deaux pour  cause  de  religion  et  qui 
s'était  réfugié  en  Irlande ,  et  d'une  pa- 
rente de  Montesquieu.  Il  embrassa  l'état 
ecclésiastique ,  et  fut  d'abord  chapelain 
d'une  congrégation  française  à  Portaling- 
ton,  et  en  1744  archidiacre  de  Glande- 
lah ,  et  curé  de  Saint-Nicolas  à  Dublin.  Il 
se  voua  en  même  temps  à  l'instruction  et 
ouvrit  chez  lui  une  école  qu'il  dirigea  avec 


GAS 


361 


CAS 


hcBucoup  de  Kèlo  et  de  savoir.  On  a  du 
lui  :  I  Rudhnrtis  de  l'histoire  grecque . 
en  forme  de  dialof^nos,  Dublin,  17;»i!;, 
in-8»;  |  Histoire  de  la  Grèce  ,  depuis  l'a' 
%'énement  d' Alexandre  de  Macédoine , 
ûtsqu'à  sa  soumission  définitive  à  la  puis- 
sance romaine  .  178'i  ,  in  4°.  Ces  deux  ou- 
vrage» curent  avec  justice  un  groiid  suc- 
cès. Le  second  a  été  traduit  en  français 
(  par  madame  Vilicroi).  On  le  trouve  dans 
l'Histoire  de  la  Grèce  ,  traduite  de  plu- 
sieurs auteurs  anglais  par  Leulietle.  Paris, 
4807  ,  2  vol.  in-8"  ;  |  Lettres  d'un  ministre 
de  l'église  d'Irlande  à  ses  paroissiens 
catholiques  romains.  Gast  mourut  en 
1788. 

GASTALDI  (  Jt-ROWE  ) .  d'une  maison 
célèbre ,  vit  le  jour  à  Gènes ,  au  conimen- 
cemeut  du  il"  siècle.  L'état  ecclésiasti- 
que qu'il  avait  embrassé  de  bonne  heure, 
l'entraîna  à  Rome.  L'Italie,  exposée  aux 
contagions  fréquentes,  éprouva  en  1056 
imc  peste  cruelle;  Rome  en  fut  bientôt  in- 
fectée. On  jeta  les  yeux  sur  Gaslaldi  pour 
l'emploi  périlleux  de  commissaire-géné- 
ral des  hôpitaux.  Nommé  ensuite  commis- 
saire-général de  santé,  il  mérita  par  sa 
vigilance,  son  activité  et  ses  soins,  l'ar- 
chevêché de  Bénévent ,  le  cliapeau  de 
cardinal  et  la  légat  ion  de  Bologne.  Il  mou- 
rut en  1685.  Plusieurs  monuinens  élevés  à 
ces  frais,  à  Rome  et  à  Bénévent,  attes- 
tent son  désintéressement  et  sa  bienfai- 
sance. Nous  avons  de  lui  un  ouvrage  trop 
peu  connu.  Il  fut  imprimé  à  Bologne, 
in-fol. ,  sous  ce  litre  Tractatus  de  aver- 
tendà  et  profligandà  peste  polilico-lcgatis . 
Les  expériences  multipliées,  les  précau- 
tions nécessaires,  les  remèdes  éprouvés 
qu'on  doit  employer  pour  prévenir  ou 
pour  se  délivrer  de  ce  fléau  redoutable  , 
tout  est  détaillé  dans  ce  traité  avec  au- 
tant de  clarté  que  de  méthode. 

G,\STALDY  (  Jea:«-Baptiste  ) ,  con- 
seiller-médecin ordinaire  du  roi  de 
France,  docteur  de  la  faculté  de  méde- 
cine d'Avignon,  naquit  à  Sisteron  en  1674  . 
et  mourut  en  1747  à  Avignon,  où  il  «'é- 
tait  fixé  de  bonne  heure.  La  faculté  à  la- 
quelle il  se  fit  agréger,  lui  dut  beaucoup  : 
il  en  occupa  pendant  plus  de  40  ans  la 
première  chaire.  Il  avait  dans  ses  leçons 
le  rare  talent  de  mêler  l'utile  à  l'agréable. 
Il  n'excella  pas  moins  dans  la  pratique 
que  dans  la  théorie.  La  peste  qui  rava- 
gea Avignon  en  1720 ,  fit  connaître  à  celte 
ville  combien  un  tel  homme  lui  était  utile. 
n  joignit  à  une  probité  exacte  et  à  une 
conduite  régulière*  beaucoup  de  facilité 


h  s'énoncer  et  à  se  cuiiitnuniqucr.  Sel 
principaux  écrits  M>nt .  |  fnntitutioneimê- 
dicinœ  phystco-annlnmico' .  in-12.  Quoi- 
que do  son  temps  la  nouvcll'-  -'-  - 
n'eût  pas  fait  de  granils  pro(;i 
écoles  des  provinces,  l'aiiU-nr  . 
cet  ouvrage,  et  y  explique  celle  UcDi  car- 
tes. I  riiisieurs  Questions  de  médecine. 
Les  journalistes  de  Trévoux  les  ont  analy- 
sées dans  le  temps  cl  ont  loué  l'auteur  sur 
1*;  choix  des  malièreset  sur  sa  précision 

(iAST.VUD  (  Frakçois  )  .  d'abord  père 
de  l'Oratoire,  ensuite  prédicateur  à  Pari», 
enfin  avocat  à  Aix  en  Provence  ,  sa  patrie, 
mourut  en  1732  à  Viviers  ,  où  il  était  exi- 
lé, et  fut  privé  delà  sépulture  ecclésias- 
tique ,  traitement  qu'il  dut  à  son  attache- 
ment aux  convulsionnaircs  et  à  ses  écrit» 
contre  le  respectable  évoque  de  Marseille. 
Henri-Xavier  de  Bcisunce.  C'était  un  do 
ces  hommes  qui  sacrifient  leur  repos  a 
des  tracasseries  volontaires,  et  qui,  pour 
se  tirer  de  la  foule,  s'associent  à  des  fac- 
tions bruyantes.  Il  fut  un  des  plus  ardens 
admirateurs  du  Père  Quesnel.  On  a  de 
Gasiaud  :  |  un  Recueil  d'homélies  sur  l'e- 
pitre  aux  Romains,  2  vol.  in-12  ;  |  La 
Politique  des  jésuites  démasquée  ^  et  d'au- 
tres ouvrages  oubliés. 

•  GASTELIER  DE  LA  TOUR  (  Db«i$- 
Fraxçois  ),  généalogiste,  né  en  1709  à 
Montpellier,  vécut  dans  un  élal  voisin  do 
l'indigence ,  refusant  des  places  qui  au- 
raient pu  le  mettre  dans  une  position 
plus  agréable ,  mais  qui  auraient  nui  <i 
son  indépendance.  Il  s'occupa  de  bonne 
heure  de  l'art  héraldique  et  fit  la  généa- 
logie d'un  grand  nombre  de  maisons. 
M.  A.  Barbier  a  donné  dans  son  Examen 
critique  la  liste  des  ouvrages  de  Gastelier 
de  la  Tour  :  cet  auteur  mourut  \  Paris  en 
1781  des  suites  de  la  commotion  trop  vio- 
lente que  lui  causa  la  nouvelle  d'une  in>- 
mensc  succession  à  laquelle  il  était  loin 
de  s'allcndre.  Sfi%  principaux  ouvrages 
sont  :|  Dictionnaire  étymologique  des  ter- 
mes  d'architecture,  Paris,  175;>,  in-12: 
I  ytrmorial  des  principales  maisons  et 
familles  du  royaume,  en  société  avec  Du- 
buisson,  Paris,  1757,2  vol.  in-12;  )  Gé- 
néalogie de  la  maison  de  Chdteaunruf- 
Ratulon .  1760,  in-4";  |  Cènéalogie  de  la 
maison  de  Foix  .  1762,  in  4"  ;  |  nescnp- 
tion  delà  ville  de  Montpellier.  I7(V4.  ln-4*: 
(  Armoriai  des  états  du  Languedoc . 
1767,  in-4'';  |  Généalogie  de  la  maùom 
de  f'aragne  de  Gardone.  1769,  in-4«  ; 
)  Généalogie  de  la  maison  de  Prettac- 
nescUgnac .  1770 ,  i»-**  ;  |  Ihctiofmatn 


GAS 

héraldique  contenant  tout  ce  qui  a  rap- 
■port  à  la  science  du  blason ,  Paris ,  477/t, 
111-8".  Il  a  laissé  en  manuscrit  une  Des- 
cription  géographique  et  historique  du 
Languedoc  ^  qui  de^■ait  former  plusieurs 
volumes  in-folio. 

*  GASTELIER  (  RÉNÉ-GEoncES  ) ,  mé- 
decin, né  le  1"  octobre  1741  à  Ferrières, 
en  Gatinois ,  s'occupa  simultanément  de 
droit  et  de  médecine  ,  et  devint  avocat  au 
parlement  et  docteur  de  la  faculté  de  Pa- 
ris. Il  devint  médecin  consultant  du  duc 
d'Orléans,  et  travailla  à  une  statistique  du 
Gatinois  que  lui  demanda  Turgot ,  auquel 
il  présenta  en  1776  un  excellent  rapport 
sur   l'agriculture  ^  le   commerce  et   les 
moyens  que  l'on  pourrait  ejnploijer  pour 
assainir  cette  province.  En  1780,  il  fut 
nommé  maire  de  Montargis  et  réélu ,  sui- 
vant les  formes  populaires,  en  1791.  En 
1787,  il  faisait  partie  de  l'assemblée  pro- 
vinciale de  l'Orléanais  et  en  1791 ,  il  fut 
élu  député  du  Loiret  à  l'Assemblée  légis- 
lative où  il  siégea  au  côté  droit.  La  même  . 
année  ,  il  fit  hommage  à  cette  assemblée 
de  cinq  médailles  d'or  et  de  quatre-vingts 
jetons  académiques  enargent.  Le  11  juillet, 
lise  prononça  vivement  contre  les  péti- 
tions dont    les  habitans  de    Paris  acca- 
blaient l'Assemblée ,  et  dit  que  82  dépar- 
lemens  n'avaient   pas   envoyé  leurs  dé- 
putés que  pour  écouter  sans  cesse  le  83""=. 
Pendant  toute  cette  session,  il  se  fit  remar- 
quer par  sa  loyauté  et  par  ses  bonnes  in- 
tentions. A  l'époque  de  la  terreur  il  se  re- 
lira à  Sens  ,  où  les  autorités  locales  le  ga- 
rantirent d'abord  du  sort  qui  menaçait  par- 
tout  les  constituans.  Mais  bientôt  arrêté 
comme  suspect,  il  subit  une  détention  de 
près  d'un  an  ,  et  aurait  porté  sa  tête  sur 
l'échafaud ,  si ,  le  9  thermidor ,  la  France 
n'eût  été  délivrée  du  monstre  qui  pesait 
sur  elle.  Gaslel  ne  jouit  pas  de  son  repos; 
il  fut  poursuivi  par  de  calomnieuses  im- 
putations qu'il  crut  devoir  repousser  dans 
les  dernières  années  de  sa  vie  par  unMé- 
moire  justificatif  intitulé  :  A  mes  conci- 
toyens.   Après    avoir  séjourné    quelque 
temps  à  Montargis,  il  vint  se  fixer  à  Pa- 
ris <îù  il  pratiqua  son  art,  et  où  il  est  mort 
le  20  novembre  4821  à  l'âge  de  80  ans. 
Louis  XVIII  l'avait  décoré  du  grand  cor- 
don de  Saint-Michel  dans  la  promotion  de 
1817.  Ses  principaux  ouvrages  sont:  \Prin- 
eipes  de  médecine  de  Ilome^  traduits  du 
latin  ,  auxquels  on  a  joint  un  extrait  d'un 
autre  ouvrage  du  même  auteur  intitulé  : 
Expériences  et  Observations  de  7néde- 
cine ^  txad ailes  de  l'anglais,  Montargis, 


362  GAâ 

1772 ,  2  vol.  în-8''  ;  ]  Jvis  à  mes  conci- 
toyens ^  ou  Essai  sur  la  fièvre  miliaire 
essentielle ^^loniarQis,  1775,  in-12  ,  réim- 
primé avec  des  additions  sous  ces  titres  : 
Traité  de  la  fièvre  miliaire  des  femmes  en 
couches,  Montargis ,  1779 ,  in-8°,  et  Traité 
de  la  fièvre  miliaire  épidémique  ^  178i  , 
in-12  ;  |  Traité  des  spécifiques  en  médecine 
Paris,  1783 ,  in-8°  ;  |  Histoire  d'une  épidé- 
mie du  genre  des  catarrheuses  putrides 
des  plus  graves  et  des  plus  contagieuses. 
mémoire  couronné  par  la  société  royale  de 
médecine  en  1783 ,  Orléans ,  1787  ,  in-8''  ; 
I  Dissertation  sur  le  supplice  de  la  guil- 
lotine ;  I  des  Maladies  aiguës  des  femmes 
en  couche^  Paris,  1812,  in-8°;  |  Contro- 
verses médicales^  1817,  in-S";  |  Exposé 
fidèle  des  petites  véroles .  survenues  après 
la  vaccination ,  suivi  d'observations  su/' 
la  petite  vérole  naturelle  ^  sur  la  petite 
vérole  artificielle^  et  sur  la  vacci7ie , 
Paris,  1819,  in-8°,  et  plusieurs  Mémoires 
couronnés  par  la  société  royale  de  mé- 
decine, insérés  dans  ses  mémoires  en 
1779-1783. 

GASTINAU  (Nicolas),  parisien,  na- 
quit en  1621.  Il  était  curé  d'Anet ,  aumô- 
nier du  roi ,  et  ami  des  théologiens  de 
Port-Royal.  Il  mourut  en  4696 ,  à  76  ans, 
laissant  5  vol.  de  lettres  contre  le  minis- 
tre Claude ,  aussi  savantes  que  solides  : 
une  conversation  avec  un  protestant  en 
fut  l'occasion.  L'auteur  avait  brillé  dans 
les  conférences  théologiques  et  anticon- 
stitutionnelles,  qui  se  tenaient  chez  lo 
docteur  Launoi. 

GASTON  III,  surnommé  Phébus^  comte 
de  Foix,  et  vicomte  de  Béarn ,  s'est  il- 
lustré par  sa  valeur,  par  sa  générosité ,  par 
les  bâtimens  qu'il  éleva ,  et  par  sa  ma- 
gnificence. Gaston  ayant  refusé  de  faire 
hommage  de  ses  terres  au  roi  Jean ,  ce 
monarque  le  retint  prisonnier  à  Paris,  et 
lui  donna  depuis  la  conduite  d'une  armée 
en  Guyenne.  Il  mourut  subitement  à  Or- 
tez ,  en  1591 ,  au  retour  de  la  chasse ,  com- 
me on  lui  versait  de  l'eau  sur  les  mainsi 
pour  souper.  Il  avait  composé  un  livre  in- 
titulé Phœbus  ^  des  déduys  de  la  chasse , 
in-i",  sans  date,  réimprimé  en  4529  à 
Paris.  Il  eut  d'Agnès  de  Navarre,  Gaston, 
prince  de  Foix ,  dont  la  fin  fut  funeste. 
Le  comte  son  père  entretenait  une  maî- 
tresse ,  et  Agnès ,  sa  mère ,  fut  obligée  de 
se  retirer  dans  la  Navarre.  Charles  II,  qui 
en  était  roi,  oncle  du  jeune  Gaston,  lui 
donna  une  poudre  pour  mettre  sur  les 
viandes  qu'on  servirait  à  son  père  en  lui 
faisant  accroire  qu'elle  le  guérirîul  de  soo 


GAS 

fvi  .iwuMii .  i.cUc  poudre  fl.iii  un  |M.iMiii. 
I^  cliose  fui  vériliée  ,  el  le  jcuno  prince 
mourut  vn  lôWi,  dans  une  prison  où  son 
pi-rc  l'avait  fait  enfermer. 

r.ASTOX  DE  FOIX  ,  duc  de  Nemours, 
iib  de  Jean  de  Foix  ,  comte  d'Etampes , 
et  de  Marie  d'Orléans .  sœur  de  Louis  XII. 
se  signala  à  î2r>  ans  dans  la  guerre  de 
8on  oncle  en  Italie.  Il  repoussa  d'abord 
une  armée  do  Suisses  ,  passa  rapiilemenl 
quatre  rivières,  prit  Bolo{;nc  ,  {japna  la 
I)ataille  de  Ravcnne  le  11  avril,  jour  de 
Pâques  1512  ,  et  y  fut  lue  en  voulant  en- 
velopper un  reste  d  Espafjnols  qui  se  re- 
tiraient. Il  n'avait  que  -Ik  ans. 

GASTON  Di:  FUAXCE  (  Jean-Bap- 
tiste ),  duc  d'Orléans  ,  fils  de  Henri  IV  et 
frère  de  Louis  XIII,  né  à  Fontainebleau 
en  1608,  n'est  guère  connu  dans  l'histoire 
que  par  ses  cabales  contre  le  cardinal  de 
Richelieu.  Poussé  par  sesfav«»ris,  il  tenta 
plusieurs  fois  de  le  perdre.  Ce  fut  lui  qui 
porta  le  duc  de  Montmorenci,  gouver- 
neur du  I^nguedoc  ,  à  se  soulever.  Il  tra- 
versa la  France  pour  aller  le  joindre, 
plutôt  comme  un  fugitif  suivi  de  quelques 
mutins,  que  comme  un  prince  qui  se  pré- 
pare à  combattre  un  roi.  Cette  révolte 
cul  des  suites  fort  tristes.  Montmorenci 
fut  pris ,  et  Gaston  l'abandonna  au  res- 
sentiment de  Richelieu.  Sa  vie  fut  un 
reflux  perpétuel  de  querellcset  de  rarcom- 
modcmens  avec  le  roi  et  le  cardinal. 
royez  PLESSIS  RICHELIEU  (  Armand). 
Il  fui  encore  mêlé  dans  la  conspiration  de 
Bouillon  et  de  Cinq-Mars.  Il  se  lira  d'af- 
faire,en  accusant  ses  complices  et  en  s'hu- 
ntilianl.  Après  la  mort  de  son  frère ,  il  fut 
nommé  licutcnant-pénéral  du  royaume. 
Il  rétablit  sa  re|)utalion  par  la  prise  de 
Gravelines  .  de  Courtrai  et  de  Mardick  ; 
mais  il  la  ternit  bientôt  encore  ,  en  caba- 
lanl  contre  Mazarin.  Il  fut  relégué  à  Blois 
où  il  mounit  en  IGliO ,  regardé  comme  un 
prince  pusillanime  el  lâche.  Il  laissa  des 
mémoires^  depuis  1608  jus<pi'cn  IG5o, 
revus  par  Martignac.  Ils  ont  été  réimpri- 
més en  1756  .  à  Paris,  in-12 .  à  la  suite  des 
Mémoires  partictiliers pour  ser\>ir  a  t 'His- 
toire de  France .  sous  Henri  III  ^  Henri 
IV  et  Louis  XIII. 

GASTON  ou  GAST.  gentilhomme  du 
Dauplùné ,  bâtit  ,  sur  la  lin  du  11*  .siècle, 
un  hôpital  jwur  y  recevoir  les  malades 
qui  venaient  visiter  le  corps  de  saint  An- 
toine ,  que  Josselin  avait  api>orté  dans  le 
Viennois.  Ce  fut  le  couunencemenl  de 
l'ordre  de  Saint-Antoine  approuve  par 
i'rbain  II  au  conrdc  deQcrinunt  en  1(>9:>. 


r.AT 

t.ci   1.1  (ire  n  .  •     ,,  KTll  à  relui  d* 

Malte  par  h  i 

•G.VSTON  srrn-Hv*<i^TB» 

de  ),  poêle  franv-iis,  ne  «  Rodci  en  1767, 
d'une  famille  dislingtiér ,  fil  sf^  ^tudp^  n 
Paris  au  collège  Du,  " 
au  service.  Il  était   1 
leric,  lorsque  la  ré  V..  1     ........ 

en  1790,  et  servit  dans  lurmee  deCondè.  il 
passa  ensuite  à  Hambourg,  puis  en  Russie, 
où  il  fut  d'almrd  obligé  ,  pour  subsister, 
<ledonner  desleçons  de  français.  Le  comte 
de  Roman/.off  ayant  eu  occasion  de  le  con- 
naître, lui  confia  la  direction  du  Journal 
littéraire  de  Sainl-Pétersliourg .  et  lui  lit 
accorder,  par  l'impératrice  Catherine  II, 
ime  place  à  la  bibliol!ièque  impériale. 
Paul  I"^  l'honora  de  son  estime  particulière 
el  le  créa  chevalier  de  Malte.  II  rentra  en 
France  en  1800 ,  se  fit  connaître  par  la 
publication  de  quelques  fragmcns  d'une 
Traduction  île  l'Enéide  qu'il  avait  com- 
mencée en  Russie ,  et  quelque  temps 
après  il  en  publia  les  quatre  premiers  li- 
vres. Fourcroy,  son  parent,  chargé  alors 
de  la  direction  de  l'iu'^truclion  publique  , 
le  nomma  proviseur  du  lycée  da  Limoges. 
Gaston  continua  de  publier  les  autres  li- 
vres de  sa  traduction  qui  ne  fut  terminée 
qu'en  1807.  Sa  santé  altérée  ne  lui  permît 
pas  de  remplir  long-temps  le;  fonctions 
(jui  lui  avaient  été  ronfiées.Il  mourut  d'une 
maladie  de  poitrine  le  14  décembre  1808- 
On  lui  doil  une  Traduction  de  l'Enéide 
en  vers  français,  1805-1807,  3  vol.  in-8*, 
et  1808,  k  vol.  in-12,  avec  le  texte  en  regard 
et  des  notes  pleines  d'érudition  et  de  goût, 
et  où  l'on  trouve  d'excellens  principes  de 
morale.Cetle  traduction  a  obtenu  un  grand 
succès  et  elle  le  méritait  :  l'auteur  sait 
écrire  en  vers  ;  son  style  a  de  la  clarté ,  de 
la  pureté,  de  l'harmonie  :  il  ne  se  néglige 
point,  il  lulle  sari*  •  "  ■ n  ori- 

ginal,  cl  quelquef'  licu- 

reiix;  mais  il  n'a  p  l>ril- 

Innte,  cette  vcrsifiraliou  si  dislùiguce  par 
!a  variété  des  coupes  ,  le  jeu  des  phrases. 
l'artilice  de  l'harmonie,  qui  a  placé  D«>- 
lillc  au-dessus  de  lt)us  les  poites  de  m)o 
temps;  aussi  la  traduction  de  ce  dernier 
est  préférée  ,  quoique  moins  fidèle  el  né- 
gligée en  beaucoup  d'endroits.  Gaston 
composa  en   outr<-  ...i.^.   ,i,,|,| 

l'une  fut  représeni'  "f6« 

l'autre  reçue  au  Tl  >  t  un 

poème  sur  tes  quatre  ti^es  de  la  femrtt 
dont  on  connaît  divers  fragmcns. 

GATAKEll  (  Tbowa»  ).  théologien  «o- 
glaii ,  ne  à  Londres  m  1574 ,  fut  pulrut 


GAT 


564 


GAT 


fè  Lincolns-Inn  ,  et  ensuite  à  Rotherhilh, 
où  il  mourut  en  1654.  Les  ouvrages  qui 
lui  ont  fait  un  nom  parmi  les  savans , 
sont  :  I  Jdversaria  miscellanea ;  \  une 
édition  du  livre  de  l'empereur  MarciAn- 
tonini^  de  Rébus  suis ,  Londres,  i707,  in- 
4"  ;  I  une  Dissertation  sur  le  style  du  nou- 
veau Testament j  conire  Pfochen  {voyez 
ce  mot  )  ;  |  Cinnus  :  c'est  le  titre  d'un  re- 
cueil d'observations  diverses ,  principa- 
lement sur  les  livres  sacrés  ;  fruit  d'une 
critique  quelquefois  juste  et  savante,  quel- 
quefois légère  et  fausse.  Gataker  était  un 
homme  d'érudition;  mais  la  singularité 
de  ses  sentimens ,  et  la  bizarre  affectation 
de  son  style,  ont  dégoûté  bien  des  gens 
de  la  lecture  de  ses  ouvrages.  On  a  publié 
un  recueil  des  principaux  écrits  de  Gataker 
sous  ce  titre  Thomœ  Gutakeri  opéra  cri- 
tica,  Utrecht ,  1698  ,  in- folio. 

*  GATES  (  Horace  )  ,  général  améri- 
cain, né  en  Angleterre  en  1728,  fit  ses 
premières  armes  sous  le  prince  Ferdi- 
nand, depuis  duc  de  Brunswick  ,  et  fut 
ensuite  en\oyé  en  Amérique ,  où  il  servit 
en  qualité  de  capitaine  d'infanterie,  et  s'y 
distingua  dans  diverses  occasions.  Il  re- 
vint en  Angleterre  en  1763;  mais  le  goût 
qu'il  avait  pris  pour  le  séjour  du  nouveau 
monde ,  le  détermina  à  vendre  sa  com- 
mission et  à  y  retourner.  Il  acheta  un  do- 
maine dans  la  colonie  de  Virginie,  et  il  y 
A  écut  paisiblement  jusqu'au  moment  de  la 
guerre  de  l'indépendance  ,  époque  où  il 
prit  les  armes  pour  sa  patrie  adoplive. 
Ses  talens  militaires,  son  expérience  ,  et 
surtout  sa  réputation  de  prudence ,  le  por- 
tèrent bientôt  aux  grades  supérieurs.  En 
4776  ,  il  fut  investi  du  commandement  en 
chef  de  l'armée  américaine  du  Nord ,  et 
peu  après  il  battit  en  plusieurs  rencon- 
tres l'armée  anglaise  commandée  par  le 
général  Burgoyne,  qu'il  força  de  capituler 
le  13  oclobre  1777  à  Saraloga.  Envoyé  en- 
suite dans  la  Caroline  septentrionale ,  il 
fut  battu  par  Cornwallis ,  qui,  à  la  tête 
de  1,500  hommes  de  troupes  réglées ,  mit 
en  déroute  six  mille  hommes  de  milices 
américaines,  que  leurs  officiers  s'effor- 
cèrent inutilement  de  rallier.  Ce  revers 
fut  d'autant  plus  sensible  au  général  Gates 
qu'au  moment  où  il  s'occupait  aie  réparer, 
le  congrès  américain  lui  retira  le  com- 
mandement avec  une  rigueur  de  procé- 
dés qui  fut  généralement  blâmée.  Il  se 
retira  dans  une  de  ses  fermes  dans  le 
comté  de  Berkley  et  y  mourut  le  10  mars 
1806,  emportant  avec  lui  l'estime  publi- 
que pour  ses  talens  militaires,  et  surtout 


pour  son  humanité  et  sa  modération  dani 
la  victoire. 

GATIEÎV  (  saint  ) ,  fut  un  des  /.élés  mis- 
sionnaires qu'envoya  le  pape  Fabien,  l'an 
250  ,  pour  porter  l'Evangile  dans  les  Gau- 
les. Il  devint  premier  évêque  de  Tours  , 
y  fit  plusieurs  chrétiens,  et  y  mourut  vers 
la  fin  du  5"^  siècle. 

GATIMOZEN.    J^oyez    GUATIMOZIN. 

•  GATTEAUX  (Nicolas-Mabie  ),  gra- 
veur en  médailles ,  né  à  Paris  en  1751 , 
fut  d'abord  artisan  comme  son  père.  Bien- 
tôt Use  livra  aux  arts  du  dessin  ,  de  l'ar- 
chitecture et  de  la  sculpture.  Présenté, 
en  1775,  au  directeur  de  la  monnaie  des 
médailles ,  il  exécuta  cette  même  année  le 
portrait  de  Louis  XV  pour  la  collection 
des  rois  de  France  ,  et  ce  fut  son  premier 
ouvrage  en  ce  genre.  Depuis  cette  époque 
jusqu'en  1852 ,  cet  habile  artiste  n'a 
pas  cessé  de  donner  des  preuves  con- 
stantes et  nombreuses  de  son  beau  talent 
comme  graveur  en  médailles.  Gatteaux 
était  aussi  fort  habile  mécanicien.  Il  a 
successivement  inventé  des  moyens  et  des 
macliines  propres  à  éviter  la  contrefaçon 
des  marques  des  étoffes ,  à  timbrer  le  pa- 
pier pour  la  régie  de  l'enregistremei.'f  ;  à 
poinçonner  les  plombs  qui  enveloppaient 
les  assignats  envoyés  en  province,  de  ma- 
nière à  ne  laisser  aucune  latitude  à  la 
fraude.  La  gravure  en  médaille  n'étant 
que  la  sculpture  en  petit,  l'art  du  sculpteur 
ne  pouvait  être  oublié  dans  les  combinai- 
sons du  graveur-mécanicien.  Gatteaux  a 
inventé  en  effet  un  appareil  fort  ingénieux 
pour  mettre  les  statues  au  point,  et  ce 
mécanisme  a  obtenu  le  suffrage  de  la  com- 
mission de  l'académie  des  beaux-arts  ,  et 
a  fait  décerner  en  1819  à  son  auteur  une 
médaille  d'or  ,  à  l'exposition  des  produits 
de  l'industrie  nationale.  Gatteaux  est  mort 
à  Paris  du  choléra-morbus ,  le  24  juin 
1852,  à  l'âge  de  81  ans.  M.  Miel  lui  a 
consacré  une  notice  nécrologique  très 
étendue. 

•  GATTEL  (  Claude-Mauie  ) ,  littéra- 
teur et  grammairien,  né  à  Lyon  le  2! 
avril  1743 ,  professa  la  philosophie  dans 
cette  ville,  ensuite  au  collège  royal  de  Gre- 
noble. Mais  ce  collège  ayant  été  donné  en 
1786  à  la  congrégation  de  Saint-Joseph , 
il  s'adonna  entièrement  à  l'étude  des  lan- 
gues. Lors  de  l'organisation  des  écoles 
centrales,  il  obtint  la  chaire  de  grammaire 
générale  à  Grenoble  ,  et  fut  ensuite  nom- 
mé proviseur  du  lycée  de  cette  ville.  Il 
s'était  démis  de  cette  place  depuis  peu  de 
temps  ,  lorsqu'il  mourut  le  19  juin  1812. 


GAI 

Dn  lui  doit  :  |  Nouveau  dictionnaire  es- 
pagnol-français et  français  -  espagnol , 
avec  l'interprétation  latine  lU  chaque  mot. 
Lyon,  1790,  2  vol.  in-8",  roiinpriiiu*  en 
1803,  en  2  vol.  ia-4";  |  IS'ouveatt  diction- 
naire portatif  de  la  langue  française  . 
1797,  2  vol.  in-8",  *qui  obtint  un  prand 
succès  ,  et  qui  a  èlc  réimprimé  en  1805. 
loin  lie  l'auleur  et  à  son  insu,  avec  des 
additions  qu'il  n'approuvait  pas  toutes  ; 
aussi  ne  donna-l-il  le  litre  de  seconde 
rtlilion  qu'à  celle  qu'il  venait  de  nicltre 
cous  presse  quand  il  mourut,  et  qui  parut 
sous  le  titre  de  Dictionnaire  universel 
portatif  de  la  langue  française  .  avec  la 
prononciation  figurée.  1813  ,  2  vol.  in-8°. 
Il  a  été  réimprimé  en  1820.  |  îVouveau 
dictionnaire  de  poclie  français-espagnol 
et  espagnol-français.  1798,2  vol.oblonjs; 
I  Dictionnaire  espagnol-anglais  et  anglais- 
espagnol.  1803,  2  vol.  oblon^js;  |  Gram- 
mitire  italienne  de  Veneroni .  entièrement 
refondue .  1800  .  in-8".  On  lui  a  attribué  : 
Mémoires  du  marquis  de  Pombcd .  tra- 
duits de  l'italien  ,  1785  ,  4  vol.  in-12.  Cet 
ouvrage  ne  porte  point  son  nom,  et  l'on  a 
quelque  raison  de  douter  qu'il  soit  de  lui. 
*  GATTERKR  (  jE.w-CnniSTOPiiE),  sa- 
vant professeur  d'histoire  .  de  géographie 
et  de  généalogie  à  Nuremberg  ,  et  à  Goet- 
tingue,  né  le  13  juillet  1727  à  Lichtenau  , 
mort  le  5  avril  1789  ,  contriliua  puis*iam- 
ment  aux  pro^^res  que  l'élude  des  sciences 
liisloriqucs  a  faits  en  Allemagne  pendant 
Jf  18'  siècle.  Depuis  1770.  il  portait  le  titre 
lie  conseiller  aulique  de  la  Grande-Breta- 
gne.On  lui  doit  plusieurs  abrégés  d'histoire 
universelle,  écrits  en  allemand,  dont 
aucun  n'a  été  achevé;  ils  ne  se  répèlent 
nullement ,  et  l'on  y  trouve  des  recher- 
ches savantes  et  des  observations  lumi- 
neuses Les  plus  estimés  sont  :  Introduc- 
tion à  l'histoire  universelle  sgnchronisti- 
que.  1771,  2  vol.  in^"  ;  |  Histoire  du  monde 
dans  toute  son  étendue .  1785-87 ,  2  vol. 
in-S";  I  Essai  d'une  histoire  universelle 
du  monde  jusqu'à  la  découverte  de  l'A- 
mérique.  On  a  encore  de  Gattcrcr  :  ]  flis- 
toria  genealogica  dominorum  Holzschu- 
herorum .  Nuremberg.  1755,  in-folio.  Il 
n'en  a  paru  que  le  premier  volume.  |  Ta- 
bles généalogiques  pour  V histoire  univer- 
selle .  1790  ,  \n-l"  .  t.  1  ;  I  Précis  de  la  gé- 
néalogie .  1790  ,  in-/»";  |  Abrégé  du  blason 
in-h"  ;  I  niason  pratique;  |  Flcmentaarlis 
diplonittiica:  universalis.  in-4"  ;  |  JVécis 
de  la  diplomatique  .  in-t",  1799;  |  Diplo- 
matique pratiqw.  1776  ,  in-8"  ;  |  un  Précis 
de  la  géographie.   1789  et  1793,2  vol. 


;6S 


GAU 


I  Bibliotliique  historique  universeth^  «#• 
pècc  de  journal  dont  11  a  paru  16  vol. 
in-S". 

GA-TTINARA  (  Mr.nruni'f  ALBORIO 
de  ),  ainsi  nommé  du  lieu  de  sa  nai^Mnce 
dans  le  Piémont ,  devint  chanrrlicr  de 
l'empereur  Charles-Quint ,  qui  "'  '  i 
en  diverses  négociations  im;  i! 

mourut  à  Inspruck  en  1530,  a  '  '      - 

ment  VU  l'avait  fait  cardinal  l'année  pré- 
cédente .   pour  récompenser  son  mérite 

GAIIBIL  (  A\Toi>E  ),  jésuite,  né  à 
Gaillaccn  1689,  mort  en  17:i9.  fut  envoyé 
en  qualité  de  missionnaire  à  la  Chine  ,  où 
il  passa  36  ans,  et  où  il  se  fil  aimer  par 
ses  mœurs  et  respecter  par  ses  connais^ 
sances  astronomiques.  Il  était  correspon- 
dant de  l'académie  des  scicncps  de  Paris , 
meujbre  de  celle  de  Saint-Pétersbourg, 
et  interprète  à  la  cour  de  Pékin.  Il  était 
très  versé  dans  la  littérature  chinoise;  il 
envoya  beaucoup  de  mémoires  au  Père 
Soucict  cl  à  Fréret,  qui  en  ont  f»il  usage 
dans  leurs  ouvrages.  Nous  avons  de  lut 
une  bonne  Histoire  de  Genghiskan  ^  1739, 
in-/t°;  et  la  traduction  du  Chou/cing .Vàris, 
1771 ,  in-i".  Le  Père  Gaubil  était  un  de  ces 
hommes  qui  savent  de  tout  et  qui  sont 
propres  à  tout.  Les  docteurs  chinois  eux- 
mêmes  admirèrent  souvent  comment  un 
étranger  avait  pu  se  mettre  si  bien  au  fait 
de  leurs  sciences.  Il  devint  leur  maître.  Il 
leur  développait  les  endroits  les  plus  dif- 
ficiles de  leur  King  ;  mais  ces  commen- 
taires tenaient  souvent  de  l'imagination  : 
il  n'est  guère  possible  d'en  faire  d'autres 
sur  les  livres  des  Chinois.  (  foyes  l'Eloge 
du  père  Gaubil  dans  le  31*  vol.  des  Let- 
tres curieuses  et  édifiantes.  Paris  ,  1774  . 
et  le  2G'  de  l'édit.  de  1781.  ) 

GAlBIl  S  (Jérôme-David),  né  à  Hei- 
delherg,  le  24  février  1705.  étudia  la 
médecine  sous  son  oncle  à  .Vmslcrdam . 
ptiis  sous  le  célèbre  Boerliaave  ,  aucpiel , 
quoique  étranger,  iisuccédadans  sa  chaire 
à  Lcyde.  Il  atteignit  pres<iue  la  réputation 
de  son  maître  ,  et  fut  nonuné  médecin  du 
stathouder.  Il  mourut  le  29  novembre 
1780.  On  lui  doit  :  I  ATethodus  concinnandè 
formulas  remediorum  .  Leyde  .  1767 .  Ir». 
duite   en    français,   Paris,    1799,   in-lî  ; 

1  Institutiones  pathologicœ .  Lcydc  .  171*.», 

2  vol.  in-S". 

•  GAl'CIIAT  (  G.%BaiF.t  )     "  •  ^    • - 
mcndatairc  de  Saint -Jean  ■ 
ordre  de  Prémontre,  cl  prit 
André,  né  à  I>ouhans  en  R" 
1709,  fit  partie  pni  lanl  qui  i 
de  la  socit''     '  "■"    ■' 


GAU 


566 


GAU 


étrangères.  Il  consacra  ensiiile  sa  plume 
à  écrire  contre  les  incrédules.  Il  maniait 
l'ironie  avec  finesse,  mais  il  est  un  peu 
diffus  ;  du  reste  il  écrit  avec  facilité,  clarté 
et  élégance.  On  a  de  lui  :  I  Rapport  des 
Chrétiens  et  des  Hébreux  ^  5  vol.  in-12^ 
4754;  1  Lettres  critiques,  ou  Anahjse et 
réfutation  de  divers  écrits  contraires  à  la 
religion  ,  de  1633  à  1765,  Paris  ^  19  vol. 
ia-12  ;  |  Retraite  spirituelle  .  17S3  ,  in-12  ; 
i  Z6'P«?'a^imj/,  conversation  morale^  1736, 
in-12  ;  |  Catéchisme  du  livre  de  l'esprit, 
ifi-12;  I  Recueil  de  jJiété  tiré  de  r  Ecriture 
xainte,5  vol.  in-12;  \Le  temple  de  la  Véri- 
té .  Dijon ,  1748 ,  in-12  ;  ]  Harmonie  géné- 
rale du  christianisme  et  de  la  raison,  1766, 
k  vol.  in-12  ;  \  Extrait  de  la  morale  de 
Sauri7i,  2  vol.  in-12;  |  La  pltilosophie 
moderne  analysée  dans  ses  principes , 
ïn-12;  I  le  Philosophe  du  Valais, 1  vol. 
in-12. 

*  GAUCHER  (  CiiAnLES-ETiENNE  ),  gra- 
veur ,  né  à  Paris  en  1740  ,  mort  en  1804, 
V-lait  élève  de  Basan  et  deLebas.  lia  gravé 
enpetitdifférens  sujets  d'histoire,  tirés  de 
la  galerie  du  Palais  royal  et  plusieurs  por- 
traits ,  parmi  lesquels  on  distingue  celui 
de  la  reine ,  épouse  de  Louis  XV.  Il  était 
fort  instruit ,  et  a  publié  :  |  une  Iconolo- 
gie  ou  Traité  complet  des  allégories  ou 
emblèmes,  1796,  4  vol.  in-S";  |  La  collec- 
tion des  peintres  flamands  ;  \  le  coui'onne- 
tnent  de  Voltaire  au  théâtre  Français  ; 
I  les  adieux  de  Louis  XVI àsa  famille,  etc. 
I  un  Traité  d'anatomie  à  l'usage  des  ar- 
tistes; I  plusieurs  opuscules  sur  les  beaux 
arts ,  imprimés  dans  les  journaux  du  temps; 
i  plusieurs  notices  sur  des  graveurs  en 
taille  douce ,  insérées  dans  le  Diction- 
naire des  artistes  de  l'abbé  de  Fontenai  ; 
j  un  opéra  comique  intitulé  V Amour  ma- 
ternel, reçu,  mais  non  représenté,  etc. 
GAUDEiXCE  (saint),  évêque  de  Brescia 
en  Italie  vers  587,  fut  élu,  tandis  qu'il 
était  en  Orient:  et  quoiqu'il  alléguât  sa 
jeunesse  et  son  incapacité  ,  il  fut  ordonné 
iiialgré  lui.  On  croit  qu'il  était  un  des  trois 
évèqucs  que  l'empereur  Honorius  et  le 
concile  d'Occident  députèrent  l'an  40a  à 
Arcade,  pour  obtenir  le  rétablissement 
de  saint  Chrysostôme.  Cet  illustre  persé- 
cuté écrivit  à  saint  Gaudence,  le  remer- 
ciant des  travaux  qu'il  avait  essuyés  pour 
la  défense  de  sa  cause.  Nous  ignorons  le 
temps  de  la  mort  de  saint  Gaudence  ;  mais 
\  il  païaît  qu'il  vivait  encore  l'an  410.  Il 
laissa  des  sermons  et  des  lettres,  dont  on 
a  dorme,  par  les  soins  du  cardinal  Qui- 
r.ini,  une  édition  à  Brescia  en  1738,  in- 


folio, avec  ceux  de  saint  Philaslre  et  des 
autres  évcques  qui  ont  occupé  ce  siège. 

*  GAUDE\ZI(  Pellegrixo  ) ,  ])oète  et 
littérateur  italien ,  né  à  Forli  en  17/(9 ,  mort 
en  1784 ,  a  laissé  la  Nascita  di  Cristo  . 
Padoue  ,  1781 ,  poèmft  en  5  chants,  dont  la 
conception  est  singulière  ,  mais  où  l'on 
trouve  des  beautés  du  premier  ordre.  On 
y  admire  avec  raison  sa  description  du 
palais  du  péché  ,  le  discours  que  Satan  lui 
adresse,  la  peinture  de  la  crèche,  et  sur- 
tout le  chant  prophétique  de  David  sur 
l'histoire  du  Christ  et  celle  du  christia- 
nisme jusqu'à  Constantin.  On  a  encore  de 
lui  un  petit  poème  dithyrambique ,  inti- 
tulé :  la  Campagna,  et  un  Examen  cri- 
tique de  la  vie  de  Cicéron.par  Plutarque 
inséré  dans  le  tome  2  des  Saggi  delV  aca- 
demia  di  Padova ,  dont  il  était  membre. 
Ses  œuvres  complètes  ont  été  publiées  à 
Nice  en  1786  avec  sa  vie. 

*  GAUDIÎV  (  Louis-PasgIvl  ) ,  théolo- 
gien et  peintre  espagnol,  né  en  1536,  à 
Villa-Franca  ,  près  de  Barcelonne ,  fit  S(î5 
études  à  l'université  de  Cervera  oîi  il  fut 
reçu  docteur  en  théologie.  Il  passa  ensuite 
en  Sardaigne  ,  enseigna  la  théologie  pen- 
dant plusieurs  années  à  Cagliari ,  au  bout 
desquelles  il  revint  en  Espagne,  et  entra 
dans  la  chartreuse  de  la  Scala  Dei,  où  il 
fit  sa  profession  en  1595.  Il  avait  cultivé 
la  peinture  dès  sa  jeunesse  ;  il  s'y  adonna 
alors  a  ver  ardeur,  et  fît  plusieurs  tableaux 
pour  la  grande  Chartreuse  ,  entre  autres 
une  suite  de  huit  tableaux  offrant  la  vie 
de  Saint  Bruno,  estimés  des  connais- 
seurs; une  excellente  Conception;  six 
grands  tableaux  de  \diVie  de  la  Vierge. 
pour  le  couvent  de  Sainte-Marie  de  La 
Cuevas,  près  de  Séville;  un  Saint-Pierre 
et  un  Saint-Paid,  qu'on  voit  dans  l'église 
de  Porla-Cœli  à  Valence.  Le  pape  Gré- 
goire XV  le  fit  inviter  à  venir  à  Rome, 
pour  travailler  au  palais  de  Monte-Cavallo 
et  à  la  basilique  de  Saint-Pierre  ;  mais  il 
tomba  malade  ,  lorsqu'il  était  sur  le  point 
de  partir,  et  mourut  dans  son  monastère 
le  20  août  1621.  Ses  tableaux  se  distin- 
guent par  la  correction  du  dessin ,  et  sur- 
tout par  la  noblesse  de  caractère  dans  ses 
figures.  On  lui  reproche  un  style  un  peu 
trop  prononcé  dans  les  ombres,  ce  qui 
empêche  ses  tableaux  de  plaire  au  pre- 
mier coup  d'oeil. 

*  GAUDIIV  (  Jean  ),  jésuite  ,  né  à  Poi- 
tiers en  1617  ,  mort  vers  1690,  a  composé 
pour  l'instruction  de  la  jeunesse  des  ou- 
vrages qui  se  distinguent  par  la  clarté  dts 
définitions,  des  observations  judicieuses 


GAU 


367 


GAU 


ri  un  «lyle  pur.  Le»  principaux  «onl  :  |  luic 
lu»  l'anne  Grammaire  latine .  et  Ir^s  sou- 
xriil  rt-iiuprimce;  |  Epigrammatiimlibri 
r  r ,« ,  Liinoyog ,  1661,  in-12  ;  |  Trésor  ou 
/  Ucdotmairedes  langues  latine,  française 
'  : //rrcfiue  .  TuUc  ,  1677,  Limoijc»,  1709, 
2  vol.  in-^". 

•  G  Al'DIIV  (  Jacques  ) ,  oratorien ,  né 
•iix  sables  d'Olonnc  dans  la  Vendée  vers 
17.'*0,  t-nlra  cher,  les  pères  de  l'Oraloire  , 
vl  devint  abbé  et  vicaire-général  de  Ma- 
li.ma  en  Corse,  puis  conseiller- clerc  au 

I  >>nscil  souverain  de  cette  ile.  Entraîné 
1  .ir  les  principes  philosophiques  qui  do- 
minaient alors  ,  il  quitta  l'habit  religieux, 
U  entreprit  de  justifier  sa  conduite  dans 
\m  ouvrage  intitulé  :  ïnconvéniens  du  cé- 
lihal  des  prêtres,  prouvés  par  des  recher- 
ches historiques.  Genève  (Lyon),  1781. 
Uliraboau  détermina  le  libraire  Lejay  à 
réimprimer  cet  ouvrage  soils  le  titre  de 
Recherches  sur  le  célibat  ecclésiastique  , 
Paris,  1790  ,  in-8".  Dans  cet  ouvrage,  les 
preuves,  comme  on  se  l'imagine  bien,  ne 
sont  nullement  puisées  dans  les  bonnes 
sources,  et  la  plus  mauvaise  foi  règne 
d'un  bout  à  l'autre.  Gaudin  fut  nommé 
en  1792,  par  son  départeinent,  député  à 
rassemblée  Législative.  Il  ne  parla  que 
I)our  faire  un  rapport  sur  les  congréga- 
tions religieuses  dont  il  demanda  la  sup- 
l^ression  qui  fut  prononcée  le  18  août  179:2. 

II  était  juge  et  bibliothécaire  de  La  Ro- 

1  belle  ,  lorsqu'il  mourut  le  30  novembre 
(810.  Ses  autres  productions  sont  :  |  Tra- 
duction de  différens  traités  de  morale  de 
Plutarque.  Paris,  1777,  in-12;  \  Mémoires 
d."  Jean  Graham  .  marquis  de  Mœitrose . 
contenant  l'histoire  tle  la  rébellion  de  son 
<<?//j/J5,  traduits  di;  l'anglais,  Paris,  1768, 

2  vol.  in-12  ;  |  Gulistan  ou  le  jardin  des 
roses,  traduit  du  poème  de  Saadi ,  proba- 
blement sur  la  version  latine  de  Gentius, 
1789,  in-8",  1791,  avec  un  £ssai  histori- 
que sur  la  législation  de  la  Perse  ;  |  Voyage 
en  Corse .  et  vues  politiques  sur  l'amélio- 
ration de  cette  ile,  Paris  ,  1788  ;  |  .4 vis  à 
mon  fils  âgé  de  7  ans .  1805 ,  in-12. 

*  «i.VLIFFItll  (  Lotis),  peintre  fran- 
çais, oc  à  La  Ilochellc  en  176i ,  mort  à 
KIorcncc  le  20  octobre  1801,  à  peine  âge 
:lr  /iO  ans,  s'adonna  de  bonne  heure  à  la 
peinture,  et  fut  élève  deTaraval;  après 
avoir  renii>orté  le  premier  prix  de  pein- 
ture en  1784,  il  composa  plusieurs  tableaux 
qui  lui  firent  une  grande  réputation.  Les 
j)rin(  ipaux  sont  :  la  Cananéenne;  Alexan- 
dre mettant  son  cachet  sur  la  bouche 
d'Fjihestion;  ce  tableau  ,  le  seul  qu'il  oit 


fait  de  grandeur  naturnlle,  fui  son  mor- 
ceau de  réception  à  l'académie  de  France, 
sa  santé  faible  et  rhnn.^«*lnnl«>  n<*  bu  per- 
mettant pas  d'cntu  ;  '  lUuu- 
V rages;  les  Dann  i  don 
de  leurs  bijoux  an  ,  frinpa 
de  calamité  publique  ;  le  Sacnftce  dfi  .Vo 
nué  ;  les  trois  Anges  apparaissant  n  Abra- 
ham ;  Jacob  et  llachcl  ;  Achille  reconnu 
par  Ulysse  ;  la  Vierge  servie  par  le» 
anges,  etc.  Ses  tableaux  sont  moins  re- 
marquables par  la  vigueur  du  dessin  que 
par  le  goût  de  la  com|K)silion.  Sun  épousa 
et  son  élève,  Paulixe  CHATILLON,  qui 
mourut  trois  mois  avant  lui  (  1801  ),  avait 
aussi  beaucoup  de  talent  pour  la  peinture. 
Plusieurs  de  ses  tableaux  ont  été  gravé* 
par  Bartolozzi. 

GAUFRIDI  (Jea;«),  né  à  Aix  en  162t, 
fils  d'un  président  à  mortier  'au  parlement 
de  Provence,  devint  en  1660,  conseiller 
dans  le  même  parlement.  Le  temps  que 
lui  laissaient  les  devoirs  de  sa  charge ,  il 
l'employait  aux  recherches  historiques  de 
sa  province.  La  privation  de  la  vue  ,  et  sa 
mort  arrivée  en  1689,  à  67  ans,  l'empêchè- 
rent de  mettre  au  jour  le  fruit  de  son  tra- 
vail. Son  fils,  l'abbé  GAUFRIDI,  publia 
son  Histoire  de  Provence .  à  Aix ,  169i ,  9 
vol.  in-fol.  En  1733  on  l'a  fait  paraître 
avec  de  nouveaux  titres.  Cette  histoire 
est  mieux  écrite ,  et  cependant  moms  es- 
timée que  celle  de  Bouche,  f-'oyez  ce 
mot. 

GAUFRIDI.  Voyez  GOFFRIDY. 

•  GAIIHE  (  Jeak-Frédéric)  ,  tliéolo- 
gien  protestant  cl  généalogiste ,  né  à  Wal- 
terdorff ,  en  Saxe  ,  en  1681  ,  a  enrichi  la 
littérature  allemande  des  ouvrages  sul- 
vans:  |  Commcntatio historica de  Krrlesim 
Misnensis  olim  archidiaconu'  ' 
chidiaconis  .  apeciatim  Lusi. 
daiislcs Fragmenta  Lusatica ,  i     ,  ; 

et  on  trouve  du  m^me  auteur ,  daiis  la 
Continuation  du  Recueil  des  affaires  théo- 
logiques  anciennes  et  n  'en  al- 
lemand. 17*J9)  I  une/.'  '>régéê 
de  Godefroy  Ornold;  1  u  ..  .'  ..  -  Je  son 
Histoire  de  l'Kgtise  et  des  hérétiques; 
I  une  autre  JVotice  sur  le  famnir  <tpo%(nl 
Juste-Paul  Hœning  ,  etc..  <  » 
ouvrages  cpii  firent  le  plu"»  i 
Gauhe  sont  le»  deux  sui^an-.  - 
naire  historique  des  héros  rt  de  «  kerotnei, 
contenant  l'hitfnirrff^t  nf/irtrr*  d^  ferre  et 
de  mer  de  f  nps  Us 
plus  rendf                                               '-«'p- 

sick,  1716.  1 •  •  -    -  -  .cnéal9' 

gique-histonquede  la  noùlesm  éêtê 


GAU 

germanique  ^  etc. ,  ibid.  ,  1719 ,  1744 ,  3' 
édition ,  3  vol. ,  contenant  près  de  dix 
mille  articles.  Cet  écrivain  mourut  à  Frey- 
berg,  en  décembre  1755. 
GAULI.  royez  BACICCIO. 
*  GAULMIER  (  A.  ) ,  professeur  de  rhé- 
torique au  collège  royal  de  Bourges,  et 
poète  enlevé  aux  lettres ,  en  1829 ,  à  l'âge 
de  34  ans ,  avait  obtenu  plusieurs  prix  aux 
Jeux  floraux.  En  1820,  il  concourut 
pour  le  prix  proposé  par  l'académie 
française  à  la  meilleure  ode  sur  le  dévoue- 
ment de  Malesherhes  ,  et  obtint  ime  men- 
tion honorable  ;  sa  pièce  a  été  imprimée 
à  Paris,  1820  ,  8  pages  in-8''.  L'année  sui- 
vante ,  il  concourut  de  nouveau  sur  le 
même  sujet  et  eut  le  prix  ;  cette  seconde 
composition  fut  également  imprimée  à 
Paris ,  1821 ,  8  pages  in-4.°  Gaulmier  qui 
avait  le  pressentiment  de  sa  fin  prochaine, 
aimait  surtout  l'élégie  :  en  1823  ,  il  célébra 
dans  un  poème  le  Courage  des  médecins 
français  et  des  sœurs  de  Saint-Camille 
qui  bravèrent  l'épidémie  de  Barcelone  : 
sa  pièce  qui  obtint  une  mention  honorable 
attestait  les  progrès  qu'avait  faits  son 
talent  ;  elle  a  été  publiée  à  Paris ,  1823 ,  16 
pages  in-8°.  Ce  jeune  écrivain  avait  entre- 
pris une  traduction  en  vers  des  Elégies 
de  Tibulle,  et  a  laissé  un  Recueil  d'élégies^ 
d'épitres  et  d'autres  poésies. 

GAULMIN  (  Gilbert ),  de  Moulins  en 
Bourbonnais,  né  en  1585,  mort  en  1665,  à 
80  ans  ,  conseiller  d'état ,  était  versé  dans 
les  langues  anciennes  et  modernes.  On  a 
de  lui ,  outre  des  épigrammes  ^  des  odes^ 
des  hymnes  ^  et  ime  tragédie  àUphigénie  ; 
I  des  notes  et  des  commentaires  sur  l'ou- 
vrage de  Psellus ,  touchant  les  opérations 
des  démons  ;  |  sur  celui  de  Théodore  Pro- 
dromus,  contenant  les  amours  de  Bho- 
dante  et  de  Dosiclès  ;  |  sur  le  Traité  de 
la  mort  de  Moïse  ^  par  un  rabbin  ano- 
nyme ^  1629,  in-8'';  |  des  Remarques  sur 
le  faux  Callisthène.  \  Il  publia  le  pre- 
mier, en  1618,  in-8°,  le  roman  d'Ismène 
et  /sm<?'n2(?^  attribué  à  Eustathius,  en 
grec ,  avec  une  traduction  latine.  Ces  ou- 
vrages décèlent  de  l'érudition.  Ses  vers 
ne  manquent  pas  de  chaleur,  mais  sou- 
vent de  goût. 

•  GAULTIER  ou  GAUTHIER  (  l'abbé 
Louis)  ,  maître  de  pension,  né  en  Italie 
vers  1745  d'une  famille  française,  fut  de 
bonne  heure  amené  en  France.  Plein  de 
T,èle  pour  l'instruction  de  l'enfance,  il 
chercha  et  réussit  à  lui  en  adoucir  l'ennui 
et  à  lui  en  aplanir  les  difficultés.  Son  Cours 
complet  de  jeux  instructifs,  destiné  à  ap- 


568  GAU 

prendre  aux  enfans  les  éléftiens  des  scien- 
ces, se  compose  de  28  vol.  in-12  ou  in-18, 
avec  deux  atlas  in-folio;  l'un  pour  la  gram- 
maire ,  contenant  des  tableaux  analytiques 
pour  la  construction  des  phrases  ;  l'autre 
pour  la  géographie,  avec  des  cartes  écrites 
et  non  écrites  ,  et  plusieurs  cahiers  in-foL 
pour  l'écriture  ,  l'analyse  grammaticale , 
etc.  Sa  géographie  a  obtenu  un  très  grand 
nombre   d'éditions  ;   elle    est  cependant 
bien  superficielle.  On  pourrait  reprocher 
à  ses  jeux  un  peu  de  monotonie  ;  néan- 
moins ils  sont  devenus  populaires ,  et  lui 
ont  mérité  le  titre  de  bienfaiteur    de  la 
jeunesse.  Lorsque  la  révolution  l'obligea 
de  quitter  la  France,  l'abbé  Gaultier  n'en 
continua  pas  moins  la  tâche  qu'il  avait 
commencée,  et  tandis  qu'il  exerçait  l'em- 
ploi d'instituteur  des  enfans  de  l'ambas- 
sadeur d'Angleterre,  il  prodiguait  géné- 
reusement ses  soins  aux  jeunes  Français 
que  leurs  familles  avaient  emmenés  sur 
cette  terre  étrangère ,  où  lui-même  accep- 
tait une  honorable  hospitalité.  Après  la 
paix  d'Amiens ,  il  rentra  en  France  (  1802) 
laissant  à  Londres  avec  le  souvenir  de 
ses  vertus  plusieurs  maîtres  qu'il  avait 
mis  en  état  de  propager  sa  méthode  d'in- 
struction. L'abbé  Gaultier  se  montra  par- 
tisan de    l'enseignement    mutuel,  et    la 
société  pour  cet  enseignement  élémen- 
taire le  comptait  parmi  ses  membres.  Il 
est  mort  à  Paris  en  1818.    Les  ouvrage» 
qui  composent  son  cours  sont  :  |  Lectures 
graduées  pour  les  enfans  du  premier 
âge,  2  vol.  ;  ]  Lectures  graduées  pour  les 
enfans  du  second  âge.  3  vol.  ;  ]  Leçons  de 
grammaire  en  action,  "h  vol.;  |  Leçons  de 
grammaire  et d' orthographe ,  S.  vol.,  9*^ 
édition ,  1820  ;  |  Leçons  de  géographie  et 
de    sphère,   1   vol.*,  17*=  édition,    1820; 
I  Leçons  de  chronologie  et  d'histoire,  4  vol. 
contenant  V Histoire  sainte  ,  V Histoire  de 
France, Y  Histoire  ancienne  ci  l  Histoire 
7noderne;  \  FAémens  d'arithmétique  ren- 
dus sensibles  aux  yeux  par  des  jetons 
coloriés,  in-12.  |  Méthode  pour  analyser 
la  pensée  et  j)our  faire  des  abrégés  .1  voL 
I  Exercices  sur  la  construction   logique 
des  phrases  et  des  périodes  frariçaises . 
1  vol.  ;  I  Méthode  pour  exercer  les  jeunes 
gens  sur  la  composition  française,  2  vol.; 
in-12;  |  Méthode  pour  entendre  la  langue 
latine  sans  connaître  les  règles  de  la  com- 
position, {  vol.;  I  Phrases  latines  graduées 
1  vol.;  \  Périodes  latines  graduées,  l  vol.; 
I  Construction  et  analyse  grad-^ées  des 
phrases  et  des  périodes  latines,  en  ta- 
bleaux in-folio;  |  Jpplication   de  cette 


CAU  369 

méthode  au  premier  livre  des  odes  d'iîo- 
»Yi.  e.  in-fol.;  |  Méilxode  pour  entendre  et 
pour  parler  la  latu/ue  italietme  .  in-lS  ; 
Traité  de  la  tnesure  des  vers  français  . 
\  vol.  in-12  ;  |  Jeu  des  fables,  sujets  choisis 
de  La  Fontaine ,  i  vol.;|  Traits  caractéris- 
tiques d'une  tnau^'ai\e éducation,  ou  Prin- 
cipes tL'  la  politesse,  1  vol.;  |  Notions  de 
çeonu'trie  pratique  nécessaires  à  l'exer- 
cice de  la  plupart  des  arts  et  métiers . 
in-12.;  [  Elémcns  de  musique ,  1  vol.; 
I  Treize  tableaux  gravés  pour  l 'usage  de 
ladite  inc(lio:le ,  iii-4°.  Ou  a  extrait  du 
Cours  complet  de  M.  Gaultier  un  petit 
Cours  contenant  :  Syllabaire  et  première 
leature  .  1  vol.  ;  Elémcns  de  grammaire 
et  d'orthographe  A  vol.  ;  Elémcns  dcgéo- 
hie,  1  vol.  On  vend  séparément, 
pour  joindre  à  ces  ouvrages,  une  Boite 
typographique  pour  appremlre  à  lire  aux 
e/ifans;  des  étiquettes  pour  le  jeu  de 
grammaire  en  un  étui;  des  étiquettes 
pour  le  jeu  de  géographie  en  un  étui  ;  les 
médaillons  des  rois  de  France  en  un  étui; 
cent  jetons  de  couleur  pour  les  différens 
exercices  du  Cours.  On  a  encore  de  lui 
Méthode  pour  appremlre  à  calculer  fa- 
cilement et  promptement .  tirée  du  nou- 
veau sijstème  de  j.  Lanccutre .  in-i2. 
GALLTILU.  f'oyez  GAUTHIER. 
GAURIC  (  Lcc  ),  astrologue  de  Gifôni 
dans  le  royaume  de  Naples ,  faisait  ses 
prédictions  sous  Jules  II,  Léon  X,  Clé- 
ment VU  et  Paul  III.  Ces  pontifes  donnè- 
rent des  marques  d'estime  à  ce  prédiseur, 
dans  un  siècle  où  l'astrologie  était  la  ma- 
rotte des  savans ,  et  surtout  des  astrono- 
mes que  l'on  confondait  alors  pour  cette 
raison  avec  les  astrolo(pics  et  les  devins. 
Paul  m  lui  donna  fort  mal  à  propos  l'é- 
véché  de  Civila  Ducale.  Gaurac  mourut 
a  Ferrarc  en  l5o8 ,  'a  82  ans.  On  a  de 
Oauric  plusieurs  ouvrages  où  ses  rêve- 
ries sont  consignées. 

GAIRIC  ou  plutôt  G.VWRY  (le  comte) 
I  un  des  plus  grands  seigneurs  d'£co.ssc  , 
fut  exécuté  avec  plusieurs  de  ses  frères, 
•■ous  le  règne  du  roi  Jacques  VI ,  vers  la 
lin  du  16'  siècle.  Grégorio  Lellii  cl  d'autres 
piotcstans  racontent  qu'il  avait  conspiré 
(  outre  le  roi ,  et  rapportent  à  ce  sujet 
lies  circonstances  tout-à-fail  singulières; 
niais  leur  récit,  copié  dans  presque  tous 
les  dictionnaires,  n'est  qu'un  roman  sans 
icalilé  cl  sans  vraisemblance,  fabriqué 
p'jur  affaiblir  l'horreur  des  cruautés  exer- 
cées envers  une  famille  illustre  ,  dont  le 
stîul  crime  étail  rattachement  i  la  foi  ca- 
tlioli(iuc.  Hume,  en  parlant  de  la  prétcn- 


G  AU 

duc  délivrance  de  Jacques,  eon\innt 
qu'elle  eut  cette  circonstance  anttr  ;  ,,■ 
les  ecclésiastiques  persistèrent  à  sou'  -nr 
en  face  à  ce  prince  .  que  pe nonne  n'avatt 
conspiré  contre   lui. 

GAl'SSMI  et  non  CAUSSIN  (  Jka^:«k- 
CATiiEni.\E  )  ,  fameuse  actrice  ,.née  à  Pan* 
en  1711,  d'une  ouvreuse  de  loges,  mou 
rut  dans  cette  ville  en  1767.  Ses  succès 
furent  extraordinaires;  elle  réussissait 
surtout  dans  les  rôles  d'amour  ;  n)ais  des 
motifs  de  religion  l'engagèrent  à  quitter 
sa  profession  en  1763.  Elle  trouva  dans  la 
retraite  et  dans  la  pratique  des  vertus  chré- 
tiennes ,  une  satisfaction  qu'elle  n'avait 
pas  goûtée  sur  le  théâtre  où  elle  avait  eu 
tant  de  succès. 

•  GAIJTUEROT  (  Nicolas  ) ,  célèbre 
compositeur,  né  à  Is-sur-Tille  en  17V> , 
d'une  famille  pauvre  qui  le  plaça  comme 
enfant  de  chœur  à  la  cathédrale  de  Dijon, 
où  il  prit  les  premières  leçons  de  musique 
Il  montra  de  bonne  heure  un  goût  décidé 
pour  cet  art ,  et  devint  un  des  plus  savans 
démonstrateurs  pour  le  clavecin  et  la 
théorie  musicale.  Son  ouvrage  sur  la 
Théorie  des  sons  .  publié  en  1799 ,  fit  hon- 
neur à  son  génie  et  le  plaça  au  raii(;  (!•  s 
meilleurs  compositeurs.  Il  s'occupa  i  i  i 
des  sciences  physiques,  et  particuli. -ri- 
ment de  l'électricité  et  du  galvanisme , 
découvertes  dont  il  cherchait  à  pénétrer 
les  causes,  et  sur  lesquelles  il  lut  plusirur» 
mémoires  à  la  première  classe  de  T in- 
stitut. On  lit  ses  recherches  sur  l'aiti^m 
de  l'électricité  dans  les  appareils  galva- 
niques dans  le  Journal  du  galvanisme  du 
M.  le  docteur  Nauche,  année  1803.  Il 
mourut  à  Paris  le  29  novembre  1803. 

•  CAL'THERDT    (  Ciauoe  ) .    peintre 
d'histoire  ,  élève  et  ami  du  célèbre  David. 
naquit  à  Paris  en  1769 ,  et  y   mourut  en 
1825  dans  un  état  voisin  de  l'indigence.  Il 
avait   remporté    quelques    prix     acadé- 
miques ;  mais  il  ne  put  obtenir  le  grand 
prix  pour  lequel  il  concourut  par  son  ta- 
bleau de  Manlius  Torquatus.  Son  .Harius 
à  Minturne  qu'il  fit  en  1796  .  malgi  >      ' 
ques  imperfections,  était  loin  d'ctf 
ujérile;  le  convoi  d'.ital a  .  qu'il  rui,.,  ...  , 
en  1800,  ne  fut   pas  remarque  conm.r  il 
devait  rétre,à  cause  du  tal)lraii  tic  (n.     î.  t 
qui   parut  à   la   m*mc    cp«> 
même  sujet.  Les  autre»  ouvr  ^ 

therot  qui  1    '         

pariui  les 

rame   et    i  .t 

lesmalailei\\b\\t  pour  Utliai^llc  duio»/» 
Saint  Louis  doimaai   ia   iéjmlture   aux 


GAU  370 

soldats  de  son  armée  (pour  l'église  de 
Sainte-Madeleine  )  ;  le  Serment  du  dra- 
peau^ et  l'empereur  (Napoléon)  blessé 
devant  Ratisbonne.  Gautherot  a  travaillé , 
pour  la  partie  du  dessin,  à  la  Galerie 
française  ou  Collection  de  portraits  des 
hommes  et  des  femmes  célèbres  qui  ont 
illustré  la  France  dans  les  16^  ^  il^  et  18^ 
siècles  j  par  une  sociélé  d'hommes  de 
lettres  et  d'artistes,  Paris,  Didot,  1820 
et  années  suivantes ,  3  vol.  \\\-h°. 

•  GAIJTIIEY  (  Emilian-Marie  ) ,  inspec- 
teur-général des  ponts  et  chaussées  ,  né  à 
Châlons-sur-Saône  le  5  décemhre  1732  , 
fut  nommé  en  1758  sous-ingénieur  des 
élats  de  Bourgogne,  et  admis  peu  de  temps 
après  à  l'académie  des  sciences  de  Dijon. 
Il  donna  en  1767  l'Idée  de  joindre  la  Saône 
à  la  Loire,  projet  qui  fui  exécuté  depuis, 
et  qui  lui  fit  une  réputation  justement 
méritée.  En  1782,  il  devint  ingénieur  en 
chef  et  directeur-général  des  canaux  de 
la  Bourgogne ,  et  en  1791,  il  fut  nommé 
inspecteur-général  des  ponts  et  chaussées. 
On  doit  encore  à  cet  ingénieur  les  quais 
de  Chàlons-sur-Saône  ,  le  pont  de  Navilly 
sur  le  Doubs  ,  la  portion  de  jonction  de  la 
vSaône  à  l'Yonne ,  la  partie  du  canal  du 
Doubs  à  la  Saône ,  etc.  Pendant  plus  de  16 
ans  il  prit  la  part  la  plus  active  aux  travaux 
du  comité  central,  sans  négliger  ses  tour- 
nées d'inspection.  Il  a  publié  plusieurs 
mémoires  sur  son  art,  et  il  s'occupait  d'un 
Traité  complet  sur  la  construction  des 
ponts  et  des  canaux  navigables  ^  lorsque 
la  mortl'enleva,  le  14  juillet  1806.  M.  Na- 
vier,  son  neveu,  et  ingénieur  distingué , 
a  publié  une  partie  de  ce  travail  en  1809 
et  1813  ,  2  vol,  in-4°,  qu'il  a  enrichis  à!ad~ 
ditions  consLdérables,et  d'un  Eloge  histo- 
Hque  de  l'auteur.  M.  Lefèvre  prononça  sur 
lu  tombe  de  M.  Gauthey,un  discours  qui 
a  été  imprimé  à  Paris,  1806,  in-4°. 

GAUTHIER  ,  surnommé  le  Vieux ,  ex- 
cellent joueur  de  luth,  a  laissé  plusieurs 
pièces  ,  rassemblées  avec  celles  de  Denys 
Gauthier  son  covisin ,  doué  du  même  ta- 
lent, dans  un  volunie  intitulé  -.Livre  de 
tablature  des  pièces  de  luth  sur  différens 
modes.  Les  auteurs  y  onl  ajouté  quelques 
règles  pour  bien  toucher  cet  instrument 
ei  gracieux  ,  mais  presque  entièrement 
al.'audonné  en  France  ,  par  la  difficulté  de 
le  bien  jouer. 

GAUTHIER  (Claude)  ,  célèbre  avocat 
au  parlement  de  Paris ,  dans  le  dix- 
septième  siècle  ,  était  plus  connu  par  son 
caractère  caustique  et  très  mordant,  que 
pur  son  éloquence.  On  a  de  lui  des  Plai- 


GAU 

doyers  qu'on  ne  lit  plus  guère ,  en  2  vol. 
in-i°,  1688. 

GAUTHIER  (Pierre)  ,  musicien,  de 
La  Ciotat  en  Provence  ,  était  directeur 
d'un  opéra  qui  séjournait  alternativement 
à  Marseille ,  à  Montpellier  et  à  Lyon. 
S'étant  embarqué  au  port  de  Cette  ,  il  pé- 
rit avec  le  vaisseau  qui  le  portait,  en 
1697,  à  Sa  ans.  Il  y  a  de  lui  un  recueil  de 
duos  et  de  trios,  estimés  des  connaisseur». 
La  musique  instrumentale  était  son  prin- 
cipal talent.  Voltaire  prétend ,  dans  un 
écrit  contre  J.  J.  Rousseau,  qu'on  trouva 
la  musique  du  Devin  du  village  ^  dans  les 
papiers  de  Gauthier  ,  et  qu'elle  fut  ajustée 
aux  paroles  par  le  citoyen  de  Genève 

GAUTHIER  ou  GAULTIER  (  Jea\- 
Baptiste)  ,  né  à  Louviers,  dans  le  dio- 
cèse d'Evreux ,  en  1085  ,  mort  d'une  chute 
en  revenant  de  sa  patrie  à  Paris ,  en  1755, 
à  71  ans ,  fui  le  théologien  de  l'évêque  de 
Boulogne  (  de  Langle  )  ,  et  ensuite  de  l'é- 
vcque  de  Montpellier  (Colbert).  Ce  der- 
nier prélat  le  prit  chez,  lui  en  apparence 
pour  être  son  bibliothécaire  ;  mais  réelle- 
ment pour  être  son  conseil  et  son  écrivain. 
Après  la  mort  de  son  bienfaiteur,  l'abbé 
Gauthier  se  retira  à  Paris,  où  il  continua  de 
donner  au  public  des  brochures  contre  les 
incrédules  ,  ou  contre  la  constitution  Uni- 
genitus  ;  car  par  une  concurrence  singu- 
lière ,  l'impiété  et  la  soumission  à  l'église 
irritaient  également  son  zèle.  On  peut  en 
voir  une  liste  exacte  dans  la  France  litté- 
raire de  1758.  Celles  qui  ont  été  les  plus 
répandues  sont  :  |  Le  Poème  de  Pope  (in- 
titulé VJEssai  sur  l'homme  ),  convaincu 
d'impiété  An- i^  J  1746;  |  Lettres  théolo- 
giques... contre  le  système  impie  et  soci- 
m'en  des  Pères  Ilardouin  et  Berruyer , 
1756,  5  vol.  in-12  :  ouvrage  semé  de  rai- 
sonnemens justes,  d'un  zèle  amer  et  d'une 
critique  outrée.  |  IjCS  jésuites  convaincus 
d'obstination  à  permettre  l'idolâtrie  à  la 
Chine  ^  1743,  in-12  ;  |  plusieurs  lettres 
destinées  à  prénmnir  les  fidèles  contre 
l'irréligion,  1746,  in-12.  |  Critique  du 
Ballet  moral  ^  dansé  dans  le  collège  dei 
jésïiiles  de  Rouen.  1756 ,  in-12  ;  |  Réfuta- 
tion d'un  libelle  intitulé  :  La  Voix  du  sage 
et  du  peuple,  1750,  in-12;  \Fie  de  Soanen. 
cvèque  de  Sénez,  1750,  in-8''  et  in-J2  ; 
I  Les  Lettixs  persanes  convaincues  d'iin- 
piétéj,  1751 ,  in-i2  ;  |  Histoire  abrégée  du 
parlement  de  Paris  ^  durant  les  troubles 
du  commencement  du  règne  de  Louis 
XIV ^  1754  ,  in-12.  En  lisant  les  critiques 
de  l'abbé  Gauthier  ,  on  ne  peuts'empéclu'i 
de  le  regarder  comme  un  homme  \At'\ix 


GAU 


571 


GAU 


do  fiel  :  •  Tous  ses  ouvrages,  dit  l'aulcur 

•  lies  Trois  si f  des,   mou  raient  à  mesure 
»  qu'il»  voyaient  le  jour.  Son  gi^nie  ne 

•  s'enflammait   que  par  la  fermentation 
»  do  sa  bile.  Ce  n'est  pas  ainsi  qu'on  doit 

•  réfuter  ses  adversaires.  Si  on  n'a  pas  le 

>  talent    de  la   plaisanterie ,    il   faut  du 

>  moins  avoir  le  lanuage  de  l'honnêteté  et 
»  de  la  raison.  » 

GVUTIlIclR  ou  GAULTHIEIl  (  Frax- 
rois-Lotis)  né  à  Paris  en  16%  ,  embrassa 
Vctat  ecclésiastique,  fut  nommé  à  la  cure 
de  Savigny-sur-Orgc  ,  par  le  cardinal  de 
Noaille^,  en  17:28,  et  en  remplit  les  de- 
voirs jusqu'en  1780  qu'il  mourut.  On  lui 
doit  :  I  Traité  contre  les  danses  et  les 
mauvaises  chansons  ;  \  Traité  contre  le 
luxe  et  la  parure  dans  les  habits  ;  \  Ré- 
flexion sur  le  s  Ode  V. 4  vent;  \  Explication 
des  huit  béatitudes  ;  \  Homélies  sur  les 
Kvamfiies.  Il  s'était  démis  de  sa  cure  un 
mois  avant  sa  mort ,  pour  se  retirer  au 
Val-de-Gr5ce  ,  à  Paris  ,  où  il  est  mort  ;  ce 
qui  n'a  pas  peu  contribué  à  fortifier  les 
soupçons  qu'on  avait  de  son  opposition 
aux  décisions  de  l'Eglise  ;  ce  qui  est  à 
regretter  dans  un  homme  qui  a  écrit  tant 
de  bonnes  choses. 

•  GAUTHIER  (  m"'),  comédienne, 
née  à  Paris  en  1692,  particulièrement 
comme  par  sa  conversion  subite  et  pres- 
que miraculeuse  ,  avait  eu  une  jeunesse 
très  dissipée  ;  elle  avait  obtenu  quelque 
succès  dans  les  rôles  de  M"'  Jobin  de  la 
De^'ineresse  ^  et  de  la  Tante  du  Mariage 
fait  et  rompu  de  Dufresny.  Elle  venait 
d'atteindre  sa  50*  année ,  lorsque  l'idée 
de  renoncer  au  monde  lui  fut  tout  à  coup 
inspirée  pendant  une  messe  qu'elle  avait 
PU  la  fantaisie  d'entendre  à  l'occasion  de 
lanniversaire  de  sa  naissance.  Ses  parens, 
»es  amis  ,  s'efforcèrent  en  vain  de  la  faire 
changer  de  résolution  ;  elle  persévéra  hé- 
roïquement, et,  après  avoir  obtenu  sa 
retraite  ,  elle  se  rendit  à  Lyon  où  elle 
prit  l'habit  de  carmélite  et  le  nom  de 
sœur  Jugusline  de  la  Miséricorde  { 1723). 
Elle  vécut  52  ans  dans  le  fond  de  son 
cloître,  sans  éprouver  d'autre  regrt-t  que 
celui  de  n'y  être  pas  entrée  plus  tôt,  et 
sans  rien  perdre  de  sa  gaité.  La  vivacité 
de  son  caractère  s'était  changée  en  fer- 
veur pour  ses  devoirs  de  religion  , 
qu'elle  pratiqua  avec  la  plus  grande  exac- 
titude jusqu'au  moment  de  sa  mort  ,  ar- 
rivée en  décembre  17o7.  Elle  a  écrit  elle- 
in«'me  V  Histoire  de  sa  conversion  ,  qui 
renferme  une  foule  de  détails  curieux  et 
aitachans.  On  la  trouve  dans  le  premier 


volume  des  Pièces  intéressantes  et  peu 
connues  .  publiées   par  Laplarr. 

•  GAlITIIIF.il  Di:  LA  PHYIIOME.  lit- 

térateur.  ancien  commis  ile^affairesclran- 
gores,  né  vers  I7t0,  mort  à  l'nri^  en  1804.  a 
traduit  de  l'allemand  les  t'oyarfes  de  M. 
P.  S.  Pallas  en  différentes  provinces  de 
l'empire  de  Russie  et  dans  l'Jsif  tcpten- 
trionaleen  1781) r-/  1795,  5  vol.  in-fc"",  et  un 
vol.  de  planches.  On  a  encore  de  lui  Essai 
historique  et  politique  sur  l'état  de  Gènes, 
1794  ,  in-8",  et  f'otjagc  en  Islande  par  ot^ 
dre  de  S.  M.  danoise ,  traduit  du  danois  , 
d'Olafsen  et  Povelsen .  5  vol.  in-S"  et  atlas, 
terminé  par  M.  Biornerod,  Norwégien. 

•GAUTHIER  DE  SlOWET,  pluj 
connu  sous  le  nom  de  I^tit  Gauthier  . 
mort  à  Paris  en  1809  ,  s'acquit  une  cer- 
taine célébrité  au  commencement  de  la 
révolution  par  son  Journal  d'  la  cour  et 
de  la' ville ,  oii  '\\ 'i^imaxi  avec  esprit  les 
plaisanteries  et  les  sarcasmes  contre  les 
patriotes. 

•  GAUTHIER  DAGOTY.  V.  DAGOTT 
•GAUTHIER  DE  SIBERT,  de  l'aca- 
démie des  inscriptions  et  belles-lettres, 
né  à  Tonnerre,  en  Bourirogne,  vers  1740, 
d'une  famille  alliée  à  celle  du  fermier-gé- 
néral du  même  nom  ,  fut  destiné  à  exer- 
cer une  place  dans  les  linances  ;  mais  en- 
traîné par  Sf>n  gimt  pf)ur  les  lettres  ,  il  se 
rendit  à  Paris  pour  se  livrer  entièrement 
k  l'étude.  Il  fut  nommé  en  17C7  membre 
de  l'académie  des  inscriptions  et  belles- 
lettres.  Lors  de  la  suppression  des  acadé- 
mies, il  se  retira  à  Tonnerre  où  il  mou- 
rut en  1798.  On  lui  doit:  |  f^ariations  de  la 
monarchie  française  dans  son  gouveme- 
tnrnt  politique ,  civil  et  militaire  ,  ou  //»- 
toire  du  gouvernemrnl  de  la  France  de- 
puis Clovis  jusqu'à  la  mort  de  Louis  XI h', 
h  vol.  in-12  ,  Paris  ,  17«».S,  réimprimées  en 
1789.  Cet  ouvrage  ,  utile  à  ceux  qui  s'of- 
cupent  de  notre  ancienne  histoire ,  est 
écrit  avec  clarté;  niais  on  {Mourrait  y  dé- 
sirer plus  de  critique.  |  Vies  des  empe- 
reurs  Tde .  ArUonin  et  Marc  -  Aurèle , 

1769.  in-12;  |  Hist    '     ' ' vaux. 

hospitaliers  et  tu  zare . 

de  Jérusalem  et  </'    \  '  Mont 

Carmcl ,  Lii^c  ,  177  j,  in-4  ,  \L<//utd^ra 
lions    sur  l'ancienneté  de  l'existence  du 
tiers-état .  et  sur  les  en  t 

sion  de  ses  droits  prnd<i 

in-8°;  1  plusieurs  mémni>  '■ 

de  l'académie  des  inscription». 

•  GAUTHIER  (  HoaciiT  ) ,  ingénieur  du 
roi ,  né  à  Mmcs ,  le  1)  août  IG60  ,  fut  d'à 
bord  docteur  en  n»édcclne.  rludiâ  ensuite 


GAU  572 

la  physique  et  les  mathémaliques ,  et  eut 
la  faiblesse  de  croire*  à  l'astrologie  judi- 
ciaire. Il  devint  inspecteur  général  des 
[)onts  et  chaussées ,  et  eut  une  grande 
part  aux  travaux  du  canal  de  Languedoc. 
Gauthier  était  protestant,  mais  il  était  lié 
arec  'évêque  Fléchier,  et  celui-ci  en 
1689 ,  parvint  à  le  convertir.  Il  parait 
toutefois  que  sa  conversion  ne  fut  pas 
bien  sincère ,  il  mourut  à  Paris ,  le  27 
septembre  1757.  On  a  de  lui  un  grand 
nombre  d'ouvrages  ,  dont  les  princi- 
paux sont  :  I  Traité  des  fortUications  „ 
Lyon,  1685,  in-12;  |  Traité  dM  armes  à 
fevt..  tant  de  canons,  mortier  s,  etc.,  ibid.; 
(  Dissertation  sur  les  eaux  minérales  de 
!iourbonne-les-Bains ,  etc.,  Troyes,  1716, 
in-8"  ;  \  Nouvelles  Conjectures  physiques 
concernant  la  disposition  île  tous  les  coj-ps 
animés,McSiU\,  1721  ;  |  La  Bibliothèque 
des  philosophes  et  des  savans ,  tant  an- 
ciens que  modernes,  etc.,  1723,  2  v.  in-S"; 
1733,  2774,  5  v.  in-8"  ;  |  Nouvelles  Con  - 
jectures  sur  le  globe  terrestre /xh'xà^;  |  His- 
toiredela  ville  de  Ninxes  et  de  ses  anti- 
quités, Nimes,  1725  ,  in-4°  ;  |  Traité  de  la 
construction  des  chemins,  tant  de  ceux 
des  Romains  que  des  modernes  ^  etc. , 
Paris,  1715  ;  k"  édition,  1751  ;  ]  Traité  des 
ponts,  etc.  ,  Paris  ,  1716,  in-8° ,  avec  26 
planches,  etc.  Gauthier  leva  les  cartes  des 
diocèses  de  Toulouse,  de  Béziers,à'Jgde, 
de  Nimes,  d'C/zès ,  et  celle  d'Alais,  qui 
est  restée  inédite. 

•  GAUTIER  (  du  Var,  Isidore-Marie 
BRIGNOLLES  ),  né  à  Brignolles  ,  en  Pro- 
vence ,  en  1765 ,  fut  député  du  départe- 
ment du  Var  au  conseil  des  Cinq-cenis  , 
après  le  18  fructidor.  Il  ne  parut  point  à 
la  tribune  ,  mais  il  publia  dans  le  Moni- 
teur en  1798  deux  lettres ,  où  il  accuse 
ceux  qu'il  appelle  les  contre-révolution- 
naires du  midi ,  de  recommencer  à  piller 
et  assassiner.  Depuis  la  restauration,  Gau- 
tier devint  écrivain  ministériel.  Il  est  mort 
à  Paris ,  le  20  décembre  1824 ,  âgé  de  59 
ans.  Il  a  laissé  :  |  Réfutation  de  l'exposé 
de  la  conduite  politique  de  Carnot,  1815, 
in-8°  ;  |  Conduite  de  Bonaparte  relative- 
ment aux  assassinats  du  duc  d'Enghien 
et  du  marquis  de  Frotté,  1823,  in-8°  ;  |  Des 
indépendans,  des  libéraux  et  des  consti- 
tutionnels, 1823 ,  Paris ,  in-8°  ;  |  Réflexions 
sur  le  dernier  ouvrage  de  M.  de  Chateau- 
briand, intitulé  .-Du  système  suivi  par 
le  ministère,  1818,  in-S",  et  quelques 
«utres  opuscules  anonymes. 

GAUTIER-STUAIIT.  .Vorjcz  S TUART 
(  Gautier.) 


GAV 


GAIlTRUCnE  (  Pierre  ),  né  à  Orléans 
en  1602  ,  se  fit  jésuite  en  1624  ,  et  se  con- 
sacra entièrement  à  l'élude  des  belles- 
lettres,  de  la  pliilosophie,  et  à  l'instruc- 
lion  de  la  jeunesse.  M.  Huet  l'appelle 
vir  diffusœ  eruditionis.  Il  a  professé  pen- 
dant plus  de  50  ans  dans  la  ville  de  Caen, 
et  y  est  mort  le  30  mai  1681.  On  a  de  lui  : 
I  un  Cours  de  philosophie  et  de  inathèma- 
tiques;  \  Histoire  poétique;  Histoire  sainte. 
dont  la  15*  édition  est  de  1692.  4  vol. 
in-12. 

GAVANTI  (  Barthelemt),  en  latin 
Gaventus,  consulteur  de  la  congrégation 
des  rites ,  et  général  des  barnabites ,  étaif 
de  Milan,  et  mourut  dans  cette  ville  en 
1638.  Il  est  princii)alement  connu  par  son 
Commentaire  sur  les  rubriques  du  Missel 
et  du  Bréviaire  romain^  ouvrage  plein  de 
recherches ,  et  très  propre  à  entretenir  la 
dignité  et  la  régularité  des  cérémonies 
saintes.  Les  détails  en  paraissent  sans 
doute  très  indifférens  aux  hommes  du 
siècle,  mais  les  ministres  du  Seigneur  zélés 
pour  son  culte  ,  le  lisent  avec  autant  d'in- 
térêt que  d'utilité.  L'auteur  néglige  quel- 
quefois les  raisons  littérales  ou  historiques 
des  cérémonies,  pour  s'attacher  à  des 
considérations  mystiques  ;  il  eût  dû  tâ- 
cher de  joindre  constamment  les  unes 
aux  autres.  La  meilleure  édition  de  cet 
ouvrage ,  qui  est  bon  pour  la  pratique , 
est  celle  de  Turin,  avec  les  observations 
de  Merati,  1736  à  1740,  3  vol.  in-4'',  fig. 
Ces  observations  sont  exactes,  solides,  et 
suppléent  à  celles  qui  ont  échappé  à  Gavan- 
tus.  On  a  aussi  de  lui  :  Manuale  Episco- 
poram ,  1642 ,  in-4°  ;  et  un  Traité  des  sy- 
nodes diocésains  .  1639. 

*  GAVARD  (  Hyacinthe),  médecin  et 
anatomiste,  né  à  Montmélian  l'an  1753, 
fut  élève  du  célèbre  Desault;  il  se  livra 
avec  tant  d'ardeur  à  l'étude  de  l'anatomie , 
qu'il  fut  bientôt  lui-même  en  état  d'ouvrir 
des  cours,  et  il  s'attira  un  grand  concours 
d'auditeurs  par  l'admirable  précision 
qu'il  mettait  dans  ses  descriptions  anu- 
tomiques  ,  avantage  inappréciulile  qu'il 
avait  puisé  dans  les  cours  de  son  maître. 
On  lui  doit  plusieurs  ouvrages  estimés 
sur  son  art  :  |  Traité  d'ostéologie ,  suivant 
la  méthode  de  Desault,  Paris,  1791,  2 
vol.  in-8" ,  2*  édition ,  augn>entée  d'un 
Traité  des  ligamens .  Paris,  1795,  2  vol. 
in-8°;  |  Traité  de  m/ologie ,  Varis ,  1791, 
in-8*;  édition  revue  et  corrigée,  Paris, 
1802,  in-8";  |  Traité  de  splanchnologie . 
Paris ,  1800  ,  1802  et  1809.  Gavard ,  entiè- 
rement occupé  de   la  composition  de  ses 


a\V  87 

onvri»(je<»,  viTiil    et   mourut   pauvre,    â 
Varis,  dans  la  force  de  l'àjji' ,  en  1802. 

•  (ÎAVE.\l!X  (  PiKnnF.  ) ,  acteur  et  eom- 
posileur  de  musique,  naquit  en  1761  n 
Béliers,  et  entra  couiuie  enfant  de  rha»ur  à 
la  cathédrale  de  celte  ville,  à  l'àpe  de  sept 
ans.  Il  termina  ses  premières  études  musi- 
cales à  10,  et  eut  successivement  pour  maî- 
tres de  composition  le  célèbre  organiste 
Combes,  l'abbé  Tindel .  amateur  cnlbou- 
««iiîte  et  professeur  de  pbilosophie  du  jeune 
«'>a veaux,  enrtn  François  Berlt ,  organiste 
lie  Saint-Séverin  à  Bordcaiix.  Après  plu- 
sieurs années  de  résidence  dans  celte  der- 
nière ville,  où  il  s'était  attaché  au  théâtre, 
il  se  rendit  en  1788  à  Montpellier ,  et  y 
occupa  pendant  un  an  l'emploi  des  pre- 
miers amoureux  au  grand  opéra.  En  1789, 
il  fut  admis  à  débuter  comme  premier 
ténor  au  théâtre  de  Monsieur  (  aux  Tui- 
leries ),  et  fit  partie  du  lliéàlre  Feydeau  , 
îois  de  sa  formation  en  180i.  Gavcaux  est 
mort  à  Paris  le  5  février  1825  ,  laissant, 
outre  plusieurs  compositions  estimées,  un 
grand  nombre  d'oi)éras  parmi  lesquels 
«m  cite  :  |  l'Jmour  filial .  171»'2  ;  ]  les  Deux 
Lrmites .  1793;  |  la  Famille  indigente. 
1794  ;  I  le  Petit  Matelot.  1795  ;  |  Monsieur 
des  Chalumeaux .  1806  ;  |  l'Enfant  pro- 
digue. iSii  ;  I  C'ne  nuit  au  bois.  1818,  etc. 
Plusieurs  des  airs  de  Caveaux  ont  obtenu 
une  vogue  populaire  ,  notamment  la  Pipe 
de  tabac.  C'est  Gaveaux  qui  mit  en  mu- 
sique les  fameuses  strophes  du  Réveil  du 
l'euplc.  par  M.  Souriguières. 

GAVESTO\  (  PiERUE  de  ) ,  favori  d'E- 
douard II ,  roi  d' Angleterre  en  1307  ,  était 
liU  d'un  genlilhonnnc  gasc-on  ,  qui  avait 
rendu  de  grands  services  à  Edouard  ^^  Il 
fut  élevé  auprès  du  jeune  prince ,  qui , 
parvenu  à  la  couronne  après  la  mort  de 
son  père  ,  donua  à  ce  favori  le  comté  de 
Cornouailles.  Au  l)out  de  quelque  temps  , 
ce  prince  passa  en  Franci;  pour  épouser 
Isabelle,  lille  de  Philippe  le  Bel;  il  laissa 
a  Gaveston  le  gouvernement  de  son 
royaume.  L'élévation  et  l'orgueil  de  ce 
favori  excitèrent  la  haine  et  l'envie  des 
grands  qui  vinrent  à  bout  de  le  faire  exi- 
ler ;  mais  ce  ne  fut  que  pour  un  temps. 
Le  roi  ne  pouvant  souffrir  son  al)scncc , 
le  fit  revenir  jKJur  épouser  sa  nièce  , 
soeur  du  comte  de  Glocester;  et  engagea 
les  seigneurs  du  royaume  à  approuver  ce 
retour  et  cette  alliance.  Gaveston  n'en 
parut  pas  plus  modéré ,  et  sa  mauvaise 
conduite  obligea  les  grands  du  royaume 
à  se  liguer  encore  une  fois  contre  lui. 
Us  levèrent  une    puissauie  armée  ,   le 


X  G  AT 

|M)wrsuivirrnt  à  force  ouverte,  cl  w  «^i^i- 
reiit  de  lui.  I^orsque  le  roi  sut  qu 
prisonnier  ,  il  temoif^na  vouloir  lui  i 
mais  le  comt«î  de  Warwirk.   piqué    des 
«mirages  qu'il  en  avait  reçus  rn  particu- 
lier ,  lui  lit  trancher  la  tète  en  1515. 

•  GAVIMÈS  (  PiEaaB  ),  compositeur 
de  musique  et  l'un  des  plus  célèbres  vio- 
lons de  l'Europe  ,  né  à  Bordeaux  le  26  mai 
1726,  avait  une  exécution  brillante  et  ra- 
pide. A  l'expression  la  plus  pathétique 
dans  l'adagio  .  il  joignait  le  talent  de  bro- 
der  et  de  varier  la  musique  qu'il  exéci^ 
lait,  au  point  qu'on  l'a  entendu  jouer  plit- 
siciirsfois  de  suite  le  même  concerto  de 
manière  à  le  rendre  méconnaissable.  On 
a  de  lui  une  fameuse  romance  qui  porte 
son  nom  :  le  Prétendu  /opéra  en  3  actes , 
joué  avec  succès  aux  Italiens  en  17G0  ;  des 
concerto ,  Afi%  sonates. et  un  recueil  inti- 
tulé :  les  f^ingtquatre  matinées.  Il  est 
mort  le  9  septembre  1800. 

GAVVRIYC.  f  oy*x  GAURIC(te  comte 
de). 

GAY  (Jean),   poète  anglais,  né  en 
1688  ,  àBarndstapIe  ou  près  de  celte  ville, 
d'une  ancienne  famille  de  la  province  de 
Dcvonshire,  fut  mis  de  bonne  heure  dans 
le  commerce;  mais  il   le   quitta   bientôt 
pour  la  poésie.  En  1712,   il  fut  fait  secré- 
taire de  la  duchesse  de  Monmouth.   En 
1714,  il  accompagna  à  Hanovre  le  comU; 
de  Clarendon  ;  mais  ce   seigneur  s'elnnl 
démis  de  ses  emplois  ,  Gay  revint  en  An< 
glcterre,    et  publia  des  tragédies .    des 
comédies,  des  opéras  et  des  fables  :  cellev 
ci,  imprimées  à  Londres  en  1753  .  2  \oL 
in-8°  ,  fig. ,  ont   été    tm  '     '  -     -  ^-■ 
par  M"'  Keralio;imii 
in-8°  ,  et  tra<luites  en  ^  • 
Jolyde  Salins,  Paris.  1811.  in-18.  M.  \u\*t 
Duvivier  a  donné  en  1802  la  traduction 
de  28  fables  de  Gay  daru  son  Fahlier  an- 
glais ,  et  M.  de  Mauroy  a  publié  êeifaôUs 
choisies  mises  en  vers  français ,  1784  , 
Paris ,  in-12.  I<es  fables  de  Gay  ne  man- 
quent pas  d'invention  et  de  «ei  ;  la  chute 
en  est  assez  lieureuse,  mais  1. 
en  sont  trop  longues   On  a  f 
I  des  pastorales.  On  les  pn 
les  autres  productions  de  Goy.Sc»  l  ■         ^ 
ne  sont  ni  petits-maîtres,   ni  couri 
comme  dans  plusieurs éflogoes Iran 
I  Des  poésies  diverses .  fviMéa»  ci. 
en  2  vol.  in-12.  Il   y  en  apl«atetir 
tour  heureux  et  agréable.  Parmi  ». 
Icures  i)rodurtiaos  on  cite  t'A'venXau 
via  ou  t'ytn  de  t€  promener  ilmnt  les  ruct 
de  Londres:  Diane ,  druM  pastoral ,  aie. 


GAY 


57ft 


GAY 


Gay  «tait  doux  ,  affable  ,  généreux ,  mais 
d'une  indolence  excessive  qui  tenait  de 
l'apathie  et  qui  mettait  le  désordre  dans 
ses  affaires.  Après  diverses  vicissitudes , 
tantôt  dans  l'opulence,  tantôt  dans  la 
médiocrité,  il  mourut  en  1732,  chez,  un 
seigneur  anglais ,  qui ,  depuis  quelques 
années,  pourvoyait  libéralement  à  tous 
ses  besoins. 

•  GAY  DE  VERNOI\  (  Léonard  ) ,  évo- 
que coustitutionnel ,  député  de  la  Haute- 
Vienne  à  l'assemblée  Législative  et  à  la 
Convention  ,  naquit  en  1748  à  Saint-Léo- 
nard dans  le  Liitiousin ,  d'une  famille  no- 
ble ;  il  avait  embrassé  l'état  ecclésias- 
tique, et  était  curé  de  Compreignac  dans 
le  diocèse  de  Limoges  avant  la  révolution. 
Il  fit  le  serment  demandé  aux  prêtres  ,  fut 
nommé  en  1791  évêque  constitutionnel 
de  la  Haute-Vienne .  et  vota  dans  le  pro- 
cès de  Louis  XVI  pour  la  mort.  Il  avait 
appuyé  la  motion  d'un  député  nommé 
Torne  qui  demandait  que  l'on  proscrivît 
l'habit  ecclésiastique  ;  le  6  avril  1792  , 
jour  du  vendredi  saint ,  il  déposa  sur  le 
bureau  du  président  son  anneau  et  sa 
croix  d'évêque  ,  en  disant  qu'il  en  desti- 
nait la  valeur  à  l'équipement  d'un  dé- 
fenseur de  la  patrie  ,  et  que  désormais  il 
ne  porterait  qu'une  croix  de  bois.  Après 
avoir  abdiqué  publiquement  son  ca- 
ractère dans  la  séance  du  7  novembre 
1793 ,  il  se  maria  avec  une  marchande  de 
inodes.  Dans  les  assemblées  qui  se  suc- 
cédèrent, il  se  prononça  contre  les  Gi- 
rondins qu'il  poursuivit  avec  acharne- 
ment ,  et  parla  contre  Robespierre  après 
le  9  thermidor  ;  mais  il  n'en  continua  pas 
moins  à  agir  d'après  ses  principes,  puis- 
qu'il essaya  de  défendre  son  collègue  Car- 
rier, au  club  des  Jacobins  et  à  l'Assemblée. 
11  fit  partie  de  toutes  les  législatures  jus- 
qu'à celle  des  Cinq-cents,  d'où  il  fut  ex- 
clu par  le  Directoire.  Gay-Vernon  réclama 
contre  cet  arrêté ,  et  parvint  à  se  faire 
donner  la  place  de  consul  à  Tripoli  de 
Syrie.  N'ayant  pu  se  rendre  à  sa  destina- 
tion, à  cause  delà  guerre  que  l'on  venait  de 
déclarer  à  la  Turquie ,  il  séjourna  quelque 
lemps  à  Rome  ,  où  il  exerça  les  fonctions 
de  secrétaire-général  du  consulat  romain. 
Le  Directoire  l'ayant  déclaré  déchu  de  sa 
qualité  de  français ,  Gay-Vernon  vécut 
dans  la  retraite  ;  et  ne  reparut  sur  la 
scène  politique ,  qu'après  la  journée  du 
30  prairial  an  U.  Il  fut  alors  nominc 
commissaire  central  près  de  l'adminis- 
tration départementale  de  la  Somme. 
Après  le  18  brumaire ,  il  donna  sa  démis- 


sion ,  se  retira  dans  sa  terre  de  Vernon , 
où  il  vécut  dans  l'obscurité  jusqu'en  1816. 
Compris  dans  l'ordonnance  qui  bannis- 
sait les  régicides ,  lise  réfugia  dans  les 
Pays-Bas  ,  et  y  donna  des  leçons  de  latin 
dont  il  consacra  le  produit  au  soulage- 
ment des  autres  exilés.  Trois  ans  après, 
il  obtint  du  roi  la  permission  de  rentrer 
en  France ,  et  il  retourna  dans  sa  terre 
de  Vernon  ,  où  il  mourut  le  20  octobre 
1822 ,  après  avoir  refusé  les  sacremens 
de  l'Eglise.  Son  testament  renfermait  ce- 
pendant un  assez  grand  nombre  de  legs 
pieux. 

*GAY  DE  VERNON  (Simon-Fraiïçois), 
frère  du  précédent,  maréchal-de-camp, 
né  en  1760  à  Saint-Léonard,  où  il  mourut 
en  1822,  fut  admis  en  1780  comme  élève 
sous-lieutenant  dans  l'école  du  génie  ,  et 
parvint  au  grade  de  capitaine  en  1790. 
Employé  à  l'armée  du  Rhin  en  1792 ,  il  se 
distingua  aux  attaques  de  Spiie  et  de 
Mayence ,  où  il  combattait  sous  Custine. 
Pendant  la  campagne  d'hiver  de  1792  à 
1793,  il  fut  chargé  de  construire  la  grande 
tête  du  pont  de  Cassel  ;  ce  qu'il  parvint 
à  faire  avec  sept  bataillons  qui  protégeaient 
ces  travaux.  Dans  le  mois  d'avril  1793,  Gay 
de  Vernon  fut  nommé  colonel  adjudant- 
major  et  suivit  en  cette  qualité  le  général 
Custine  à  l'armée  du  Nord,  et  y  resta  sous 
les  ordres  du  général  en  chef  Houchard 
auprès  duquel  il  remplit  les  fonctions  de 
major-général.  Ce  fut  lui  qui  dressa  le  plan 
de  la  fin  de  la  campagne  de  1793,  et  qui 
donna  les  moyens  de  délivrer  Dunkerque 
assiégé  par  les  Anglais,  et  Maubeuge  atta- 
qué par  les  Autrichiens.  Après  les  victoi- 
res de  Hondschoot  et  de  Menin ,  il  reçut 
l'ordre  de  se  retirer  dans  ses  foyers  où  il 
fut  ensuite  arrêté  pour  être  conduit  dans 
la  prison  de  la  Conciergerie  à  Par  is.  Il  était 
accusé  de  conserver  un  attachement  trop 
vif  au  général  Custine  et  d'avoir  conspiré 
avec  le  général  Houchard  ,  en  ne  faisant 
pas  mettre  bas  les  armes  à  toute  l'armée 
anglaise  que  commandait  le  duc  d'York; 
il  ne  recouvralaliberté  qu'après  le  9  ther- 
midor. Gay  de  Vernon  fut  un  des  fonda- 
teurs de  l'école  polytechnique,  où  il  de- 
vint professeur  en  1798.  Lorsque  cette 
école  fut  organisée  sur  le  pied  militaire, 
il  fut  nommé  commandant  en  second  et 
directeur  des  études ,  avec  le  grade  de 
colonel  du  génie.  Il  occupa  ces  fonctions 
pendant  17  ans.  Napoléon  le  fit  baron  en 
1811,  et  en  1813,  il  était  adjudant-com- 
mandant près  du  5'  corps  de  la  grande 
armée.  Nommé  commandant  de  la  place 


GAY  57» 

de  Torgau  en  Saxe,  il  rendit  celle  forle- 
reMo  après  une  longue  et  honorable  ré- 
sistance ,  le  t"  janvier  18 li  ,  et  oMint  la 
permission  de  rentrer  en  France  sur  pa- 
role. Pendant  les  cent-jours ,  il  refusa  de 
faire  i>orlie  du  corps  du  gênerai  Van- 
dantine  :  Louis  XVIII  le  nonnna  maré- 
chal-dc-canip  et  chevalier  de  Saint-Louis. 
Gay  de  Vcrnon  fut  mis  depuis  à  la  retraite , 
romme  ayant  plus  de  30  ans  d'activité.  Il 
.si  lutour  d'un  Traité  élémentaire  d'art 
T  .  \:,iirc  et  de  fortification  à  l'xisage  des 
ji  ujic:>  gens  et  des  élèves  des  écoles  mili- 
taires.  Paris,  1805  ,  2  vol.  in-4"  ;  cet  ou- 
vrage qui  a  été  traduit  en  anglais ,  en  alle- 
mand et  dans  d'autres  lant>;ues ,  a  été  adop- 
té pour  l'enseignement  des  écoles  mili- 
taires à  Saint-Pétersbourg,  à  Ségovie  et 
aux  Etats-Unis.  Il  a  publié  aussi  Exposi- 
tion abrégée  du  cours  de  géométrie  des- 
criptive appliquée  à  la  fortification ,  etc., 
i802,  in-4". 

•GAY.V  (Louis  de,  sieur  de  Tréville) , 
capitaine  au  régiment  de  Champagne  sous 
le  règne  de  Louis  XIV,  n'est  connu  que  par 
les  ouvrages  qu'il  a  laissés.  On  lui  doit  : 
I  \Art  de  la  guerre,  Paris,  1677, 1678,  1689 
1692 ,  in-12  ;  \  Traité  des  armés,  1678,  in- 
12,  fig.;  I  Cérémonies  nuptiales  de  toutes 
les  nations  et  religions  du  monde  ,  Paris  , 
1680;  la  Haye,  1681  ;  Cologne,  1694,  in- 
12,  rare,  trad.  en  italien  par  Casimir  Frcs- 
chot ,  1683  .  in-12. 

OAYOT  DK  PITAVAL  (François), 
naquit  à  Lyon  en  1673,  d'un  conseiller  au 
présidialde  cette  ville.  II  prit  le  petit  col- 
let, qu'il  quitta  bientôt,  pour  suivre  l'exem- 
ple de  ses  deux  frères  qui  étaient  l'un  et 
l'autre  dans  le  service.  Aussi  peu  propre 
à  l'étal  uiililaire  qu'à  l'état  ecclésiastique, 
il  se  lit  recevoir  avocat  en  1723  ,  et  prit 
une  femme.  Son  éloquence  n'ayant  réussi 
que  très  faiblement  au  barreau ,  et  ne 
possédant  qu'une  fortune  médiocre ,  il  se 
mit  à  publier  volume  sur  volume,  jusqu'à 
sa  mort  arrivée  en  1743 ,  après  plus  de 
40  attaques  d'apoplexie.  On  peut  appliquer 
à  Pitaval  ce  que  La  Bruyère  a  dit  de  cer- 
tains écrivains  :  «  Il  y  a  des  esprits ,  si 

>  j'ose  le  dire  ,  inférieurs  et  subalternes  , 
B  qui  ne  semblent  faits  que  pour  être  le 
»  registre  ou  le  magasin  de  toutes  les  pro- 
■  ductions  des  autres  génies.  Ils  sont  pla- 

•  glaires,  traducteurs,  compilateurs;  ils  ne 
»  pensent  point,  ils  disent  ce  que  les  autres 

>  ont  pensé  ;  et  comme  le  choix  des  pensées 
»  est  invention,   ils  l'ont  mauvais,   peu 

•  juste,  tu  raftportent  beaucoup  de  choses, 
»  plutôt  que    d'exccUcnte»  chose».   •  Ce 


GAZ 

portriài.  ,  ^i..,,ii  de  Pitaval.  S.^  ..ijm,.,.;i% 
en  sont  un  témoignante  authentique.  Lt-s 
principaux  sont  :  |  Relation  des  campa- 
gties  de  1713  et  1714.  très  mal  rédigée  sur 
les  Mémoires  du  maréchal  de  Villars; 
I  L'art  d'orner  l'esprit  en  l'amusant.  2  vol. 
in-12  :  recueil  de  bons  mots ,  plutôt  fait 
pour  gâter  le  goiU.  que  pour  enrichir  U 
mémoire  ;  |  Bibliothèque  des  gens  de  la 
cour,  en  6  vol.  in-12,  compilée  jwur  le  peu- 
l)le  ;  I  les  Causes  célèbres,  en  20  vol.  in-12  : 
collerlton  qui  intéresse  par  son  objet ,  mai* 
qui  dégoûte  par  le  style  fade,  rampant, 
entortillé  ,  louche  du  compilateur  ,  par 
les  puérilités ,  en  vers  et  en  prose ,  dont 
il  l'a  semée;  par  des  hors-d'œuvre  sans 
nombre ,  par  le  mauvais  choix  des  ma- 
tériaux ;  par  la  profusion  du  verbiage  le 
plus  vain  et  le  plus  commun.  M.  Garsault 
a  réduit  les  20  vol.  des  Causes  célèbres  en 
un  seul ,  sous  le  titre  de  Faits  des  causes 
célèbres  et  intéressantes.  Un  M.  Besdel  en  a 
donnéuna6rtf^^enunvolumein-12,  Liège. 
1788.  M.  de  la  Ville,  avocat ,  en  a  donne 
une  suite  en  4  vol  in-12.  La  continuation 
de  cet  ouvrage  a  pris  la  forme  de  journal 
et  une  marche  périodique  :  le  public  sensé 
n'y  a  rien  gagné.  Richer  a  publié  depuis 
un  Recueil  de  causes  célèbres  .  qui  a  'fait 
entièrement  oublier  celui  de  Gayot  de  Pi- 
taval. 

GAZA  (Théodore),  un  de  ce»  savans 
grecs  qui  se  retirèrent  en  Italie,  après  la 
prise  de  Constanlinoplc,  était  de  Thessa- 
lonique.  11  trouva  dans  le  cardinal  Bessa- 
rion  un  ardent  protecteur  ,  qui  lui  pro- 
cura un  bénéfice  dans  la  Calabrc.  Ce  grec 
apprit  si  bien  et  si  promptement  le  latin, 
qu'il  sentit  les  beautés  de  cette  langue 
comme  ceux  qui  en  avaient  fait  une  longue 
étude.  Il  mourut  à  Rome  en  1475,  à  80 
ans.  On  dit  qu'étant  allé  présenter  à  Sixte 
IV  quelques-uns  de  ses  ouvrage»,  ce 
pape  ne  lui  fit  qu'un  prést-nt  fort  modi- 
que. Gara  le  jeta  de  dépit  dans  le  Tibre  . 
disant  en  colère ,  «  que  le»  sa  van»  ne  doi 
»  vent  pas  se  donner  la  peine  d'aller  a 
»  Rome,  puisque  le  goût  y  était  si  déprave, 
.  et  que  les  ânes  les  plus  gras  y  refusaient 
.  le  meilleur  grain  :  .  invective  plato  et 
grossière,  et  qui  donnerait  mif  iilic  dé»- 
avanlageuse  de  son  cararterr  .  si  cllf  ttall 
bien  constatée;  mais  il  y  a  tout  lieu  de  la 
révoquer  en  dout»*.  On  a  de  lui  :  |  une  tra- 
duction vn\!i\'u\itel'ff  '  '  -  •  -  TMX 
d'Aristolc.  (.'est  uni  r- 
sions.  dans  laqurllc  le 
génie  du  philosopli-  ;  ^r 
ksArabc»  ctle»»coUi                               > 


GAZ 


576 


GEB 


maire  grecque ,  in-4°,  en  1540  ;  1  La  tra- 
duction  de  l'Histoire  des  plantes  de  Théo- 
phraste  ;  |  celle  des  aphorismes  d'Hippo- 
crate  ;  ]  une  version  grecque  du  songe  de 
Scipiorij  et  du  traité  de  Senectute^  de 
Cicéron,  etc. 

GAZAIGINES  (Jeaiv-Antoine),  cha- 
noine de  Saint-Benoît  de  Paris  ,  né  à  Tou- 
louse le  23  mai  1717  ,  a  composé  et  publié 
les  Annales  de  la  société  des  soi-disant 
jésuites  j  5  gros  vol.  hx-k"  ,  1704  et  années 
suivantes.  Ce  livre  parut  sous  le  nom 
emprunté  à.' Emmanuel-Jiohert  de  Phili- 
bert^ ancien  chanoine  de  l'église  de  Tou- 
louse. C'est  un  recueil  de  tout  ce  qui  s'est 
écrit  d'injurieux  contre  les  jésuites.  On 
prétend  qu'outre  ces  cinq  vol.,  Gazaignes 
en  avait  préparé  trois  autres  qui  n'étaient 
pas  moins  outrageans ,  mais  qui  n'ont 
point  paru.  Au  reste  ,  il  n'épargnait  rien 
pour  que  sa  diatribe  fût  complète.  11  en- 
treprit ,  dit-on ,  plusieurs  voyages  ,  et  no- 
tamment celui  de  Vienne,  dans  l'espoir 
de  se  procurer  de  nouvelles  anecdotes 
dans  le  sens  de  celles  qu'il  avait  déjà  re- 
cueillies. On  trouve  néanmoins  dans  cette 
compilation  quelques  renseignemens  cu- 
rieux sur  ce  célèbre  institut.  L'abbé  Ga- 
y.aignes  mourut  le  29  mars  1802.  Quoiqu'il 
fût  appelant ,  il  avait  désapprouvé  la  con- 
stitution civile  du  clergé. 

GAZELLI ,  prince  d'Apamée ,  et  gou 
verneur  de  Syrie  pour  le  sultan  d'E- 
gypte ,  s'opposa  d'abord  aux  Turcs  ;  mais 
voyant  que  Tomanbey  ,  son  maître,  avait 
été  pris  et  mis  à  mort  par  Sélim  en  1317, 
il  implora  la  clémence  du  vainqueur  ,  et 
fut  continué  dans  le  gouvernement  de 
Syrie.  Après  la  mort  de  Sélim ,  Gazelli 
lâcha  d'engager  le  gouverneur  d'E- 
gypte ,  Cayer  bey  ,  à  rétablir  la  puissance 
des  Mamelouks  ;  mais  celui-ci  fit  mourir 
ses  ambassadeurs.  Gazelli ,  nonobstant 
cette  nouvelle,  livra  bataille  aux  Turcs, 
près  de  Damas  ,  contre  le  bâcha  Ferhat. 
Il  fut  tué  en  combattant  vaillamment 
l'an  1550. 

GAZET  (Guillaume  ),  chanoine  d'Aire , 
el  curé  à  Arras  où  il  était  né  en  1554, 
mourut  dans  cette  dernière  ville  en  1612, 
à  58  ans.  On  a  de  lui  :  |  VHistoire  ecclé- 
siastique des  Paxjs-  Bas^  1614,  in-4°  ; 
I  Vies,  des  saints^  Reims,  1615,  2  vol. 
in-8"  ,  et  plusieurs  livres  de  piété.  L'au- 
teur manque  de  critique ,  et  son  style  est 
négligé. 

GAZET  (  Alard  ) ,  bénédictin  de  Saint- 
Vaast,  à  Arras  sa  patrie,  prévôt  de  Saint- 
Michel,  près  de  cette  ville  ,  se  distingua 


par  sa  piété  et  par  sa  science.  Il  mourut 
en  1626,  âgé  de  60  ans ,  après  avoir  donné 
une  bonne  édition  des  OEuvres  de  Cas- 
sien  .  avec  des  notes  critiques ,  Arras  , 
1628  ,  in-fol.  Leipsick  ,  1722,  in-fol.,  édi- 
tion très  estimée. 

GAZOLA  (Joseph)  ,  médecin  de  Vé- 
rone ,  où  il  établit  l'académie  degli  Ale- 
tofili,  mort  en  1715  ,  à  54  ans ,  a  donné 
quelques  ouvrages  de  médecine,  entre 
autres  :  Jlmondo  ingannato  dafalcime- 
dici ,  Pérouse,  1716  ,  ui-18.  îl  y  convient 
que  les  malades  meurent  aussi  souvent 
des  remèdes  que  des  maladies  ,  et  ensei- 
gne à  se  passer  des  médecins. 

*  GAZO.\-DOlIUXIGI\É  (Sébastie\- 
MARiE-MAxnuum  ),  littérateur,  né  à  Quim- 
per-Corentin,  obtint  quelques  succès  dans 
les  lettres.  Ses  différens  ouvrages,  sans 
être  d'un  mérite  éminent,  se  font  remar- 
quer par  le  bon  goût  qui  a  présidé  à  leur 
composition.  On  lui  doit  :  |  trois  Lettres 
sur  les  Kx^ztà\&%^' Arislomène ,i^' Epicha- 
ris  et  de  Sémiramis  ;  j  l'Ami  de  la  vérité 
ou  Lettres  impartiales  sur  les  pièces  de 
^o/toiVe^  Amsterdam,  1767,  in-12  ;  |  Essai 
histoiHque  et  philosophique  sur  les  prin- 
cipaux ridicules  des  différentes  nations, 
1766 ,  in-12  ;  |  les  Jardins,  poème  traduit 
du  latin  du  Père  Rapin,  1772  ,  in-12.  C'est 
plutôt  une  imitation  qu'une  traduction 
îidèle.  Gazon-Dourxigné  mourut  le  19 
janvier  1784. 

GÉBELIN  (Antoine  COURT  de),  na- 
tif de  Lausanne  ,  de  plusieurs  académies, 
censeur  royal ,  mort  à  Paris  ,  le  13  mai 
1784 ,  a  publié  :  |  Histoire  de  la  guerre 
des  Cévennes ,  1760  ,  peu  exacte  et  écrite 
d'un  style  qui  n'est  pas  celui  de  l'histoire, 
5  vol.  in-12  ;  |  Le  Patriote  français  et 
impartial  1753 ,  2  vol.  iû-12.  Cette  der- 
nière qualité  n'est  presque  jamais  celle  de 
l'auteur  :  il  n'avait  ni  l'esprit  assez,  calme 
ni  la  raison  assez  ferme  pour  l'acquérir  ; 
I  Le  monde  primitifs  analysé  et  comparé 
avec  le  monde  moderne ,  considéré  dans 
son  génie  allégorique  et  dans  les  allégo' 
ries  auxquelles  conduit  ce  génie,  Paris, 
1773-82  ,  9  vol.  in-4°  ,  lig.  ;  ouvrage  d'un 
esprit  faible  ,  crédule  et  chimérique  ;  en- 
semble de  combinaisons  arbitraires  et  ri- 
dicules ,  écrit  d'une  manière  entortillée , 
mystérieuse  et  pleine  de  prétentions.  Des 
philosophes,  qui  ne  l'entendaient  pas 
mieux  que  le  reste  du  public,  l'ont  prôné, 
parce  qu'il  paraissait  dans  plus  d'un  en- 
droit fronder  l'histoire  sainte  et  les  no- 
tions reçues  touchant  l'âge  et  la  création 
du  monde  ;  mais  les  vrais  sa  vans  en  ont 


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377 


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fait  un  objet  de  risév  .  l'un  d'eux  l'a  coin- 
pari>  à  l'ouvrage  do  Postel ,  intitule  :  La 
clef  des  choses  cachc'es  depuis  le  com- 
mencement du  monde.  Un  criliciuc  plu» 
modéré  (  M.  l'abbé  de   Fontenay  )  en  a 
parlé  de  la   manière  suivante  :   •  Nouu 
»  avouons  francbcment  que  nous  ne  sau- 
»  rions  caractériser  l'ouvrage  de  M.  Court 
»  de  Gébclin  ,  qui  lui  a  fait  une  si  grande 
»  réputation  auprès  de  certaines  person- 
»  nés.  Nous  en  avons  lu  quelque  chose , 
»  et  nous  avons  été  repoussés  à  la  vue  de 
•  tous  ces  systèmes  imaginaires,  de  ces 
»  conjectures   frivoles  ,   de  ces    fatras  et 
»  des  inutilités  dont  ce  livre  est  rempli. 
»  Mais    peut-cire   est-ce  notre   faute ,   si 
»  nous  n'avons  pas  l'esprit  de  l'admirer.  » 
I  Histoire  nalxuelle  de  ta  parole .  ou  Pré- 
cis de  la  grammaire  universelle.  1776, 
in-8"  ,  extrait  du  monde  primitif  ,  et  dont 
le  mérite  doit  par  conséquent  cire  appré- 
cié sur  celui  de  l'ouvrage  précédent  ;  |  Le 
monde  primitif  analysé  et  comparé  avec 
le  monde  moderne .  considéré  dans  les 
origines  françaises  .  Paris ,  1778 ,  in-8°. 
Le  goût  de  Gcbelin  pour  les  idées  bizar- 
res et  romanesques  lut  cause  de  sa  mort. 
Ijt  magnétisme  animal ,  prêché  et  prati- 
qué à  Paris  par  un  charlaliui  allemand , 
nommé  Mesmer,  exalta  son  imagination 
au  point  qu'il  n'en  fut  plus  le  maître.  JI 
se  magnétisa  si  bien  ,  qu'il  tuioba  roidc 
à  deux  i«s  de  l'endroit  où  il  s'exerçait 
dans  le  nouvel  art.  Peu  de  temps  avant  sa 
mort ,  il  a\ait  eu  de  grands  démêlés  avec 
un  M.  Cailhava ,  touchant  la  présidence 
d'une    coterie   scientifique,    nommée  le 
Musée  de  la  rue  Dauphine .  et  dépensa  , 
pour  so  maintenir  dans  cette  dignité  ima- 
ginaire ,  plus  de  15 raille  livres;  ce  qui  ne 
contribua  pas  peu  à  grossir  la  somme  des 
dettes  qu'il  laissa  à  sa  mort.  On  lui  a  fait 
cette  épitaphe. 

Ci-gil  ce  paurrc  Gébetia  , 
Qoi  parlAÏl  gr«e  ,  brbreo  ,  l*ti«  j 
Admirct  tout  ion  h>-roï>m<  , 
W  (ut  martyr  da  migncluiac. 

Le  comte  d'Albon  a  fait  exhumer  son  ca- 
davre, pour  lui  ériger  un  mausolée  dans 
son  jardin  :  démarche  peu  assortie  »u 
bon  sens  qui  parfois  règne  dans  les  Dis- 
cours de  cet  économiste. 

GEBEIl  ou  GlABER  (Jeast),  célèbre 
alchiralsle  arabe,  dont  le  vrai  nom  est 
Abou  Moussah  Djafar  Al  SoJi ,  était  de 
llaurati  en  Mésopotamie.  On  a  de  lui  plu- 
sieurs ouvrages  ,  dans  lesquels  on  trouve 
beaucoup  d'expériences  chimiques,  même 
d>e  celles  que  l'on  donne  aujourd'hui  i>our 


nouvelles.  Le  célèbre  Boi<rlia«ve  en  parle 
avec  estime  dans  sr»  Institutiom  chimt- 
quts.  vSuivant  Aboiil-Feda.  il  vivait 
dans  le  liuilicmc  sierlr.  L'abbé  Laiglcl 
du  Fresnoy  a  recueilli  tout  ce  qu'un 
pouvait  dire  sur  la  personne  rt  le»  mi- 
vrage»  de  ce  chimiste,  d.n     "  .1er 

vol.  de  son   Histoire   de  l  'ne 

hermétique.    Ceux   qui    pn .^ue 

Geber  a  travaillé  le  premier  à  la  recher- 
che d'un  remède  universel,  se  fondent 
sur  certaines  expressions  que  l'on  trouve 
dans  ses  écrits.  Telle  est  celle-ci  :  L'or 
ainsi  préparé  guérit  la  lèpre  et  toute» 
sortes  de  maladies.  Mais  il  parait  que  ce» 
paroles  doivent  se  prendre  dans  un  sens 
énigmatique  et  ridiculement  mystérieux  . 
tel  que  les  cliimistes  d'alors  affectaient 
dans  leurs  leçons  ;  et  qu'il  est  question 
ici  de  convertir  en  or  les  métaux  les  plus 
bas,  qui  sont  les  lépreux.  On  peut  voir  plu- 
sieurs de  leurs  apophthegmes  et  de  leurs 
grimoires  favoris  dans  le  Mundus  subter- 
raneus  du  Pèrs  Kircher,  2^  partie  ,  page 
292.  Les  traités  de  Geber  furent  impri- 
mé.s  sous  ce  titre  :  Summœ  perfectiones 
magisterii  in  sua  natura  libri  IV .  cum 
additionc  ejusdem  Gehri reliçuorum  trac- 
lutim .  à  Dant/.ick,  1082,  in-8".  Sa  Céo- 
maure,  en  italien,  est  de  Venise,  1.^52, 
in-g*  ,  lig.  Ses  oiMTages  .  quoique  déligu* 
rés  par  les  visions  de  l'alchimie  et  d'au- 
tres préjugés  ,  contiennent  plusieurs  cho- 
ses utiles  et  curieuses  sur  la  nature  ,  la 
purilîcation  ,  la  fusion ,  et  la  malléabilité 
des  métaux,  sur  les  sels  et  les  eaux  fortes. 
C.LBIIARD ,  archevêque  de  Sall/.l>ourj. 
était  d'une  ilUistre  famille  de  Souabe ,  el 
fut  pourvu  de  cette  dignité  en  1%1.  11 
soutint  constamment  le  parti  du  pape 
Grégoire  VII  contre  l'empereur  Henri  IV. 
Et  en  coitsidération  de  ce  service,  il  fut 
honoré  par  Sa  Sainteté  du  titre  de  légal- 
iié  dans  toute  l'Allrmagne ,  que  ses  suc- 
cesseurs ont  au3si  pris  aprè^s  lui.  11  fui  en- 
suite exilé  par  l'empereur  .  et  mourut  en 
1091,  dans  le  château  de  Wcrsten,  qu'il 
avait  fait  bâtir. 

(«EOil.VnDT  (Jea!«),  savant  huma 
nistc,  né  à  Schwartihovrn  .  près  de  ^ni- 
bourg,  dans  le  haut  Palatinul  en  VSJi. 
Après  avoir  parcouru  une  grande  partie 
de  l'Allemagne  et  de  la  Suéde  pour  solli- 
citer de  l'emploi,  il  obtint  cnliu  à  Gruaia- 
gue  une  chaire  d'histoire  et  de  lansu* 
grecque.  Il  y  mourut  le  S  octobre  I6S}. 
Nous  avons  de  lui  :  |  de»  note*  sur  Ln' 
tulle.  TUmtle  et  Properc» .  Fiancfuii. 
ICIS ,  10-4"  ;  1  une  iéiHen  d«  Conttliui 
58. 


GED 


378 


GED 


Sepos  ,  avec  une  chronologie  cl  dos  com- 
mentaires, Ainslerdam,  1662,  in-d2;  |  Ci- 
Céron^  Ovide,  Qaintilien  ,  Rufin,  etc., 
corrigés  sur  les  manuscrits  de  la  biblio- 
thèque palatine,  Hanau  ,  i615  ,  in-i"  ; 
i  des  poésies  ,  Groniiigue  ,  1618  ,  in-12  , 
estimées.  On  a  une  vie  de  Gebliardt  par 
André  son  frère  ,  Gronîngue,  1633,  in-4°. 
GÉDALIAH  ,  iFameux  rabbin,  mort  en 
4448  ,  a  fait  une  chaîne  de  Tradition  de- 
puis Adam  jusqu'à  l'an  761  de  J.-C.  en  2 
parties,  et  une  5^,  où  il  traite  de  la  créa- 
lion  du  monde  ,  Venise  ,  1587 ,  'm-k'\  On 
a  encore  de  lui  d'autres  écrits. 

"  GEDDES  (Alexandre),  prêtre  ca- 
tholique d'Ecosse ,  né  en  1737  ,  à  Rulhven, 
dans  le  comté  de  Banff ,  lit  sa  théologie 
à  Paris  au  collège  des  Ecossais.  De  retour 
dans  sa  patrie  il  fut  ordonné  prêtre  à 
Dundee ,  et  devint  chapelain  du  comte  de 
Traquaire  ;  après  avoir  séjourné  de  nou- 
veau quelque  temps  à  Paris ,  il  fut  pré- 
posé à  la  congrégation  d'Auchinhalrig, 
dans  le  comté  de  Banff.  S'étant  lié  im- 
prudemment avec  des  grands  seigneurs 
et  des  gens  de  lettres  accoutumés  à  parler 
légèrement  des  matières  de  religion,  il 
adopta  auprès  d'eux  des  sentimens  qui  ne 
convenaient  guère  à  son  état ,  et,  comme 
il  entendit  mal  les  observations  que  son 
évêque  lui  adressa,  il  quitta  bientôt  sa 
congrégation,  et  vint  à  Londres  où  il  fut 
obligé  encore  pendant  quelque  temps  de 
remplir  les  devoirs  de  chapelain  :  mais  eu 
1782  il  quitta  ses  fonctions  ecclésiastiques 
pour  se  livrer  entièrement  aux  lettres.  Le 
premier  fruit  de  sa  plume  fut  un»;  tra- 
duction  des  Satires  d'Horace ,  qui  fut 
bien  accueillie.  II  s'occupait  depuis  long- 
temps d'une  traduction  de  la  Bible ,  et  il 
publia  successivement  de  1792  à  1797  le 
Pentateitque ,  Josué ,  les  Juges,  Samuel, 
les  Rois.  Cet  ouvrage  excita  un  violent 
orage  contre  lui ,  parce  qu'il  combattait 
formellement  l'inspiration  entière  de  l'E- 
critiu'e,  et  qu'il  insinua  que  les  écrivains 
sacrés  rapportent  quchiuafois  des  faits 
contraires  à  la  raison.  Ses  Remarques  cri- 
tiques qu'il  donna  en  1800  ne  firent  qu'aug- 
menter lo  mécontenicment  public  :  les 
évêques  défendirent  l'usage  de  sa  traduc- 
tion. Aux  censures  quil  reçut ,  à  la  siis- 
pense  qui  fut  prononcée  contre  lui ,  il  ne 
répondit  que  par  des  libelles  :  il  mourut  le 
26  février  1802.  On  ne  peut  pas  dire  qu'il 
fût  décidénieut  incrédule;  mais  il  avait 
des  idées  peu  orthodoxes.  Du  reste  il 
avait  du  savoir  ,  de  la  littérature  et  des 
connaissances  biibliques  assez,  étendues.  Il 


était  très  versé  dans  les  langues  anciennes 
et  modernes.  Il  a  laissé  outre  les  ouvrages 
que  nous  avons  cités  :  ]  Carmen  seculare 
pro  Gallicâ  gente  tyrannidi  aristocratie 
cœ  crepto. ,  1790  ,  in-4°  ;  |  Le  premier  li- 
vre de  l'Iliade  rendu  littéralement  en 
vers  anglais  ,  avec  des  notes  critiques  , 

1792,  in-S";  |  L'Avocat  du  diable,  1792, 
in-4"  ,  écrit  satirique  contre  un  lord  L"'; 
I  Carmina  secularia  tria,  pro  tribus  ce- 
leberrimis   libertatis    Gallicte    epochis , 

1793 ,  in-4"  ;  |  Vert-Vert ,  mis  en  vers  an- 
glais ,  1793 ,  in-4"  ;  |  La  bataille  de  B. 
(de  Bangor  ) ,  ou  ^^  Triomphe  de  l'Eglise. 
poème  hé  roi-comique,  1797,  in-8°,  en  an- 
glais; I  liardomachia ,  poema  macaro- 
nico-latinum ,  1800,  in-4";  |  divers  mor 
ceauxdans  quelques  recueils  périodiques. 

GÉDÉOA' ,  fils  de  Joas,  de  la  tribu  de 
Manassès,  et  3*^  juge  d'Israël  vers  l'an  1243 
avant  J.-C,  fut  choisi  par  l'ange  du  Sei- 
gneur pour  être  le  libérateur  dlsrael.  Gé- 
déon,  dont  Ihumilité  était  extrême,  et 
qui  prenait  d'ailleurs  cet  ange  pour  un 
homme  ,  eut  besoin  de  voir  des  miracles 
pour  croire  la  vérité  de  celte  mission. 
Ayant  fait  cuire  un  chevreau  pour  l'of- 
frir, l'ange  lui  dit  d'en  mettre  la  chair  et 
du  pain  sans  levain  dans  vme  corbeille . 
et  le  jus  dans  un  pot,  de  l'apporter  sous 
un  chêne  ,  et  de  verser  ce  jus  sur  la  chair 
qu'il  mit  sur  une  pierre.  L'ange  toucha  la 
pierre  avec  une  baguette  ,  et  il  sortit  aus- 
sitôt de  celte  pierre  un  feu  qui  consuma 
la  chair  et  le  pain.  Gédéon  ayant  ensuite 
étendu  sur  le  soir  la  toison  ,  il  la  trouva 
le  lendemain  toute  mouillée  de  la  rosée  , 
sans  en  voir  sur  la  terre  des  environs.  Le 
lendemain  le  contraire  arriva ,  la  terre 
étant  mouillée  et  la  toison  ne  l'étant  pas; 
Gédéon  commença  sa  mission  par  abattre 
de  nuit  l'autel  de  Baal.  Il  fît  sonner  en- 
suite de  la  trompette,  et  vit  autour  de  lui 
en  peu  de  temps  une  armée  de  52  mille 
hommes,  qu'il  réduisit  à  500,  qu'il  n'anna 
que  d'un  pot,  d'une  lampe  cachée  dans 
1  ce  pot,  et  d'une  corne  de  bélier  ou  d'une 
trompette.  Gédéon  s'avança  pendant  la 
nuit ,  avec  les  500  hommes ,  avec  ordre 
de  casser  tous  ensemble  leurs  pots.  L'or- 
dre ayant  été  exécuté  à  propos,  les  enne- 
mis crurent  avoir  une  g/ande  armée  à 
combattre.  Ils  toui  nèrenl  leurs  armes  les 
uns  contre  les  autres  :  et  ceux  qui  échap- 
pèrent à  celle  boucherie,  furent  mis  en 
pièces  par  les  vainqueurs.  Gédéon  les  pour- 
suivit ,  tua  de  sa  propre  main  Zébée  et 
Salmana ,  et  délivra  la  terre  de  ces  hom- 
mes féroces  (  vojj.  JOSUÉ  ).  «  Afin  ,  dit  un 


CED 


379 


CED 


I  rrivaiii  moderne  ,  qu'on  ne  puisse  se 
incprendrc  sur  le  véritable  auteur  de  la 
vicloire.  ces  libérateurs  ,  choisis  pour 
affranchir  le  peuple  de  Dieu  .  ne  «ont 

•  pas  les  plus  riches  ni  les  plus  ncrrédilcs 

>  de  la  nation,  ni  1rs  plus  di$liii(rués  |>ar 
»  leurs  talcns  et  leur  expérience.  Ou  n'ein- 
»  ploie  ni  le  nombre  ni  le  courage  des 
<•  couibatlaus.  ni  la  force  des  armes.  Par- 
»  tout  Dieu  iwrait  seul;  ou  s'il  met  en 
»  œuvre  quelques  moyens  ,  ils  sont  si  fai- 
»  blés,  si  méprisables  par  eux-mêmes,  que 
»  l'on  est  obligé  de  reconnaître  que  c'est 
»  Dieu  qui  agit.  Si  la  victoire  avait  été 
»  remportée  par  les  voies  ordinaires  ,  on 
»  aurait  arrêté  les  yeux  sur  les  hommes  , 
»  et  oubliant  Dieu  qu'on  ne  voyait  pas  , 
»  on  leur  aurait  rapporté  toute  la  gloire 
»  (les  bons  succès.  Au  contraire ,  la  ma- 

*  nière  dont  tout  est  conduit  chez-  ce  peu- 

>  pie  ne  laissa  aucun  lieu  à  l'équivoque, 
»  l'on  est  forcé  d'y  reconnaître  le  doigt 
»  de  Dieu.  »  Les  Israélites  voulurent  don- 
ner la  couronne  à  Gédéou  ,  et  le  procla- 
n-.er  roi ,  offrant  même  la  succession  au 
trône  à  sa  postérité  ;  mais  il  refusa,  o  Non, 
■  dit-il,  je  ne  régnerai  pas  sur  vous,  ni 
»  moi  ni  mes  enfans  :  ce  sera  le  Seigneur 
»  qui  sera  votre  roi.  »  Il  continua  à  gou- 
verner comme  juge,  avec  beaucoup  de 
sagesse  et  d'équité,  et  mourut  dans  un 
âge  avancé,  l'an  {'ITM  avant  J.-C,  lais- 
sant 70  enfans  de  plusieurs  femmes,  outre 
Abimclech  qu'il  eut  d'une  concubine,  et 
qui  tua  tous  les  autres. 

GEDICCrS  (Si-MON-  ,  docteur  en  théo- 
logie et  ministre  à  Magdebourg,  a  ré- 
]K)ndu  sérieusement  au  traité  paradoxal 
attribué  à  Acidalius  contre  les  femmes. 
Ce  dernier  prétendait  que  les  femmes 
n'appartiennent  iMjinlà  l'espèce  humaine. 
La  Defensio  sexns  mulicbris  de  Gediccus 
a  été  imprimée  pour  la  première  fois  en 
1593,  et  se  trouve  avec  l'ouvrage  de  son 
antagoniste,  à  La  Haye,  1642,  in-12. 

•  G£DIKK  (  Fréufiiic  ;.  savant  profes- 
seur allemand,  né  le  lli  janvier  1754  à 
Boberow,  village  du  Brandebourg  où  son 
père  était  pasteur.  Dépourvu  de  toute 
ressource,  il  fut  admis  dans  l'hospice  des 
orphelins  de  Zullichaud  et  y  fit  ses  éludes 
avccsucris.  Il  consacra  toute  sa  vie  à 
l'instruction  publique,  dirigea  plusieurs 
gynmases  en  Prusse  ,  et  devint  membre 
de  l'académie  des  sciences  de  Berlin  et 
du  cojnité  chargé  de  perfectionner  la  lan- 
gue allemande.  Re<;u  docteur  en  théologie 
à  la  faculté  de  Halle  c«  1771,  il  voyagea 
ensuite   en  Italie   et  fut   nommé,   à  son 


retour,  inspecteur  de«  écoles  de  la  Prus<se 
méridionale  et  occidentale.  Il  fonda  n 
Berlin  un  séminaire  ,  où  sont  élevés  huit 
jeunes  gens  qui  se  vouent  à  la  haute  in- 
struction. Il  mourut  le  ti  inni  180r),  On  \ 
de  lui  des  traductions  allemandes  dc4 
Oiir  s  olympique  s  A<t  Pindare.  Berlin.  1786, 
in-8";  de  quatre  Dialogues  de  Platon  (  \*s 
Crj/o?i,  le  yl/t'non,  et  lesdeux  /'  ' 
Hiille.  1780  .  in-8"  ;  du  Philo*  ' 
phode,  Berlin,  1781  ,  in-8",  *'  . 
recueils  de  morceaux  choisis  dans  le* 
auteurs  classiques  de  sa  nation ,  qui  ont 
obteini  »m  grand  nombre  d'éditions.  Il  a 
aussi  donné  des  morceaux  français  traduits 
en  allemand  qui  ont  été  accueillis  avec 
la  même  faveur.  La  vie  de  Gedike  par 
François  Horn  se  trouve  en  tète  d'un  re- 
cueil de  quelques-uns  de  ses  ouvrages 
posthumes,  publié  à  Berlin  en  1808. 

GÉDOW  (  Nicolas  )  ,  né  à  Orléans 
d'une  famille  noble  en  1667  ,  fut  jésuite 
pendant  dix  ans.  Rentré  dans  le  monde 
avec  les  agrémens  de  l'homme  d'esprit . 
il  y  plut,  et  y  plut  peut-être  trop.  On  a 
prétendu  que  la  fameuse  Ninon  de  Len- 
clos  1  aima  éperdùment ,  et  qu'à  80  ans 
elle  en  vint  aux  dernières  faiblesses  ; 
mais  cette  anecdote  e^t  peu  vraisemblable. 
11  obtint  un  canonicat  de  la  Sainte-Cha- 
pelle en  1709 ,  fut  reçu  à  l'académie  des 
lielles-letlres  en  1711  ,  à  l'académie  fran- 
çaise en  1/16  ,  et  nommé  à  l'abbaye  de 
Notre-Dame  de  Baiigcncy  en  1752.  Il 
mourut  au  château  de  Fonl-Pertuis  ,  près 
de  son  abbaye,  en  174/t.  Ses  principaux 
ouvrages  sont  :  |  \u\e  traduction  deQuin- 
tjien.  \n-U"  ,  et  en  /»  vol.  in-12  .  plusieurs 
foLs  réimprimée  ;  la  meilleure  édition  est 
celle  de  Paris  ,  1802.  Ce  n'est  ptiint  une 
traduction  scrupuleuse  et  littérale;  l'ublir 
Gédoyn  a  traité  l'original  avec  l'assurance 
d'un  maître  qui  se  donne  trop  de  liberté. 
M.  Adry  en  a  donné  une  nouvelle  édition, 
accompagnée  du  texte  latin ,  corrigée  cl 
augmentée  ,  Paris,  1810,  6  vol.  in-S";  |  tu»c 
troiluction  de  Pausanias,  en  2  vol.  in-4". 
exacte,  fidèle,  élégante  ,  et  ornée  de  sa- 
vantes notes.  Klle  a  été  réimprimée  à 
Amsterdam  en  1733  ,  k  vol .  in-lî,  fig. .  M 
à  Paris  ,  1794  ,  4  vol.  in-8".  fig.  ;  IVdilion 
d'Amsterdam  est  la  meilleure  et  la  plu« 
recherchée.  |  Oeuvres  diverses.  Pari». 
1745,  in-12.  C'est  un  recueil  de  petileî 
dissertations  sur  des  matières  de  morale 
et  de  lilléralure.  en  général  utiles,  écriles 
elégammenl,mai«stn"i  fmf^**  '  PIm'eun 
dissertations  rui  i  i  rit  : 

c'est    un  examen  a  d.' 


GEH 


580 


GEI 


MUton.  Examen  trop  sévère  qui  parait  se 
ressentir  quelquefois  de  l'humeur  ou  de 
la  prévention ,  mais  où  il  y  a  des  remar- 
ques fort  raisonnables. 

•  GEER  (  GnAKi.ES ,  baron  de  ) ,  maré- 
chal de  la  cour  de  Suède,  et  commandeur 
de  l'ordre  de  Vasa,  né  à  Stockholm  en 
1720,  commença  ses  études  à  Utrecht ,  et 
les  termina  à  l'univers^ité  d'Upsal.  Il  suivit 
avec  assiduité  les  cours  de  Colsius,  de  Klin- 
genstiern  et  du  célèbre  Linnée.  Il  lit  le 
plus  noble  usage  de  sa  fortune  en  se  livrant 
à  des  actes  mulUpliés  de  bienfaisance,  et 
prenant  part  à  toutes  les  entreprises  utiles 
pour  son  pays.  Il  a  publié  en  français  un 
grand  nombre  d'observations  sur  les  in- 
sectes, sous  ce  titre  :  Mémoires  pour  ser- 
vir à  l'histoire  des  i/isectes  ^  Stockholm  , 
4752-78 ,  7  vol.  in-4°,  lig.  Ces  mémoires , 
rédigés  avec  plus  de  méthode  que  ceux 
de  Réaumur ,  sont  très  recherchés  ;  c'est 
un  des  ouvrages  les  plus  clairs  ,  les  plus 
profonds  et  les  plus  riches  en  faits  et  en 
observations  qu'on  ait  sur  les  insectes. 
Géer  mourut  le  28  mars  1778 . 

GEIIA\-GllIRou  DJIHAN-GUYR ,  roi 
des  Indes  ,  commença  à  régner  en  1604 , 
et  mourut  en  1028.  Deux  de  ses  fils  déjà 
avancés  en  âge  ,  dont  l'aîné  se  nommait 
Kosrou  et  le  cadet  Kourom ,  ennuyés  de 
la  longueur  du  règne  de  leur  père ,  firent 
tous  leurs  efforts  pour  monter  sur  le  trône 
pendant  sa  vie.  Kosrou  le  va  une  puissante 
armée  ;  mais  il  fut  vaincu  et  fait  prison- 
nier, avec  les  seigneurs  qui  avaient  suivi 
son  parti.  Son  père  ne  voulant  pas  le  faire 
mourir ,  se  contenta  de  lui  ôter  la  vue 
avec  un  fer  chaud.  Il  le  ganla  auprès  de 
lui ,  dans  le  dessein  de  laisser  le  royaume 
à  Bolaki,  fils  aîné  de  ce  prince  rebelle. 
Cependant  Kourom,  qui  employait  tout 
son  crédit  pour  se  faire  roi ,  attira  dans 
son  gouvernement  de  Decan ,  son  frère 
aîné  Kosrou,  comme  dans  un  lieu  où  il 
vivrait  avec  plus  de  douceur,  et  trouva 
le  moyen  de  s'en  défaire  secrètement. 
Après  sa  mort  il  forma  le  dessein  de  dé- 
trôner son  père.  Gehau-Guir  marcha  au 
devant  de  ce  fils  rebelle,  avec  une  armée 
fort  nombreuse  ;  mais  il  mourut  en  che- 
min, après  avoir  recommandé  son  pelit- 
tils  Bolaki  à  Souf-Kan  ,  généralissime  de 
ses  armées,  et  son  premier  ministre  d'état. 
Souf-Kan  avait  donné  sa  fille  à  Kourom  ; 
il  trahit  les  intérêts  de  Bolaki  ,  légitime 
successeur  de  la  couronne  ,  et  mit  son 
gendre  sur  le  trône. 

•  GEIILER  (  jEAX-CiiAitLES  ) ,  célèbre 
médecin-accoucheur,  et  professeur  à  l'u- 


niversité de  Leipsick,  né  à  Gorlitz  lé  17 
mai  1732,  fut  reçu  docteur  en  1758,  et  alla 
voyager  en  Allemagne  et  en  Suisse.  De 
retour  à  Leipsick ,  il  se  livra  à  l'enseigne- 
ment ,  et  fut  le  premier  qui  donna  dans 
cette  université  des  leçons  particulières 
sur  la  minéralogie.  En  1762  il  fut  nommé 
professeur  extraordinaire  de  botanique  . 
et  en  1773  professeur  de  physiologie.  Il 
mourut  le  6  mai  1790,  après  avoir  publié 
un  grand  nombre  de  dissertations  et 
mémoires  sur  différens  objets  relatifs  aux 
sciences  naturelles.  La  première  a  pour 
titre  De  caracteribus  fossilium  exlernis  , 
1757,  in-i".  On  trouve  l'énuinération  des 
autres  dans  Meusel.  On  a  encore  de  lui 
un  recueil  de  plusieurs  mémoires  concer- 
nant l'art  des  accouc/iemens^en  allemand, 
Leipsick,  1798  ,  2  vol.  in-8° ,  et  une  tra- 
duction  allemande  de  la  Chimie  expéri- 
mentale et  raisonnéc  de  Baume. 

•GEIILER  (Jcaîv-SamuelTRAUGOTT), 
physicien,  frère  du  précédent ,  né  à  Gor- 
litzen  1751 ,  s'adonna  particulièrement  à 
l'étude  des  mathématiques, de  la  chimie, 
de  la  physique ,  des  lettres  et  de  la  jurFs- 
prudence.  Il  professa  les  mathématiques , 
fut  reçu  docteur  en  droit,  puis  entra  dans 
la  magistrature  ,  et  fut  nommé  sénateur 
de  la  ville  de  Leipsick  et  assesseur  de  la 
haute  cour  de  justice.  Il  n'en  continua  pas 
moins  ses  travaux  scientifiques  ,  et  ter- 
mina sa  carrière  en  octobre  1795.  On  lui 
doit  :  I  Dissertatio  historiée  logarilhmo- 
rum  naturalium  primordia ,  1776,  in-a.°; 

I  Dissertatio  inauguralis  de  lœsione  emp- 
toris  ultra  dimidium  rectè  computandâ , 
1777,  in-i°  ;  |  un  Dictionnaire  de  phy- 
sique, en  allemand,  U.  vol.  in-8'* ,  1787-91. 

II  a  traduit ,  en  allemand ,  les  Recherches 
sur  les  modifications  de  l'atmosphère , 
par  de  Luc,  2  vol.  in-8'*  ;  les  Lettres  phy- 
siques et  mo7-ales  sur  l'histoire  de  là 
terre  et  de  l'homme,  par  le  même  ,  2  vol. 
in -8°;  la  Description  des  expériences 
faites  avec  les  machines  aérostatiques , 
par  Faujas  de  Saint-Fond,  2  vol.  in-8°  ; 
la  Philosophie  chimique  de  Fourcroy ,  in- 
8",  etc. 

GEIER  (  Martin  ) ,  théologien  luthé- 
rien, professeur  en  hébreu  ,  ministre  de 
Saint-Thomas ,  prédicateur  ,  confesseiu- 
et  membre  des  conseils  ecclésiastiques  de 
l'électeur  de  Saxe  ,  était  né  à  Leipsick  en 
1614 ,  et  mourut  en  1681 ,  h  67  ans.  On  a 
de  lui  :  |  des  commentaires  en  latin  sur 
VItcclésiaste.  les  Proverbes.  Daniel  et  1er, 
Psaumes;  \  un  traité  en  latin  sur  le  deuil 
de&  HéUreux.  \  Plusieurs  autres  ouvrages, 


GEL 


381 


GEL 


pleins  d'érudition.  Oa  les  a  recueillis  à 
AiiisU'rdam  ,  1695,  en  3  vol.  in-fol. 

r>F.I.\OZ  (  Fra>vois  ),  membre  do  l'a- 
radomie  des  bcUcs-lctlrc»  ,  et  aumônier 
de  la  compa(pitc  {jéiiéralc  des  Suisses  , 
t'tait  ne  en  16%  à  Bulle  ,  peUto  ville  dans 
le  canton  de  Fribourg,  et  mouiul  en  1752 
à  Paris,  à  56  ans.  C'élail  un  homme  très 
estimable  par  ses  vastes  connaissances,  et 
surtout  par  sa  probité  :  il  avait  la  candeur 
de  son  pays.  On  a  de  lui  des  dissertations 
dans  les  mémoires  de  l'académie  des  belles- 
lettres.  Elles  roulent  presque  toutes  sur 
Hérodote.  Ce  savant  académicien  prépa- 
rait une  nouvelle  édition  de  ce  Père  de 
l'histoire  grecque,  ou  si  l'on  veut,  des  fa- 
bles de  l'histoire  grecque,  corrigée  sur  les 
manuscrits  de  la  bibliothèque  du  roi.  On 
peut  voir  un  éloge  plus  étendu  de  l'abbé 
GeinoL  ,  dans  l'Histoire  militaire  des 
Suisses  au  service  de  France  ^  par  M.  le 
baron  de  Zurlauben. 

GELAIS  (  saint),  f^oy.  SAINT-GELAIS 
(  OcTAviEN  et  Meux  de  ). 

GELASE  1"  (saint),  pape  africain,  suc- 
cesseur de  Félix  III  en  mars  /»92 ,  fut  oc- 
cupe, comme  son  prédécesseur ,  des  trou- 
bles de  l'église  d'Orient,  et  ne  put  les  ter- 
miner. 11  refusa  constamment  sa  commu- 
nion à  Euphémius  ,  patriarche  de  Con- 
stantinople,  qui  ne  voulait  point  condam- 
ner publiquement  la  ménwire  d'Acace. 
Gélase  convoqua  à  Rome  ,  en  494  ,  un 
concile  de  70  é  véques.  On  y  lit  un  catalogue 
des  Ecritures  saintes ,  conforme  à  celui 
que  l'église  catholique  reçoit  aujourd'hui. 
On  nomme  avec  distinction  dans  les  actes 
du  concile  ,  plusieurs  Pères  de  l'Eglise, 
parmi  lesquels  on  compte  saint  Cyprien  , 
saintAlhanase,  saint  Grégoire  d(;Nazianze, 
saint  Cyrille  d'Alexandrie  ,  saint  Jean- 
(^hrysostôme  ,  saint  Ambroise ,  saint  Au- 
gustin .  saint  Hilairc  ,  saint  Jérôme  et 
saint  Prosper.  Le  pieux  pontife  mourut 
le  21  novembre  496,  laissant  entre  autres 
écrits,  un  traité  contre  Eutycfiès  et  Nesto- 
vius,  que  nous  avons  ;  et  des  lettres  qui 
ont  servi  à  Baron ius]K)ur  écrire  l'histoire 
de  ce  temps.  Il  avait  aussi  composé  des 
hymnes^  des  préfaces  eida  oraisons  pour 
le  saint  sacritice  et  pour  l'administration 
(!fs  sacremcns.  On  lui  a  attribué  un  ancien 
Sacramentaire  de  V église  romaine,  qui 
contient  toutes  les  n)csses  de  l'anuée  ,  et 
U'S  formules  des  sacremcns.  Il  est  le  pre- 
mier qui  ait  fixé  les  ordinations  aux  quatre- 
(cmps.  Denis  le  Petit ,  dans  sa  littre  au 
prêtre  Julien  ,  insérée  dans  la  Collection 
romaine  de  Hoblénius,  fait  de  Gclasc  un 


éiogo  magnifique,  c  Les  moeurs  de  ce  pon- 

•  tife ,  dit  un  historien  .  honorèrent  son 
«  savoir  et  ses  lalens.  Il  était  d'une  raro 
»  piété,  donnait  à  la  prière  ou  a  de  saints 
»  entretiens,  avec  les  plus  dignes  serviteur» 
B  de  Dieu,  tout  le  temps  qui  lui  restait  de 
»  ses  fonctions  su))limes.  Elevé  à  la  dignité 
»  la  plus  émincnte ,  Il  la  regardait  coiu 
»  le  plus  pesant  fardeau  ,  et  comme 
»  vraie  servitude  ,  qui  le  rendait  coinpla- 
B  ble  envers  tout  le  monde.  Il  nourrissait 
»  tous  les  pauvres  qu'il  pouvait  découvrir, 
»  vivait  lui-même  en  pauvre,  et  dans  la 
p  pratique  des  austérités  les  plus  rigou- 
»  reuses.  «Saint  Anastasell  lui  succéda. 

GELASE  II  (  Jea:«  de  GAÈTE  ),  chan- 
celier de  l'église  romaine  et  cardinal,  fut 
élu  pape  en  lil8  ,  et  succéda  à  Pascal  II. 
Cencio,  consul  de  Rome,  marquis  de 
Frangipani,  dévoué  à  l'empereur  Henri 
V,  et  excité  par  lui  (  d'autres  disent  que 
ce  fut  Henri  en  personne  )  ,  entre  dans 
le  conclave  l'épée  à  la  main  ,  donne  aux 
cardinaux  des  coups  de  pied  à  droite  et  à 
gauche  ;  saisit  le  nouveau  pontife  à  la 
gorge,  et  l'accable  de  coups.  Celte  férocité 
brutale  met  la  consternation  dans  Rome  , 
et  Henri  i>ousSjtnt  s?  pointe,  fait  donner 
la  couronne  pontificale  à  Buurdin,  arche- 
vêque de  Briigne  ,  qui  prit  le  nom  de  Gré- 
goire YIII.  Gélase  II  se  relira  d'abord  à 
Gaète,  où  il  fut  sacré  ;  puis  à  Capoue.  où 
il  excommunia  dans  un  concile  cet  anti- 
pape, et  celui  qui  l'avait  fait  élire.  llpa>sa 
ensuite  en  France,  assembla  un  concile  à 
"Vienne,  et  mourut  à  l'abbaye  de  Cluny  , 
qu'il  édifia  par  des  mœurs  pures  et  une 
mort  sainte.  Il  expira  le  29  janvier  1119, 
après  une  année  de  pontificat. On  ne  peut 
s'empêcher  de  remarquer  ici  que  les  histo- 
riens modernes,  en  parlant  des  difft rends 
des  papes  et  des  empereurs,  ne  font  pua 
observer  les  torts  de  cesderniers,  quoique 
les  papes  ne  se  soient  jamais  portés  à  des 
violences  comparables  à  celles  que  Henri 
exerça  envers  le  pieux  et  modeste  Gélase. 
[foyez  LOUIS  V,  empereur.  ) 

GELASE  de  Cynique,  auteur  grec  du  V 
siècle,  a  écrit  V histoire  du  concile  dé  A'i- 
cée ,  tenu    en  325.    Celte  histoire  n'w! 
qu'un  roman  au  jugement  li'  - 
critiques  ;  du  moins  tians  plu- 

nes'accorde-t-elle  pas  avec  h  - ^ 

relations  les  plus  dignes  de  foi.  Le  con- 
tenu en  est  du  reste  très  sage  et  ortho- 
doxe :  il  parait  même  que  l'auteur  a  xuulu 
prévenir  des  objections,  cl  fermer  quel- 
que.» érliappatoires  à  l'erreur,  cl  que  r'cAl 
ce  qui  lui  a  fait  un  peu  brodcnonUiHoir*- 


GEL 


582 


GEL 


C'est  ainsi  qu'il  fait  prononcer  le  concile 
sur  la  divinité  du  Saint-Esprit,  quoique, 
selon  les  actes  reconnus,  il  n'ait  parlé  que 
du  Verbe  ,  parce  que  cela  suffisait  ;  la  di- 
vinité du  Fils,  selon  la  remarque  de  saint 
Augustin,  établissait  celle  du  Saint-Esprit, 
que  les  ariens  ne  croyaient  pas  être  infé- 
rieur au  Verbe  {voyez  le  Cath.  phil.  t.  3, 
n°  433).  On  la  trouve  dans  la  Collection 
des  conciles.  On  l'a  aussi  imprimée  sépa- 
rément en  grec  et  en  latin,  Paris ,  1599, 
in-8°. 

GELDENIIAUR  (  Gérard  ) ,  historien 
et  théologien  de  Nimègue ,  fut  d'abord 
chanoine  régulier  de  l'ordre  de  Sainte- 
Croix  ,  secrétaire  et  lecteur  de  Tévêque 
d'Utrecht.  Il  quilta  l'église  catholique  pour 
le  luthéranisme,  et  surtout  pour  une 
femme  ,  qui  avait  fait  plus  d'impression 
sur  son  cœur  que  les  opinions  de  Luther 
sur  son  esprit.  Il  fut  professeur  d'histoire 
à  Marpurg  pendant  quelques  années. 
Voulant  se  rendre  de  là  à  Wittenberg,  il 
fut  assassiné  par  des  voleurs  en  1542  ,  à 
50  ans.  Erasme  son  ami ,  outré  de  son 
changement,  écrivit  contre  lui.  On  doit  à 
cet  écrivain ,  une  Histoire  de  Hollande , 
Leyde,  1611,  et  Harlem,  1650.  Il  y  a  beau- 
coup de  recherches  ,  mais  peu  de  sincé- 
rité, comme  on  peut  s'en  convaincre  par 
ce  qu'il  dit  de  Philippe  de  Bourgogne  , 
évéque  d'Utrecht.  On  ne  parlera  point  de 
quelques  ouvrages  de  controverse  ;  l'au- 
teur ne  les  a  écrits  que  pour  donner  un 
air  de  raison  à  son  apostasie. 

GELÉE  (Claude  ),  dit  Claude  Lorrain^ 
né  en  1600>  au  château  de  Chamagne  dans 
le  diocèse  de  Toul ,  de  parens  fort  pau- 
vres, parut  presque  stupide  dans  son  en- 
fance. On  l'envoya  vainement  à  l'école  ; 
il  n'y  put  rien  apprendre.  On  le  mit  chez 
un  pâtissier  ,  chez  lequel  il  n'eut  pas  plus 
de  succès.  Sa  seule  ressource  fut  de  se 
mettre  à  la  suite  de  quelques  jeunes  gens 
qui  allaient  à  Rome.  Augustin  Tassi , 
peintre  célèbre ,  le  trouva  assez,  bon  pour 
lui  broyer  ses  couleurs,  soigner  son  che- 
val et  faire  sa  petite  cuisine.  Il  le  prît  à 
«on  service,  et  lui  donna  quelques  leçons 
de  peinture.  Gelée  n'y  put  d'abord  rien 
comprendre  ;  mais  les  semences  de  l'art 
«e  développèrent  peu  à  peu,  et  il  devint  le 
premier  paysagiste  de  l'Europe.  Il  est  une 
preuve  de  ce  que  peut  la  constance  du  tra- 
vail contre  la  pesanteur  de  l'esprit.  Ce 
peintre  mourut  à  Rome  en  1682.  Plusieurs 
critiques  ont  refusé  d'ajouter  foi  à  ce 
récit  :  ils  suivent  la  version  de  Bal- 
tiiaucci  qui  s'appuie  sur  le  témoignage 


du  neveu  de  ce  grand  artiste.  Devenu 
orphelin  à  l'âge  de  12  ans  ,  Claude  Gelée 
alla  joindre  à  Fribourg  un  de  ses  frères , 
graveur  en  bois  ,  apprit  sous  lui  les  pre- 
miers élémens  du  dessin ,  et  se  rendit 
ensuite  à  Rome  ,  puis  à  Naples ,  vivant 
du  produit  de  son  travail  ,  quand  il  ne 
pouvait  recevoir  de  son  pays  la  rente  mo- 
dique qui  constituait  toute  sa  fortune, 
Il  suivit  pendant  deux  ans  dans  cette  der- 
nière ville  les  leçons  d'architecture  et  de 
perspective  de  Goffredi ,  bon  peintre  de 
paysages,  et  retourna  ensuite  à  Rome 
où  il  s'attacha  à  Tassi.  Il  revint  dans  sa 
patrie  où  il  ne  resta  qu'un  an  ,  pendant 
lequel  il  peignit  à  Nancy  l'architecture 
de  l'église  des  carmélites.  Dégoûté  de  ce 
genre  de  travail  qui  ri'est  pas  sans  pé- 
ril ,  il  alla  passer  le  reste  de  ses  jours  à 
Rome  où  il  forma  et  dirigea  pendant 
plus  de  20  ans  une  école  d'où  sont  sortis 
des  artistes  distingués.  Aucun  peintre 
n'a  mis  plus  de  fraîcheur  dans  ses  teintes, 
n'a  exprimé  avec  plus  de  vérité  les  diffé- 
rentes heures  du  jour  ,  et  n'a  mieux  en- 
tendu la  perspective  aérienne.  Il  n'avait 
point  de  talent  pour  peindre  les  figures. 
Celles  qu'on  voit  dans  ses  paysages  sont 
de  Philippe  Lauri  ou  de  Courtois.  Ses 
dessins  sont  admirables  pour  le  clair-ob- 
scur ;  on  y  trouve  la  couleur  et  l'effet 
des  tableaux.  Gelée  a  gravé  plusieurs  mor- 
ceaux à  l'eau-forte  avec  beaucoup  d'art.  Le 
musée  du  Louvre  possède  plusieurs  de 
ses  tableaux.  On  regarde  comme  des  chefs- 
d'œuvre  le  sacre  de  David,  le  débarque- 
ment de  Cléopâtrcj  la  fête  villageoise ,  la 
vue  d'un  port  de  mer  au  soleil  couchant. 

GELÉE  (  Théophile  ) ,  médecin  de 
Dieppe,  mort  en  1650,  excella  dans  la 
théorie  et  dans  la  pratique  de  son  art.  Il 
est  auteur  d'un  excellent  Abrégé  d'anatO' 
mie.  réimprimé  avec  des  augmentations, 
en  1656 ,  et  1742 ,  in-8°,  à  Paris  ;  et  d'une 
traduction  des  OEuvres  d'André  du 
Lauretis .  imprimée  à  Rouen  ,  en  1661 , 
in-folio ,  avec  figures. 

GELIOT  (  LouvAN  ) ,  auteur  du  17*  siè- 
cle ,  connu  par  un  ouvrage  sur  l'art  héral- 
dique ,  intitulé  :  La  vraie  et  parfaite 
science  des  armoiries.  Pierre  Palliot 
l'augmenta,  et  le  fit  imprimer  à  Dijon, 
in-fol. ,  1660.  Les  curieux  le  recherchent 
encore. 

GELLERT  (  Christian  FURCHTE- 
GOTT),  professeur  de  philosophie  à Leip- 
sick ,  né  à  Haynichen  ,  bourg  entre  Frey- 
bergetChemnitz  (Saxe),en  1715,  mourut 
te  13  décembre  1769.  H  eut  un  grand  nouie- 


GEL 


383 


GEL 


hre  de  disciples ,  el  se  fil  un  nom  célèbre 
ii«i)S  sa  patrie.  Il  est  moins  connu  chcx 
les  étrangers  connue  professeur  de  plulo- 
9ophic,  que  comme  fabuliste  et  littéra- 
teur. Les  AUeiuands  le  placent  au  rang  de 
leurs  meilleurs  |M)ètes.  Nous  avons  de 
lui  :  I  des  fables  el  des  contes .  traduits 
dans  presque  toutes  les  langues  ,  et  plu- 
sieurs fois  en  français ,  entre  atitres  par 
Toussaint  „  et  en  vers  par  Boulanger  de 
Rivcry.  On  reproche  à  Gellerl  d'être  q»fcl- 
quefois  monotome  et  diffus  ,  et  de  ne  pas 
osset  respecter  les  mœurs ,  quoiqu'à  cet 
égard  il  soit  plus  réservé  que  beaucoup 
d'autres  :  on  a  dit  pour  l'excuser,  que  la 
licence  tient  en  quelque  sorte  à  la  nature 
des  contes  ;  si  cela  était ,  la  réponse  serait 
fort  simple,  c'est  qu'il  ne  faut  pas  faire  de 
contes.  I  Un  Recueil  de  cantiques.  Il  y  a 
du  sentiment,  de  l'élévation  el  de  la  bonne 
poésie  ;  la  langue  allemande  prend  sous 
sa  plume  des  tournures  avantageuses  ,  cl 
déploie  des  richesses  long-lcmps  incon- 
nues. I  Des  comédies  :  celle  intitulée  la 
Dévote  ,  est  remplie  d'idées  cl  d'expres- 
sions triviales ,  moins  propre  à  corriger 
la  fausse  déTOtion,  qu'à  ridiculiser  la  vé- 
ritable. \\izi  poésies  morales  didactiques; 
I  des  Œuvres  mêlées;  \  des  Dissertations 
de  littérature  et  de  morale  ;  \  des  lettres , 
traduites  en  français  par  M.  Huber  el  par 
M""=  de  Ladite  ;  |  des  leçons  de  morale,  pu- 
bliées après  sa  mort  par  Schleger ,  et  tra- 
«luites  en  français  par  Pajon,  qui  y  a  joint 
(les  réflexions  sur  la  personne  el  les  écrits 
de  l'auteur.  Ses  OEuvres  complètes  ont 
été  imprimées  à  Leipsick,  1766,  10  vol. 
in-12;  Berne,  1769,  10  vol.  in-12  ;  Franc- 
fort, 1770,  /i  vol.  grand  in-8",  cl  Leipsick, 
1776  et  1784.  Ces  deux  dernières  éditions 
sont  les  plus  complètes. 

•  GELLEUT  (CHBisrMEB  EHREGOTT  ), 
frère  aîné  du  précédent,  né  à  Haynichen 
en  1713  ,  commença  ses  études  à  Meisson 
et  les  adieva  à  l'université  de  Leipsick.  Il 
passa  en  Russie  où  il  fut  professeur  el 
ensuite  adjoint  à  l'académie  de  Saint-Pé- 
tersbourg. Pendant  son  séjour  dans  cette 
ville ,  il  s'adonna  particulièrement  à  l'é- 
tude  de  la  chimie,  de  la  physique  et  de  la 
métallurgie;  il  revint  en  Saxe  en  1747,  et 
donna  à  Freiberg  des  cours  de  minéralo- 
gie. Il  fut  nommé  successivement  con- 
seiller-commissionné  aux  mines  (1753), 
rliargé  de  l'inspection  des  machines,  de 
l'examen  des  fontes  et  de  celui  des  miné- 
raux de  la  Saxe  ,  administrateur  en  chef 
des  fonderies  et  forge*  à  Freiberg,  pro- 
fesseur de  métallurgie  à  l'académie  de» 


mines  établies  dans  la  même  ville, et  enfin 
en  1782  cons<>iIler  effectif  des  mines.  Gel- 
lerl a  le  prcnier  introduit,  en  grand  ,  le 
procédé  du  départ  des  métaux  par  amal- 
gamation ,  non  par  la  manière  de  M.  de 
Born  qui  emploie  le  feu  ,  mais  par  une 
méthode  qiii  lui  est  propre  :  ses  recher- 
ches métallurgiques  ont  fait  faire  un 
grand  pas  à  la  science.  II  est  mort  le  17» 
mai  170.'».  Ses  ouvrages,  écrits  en  alle- 
mand sont  :  I  Elémens  de  la  docimasie , 
exposés  selon  les  principes  de  la  théorie 
et  de  la  pratiqua,  par  J.  A.  Cramer,  tra- 
duits du  latin,  1746  et  1766,  in-8^  fi{î  ; 
I  Elémens  de  la  chimie  métallurgique . 
considérés  sous  le  rapport  de  la  théorie 
et  de  la  pratique ,  1730  et  1776 ,  in-S"; 
I  Elémens  de  la  docimasie,  ou  tome  2 
de  la  chimie  métallurgique  pratique,  17.')3 
et  1772 ,  in-S",  fig.  II  démontre  dans  cet 
ouvrage  différens  procédés  pour  essayer 
les  métaux  avec  certitude.  Il  a  été  tra- 
duit en  français  par  le  baron  d'Holbach  , 
Paris,  1758,  2  vol.  in-12;  et  en  anglais  par 
J.  G.  S.,  Londres,  1776,  in-8°. 

GELLI  (  Jeax-Baptiste),  poète  floren- 
tin, avait  une  condition  inférieure  à  son 
esprit  :  il  était  tailleur  ou  chaussetier.  Il 
fut  un  des  orncmens  de  l'académie  de  gli 
Umidi  de  Florence,  cl  en  fut  regardé 
comme  le  restaurateur,  par  la  réputation 
que  ses  ouvrages  donnèrent  à  cette  com- 
pagnie. Les  principaux  sont  :  |  des  dia- 
logues, faits  sur  le  modèle  de  ceux  de  Lu- 
cien; ils  plurent  beaucoup  aux  lecteurs 
qui  attachent  assez  de  prix  aux  bons  mots, 
pour  leur  sacrifier  le  sentiment  de  la 
vertu.  Leur  titre  est  :  Caprici  del  Bottaio 
Fiorcnza,  1549  ou  1551,  in-8°.  Ils  ont  été 
traduits  en  français  sous  le  titre  de  Dis- 
cours fantastiques  de  Justin  Tonnellier . 
par  Cl.  de  Kcrquisinen,  Paris,  1575,  in-16. 
I  La  Circé;  elle  a  aussi  été  traduite  en 
français  assez,  mal,  en  1680,  in-12;  |  une 
version  italienne  du  Traité  latin  des  cou- 
leurs diQ  Porzio,  Florence,  1531,in-8°; 
I  deux  comédies.  Gelli  mourut  en  1563 , 
à  64  ans. 

GELLIUS  (  AoLUS  ).  yoyex  AULU- 
GELLE. 

GELMI  (  Jeax-Ajitoi:«e},  poète  de  Vé- 
rone, florissait  dans  le  16*  siècle.  II  a 
pubUé  des  sonnets  italiens  et  d  aulrrs 
poésies,  où  l'on  remarque  un  goul  fin  el 
délicat.  On  dit  qu  il  faisait  ses  pièces  sur- 
le-champ. 

GEfX)\,  fil'  ^'^  Dinomrnc,  s  empara 
de  l'autorité  do  Syracuse.  r»n  4«*  yânl 
J.-C. ,  après  avoir  abandonné  à  son  frer» 


GEL 


58ii 


GEL 


Miéron,  Gela,  ville  de  Sicile  sa  patrie.  Cet 
usurpateur  avait  les  qualités  d'un  héros 
et  les  vertus  d'un  roi.  Il  remporta  une 
victoire  considérable  près  d'Himère  sur 
les  Carthaginois  ,  commandés  par  Amil- 
car.  La  fortune,  au  lieu  de  l'enorgueillir , 
le  rendit  plus  doux ,  plus  affable ,  plus 
humain.  Il  alla  sans  armes  dans  l'assem- 
blée des  Syracusains,  justifia  sa  conduite , 
et  fut  élu  roi,  d'une  voix  unanime.  Il 
mourut  l'an  479  avant  J.-C,  après  7  ans 
de  règne ,  pleuré  comme  un  père.  On  lui 
éleva  un  superbe  monument,  environné 
de  9  tours  d'une  hauteur  prodigieuse ,  et 
on  lui  décerna  les  honneurs  qu'on  ren- 
dait alors  aux  demi-dieux. 

•  GÉLU  (  Jacques  ),  archevêque  d'Em- 
brun, naquit  vers  1570 ,  à  Yvoy ,  ancienne 
ville  du  duché  de  Luxembourg  ,  appelée 
Carignan,  dans  les  Ardennes.  Il  vint  faire 
ses  études  à  l'université  de  Paris,  y  reçut 
le  grade  de  bachelier  es-décrets,  prit  ses 
licences  à  Orléans ,  et ,  de  retour  dans  la 
capitale ,  obtint  la  chaire  de  théologie. 
Le  bruit  de  ses  taleus  s'étant  répandu,  le 
duc  d'Orléans  ,  frère  de  Charles  VI ,  le 
nomma  maître  des  requêtes  de  son  hôtel, 
cl  quelque  temps  après,  une  charge  de 
conseiller  au  parlement  étant  venue  à  va- 
quer ,  Gélu  se  présenta  au  concours  ,  et 
obtint  cette  place  parmi  quatorze  autres 
concurrens.  Il  existait  alors  une  espèce 
de  guerre  intestine  entre  les  ducs  de  Bour- 
gogne et  d'Orléans  ;  ce  dernier  prince  en 
fut  la  première  victime ,  et  fut  assassiné 
à  Paris  ,  le  23  novembre  1407,  par  ordre 
de  Jean  sans  Peur  ^  duc  de  Bourgogne , 
oncle  du  roi.  Gélu  perdit  en  ce  prince  un 
protecteur  et  un  ami;  mais  Charles  VI 
récompensa  les  services  de  Gélu,  en  l'at- 
tachant au  service  de  ses  trois  fils,  qui 
portèrent  successivement  le  titre  de  dau- 
phin. Gélu  fut  en  même  temps  nommé 
président  de  la  province  de  Dauphiné. 
Le  concile  de  Constance,  tenu  en  1414,  le 
nomma  à  l'archevêché  de  Tours;  Gélu  se 
rendit  au  concile,  qui  le  chargea,  conjoin- 
tement avec  d'autres  ecclésiastiques  ,  de 
la  mission  difficile  d'aller  demander  à 
l'antipape,  Pierre  de  Lune  (  connu  sous  le 
nom  de  Benoit  XIII),  son  abdication.  Par 
suite  de  son  refus  obstiné ,  le  concile  élut 
un  autre  pape ,  et,  dans  le  scrutin  ,  Gélu 
eut  plusieurs  voix  en  sa  faveur.  Il  revint 
à  Paris,  en  1418  ;  mais  le  duc  de  Bourgo- 
gne, qui  haïssait  Gélu,  comme  ancien 
protégé  du  duc  d'Orléans  ,  s'y  trouvant 
dans  ce  moment,  il  fut  obligé  de  se  cacher 
pour  échapper  aux  dangers  qui  le  mena- 


çaient. Ce  fut  par  suite  de  la  guerre  dé- 
clarée (en  1419)  par  le  duc  de  Bourgogne, 
qui  venait  de  faire  un  horrible  massacre 
des  Jrmagnacs  (  ou  partisans  du  duc 
d'Orléans),  que  le  dauphin,  depuis  Charles 
VII,  envoya  Gélu  en  Castille  demander  à 
Jean  II  des  secours  que  ce  monarque  ac- 
corda aux  éloquentes  sollicitations  de  cet 
évêque.  Il  fut  chargé  d'une  autre  mission 
non  moins  importante  par  le  pape  Mar- 
tin V  ,  élu  au  concile  de  Constance ,  et 
dont  l'objet  était  de  concilier  les  diffé- 
rends survenus  entre  le  roi  d'Aragon , 
Alphonse  V,  et  Louis  III  d'Anjou,  qui  pré- 
tendaient à  la  couronne  de  Naples  ,  après 
la  mort  de  Jeanne  IL  Gélu  se  rendit  à 
Naples  auprès  de  cette  princesse ,  qu'il  fit 
entrer  dans  ses  vues  pacifiques ,  mais  il 
ne  put  rien  obtenir  des  deux  puissans  et 
ambitieux  rivaux.  Gélu  avait  été  chanoine 
à  Embrun,  dont  il  fut  élu  archevêque ,  en 
1427,  par  le  clergé  de  ce  diocèse,  qui  con- 
naissait ses  talens  et  ses  vertus.  Il  quitta 
alors  la  cour  ,  et  se  dévoua  entièrement 
aux  devoirs  de  son  saint  ministère.  Il 
mourut  dans  un  âge  très  avancé,  l'an  1432. 
Il  a  laissé  :  |  Apologie  pour  l'empereur 
Sigismond,  le  roi  d'Aragon  et  les  ambas- 
sadeurs du  concile  contre  l'antipape  Be- 
noit Xlll.  Gélu  adressa  à  l'Eglise  univer- 
selle cet  écrit ,  qui  mérita  l'approbation 
du  concile  de  Constance ,  et  servit  beau- 
coup à  détacher  de  Pierre  de  Lune,  dont 
il  fit  connaître  les  artifices ,  ceux  qui  s'é- 
taient déclarés  ses  partisans.  Gélu  eut 
ainsi  l'honneur  de  contribuer  à  l'extinc- 
tion du  schisme.  |  Vita  Jacohi  Gelu.ad 
annum  1421,  ah  ipso  conscripta.  Cette 
pièce  curieuse,  rédigée  de  la  main  de  Gé- 
lu, est  comme  un  mémoire  des  principaux 
événemens  de  sa  vie.  Il  est  écrit  sur  le 
revers  de  la  couverture  et  s\ir  quelques 
feuillets  blancs  d'un  manuscrit  du  décret 
de  Gratien .  qu'on  conserve  dans  les  ar- 
chives de  l'église  de  Tours.  A  la  fin  de 
chacun  des  dix-huit  articles  que  contient 
ce  mémorial,  Gélu  loue  et  remercie  Dieu 
des  grâces  qu'il  en  a  reçues.  On  trouve 
cette  pièce  dans  le  Thésaurus  anecdoto- 
rum  de  don  Martène  ,  page  1747.  Gélu 
était  contemporain  de  la  célèbre  Pucelle 
d'Orléans,  dont  la  valeur  et  l'enthou- 
siasme étaient  l'objet  de  l'admiration  gé- 
nérale. Charles  VII ,  non  moins  surpris 
que  les  autres  ,  voulut  avoir  l'avis  de  ce 
prélat,  pour  savoir  si,  en  effet,  la  mission 
de  Jeanne  d'Arc  était  divine.  II  lui  fit  à 
ce  sujet  cinq  questions  ,  auxquelles  Gélu 
répondit  par  l'écrit  suivant  ;  |  Jacobi  Gelu 


GE^ 


38S 


GEM 


ministtn  (  archicpiscopi  )  ebrodunmais , 
de  Puella  attrclianensi  disserlatio.  Ce 
nianuscrit  sur  papier  vélin  était  dans  la 
bibliothèque  de  Ducan(^c.  et  se  trouve 
aclucUcmcnt  dans  la  bibliollu*quc  du  roi , 
un  tome  4,  n"  ()I99;  |  Renan  ah  anleces- 
'iorihus  in  rcrlrsia  cbrodunensi  gcstarum 
bre\.'c  compt'ndium.  Gélu  avait  de  prt>- 
fondcs  connaissances,  particxilièrcnient 
sur  les  matières  ecclésiastiques;  ce  qui, 
dans  les  temps  d'ignorance  où  il  vivait, 
le  rendait  comme  un  oracle  infaillible 
que  l'on  s'empressait  de  consulter.  Sa 
pieté  n'était  pas  moindre  que  son  savoir, 
et  il  gouverna  son  diocèse  avec  la  même 
prudence  qu'il  avait  montrée  dans  ses 
missions  politiques.  Né  avec  un  cœur  juste, 
il  eut  la  douleur  de  voir  immoler  l'héroï- 
que libératrice  d'Orléans ,  qui  fut  brûlée 
en  1431. 

*r.E.>lELLI-CARERI(  Jean-François), 
voyageur  célèbre ,  né  à  Naples  en  1651 , 
d'une  famille  qui  tenait  un  rang  distin- 
gué. Dévoré  par  la  passion  des  voyages, 
il  quitta  la  maison  paternelle,  après  avoir 
obtenu  le  grade  de  docteur  en  droit ,  et 
l>arcourut  l'Italie,  la  France,  l'Angleterre, 
la  Belgique  ,  la  Hollande  et  l'Allemagne. 
Il  servit  comme  volontaire  en  Hongrie, 
et  visita  ensuite  le  Portugal ,  FEspagnc , 
et  revint  par  Genève ,  dans  sa  patrie 
en  1689.  Ce  tour  d  Europe  lui  ût  naître 
lu  désir  de  faire  celui  du  monde  par 
ttrre;  des  chagrins  domestiques  con- 
tribuèrent aussi  à  lui  inspirer  ce  projet. 
11  quitta  donc  Napl&s  le  15  juin  16<J5 ,  et 
n'y  rentra  que  le  31  décembre  1698.  Il 
s'était  rendu  à  Malte  ,  ensuite  à  Alexan- 
drie, et  après  avoir  visité  les  antiquités 
de  la  haute  Egypte,  il  avait  aussi  parcouru 
la  Syrie,  la  Palestine,  une  partie  des  côtes 
de  l'Asie  mineure,  et  de  la  Turquie  d'Eu- 
rope :  il  était  revenu  en  Asie  par  la  mer 
Noire ,  avait  traversé  les  montagnes  de 
l'Arménie,  la  Géorgie,  la  Perse,  visité  I$- 
pahan,  Scbiras,  les  ruines  de  Persêpolis, 
passé  dans  l'Indostan  et  s'était  fait  pré- 
senter au  célèbre  Aurcng-Zeb.  Peu  de 
temps  après,  profitant  d'un  navire  por- 
tugais destiné  pour  la  Chine,  il  s'était 
rendu  de  Goa  à  Marao,  puis  à  Péking,  où 
il  obtint  une  audience  de  l'empereur.  Il 
lit  une  excursion  jusqu'à  la  grande  mu- 
raille qui  sépare  la  Chine  de  la  Tartario 
septentrionale,  revint  à  Macao,pdSsaà 
Manille,  de  là  à  Acapulco,  visita  le  Mexi- 
que, rile  de  Cuba,  et  vint  débarquer  à 
Cadix  en  1698.  A  soo  retour  à  Naples .  A 
t'occupa  de  rédiger  la  relation  de  soo 
5. 


voyage,  qu'il  publia  aoai  ce  titre  :  Gin 
df l mondo  {Tour  du  wn-'- '  •":•.-  i—f) 
et  1700,  6  vol.  in-12   I 
en  1708  et  1721  avec  d. 
et  traduit  en  français  |>ur  Dubois  du  6ain^ 
Gelais,  Paris,  1719,  6  \oI.  in-12.  giioique 
Gemelli  no  soit  pas  très  profond  ol 
teur,  son  Voyage  ne  laisse  pas  que 
beaucoup  de   ciioses  prerieusi-s  »  t 
velles  ,  surtout  sur  les  Philippines  et  le 
Mexique.  On  a  encore  de  lui  :  yiaggj  dt 
Kuropa.  Naples,    1701,2  vol.  ln-8".  Ce 
Voyage,  divisé  en  lettres,  n'est  pas  d'un 
grand  intérêt  ;  on  y  trouve  cependant  des 
particularités  assez  curieuse.s.  On  ignore 
l'époque  de  sa  mort. 

•  GEUIM  VM  (  Fka:«çois  ),  musicien  , 
né  à  Lucqucs  en  1680,  mort  à  Dublin  en 
1762,  fut  un  des  premiers  violons  de  son 
temps.  Il  séjourna  long-temps  à  Londres, 
et  y  publia  ses  ouvra^jcs  théoriques  : 
I  Traité  du  bon  goiïl  et  règles  pour  exé- 
cuter avec  goût  ;  \  Leçons  pour  le  clave- 
cin ;  I  L'art  déjouer  du  violon  .  avec  de» 
règles  nécessaires  pour  la  perfection,  etc. 
Sieber  lils  en  a  donné  une  nouvelle  édi- 
tion en  1801.  I  h\-lrt  d'accompagnement 
ou  Méthode  nouvelle  pour  exécuter  pro- 
prement et  avec  goût  la  bassc^<onlinue 
sur  le  clavecin;  Ixjndres,  1742;  |  Guide 
ou  Dictionnaire  harmonique  pour  l'har- 
monie et  la  modulation,  ib.,  1742.  Il  a  été 
traduit  en  français  ,  Paris  ,  1756.  La  Mé- 
thode de  Géminiani ,  pour  jouer  du 
violon,  a  été  considérablement  simpli- 
fiée par  les  compositeurs  qui  lui  ont  suc- 
cédé, et  notamment  par  le  célèbre  Nardini. 

GEMLSTE  (Georges),  surnommé /Y^- 
thon.  philosophe  platonicien,  se  retira  à  La 
cour  de  Florence,  alors  l'a.-sile  des  lettres, 
après  la  prise  de  Constantinople  sa  patrie, 
par  les  Turcs.  H  s'était  trouvé  au  concilo 
de  Florence  en  1438.  et  y  avait  brillé  par 
l'étendue  de  ses  lumières  et  la  prudence 
de  son  caractère.  Il  mourut  âge  de  près 
de  cent  ans,  laissant  plusieurs  ouvrages  : 
I  Commentaires  sur  les  oracle»  magiques 
de Zoroastre .  Paris,  1599  .  in-8",  gnc  et 
latin  :  livre  d'une  érudition  profonde, 
mais  quelquefois  frivole.  |  Plusieurs  trai- 
tés lii  ■  .  qui  décèlent  une  vaste 
coDii  l'histoire  i;rerquc  :  tclU 
est  Liti  //  di;  ce  qui  a  tuivt  la  bo' 
taille  de  .Vantvue .  avec  dt's  éclaircutf 
mens  sur  Thucydide  .  \rx\\%c  .  1503  .  in- 
folio;  j  un  Trmie  Jr  la  '  ''  'e  iH»- 
lon  et  d'Jnstnte  .Vax  S*  :  il 
penche  bc.-iucotip  ver»  l"  ^       > 

GEUM A  (  HiibXiK»  ),  U*4  fnttm  on  le 


GEIV  5 

F7-ison,  parce  qu'il  était  né  (  1508  )  à 
Dockum  dans  la  Frise,  professa  la  rnéde- 
rine  avec  succès  à  Louvain,  et  mourut 
iJans  cette  ville  en  do53  ,  à  47  ans.  Il  pas- 
sait pour  un  des  plus  habiles  astronomes 
de  son  temps  ,  et  donna  plusieurs  ouvra- 
ges de  malhématiques,  entre  autres  :  [  une 
Mappemonde  j  bonne  pour  son  temps.  Il 
la  dédia  à  l'empereur  Charles-Quint ,  qui 
y  trouva  une  faute  en  la  parcourant  :  l'au- 
teur profila  de  cette  correction  ;  |  Melho- 
dus  arilhmeticœ  ^  in-8°;  |  De  usu  annuli 
astronomici  ^  etc. 

GEMi>IA  (  CoRXEiLLE  ),  fils  da  précé- 
dent, né  à  Louvain  en  1S55,  fut  reçu 
docteur  en  médecine  en  1370.  Il  y  ensei- 
gna avec  réputation  celte  science,  et  fut 
aussi  célèbre  astronome  que  son  père.  Il 
mourut  en  1S79.  On  a  de  lui  :  j  De  arte 
cycloqnomica,  Anvers,  1569,  3  vol.  in-i°; 
I  Cosmocritice j  seu  de  Naturce  divinis 
characlerismis  ^  Anvers ,  1575 ,  in  -  8". 
C'est  xm  tableau  des  merveilles  de  la  na- 
ture dont  l'auteur  a  profondément  saisi  la 
marche  et  le  but.  Il  y  a  des  réflexions  ad- 
mirables, exprimées  avec  un  langage  de 
sentiment  qui  touche  autant  qu'il  instruit 
\Q\cc\Q\iT.\Deprodi(jiosacometœ  specie ac 
natuîYi  anni  1577,  Anvers,  1578.  C'était  un 
homme  vertueux  et  fortement  attaché 
aux  bons  principes  ;  ses  ouvrages  se  font 
lire  avec  plaisir  et  avec  fruit.  On  y  trouve 
([uelques  erreurs  physiques  alors  univer- 
sellement reçues,  mais  en  petit  nombre , 
et  d'une  conséquence  bien  moindre  que 
celles  dont  fourmillent  les  livres  de  phy- 
sique les  plus  vantés  dans  ce  siècle  su- 
perficiel et  suffisant,  où  nous  jugeons  si 
sévèrement  nos  pères  et  nos  maîtres.  Sa 
latinité  est  en  général  très  pure  ,  son  style 
élégant  et  sonore.  Beyerling  lui  fit  cette 
épitaphe  : 

Qui»  lapis  hic?  Gemmes  Gemmam  lapis  an  tegit  , 
inquis  ? 
At  tondi  in  Gemma  àchuerat  potius, 
.^on  ila  :  nam  qiisevis  tniaor  illo  Gemma  fiiiiset, 
El  posilo  Gemma,   Gemma  fit  islc  lapis. 

GENDRE  (Louis  Le  ),  né  en  1059  à 
Rouen ,  d'une  famille  obscure  ,  s'attacha 
à  François  de  Harlay .  alors  archevêque 
de  cette  ville  ,  et  qui  dans  la  suite  le  fut 
de  Paris.  Ce  prélat  lui  donna  un  cano- 
nicat  de  Notre-Dame  en  1690  ;  l'abbé  Le 
Gendre  lui  dut  plusieurs  autres  bienfaits, 
et  n'eu  perdit  point  le  souvenir.  Il  mou- 
rut en  1733,  à  74  ans.  Il  avait,  depuis 
J724 ,  l'abbaye  de  Claire-Fontaine  au  dio- 
cèse de  Chartres.  On  lui  est  redevable  de 
plusieurs  ouvrages,  dont  les  principaux 


S6  GEIV 

sont  :  I  Histoire  de  France^  contenant 
l'histoire  des  rois  jusqu'à  la  mort  de 
Louis  XIII;  les  mœurs  et  coutumes  de 
la  nation  dans  les  différens  temps  de  la 
monarchie;  la  généalogie  de  la  maison 
royale;  l'histoire  des  grands  -  officier& 
de  la  couronne^  Paris,  1718,  en  3  vol.  in- 
fol.  et  en  8  vol.  in-12.  C'est  un  des  abré- 
gés les  plus  exacts  de  l'histoire  de  France; 
il  est  écrit  d'un  style  simple  et  un  peu 
lâche.  Les  premiers  volumes  parurent  en 
1700,  et  ne  furent  pas  beaucoup  recher- 
chés ,  parce  qu'il  est  très  difficile  de  ren- 
dre intéressans  les  premiers  siècles  de  la 
monarchie  française  ;  ce  sont  pour  ainsi 
dire  les  temps  fabuleux  de  la  nation.  Les 
derniers  volumes  furent  mieux  accueillis. 
Les  mœurs  et  coutumes  des  Français, 
etc.^  ont  été  imprimées  séparément  à 
Paris  en  1712  et  en  1755,  in-12.  C'est  un 
ouvrage  curieux  et  estimé  ;  Yelly  et  Vil- 
laret  y  ont  puisé  la  plupart  des  notes  dont 
ils  ont  enrichi  leur  Histoire  de  France. 
I  Vie  de  François  de  Harlay  ^  in-8°.  C'est 
la  reconnaissance  qui  mit  la  plume  à  la 
main  de  l'auteur  ;  cependant  en  louant 
son  héros,  l'auteur  ne  déguise  pas  tou- 
jours ses  défauts.  |  Essais  du  règne  de 
Louis  le  Grand,  in-h"  et  in-i2  ,  dont  il  se 
lit  quatre  éditions  en  18  mois.  Si  Le  Gen- 
dre a  pris  un  peu  trop  le  ton  de  pané- 
gyriste ,  les  honnêtes  gens  d'aujourd'hui 
lui  pardonnent  volontiers  ce  défaut,  par 
comparaison  aux  infâmes  détracteurs  de 
ce  grand  roi ,  qui  barbouillent  sa  mémoire 
avec  les  couleurs  d'une  philosophie  in- 
fecte et  virulente.  |  Vie  du  cardinal 
d'Amboise ,  avec  un  Parallèle  des  car- 
dinaux qui  ont  gouverné  les  états,  in-li?, 
Paris,  1724,  et  Rouen,  2  vol.  in-12  :  ce 
sont  des  tableaux  assommans  pour  les 
détracteurs  de  l'administration  sacerdo- 
tale, et  qui  démontrent,  par  des  faits 
éclatans  et  l'état  glorieux  des  plus  gran- 
des monarchies,  que  des  hommes  consa- 
crés au  Seigneur,  délivrés  des  embarras 
du  mariage,  et  n'ayant  d'autre  famille  que 
le  peuple,  possédant  d'ailleurs  la  science 
et  le  z,èle  du  bien  public ,  sont  des  anges 
de  salut  que  Dieu  envoie  aux  nations  dans 
sa  miséricorde.  Voyez  SAMUEL,  SU- 
CER ,  XIMÉNÈS,  elc. 

GEXDUE  ( Gilbebt-Chari.ks Le), mar- 
quis de  Sy^INT- AUBIN,  mort  à  Paris  sa 
patrie ,  en  1746,  à  59  ans,  est  connu  dans 
la  république  des  lettres  par  deux  ouvra- 
ges estimables  :  I  Traité  de  l'opinion,  en 
8  vol.  in-12.  C'est  un  tissu  d'exemplcj 
historiques,   sur  l'empire   de  l'opinion 


GEN 


587 


GEIV 


dans  \c»  différenlcs  science».  L'auteur  le» 

aK  i  ompaRUc  do  quelques  réflexions  i)Our 
1  .  l.urcir  le»  faits,  ou  pour  dissiper  des 
tireurs.  I  Antiquités  de  la  maison  de 
France.  in-i°.  Paris,  1739.  Le  marquis 
de  Saint- Aubin  fonne  un  nouveau  sys- 
tème sur  les  commcnccmens  de  la  maison 
de  France  ;  mai»  quelque  sagacité  et  quel- 
que savoir  qu'il  fasse  paraître ,  son  opi- 
nion n'est  pas  plus  capable  de  fixer  les 
esprits  sur  cette  matière,  que  celle  des 
écrivains  qui  l'ont  précédé  et  qui  le  sui- 
vront. 

GENDRE  (Nicolas  Le  ),  sculpteur, 
natif  d'Etampes ,  mort  à  Paris  en  4670,  à  52 
ans,  a  laissé  de  beaux  morceaux  de  sculp- 
ture. Il  fut  l'illustre  disciple  d'un  maiire 
très  médiocre  :  on  remarque  dans  ses  ou- 
vrages une  sagesse  et  un  repos  admirables. 
On  peut  voir  ceux  qui  embellissent  l'église 
de  St.  Nicolas-du-Chardonnet,  à  Paris. 

GEADRE  (Le  ).  foy.  LEGENDRE. 

GE\DRO\  (  Claude  DESHAIS  ) ,  mé- 
decin ordinaire  de  Monsieur,  frère  de 
Louis  XIV,  et  du  duc  d'Orléans  son  tils, 
était  d'une  bonne  famille  de  Brauce.  Il 
prit  le  bonnet  de  docteur  en  médecine 
a  Montpellier  ;  il  excella  surtout  dans  l'art 
de  guérir  les  cancers  et  les  maladies  des 
yeux.  Il  ajoutait  à  toutes  les  connaissances 
qui  peuvent  rendre  un  médecin  utile  à 
l'humanité,  les  agrémcns  de  l'esprit  cl 
le»  qualités  du  cœur,  qui  le  rendent  cher 
à  la  société.  Parvenu  à  un  âge  assez 
avancé,  il  se  retira  à  Auteuil.  près  de 
Paris,  dans  la  maison  qui  avait  appar- 
tenu à  Boileau  son  ami.  C'est  dans  cette 
retraite  philosophique  qu'il  mourut  en 
1750,  à  87  ans,  pleuré  des  pauvres  dont 
il  était  le  père ,  des  chrétiens  dont  il  était 
l'exemple,  et  même  dea  niédcrins,  quoi- 
qu'ils eussent  en  lui  un  concurrent  redou- 
table. L'abbé  Ladvocat  dit  que  Voltaire, 
étant  allé  un  jour  lui  présenter  un  de  ses 
ouvrages,  se  trouva  tout  à  coup  saisi  de 
respect  pour  un  endroit  si  cher  aux  mu- 
ces,  et  lit  cet  impromptu  : 

C'en  ici  le  vrai  Psraatte 

Dei  «rail  eofani  d'Af.nlIuD  i 
Sont  Ir  oom  àe  Uoileau,  en  lieoa  «  ireal  Horace  , 
Etculape  y  paraît  lout  celui  de  Gendroo. 

Mais  ce  poète  a  désavoué  çk'S  ver».  On 
assure  que  Gendron  laissa  plusieurs  ma- 
nuscrits, un  entre  autres  sur  Varlyine , 
le  développement  et  la  reproduc>.ion  de 
tous  les  être*  vivons  :  matière  dans  l'olv 
■curité  de  laquelle  il  s'est  certainement 
perdu ,  comme  tous  ceux  qui  ont  voulu  la 
discuter.  T'oyez  MUYS. 


GENKnnARD  (  r;iiiiriiT  ) ,  né  vdrvIRt? 

h  Ri«)in  en  Anvci  ^ 

nedirlindr  (luii 
où  il  fil  des  pro,, 

dans  les  langues.  H  fut  reçu  docteur  de 
la  maison  de  Navarre  en  l-NfiT.  et  devint 
professeur  en  lanj'.ue  hébrauiur  au  rollcge 
royal  en  l.'iGO.  Pirrro  I).iii»s,  é\(''(nir  de 
Lavaur,  touché  de  son  mrrite,  se  démit 
en  sa  faveur  de  son  évéché ,  vA  présentfii 
une  requête  aux  états  de  Rloi» ,  pour  le 
faire  recevoir.  Henri  IIÎ  y  avait  consenti, 
le  clergé  cl  la  noblesse  y  applaudissaient, 
mais  le  tiers- état  s'y  opposa,  parce  qxK 
La  Robe  favorisait  Pibrac ,  frère  du  prt- 
sidcnt.  à  qui  cet  évéché  était  promis  de- 
puis long-temps.  Dans  ces  temps  pénibb» 
et  difficiles,  où  la  plti^art  des  Frmiçai» 
regardaient  la  religion  catholique  comme 
une  condition  pour  le  moins  au^si  esseï»- 
tielle  à  la  succession  au  trône  que  la  loi 
saliquc  (  voy.  HENRI  IV  ),  Génébrard  se 
déclara  pour  Li  ligue  et  la  soutint  de  tous 
ses  efforts.  D'ailleurs  le  parti  protestant 
était  également  une  li;;ue,  el  une  ligue 
armée  contre  le  Irùnc  et  l'autel;  ligue 
pour  ligue,  celle  des  catholiques  lui  parut 
plus  légitime.  En  I.Wi,  Grégoire  XIV, 
à  la  sollicitation  du  duc  de  Mayenne  el 
de  plusieurs  autres  scignctirs,  le  nomma 
à  l'archevêché  d'Aix .  dont  il  ne  prit  pos- 
session qn'en  1593.  Avant  celle  époque  il 
avait  publié  u«i  Traité  des  Kfectinn%  .  qui 
dans  la  suite  lui  causa  des    1  i>. 

Il  y  soutenait  les  élection^  s 

par  le  clergé  et  le  peuple  co.... .  ._  m- 

nalion  du  roi ,  Paris  ,  1592  ,  in-»".  Le  par- 
lement d'Aix  le  fit  brûler  p.ir  la  main  du 
bourreau,  bannit  l'aulrur  du  royaume, 
avec  défense  d'y  revenir,  sous  peine  de 
la  vie. On  lifi  permit  pourtant  daller  liuir 
ses  jour»  à  son  prieuré  de  S«»mur  en  Bour- 
gogne. Il  y  mourut  en  l.'i97. à  fiO  ans.  On  mit 
ce  vers  sur  son  tombeau. 

Uro«  capil  cioerc*.  BQMca  ••" 

Génébrard  était  cerlainement  \\n  .!  .• 
homme»  lesplus  savansdc  son  sirrl.  n>  ^ 
vertus,  et  surtout  la  111  i  ^. 

le  firent  respecter  di  '« 

illustres.  Saint  Fr?n',..., 

rifiûit   d'avoir   été  son  disciple.  1 
conntis  de  sesoiivm.Ti -^  «'Ht  :  \  ttt 
nologie  sacrée .  < 
être  lu  enc  ore  ti 

il  y  a  bien  des  t  i'  i .     ,.*     i 

chercherainaiii.  M  i  .ir».  |  l>o  t*P»- 

tncntaire  sur  les  /  v.  -  .c . .  in-S".  Mvanl 
el  bien  irril,  qui  doit  cire  mi»  au  pr*. 


GEIV 


588 


GEN 


mier  rang  avec  ceux  de  Jansénius  de 
.•îand  et  de  Siméon  de  Muis.  Il  y  défend 
la  version  des  Septante  contre  les  parti- 
sans outrés  du  texte  hébreu,  tel  qu'il  est 
aujourd'hui,  y  compris  surtout  les  ponc- 
tuations des  rabbins.  La  meilleure  édition 
de  cet  ouvrage  est  celle  de  Paris,  1588, 
in-fol.  I  Trois  livres  de  la  Trinité ^  in-8"; 
}  une  traduction  de  Flaçe  Josèphe  en 
français  en  2  vol.  in-8"  ;  |  la  traduction 
de  différons  rabbins,  in-fol.;  ]  une  édition 
des  OEuvres  d'Origène.  eslimée  même 
après  celle  des  bénédictins  qui  auraienl 
1res  bien  fait  de  conserver  la  Dédicace  de 
Génébrard  au  roi  Charles  IX,  où  il  y  a 
d'excellentes  choses ,  et  l'apologie  de  Pam- 
phile  pour  Origène.  |  Quelques  écrits  po- 
lémiques. 

*  GENER (  Je Aiv-B artiste),  jésuite  es- 
pagnol, né  en  1711,  professa  la  pliiloso- 
phie  et  la  théologie  dans  sa  patrie ,  et 
vint  à  Rome  en  17(36.  Il  publia  une  Théo- 
logie dogmatique  j  éclaircie  par  des  dis- 
sertations historiques  et  par  les  m,onu- 
mens  de  l'antiquité.  6  vol.  ïn-k°  :  ouvrage 
savant,  qui  fournit  des  témoignages  pré- 
cieux en  faveur  de  la  religion. 

•  GENERALI  {  Pierre  ) ,  maître  de 
chapelle  à  la  cathédrale  de  Novare  en  Lom- 
bardie ,  naquit  en  1787  à  Massérano  près 
de  Verceil,  et  est  mort  à  l'âge  de  53  ans  à 
Novare,  le 8 novembre  1852.  Son  véritable 
nom  qui  est  peu  connu,  était  Pietro  MER- 
CANDETTI.  Ce  célèbre  compositeur  a 
donné  en  Italie  plusieurs  opéras  pour  les 
théâtres  dt;  Turin ,  de  Parme ,  de  Milan , 
et  a  enrichi  le  répertoire  de  la  cathédrale 
de  plusieurs  oratorios. 

GÉiVÉSIUS  (  Jean  ) ,  que  l'on  nomme 
aussi  Joseph  Byzantins  ^  historien  grec 
sous  les  règnes  de  Léon  et  de  Constantin 
Porphyrogénète  son  fils.  Nous  avons  de 
lui  l'Histoire  de  l'empire  grec,  depuis 
Léon  l'Arménien  jusqu'à  Basile  le  Macé- 
donien ,  en  886  ;  elle  parut  en  grec  et  en 
latin  à  Venise,  in-fol.,  1753.  On  la  con- 
serve manuscrite  à  Leipsick,  dans  la  bi- 
bliothèque Pauline,  à  l'académie. 

GENEST  (  Charles-  Claude  ) ,  naquit 
à  Paris  le  17  octobre  1639  Ayant  perdu  son 
père  dès  son  enfance ,  il  s'imagina  d'aller 
aux  Indes  chercher  fortune.  A  peine  fut-il 
en  haute  mer,  qu'un  vaisseau  anglais 
l'enleva  et  le  conduisit  à  Londres.  Sa  res- 
source en  Angleterre  fut  d'enseigner  le 
français  aux  enfans  d'un  seigneur  du 
pays  ;  mais  cette  vie  ne  l'accommodant 
point ,  il  repassa  en  France.  Il  fut  placé , 
par  la  protection  du  duc  de  Nevers  et  de 


Pellisson ,  en  qualité  de  précepteur ,  au- 
près de  m"'  de  Blois ,  mariée  depuis  au 
duc  d'Orléans.  Il  fut  ensuite  nommé  à 
l'abbaye  de  St.-Vilmer,  devint  aumônier 
de  la  duchesse  d'Orléans  son  élève ,  secré- 
taire des  commandemens  du  duc  du 
Maine,  membre  de  l'académie  française, 
et  mourut  à  Paris  en  1723 ,  à  84  ans.  L'abbé 
Genesl  avait  des  mœurs  aimables  et  le 
cœur  généreux.  Homme  de  cour,  simple 
et  vrai,  sans  affectation,  sans  empresse- 
ment ,  il  sut  plaire  à  ce  qu'il  y  avait  alors 
de  plus  élevé  et  de  plus  délicat.  Sa  vertu 
se  fait  sentir  dans  tous  ses  ouvrages,  et  y 
plaît  encore  plus  que  son  génie.  Les  prin- 
cipaux sont  :  I  Principes  de  philosophie 
ou  Preuves  naturelles  de  l'existence  de 
Dieu  et  de  l'immortalité  de  l'âme ,  in-8"  , 
Paris,  1716  :  ouvrage  laborieux  dans  lequel 
la  philosophie  de  Descartes  est  mise  en 
rimes  plutôt  qu'en  vers  ;  mais  si  la  poésie 
et  la  partie  systématique  sont  faibles,  les 
grandes  vérités  n'y  sont  pas  moins  forte- 
ment énoncées ,  quoique  toutes  les  preu- 
ves n'y  soient  pas  également  bonnes. 
a  Un  avis ,  dit  un  critique ,  qu'on  ne  sau- 
»  rait  trop  répéter,  surtout  en  parlant  aux 
»  gens  de  bien ,  c'est  de  ne  jamais  ap- 
j)  puyer  des  choses  incontestables  sur  des 
»  idées  particulières.  »  |  Une  belle  Epitre 
en  vers  à  M.  de  La  Bastide,  pour  l'engager 
à  rentrer  dans  le  sein  de  l'Eglise  :  mor- 
ceau plein  de  chaleur  et  d'éloquence,  qui 
cependant  ne  produisit  aucun  effet.  |  Des 
pièces  de  poésie,  couronnées  à  l'acadé- 
mie avant  qu'il  fût  honoré  du  fauteuil  ; 
I  une  petite  Dissertation  sur  la  poésie 
pastorale,  m-l^;  j  plusieurs  tragédies: 
celle  de  Pénélope  est  la  plus  estimée.  Elle 
attache  autant  par  le  caractère  vertueux 
de  ses  principaux  personnages,  que  par 
le  merveilleux  des  incidens,  et  par  son 
dénoùment  pathétique.  Elle  respire  le 
goût  de  la  belle  et  simple  antiquité.  Le 
grand  Bossuet,  ennemi  du  théâtre,  fut  si 
pénétré  des  senlimens  de  vertu  dont  îa 
tragédie  de  Pénélope  est  semée,  qu'il  té- 
moigna, dit-on,  qu'il  ne  balancerait  pas 
à  approuver  les  spectacles,  si  l'on  y  don- 
nait toujours  des  pièces  aussi  épurées  : 
mais  l'on  conçoit  qu'une  telle  supposition 
changerait  tout  l'état  de  l'histrionisme. 
On  trouve  dans  les  Mémoires  historiques 
et  philologiques  de  M.  Michault  (  tom.  1, 
pag.  1  ),  une  vie  assez  détaillée  de  l'abbé 
Genest,  par  M.  l'abbé  d'Olivet. 

GEi\ET  (  François  ) ,  né  à  Avignon  en 
1640  d'un  avocat,  chanoine  et  théologal 
de  la  cathédrale  d'Avignon,  et  ensuite 


G  EN 


S89 


GE3f 


fvt'^quc  de  Vaisuii,  eut  le  chagrin  dcire 
iMjvfloppi-  dans  l'affaire  de»  filles  de  t'Kn- 
funce  de  Toulouse,  qu'il  avait  revufsdnns 
«ou  diocèse.  Il  fui  anèlé  en  KSS,  coi'.duit 
d'abord  au  l'ont -Sainl-Espril,  ensuite  ù 
Nliucs,  et  de  là  à  l'ilc  de  Illié.  où  il  pa<>sa 
15  mois.  Rendu  à  son  diocèse  à  la  prière 
du  pape,  il  se  noya  dans  un  petit  torreni, 
en  retournant  d'Avi(;non  à  Yaison  ,  l'an 
1702.  On  a  de  ce  prébl  la  théologie  con- 
nue sous  le  nom  de  Morale  Je  Grenoble . 
qui  a  paru  suspecte  à  plusieurs  évéques 
de  France,  ainsi  qu'à  l'université  de  Lou- 
vain,  comme  on  peut  le  voir  dans  le  ju- 
ycmenl  qu'elle  rendit  le  10  mars  1703.  La 
meilleure  édition  de  cet  ouvrage,  infé- 
rieur aux  Conférences  d Angers ,  est  de 
1715,  en  8  vol.  in-12.  Les  2  vol.  de  Remar- 
ques (  publiées  sous  le  nom  de  Jacques  de 
Hemondc  )  contre  la  Morale  de  Grenoble. 
furent  censurés  par  le  cardinal  Le  Camus, 
«l  mis  à  l'Index  à  Rome;  le  7.cle  du  cri- 
tique a  paru  le  conduire  à  une  extrcmilé 
ro;i traire.  La  Théologie  de  Grenoble  a  été 
traduite  en  latin,  1702,  7  vol.  in-12,  par 
l'abbé  GHNET  son  fi  ère ,  prieur  de  Sainte- 
Gemme  ,  mort  en  1716,  qui  est  auteur  des 
Cas  de  conscience  sur  les  sacrcniens^ 
1710,  in-12. 

•  GENET  (  Edme- Jacques  ) ,  secrétaire, 
interprète  de  Monsieur ,  frère  du  roi 
Louis  XVI ,  depuis  Louis  XVII/,  a  publié 
les  ouvrages  suivans  :  |  IliUoire  des  dif- 
i'érens  sièges  de  Berg-op- Zoom  .  17i7  ; 
I  Lettres  choisies  de  Pope .  trad.  de  l'an- 
glais, 1754,  2  vol.  in-12  ;  |  la  Vérité  révé- 
lée, trad.  de  l'anglais,  1755,  in-12;  |  le 
Peuple  instruit  ou  les  alliances  dans  les- 
quelles les  ministres  ont  engagé  la  îtation. 
traduit  de  l'anglais,  1756,  in-12;  |  le 
Peuple  juge,  traduit  de  l'anglab ,  1755, 
in-12;  \Petit  Catéchisme  politique  des  An- 
glais.Viol  ,  in-12  ;  |  FAut  politique  actuel 
Je  l'Angleterre,  ouvrage  périodique, 
1757,  in-12;  |  Mémoire  pour  les  ministres 
d'Angleterre  contre  l'amiral  liyng .  tra- 
duit de  l'anglais,  1757,  in-12;  |  Essais 
historiques  sur  l'Angleterre  .  1761 ,  2  vol. 
in-12;  |  Lettres  au  comte  de  liute  sur  la 
retraite  de  M.  Pilt .  trad.  de  l'anglais, 
1761 ,  in-8"  ;  ]  nouvelle  Lettre  au  comte  de 
liute .  concernant  la  rupture  de  l'Angle- 
terre avec  l'Espagne,  1762 ,  in-8"  ;  |  Table 
ou  Abrégé  des  135  vol.  de  la  Gazette 
de  France ,  depuis  son  commencement, 
m  1651,  jusqu'à  la  fin  de  l'année  1765. 
l  aris,  1768.3  vol.  in-i".  Plui>icurs  bio- 
graphes lui  ont  attribué  à  tort  :  J/istvirc 
d'Eric  l!',  roi  de  Suéde ^IraJl.  d:t  sué- 


dois. 1777 .  S  vol.  iu  -  li.  cl  necheteh*» 
sur  l'ancien  peuple  finois  .  trad.  au<tti  du 
.Huédois  ,  1778 .  in- S"  ;  ce»  dcui  ouvragra 
.«ont  de  son  fils.  Gcnel  est  mori  à  Paria, 
en  1781. 

(.E.\ÈVE  (  Robert  de  ) .  fils  d'Amédée, 
comte  de  Genève,  cvéquc  de  Térouane. 
puis  de  Cambrai,  cardinal,  fut  élu  papa 
sous  le  nom  de  CIcmcnl  VII  à  Pondi ,  la 
27  août  1378,  par  15  des  cardinaux  qui 
avaient  nommé  Urbain  VI  cinq  mois  au- 
paravant. Il  fut  reconnu  pour  légitima 
pape  en  France ,  en  Espagne ,  en  Ecosse, 
en  Sicile,  dans  l'Ile  de  Chypre,  tandis  que 
le  reste  de  la  chrétienté  reconnaissait  l'r 
bain  VI.  Cette  double  élection  causa  un 
schisme,  qui  dura  l'espace  de  40  ans.  Ce 
pape,  faux  ou  légitime,  mourut  d'a- 
poplexie le  16  scptcndirc  1.394,  à  Avi- 
gnon ,  où  il  avait  établi  son  siège.  Voyez 
URBAIN  VI. 

*  GE.NEVEY  (  Claude  ),  vicairc-géne- 
ral  du  diocèse  de  Lyon  et  chanoine  d'hon- 
neur de  la  cathédrale,  en  1744,  avait  été 
curé  à  Ecully  avant  la  révolution;  il  émi- 
gra  pendant  cette  désastreuse  époque ,  et 
reparut  sur  le  sol  natal  dès  qu'il  redevint 
possible  de  faire  le  bien  :  rendu  aussitôt 
à  l'exercice  de  st)n  miiiisière,  il  fut  nomme 
curé  de  Villefranche  lors  de  la  réorgani- 
sation du   culte  ;  son   caractère  doux   cl 
conciliant,  sa  piété  et  ses  lunucres  lui  mé- 
ritèrent rattachement  de  lou.<  ceux  qui  Ir 
connurent,  et  son  inépuisable  bicnf.ii    '  n 
en  avait  fait  le  père  des  pauvres.  1. 1       . 
part  des  établisscmens  de  cliarilé  de  \  .i.r- 
frainche  ,  et  spécialement  ceux  des  frcrua 
et  sœurs  de  la  doctrine  chrétienne,  des 
dames  de  la   niisérirordc .  clc,  It.i    '  • 
vent  leur  existence  ou  leur  pro*)  •  : 
Claude  Gencvey,  est  mort  ]"    '." 
1827,  âge  de  83  ans.  à  la  suil 
ladie  de  poitrine  longue  et   :• 

GE\EVIEVË>ainle;.  patronne  tic  l'ai  ta. 
vierge  célèbre .  née  à  Nautcrrc ,  près  de 
Paris,  vers  423  ,  consacra  à  1>  ir- 

ginilé   par  le  con^îil   de  sai 
évéque  d'Auxerre ,  qui   lit   1  . 
cérémonie  de  celle    consécraliuti.    (^iic 
sainte  liile  ayant  été  accusée  d'hypoi  ri«i« 
et  de  superstition,  l'illu' 
dit  la  calomnie  et  lit  r 
ccnce.  Attila,  roi  des    I 
dans  les  Gaules  avec  une  are 
ble,  les  Parisien*  vonhirfol 
leur  V  illc  ;  . 
clia,  leur 

pcclé  par  K I  -  -. ,„  - 

lifla  sa  ;«rcdic(ion,  et  les  l^rinrns  ne»- 
33. 


CEIV 


590 


GEIV 


Tcnt  plus  pour  elle  que  des  senlimens  de 
vénération  et  de  confiance.  Ce  fut  par  le 
conseil  de  cette  sainte  que  Clovis  com- 
mença l'église  de  St.-Pierre  et  St.-Paul,  où 
elle  fut  enterrée,  et  qui  depuis  l'an  512 
a  pris  son  nom.  La  réputation  de  sainte 
Geneviève  était  si  grande ,  que  saint  Si- 
inéon  Stylite  avait  coutume  d'en  deman- 
der des  nouvelles  à  ceux  qui  venaient  des 
Gaules.  Son  tombeau  devint  célèbre  par 
plusieurs  miracles,  et  fut  orné  d'ouvrages 
précieux ,  travaillés  par  saint  Eloi.  Sa 
Vie,  écrite  en  latin,  18  ans  après  la  mort 
de  Clovis,  est  un  monument  contempo- 
rain, digne  de  la  plus  grande  confiance  : 
les  doutes  que  quelques  critiques  ont  éle- 
vés contre  l'antiquité  et  l'authenticité  de 
celte  Vie ,  ne  paraissent  pas  solidement 
uïotivés.  «  On  voit ,  disent  les  savans  bé- 
»  nédictins  ,  auteurs  de  la  Bibliot.  litt.  de 
*  la  France,  tom.  3,  pag.  151,  que  c'était 
»  un  auteur  grave ,  judicieux ,  plein  de 
»  piété,  et  qui  ne  manquait  pas  d'crudi- 
»  tion  pour  le  siècle  où  il  vivait  :  il  écri- 
»  vait  cette  Vie  dix-huit  ans  après  la  mort 
»  de  la  sainte ,  et  par  conséquent  l'an 
»  550.  i>  La  Vie  de  saint  Germain ,  par  le 
prêtvo  Constance,  rapporte  la  consécra- 
tion de  sainte  Geneviève  par  ce  saint.  Ce 
Constance  écrivait  du  vivsmt  même  de 
sainte  Geneviève  [voyez  les  BoUandistes, 
Acta  sanctorum.  31  juillet  ).  C'est  dans  le 
superbe  temple  élevé  à  l'Eternel  sous  l'in- 
vocation de  cette  sainte  vierge,  que  fu- 
rent portes  en  triomphe  les  os  du  chef 
des  philosophes  modernes,  en  1791, 
et  que  ce  cadavre  odieux,  pour  lequel 
jadis  la  terre  avait  refusé  d'ouvrir  son 
.sein .  fut  déposé  avec  ceux  de  ses  com- 
plices, comme  autant  de  reliques  de  la 
philosophie;  Alors  on  se  souvint  avec 
élonnement  et  avec  effroi  de  la  prophétie 
consignée  dans  la  première  édition  de 
cet  ouvrage,  art.  SOUFFLOT  {V.  le  Jouni. 
hist.  et  lin. ,  1"  août  1791,  pag.  557  ).— 
Quelques  légendes  font  mention  d'une 
sainte  GENEVIÈVE,  duchesse  de  Brabant, 
qui,  accusée  d'adultère  et  exilée  par  le 
duc  son  époux,  se  retira  dans  le  désert 
avec  son  enfant ,  qu'une  biche  venait  ré- 
gulièrement allaiter.  On  ajoute  que  le  duc 
tianlà  la  chasse,  les  chiens  poursuivirent 
cette  biche,  qui  se  réfugia  avec  son  faon 
ilans  la  caverne  de  la  duchesse  ;  que  le 
duc,  ayant  franchi  celle  asile ,  fut  con- 
sterné d'y  trouver  son  épouse  dans  cet 
•état,  ot  convaincu  de  son  innocence.  Les 
rriliqucs  révoquent  en  doute  cette  his- 
toire singulière,  que  M.  Le  Grand,  habile 


graveur,  a  représentée,  en  1789,  dans  une 
très  belle  estampe,  et  que  M.  Berquin  a 
célébrée  par  une  romance ,  dont  voici 
deux  couplets  : 

Cœuri  sensibles  ,  que  ses  entraiilet 
Souffrirent  dans  la  longue  nuit  ! 
Le  jour  renaît  :  dans  les  bronssaillct 
Elle  va  chercher  quelque  fruit. 
Elle  re\'int.  Qu'aperçoit-elle? 
Une  biche  accourt  vers  Tcnfaol  '. 
Il  presse  sa  douce  mamelle. 
Près  d'eux  bondit  un  jeune  faon. 
O  grand  Dieu  !  le  cœur  d'une  mire 
Est  un  bel  ouvrage  du  tien  ! 
Son  fils  peut  vivre  ,  elle  l'espère  ; 
Ses  propres  mau»  ne  lui  sont  rien. 
Dans  le  creux  d'un  rocher  sauvage  , 
La  biche  accompagne  ses  pas. 
Dans  la  main  vient  brouter  l'herbage, 
Et  nonrrir  l'enfant  dans  ses  bras. 

•  GENEVOIS  (  Louis-Benoit  ),  conven- 
tionnel, né  à  la  Mure  en  Dauphiné  vers 
1760 ,  était  avocat  au  parlement  de  Gre- 
noble avant  la  révolution  ,  et  fut  nommé 
en  1791,  président  du  tribunal  criminel  do 
Grenoble.  Député  en  1792,  par  le  déparle- 
ment de  l'Isère,  à  la  Convention,  il  vota 
la  mort  du  roi  sans  appel  et  sans  sursis  ; 
il  ne  prit  aucune  part  aux  sanglans débals 
des  Montagnards  et  des  Girondins  ;  mais 
après  le  9  thermidor ,  il  se  prononça  con- 
tre les  terroristes.  Envoyé  dans  les  dépar- 
temens  de  la  Meurthe  et  de  la  Moselle , 
il  les  poursuivit  avec  vigueur ,  et  écrivit 
à  la  Convention  qu'il  cherchait  à  réparer 
les  bévues  du  gouvernement  à  bonnet 
rouge.  Il  entra  au  conseil  des  Cinq-cents, 
sortit  de  celte  assemblée  en  1798,  et  de- 
vint sous  le  gouvernement  impérial  mem- 
bre du  tribunal  de  cassation  et  chevalier 
de  la  légion-d'honneur.  A  l'époque  de  la 
réorganisation  des  tribunaux  par  le  gou- 
vernement royal ,  il  fut  exclus  de  celle 
cour ,  dans  laquelle  il  fut  replacé  par  Na- 
poléon durant  les  cent-jouis.  La  loi  dos 
régicides  l'obligea  de  se  réfugier  à  Genève 
où  il  est  mort  il  y  a  quelques  années. 

GE!\GA  et  non  GENCA  (  Jérôme  ) , 
peintre  et  architecte  ,  né  à  Urbin  en  H7(j . 
se  distingua  surtout  dans  l'architecture. 
Parmi  les  ouvrages  qui  lui  ont  fait  le  plu  s 
d'honneur,  on  ci  te  un  palais  qu'il  bâtit  pou  i 
le  duc  d'XJrbin  sur  le  mont  Impérial,  prè« 
de  Pésaro,  et  l'église  de  Saint-Jean-Bap- 
liste  de  la  même  ville.  Cet  artiste  mourut 
en  1351.  C'est  de  Inique  l'illustre  famille 
Genghi  tire  son  origine. 

GEIVGA.  (Barthélemi  ),  fils  du  précé- 
dent, se  rendit  digne  de  la  réputation  de 
son  père ,  par  son  habileté  dans  le  même 
art.  Les  princes  s'enviaient  l'avantage  de 


G  EX 


391 


Ir  poMéder.  Le  grand  inailre  du  Mullc  en- 
voya deux  chevaliers  exprès  à  Irbiii  ptmr 
h-  demaïuier  au  duc ,  qui  ne  le  céda  qu'a- 
vec peine.  Comme  Gcnga  était  occupé  aux 
fortifications  du  port  et  de  la  ville  de  cetic 
lie,  il  fut  altaqtic  duuc  pleurésie,  qui 
l'emporta  en  1558,  à  làge  de  40  ans,  re- 
tjrelté  de  tous  les  chevaliers. 

GEM.IllSKiW,  ou  DJENGUYZ- 
K 11  AN,  fils  d'un  chef  d'une  horde  mo- 
phole ,  naquit  à  Bloun  -  Touldouck  en 
1(63.  Il  n'avait  que  13  ans  lorsqu'il 
<  oinmença  à  régner.  Une  conjuration 
presque  {jcnérale  de  ses  sujets  et  de  ses 
voisins  l'obligea  de  se  retirer  auprès 
d'Avenk-Kan  ,  souverain  des  Tartares.  Il 
mérita  l'asile  que  ce  prince  lui  accorda  , 
par  des  services  signalés ,  non-seulement 
dans  les  guerres  contre  ses  voisins,  mais 
encore  dans  celles  qu'il  eut  à  soutenir 
contre  son  frère  qui  lui  avait  enlevé  sa 
couronne.  Gcnghis-Kan  le  rétablit  sur  son 
trône  ,  et  épousa  sa  fille.  Le  kan,  oubliant 
ce  qu'il  devait  à  son  gendre ,  résolut  sa 
perte.  Genghis-Kan  ,  ayant  pris  la  faite , 
fut  poursuivi  par  Avenk-Kan  et  par  Scho- 
koun  9on  fils.  Il  les  défit  l'un  et  l'autre. 
Cette  victoil-e  irrita  sonambition.il  leva 
une  grande  armée ,  avec  laquelle  il  con- 
quit ,  dans  moins  de  22  ans ,  la  Perse  ,  le 
Cathai ,  une  partie  de  la  Chine ,  la  Corée 
et  presque  toute  l'Asie.  Sa  domination 
s'étendait  1800  lieues  de  Toricnt  à  l'occi- 
dent ,  et  plus  de  mille  du  septentrion  au 
midi.  II  se  préparait  à  achever  la  conquête 
de  la  Chine  ,  lorsqu'une  maladie  l'enleva 
au  milieu  de  ses  triomphes,  en  1227,  à  66 
ans.  Son  règne  ne  fut  presque  qu'une  suite 
lie  dévastations.  Il  ne  fit  que  détruire  des 
villes,  sans  en  fonder,  si  l'on  excepte 
Rokhara  ,  et  quelques  autres  qu'il  permit 
qu'on  réparât.  Genghis-Kan  partagea  ses 
états  entre  ses  quatre  fils.  11  déclara  grand 
kan  des  Tartares ,  son  3*^  fils  Oktai,  dont  la 
postérité  régna  dans  le  nord  de  la  Chine, 
jusque  vers  le  milieu  du  14*  siècle.  Un 
autre  fils  du  célèbre  conquérant ,  nommé 
Touschi,  eut  le  Turquestan,  la  Bactrianr, 
le  royaume  d'Astracan  et  le  pays  des 
Usbecs.  Le  fils  de  celui-ci  fit  des  courses 
jusqu'en  Pologne,  en  Hongrie,  et  aux 
portes  de  Constantinoplc.  Il  s'appelait  Ba- 
lou-Kan.  Les  princes  de  la  Tarlarie-Cri- 
niée  et  les  kans  usbecs  descendent  de 
lui...Touli  ou Tuli-Kan. autre  fils  de  Gen- 
ghis,  rut  la  Perse  du  vivant  de  .son  père , 
le  Korasan  et  une  partie  des  Indes...  Un 
4*  fils,  nommé  Zagathai,  régna  dans  llnde 
septentrionale  et  danslcTIiibtl...  •  Si  l'on 


Q«V 


•  ablùmé  CterieiiMene  d'avoîi  divUô  .^, 
•elals,   on  doit  en  k>uer  Gen^hi^  K  n.  . 

•  dit  un  historien.  Les  élan  dn   rr.n  ;  .. 
n  rant  français  se  toucha 

»  étregouvernésparuii  , 

»  du  Tartare,  partagés   ,_;    ;.,_ 

»  rentes  et  beaucoup  plus  vastes,  dr  ,n 
»  daicnt  plusieurs  monarques.  »  L't  ^ .  n. 
ment  n'a  guère  justifié  cette  observation. 
Malgré  la  faute  que  peut  avoir  faite  Char- 
Icmagne  eu  divisant  ses  états,  son  empire 
a  subsisté  long-temps  après  lui;  les  par- 
tages qui  l'affaiblirent  ne  le  rendirent  pas 
méconnaissable.  Celui  de  Gcnghis-Kan, 
comme  toute  conquête  qui  n'est  que  le 
fruit  de  la  violence  et  de  la  rapacité,  s'est 
évanoui  comme  la  fumée  d'un  vaste  In- 
cendie. 

•  GEMSSIEUX  (  J.  J.  V.),  né  ver»  17M, 
était  avocat  au  parlement  de  Grenoble. 
lorsque  la  révolution  éclata.  Il  en  em- 
brassa la  cause  avec  chaleur ,  et  fut 
nommé  en  1792  député  du  département 
de  l'Isère  à  la  Convention  nationale  . 
où  il  vota  d'abord  pour  l'expulsion  do 
de  toute  la  famille  royale,  et  ensuite  pour 
la  mort  de  Louis  XVI ,  sans  appel  au  peu- 
ple et  sans  sursis.  Après  la  mort  do  ce  mo- 
narque ,  il  siégea  toujours  avec  la  Monta- 
gne ,  et  appuya  de  tous  ses  moyens  les 
mesures  les  plus  révoh:"'  ^  et  le» 
plus  tyranniques.  Tra\  ;  ;able, 
il  fut  constamment  enii.  h  s  co- 
mités, et  fit  souvent  des  rapiioiU  en  leur 
nom ,  i)articulièremcnt  sur  la  législation , 
la  ix)lice  et  les  mesures  de  sûreté  inté- 
rieure. II  poursuivit  avec  acliarncment  le» 
nobles,  les  prêtres  cl  les  parons  d'émigrés. 
Cependant  en  septembre  1795.  il  parla 
en  faveur  des  prêtres  déportés  et  de  leun 
familles.  Genissicux  fut  ensuite  ministre 
de  la  justice  pendant  troii  mois  sotts  l« 
Directoire  ,  et  substitut  du  commissaire 
du  gouvernement  près  le  tribunal  de  cas- 
sation. En  1798  il  présida  l'assemblée 
électorale  du  département  de  la  Seine, 
qui  le  choisit  pour  son  représentant  aa 
conseil  des  Cinq-cents,  il  en  devint  pré^ 
sident,  et  se  déclara  ouvertement  contre 
la  révolution  du  18  brumaire.  Par  suite 
de  cette  opposition,  il  fut  arrêté  avec  pli»- 
sieurs  de  .ses  collègues;  mais  la  libellé 
leur  fut  rendue  le  njêmc  jour.  Il  ne  put 
obtenir  que  la  place  de  juge  au  tribu- 
nal d'appel  de  la  Seine,  qu'il  conserva 
jusqu'à  sa  mort  arrivée  ver»  la  fin  d'oe- 
lobre  180&.  Il  était  de  ceux  «(ue  la  rcv» 
lution  avait  enrichi». 

•  G  EN  LIS  (SxcfUAjriB-FiLucni  DU- 


GEN 


592 


GEN 


CREST  de  SAINT-AUBIN,  comtesse  de) 
naquit  à  Champcery  près  d'Autun  en  1746. 
Reçue  chanoinesse  du  chapitre  noble  d'A- 
lix ,  situé  à  peu  de  distance  de  Lyon ,  à 
l'âge  de  sept  ans ,  elle  prit  en  même  temps 
le  titre  de  comtesse  de  Lancy ,  parce  que 
«on  père  était  seigneur  de  Bourbon-Lancy. 
Une  jolie  figure,  un  esprit  cultivé,  et  un 
rare  talent  pour  la  musique  assurèrent 
«es  succès  dans  le  monde.  Cependant  la 
ruine  totale  de  la  fortune  de  son  père 
qui  partit  pour  Saint-Domingue  dans  l'es- 
poir d'y  rétablir  ses  affaires ,  la  réduisit 
bien  jeune  encore  à  un  étal  voisin  de  l'in- 
digence. S'étant  rendue  à  Paris  avec  sa 
mère,  elle  vivait  dans  une  gêne  extrême, 
lorsque  le  fermier-général  La  Popelinière 
vint  offrir  à  la  mère  et  à  la  fille  un  asile 
dans  sa  charmante  habitation  de  Passy. 
Après  la  mort  de  ce  généreux  protecteur, 
un  homme  de  robe  fort  riche,  nommé  M. 
de  Jouy,  leur  fit  accepter  un  appartement 
dans  sa  maison  où  elles  restèrent  jusqu'à 
ce  que  les  créanciers  de  ce  nouveau  bien- 
faiteur vinssent  mettre  obstacle  à  la  con- 
tinuation de  ses  bontés.  Un  hasard  heu- 
reux procura  bientôt  à  la  jeune  comtesse 
un  état  de  fortune  moins  précaire.  M. 
Ducrest ,  son  père,  revenait  de  Saint-Do- 
mingue avec  une  somme  considérable , 
lorsqu'il  fut  pris  par  les  Anglais.  Conduit 
à  Lanceston ,  il  y  rencontra  le  comte  de 
Syllery  de  Genlis,  prisonnier  comme  lui, 
qui  ayant  vu  le  portrait  et  quelques  lettres 
de  sa  fille,  conçut  pour  elle  une  vive  pas- 
sion, et  assura  son  sort  en  l'épousant.  De- 
venue par  son  mariage  nièce  par  alliance 
de  Madame  de  Montesson ,  dont  le  faible 
duc  d'Orléans  couronna  l'ambition  par  un 
mariage  secret ,  madame  de  GenlIs  entra 
au  Palais-Royal ,  avec  son  mari ,  comme 
dame  de  la  duchesse  de  Chartres.  Elle  sui- 
vit la  princesse  dans  un  voyage  en  Italie, 
et  se  vit  partout  entourée  d'hommages 
qu'elle  devait  à  son  esprit  autant  qu'à  sa 
beauté.  En  1777,  à  l'âge  de  31  ans  ,  elle 
entra  au  couvent  de  Belle-Chasse  pour  se 
vouer  à  l'éducation  des  deux  filles  jumel- 
les de  la  duchesse  de  Chartres.  Plus  lard 
le  duc  lui  confia  ses  trois  fils  avec  le  titre 
inusité  pour  une  femme  de  gouverneur. 
Celte  étrange  nouveauté  n'obtint  pas  l'ap- 
probation publique.  Il  paraît  même  que 
le  vertueux  Louis  XVI  n'y  donna  son  as- 
sentiment que  par  la  considération  qu'il 
clait  peu  probable  que  les  futurs  élèves  de 
M°'  de  Genlis  pussent  jamais  s'asseoir  sur 
le  trône  de  France.  L'institutrice  avait 
déjà  commencé  à  fonder  sa  réputation 


littéraire  en  publiant  son  Théâtre  d'édu- 
cation, au  profit  d'une  famille  malheu- 
reuse. En  faisant  paraître  successivement 
Jdèlc  et  Théodore  ,  les  F'eillées  du  Châ- 
teau, les  Annales  de  la  vertu  ^  elle  sembla 
prendre  à  tâche  de  justifier  aux  yeux  de 
la  France  le  choix  du  duc  de  Chartres. 
M""*  de  Genlis  entreprit  de  compléter  ce 
cours  d'éducation  par  deux  ouvrages  de 
théologie  et  de  morale  ascétique.  La  Be- 
ligion  considérée  comme  base  du  bonheur 
et  de  la  véritable  philosophie  fulcomposée 
à  l'époque  de  la  première  communion  de 
son  principal  élève.  L'autre  ouvrage,  qui 
était  une  controverse  sur  l'Ecriture  sainte 
parut  presqu'en  même  temps.  Ces  deux 
productions ,  critiquées  par  les  philoso- 
phes, furent  jugées  avec  une  juste  sévé- 
rité par  les  hommes  religieux ,  et  elles 
n'obtinrent  aucun  succès.  Lorsque  la  ré- 
volution éclata ,  M™^  de  Genlis  fut  loin 
d'y  voir  un  événement  funeste.  Son  atta- 
chement kun  prince  dont  la  participation 
aux  premiers  actes  de  la  révolution  n'est 
pas  deuteuse,  dut  sans  doute  lui  faire  en- 
visager avec  espérance  le  changement 
politique  qui  allait  s'opérer.  A  la  nouvelle 
de  la  prise  de  la  Bastille,  quittant  le  châ- 
teau de  Saînt-Leu  qu'elle  habitait  avec  ses 
élèves,  elle  accourut  à  Paris,  où  elle  ar- 
riva assez  à  temps  pour  être  témoin  du 
triomphe  des  vainqueurs ,  et  pour  faire 
jouir  les  jeunes  princes  de  ce  spectacle 
révolutionnaire.  Plus  tard,  elle  suivit  sans 
scrupule  les  séances  du  club  des  Jacobins, 
où,  par  Tordre  de  son  père,  le  jeune  duc 
de  Chartres  s'était  fait  recevoir.  Les  prin- 
cipes dans  lesquels  M™^  de  Genlis  éle- 
vait les  enfans  du  duc  d'Orléans  étaient 
loin  d'èlre  approuvés  par  la  duchesse  son 
épouse.  Cette  princesse  se  plaignant  de 
ce  qu'on  Inspirait  à  ses  enfans  de  l'éloi- 
gnement  pour  leur  mère,  et  croyant  avoir 
contre  leur  institutrice  des  griefs  d'une 
autre  nature  demanda  avec  instance  son 
éloignement.  Dans  ces  dissidences  do- 
mestiques M™*  de  Genlis  resta  viclo- 
rieuse,  grâce  à  rattachement  du  prince 
pour  elle.  Après  un  éloignement  simulé  , 
elle  revint ,  sur  l'invitation  du  duc  d'Or- 
léans, reprendre  son  poste  auprès  de  ses 
élèves.  Lors  des  événemens  des  5  et  G  oc- 
tobre, qui  donnèrent  lieu  à  une  enquête  , 
le  duc  d'Orléans  se  disposant  à  passer  en 
Angleterre,  voulut  que  M™*  de  Genlis  l'y 
précédât  avec  sa  fille.  Demeurée  à  Lon- 
dres après  le  retour  du  duc  en  France,  la 
société  des  hommes  les  plus  di3iin{;ucs 
de  l'Angleterre  ne  lui  parut  qu'un  Dicn 


GEN 


593 


CES 


faible  alléffemcnl  aux  cnnnb  de  l'exil,  cl 
elle  revint  k  Paris.  Mais  le  priiire  la  fil 
renarlir  aiisstlut  pour  la  Boli^iquc  avec 
M"»  dOrléan.»  (  (.\v\nun  M™*  Adélaïde ), 
qui  malgré  sa  fjraiulc  jeunesse  venait 
d'être  mise  sur  la  liste  des  émigrés.  Elle 
se  fixa  d'abord  à  Tournay  occupé  alors 
par  Dumouricz  ;  mais  ayant  appris  qu'elle 
avait  été  décrétée  d'arrestation  par  la  Con- 
vention nationale ,  elle  s'enfuit  précipi- 
tamment avec  son  élève  ,  et  se  dirigea 
vers  la  Suisse  où  le  duc  de  Chartres  (au- 
jourd'hui Louis-Philippe) ,  la  rejoignit  à 
Schaffhouse.  M°'  de  Gcalis  avait  paru 
d'abord  applaudira  la  révolution.  En  par- 
tant pour  l'exil,  elle  s'était  donné  le  titre 
A'émigrante  jacobine.  Mais  lorsque  la 
cause  du  duc  d'Orléans  fut  absolument 
perdue  ,  et  surtout  depuis  que  ce  prince 
eut  porté  sa  tête  sur  l'cchafaud,  elle  chan- 
gea de  sentiment  et  de  lanfrage  ,  et  prit  la 
révolution  en  horreur.  Partout  où  elle 
passa  les  émigrés  français  la  repoussèrent 
comme  une  ennemie.  Les  étrangers  même 
avaient  peine  à  croire  qu'elle  n'eût  pris 
aucune  part  aux  intrigues  politiques  our- 
dies par  le  prince  dont  elle  était  la  con- 
seillère et  l'amie.  Elle  trouva  enfin  un 
asile  dans  le  couvent  de  Bremi^arlen  ,  où 
elle  entra  sous  un  nom  supposé.  C'est  là 
que  m"'  d'Orléans  se  sépara  d'elle,  pour 
nller  rejoindre  à  Fribourg  M""  la  prin- 
cesse de  Conli  ,  sa  tante.  Vers  le  même 
temps,  M™*  deGenlis  abandonna  laSiiisse 
pour  le  nord  de  l'Allemagne,  et  se  rendit 
d'abord  à  Altona,  qu'elle  quitta  après  9 
mois  de  séjour  pour  aHer  à  Hambourg, 
où  elle  eut  à  essuyer  les  traits  satiriques 
du  spirituel  Rivarol.  Après  avoir  passé 
par  Berlin  ,  où  le  roi  de  Prusse  lui  donna 
l'ordre  de  sortir  de  ses  états,  elle  se  retira 
à  Brévcl ,  dans  le  Holslein  où  elle  com- 
posa quelques  romans  et  le  Précis  de  ma 
conduite ,  ignoble  flagornerie  du  Direc- 
toire, suivie  d'une  épitreau  duc  d'Orléans 
(Louis-Philippe) ,  où  elle  l'exhorte  à  re- 
pousser la  couronne  si  on  la  lui  offrait , 
et  où  elle  loue  dans  son  auguste  élève 
des  vertus  privées ,  qui  ,  selon  elle  ,  ex- 
cluent en  lui  les  qualités  qui  font  les  prin- 
ces. Toutes  ces  avances  faites  au  Dircc- 
I'Ȕre  ne  purent  lui  obtenir  la  permission 
'  •  rentrer  en  France.  Mais  le  premier 
'iKul  lui  fut  plus  favorable.  M"**  de 
'•nlis,  sous  son  gouvertiemcnl ,  put  re- 
N  oi  r  sa  patrie,  et  elle  parvint  à  s'attirer  les 
bonnes  grâces  de  Bonaparte,  qui  lui  donna 
un  logement  à  l'Arsenal  avec  une  pen- 
sion considérable.  Il  entretint  même  avec 


elle  une  rorrespondanr.*   .Airi;rMi;^r„   ^^ 
voulut  qu'elle  lui  cnvo\  , 

des  extraits  raisonnes  .i 
ques.  Bonaparte  espérait  saiu  dnulc  pui- 
ser dans  les  longs  souvenirs  de  M"^  de 
Genlis  des  renseignemens  utiles  »ur  Ica 
homme»  notables  de  s<m  temps.  M"*  de 
Genlis  réunit  dans  son  salon  les  hommes 
les  plus  remarquables  dans  les  lettre»  cl 
dans  les  arts ,  et  comme  aux  plu»  beau» 
jours  de  sa  fortune ,  elle  jouit  de  tout  re 
que  les  succès  du  grand  monde  ,  mêlés  aux 
succès  littéraires,  peuvent  avoir  de  plus 
doux.  Plusieurs  productions  nouvelles 
qu'elle  fit  paraître  à  des  intervalles  rap. 
proches  attestèrent  l'inépuisable  fécon- 
dité de  son  talent.  Elle  assure  que  Bo- 
naparte pleura  enlisant  3/"*  de  Clermont 
et  Ar°'  de  la  fallicre.  Cependant  des 
querelles  littéraires  assct  vives  qu'elle 
eut  à  soutenir  lui  prouvèrentquc  la  gloire, 
mémcpourune  femme,  n'est  pas  toujours 
sans  amertume.  Sa  malencontreuse  pu- 
blication de  V Influence  des  femmes  sur 
la  littérature  .  ouvrage  où  elle  flagellait 
d'une  main  jalouse  certaines  célébrités, 
et  ses  critiques  de  la  Biographie  univer- 
selle à  laquelle  elle  avait  refuse  de  parti- 
ciper, armèrent  contre  elle  une  formida" 
ble  coalition  d'auteurs  blessés,  qui  signa- 
lèrent sans  pitié  les  erreurs  de  sa  conduite 
aussi  bien  que  les  défauts  de  «es  ouvra- 
ges. Par  une  fatalité  singulière,  qu'expli- 
quent pourtant  les  variations  de  ses  prin- 
cipes et  de  ses  idées ,  elle  eut  en  même 
temps  pour  adversaires  les  écrivains  phi- 
losophes et  les  écrivains  religieux  ,  et 
elle  put  dire  avec  assez  de  raison  qu'elle 
avait  eu  à  se  plaindre ,  pour  ses  écrits . 
(le  tout  le  monde  excepté  du  public. 
Plusieurs  de  ses  ouvrages  obtinrent  en 
effet  un  grand  succès.  Apres  la  restaura- 
tion ,  la  pension  impériale  que  louchait 
RI™*  de  Genlis  fut  remplacée  par  celle  que 
lui  fit  le  duc  d'Orléans.  Cependant,  mal- 
gré cette  assistance  et  malgré  le  produit 
de  ses  ouvrages  ,  elle  était  loin  de  vivre 
dans  l'aisance.  EU.     '    '  '  î(  rnier 

lieu,  près  l'eglisr  "^  «ule, 

un  appartement   n  •  sim- 

plicité extrême,  et  elle  clail  revenue  à  des 
scntimenssincères  de  piété  qui  durent  Ini 
faire  regretter  san»  doute  la  publicatioQ 
de  quelques-uns  de  ses  ouvrage».  A  l'é- 
clat de  sa  vie  sou»  le  gouvernement  im- 
périal avait  succédé  un  profond  otobU , 
d'où  elle  sortit  tout  à  coup  par  la  publi- 
cation de  ses  Uémoirtt.  Ce  n'esl  pas  mm 
raison  qu'on  lui  a  reprocbé  d'avoir  trop 


GEIV  3 

songé  dans  ce  livre  à  amuser  la  malignité 
publique  et  à  conquérir  des  souscripteurs 
par  le  scandale.  Cédant  avant  tout  à  ses 
prétentions  et  à  ses  ressentimensde  fem- 
me, elle  fonde  la  plupart  de  ses  jugement 
Bur  des  motifs  personnels ,  qui  donnent  à 
ses  opinions  un  caractère  frappant  de 
partialité  et  d'inconséquence.  Ajoutons 
qu'elle  a  grossi  sa  narration  d'une  foule 
de  détails  insignifîans  qui  fatiguent  le 
lecteur.  M™*  de  Genlis  ,  après  avoir  vu  le 
flot  delà  révolution  de  juillet  pousser  sur 
le  trône  son  auguste  élève,  à  qui  jadis  elle 
avait  conseillé  une  destinée  plus  mo- 
deste ,  mourut  subitement  le  51  décem- 
bre 1831 ,  à  l'âge  de  85  ans.  Ses  restes  fu- 
rent déposés  au  cimetière  du  Mont-Valé- 
rien.De  tomes  les  femmes  qui  ont  cultivé 
la  littérature ,  M""^  de  Genlis  est  assurc- 
iTient  celle  qui  a  produit  le  plus  d'ouvra- 
ges ;  mais  elle  a  trop  écrit  pour  avoir  tou- 
jours pu  bien  écrire.  Inférieure  à  M""^  de 
Slael  pour  la  vigueur  de  la  pensée,  et  à 
M™*^  Cottin  pour  le  langage  passionné,  dans 
aucun  des  genres  nombreux  qu'elle  a  es- 
sayés ,  elle  ne  s'esl  élevée  jusqu'au  pre- 
mier rang.  Il  faut  reconnaître  pourtant, 
que  plusieurs  de  ses  productions  se  dis- 
tinguent par  ua  mérite  d'élégance  et  de 
correction  très  remarquable.  Elle  a  peint 
avec  linessc  1«  monde  au  milieu  duquel 
elle  a  vécu  ,  et  elle  en  a  saisi  avec  saga- 
cité les  vices  et  "les  ridicules;  mais  quand 
elle  a  voulu  peindre  les  scènes  de  l'I^is- 
toire ,  les  spectacles  de  la  nature ,  et  les 
passions  du  cœur  humain,  tous  ses  ef- 
forts n'ont  servi  qu'à  révéler  son  im- 
puissance. Toutefois ,  plusieurs  de  ses 
romans  ne  sont  pas  dépourvus  de  cet 
intérêt  qui  résulte  de  situations  ingénieu- 
sement combinées.  Mademoiselle  de  Cler- 
niont  est  regardée  comme  le  meilleur  de 
ses  ouvrages  dans  ce  genre,  où  l'auteur 
n'a  pas  toujours  respecté  la  morale.  «  Dans 

>  les  Chevaliers  du  Cijgne  .  dit  Chénier , 

>  le  caractère  et  les  aventures  cyniques 
*  d'Armoflède  ,    repoussent  tout  lecteur 

>  qui  a  quelque  respect  pour  les  dames , 
»  pour  la  décence  et  pour  le  goût.  »  En 
général  ses  livres  sur  l'éducation  renfer- 
ment des  leçons  très  utiles  et  ses  nom- 
breux écrits  malgré  leurs  défauts  révèlent 
une  imagination  brillante  et  des  con- 
naissances variées.  Madame  de  Genlis 
M  réussi  spécialement  dans  ce  genre  de 
satire'  légère  qui  s'exerce  surtout  dans 
les  causeries  des  salons  ;  voilà  pourquoi 
les  souvenirs  de  Félicie  et  les  premiers 
volumes  des  Mémoires  présentent  un  in- 


04  GEIV 

térêt  qu'on  chercherait  en  vain  dans  ses 
autres  écrits.  Madame  de  Genlis  a  publié  : 
I  Les  Veillées  du  Château ,  ou  Cours  de 
morale  à  l'usage  des  enfans,  Paris,  1784, 
3  vol.  in-8°  ;  |  Les  Jeux  champêtres  des 
enfans  et  de  Vile  des  monsti'es  .  conte  de 
fées,  pour  faire  suite  aux  Veillées  du  châ- 
teau, Paris,  1821,  in-12  ;  |  Les  Chevaliers 
du  Cijgne  ,  ou  la  Cour  de  Chai'lemagne , 
conte  liistorique  et  moral  pour  servir  de 
suite  aux  Veillées  du  château ,v\.^on\ 
tous  les  traits,  qui  peuvent  faire  allusion 
à  la  révolution  française ,  sont  tirés  de 
l'histoire  ,  Hamljourg,  1793  ,  2  vol.  in-8"  ; 
I  Les  Veillées  de  la  chaumière .  Paris  , 
1823 ,  in-8° ,  et  2  vol.  in-12  ;  |  Discours  sur 
l'éducation  publique  du  peuple ,  1791  ,  in- 
8°  ;  I  Discours  moraux  et  politiques  sur 
divers  sujets,  et  particulièrement  sur  l'é- 
ducation.  Paris,    1791,  in-8°,   et  in-12; 

1  Discours  sur  le  luxe  et  l'hospitalité,  con- 
sidérés sous  leurs  rapports  avec  les  mœurs 
etl'éducationnationale .  1791,  in-8°  ;  |  Dis- 
cours sur  l'éducation  de  monseigneur  le 
dauphin  et  sur  l'adoption  ,  Paris  ,  1790 , 
in-8''  ;  ]  Discours  sur  la  suppression  des 
couvens  des  religieuses^  et  sur  l'éducation 
publique  des  femmes  .  1790  ,  in-8°  ;  |  Le^ 
çons  d'une  gouvernante  à  ses  élèves^  ou 
Fragmens  d'un  journal  quia  été  fait  pour 
l'éducation  des  enfans  d'Orléans ,  Paris, 
1791,  2  vol.  in-8"  et  2  vol.  in-12  ;  |  Les  Pe- 
tits émigrés.,  ou  Correspondance  de  quel- 
ques enfans  :  ouvrage  pour  servir  à  l'édu- 
cation de  la  jeunesse,  1798  ,  2  vol.  in-8°  et 

2  vol.  in-i2  ;  ]  annales  de  la  veî'tu  >  ou 
Histoire  universelle ,  iconographique  et 
littéraire,  pour  servir  à  l'éducation  de  la 
jeunesse ,  et  à  l'usage  des  artistes  et  des 
littérateurs  ,  Paris  ,  1802,  in-8'> ,  ou  5  vol. 
in-12  ;  1  Nouvelle  méthode  d'enseignement 
pour  la  première  enfance  ^  Paris ,  an  10 
(  1802  ),  in-8°  et  in-12  ;  |  Projet  d'une  école 
rurale  pour  l'éducation  des  filles^  Paris  , 
an  10  (1802  ) ,  in-8°  ;  |  La  Maison  rustique, 
pour  servir  à  l'éducation  de  la  jeunesse  . 
ou  Retour  en  France  d'une  famille  émi- 
grée  ,  Paris,  1810,  3  vol.  in-8°  ,  et  Paris, 
1826,  h  vol.  in-12  ;  |  Arabesques  mytho- 
logiques, ou  les  Jttributs  de  toutes  les  di- 
vinités^ en  78  planches ,  gravées  d'après 
les  dessins  coloriés  de  madame  de  Genlis, 
etc.,  précédés  d'un  Discours  sur  la  mytho- 
logie en  général  et  particulièrement  sur 
l'influence  que  dut  avoir  le  paganisme 
sur  le  caractère j.  les  mœurs  et  la  littéra- 
ture des  anciens  Grecs  et  des  Romains  : 
ouvrage  fait  pour  servir  à  l'éducation  de 
la  jeunesse,  Paris,  1810,  2  vol.  in-12,  avec 


GE\ 


SOS 


OE?f 


r.iTurcs  coloriées  d'api  i'.H  les  dessins  ori({i- 
i.iux  dcraulour:  |  La  Itntainqnc  histori- 
;  ic  et  littéraire .  contenant  tous  les  traits, 
tontes  les  anecdotes  et  les  superstitions 
relati^'cs  n\i  r  fleurs,  dont  il  est  fait  men- 
tion dans  l  liisioire  sainte  et  profane .  etc. , 
suivie  d'une  Xouvelle  inlitutoe  :  les  Fleurs 
eu  les  Jrtistcs  .  Paris,  1810.  in -8°  ,  ou  2 
vol.  in-12;  |  .4lnianach  de  la  jeunesse . 
en  verset  en  prose  .  Vivis  ,  181'J.  in-8"  . 
J2  gravures:  |  .-idèle  et  T/ic'cji/ore .  on 
Lettres  surl'édtica'ion,  Paris.  1782.  3  vol. 
in-S"  .  et  3  vol.  in-12;  |  Contes.  Nou^'clles 
tt  Historiettes,  par  madame  la  comtesse 
de  Genlis.  madame  la  comtesse  de  Beau- 
fort- d  Haut  poul  ^  madame  Dufresnoy . 
}f.  L.-C.  (Labbêe).etc.,  Paris,  1819,  2 
vol.  in-12  ,  avec  7  gravures  ;  |  Nouveaux 
contes  moraux  et  Nouvelles  historiques, 
Paris.  1802-3,  4  vol.  in-8",  et  6  vol.  in-12; 
I  Le  comte  de  Corke .  ou  La  séduction 
sans  artifice  .  suivi  de  sept  Nouvelles.  4* 
l'dilion  ,  Paris,  1809.  2  vol.  in-12;  |  Nou- 
■lles.  Paris,  1804,  ia-12;  |  Six  nouvelles 
norales  et  religieuses.  Paris,  1821,  in-12, 
avec  cinq  jolies  gravures  ;  |  Les  Prison- 
niers, conlenanl  six  nouvelles  et  une  No- 
tice historique  sur  l'amélioration  des  pri- 
sons :  ouvrage  fait  pour  les  personnes  qui 
les  visitent,  Paris,  1824,  in-8°,  avec  2  pi. 
Vl  in-12  ;  |  Alphonse.  Paris,  1809  ,  in-8", 
ou  2  vol.  in-12  ;  |  Âlphonsine .  ou  La  ten- 
dresse maternelle  ,  Paris  ,  180G  ,  2  vol. 
in-8°  ,  ou  3  vol.  in-12  ;  |  Les  Battuécas, 
Paris,  1814,  1816,1817.  2  vol.  in-12;  |  Le 
dernier  voyage  de  Nelgis  .  ou  Mémoires 
d'un  vieiliard.  Paris  ,  1828,  2  vol.  in-8°; 
'  Palmyre  et  Flaminie  ^  ou  Le  secret, 
Paris,  1811 ,  2  vol.  in-8°,  cl  2  vol.  in-12  ; 
i  Thérésina ,  ou  L'enfant  de  la  provi- 
dence :  nouvelle  écrite  au  profil  de  cette 
jeune  personne  ,  âgée  de  12  ans  ,  Paris  . 
1826,  in-12  de  120  pages  ;  |  Les  Parvenus 
ou  Les  aventures  de  Julien  Delmours  . 
écrites  par  lui-même.  Paris,  1819,  2  vol. 
in-^",  el  3  vol.  in-12  ;  |  Sinclair  .  ou  La 
victime  des  sciences  et  des  arts  :  nouvelle. 
Paris,  1808,  in-18  de  133  pages;  |  Les 
f-^œux  téméraires .  ou  L'enthousiasme  , 
Paris,  1799,  3  vol.  in-12;  |  Zwna.  ou  La 
découverte  du  quina .  suivie  de  la  Belle 
Paule  de  Zéncide  et  des  Roseaux  du  Ti- 
hre.V&r'is,  1817,  in-12;  [  Les  Hères  riva- 
les, ou  F^a  calomnie .  Paris  .  1800,  4  vol. 
in-S",  et  4  vol.  in-12,  et  Berlin  et  Paris  ,  4 
vol.  in-18,  et  3  vol.  in-8";  |  Les  Ermites 
des  marais  Pantins,  Paris,  1814,  in-18,  de 
56  pages  ;  |  Le  siège  de  La  Rochelle,  ou 
L»  malheur  de  la  conscience.  Paris,  1808, 


in-8*,  cl  2  vol.  in-12;  |  Les  Voyage» \^ 
ques  d' Eugène  et  d'  j4tUonine.VAT\%,  ISI8, 
in-12  ;  |  I^s  Athées  conséquent .  ou  Até» 
moires  du  commandeur  ilr  Linanges  , 
Paris,  1824.  in-8";  ]  Les  Tiddeanz  dt  M.  là 
comte  de  Forhin  .  ou  La  mort  de  IHtne 
l'ancien ,  et  Inès  de  Castro  :  noavclles 
historiques,  Paris,  1817,  in-8*,  avec  deuB 
gravures  ;  1  Inès  de  Castro,  novella  saca- 
da  de  la  historia  del  Portugal .  escrila 
en  francès,  etc.,  y  traductaal  castellano, 
par  D*",  Paris,  1828,  2  vol.  in-18  ;  |  Bé^ 
lisaire  .  Paris,  1808,  in-S".  ou  2  vol.  in- 
12;  I  Les  Bergères  de  Mtulian .  ou  /wt 
jeunesse  de  Moise.  poème  en  prose  en  six 
chants,  Paris,  1812,  in-12  ou  in-8°;  \  Pé- 
trarque et  Laurc.  Vir'is,,  1819.  in-S",  cl  S 
vol.  in-12  ;  |  La  Vie.  pénitente  de  i/"*  la 
duchesse  </'•  La  Vallière .  avec  des  ré- 
flexions  sur  la  miséricorde  de  Dieu,  nou- 
velle édition  ,  Paris,  1816,  in-12;    Paris, 

1824,  in-18,  portraits,  et  1825,  in-12; 
I  La  Duchesse  de  La  f'allière .  Paris, 
1804,  in-8",  et  2  vol.  in-12;  11*  édition 
1823  ,  2  vol.  in-12;  |  .»/""=  de  Maintenon, 
pour  servir  de  suite  à  l'histoire  de  âf" 
de  la  Fallière .  Paris,  1800,  in-8",  2  vol. 
in-12  ;  |  il/"'  de  Clermont .  nouvelle  hi» 
torique  ,  Paris  .  1802  .  1811  .  1813 ,  in-18, 
avec  un  portrait  et  4  gravures;  |  Louisa 
de  Clermont.  novela  histonca.  escrita  en 
francès.  traducida  al  castellano  .  par  D.- 
J.-C.  Pages,  interprète  real,  Paris,  1824. 

1825,  in-18  ;  |  le  même  sous  ce  litre  :  Lm 
Senorifa  de  Clermont.  novela  histonca . 
escrita  en  francès.  y  traducida  al  castel- 
lano,nînt  P.  Ferrer,  Bordeaux,  1825,  in- 
18  ;  1  .U"'  de  La  Fayette  .  ou  La  suite  de 
Louis  XIII.  Paris  ,  1813,  in^",  et  2  vol. 
in-12;  |  Histoire  de  Henri  le  Grand. 
Paris,  1815,  2  vol.  in-8"  et  1816,  2  vol. 
in-12;  |  Jeanne  de  France;  nouvelU 
historique,  Paris,  1816.  1818.  3  voL  ifv 
12;  I  Souvenirs  de  Félicie  L"' .  Paris  , 
1804,  1  vol.  ;  suile,  Paris,  i  vol.  :  en  tou4 
2  vol.  in-12  ;  |  Les  soupers  de  la  ma- 
réchale de  Luxembourg.  Paris,  18J8, 
in-S"  ;  I  Les  Dîners  du  baron  d'HoUmch, 
etc.,  2  vol.  in-42  ;  |  .Mémoires  inédit»  tm 
le  18'  siècle  .  et  la  révolution  frmnçaim. 
depuis  1793  jusquànos  jours.  Paris,  18S5, 
10  vol.  in-8'';  |  Dictionnaire  critique  et 
raisonné  cU- s  "  '  r,  d»% 
usages  du  m  '-  ^^^' 
in-8''  ;  \  De  li  .  »»f  '« 
littérature  française .  ou  Prctu  d*  l'hit  ■ 
toire  des  femmes  françaites  le*  plus  eélè^ 
bres  .  Paris,  1811.  in  8".  t\  \  toI.  in  11; 
I  Observations  critiques  pour  servir  à  l'iti»- 


GEN 


396 


GEIV 


totre  littéraire  du  19*  siècle  ou  Réponse 
de  i/™"  de  Genlis  à  M.  F.  et  N.  L.  etc. , 
les  critiques  de  son  dernier  ouvrage  inti- 
tulé :  I  De  l'influence  des  femmes  sur  la 
littérature  française j  comme  protectrices 
des  lettres  et  comme  auteurs  ^  Paris,  18H, 
in-8°  de  104  pages  ;  |  De  l'emploi  du  temps^ 
Paris,  1823,  in-8°,  et  1824,  in-12  ;  ]  Etu- 
des du  cœur  humain,  etc.,  Paris,  1805  , 
in-12  ;  |  La  Feuille  des  gens  du  monde^ 
ou  Le  Journal  imaginaire^  Paris ,  1812, 
in-8°  ;  |  Etrennes  politiques  pour  1828  : 
Lettres  au  duc  d'Orléans^  etc.,  ou  Pro- 
fession de  foi  politique j  Paris,  1828,  in-8°, 
de  16  pages  ;  ]  Epttre  à  l'asile  que  j'aurai^ 
suivie  de  deux  fables^du  chant  d'un  jeune 
sauvage^  de  l' Epttre  à  Henriette  Sercey^ 
ma  nièce»  et  des  réflexions  d'un  ami  des 
talens  et  des  arts,  Paris,  1796,  in-8°  ;  |  Pré- 
cis de  ma  conduite  pendant  la  révolution, 
Hambourg',  1796,  in-8°  et  in-12;  |  Lesmo- 
niimens  religieux,  ou  Description  criti- 
que et  détaillée  des  monumens  religieux, 
etc. ,  qui  se  trouvent  maintenant  en  Eu- 
rope et  dans  les  autres  parties  du  monde, 
Paris,  1803,  in-8°;  |  Prières,  ou  Manuel 
de  piété,  proposé  à  tous  les  fidèles,  etc., 
nouv.  édit. ,  revue  et  augmentée,  Paris, 
1821 ,  in-12 ,  avec  4  figures  ;  \  Nouvelles 
Heures  à  l'usage  des  enfans,  depuis  l'âge 
de  cinq  ans  jusqu'à  12  ,  Paris,  1801,  1816, 
et  Paris ,  1825 ,  in-18  ;  |  La  Religion  con- 
sidérée comme  unique  base  du  bonheur 
et  de  la  véritable  philosophie  ;  \  Pièces 
tirées  de  l'Ecriture  sainte,  Genève,  1787, 
in-8"  ;  |  Théâtre  à  l'usage  des  jeunes 
personnes  ,  ou  Théâtre  d'éducation  ,  Pa- 
ris, 1779-80,  4  vol.  in-12,  et  1795,  5  vol. 
in-12  ;  |  Théâtre  de  société,  Paris,  1781,  2 
vol.  in-8'*,  et  2  vol.  in-12;  Suisse,  1782, 
2  vol.  in-8**;  Genève  ,  1781 ,  2  vol.  in-12  ; 
Paris,  1782,  2  vol.  in-18  ;  |  Le  La  Bruyère 
des  domestiques  ,  précédé  de  considéra- 
tions sur  l'état  de  domesticité  en  géné- 
ral, et  suivi  d'une  Nouvelle,  Paris,  1827, 
in-S",  et  2  vol.  in-12  ;  |  Manuel  du  voya- 
geur contenant  les  expressions  les  plus 
usitées  en  voyage  et  dans  les  circonstan- 
ces de  la  vie,  en  4  langues  ,  anglaise,  alle- 
mande, française,  italienne,  Breslau,  1807, 
in-8° ,  et  Leipsik,  1807 ,  in-24  ;  |  Herbier 
moral,  ou  Recueil  de  fables  nouvelles  ou 
autres  poésies  fugitives,  Paris,  1801,  in-8°, 
de  229  pag.,  et  in-12;  |  Examen  critique 
de  louvrage  intitulé  :  Biographie  univer- 
selle, Paris,  1811-12 ,  2  parties  in-S". 

GE!\NADE,  patriarche  de  Conslanti- 
nople ,  succéda  l'an  458  à  Anatole.  Il  gou- 
verna son  église  avec  zèle  et  avec  sa- 


fjesse ,  et  mourut  en  471.  Il  ne  nous  rcslc 
presque  rien  de  ses  écrits.  Il  avait  com- 
posé des  homélies,  et  un  commentaire 
sur  Daniel. 
GENIVA.de.  r.  SCHOLARIUS  (George). 

GErïi\ADE ,  prêtre  et  non  pas  évéque 
de  Marseille ,  mort  vers  492  ou  495 ,  a 
été  accusé  d'avoir  adhéré  quelque  temps 
aux  erreurs  des  semi-pélagiens ,  parce 
qu'il  ne  suivait  point  les  sentimens  de 
saint  Augustin  sur  la  grâce  et  sur  le  libre 
arbitre  ;  mais  cette  raison  ne  suffit  pas 
pour  suspecter  son  orthodoxie ,  la  doc- 
trine de  ce  Père  n'étant  règle  de  foi  qu'au- 
tant qu'elle  est  contradictoire  aux  erreurs 
condamnées  dans  Pelage  (  Ko?/ez  AUGUS- 
TIN, SADOLET  ).  On  a  de  lui  :  ]  un  livre 
des  Hommes  illustres,  altéré ,  à  ce  qu'on 
croit,  par  une  main  étrangère  ;|  un  Traité 
des  dogmes  ecclésiastiques ,  qu'on  trouve 
parmi  les  œuvres  de  saint  Augustin.  Il 
avait  composé  plusieurs  autres  ouvraiges, 
qui  ne  sont  pas  venus  jusqu'à  nous. 

*  GE]\NAIH  (  CÉSAR  ) ,  peintre  ,  neveu 
duGuercliin.donl  il  continua  l'école,  né  à 
Bologne  en  1G41 ,  s'est  fait  quelque  répu- 
tation par  ses  paysages  qui  sont  fort  es- 
timés; il  peignait  aussi  très  bien  les  su- 
jets d'histoire.  Il  mourut  en  1688.  —  Be- 
noît Gcnnari,  son  frère  aîné,  dit  le  Jeune, 
né  en  1633,  fut  aussi  l'élève  du  Guer- 
chin,  et  devint  premier  peintre  des  rois 
Charles  II  et  Jacques  II.  Il  peignait  l'his- 
toire, et  résida  pendant  quelque  temps  à 
la  cour  de  Lotiis  XÎV ,  qui  l'employa  à 
l'embeliissemenl  de  son  palais.  —  Benou 
GENNARI  dit  V Ancien  fut  le  maître  du 
Guerchin  :  on  estime  surtout  son  tableau 
qui  rei»résente  le  Repas  du  Sauveur  avec 
les  voyageurs  d'Em?naûs ,  qui  est  dans 
la  galerie  de  Milan. 

'  GE\?iAIlO  (  Joseph- AuRÈLE  de  ), 
célèbre  avocat ,  né  à  Naples  en  1701 ,  ac- 
quit dès  son  début  au  barreau  une  répu- 
tation qui  appela  sur  lui  l'attention  du 
roi  Charles  III.  Ce  monarque  le  nomma 
magistrat  de  Naples,  et  lui  confia  les 
soins  d'un  travail  qui  avait  pour  objet  de 
réunir  en  corps  de  doctrine  le^différentes 
lois  qui  composaient  la  législation  napoli- 
taine. Plus  tard  Gennaro  devint  conseiller 
du  roi,  puis  professeur  de  droit  féodal, 
membre  du  conseil  supérieur  du  com- 
merce, etc.  Tout  occupé  qu'il  était,  il 
trouva  encore  quelques  momcns  à  consa- 
crer aux  lettres  qu'il  cultivait  sans  jamais 
néjjliger  les  devoirs  de  son  état.  Sa  santé, 
affaiblie  par  l'excès  du  travail,  l'obligea 
de  se  retirer  dans  une  campM<;ii'.'  près  de 


GE\ 


r>97 


iNapU-s,  où  il  inotirut  le  8  scptombro  i7Ct\. 
à  peine  ùgé  de  JiO  ans.  Ses  cruvm ,  qui 
concemejU  toute  la  jurisprudence  .  onl 
été  imprimées  avec  luxe  par  les  soins  de 
M.  Torrès  qui  y  a  mis  une  préface  ,*  en  k 
vol.  in-8"  .  Naplos  ,  17()7.  Le  premier  vo- 
lume rcnfrrmo  \ine  production  asscr  in- 
génieuse intilulée  :  Respublica  juriscon- 
sitltorum.  qui  avait  obtenu  plusieurs  édi- 
tions; la  meilleure  est  celle  de  Naples, 
1752  .  in-4".  Le  2*  vol.  contient  les  frrio! 
autumnales  .qui  est  en  quelque  sorte  une 
suite  de  la  Respublica  jnrisconsultorum ; 
le  5' vol.,  sespo^5«<?s  latines  et  italiennes. 
q'ui  avaient  déjà  été  recueillies  sous  le 
titre  de  Latina  carmina ,  Naples,  1742, 
in-4**.  Dans  le  4*  vol.  on  trouve  un  traité 
Délie  viziose  manière  dcl  difender  le 
faiiiff ne/ /bro. que  Gennaro dédia  au  pape 
Benoît  XIV ,  et  qui  lui  assure  la  recon- 
naissance de  tous  ceux  qui  se  destinent  à 
la  carrière  du  barreau.  C'est  un  recueil 
des  préceptes  les  plus  importans  sur  les 
défauts  que  doit  éviter  l'avocat.  L'ou- 
vrage est  précédé  d'une  préface  de  l'édi- 
teur .1.  A.  Scrgio,  morceau  fort  curieux, 
qui  renferme  une  histoire  du  barreau 
chez  les  peuples  anciens  et  modernes.  Ce 
livre  a  été  traduit  en  français  par  Ruyer 
Duval,  sous  le  titre  de  l'Ami  du  barreau, 
Orléans ,  1787,  in-12. 

GK\\ES  (  JfUESi-REJfÉ-BEWAWiJi  de), 
de  Vitré  en  Bretagne  ,  né  le  16  juin  1687, 
entra  dans  la  congrégation  de  l'Oratoire , 
et  y  fut  ordonné  prêtre  en  1726.  Il  devint 
professeur  de  théologie  à  Saumur  ,  à  l'âge 
de  30  ans.  Une  thèse  qu'il  y  lit  soutenir 
sur  la  grâce,  ayant  été  censurée  par  l'é- 
vêque  et  par  la  faculté  d'Angers,  le  Père 
de  Gennes  publia  trois  lettres  contre  ce» 
censures.  Il  fut  envoyé  par  ses  supé- 
rieurs à  Montmorenci ,  puis  à  Troycs  ,  et 
ensuite  à  Ne  vers ,  avec  défense  de  prê- 
cher. Ayant  protesté,  en  1729,  contre 
tout  ce  qui  se  ferait  dans  l'assemblée  des 
Pères  de  l'Oratoire,  il  fut  exclu  de  cette 
congrégation  par  plusieurs  lettres  de  ca- 
chet. Après  avoir  donné  de  nouvelles 
scènes,  il  alla  en  habit  de  paysan  ye  ca- 
cher dans  le  village  de  Milon,  près  de 
Port-Royal.  Il  se  rendit  ensuite  à  Paris,  fui 
renfermé  à  la  Bastille,  et  envoyé  quatre 
mois  après  en  Hainaut  dans  un  couvent 
tle  bénédictins.  Sa  liberté  lui  ayant  été 
icndue  onic  mois  après,  à  cause  du  dé- 
rarir.tncnt  de  sa  santé  ,  il  alla  voir  révo- 
que lie  Sénci  à  la  Chaise-Dieu.  Il  mourut 
n  1748.  C'était,  dit  l'abbé  Ladvocat,  un 
homme  vif.  téhément,  emporté.  Son  ar- 


drur  j>..,M    ...    . . 
clos  du  diarrc  P.u 
des  convulsions,  j 

fanatisme  ordinaire.  On  a  de  Un  :  {  qur^ 
qucs  écrits  en  faveur  des  inirnr|r«  tlc« 
convulsionnairos  ;  '  •'  l'av 

senrblée  de  la  cou  toire 

de   17r>3,  que    l'a  M  _  _      ,•  un 

chef-d'œuvre  ;  \  un  uulre  .Hemoire  sur 
l'assemblée  de  172i)  :  Unis  ouvrages  qui 
avaient  l'air  d'avoir  clé  écrits  dans  io 
cercle  des  saltimbanques  de  Saint-Medard. 

•  CE\\ETE  (N ),  physicien,  né  eu 

Lorraine  dans  les  premières  annj'^e»  du 
dernier  siècle.  II  s'est  fait  connaître  par 
plusieurs  inventions  utiles,  surtout  par 
des  procédés  ingénieux  pour  empêcher 
les  cheminées  de  fumer  et  pour  conser- 
ver la  chaleur  des  foyers.  On  a  de  lui  le» 
ouvrages  suivans  dans  lesquels  il  a  ex- 
posé ses  recherches  et  ses  découvertes  : 
I  Cahier  (mémoire  )  présenté  à  .M.M.  de 
l'académie  des  Sciences  de  Paris  .  sur  la 
construction  et  les  effets  d'une  nouvelle 
cheminée  qui  garantit  de  la  fumée  ,  etc. 
Paris  ,  1759,  in-8",  "h"  édition,  V)us  le  lilro 
de  nouvelles  Constructions  de  cheminéts. 
qui  garantissent  du  feu  et  de  la  fumée,  à 
l'épreuve  du  vent .  de  la  pluie  et  dex  au- 
tres causes  qui  font  fumer  les  cheminées , 
Paris,  1764  ,  in-12  :  |  Expériences  sur  le» 
cours  des  fleuves,  1760,  in-8";  \Purification 
de  l'air  croupissant  dans  les  hôpitaux,  les 
prisons  et  les  vaisseaux  de  mer  .  Nancy , 
1767  ,  in-8'*  ;  |  Manuel  des  lalioureurs.  ré- 
duisant  à  quatre  chefs  principaux  ce 
qu'il  y  a  d'essentiel  à  la  cuUitrr  des 
c/iam/?«,  Nancy,  1767,  plusieiii 

primé  ;  |  Ponts  de  bois  de  ch 
rizontale.  sans  piles  ni  cheval. .  .  ...  .,,.- 

tre  appui  que  ses  deux  culées ,  1770  ,  in- 

8";  \  Connaissance  des  veines  dr  hmiftt 

et  de  c/iarbon  de  terre,  et  tri . 

tion  dans  la  mine  qui  les  conti 

{'Ih. ,  in-S'  ;  I  Origine  des  fontu,-,,  ^.  ri  ue 

là  des  ruisseaux,  des    rivières   et  de* 

fleuves.  1774.  in-S". 

c;E.\()1'ILL.\C.  royez  GOURDON. 

*  (;K\0VESI  (  AnToive  )  .  savant   e(S 

.....  .  =,      Çj^ 

I  libre 

i;;_.  .--.-.  ■  «"S  da 

grandes  dispositions  :  >  ira  4 

S4   ans .    il    profe««a   1  -  it^ 

auiéminaire  dcS.ii  » 

à  l'étude   de  l'hi^ 

et  de  rrcf>nonur  }  ,  ,      s 

où  il  continua  de  suivre  ie%  cours  dr  droit, 
et  se  lit  recevoir  avocat  ;  maia  n<  pouvaAt 


CEIV  398 

s'accoutumer  à  la  pratique  souvent  fasti- 
dieuse qu'entraîne  celte  profession  ,  il  se 
livra  à  l'étude  des  langues  pour  se  consa- 
crer à  l'enseignement  public  ,  et  fut  suc- 
cessivement professeur  de  métaphysique, 
de  philosophie  morale  et  d&  théologie.  La 
hardiesse  de  ses  leçons  lui  fit  interdire  la 
chaire.  Il  se  rappliqua  alors  à  l'économie 
politique ,  pour  laquelle  il  avait  un  vrai 
talent.  Barlhélemi  înlieri  fonda  pour  lui 
en  1754  ,  avec  l'autorisation  du  gouver- 
nement ,  la  première  chaire  d'économie 
politique  qui  eût  existé  en  Italie  ;  et  de- 
puis cette  époque  jusqu'à  ses  djerniers 
jours  Genovcsi  continua  cet  enseigne- 
ment. Il  mourut  d'hydropisie  le  22  sep- 
tembre 1769.  Ses  ouvrages  sont  |  des  Sie- 
mens de  métaphysique^  en  latin  ,  Naples, 
1744  et  années  suivantes ,  5  vol.  in-8°; 
j  Elemenlorum  artis  logico-criticœ  libri 
quinque^  174.^ ,  in-S".  Ces  deux  ouvrages, 
remplis  de  tous  les  principes  qu'il  avait 
puisés  dans  les  éciils  d'Helvétius,  de  d'A- 
lembert  et  autres  philosophes  du  siècle , 
lui  causèrent  beaucoup  de  désagrémens. 
I  Elémens  de  théologie .  Naples,  17ol.  Le 
cardinal  Spinelli ,  archevêque  de  Naples, 
se  déclara  contre  cet  ouvrage,  qui  fut  la 
cause  de  son  interdiction,  j  Lezioni  di 
commercio^  o  di  economia  ciVî7e>  Naples, 

1757,  2  vol.  in-8°.  Le  succès  de  cet  ouvrage 
fut  étonnant  :  c'est  le  meilleur  de  tous  ceux 
qu'il  a  publiés  quoique  on  y  trouve  encore 
bien  des  imperfections.  |  Meditazioni 
filosofiche,  sur  la  religion  et  sur  la  morale, 

1758,  in-8°;  |  Lettere  academiche  ^  sur 
l'utilité  des  sciences  et  des  arts,  con- 
tre X  J.  Rousseau,  1764  ;  |  Logica  per  gli 
Giovanetti,  in-8°,  1766.  Cette  logique  est 
remplie  de  pensées  hardies  comme  tous 
ses  ouvrages  qui  ont  rapport  à  la  reli- 
gion. I  Trntlaio  di  scienze  metafisiche  ^ 
in-8°.  C'est  un  résumé  de  ses  Elémens 
métaphysiques.  \  Diceosinaj  ou  la  science 
des  droits  et  des  devoirs  de  l'homme, 
1767  :  cet  ouvrage  est  incomplet;  l'au- 
teur n'eut  pas  le  temps  de  l'achever.  J.  M. 
Galanii ,  un  des  élèves  les  plus  distingués 
de  Genovesi ,  a  écrit  son  Eloge  histori- 
que^ "Venise ,  1774. 

GEMSERIC ,  roi  des  Vandales  en  Espa- 
gne, fils  de  Godégisile  et  d'une  concu- 
bine ,  né  à  Séville  en  406  ,  commença  son 
règne  en  428  par  une  victoire  signalée  sur 
Hermenric,  roi  des  Suèves.  Le  comte  Bo- 
niface ,  gouverneur  d'Afrique ,  perdu  à  la 
t-our  par  le  crédit  d'Aétius  son  rival ,  ap- 
pela Genseric  dans  son  gouvernement 
pour  s'y  maintenir  par  son  secours  ;  mais 


GE\ 

s'élant  ensuite  reconcilié  avec  l'empe- 
reur, il  voulut  inutil.imcnt  l'engager  à 
repasser  en  Espagne.  Il  tenta  de  le  chasser 
les  armes  à  la  n»ain,  cl  fut  battu.  4spar, 
en  voyé  à  son  secours  avec  toutes  les  forces 
de  l'empire,  fut  vaincu  dans  une  nouvelle 
bataille ,  plus  funeste  que  la  première. 
Genseric ,  resté  maître  de  toute  l'Afrique, 
y  établit  l'arianisme  par  le  fer  et  par  le 
feu;  er,  suivant  la  pensée  de  Paul  Diacre, 
«  il  fit  la  guerre  à  Dieu ,  après  l'avoir 
»  faite  aux  hommes.  »  Quelque  temps 
après,  Valentlnien  III  ayant  été  tué  par 
Maxime  ,  Eudoxie  sa  veuve,  appela  le  hé- 
ros vandale  pour  venger  ce  meurtre. Gen- 
seric ,  gagné  par  ses  présens ,  et  ne  cher- 
chant qu'à  se  signaler,  fit  voile  vers  l'I- 
talie avec  une  puissante  flotte.  Entré  dans 
Rome  le  15  juin  455,  il  livra  celle  ville 
au  pillage.  Ses  soldats  la  saccagèrent  pen- 
dant 14  jours  avec  une  fureur  inouïe. 
Les  Romains  virent  renverser  leurs  mai- 
sons ,  piller  et  détruire  leurs  églises ,  en- 
lever leurs  femmes ,  massacrer  leurs  en- 
fans.  Eudoxie,  victime  de  sa  vengeance, 
fut  menée  en  captivité  avec  ses  deux  filles 
Eudoxie  et  Placidie.  Léon  l" ,  empereur 
d'Orient ,  envoya  contre  lui  en  Afri- 
que, vers  l'an  458 ,  une  flotte  portant  plus 
de  cent  mille  hommes  ;  mais  le  barbare 
corrompit  par  ses  présens  Basilides,  chef 
de  l'expédition,  et  cette  armée  périt  avec 
ses  vaisseaux.  Ce  désastre ,  fruit  d'une 
trahison  ,  força  l'empereur  à  traiter  avec 
le  vandale  auquel  il  assura  la  possession 
de  \ Afrique  proconsulaire.  Carlhage 
avait  été  exceptée  de  cette  donation  avec 
quelques  autres  villes  ;  mais  Genseric  s'en 
empara,  et  cette  ville  que  les  Romains  pos- 
sédaient depuis  585  ans  devint  la  proie 
d'un  barbare.  Le  vainqueur  affermi  en 
en  Afrique  devint  redoutable  à  toute  l'Eu- 
rope ,  dont  il  désolait  chaque  année  les 
côtes  par  ses  flottes.  Ce  corsaire  couronné 
ravagea  tour  à  tour  la  Sicile  ,  la  Sardai- 
gne,  l'Espagne ,  la  Balmalie.  Il  n'était  pas 
moins  barbare  chez  lui  que  chez,  les  au- 
tres. S'étant  imaginé  que  sa  bru  cher- 
chait à  l'empoisonner  pour  se  vçir  reine 
après  sa  mort ,  il  lui  fit  couper  le  nez  et 
les  oreilles ,  et  la  renvoya  dans  cet  état 
hideux  au  roi  Théodemer  son  père.  Ce 
monstre  était  possédé  de  cette  mélancolie 
sombre,  qui  n'éclate  jamais  dans  les  parti- 
culiers et  dans  les  princes  que  par  des  for- 
faits et  des  barbaries  atroces.  La  terre  en 
fut  délivrée  en  477.  On  ne  peut  nier  que 
Genseric ,  malgré  sa  cruauté ,  n'ait  été  le 
plus  habile  politique  de  son  siècle,  capa- 


GÊN 


399 


G  EN 


Me  de  fntmer  les  plus  (grands  projeta  et 
de  les  exécuter  ,  vif^ilunt,  nrlif  .  infaiign- 
Itle  .  parlant  peu,  niuis  à  projx>s;  habile  n 
semer  la  division  parmi  crux  qti'il  vou- 
lait Affaiblir  ,  5urhnnt  en  tirer  avanta{;e 
(  I  saisir  adroitement  les  occasions. 

•GE\SOM^É  (Absiawo),  né  à  Bor- 
deaux le  10  août  1758,  était  avocat  au 
parlement  de  cette  \ille.  Il  embrassa  le 
parti  de  la  révolution,  et  devint  membre 
de  la  cour  de  cassation ,  lors  de  la  forma- 
tion de  ce  tribunal.  Elu  membre  de  la 
seconde  assemblée  nationale,  il  s'unit  avec 
ses  collè{jues  Guadot.  Ver^niaud,  Roland, 


leiu  s  promesses,  leuri  pro|K>s  il  ions  firent 
rejeties.  Ils  se  rétitiirrnl  alor^  niomenla- 
néineut   aux  jarubins  .  niii  rie 

dernirr  eoup    à   l'aiiliirii  '  ••ttc 

alliame    ne  fut    pas  de    :   :  ,, ne   : 

comme  cliaqua  parti  voulait  dommer  ,  il 
s'éleva  entre  eux  une  lutte  terrible.  Le* 
députés  de  la  Gironde ,  parmi  lesquels 
se  trouvaient  de  (vrands  taWns,  résis- 
tèrent (pielque  trmps  ;  mais  enfin  ils 
succombèrent.  Gensonné  fut  arrêté  le  a 
juin  179:s,  avec  plusieurs  députés,  et  con- 
duit au  Luxembourg.  Traduit  ensuite  au 
tribunal  réxolutiotmaire,  il  fut  condamne 


Erissot;  et  ib  formèrent  le  parti  dit  de^à  mort,  avec  21  de  ses  collègues,  le  31 
la  Gironde  ^  qui,  après  avoir  été  la  prin- 
cipale cause  de  la  destruction  de  la  mo- 
narchie pour  établir  une  république  fé- 
«lérative ,  devait  bientôt  être  proscrit 
elle-même  par  im  autre  parti  ,  encore 
plus  avilie  de  sang.  Gensonné  obtint 
beaucoup  d'influence  dans  les  romilés, 
qu'il  subjugua  moins  par  ses  talens  que 
par  une  causticité  et  un  entêtement  qui 
le  faisaient  redouter  de  ses  collègues.  11 
fut  le  premier  qui  osa  avancer  celle  bar- 
bare niaximc  :  que  dans  les  temps  de  ré- 
volution, la  stispicion  seule  est  un  titre  suf- 
fisant pour  être  condamné.  Il  lit  ordonner 
le  séquestre  des  biens  des  émiiîrés  ,  pro- 
voqua la  guerre  contre  l'Autriche,  et  fit 
accorder  aux  commissaires  de  l'assemblée 
le  droit  de  destituer  et  de  traduire  en 
jugement  les  généraux  et  tous  les  fonc- 
tionnaires publics.  Réélu  à  la  Convention 
nationale,  il  y  parut  plus  modéré,  et  pro- 
nonça un  discours  pour  faire  renvoyer  le 
jugement  de  Louis  XVI  aux  assendjlées 
primaires;  i^iit  défendre,  pour  un  temps, 
les  visites  domiciliaires,  et  eut  le  courage 
de  demander  la  pimilion  des  crimes  com- 
mis le  2  septembre.  Cependant  il  vota  la 
mort  de  l'infortuné  Louis  XVI  et  se  pro- 
nonça contre  le  sursis  à  l'exécution  ;  mais 
il  parut  s'intéresser  à  la  jeune  princesse 
et  au  dauphin  :  et  demanda  (jue  la  muni- 
cipalité fût  responsable  de  leur  sûreté. 
Cette  preuve  tardive  d'humanité  ne  ser- 
vit dans  la  suite  qu'à  fournir  des  armes 
à  ses  ennemis  :  on  l'accusa,  ainsi  que  son 
parti,  d'avoir  voulu  sauver  le  roi.  Il  est 
certain  que,  reiloulanl  Robespierre  et 
Danton,  les  Girondins  seinblénnt  un  mo- 
ment vouloir  s'approcher  de  la  cour,  et 
qu'un  mémoire,  rédigé  par  Geitsonné,  fut 
prcsenlé  au  roi  par  on  peintre  nommé 
Boxe  ;  mais  .  s<  i  irix  qu'ils  met- 

taient à  leurs  t  excessif,  soit 

^e  la  cour  n  u        '  conliancc  en 


octobre  1795. 

•tîE.XSSA.XE  (N.  de),  directeur  gè- 
néral  des  mines  du  Languedoc  et  conces- 
sionnaire de  celles  de  la  Franche-Comté, 
membre  corre5pondaiit  de  l'académie  des 
sciences,  est  auteur  des  ouvrages  suivans  : 

1  Description  d'un  planisphère ,  cadran, 
et  machine  pour  observer  les  asù-cs  par 
le  méridien.  17:^6;  |  Manière  d'employer 
l'eau  pour  tes  pompes.  17/il  ;  |  IS'ouvetles 
Corrections  faites  aux  pom/>es  ;  \  Correc- 
tions faites  à  la  pompe  à  feu,  1744;  |  Traite 
de  la  fonte  des  niities  par  le  feu  de  char- 
bon de  terre.  Paris,  1770-1776.  2  vol. 
in  4"  ;  |  la  Géométiie  sottten-aine  pour 
l'exploitation  des  mines.  Montpellier. 
1776,  in-8"  ;  |  Histoire  naturelle  delà  pro- 
vince de  Lan  ffuedoc.  Montpellier,  177t>-77, 

2  vol.  in-8";  et  des  |  Observations  sur  un 
météore  en  forme  de  cornets ,  sur  un  ni- 
veau, sur  les  mines  d'yilsacs  et  du  comté 
de  Bouryoyne.  Genssane  est  mort  en 
1780. 

•  t;ENTIL     (  jEAN-BArnSTB-JoSBPB  ) , 

colonel  d'infanterie,  chevalier  de  l'onlrv 
de  Saint-Ixjuis,  né  à  Bagnois  le  S5  juin 
1726,  d'une  famille  noble,  passa  dons 
l'Ifide  en  1752,  avec  le  régiment  où  il  ve- 
nait d'être  reçu  eu'-eit'ne.  Il  servit  «ui^ 
cessiveiiieiil  soiu»  lis  onlres  de  MM.  l)u- 
pleix ,  de  Bussy  ,  de  Conflans,  de  I.ally  et 
de  Law  de  Lauriston,  contribua  aux  suc- 
cès de  nos  armes  dans  celte  riche  contrée, 
et  fut  aussi  témoin  de  nos  désastres.  Apres 
la  ruine  de  nos  etablissemens ,  Gentil  qui 
s'était  élevé  jusqu'au  grade  de  col«»n«l . 
V,       '  •  affaires  al'wluinenl  desc»pc- 

, ,  le,  offrit  se»  services  au  na> 

1  .  .lie,  qui  lesatrrpla  :  révolté 

ensuite  de  kl  manière  atroce  et  pcrtidca»ec 
laquelle  ce  prince  faisait   la  guerre  ,  il  l0 

,,,,;•■    '  *r  rendre  auprcadu  cé- 

|,  1 1  lu'ah.naliai*  d'Aoudr, 

<  iiiuxtACvtiKclcs  ^  rai>- 


GETV 


AOO 


GEIV 


çais,  l'accueillit  avec  empressement,  et  le 
rombla  de  bienfaits.  Le  généreux  Gentil 
consacra  ses  richesses  à  secourir  ses  mal- 
Jieureux  compatriotes  errans  dans  l'Inde  , 
dont  il  réunit  jusqu'à  600,  et  en  forma  une 
légion  soldée  par  le  Nabab  ;  il  acheta  aussi 
des  objets  d'histoire  naturelle,  des  médail- 
les ,  des  manuscrits ,  des  dessins  indiens, 
fie,  qu'il  déposa  généreusement,  à  son  re- 
tour en  France  eu  1778,  à  la  bibliothèque 
du  roi  et  au  cabinet  d'histoire  naturelle.  Les 
Anglais  lui  avaient  offerl  500  mille  francs 
de  cette  riche  collection.  Sa  générosité  et 
ses  services  militaires  ne  le  préservèrent 
par  des  malheureux  effets  de  la  révolu-  L 
lion.  Ayant  perdu  sa  pension,  qui  con- 
stituait ses  seuls  moyens  d'existence ,  il 
mourut  dans  le  dénùment  àBagnols,  le 
15  février  1799.  Il  a  composé  |  une  Histoire 
métallique  de  l'Inde^  avec  un  grand  nom- 
bre de  dessins,  ornée  de  vignettes  et  de 
■  portraits,  un  vol.  in-fol.  avec  la  carte  de 
chaque  gouvernement  ;  |  Histoire  des  bad- 
jahs  de  l'Indoastan  depuis  Barlh  jusqu'à 
i'itaurah  ;  ]  luie  Histoire  de  l'empire  du 
jfofjol;  1  nn  Abrégé  géographique  de  l'Inde . 
Ces  diffcrens  ouvrages  sont  restés  manus- 
crits. Son  fils  a  publié ,  en  1814  ,  un  Pré- 
cis sur  J.  B.  J.  Gentils  ancien  colonel 
d'infanterie^  etc.^  in-8°. 

*  OEA'TIL  (  Andké-Antoixe-Pierre  ) , 
religieux  bernardin  et  savant  agronome , 
né  à  Pesmes  en  Franche-Comté,  dans  les 
premières  années  du  18*^  siècle ,  fit  ses 
éludes  à  Dole  ,  et  prit  l'habit  de  Saint- 
Bernard,  à  l'âge  de  18  ans.  Nommé  pro- 
cureur de  la  maison  de  Clair  vaux ,  il  la  fit 
prospérer,  en  aug  nentant  tousses  reve- 
nus par  de  nouvelles  méthodes  d'agricul- 
lure  ;  et  accrut  par  le  même  moyen  l'ai- 
sance des  habitans  du  voisinage  qui  sui- 
virent son  exemple.  Ces  résultats  Tayaut 
fait  counaUre  avantageusement,  Gentil 
fut  nommé  prieur  de  Fontenai  dans 
l'Auxerrois.  En  1775  il  fit  paraître  son 
J'Jssai  d'agronomie^  dans  lequel  il  deman- 
dait aux  états  de  Bourgogne  l'établissement 
de  Fermes  expérimentales  ou  modèles. 
mais  il  ne  put  les  obtenir.  Il  écrivit  un 
grand  nombre  de  mémoires  sur  à^^ques- 
lions  d'agriculture^  qui  furent  couronnés 
par  diverses  académies.  La  révolution  le 
fit  sortir  de  son  cloître.  Réfugié  à  Paris  , 
où  il  comptait  vivre  du  produit  de  ses  li- 
vres qu'il  voulait  réunir  en  un  seul  sous 
le  titre  de  Petit  économe ,  il  fut  trompé 
dans  cet  espoir,  et  n'eut  pour  toute  res- 
source qu'une  pension  qui  ne  lui  était 
pohil  c-xactemout  ^)ayée,  11  mourut  en 


1800.  Il  était  membre  d'un  grand  nombre 
d'académies  et  de  sociétés  d'agriculture. 

GEM'ILIS  DE  FOLIO !\0  ou  GENTILIS 
de  Gentilibus ,  médecin  dont  on  a  des 
Co7nmenlaires  sur  Avicenne  ^  in-fol.,  et 
d'autres  ouvrages.  Il  mourut  à  Bologne 
vers  l'an  1510,  âgéd'environ  quatre-vingts 
ans. 

GEATILIS  (Albruic),  né  en  1531,  à  Cas- 
!ello-san-Genesio  dans  la  Marche  d'An- 
cône.  Matthieu  Gentilis,  son  père,  qui 
exerçait  la  médecine ,  ayant  embrassé 
les  opinions  des  novateurs,  entraîna  ses 
deux  fils  dans  l'erreur.  Albéric  se  retira  on 
Angleterre.  Il  fut  fait  professeur  en  droit 
à  Oxford,  et  mourut  à  Londres  au  com- 
mencement de  l'an  1611.  Il  est  auteur  :  |  de 
troislivres  Dejm^ebelli.Layde,  1588, in-4", 
qui  n'ont  pas  été  inutiles  à  Grolius.  |  De 
leyationibus  ;  \  De  juris  inierpretibus  i 
I  De  advocatione  hispanicâ. 

GE.\T1L1S  (Scn>io\),  frère  du  précé- 
dent ,  naquit  en  1565.  Il  était  encore  fort 
jeune,  lorsqu'il  quitta  ritalie  avec  son 
père.  Il  étudia  à  Tubingen ,  puis  à  Wit- 
leinberg ,  et  enfin  à  Leyde ,  sous  Hugues 
Doneau  et  sous  Juste-Lipse.  Il  enseigna 
ensuite  le  droit  avec  une  réputation  ex- 
traordinaire à  Altorf,  et  fut  conseiller  de 
Nuremberg.  GentiUs  mourut  en  1616.  Ses 
principaux  ouvrages  sont  :  |  De  jure  pu- 
blico  populi  romani,  1602^  in-8°;  ]  De  con- 
jurationibus,  1602^  in-8°;  |  De  donationi- 
bus  inter  virum  et  iixorem,  160i,  in-4'*; 
I  De  bonis  malernis  et  secundis  nupliis^ 
1606,  in-8".  On  voit  par  le  style  de  ses 
livres  qu'il  savait  mêler  les  fleurs  de  la 
littérature  avec  les  épines  de  la  jurispru- 
dence. Ses  Œuvres  complètes  (  Opéra 
omnia)  ont  été  imprimées  à  Naples, 
1765,  et  1763  ,  in-4°. 

GEMILIS  (  Jeaiv-Valentin  ),  parent 
des  précédens  naquit  à  Cosenza,  dans  le 
royaume  de  Naples.  Obligé  de  quitter  son 
pays  pour  éviter  la  peine  de  mort  dont  il 
était  menacé  à  cause  de  l'impiété  de  ses 
opinions,  il  se  réfugia  à  Genève.  11  trouva 
quelques  italiens  que  le  même  sujet  y 
avait  amenés,  et  forma  avec  eux  un  nou- 
vel arianisme.  Leurs  nouveautés  donnè- 
rent lieu  au  Formulaire  de  foi  dans  le 
Consistoire  italien  en  1358.  Gentilis  y  sou- 
scrivit, et  ne  laissa  pas  de  somcr  clandes- 
tinement ses  erreurs.  Les  njagistrats  pri- 
rent connaissance  de  cette  affaire,  et  le 
mirent  en  prison.  Convaincu  d'avoir  violé 
sa  signature,  il  pi-ésenta  en  vain  divers 
écrits  i)our  colorer  ses  opinions.  On  le 
conduuina  à  faire  amende  honorable,  et  à 


GE\ 


&0i 


GE^ 


jrttT  lui-nu'me  ses  écrits  au  feu.  Apn-i 
axoir  cxt'culc  celte  seiitt-mi*,  il  vt'cul 
quelque  temps  tranquille;  mais  se  voyant 
à  Genève  avec  désagrément,  «  cause  de 
la  haine  que  lui  portail  Calvin  ,  et  ne  pou- 
vant se  {îuérir  tle  l'envie  de  dogmati- 
ser, il  quitta  celte  ville  cuiitre  le  serment 
qu'il  avait  fait  aux  magistrats  de  n'en 
point  sortir  sans  leur  permission.  Il  voyu- 
(;oa  dans  le  Dauphiné  ,  dans  la  Savoie,  et 
retourna  dans  le  canton  de  Berne.  Il  fut 
reconnu  et  mis  en  prison;  mais  il  s'é- 
chappa et  s'enfuit  vers  Georges  Blandrata, 
médecin,  et  Jean-Paul  Alciat,  milanais, 
ses  associés ,  qui  s'efforçaient  alors  de  ré- 
pandre l'arianisme  en  PoloGue.  Le  roi 
ayant  publié  en  15G6  un  édit  de  bannisse- 
ment contre  ces  novateurs  étrangers,  Gcn- 
tilis  passa  en  Moravie ,  puis  h  Vienne  en 
Autriche.  Ayant  appris  la  morl  de  Calvin, 
il  retourna  dans  le  canton  de  Berne.  Le 
bailli,  qui  l'avait  autrefois  emprisonné, 
se  trouvant  encore  en  cliarge,  se  saisit  de 
lui  en  juin  156().  La  cause  fut  portée  à 
Berne ,  et  Gentilis ,  ayant  été  convaincu 
d'avoir  attaqué  le  mystère  de  la  Trinité  , 
fut  condamné  à  perdre  la  tète.  Il  mourut 
avec  impiété,  se  glorifiant  d'être  le  pre- 
mier martyr  qui  perdait  la  vie  pour  la 
gloire  du  l'ère^  au  lieu,  disait-il.  que  les 
apôtres  et  les  autres  niariijrs  n'étaient 
tnorts  que  pour  la  gloire  du  luis  (  voyez 
V Histoire  de  son  supplice  en  latin  ,  par 
Bère,  Genève,  lo07,  in-4°  ).  Gentilis 
était  léger  et  inconstant  dans  ses  opi- 
nions, et  en  changeait  selon  les  temps  : 
sort  de  tous  les  sectaires  qui,  ayant  secoué 
le  joug  de  la  foi  et  l'autorité  de  l'Eglise , 
ne  savent  plus  à  quoi  s'en  lenir  (  voyez 
SERVET).  Les  termes  de  Trinité  ,  A' Es- 
sence.à' Hypostase,  étaient,  selon  lui,  de 
l'invention  des  théologiens.  Mais  qu'im- 
porte, pourvu  que  les  idées  que  ces  mots 
renferment,  n'en  soient  pas.  Pour  parler 
juste  sur  la  diviuilé  de  Jésus-Christ ,  il 
voulait  qu'on  dit  que  le  Dieu  d'Israël . 
qui  reste  seul  vrai  JJieu  et  le  l^rede  N.  S. 
Jésus-Christ,  avait  versé  dans  celui-ci  sa 
Uivinité.  liavançait  que  Calvin  faisait  une 
Çuatemité,  en  admettant  une  Essence  di- 
vine et  les  trois  Personnes,  comme  si  ces 
Personnes  n'étaient  pas  l'Essence  divine, 
ainsi  que  le  savent  et  le  disent  tous  les  en- 
ions  des  chrétiens.  Ce  chef  des  réforma- 
teurs écrivit  contre  lui  ;  mais  comme  il 
savait  par  lui-même  que  les  écrits  n'inti- 
mident guère  un  enthousiaste,  il  chercha 
à  lui  faire  une  réponse  plus  décisive;  il 
travailla  à  le  faire  brûler  ;  et  à  son  grand  ' 


ri'grtl ,  il  n'avait  pas  pu  réussir.  C^t  lntr>> 
Icraut  reforniateiir  semblait  intimem  nt 
convaincu  qu'il  avait  un  privilège  exclu- 
sif de  fronder  la  doctrine  de  l'Eglixc  et  la 
croyance  générale  des  chrétiens  :  dann 
tout  autre  dogmatisant,  cet  attentat  lui 
paraissait  digne  du  feu.  yoyez  KAPRI- 
NAI,  LENTULUS,  SEUVET. 

GENTILLET  (  IrvxocE'VT) ,  juriscon- 
sulte protestant  de  Vienne  en  Dauphiné, 
d'abord  président  de  la  chambre  de  l'é- 
ditde  Grenoble,  établie  en  1576,  ensuite 
syndic  de  la  république  de  Genève.  Or»  a 
de  lui  :  |  une  Apologie  latine  de  la  reli- 
gion protestante.  1588,  Genève,  in-h"  : 
I  Le  Bureau  du  concile  de  Trente.  Ge- 
nève, 1586,  in-8°,  dans  lequel  il  prétend 
ridiculement  que  ce  concile  est  contraire 
aux  anciens  canons  et  à  l'autorité  du  roi  ; 

I  Discours  sur  les  moyens  de  bien  gou- 
verner et  maintenir  en  bonne  paix  xui 
royaume  ou  autre  principauté...  contre 
Nicolas  Machiavel.  1576,  in-S",  et  1577, 
ni-li2;  I  \\4nti-Socin.  1612,  in-i"  :  ce 
sont  des  ouvrages  savans  et  sages,  partout 
où  l'auteur  n'a  point  l'occasion  de  prôner 
les  erreurs  de  sa  secte. 

GEXTU'S  (  George  ) ,  né  à  Dahme 
dans  la  Basse-Lusace ,  en  1618,  étudia  les 
langues  savantes,  se  rendit  habile  dans 
les  mathématiques  et  dans  la  médecine, 
alla  à  Conslantinople ,  et  parcourut  tout 
le  Levant.  De  retour  en  Europe,  il  fut  fait 
conseiller  de  Jean-Georges  II ,  électeur  de 
Saxe,  et  interprète  pou  ries  ambassadeurs. 

II  mourut  à  Freyberg  en  Saxe,  en  1687. 
On  a  de  lui  pfusieurs  traductions  latines. 
Les  principales  sont  :  |  Ilosarium  politi- 
cum  dePersico  in  latinum  vcrsum  ,  avec 
des  notes  ,  Amsterdam  .  1652  et  1674  ,  in- 
fol.  Nous  l'avons  aussi  en  fraii^is  sous 
le  titre  de  Guiistan,  ou  l'Empire  des  ro" 
'ses,  par  Sadi,  prince  des  poètes  turcs  et 
persans,  traduit  par  Audi  é  du  Ryer.  Paris, 
I65i  :  idem,  traduit  par  M*",  Paris,  1704. 
in-8".  î  Ilistoria  judnica.  res  judœorum 
ah  eversa  œdc  Ùierosolymitana  ad  hœc 
ferè  tcmpora  usque.  complexa  ;  a  Solo- 
moue  ben  Virga.  de  hebneo  in  latinum 
versa,  Ainsterdam,  1651  ,  in-4".  Auguste 
Beyera  fait  une  vie  de  Genlius. 

•  GE.\TLEMA\  (  Fra\(  is  ),  auteur  et 
comédien  anglais,  né  à  Dublin  en  1728, 
embrassa  d'abord  la  carrière  des  armes  à 
laquelle  il  renonça  pour  se  faire  acteur  : 
il  débuta  sur  le  lliéàtre  de  sa  ville  na- 
tale, et  parut  ensuite  successivement  sur 
les  théâtres  d'Kdiiiil>ourg,  de  Liverpool 
et  d'Hayiuaikei ,  à  Ix^ndrcs.  II  mourut  en 
Zk, 


GEIV  402 

178i.,  après  avoir  publié  |  des  Fables  roya- 
les^ 1766,  in-8°  ;  1  une  Epître  intitulée  Les 
caractères  et  le  censeur  dramatique ^  1770, 
2  vol.  in-8°.  Gentleman  a  encore  donné 
une  édition  des  OEuvres  de  Shakespare. 
'  GEATYou  GENTIL  (Louis),  né  vers 
1770,  était  procureur-syndic  du  district 
d'Orléans,  au  commencement  de  la  révo- 
lution. Député  à  l'assemblée  Législative 
et  à  la  Convention  par  le  déparlement  du 
Loiret,  il  s'y  fit  remarquer  par  son  esprit 
lie  modération.  Genty  combattit  avec 
fermeté  le  parti  de  !a  Gironde  et  celui  de 
la  Montagne,  s'opposa  à  plusieurs  décrets 
votés  par  la  majorité,  notanmieiit  à  celui 
qui  fut  adopté  dans  le  mois  de  janvier 
1792  contre  les  princes  émigrés  ,  et  plus 
tard  à  la  déclaration  de  guerre  faite  à 
l'Autriche.  Il  s'éleva  avec  force  contre 
Jourdan  d'Avignon,  surnommé  Coupe- 
tête,  dont  les  crimes  restaient  impunis , 
et  contre  Pétion,  alors  maire  de  Paris,  qu'il 
accusa  d'être  l'auteur  des  événeinens  du 
20  juin  1792  ,  jour  où  la  populace  vint  in- 
sulter le  roi  dans  son  palais.  Genty  fui 
rappelé  à  l'ordre  pour  un  discours  véhé- 
ment qu'il  prononça  contre  Guadet,  et 
après  la  funeste  journée  du  10  aoxït ,  il  ne 
parut  plus  à  la  tribune  ;  dans  le  procès 
du  roi ,  il  vota  pour  la  détention  et  l'ap- 
pel au  peuple,  et  lit  entendre  ces  paroles 
remarquables  :  «  Je  ne  veux  pas  que 
»  mon  opinion  donne  à  la  France  un 
j>  Cromwcll.  »  Après  avoir  fait  partie  du 
conseil  des  Cinq-cents,  d'où  il  sortit  en 
1798,  il  se  retira  des  affairQS  publiques, 
vécut  dans  l'obscurité ,  et  mourut  peu 
d'années  après. 

*  GEi\TY  (  Louis,  l'abbé  ),  homme  de 
lettres ,  né  à  Senlis  en  1745,  fut  professeur 
de  philosophie  à  Orléans,  où  il  était  aussi 
vice-secrétaire  de  la  société  d'agriculture. 
L'abbé  Genty  était  correspondant  de  l'in- 
stitut pour  la  classe  de  géométrie.  Il  est 
mort  en  1817,  après  avoir  publié  les  ou- 
vrages suivans  :  |  Jrbor  philosophica, 
1767,  in-8°;  |  Discours  sur  le  luxe,  cou- 
ronné par  l'académie  de  Besançon  ,  1784  , 
in-8"  ;  |  de  V Influence  de  Fermât  sur  son 
siècle ,  1784 ,  in-8° ,  mémoire  qui  a  été 
couronné  par  l'académie  de  Toulouse, 
patrie  de  Fermât  ;  \  V Influence  de  la  dé- 
couverte de  l'Jmérique  sur  le  bonheur 
du  genre  humain  ,  1788 ,  in-8". 

*  GENTZ  (Fkédéric),  publiciste  cé- 
lèbre et  homme  d'état,  né  en  1760,  àBres- 
lau ,  en  Silésie,  entra  dans  la  carrière  ad- 
ministrative à  Berlin.  Obligé  de  se  dé- 
inet're  de  ses,  fonctions,  en  J805  ,  il  sii  mit 


GËO 

au  service  de  l'Autriche,  et  fut  chargé 
bientôt  par  la  cour  de  Vienne  d'une  mis- 
sion secrète  pour  Londres.  De  retour  à 
Vienne,  il  fut  obligé  de  fuir  devant  les 
armées  françaises  en  1805.  Plus  tard  il 
fut  encore,  employé  par  le  ministre  des 
affaires  étrangères.  En  1813,  on  le  chargea 
de  rédiger  le  manifeste  par  lequel  l'em- 
pereur François  Il  déclarait  que  ses  traités 
avec  la  France  étaient  rompus,  et  il  de- 
vint ensuite  premier  secrétaire  du  con- 
grès de  Vienne.  Gentz  assista  également 
aux  congrès  de  Paris  ,  de  Carlsbach  et  de 
Laybach.  Il  est  mort  le  9  juin  1852 ,  lais- 
sant quel([ues  ouvrages,  tels  qu'une  ira- 
duction  de  l'ouvrage  de  Burke  sur  la  ré- 
volution française,  à  laquelle  il  ajouta 
quelques  articles  et  des  notes  ;  |  un  Essat 
sur  l'état  actuel  de  V administralion  des 
finances  et  de  la  richesse  nationale  de  la 
Gi-ande-Bretagne ,  1800,  traduit  la  même 
année  eu  français,  Londres,  in-8'' ;  |  une 
Vie  de  Marie  Stuart,  traduite  en  français 
par  Damoze  de  Raymond,  Paris,  1813, 
in-8°,  et  1820,  in-12;  |  et  un  pamphlet  in- 
titulé :  De  l'état  de  l'Europe  à  la  fin  du 
i^^  siècle.  Gentz  entreprit  à  lui  seul ,  en 
1799,  un  Journal  historique  ^  dans  lequel 
il  se  livrait  à  de  violentes  déclamations 
contre  la  France.  Il  s'était  d'abord  pro- 
noncé pour  les  idées  libérales  ;  mais  les 
crimes  commis  au  nom  de  la  révolution 
opérèrent  dès  1792  un  changement  total 
dans  ses  principes.  On  a  aussi  de  lui  des 
Mémoires  sur  l'Histoire  de  son  temps; 
nous  ignorons    s'ils  ont    été   imprimé-. 

GEOFFRIN  ou  JOFRAIN  (Claude), 
parisien  ,  d'abord  franciscain  ,  ensuite 
feuillant,  prieur,  visiteur  et  assistant-gé- 
néral de  son  ordre  ,  est  plus  connu  sous 
le  nom  de  don  Jérôme.  Il  remplit  les 
chaires  de  la  cour  et  de  la  capitale.  Mais 
en  1717,  s'étant  mêlé  fort  mal  à  propos  des 
disputes  qui  déchiraient  l'Eglise,  il  fut 
exilé  à  Poitiers.  Rappelé  à  Paris ,  il  y 
mourut  en  1721,  à  82  ans.  Ses  sermons 
ont  été  publiés  en  1757,  en  5  vol.  in-12, 
par  l'abbé  Joli  de  Fleury,  chanoine  de 
Notre-Dame.  L'éloquence  de  don  Jérôme 
était  plus  solide  que  fleurie  ;  sa  déclama- 
tion pathétique  contribua  beaucoup  à  sa 
réputation  de  prédicateur. 

GEOFFUIJV  (  Marie-Thérèse  RODET  , 
épouse),  née  à  Paris  en  1699  ,  morte  dans 
la  môme  ville  en  1777 ,  s'est  fait  un  nom 
par  ses  liaisons  avec  les  beaux  esprits  de 
ce  siècle,  qu'elle  assemblait  chez  elle. 

Mt'l.iDt  de  trente  plats  la  solide  ambroitie , 
Au  nectar  fugitif  de  la  phiioso;>hie . 


GEO 


405 


GEO 


Ti-u  conlenlc  de  ce  (jenrc  de  céU-brilc.  elle 
(Nircourut  toutus  lus  cours  de  l' Allcinagno , 
•e  rendit  à  Vienne  et  do  là  à  Varsovie,  pour 
recueillir  le  tribal  de  louantes  quelle 
•'nnaginait  tHre  dû  par  les  princes  à  son 
bel  esprit.  On  connaît  le  mot  de  Fonle- 
nellc,  apprenant  la  inort  de  M™'^  de  Tcn- 
cin  :  J'irai  donc  manger  chez  la  (ieoffrin. 
D'AIenibert  et  d'autres  académiciens  ont 
fait  de  grands  éloges  de  M™*  Geoffrin,  qui 
noiinnail  les  gens  de  lettres  qui  lui  fai- 
saienl  la  cour,  des  bêles  frottées  d'esprit, 
en  faisant  allusion  au  mol  de  M'"'=  de  Ten- 
ciii,  qui  les  appelait  ses  bétes.  Voltaire  ne 
paraît  pas  avoir  clé  fort  prévenu  en  faveur 
des  assemblées  scientifiques  qu'elle  tenait 
chez  elle  ,  quand  il  a  dit  : 

ll>  parlaient,  diipulaienl,  et  criaient  tout  enicmble; 
Ainsi  lorsqu'à  ilincr  une  xicille  rassemble 
Onioxe  ou  xingl  heaiit  esprits,  fainrliques  «alenri , 
IVitnciirs  ,  corapilatcurs,  ibansonneiirs,  traducteurs  î 
r.a  maison  retentit  des  cris  île  la  cuhuc, 
Les  passant  cbaliis  s'arrêtent  dans  la  rue. 

L'auteur  des  Jnnales  politiques  l'a  cou- 
\  erle  de  ridicule,  ainsi  que  ses  convives  , 
dans  une  satire  intitulée  :  V Enterrement 
de  la  pie.  Il  est  certain  que  son  enthou- 
siasme pour  la  pliilosophie  et  le  bel  esprit 
a  rendu  sa  vie  inquiète  .  et  lui  a  fait  cber- 
cher  dans  l'oslentation  et  le  bruit,  un  bon- 
heur qui ,  chez  le  sexe  surtout ,  ne  germe 
que  dans  une  sagesse  modeste  et  paisible. 
f'oyez  FAYETTE  (la),  GRAFFIGNY, 
St'ZE ,  TENCIN. 

GEOFFROÏ,  abbé  de  Vendôme  en  1093, 
et  cardinal  l'année  suivante  ,  était  d'An- 
gers, et  mourut  vers  l'an  1130.  Louis  le 
Gros,  roi  de  France  ,  et  les  papes  Urbain 
II,  Pascal  II,  Calixte  II,  Ilonorius  II,  le 
chargèrent  des  affaires  les  plus  impor- 
tantes et  les  plus  épineuses.  Nous  avons 
de  lui  cinq  livres  de  lettres,  onze  sermons 
et  des  opuscules. où  l'on  trouve  un  excel- 
lent Traité  sur  les  investitures.  Tous  ces 
écrits  ont  été  publiés  en  1610,  par  le  Père 
Sirmond.  La  lettre  à  Robert  d'j4rbrissel. 
fondateur  de  Fontevrault,  sur  sa  fami- 
liarité avec  les  feinmes  ,  est  certainement 
de  lui,  quoiqu'on  en  ait  contesté l'autlien- 
iicité  ;  elle  se  trouve  dans  les  manuscrits 
de  son  temps.  Mais  Gcoffroi  revint  deson 
préjugé,  rendit  justice  à  Robert,  et  devint 
un  de  ses  plus  ardens  défenseurs. 

r.EOFFROI  DE  SAI.NT-OMER,  fut  un 
des  neuf  gentilshoinmes  qui  formèrent 
l'ordre  des  Templiers,  l'an  1118,  et  celui 
qui  scdislingna  le  plus  dans  cette  insti- 
lution.   /  oyrr  Ill'GUES  des  PAYENS. 

CEOFFROl  DE  MOXMOLTII,  surnom- 


mé Ârturus .  archidiacre  de  Monmoulh 
en  Angleterre,  puis  évéque  de  Saint- 
Asaph.  florissait  vers  1152  sous  le  règne 
de  Henri  H.  Les  rcnturiateurs  de  Mag<lc- 
boiMg  le  font  contemporain  <lu  vénérable 
Bède,  et  lui  donnent  le  titre  de  cardinal; 
mais  les  auteurs  anglais  ne  sont  pas  de 
celte  opinion.  On  a  de  lui  :  |  De  cxilio  ec- 
clesiasticorum  ;  \  De  corpore  et  sanguine 
Doniini  ;  \  Carmina  diversi  genrris  ; 
I  Commentaria  in  prophetias  Merlini  . 
etc.  ;  mais  le  plus  célèbre  de  ses  ouvra- 
ges est  une  Histoire  de  la  Grande  Bre- 
tagne,  dans  la  collection  des  bistoriens 
d'Angleterre  par  Commelin.  Comme  elle 
contient  divers  faits  apocryphes,  et  qu'il 
y  a  inséré  la  vie  du  roi  Arlus  par  Mer- 
lin,  Possevin  ,  Baronius,  et  d'autres  sa- 
vans  l'ont  mis  au  nombre  des  écrivains 
romanciers  ou  fabuleux. 

GEOFFllOI  (  Etiewe-François  )  ,  né 
à  Paris  en  1672,  dun  apothicaire  ,  voya- 
gea en  France,  en  Angleterre,  en  Hol- 
lande cl  en  Italie  ,  pour  se  perfectionner 
dans  la  connaissance  de  la  médecine ,  de 
la  chimie  et  de  la  botanique.  De  retour 
dans  sa  patrie,  il  recul  le  bonnet  de  doc- 
teur, obtint  les  places  de  professeur  de 
cbimie  au  jardin  du  roi ,  de  médecine  au 
collège  royal ,  et  fut  associé  à  l'académie 
des  sciences  de  Paris  et  à  la  société  royale 
de  Londres.  Cet  habile  homme  mourut 
en  1731.  Son  caractère  doux  ,  circonspect, 
motléré,  et  peut-être  un  peu  timide  ,  le 
rendait  al  tenlif  à  écouter  la  nature  et  à 
l'aider  à  propos.  Il  ne  refusait  ses  secours 
à  personne.  Une  chose  singulière  qui  lui 
lit  du  tort  dans  les  commencemens  ,  c'est 
qu'il  s'affectionnait  trop  pour  ses  mala- 
des. Leur  étal  lui  donnait  un  adr  triste  et 
alarmé  qui  les  affligeait.  On  a  de  ce  sa- 
vant médecin  :  De  viaterià  medicà,  sivé 
de  medicamentorum  simplicium  histo- 
rià.  virtute,  delectu  et  usu,  3  vol.  in-8°. 
Cet  ouvrage  imfK)rtant ,  un  des  plus  ro» 
cherchés,  des  plus  certains  et  des  plus 
complets  que  l'on  ait  eus  jusqu'à  présent, 
a  été  traduit  en  français,  en  7  vol.  in-12, 
pai  BEKGIER  ,  médecin  de  Paris,  né  é 
Myon,  près  de  Salins,  mort  en  l7Ub,  à  A4 
ans,  regretté  de  ses  confrères,  et  encore 
plus  de  ses  malades.  Il  en  a  j»aru  une 
continuation  en  3  vol.  par  M.  de  Nobl«»- 
ville,  qui  y  a  joint  aussi  une  I/istoire  df$ 
animaux,  6  vol.,  cl  cnlin  une  table  géné- 
rale ;  ce  qui  fait  en  tout  17  vol.  in-IS. 

•  GEOFFROY  (Clauoe-Josewi),  frèr« 
puiné  du  précédent,  né  à  Paris  en  IGSS, 
mort  en  17j2>  avait  été  destine  à  la  iiiéile* 


GEO 


&0A 


GEO 


eîne  ;  mais  U  donna  la  préférence  à  la  phar- 
macie pour  laquelle  il  avait  une  prédilec- 
tion marquée.  Il  suivit  assidûment  les 
leçons  du  célèbre  Tournefort ,  acquit  de 
grandes  connaissances  en  botanique  et 
en  chimie,  voyagea  comme  son  frère  dans 
le  midi  de  la  France,  et  fut  admis  à  l'aca- 
démie des  sciences  dès  l'âge  de  22  ans- 
Geoffroy  a  publié  dans  le  recueil  de  cette 
illustre  société  dont  il  était  membre ,  un 
grand  nombre  de  mémoires,  sur  différens 
sujets  de  chimie  et  de  botanique. 

*  GEOFFROI  (  Etieivive-Louis  ),  fils  d'E- 
tienne-François,  né  à  Paris  en  1725  et 
mort  au  mois  d-aoùt  1810,  montra  comme 
•on  père  une  sorte  de  passion  pour  les 
diverses  branches  de  l'art  de  guérir,  et 
notamment  pour  l'histoire  naturelle.  Il 
fut  reçu  docteur  en  i748.  Retiré  depuis  la 
révolution  de  1789  dans  un  village  près  de 
Soissons,  il  avait  été  nommé  correspon- 
dant de  l'institut  peu  après  la  création  de 
cette  société  savante.  On  lui  doit  :  |  une 
Histoire  abrégée  des  insectes  qui  se  trou- 
vent aux  environs  de  Paris^  dans  laquelle 
ces  animaux  sont  rangés  suivant  un  ordre 
méthodique  ^  V axis  ,  1762,  2  vol.  in-i^ 
fig.,  réimprimée  en  1799,  avec  un  supplé- 
ment et  des  figures  coloriées.  On  regrette 
de  ne  pas  trouver,  dans  cet  ouvrage  pré- 
cieux à  beaucoup  d'égards,  les  noms  spé- 
cifiques. Le  professeur  Fourcroy  a  rem- 
pli cette  lacune  dans  son  Entomologie pa- 
risienne;]  Traité  sommaire  des  coquilles 
tantfluviatiles  que  terrestres  ^qui. se  trou- 
vent aux  environs  de  Paris,  ibid.  1767, 
ia-12;  |  Dissertation  surV organe  de  Vouie 
de  l'homme  j  des  reptiles  et  des  poissofis. 
Amsterdam  et  Paris,  1778  ,  in-S",  traduit 
en  allemand  avec  des  notes,  Leipsick, 
1780,  in-8°,  avec  fig.  ;  |  Tlygieine,  sive  Jrs 
■sanitatem  conservandi .  poema .  Paris, 
1771,  in-8**,  trad.  en  prose  française  par 
le  docteur  de  Launy,  ibid.,  177/i,  in-8°  ; 
I  Manuel  de  médecine  pratique  à  l'usage 
des  chirurgiens  et  des  personnes  chari- 
tables qui  s'adonnent  au  service  des  ma- 
lades dans  les  campagnes^  ibid.,  an  9 
(  1801  ) ,  2  vol.  in-8"  ;  ce  volume  qui  est 
très  médiocre  se  ressent  de  la  vieillesse 
de  l'auteur. 

GEOFFROI  (  Jeaiï-Baptistiî  )  ,  né  à 
Charolles  en  Bourgogne,  en  1706,  et  mort 
àSemur,  petite  ville  de  la  même  pro- 
vince en  1782 ,  occupa  pendant  22  ans 
à  Paris ,  au  collège  de  Louis  le  Grand,  la 
cliaire  de  rhétorique ,  rendue  si  célèbre 
par  les  Cossar!,  les  Jouvency,  les  Porée, 
ses  prédécesseurs.  11  s'était  fait  la  réputa- 


tion d'un  homme  d'esprit,  et  même  de  bel 
esprit  :  ses  harangues  et  ses  plaidoyers  la 
lui  avaient  acquise.  Il  était  moins  connij 
comme  prédicateur.  Cependant  ses  dis- 
cours ont  été  jugés  avec  raison  dignes 
d'être  publiés  :  ce  sont  des  sermons  sur 
les  mystères  et  sur  la  morale  ,  qui  compo- 
sent les  deux  premiers  volumes,  des  pa- 
négyriques qui  forment  le  troisième.  Plu- 
sieurs de  ces  sermons  sont  écrits  d'un 
style  simple,  affectueux ,  et  presque  sans 
nul  apprêt ,  tandis  que  d'autres  sont  re- 
marquables par  les  mouvemens  oiatoires 
et  les  richesses  de  l'imagination.  On  a 
reproché  à  l'auteur  d'avoir  trop  prodigué 
les  antithèses  ;  et  ce  reproche  est  fondé  : 
c'est  la  manière  de  l'auteur ,  et  ses  orai- 
sons latines  ne  l'avaient  déjà  que  trop 
prouvé.  Mais  dans  tous  ses  sermons  on 
trouve  une  morale  pure ,  de  la  dignité, 
des  maximes  propres  à  instruire  et  à  édi- 
fier les  fidèles.  On  y  remarque  surtout  la 
bonne  et  ancienne  coutume,  la  seule  digne 
de  la  prédication  évangélique  ,  de  pren- 
dre l'Ecriture  sainte  et  les  ouvrages  des 
Pères  pour  base  de  l'instruction  ,  de  les 
expliquer,  de  les  commenter,  d'en  repro- 
duire les  sentences  sous  différens  rap- 
ports, par  des  répétitions  heureusement 
amenées ,  et  propres  à  renforcer  la  pre- 
mière impression.  Manière  des  Bossuet, 
des  Bourdaloue,  des  Neuville,  etc.,  et  qui 
servira  toujours  de  modèle  aux  vrais  ora- 
teurs chrétiens.  Ses  Harangues  latines 
ont  été  imprimées  de  son  vivant ,  mais 
ses  Sermons  n'ont  paru  que  quelques  an- 
nées après  sa  mort,  à  Lyon  ,  1788,  4  voL 
in-12. 

GEOFFROI.  rorjez  JOUFFROI  GROS- 
TESTE. 

'  GEOFFROY  (Julien-Louis  ) ,  célèbre 
critique,  né  à  Rennes  en  1743,  fit  ses  pre- 
mières études  chez  les  jésuites,  et  vint  les 
terminer  à  Paris  au  collège  de  Louis  le 
Grand,  dirigé  aussi  par  eux.  Ces  religieux 
se  l'attachèrent,  et  il  demeura  auprès  d'eux 
jusqu'au  moment  de  la  suppression  de 
leur  société.  Geoffroy,  privé  de  toute  res- 
source, entra  comme  maître  d'études  au 
collège  de  Montaigu ,  après  avoir  pris  le 
petit  collet ,  puis  en  sortit  pour  faire 
l'éducation  des  enfans  d'un  riche  proprié- 
taire nommé  M.  Boutin.  Il  se  fit  agréger 
à  l'université,  et  remporta  trois  ans  de 
suite  (de  1775  à  177G)  le  prix  annuel  de 
discours  latin.  Ce  fut  à  son  occasion  qu'on 
décida  que  le  même  concurrent  ne  pour- 
rait être  couronné  plus  de  trois  fois.  Il  con- 
courut aussi  à  l'académie  française  ;  mais 


GEO 


kOH 


(ii:o 


Ajn  Eh^e  de  Chartes  /"n'oblint  qu'une 
iDeiilionhouorublc,  ol  lo  prix  fulJ-cm porté 
par  La  Harpe,  à  qm  Geoffroy  en  (rnrJadu 
ressentiment.  Il  obtint  la  chaire  de  rluHu- 
riqucau  coUf(;e  de  Navarre,  ensuite  celle 
du  cuUège  Ma^.arin;  cl  après  la  inorl  do 
Fréron  il  devint  un  des  collal)oratenrs  de 
X.tnnée  littéraire.  C'est  dans  ce  journal 
tuillit  ses  premières  armes  dans  legcnre 
|-olénuque.  et  quil  préluda,  par  des  arti- 
cles contre  Voltaire  et  le  pliUosophisnie 
moderne,  aux  attaques  qu'il  diri|;ea  de- 
puis contre  ce  coryphée  de  la  littérature 
française  et  contre  ses  sectateurs.  Il  écri- 
Tjt  aussi  daiis  le  Journal  île  Monsieur  et 
entreprit  ensuite,  avec  l'abbé  Royou , 
V.Iini  du  Roi,  journal  qui  eut  et  méritait 
1  eaucoup  de  succès.  Obligé  de  fuir  après 
'  dix  août  179'i,  il  se  relira  dans  un  ha- 
.  ioau  à  quelques  lieues  de  Paris,  où  il 
ri'sla  ifjuoré  sous  l'habit  modeste  d'un 
iiiaitre  d'école.  Sa  femme  interrogée  sur 
le  lieu  de  sa  retraite  refusa  courageuse- 
ment de  répondre,  et  brava  les  plus  vio- 
lentes menaces.  Il  retourna  à  Paris  en 
1799,  et  fut  bientôt  chargé  delà  partie  des 
spectacles  dans  le  Journal  des  débats. 
Quoique  le  genre  ne  jiarût  guère  le  com- 
porter, il  trouva  l'occasion  de  combattre 
toutes  les  fausses  doctrines  en  philosophie, 
(  11  morale,  en  politique,  en  littérature,  et 
.  déclara  une  guerre  continuelle  et  vigou- 
reuse aux  principes  de  la  révolution,  aux 
préjugés  qu'elle  avait  accrédités ,  aux 
écrits  et  surtout  aux  ouvrages  dramati- 
ques qu'elle  inspirait.  Il  contribua  ainsi 
beaucoup  à  éclairer  les  esprits  ,  à  les  ra- 
mener à  des  idées  justes  et  saines,  à  dé- 
truire les  faux  systèmes  de  philosophie  et 
de  politique,  et  à  faire  connaître  le  char- 
latanisme de  ceux  qui  les  professaient. 
On  lui  a  reproché  quelques  exagérations, 
l'encens  qu'il  a  prodigué  à  Napoléon  dans 
plusieurs  de  ses  feuilletons  ,  et  une  insa- 
lirible  cupidité  qui  lui  lit  porter  souvent 
I  sjugemens  marqués  au  coin  d'une  évi- 
'lenle  partialité;  mais  ses  torts  ont  été 
beaucoup  exagérés  par  les  ennemis  que 
•es  satires  lui  suscitèrent  en  grand  nombre, 
surtout  parmi  les  poètes  dramatiques  et 
1rs  comédiens ,  et  ce  n'est  pas  à  leur 
jugement  qu'on  peut  s'en  rapporter.  Il 
lM)ssédait  un  mérite  réel,  et  la  foule  de 
»ts  lecteurs  s'étonnait  surtout  de  sa  pro- 
.i:  ....  '  rondilé ,  qui,  dans  un  cadre 
ne  s'épuisait  jamais.  Geoffroy 
I  ■>  février  1814.  Les  nombreux 

un.,  il,  tii  il  a  fournis  au  Journal  des 
OçùaL  ont  clé  rcrucillis  çn  I{Hy  soU3  W 


titre  de  Cour.i  de  littérature  dramatique, 
ou  Reçue  il  par  ordre  de  matières  des  feuil- 
letons de  Geoffroy.  îi  v,  in-8".  On  a  en- 
core de  lui  :  |  une  traduction  agréable  et 
élégante  de  Thcocrite.  1801  ,  in-8"  ;  |  uns 
édition  des  OKuvres  de  Racine ,  7  vol. 
in-8",  avec  un  commentaire  qui  ne  ré- 
pond pas  à  la  réputation  de  l'auteur.  Il 
parait  qu'il  l'avait  fail  avec  précipitation. 
On  y  trouve  beaucoup  de  remarques  mi- 
nutieuses, et  l'art  et  le  génie  du  poète  ne 
sont  pas  assez  approfondis  ;  il  y  a  cepen- 
dant d'ingénieuses  réflexions  et  de  très 
bonnes  observations  littéraires.  |  Enlin 
d'excellenles  traductions  de  fragmens con- 
sidérables des  poètes  grecs  et  latins ,  cl 
d'une  tragédie  entière  d'Euripide.  On  lui 
a  attribué  la  Fie  polémique  de  Voltaire; 
mais  ce  n'est  autre  chose  (|ue  le  T(d)leau 
de  l'esprit  philosophique  de  Voltaire  de 
l'abbé  Sabbatlier  de  Castre,  sous  un  autre 
titre. 

GEOUG  (Je%\-Mic!IEl),  directeur  de  la 
régence  prussienne  de  Baireulh  ,  ne  en 
17/tO  dans  un  bourg  de  la  principauté  de  ce 
nom,  était  lils  d'un  pauvre  charbonnier.  Il 
fut  élevé  dans  une  école  de  cliarilé,  et  tilde 
grands  progrès,  surtout  en  arithméli»iui'; 
mais  bientôt  arrêté  dans  sa  carrière  par  le 
défaut  de  fortune ,  il  s'engagea  dans  un 
régiment  de  hussards,  déserta  et  rentra 
dans  l'humble  cabane  de  son  père  ;  cepen- 
dant un  riche  propriétaire  de  forges  qui 
sut  apprécier  les  heureuses  dispositions  du 
jeune  Georg,  le  chargea  de  l'inspection  de 
ses  usines.  Cette  nouvelle  position  lui 
donna  l'idée  de  poursuivre  ses  éludes ,  et 
le  pasteur  du  lieului  enseigna  tout  ce  qu'il 
savait;  ensuite  il  se  rendit  à  Erlang,  où 
il  étudia  la  philosophie  et  les  mathémati- 
ques. Etant  parvenu  à  se  faire  recevoir 
maitre-ès-arls,  il  ou  v  rit  lui-même  un  cours 
de  ces  sciences,  et  fut  bientôt  après  ap- 
pelé à  Baireulh  où  il  consacra  à  l'étude  de 
la  jurisprudence  tous  les  loisirs  que  lui 
laissait  son  emploi.  Enfin,  son  mérite  le  lil 
élever,  en  1782,  à  la  dignité  de  conseil- 
ler de  régence,  puis  en  1795,  au  postf 
éminent  de  directeur  de  la  régence  du  mar- 
graviat de  Baireulh.  Il  est  mort  en  1796, 
«  laissant ,  dit  un  biographe,  un  bel  excn» 
»  pie  à  tous  ceux  «jui  cherchent .  par  leur 
•  constancedansl'etudeet  par  leur  m 
»  à  s'élever  au-dessiu  de  la  coiidiii 
D  ils  sont  nés.  »  On  a  de  Georg,  ew  -..^- 
mand  :  |  £ssai  d'wie  grammaire  géné- 
rale .  en  dialogues  .  Schwabach  .  17ti8  , 
in-8";  |  llistove  du  tribunal  aulique  de 
liaireuUh  B«ircuth,  177  »,  178i,  2  vol.  \x\r^'i 


GEO 

I  Ùictionnaire  complet  de  chasse  ^  publié 
après  sa  mort  et  rédigé  d'après  les  ma- 
nuscrits de  l'auteur,  Leipsick,  1797,  2  vol. 
in-8°;  |  Dissertation  sur  des  questions  de 
physique  et  de  jurisprudence  :  iadépen- 
dammènt  de  ses  ouvrages  imprimés  ,  il  a 
ïaissé  en  manuscrit  60  cartons  ou  vol.  in- 
fol.  sur  l'histoire  et  le  droit  public  de  Bai- 
reuth;  trente  autres  volumes  in-folio  ou 
in-/i.°,  sur  les  mathématiques,  la  physique. 
la  chimie^  l'administratitM  des  forêts^  des 
mines j  etc.  ;  lui  Dictionnaire,  une  Gram- 
maire ^  une  Mxjthologie  Sorahe-TFendes. 
Son  fils  Frédéric-Adam  Georg  a  publié 
sa  Vie  en  allemand  à  Erlang ,  1787 ,  1 
vol.  in-4°. 

•  GEORGEL  (  Jevx-François  )  ,  né  à 
Bruyères  en  Lorraine,  le  29 janvier  1731, 
lit  ses  études  chez  les  jésuites  ,  entra  dans 
leur  ordre  à  l'âge  de  13  ans  ,  et  professa 
successivement  la  rhétorique  elles  mathé- 
matiques dans  les  collèges  de  Pont-à  Mous- 
son ,  de  Dijon  et  de  Strasbourg.  Après  la 
suppression  de  la  société ,  le  prince  Louis 
de  Rolian,  qui  avait  connu  l'abbé  Georgel 
à  Strasbourg,  se  l'attacha  particulière- 
ment ;  lorsque  le  prince  fut  nommé  am- 
bassadeur à  Vienne  ,  Georgel  l'y  accom- 
pagna en  qualité  de  secrétaire  d'ambas- 
sade ;  ses  lalens ,  son  habileté  pour  les 
affaires,  lui  acquirent  bientôt  toute  la 
confiance  de  son  protecteur.  Lorsque  l'am- 
bassadeur revint  à  Paris ,  l'abbé  Georgel 
resta  chargé  des  affaires  à  Vienne ,  et  il 
les  dirigea  avec  autant  de  succès  que  de 
prudence.  11  parait  même  qu'il  avait  pé- 
nétré les  projets  de  la  cour  de  Vienne  sur 
la  Pologne,  et  qu'il  en  avait  averti  le  ca- 
binet de  Versailles  assez  à  temps  pour 
qu'on  pût  prendre  les  mesures  convena- 
bles. Il  resta  à  Vienne  jusqu'à  l'arrivée  du 
nouvel  ambassadeur.  Le  prince  Louis 
ayant  été  nommé  à  son  retour  grand  au- 
mônier de  France  ,  évêque  de  Strasbourg 
et  cardinal ,  l'abbé  Georgel  fut  chargé  de 
tous  les  détails  attachés  à  ces  hautes  digni- 
tés ,  en  sa  qualité  de  grand-vicaire  de 
Strasbourg  et  de  la  grande  aumônerie. 
Mais  voyant  avec  peine  les  liaisons  du 
cardinal  avec  Cagliostro  (  V.  CAGLIOS- 
TRO  )  et  madame  de  la  Motte,  il  ne  fut 
plus  son  confident  intime  ,  et  il  ne  se  pré- 
sentait chez  lui  que  pour  lui  rendre  compte 
de  l'administration  dont  il  était  chargé. 
Lorsque  le  cardinal  de  Rohan  eut  été 
arrêté  ,  le  15  août  1785  ,  pour  la  trop 
fameuse  affaire  du  collier^  l'abbé  Georgel, 
oubliant  aussitôt  les  torts  de  son  maître , 
retrouva  tout  son  zèle.,  et  voua  tous  ses 


A06  GEO 

soins  à  la  cause  de  son  protecteur  malbeii-' 
reux.  Il  s'empressa  de  soustraire  parmi  les 
papiers  du  cardinal  tout  ce  qui  aurait  pu 
le  compromettre.  ExiW  à  Mortagne  quel- 
ques mois  avant  le  jugement,  en  vertu 
d'une  lettre  de  cachet  obtenue  par  le  ba- 
ron de  Breteuil ,  il  continua  à  soutenir  , 
par  tous  les  moyens  qui  étaient  en  sa  puis- 
sance, la  cause  du  prince  de  Rohan.  Après 
le  jugement  de  cette  affaire,  dont  l'Eu- 
rope attendait  l'issue  avec  tant  d'impa- 
tience ,  l'abbé  Georgel  obtint  la  permis- 
sion de  se  retirer  dans  sa  ville  natale , 
tandis  que  le  cardinal  fut  exilé  dans  son 
diocèse.  Malgré  les  services  qu'il  en 
reçus ,  ce  prélat  se  laissa  prévenir  contre 
lui ,  et  il  n'entretint  avec  l'abbé  aucune 
liaison.  Pendant  les  troubles  de  la  révo- 
lution ,  l'abbé  Georgel  fut  arraché  de  sa 
retraite  et  déporté  en  Suisse ,  d'où  il 
passa  à  Fribourg  en  Brisgau.  11  commen- 
çait à  travailler  à  la  rédaction  des  notes 
où  étaient  consignés  les  divers  événe- 
mens  auxquels  il  avait  pris  part,  lorsqu'on 
1799  il  fut  rejeté  de  nouveau  dans  les  af- 
faires ,  et  fit  un  voyage  à  Pélersbourg  dans 
les  intérêts  de  l'ordre  de  Malte.  Revenu  à 
Fribourg,  il  obtint  bieniôt  après  la  per- 
mission de  rentrer  en  France.  M.  Portails 
ministre  des  cultes  lui  offrit  un  évêchô 
qu'il  refusa.  Cependant,  pour  se  rendre 
utile  à  la  religion ,  il  accepta ,  à  la  sollici- 
tation de  M.  l'évêque  de  Nancy,  la  place 
de  provicaire  pour  le  département  des 
Vosges.  Il  se  concilia  ,  par  la  sagesse  de 
son  administration  dans  ces  temps  diffi- 
ciles ,  par  son  zèle  et  sa  piété  ,1a  confiance 
de  son  évêque  et  l'estime  des  autorités 
civiles.  Il  continua  en  même  temps  la  ré- 
daction de  ses  mémoires.  L'abbé  Georgel 
mourut  le  14  novembre  1813  ,  âgé  de  83 
ans.  On  a  de  lui  :  ]  Mémoires  sur  les  rangs 
et  les  honneurs  de  la  cour ,  ou  mémoires 
de  M.  de  Soubise ,  Paris,  le  Breton,  1771, 
in-8".  Ce  mémoire  avait  pour  but  de  prou- 
ver, contre  un  écrit  anonyme  (  de  M. 
Giberl  )  ,  que  la  maison  de  Rohan  des- 
cendait de  la  maison  souveraine  de  Bre- 
tagne ;  I  SIémoires  pour  servir  à  l'histoire 
des  événemens  de  la  fin  du  18'  siècle  de- 
puis 1760  jusqu'en  1806,  Paris  ,  Eymery 
1818,  6  vol.  in-8".  L'auteur  traite  dans  ces 
mémoires  de  la  destruction  des  jésuites , 
des  dernières  années  du  règne  de  Louis 
XV ,  qui  comprennent  les  ministères  du 
duc  de  Choiseul,  du  duc  d'Aiguillon  et  du 
chancelier  Maupeou.  Passant  ensuite  au 
règne  de  Louis  XVI ,  il  parle  des  opéra- 
lions  dcsmiuislres,  cl  il  domie  des  détails 


GEO 


A07 


GEO 


jiîr  îa  fameuse  affaire  du  cnlUrr  ;  enfin  il 
prend  la  révolution  dans  son  principe,  et 
il  la  suit  jusqu'en  i80:>.  Les  juueini-ns  qu'il 
porte  nnnonrenl  souvent  un  sens  droit, 
et  une  certaine  pénétration  ;  cependant 
on  désirerait  quelquefois  qu'il  montrât 
moins  de  partialité.  Il  peint  sous  un  jour 
odieux  plusieurs  personnages,  que  d'au- 
tres nous  montrent  avec  raison  sous  des 
couleurs  plus  favorttI)les,  tels,  par  exem- 
ple ,  que  le  baron  de  Breteuil ,  à  qui 
on  a  généralement  accorde  de  {'randes 
et  de  nobles  qualités.  Ces  Mémoires  qui 
sont  remplis  d'intérêt  offrent  beaucoup  à 
la  curiosité  et  ont  eu  deux  éditions.  Mais 
on  doit  les  lire  avec  une  certaine  mé- 
fiance ,  plusieurs  hommes  de  lettres ,  as- 
6ure-t-on,  et  c'est  l'opinion  du  savant 
auteur  du  Dictionnaire  des  anonymes. 
en  ayant  retouché  le  manuscrit  avant  et 
pendant  l'impression.  On  affirme  que, 
durant  sa  dernière  maladie,  l'abbé  Georgcl 
éprouva  quelques  remords  sur  la  manière 
dont  il  s'était  exprimé  sur  le  compte  de 
plusieurs  hommes  recommandables,  et 
qu'il  voulut  jeter  son  ouvra^je  au  feu.  Des 
amis  le  détournèrent  de  cette  résolution, 
et  le  manuscrit  fut  vendu  par  les  héritiers 
de  l'auteur  à  son  libraire  pour  la  modique 
somme  de  25  louis. 

GEORGES  (  saint  ),  martyr  sons  Dioclé- 
tien.  Son  nom  est  très  célèbre  chez  les 
chrétiens,  et  même  chez  les  mahomélans  : 
ceux-ci  lui  allribuenl  plusieurs  miracles, 
entr'autres  celui  d'avoir  rendu  à  la  vie  le 
bœuf  d'une  pauvre  veuve .  qui  l'avait  reçu 
dans  sa  maison.  Il  y  avait  autrefois  à 
Constantinople  cinq  ou  six  églises  de  ce 
nom.  Il  se  faisait  un  grand  concours  de 
peuple  à  une  de  ces  églises  :  elle  s'ap- 
pelait 3fanffalles.  et  était  attenante  à  un 
monastère  ,  situé  du  côté  de  la  Propon- 
tide.  C'est  de  là  que  l'Hellcspont ,  ou  dé- 
troit des  Dardanelles ,  a  pris  le  nom  de 
Bras-de-Saint-George.  Ce  saint  est  honoré 
par  plusieurs  autres  églises  d'Orient,  prin- 
cipsdement  en  Géorgie.  On  voit  par  saint 
Grégoire  de  Tours,  qu'il  était  fort  célèbre 
en  France  dans  le  6*  siècle.  Saint  Gré- 
goire le  Grand  ordonna  de  réparer  une 
ancienne  église  bâtie  en  stin  honneur,  qui 
était  sur  le  point  de  tomber  en  ruines. 
On  trouve  son  office  dans  le  Sacramen- 
taire  de  ce  pape,  et  dans  yilusieurs  autres. 

S   ■    ■     ^ ■>  autels  sous  son 

n  !■  du  monastère 

de'  A  fondatrice,  fût 

aiusi  dediee  sous  son  invocation.  Il  est 
dît  dans  ranci«nne  vie  de  saint  Droctovéo, 


qu'on  apporta  des  reliques  du  saint  à  Partit 
et  qu'on  les  déposa  dans  l'église  de  Sainl- 
Vinrent;  uujourd'hui  de  Saint-Germain- 
des-Prés ,  lorsqu'on  en  Ut  la  dédtrarc.  For- 
lunat  de  Poitiers  a  composé  une  piùite  de 
vers  sur  une  église  du  niênie  saint,  qui 
était  à  Maycnco.  Il  résulte  de  ces  autorité! 
que  son  culte  est  fort  ancien  dans  l'Occi- 
dent, et  surtout  en  France.  Les  gens  de 
guerre  avaient  beaucoup  de  dévotion  pour 
saint  Georges,  principalement  fondée  sur 
ce  que  l'on  disait  qu'il  avait  été  lui-même 
guerrier,  au  rapport  de  Métaphrastc.  Il 
est  présentement  premier  patron  de  la 
république  de  Gènes.  Les  Anglais ,  sous 
leurs  rois  Normands,  rapportèrent  des 
croisades  une  grande  dévotion  à  ce  saint. 
Le  concile  national,  tenu  à  Oxford  en  1222, 
ordonna  que  sa  fête  fût  de  précepte  dans 
toute  l'Angleterre.  Ce  fut  sous  sa  protec- 
tion qu'Edouard  III  mit  l'ordre  de  la  Jar- 
retière , qu'il  institua  en  1347.  Certains  hé- 
rétiques avaient  forgé  des  actes  de  ce  saint. 
Le  pape  Gélase  les  condamna  dans  le  cé- 
lèbre concile  qui  se  tint  à  Rome  en  494. 
Calvin  et  les  ccnturiateurs  de  Magdebourg 
ont  avancé  qu'il  n'y  avait  jamais  eu  de 
saint  Georges  ;  mais  leur  prétention  est 
dénuée  de  toutes  preuves ,  et  réfutée  par 
les  titres  et  les  monumens  les  plus  authen- 
tiques. Jurieu,  Reynolds  et  Echard,  n'ont 
pas  rougi  de  confondre  ce  saint  avec  ub 
arien  nommé  Georges,  qui  usurpa  le  siégo 
d'Alexandrie  { voyez  l'article  suivant  ). 
Les  fables  des  hérétiques  sont  tellement 
incorporées  à  l'histoire  de  ce  saint ,  qu'on 
ne  peut  plus  démêler  la  vérité  dans  les 
actes  qui  nous  restent  de  lui  ;  mais  l'an- 
cienneté et  l'universalité  de  son  culte  par 
toute  l'Eglise  ne  permettent  pas  de  douter 
de  son  existence  {voyez  saint  ROCH, 
sainte  CATHERINE);  c'est  un  point  in- 
contestable, prouvé  d'ailleurs  par  un 
grand  nombre  d'autours ,  qui  ont  écrit 
depuis  le  5"*  siècle  jusqu'à  présent.  Saint 
George  est  ordinairement  représenté  à 
cheval,  et  ayant  un  drajjon  sous  ses  pieds, 
pour  marquer  qu'il  a  vaincu  par  sa  foi  le 
démon,  désigné  dans  l'Apocalypse  sous 
le  nom  de  dragon.  Quelques  auteurs  ont 
conjecturé  qu'il  était  le  mente  que  ce  jeune 
homme,  qui,  au  rapport  de  Lactancp, 
dans  son  livre  De  la  mort  des  persécu- 
teurs .mit  en  pièces  les  éilits  qui  avaient 
été  affi  '  "      Muédle.  Le  Père  Pope- 

broch  :  ' neuves  de  cette  conjec> 

ture.  /  '  ^• 

GEOIKitS,  fameux  arien,  devint  maître 
dusiégc  d'Alexandrie  par  inlrusioo.  11  pcr- 


GEO 


408 


GEO 


s#cula  avec  une  cruauté  inouïe  saint  Atha- 
nasc  et  les  catholiques,  massacra  un  grand 
nombre  de  ceux-ci,  bannit  leurs  évcques  , 
pilla  les  maisons  des  orphelins  et  des 
Tçuves,  traita  avec  la  dernière  barbarie 
les  vierges  consacrées  au  Seigneur.  Enfin 
ces  désordres  allèrent  si  loin ,  que  les  païens 
eux-mêmes  ne  purent  souffrir  un  pareil 
monstre.  Ils  le  massacrèrent  sous  le  règne 
de  Julien.  Onremarque  dans  tous  les  temps 
que  les  évéques  intrus  étaient  des  hoiTimes 
féroces  etdétestables  :  la  lâcheté  qui  s'unit 
au  sacrilège  dans  ces  âmes  viles  et  basses , 
en  fait  des  espèces  de  monstres,  odieux  à 
ceux  même  qui  les  mettent  en  action,  ou  qui 
parleurscélératesse  personnelle  devraient 
naturellement  être  portés  à  applaudir  à  la 
leur. 

GEORGES,  despote  de  Servie  en  i/i.iiO  , 
suivait  la  religion  grecque ,  aussi  bien  que 
ses  peuples  ;  mais  il  était  accusé  d'y  avoir 
mêlé  quelques  impiétés  de  l'Alcoran  par 
le  grand  commerce  qu'il  avait  avec  les 
Turcs.  La  Servie  étant  alors  la  borne  com- 
mune des  Turcs  et  des  Hongrois ,  il  s'était 
réduit  dès  sa  jeunesse  à  porter  les  armes, 
tantôt  pour  les  ottomans ,  tantôt  pour  les 
chrétiens.  Enfin  Mahomet  II  rechercha 
son  alliance,  et  épousa  Marie  sa  fille  ;  ma- 
riage nul  selon  les  lois  chrétiennes.  Le 
sultan  s'était  proposé  d'usurper  un  jour  la 
Servie  pour  la  dot  de  son  épouse.  Il  fit 
aveugler  avec  un  fer  ardent  Etienne  et 
Georges ,  fils  du  despote  ;  il  préparait  le 
même  traitement  à  Lazare,  son  troisième 
tils;  mais  ce  père  infortuné  trouva  le  moyen 
de  le  sauver  des  mains  de  ce  barbare.  En 
1445 ,  Mahomet  II  vint  en  personne  assié- 
ger la  ville  de  Novigrad  en  Servie.  S'en 
étant  rendu  maître,  il  se  borna  à  cette  con- 
quête ,  parce  que  Marie  négocia  l'accom- 
modement de  son  père ,  en  le  détachant 
d'Huniade,  et  des  intérêts  communs  de  la 
chrétienté.  Georges  mourut  en  1457,  d'une 
blessure  qu'il  reçut  à  la  main, en  faisant 
combattre  un  petit  corps  d'armée  contre 
hîs  Hongrois  :  tant  il  se  méprenait  sur  ses 
vrais  ennemis.  Il  laissa  la  conduite  de  son 
état  à  Irène  Cantacuzène ,  son  épouse ,  et 
à  Lazare ,  le  plus  jeune  de  ses  fils.  Ceux 
que  Mahomet  avait  fait  aveugler  furent 
privés  de  la  succession,  et  sortirent  en 
même  temps  de  Servie ,  sur  le  bruit  que  le 
sultan  venait  pour  s'en  emparer.  Georges, 
qui  était  le  cadet,  se  retira  en  Hongrie  et 
Ktienne  en  Albanie.  Leur  frère  Lazare  suc- 
céda à  la  couronne ,  et  mourut  la  même 
année ,  après  avoir  fait  périr  par  le  poison 
sa  mère,  pour  régner  seul  :  mais  bientôt 


la  puissance  maliométane absorba  cepctit 
élat ,  et  vu  la  conduite  de  ceux  qui  le  gou- 
vernaient, il  n'y  a  pas  de  quoi  s'en  étonner. 

GEORGES,  moine  grec  ,  florissait  dans 
le  milieu  du  10"^  siècle  ,  et  a  écrit  V His- 
toire des  empereurs  d'Orient  depuis  Léon 
le  Philosophe  jusqu'à  Romain  II  ,  en  9G3. 
C'est  une  suite  d»  celle  de  Génésius.  On 
la  trouve  dans  V Histoire  byzantine^  Pa- 
ris, 4685. 

GEORGES  de  Trcbisonde,  ainsi  appelé 
parce  qu'il  était  originaire  de  cette  ville, 
naquit  à  Candie  ,  et  vint  à  Romesotis  le 
pape  Eugène  IV.  Après  avoir  professé  la 
rhétorique  et  la  philosophie  pendant  plu- 
sieurs années  avec  succès  ,  il  fut  secré- 
taire de  Nicolas  V.  On  lui  doit  :  |  unj 
Rhétorique^  dont  la  première  édition  sans 
date  est  de  Wendelin  de  Spire,  vers  1470, 
in-folio ,  réimprimée  avec  d'autres  rhé- 
teurs ,  Venise  ,  1525 ,  in-folio  ;  |  plusieurs 
traductions  diQ  livres  grecs  et  latins,  entra 
autres ,  de  la  Préparation  évangélique 
d'Eusèbe  :  version  que  le  savant  Petau 
méprisait  avec  raison  ;  |  des  écrits  de 
controverse  en  faveur  de  l'église  latine 
contre  la  grecque  ,  dans  la  Grœcia  ortho- 
doxa  d'Allalius, grec-latin,  Rome,  1652,  eJ 
16592  vol.  in-4°;  [  quelques  ouvrages^  dans 
lesquels  il  fait  paraître  un  mépris  extrêmo 
pour  Platon  ,  et  un  enthousiasme  incon- 
sidéré pour  Aristote...  Georges.de  Trébi- 
sonde  était  un  homme  ardent ,  colère  , 
querelleur  ,  bizarre.  Il  quitta  la  cour  do 
Rome,  pour  briller  dans  celle  d'Alfonse, 
roi  de  Naples  ;  mais  il  fut  bientôt  las  de 
celle-ci.  Il  retourna  à  Rome  ,  où  il  mou- 
rut vers  l'an  1486. 

GEORGES  SYNCELLE.  Voyez  SY^- 
CELLE. 

GEORGES  ACROPOLITE  ou  LOGO- 
THÈTE.  royez  ACROPOLITE. 

GEORGES,  dit  AMIRA,  savant  maro- 
nite, vint  à  Rome  sous  le  pontificat  de  Clé- 
ment VIII,  ety  mit  aujour une  Grammaire 
syriaque  et  chalddique,  1596,  in-4°  ,  esti- 
mée des  savans.  De  retour  en  Orient ,  i! 
fut  fait  patriarche  des  Maronites ,  y  fit 
recevoir  la  réformation  du  calendrier,  et 
mourut  vers  1641.  Georges  Amira  souffrit 
beaucoup  avec  son  troupeau,  durantla 
guerre  des  Turcs  contre  les  Emirs.  Ce 
fut  lui  qui  reçut  au  mont  Liban  Galaup 
de  Chasteuil. 

GEORGES,  duc  deClarence,  frère  d'E- 
douard IV,  roi  d'Angleterre,  fut  convaincu 
d'avoir  eu  dessein  de  secourir  la  duchesse 
de  Bourgogne  contre  le  roi  son  frère.  Son 
procès  lui  fut  fait  ;  on  le  condamna  à  être 


GKO 

ouvcrl  loul  vif  ptnir  lui 


&09 

arracher  les  en- 
trailles et  les  jeter  au  fou  ,  puis  à  avuir  lu 
tite  Iranchée  ,  oprès  quoi  son  corps  de- 
vait tire  mis  en  quatre  quartiers  ;  mais 
M  mère  ayant  fait  modérer  cette  sentence, 
on  le  noya  dans  un  tonneau  de  malvoisie. 
C'est  ainsi  que  linil  ce  prince  infortuné  , 
lan  li78. 

GEORGES  I"  (Louis de  BRUNSWICK  ), 
duc  et  cleclcur  de  Hanovre,  était  lils 
d'Ernest-Au(;ustc  de  Brunswick,  et  naquit 
le  8  mai  16(30.  Il  commanda  avec  succès 
farmée  impériale  en  1708  cl  1709.  La 
reine  Anne  étant  morte  le  11  août  1714, 
Georges  fut  proclamé  roi  d" Angleterre  le 
même  jour,  en  vertu  d'un  acte  du  parle- 
ment d'Angleterre  du  14  mars  1701 ,  con- 
firmé le  Tj  octobre  1705,  qui  excluait 
les  Stuarls  du  trône.  Quelques  jours 
après  son  couronnement ,  le  roi  dit  que 
la  quantité  de  monde  qu'il  avait  vu  à  cette 
cérémonie,  lavait  fait  penser  aujour  de  la 
résurrection  des  morts.  Miladi  Cowper  ré- 
pondit :  Sire,  aussi  ce  jour-là  fut-il  celui 
de  la  résurrection  de  l'Angleterre  et  de 
tous  les  bons  Anglais.  Réponse  flatteuse. 
mais  qui  tombait  à  faux,  puisque  le  règne 
d'Anne  qui  venait  de  finir  était  un  des 
plus  glorieux  que  présentent  les  annales 
de  la  Grande-Bretagne  :  mais  la  réflexion 
du  roi  est  d'un  sombre  instructif,  et  res- 
semble à  celle  de  Xerxès ,  que  saint  Jé- 
rôme a  si  bien  commentée  (  Epist.  ad 
Heliodorum  ).  La  nation  anglaise  continua 
à  prospérer  sous  son  règne.  En  1726 ,  elle 
mit  trois  flottes  en  mer  :  la  première  alla 
en  Amérique ,  et  empêcha  l'arrivée  des 
galions  en  Espagne  ;  la  seconde  croisait 
sur  les  côtes  d'Espagne  ,  et  observait  de 
près  le  mouvement  des  Espagnols;  la 
troisième  fit  voile  pour  la  mer  Baltique, 
où  elle  empêcha  les  Moscovites  de  mettre 
à  exécution  les  projets  qu'ils  avaient  for- 
més. Georges  1"  mourut  l'année  d'après  , 
en  1727,  à  Osnabruck  .  d'une  apoiilexie  , 
en  allant  d'Angleterre  à  Hanovre. 

GEORGES  -  Ai;GtSTE  II ,  duc  de 
BRUNSWICK ,  fils  du  précédent ,  naquit 
en  1683,  et  succéda  à  son  père  en  1727  , 
dans  ses  états  d'Angleterre  et  d'Allemagne. 
La  même  maladie  l'emporta.  Il  fut  frappé, 
le  malin  25  octobre  1760,  d'une  apoplexie 
foudroyante,  qui  termina  dans  un  moment 
sa  longue  vie  et  son  heureux  règne.  Poli- 
tique habile  ,  il  sut  gouverner  un  peuple 
qui  ne  sait  guère  obéir ,  et  en  obtint  tout 
ce  qu'il  voulut.  Les  armes  des  Anglais 
prospérèrent  dans  la  guerre  de  1741,  que 
Georges  II  soutint  avec  gloire  ;  et  leur 


<;eo 

puissanrc  s'actrui  dans  celle  de  1750,  qu'il 
ne  vit  pas  terminer.  Dans  la  première,  il 
maintint  la  reine  de  Hongrie  dans  ses 
possessions,  après  la  mort  de  Charles  VI  ; 
et  dans  la  seconde,  il  fil  des  con(|urles  au 
Nouveau-Monde  ,  et  ses  vaisseaux  firent 
(les  prises  immenses.  On  raconte  de  ce 
prince  une  anecdote  qui  donne  la  meil- 
leure idée  de  son  caractère.  En  1746  il  se 
trouvait  masqué  à  un  bal,  et  causait  avec 
une  dame  masquée  aussi,  et  qui  ne  le  con- 
naissait pas.  Celte  dame  lui  proposa  d'al- 
ler avec  elle  se  rafraiciiir  au  buffet  ;  le 
roi  y  consentit.  On  lui  verse  à  boire  :  A 
la  santé  du  jyrétendant .  dit  la  dame.  — De 
tout  mon  coeur  ^  répondit  ce  monarque  : 
je  bois  volontiers  à  la  santé  des  princes 
malheureux. 

*  GEORGES  III,  roi  d'Angleterre  et  de 
Hanovre,  né  le4  juin  1738,  était  fils  de  Fré- 
déric-Louis ,  prince  de  Galles  ,  et  d'Au- 
gusta ,  princesse  de  Saxe-Gotha.  Il  perdit 
son  père  à  l'âge  de  12  ans  :  placé  sous  la 
tutelle  sévère  de  sa  mère  ,  et  sous  la  di- 
rection rigide  de  lord  Bute  son  gouver- 
neur, il  futélevédans  la  gène  etdans  tous 
les  préjugés  des  cours  d'Allemagne  ;  son 
éducation  eut  moins  pour  but  son  propre 
intérêt  que  celui  de  la  princesse  douairière 
de  Galles  ,  et  celui  de  «on  gouverneur  ; 
l'une  était  jalouse  de  l'autorité  future  dn 
son  fils ,  et  l'autre  avait  des  vues  per- 
sonnelles d'ambition.  Un  peu  de  inusi(iue. 
le  français  ,  l'allemand  et  l'italien  ,  quel- 
ques parties  de  riiistoire  de  son  pays  cl 
des  états  voisins  ,  telles  furent  les  seules 
connaissances  qu'on  cherchaà  lui  donner. 
Rarement  il  lui  était  permis  de  sortir  des 
palais  où  il  était  élevé,  et  il  n'avait  aucune 
communication  avec  les  personnages  di*- 
tingués  qui  auraient  pu  lui  u)>prendre 
à  connaître  les  honnnes  ou  contiibuer  au 
développement  de  ses  facultés  inorales. 
Comme  parmi  les  leçons  qu'il  recevait, 
aucune  ne  s'adressait  à  son  caractère,  il 
conserva  toute  sa  vie  une  fermeté  qui  lui 
fut  quelquefois  nécessaire,  mais  qui, 
poussée  jusqu'à  l'opiniàtrelc,  lui  aliéna 
une  grande  partie  de  ses  sujeli  et  princi- 
palement les  catholiques  d'irl.-  i  \  , 
glelerre  déplora  longtemps  1 

aveclaquelle  on  dirigea  la  je 

prince   dont  l'esprit ,    il  faut   l'avouer . 

avait  naturellement  peu  d'cicndn**,  mai^ 

qui  était  doué  do  plusieurs  ^ 

niables,  et  mêmede  hautes  vi 

de  22  ans,  il  succéda  k  son  aitui  i><:v^i^c^ 

Auguste  II.  Le  premier  acte  de  SOQ  règiM 

fut  d'annoncer  au  parlement  brifunniqu», 


GEO 


410 


GEO 


qu'il  était  engagé  dans  une  guerre  contre 
la  France  et  l'Autriche  ,  que  la  croyant 
juste  et  nécessaire  il  la  continuerait  ;  qu'il 
ne  devait  pas  seulement  compter  pour  la 
îaire  sur  la  valeur  de  ses  troupes  ,  mais 
encore  sur  les  secours  en  argent  dont  il 
avait  im  besoin  urgent  ;  jamais  prince 
n'obtint  un  subside   aussi  considérable  ; 
12  millions  de  livres  sterlings  (  300  mil- 
lions de  francs  )  lui  furent   accordés.  On 
ne  se   repentit  point  d'avoir  fait  un   tel 
sacrifice,  lorsqu'il  vint  annoncer  au  par- 
lement la  prise  de  Belle-Ile  sur  les  côtes 
de  Bretagne,  de  Pôndichéry  dans  l'Inde  , 
de   la  Martinique,  de  la  Grenade ,  et  de 
Saint-Vincent  dans  l'Amérique.  En  1762 
le  roi   déclara  la  guerre  à  l'Espagne  ,  et 
cette  puissance  ne  tarda  pas  à  essuyer  les 
pertes  les  plus  considérables  ;   im  vais- 
seau évalué   à  25   millions  de  francs,  la 
Havane  et  Cuba ,  furent  pris  par  les  An- 
glais,   et   ces  succès  exaltèrent  au  plus 
haut  point  l'enthousiasme  et  l'orgueil  du 
peuple  britannique.  Moins  heureuses  sur 
le  continent,  les  troupes  de  Georges  I 11 
essuyèrent  des  revers  qui  furent  adroUc- 
jnent  dissimulés.   La  paix  fut  conclue  à 
Paris  le  10  février  1763,  et  elle  fut  avanta- 
geuse à  l'Angleterre  qui  obtint  ave>'  le  Ca- 
nada tout  le  continent  de  l'Amérique  sep- 
tentrionale jusqu'au  Mississipi,  excepté  la 
ville  de  la  Nouvelle-Orléans.  Les  îles  de 
la  Grenade,  Saint-Vincent,  la  Dominique, 
les  rives  du  Sénégal ,   Minorque  ,  le  port 
de  la  ville  de  Dunkerque   furent  placés 
sous  l'humiliante  inspection  d'un  commis- 
saire anglais ,  comme   il  avait  été  réglé 
précédemment  par  le  traité  d'Aix-la-Cha- 
pelle. La  France  recouvra  Belle-Ile ,    la 
Martinique,  la  Guadeloupe,  Pôndichéry  , 
et  l'Espagne  rentra  en  possession  de  l'ile 
de  Cuba.  Quoique  ce  traité  augmentât  la 
puissance  des  Anglais  dans  les  deux  mon- 
des, ils  en  furent  mécontens  :  d'un  côté 
ils  se  rappelèrent  les  triomphes  de  leurs 
armées,  de  l'autre  les   dépenses  exorbi- 
tantes qu'ils  avaient  faites  pour  ces  entre- 
prises ,  et  ils  jugaient  que  Georges  n'avait 
[)oint  obtenu  des  avantages  proportionnés 
à  l'étendue  de  ces  sacrifices  et  de  ces  suc- 
cès. Lord  Bute,  principal  auteur  du  traité, 
fut  exposé  à  l'animosité  générale ,  et  le 
roi  commença  à  perdre  de  sa  popularité. 
Pour  rétablirles  finances,  que  les  dernières 
guerres  avaient  mises  dans  un  état  pi- 
toyable, Georges  eut  la  malheureuse  pen- 
sée d'imposer  plusieurs  taxes   nouvelles 
aux  habitans  cks  Colonies  de  l'Amérique 
»epte»trioQale.  Plusieurs   ministres    lui 


firent  d'inutiles  représentations.  Ce  fui 
vers  1765  que  commencèrent  à  se  mani- 
fester dans  le  nord  de  l'Amérique  ,  par 
suite  de  l'envoi  de  Yédit  du  timbre ,  les 
premiers  signes  du  mécontentement  qui 
amenèrent  la  révolution  des  Etals-Unis 
Nous  n'entrerons  point  dans  les  détails  de 
celte  guerre  qui  dura  8  ans,  et  dont  le  ré- 
sultat fut  non-seulement  la  séparation  des 
Colonies  d'avec  la  métropole  ;  mais  en- 
core l'affaiblissement  momentané  du  pou- 
voir monarchique  en  Angleterre.  Pendant 
cette  lutte  ,  la  Grande-Bretagne  éprouva 
de  grandes  pertes  dans  samaiine,  par  les 
victoires  des  Suffren ,  des  d'Estaing,  des 
Lamothe- Piquet  :  la  France  soutint  de 
son  argent  et  de  ses  armées  les  nouvelles 
républiques  de  l'Amérique  ;  peut-être 
l'Angleterre  fut-elle  antiplement  vengée 
de  la  part  que  les  Français  prirent  à  cette 
guerre  d'indépendance  par  les  malheurs 
dont  leur  pays  devint  ensuite  la  victime, 
et  que  ne  contribuèrent  peut-être  pas  peu 
à  développer  les  idées  de  liberté  et  de  ré- 
publicanisme que  rapportèrent  à  la  suite 
de  celte  expédition  les  compagnons  de 
Franckliu  et  de  "Washington.  Pendant 
cette  époque  où  l'Amérique  commençait 
à  secouer  le  joug  du  vieux  continent,  les 
esprits  fermentèrent  aussi  en  Angleterre. 
En  17691a  sédition  éclata  dans  Londres 
même ,  après  l'arrestation  du  fameux 
Wilkes,  écrivain  populaire  que  le  gou- 
vernement fut  obligé  de  relâcher,  et  qui 
fut  ensuite  nommé  lord-maire  de  Londres, 
et  député  de  Weslminsler.  Les  lettres  de 
Junius  qui  parurent  à  la  même  époque  et 
qui  attaquaient  de  la  manière  la  plus  vive 
le  gouvernement  du  roi  Georges,  causèrent 
aussi  une  grande  agitation.  Ce  fut  en  1783 
que  les  colons  de  l'Amérique  septentrio- 
nale se  séparèrent  définitivement  du  gou- 
vernement de  St. -James.  Aux  malheurs 
intérieurs  et  extérieurs  l'Angleterre  pou- 
vait opposer  les  succès  de  ses  armes  dans 
l'Inde,  et  la  fondation  de  la  puissance  co- 
lossale que  tous  les  jours  elle  y  a  accrue 
depuis.  Elle  avait  eu  à  y  combattre  une 
foule  de  princes,  parmi  lesquels  on  dis- 
tingue Hyder- Aly  et  Tippoo-Saëb  dont  la 
mort  fut  pour  les  nouveaux  conquérans 
de  l'Asie  une  époque  de  prospérité.  Dès 
lors  ils  devinrent  les  maîtres  absolus  d'une 
des  plus  belles  et  des  plus  fertiles  contrées 
de  l'univers ,  peuplée  de  50  millions 
d'hommes  industrieux.  Un  des  événe- 
mens  les  plus  importans  du  règne  de 
Georges  III,  ce  fut  la  réunion  complète 
de  l'Irlande  à  la  Grande-Bretagne.   Les 


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&II 


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deux  parlement  n'en  liront  plus  qu'un  ; 
mais  coltc  révolution  a  donné  et  donne 
encore  lieu  frt*qiicininenl  ù  des  troubles 
graves.  Bn  1789  la  révolution  française 
éclata.  Georges  m  s'en  déclara  l'ennemi,  et 
ses  ministres  parlafrèrcnt  ses  dispositions 
hostiles.  Cependant  le  cabinet  de  Saint- 
James  fut  trop  adroit  pourfaireentrevoir 
ses  projets  ultérieurs;  il  attendit  i>our  profi- 
ter de  nosdiscordes  que  la  {juerre civile  eût 
affaibli  nos  forces  :  et  en  effet ,  sous  le 
ministère  de  Pitt ,  la  guerre  fut  déclarée  : 
elle  dura  jusqu'au  traité  d'Amiens  en  1801. 
Pendant  ce  temps  la  marine  anglaise 
parvint  au  plus  haut  degré  de  sa  gloire  , 
I>ar  les  victoires  que  remportèrent  l'amiral 
Howe  près  des  côtes  de  Bretagne  (  l*""  juin 
1794),  l'amiraUervisprcs  du  capSl.-Vin- 
cent  (  U  février  1797  ),  et  l'amiral  Nelson 
dans  la  rade  d'Aboukir  et  à  Trafalgar. 
Les  armées  anglaises  ne  pouvaient  se 
glorifier  des  mêmes  succès;  elles  avaient 
été  battues  en  Allemagne  ,  en  Hollande , 
en  Amérique  et  en  Espagne.  La  paix  d'A- 
miens ne  fut  pas  de  longue  durée  :  les 
hostilités  ,  recommencèrent  et  l'Angle- 
terre ne  fournit  pas  seulement  ses  flottes 
et  ses  troupes  ,  elle  recourut  aussi  à  la 
puissance  de  l'or.  Ce  fut  pendant  cette 
guerre  qu'elle  conquit  Malte ,  le  cap  de 
Bonne-Espérance  ,  Corfou,  etc.  :  tels  sont 
les  actes  et  les  résultats  qui  ont  signalé 
le  règne  de  Georges  III  ;  la  première 
(;uerre  avec  la  France  qui  fut  terminée 
par  le  traité  de  Paris,  le  soulèvement  des 
Colons  d'Amérique  .  la  création  des  pos- 
sessions anglaises  dans  l'Inde  ,  la  guerre 
faite  à  la  révolution  française  .  celle  qui 
fut  dirigée  contre  Bonaparte.  Georges  III 
avait  déjà  eu  pour  ministres  le  fameux 
FoK,  sous  Icipiei  fut  reconnue  l'indépen- 
dance des  Etats-Unis  ;  le  célèbre  Piti,  sous 
lequel  eurent  lieu  la  guerre  contre  la 
France  républicaine  et  l'incorporation  du 
parlement  d'Irlande  à  celui  d'Angleterre; 
lord  Sidmouth  qui  fit  la  paix  d'.Vmiens; 
enfin  Pitt  qui  reparut  de  nouveau  sur  la 
scène,  ainsi  que  Fox  qui  fui  remplacé 
successivement  par  Perceval,  lord  Liver- 
pool  et  lord  Castlereagh.  Dix  parleinens 
turent  convoqués  pendant  ce  règne  de  CO 
an»  .  le  premier  dura  sept  ans  :  ce  fut  le 
pltuloog  :  le  huitième  qui  fut  le  plus 
court  n'en  dura  que  4  et  fut  dissous  en 
1806.  L'autorité  royale  prit  une  grande  ex- 
tension sous  le  gouvernement  de  Georges 
m.  Parmi  les  mesures  qui  furent  suggérées 
au  roi  pour  la  fortifier,  on  doit  rilcr  l'aui; 
mcntatioo  du  nombre  des  (ne-iiin  es  de  la 


clinmbre  des  lords  faite  à  son 
au  II  ône  :  il  n'existait  que  181  pain  ;  iMir 
nombre  fut  porté  à  près  de  800.  Le  pou- 
voir royal  a  fait  aussi  un  usa^je  fréquent 
de  la  suspension  de  Xllahtas  corpus  et  de 
V  Atientail.  (^.hacun  sait  que  pendant  les 
dernières  années  du  règne  de  Georges  III, 
ce  fut  son  fils  le  prince  de  Galles  qui  gou- 
verna :  une  maladie  cruelle  avait  éloigné 
le  roi  du  gouvernement  depuis  1811.  En 
1787,  il  éprouva  la  première  attaque  du 
mal  qui  plus  tard  devait  lui  ôter  totale- 
ment l'usage  de  la  raison.  Promptemenf 
guéri  par  le  docteur  Willis,  il  éprouva 
une  seconde  attaque  en  1792  ,  et  elle  fut 
assez,  sérieuse  pour  que  l'on  discutât  au 
parlement  la  nécessité  d'une  régence  : 
Pitt  s'y  opposa ,  et  celte  opposition  fut 
considérée  par  le  roi  comme  un  bienfait 
dont  il  lui  sut  gré  toute  sa  vie  et  qui  lui 
assura  le  pouvoir  pendant  si  long-temps. 
Enfin  en  1810  l'aliénation  mentale  devint 
si  complète  que  le  prince  de  Galles  fut 
nommé  peu  après  régent  sans  opposition. 
Le  vieux  monarque  vécut  encore  10  ans, 
dans  un  état  digne  de  pitié.  La  perte  de 
la  vue  vint  se  joindre  à  celle  de  la  raison  : 
quelquefois  il  jouait  d'un  instrument  de 
musique  qui  dans  des  temps  plus  heu- 
reux l'avait  délassé  des  ennuis  du  gou- 
vernement ;  quelquefois  aussi  il  parlait 
seul  pendant  des  jours  entiers  ,  et  quel- 
ques-ans de  ses  discours  sans  suite  ont 
duré  jusqu'à  36  et  même  72  heures.  Ia 
mort  mit  le  SW  janvier  18'J0  un  terme  à 
sa  déplorable  existence.  Ce  prince  él.ttt 
généralement  chéri:  cependant  on  essaya 
plusieurs  fois  de  lui  donner  la  mort  ;  en 
1780  ,  il  faillit  être  victime  d'une  émeute 
populaire  ;  en  1787 ,  il  reçut  de  Margue- 
rite Nichol  un  coup  de  couteau  dont  la 
lame  plia  dans  ses  véteraens  ;  en  1795  des 
cailloux  brisèrent  les  glaces  de  sa  voi- 
ture, dans  le  moment  où  il  allait  faire  l'ou- 
verture du  parlement  à  Westminster  : 
enfin  le  15  mai  1800  un  coup  de  pistolet 
fut  tiré  par  un  fou  nommé  Hathfield  ,  aa 
théâtre  de  Drury-Laue  ,  contre  sa  loge . 
et  personne  ne  fut  blessé.  Georges  III 
était  affable  et  populaire,  et  ques(ionnait 
chacun  sur  ses  affaires  particulières  avec 
une  bonhomie  qui  avait  au  moins  l'appa* 
fcncc  de  l'intérêt.  Il  aimait  les  arts  et  le» 
sciences,  et  il  les  a  protégés  plus  que  n'A- 
vaient fait  ses  prédécesseurs  de  la  inatsoa 
de  Brunswick.  On  doit  san*  doute  aux  en- 


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412 


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et  favorisa  les  méthodes  qui  pouvaient  la 
multiplier  dans  ses  états  :  il  voulait  que 
le  plus  pauvre  enfant  des  trois  royaumes 
pût  lire  la  Bible.  Il  était  bon  père  et  bon 
époux  :  il  s'était  marié  le  8  septembre 
1761  avec  Sophie-Charlotte  de  Mecklen- 
bourg-Sfrélitz,  princesse  vertueuse  qui 
lui  donna  12  enfans  :  Georges -Frédéric- 
Auguste  ,  prince  de  Galles  (  depuis  roi 
»ous  le  nom  de  Georges  IV  )  ;  Frédéric  , 
duc  d'York  ;  Guillaume-Henri ,  duc  de 
Clarence;  Edouard- Auguste,  duc  de  Kent  ; 
Ernest- Auguste,  duc  de  Cumberland  ;  Au- 
guste-Frédéric^ duc  deSussex:  Adolphe- 
Frédéric,  duc  de  Cambridge  ;  Charlotte- 
Auguste-Mathilde  ,  deuxième  épouse  du 
dernier  roi  de  "Wurtemberg ,  et  quatre 
princesses  non  mariées.  La  paix  intérieure 
de  sa  famille  fut  plusieurs  fois  troublée  par 
les  querelles  du  prince  et  de  la  princesse 
de  Galles  :  il  lit  tous  ses  efforts  pour  réta- 
blir entre  eux  l'harmonie  :  et  se  déclara 
même  le  protecteur  de  sa  belle -fille. 
Georges  III  vivait  dans  son  palais  en  sim- 
ple particulier  ;  il  se  plaisait  -dans  l'inté- 
rieur de  sa  famille  :  le  château  de  Wind- 
sor était  son  séjour  de  prédilection  :  ses 
ministres  n'y  étaient  point  admis ,  et  il 
revenait  à  Londres  lorsque  les  affaires 
publiques  exigeaient  sa  présence.  Il  fai- 
fait  valoir  près  de  ce  châteauune  grande 
ferme  ,  presque  entièrement  expérimen- 
tale ,  où  il  travaillait  comme  un  simple 
laboureur  et  contribuait  aux  progrès  de 
l'agriculture.  En  un  mot  s'il  manquait  à 
ce  prince  quelques-unes  des  qualités  qui 
font  le  grand  roi,  il  avait  toutes  celles  qui 
font  estimer  l'homme  dans  la  condition 
privée.  On  peut  consulter  sur  l'histoire 
de  Georges  III  ,  Recollectioiis  and  re- 
flexions personnal  andpoliticaL  etc.  du- 
ring  the  reign  of  George  III ^  par  John  Ni- 
chols,  Londres  ,  1820,  in-8°  ;  George  the 
third ,  his  court  and  family  ^  eic.  Lon- 
dres, 1820,2  vol.  in-8".  Annales  durègne 
de  Georges  III...,  jusqu'à...  1815  ,  par  le 
docteur  Aikin,  traduit  en  français  par  M. 
Eyriès,  Paris  ,  1817,  2"^  édition  ,  continuée 
jusqu'à  la  mort  de  Georges  III,  1820.  Me- 
moirs  ofthe  reign  of  George  III ^  to  the 
commencement  ofthe  year^  1799 ,  par  W. 
Belsham,  Londres,  1801,  6  vol.  in-S*";  la 
continuation  de  V Histoire d' Angleterre  de 
Humes  par  Aikin ^  l'Histoire  d'Angleterre 
du  docteur  Lingard^  etc. 

*  GEORGES  IV  (Frédéric-Auguste  ), 
fils  du  précédent ,  roi  d'Angleterre  et  de 
Hanovre  ,  né  le  12  août  1762  ,  reçut  peu 
de  jours  après  sa  naissance  le  titre  de 


prince  de  Galles.  Le  docteur  Marlcham , 
archevêque  d'York,  et  le  docteur  Jackson 
furent  chargés  d'abord  de  son  éducation, 
et  depuis  1776  ce  jeune  prince  fut  confié 
aux  soins  du  docteur  Hurd  ,  évêque  de 
Worcester  ,  et  de  M.  Arnold  orateur  du 
collège  de  Saint-Jean  de  Cambridge.  Le 
prince  de  Galles  était  doué  de  dispositions 
heureuses  ,  mais  quoique  sa  jeunesse  fût 
dirigée ,  dit-on  ,  avec  une  grande  sévérité, 
il  n'apprit  point  suffisamment  à  mettre  un 
frein  à  ses  passions.  Dès  l'âge  de  19  ans  il 
contracta  un  attachement  très  vif,  mais 
passager,  pour  mistriss  Robinson,  actrico 
dont  le  talent  égalait  la  beauté.  Enfermé 
comme  prisonnier  dans  le  château  de 
Kew,  par  ordre  de  son  père  ,  il  chargea 
lord  Melden  et  le  célèbre  Fox  de  gagner 
le  cœur  de  cette  dame  ;  et  ils  ne  rougi- 
rent point  de  s'abaisser  à  cet  acte  de  vile 
flatterie.  Mistriss  Robinson  a  écrit  un  Mé- 
moire sur  ses  relations  avec  le  prince.  La 
fougueuse  jeunesse  de  Georges  fut  mar- 
quée par  d'autres  écarts  dont  nous  croyons 
inutile  d'entretenir  nos  lecteurs.  D'un 
autre  côté  on  le  vit  se  lier  avec  Fox, 
Burke  ,  Shéridan  et  avec  tous  les  mem- 
bres distingués  du  parti  de  l'opposition 
Cette  conduite  lui  donnait  nn  grand  nom- 
bre de  partisans  parmi  le  peuple  ;  mais 
elle  excitait  le  plus  grand  mécontentement 
à  la  cour  et  dans  la  partie  la  plus  éclairée 
du  public.  Bientôt  il  ne  fut  plus  question 
que  de  sa  liaison  avec  mistriss  Filz-Her- 
bert,  veuve  plus  âgée  que  lui  ,  mais  re- 
marquable par  sa  grande  beauté.  On  ré- 
pétait qu'il  s'était  marié  avec  cette  dame, 
et  comme  elle  était  catholique  ,  on  ajou- 
tait qu'en  vertu  de  la  constitution  an- 
glaise il  s'était  mis  dans  le  cas  de  perdre 
la  couronne  (  178G  ).  11  est  vrai  que  l'on 
faisait  courir  aussi  le  bruit  que  cette  ir- 
landaise avait  changé  de  religion;  mais 
la  même  constitution  déclarait  nuls  tous 
les  mariages  contractés  sans  la  permission 
du  roi  par  les  princes,  avant  qu'ils  eussent 
atteint  l'âge  de  25  ans.  Depuis  1783  le 
prince  de  Galles  était  majeur:  sur  la  pro- 
position même  du  roi ,  le  parlement  lui 
avait  alloué  la  somme  annuelle  de  50,000 
livres  sterlings,  somme  beaucoup  moins 
forte  que  celles  qui  avaient  été  accordées 
jusqu'alors  aux  héritiers  du  trône,  et  60000 
livres  sterlings  pour  son  établissement. 
Le  prince  de  Galles  contracta  cependant 
en  moins  de  trois  ans  des  dettes  pour  près 
de  500,000  livres  sterlings  (7,500,000  fr.) 
Il  s'adressa  au  roi  pour  venir  à  son  secours; 
mais  cette  demande  fut  mal  accueillie^  et. 


C.tlO 

quoique  Gt;t)rgcs  III  se  fil  rendre  compte 
des  affaires  de  son  fils .  il  ne  voulul  rien 
lui  accorder  (  1787  ).  Dans  cet  étal  de  dé- 
tresse, le  prince  de  Galles  prit  des  moyens 
d'éi-ononiie  :  il  forma  lu  projet  de  mettre 
de  côté  toutes  les  aimées  une  somme  asseï 
grande,  prise  sur  ses  revenus,  pour  satis- 
faire aux  exigences  de  ses  créanciers  : 
cette  belle  résolution  ne  dura  que  neuf 
mois,  après  lesquels  il  s'adressa  au  parle- 
ment. Celte  communication,  qui  donnait 
la  plus  scandaleuse  publicité  au  dérange- 
ment des  affaires  du  prince  héréditaire  , 
agit  d'une  manière  fâcheuse  sur  l'esprit 
public  :  la  motion  fui  retirée  après  une 
entrevue  que  le  prince  eut  avec  Pitt.  et  le 
roi,  pour  éviter  d'aussi  pénibles  discus- 
sions ,  déclara  qu'il  prenait  sur  sa  liste  ci- 
vile 10,000  livres  sterlings  pour  les  ajou- 
ter annuellement  à  la  pension  de  son  lils. 
La  chambre  des  communes  remercia  le 
roi  par  une  adresse  dans  laquelle  elle  le 
supplia  aussi  d'accorder  la  somme  néces- 
saire pour  acquitter  les  dettes  du  prince  , 
et  qu'elle  se  chargeait  des  moyens  de  la 
procurer.  C'est  sur  ces  entrefaites  que 
Georges  III  éprouva  le  premier  symplôuie 
du  mal  qui  plus  tard  devait  lui  enlever 
complétenjcnt  la  raison;  le  parlement  fut 
obligé  de  s'occuper  de  la  régence  :  tout 
annonçait  que  le  prince  de  Galles,  malgré 
li'S  efforts  de  Fox  et  de  l'opposition  ,  serait 
exclu  de  l'administralion  ,  lorsque  le  roi 
se  rétablit  et  gouverna  lui-même.  De  nou- 
velles tentatives  furent  faites  alors  auprès 
du  prince  de  Galles  qui  avait  toujours  ré- 
siste à  toutes  les  propositions  de  mariage 
qui  lui  avaient  été  adressées  :  enfin  en  1795 
il  céda  à  des  i  aisons  d'état  et  aux  ordres  de 
son  père  qui  lui  promit  de  faire  acquitter 
ses  dettes  et  de  lui  allouer  un  apanage 
plus  considérable  :  toutefois  ce  fut  contre 
-on  inclination  assez,  hautement  manifes- 
tte  qu  il  promit  de  se  marier  avec  la  prin- 
cesse Caroline-Amélie-Eli/.abeth  ,  seconde 
lille  du  duc  de  Brunswick.  Ce  maria^j^e , 
célébré  le  8  avril  17%  sous  d'aussi  tristes 
auspices,  fut  la  cause  des  troubles  sérieux 
qui  divisèrent  la  famille  royale;  et  d'ail- 
leurs l'on  ne  recueillit  i)oint  les  fruits  que 
l'on  altendaitde  cette  union  :  à  peine  avait- 
elle  été  conclue  ,  et  les  créanciers  avaient- 
Us  été  payés,  que  ce  prince  introduisit  dans 
sa  maison  ses  deux  maîtresses  favorites, 
à  qui  il  confia  le  soin  d'accompa{jiuT  son 
épouse  létjitime  ;  c'est  de  deux  femmes 
Corrompues  qu'elle  devait  recevoir  des 
leçorw  de  conduite.  Bientôt  poussant  plus 
loin  l'indtccnce,  il  loua  un  i..i'.aib,  il  dt-jx 


413  GEO 

mois  apiès  son  maria(;u  il  ubaMitiitmi  sa 
fenuiie  pour  aller  s'y  loger  avec  une  »le 
ses  maîtresses.  Méb-  à  la  plus  mauvaise 
compagnie  de  son  temps,  environné  de 
jockeys  et  de  maquignons ,  il  fut  ocruse  de 
friponnerie,  La  veille  d'une  de  ces  courir» 
de  chevaux  si  fréquentes  en  Anglctern; . 
un  de  ses  domestiques  alla  par  ses  ordres 
remplir  la  crèche  et  l'auge  d'un  cheval 
qui  avait  déjà  remporté  plusieurs  succès, 
afin  de  lui  ôter  par  les  alimens  la  vigueur 
et  la  célérité  que  l'on  n'obtient  des  ani- 
maux de  son  espèce  que  par  une  diète 
sévère,  avant  le  moment  consacré  à  cette 
espèce  de  lutte  :  un  cheval  du  prince  de 
Galles  devait  concourir,  et  un  prix  consi- 
dérable avait  été  proposé.  La  vie  du  prince 
de  Galles  ,  depuis  son  mariage  jusqu'en 
1805 ,  ne  présente  aucune  circonstance 
intéressante  ;  ircontinua  à  vivre  loin  de 
l'épouse  qui  lui  avait  donne  une  fille  ,  la 
princesse  Charlotte ,  et  se  livra  à  son  pen- 
chant pour  la  débauche  et  le  jeu.  Il  était 
entièrement  indifférent  aux  affaires  de 
l'état ,  et  on  le  vit  très  rarement  assister 
aux  débats  du  parlement.  Il  n'avait  oc- 
cupé dans  l'armée  que  le  rang  de  colonel 
de  dragons  ,  tandis  que  ses  frères  étaient 
tous  généraux  :  le  duc  d'York  en  particu- 
lier avait  déjà  commandé  en  chef,  et  à 
celte  époque  il  élail  à  la  tête  du  départe- 
ment de  la  guerre.  Georges  III ,  qui  deju 
plusieurs  fois  lui  avait  refusé  de  l'avan- 
cement, persista  dans  ses  refus  :  une  cor- 
respondance assez,  vive  s'établit  entre  le 
duc  d'York ,  le  roi  et  son  nls  mécontent  : 
celui-ci  n'obtint  rien.  Pendant  les  cinq 
années  qui  précédèrent  la  maladie  du 
roi,  le  prince  de  Galles  vécut  suivant  ses 
habitudes  ordinaires.  Alors  l'aliénation 
mentale  dont  Georges  III  fut  affiigé  força 
le  parlement  de  le  rem])lacer  dans  l'ad- 
ministration du  royaume  :  Pitt,  qui  s'é- 
tait montré  en  1787  l'adversaire  le  plus 
ardent  du  prince  de  Galles,  était  mort ,  ei 
la  régence  fut  confiée  sans  opposition  au 
fils  aîné  du  roi.  Le  prince  régent  gou- 
verna l'Angleterre  jusqu'en  1850,  c'est-à- 
dire  pendant  près  do  vingt  ans.  On  ne  lui 
confia  pas  d'abord  toute  1  autorité  royale; 
on  la  borna  surtout  dans  le  droit  de  nom- 
mer des  pairs ,  et  le  bill  de  régence  ne 
fui  fait  que  pour  un  an  ;  mais  plus  tard 
il  fut  continue.  Depuis  l'accession  de* 
princes  de  Hanovre  au  trône  d'Angleterre, 
wie  habitude  bizarre  s'était  établie,  rt 
s'e»l  presque  transformée  en  principe 
cou'-litutif  de  gouvernement  :  chaque 
j.iiticc?  héréditaire  est  chef  de  lo]  ;i«si- 


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tioii.  Quand  le  prince  de  Galles  devint  ré- 
gent ,  il  abandonna  ses  anciens  amis.  Il 
conserva  le  ministère  et  sembla  hériter 
de  tous  les  projets  de  son  père  contre  la 
France.  Sa  constitution  physique,  altérée 
par  de  longs  excès,  avait  changé  ;  le  ressort 
de  la  jeunesse  avait  disparu  :  à  une  fou- 
gue impétueuse  avait  succédé  une  apathie 
profonde.  La  table ,  le  jeu  et  les  femmes 
n'étaient  plus  pour  lui  qu'une  habitude. 
Privé  d'énergie  morale  et  physique,  il 
essaya  vainement  pendant  les  premières 
années  de  sa  régence  de  triompher  de  sa 
paresse  ,  et  de  conquérir  la  force  néces- 
saire pour  devenir  un  roi.  Lord  Caslle- 
reagb  [voyez  ca  nom)  lui  prêta  son  se- 
cours. Les  six  fameux  actes  contie  la 
presse  ,  contre  la  liberté  du  commerce  , 
contre  les  associations  populaires  ,  contre 
les  attroupemens  ,  contre  les  pétitions  et 
les  adresses,  furent  proposés  au  parle- 
ment et  adoptés.  La  guerre  que  Bonaparte 
faisait  alors  à  la  Russie  n'était  que  la  con- 
séquence de  la  guerre  avec  l'Angleterre  : 
et  les  flottes  anglaises  continuèrent  à  par- 
courir l'Océan  et  la  Méditerranée.  Wel- 
lington était  à  la  tète  d'une  puissante  ar- 
mée avec  laquelle  il  avait  délivré  le 
Portugal  :  après  la  victoire  de  Salaman- 
que  ,  il  était  entré  à  Madrid,  doù  il  fut 
chassé  peu  de  temps  après.  Le  prince 
rcgent  reçut  en  juin  181/t,  après  le  ré- 
tablissement de  la  paix,  la  visite  du  roi 
de  Prusse  et  de  l'empereur  Alexandre, 
avec  un  faste  jusqu'alors  inconnu  en  An- 
gleterre. Les  empereurs  d'Autriche  et 
de  Russie  lui  donnèrent  le  grade  de  feld- 
maréchal  :  il  se  revêtit  tour  à  tour  de 
leurs  uniformes  et  se  couvrit  de, leurs 
cordons-  Le  retour  de  Bonaparte  de  l'île 
d'Elbe  força  les  souverains  alliés  de  di- 
riger une  seconde  fois  leurs  troupes 
contre  la  France  :  Wellington,  chargé  du 
commandement  des  troupes  anglaises  des- 
tinées à  l'envahir  par  le  Nord,  triomplia  à 
Waterloo,  On  sait  quel  sort  était  réservé  au 
monarque  fugitif  qui  vint  chercher  un 
asile  sur  un  des  vaisseaux  anglais.  A  l'épo- 
que de  la  formation  de  la  sainte-alliance,  le 
prince  régentne  put  s'associer  à  cette  ligue 
des  rois  contre  lu  démocratie  :  la  consti- 
tution anglaise  ne  le  permettant  pas,  le 
prince-régent  crut  devoir  par  une  lettre 
du  6  octobre  1815,  déclarer  qu'il  s'unissait 
personnellement  aux  monarques  alliés ,  et 
qu'il  adhérait  autant  qu'il  était  en  lui  aux 
principes  émis  dans  l'acte  monarchique. 
Pendant  la  régence ,  l'Angleterre  lit  au 
dehors  d'importantes  acquisitions  :  celles 


du  cap  de  Bonne-Espérance ,  des  posses- 
sions hollandaises  des  côtes  de  Ceylan ,  de 
plusieurs  provinces  dans  l'Inde,  de  Corfou 
et  des  îles  Ioniennes  assurèrent  la  domina- 
tion des  Anglais  dans  les  deux  mers.  Mais 
au  dedans  la  misère  publique  se  manifes- 
tait par  des  troubles  sérieux  :  des  réunions 
immenses  eurent  lieu  à  Manchester,  à 
Londres  et  sur  différens  autres  points  de 
la  Grande-Bretagne.  On  conspira  contre 
les  ministres  ,  et  on  attenta  aux  jours  du 
prince.  L'Irlande  aussi  était  loin  d'être 
tranquille;  pendant  toute  cette  cpoquu 
elle  ne  cessa  doffrir  des  scènes  de  bri- 
gandages, de  meurtres  ou  de  révoltes  ou- 
vertes :  les  supplices  ne  firent  qu'aigrir 
les  esprits.  Cependant,  le  29  janvier  1820. 
le  roi  Georges  III  termina  enlin  sa  longue 
et  malheureuse  carrière.  Son  fils  fut  pro- 
clamé le  même  jour  sous  le  nom  de  Geor- 
ges IV.  Son  couronnement,  qui  eut  lieu 
avec  la  plus  grande  pompe,  fut  troublé  par 
la  tentative  que  lit  son  épouse ,  la  princesse 
de  Galles,  pour  partager  les  honneurs  de 
la  cérémonie  (19  juillet  1821),  Elle  s'é- 
tait présentée  à  6  heures  du  matin  à  deux 
portes  différentes  de  l'abbaye  ;  l'entrée 
lui  en  fut  refusée.  On  a  remarqué  que  la 
moitié  des  pairs  seulement  avait  assisté 
au  sacre  du  roi.  Dès  les  premiers  jours  de 
ce  règne  eut  lieu  le  scandaleux  procès  d;; 
Georges  IV  et  de  son  épouse,  qui  fut  lon- 
guement discuté  au  parlement.  Déjà  en 
1813,  de  semblables  discussions  faites  à  la 
suite  d'une  enquête  avaient  occupé  le  pu- 
blic. La  mort  de  cette  princesse  malheu- 
reuse vint  peu  de  temps  après  donner 
naissance  à  des  bruits  de  tous  genres.  Ses 
funérailles  turent  l'occasion  de  quelques 
troubles  au  milieu  desquels  le  sang  fui 
répandu  :  alors  Georges  IV  voyageait  en 
Ecosse.  Le  ministère  anglais  n'a  pas  subi 
de  grandes  variations  depuis  la  mort  de 
Georges  III.  Le  puince  et  son  ministre 
lord  Castlereagh  s'entendaient  ensemble 
sur  la  polilique  qui  devait  présider  au 
gouvernement  :  et  ils  voulaient  l'un  et 
l'autre  le  triomphe  des  idées  aristocrati- 
ques. Toutefois  après  la  mort  de  Castle- 
reagh (  12  aoi'it  1822  )  ,  les  destinées  de  la 
Grande-Bretagne  furent  confiées  à  lord 
Liverpool  qui  en  conserva  la  direction 
jusqu'au  12  avril  1827 ,  époque  à  laquelle 
Canning  lui  succéda  jusqu'à  sa  mort  arri- 
vée le  8  août  de  la  même  année.  Lord  Li- 
verpool avait  continué  le  système  de  Cas- 
llereagh  ;  mais  Canning  donna  quelques 
momens  de  triomphe  aux  -wighs ,  et  ce 
fut  sous  son  administration  que  les  repu- 


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bliqtiei  de  l'Amérique  méridionale  furent 
rt'coiinuos  par  rAnglclcrrc ,  et  que  plu- 
sieurs puissances  conlinenlali'S  s'unirent 
à  la  Granilo-I5reta{înc  pour  faire   triom- 
pher la  cause  de  la  Grèce.  Plus  tard  Georges 
iv  revint  aux  doctrines  aristocratiques, 
et  chargea  le  duc  de  Wellington  de  la  pré- 
sidence du  ministère.  Ce  fut  le  ^0  mars 
1S2'J  que  la  cliambredes  communes  adopta 
le   bill  pour  l'émancipation  des  callioli- 
ques.  et  le  10  avril  suivant  la  chambre  des 
lords  prit  la  même  résolution.  Durant  les 
dix  ans  de  règne  de  Georges  IV,  de  grands 
evénemcns  se  passèrent  en  Europe  et  en 
Amérique,  et  l'Angleterre  ne  fut  étran- 
,    re  à  aucun  :  elle  agit  toujours  avec  les 
autres  puissances  de  l'Europe,  et  ne  s'op- 
posa à  rien  de  ce  qui  pouvait  prévenir 
ou    réprimer    de    grandes    révolutions. 
Georges  IV  mourut  le  26  juin  1830,  après 
une  maladie  qui  avait  duré  plus  de  G  mois. 
•  GEORGES   CVDOLDAL,    chef   de 
cliouans,  né  en  1769,  dans  le  village  de 
Rrech ,   dans  la   Basse-Bretagne  où  son 
père  était  meunier  ,  fut  élevé  au  collège 
de  Vannes,  et  prit  part  à  la  première  in- 
surrection du  Morbihan  en  1793  ;  il  s'é- 
tait  réuni  comme  simple   cavalier  aux 
royalistes.  Ce  mouvement  n'ayant  eu  au- 
cune suite  ,  il  se  rendit  la  même  année 
avec  une  cinquantaine  de  paysans  bas- 
bretons  auprès  des  chefs  vendéens ,  qui 
venaient  de   passer  la  Loire ,  et  étaient 
alors  à  Fougères.  Il  assista  aux  diverses 
opérations  militaires  de  cette  campagne  , 
»e  fit  remarquer  par  sa  force  et  son  cou- 
rage et  fut  fait  officier  au  siège  de  Gran- 
ville.  Arrêté  par  un  détachement  républi- 
cain, tandis  qu'avec  le  jeune  Lemercier, 
son  ami,  il  parcourait  les  côtes  du  Mor- 
bihan pour  rejoindre  le  parti  insurgé,  il 
fut  conduit  dans  les  prisons  de  Brest , 
d'où  il  parvint  à  s'échapper  au  bout  de 
quelques  mois  ,  déguisé  en  matelot.  Alors 
Il  revint  dans  son  canton  dont  il  fut  nom- 
mé commandant  :  il  se  rendit  fameux  et 
fut  un  des  chefs  de  chouans  les  plus  re- 
doutables. En  179ij,  il  prolesta  contre  la 
jiacifiration  de  Mabilais,  et  seconda  les 
mesures  qui  devaient  protéger  le  débar- 
quement de  Quiberon.  Après  le  désastre 
qui  le  suivit,  il  réunit  les  débris  de  l'ar- 
mée royaliste  que  les  ofliciers  vendéens 
voulaient  licencier,  en  forma  une  troupe 
asseï  nombreuse,  et  entreprit  de  résister 
aux  troupes  républicaines.  Il  avait  fait 
arrêter  .M.  de  Puisayc  à  qui  il  attribuait 
la  responsabilité  du  désastre  de  Quibe- 
ron, et  voulut  même  un  instant  le  faire 


fusiller.  Cadoudal  ne  pouvait  résister  aut 
troupes  nombreuses  du  général  Hoche  : 
dissimulant   ses   projets ,   il  consentit    k 
licencier  ses  soldats  et  à  opérer  leur  dé»- 
armemcnt  (1796);    mais   il  paraît  qu'il 
donna  des  ordres  secrets  pour  que  le  li- 
cenciement n'eût  pas  lieu.  En  1797,  Georges 
fit  tous  ses  efforts  pour  ranimer  l'insur- 
rection. Il  y  réussit  en  1799.  Mais  les  com- 
bats deGrandchamp  et  d'Elven,  au  mois 
de  janvier    1800,  l'obligèrent  de  traiter 
avec  le  général  Brune,  et  celte  fois  il  li- 
cencia ses  troupes.  Toujours  dévoué  à  la 
cause  des  Bourbons,  il  passa  en  Angio 
terre ,  pour  y  concerter  les  moyens  de 
faire  encore   la  guerre  ;  il  fut   accueilli 
avec  distinction  par  le  gouvernement  an- 
glais ,  et  par  Mgr.  le  comte  d'Artois  qui 
lui  donna  au  nom  du  roi  le  cordon  rouge 
et  le  grade  de  lieutenant-général.  Rentré 
depuis  quelque  temps  en  France  ,  il  était 
muni  du  titre  de  commandant  général  du 
Morbihan ,  de   plusieurs  autres  départe- 
mens,  et  déjà  il  avait  cherché  à  s'emparer 
de  Belle-Ile  et  de  Brest,  lorsque  désigné 
par  la  voix  publique  comme  ayant  trempé 
dans  la  conspiration  dite  de  la  machine 
infernale,  il  repassa  en  Angleterre.   En 
1803 ,  U  se  rendit  à  Paris,  avec  Pichegru  et 
plusieurs  autres  officiers,  dans  l'intention 
de  détrôner  Bonaparte.  Le  complot  ayant 
été  révélé  par  quelques  conjurés  subal- 
ternes, la  police  fit  rechercher  George» 
avec  une  activité  extraordinaire.  S'étant 
aperçu  que  son  dernier  asile  était  observé, 
il  essaya  de  s'évader  dans  un  cabriolet; 
mais  il  fut  arrêté  près  du  Luxembourg  , 
après  avoir  tué  deux  agens  de  police  avec 
ses  pistolets.  Il  fut  condamné  à  mort  le 
Il  mai  180i  ,  avec  onze  de  ses  officiers, 
comme  coupable  d'avoir  voulu  attenter  à 
la  vie  du  premier  consul.  Dans  toute  la  pn^ 
cédure  il  montra  beaucoup  de  courage,  et 
en  avouant  qu'il  était  à  la  léte  du  complot 
pour  rétablir  les  Bourlwns ,  il  eut  grand 
soin  de  ne  compromettre  aucun  de  ses 
partisans.  Son  projet  n'était  point,  dil-on, 
d'assassiner  le  premier  consul ,  mais  de 
l'attaquer  publiquement  et  à  force  armée 
au  milieu  de  ses  propres  gardes.  Sa  fir- 
mcté  ne  l'aliandonna  pas  jusqu'au  momcnl 
de  son  exécution  qui  eut  lieu  le  25  juin 
1804  au   milieu  d'une  foule  immense.  Il 
n'avait  alors  que  53  ans  ;  il  refusa  d'ache- 
ter sa  grâce  en  apposant  sa  signature  à 
un  placet  à  l'adresse  de   l'empereur  de» 
Français. 

*  <; kuRGES  XI,  dernier  roi  de  Céonjie, 
naquit  vers  173o.  Soo  pcro  lléracliusll  le 


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nomma ,  à  peine  âgé  de  22  ans ,  gouver- 
neur des  provinces  du  Bortchalo  et  de 
Souckhethi ,  au  midi  de  la  Géorgie.  Cette 
place  fournit  à  Georges  l'occasion  de  dé- 
ployer sou  courage  dans  les  guerres  fré- 
quentes qu'il  eut  à  soutenir  contre  les 
Persans.  Son  père  étant  mort  le  il  Jan- 
vier 1798 ,  Georges  monta  sur  le  trône  ; 
mais  son  autorité  fut  bientôt  troublée. 
Les  Lezghis  envahirent  le  royaume;  el 
quoique  battus  par  Jean,  fils  puîné  de 
Georges  ils  portèrent  partout  le  meurtre 
et  la  dévastation.  Dans  ce  même  temps  les 
Turcs  pénétrèrent  en  Géorgie ,  par  un 
autre  côté  ,  sous  le  commandement  du 
pacha  de  Kaïs;  mais  David,  fils  aîné  de 
Georges,  marcha  contre  eux,  et,  après 
les  avoir  défaits ,  il  s'empara  de  la  forte- 
resse de  Kiiil-Tchaktchak.  La  paix  se  fit 
alors  avec  les  Turcs.  Le  souverain  de  la 
Perse  ,  Baba-Khan  ,  envoya  une  ambas- 
sade au  roi  Georges ,  lui  offrant  de  pren- 
dre ses  états  sous  sa  protection,  à  con- 
dition qu'il  lui  donnerait  pour  otage  son 
fils  aîné  David.  La  Porte ,  de  son  côté , 
lui  fit  à  peu  près  les  mêmes  offres  ;  mais 
il  craignit  d'irriter  contre  lui  les  Russes , 
qui  depuis  long-temps  convoitaient  ses 
états.  Tourmenté  encore  par  les  incur- 
sions des  Lezghis ,  il  demanda  du  secours 
aux  Russes,  et  Paul  l"  lui  envoya  deux 
régimens.  Le  prince  Jean ,  avec  le  secours 
de  ces  troupes  ,  battit  les  Lezghis  sur  les 
bords  du  fleuve  Zori ,  et  en  délivra  pour 
quelque  temps  la  Géorgie.  Georges  mourut 
eu  1800,  et  aussitôt  après  les  Russes  s'em- 
parèrent de  ses  états.  Ses  enfans,  au  nom- 
bre de  huit,  trois  garçons  et  cinq  filles, 
renoncèrent  à  l'héritage  de  leur  père. 
L'allié ,  David ,  entra  dans  les  armées  de 
l'empereur  Alexandre,  avec  le  titre  de 
lieutenant-général. 

GEORGEO^i.  Foijez  GUICHARDIN. 

•  GEORGET  (  Jean  ) ,  peintre  distin- 
gué, élève  de  David,  né  en  1763,  s'appli- 
qua d'abord  à  la  miniature  qu'il  quitta 
pour  entrer  à  Feydeau  où  il  resta  plu- 
sieurs années.  Un  accident  l'ayant  forcé 
de  quitter  le  théâtre ,  il  allait  reprendre 
la  miniature ,  lorsqu'on  lui  proposa  une 
place  de  peintre  à  la  manufacture  de  por- 
celaine de  Sèvres  :  il  s'empressa  de  l'ac- 
cepter ,  et  il  l'a  occupée  jusqu'à  sa  mort 
arrivée  le  26  mars  1823.  On  a  de  lui  deux 
ouvrages  justement  admirés;  [la  Copie 
de  Charles-Quint  et  de  François  1"  visi- 
tant les  tombeaux  de  Saint-Denis  ^  imt 
M.  Gros ,  et  celle  de  la  Femme  hydrojn- 
que  s  de  Gérard  Dow.  Le  premier  surtout 


offrait  de  grandes  difficultés  à  cause  du 
grand  nombre  de  figures  qu'il  renferme 
sur  des  plans  très  différens.  Ce  bel  ou- 
vrage appartenait  à  la  duchesse  de  Berry. 
On  trouve  des  détails  et  un  jugement  sur 
cet  artiste  dans  la  Notice  sur  l'exposition 
des  produits  des  Manufactures  rot/aies, 
1820 ,  et  dans  la  Revue  encyclopédique , 
tome  k ,  page  286 ,  et  tome  17 ,  page  ii.39. 

*  GEORGET  (  Etienne- Je  AN  ),  méde- 
cin ,  né  à  Vernon  en  Touraine  le  9  avril 
1793 ,  montra ,  dès  son  enfance ,  les  plus 
heureuses  dispositions ,  et  acquit  presque 
seul  les  connaissances  nécessaires  pour 
étudier  la  médecine.  Il  se  rendit  à  Paris 
en  1812 ,  se  distingua  dans  les  divers  con- 
cours de  l'école  et  dans  les  hôpitaux .  et 
fut  placé  d'abord  élève  interne  à  l'hôpital 
Saint-Louis,  puis  à  la  Salpétrière  soug 
M.  Esquirol.  Le  moment  étant  arrivé 
d'obtenir  le  grade  de  docteur ,  il  présenta, 
en  1819 ,  à  la  faculté  de  médecine  de  Paris 
une  thèse  remarquable  sur  les  causes  de 
la  folie.  Peu  après,  encouragé  par  les 
conseils  de  son  maitre  qui  appréciait  son 
talent ,  il  réunit  les  divers  travaux  qu'il 
avait  faits  sur  ce  sujet ,  les  compléta  par 
de  nouvelles  recherches,  et  publia,  en 
1820 ,  Traité  sur  la  folie ^  où  l'on  remarque 
une  grande  originalité  de  pensée  et  une 
force  de  style  qui  fait  oublier  d'assez  nom- 
breuses incorrections.  Avantageusement 
placé  à  la  Salpétrière  pour  bien  observer, 
il  recueillit  un  grand  nombre  de  faits  sur 
les  maladies  nerveuses ,  et  principalement 
sur  l'épilepsie  et  l'hystérie  ,  et  voulut  d'a- 
bord ne  publier  ses  observations  que  sous 
la  forme  d'un  Mémoire;  mais  le  sujet  se 
développant  devant  lui  à  mesure  qu'il 
écrivait ,  il  composa,  dans  l'espace  de  peu 
de  mois  ,  un  ouvrage  important  en  2  vo- 
lumes ,  intitulé  :  Physiologie  du  système 
nerveux  et  spécialement  du  cerveau, 
suivie  de  Rechei'ches  sur  les  maladies 
nerveuses  en  générale  et  en  particulier 
sur  le  siège ^  la  7iature  et  le  traitement 
de  l'épilepsie ,  de  l'hystérie,  de  l'hypo- 
condrie, de  l'asthme  convulsif.  qu'il  pu- 
blia en  1821.  On  y  trouve  partout  une 
observation  étendue  et  bien  dirigée,  des 
réflexions  neuves  et  justes ,  des  consé- 
quences hardies.  L'auteur  aurait  complè- 
tement réussi  s'il  eût  classé,  avec  plus 
d'ordre  et  de  méthode,  les  diverses  par- 
ties de  son  ouvrage.  Il  a  cherché  aussi 
peut-être  trop  à  subordonner  la  méta- 
physique à  la  physiologie ,  ce  qui  l'amène 
quelquefois  à  de  singuliers  rapproche- 
meos;  comme  par  exemple  à  celui  du 


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sysièmc  psycologiquc  tic  Kent,  système 
ilo  plaUmlsmc  tout  Uanscendaiit,  avec  le 
systômc  organique  du  docteur  Gall.  Le 
docteur  Geor(jft  a  encore  rédigé  tous  les 
arlities  des  maladies  nerveuses  et  men- 
lales  dans  le  nouveau  Dictionnaire  de 
médecine  ,  et  des  articles  très  inlcrcssans 
sur  diverses  questions  médico-légales  re- 
latives aux  aliénations  mentales,  dans 
les  archives  générales  de  médecine.  C'est 
à  son  zèle  que  ce  journal  dut  ses  premiers 
Succès.  Au  commencement  de  18iJ8 ,  il 
fut  attaque  d'une  affection  pulmotiaire, 
dont  il  avait  déjà  éprouvé  quelques  at- 
teintes ,  et  les  progrès  en  furent  si  ra- 
pides qu'elle  le  conduisit  au  tombeau 
dans  l'espace  de  4  mois.  Craignant  que 
ses  ouvrages  sur  Us  fonctions  intellec- 
tuelles du  cerveau  ne  favorisassent  dans 
quelques  esprits  une  tendance  matérialiste, 
il  rédigea  ,  peu  de  jours  avant  sa  mort , 
une  rétractation  de  ses  opinions  philoso- 
phiques qui ,  d'après  sa  volonté,  a  été  lue 
sur  sa  tombe.  Voici  la  liste  de  ses  pio- 
duclions  :  |  Des'  névroses  ou  maladies 
netveuscs.  extraits  du  Dici  ionnaire  de  mé- 
decine, in-8";  I  Pliijsiologiedusystèmener- 
veujf.  el  principalement  du  cerveau,  etc. 
Paris,  1821  ,  2  vol.  in-S";  |  De  la  folie  ,  ou 
aliénation  mentale ,  extrait  du  Diction- 
naire de  médecine,  Paris,  1823,  in-8"; 
I  De r hypocondrie  et  de  V hystérie,  extrait 
du  Dictionnaire  de  édcc'mc ,  Paris  , 
i&lk ,  in-S"  ;  I  Examen  médical  des  pro- 
cès criminels  des  nonunés  Léger,  FeUlt- 
raann,  Lecouffe,  Jean-Pierre  et  Papa- 
voine ,  suivie  de  considérations  médico- 
légales  sur  la  liberté  morale  .  Paris  ,  1825, 
in-S"  ;  I  Discussion  médico-légale  sur  la 
folie  ou  aliénation  mentale  ,  suivie  de 
l'examen  du  procès  d'f/enriette  Cornier ^ 
et  de  plusieurs  autres  procès  ,  dans  les- 
quels cette  maladie  a  été  alléguée  comme 
moyen  de  défense,  Paris,  1826,  in-ô"; 
Des  maladies  mentales  ,  considérés  dans 
leurs  rapports  avec  la  législation  civile  . 
Paris,  1827,  in-8'';  |  Aouvclle  discussion 
sur  te  même  sujet .  Paris,  1828,  in-8". 

CKOIIGIEWITZ  (  BiRTnKLEMi  ) ,  hon- 
grois, versé  dans  les  langues,  florissait 
flans  le  16^  siècle  ,  visita  les  lieux  saints, 
cl  fut  détenu  captif  pendant  13  ans  chez, 
les  Turcs.  Nous  avons  de  lui  plusieurs 
ouvrages  :  |  De  Turcorum  ritu  et  cccre- 
moniis .  Paris,  1545,  in-12.  Don  Mont- 
faucon  en  faisait  grand  cas.  |  Disputafio 
de  fuie  christiana.  etc.  Vienne,  1547. 
(  De  af/lictione  christianorum  captivo- 
rum  sub  Turcico  jugo ,  avec  fig. ,  Worms, 


1545  ,  in  <S  .  I  11  a  traduit  de  la  langue 
perse  en  latin  un  ouvrage  singulier,  et 
<|ui  pourrait  bien  être  une  prophétie  : 
Prognome  scu  prœsagium  mahometano- 
rum  ,  primxim  de  christianorum  calami- 
tatibus ,  deinde  de  suœ  gentis  interitu , 
Bâle.  1551,  in-8". 

GÉRA.LDIM  (  Ai.f.xa:«dre  ),  premier 
évéque  de  Saint-Domingue  ,  naquit  en 
1455  à  Auiélia  en  Ombrie.  Issu  d'une  fa- 
mille distinguée,  il  embrassa  d'abord  la 
carrière  des  armes,  servit  dans  let  ar- 
mées d'Isabelle  de  Caslille,  et  occupa  en- 
suite, àla  cour  de  celte  princesse,  plusieurs 
emplois  distingués.  £n  1472  ,  il  se  voua 
à  l'étal  ecclésiastique;  à  cette  même  épo- 
que ,  Christophe  Colomb  vint  offrira  la 
cour  de  Castille  son  projet  d'aller  à  la  de- 
couverte  d'un  nouveau  monde.  Géraldini 
fut ,  avec  le  cardinal  de  Alendoza,  un  de 
ceux  qui  contribuèrent  le  plus  à  faire 
agréer,  le  projet.  Cette  expédition  ayant 
obtenu  un  heureux  résultat ,  Géraldini  fut 
nomnîc  évéque  de  Saint-Domingue,  après 
avoir  rempli  plusieurs  missions  impor- 
tantes dans  les  différentes  cours  de  l'Eu- 
rope. Arrivé  à  Saùit-Domingue,  en  1520, 
il  s'occupa  à  faire  fleurir  la  religion  dans 
sa  nouvelle  église ,  et  mourut  au  milieu 
de  ses  travaux  apostoli'.;ues,  en  1525.  On 
a  de  ce  prélat  un  Itinerarium  ad  regioncs 
sud  cequinoctialiplaga  constitutas  Alexan- 
dri  Géraldini^  etc.  :  opus  antiquitates , 
ri  tus .  mores  et  religiones  popidorum 
Kthiopiœ ,  Africœ.  atlantici  Oceani ,  In- 
diarumque  regionum  complectens .  etc. 
Rome ,  1G51 ,  1  vol.  in-12.  Cette  relation 
es*  dédiée  au  pape  Urbain  VIII.  L'inté- 
rieur de  l'Afrique  étant  très  peu  connu 
du  temps  de  Géraldini ,  on  ne  doit  pas 
s'étonner  que  ce  qu'il  en  dit  manque 
d'exactitude  ;  mais  i)Our  les  détails  sur 
les  Antilles ,  ils  sont  vrais  et  curieux.  On 
a  encore  de  lui  plusieurs  Traités  de  théo- 
logie. 

'  GÉRALDIM  (  Ai«Toi:«E  ),  frère  aîné 
du  précèdent ,  est  connu  par  les  ouvrages 
suivans  :  |  Eclogœ  XII  de  mysteriis  vi- 
tœJ.-C,  Salamanquc,  1505,  in  4"  ;  \  Pcr- 
nitentialis  psalmodia .  1486 ,  in-S".  (es 
écrits  sont  en  vers  latins. 

GKRA.\  (saint  ).  t'oyez  GUICHE. 

GÊU.VIID  :  c'est  le  nom  de  trois  saint» 
personnages,  dont  Ic'l"  fut  tire  du  sémi- 
naire des  clercs  de  C-olognc ,  pour  gou 
verner  l'égliic  de  Toul  en  %3  :  il  occupa 
ce   siège  avec  édification  l'c-;  '      '{ 

ans.  Le  2*,  dal)ord  moine  de  - 
puis  premier  al>bc  de  Brogru- 


GER 


418 


GER 


de  Namur,  mourut  en  9Î)9.  Le  3',  mort 
en  1138,  était  frère  de  saint  Bernard  et 
religieux  de  Corbie.  Les  légendes  de  Hon- 
grie font  aussi  mention  d'un  saint  Gérard, 
martyr,  précipité  du  haut  d'une  monta- 
gne voisine  de  Bude,  où  l'on  voit  une 
cliapelle  bâtie  en  son  honneur.  On  peut 
voir  dans  l'ouvrage  de  l'élégant  et  judi- 
cieux Isthuanli  :  De  rébus  Pannonicis , 
diverses  particularités  touchant  ce  saint, 
et  nommément  un  genre  de  punition 
tout-à-fait  singulier ,  attaché  aux  desceii- 
dans  de  l'auteur  de  sa  mort.  On  en  cite  un 
autre  qui  après  avoir  passé  quelques  an- 
nées dans  un  rponastère  de  Venise  ,  voulut 
faire  le  voyage  de  la  Terre-Sainte  ;  mais 
en  traversant  la  Hongrie,  il  fut  retenu 
par  Etienne  roi  de  cette  contrée,  et  reçut 
un  évêché. 

GERARD.  Fbye^  GERHARD. 

GERARD  TOM  ou  TUNG  ou  TEUQUE, 
né  en  1040  dans  l'île  de  Martigues  en  Pro- 
vence, suivant  quelques  écrivains,  était 
plus  vraisemblablement  d'Amalfi.  Il  fut 
l'instituteur  et  le  premier  grand-maître 
des  frères  hospitaliers  de  Saint-Jean  de 
Jérusalem  ^  connus  aujourd'hui  sous  le 
nom  de  chevaliers  de  Malte.  Cet  ordre 
commença  dès  le  temps  où  la  ville  de  Jé- 
rusalem était  encore  en  la  puissance  des 
infidèles.  Des  marchands  d'Amalfi  en 
Italie  obtinrent  la  permission  de  bâtir , 
vis-à-vis  l'église  du  Saint-Sépulcre,  un 
monastère  de  bénédictins  ,  où  les  pèlerins 
pussent  trouver  l'hospitalité.  L'abbé  de  ce 
monastère  fonda  en  1080  un  hôpital,  dont  il 
donna  la  direction  à  Gérard,  homme  recom- 
mandable  par  sa  piété.  Ce  saint  homme 
prit  un  habit  religieux  l'an  1100,  avec  une 
croix  de  toile  blanche  à  huit  pointes  sur  l'es- 
tomac. Il  donna  cet  habit  à  plusieurs  per- 
sonnes qui  s'engagèrent  dans  cette  so- 
ciété ,  et  firent  les  trois  vœux  de  chasteté  . 
de  pauvreté  et  d'obéissance ,  avec  un  vœu 
particulier  de  secourir  les  chrétiens  par 
les  armes.  Ces  religieux  obtinrent  de 
grands  privilèges  dès  leur  naissance. 
Anastase  IV  les  confirma  en  1154  par  une 
bulle ,  dans  laquelle  il  leur  permet  de  re- 
cevoir des  clercs  pour  faire  l'office  divin  et 
administrer  les  sacremens ,  et  des  laïques 
de  condition  libre  pour  le  service  des  pau- 
vres :  telles  sont  les  trois  sortes  de  person- 
nes qui  composent  l'ordre  de  Saint-Jean 
de  Jérusalem:  \&i  frères  chevaliers,  les 
clercs  et  les  frères  servons.  Le  saint  fon- 
dateur mourut  en  1120,  et  eut  pour  suc- 
cesseur Raymond  du  Puy.  L'abbé  Vertot 
a  écrit  Y  Histoire  de  cet  ordre,  royez 


VERTOT.  De  Hait/.e  a  écrit  la  Fie  de 
Gérard,  Aix,  1730,  in-12. 

GERARD  LE  GRAND  ou  GROOT,  cé- 
lèbre par  ses  vertus,  ses  écrits  et  ses  ser- 
mons, naquit  à  Deventer  en  1340,  et 
mourut  en  1384 ,  à  44  ans.  Il  institua  les 
clercs-réguliers  ,  appelés  les  frères  de  la 
Vie  commune ,  parce  que  sans  s'engager 
par  aucun  vœu ,  ils  demeuraient  ensem- 
ble et  se  procuraient  par  leur  travail ,  qui 
consistait  principalement  à  copier  les  li- 
vres des  saints  Pères,  et  à  les  corriger 
sur  des  anciens  manuscrits,  tout  ce  qui 
était  nécessaire  pour  leur  entretien,  sans 
qu'aucun  se  réservât  rien  en  particulier. 
Gérard  établit  aussi  ime  congrégation  do 
filles ,  qui ,  après  leurs  exercices  spiri- 
tuels ,  s'occupaient  à  des  ouvrages  conve- 
nables à  leur  sexe.  Il  y  en  eut  plusieurs 
monastères  dans  les  Pays-Bas ,  dirigés 
par  les  clercs  de  la  même  congrégation. 
Il  donna  pour  directeur  avant  de  mourir , 
à  ses  disciples ,  Florent  Radewyns ,  de 
Deventer,  qui  a  été  le  maître  spirituel 
de  Thomas  à  Kempis  (  voyez  STAN- 
DONCK  ).  Plus  de  la  moitié  de  leurs  mai- 
sons furent  ruinées  par  les  protestans  de 
Hollande  et  d'Allemagne  dans  le  16' 
siècle.  Celte  congrégation  ,  approuvée  en 
1576  par  Grégoire  XI ,  subsiste  encore 
avec  honneur  à  Cologne  ,  à  Wesel  et  ail- 
leurs. Gérard  avait  été  chanoine  d'Aix- 
la-Chapelle  et  d'Utrecht;  mais  le  désir  de 
la  solitude  lui  fit  quitter  ces  bénéfices. 
Nous  avons  de  lui  plusieurs  livres  de 
piété,  dont  quelques-uns  sont  imprimés 
parmi  les  œuvres  de  Thomas  à  Kempis  ; 
ils  en  ont  souvent  l'onction  et  l'adnùrable 
simplicité;  Cologne,  1660,  in-8°,  tom.  3  ; 
la  plupart  des  autres  sont  restés  manu- 
scrits. 

GÉRARD  (Balthasab),  né  à  Vuillafans 
en  Franche-Comté  en  1588,  ayant  appris 
que  Philippe  II ,  roi  d'Espagne ,  avait  mis 
à  prix  la  tête  de  Guillaume ,  prince  d'O- 
range, chef  de  la  révolte  des  Pays-Bas, 
s'imagina  qu'il  était  chargé  d'exécuter  cet 
arrêt.  De  fausses  idées  qu'il  s'était  faites 
des  avantages  que  la  religion  et  l'état  re- 
tireraient de  la  mort  du  prince  proscrit , 
en  exaltant  son  imagination  ,  achevèrent 
d'égarer  son  esprit.  Un  jour  que  le  prince 
sortait  de  son  palais  à  Delft,  Gérard  le 
tua  d'un  coup  de  pistolet,  chargé  de  trois 
balles.  Dès  que  le  meurtrier  eut  été  ar- 
rêté, il  demanda  du  papier  et  une  plume 
pour  écrire  tout  ce  qu'on  voulait  appren* 
dre  de  lui.  Il  déclara  que,  depuis  six  ans, 
ii   avait  résolu  de   donner  la  mort  au 


GER 


M9 


GER 


prîace  d'Orange  cl  des  hor«5li<iuc$  rebelles, 
ivoua  que  si  le  prince  vivait ,  il  le  tuc- 
ii  encore  ,  dût-on  lui  faire  souffrir  mille 
tortures.  Apres  avoir  t-ti-  applique  à  la 
question ,  on  pronon^-a  la  scnlcnrc  de 
mort.  Elle  portait  qu'on  lui  brûlerait  la 
main  droite  avec  un  fer  rouge ,  et  les  par- 
lies  cliarnues  avec  des  tenailles;  qu'on 
80ui)erail  ensuite  son  corps  vivant  en 
quatre  quartiers;  qu'on  lui  ouvrirait  le 
ventre,  et  qu'après  lui  avoir  arraché  le 
cœur,  on  lui  en  battrait  le  visage;  enfin 
qu'on  lui  couperait  la  tcle.Cct  arr^t  fut 
exécuté  le  14  juillet  158't,  sans  que  le 
jeune  homme  jetât  un  soupir.  Philippe  II 
anoblit  tous  les  descendans  de  sa  famille. 
Nous  n'imiterons  ni  les  hortimes  inconsi- 
dérés, qui  ont  donné  des  éloges  à  l'action 
Gérard ,  ni  les  philosophes  iuconséquens 
de  ce  siècle,  dont  plusieurs  prêchent, 
avec  Raynal,  l'assassinat  des  rois,  et  par- 
lent avec  une  horreur  factice  et  hypo- 
crite de  l'exécuteur  d'un  arrêt  prononcé 
par  un  roi  légitime  contre  un  sujet  rebelle, 
qui  ne  se  recrient  pas  lorsque  la  tête  d'un 
prince  ,  légitime  successeur  du  trône,  est 
mise  à  prix  en  Angleterre  (  en  1746  ) , 
et  qui  font  un  crime  à  Philippe  d'avoir 
proscrit  un  chef  de  rébellion.  Tout  ce 
qu'on  peut  dire  de  plus  raisonnable ,  de 
plus  conforme  aux  principes  du  droit  des 
gens  et  de  l'équité  naturelle  ,  c'est  que  la 
révolte  des  Pays-Bas  ayant  déjà  pris  une 
espèce  de  consistance,  et  son  chef  parais- 
sant en  possession  de  l'indépendance  ,  la 
nouvelle  constitution  du  gouvernement 
étant  à  quelques  égards  affermie  ,  la  puis- 
sance législative  de  l'ancien  souverain  res- 
lait  sans  activité  et  sans  force ,  et  ne  pouvait 
par  conséquent  autoriser  une  action  qui , 
dans  un  tel  état  des  choses,  el  surtout 
parles  circonstances' qui  en  précédèrent  et 
accompagnèrent  l'exécution,  fui  regardée, 
au  moins  par  les  étrangers ,  comme  un  as- 
sassinat. Trois  écrits  furent  publiés  dans 
le  temps  en  l'honneur  de  Gérard  :  l'un  en 
français ,  l'autre  en  latin  et  un  3'  en  ita- 
lien et  en  vers  :  ils  ont  été  insérés  dans 
Muse  Toscane  di  diversi  nobilissimi  m- 
çeçnidc  Borgogno,  etc.,  Bergame,  1394  , 

GÉRARD  (  Jbk^  ) ,  théologien  luthé- 
rien ,né  à  Qaedlimbourg  en  1582,  ensei- 
gna la  théologie  à  léna  avec  réputation. 
On  a  de  lui  grand  nombre  cl'ouvrages. 
Le^  prinripaux  sont:  !  des  Afrtix  communs 
de  ta  Théologie  ;  \  la  Confession  catholi- 
que; I  V  Harmonie  des  quatre  Evangé- 
tûtes .  Genève ,  1646,  S  vol.  in-folio  ;  |  des 


Commentaires  sur  la  Genèse,  sur  le  D«j- 

téronomc .  sur  les  EpUrrs  de  saint  Pierre 
et  sur  i .ipocnlypsc.  Il  mourut  en  1637. 

GiinvUl)  (  Jeam),  savant  luthérien, 
professeur  en  théologie  et  recteur  de  Ta- 
cadéinie  d'Iéna,  sa  patrie,  ntountl  en 
1668,  à  57  ans.  On  a  de  lui  :  |  une  !far- 
monie  des  langues  orientales  ;  \  un  Traité 
de  l'tu/lise  cophte ,  et  d'autres  ouvrages 
estimés.  — Jean  Erxest  GÉUARD,  son 
(ils.  marcha  sur  les  traces  de  son  père. 

*riÉllVRD(  Alexandhe),  ministre  de 
l'église  d'Ecosse,  né  en  1728,  dan*  le 
comté  d'Aberdeen ,  mort  le  22  février 
I71».S,  embrassa  l'étal  ecclésiastique,  et 
pntfcssa  la  philosophie  naturelle  el  expé- 
rimentale au  collège  Maréchal ,  puis  la 
théologie  au  collège  royal  de  l'université 
d'Aberdeen.  On  a  de  lui  :  |  un  Essai  sur 
le  goût .  5'  édition,  1780,  traduit  en  fran- 
çais sur  la  2*  édition  par  Eidous,  qui  y  a 
ajouté  trois  dissertations  sur  le  même  su- 
jet. I  Dissertations  sur  des  sujets  relatifs 
au  génie  et  aux  preuves  du  christia- 
nisme, Aberdeen,  1766  et  1774,  in- 8"; 
I  un  Essai  sur  le  génie ,  ibid.  1780",  in-S", 
I  des  sermons.  1780-82,  2  vol.;  |  les  de- 
i'oirs  du  pasteur,  publiés  en  1799,  par 
GiLBEitT  GÉRARD  son  fils ,  et  son  succev 
scur  dans  la  chaire  de  théologie.  On  doil 
à  ce  dernier  un  extrait  de  ses  leçons ,  qu'il 
a  publié  sous  ce  titre  :  /nstitutes  ofbibli- 
cal criticism ,  etc.  ouvrage  plein  d'érudi 
tion.  Quelques-uns  des  écrits  d'Alexandre 
Gérard  ont  été  traduits  dans  différentes 
langues. 

•  GÉRARD  (  Philippe -Locis),  cha- 
noine de  St. -Louis  du  Louvre,  naquit  à 
Paris  en  1737,  d'une  famille  honnête, 
mais  peu  aisée ,  qui  lui  lit  faire  néan- 
moins ses  études  au  collège  de  Louis  le 
Grand.  Doué  d'une  imagination  vive, 
d'une  sagacité  rare,  il  se  livra  avec  une 
égale  ardeur  à  l'étude  des  lettres  et  au 
monde,  dont  les  dangereuses  illusions, 
comme  il  l'avoue  lui-  même ,  l'égarèrent 
un  moment  ;  mais  ayant  eu  le  bonheur  de 
connaître  l'abbé  le  Gros,  alors  chanoine 
de  la  Sainte -Chapelle,  il  reconnut  s<  u 
erreur ,  el  pour  se  consacrer  enlièremen; 
el  sans  retour  au  service  de  Dieu,  il  em- 
brassa l'état  ecclésiastique,  donl  il  rem- 
plit, pendant  sa  longue  carrière,  les  au- 
gustes fonctions  avec  autant  d«  tèle  que 
de  succès.  Il  fui  un  des  ecdéaiaatiqnes  o 
qui  l'Assemblée  du  dergé  de  1778  déeeraa 
des  honneurs  et  de»  eneonragemcn»  pour 
avoir  pris  la  défense  de  la  religion.  C'i'- 
tait  un  titre  pour  être  persécuté  pendant 


GER 

la  révolution.  Il  le  fut  effectivement,  et 
resta  long-temps  en  prison.  Rendu  à  la 
liberté,  il  alla  passer  dans  la  retraite  le 
reste  de  sa  vie ,  et  mourut  le  2i  avril  1813. 
On  lui  doit  :  |  Le  comte  de  p^almont  ^  ou 
Les  égarcmens  de  la  raison,  qu'il  publia 
d'abord  en  3  vol.  ensuite  en  5  ;  enlin  6  vol. 
y  compris  la  Théorie  du  bonheur,  et  qui 
a  eu  plus  de  20  éditions.  Celte  production, 
d'un  ordre  aussi  relevé  que  utile,  en  as- 
s\nant  à  l'abbé  Gérard  des  titres  certains 
à  la  gloire  d'un  écrivain  très  distingué, 
lui  a  acquis  des  droits  incontestables  à  la 
reconnaissance  de  tous  les  amis  de  la 
religion  et  des  mœurs.  L'auteur,  dit  un 
écrivain  judicieux ,  «  y  montre ,  dans  une 
^  agréable  fiction,  les  écarts  d'un  jeune 
»  homme  entraîné  par  ses  passions  et  par 
»  des  sociétés  pernicieuses,  et  y  établit 
»  les  preuves  qui  ramènent  tôt  ou  tard  à 
»  la  religion  un  esprit  droit  et  un  cœur 
»  vertueux.  »  C'est  le  meilleur  livre  qu'on 
jniisse  mettre  entre  les  mains  des  jeunes 
gens  pour  les  prémunir  contre  la  philo- 
sophie moderne.  Peut-être  faudrait-il  dé- 
sirer le  retranchement  de  quelques  pas- 
sages dans  lesquels  les  passions  sont 
peintes  de  manière  à  amollir  le  cœur. 
I  Les  leçons  de  l'histoire ,  ou  Lettres  d'un 
père  à  son  fils  sur  les  faits  inléressans 
de  l'histoire  universelle,  1786-1806 ,  1 1  vol. 
in-12.  Les  premiers  volumes  de  cet  ou- 
vrage sont  accompagnés  de  savantes  dis- 
sertations qui  offrent  autant  d'érudition 
(jue  de  critique  :  les  derniers  ,  qui  termi- 
nent l'histoire  ancienne  jusqu'à  Jésus- 
{'-iirist ,  paraissent  traités  avec  moins  de 
soin.  I  h' Esprit  du  christianisme ,  pré- 
cédé d'un  précis  de  ses  preuves  et  suivi 
d'un  plan  de  conduite  ^  Paris ,  1803 ,  in- 
IJ;  I  des  mémoires  sur  sa  vie,  suivis  de 
viélanges  en  prose  et  en  vers,  Paris, 
1810,  in-12.  Il  n'est  pas  certain  que  cet 
ouvrage  soit  de  l'abbé  Gérard;  |  des  ser- 
vions jjour  l'avenl .  le  carême  et  les  prin- 
cipales fêtes  de  l'année ,  Lyon,  1814-16, 
h  vol.  iu-12.  On  trouve  à  la  lin  du  h^  vo- 
lume un  panégyrique  de  saint  Charles. 
Gérard  a  laissé  plusieurs  ouvrages  iné- 
dits :  le  plus  important  de  ceux-ci  a  été 
publié  sous  le  titre  suivant  :  Essai  sur  les 
vî'uis  principes  relativement  à  nos  con- 
naissances les  plus  importantes .  Paris , 
4826,  5  vol.  in -8°,  avec  le  portrait  de 
l'auteur. 

•GÉRARD  (Louis),  médecin  et  botaniste 
correspondant  de  l'institut ,  né  en  1733  à 
Cotignac  (  Var  ),  travailla  toute  sa  vie  avec 
beaucoup  de  zèle  à  l'étude  des  différentes 


AÎO  GER 

branches  de  l'histoire  naturelle.  Il  procla- 
ma le  premier  les  affinités  despla7itesda.n3 
l'ouvrage  intitulé  :  Ludovici  Geraldi  flora 
galloprovincialis ,  Paris,  1761 ,  in-8°  ;  sys- 
tème dont  l'idée  première  appartient  à 
Bernard  de  Jussieu  qui  l'avait  établi  dès 
1759  dans  le  jardhi  de  Trianon  à  Versail- 
les. On  doit  encore  à  Gérard  un  gra-.id 
nombre  de  mémoires  et  des  morceaux 
plus  ou  moins  étendus,  insérés  dans  le 
Magasin  encyclopédique ,  dans  le  Jour- 
nal du  Var .  dans  les  Recueils  de  la  so- 
ciété d'émulation  de  ce  département, 
dans  ceux  de  l'académie  des  Sciences. 
On  en  peut  voir  la  liste  dans  la  table  du 
Magasin  encyclopédique  par  M.  Sajou,  t. 
2.  p.  245  et  246,  et  dans  la  Bibliographie 
de  la  France ,  année  1822,  p.  421-422. 
Gérard  avait  envoyé  à  l'académie  des  (^ 
servations  sur  la  traduction  de  Pline, 
par  Poinsinet  de  Sivry,qui  sont  restées 
inédites  ;  il  a  eu  part  aux  mémoires  de 
Joseph  Bernard  sur  l'histoire  naturelle 
de  l'olivier,  et  a  fourni  au  Père  Papou 
pour  son  Histoire  générale  de  Provence 
la  desciiption  des  arbres  et  des  plantes 
les  plus  remarquables  de  cette  province. 
Gérard  est  mort  dans  son  lieu  natal  en 
1819. 

*  GERARD  DE  MELCY  (  Claude-Frax- 
çois) ,  anf;ien  avocat  et  procureur  au  par- 
lement de  Paris,  né  en  1747  à  Clermont 
en  Argonne,  mort  en  1817  près  de  Varen- 
nes,  n'est  connu  que  par  les  ouvrages 
anonymes  suivans  :  \  Réflexions  sur  les 
établissemens  de  bienfaisance ,  contenant 
des  vues  sur  les  moyens  de  perfectiomter 
l'administration  et  la  distribution  des  se- 
cours, Paris,  1800,  in- 8°;  |  Abrégé  mé- 
thodique des  lois  civiles  et  du  droit  ccrm- 
înun  de  la  France^  Paris,  1805,6  voL 
in-8°. 

♦  GERARD  DE  RAYNEVAL  (  Joseph- 
Mathias  ) ,  diplomate ,  naquit  en  1756. 
Il  fut  d'abord  employé  dans  plusieurs 
missions  politiques  en  qualité  de  secré- 
taire d'ambassade  ;  et  exerça  ensuite  pen- 
dant 20  ans  la  place  de  chef  de  division 
au  ministère  des  affaires  extérieures.  En 
1783,  il  avait  été  chargé  des  intérêts  de 
l'Espagne,  aux  conférences  qui  eurent 
lieu  pour  la  paix  faite  à  cette  époque  :  la 
cour  de  Madrid  le  récompensa  des  ser- 
vices qu'il  lui  rendit ,  par  la  décoration  de 
l'ordre  de  Charles  III.  En  1786  il  concou- 
rut au  traité  de  commerce  que  la  France 
fit  avec  l'Angleterre,  ainsi  qu'à  d'autres 
négociations  importantes.  Il  est  mort  à 
Paris ,  après  avoir  publié  quelques  ou- 


GER 


4âi 


G  EU 


vra^jes  cslîmt^s,  dont  los  principaux  sont: 
I  Institution  an  droit  public  d" Allemagne . 
Leipsirk.  176G,  iii-8"  ;  |  le  Partage  de  la 
Pologne  en  sept  dialogues  ,  traduit  de  l'an- 
glais, 1775.  in-8°;  |  Observations  sur  le 
mémoire  justificatif  de  la  cour  de  Lon- 
dres.  Paris.  I7sri,  in-4"  et  in-8"  ;  |  Prin- 
cipes du  commerce  entre  les  nations .  tra- 
duits de  lanjîlais de  Vaughan ,  Paris,  1780, 
in-8'  ;  |  Institution  au  droit  de  la  nature 
et  des  gens.  Paris,  1803,  in-S"*  ;  (  de  la 
Lihrrté  des  mers.  1811,  in -8";  |  ave<; 
rffffcl  et  Bourgoing ,  Géographie  univer- 
selle .  traduite  de  l'allemand  de  Busching. 
Strasbourg,  1768-79,  14  vol.  in-8".  lia 
laissé  en  manuscrit  un  Commentaire  sur 
Machiavel,  où  il  s'attache,  dit-on,  à  jus- 
tifier la  mémoire  de  cet  écrivain,  en  sou- 
tenant que  sa  politique  n'a  pas  été  bien 
comprise,  et  que  ses  maximes  ont  été 
mal  interprétées. 

•  GER.VRDIX  (  SÉnASTiE\  ) ,  natura- 
liste, né  àMirecourt  en  1751  ,  et  mort  en 
1816  ,  a  publié  :  |  un  Tableau  élémentaire 
de  botanique,  oii  l'on  trouve  les  systèmes 
de  Tournefort  et  de  Linnée  .  et  les  famil- 
les naturelle  s  de  Jussieu,  1803 ,  in-8".  fig.  ; 
I  un  Tableau  élémentaire  d'ornithologie. 
ou  Histoire  naturelle  des  oiseaux  que 
Ton  rencontre  commxnièment  en  France, 
suivie  des  moyens  d'en  former  des  collec- 
tions .  1801  ,  12  vol.  in-8",  et  atlas  ;  |  un 
j:ssai  de  physiologie  végétale.  Paris, 
1810 ,  2  vol.  in-8°,  fig.  Il  ne  faut  pas  le 
confondre  avec  René-Locis  GERARDIN, 
mort  vers  1808 ,  auteur  de  La  composi- 
tion des  paysages .  ou  Moyens  d'embellir 
la  nature  autour  des  habitations  .  illl , 
in-8°  ;  4'  édition  .  1803 ,  in-8", 

GÉRASIME(  saint  ),  solitaire  de  Lycie, 
après  à\-(Ar  mené  long-temps  une  vie 
«'•rémiliquc  dans  son  pays  ,  passa  ensuite 
en  Palestine  ,  où  il  se  laissa  surprendre 
par  Théodose,  moine  vagabond,  qui  lui 
inspira  les  erreurs  d'Eutychès.  Le  saint 
abbé  Euthyme  lui  ouvrit  les  yeux,  et  sa 
faute  ne  servit  qu'à  le  rendre  plus  humble, 
plus  vigilant  et  plus  pénitent  que  jatnais. 
h  bâtit  ensuite  une  mai'^on  de  70  cellules, 
près  du  Jourdain  ,  dans  laquelle  il  fmit 
saintement  sa  vie,  aicc  un  grand  nombre 
de  solitaires  ,  le  5  mars  /i73  ,  dans  im  âge 
avancé.  La  prière  et  la  méditation  des 
vérités  éternelles  remplirent  entièrement 
•es  dernières  années.  L'auteur  duPratum 
spirituale  dit  qu'il  guérit  un  lion  qui  s'é- 
tait enfoncé  une  forte  épine  dans  le  pied, 
que  cet  animal  lui  resta  attache,  et  mourut 
de  regret  après  avoir  perdu  son  maître. 
S. 


GERAUD  ou  GERARD  (  saint  ),  Gérât- 
dus.  moine  de  Corbic,  abbé  de  Saint-Vin- 
cent de  I>aon  ,  puis  de  Saint-Médard  de 
Soissons,  et  enfin  premier  abbé  du  Saint 
Sauve,  près  de  Bordeaux,  mourut  le  5 
avril  lOlK).  Sa  vie  avait  été  sainte .  sa 
mort  lu  fut  aussi.  Il  a  laissé  une  l'ie  du 
saint  Adalhard.  insérée  dans  les  Jeta 
sanclorum. 

GERAUD  (  saint  ) ,  comte  et  baron 
d'Aurillac ,  fonda  l'abbaye  d'Aurillac, 
ordre  de  saint  Benoit  ,  en  894  ,  cl  mourut 
le  13  octobre  909.  11  fut  le  père  des  pau- 
vres et  l'exemple  des  solitaires. 

GERBAIS  (Je\>),  né  en  1029  à  Rupois, 
vjllage  du  diocèse  de  Reiuis ,  docteur  de 
Sorbonne  en  1661,  professeur  d'éloquence 
au  collège  royal  en  1662,  mort  en  1699  ,  à 
70  ans,  avait  un  esprit  vif  et  pénétrant. 
On  a  de  lui  plusieurs  ouvrages  en  latin  et 
en  français  ;  les  premiers  sont  mieux  écrits 
que  les  seconds.  Les  principaux  sont  :  |  un 
traité  De  causis  majoribus.  Paris,  in-4.'*, 
1679 ,  pour  prouver  que  les  causes  des 
évoques  doivent  être  jugées  en  première 
instance  par  le  métropolitain  et  par  les 
évoques  de  la  province.  Ce  traité  déplut 
à  la  cour  de  Rome,  non-seulement  par 
les  assertions  qu'il  contenait  sur  les  liber- 
tés de  l'église  gallicane ,  mais  aussi  par  la 
manière  dure  dont  elles  étaient  exprimées. 
Innocent  XI  le  cotidamna  en  1680.  L'As- 
semblée du  clergé  de  l'aniu'c  suivante  or- 
donna à  Gcrbais  d'en  publier  une  nouvelle 
édition  corrigée  ,  pour  donner .  dit  l'abbé 
Carrai ,  dans  son  Dictionnaire  critique. 
quelque  satisfaction  à  la  cour  de  Rome, 
qui  n'en  aurait  dà  recevoir  aucune.  Qu'en 
sait-il,  et  de  quel  droit  se  méle-t-il  de  con- 
damner la  conduite  d'un  corps  si  respecta- 
ble, qui  sans  doute  savait  ce  qu'il  devait  et 
ce  qu'il  ne  devait  pas  au  siège  de  Pierre 
I  Un  Traité  du  pouvoir  de  l'église  et  des 
princes  sur  les  empéchcmens  du  mariagél 
L'auteur  y  prouve  contre  Launoy,  que  l'E- 
glise a  toujours  usé  du  pouvoir  de  con- 
stituer lesempéchemensdirimans  {voyez 
LAUNOY).  Raccorde  cependant  aussi  aux 
princes  le  pouvoir  d'établir  de  tels  em- 
péchemens  :  sentiment  qui  a  été  défendu 
encore  par  d'autres  catholiques,  mais  qui . 
comme  le  remarque  un  savant  throlo};ii  r» 

de  ce  siècle,  ne  résiste  pas  à  une  très  siri>- 

ple,  mais  invincible  obsarvatioa.  «  Il  nie 

•  went  en  idée  (  écrit-il  à  M.  Ricci ,  évf- 
»  que  de  Pistoie  ),  que  les  en 

»  mains  ont,  sans  besoin,  inii 
»  l'Asie  et  l'Afrique  du  sang  (11- 

•  leurs  sajels,  dansTimique  vue  d'extirper 

56 


GER  45 

»  la  religion  clirétienne.  Car  une  senle  loi 
»  qui,  en  vertu  de  leur  droit  inhérent  et 
»  notoire,  eût  statué  que  la  confession  du 
»  christianisme  était  un  empêchement  di- 
»  rimant  le  mariage  ,  sufiisait  pour  faire 
"  oublier,  à  la  fin  d'une   «jénération ,  le 
y-  nom  adoré  de  Jésus-Christ,  sans  verser 
»  une  goutte  de  san^; .  sans  opprimerlout 
"l'univers.  Les   chrétiens  eussent  dû  re- 
»  noncer  au  christianisme ,  ou  s'abstenir 
»  du  mariage  qui ,  en  vertu  de  la  loi  im- 
.'  périale  ,  serait  devenu  pour  eux  un  sa- 
»  crilége  et  ime  incestueuse  union.  Ainsi 
»  l'Eglise ,  composée  seulement  de    céli- 
»  bataires,  dont  la  propagation  est  impus- 
»  sible ,  eût  péri  dans  sa  naissance.  Que 
»  pourriez- vous  opposer  à  cette  difliculléî 
»  Que  les  empereurs ,   dans  le  cours  de 
"trois  siècles,    ont   ignoré   ce  droit,  ou 
»  qu'ils  n'y  ont  pas  songé,   ou  qu'ils  ont 
»  préféré  contre  l'ordre  des    choses   les 
»  persécutions  et  le  carnage.  Mais  qui  sont 
»  donc  les  princes  auxquels  Dieu  a  lévélé 
»  ce  pouvoir  qu'il  leur  avait  donné?  Com- 
»  ment,  entre  tant  d'apostats,  dans  l'espace 
»  de  500  ans,  ne  s'en    est-il  pas    trouvé 
»  un  seul  qui ,  instruit  de  ce  dogme ,  sug- 
»  gérât  à  César  im  moyen  si  facile  et  si 
»  efficace  ?  Comment  l'empereur  Julien  , 
»  élevé  dans  les  mêmes  écoles,  imbu  des 
»  mémos  principes  que  les  Basile  et  les 
»  Grégoire;  JuHen,  si  bien  instruit  dans 
»  la  religion  à  laquelle   il  renonça  ,   qu'il 
»  pouvait  prendre  à  tâche  de  la  combattre 
»  même  par  sa  plume  ,  et   d'engager  les 
»  meilleurs  auteurs  ecclésiastiques  de  son 
»  temps  à  lui  répondre  ;  comment ,  dis-je^ 
»  cet   empereur  n'a-t-il   point  usé  d'un 
»  moyen   si   doux  et  si  conforme  à  son 
»  plan  de  délruiie  le  christianisme  sans 
»  verser  de  sang?  Supposons  que  tous  ceux 
»  qui  professaient  la  religion  du  Galiléen, 
»  fussent  déclarés  inhabiles  à  contracter 
p  un  mariage  légitime  ;  ce  seul  et  simple 
»  édit  de  l'apostat  eût  effectué   dans  un 
»  moment  ce  que  n'avait  pu  faire  le  fer 
»  des  Dioclétien  et  des  Maximin. Parcourez 
»  ainsi  l'histoire   des    siècles  ;  appliquez 
»  cette  idée  aux  empereurs  ariens  et  ico- 
•  noclastes  ,  aux  protestans  d'Allemagne , 
»  au  long  et  cruel  règne  de  la  reine  Eliza- 
»  beth  ,  et  figurez-vous  quelles  pertes  eût 
'  pu  causer  au  catholicisme  une  seule  loi 
>>  sur  les   mariages.  Cette  évidence  dont 
«  Vous  parlez  n'est  donc  qu'une  chimère 
»  et  ce  dogme  a  été  ignoré  dans  toute  TE- 
»  pUse  ,  jusqu'au  temps   de   Launoy,  de 
»  Dominis  ;  et  ce  sera  im  dogme  que  Dieu 
B  aura  révélé  à  ces  docteurs ,  ou  qu'ils  au- 


2  GER 

«  ronl  fabriqué.  Quoi  !si  Jésus-Christ  eût 
»  donné  aux  princes  le  pouvoir  d'annuier 
»  les  mariages;  pouvoir  qui  à  chaque  in- 
»  stant  pouvait  tourner  à  la  destruction  de 
V)  son  Eglise;  il  s'ensuivrait  qu'il  a  réuni 
»  dans  son  plan  des  principes  contradit- 
»  loires  qui  se  détruisent  mutuellement  : 
«car,  d'un  côté,  il  eût  voulu  que  nulle 
»  force  humaine  ne  pût  faire  cesser  so:» 
»  règne  spirituel  sur  la  terre  ;  et  d'un 
»  autre  ,  il  eût  permis  que  tous  les  sou- 
»  verains  eussent  le  moyen  de  le  ruiner 
»  de  fond  en  comble,  dès  qu'ils  l'auraient 
»  voulu.  Il  aurait  institué  des  sacremens 
»  dans  son  Eglise,  comme  des  sources  iné- 
«  puisables  de  ses  grâces,  et  il  aurait  dé- 
»  pendu  de  la  volonté  d'un  seul  homme  de 
»  les  tarir  tout  d'un  coup.  Puisqu'il  est  donc 
»  impossible  de  soupçonner  même  que 
fl  la  Sagesse  éternelle  ait  pu  tomber  dans 
»  une  absurdité  si  palpable  ,  il  est  évident 
»  en  supposant ,  comme  vous  êtes  con- 
«  traint  de  le  faire  ,  la  perpétuité  de  l'E- 
«glise,  et  la  nature  intrinsèque  du  sa- 
»  crement ,  que  Dieu  ne  peut  avoir  ac- 
»  cordé  aux  princes  de  la  terre  aucun 
»  pouvoir  sur  la  validité  du  mariage.  Et 
«il  ne  vous  servirait  de  rien  de  dire  que 
»  les  empereurs  pa'iens  ou  les  princes  hé- 
»  rétiques  ne  pouvaient  user  de  ce  pou- 
>.  voir  au  désavantage  de  la  religion  chré- 
fl  tienne  ou  de  l'église  catholique.  Car  si 
»  ce  droit  leur  appartenait  en  effet,  ils 
»  auraient  pu  s'en  servir  toujours  (i),  si 
»  non  licitement,  du  moins  validement , 
n  et  la  défense  serait  toujours  tombée  in- 
»  directement  sur  la  validité  du  sacre- 
»  ment  ;  de  sorte  que  les  chrétiens  ,  selon 
«les  principes  mêmes  de  leur  religion, 
»  eussent  été  obligés  d'obéir  et  de  préférer 
«  une  stérilité  destructive  à  un  manifeste 
«  concubinage.  »  On  peut  voii  d'autres  ré- 
flexions également  simples  et  justes  dan» 
le  Joum.  hist.  et  litt.,  13  février  1791, 
p.  250.  \lies Lettres  sur  le  pécule  des  re- 
ligieux faits  curés  ou  éi>équeSj  1696,  in- 
12  ;  j  une  édition  des  Règlemens  touchant 
les  réguliers  ^donnée  par  ordre  du  clergé 
de  France,  qui  le  gratifia  d'une  pension 
de  600  livres.  Ces  règlemens  parurent  en 
1663,   in-i°,  avec  lés  notes  du   savant 


(i)  Coramr  conservateur»  de  la  religion  de  l'em- 
pire ,  ils  ne  pouvaient  manquer  d'y  recourir.  Il» 
eussent  d'ailleurs  dit  aux  chrétiens  •  •  Vous  n'ave» 
.  pas  d'obligation  de  vous  marier,  votre  religion  vous 
>  invite  raisiné  à  on  état  plus  t^lcve'  ;  efa  bien  !  tuivex 
•  ce  conseil  L'empire  est  d'ailleurs  assez  peuple  ,  et 
»  les  populaleuri  n'y  manquent  pa».  •  l)^s  lori  le^ 
chrétien»  fini»»4ie.it 


GER 


423 


G  EU 


Hallicr.  On  les  Irouvi-  aussi  dans  les  Mé- 
tnoirrs  du  clergé,  par  Le  M«Trc ,  tom.  6. 
I  Quelques  écrits  sur  la  comédie  ,  sur  la 
parure  des  femmes ,  elc.  Gerbais  foiula 
par  son  testament  deux  bourses  dans  le 
rolléiîC  de  Reims,  dont  il  était  principal. 
/oyrr  TUDESCHI. 

GCUDKL  (  Nicolas),  Gerbclius  .  juris- 
consulte, natif  de  Pfor/.heim.  habile  dans 
les  langues  et  dans  la  jurisprudence ,  fut 
professeur  en  droit  à  Strasbourg,  où  il  inou- 
rutfort  vieux  en  ioGO.Le  présidenldeThou 
l'appelle  virum  optimum  ^  et  pariter  doc- 
Vinà  ac  vionun  suavitate  excellenlem. 
Son  principal  ouvrage  est  une  descrip- 
tion estimée  de  la  Grèce,  sous  le  litre  de  : 
Isagoge  in  tabulam  Grcr.ciœ  Xicolai  So- 
phiani.  imprimée  à  Bàlc  eu  loiiO,  in-ful. 
On  a  encore  de  lui  [  f'Hfi  Joaunis  Cuspi- 
niani;  j  De  anabaptistanim  ortu  et  pro- 
gressa, etc.  Ces  écrits  sont  curieux. 

GERBERGE  ,  lille  de  saint  Guillaume  , 
comte  deToulouse,  renoncade  bonne  heure 
au  monde,  pour  mener  une  vie  retirée 
ù  Châlons.  Elle  édifiait  celle  ville  par  ses 
vertus,  lorsque  Lolhaire,  usurpateur  du 
trône  impérial  sur  son  père  Louis  le  Dé- 
bomiaire,  eut  la  cruauté  de  la  faire  en- 
fermer dans  un  tonneau  conmie  une  sor- 
cière et  une  empoisonneuse,  et  de  la  faire 
précipiter  dans  la  Saône,  où  elle  périt. 
C'était  pour  se  venger  de  Gaucelme^t  du 
duc  Bernard,  frères  de  cette  princesse, 
qui  s'étaient  opposés  à  ses  desseins  ambi- 
tieux, et  qui  avaient  favorisé  contre  lui 
le  parti  de  l'empereur  son  père.  Le  Père 
Daniel  prétend  dans  son  Histoire  de 
France ,  que  Gerberge  avait  d'abord 
épousé  le  comte  Wala,  et  embrassé  ensuite 
la  profession  monastique  dans  le  temps 
que  ce  seigneur  prit  de  son  côté  l'habit  de 
religieux  dans  l'abbaye  de  Corbie. 

r>ERBERO.\  (  Gabriel  ) ,  né  à  Saint- 
Calais  dans  le  Maine  en  IGiS  ,  fut  d'abord 
de  l'Oratoire ,  et  se  fit  ensuite  bénédictin 
dans  la  congrégation  de  Sainl-Maur  en 
4G49.  Il  y  enseigna  la  théologie  durant 
quelques  années.  Il  s'expliquait  avec  si 
peu  de  ménagement  en  faveur  de  la  doc- 
trine de  Jansénius,  que  Ix)uis  XIV  vou- 
lut le  faire  arrêter  dans  l'abbaye  de  G)r- 
bie  ,  en  4682  ;  mais  il  échappa  aux  pour- 
suites de  la  maréchaussée  .  et  se  sauva 
en  Hollande.  Sa  vivacité  cl  son  enlhou- 
•iasme  l'y  suivirent.  L'air  de  Hollande 
étant  contraire  à  sa  santé ,  il  passa  dans 
les  Pays-Bas.  L'archevêque  de  Malines  le 
fil  saisir  en  1703,  cl  le  ccjndamna  comme 
partisan   des   nouvelles   erreurs    sur   la 


gràro.  Le  père  Gcrberon  fut  ensuite  en- 
fermé par  ordre  du  roi  dans  la  citadelle 
d'Amiens,  puis  au  château  de  Vincennes, 
sans  que  ni  les  prisons,  ni  les  chàtimcns 
pussent  modérer  la  chaleur  de  son  lèle, 
pour  ce  qu'il  appelait  la  bonne  cause.  L'on 
ne  doutait  pas  (pi'il  ne  dût  mourir  dans 
ropi)ositi<»n  aux  décrets  de  l'Eglise,  lors- 
«lu'il  revint  à  des  sentimens  plus  catho- 
li<iues.  Il  demanda  avec  empressement  de 
signer  le  formulaire ,  ce  qu'il  fil  le  18 
avril  1710,  rélraclanl  la  doctrine  de  tous 
ses  livres  ,  et  téiMoignant  beaucoup  de 
douleur  de  son  attachement  aux  opinions 
condamnées.  On  le  mit  en  liberté,  et  le 
30  du  même  mois ,  rendu  à  ses  frères ,  il 
ratifia  de  son  plein  gre  dans  l'abbaye  de 
Saint-Germain  des  Prés,  ce  qu'il  avait 
fait  à  Vincennes.  Il  était  temps  qu'il  se  re- 
connût. A  une  obstination  de  50  ans  enfin 
désavouée ,  il  ne  survécut  pas  dix  mois 
entiers  ,  étant  mort  le  29  mars  1711 ,  à 
l'âge  de  83  ans ,  «  non  sans  de  cruels  re- 
»  njords,  dit  un  historien,  surtout  à  cause 
»  du  grand  nombre  d'àmes  qu'il  avait  éga- 
»rées;  mais  en  même  temps  avec  une 
»  ferme  confiance  dans  les  miséricordes 
»  du  Seigneur ,  et  avec  une  vivacité  de 
»  repentir  qui  a  pu  en  expier  le  délai.  » 
On  a  de  lui  plusieurs  ouvrages  sur  les  dis- 
putes du  temps,  ou  sur  ses  querelles 
particulières.  Ceux  qui  ont  échappé  au 
naufrage  de  l'oubli  sont  :  |  une  Histoire 
générale  du  jansénisme^  3  vol.  in  12, 
Amsterdam,  1703,  telle  qu'on  devait  l'tfl- 
tendrc  d'un  apôtre  de  celte  doctrine.  Il  a 
laissé  sur  le  même  sujet  :  annales  janse- 
tiianij  qui  n'ont  pas  été  imprimées,  et 
qui  ne  doivent  pas  l'être.  L'auteur  traUa 
ses  enncnjis  de  mofinistes  outrés ,  de  dis- 
ciples de  Pelage ,  de  semipélagiens. 
I  Plusieurs  livres  de  piété,  écrits  avec  feu; 
I  des  éditions  de  Ma/ius  Mercator ,  Bru- 
xelles, 1673,  in-12  ;  de  saint  Anselme  cl 
de //ams,  Paris,  1673  cl  1681,  in-folio; 
I  une  Jpolngie  latine  de  Rupert.  abbé  de 
Drulz,  au  sujet  de  l'Eucharistie,  Paris^ 
1609,  in-8°;  I  un  Traité  historique  sur  la 
grâce  ;  \  Lettres  à  M.  Bossu,' f.  évéque  de 
Meaux;  |  la  Confiance  cbn  tienne  ;  |  le 
Chrétien  désalmié.  \  Ui /IrgledcsMorurv^ 
contre  les  fausses  jnarivies  de  la  morale 
corrompue,  in-12  ;  |  la  Défense  df  léglite 
romaine;  |  V Histoire  de  la  robe  sont 
couture  de  Sotrc-Seignrttr  Jésus-Christ, 
qui  est  révérée  dans  i église  des  religieux 
bénédictins  d'Jrgrntruil  ;  ouvrage  qui 
manque  de  critique  .  où  l'auteur  se  fonde 
sur  des  titres  qui  suul  cux-iuèuics  sus* 


GER 


k^k 


GER 


pects  ;  el  qui ,  quand  même  ils  seraient 
authentiques  ,  ne  prouveraient  rien.  |  Les 
jdçis  salutaires  de  la  sainte  J^ierge  à  ses 
dévots  indiscrets.  Ce  livre ,  qui  corrigeait 
un  excès  par  un  autre,  fut  défendu  à  Rome 
en  iG7k,  donec  corrigatur ,  et  ensuite  ab- 
solument. Le  Père  Bourdaloue  (it  un  ser- 
mon pour  le  réfuter,  (  De  la  dévotion  en- 
vers la  sainte  Vierge  dans  le  2*^  tome  des 
jMystères.  )  Le  Père  Gerberon  avait  dans 
,8es  ouvrages,  comme  dans  son  caractère, 
une  impétuosité  qui  faisait  de  la  peine  à 
fses  amis  même  ;  mais  en  même  temps 
jquelque  chose  de  plus  franc  et  de  plus 
droit  que  n'ont  ordinairement  les  gens  de 
parti  ;  et  c'est  peut-être  ce  qui  le  détacha 
enfin  de  la  faction  à  laquelle  il  avait  sa- 
crifié ses  talens  et  son  repos,  l'espace 
d'un  demi-siècle. 

GERBERT  (Martix),  baron  de  HOR- 
NAU ,  prélat  catholique  allemand ,  né  à 
Horb  dans  la  Forêt-Noire  ,  en  1720,  mort 
en  1793,  entra  dans  l'ordre  de  S.  Benoît, 
où  il  se  distingua  par  son  vaste  savoir  et 
ses  vertus.  Devenu  abbé  du  célèbre  mo- 
nastère de  Saint-Biaise ,  il  ne  relâcha  rien 
de  son  application  à  l'étude ,  en  même 
temps  qu'il  consacra  une  vie  laborieuse  et 
édifiante  au  bien  de  sa  maison ,  de  ses 
sujets  et  de  l'église  catholique ,  dont  les 
intérêts  l'ont  aussi  vivement  que  constam- 
ment occupé ,  comme  on  le  voit  par  la 
nature  de  ses  ouvrages,  qui  sont  en  grand 
nombre ,  et  dont  voici  les  principaux  : 
I  Apparalus  ad  eruditionem  theologicam.^ 
Fribourg ,  1754  ;  |  Theologia  vêtus  et 
nova  circa  realem  prœsentiam  Christi  in 
Eucharislia^  Fribourg ,  17o3  ;  |  Principia 
Iheologiœ  exegeticœ  ^  prœmittuntur  pro- 
legomena  theol.  miiversce,  Saint-Biaise, 
i  757  ;  I  Principia  theologiœ  dogmaticœ 
juxta  seriejn  temporum  et  tradilionis  ec- 
clesiasticœ  digesta^  1758;  |  Principia 
iheologiœ  symbolicœ  ^  1758  ;  j  Principia 
iheologicB  mysticœ  ad  renovationem  in- 
teriorcm  et  sanctifie ationenx  christiani 
hominis,  1758  ;  |  Principia  theologiœ  mo- 
ralisjuxtaprincipia  et  legem  evangelicam. 
17o8. 1  Principia  theologiœ  canonicœ  quoad 
exteriorem  ecclesiœ  formam  et  guherna- 
tionem,  1759  ;  \  Principia  theologiœ  sacra- 
tnentalis^i7l}9;  \  Theologia  lilïirgicaATo'J; 
!  Dissert,  de  recto  etperverso  usu  theol. 
scholasticœ  j  1759;  |  Dissert.de  ratione 
exercitioruni  scholasticorum  ^  prœcipuè 
disputationum ,  ciim  inter  catholicos  ^ 
tùm  inter  hœreticos,  in  rébus  fidei,  1759  ; 
j  Demonstratio  verœ  religionis  verœque 
«cclesiœj  17GP  ;  1  De  légitima  ecclesiœ  po- 


te state  circa  sacra,  1761;  |  De  ccmmti- 
nione  potestatis  ecclesiasticœ  inter  sum- 
mos  ecclesiœ  principes ,  pontificem  et  epis~ 
copos.  17GI  ;  I  De  veleri  liturgia  Àleman' 
nica  ;  \  De  cantu  et  musica  a  prima  sa- 
cra ecclesiœ  œtate  usque  ad  prœsen  s 
tempus;  |  De  radiis  Divinitatis  in  operibus 
nalurœj  providentiœ  etgratiœ,  1762  ;  |  Iter 
^lemannicum;  a^cedit  Italicum  et  Gal- 
licum ,  1765  ;  |  De  festorum  dierum,  nu- 
méro minuendo  j  celebritate  amplianda , 
1765  ;  I  De  eo  quod  est  juris  ecclesiastici 
et  diviniin  sacramentis.  1767;  |  De  peccato 
in  Spiritum  S.  in  hac  et  altéra  vita  irre- 
missibilij  1767.  Tous  ces  ouvrages  respi- 
rent une  érudition  vaste  et  variée,  sage- 
ment dirigée  et  employée,  une  logique 
exacte,  la  plus  pure  orthodoxie,  une 
grande  piété,  un  zèle  brûlant.  Son  admi- 
nistration ,  ses  voyages ,  sa  conversation 
douce,  intéressante,  instructive,  l'ont 
fait  connaître  et  estimer  autant  que  ses 
profondes  études.  La  piété  et  l'humilité 
s'étaient  admirablement  unies  chez  lui 
aveclascience  et  le  plus  rare  mérite.  Il  a 
retracé,  dans  un  degré  éminent,  les 
utiles  travaux  et  les  vertus  qui  distin- 
guaient autrefois  cet  ordre  célèbre  ,  dont 
la  réputation  est  si  étrangement  déchue. 
Rien  ne  peut  exprimer  la  douleur  quil 
ressentait  à  la  vue  de  celte  décadence  ; 
mais  ce  qui  le  touchait  plus  vivement 
encore  ,  c'est  l'apostasie  de  tant  de  reli- 
gieux de  différens  ordres  qui  dogmatisent 
aujourd'hui  en  Allemagne  ,  soit  dans  les 
chaires,  soit  dans  les  livres;  qui,  hérétiques 
enfroqués  comme  les  Fra-Fulgenzio  et  les 
Fra-Paolo,  déchirent  le  sein  de  l'Eglise 
d'une  manière  plus  sûre  que  par  une  apos- 
tasie avouée.  Le  savant  et  pieux  abbé  en 
parle  de  la  manière  la  plus  touchante 
dans  son  livre  De  légitima  ecclesiœ  po- 
testats  circa  sacra;  mais  il  espère  en 
même  temps  que  l'Eglise ,  qui  a  triomphé 
de  tant  de  persécuteurs,  triomphera  égale- 
ment de  ces  derniers,  les  plus  odieux 
comme  les  plus  dangereux  de  tous.  Quod 
de  peî'secutionibus  ethnicorum  j^fofessa 
est  antiquitas,  id  de  insultibus  hœretico- 
rum  etiam  verumfit,  ecclesiam,  indè  novum 
florem,  decorem  et  ampliludinem  nan 
cisci,  ad  quod  etiam  speramus,  dum  j'am 
dolentes  cernimus  ipsos  ecclesiœ  filios 

AD  COIVCUTIEXDAM  ECCLESIASTICASI  AUC- 
TORITATEJI  PROULENIES,  IMBIBITIS  PRO- 
TESTAXTIUMLATENTER  PIUXCIPUS  (De  Icg. 

eccl.  pot.  1.  2,  c.  5  ).  Dans  son  llistoria 
Nigrœ  Si/lvœ.  5  vol.  in-i°,  il  y  a  quelques 
préjugés  contre  les  jésuites  que  sans  doute 


gi:k  k'i 

le  jiulirii'UX  aulour  a  <iuill»''S  plus  lard , 
à  la  faveur  de  la  luiniorc  n'-paiiduc  par 
K-5  évctUMiu-ns.  Poul-iMie  ne  s'csi-il  pas 
aiscr  conslainmont  dcfiMidu  contre  les 
cmbùolu'S  de  ce  siècle  .  dont  sa  bonne  foi 
cl  sa  franchise  ne  prévoyaient  pas  tou- 
jours les  suites,  connue  elles  n'en  devi- 
naient pas  les  principes.  Les  nouveautés 
liruyantcs  lui  faisaient  assez,  aisément 
Illusion.  En  général,  les  bénédictins  en 
Allemagne  n'ont  pas  été  assex  en  garde 
contre  les  nouveautés  de  tout  genre.  Du 
reste,  les  religieux  de  Sainl-Blaise  .  à  l'i- 
mitation de  leur  chef,  ont  toujinirs  él«! 
télés  pour  l'orthodoxie.  C'est  à  l'un  d'eux 
que  nous  devons  le  Febronius  abhrevia- 
fu»\,  où  les  erreurs  de  ce  chef  de  secte 
5ont  savamment  et  judicieuserocnl  ana- 
lysées. 
'  r.i:«BEnT.    J'oyez   SILVESTRE  II. 

*  GLHBIER    (  PlEUIlE-JlCAX-I)  VPTISIE  ), 

célèbre  avocat  du  parlement  de  Paris  ,  né 
à  Rennes  le  29  juin  172j  ,  jeçut  sa  pre- 
mière éducation  de  maîtres  habiles  que 
son  père  fit  venir  de  Hollande,  et  termina 
ses  éludes  à  Paris.  Il  fui  reçu  avocat  en 
MUV>  et  ne  parut  au  barreau  qu'à  l'âge  de 
23  ans.  Les  causes  les  plus  extraordinaires 
semblèrent  se  présenter  pour  lui  faire 
une  brillante  réputation.  Une  des  plus 
fameuses  dont  il  fut  chargé ,  et  dans  la- 
(luelle  il  déploya  tous  les  talens  de  l'ora- 
teur ,  est  celle  des  Lionci  ,  négocians  de 
Marseille,  contre  les  jésuites.  Il  les  fit 
briller  encore  en  plaidant  un<?autre  cause 
dans  laquelle  un  père  refusait  de  recon- 
naître deux  de  ses  filles  légitimes.  Ger- 
liier  parla  avec  tant  de  chaleur  et  d'élo- 
quence que  ce  père  présent  à  l'audience , 
oubliant  tous  ses  griefs,  fondit  en  larmes  : 
Gerbier  interrompit  alors  sa  plaidoirie  ,  et 
termina  ainsi  :  jurisconsultes .  retirez- 
vous  !  lois,  taisez-vous  !  magistrats,  écou- 
lez la  voir  de  la  nature  !  voyez  ces  larmes, 
et  jugez  !  Vcxxd'or&liixirs  ont  réuni  autant 
d'avantages  que  Gerbier;  il  avait  reçu  de 
la  nature  une  figure  noble ,  un  regard 
plein  de  feu,  un  organe  sonore  et  flexi- 
ble, une  diction  nelle,  un  élocution  fa- 
cile, une  grâce  infinie,  un  charme  inex- 
primable répandu  dans  toute  sa  personne. 
Il  était  difficile  de  l'entendre  sans  éprou- 
ver ces  émotions  qu'il  n'appartient  qu'aux 
grands  talons  de  faire  ressentir.  Il  parlait 
f.)njuurs  sans  cahier;  mais  au  milieu  des 
mouvemensoraloircs  auxquels  il  se  livrait, 
jamais  il  ne  s'écartait  du  plan  sage  et  lu- 
mineux qu'il  avait  tracé  dans  sa  tète.  I^ 
caraclère  donnnant  de  son  éloquerirc  éia.l 


f>  GER 

rinsinnation  et  le  pathctiiitic.  Ceux  qnî 
ne  l'ont  pas  entendu  n'ont  pu  que  tics 
imparfaitement  apprécier  cet  orateur  : 
car,  la  plume  à  la  main,  il  n'avait  pas 
les  mêmes  avantages  qu'en  parlant  ;  il  n'é- 
crivait pas  bien,  et  ses  mémoires  ne  don- 
nent qu'une  idée  faible  de  son  talent.  Il 
est  vrai  que  dans  son  temps  les  fartums 
imprimés  des  avocats  plaidans  n'étaient 
que  des  précis,  des  extraits  faits  pour 
mettre  sous  les  yeux  des  magistrats  le 
sommaire  du  procès  ,  dans  lequel  on  n'a- 
vait ni  le  temps  ni  le  dessein  de  chercher 
à  briller  par  sa  manière  d'écrire,  et  où 
l'on  songeait  à  instruire  le  juge  plutôt  qu'à 
lui  plaire.  L'orateur  réservait  toute  son 
éloquence  pour  la  plaidoirie.  Pendant 
l'exil  du  parlement  sur  la  fin  du  règne  de 
Louis  XV,  Gerbier  alla  plaider  devant  la 
commission  nommée  par  Ic  chancelier,  et 
le  parlement  ne  lui  pardonna  pas  cette 
défection  dont  il  avait  été  un  des  premiers 
à  donner  l'exemple.  A  la  même  époque 
Linguet,  rayé  du  tableau  des  avocats,  l'ac- 
cusa devant  l'opinion  publique  d'être 
l'auteur  de  sa  disgrâce  ,  et  écrivit  contre 
lui  des  mémoires  pleins  d'amertume.  Ger- 
bier mourut  le  29  mars  1788  ,  après  avoir 
été  nommé  en  1787,  bâtonnier  de  son 
corps,  dont  il  emporta  l'estime  et  l'affec- 
lion.  Dans  la  société,  il  était  doux,  nio- 
deslc  et  peut-être  trop  confiant.  On  dit 
qu'il  ajouta  une  foi  aveugle  aux  jongleries 
du  magnétisme,  el  l'on  croit  qu'il  en  fut 
la  victime ,  ayant  préféré  ces  illusions  a 
tout  autre  secours  dans  le  dépérisseminl 
de  sa  santé  ,  résultat  d'un  empoison- 
nement occasionné  par  un  mets  prépaie 
dans  un  vase  mal  propre. 

GERBILLO\  (  JEAX-FnATfçois),  né  en 
IGîii  à  Verdun  sur  la  Meuse  ,  jésuite  en 
1670  ,  fut  envoyé  à  la  Chine  en  1085,  et 
arriva  à  Pékin  en  168G.  L'empereur  le 
goûta  tellement,  que,  trois  mois  après 
son  arrivée,  il  eut  ordre  de  suivre  les 
ambassadeurs  envoyés  en  Moscovie,  pour 
réjjler  les  limites  de  cet  empire  et  de  ce- 
lui de  la  Chine.  Le  jésuite,  aidé  d'un  de 
ses  confrères,  aplanit  toutes  lesdifficullcs, 
et  fut  le  médialeur  d'une  paix  avanta- 
geuse. L'empereur  chinois ,  pénétré  de 
.reconnaissance,  le  fit  revêtir  de  ses  habits 
royaux,  et  le  prit  pour  son  maître  de  nia- 
thématiqueset  de  pliilobophie.  Il  lui  peruiii 
de  prêcher  el  de  faire  prêcher  la  religion 
chrétienne  dans  ses  vastes  étals,  el  vouiiil 
l'avoir  toujours  auprtide  lui  dans  ses  prc^ 
mcnadcs,dans  ses  voyages,  cl  nirme  d.ms 
SCS  maladies.  Le  Pcre  Gcrbi'ltm  mourut  i^ 
56. 


GER  4 

Pékin  en  1707,  supérieur  général  de  toutes 
les  missions  de  la  Chine.  Il  a  composé  des 
Elémens  de  géomélrie ,  tirés  d'Euclide  el 
d'Aroliimède  ;  et  une  Géométrie  pratique 
el  spéculative.  Ces  deux  ouvrages ,  écrits 
en  chinois  et  en  tartare ,  furent  magnifi- 
quement imprimés  à  Pékin.  On  trouve 
dans  la  Description  de  l'empire  de  la 
Chine  du  Père  du  Halde ,  des  Obseiva- 
iions  historiques  sur  la  grande  Tartarie^ 
par  le  Père  Gerbillon  :  ainsi  que  les  Re- 
lations des  voyages  qu'il  fit  en  ce  pays. 
La  relation  de  son  Voyage  de  Siam  n'a 
point  été  imprimée.  On  dit  que  c'est  sur 
cet  ouvrage  que  l'abbé  de  Choisy  composa 
sa  Relation  ,  en  y  ajoutant  quelques  orne- 
mens,  dont  les  Mémoires  du  Père  Ger- 
billon avaient  besoin.  Le  style  n'était  pas 
le  principal  mérite  des  écrits  de  ce  jésuite. 
On  peut  voir  des  extraits  de  son  manu- 
scrit sur  Siam  ,  dans  le  tome  l^""  des  Mé- 
langes historiques  de  M.  Michavilt. 

*  GEUDIL  (  Hyacinthe  -  Sigismoivd  ) , 
célèbre  cardinal  de  la  congrégation  de 
Saint-Paul,  dite  des  Barnabites ,  naquit  à 
Samoëns  en  Savoie,  le  25  juin  1718  ,  d'une 
famille  estimée.  Il  donna  dès  sa  plus  tendre 
jeunesse  des  preuves  non  équivoques  de 
la  supériorité  des  talens  qui  devaient  le 
faire  distinguer  pendant  sa  longue  et  bril- 
lante carrière.  Son  oncle  paternel,  homme 
de  lettres  estimable,  soigna  ses  premières 
études,  que  le  jeune  Gerdil  continua  en- 
suite sous  les  barnabites ,  qui  dirigeaient 
le  collège  de  Thonon  cl  celui  d'Annecy.  A 
peine  âgé  de  15  ans,  il  devint  le  confrère 
de  ses  professeurs  en  embrassant  leur 
institut.  Après  son  noviciat,  ses  supérieurs 
l'envoyèrent  à  Bologne  pour  y  faire  son 
cours  de  théologie.  Il  cultiva  en  même 
temps  les  langues  anciennes  et  modernes, 
et  s'appliqua  avec  succès  à  l'histoire  et 
aux  sciences  exactes.  Il  obtint  l'estime 
générale  à  Bologne;  mais  principalement 
celle  de  Lambertini,  alors  cardhial  arche- 
vêque de  celle  ville,  et  depuis  pape  sous 
le  nom  de  Benoît  XIV.  Ce  savant  homme 
jugea  parfaitement  le  jeune  Gerdil  dès  la 
première  entrevue,  et  en  augura  les  plus 
grandes  choses  ;  il  lui  donna  même  une 
preuve  de  confiance  en  ses  luiiiiières  ,  en 
le  consultant  sur  divers  morceaux  de  son 
grand  ouvrage  sur  la  Canonisation ^q\.  en 
l'employant  à  traduire  du  français  en  la- 
tin plusieurs  extraits  des  auteurs  qui  de- 
vaient y  être  employés.  Dès  qu'il  eut  ter- 
miné son  cours  de  théologie,  il  fut  envoyé 
à  Macérala,  pour  y  enseigner  la  philoso- 
phie. Plusieurs  ouvrages  qu'il  y  publia  le 


6  GER 

firent  connaître  avantageusement.  II  es- 
saya d'abord  ses  lalens  polémiques  en 
cherchant  à  réfuter  Locke  ,  et  ensuite  à 
défendre  Malebranche.  Il  passa  bienlôl 
après  à  Casai  de  Montferrat,  d'où  il  fut 
appelé  à  Turin  pour  y  occuper  dans  l'u- 
niversité la  chaire  de  philosophie ,  et  en- 
suite celle  de  théologie  morale.  L'arciie- 
vêque  de  Turin  ,  qui  ne  tarda  pas  à  con- 
naître tout  le  mérite  de  Gerdil,  l'admit 
dans  son  conseil  de  conscience ,  tandis 
que  son  ordre  lui  témoignait  sa  confiance 
en  le  nommant  provincial  des  collèges  de 
Savoie  el  de  Piémont.  Peu  de  temps  après, 
la  congrégation  ayant  perdu  son  supé- 
rieur général,  il  fut  question  de  nommer 
Gerdil  pour  lui  succéder;  mais  Benoît 
XIV  le  désigna  en  même  temps  à  Emma- 
nuel III,  roi  de  Sardaigne,  comme  la  per- 
sonne la  plus  capable  de  diriger  l'éduca- 
tion de  son  petit-fils,  le  prince  de  Piémont. 
Gerdil  vécut  à  la  cour  comme  il  l'avait 
fait  dans  son  collège  ;  il  s'occupa  tout  en- 
tier des  travaux  de  son  emploi,  et  con- 
sacra le  temps  qu'il  ne  donnait  pas  à  l'é- 
ducation du  prince,  à  composer  plusieurs 
ouvrages  utiles.  Gerdil  vit  ses  succès 
récompensés  par  deux  abbayes  ;  mais 
ses  revenus  ne  le  rendirent  pas  plus 
riche  :  il  les  employait  à  l'éducation 
de  ses  neveux  et  à  faire  de  bonnes 
œuvres.  Le  pape  Clément  XIV  lui  dé- 
cerna un  prix  plus  honorable.  Dans  le 
consistoire  tenu  le  20  avril  1775  ,  le  saint 
Père  le  réserva  cardinal  inpetto^  sous  une 
désignation  qui  caractérisait  en  même 
temps  et  sa  grande  réputation  et  sa  rare 
modestie  :  notus  orbi.  vix  notas  urbi.  Ce- 
pendant Clément  ne  put  achever  la  no- 
mination ,  elle  était  réservée  à  Pie  VI.  Ce 
vénérable  pontife  appela  Gerdil  à  Rome  , 
le  nomma  consulteur  du  saint  Office  ,  le 
fit  sacrer  évêque  de  Dibbon,  et  le  pro- 
clama le  15  décembre  1777  cardinal  du 
litre  de  Sainte-Cécile  ;  il  avait  déjà  été 
agrégé  au  sacré  collège  le  27  juin  de  la 
même  année  :  Gerdil  montra  dans  ce  haut 
rang  beaucoup  de  zèle  pour  les  intérêts 
de  l'Eglise.  Nommé  préfet  de  la  Propa- 
gande ,  et  membre  de  presque  toutes  les 
congrégations,  il  était  au  milieu  du  sacré 
collège  comme  une  lumière.  C'était  tou- 
jours son  avis  qu'on  suivait  dans  les  af- 
faires les  plus  délicates,  et  Geidil  incli- 
nait toujours  pour  le  parti  modéré,  dès 
que  les  principes  ne  devaient  pas  en  souf- 
frir :  c'est  dans  ce  sens  qu'il  agit  dans 
l'affaire  du  concordat.  Lorsqu'en  1798  les 
Français  s'emparèrent  de   llomc ,  cl  en 


GEU 


4t7 


GKR 


eminoniTont  le  souverain  ponlifo  ,  Gerdil 
•Viuprossa  de  quitter  une  ville  livrée  nu 
ilésonlre;  cl,  |)our  siiV»vrnir  aux  frais  de 
»on  voyage .  il  fui  ol)li|{é  de  vendre  ses 
livres.  Arrive  à  Sienne,  il  y  vit  l'infor- 
luné  Pic  VI  en  proie  au  besoin  ;  el .  loin 
do  pouvoir  le  soula{;cr  ,  il  fut  obligé  lui- 
'"<iuc.  pour  se  rendre  en  Piémont  ,  d'ac- 
ii-r  les  offres  généreuses  du  cardinal 
:  en/ana,  arclievéque  de  Tolède  ,  et  de 
luonseigneur  Desping ,  archevêque  de 
î»c\  ille  .  et  depuis  cardinal.  Reste  dans  le 
»emIoairc  de  son  abbaye  de  la  Clusa ,  il 
»c  vit  souvent  sur  le  point  de  manquer  de 
tout ,  mais  il  supporta  ses  malheurs  avec 
la  ])lus grande  résignation.  Après  la  mon 
de  l'inforturié  Pie  VI,  Gerdil  se  rendit 
au  conriave  convoqué  à  Venise.  Dès  les 
premiers  scrutins,  im  grand  nombre  de 
suffrages  se  réunirent  en  sa  faveur,  et  son 
«,;e  très  avancé  fut  un  des  plus  grands 
obstacles  à  son  élection.  Il  suivit  à  Rome 
îe  nouveau  pape  Pie  VII,  et  y  reprit  ses 
occupations.  La  santé  dont  il  jouissait 
dans  l'âge  le  plas  avancé  faisait  espérer 
«le  le  conserver  encore  quelques  années  ; 
mais  il  fut  attaqué  en  iSO'i  d'une  maladie 
grave  à  laquelle  il  succomba  le  12  août  de 
la  même  année.  Il  avait  alors  plus  de  84 
ans.  Membre  d'un  grand  nombre  d'aca- 
démies de  l'Europe,  il  fut  honoré  des  re- 
grets de  tous  les  sa  vans.  Le  pape  ordonna 
de  magniliques  obsèques,  et  voulut  lui- 
mcme  faire  l'absoute.  Le  Père  Kontana, 
jjénéral  des  barnabitcs,  et  depuis  cardi- 
nal, son  ami,  ])rononça  son  oraison  funè- 
f>re  {i\ui  a  été  traduite  en  français  par 
l'abbéd'Hesmivyd'Auribeau,  Rome,  1802, 
iu-8°),  et  lui  composa  l'cpitaphe  la  plus 
honorable,  et  un  Eloge  lu  le  G  janvier 
<804  à  l'académie  des  Arcades,  sous  le 
titre  d'Elogio  letterario.  Ce  savant  et  res- 
pectable prélat  a  composé  un  grand  nom- 
bre d'ouvrages,  dont  plusieurs  furent  im- 
primés séparément.  Le  Père  Torelli  les  a 
recueillis  et  publiés,  Bologne,  de  I7>5'i  à 
1791,  6  vol.  in-4".  Le  Père  Fontana,  aidé 
du  Père  Scatti,  entreprit  une  nouvelle 
édition  dont  les  six  premiers  volumes  pa- 
rurent en  1806  ,  et  qui  depuis  s'est  conti- 
nuée. Voici  les  ouvrages  compris  dans 
l'une  et  l'autre  édition:  [  Introduction  à 
l étude  de  ta  reW/ion .  avec  la  réfutation 
des  philosophes  anciens  et  modernes  tou- 
chant l'Etre  suprême .  V éternité  .  etc.  ; 
ouvrage  déilié  à  Benoit  XIV,  et  auquel 
applaudirent  non- seulement  les  savons 
catholiques,  niais  encore  plusieurs  pro- 
iestans  de  l'académie  de  Berlin  ;  i  Expo- 


sition des  caractères  de  la  vraie  religion. 
traduite  de  l'italien  en  français,  par  le 
Père  Livoy,  barnahile,  Paris,  1770.  1  vol. 
in-8"  ;  |  Dissertations  sur  l'origine  du  sens 
moral,  sur  l'existence  de  Dieu  .  l'imma- 
térialité des  substances  intelligentes,  avec 
deux  Dissertations  sur  les  études  de  le 
jeunesse;  |  Projet  pour  l'établissement 
d'un  séminaire ,  avec  un  Essai  d'instruc- 
tion théologique  à  son  usage;  16  Traités 
de  théologie  et  k  Dissertations  sur  la  né- 
cessité de  la  révélation.  Dans  l'essai,  l'au- 
teur réfute  Bayle.  le  Système  de  la  nature, 
lesdéfenseursdel'antiquitédumotvle.etc. 
Ces  divers  écrits  forment  les  deux  pre- 
miers volumes  de  l'édition  de  Bologne , 
et  sont  en  langue  italienne.  Les  .">',  /».•  cl 
y'  vol.  et  une  partie  du  6'  renferment  les 
œuvres  françaises.  On  y  trouve  :  |  un 
Traité  de  V immatérialité  de  l'âme  contre 
Locke,  et  la  Défense  du  Père  Malebran- 
che  contre  ce  philosophe  ^  Turin  ,  17/t7  et 
1748,  2  vol.  in-i".  Locke,  dans  son  Traité 
de  l'entendement  humain,  avance  que 
sans  le  secours  de  la  révélation  ,  on  ne 
peut  être  assuré  que  Dieu  n'a  pas  donné 
à  la  matière  la  faculté  de  penser,  et  pré- 
tend que  cela  n'est  point  au-dessus  de  sa 
puissance.  Cette  idée ,  qui  favorisait  les 
principes  des  nouveaux  philosophes,  avait 
été  avidement  saisie  par  eux.  nolanamcnt 
par  Voltaire.  Les  doutes  du  philosophe 
anjlais  sont  réfutés  solidement  dans  le 
traité  du  Père  Gerdil.  Il  y  prouve  que  tout 
ce  que  dit  I^ocke  touchant  l'immatérialité 
de  Dieu  peut  également  s'appliquer  à 
l'àme.  Burke  a  fait  l'éloge  de  cet  ouvrage. 
Un  des  caractères  des  écrits  ]H)lémiqucs 
du  Père  Gerdil  est  qu'ordinairement  il 
puise  dans  les  raisonnemens  même  de  se» 
adversaires  les  argumcns  par  lesquels  il 
les  réfute  ;  et  c'est  ce  qu'il  lit  en  cette 
occasion.  |  Essai  (fune  démonstration 
mathématique  contre  l'existence  étemelle 
de  la  matière  et  du  mouvemenkj  elc.  ;  et 
des  preuves  que  l'existence  et  l'ordre  de 
l'univers  ne  peuvent  être  déterminés  ni 
par  les  qualités  primitives  des  corps ,  ni 
par  les  lois  du  mouvement  ;  |  Âfémoires 
sur  l'infini  absolu  considéré  dans  la  gran- 
deur, et  sur  l'ordre  dans  le  genre  du 
vrai  et  du  beau,  insérés  dans  le  tome 
sixième  des  Hliscellanca  taxirincnsia,  1771; 
I  Essai  sur  les  caractères  disîinctift  de 
l'homme  et  des  animaux  brutes,  oit  l'on 
prouve  la  spiritualité  de  l'âme  par  son 
intelligence  ;  \  Incompafibifilé  îles  prin- 
cijifs  de  Descartes  et  de  Spinosa  ;  \  Eclair- 
cis  sèment  sur  la  notion  et  la  dtviubililé 


GER 


k^S 


GER 


de  l'étendue  géométrique .  en  réponse  à 
M.  Dupuis,  Turia ,  1741  ;  |  Réflexion  sur 
un  mémoire  de  M.  Beguelin ,  concernant 
le  principe  de  la  raison  suffisante  j  et  la 
possibilité    ou  le  système   du    hasard; 

I  Dissertatio7i  sur  l'incompatibilité  de  fat- 
traction  et  de  ses  différentes  lois  avec 
les  phénomènes  .  et  sur  les  tut/aux  capil- 
laireSj  Paris,  17b4,  1  vol.  in-12.  Un  pre- 
mier travail  sur  cet  objet  avait  été  in- 
séré dans  le  Journal  des  savans ,  mai 
1752.  L'astronome  Lalande  y  répondit 
dans  le  même  journal.  A  la  suite  de  la 
dissertation  se  trouve  un  Mémoire  sur  la 
cohésion.  \  Observations  sur  les  Epoques 
de  la  nature ,  jJour  servir  de  suite  à  l'exa- 
men des  systèmes  sur  l'antiquité  du  monde  j 
insérées  dans  l'Essai  théologique  ;  |  Traité 
des  combats  singuliers  ou  des  duels  j 
Turin ,  1759.  Le  Père  Gerdil  y  rappelle 
que  le  métier  des  armes  n'est  pas  moins 
sujet  que  les  autres  états  aux  règles  de  la 
morale  ,  ni  moins  soumis  pour  des  chré- 
tiens aux  préceptes  de  l'Evangile.  Il  mon- 
tre l'absurdité ,  et  fait  sentir  la  férocité  du 
prétendu  point  d'honneur  qui  fait  une 
loi  de  la  vengeance.  Il  prouve  enfin  que 
tous  les  duels ,  même  ceux  autorisés  au- 
trefois pour  cause  publique  ou  particu- 
lière ,  et  à  plus  forte  raison  ceux  qui  ont 
lieu  entre  particuliers ,  de  leur  autorité 
privée,  choquent  la  raison,  blessent  la 
religion ,  n'ont  rien  de  commun  avec  le 
véritable  honneur,  tendent  à  renverser 
l'édifice  social.  |  Discours  philosophiques 
sur  l'homme  considéré  relativement  à 
l'état  de  nature,  à  l'état  de  société  et  sous 
l'empire  de  la  loi,  Turin,  1769,  in-8°, 
traduits  en  italien  par  le  docteur  Giudici, 
Lodi,  1782;  |  De  la  nature  et  des  effets 
du  luxe,  avec  l'examen  des  raisonne- 
tnens  de  M.  Melon,  auteur  de  TEssai  po- 
litique sur  le  commerce  en  faveur  duluxe, 
Turin ,  1768 ,  in-S''.  Gerdil  y  analyse  les 
raisonnemens  des  apologistes  duluxe,  en- 
tre autres  de  Montesquieu,  et  les  réfute. 

II  montre  que  ces  apologistes  sont  en  con- 
tradiction avec  eux-mêmes;  il  tire  ses 
preuves  des  écrits  qu'ils  préconisent. 
I  Discours  sur  la  divinité  de  la  vraie  re- 
ligion; I  Réflexion  sur  la  théorie  et  la 
pratique  de  l'éducation,  contre  les  prin- 
cipes de  J.  J.  Rousseau ,  Turin  ,  1765  , 
in-S".  Elles  se  trouvent  dans  la  nouvelle 
édilion  sous  le  titre  de  VAnti- Emile. 
Elles  sont  écrites  avec  modération  et  mé- 
nagement pour  l'auteur  ;  mais  rien  n'y 
manque  pour  la  solidité.  Elles  ont  été  tra- 
duites en  anglais  ;  rt  la  princesse  héré- 


ditaire de  Brunswick  fit  passer  dans  seô 
états  plusieurs  exemplaires  de  cette  tra- 
duction ,  comme  un  antidote  aux  dangers 
de  l'ouvrage.  Rousseau  lui-même  ne  put 
s'empêcher  de  reconnaître  le  mérite  de 
cet  écrit ,  et  de  dire  que  de  tous  ceux  qu'on 
avait  publiés  contre  lui,  c'était  le  seul 
qu'il  eût  trouvé  digne  d'être  médité.  II 
ajoutait  néanmoins  qu'il  craignait  que 
l'auteur  des  réflexions  ne  l'eût  pas  com- 
pris; et  certes  ce  n'était  pas  le  Père  Geidil 
qui  manquait  d'intelligence.  |  Considé- 
rations sur  l'empereur  Julien.  C'est  dans 
les  auteurs  païens  que  Gerdil  puise  ses 
motifs  pour  apprécier  le  caractère  de  ce 
prince  ;  et  c'est  d'après  leurs  témoignages 
qu'il  prouve  jusqu'à  quel  point  sont  exa- 
gérés les  éloges  que  dans  ces  derniers 
temps  lui  ont  prodigués  quelques  philo- 
sophes, sans  doute  à  cause  de  sa  haine 
pour  le  christianisme ,  qu'ils  partagent 
avec  lui.  Tout  ce  morceau  du  Père  Ger- 
dil est  plein  d'une  excellente  critique. 
I  Observations  sur  le  6*  livre  de  THistoire 
philosophique  et  politique  du  commerce 
dans  les  deux  Indes  ,  par  l'abbé  Raynal. 
Gerdil  écrivit  ces  observations  rapide- 
ment ,  et  à  la  lecture  de  ce  6'  volume. 
Elles  font  regretter  qu'il  n'ait  pas  fait  le 
même  travail  sur  tout  l'ouvrage.  Quel- 
ques œuvres  latines  complètent  le  6'  vo- 
lume ;  ce  sont  :  |  une  harangue  sur  ce  su- 
jet :  Virtutem  politicam  ad  optimum  sta- 
tum  non  minus  regno  quam  reipublicce 
necessariam  esse.  L'orateur  y  combat 
Montesquieu.  |  Une  autre  harague  :  De 
causis  academicarum  disputationum  in 
theologiam  moralem  inductarum.  Elles 
furent  prononcées  en  présence  de  la  so- 
ciété royale  de  Turin ,  la  première  en 
1750 ,  et  l'autre  en  1754.  |  Disputatio  de 
religionis  virtutisque  politicœ  conjunc- 
tione  ;  \  Elementorum  moralis  prudentiœ 
spécimen.  Tels  sont  les  ouvrages  compris 
dans  les  six  premiers  volumes  de  l'édi- 
tion de  Bologne.  Le  cardinal  délia  So- 
maglia  en  fit  imprimer  un  7'  à  ses  frais 
en  forme  de  supplément  et  sous  ce  litre  : 
Opuscula  adhierarchicam  Ecclesice  con- 
siitutionem  spectantia,  imprimé  à  Parme, 
chez  Bodoni,  en  1789,  in-8°  ;  et  réimprimé 
à  Venise ,  1790,  in-S".  Il  contient  :  |  Con- 
fatazione  di  due  libelli  contro  il  brève 
Auctorem  fidei  di  Pio  VJ ,  in  cui  si  con- 
danna  il  lib^-o  di  Eybel  :  Qu'est-ce  que  le 
pape?  Rome,  1789,  2  vol.  in-8".  |  Âpo- 
logio  del  detto  brève.  Rome ,  1791  et  1792 , 
in-4*'.  Eybel  était  professeur  de  droit  ca- 
non à  ^  ienne  du  temps  de  l'empc!  eur 


GER 

.I(»soph,  et   pendant  la   chaleur  dos   rc- 
ft>rmcs  de  ce  prince.  Il  attaque  dani  son 
libelle  la  puisswnce  papale,  et  parle  avec 
peu  do  respect  du  pontife.  Le  Père  Gcrdil 
rcfutc  sa  doctrine   en  lui  op|>osant   les 
lhéulo{;it>ns  les  plus  attacliés  aux  libertés 
de  l'éjjUse  (rallirane,  tels  que  Gcrson  ,  le 
Tore  Alexandre,  Bossuet   et  Fleuri.  \  In 
commcntarinin  a  Justino    Fcbronio    in 
$uam  relractationem  editain  animadver- 
siones,  Rome,  I7l»2,  in-/i°.  Gcrdil  croyait 
avoir  recnarqué  danS  la  rétractation  de 
cet  évéque  quelques    tournures  enibar- 
rassccs,   et    y  désirait   des    expressions 
1  lus  franches.    Il    montre   en  quoi    elle 
pèche ,    et   c'est   toujours    de    rantorilé 
«:es   plus    célèbres  théologiens   français 
qu'il  s'appuie.  ]  Tn  Sotas   nonnuUantm 
]  ropositionum  synodi  Pistoiensis.  Rome, 
1795.  Ces  remarques  tendaient  à  juslilier 
*ur  quelques  points  le  synode  de  Pistoie  : 
le  PèreGerdil  les  réfuta.'  |  Fsame  dci  mo- 
tivi  d'eliopposizione  del  vescovo  di  Noli 
(  Benoit  Solari  )  alla  publicazione  délia 
bolla  che  condanna  le  propnsizioni  es- 
tratte  dal  sinodo  di  Pistoia,  Rome  et  Ve- 
nise, 1802,  in-12;  |  Ac^s,  Lettres  pastorales 
adresséesaux  paroisses  qui  déj)enda!ent  de 
son  abbaye  de  la  Clusa.  et  ses  Constitutions 
synodales;  \  Précis  d'un  cours  d'instruc- 
tion sur  l'origine,  les  devoirs  cl  l'exer- 
cice de  la  puissance  souveraine .  Turin , 
<799  ,  in-»".  Il  y  en  a  deux  traductions  ita- 
liennes, Tune,  Rome,  1800  ;  l'autre.  Ve- 
nise ,  1802  ,  in-8".   |   Notes  sur  le  poème 
de  la  religion  du  cardinal  de  Bemis . 
Parme  ,  Bodoni  ,  1793.  A  la  mort  du  car- 
dinal Gerdil,  il  restait  en  manuscrit  dans 
ses   portefeuilles;   |   Osservazioni  sopra 
una  nuova   lettera  del  vescovo  di  Xoli. 
Elles  furent  imprimées  la  même  année 
1802,  à  Venise.  |   Confutazione  dei  sis- 
temi  contrari  all'autorità  délie  C/iiesa 
eirca  il  matrimonio;  \  Précis  des  devoirs 
des  principaux  états  de  la  société;  \  Ins- 
truction sur  les  différentes  causes  de  la 
grandeur  et  de  la  destruction  des  états; 
I  Avis  sur  la  lecture  et  le  choix  des  bons 
livres  ;  \  Traité  d'histoire  naturelle  con- 
tenant les  règnes  minéral .  végétal  et  ani- 
mal ;  I  Trac taf us  de  primafu  roman i  pon- 
lificis  ,  de  gratia .  df-  Icgibus .  de  actibus 
hnmanis.de  mutuo;  \  Dissertatio  contra 
Paffendorfde  xtsura.  5  vol.;  |  Cursus phi- 
losophiœ  moralis.   Plu<iicurs  de  ces  ou- 
vrages font  partie  de  la  nouvelle  édition  . 
composée  de  quinze  volumes,  il  y  a  déjà 
quelques  années  ,  et  sans  doute  les  antres 


429  r,i:i\ 

cardinal  Fontanti  n'ait  achevé  cette  œu- 
vre ,  le  plus  beau  monumcnl  à  élever  à 
la  gloire  de  son  illustre  confrère  ,  pour  la- 
quelle il  a  déjà  tant  fait.  On  sait  qu'il  pré- 
parait une  fie  de  Gerdil,  et  labbc  d'Au- 
ribeau  de  son  coté  se  proposait  de  publier 
son  Esprit.  Au  reste  ,  les  ouvrag<s  de  ce 
célèbre  cardinal  prouvent  l'immense  va- 
riété des  connaissances  de  leur  auteur, 
la  fécondité  do  son  génie  ,  et  son  infatiga- 
ble amour  pour  les  travaux  utiles.  Il  fut, 
de  notre  temps ,  un  des  hommes  qui  mar- 
quèrent le  plus  dans  les  sciences  ,  qui  fiH 
rent  le  plus  utiles  a  la  religion  et  à  l'E- 
glise, et  tirent  le  plus  d'honneur  au 
clergé.  Sa  vie  entière  fut  consacrée  à  dé- 
fendre l'une  contre  les  déistes,  à  soutenir 
la  doctrine  de  l'autre  ,  et  les  jugemcns  du 
saint  vSiége  contre  les  réfractaires;  modèle 
d'ailleurs  admirable  de  modération  dans 
ses  controverses,  où  ,  tout  en  maintenant 
avec  fermeté  les  principes,  non-seule- 
ment il  ne  blesse  pas  la  cliarité,  mais  il 
ne  laisse  pas  même  échajjper  la  moindre 
expression  qui  puisse  offenser  ceux  qu'il 
réfute. 

GERHARD  ou  GÉRARD  (Ephrain)  , 
jurisconsulte  allemand,  né  à  Giersdorf , 
dans  le  duché  do  Brierg,  en  1C82  ,  fut 
avocat  de  la  cour  et  de  la  régence  à  'Wei- 
mar.  Il  professa  ensuite  le  droit  à  Altorf , 
où  il  mourut  en  1718 ,  à  50  ans.  On  a  de 
lui  divers  ouvrages  de  jurisprudence  et 
de  philosophie.  Le  principal  a  pour  titre  : 

I  Delineaîio  philosophiœ  rationalis;  on 
trouve  à  la  fin  une  excellente  dissertation 
etc.  Deprœcipuis  sapicntiœimpedinwntis. 

II  y  a  un  grand  nombre  de  savans  du 
nom  de  Gerhard  ou  Gérard.  Voyez  GE- 
RARD. 

GERHARD.  Voyez TERENTIUS ( Je*^ 
GEnn«nD  ). 

•  GERHARD  (  CnKÉTiE\-AnR%ii%ii  ) , 
savant  pra^sien  ,  conseiller  des  linances  , 
etc.,  ne  en  1737,  fut  membre  de  l'acadé- 
des  sciences  de  Berlin  et  de  plusieurs 
autres  sociétés  savantes  de  l'Allemagne. 
Toute  sa  vie  fut  consacrée  à  des  recher- 
ches et  à  des  études  de  chimie ,  de  mé- 
decine, de  physique  et  d'histoire  naturelle, 
et  il  s'efforça  de  rendre  ces  sciences  po- 
pulaires. Il  publia  plusieurs  ouvrages  es- 
timés dont  les  principaux  sont  :  (  His- 
toire du  règne  minéral .  en  allrmund  ; 
I  une  tradurli«)n  ,    ' 

du  Voyage  meta!.  i 

a  enrichi  de  n<»tes  ;  ,      ; 

tation  des  mines.  On   trouve  des  détails 


y  cnirtroul.  On  ne  doute  point  que  le  '  sur  cet  ouvrajc  dans  la  Revue  cncyclO' 


GER 


A50 


GER 


pédique .  tome  15,  p.  638.  Gerliard  est 
mort  à  Berlin  en  1821. 

'  GERIIART  (  Marc-Rodolphe-Bal- 
TOASARD  )  ,  arithméticien  célèbre ,  né  à 
Leipsick  le  k  mars  1735,  entra  ,^  après 
avoir  terminé  ses  études,  à  la  banque  de 
lîerlin.  Il  y  était  principal  teneur  délivres, 
lorsqu'il  mourut  le  50  septembre  1803 , 
I  '.issant  les  ouvrages  suivans  ,  tous  en  al- 
lemand :  I  l'able  des  logarithmes  pour 
les  commerçans ^  Berlin,  1788^  in-8°  ; 
I  Manuelde  la  connaissance  des  monnaies^ 
poids  et  mesures  usités  en  Alleinagne  _, 
1788 ,  in-8°  ;  |  Mémoire  sur  le  calcul  com- 
mercial,  1788.  in-S"  ;|  le  Comptoriste  uni- 
versel A  vol.  in-/i.°,  1791  ;  \Rè(jles générales 
et  pa7'ticulières  pour  le  calcul  du  cours 
des  changes  j,  Berlin,  1796,  in-8"  ;  ]  Cabi- 
net de  monnaies  portatifs  179/». ,  in-/».°. 
Les  tables  pour  la  réduction  des  monnaies 
ont  été  traduites  en  français  sous  le  lilre 
de  Tableau  du  pair  intrinsèque  ^  tant  en 
or  qu'en  argent^  des  monnaies  de  compte 
de  tous  les  états  du  monde  ^  1812,  in-8''. 

*  GÉRICVULT  (Jeax-Louis  Théodo- 
re-AivDRÉ)  ,  peintre  d'iiisloire  ,  élève  de 
M.  Guérin ,  né  en  1793,  était  fils  d'un 
avocat  qui  possédait  ime  fortune  assez 
considérable.  GéricauU  travailla  Pl'u,  se 
livra  à  toutes  sortes  d'excès,  et  mourut 
au  mom.cnt  où ,  comprenant  enfin  la  né- 
cessité de  sortir  de  ces  habitudes  funestes, 
il  sentit  qu'il  avait  des  talens  qui  pou- 
vaient riliuslrer.  Il  avait  exposé  au  salon 
de  1819  le  Naufrage  de  la  Méduse,  qui  est 
maintenant  au  nausée  du  Louvre,  et  qui 
fut  à  l'époque  de  son  apparition  en  bulle 
aux  critiques  les  plus  vives  :  ce  tableau 
a  des  défauts;  mais  il  n'en  a  pas  moins 
placé  son  auteur  au  rang  des  peintres  dis- 
tingués. GéricauU  avait  déjà  peinl  aupa- 
ravant un  chasseur  à  cheval ,  \m  cuiras- 
sier blessé ,  une  forge  de  village ,  ta- 
bleaux qui  n'étaient  pas  sans  mérite.  Peu 
lie  temps  avant  de  mourir,  il  entreprit  la 
traite  des  Nègres  ,  la  peste  de  Barcelone , 
et  une  descente  de  croix  exécutée  avec 
toute  l'élévation  de  style  et  la  sévérité 
de  ton  qui  a  distingué  les  meilleures  pro- 
ductions de  l'école  lombarde.  On  doit  en- 
core à  cet  artiste  plusieurs  dessins  et  li- 
thographies .  entre  autres  \\n  épisode  de 
la  retraite  de  Moscou,  la  bataille  de 
Maïpu,  celle  de  Chacabuco,  h  planches 
de  la  vie  politique  et  militaire  de  Bona- 
parte,  par  31.  V.  A.  Arnault,  in-fol.  ; 
qu'il  ne  put  terminer.  GéricauU  est  mort 
à  Paris  le  26  janvier  1824,  à  peine  âgé 
de  31  ans. 


GERIIVG  (Ulric)  ,  allemand,  fut  un 
des  trois  imprimeurs,  que  les  docteurs 
de  la  maison  de  Sor bonne  firent  venir  à 
Paris  vers  1469 ,  pour  y  faire  les  premiers 
essais  du  bel  art  de  l'imprimerie.  Gering 
ayant  amassé  de  grands  biens  ,  fit  des  for>- 
dations  très  considérables  aux  collèges 
de  Sorbonne  et  de  Montaigu.  Il  mourut 
dans  celui-ci  en  13 10.  Les  deux  impri- 
meurs qui  le  suivirent  en  France  étaient 
Martin  Grantz  et  Michel  Friburger. 

GEIIL.\C  (Petri),  de  Deventer,  cha- 
noine de  l'ordre  de  saint  Augustin  ,  dans 
le  monastère  de  Windesheim  ,  mourut  en 
odeur  de  sainteté,  l'an  1411.  Il  a  laissé  en 
latin  des  Soliloques^  in-12  ou  in-24 , 
qu'on  a  traduits  en  français ,  in-12. 

GERLACII,  pieux  ermite,  dont  on  con- 
servait le  corps  dans  l'abbaye  des  dames 
Norbertines ,  qui  porte  son  nom ,  à  2  lieues 
de  Maëstricht  (  sous  le  règne  de  Joseph  II, 
cette  maison  a  été  détruite,  et  les  dames 
transportées  à  Ruremonde).  Dans  sa  Vie 
imprimée  en  1745,  à  Maëstricht,  chez 
Lekens,  on  rapporte  des  choses  étonnantes, 
dont  quelques-unes  font  plutôt  l'éloge,  de 
la  piété  que  du  discernement  du  siècle  où 
ce  saint  a  vécu. 

GE113Ï\I>I  (saint)  ,  né  à  Auxerre  ea 
580  ,  d'une  famille  illustre,  fit  ses  études 
à  Rome ,  et  brilla  dans  le  barreau  de  cette 
ville.  Devenu  ensuite  gouverneur  de  sa 
patrie  et  commandant  des  troupes  du  pays, 
il  se  fit  tellement  aimer  des  peuples  par 
son  intégrité ,  qu'après  la  mort  de  saint 
Amateur,  évêque  d' Auxerre,  le  clergé, 
la  noblesse  et  le  peuple  le  demandèrent 
d'une  commune  voix  pour  son  succes- 
seur. Auxerre  goûta ,  sous  son  nou- 
veau pasteur,  toutes  les  douceurs  de  la 
paix  et  de  la  concorde.  Germain  distribua 
tous  ses  biens  aux  pauvres  et  à  l'Eglise. 
Le  pélagianisme  faisait  alors  des  ravages 
en  Angleterre.  Les  prélats  des  Gaules ,  as- 
semblés en  429,  envoyèrent  Germain 
avec  saint  Loup,  évêque  de  Troyes  ,  pour 
arrêter  la  force  du  poison.  Ces  médecins 
spirituels  firent  en  peu  de  temps  beaucoup 
de  guérisons  par  l'éloquence  de  leurs 
exhortations  et  par  la  sainteté  de  leur  vie. 
Saint  Germain  y  fit  une  seconde  mission 
en  446.  Plusieurs  miracles  éclalans  opérè- 
rent la  conversion  de  ce  qui  restait  de  pé- 
lagiens.  Au  retour  de  ce  second  voyago, 
il  passa  en  Italie  ,  et  mourut  à  Ravenne 
en  448.  On  a  cru  avoir  trouvé  en  1717, 
dans  l'abbaye  de  Saint-Marien-d' Auxerre, 
les  reliques  de  saint  Geimani  ;  mais  les 
bons  critiques  en  ont  con lesté  l'authcn- 


geh 


4SI 


CTR 


ticilé,  quoique  l'abbé  Le  Bœuf  l'ail  sou- 
Joniic.  Sa  fie  fut  écrite  par  le  prêtre 
(A.>ii$tant,  auteur  rontcinporain ,  h  la 
prière  de  saiut  Palieut,  arrhevoque  de 
Lyon;  elle  se  trouve  dans  Surius. 

GEUMVI\  (saint),  successeur  d'Eu- 
sihe  dans  lévérhé  de  Paris,  était  né  dans 
le  territoire  d'Autun,  de  parens  nobles , 
vers  4%.  Childeberl  I"  le  choisit  pour  son 
nrchichapolain,  titre  qui  répond  à  celui 
de  grand-aumônier.  Germain  était  un 
hogime  ai>ost<)liquc  ,  to«il  brûlant  de  7,éle 
pour  le  saiut  des  âmes.  C'est  lui  qui  fonda 
le  monastère  de  Saint-Germain-des-Prés. 
II  mourut  en  57().  Nous  avons  de  cet  cvé- 
queuneexcellcnte/tfWr^àBrunehaut,  dans 
laquelle  il  exhorte  cette  reine  ,  avec  beau- 
coup de  force  .  à  empêcher  le  roi  Sijje- 
bert  de  faire  la  guerre  au  roi  Clùlpéric. 
Don  Bouillart ,  bénédictin  de  Saint-Maur, 
a  recueilli  tout  ce  qu'on  peut  dire  sur  ce 
digne  pasteur,  dans  son  I/istoire de l'al/- 
baye  de  Saint-Germain .  i)ubliée  en  1724, 
in-fol.  avec  des  ligures  relatives  au  sujet. 

GERMAIN  (  saint  )  ,  fils  du  patricc 
Juslinien  .  fut  dès  sa  jeunesse  un  des  prin- 
cipaux orncmens  du  clergé  de  Constanti- 
nople.  Son  mérite  le  fil  élever  sur  le  siège 
épiscopal  de  Cyiiquc.  En  715  on  l'élut 
patriarche  de  Constantinople  ;  il  s'opposa 
avec  zèle  à  l'empereur  Léon  l'Isaurien  , 
iconoclaste  ,  qui  le  chassa  du  siège  pa- 
triarcal. Saint  Germain  mourut  en  753, 
âgé  de  95  ans,  avec  une  grande  réputation 
d'esprit  et  de  vertu.  Les  ouvrages  qu'on 
lui  atribue  sont  pour  la  plupart  de  GER- 
MAIN NAUPLIUS,  patriarclie  grec  de  Con- 
stantinople ,  depuis  1227  jusqu'en  1259, 
qui  écrivit  à  Grégoire  IX  en  1232,  pour 
la  réunion  des  églises,  tint  des  conférences 
avec  les  députés  du  pape  à  Nicée ,  assem- 
bla un  concile  à  Nymphée  en  1235,  et 
montra  enfin  peu  de  sincérité  dans  son 
procédé.  Ses  écrits  se  trouvent  dans  la 
Bibliothèque  des  Pères.  Nous  avonscepcn- 
dant  de  saint  Germain  trois  lettres  sur 
les  affaires  des  iconoclastes  (  voyez  don 
Ceillier ,  tome  18 ,  p.  62  ).  Il  avait  fait  une 
apologie  de  saint  Grégoire  de  Nysse 
contre  les  origcnistes;  Photius  en  admirait 
l'élégance  et  la  politesse.  —  Il  ne  faut  pas 
confondre  ces  deux  Germain  avec  un  5* 
GERMAIN  ,  aussi  patriarche  de  Constan- 
tinople en  4265,  qui  renonça  à  son  siège 
cl  fut  député  au  concile  de  Lyon  en  1274, 
par  Mi::bil  Paléologue. 

GERMAIN  (  don  Micuel)  ,  bénédictin 
de  Saint-Maur,  né  à  Péronne  en  1645. 
mort  à  Paris  en  W)k ,  avait  fait  profession 


en  1G63.  Il  aida  le  savant  Mabillon  dam 
la  composition  des  7*  et  8*  siècie»  d«s 
Jctcs  bénédictins .  et  dans  celle  de  la  Di- 
plomatique :  il  se  chargea  du  traité  jma- 
les  Palais  des  rois  .  qui  contient  environ 
la  !i'  partie  du  livre.  On  a  encore  de  lui 
V Histoire  de  lafjbaye  de  Notre-Dame  de 
Soissons  .  1675  ,  in-4°.  L'auteur  avait  un 
grand  fonds  d'esprit,  une  imagination 
vive,  et  une  mémoire  heureuse. 

GLRM  VI.\  (  PtEiiRE  ) ,  orlévre  du  roi, 
né  à  Paris  en  1647,  mort  en  1682  ,  excella 
dans  le  dessin  et  dans  la  gravure.  Colbert 
le  chargea  de  ciseler  des  dessins  allégori- 
ques sur  les  planches  d'or  qui  devaient 
servir  de  couverture  aux  livres  conte- 
nant les  conquêtes  du  roi.  Ce  travail 
précieux  fut  admiré  et  dignement  récom- 
pense. On  a  encore  de  cet  illustre  gra- 
veur, des  médailles  et  des  jetons^  où  il 
rcprésenla  les  plus  fameux  événemens 
du  règne  célèbre  sous  lequel  il  vivait.  Il 
mourut  à  la  fleur  de  sou  âge  ;  mais  ses 
talcns  se  perpétuèrent  avec  le  plus  grand 
éclat  dans  son  fils  aîné. 

GERMAIN  (Thomas),  fils  du  précédent, 
naquit  à  Paris  en  1673.  Il  fit  un  séjour  en 
Italie  ,  où  il  se  perfectionna  dans  le  des- 
sin et  dans  l'orfèvrerie.  Le  palais  de  Flo- 
rence est  enrichi  de  plusieurs  de  ses  chefs- 
d'œuvre.  De  retour  en  France ,  il  travailla 
pour  toutes  les  cours  de  l'Europe.  Le  roi 
fut  si  satisfait  d'un  soleil  donné  à  l'église 
de  Reims ,  le  jour  de  son  sacre  ,  qu'il  lui 
accorda  un  logement  aux  galeries  du  Lou- 
vre. Tous  ses  ouvrages  respirent  le  gé- 
nie et  le  goût.  Il  mourut  à  Paris  en  1748. 

GERMAIN  (  Claude-Louis,  comte  de 
Saint-) ,  ministre  de  la  guerre  sous  Louis 
XVI ,  né ,  en  1708  ,  au  château  de  Ver- 
tambnr.  près  de  Lons-le-Saulnier  en  Fran- 
che-Comté, d'une  famille  noble  et  très 
ancienne,  entra  chez,  les  jésuites  chez.  Ic.v 
quels  il  embrassa  la  carrière  de  l'enseigne- 
ment ,  et  les  quitta  ensuite  pour  s'attacher 
au  parti  des  armes  dans  un  régiment 
dont  son  père  était  colonel.  Il  servit  avec 
distinction  en  Hongrie ,  dans  la  guerre  d« 
1737  contre  les  Turcs  ,  passa  ensuite  suc- 
cessivement au  service  de  l'empereur 
Charles  VU,  de  la  France,  du  Danemartk, 
où  il  fut  à  la  téte.des  affaires  militaires, 
revêtu  de  la  dijfnité  de  feld-maréchal ,  et 
jouissant  de  la  plus  grande  considération 
jusqu'en  1772 ,  époque  de  la  scène  Ira- 
giipie  qui  ensan^jlaula  la  capitale  du  Da- 
neinarck  par  la  uiorl  des  comtes  vStrucn- 
sée  et  Brandt.I^  manière  dont  il  se  con- 
duisit dans  cette  affaire  delicata  (ail  uo 


GER 


432 


GER 


hohneur  infini  à  la  droiture  de  son  ca- 
raclcre.  Voyant  l'impossibilité  de  diriger 
les  choses  vers  le  dénouement  qui  lui  sem- 
blait le  plus  conforme  à  la  vérité  et  à  la 
justice,  il  jugea  qu'il  était  de  son  devoir 
de  demander  sa  retraite.  Il  l'obtint  sans 
difficulté  ,  et  les  cent  mille  écus  ,  stipulés 
dans  son  traité ,  lui  furent  accordés  ;  il 
se  hâta  de  quitter  Copenhague ,  et  de  se 
retirer  à  Hambourg.  Incertain  sur  le  lieu 
où  il  fixerait  sa  demeure  ,  et  sur  l'emploi 
qu'il  ferait  de  son  argent ,  il  le  confia  au 
banquier  le  plus  renommé  de  Hambourg, 
qui  devait  lui  en  payer  l'intérêt.  Quel- 
que temps  après ,  la  situation  de  ce  ban- 
quier se  dérangea  ;  il  fit  banqueroute , 
et  toute  la  fortune  du  comte  de  Saint- 
Germain  s'y  trouva  tellement  compro- 
mise ,  qu'il  n'a  jamais  pu  en  rien  recou- 
vrer. Il  était  déjà  parti  de  Hambourg  pour 
Bordeaux  ;  après  y  avoir  séjourné  quelque 
temps  ,  il  avait  enfin  fixé  son  domicile  à 
Lauterbach  près  Mulhausen,  dans  la 
Haute-Alsace ,  où  il  vivait  dans  la  solitude 
et  en  vrai  philosophe ,  sans  ambition  ,  et 
espérant  de  terminer  ainsi  sa  carrière 
dans  le  repos  ,  lorsqu'en  1775 ,  Louis  XVI 
jeta  les  yeux  sur  lui  pour  remplacer  M.  du 
Muy  dans  le  ministère  de  la  guerre.  Le 
résultat  général  du  ministère ,  court , 
gêné  sans  cesse ,  toujours  contrarié ,  du 
comte  de  Saint-Germain  ,  est  le  tableau 
d'une  suite  d'opérations  utiles.  Leur  sort, 
comme  celui  de  tout  ce  qui  est  au  pou- 
voir des  hommes  ,  a  dépendu  des  circon- 
stances ;  maLs  la  postérité  ne  pourra  re- 
fuser à  leur  auteur  les  éloges  que  méri- 
tent une  fermeté  ,  rare  dans  sa  place  ,  un 
désintéressement  plus  rare  encore  et  le 
courage  avec  lequel  il  l'a  quittée ,  quand 
il  a  vu  sa  bonne  volonté ,  jusque  là  sou- 
vent inefficace  ,  devenue  absolument  inu- 
tile. Le  comte  de  Saint-Germain  était  à 
peine  rendu  à  lui-même,  qu'il  mourut  à 
î'aris  le  lo  janvier  1778.  Il  ne  faut  pas 
juger  son  mérite  et  ses  qualités  sur  ce 
qu'en  dit  l'auteur  des  Commentaires  des 
Mémoires  de  M.  le  comte  de  Saint-Ger- 
mairt^  Londres  ,  1780;  ouvrage  de  pas- 
sion et  d'un  ressentiment  aussi  lâche  que 
peu  mérité  de  la  part  de  M.  de  Saint-Ger- 
main ,  ni  par  ce  qu'a  écrit  de  lui  M.  de 
Saint-Auban  (  voyez  le  Journal  hist.  et 
lut.  de  Luxembourg ,  lo  juin  1780  ).  Le 
seul  reproche  fondé  qu'on  puisse  faire  à 
cet  homme  célèbre ,  et  dont  plus  d'une 
fois  il  est  convenu  lui-même,  c'est  de 
n'avoir  point  assez  approfondi  le  carac- 
tère des  personnes  qui  l'approchaient ,  et 


d'avoir  rencontré  des  écueils,  qu'une 
triste  expérience  et  la  connaissance  dés- 
espérante de  la  méchanceté  humaine  a 
bien  moins  de  peine  à  éviter,  que  la 
franche  et  confiante  droiiure  ,  qui  se  per- 
suade aisément  l'impossibilité  d'une  chose 
dont  elle  ne  sent  pas  la  possibilité  en  elle- 
même.  Les  mémoires  que  nous  avons  sous 
son  nom,  Amsterdam,  1779,  1  vol.  in-8°, 
sont  effectivement  de  lui  pour  le  fond  ; 
mais  ils  ont  été  altérés  par  une  main  in- 
fidèle et  dirigés  par  des  principes  tout 
opposés  à  ceux  de  M.  de  Saint-Germain. 
M.  A.  R.  Barbier  attribue  la  rédaction  de 
ses  Mémoires  à  Tabbt  de  La  Montagne. 

*GERMAL\  (  AuGUf.TE-jEAiv,  comte 
de  Montfort) ,  pair  de  France  ,  né  à  Paris 
en  1786  d'une  famille  originaire  d'Avignon, 
était  fils  d'un  banquier  qui  devint  direc- 
teur de  la  banque ,  membre  des  états- 
généraux  ,  et  qui  mourut  en  1803.  Le 
jeune  Germain  étant  entré  comme  sur- 
numéraire dans  les  bureaux  du  ministère 
de  l'intérieur ,  s'attacha  à  la  fortune  de 
Bonaparte  ,  et ,  à  l'âge  de  20  ans  ,  était 
déjà  son  chambellan  (  1806  ).  Nommé  en 
même  temps  comte  de  l'empire  et  officier 
d'ordonnance ,  il  suivit  l'empereur  dans 
plusieurs  campagnes,  et  notamment  en 
Espagne  (  1808  ).  En  1809  il  défendit  à  la 
tête  d'un  corps  de  Bavarois  le  fort  de  Huf- 
fstein  dans  le  Tyrol,  et  se  rendit  en  1813  en 
qualité  de  ministre  plénipotentiaire  au- 
près du  grand  duc  de  Wurtzbourg.  Après 
les  désastres  de  Leipsick,  il  revint  ei> 
France ,  obtint  dans  la  garde  nationale 
I)arisienne  le  grade  d'adjudant- comman- 
dant, et  se  déclara  pour  la  cause  des  Bour- 
bons. Louis  XVIII  le  récompensa  de  son 
dévouement ,  en  lui  donnant  la  place  de 
préfet  du  département  de  Saone-et-Loiro, 
et  peu  de  temps  après  la  croix  de  Saint- 
Louis.  Il  obtint  aussi  la  croix  d'officier  de 
la  légion  d'honneur.  Pendant  les  cent 
jours  il  resta  dans  la  retraite  ,  et  ne  fut 
point  inquiété.  Nommé  préfet  du  dépar- 
tement de  Seine-et-Marne  après  la  se- 
conde restauration,  il  conserva  son  em- 
ploi jusqu'à  l'entrée  de  M.  Decaze  au 
ministère.  Dans  le  cours  de  son  adminis- 
tration il  fit  preuve  de  talent  et  de  capa- 
cité ,  notamment  en  1817,  lorsqu'il  cii> 
pécha  les  séditions  que  la  cherté  des 
grains  fut  sur  le  point  de  faire  éclater. 
La  dignité  de  pair  lui  fut  conférée  le  5 
mars  1819.  Destitué  de  sa  place  de  préfet 
il  revint  à  Paris ,  où  il  siéga  à  la  chambre 
des  pairs  ,  jusqu'à  sa  mort  arrivée  en  1821. 
Son  éloge  a  été  prononcé  par  M.  le  duc  de 


GKR  4 

BrogHo,  et  se  Irouxc  Jans  la  roUortioii 
des  discours  imprinir^  par  ordre  do  la 
chambre,  l'aris .  1S2"J.  in-8*.  Le  ronde 
Germain  desceiidail,  di(-on»  du  fameux 
orfèvre  Germain  ,  doiil  Vullaire  a  fait  la 
réputaliuu,  dans  sa  pièce  des  f^'ous  et  des 
Tu. 

•GERMAIN,  marquis  de  ROSTAING 
(  JtST-AxT»M>E-nE\m- Marie  )  ,  licute- 
nant-génoral  dos  années  du  roi  ,  cheva- 
lier de  vSaint-Louis  el  de  Cincinnatus ,  né 
aucUàleau  de  Vaurhetle .  près  Monbrison. 
1«  2'*  novembre  I7.'»0  ,  fulsuccessivemenl 
page  de  M.  le  Dauphin,  et  premier  pa{je 
de  Ix)uis  XV.  Il  lit  en  qualité  de  cornette, 
dans  le  régiment  de  Caraman ,  les  cam- 
pagnes de  1700-61  el  ITO'i,  en  Allenia^pie, 
sous  les  ordres  du  maréchal  de  Broglie, 
et  entra  ,  en  qualité  d'aide-major,  dans  la 
première  compagnie  des  mousquetaires  , 
en  1769.  Roslaing  se  distingua  à  la  prise 
de  la  Dominique  .  et  à  l'attaque  de  Sainte- 
Lucie,  où  il  servait  comme  colonel,  et 
dut  à  sa  conduite  le  commandement  du 
régiment  de  Gatinois  (ou  Royal -Au- 
vi-r(;ne  )  ,  qui  lui  fut  donné  en  1778.  Il 
fit  aussi  la  guerre  d'Amérique .  contribua 
à  la  prise  d'York,  et  obtint  le  grade  de 
maréchal-de-camp.  De  retour  en  France 
il  fut  nommé  député  du  Fore/,  à  l'assem- 
blée Constituante ,  el  fail  lieutenant-gé- 
néral dans  la  même  année.  Le  mar(]uis 
de  Rostaing  se  retira  bienlôl  dans  sa  terre, 
où  il  s'occu|)a  uniquement  d'actes  de  bien- 
faisance. Il  est  mort  au  moii»  de  septem- 
bre 1826. 

•  GERMAIN  (  m"*  Sophie  ) ,  que  M.  de 
Prony  a  surnommée  Vl/ypatia  du  Vf-  siè- 
cle.nce  à  l'aris  le  1"  avril  1776  ,  el  morte 
le  17  juin  18Ô1.  Elle  appril  les  premiers 
élémens  des  mathématiques  sans  autre 
guide  qu'un  Beioul  trouvé  dans  la  bibiio- 
tlièque  de  son  père,  et  elle  eut  à  surmon- 
ter les  obstacles  que  sa  famille  opposait  à 
S<jn  ardeur  pour  les  sciences.  Le  Calcul 
différentiel  de  Cousin  fut  le  livre  où  elle 
puisa  ensuite  de  nouvelles  instructions. 
Après  la  formation  de  l'école  normale  el 
de  l'école  polytechnique,  elle  se  procurait 
des  cahiers  des  leçons  de  divers  profes- 
seurs qui  enseignaient  dans  ces  deux  éta- 
blissemens,  et  tixa  princiiKilement  son 
attention  sur  !a  Chimie  de  Fourcroy  et 
V Analyse  de  Lagrangc.  Comme  les  pro- 
fesseurs avaient  1  habitude  d'engager  leurs 
élèves  à  leur  présenter  des  observations 
par  écrit,  M"*  Sophie  fit  passer  les  siennes 
•ous  le  nom  d'un  élève  de  l'école  poly- 
tecluiique .  à  Lagrange,  qui,  ea  ayaut 


)3  GRR 

connu  ensuite  le  véritable  auteur ,  alla 
lui  faire  ses  félicitai  ions.  Elle  ne  larda  pas 
à  voir  elle/,  elle  des  savans  du  premier 
niérite.  Depuis  la  publication  de  l'ouvrago 
de  IM.  Legendre  sur  la  Thrnric  de%  nom- 
bres,  elle  se  livra  particiilièremenl  à  co 
genre  d'étude.  Plus  lard  elle  trouva  dans 
les  Recherches  arithmétiques  de  M.  Gauss 
un  nouveau  stimulant  vers  ce  genre  d'a- 
nalyse, et  elle  fit  elle-même  sur  ce  sujet 
des  recherches  nombreuses.  Cependant 
elle  n'avait  encore  rien  public,  lorsqu'un 
physicien  allemand,  Chiadni ,  vint  à  Pa- 
ris répéter  ses  expériences  curieuses  stir 
les  vibrations  des  lames  élasiiques.  Na- 
poléon devant  qui  elles  furent  répétées, 
regretta  qu'elles  ne  fussent  point  soumises 
au  calcul ,  et  fil  proposer  ,  à  cet  effet ,  en 
1809,  un  prix  extraordinaire  à  l'institut. 
Sophie  Germain  le  remporta,  en  181o;  il 
avait  été  remis  jusqu'à  trois  fois,  el  elle 
n'eut  pas  un  seul  géomètre  pour  concur- 
rent. Ses  Recherches  sur  la  théorie  des 
surfaces  élastiques  ont  paru  en  1821,  en 
un  vol.  in-4°.  En  octobre  1811,  Sophie 
avait  adressé  à  l'institut  un  mémoire  dans 
lequel  elle  proposait  l'hypolhèse  qui  donne, 
au  lieu  de  la  raison  inverse  du  rayon  de 
courbure  d'une  courbe  ,  cas  résolu  par 
Euler ,  la  somme  des  raisons  inverses 
des  rayons  des  deux  courbures  princi- 
pales d'une  surface.  Cette  hypothèse  fixa 
l'attention  de  Lagrange  ,  et  il  en  déduisit 
l'équation  qu'elle  aurait  dû  donner  elle- 
même  en  se  conformant  aux  règles  du  cal- 
cul. Avant  le  1='  octobre  1813,  M"«  Ger- 
main envoya  un  mémoire  qu'efle  termi- 
nait par  la  comparaison  entre  les  résul- 
tats de  la  théorie  et  ceux  de  l'expérience. 
I^'équaliou  du  problème  se  trouvait  jus- 
tifiée, sans  être  encore  démontrée;  ce 
qui  exigea  un  troisième  concours.  La  dif- 
ficulté semblait  alors  réduite  à  démon- 
trer ,  soit  l'hypothèse  de  M"*  Germain, 
soit  toute  autre  hypothèse  qui  menât  éga- 
lement à  l'hypothèse  comme.  Dans  se» 
deux  premiers  mémoires,  l'auteur  so 
bornait  à  la  théorie  des  plaques  élasti- 
ques. Dans  le  troisième,  elle  appliqua 
particulièrement  son  hyi»othèse  à  la  re- 
cherche de  l'équation  des  surface*  cylin- 
driques  vibrantes,  et  elle  obtint  le  prix. 
La  classe  ayant  annoncé  toutefois  que  sa 
solution  n'était  pas  entièrement  satisfai- 
sante, Sophie  ne  cessa  depuis  cette  épo- 
que de  multiplier  Its  expériences,  loa 
calculs  et  les  reflexions.  Elle  eut  alors  l'i- 
dée de  communiquer  sa  démonstration  h 
M.  Fourier»  secrétaire  pcrpéinel  de  la 


GER 


434 


GER 


classe  des  sciences  de  l'inslituf.  Ce  gi-o- 
mt'lre  illuslre  lui  dil  qu'il  préférait  Uiie 
démonstration  purement  géométrique,  et 
lui  proposa  pour  modèlecelleque  Jacques 
îk'rnouUi  avait  donnée  pour  le  cas  de  la 
lame  droite.  M"*^  Germain  appliqua  les 
mêmes  principes  aux  surfaces ,  et  ob- 
tint la  démonstration  géométrique  de 
son  hypothèse.  Elle  publia  en  1826  :  Re- 
inarqucs  sur  la  Jiatiire  ,  les  bornes  et  l'é- 
tendue de  la  question  des  surfaces  élas- 
iiques,  et  équation  de  ces  surfaces  ^  in-8". 
On  trouve  encore  dans  les  Annales  de 
chimie  el  de  physique  de  1828  ,  un  écrit 
de  sa  composition  intitulé  :  Examen  des 
principes  qui  peuvent  conduire  à  la  con- 
?iaissance  des  lois  de  l'équilibre  ^  et  du 
mouvement  des  solides  élastiques.  M.  Le- 
gendre  a  aussi  fait  connaître  quelques- 
unes  de  ses  découvertes  dans  le  Second 
supplément  de  la  théorie  des  no/nbres 
publié  en  IST6.  Le  {§  mars  1824,  elle 
avait  adressé  à  la  classe  des  sciences  de 
l'inslilut  ,un  mémoire  sur  l'emploi  de  l'é- 
paisseur dans  la  théorie  des  surfaces 
élastiques,  faisant  suite  au  mémoire  qui 
obtint  le  prix  en  1815.  On  a  trouvé  dans 
ses  papiers  d'immenses  travaux  sur  l'his- 
toire, sur  la  géographie,  notamment  sur 
celle  des  anciens:  sur  les  sciences  natu- 
relles, etc.  m"'  Germain  avait  a],)pris  la 
langue  latine  sans  maîtres,  a(in  de  pou- 
voir entendre  divers  ouvrages,  tels  que 
ccuxdEuler,  de  Newton.  M.  Guillaume 
l.ibri  lui  a  consacré  une  notice  dans  le 
Journal  des  débuts  du  18  mai  1852. 

GEU.'»iAM(:{]S(  CÉs.vR  ),  fils  de  Dru- 
sus  et  de  la  vertueuse  Antonia.  nièce 
d'Auguste,  hérita  du  caractère  et  des  ver- 
tus de  sa  mère.  Tibère  ,  son  oncle  pater- 
nel ,  l'adopta.  Il  exerça  ensuite  la  ques- 
ture, et  fut  élevé  au  consulat  l'an  12  de 
J.-C  Auguste  étant  mort  deux  ans  après, 
pendant  que  Germanicus  commandait  en 
Allemagne,  il  refusa  l'empire  que  les  sol- 
dats lui  offraient ,  et  ramena  les  rebelles  à 
la  paix  et  à  la  tranquillité.  Il  battit  ensuite 
les  Allemands  ,  délit  Arminius  ,  et  reprit 
sur  les  Marses  ime  aigle  romaine  qu'ils 
jg  gardaient  depuis  la  défaite  de  Varus. 
Rappelé  à  Rome,  il  y  triompha,  et  fut 
déclaré  empereur  d'Orient.  Tibère,  qui 
l'avait  honoré  do  ce  titre  ,  l'envoya  en 
Orient  pour  y  apaiser  les  troubles.  Ger- 
manicus vainquit  le  roi  d'Arménie,  le  dé- 
trôna, et  donna  la  couronne  à  un  autre. 
Tibère,  jaloux  de  ses  succès,  le  lit  em- 
poisonner à  Daplmc,  près  d'Antioche, 
par  Pisun  ,  l'an  19  de  J.-C,  à  34  ans.  Les 


peuples  et  les  rois  versèrent  des  larmes 
à  sa  mort.  Le  monstre  qui  l'avait  ordon- 
née fut  le  seul  qui  l'apprit  avec  joie  ;  il 
voulut  en  vain  arrêter  les  pleurs  et  les 
(jérnissemens  des  Romains.  Germanicus, 
doux  dans  la  société,  fidèle  dans  l'amitié, 
prudent  et  brave  à  la  tète  des  armées, 
s'était  gagné  tous  les  cœurs.  Les  qualités 
de  son  es])rit  répondaient  à  celles  de  son 
àme.  Au  milieu  du  tumulte  des  armes  el 
delà  guerre ,  il  cultiva  la  littérature  et 
l'éloquence.  Il  avait  composé  des  comédien 
grecques,  une  traduction  d'yïratus .  en 
vers  latins,  et  des  épigrammes  :  le  temps 
en  a  épargné  quelques-unes,  imprimées  à 
C()bo!n-g,  1715  et  171(5.  in-8",  et  dans  le 
Co^yus  poetarum  de.  MaiUaire.  Il  y  en  a 
d'ingénieuses,  il  y  en  a  de  faibles  ;  mai» 
on  ne  s'attend  pas  qu'un  grand  capitaine, 
cliargé  des  artnées  d'un  empereur,  ver- 
siiie  comme  un  poète  de  profession.  Ger- 
manicus avait  épousé  Agrippine,  dont  il 
eut  9  enfans  ,  parmi  lesquels  on  compte 
Caligula,  qui  désiionoi'a  le  nom  de  son 
illustre  père.  La  vie  de  Germanicus  a  été 
écrite  par  de  Beaufort ,  Leyde,  1741  ,  in- 
8",  et  on  en  a  fait  le  héros  de  plusieurs 
tragédies. 

GERÎ'«10I\  (  AxASTASE  ),  archevêque 
de  Tarentaisp  ,  et  savant  jurisconsulte  ,  a 
écrit  un  traité  De  jurisdictione  ecclesias- 
ticcc.ui-^o\.  Le  duc  de  Savoie  l'envoya 
ambassadeur  en  Espagne,  où  il  mourut 
en  1027. 

Gî;11M0\  (  Barthéleki),  jésuite,  né  à 
Orléans  en  1665,  morl  dans  cette  ville  en 
1718,futaux  prises  pendant  quelquetemps 
avec  deux  célèbres  bénédictins  de  Saint- 
Maur,  don  Mabillon  et  don  Constant. 
La  Diplomatique  du  premier  lui  avait  dé- 
plu ;  il  prétendit  y  trouver  plusieurs  di- 
plômes faux ,  et  publia  quelques  disser- 
tations latines  à  ce  sujet,  1705,1706,1707, 
en  3  vol.  in-12,  écrites  avec  pureté  et  élé- 
gance. Plusieurs  littérateurs  prirent  parti 
pour  lui,  d'autres  se  déclarèrent  pour  le 
bénédictin.  L'abbé  Raguet,  dans  son  His- 
toire de  la  Diplomatique  de  don  Malnl- 
lo7i.apibs  avoir  saisi  studieusement  le 
vrai  étal  des  controverses,  se  décide  pour 
le  jésuite.  Le  Père  Germon  s'engagea  aussi 
dans  les  contestations  concernant  les  cent- 
une  propositions  deQuesnel;  il  fit,  dit- 
on,  2  vol.  in-4°  sur  ces  propositions, sous 
le  titre  de  Traité  théologique,  que  le  car- 
dinal de  Bissy,  im  des  plus  zélés  adver- 
saires de  l'oratorien,  adopta  et  publia  sous 
son  nom.  Voyez  THIARD  (  Hexri  j.Noiis 
avons  encore  de  lui  :  Lettres  et  Questions 


GEU  4 

sur  t'/tistoit'f  </escoiii/r(^t/alions  de  Au\i- 
Vm  ihi  I*rtT  Srrri/.  lUnuinicain. 
•  OKRMM;  (  Ji:\x-C'.nnrriii:«  ),  enlo- 

inologislc  ,  ne  à  Krancforl  sur  le  Mcin  en 
1745.  lit  ses  iluJrs  au  f;ymuasc  de  celle 
viJIe,  puis  eiuluassa  le  eouinieree  qu'il 
quiUa  pour  se  livrer  à  son  (joùl  pour  les 
sciences.  Il  s'ap|iHqua  à  riiisloiie  nalu- 
velle.  surtout  à  renlomoloRie.  Sa  rcpula- 
lion  lui  nurila  les  récompenses  du  {jou- 
\erncinenl  de  son  pays.  Il  était  conseiller 
bulique  de  Saxc-Gotlia  .  lorsqu'il  mourut 
lîans  sa  ville  natale  en  ISO'i.  Sa  collection 
de  papillons  et  d'insectes  est  la  plus  belle 
qu'aucun  amateur  soit  parvenu  à  faire. 
II  a  travaille  à  plusieurs  ouvra^jes  d'his- 
toire naturelle,  notamment  aux  Papillons 
de l' Europe .  Paris.  1780-171)t2  :  il  a  fourni 
pour  ce  livre  un  grand  nombre  de  li[îures 
liréesde  sa  collection  cl  la  plus  grande 
partie  du  t.xle. 

GEROXCE.  général  des  troupes  du  tyran 
Constantin,  dans  le  k"  siècle,  se  brouilla 
avec  cet  usurpateur,  et  résolut  de  le  dé- 
pouiller de  la  pourpre  impériale,  pour  en 
revêtir  Maxime,  une  de  ses  créatures.  Il 
assiégea  dans  Vienne  Conslauliii  ;  mais 
l'arniée  de  l'empereur  Honorius  l'obligea 
de  >'enfuir  eu  K»pa,;ne.  Ses  soldats,  pleins 
de  mépris  pour  lui ,  résolurent  de  s'en 
défaire.  Il  fut  attaqué  dans  sa  projjre 
maison  en  &11.  Voyant  qu'il  lui  était  im- 
possible de  se  défendre,  il  ota  la  vie  à  un 
de  ses  ami-,  à  sa  femme  ,  et  se  la  ravit  à 
lui-même  par  un  coup  d'épée  qu'il  se 
plongea  dans  le  cœur. 

•GI:RSD0UF  (  Adolphe  TRAUGOLT 
van  ou  de  ),  physicien  et  naturaliste,  né 
le  20  mars  MU\  à  Rengcrsdorf  dans  la 
Haute-Lusace,  fonda  dans  cette  province 
eu  1770  la  socié'é  des  Sciences  qui  s'est 
rendue  depuis  rccommandablc  par  ses 
travaux.  Il  est  mort  en  1807  laissant  diffé- 
rens  écrits  dont  les  plus  importans  sont  : 
I  E suai  pour  fixer  Ui  luuttcur  des  monta- 
nttex  des  gêans,  Lcipsick,  1772,  in-4"  ; 
I  delà  Pouzzolane  et  de  la  manière  de 
l'employer  utilement  dans  les  construc- 
tions, traduite  en  français.  Dresde  ,  1784. 
in-8";  I  Préranlinns  à  observer  pendant 
l  orage.  Gorlil7..  17'J8-I800  .  in-S";  |  01/- 
servalions  sur  t 'électricité  atmosphérique, 
i802,  in-4°,  lig.  cl  plusieurs  mémoires 
dans  la  Feuille  hebdomadaire  de  Wit- 
Icmbcrg.  dans  le  Journal  de  la  Haute- 
Lhsu.  e  et  le  Magasin  géographique  de 
Fabri. 

r,i:RSi:\.  r.ESK\  ou  gf.ssf.n  (  .Jf.%\). 

nutns  donnés  à  lui  uLié  de  Vvrcutl.  dont 


'>!(  GER 

l'existence  est  un  problème  parmi  lés  •«- 
vans.  Quelques  bénédictins  dans  les  dcu« 
derniers  siècles  ,  et  M.  l'abbé  Valart  .  ont 
essayé  de  le  faire  pussir  p(Uir  auteur  du 
livre  de  V Imitation  de  Jésus-Christ .  que 
l'opinion  atissi  générale  que  solidement 
établie,  attribue  à  Thomas  à  Kempis.  M. 
Valart.  dans  une  dissertation  mise  à  In 
tête  d'une  édilion  très  intidèle  de  cet 
ouvrage,  imprimé  chez,  lîarbou,  iu-li», 
en  17.-.8,  croit  prouver,  1"  que  limitation 
de  Jésus-Christ  est  ])lus  ancienne  qun 
Thomas  à  Kempis;  2" qu'elle  était  connue 
avant  1  an  1330;  5"  que  Jean  Gcrsen  eu 
est  l'auteur,  p«iisqu'on  voit  son  nom  jus- 
qu'à cinq  fois  dans  im  manuscrit  .ancien, 
et  qu'on  le  retrouve  dans  d'autres  manu- 
scrits. Toutes  ces  prétentions  ont  été  ré- 
futées i)ar  l'abbé  Ghesqiiière,  célèbre  bol- 
landiste,  par  Eusèbc  Amort,  et  depuis  par 
l'abbé  Desbillons.  dans  une  excellente  dis- 
sertation publiée  à  Manheim  on  1780,  à 
la  télé  d'une  nouvelle  édition  de  cet  ou- 
vrage précieux,  où  toutes  les  altérai  ions 
faites  dans  l'édition  de  M.  Valart  sonl  cor- 
rigées, et  l'ouvrage  rendu  à  son  premier 
état  sur  la  foi  des  plus  anciens  cxcniplai- 
res.  (  roi/ez  KEMPIS  ,  AMOUT,  CHAU- 
LIER,  NÀUDÉ  ). 

GERSO\.  roi/ez  CHARLIER. 

•  GERSTLACIIER  (  CnAni.ES-  FuKor- 
Ric  ),  célèbre  publiciste  al]cman<l,  né  eu 
1732,  à  Iloblingeu  dans  le  Wurtemberiy, 
se  voua  de  bonne  heure  à  l'enseignement, 
et  fut  d'abord  professeur  exlraordinaii** 
de  droit  h  l'université  de  Tuhingen  où  il 
avait  fait  ses  études.  Il  devint  ensuite 
assesseur  au  tribunal  de  la  cour  à  Carls- 
rulie,  et  fut  nomin»,  en  1789,  consei  1er 
privé  effectif,  puis  assesseur  à  la  cour 
suprême  de  révision  établie  eu  1791  À 
Bade.  Il  a  laissé  plusieurs  ouvrages  en  al- 
lemand et  en  latin  donton  trouverétmm'-- 
ralion  dans  le  k"  vol.  du  Dicfionnoirr  ■  v 
auteurs  allemande  par  Meuscl .  I.«i;.-i(  ;%, 
1804.  Les  plus  rotmus  sont  :  |  Commcn- 
tatio  de  quœstione  per  tonnent  a.  Franc- 
fort et  Leipsick.  17;i3.  ui-4";  I  Sprrthi-n 
j'uris  puhlici  de  majore  statmini  i:ii,uni 
œtnte  antiquissima,  antiqun  rt  ho.li  -ri'.;. 
Francfort.  17o;).  iu-4";  |  Itihliofhrque  j't- 
ristique.etc.ShiUi'.nrA.  I7'i?<  !7.i'.V  e  v-l. 
grand  in-8";  |  Corpus  j  ' 

privati.  Francfort  el  I 

k  vol.  grand  in-8".  Gcr-^iia»  .i.  •  .  ^»  • 

Carlsnihe  en  I79.'i. 

GERTItrOE  r  s-unlc  ) .  nt'C  à  I^xmU'II 

en  Hral.anl.  lan  t;'.»'..  de  IVpin.  prin.  r  de 

1  LanJcu,  maire  du  p-.iais,  cl  uiiiiislru  de» 


GER  4 

rois  d'Auslrasie ,  fut  abbesse  de  Nivelle 
en  6/t7  ,  et  mourut  le  i7  mars  659  ,  à  33 
ans.  Sa  T'^ie  a  été  écrite  par  un  autour 
contemporain,  témoin  des  principaux  faits 
qu'il  rapporte.  Voyez  les  Acta  sancto- 
mm  belgi,  tome  3  ,  p.  146,  149.  Nous  l'a- 
vons aussi  en  italien  ,  par  Bonnucci ,  in- 
12;  et  en  français  par  des  Escœuvres , 
1612,  in-8°.  —  Il  ne  faut  pas  la  confondre 
avec  sainte  GERTRUDE  d'Eisleben  en 
Saxe  ,  abbesse  du  monastère  de  Rodart, 
puis  d'Elpédian ,  ordre  de  Saint-Benoît, 
qui  mourut  en  1354,  après  avoir  édifié  ses 
contemporains  par  ses  vertus  et  ses  écrits. 
Le  livre  de  ses  révélations  a  été  imprimé 
plusieurs  fois.  Sainte  Gertrude  y  trace  le 
vrai  portrait  de  son  âme.  C'est  le  récit 
de  ses  communications  avec  Dieu ,  et  des 
transports  de  son  amour.  Cet  ouvrajje, 
après  ceux  de  sainte  Thérèse,  est  peut- 
être  le  plus  propre  à  nourrir  la  piété 
dans  les  âmes.  On  distingue  les  éditions 
données  par  Lanspergius ,  chartreux , 
mort  en  1539,  et  par  le  célèbre  Blosius, 
abbé  de  Liessies.  Don  Canteleu  en  a 
donné  une  édition ,  Paris  ,  1G62  ,  in-8°, 
sous  le  titre  à'Insinualïones  divinœ pieta- 
tis^ etc.,  et.  don  Mégeen  a  donné  une  autre, 
sous  le  titre  de  Sanctœ  Gerlrudis  V,  et 
abbadssœ  ord.  Sancti  Bénédictin  insinua- 
tionum  divinœ  pietatis  exercitia ,  Paris, 
1664,  in-12.  On  a  encore  de  ce  dernier 
une  traduction  française  de  la  Vie  et  des 
révélations  de  sainte  Gertrude ^  Paris, 
1671,  in-8°.— Quant  à  sainte  GERTRUDE 
qui  est  honorée  d'un  culte  particulier  en 
Franconie,  il  est  probable  que  c'est  la 
même  que  celle  de  Nivelle. 

GEUVAIS  et  PUO TAIS  (  saints  ),  souf- 
frirent la  mort  sous  Néron,  ou  au  plus 
tard  sous  Domitien.  On  lit  dans  saint  Am- 
broise,  qu'ils  s'étaient  long-temps  prépa- 
rés à  la  victoire  qu'ils  remportèrent,  par 
les  exercices  de  la  piété  ,  et  pur  ia  con- 
stance avec  laquelle  ils  résistèrent  à  la 
corruption  du  siècle.  Le  même  Père 
ajoute  qu'ils  furent  décapités  pour  le  nom 
de  Jésus-Christ ,  et  les  appelle  les  pre- 
miers martyrs  de  Milan.  Le  lieu  où  étaient 
leurs  reliques  fut  révélé  à  saint  Ambroise 
par  une  vision  qu'il  eut  en  songe.  D'au- 
tres dirent  que  les  saints  eux-jTiémes  lui 
apparurent,  et  lui  tirent  connaître  l'en- 
droit qui  renfermait  leurs  corps.  Am- 
broise fit  creuser  la  terre  dans  le  lieu  in- 
diqué. On  y  trouva  deux  corps,  le  fond 
du  tombeau  couvert  de  sang,  et  toutes  les 
marques  qui  pouvaient  constater  la  vé- 
rité de  ces  reliques.  Elles  furent  transpor- 


36  GER 

tées  avec  beaucoup  de  pompe  dans  la  ba- 
silique de  Fauste  ,  dite  aujourd'hui  de 
Saint-Vital  et  de  Saint-Agricole  ,  et  de  là 
dans  la  basilique  Ambrosienne.  Il  se  fil 
plusieurs  miracles  à  la  levée  de  leurs 
corps  et  à  leur  translation.  Les  ariens  de 
Milan  firent  tous  leurs  efforts  pour  nier 
la  vérité  des  miracles  opérés  par  l'inter- 
cession de  ces  saints  ;  «  mais  ils  mon- 
»  traient  par  là,  dit  saint  Ambroise,  qu'ils 
i>  n'avaient  pas  la  même  foi  qu'eux.  Au- 
«trement,  conlinue-t-il,  pourquoi  au- 
0  raient-ils  cherché  à  détruire  des  mira- 
»  des  aussi  évidens?  Cette  foi  est  confir- 
»  mée  par  nos  ancêtres;  les  démons  eux- 
»  mêmes  sont  forcés  de  rendre  lémoi- 
»  gnage  à  une  doctrine  que  nient  les  hé- 
»  rétitiues.  »  Saint  Paulin  de  Noie  et  saint 
Augustin  rapportent  que  la  découverte 
de  ces  reliques,  fuite  en  586  ,  mit  fm  à  la 
persécution  suscitée  i)ar  les  ariens  contre 
saint  Ambroise.  Effectivement  le  saint 
évêque  les  réduisit  au  silence,  en  con- 
fondant dans  son  second  discours ,  les  im- 
postures par  lesquelles  ils  tâchaient  d'of- 
fusquer l'éclat  de  ces  miracles.  Cependant, 
à  la  honte  de  l'esprit  humain,  Midleton  a 
renouvelé  les  contes  des  ariens.  Mais  le 
protestant  Cave  n'a  pu  s'empêcher  de  re- 
garder ces  miracles  comme  incontesta- 
bles. <i  La  vérité  de  ces  prodiges,  dit-il, 
»  est  suffisamment  prouvée  par  les  té- 
»  moiguages  de  saint  Ambroise,  de  saint 
»  Augustin  et  de  saint  Paulin ,  qui  étaient 
»  tous  sur  les  lieux.  Ils  s'opérèrent  à  la 
»  face  de  toute  la  ville,  et  ils  furent  deux 
»  fois  la  matière  des  sermons  de  saint 
»  Ambroise.  Je  ne  doute  point  que  Dieu 
»  ne  les  ait  faits  pour  confondre  l'impiété 
»  arienne,  et  pour  prendre  hautement  la 
»  défense  de  la  doctrine  catholique,  qui 
»  éprouvait  tant  de  contradictions  ,  et  qui 
»  était  si  violemment  persécutée.  »  Voyez 
GAMALIEL. 

GER  VAIS  DE  TILBURY,  ainsi  nom- 
mé  d'un  bourg  d'Angleterre  sur  la  Ta- 
mise où  il  est  né  dans  le  12'  siècle,  était 
neveu  de  Henri  II,  roi  d'Angleterre.  I] 
eut  un  grand  crédit  auprès  de  l'empereur 
Ollion  IV  ,  auquel  il  dédia  une  Descrip- 
tion du  Monde,  et  une  Chronique.  Ger- 
vais  de  Tilbury  composa  encore  ïf/is^ 
toire  d'Angleterre,  celle  de  la  Terre- 
Sainte,  et  d'autres  ouvrages  peu  estimés, 
qui  manquent  de  critique  et  dexactitude. 
Il  est  mort  en  1218. 

GEUVAIS  CiiKÉTIEN.  f'oy ex  CHRÉ- 
TIEN (  Gervais  ). 

GERV^VIS  (  Cu  VRLES-HuBERT  ),  intei> 


Gi:i\ 


437 


GKU 


danl  do.  la  tniutquu  du  duc  d'i>i-lêaiis,  rc- 
Uonldu  ruyauiiiu,  ut  oii>utti:  in:ù(rc  de  la 
uiusique  de  la  cîuipi'llc  du  roi ,  mourut  à 
Paris  en  i7Uk,  k  11  uns.  Du  u  de  lui  |  un 
livre  do  cantates  vsi'xmiici;  |  trtùs  opéras. 
Méduic  ,  llijprrHine.itrc  ,  et  les  Amours 
de  Protêt';  |  plusieur*  inotrts. 

C.KKVAISI-:  (labbé  Nicolas),  parisien, 
lils  d'un  médecin,  s'embarqua  fort  jeune 
piMir  le  royaume  de  Siam,  avec  queltiues 
missionnaires  de  Li  cotit;ré;;alion  de  Sainl- 
Vincenl-ile-Paul.  Le  jeune  liomnie  ne  fut 
point  spectateur  oisif  dans  ses  voyages;  il 
s'instruisit  par  lui-menK*.  ou  par  les  livres 
du  pays,  de  tout  ce  qui  concernait  les 
mœurs  et  les  productions  des  contrées  qu'il 
I)arcourut.  De  retour  en  France,  après  k 
ans  de  séjour  à  Siam  ,  il  devint  curé  de 
Vannes  eu  iîrelajjne,  puis  prévôt  do  i'é- 
(jlise  de  Saint-Martin  de  Tours.  Il  alla  en- 
.««nile  à  Rome,  et  y  fut  sacré  évéiiue 
dliorren.  11  s'einbaïqua  pour  exercer  mjh 
zèle  dans  le  lieu  de  sa  mission;  il  fut  mas- 
sacré par  les  Caraïbes  en  i7i"J,  avec  ses 
compatjnons.  Le  public  lui  est  redevable 
de  plusieurs  ouvrai^es  :  j  Hisloirc  natu- 
relle et  politique  du  rutjaunie de  Siam.in- 
lii  :  I  Description  historique  du  royaume 
de Macassar .ïQ-i'-l.  C'est  comme  une  suite 
du  précédent.  Quoique  l'on  sente  bien 
quelun  et  l'autre  sont  la  production  dun 
jeune  écrivain,  on  ne  laisse  pas  d'y  trou- 
ver des  choses  curieuses  sur  les  mœurs, 
les  liabitans,  les  lois,  les  coutumes,  la  re- 
lit;ion,  les  révolutions  des  pays  qu'il  dé- 
crit. L'abbé  Gervaise  était  revenu  en 
France  avec  deux  lils  du  roi  de  Macassar  : 
I  J'ie  de  saint  Martin .  évcque  de  Tours, 
Tout  s.  16iK),  in-/i" ,  pleine  de  recherches 
édiliantcs  et  iikstructives;  don  Badier  l'a 
jujjeeavec  trop  de  sévérité  et  d'aiyrciir  ; 
I  Histoire  de  lioice .  sénat ew  romain, 
avec  l'analyse  de  tous  ses  ouvrages  ,  in- 
12,  171.i  :  bon  livre  dédié  à  Louis  XV, 
Louis  XIV auquel  il  devait  faire  cette  dé- 
dicace ctanl  mort  avant  la  publication  de 
cet  ouvrage,  qui  est  dirijjé  par  une  criti- 
que solide  et  judicieuse. 

(itUVAlSE  (don  AnM.\xi>-KaA:«VOis), 
frèic  du  précédent ,  d'abord  carme-de- 
chaussé.  ensuite  religieux  dr.  la  Trappe, 
plut  tellement  à  labbé  de  Rancé  ,  par  ses 
luiuiëres  et  par  son  zèle,  qu'il  le  lit  nom- 
mer abbé  de  son  nionaslère  en  iô%.  Don 
Gervaise,  impétueux,  bouillant ,  biz-arre, 
inquiet,  sin|;ulier  ,  n'était  poi:it  fait  pour 
être  à  la  télé  d'une  maison  qui  demandait 
un  homme  de  paix.  U  voulut  f.iire  de» 
cboDQcmwnâ  au  dedans  et  au  dehors  de 


l'abbiye.  Il  affecta  do  ne  p.iinl  consulter 
l'abbe  de  Uancé,  à  <iiii  il  devait  fl:>n  élc- 
valiou,  et  de  ne  point  .suivre  sa  faÇou  do 
Ijouverner.  Lj  vieux  réformaliur,  voyant 
sonouvr.i{;e  prêt  à  rlro  cliam;e  ou  détruit, 
en^jajjea  adroitement  le  nouvel  ahbe  .j 
donner  sa  démission.  C'est  sans  doute  ce 
qui  a  fait  dire  à  un  écrivain,  qui  souvent 
bouleverseles  événemens  pour  placer  un 
bon  mol.  f\\\  après  avoir  fonilè  et  youvrr- 
né  son  institut,  il  se  démit  de  sa  place  cl 
voulut  la  reprendre.  Don  Gervaise ,  di-- 
pouillé  de  son  abbayo,  sortit  de  la  Traj)pe, 
erra  quelque  temps  de  solitude  en  soli- 
tude. Il  conservait  partout  la  manière  de 
vivre  de  la  Trappe.  Mais  ayant  publié  son 
premier  soUuuc  dcl'J/istoire  yénérale  lie 
Cileaux,  in-4",  les  bernardins,  qui  élaie;il 
vivement  attaqués  dans  cet  ouvraije,  ol)- 
tinrcnî  des  ordres  de  la  cour  contre  luL 
Il  fut  aneié  à  Paris  en  sortant  du  Luxem- 
bourg, puis  conduit  et  renfermé  à  l'abbaye 
de  Notre-Dame  des  iieclus,  dans  le  diocèse 
deTroyes.  11  y  mourut  en  1751,  âgé  de  'Jl 
ans,  regardé  comme  un  de  ces  hommes 
qui,  mal[jré  plusieurs  bonnes  qualités, 
sont  toujours  hais  ,  paice  qu'ils  mêlent  a 
la  vertu  l'ai^îreur  et  l'amertume  de  leur 
caractère.  On  a  de  lui  :  |  Les  f^ics  de  saint 
Cyprien.  in-4"  ;  de  saint  /renée,  2  vol 
in-lii  ;  de  saint  Paul,  .">  vol.  in-l2  ;  de  saint 
Paulin,  saint  J-Jpiphanc ,  in-4.".  Les  maté- 
riaux ont  été  pris  dans  les  Mémoires  do 
Tillemont;  mais  le  style  est  de  l'auteur. 
De  l'ima^jination,  de  la  chaleur,  de  Ki 
facilité,  mais  peu  de  justesse,  beaucoup 
de  néjjhjjence  et  d'idées  sin^julières  :  voilj 
son  caractère.  |  La  /7<?  d'Abailard  tt 
d'Hèloise.  2  vol.  in-12  ;  j  les  Lettres 
d' Jbailard  et  d'JIéloise,  ti  adultes  en  fran- 
çais d'une  manière  fort  libre  ;  |  Histoire 
de  la/jbé  Suyer,  1721  ,  5  vol.  in-12  ,  cu- 
rieuse, mais  inexacte  ;  \  Histoire  de  l'aOùé 
Joucliim,  surnommé  le  Prophète^  rcli' 
gieux  de  l'ordre  de  Citcaux...  où  l'on  voit 
l'accomplissement  de  ses  j>rophéties  sur 
les  papes,  sur  les  empereurs,  sur  les  rois, 
sur  les  états ,  et  sur  tous  les  ordres  rcli- 
(jieux.  1745,  2  vol.  in-P-'  (K.  JOACIIIM,; 
I  Histoire  ijénérale  de  la  réforme  de  l'or- 
dre de  Citcaux  en  France  ,  iu-V".  Le 
1"  volume  de  tel  ouvrajc  peu  commun  , 
contre  lequel  les  bernardins  portèrent  dca 
plaintes,  n'a  pas  élé  suivi  du  2*  ;  |  Juçc- 
rncnt  critique  .mais  équitable,  des  Vici 
de  feu  V.  l  abbé  de  liancé.  reformateur 
de  l  abbaye  de  la  Trappe,  écrites  par  te» 
sieurs  Mauprouct  Marsollier.  in-12.  1744, 
Troyes ,  suus  le  litre  de  Londres.   L'au» 


GES  k: 

leur  y  relève  plusieurs  fautes  que  ces 
deux  écrivains  ont  commises  contre  la 
vérité  de  l'histoire.  Il  se  justifie  sur  plu- 
sieurs imputations,  d'une  manière  qui 
peut  paraître  satisfaisante.  Il  faut  lire  cet 
écrit,  quand  on  veut  bien  connaître  le  ré- 
formateur de  la  Trappe,  un  peu  flatté  par 
les  historiens;  mais  il  ne  faut  pas  non  plus 
s'en  rapporter  entièrement  à  l'esprit  aigri 
et  un  peu  romanesque  de  don  Gervaise. 
On  peut  voir  aussi  la  longue  Apoloyie 
qu'il  publia  au  sortir  de  la  Trappe.  |  Quel- 
ques autres  ouvrages  imprimés  et  ma- 
nuscrits. 

GÉRY  (  André-Gc'illaumb  de  ) ,  né  à 
Reims  le  il  février  1727 ,  entra  dans  la 
congrégation  de  Sainte-Geneviève  en 
1742,  enseigna  la  philosophie  et  la  théo- 
logie dans  son  ordre ,  et  s'appliqua  en 
njème  temps  à  annoncer  la  parole  de 
Dieu;  ce  qu'il  lit  avec  un  succès  marqué 
dans  la  capitale  de  la  France.  Il  devint 
successivement  curé  de  Saint-Léger  à 
Soissons ,  et  de  Saint-Irénée  à  Lyon  ,  et 
fut  peut-être  un  peu  trop  lié  avec  M.  de 
Fitz-JamcsUvSuissoiis,  et  avec  M.  de  Mon- 
tay.et  à  Lyon,  prélats  regardés  comme 
peu  soumis  aux  décrets  de  l'Eglise. 
De  grade  en  grade,  Géry  parvint  à  être 
élu  supérieur-général  de  son  ordre  en 
d778,  et  il  mourut  d'une  attaque  d'apo- 
plexie le  7  octobre  1786.  Nous  avons  de 
lui  des  sermons  ,  des  prônes ,  et  quelques 
■panégyriques.  Ce  recueil  est  en  6  vol. 
in-12,  Paris,  1788. 

*  GESENIL'S  (  Guillaume  ) ,  médecin  , 
naquit  en  1760  à  Schoningen,  dans  le  du- 
ché de  Brunswick,  et  mourut  le  i"  avril 
1801 ,  après  avoir  exercé  sa  profession  à 
Nordhausen  et  à  Walkenried.  Il  a  pul)lié 
les  ouvrages  suivans  en  allemand  ,  dont 
la  plupart  traitent  de  la  science  médicale: 
i  Essai  d'une  encyclojiéclie  lépidoptero- 
logique .  ou  Manuel  pour  les  personnes 
qui  font  des  collections  de  papillons ,  Er- 
furt  ,  1786,  in-12;  |  Pathémalologie  mé- 
dico-morale j  ou  Essai  sur  les  passions  et 
leur  influence  sur  les  fonctions  du  corps, 
1786,  in-S"  ;|  de  la  Fièv?'e putride,  bilieuse 
et  épidémique  des  années  178o  et  1786 , 
Leipsick,  1788,in-8°;  \Catalogue  descrip- 
tif des  médicamens  simples  tirés  du  règne 
végétal .  d'après  l'ordre  alphabétique  des 
dénominations  usitées  dans  les  pharma- 
cies,  Stendal,  1790,  in-folio;  \  Manuel 
de  matière  médicale ,  1792  et  1796 ,  in-8'\ 

GESLEN  ou  GHELEN  (  Sigismo\d  de  ) , 
Gélénius,  né  à  Prague,  fut  correcteur  de 
l'iniprimerie  de  Froben ,  emploi  qui  alors 


8  GES 

supposait  du  mérite  et  du  talent,  et  mon- 
rulen  looi,  après  avoir  traduit ,  du  grec 
en  latin,  Josèphe ^  Saint- Justin,  Denys 
d'Ifalicarnasse^  Philon  ^  Jpjnen  ,  et  d'au- 
tres auteurs. 

GESLER  ou  GRISLER  ,  gouverneur  de 
de  la  Suisse ,  ou  du  ir.oins  du  canton 
d'Uri.  pour  l'empereur  Albert ,  provo- 
qua ,  dit-on ,  par  ses  vexations  et  ses 
cruautés  le  soulèvement  de  ses  peu- 
ples ;  mais  les  critiques  ne  sont  pas  d'ao 
cord  sur  toutes  les  particularités  qu'on  en 
raconte.  Voyez  TELL. 

GES\ER  (Conrad),  surnommé  le  Pline 
d" Allemagne  ,  né  à  Zurich  en  1516,  n»or1 
de  la  peste  à  Bàle  en  1565,  à  49  ans,  sur- 
monta pour  s'instruire  tous  les  obstacles 
qu'apportait  à  son  éducation  la  pauvreté 
de  ses  parens,  et  professa  la  médecine  et 
la  philosophie  avec  beaucoup  de  réputa- 
tion. Après  avoir  employé  toute  sa  vie  à 
la  culture  des  lettres,  il  voulut  mourii 
au  milieu  d'elles.  Attaqué  de  la  peste ,  et 
se  sentant  près  de  çon  dernier  moment , 
il  se  lit  porter  dans  son  cabinet ,  où  il  ex- 
pira. La  botanique  et  l'hisloire  naturelle 
l'occupèrent  toute  sa  vie.  Bèz.e  dit  «  qu'il 
»  avait  lui  seule  toute  la  science  qui  avait 
»  été  partagée  entre  Pline  et  Varron.  »  Sa 
probité  et  son  humanité  le  firent  autant 
estimer  que  son  savoir.  L'empereur  Fer- 
dinand 1*^',  qui  considérait  Gesner,  donn;» 
à  sa  famille  des  armoiries,  qui  marquaient 
les  matières  qu'il  avait  approfondies.  C'é- 
tait un  éeu  écartelé.  Dans  le  \."  quartier, 
on  voyait  une  aigle  aux  ailes  éployées  ; 
dans  le  2',  un  lion  armé  ;  dans  le  3'  un 
dauphin  couronné  ;  dans  le  4'  un  basilic 
entortillé.  Ou  a  de  lui  :  ]  une  Bibliothèque 
universelle ,  publiée  à  Zurich  en  1545 , 
iu-f  >l.  C'est  une  espèce  de  dictionnaire 
d'auteurs  et  délivres,  dont  on  donna  un 
Abrégé  en  1583,  in-foi.  plus  estimé  que 
l'ouvrage  même.  |  Historia  animalium  , 
Zurich,  1551-87,  5  vol.  in-fol.  Cette  com- 
pilation offre  de  grandes  recherches  ;  mais 
elle  n'est  pas  toujours  exacte.  |  Un  Lexi- 
con  grec  et  lalin .  1560,  in-fol.  Gesner 
possédait  bien  ces  deux  langues  ;  mais 
comme  il  écrivait  pour  avoir  du  pain, 
ainsi  qu'il  l'avoue  lui-même  dans  sa  Bi- 
bliothèque, ses  ouvrages  ne  sont  pas 
exempts  de  fautes.  |  Opéra  botanica ,  Nu- 
remberg, io-folio,  1754;  |  Historiœ plan- 
tarum  fasciniliduo_,l>i\iTeinheTQ,  1759-70, 
2  parties  en  1  vol.  in-folio.  Ce  volume  fait 
suite  au  précédent.  [  Mithridates  de  dif- 
ferentiis  linguarum  :  ouvrage  dans  lequel 
il  compare  138  langues  alors  connues ,  et 


GKS  k 

à  la  sui'.e  duquel  il  duiiiic  lu  vucalnilairc 
des  \a(;abuiui'^ruiinus  sous  Iciioin  d'Hi^yp- 
liens  ou  Bolu-mK-ns.  CVsl  à  Gesiier  que 
nous  devons  liilée  d'élablir  los  (jfnicsdi's 
niantes,  par  rappori  à  U'urslU-urs,  à  leurs 
seujences  ol  à  Uui  s  fruits. On  doit  regarder 
conime  une  perle  considérable,  celle  du 
grand //tv^j>rqu"il  avail entrepris, eldont 
il  parle  souvent  dans  sesdifférens  écrits 
•ur  la  botanique.  C'est  aussi  à  Gesner  qu'on 
doit  la  naturaiis^ition  et  la  culture  de  la 
tulipe  en  France. 

C.KS.\i:U  ou  GESSNER  (  Salomon  ), 
poète,  peintre  et  yraveur  paysagiste,  né 
en  1730  à  Zurich  en  Suisse,  parut  dans 
son  enfance  inhabile  à  toute  autre  élude 
qu'à  celle  de  récriture  et  de  l'arithméti- 
que. Mais  sous  cette  apparente  incapacité 
il  cachait  une  àme  brûlante  et  susceptible 
d'enthousiasme.  Il  s'est  fait  une  réputa- 
tion très  distinffuée  parmi  lès  poètes  alle- 
mands, et  a  mérité  une  place  parmi  le 
petit  nombre  des  écrivains  modernes, 
qui ,  dans  leur  {jenre  ,  ont  paru  balancer 
le  mérite  des  anciens.  On  ne  peut  au 
moins  lui  refuser  le  mérite  d'avoir  éten- 
du les  limites  dans  lesquelles  s'était  ren- 
fermée jusqu'ici  la  pastorale,  en  lui  don- 
nant un  intérêt  tout  à  la  fois  plus  moral , 
enjoignant  aux  peintures  les  plus  naïves 
de  la  simple  nature,  des  situations  plus 
loucliantes  et  plus  variées,  avec  un  ca- 
ractère de  mœurs  plus  pur  et  plus  idéal. 
Il  faut  convenir  toutefois  que  ce  genre 
par  lui-même  n'est  pas  favorable  aux 
mœurs  :  la  tendresse  en  fait  le  ressort  et 
le  but  ;  et  en  général  ces  sortes  de  lectu- 
res énervent  toujours  le  cœur  des  jeunes 
lecteurs,  répriment  l'énergie  de  leur  àme 
dans  son  premier  essor,  et  étouffent  les 
grands  sentimens  dans  leur  naissance. 
Rival  infatigable  de  Klopstock,  il  ne  se 
rebuta  p<jint  du  peu  de  succès  de  ces  pre- 
mières entreprises:  il  donna  en  1755  son 
Da>)hnis  cp.ii  le  tira  de  l'obscurité;  cl  l'an- 
née suivante,  il  publia  des  Idylles  .c\\c{- 
d'œuvre  de  délicatesse  et  de  perfection 
où  sa  aiuse  se  montra  modeste,  irmoccnte 
et  pleine  d'attraits.  Krilin  il  s'éleva  à  la 
hauteur  de  l'épopée  dans  la  Mort  d'Ahel. 
(^e  poème  qui  retiferme  de  grandes  beaii- 
lés  est  le  titre  le  plus  solide  d«î  sa  gloire. 
Ce  poète  est  mort  .i  Zurich  .  d'une  atta- 
que d'apoplexie,  le  2  mars  1788,  âgé  de  a8 
ans.  Ses  Ohluvrei  dans  lesquelles  on  ren- 
contre encore  son  poème  du  Premier  na- 
vigateur.  kWux  drames  Eraste  et  ^V«/i- 
dre,  et  des  Lettres  sur  le  paysage .  ont 
été  imprimées  à  Reullingcn,  1773,  3  vol. 


»9  r.KH 

in  li;  elles  fojit  piulicd'une  grdi.,Ic  rol- 
h'ction  dr  poiles  allemands.  MM.  Ifuber, 
Turgol,  Mei^ter  et  lubbé  Brute  de  Un- 
relies,  en  ont  publié  une  traduction  fran- 
çaise en  3  vol.  grand  in-4".  lig.  de  Le  Rar- 
hier,  Paris,  178«i-;»3,  depuis  très  souvcnl 
réimprimée  en  k  et  en  ï  vol.  in-8";  en  ô  , 
k  ou  G  vol.  in- 18.  La  notice  placée  en 
tête  de  l'édition  de  1798  est  de  Petitain. 
On  recherche  aussi  l'édition  qui  a  été  exé- 
cutée sous  les  yeux  de  l'auteur,  Zurich 
1775-1777,  2  vol.  in-8",  avec  des  ligures 
dessinées  et  gravées  par  Gesner  lui-même. 
La  Mort  d'Ahel  a  été  traduite  en  français. 

•  CiK.SM-:r  (  jE\x-J.\<;yLES  ),  profes- 
seur d'hébreu,  né  à  Zurich  en  1707  ,  s'est 
principalement  distingué  par  sa  passion 
pour  la  numisnvilique.  On  lui  doit  :  Spé- 
cimen rei  nummariœ .  Zurich,  I75î;,  2  vol. 
in-fol.  :  le  2"  vol.  a  pour  titre  :  Aumismata 
auliqua  imperatonim  ronianorum,  latina 
et grœca.  Cette  collection,  qui  réunit  pres- 
que toutes  les  médailles  grecques  et  ro- 
niaines  connues  au  moment  de  sa  publi- 
cation, est  rarement  complète,  et  n'est 
pas  fort  estimée,  parce  qu'on  y  a  admis 
sans  critique  des  médailles  fausses  ou  su- 
spectes ,  et  que  d'ailleurs  les  planches  sont 
médiocrement  gravées.  Gesner  est  mort  à 
Zurich  en  1787. 

CESSÉE  (  Jea^  de  la  ) ,  né  en  Gasco- 
gne en  1351 ,  et  secr^itaire  du  duc  d'Alen- 
çon  ,  a  laissé  des  poésies  latines  et  fran- 
çaises .  assez  ignorées.  Le  recueil  des  pre- 
mières parut  à  Anvers  en  1580,  in-S",  et 
celui  des  secondes,  et  1585,  in-8°. 

*  GESSI  (  Fha:mçois  ) ,  peintre  italien, 
né  à  Bologne  en  1388,  fut  surnommé 
Gtiido  secom/o ,  parce  qu'il  imita  parfai- 
tement la  manière  du  Guide  dont  il  avait 
été  l'élève.  S'il  ne  l'égale  pas  toujours 
dans  la  correction  du  dessiti  et  dans  l'ex- 
pression des  affections  de  l'âme,  il  ne  lui 
est  pas  inférieur  pour  la  fermeté  liu  pin- 
ceau et  le  moelleux  du  coloris.  Il  ne  fallut 
rien  moins  que  la  prudence  et  la  douceur 
du  Guide  pour  lixer  l'esprit  volage  qui 
caractérisa  ses  premières  années.  Son 
mailre  l'emmena  avec  lui  à  Rome.  Ge.ssi 
passa  ensuite  à  Naples  où  ses  talens  exci- 
tèrent l'admiration,  mais  en  même-temps 
la  jalousie.  Il  eut  dans  cette  dernière  ville 
un  procès  qui  le  réduisit  à  un  elal  de  dé- 
tresse qui,  l'obligeant  de  travailler  iwur 
vivre,  influa  sur  son  talent  et  l'entraiiit 
à  la  débauche  .  puis  à  une  mort  malheu- 
reuse (  16'*8  ).  iJn  de  ses  plus  beaux  ou- 
vrages est  une  sainte  y'ierge  avec  un  en- 
fant Jésus,  aux  pieds  duquel  «ont  piQ- 


GEU  4/i.O 

sternes  quatre  saints.  Ses  tableaux  ne  sont 
pas  tous  également  bons  :  ceux  qu'il  exé- 
cuta avec  vitesse  et  par  besoin  d'argent 
sont  presque  sans  mérite. 

GESTIiL  (  CouxEiLLE  Van),  né  à  Ma- 
lines  eu  KJ.jS  ,  fut  curé  aux  environs  do 
Gand ,  puis  chanoine  de  JMalines,  où  il 
mourut  le  10  janvier  17/tS.  Nous  avons  de 
lui  Iliston'a  sacra  et  profana  arcliiepis- 
copaUïs  Mecliliaiensis,  avec  lig  ,  La  iïaye, 
17:25  ,  -2  vol.  in-fol.  Cette  histoire,  estima- 
ble par  le  grand  nombre  de  faits  qu'elle 
renferme ,  par  l'étendue  des  recherches 
et  })ar  l'ordre  qui  y  règne ,  ne  l'est  guère 
ilu  coté  du  style. 
CiESVllES.  royez  POTIER. 
(IKTA  (  Septimius  ) ,  fils  de  l'empereur 
Se \  ère  et  frère  de  Caracalla,  eut  Thu- 
meur  féroce  dans  son  enfance;  mais  lors- 
que l'âge  euf  développé  son  caractère  ,  il 
parut  doux,  tendre,  compati'^sant,  sensi- 
ble à  lauiitié.  Un  jour  que  Sévère  vou- 
lait faire  périr  tous  les  partisans  de  ISiger 
et  d'Albin  ,  et  que  Caracalla  lui  conseillait 
d'immoler  leurs  enfans  avec  eux,  Geta 
dit  :  «  Ne  f<iis<)iis  point  cela;  trop  de  per- 
»  sonnes  seraient  fâchées  de  la  victoire 
»  que  nous  venons  de  remporter  sur  les 
n  rebelles.  »  Caracalla  ne  pouvait  le  souf- 
frir. Sa  jalousie  éclata  après  la  mort  de 
Sévère,  lorsque  Géta  partagea  l'empire 
avec  lui.  Apres  avoir  inutilement  essayé 
de  s'en  défaire  par  le  poison ,  il  le  poig- 
naida  entre  les  bras  de  Julie,  leur  mèie 
coannune  qui,  voulant  parer  les  coups, 
fut  blessée  à  une  main  l'an  21ii  de  J..-C. 
Géta  n'avait  pas  encore  25  ans  ;  sa  modé- 
ration promettait  au  peuple  romain  des 
jours  heureux  et  tranquilles.  Ceux  qui 
étudient  l'insloire  en  vrais  philosophes, 
remarquent  (jue  lorsque  les  crimes  des 
nations  sont  venus  à  maturité,  et  que  le 
lemps  de  la  punition  des  empires  est 
arrivé,  les  bons  princes  périssent  de  ma- 
nière ou  d'autre,  et  les  monstres  seuls 
vivent  et  régnent.  On  a  de  M.  Petilot 
une  tragédie,  intitulée  Géta. 

GECISS  (  PiEuuE  ) ,  né  en  1706  à  Maii- 
seyck,  petite  ville  du  pays  de  Liège,  se 
rendit  jeune  à  Paris  ,  où  il  apprit  l'orfè- 
vrerie sous  de  grands  maîtres,  et  se  lit 
remarquer  ])ar  l'exactitude  de  sa  gravure 
sur  Targent  et  le  cuivre.  De  retour  dans 
sa  pairie  vers  1731 ,  il  s'adonna  entière- 
ment à  son  goût  pour  les  sciences  prati- 
ques et  les  arts.  La  géométrie,  l'électri- 
cité, l'optique,  l'art  du  tour,  mais  sur- 
tout les  aimans  artiticiels,  faisaient  aller- 
nalivcmenl  l'objet  de  ses  recherches.  Les 


GEY 

personnes  les  plus  distinguées  s'empres- 
sèrent de  voir  son  laboratoire.  Il  était  en 
relation  avec  les  savans*  de  Paris  et  de 
Hollande  ;  mais  trop  d'application  lui 
causa  Uii  épuisement,  et  il  mourut  le  6 
février  177o.  Entre  un  grand  nombre  d'ob- 
servations faites  sur  les  objets  de  ses 
étuJes  favorites,  il  n'a  fait  imprimer 
qu'un  Mémoire  sur  la  constructio7i  des 
ainans  artificiels  j  etc.  Venloo,  17G8,  in- 
12.  Ce  petit  hvre ,  écrit  en  style  assez  dur 
et  négligé,  contient  des  choses  neuves  et 
curieuses.  Ses  pièces-  d'argenterie  et  de 
gravure,  ses  inslrumens  de  physique  et 
do])tique,  ses  tabatières,  médailles,  py- 
ramides d'ivoire,  etc.  faites  au  tour  ,  mais 
surtout  ses  aimans  artiliciels,  qui  sont 
d'une  force  surprenante,  sont  encare  très 
recherchés  des  connaisseurs. 

*  GEYSEll  (  CuRÉiiEV  -  Théophile  )  , 
habile  graveur  allemand,  né  en  1742  à 
Gorlitz  ,  mort  d'une  attaque  d'apoplexie 
le  24  mars  1805 ,  était  i)rofesseur  de  des- 
sin à  l'académie  de  Leipsick,  et  membre 
de  plusieurs  sociétés  de  beaux  arts.  Ses 
estiuupes  ,  gravées  à  la  pointe,  ont  un  ca- 
ractère d'originalité  qu'on  n'a  pas  su  imi- 
ter. On  estime  surtout  ses  paysages  ,  avec 
de  petites  iigures  d  après  Ferg,  Wouver- 
mann  et  Pynacker,  et  ses  vignettes  pour 
l'édition  du  Virgile  de  lieyne. 

C i:\SSOLM  (  Gcii.i.AUME  ) ,  de  l'illustre 
famille  des  barons  de  Cromnes  en  Ecosse, 
fut  évoque  de  Dumbiane  dans  le  même 
royauuie.  Les  hérétiques  l'ayant  chassé 
de  son  siège,  Marie  Stuart  et  Henri  son 
époux  l'envoyèrent,  en  qualité  d'ambas- 
sadeur ,  aupi  es  de  Pie  V  et  de  ses  succes- 
seurs, pour  les  assurer  de  leur  attache- 
ment à  la  foi  catholique.  Le  saint  pontife, 
touclié  tie  l'élat  déplorable  où  les  fureurs 
des  héréli(pies  avaient  réduit  cette  reine 
infortunée,  lui  envoya  des  nonces  pour 
la  consoler,  et  de  l'aigent  pour  la  secou- 
rir. Geyssolm  se  lit  estimer  de  Pic  V  et 
de  saint  Charles ,  qui  lui  donna  le  vicariat 
de  l'archiprétré  de  Ste.- Marie- Majeure. 
L'évèque  de  Dumbiane  fut  pourvu  quel- 
que temps  après  de  l'évêché  de  Vaison  en 
Provence,  suffragant  d'Avignon,  qu'il 
défendit  contre  les  calvinistes  du  D^iu- 
phiné.  Sixte  V  connaissant  les  grandes 
qualités  de  Geyssolm,  et  le  cas  qu'en  tai- 
sait Jacques  VI,  roi  d'Ecosse,  l'envoya 
nonce  auprès  de  lui.  Geyssolm  ,  de  retour 
à  peine  dans  son  diocèse ,  le  quitta  pour 
se  renfermer,  à  l'âge  de  50  ans,  dans  la 
grande  Chartreuse,  où  il  fit  profession. 
Son  mérite  le  lit  nommer  prieur  de  Nolrg- 


GUE 


HM 


r.iii 


Dame  tic»  Anges  à  Homo.  IVu  apri-s  il  fui 
lail  proeurcur-géiu-ral  de  son  qrilre.  Ce 
saint  homme  mourul  dans  cet  emploi  le 
56  septembre  ili'JTy. 

CiEYSSOMI  (  Guillaume),  neveu  du 
précédent,  lui  surcéda  l'an  l')84,  dans  le 
siège  de  Vaison.  Il  eui  les  verlus  «le  son 
oncle.  Comme  lui ,  il  fut  envoyé  à  Jarqties 
VI,  en  qualité  de  nonce.  Il  ne  négligea 
rien  pour  rétablir  la  religion  catholique 
dans  sa  patrie  ;  et  ne  pouvant  réussir ,  il 
revint  dans  son  cvéclié.  On  lui  donna  le 
gouvernement  du  comtat  Venaissin,  après 
la  mort  de  l'évéque  de  Carpenlras.  Il  mou- 
lut  le  13  décembre  162*.).  L'aïeule  mater- 
nelle de  ce  prélat  était  sœur  de  .Jacques 
IV,  roi  d"Ecosse.  il  est  auteur  d'un  livre 
solidement  écrit,  mais  peu  connu  aujour- 
d'hui ,  intitulé  :  Examen  de  la  foi  calvi- 
niste. 

'  GEZELIUS  (Georges),  littérateur  et 
théologien  suédois  ,  né  vers  1756,  mort  le 
24  mai  1789 ,  fut  curé  à  Lillkyrka  en  Né- 
ricie ,  et  obtint  le  titre  d'aumonier  du  roi. 
On  lui  doit  un  Dictionnaire  biographique 
des  hommes  illustres  de  Suède  .  Stock- 
holm et  Upsal ,  1776-78,  3  vol.  in-8''  ,  et 
un  supplément  publié  en  1780.  Ce  dic- 
tionnaire comprend  depuis  l'époque  de 
Gustave  I"  (  1521  ),  jusqu'à  Gustave  III 
(1771  ).  On  a  reproché  à  cet  ouvrage  des 
omissions,  des  articles  peu  intéressans  et 
des  inexactitudes  dans  la  partie  bibliogra- 
phique ;  cependant  on  y  rencontre  des 
notices  fort  intéressantes  qui  ne  laissent 
rien  à  désirer. 

GilÉER\EnDS(  Marc),  peintre  et 
graveur  flamand  du  16'  siècle  ,  s'établit  à 
Bruges ,  et  excella  dans  les  paysages.  Vers 
Ij66  il  se  relira  en  Angleterre  où  il  mou- 
rut. On  a  de  lui  :  |  un  Plan  de  la  ville  île 
Bruges .  f^\i"\\.  dessina  et  grava  dans  la 
dernière  perfection  ;  |  les  Fables  véridi- 
qties  .  ou  la  t'hérite  enseignée  par  des  ani- 
»/i«//x,  Bruges,  1567,  in-i°,  en  flamand. 
<A' sont  les  fables  d'Esope,  ornées  d'es 
lampes  estimées  des  connaisseurs;  elles 
ont  été  copiées  }Kir  Venceslas  Ilullur. 
I  V^rt  de  l'enluminure  »  Amsterdau» , 
1705.  in-12. 

GIIEI.\  (  Jacql'es  ).  graveur  hollandais. 
Son  burin  est  extrêmement  net  et  pur  , 
mais  un  peu  sec.  On  a  de  lui  le  Manie- 
ment des  armes  .  1607 ,  in-fol. 

CillE.XART  f  A:«roi\E  ),  né  à  Visé,  dans 
la  principauté  de  Liège ,  vers  l'an  1522  , 
fut  chanoine  de  l'église  de  Liège,  vicr- 
doycn  ,  inquisiteur  de  la  foi  et  professeur 
en   thculugie.    Il    as:>isla  au    concile   de 


Trente  avec  Guillaume  de  Poilier».  pré- 
vol  de  la  même  égliie  ,  et  mourut  lu  1" 
mars  1;)9j.  fort  regretté  surtout  des  pau- 
vres dont  il  avait  élé  le  père.  Ghénarl  a 
eu  la  plus  grande  part  à  l'éililioii  du 
Maître  des  Sentences,  faite  à  I^)uvain» 
15'i6  .  in-/*".  On  a  encore  de  lui  :  Afani- 
pulits  cvn-atorum  a  Guidone  de  Monte 
Rocherii  ;  adjunctus  est  ritus  celebrandi 
ss.  missœ  of/icium  .  juxta  morem  diœct' 
sis  Lcodiensis  ;  item  .  Ifildeberti  .  CenO' 
manensis  episcopi .  poema  de  officia  mis- 
sœ; Anvers,  l.')70.  in-12. 

T.nÉKARDESCA  (Philippe),  musi- 
cien et  compositeur  italien  ,  né  à  Pi5tf)ie 
en  1730.  fut  un  des  élèves  les  plus  dis- 
tingués du  célèbre  Martini.  On  lui  doit 
six  sonates  pour  piano  et  violon  ;  mais  ce 
qui  lui  fit  le  plus  d'honneur  fut  la  Messe 
de  Requiem  qu'il  composa  en  1803  ,  pour 
la  mort  du  roi  d'Etrurie ,  et  qui  passe 
pour  un  chef-d'œuvre  dans  ce  genre.  Il 
avait  coniffosé  pour  les  théâtres  de  Tos- 
cane un  grand  nombre  d'opéras  qui  eu- 
rent beaucoup  de  succès.  Nommé  en  1770 
maître  de  musique  de  la  cour  de  Léopold, 
grand-duc  de  Toscane,  Ghérardesca  cessa 
de  travailler  pour  le  théâtre  et  enseigna 
la  musique  aux  nombreux  enfans  du 
prince  ;  plus  tard  il  fut  attaché  au  service 
de  Louis  de  Bourbon  roi  d'Etrurie,  puis 
il  se  retira  à  Pise  ,  où  il  mourut  au  mois 
de  janvier  1808. 

•  GIIESQUlÈREdeRAEMSDONK  (Jo- 
SKPH  de),  jésuite,  né  à  Giurtrai  vers 
1736 ,  fut  un  des  auteurs  du  recueil  des 
Bollandistes.  Il  prit  ensuite,  dans  cetto 
vaste  compilation ,  les  vies  des  saints  de 
la  Belgique  qu'il  publia  sons  le  titre  de 
Acta  sanctorum  Belgii ,  1783-94,  6  vol. 
in-4° ,  avec  des  commentaires  et  des  notes 
critiques,  historiques  ,  etc.  Apres  la  sup- 
pression de  son  ordre,  il  s  était  retiré 
à  Bruxelles  ;  à  l'approche  des  armées  fran- 
çaises en  1794,  il  se  rendit  en  Allemagne 
où  il  est  mort  en  1804.  On  a  encore  de  lui 
des  Dissertations  sur  les  différens  genres 
des  médailles  antiques.  Nivelle,  1779; 
sur  l'auteur  du  livre  de  l'Imitation  de 
J.-C.  .  1773.  in-12  .  i»ul«lié  par  labbé  do 
St. -Léger  «jui  y  a  joint  un  averlissemenl 
et  des  noies  ;  un  Mémoire  sur  troii 
points  intéressans  de  l  histoire  des  l\tys 
lias .  c\c.  cl  plusieurs  auircs  ou\ rages 
sur  les  dimes  et  les  monnaies. 

GlilLIM  (  JÉRUHE  }.  né  à  Monr.a  .  dans 
le  Milanais,  en  1389  ,  »e  maria  fort  jeune, 
et  partagea  son  temps  entre  les  soins  de 
sa  maison  et  la  littérature.  Devenu  veuf. 


il  recul  loidrc  de  prélrisc  et  Je  boiiaet 
de  docteur  en  droit  caiioa.  II  mourut  à 
Alexandrie  de  la  Paille,  vers  Tan  1G70, 
membre  de  l'académie  des  Iiicoijnili  de 
Venise  ,  et  protonotaire  apostoli([ue.  On 
lui  doit  plusieurs  ouvraj^es  en  vers  et  en 
prose.  Les  plus  connus  des  savaus  sont  ; 
\  Annali  di  yilcssandria  ,Wi\àn,  1G66, 
in-fol.  ;  I  Teatrodcgli  nomini  h  ttcrati ,  tn 
2  vol.  in-//."  ,  Venise  .  WCl ,  livr"  curieux  , 
niais(iui  manque  d'exactitude. 

GlIiî.I.M  (C.\jm.i.E;.  Voijez  FREGOSE 
(  Baptisti;  ). 

*  GIAC  (le  Clievalier  de),  lieute- 
nant-général, né  en  1738,  entra  à  l'âge 
(le  13  ans  dans  le  régiment  de  Soucy, 
royal-arlillerie,  et  passa  trois  ans  après 
lieutenant  au  régiuienl  de  Champagne. 
En  1757  ,  il  passa  en  Allemagne  avec  son 
régiment,  pour  faire  partie  de  l'armée 
auxiliaire  de  la  Reine  de  Hongrie.  Son 
courage  et  son  sang -froid  le  tirent  re- 
marquer aux  combats  de  Siutzel!)erg , 
Crévelt  (  17G8  ) ,  et  surtout  à  Wi'.lem- 
stadt,  où  il  fut  fait  capitaine  sur  le  cliamp 
de  bataille.  Peu  do  temps  après  les  affaires 
de  Filingfliauser ,  Sanderhausen ,  où  il 
fut  blessé  ,  lui  vabirenl  la  croix  ele  Saint- 
Louis,  et  un  grade  supérieur.  Nommé 
maréchal-des-camps  et  armées  du  roi , 
par  Louis  XVI,  le  clievalier  de  Giac  ,  se 
rangea,  pendant  les  orages  de  la  révolu- 
tion, parmi  les  iidèles  serviteurs  du  roi, 
qui  combattirent  pom-  lui  sur  la  terre  de 
l'exil.  Le  retour  des  Bourbons  lui  rendit 
quelques  années  de  repos  et  da  bonheur- 
Pénétré  des  vérités  de  la  religion  ,  il  est 
mort  en  chrétien,  au  mois  de  septembre 
1829  ,  à  l'âge  de  92  ans. 

GIACOMELLI  (M!Cuki.-Axgi:  ),  secré- 
taire des  brefs  aux  princes  sous  le  j)ape 
Clément  XIII,  cha^noine  du  Vatican,  et 
archevêque  in  partibas  de  Chalcédoiue  , 
naquit  en  lG9o  à  Pisloie  et  mourut  en  177/t 
d'un  débordement  de  bile.  Il  fut  d'abord 
bibliolhécaire  du  cardinal  Fabbroni,  et  en- 
suite du  cardinal  Colligola.  Il  avait  tout 
ce  qu'il  fallait  pour  ces  places  :  une  vaste 
littérature  et  la  connaissance  des  langues. 
Divers  écrits  en  faveur  du  saint  Siège 
lui  méritèrent  les  bienfaits  des  pontifes 
romains.  Il  perdit  cependant  sous  Clé- 
ment XIV  la  place  de  secrétaire  des  brefs, 
peut-être  parce  qu'il  avait  montré  des  scn- 
timens  trop  favorables  à  une  sociélé  me- 
nacée d'une  ruine  prochaine.  Il  s'était  ac- 
([uitlé  de  cet  emploi  à  la  grande  satisfac- 
tion des  au)ateurs  d'une  belle  et  pure 
Jaiinitc  :  sou  style  était  plein  de  dignité  et 


2  GÎA 

d'onction.  On  a  de  lui  divers  ouvra  ces; 
les  principaux  sont  :  |  une  traluctinn 
latine  du /Vv^Ye  de  Benoît  XIV,  sur  les 
fêles  de  Jésus-Christ  et  de  la  Vierge .  et 
sur  le  sacrifice  de  la  M:;sse ,  PaJoue , 
1745  ;  I  vme  version  en  italien  du  livre 
de  saint  Jean--Chri/sostàme  sur  le  sacer- 
doce ;  I  Prométhée  aux  liens ,  tragédie 
d'Escliyle  ,  et  V Electre  de  Sophecle,  tra- 
duites du  grec  ,  Rome  ,  1754  ;  |  les 
Arnours  de  Chéreas  et  Callirhoé ,  tradui- 
tes du  grec ,  Rome,  1755  et  1736;  |  une 
édition  du  commentaire  de  Philoti ,  évé- 
que  de  Carpasi ,  sur  le  Cantique  des  can- 
tiques ;  I  Une  excellente  version  italieniie 
de  la  Bible,  imprimée  après  sa  mort  ;  (  une 
traduction  des  Inslitutioncs  ecclesias- 
^/cflJ  de  Benoit  XIV ,  etc.  Ce  prélat  était 
un  homme  très  laborieux.  Il  avait  de  la 
pliilosophie  dans  l'esprit  et  dans  le  carac- 
tère ;  et  quoique  naturellement  vif  cl  sen- 
sible à  l'honneur ,  il  soutenait  les  disgrâ- 
ces avec  fermeté:  ses  manières  étaient 
honnêtes ,  et  il  était  également  propre  à 
vivre  avec  les  grands  et  avec  les  gens  de 
lettres. 

*  GIANELLA  (François),  jésuite  ,  ma- 
thématicien >  naquit  à  Milan  le  15  janvier 
1740.  A  l'âge  de  16  ans  ,  il  entra  chez  les 
jésuites  et  lit  ses  études  à  Turin  ,  au  col- 
lège de  cet  ordre,  et  eut  pour  condisci- 
ple le  célèbre  Lagrange.  Après  la  sup- 
pression do  celle  congrégation,  il  occupa 
à  Pavie,  et  ensuite  à  Milan  ,  les  chaires  de 
physique  el  de  matiiémaliques,  et  mou- 
rut dans  cette  ville  le  15  juillet  1810.  On 
a  de  lui  :  i  Miscellanea  Taurinensia,  17G9, 
contenant  plusieurs  mémoires  fournis  à 
l'académie  de  Turin,  (fondée  en  17G2  , 
dont  il  était  membre  depuis  sa  création  ; 
[De  tensione  funium ^  Milan,  1773,  ou- 
vrage très  estimé  des  savans;  |  De  igné ^ 
ibid.  1772;  |  Elemetiti  d'algebî'a .  Vavic  , 
1778  ;  j  Elementi  di  matematica  ,  ib.  1781. 

•  GiAWETTASïO  (  Niccolo  PAR- 
TENIO  ) ,  jésuite  napolitain  ,  et  poète  latin 
né  en  1G48,  professa  la  philosophie  dans 
la  Calabre  ,  et  ensuite  les  njathématiques 
dans  le  grand  collège  de  Naples.  Malgré 
les  travaux  qu'exigeaient  les  chaires  qu'il 
remplissait ,  et  la  faiblesse  de  sa  santé  ,  il 
cultiva,  avec  beaucoup  de  succès,  la 
poésie  latine  ,  et  publia  successivement  : 
I  des  églogues  ;  \  \Si\  poème  sur  la  navi- 
gation ,  en  8  livres ,  sous  ce  titre  :  Nico- 
lai  Parthenii  Giannettasii  neapolita7ii  ^ 
è  socielate  Jesu.  piscatoria  et  nautica  ; 
I  Flalieuticorum  libri  X .  1689.  in-8", 
poème  sur  la  pêche;  j  Nauinachicorum 


Gl.V 


4/t5 


GIA 


Hhri  y.  1690,  poiiuo  sur  la  (;ucrrc  de 
iiur  ;  I  Bcllic  ruin  liOri.X.  itoiinc  sur  la 
yucrrc  Uf  Irrrc  :  j  «luo  .■iniuu-  savante . 
divisée  on  /»  jH)rim'S  :  yl^statrs  Suncn- 
tina' .  1097  ;  Jut  mnis  Surrentinus.  1698, 
llyemes  Pntcolaui.  et  l'er  JAvculaneum. 
1704;  I  une  Cosmographie  cKuncGéogra- 
phie.  Tous  ros  ouvrages  forment  12  vo- 
J\iines,  réiin|)riniés  chacun  plusieurs  fois 
el  reunis  à  ^a^)lcs  en  1715,  5  vol.  in-T. 
Sa  poésie  a  de  U  noblesse  ,  du  nombre  , 
lie  la  facilité ,  de  l'aliondance  ;  on  y  trouve 
des  détails  rendus  avec  des  couleurs  poé- 
tiques, et  surtout  avec  beaucoup  de 
clarté;  tels  que  la  description  do  la 
boussole,  l'oriijine  des  vent^  leur  carac- 
tère ,  etc.  On  a  encore  de  lui  :  |  Ptincay- 
ricus  et  cwmen  seciilare  fnnocentio  XII. 
Naplcs,  IG'.K),  in -8";  |  Panegijrtcns  in 
fuuere  Innocenta  XII .  1700  ;  |  Xav'e- 
rius  f'iutor.  Naples,  1715  et  21,  3  vol. 
ln-!i"  :  ouvraf^e  de  sa  jeimesse,  qu'il 
n'a  pas  achevé  ;  |  une  Histoire  de  Xa- 
ples .  en  latin  et  en  fort  bon  style, 
comme  toutes  ses  productions  ;  mais  ce 
n'est  qu'une  espèce  de  traduclioi»  de  l'his- 
toire de  Summonle.  Ses  poèmes  didac- 
tiques sont  dans  le  genre  de  Sanna- 
7.ar,  et  ses  autres  ouvrages  méritent 
d'être  lus.  Ce  savant  relitjieux  employa 
le  produit  de  ses  ouvrages ,  qui  eurent 
\\n  grand  débit  dans  toute  l'Europe  ,  à 
faire  construire  une  superbe  église  dédiée 
à  la  Vierge  Marie,  à  laquelle  il  avait  une 
dévotion  particulière.  Il  mourut  à  Massa  , 
dans  le  collège  de  sa  société,  le  10  sep- 
tembre 171;). 

•GIA\M  (François),  poète  et  impro- 
visateur italien,  né  à  Rome  en  17aJ  ,  ap- 
prit d'abord  le  métier  de  tailleur,  et 
l'iitit  naître  son  talent  pour  la  poésie, 
1  lisant  le  Tasse  et  l'Ariosle  ;  c'est  en 
;;availlant  dans  sa  boutique  qu'il  im- 
provisa ses  premiers  vers,  qui  lui  ont 
donné  l'idée  d'embrasser  ,  sans  aucune 
étude  préliminaire,  la  profession  d'im- 
provisateur qui  n'existe  guère  que  chez. 
les  Italiens.  Ses  ]>remiers  essais  se  firent 
à  Gènes.  11  parcourut  ensuite  l'Italie  et 
chanta  les  victoires  de  Bonaparte  qui 
conçut  l'idée  d'en  faire  un  législateur  ,  et 
le  lit  nommer  membre  de  l'un  des  deux 
con$eilsdelarépul)liqiie  cisalpine. Lorsque 
Suwarow  envahit  l'Ilalie.  Gianni  fut  en- 
fermé dans  la  forteresse  de  Catlaro;  mais 
il  en  sortit  en  1800,  vint  en  France,  et 
r.  rut  de  Bonaparte  le  titre  A' I mprovisa- 
tetir  imnérial ,a\ec  une  pension  de  6.000 
francs  ;  recormaissant  de  ces  bienfnit.5 ,  il 


célébra  les  exploits  de  son  héros  avec 
toute  rexaltalion  d'un  poète.  Il  chanta 
aussi  les  amours  et  tl'aulres  «ujeU  gra- 
cieux. Plusieurs  de  ses  chants  improvi- 
sés ont  été  imprimés  avec  la  traduction 
française  en  regard  ,  et  les  journaux  fran- 
çais et  italiens  en  ont  fait  beaucoup  d'é- 
loge. A  la  restauration  ,  Gianni  conserva 
sa  pension  par  le  crédit  de  C.orvello,  mais 
sa  muse  ne  se  consacra  plus  qu'a  des  su- 
jets religieux.  Il  est  mort  à  Paris  en  1823. 
Ses  principaux  ouvrages  ont  été  recueillis 
à  Milan  en  1807,  5  vol.  in-12.  On  y  reii- 
contre  des  vers  que  n'auraient  point  dés- 
avoués les  plus  grands  poètes  d'Italie. 
Le  célèbre  poète  Monli  disait  en  parlant 
de  Gianni  :  Xalura  ha  fallo  di  tutto  per 
formnrne  un  gran  poeta. 

•  GIAWIM  (J()Seph),  médecin  dis- 
tingué, né  en  1775  à  Parabiégo  près  de 
Milan  ,  fut  d'abord  destiné  par  ses  pa- 
rens  à  l'état  ecclésiastique  ;  mais  il  étudia 
en  secret  \x  médecine  ,  et  parvint  à  se 
faire  recevoir  docteur  en  1796,  après  avoir 
suivi  les  leçons  do  Franck ,  puis  de  Scarpa 
dont  il  fut  un  des  élèves  les  plus  distin- 
gués. En  1810  Giannini  fut  nommé  mé- 
decin de  la  cour,  et  dut  celle  place  à  sa 
grande  répulalion.  Il  mourut  le  18  dé- 
cembre 1818.  Giannini  fut  un  des  méde- 
cins qui  contribuèrent  le  plus  à  l'élablis- 
sement  et  au  progrès  de  la  nouvelle  mé- 
thode médicale  italienne.  Ses  principaux 
ouvrages  sont  :  |  Memorie  di  medicina  , 
1800-1802  ,  h  vol.  in-8"  ;  |  Délia  naiura 
delta  febri  e  del  miglior  metodo  di  curuli^ 
Milan  et  Naples  .  1805-1817  ,  2  vol.  in-8°  , 
traduit  en  français  par  Hcurtcloup,  Pari», 
1808,  2  vol.  in-8",  et  en  partie  par 
Jouerne,  sous  le  titre  suivant  :  de  la 
Goutte  et  du  rhumatisme .  Paris,  1810, 
in-8'''.  avec  des  Notes  du  docteur  Marie  de 
St.-Ursin. 

GIA\\0>iE  (Pierre),  fameux  écri- 
vain napolitain  né  le  7  mai  1676  dans  la 
terre  d'Ischitclla  ,  province  de  la  Capita- 
nata,  s'est  rendu  pendant  quelque  temps 
fameux  par  une  Histoire  de  Xaptes  ,  où 
il  avait  rassemblé  tous  les  genres  de  sar- 
casmes contre  les  pn'^tres  ,  les  religieux , 
les  ministres  de  la  religion  en  général,  et 
surtout  contre  le  siège  de  Rome  ;  c'est 
une  compilation  faite  sans  d'autre  choix 
quo  celui  de  ri[;nnrancc  «u  de  la  mau- 
vaise foi .  do  tout  ce  qui  peut  rendre 
odieux  l'église  catholique  cl  ses  pasteurs. 
Chassé  de  sa  patrie,  il  chercha  un  asile 
dans  les  états  du  roi  do  Sardaignr.  C'était 
le  sage  Charles-Emmanuel  111  qui,  instruit 


GIB  44 

des  quanta  de  l'auleur  cl  de  l'ouvrage  , 
envoya  Giannone  dans  une  maison  où  il 
mourut  le  7  mars  1748  ,  à  72  ans.  Cette 
satire  grossière,  sous  le  nom  <\'Jfistoi?'e, 
est  divisée  en  40  livres,  et  a  été  imprimée 
à  Naples,  en  4  vol.  in-4",  1723.  Le  mépris 
où  elle  est  tombée  ,  l'a  rendue  assex  rare 
La  traduction  française  qu'en  lit  un  cer- 
tain Desmoneeaux  ,  attaché  à  M.  le  duc 
d'Orléans,  lils  du  régent  (La  Haye,  1742, 
4  vol.  in-4"  )  ,  est  mal  écrite.  On  a  extrait 
de  ce  corps  d'histoire  ,  tout  ce  qui  regarde 
la  partie  ecclésiastique;  c'est  un  in-12, 
imprimé  en  Hollande,  sous  ce  titre  :  Jnec- 
dotes  ecclésiastiques  ,  etc.  Excellent  régal 
pour  des  sectaires,  ennemis  de  l'église 
catholique  et  de  l'autorité  pontilicale.  On 
a  donné ,  depuis  la  mort  dô  l'auteur  un 
volume  d'0£uvres  posthumes  j  1760  ,  in- 
4°,  qui  contient  sa  profession  de  foi,  qui 
eût  été  bien  nécessaire  de  son  vivant.  Jo- 
seph San-Félice  ,  jésuite  ,  a  solidement 
réfuté  les  erreurs  et  mensonges  de  Gian- 
none dans  ses  Reflessioni  tnorali  e  theo- 
logiche,  Rome  (  sous  le  nom  de  Cologne), 
1728  ,  2  vol.  in-4°.  L'abbé  Fernando  Pan- 
zmi  et  Fabbroai  ont  écrit  sa  vie  le  pre- 
mier en  italien,  et  le  second  en  latin. 

•  Gl.VUDIM  (  FÉLicE  ) ,  célèbre  vio- 
lon ,  né  à  Turin  en  avril  1716,  mort  en 
Russie  en  septembre  1796  ,  séjourna  long- 
temps à  Londres  ,  où  son  arrivée  lit  une 
époque  mémorable  dans  l'histoire  de  la 
musique  instrumentale  de  ce  pays.  Il  y 
introduisit  le  bon  goût,  et  fonda  en  An- 
gleterre une  école  de  violon  ,  qui  a  donné 
dans  la  suite  d'excellens  professeurs.  Ce 
musicien  s'était  fait  admirer  en  Italie,  en 
France  et  en  Russie.  Ses  œuvres  sont 
ploiîiL'sde  goût  et  d'harmonie;  mais  on 
trouve  que  le  chant  est  trop  dominé  par 
la  partie  instrumentale  dans  laquelle  il 
excellait. 

GIATÏIA'I  (Jean-Baptiste),  jésuite 
de  Palerme  en  Sicile  ,  mort  à  Rome  en 
1672  ,  à  72  ans  ,  a  fait  un  grand  nombre 
de  discours  et  de  tragédies  à  l'usage  des 
collèges  ;  mais  son  principal  ouvrage  est 
la  traduction  latine  de  V Histoire  du  con- 
cile de  Trente  de  PallavLini ,  Anvers  , 
1672  et  1677  ,  5  vol.  in-4°. 

•  GiïîBON  (Edouard)  ,  historien  an- 
glais, naquit  àPutney,  d'une  famille  as- 
sez ancienne,  le  27  avril  1757,  et  lit  à  l'u- 
niversité d'Oxford  des  études  où  iln'obtinl 
que  peu  de  succès.  Dès  son  enfance,  il 
montra  un  goût  décidé  pour  les  lectures 
sérieuses,  et  spécialement  pour  l'histoire. 
A  l'âge  de  15  ans  il  composa  un  civragc 


4  GTB 

intitule:  le  siècle  de  Sésostris,  dont  le 
but  était,  non  de  peindre  les  exploits  du 
monarque  égyptien,  mais  ,  ce  qui  parut 
plus  étonnant,  de  déterminer  la  date  pro- 
bable de  son  existence.  Cependant ,  peu 
satisfait  de  son  travail ,  il  ne  l'acheva  pas, 
ei  devenu  plus  diflicile  à  mesure  que  ses 
connaissances  s'étendaient,  il  le  jeta  au 
feu  quelques  années  après.  Ayant  lu  r//i5- 
loire  des  T'ariations  des  Eglises proteS" 
tantes  par  Bossuet ,  ce  livre  porta  la  lu- 
mière dans  son  esprit  et  le  détermina  à 
abjurer  le  protestantisme  entre  les  mains 
d'un  prêtre  catholique,  le  8  juin  1753.  Stfn 
père  irrité  de  ce  changement  l'envoya  à 
Lausanne  cjiez  un  ministre  protestant  ; 
et  telle  était  la  mobilité  d'esprit  du  jeune 
Gibbon,  qu'il  revint  bientôt  à  l'église 
qu'il  avait  abandonnée,  ou  plutôt  qu'il  se 
plaça  entre  l'erreur  et  la  vérité  dans  un  état 
de  doute  et  de  scepticisme  qui  devint  dès 
lors  sa  disposition  habituelle.  Il  s'accou- 
tuma à  voir  tout  avec  indifférence,  la  re- 
ligion comme  les  affaires  mondainei.  Aussi 
inconstant  dans  ses  occupations  que  dans 
ses  principes,  il  abandonna  ses  études  litté- 
raires pour  entrer  avec  le  grade  de  capi- 
taine dans  la  milice  de  Hampshire  ;  mais 
il  renonça  bientôt  à  cet  état  qui  ne  con- 
venait ni  à  ses  goûts  ni  à  sa  santé  délicate^ 
pour  voyager  sur  le  continent.  Il  se  rendit 
à  Paris  en  1763.  Deux  ans  auparavant ,  il 
avait  publié,  en  français,  un  essai  sur  l'é- 
tude de  la  littérature.  Cet  ouvrage  écrit 
dans  une  langue  étrangère  avec  autant 
de  pureté  que  d'élégance,  l'avait  fait  con- 
naître avantageusement  dans  le  monde 
littéraire,  et  à  son  arrivée  à  Paris,  le 
jeune  auteur  se  vit  accueilli  avec  une 
extrême  bienveillance.  Après  trois  mois  de 
séjour  dans  cette  capitale  il  visita  la  Suisse 
et  l'Italie,  et  ce  fut  dans  ce  dernier  pays,  à 
la  vue  des  ruines  de  Rome  qu'il  conçut  le 
projet  d'écrire  l'histoire  de  la  décadence  et 
de  la  chute  de  cette  ville  immortelle.  De 
retour  en  Angleterre,  en  1770,  la  mort  de 
son  père  le  rendit  possesseur  d'une  fortune 
considérable;  il  entra  au  parlement  en 
en  1774 ,  et  ne  s'y  distingua  ni  comme 
orateur,  ni  comme  homme  d'état.  Il  s'at- 
tacha au  ministère  de  lord  North,  et  se 
déclara  contre  les  prétentions  des  anglo- 
américains.  Partisan  des  mesures  acer- 
bes, il  aurait  voulu,  assure-t-on,que  l'on 
coupât  six  têtes  dans  le  conseil  d'état ,  et 
qu'on  les  étalât  pour  l'exemple,  en  plein 
parlement.  Nommé  lord  du  commerce ,  la 
chute  de  lord  North  amena  la  suppres- 
sion de  cette  place,  et  GiJ)bon  renonça 


Gin 


kk:i 


GTR 


alors  aux  affaires  publujucs  pour  s't  ru- 
jior  lie  sou  Rraivl  *»u  vra(îc  »  l'histoire  de  la 
Uécadencc  et  de  la  chute  de  l'empire  ro- 
main. 6  vol.  in-4".  Le  premier  vohime 
qui  parut  eu  177(j,  lui  allira  de  justes 
critiques,  et  tout  le  clergé  anijlicau  se 
Isva  pour  rci>ousser  les  attaques  qu'il 
renfermait  contre  le  christ  ianiuie. Les  trois 
derniers  volumes  furent  publiés  en  1788. 
Cet  ouvrage  fut  traduit  dans  presque 
toutes  les  langues  de  IHurope,  et  fut  ac- 
cueilli avec  empressement  par  cel  t-spril 
irréligieux  et  novateur  qui  dominait  au 
18' siècle,  et  auquel  il  offrait  un  nouvel 
aliment.  Un  livre  empreint  d'une  philo- 
sophie anlichrélienne,  ne  pouvait  man- 
quer d'obtenir  un  grand  succès  en  France, 
où  les  disciples  de  Voltaire  s'étaient  pro- 
digieusement nmllipliés.  On  applaudit 
aux  efforts  que  faisait  l'historien  pour 
ralaisser  l'héroïque  courage  des  martyrs, 
cl  les  magnificences  de  cette  Rome  chré- 
tienne où,  dans  un  aveugle  enthousiasme 
pour  l'antiquité,  il  s'obstinait  à  ne  voir 
que  des  ruines.  Incapable  de  comprendre 
la  grandeur  paisible  et  les  vertus  modes- 
tes, Gibbon  n'accorde  son  admiration  qu'à 
l'éclat  extérieur,  et  à  la  force  désordon- 
née ;  après  avoir  rabaissé  la  constance  des 
martyrs  chrétiens,  il  célèbre  les  exploits 
de  Tamerlan  et  des  Tarlares.  Dans  le  fa- 
natisme de  son  admiration  pour  l'anli- 
((uilé,  il  va  jusqu'à  regretter  le  pa^janisnic; 
c'est  ce  qu'il  avoue  lui-même  uans  ime 
lettre  à  lordSheflield.»  L'Eglise primilive. 
«  disail-il,  dont  j';«i  parlé  un  peu  fami- 
»  lièrement  était  une  innovation,  elj'e- 
*  tais  attaché  au  paganisme.  ■  On  ne  doit 
pas  s'étonner  que  l'ouvrage  de  Gibbon 
ait  soulevé  contre  lui  tous  ceux  qui  te- 
naient encore  au  ehi  islianisme;  les  plus 
fameux  théologiens  de  l'Angleterre,  et 
entr'autres  les  docteurs  Watson  .  Wliitc, 
(^heisam.Witoker,  Prieslley, etc.. se  décla- 
lerent  ses  adversaires,  cl  atla(|uércnt  no- 
tamment les  chapitres  15  cl  16  du  pre- 
mier volume  ,  qui  sont  consacrés  à  l'his- 
loire  de  rétablissement  du  christianisme. 
Jl  répondit  à  quelques-uns  d'enlr't-ux  par 
une  brochure  intitulée  :  Défense  de  quel- 
qttes  passages  des  chapitres  15  el  16  de 
l'histoire  de  la  décadence  et  de  la  chute 
de  l'empire  romain  Cette  défense  .  faible 
sur  beaucoup  de  iM>int8  et  d'une  extrême 
amertume,  décela  toute  l'humeur  qu'a- 
vaient causée  à  Gibbon  les  attaques  dirigées 
contre  son  livre.  Lui-même  avoua  que  s'il 
avait  prévu  ces  critiques,  il  aurait  adouci 
ces  deux  chapitres.   Cependant  il  prit  le 

a. 


parli  de  ne  se  rélracler  en  i  m  ,. ,  .,...m  le 
reste  de  l'ouvrage.  L'histoire  de  GiblK>n. 
beaucoup  trop  vantée  par  le  parti  philov> 
phique,  n'est  pas  cependant  fans  un  grand 
mérite.  Outre  l'intérêt  du  sujet .  on  y  trot»- 
ve  une  érudition  vaste,  so'.i-li!  cl  varice; 
\inc  critique  exacte  et  ing»  iiiiu^e ,  lor»- 
quc  l'auteur  n'est  pas  aveuglé  par  ses  pré- 
ventions; des  vues  judicieuses  et  souvent 
profor)des;  el  surtout  l'art  de  rattacher  les 
faits  à  de  grandes  idées.  Mais  c'est  en  vaiii 
quoii  y  chercherait  des  principes  lixescn 
morale,  en  religion  et  en  économie  polit!» 
que.  L'incertitude  des  opinions  de  l'auteur 
se  révèle  partout,  el  donne  lieu  à  de  nom- 
breuses contradictions  dans  ses  rai-îonne- 
mens.C'estainsiqu'Hurès  avoir  nié  les  mi- 
racles, il  leur  attribue  la  co>i  version  de  l'u- 
nivers. On  a  reproché  aussi  à  l'ouvrage  do 
Gibbon  plusieurs  omissions  ,  descilations 
tronquées,  défaut  impardonnable  dans  un 
historien  dont  l'exactitude  est  le  premier 
mérite.  Gibbon  avait  terminé  son  histoire 
en  1787  ,  à  Lausanne.  Il  était  encore  dans 
celte  ville  lorsque  la  révolution  française 
vint  troubler  son  repos.  Surpris  et  effraye 
des  désordres  qu'elle  anu-na,  il  la  prit  en 
horreur.  Ln  IJifi,  sonantilord  Scheflield 
l'engagea  à  retourner  en  Anjjlelerre  pour 
se  soustraire  à  l'agitation  du  continent; 
Gii)bon  ,  dont  la  santé  était  mauvaise,  hé- 
sita (juelquc  temps,  et  ne  se  décida  qu'en 
1793  à  rentrer  dans  sa  patrie.  Quelques 
mois  après  son  «arrivée,  ses  in(irn.ités 
augmentèrent;  après  avoir  subi  plusieurs 
fois  une  oj)éralion  qui  semblait  devoir 
prolonger  sa  vie,  il  succomba  inopiné- 
ment le  16  janvier  17%,  sans  souffrir,  et 
><in3  uïéme  s'être  cru  en  danger.  Gibbon 
avait  peu  de  lixité  dans  l'esprit,  peu  du 
vigueur  el  d'élévation  dans  l'àmc.  Cepen- 
dant d  fut  constant  dans  ses  li.nsons  et 
mérita  d'être  cité  parmi  les  honmtes  droits 
et  intégres.  Le  style  de  son  histoire  a  été 
loué  pour  la  concision,  l'éclat  et  le  mou- 
vement ;  mais  on  y  trouvait  un  peu  de 
recherche,  et  on  lui  reproche  d'av,)ir  ai- 
fecté.  surtout  dans  Ks  derniers  volumes, 
des  tournures  piquantes  et  des  expressions 
pompeuses,  qui  allircnt  le  ualurcl  et 
mêuie  quelquefois  la  clarté.  Ciblmn  a 
publié  :  I  Essai  sur  l'i  '  '  "  "  ,, 
lure.  1761.  in-12  ;  |  //. 
de  la  Suisse. ilf>^-\<K^  ,-- 

sur  le  d^  livre  deî  EnsUe.brorhurc.  1770; 
I  Histoire  delad^'cadtnceet  d>;  la  chute  de 
l'empire  romain .  in-4"  ;  le  1"  vol.  parut 
en  1776,  le  T  cl  le  3*  en  1781 ,  les  trois 
autres  en  17S8.  Les  Uois  premiers  volutne» 
5o 


GIB 


kkô 


Gin 


de  la  Iradiiclion  française,  iti-S",  ont 
été  publiés  à  Paris  en  1777,  ])ar  Lcclorc 
de  Scptchéiios.  secrétaire  du  cabinet  du 
roi.  Les  suivans  ont  eu  succi^ssiveinent 
pour  traducli'urs  Canlwell ,  Dt'iiicunier, 
et  Boularcl.  Tins  tard  I\I.  Guizol  a  revu 
celte  traduction  ,  et  y  a  joint  une  «o/îVr 
sur  la  vie  et  le  caractère  de  Gih!>on , 
ainsi  que  des  notes  sur  l'iiisloire  du  ciu-is- 
tianisine.dans  lesquelles  l'éditeur  a  relevé 
l)lusii;urs  orreins  de  l'historien.  Celte  édi- 
tion nouvelle,  publiée  à  Taris  en  18!!2  , 
forme  15  volumes  in-8".  I,es  autres  ou- 
vrages de  Gi!)bou  ont  été  recueillis  par 
lordShefiield  ,  et  sous  le  titre  à'OEuvres 
diverses  de  Gibbon,  avec  ses  mémoires, 
Londres,  ISH,  5  vol.  in-o". 

•  GIBKM.X  (Esi>r.ir-A\roi\E),  peintre 
et  lilléraleur  correspondant  de  l'institut 
de  France  ,  né  à  Aix  en  Provence  le  17 
août  1750,  manifesta  de  très  bonne  heure 
ses  dispositions  pour  la  peinture,  et  résista 
au  désir  de  ses  païens  qui  voulaient  le 
destiner  au  commerce  ou  au  barreau.  Il 
reçut  d'Arnulfi,  élève  du  chevalier  Be- 
nedelto  Lulli ,  célèbre  peintre  florentin, 
les  premières  leçons  de  son  art ,  et  vint 
ensuite  en  Italie  où  il  se  forma  à  l'école 
des  Ra[(liaid,  des  vlules  Romain  et  des  Po- 
lydore  de  Caravage.  Gibelin  séjourna  dix 
ans  à  Rome  et  obtint  de  lacadémie  de 
Parme  un  prix  pour  son  tableau  d'^- 
chille  conibaltant  le  fleuve  Scamandre.  Il 
vint  ensuite  en  France  où  il  s'est  fait  un 
nomdistiujjué  par  ses  peintures  à  fresque. 
Kn  1771  il  fut  chargé  de  peindre  la  grande 
salle  de  l'école  de  chirurgie  ,  aujourd'hui 
l'école  de  médecine  ,  dont  on  vl'nait  de 
poser  les  fondemens  :  cette  composition 
était  ternûnée  en  1775;  elle  a  72  pieds  de 
longueur  SJM-  18  de  hauteur ,  et  est  divi- 
sée en  trois  i)arlies  :  dans  la  principale 
Louis  XVI  sur  son  troue  est  entouré  des 
vertus  royales  protectrices  des  sciences 
el  des  arts  :  dans  les  deux  autres  parties 
j^  ont  d'un  (Ole  Csculape  donnant  à  ses  dis- 
tiples,  une  leçon  d'anatomie,  el  de  l'au- 
tre la  lin  d'une  bataille  et  les  soins  don- 
nés aux  blessés  par  les  chirurgiens.  Gi- 
belin a  exécuté  pour  le  même  édifice  une 
ligure  colossale  d'Hijgie,  déesse  de  la 
santé  ,  £l  six  figures  de  grandeur  natu- 
relle représentant  les  différentes  parlies 
de  la  chirurgie,  VOstéoloçie .  YJnffiolo- 
gie.  etc.  A  l'école  militaire  il  a  décoré  de 
peintures  à  fresque  les  frontons  des  deux 
pavillons  méridionaux  ;  on  voit  d'un  côté 
le  Génie  des  sciences  mili(aires^  et  de 
i'ttutre  le  dieu  Mars.   Dans  l'église    des 


capucins,  rue  Neuve  .Sainte-Croix,  chaus- 
sée d'Antin  ,  il  avait  peint ,  toujours  à 
fiesque,  une  prédication  de  St.- François. 
Telles  sont  les  principales  fresques  de  cet 
artiste  qui  a  fait  aussi  des  ta'.dcaux  à 
l'huile.  Plusieurs  artistes  ont  gravé  d'a- 
près lui  ;  M.  lîeisson ,  le  Chagrin  monte 
en  croupe  ;  Parparati ,  la  Prétresse  com- 
pal/ssa7ite  ^  etc.  On  trouve  les  gravures 
de  la  grande  fresque  de  l'école  de  chirur- 
gie dans  la  description  des  écoles  de  chi- 
rurgie par  M.  Gondoin,  1780,  in-folio. 
Gibelin  était  instruit  et  judicieux;  il  écri- 
vait avec  facilité  et  a  composé  un  assez 
grand  nombre  d'ouvrages,  iiarmi  lesquels 
on  cite  ;  |  Lettres  sur  les  toiirs  antiques 
qu'on  a  démolies  à  Jix  en  Provence  ,  et 
sur  les  antiquités  quelle  renferme ,  Aix  , 
1787  ,  in-ii.°,  avec  onze  planches  ;  |  Obser- 
vations critiques  sur  un  bas-relief  antique 
conservé  dans  l'hôtel-de- ville  d'Aix; 
I  plusieurs  mémoires  dans  ceux  de  l'iri- 
stitutet  dans  \sl Décade;  |  Discours  sur  la 
nécessité  de  cultiver  les  arts  d'imitation , 
Versailles  ,  an  8  ,  in-4°  ;  j  un  Eloge  funè- 
bre du  général  Dugommier,  Aix,  an  3. 
I  De  l'origine  et  de  la  forme  du  bonnet  de 
la  liberté .,  Paris ,  an  G  (  1795). 

*  GIRELIiV  (  Jacquks)  ,  médecin,  frère 
du  précédent ,  né  à  Aix  le  16  septembre 
1744  ,  où  il  lit  de  très  bonnes  études  ,  fui 
reçu  à  20  ans  docteur  en  médecine.  Il 
passa  ensuite  3  ans  à  Paris  pour  y  étudier 
l'histoire  naturelle ,  et  se  lia  avec  Ber- 
thoUet  et  Broussonnet  ;  il  alla  ensuite  à 
Londres,  pour  y  apprendre  la  médecino 
anglaise,  y  séjourna  pendant  plusieurs 
années  ,  et  y  fut  reçu  membre  de  la  so- 
ciété médicale.  A  son  retour  en  France,  il 
publia  des  traductions  de  différens  ou- 
vrages de  médecine  des  plus  célèbres  au- 
teurs anglais  :  et  donna  des  abrégés  ,  des 
mémoires  et  des  articles  sur  les  sciences 
naturelles,  hisérés  dans  le  recueil  des 
Transactions  philosophiques  de  la  société 
royale  de  Londres,  depuis  son  origine 
jusqu'en  1792.  Il  a  encore  traduit  et  pu- 
blié différens  ouvrages  italiens  de  Fovi- 
tana.  Retiré  dans  sa  ville  natale  ,  il  de- 
vint en  1791  conservateur  de  la  bibliothè- 
que publique.  En  1809  il  fut  l'un  des  foir- 
dateurs  de  la  société  académique  d'Aix 
dont  il  devint  le  secrétaire  perpétuel  :  on 
trouve  dans  le  i"  vol.  des  Jf/éînoires  de 
l'académie  d'Âix^  plusieurs  Notices  et 
dissertations  de  Gibelin,  qui  est  mort  le  4 
février  1828.  Ses  principaux  ouvragea 
sont  :  I  Expériences  et  Observations  sur 
différentes  espèces  d'air ^  traduitde  Priesl- 


GIB 


447 


GIB 


ley.  177a-i780,  9  voL  iii-l2  ;  |  Expérictices 
rt  Observations  stw  différentes  branches 
lie  la  physique ,  avec  une  continuation 
des  obsefvations  sur  l'air,  traduit  du 
iniSne  autour,  1782-1787,  4  vol.  in-l'J; 
I  Obseivations  sur  les  maladies  sijphilt- 
i  tiques,  traduilts  di«  Swcdiaur  ,  VlHk,  in- 

8";  I  Elémens  tie  minéralogie ,  traduits 
de  l'anjîlais.  de  Kirvan,  1785,  in-8"  , 
I  Observations  phj  signes  et  chimiques 
d'après  Fontana  ,  1784  ;  |  Histoire  natu- 
relle extraite  des  Transactions  philoso- 
phiques de  la  société  royale  de  Londres. 
i784  ,2  vol.  in-8";  et  Botanique .  physi- 
que végétale .  agriculture .  jardinage  et 
économie  rurale,  extraits  des  mêmes 
Transactions  .  17'J1 ,  2  vol.  in-8°  ;  |  Traité 
sur  le  venin  de  la  vipère,  sur  tes  poisons 
américains  .  par  Félix  Foutana  ,  traduit 
sur  le  manuscrit  italien  de  Fauteur,  sou 
ami  particidier  ,  1791  ,  2  vol.  in-i";  |  Mé- 
moire de  la  vie  privée  de  Franklin  écrite 
par  lui-même,  1791 ,  in-8".  Il  en  possé- 
dait le  manuscrit  original.  Il  a  aussi  con- 
tinué la  traduction  de  Y  Histoire  des  pro- 
grès et  de  la  chute  de  la  république  ro- 
niaine  de  Fergusson.  Les  trois  derniers 
vol.  et  la  moitié  du  premier  sont  de  lui , 
quoiqu'on  ait  attribué  toute  celte  traduc- 
tion à  Demeuuicr.  On  trouve  \me  Notice 
sur  Gibelin  par  M.  Emeric  David,  dans 
la  Revue  encyclopédique .  tome  37  ,  page 
875  et  suiv. 

GIBERT  (  Jea?j-Pierre  )  naquit  à  Aix 
on  16G0  ,  et  prit  le  bonne»  de  docteur  en 
droit  et  en  théologie  dans  l'université  de 
cette  ville.  Après  avoir  professé  pendant 
quelque  temps  la  théologie  aux  séminai- 
res de  Toulon  et  d'Aix  ,  il  quitta  la  pro- 
vince pour  se  fixer  dans  la  capitale.  Ami 
de  la  retraite  et  de  l'élude  ,  il  vécut  à  Pa- 
ris en  véritable  aiiacliorèle.  Sa  nourri- 
ture était  simple  et  fruijale  ;  toutes  ses 
actions  respiraient  la  candeur  et  la  sim- 
plicité évangélique.  Il  refusa  constam- 
ment tous  les  bénéfices  qu'on  lui  offrii. 
Quoiqu'il  fût  le  canoniste  du  royaume  le 
plus  consulté  et  le  i)lus  laborieux,  il  vécut 
et  mourut  pauxre  en  17.'(j ,  à  76  ans.  Le» 
principaux  fruits  de  sa  savante  plume 
sont  :  !  Mémoires  concernant  V Ecriture 
sainte ,  la  théologie  scolastique  et  l'his- 
toire de  V Eglise  .  volume  in  12  qui  n'eut 
point  de  suite  ;  |  Institutions  ecclésiasti- 
ques et  bénéficiales  .  suivant  les  princijtes 
du  droit  commun  et  les  usages  de  France. 
La  2*  édition  augmentée  d'observations 
importantes ,  puisées  dans  les  Mémoires 
ducîîîrjjé,  est  de  1730,  2  vol.  in-4";  j  Con- 


sultations canoniques  sur  les  sacrem/ms 
en  général  et  en  particulier.  1721,  12  vol. 
in-12;  |  Tradition  ou  Histoire  de  l'E- 
glise sur  le  sacrement  de  mariage.  172:î, 
r>  vol.  in-V.  Il  démontre  par  une  suite* 
non  interrompue  de  monumens  les  plus 
autlienti(|ues  ,  tant  de  l'Orient  que  de  lOc- 
cillent,  que  cette  matière  a  toujours  été 
soumise  à  la  juridiction  de  l'Eglise.  Ces 
argumens  tirés  de  l'autorité  sont  d'ail- 
leurs exactement  conformes  aux  lumières 
d'une  saine  raison,  à  toutes  les  notions  du 
christianisme  et  aux  intérêts  de  la  sociélû 
civile.  0  J'ai  frémi  ,  dit  un  sage  et  savant 
»  protestant  ("M.  Deluc) ,  j'ai  frémi  toutes 
»  les  fois  que  j'ai  entendu  discuter  pliilo- 

•  sophiquement  l'article  du  mariage.  Quu 
j  de  manières  de  voir,  que  de  systèmes, 
»  que  de  passions  en  jeu  !  On  nous  dit  que 
«  c'est  à  la  législation  civile  d'y  pourxoir; 
i>  mais  celle  législation  n'est-elle  donc  jias 
o  entre  les  mains  des  hommes  dont  Us 
»  idées  ,  les  principes  changent  ou  se  rroi- 
»  sent?  Voyez  les  accessoires  du  mariage 
»  qui  sonl  laissés  à  la  législation  civile  ; 
»  étudiez ,  chez  les  différentes  nations  et 
»  dans  les  différens  siècles  ,  les  variations, 
»  les  bizarreries  ,  les  alius  qui  s'y  sont  in- 
»  troduits,  vous  sentirez  àquoi  tiendraient 
»  le  repos  des  familles  et  celui  de  la  so- 

•  ciélé,   si  les   législateurs    humains  en 

•  étaient  les  maîtres  absolus.  Il  est  donc 
B  fort  heureux  que .  sur  ce  point  essen- 
B  liel,  nous  ayons  une  loi  divine,  supé- 
»  rieure  au  pouvoir  des  hommes.  Si  elle 
»  est  bonne ,  gardons-nous  de  la  mettre 
B  en  danger ,  en  lui  donnant  une  autre 
»  sanction  que  celle  de  la  religion.  Mais  il 
»  est  un  nombre  de  raisonneurs  qui  pré- 
»  tendent  qu'elle  est  détestable  ;  soit  :  il 
»  en  est  pour  le  moins  un  aussi  grand 
B  noud)re  qui  soutiennent  qu'elle  e«it  so^je, 
»  et  aux<juels  on  ne  fera  pas  changer  d'a- 
»  vis.  Voilà  donc  la  coiNirmalion  de  te 
»  que  j'avance  ;  savoir,  que  la  scciélé  se 
»  diviserait  sur  ce  point ,  selon  la  prépon- 

•  dérance  des  avis  en  divers  lieux.  Cette 
»  prépondérance  changerait  par  toutes  le» 
«causes  qui  rendent  variable  la  législa- 
»  tion  civile,  et  ce  grand  objet  qui  exige 
B  l'uniformité  et  la  constance  ,  pour  le 
B  bonheur  et  le  repi»"»  de  la  société,  serait 
B  le  sujet  perpétuel  des  disi)utcs  les  pins 
B  vives.  La  religion  a  donc  rendu  le  plus 
B  grand  service  au  genre  humain,  m 
B  portant  sur  le  mariage  une  loi  sous  ta  • 
B  quelle  la  bizarrerie  des  hommes  est  for- 
B  cée  de  plier  ;  et  ce  n'est  pas  là  le  seul 
B  avont.tije  que  l'on  lettre  d'un  code  (on- 


GÏB 


kkS 


GlB 


»  daiïicnlal  de  morale,  auquel  il  ne  leur 
*  est  pas  permis  de  toucher.  »  (  Lettres 
sur  l'Hist.  de  la  terre  et  de  l'homme 
lome  1,  p.  48.)  royez  DOMINIS ,  ES- 
PENSE,  GERBAIS,  LAUNOY,  POTHIER. 
I  Corpus  juris  canonici  per  régulas  tiatu- 
rali  ordine  dispositas  .  1757  ,  3  vol.  in-fol. 
Celte  compilation  ,  assez  bien  digérée  ,  a 
été  recherchée ,  et  l'est  encore. 

GIBERT  (Balthazar),  parent  du  précé- 
dent naquit  comme  lui  à  Aix  en  1662.  Après 
avoir  professé  pendant  h  ans  la  philoso^ 
phie  à  Beauvais,  il  obtint  une  des  chaires 
de  rhétoriqi:e  du  collège  Mazarin ,  et  la 
remplit  pendant  50  ans  avec  autaat  de 
7.éle  que  d'exactitude.  L'université  de  Paris 
qu'il  honorait  par  ses  talens ,  et  dont  il 
défendait  dans  toutes  les  occasions  les 
droits  avec  beaucoup  de  chaleur,  lui  dé- 
féra plusieurs  fois  le  rectorat.  En  1728, 
le  ministère  lui  lit  offrir  une  chaire  d'élo- 
quence au  coUéye  royal,  vacante  par  la 
mort  de  l'abbé  Couture  ;  mais  il  crut  de- 
\oir  la  refuser.  En  1740,  ses  démarches 
contre  la  constitution  Unigenitus  le  firent 
exiler  à  Auxerre.  Il  mourut  à  Regennes  , 
dans  la  maison  de  l'évêque  en  1741 ,  à  79 
ans.  On  a  de  lui  plusieurs  ouvrages, 
parmi  lesquels  on  distingue  :  ]  la  Rhéto- 
rique ^ou  les  règles  de  V éloquence:,  in-i2  : 
ouvrage  excessivement  loué  par  les  jour- 
nalistes. Un  littérateur  instruit,  qui  lira 
cet  ouvrage,  n'y  trouvera  cependant  tout 
au  plus  qu'une  compilation  de  la  Rhéto- 
rique d'Aristoîe  ,  de  celle  d'Hermogène, 
du  livre  de  V Orateur  de  Cicéron  et  des 
Tnslitulions  oratoires  de  Quinlilien.  Il  est 
vrai  qu'il  y  règne  beaucoup  de  méthode, 
qu'il  y  a  de  l'érudition,  beaucoup  de  ci- 
tations ;  mais  les  o^uv rages  didactiques, 
surtout  de  celte  espèce,  exigent  encore  du 
goût ,  de  la  critique ,  des  vues  bien  pré- 
genlées  ,  et  principalement  ime  élocution 
Eoignéc,  propre  à  animer  les  préceptes 
que  l'auteur  veut  faire  goûter.  C'est  p-  é- 
cisément  la  partie  faible  de  cette  rhétori- 
que. Le  style  en  est  tantôt  diffus,  tantôt 
embrouillé,  et  toujours  sans  caractère. 
\Jugeinens  des  savans  sur  les  auteurs  qui 
ont  traité  de  la  rhétorique^  5  vol.  in-12. 
C'est  un  recueil  de  ce  qui  s'est  dit  ae  plus 
curieux  et  de  plus  intéressant  sur  l'élo- 
quence, depuis  Aristote  jusqu'à  nos  jours. 
Cet  ouvrage,  fort  supérieur  aux  Juge- 
viens  de  Baillet  et  pour  le  fond  et  pour  la 
forme,  a  eu  portant  moins  de  cours.  |  Des 
Observations  assez  justes  sur  le  Traité  des 
études  de  RoUin.  C'est  un  volume  in-12  de 
près  de  .SOO  pages ,  écrit  avec  autant  de 


vivacité  que  de  politesse.  Rollin  y  répon- 
dit en  peu  de  mots,  Gibert  répliqua  :  mais 
cette  petite  guerre  ne  rompit  pas  les  liens 
qui  imissaient  les  deux  célèbres  antago- 
nistes ,  en  les  attachant  l'un  et  l'autre  à 
la  cause  du  diacre  Paris. 

GIBERT  (  Josei>h-Bai,tiiasar  ) ,  neveu 
de  Ballhasar,  né  à  Aix  en  Provence  en 
1711 ,  avocat  au  parlement  de  Paris,  mem- 
bre de  l'académie  des  inscriptions,  secré- 
taire de  la  librairie  et  imprimerie  de 
France,  mourut  le  12  novembre  1771, 
avec  la  réputation  d'un  homme  savant. 
On  a  de  lui  j  Lettres  à  M.  Fréret  sur  l'his- 
toire ancienne,  1741,  in-12;  |  Mémoires 
pour  servir  à  l'histoire  des  Gaides  et  de 
la  France ,  Paris  ,  1744,  in-12.  Don  Jac- 
ques-Martin, bénédictin,  a  fait  une  criti- 
ques de  ces  mémoires  ,  sous  le  titre  à'E- 
claircissemens  historiques  sur  les  origines 
celtiques  e  gauloises;]  Lettre  sur  la  chro- 
nologie des  Babyloniens  ,  1745,  in -8"; 
I  Tableau  des  mesures  itinéraires  ancien- 
nes, 1756  ;  I  grand  nombre  de  dissertations 
dans  les  Mémoires  de  l'académie  des  ins- 
criptions. 

GIBERTI  (Jeax-Matthiiîc)  ,  pieux  et 
savant  évêque  de  Vérone  ,  né  à  Palerme 
en  1495,  fut  employé  parles  papes  Léon  X 
et  Clément  VII  dans  des  affaires  imi)or- 
tantes.  Il  était  lils  naturel  de  François  Gi- 
berfi,  Génois,  général  de  larmée  navale 
du  pape.  11  gouverna  son  diocèse  avec 
tant  de  sagesse  ,  de  zèle  et  de  prudence , 
que  saint  Charles  Rorromée  et  plusieurs 
autres  évêques  établirent  dans  leurs  églises 
les  mêmes  ordonnances  que  Giberti  avait 
établies  dans  la  sienne.  Il  mourut  en  1543, 
pleuré  de  ses  ouailles,  dont  il  était  l'exem- 
ple par  ses  vertus  ,  et  le  père  par  ses 
immenses  charités.  Les  gens  de  lettres  per- 
dirent en  lui  un  ardent  prolecteur.  Giberti 
avait  une  presse  dans  son  palais  pour 
l'impression  des  Pères  grecs.  C'est  de  là 
que  sortit,  en  1529,  celte  édition  grecque 
des  Homélies  de  saint  Chrysostôme  sur 
saint  Paul,  si  estimée  pour  l'exactitude 
et  pour  la  beauté  des  caractères.  Ses  ou- 
vrages latins  ont  été  imprimes  à  OsllgUa, 
1740  ,  in-4"  ,  seconde  et  très  belle  édition. 

GIBIEUF  (  Guillaume  ),  docteur  de  Sor- 
bonne ,  natif  de  Bourges ,  entra  dans  la 
congrégation  de  l'Oratoire.  Il  fut  vicaire- 
général  du  cardinal  de  Bérulle  ,  et  supé- 
rieur des  carmélites  en  France.  Il  mourut 
à  Sainl-Magloirc,  à  Paris,  après  l'an  1650. 
On  a  de  lui  divers  ouvrages,  entre  autres, 
un  Traité  latin  de  la  liberté  de  Dieu  et  de 
la  créature  ^  1030,  in-4".  Il  y  enseigne  des 


GIR 


4  49 


GIF 


choses  qui  paraU5ctit  apprcK-hcr  dot  er- 
reurs qui  ont  été  rondamuéos  dans  Jaii- 
séntus,  comme  le  témuimu»  Isaac  IIa))erl, 
évéqiie  de  Vabrcs  ,  dans  «ta  Théaioyie  des 
Pères  grecs .  p.  Ji!i8.  On  peut  cependant 
assurer  qu'il  ainiail  sincèrement  la  vérité. 
Dès  qu'il  sut  que  le  saint  Siège  avait  con- 
damné la  doctrine  de  l'èvèque  d'Ypres, 
il  rompit  avec  ceux  qui  restèrent  alla- 
chés  à  ce  parti,  comme  il  en  conste  par 
une  lettre  circulaire  qu'il  écrivit  aux  car- 
mélites en  lG/i9.  Il  était  ami  intime  de  Des- 
cartes et  du  Père  Mersenne. 

•  GIBRAT  (Jean-Baptiste),  prêtre 
delà  Doctrine  chrétienne,  né  en  1722  aux 
Cabanes,  près  de  Cordes,  di»>cèse  de  Tur- 
bcs  (0  ,  fut  chargé  ,  par  ses  supérieurs, 
de  professer  les  belles-lettres  dans  les  col- 
lèges de  la  congréfjalion  ,  et  il  le  fit  avec 
succès  pendant  12  ans.  On  lui  confia  aussi 
la  direction  d'un  séminaire.  Au  commen- 
cement de  la  révolution  ,  il  fut  nommé 
par  le  département  principal  du  collège 
de  Caslelnaudary.  L'assemblée  Consli- 
tuatite  ayant  accepté  la  constitution  civile 
de  clergé,  il  y  adhéra  ,  et  exerça  ses  fonc- 
tions ecclésiastiques  ;  il  fut  néanmoins  per- 
sécuté et  emprisonné.  Rendu  à  la  liberté, 
il  continua  de  tenir  au  parti  constitution- 
nel jusqu'à  sa  mort,  arrivée  à  Caslelnau- 
dary en  décembre  1803.  On  a  de  lui:  |  une 
Géographie  ancienne  et  moderne.  1790, 4 
%-ol.in-12;  |  \mc  Géographie  moderne,  qui 
a  eu  jusqu'à  7  éditions  ;  |  xu\  nouveau 
.Vis sel  du  diocèse  de  Tarbes  ;  |  un  Rituel 
d'Jleth  ;  I  im  Missel  ci  un  Bréviaire  pour 
le  même  diocèse  ;  |  des  Hymnes  pour  les 
offices  de  rK;i;lise.  Gibrat  avait  composé 
un  office  pour  la  fête  perpétuelle  du  ré- 
tablissement du  culte  décrété  par  les  évi'- 
qucs  constilulionnels  assemblés  à  Paris  en 
concile  :  cette  fête  n'a  jamais  été  célébrée. 

fîIB.SO.\  i'EoMoxi»  ) ,  savant  anglais,  né 
en  16f)9,  évêque  de  Lincoln  en  1715,  de 
Ixîndres  en  1720,  UKmrutle  6  septembre 
1748.  Il  s'est  plus  distingué  par  les  traduc- 
tions enrichies  de  notes  et  les  éditions  de 
bons  ouvrages,  que  par  ses  propres  pro- 
ductions. On  lui  doit  |  Chronicon  saxoni- 
cum  a  Chrisfo  nato  ad  annum  1154,  Ox- 
ford, 1692,  in-4".  Cette  chronique  d'Angle- 
terre ,  utile  et  curieuse ,  écrite  en  langue 
saxonne,  est  traduite  en  latin  par  Gibson. 
I  OF.uvres  posthumes  de  Ifenri^Spclman 
(voyeiSPELMAN  ;  |  La  Grande-Breta- 
gne de  Cambden,  traduite  en  anglais,  avec 


(t)  L'anlear  dci  Siirlei  litlrraim  fait  Battre  Gi- 
btAi  i  GailUc  ,  diociic  d'.Mby,  le  a}  oavc  nbrc  17*7- 


d»i  additions,  Londres,  1722,  î  voL  In- 
fo!. I  Catalogue  des  manuscrits  de$biblto- 
thèques  de  Tmisun  et  Dugdale ,  Oxfort. 
1092,  in  4';  |  Codex  juris  ecclesiastici  an- 
gliraui.  1713.  in-fol. 

r.lÉ  (Le  maréchal  de).  J'oyez  ROHAN. 
r.IKZI.  J'oyez  ELIZÉE. 
r.IFFE\  (HunERT).  CipAa/JÙM  .  juris- 
consulte de  Buren  dans  la  Gueldre,  né  en 
1534  ,  professa  le  droit  avec  beaucoup  de 
réputation  à  Slrasl>ourg.  à  Allorf  el  à  Iti- 
golsladt  :  le  duc  de  Bavière  ne  lui  permit 
d'enseigner  dans  celle  ville,  qti'aprés  (|u'il 
eut  abjuré  le  protestantisme.  L'empereur 
Rodolphe  II ,  (|ni  l'appela  à  la  cour,  Tlio- 
nora  des  titres  de  conseiller  el  de  référei» 
daire  de  Tempire.  Giffen  mourut  dans  i» 
âj;e  fori  avancé  à  Prague  en  1604.  On 
de  lui  des  Commentaires  sur  la  Morale 
et  la  Pnfiti/jue  d'Âristote  .  în-S",  sur  Ho- 
mère, sur  Lucrèce;  et  plusieurs  ouvrages 
de  droit .  parmi  lesquels  on  dislingue  se» 
Notes  sur  les  Institutes  de  Justinien.  Ce 
savant  fut  accusé  plus  d'une  fois  de  pla- 
giat, cl  surtout  par  Lambin  ;  niais  c'est 
un  reproche  qu'on  peut  faire  à  presque 
tous  les  commentateurs,  et  on  ne  voit  pas 
que  Giffen  l'ait  mérilé  plus  qu'un  autre. 
ClfFOIlD  (GtiiLAtME),  archevêqit.! 
de  Reims  ,  mort  en  1629  .  à  76  ans  ,  est 
auteur  du  livre  intitulé  :  Calvino  Turc/ :- 
mus  .  (jui  parut  à  Anvers  en  lî>97,  in-ft"  . 
sous  le  nom  supposé  de  Guillaume  li'-i:'- 
ncdd.  Il  fit  beaucoup  de  bruit  et  les  hu- 
genols  en  fment  très  mécontens. 

•  r.IFrORT  (WiLLiA^v).  poèlc  et  tra- 
ducteur aii'îlais  ,  né  à  Asliburlon  dans  le 
Dévonsiiirf  en  avril  17'i7,  était  fils  d'un 
matelot  qui  se  fit  depuis  vitrier,  et  qui 
mourut  de  bonne  heure.  Privé  de  «o»: 
père  et  de  sa  mère  à  l'àgc  de  i.1  ans  ,  il 
fut  placé  par  son  parrain  à  lK)rd  d'un  bi  - 
timent  caboteur;  mais  il  ne  larda  {kis  a 
abandonner  ce  dur  métier  et  fut  mis  en 
apprentissage  auprès  d'un  cordonnier  cbe» 
qui  il  resta  jusqu'à  l'âge  de  20  ans.  Peit- 
dant  tout  eu  temps  il  avait  manifesté  le 
goût  le  plus  vif  pour  la  poésie  el  pour  1rs 
mathématiques,  el  ;iv;;il  profilé  de  tousses 
momens  de  loisir  pour  s'y  livrer.  Comno 
il  manquiîl  de  piipier  cl  de  plumes, 
il  écrivait  «vie  un  poinyon  sur  des  la- 
nières de  cuir  :  quelques-unes  de  ses  pn.- 
durlions  tombèrent  entre  le»  mains  do 
William  (ookesley,  chirurgien qm  -  •  • 
ressa  au  sort  dn  poète,  el  fit  une  s' 
lion  en  sa  faveur,  dans  le  but  de 
ner  des  moyensd'in^lrudion.  1.(^1. ;  ■  i 
rapides  de  Gifforl  dcterniinèrenl  .  ^i  .- 
3â« 


GIG  II 

tectcurs  à  l'envoyer  à  l'université  d'Ox- 
ford où  il  obtint  la  place  de  lecteur  de  la 
Bible  au  collège  d'Exeter.  Il  fil  ensuite  pa- 
raître plusieui-s  ouvrages  qui  ne  sont  point 
sans  mérite  :  |  la  Baviade  j  où  il  censura 
le  mauvais  goût  des  poètes  de  l'école  de 
la  Crusca;  \  la  Méviade j  où  il  tourne  en 
ridicule  le  genre  romanesque  et  l'usage 
des  machines  au  théâtre  :  en  1815  ces  deux 
poèmes  avaient  eu  9  éditions.  Cependant 
sa  critique  est  grossière  et  pleine  de  per- 
sonnalités. Parmi  ses  autres  ouvrages  on 
remarque  sa  |  Traduction  en  vers  anglais 
des  Satires  de  Juvénal .  avec  des  notes  , 
i802 ,  in-4''  ;  elle  était  déjà  terminée  en 
1781.  On  y  trouve  une  notice  sur  sa  vie 
écrite  par  lui-même.  Sa  Tradi^^tion  de 
Perse  est  inférieure  à  celle  de  Ju  vénal.  Gif- 
fort  a  donné  des  éditions  aimotéesde  plu- 
sieurs anciens  poètes  comiques  grecs  :  les 
Comédies  de  Massinger ,  1808,  k  vol.  in- 
8",  etc.;  les  Pièces  de  théâtre  et  Poésies 
de  James  Shirley,  etc.  7  vol.  in-8".  Ce 
poète  satirique  est  mort  au  commence- 
ment de  1827  avec  la  réputation  du  plus 
correct  écrivain  qui  ait  paru  depuis  Pope 
en  Angleterre. 

GIGIULT  (Ber\ai\din  ) ,  marquis  de 
BELLEFOND ,  gouverneur  de  Vincennes , 
et  maréchal  de  France,  était  fils  de  Henri- 
Robert  Gigault,  seigneur  de  Bellefond  ,  et 
gouverneur  de  Valogne.  Il  se  signala  en 
diverses  occasions  sous  Louis  XIV,  qui 
lui  donna  le  bâton  de  maréchal  en  1G68. 
Il  commandal'arméede  Catalogne  en  1684, 
et  battit  les  Espagnols.  Il  mourut  en  1694, 
à  64  ans.  —  GIGAULT  de  BELLEFOND 
(Jacques-Bonne),  parent  du  précédent, 
fut  évcque  de  Bayonne  en  1755  ,  archevê- 
que d'Arles  en  1741,  et  de  Paris  en  1746.  Il 
est  mort  de  la  petite  vérole  en  1747. 

GIGGEI  (  Antoine  ) ,  prêtre  de  la  con- 
grégation des  Oblals ,  docteur  du  collège 
ambrosien  à  Milan ,  mort  en  1652  ,  est 
connu  par  un  Thésaurus  linguœ  arabicœ, 
1652,  4  vol.  in-fol.  fort  esliujé.  Il  est  encore 
auteur  de  la  traduction  latine  d'un  com- 
mentaire de  trois  rabbins  sur  les  Prover- 
bes de  Salomon .  Milan ,  1620  ,  in-4"  ,  et 
dune  Grammaire  chaldaïque  et  targu- 
viique  ^  que  l'on  garde  en  manuscrit  dans 
la  bibliothèque  de  Milan. 

*GIGLI  (Jékome),  célèbre  poète  italien  né 
à  Sienne  le  14  octobre  1660,  se  fit  une  grande 
réputation  dè^  son  début  dans  la  carrière 
littéraire.  Nommé  membre  de  plusieurs 
académies  de  l'Italie ,  il  fut  appelé  à  Sienne 
pour  y  remplir  la  chaire  de  littérature 
toscane  qui  donnait  alors  la  noblesse.  I^lais 


5'0  GIL 

son  penchant  à  la  satire  lui  fit  beaucoiïp 
d'ennemis  :  il  fut  disgracié  et  mourut  h 
Rome  le  4  janvier  1722.  Ses  ouvrages  les 
plus  estimés  sont  des  drames  en  musique, 
tels  que  |  Sainte-Geneviève  ;  \  la  Mère  des 
Machabées;  \  le  Martyre  de  Saint- Jdrien; 
I  leslipoiises  des  cantiques,  etc. ,  qu'il  coir»- 
posa  à  la  demande  des  personnes  du  plus 
haut  rang  pour  des  occasions  d'éclat,  et 
qui  furent  représentés  avec  toute  la  pompe 
que  Ion  donnait  à  ces  sortes  de  fêtes.  Sa 
Geneviève  surtout  obtint  un  si  grand  suc- 
cès, qu'elle  lui  fut  demandée  à  Rome,  à 
Brescia  et  dans  plusieurs  autres  villes,  où 
elle  ne  réussit  pas  moins  qu'à  Sienne.  Ces 
pièces  ont  été  recueillies  sous  ce  titre  : 
Scella  de/le  poésie  drammatiche  di  Giro- 
lamo  Gigli .  Venise,  1700,  2  vol.  in-12. 

*GIG6t  D'OIICY  (N ),  inspecteur 

des  mines,  et  receveur  général  des  finan- 
ces, né  en  1755,  s'adonna  dès  l'enfance 
à  l'histoire  naturelle  et  forma  sans  aucune 
instruction  préalable,  diverses  collections 
d'insectes,  remarquables  par  les  soins  avec 
lesquels  ils  étaient  conservés.  La  science 
lui  est  redevable  d'une  édition  de  Y  his- 
toire des  Papillons  deV Europe  par  Ernest, 
6  vol.  in-4",  avec  figures  coloriées,  et  de 
Y  Entomologie  ou  Histoire  générale  des 
insectes  par  Olivier,  2  vol.  in-4'*,  avec  24;} 
planches.  Ce  naturaliste  est  mort  en  1795. 
laissant  une  bibliothèque  remarquable  par 
le  nombre,  le  mérite  et  la  rareté  des  livres 
sur  la  science  qu'il  cultivait  avec  enthou- 
siasme. 

GIL-DE-FRÉDÉRÎC  (François),  do- 
minicain, missionnaire  au  Tunquin , 
trouva  en  arrivant  en  1755  dans  la  partie 
occidentale  de  ce  royaume,  20  mille  chré- 
tiens, qui  avaient  été  baptisés  par  les  mi-;- 
sionnaires  de  sonordre.  Il  s'appliqua  aus- 
sitôt à  cultiver  celte  nouvelle  vigne  avec 
le  plus  grand  soin;  mais  en  1757,  ayant  été 
arrêté  par  un  bonxe  ,  il  fut  condamné  à 
mort  l'année  suivante.  Son  supplice  fut 
long-temps  différé.  On  s'engagea  à  lui 
laisser  la  vie,  pourvu  qu'il  déclarât  seule- 
ment qu'il  n'était  venu  au  Tunquin  qu'en 
qualité  de  marchand.  Mais  cette  déclara- 
tion étant  un  mensonge  ,  il  ne  voulut  pas 
même  permettre  qu'un  autre  le  fît  en  son 
nom.  Les  idolâtres  ,  étonnés  de  l'ardeur 
que  le  missionnaire  marquait  pour  lo 
martyre,  ne  purent  s'empêcher  de  s'é- 
crier :  L%s  autres  honmies  désirent  de 
vivre  ^  et  celui-ci  ne  soupire  qu'après  la 
mo7-t!  Rien  n'étant  capable  d'ébranler  la 
constance  du  Père  Gil ,  il  fut  décapité  le 
22  janvier  1744. 


GIL  h 

r.II.nEUT  (  suiiil  ) ,  prcmiir  aMi.»  de 
Nciifunluiiics  on  Au vcrRuc. ordre  do  Vrv- 
uioiilrc.  élail  un  (yculillioiinne  qui  se 
rroiia  axec  \c  roi  Louis  !»•  ji-uuc,  qu'il  oc- 
roiiipa^na  en  Palesliiio  Tan  Hi7.  De  re- 
tour en  Fraïue.  il  embrassa  la  vie  monas- 
tique avec  IVironille  sa  feniine  .  fonda 
l'abbayc  de  Neufonlaiiies  en  lljl.  11  y 
mourut  Tannée  d'après. 

('.ILKKIIT.  abbé  de  Cilcaux  ,  élail  an- 
glais ;  il  se  dislinjîua  lellenient  par  son 
•avoir  el  par  sa  piélé  ,  dans  son  ordre  el 
dans  les  universités  de  IKurope,  qu'il  fui 
surnommé  le  Grand  el  le  Théologien.  II 
mourut  à  Cilcaux  en  IIGG  ou  1168,  laissant 
divers ^^mYii  tlethèolotjirvX  de  viorale. 

(îlI.BKUT,  surnommé  V  J tu/lais  .  est 
le  premier  de  sa  nation  ijui  ait  écrit  sur 
la  pratique  de  la  médecine.  Il  avait  beau- 
coup voyagé  ,  el  l'avait  fait  utilement.  Il 
connaissait  les  simples  ,  leurs  vertus  et 
leurs  propriétés.  Son  Abrégé  de  médecine 
en  est  un  lémoijjnage.Nousen  avons  une 
édition  publiée  à  Genève  en  1608,  in-4° 
et  in-12. 

GILBERT  DE  SIMPRlXr.II  VM  ,  fon- 
dateur de  lordrc  des  Gilbertins  en  Angle- 
terre ,  né  à  Lincoln  v«'rs  llOi,  mais  ori- 
naire  de  Normandie  ,  fut  pénitencier  ,  el 
tint  une  école  pour  instruire  la  jeunesse. 
11  mourut  très  àj**  en  1189,  après  avoir, 
outre  la  fondation  de  son  ordre,  établi 
plusieurs  hôpitaux.  Suint  Bernard  l'ai- 
mait el  l'esiimait. 

GILBERT  (  GvBRici.  ),  parisien,  secré- 
taire des  cominandemens  de  la  reine 
Christine  de  Suède  ,  et  son  résident  en 
France,  fut  contemporain  de  Rulrou  el  de 
Corneille.  Il  amassa  peu  de  bien  dans  ses 
emplois.  Il  serait  mort  dm»  l'indijîcnre  , 
si  Hervard,  prolosLint connue  lui  .  ne  lui 
avait  donné  un  asile  sur  la  tin  de  ses  jours. 
On  a  de  Gilbert  des  tragédies  .  des  ojtéras, 
el  des  poésies  diverses,  W-irt  de  plaire  , 
poème,  recueillis  «n  16<)1 ,  in-12.  On  y 
trouve  quelques  bons  vers,  mais  en  géné- 
ral ses  productions  sont  au-dessous  du 
médiocre.  11  mourut  en  1G75  :  l'élégant  et 
judicieux  Racine  n'a  pas  dédai^pie  d'em- 
prunter des  idées  et  des  ex, tressions  à  ce 
poète  peu  conim. 

GILBERT  DE  LA  I'O.RÉE.  f'oyez 
PORRÉE. 

GILBERT  (NicoLAS-JoSEPii-LAtRE:«T), 
poète  français,  né  à  Fo.itenoy-le-Châleau, 
près  de  Nancy  ,  en  1751 ,  de  juirens  hon- 
nête» mais  sans  fortune  ,  vint  lié-  jeune  à 
Paris,  daii>  le  dessein  de  se  livrer  aux  let- 
tres >  et  de  lier    connaissance  avec    des 


►i  r.iL 

hommes  irjslruMs.  Se»  premiers  pas  dani 
la  carrière  annotirèrent  un  poèlc.  A  Ira- 
vers  les  inégalités  de  sa  verve,  on  niier- 
Vulle  vrai  talent.  Le  l)ix-liuitièin« iiècle, 
son  .4]}ologie  .  les  tMles  sur  le  Jugement 
dernier,  sur  le  Jul)dc.  sur  le  f'oi/age  de 
UoNsieur  en  Piémont,  el  qiiebpies  autre», 
justilièrent  les  espérances  qu'il  avait  don- 
nées. Si  d'un  côté,  les  ennemis  que  lui  a 
faits  le  genre  de  la  satire,  ont  trop  ravalé 
^vn  mérite,  de  l'autre  ,  les  personnes  vé- 
rilablement  impartiales  se  sont  empressées 
de  payer  à  ses  poésies  un  juste  tribut  d'es- 
time. Ses  adversaires  les  plus  décidés 
n'ont  pu  lui  refuser  delà  hardiesse  dan» 
les  idées,  une  tournure  saillante  .  souvent 
neuve,  une  manière  ferme  et  vijjoureuse 
dans  le  jet  du  vers.  Zélateur  de»  bon» 
principes,  dévouéà  la  religion  ,  il  ne  prit  la 
plume  que  pour  fronder  la  médiocrité  el 
les  systèmes  téméraires  de  l'homme  égaré. 
Inhabile  à  déguiser  son  indignatimi,  il  ne 
faisait  point  de  grâce  aux  mauvais  ou- 
vrages ,  et  ne  pouvait  soutenir,  dans  les 
écrivains  les  plus  célèbres ,  rapj)arencc 
même  d'une  erreur  qui  blessait  la  sainteté 
de  nos  dogmes.  Il  est  mort  à  l'Hôtel-Dieu 
de  Paris  l'an  1780  à  l'âge  de  29  ans  ,  des 
suites  d'une  chute  de  clitval  ,  qui  lui  oc- 
casiona  une  espèce  de  délire  .  durant  le- 
quel il  avala  une  clef  qui  avança  sa  mort. 
Frappé  à  l'excès  de  la  haine  que  le»  phi- 
losophes lui  portaient  ,  et  de  la  crainte 
des  manœuvres  qu'ils  emploient  avec 
tant  d'art  et  de  succès  contre  ceux  qu4 
n'ont  pas  l'avantage  ou  le  malheur  di» 
penser  comme  eux,  il  s'imaginait  que  l'u- 
nivers entier  conspirait  contre  sa  per- 
sonne :  tout  lui  faisait  ombrage.  Insensi- 
blement cette  terreur  insurmontable  a 
desséché  sa  vie,el  l'a  conduit  au  l<jmbeau. 
Jusqu'au  moment  de  sa  mort ,  il  avait 
sans  cesse  à  la  btmche  les  paroles  conso- 
lantes que  nous  fournil  la  religion.  Son 
dernier  ouvrajçe  est  une  I\iriiplii ase  du 
psaume  ko  ,  dans  laquelle  il  exprime  ses 
alarmes,  et  conjure  le»  fantômes  qui  le 
troublaient.  Il  a  concouru  plusieurs  f<»is 
pour  des  prix  de  poésie  à  l'académie  , 
mais  il  a  toujours  eu  le  déplaisir  de  voir 
couronner  des  pièces  inférieures  aux 
siennes,  au  jugement  des  lillérateur»  im- 
|>arliaux  :  on  rend  enlin  maintenant  à 
Gilbert  une  justice  que  ne  lui  accordaient 
ni  le»  philosophe»  ni  le»  cncyclopcdisie»  : 
on  lui  a  donné  le  surnom  de  Juvrnal  du 
18*»iccle.  Ses  O/itivres  ont  été  plusicuit 
fois  imprimée»  à  Pari».  4788,  1  vol.  in-8*, 
et  1802,  S  vol.  in- 18.  L'édition  la  (dus  tv 


GIL  4 

timée  esl  celle  qui  a  pour  titre  :  OEuvres 
complètes  de  Gilbert  ,  publiées  pour  la 
première  fois  avec  les  corrections  de  l'au- 
teur et  les  variantes  ,  accompagnées  de 
notices  littéraires,  historiques  avec  ^ot- 
trah,  fac  simile  et  gravure  ,  Paris,  1822, 
un  vol.  in-8''. 

'  GILBERT  (  François-Hilaire  ) ,  sa- 
vant vétérinaire,  membre  de  l'institut, 
né  àCliàtcllcrault  en  1757,  contribua  puis- 
samment par  ses  travaux  et  ses  écrits  à 
des  améliorations  importantes  dans  notre 
système  de  culture.  Il  fut  chargé,  en  1794, 
d'organiser  et  de  diriger  les  établissemens 
agricoles  de  Sceaux ,  de  'Versailles  ,  de 
Rambouillet,  et  fut  envoyé  en  1797  en  Es- 
pagne, pour  y  acheter  des  troupeaux  de 
mérinos  ;  mais  n'ayant  pas  reçu  les  fonds 
qui  lui  avaient  été  promis  (i),  il  tomba  ma- 
lade de  chagrin  .  et  mourut  dans  un  vil- 
lage de  la  Castille  ,  le  3  septembre  1800. 
On  lui  doit  :  |  un  Traité  d-'^ s  prairies  arti- 
ficielles, 1790  ,  in-8°,  réimprimé  en  1802  ; 
I  Recherches  sur  les  causes  des  maladies 
charbonneuses  dans  les  animaux,  et  sur 
les  mot/ens  de  les  combattre  et  de  les  pré- 
venir, 1794  ,  in-8"  ;  |  Instruction  sur  le 
claveau  des  moulons .  1790  ,  in-8'';  |  In- 
struction sur  les  moyens  les  plus  propres 
à  assurer  la  propagation  des  bêtes  à  laine 
de  race  d'Espagne,  et  la  conservation  de 
cette  race  dans  toute  sa  pureté,  1797  ,  in- 
8"  ;  I  plusieurs  mémoires  couronnés  par 
des  académies,  et  divers  articles  insérés 
dans  le  Magasin  encyclopédique ,  la  Feuille 
du  cultivateur,  etc. 

•  GILBERT  (Nicolas-Pierre  )  ,  méde- 
cin, né  à  Brest  en  1751,  fut  nommé  à  l'âge 
de  18  ans,  chirurgien-élève  de  la  marine  , 
et  suivit  en  cette  qualité  en  1770  le  capi- 
taine TrongoUy  dans  sa  campagne  de 
l'Inde.  Après  son  retour  de  celte  expédi- 
tion ,  il  exerça  la  médecine  à  Lanciernau, 
à  Morlaixel  à  Rennes.  11  devint  plus  tard 
médecin  en  chef  de  l'armée  de  Samhre- 
et-Meuse  :  en  1790,  médecin  en  chef ,  pro- 
fesseur de  l'école  d'instruction  de  l'hôpi- 
tal militaire  de  Paris  ;  en  1802,  médecin 
rn  chef  de  l'armée  expéditionnaire  de  St.- 
Domingue  ,  et  en  J800 ,  médechi  en  chef 
de  la  grande  armée.  Il  se  retira  en  1812  du 
service  militaire,  et  mourut  à  Paris  le  19 
décembre  18ii ,  après  avoir  publié  : 
I  Plan  d'un  cours  d'institutions  de  mé- 


(i).  I.e  gouvernement  espagn.il  avait  ,  .i  cette  epo- 
qi^e  ,  fait  drs  représentations  au  gnuverueineut  fran- 
çais pour  empêcher  les  trop  fiéqiientes  exportations 
des  mijriaos. 


52  GIL 

decine  pratique  sur  les  maladies  les  plus 
fréquentes  chez  les  gens  de  guerre  ,  clas- 
sées par  famille,  précédé  d'un  discours 
sur  la  médeciite  morale,  Paris,  an  G,  in-8"; 
[  Tableau  historique  des  maladies  intrr- 
nes  de  mauvais  caractère  qui  ont  affligé 
la  grande  armée  dans  la  compagne  de 
Prusse  et  de  Pologne  en  1800  et  1807,  suivi 
de  réflexions  sur  les  divers  modes  de  trai- 
temens  adoptés  par  les  m.édecins  français 
et  allemands,  Berlin  ,  1808  ,  in-8",  traduit 
en  allemand  par  le  docteur  Bock,  avec 
une  préface  et  des  notes  par  Louis  For- 
me y,  Erfurt,  1808,  in-8°  ;  |  Histoire  mé' 
dicale  de  l'armée  française  à  Sl.-Do- 
mingue  en  l'an  10 ,  ou  Mémoire  sur  la 
fièvre  jaune,  avec  un  aperçu  de  la  topo- 
graphie médicale  de  cette  colonie,  Paris  , 
1805,  in-8'',  traduit  en  allemand  avec  des 
notes  par  J.-E.  Aronsson  ,  Berlin  ,  1800  , 
in-S"  ;  I  les  Théories  médicales  modernes 
comparées  entre  elles  et  rapprochées  de 
la  médecine  d'observation  ,  Paris ,  an  7  , 
brochure  in-8°.  Il  a  aussi  fourni  plusieurs 
articles  de  médecine  légale  à  V Encyclo- 
pédie méthodique.  On  trouve  une  notice 
sur  Gilbert  dans  le  tome  52  du  Journal 
général  de  médecine. 

*  GILBERT  ( Nicolas- Alaiiv),  mission- 
naire ,  né  à  Saint-Malo  le  31  mars  1702 , 
fut  élevé  à  Paris  dans  le  séminaire  des 
missions  étrangères  ;  la  faiblesse  de  sa 
santé  mit  obstacle  au  désir  qu'il  éprou- 
vait de  se  rendre  dans  les  pays  loin- 
tains pour  y  prêcher  l'évangile.  De  re- 
tour dans  son  diocèse  ,  il  fut  nommé  suc- 
cessivement vicaire  à  Saint-Peru,  puis  à 
Dinan.et  enfin  à  Jossclin,  où  il  remplaça 
dans  les  fonctions  de  curé  M.  Alain  nui 
avait  été  élu  député  aux  états-généraux. 
Ayant  refusé  le  serment ,  il  fut  arrêté,  puis 
relâché  peu  de  temps  après  ;  il  passa  aus- 
sitôt en  Angleterre,  où  son  premier soia 
fut  d'apprendre  la  langue  du  pays.  Dès 
lors  il  se  voua  entièreitient  aux  fonctions 
de  son  ministère  ,  se  fixa  à  Withby  où  il 
bàlit  une  église  et  un  presbytère  ,  et  ne 
tarda  pas  à  y  voir  s'augmenter  la  popula- 
tion catholique  qui ,  à  son  arrivée  ,  était 
peu  considérable.  Il  consacra  aussi  les 
loisirsde  son  exil  à  publier  différens  écrits 
dans  le  but  de  détruire  les  sectes  du  prcs- 
bylérianisme  et  du  méthodisme  qui  sont 
si  nombreuses  en  Angleterre.  A  son  re- 
tour en  France  ,  ii  se  livra  aux  missions 
de  l'intérieur,  et  fut  un  des  premiers  ec- 
clésiastiques qui  s'adonnèrent  à  ces  péni- 
bles fonctions.  Toutes  les  villes  et  les  cam- 
pagnes qui  avoisinaient  Saint-Malo  proû- 


r.iL  4 

tèrciil  lie  SOS  élcMiiiciiius  pr(*dicalit>iis.  Los 
conimunautos  rciii;icu5t*s  des  diocèses  do 
Saidt-Hricuc  et  de  <^iiim0or  rorcvaionl  , 
par  SCS  soins  ,  dos  rcliuilcs  cdiliantcs. 
L'altbo  Gilbort  rofiisa  lo  oanoiiiral  quo 
lui  offrit  1  evotiueilo  (^uiiii|H'r  dans  le  bul 
lie  lui  fairo  prendre  quoique  repos.  Cm 
prêtre  plein  de  zèle  est  mort,  en  donnant 
Uiic  ini.s>ion  dans  lo  diocèse  de  Tours.  le 
2o  soploinhre  iS'_M.  Il  a  publié  on  anijUns  ; 
î  Dc/ctise  lie  la  doctrine  de  ièylise  cathn- 
liqu«  sur  l'eucharistie,  dans  de-ux  con- 
versations entre  un  catftolique  et  un  pres- 
bytérien ,  Ltindros  ,  1800  ;  |  lie  cherches 
sur  cette  quest  on  :  Si  les  marques  do  lé- 
glise  voiilalilo  sont  applioablos  aux  oylises 
prcsbylôrieiinis,  Borwick,  1801  ;  |  la  Doc- 
trine catholique  du  baptême  prouvée  pai' 
l'Ecriture  et  la  tradition,  Berwick,  1802  ; 
I  Héjmnse  aux  fausses  représentations 
que  J.  ff-'esly  a  faites  des  doctrines  ca- 
tholiques .^VxWiXiy,  1811.  Il  avait  aussi  ré- 
digé un  Recueil  de  cantiques  pour  Tusage 
de  ses  missions,  dernière  édition  1801  ,  et 
publié  quelques  articles  dans  les  journaux 
anglais  pour  la  religion  catholique  ,  en 
réponse  à  quelques  attaques  des  prolos- 
tans.  On  trouve  sur  lui  une  notice  plus 
étendue  dans  l\4nii  de  la  religion  et  du 
roi^  touie  30,  page  Too. 

•  (.ilbi:rt-ui:-voisixs  (Pierhe), 

avocat-général  au  parlement  de  Paris  , 
né  le  10  août  1684  d'une  ancienne  famille 
de  magistrats,  suivit  la  mémo  carrière, 
et  plaida  comme  avocat  dans  plusieurs 
juridictions.  Il  devint  ensnile  avocat  du 
rtii  au  Chàtelel ,  puis  conseiller  au  parle- 
ment, et  eniin  avocat-général  en  1718.  Il 
86  distingua  par  uac  éloquence  mâle  et 
sévère,  par  un  esprit  judicieux  et  de 
liantes  vertus.  Après  s'être  démis  de  sa 
charge  en  1759  en  faveur  de  son  HIs .  il 
fut  no'.nnïo  successivement  conseiller  d'é- 
tat, premier  président  au  grand-con>eil 
et  membre  du  conseil  des  dopèclus. 
Dans  ces  diverses  fonctions  ,  Gilbert  de 
Voisins  se  lit  remarquer  par  ses  lumières, 
rédigea  un  grand  nombre  de  mémoires  , 
et  prit  part  à  la  réilaction  de  roglemens 
utiles  qui  furent  faits  à  celte  époque.  On 
lui  reproche  toutefois  d'avoir  poussé  trop 
loin  son  7,èle  pour  les  prérogatives  du  roi, 
r.èle  qui  l'amait  fait  écarter  des  vérita- 
bles principes  sur  l'autorité  des  évéquos. 
et  sur  celle  de  la  constitution  Unigenitus. 
On  a  réclamé  contre  l'arréldu  Parlement 
du  18  janvier  1726,  qu'il  avait  provoqué 
lui-uiéme  dans  un  réquisitoire  où  l'on  a 
rencontré  quelques  maximes  contraires  à 


>3  (;iL 

lo  discipline  do  ri^;lise  ,  et  que  l't-n  a  ré- 
futé dans  un  mémoire  adressé  au  roi.Gil- 
bert-do-'Voisin.H  mourut  le  f20  avril  1769.  Le 
Beau  lit  son  épitaplu;  <|ui  fut  placée  dans 
réj;lise  de  St.-Séveritj  de  Paris.  Dans  les 
dernières  aimées  de  sa  vie  ,  Gilbcrt-de- 
Voisins  composa  un  extrait  en  forme  de 
répertoire  dos  manuscrits  de  Bi  iennc  qu'il 
écrivit  entièrement  do  sa  main,  3  gros 
vol.  in-/i".  On  a  aassi  de  lui  Mémoire  sut 
les  moyejis  de  donner  aux  protestans  un 
état  civil  en  France,  composé  par  ordre  du 
roi  Louis  AT^  etc. ,  suivi  d'un  Projet  de 
déclaration  ouvrage  posthume  ,  publié 
par  Pierre-Paul  Gilberl-de- Voisins  ,  qui 
fut  successivement  avocat  du  roi  au 
Chàlelot  ,  groflier  en  chef  du  Parlement 
do  Paris,  président  à  Mortier,  Paris,  1787, 
in-8".  Le  pelit-lils  de  Gilbert  péril  sur 
l'échafaud  révolutionnaire  en  septembre 
1793. 

•  GILCIiniST  (Eb\É7,er),  médecin 
écossais,  né  à  Dumfries  en  1707,  mort 
en  1774, dans  la  même  ville,  a  laissé  plu- 
sieurs ouvrages  estimés  :  |  Dissertation 
sur  les  fièvres  nerveuses  ;\  Essais  et  ob- 
servations médicales  ;  \  Traité  sur  l'uti- 
lité des  voyages  sur  mer  dans  les  maladies 
chroniques  et  nerveuses  .  Londres  ,  1756- 
1771,  iu-S"  :  cet  ouvrage  a  été  traduit  en 
français  par  Bourru,  docteur  régent  de  la 
faculté  de  médecine  de  Paris  sous  le  titre 
que  nous  avons  donné,  Londres,  1770,  in- 
8".  On  y  a  joint  un  appondix  contenant 
des  observations  assez  importantes  sur 
l'emploi  du  bain  dans  les  lièvres  graves. 
Le  traité  de  Gilchrisl  eut  plus  de  succès 
qu'il  n'en  méritait. 

GILDA.S  (  saint  ) ,  surnommé  le  Sage , 
né  à  Dumbriton  en  Ecosse  l'an  A9i , 
(Moreri  le  fait  naître  en  520  )  prêcha  en 
Angleterre  et  en  Irlande,  et  y  rétablit  la 
pureté  do  la  foi  et  de  la  disripline.  Il  passa 
ensuite  dans  les  Gaules ,  et  s  établit  auprès 
de  Vannes  ,  où  il  bàlit  lo  niiinastère  de 
Buis.  Il  en  fut  abbé,  et  y  mourut  lo  29  jan- 
vier .'i70  ou  selon  d'autres  on  851.  Il  reste 
do  lui  quelques  Canons  de  discipline,  dans 
lu  Spicilége  de  d'Acheri ,  et  ini  Discours 
sur  la  ruine  île  la  Grande  -  Bretagne  , 
I-ondres,  1568,  in- 12,  et  dans  la  bibliotliè- 
quo  des  Pères.  L'abbaye  de  Buis  porte  le 
nom  de  son  fondateur.  Gildas  fut  un  des 
plus  illustres  solitaires  du  «/  siècle.  Il  s'oc- 
cupait uniquement  à  combattre  le  vice  et 
l'erreur. 

(;n.DO\.  fils  de  Nubel,  seigneur  puis- 
.sant  de  Mauritanie,  dans  le  4*  siècle.  Kir- 
mas,  un  de  ses  frères,   s'étant  rcxollé. 


GIL  à. 

fonlrc  Throdose  le  Grand  en  373,  Glldoa 
prit  les  armes  contre  lui ,  le  réduisit  à 
s'étrangler  lui-même,  et  obtint  le  gouver- 
nement d'Afrique.  Après  la  mort  de  Théo- 
dose, pendant  la  vie  duquel  il  avait  com- 
mencé de  remuer  ,  il  se  révolta  conlic 
Honorius  en  393 ,  favorisa  les  liéré(i([ues 
et  les  sclîismatiques ,  et  défendit  la  traite 
des  blés  en  Italie  pour  affamer  celte. pro- 
vince ;  mais  Mascezel ,  son  autre  frère  , 
qu'il  avait  contraint  de  s'enfuir,  étant 
rentré  en  Afrique  avec  une  assez  petite 
armée  ,  tailla  en  pièces  70  lïiille  hommes 
de  Gildon,  qui  s'étrangla  à  son  tour  en  598. 

GILDO\  (  Chaules  )  ,  critique  anglais  , 
né  à  Gillingham  près  de  Shaftesbury, 
dans  le  comté  de  Dorset  en  1G65 ,  aban- 
donna la  religion  catholique  ,  publia  les 
ouvrages  antichréliens  de  Charles  Blount, 
revint  à  des  sentimens  plus  raisonnables, 
qu'il  manifesta  dans  son  Manuel  des  Déis- 
tes ,  et  mourut  en  1723.  royez  BLOUNT 
(  Charles).  Gildon  s'étant  avisé  de  cri- 
tiquer Pope ,  celui-ci  lui  répondit ,  en 
lui  donnant  une  place  dans  sa  Dunciade. 

GILEMME  (Pierre),  prêtre  imposteur, 
se  présenta  pour  guérir  par  la  magie  la 
démence  de  Charles  VI,  roi  de  France.  On 
voulut  éprouver  ce  qu'il  savait  faire  :  il 
promit  de  délivrer  12  hommes  liés  de 
chaînes  de  fer  ;  mais  ayant  manqué  son 
opération  ,  le  prévôt  de  Paris  le  lit  brûler 
avec  ses  compagnons  l'an  l/i.03. 

*  GILIRERT  (Jeaiv-Emma\uel),  cé- 
lèbre médecin  et  naturaliste ,  né  à  Lyon 
le  21  juin  1741,  fil  ses  études  médicales 
à  Montpellier.  Après  avoir  subi  avec  dis- 
tinction les  épreuves  du  doctorat ,  il  se  fixa 
à  Chazay  ,  petit  village  près  de  Lyon  ,  et 
il  y  exerça  son  art,  sans  négliger  lu  bota- 
nique. Le  ministre  de  Pologne  ayant  de- 
mandé à  M.  Haller  un  médecin  pour  pro- 
pager dans  ce  pays  l'étude  de  l'iiistoire 
naturelle  et  fonder  une  école  de  médecine, 
Gilibert  fut  désigné  pour  cet  objet.  Il  si- 
gnala son  arrivée  par  l'élablissement  d'un 
beau  jardin  de  botanique  et  par  des  leçons 
de  médecine  clinique  ,  qui  attirèrent  un 
nombreux  concours  d'élèves.  Il  suivit  l'ci- 
niversité  lorsqu'elle  fut  transférée  à  Wil- 
na  ;  et  y  occupa  les  chaires  d'histoire  na- 
turelle et  de  matière  médicale.  L'âpreté 
du  climat ,  et  quelques  désagrémens  qu'il 
eut  à  souffrir,  le  décidèrent  à  revenir  au 
mois  de  février  1783,  à  Lyon  où  il  fut  élu 
successivement  médecin  de  l'Hôtel-Dieu  , 
médecin  en  chef  des  épidémies,  profes- 
seur au  collège  de  médecine  ,  membre  de 
l'académie  et  de  la  société  d'agriculture. 


)4  GîL 

Nommé  en  1793,  maire  do  Lyon,  iî  se 
conduisit  en  magislral  vertueux  et  éclairé; 
mais  ces  qualités  étant  des  titres  de  pro- 
scription ,  il  fut  enfermé  dans  un  cachot. 
Rendu  à  la  liberté ,  on  le  choisit  pour  pré- 
sider la  com.mission  déparlefneiitale  pen- 
dant le  mémorable  siège  de  Lyon.  A  la 
reddilioii  de  Ciîtle  ville  ,  il  fut  obligé  de 
fuir,  et  erra  pendant  18  mois  d'asile  en 
asile,  souvent  de  forêt  en  forêt  ;  enfin,  les 
temps  étant  devenus  plus  tranquilles,  il 
revint  à  Lyon  ,  et  fut  nommé  professeur 
d"!)i.stoire  naturelle  à  l'école  centrale.  Il 
succomba  à  une  maladie  longue  et  dou- 
loureuse le  2  septembre  1814. On  lui  doit  : 
I  les  Chefs-d'œuvre  de  Sauvage  ^  ou  Re- 
cueil des  dissertations  de  cet  auteur, 
qui  ont  remporté  le  prix  dans  différentes 
académies ,  corrigés,  traduits  ou  coni- 
mentéspar  M.  J.  E.  G.,  Lyon,  1770,  2  vol. 
in-12;  |  V Anarchie  médicinale .OM.  la  Mé- 
decine considérée  comme  nuisible  à  la  so- 
ciété, Neuchâlel,  1772,  3  vol.  in-12  :  Haller 
faisait  beaucoup  de  cas  de  cet  ouvrage  ; 

1  Flora Lithuanica  inchoata,GToàno,\l^i, 

2  vol.  in-12  ;  |  Exercilium  botanicum  in 
schola  principe  universitatis  fF'ilnensis 
peractum,  Wilna,  1782,  in-12;  \  Démon- 
strations élémentaires  de  botanique,  rédi- 
gées d'abord  par  Marc- Antoine-Louis  Cla- 
ret  de  la  Tourette  et  François  Rozier.  3* 
édition  refondue  et  considérablement  aug- 
mentée ,  Lyon,  1789,  3  vol.  in-S".  Cette  édi- 
tion est  préféiée  à  la  4*,  qu'il  publia  en 
179(5,  en  4  vol.  in-8".  On  trouva  que  les 
additions  qu'il  y  avait  faites  surchar- 
geaient un  manuel  destiné  aux  élèves,  et 
on  regarda,  comme  un  hors-d'œuvre  les 
2  vol.  in-4"  de  planches  qu'on  y  avait  joints. 
I  Jdversnria  medico-praclica  prima,  scu 
Annotationes  clinicœ ,  etc.,  Lyon,  1791, 
in-8",  traduit  en  allemanclparllebenstreil, 
Leipsick,  1792,  in-8°,  figures;  j  Exer- 
citia  phrjtologica ,  Lyon,  1792.  2  vol. 
in-8''  ;  |  Histoire  des  plantes  d'Europe  j 
ou  Elémens  de  botanique  pratique ,  Lyon, 
1798,  2  vol.  în-12,  et  180G,  3  vol.  in-8°; 
I  Abrégé  du  système  de  la  nature  de 
Linnéè  ,'Lyon,  1802,  in-8"^;  \  Le  médecin 
naturaliste,  ou  Observations  de  médecine 
et  d'histoire  naturelle ,  Lyon  et  Paris  , 
1800,  in-12,  fig.,traduit  en  allemand,  1807, 
in-8".  Son  éloge  a  été  pubUé  par  le  doc- 
teur E.  Sainte-Marie  ,  Lyon,  1814. 

GILIMER  ou  GELIMER,  roi  des  'N''aiv- 
dales  en  Afrique  ,  l'un  des  descendans  du 
fameux  Genseric,  détrôna,  en  531,  Hun- 
néric ,  roi  des  Vandales  ,  son  cousin ,  et 
se  mit  la  couronne  sur  la  tête.  L'empereur 


GIL  h 

'   simien  Icnvoya  soinnui  , >  lois 

l;i  lui  roiKire '^niain  il  ne  rc<;iil  point 
lire  roponsi' ,  sinon  que»  Ii*s  affaire» 
t  tic  i*Afri(jne  \xv  K'  rcfyardaienl  poinl  ;  el 
»>  ijnc  s'il  voulatl  faire  U  Rncrre,  on  clail 
■  tout  prt'l  à  lui  faire  face.  »  IW'Iisiirc, 
générai  romain,  rnvoyé  ronlrc  lui,  le 
vainquit  dans  les  plaines  de  Triranieron. 
à  quelques  lieues  de  Carlliace  ,  se  rendit 
maître  de  cette  ville,  el  bientôt  de  toute 
l'Afrique.  L'usurpateur,  pressé  de  tous  ce- 
lés, se  rendit.  I^  misère  qu'il  avait  essuyée 
l'avait  telleuu'nt  endjirci  ati  malheur  .(jue 
lorsqu'on  le  présenta  à  Ilélisaire  ,  il  avait 
l'air  aussi  riant  que  s'il  eût  été  dans  la 
;  •  ospérité.  Le  vaincu  fut  conduit  jusqu'aii 
i]ue  ,  où  l'empereur  était  assis  sur  son 
::ùne.Se  rappelant  alors  ce  qu'il  avait  été 
il  s'écria  :  Vanité  des  vanilès.et  tout  n'est 
que  vanité .'...  Justinien  le  relégua  dans  la 

\  Galalie,  où  il  lui  assi{;na  des  terres  pour 
vivre  avec  sa  famille  ;  il  l'eût  même  fait 
patrice  ,  s'il  n'avait  été  infecté  de  l'héré- 
sie arienne,  à  laquelle  il  refusa  de  re- 
noncer. 

*  GIL-VICE>'TE,  surniimmé  fe  Plante 
portugais ,  naquit  à  Barcellos  vers  1485. 
11  fut  le  créateur  du  théâtre  portugais, 
et ,  pour  ainsi  dire ,  de  celui  de  toute  l'Ku- 
rope,  en  le  considérant  comme  devancier 
de  Jodelle  ,  Shakespeare  ,  Lope  de  "Vega . 
etc.  Jusqu'à  son  temps .  excepté  la  comé- 
«îie  espagnole  de  Calixte  et  Mélibée.on  ne 
C'îimaissait  que  des  imitations  de  Plaute 
et  de  Térence,  ou  des  farces  irrégulières 
el  insipides.  Il  était  attaché  à  la  cour  de 
Jean  IIÏ,  devant  laquelle  il  fit  jouer  la 
})lupart  de  ses  pièces,  parmi  lesquelles  on 
dislingue  le  Juge  de  lieyra  et  le  Fidalgo 
portugais.  Ses  ouvrages,  comprenant  des 
comédies  profanes  et  religieuses  (  Autos), 
Ad  tragi-comédies .  sva  poésies  diverses. 
?es  poésies  dévoles  ,  furent  publiés  par 
son  lils  avec  le  titre  de  Compilaçao ,  Re- 

'  '-îcil,  Lisbonne,  lî)G:2,  in-foi.  ,  158G,in- 
II  mourut  à  Evora  en  15;>7. 
'  GILJ  (  PniLiPPE-LoL'is  )  ,  botaniste 
italien,  chanoine  de  la  basilique  du  Va- 
tican, et  directeur  de  l'Observatoire  fondé 
par  Grégoire  XIII ,  ni  à  Cometo  le  14 
mars  17Ii6,  euiploya  tous  .ses  loisirs  à  l'é- 
tude de  la  idiysiqueelsiirloiilde  l'histoire 
naturelle.  Il  a  légué  à  la  bibliothèque  de 
L;uici  le  maguiliquu  musée  qu'il  a>ail 
fonnc  lui-même.  Gilj  est  mort  à  Home  le 
m  mai  1821,  après  avoir  publié  les  ouvra- 
ges su  i  vans:  \/igri  romani  Hi^toritt  v.alu- 
ra/i«,  Rome,  1781;  I  une  Dissertation  sur 
hs  machines  hygrométriques,  en  italien, 


::;  GIL 

Home,  177.'»:  [un  Mémoire  sur  un  coup 
de  foudre  tombé  dans  Hnme  .  1782  ;  |  nn« 
Pliysiogcnugraphit  ou  Description  des 
genres  naturels  divisés  en  six  classes , 
178Î)  ;  I  des  Observations  philolitgiqtwi 
sur  quelques  plantes  erotiques  introduite* 
à  Home.  1789  et  17»>2:  |  plusieurs  lA-mo/- 
res  sur  divers  sujets  de  physique,  parti- 
culièrement des  observations  uiétéorolo- 
giqu'.'s  faites  à  Rome,  avec  des  notes  sur 
quelques  insiruinens  employés  îi  cet  effet. 
Il  a  aussi  doimé  en  1812  une  édition  ila- 
liemie  de  W/rrliitecture  de  la  bnsdique 
de  Saint-Pierre .  en  52  planches  par  Mar- 
tin Ferraboschi ,  avec  des  éclairriss»-- 
mens.  11  a  laissé  en  manuscrit  la  l'ie  r/n 
célèbre  Zubaglia.xtn  Traité  des  paraton- 
nerres el  quelques  autres  ouvrages. 

Gn.LE.S.  royez  GILON. 

G1LLE.S  (  sailli  ) .  A^gidius.  né  à  Athè- 
nes ,  passa  en  France,  se  retira  dans  un 
désert  près  de  remVouchu'-e  du  Rhône, 
de  là,  dans  un  lieu  voisin  du  Gard,  el 
enfin  dons  une  forêt  au  diocèse  de  Nîmes, 
où  il  s'occupa  entièrement  du  service  de 
Dieu.  Ce  fut ,  dit-on  ,  à  la  prière  d'un  roi 
de  France,  qu'il  recul  des  disciples  qui 
observèrent  long-temps  la  règle  de  saint 
Ceuoit.  On  a  pres(|ue  toujours  confondu 
ce  saint  avec  un  saint  Gilles,  que  saint 
r.ésaire  d'Arles  créa  abbé  d'un  monastère 
près  de  celte  ville,  el  qu'il  envoya  à  Rome 
en  5l'i ,  pour  obtenir  du  pape  Symmaque 
la  confirmai  ion  des  privilèges  de  son  église. 
Le  Père  Slilting,  l'tm  des  bollandisles ,  a 
prouvé,  dans  une  savante  dissertation, 
que  sairit  Gilles,  athénien  de  nation,  vi- 
vait à  la  lin  du  T  el  au  commencement 
du  8'  siècle  ;  el  que  l'autre  florissait  au 
commencement  du  f>*.  Baronius  les  a  con- 
fondus, tiompé  appareiiHueirt  par  une 
ancienne  /  ie  de  ce  saint .  qui  n'esl  qu'une 
compilation  sans  critique. 

GILLE.S  de   Rome,  l'oyez  COLOMNB 

(  GiLI.KS  ). 

GILLES,  seigneur  de  Champtocé,  était 
fils  de  Jean  Vf.  duc  de  Bretagne.  Il  fut 
étoufté  en  lA.'iO entre  deux  matelas,  après 
trois  ans  et  dix  mois  de  prison,  par  ordre 
du  duc  François  1",  son  frère.  On  l'ac- 
cusait d'entretenir  des  intelligences  avec 
les  \nglais,  el  d'avoir  >iolé  quantité 
de  fennnes  cl  du  filles,  ^n  plus  grand 
crime. à  ce  que  disent  quplqu.-s  historiens , 
était  la  haine  impl'    '  trlul 

son  frère  aiué.  On  iicr. 

qui  a\ ait  confessé  1.    ,  .    itade 

sa  part  le  duc  François  «u  jugement  de 
Pieu,  pcor  y  couii)ariùire  en  un  ccrUiii 


GIL  h-Hô 

Jwur  qu'il  lui  marqua  par  écril  ;  et  que  le 
duc  mourut  en  effet  peu  de  mois  après. 
Quoique  ces  anecdotes  ne  soient  peut-èlre 
l>as  assez  conslalées ,  l'on  n'a  point  de 
raison  plausible  de  les  rejeter.  Voyez 
FERDINAND  L'AJOURNE. 

GIIXES  (  Pierre  )  en  latin  GyUius , 
l'un  des  premiers  qui  se  soient  occupés  en 
France  avec  succès  de  l'histoire  naturelle, 
naquit  à  Albi  en  lk90.  Après  s'être  rendu 
habile  dans  les  langues  grecque  et  latine  , 
dans  la  philosophie  et  l'histoire  naturelle, 
il  voyagea  en  France  et  en  Italie.  Il  dédia 
en  1553  un  ouvrage  à  François  I'^  et  il 
exhorta  ce  prince  dans  son  épitrc  dédi- 
catoii'e  ,  à  envoyer  à  ses  frais  des  savans 
voyager  dans  les  pays  étrangers.  Le  roi 
goùla  cet  avis ,  et  envoya ,  quelque  temps 
après  ,  Pierre  Gilles  dans  le  Levant;  mais 
celui-ci ,  n'aya:;i  rien  reçu  delà  cour  pen- 
dant tout  son  voyage ,  fut  obligé  ,  après 
la  mort  de  François  l",  arrivée  en  i'6U7  . 
de  s'enrôler  dans  les  troupes  de  Soliman  II 
pour  pouvoir  subsister.  Dans  vm  autre 
voyage ,  il  fut  pris  par  des  corsaires ,  et 
mené  captif  à  Alger.  Quand  il  eut  ob- 
tenu sa  liberté,  par  les  soins  généreux  du 
cardinal  d'Armagnac,  évêquc  de  Rodez, 
il  se  rendit  à  Rome  auprès  de  son  bien- 
faiteur, chargé  des  affaires  de  France  ,  et 
y  mourut  en  ioo5  ,  à  65  ans.  On  a  de  lui: 
I  De  vi  et  naturaanimalium  j  Lyon,  1555 
in-4°  :  ce  n'est  proprement  qu'un  extrait 
d'Héliodore  ,  d'Appien,  d'Elienetde  Por- 
phyre ,  accompagné  des  observations  du 
compilateur  ;  |  De  bosphoj'o  Thracio  libri 
très,  in-24.  ;  |  Topographia  Constantinopo- 
leos  libri  quatuor^  in-24 ,  et  dans  T/m- 
periiim  orientale  de  Banduri.  Ces  deux 
derniers  ouvrages  ne  sont  pas  inutiles  aux 
géographes. 

GILLES-DE-CHIN ,  chevalier  célèbre 
par  sa  force  et  son  courage,  est  regardé 
comme  le  vainqueur  d'un  dragon  terrible 
qui  désolait  les  environs  de  Mons  dans  le 
Hainaut.  Les  détails  de  ce  combat  sont 
parfaitement  semblables  à  ceux  du  che- 
valier Gozon  (  voyez  ce  mot)  contre  le 
fameux  dragon  de  Rhodes ,  et  celte  res- 
semblance affaiblit  beaucoup  l'authenti- 
cité des  deux  histoires.  Voyez  V Histoire 
de  Notre-Dame  de  Vasmes^  Mons,  1771, 
4  vol.  in-i2.  On  montre  la  tête  du  dragon 
à  riiôtel-de-ville  de  Mons  ,  et  on  voyait 
à  labbaye  de  Saint-Guislain ,  l'épitaphe 
de  Gilles-de  Chin  :  mais  elle  a  disparu 
avec  la  vieille  église. 

GILLES  de  VITERBE,  ermite  de  Saint- 
Augustin ,   professeur  de  philosophie  et 


GIL 

de  théologie  ,  devint ,  par  ses  talens ,  gé- 
néral de  son  ordre  en  4507,  patriarche  de 
Constanlinople  et  cardinal.  Il  lit  l'ouver- 
ture du  concile  de  Lalran  en  1312  ,  et  fut 
chargé  par  Léon  X  de  plusieurs  affaires 
aussi  importantes  qu'épineuses.  Ce  savant 
prélat  mourut  à  Rome  en  1552 ,  laissant 
des  ouvrages  en  vers  et  en  prose,  sacres 
et  profanes.  D.  Martenne  a  donné  dans  su 
grande  Collection  d'anciens  monumen's , 
plusieurs  lettres  du  Gilles  de  Viterbe,  in- 
téressantes pour  la  plupart ,  par  les  par- 
ticularités qu'elles  renferment  sur  l'au- 
teur ,  ou  sur  les  affaires  de  son  temps.  On 
a  encore  de  lui  des  commentaires  sur 
quelques  morceaux  de  l'Ecriture,  des 
dialogues  .évs  épitres  ,  (lea  poésies. 

GILLfilS  (  Nicole  ou  Nicolas)  ,  secré- 
taire de  Louis  XII  et  contrôleur  du  trésor, 
mort  en  1505,  a  fait  des  Annales  ou  Chro- 
niques de  France ,  depuis  la  destruction 
de  Troie  jusqu'en  1496.  Celte  histoire  n'est 
bonne  que  depuis  le  règne  de  Louis  XL 
Denis  Sauvages,  Belleforest ,  et  plusieurs 
anonymes,  ont  fait  des  additions  aux 
annales  de  Gilles  ,  cl  Gabriel  Chapuis  les  a 
continuées  jusqu'à  l'an  1585  ,  in-fol.  Elles 
ont  été  traduites  en  latin.  On  y  trouve  des 
choses  curieuses  ;  mais  la  crédulité  extrême 
de  Gilles  l'a  si  fort  décrié,  qu'on  n'ose 
presque  pas  le  citer. 

GILLES  (  N...  SAINT-),  sous-hrigadier 
de  la  première  compagnie  des  mousque- 
taires du  roi  deFrance,né  en  1680  ,  mou- 
rut en  173 dans  un  couvent  de  capu- 
cins où  il  s'était  retiré.  Ce  poète  jjarlait 
peu ,  ayant  son  esprit  souvent  occupé  à 
combiner  de  petits  morceaux  de  poésie 
dont  il  faisait  part  à  ses  amis.  Son  imagi- 
nation était  gaie,  et  quelquefois  libertine. 
Il  réussissait  particulièrement  dans  des 
sujets  obscènes  ,  talent  malheureux  qui  a 
produit  ses  Contes  et  ses  Chansons.  La 
plus  grande  partie  de  ses  poésies  a  été 
imprimée  en  1  vol.  intitulé  :  La  Mas6 
mousquetaire.  Celte  muse  a  l'air  que  son 
titre  annonce  :  mais  peu  de  correction  et 
peu  de  Unesse.  Saint-Gilles  avait  un  frère, 
qui  mourut  en  1743 ,  à  86  ans.  Celui-ci 
était  auteur  (ïAriarathe^  tragédie  qui 
ne  réussit  point.  Il  rampa  dans  la  foule 
obscure  et  nombreuse  des  rimeurs  peu 
favorisés  des  muses. 

GILLES  (  .Ieaiv  ) ,  de  Tarascon  en  Pro^ 
vence ,  né  en  1669 ,  mourut  en  1705 ,  à 
Toulouse  ,  maître  de  nmsique  de  l'église 
de  Saint-Etienne.  Il  unit  à  beaucoup  de 
talens  de  grandes  vertus.  On  l'a  vu  se 
mettre  dans  un  état  d'indigence,  pour  en 


GIL  h 

retirer  ciux  (\\n  y  l'iaicnt.  Il  fui  t'iifanl  <.W 
chœur  avec  le  cclcbre  Caïupra  «laiis  lu  ni»'- 
IropuIed'Aix.  Gtiillaiiine  Pointe viii.  préire 
de  cette  '(jlise,  leurensei^jna  la  musique. 
Gilles  se  lit  bientôt  un  nom  par  ses  tulens. 
Bertier.  évéque  de  Uieux.  qui  l'cstimiiil 
particulièrement .  demanda  pour  lui  la 
maîtrise  de  Saint-Etienne  îà  Toulouse  ;  mais 
le  chapitre  avait  disposé  de  cette  place  en 
faveur  de  Faritielii.  Celui-ci ,  informé  de 
ce  qui  se  passait,  alla  trouver  son  con- 
current, et  le  foiça  d'accepter  sa  démis- 
sion; démarche  qui  leur  fait  é(Talen!enl 
honneur,  ^ous  avons  de  Gilles  :  |  de  beaux 
motets  et  en  grand  iio:nbre  :  on  estime 
surtout  son  IJilùjam  te;  \  une  Messe  des 
morts,  sonclief-d'ceuvre  ;  elle  fut  chantée 
la  première  fois  pour  son  auteur. 

GILLKT(  Frax^ois-Pierre  ),  né  à  Lyon 
en  1648,  avocat  au  parlement  do  Paris  en 
iCûU  ,  mourut  dans  cette  ville  en  17!20.  U 
lit  quelque  lionneur  au  barreau  par  ses 
plaidoyers  ;  mais  il  en  lit  moins  à  la  ré- 
publique des  lettres  par  ses  traductions 
des  Catif inaires  de  Cicéron.  et  de  plusieurs 
de  ses  Oraisons.  Ces  versions  sont  non- 
seulement  inférieures  à  rori(;inal,  mais 
même  aux  traductions  qui  ont  paru  de- 
I)uis.  Ses  plaidoyers,  puliliés  en  iJ  vol. 
'\n-k°,  offrent  de  l'érudition,  de  la  solidité 
et  quelquefois  de  la  force  ;  mais  le  style 
est  un  peu  sec  ,  et  l'auteur  ne  sera  jamais 
compté  parmi  les  {grands  orateurs. 

Gll.LKT(LoLis-Jo.\r.iiiM),  néà  Frémorol 
dans  le  diocèse  de  St.-Malo ,  en  1680,  cha- 
noine ré{îu!ier  de  Sle.-Geneviève  à  Paris, 
cl  bibliothécaire  de  cette  abbaye  jusqu'en 
1717  ,  fut  curé  de  Mahon,  dans  le  diocèse 
de  Saint-Malo.  Après  en  avoir  rempli  les 
fonctions  pendant  23  ans.  il  revint  pren- 
dre son  emploi  de  bibliothécaire.  Il  mou- 
rut en  1753  ,  à  7/t  ans.  C'était  un  homme 
très  estimabic.  Il  alliait  la  modestie  au 
savoir,  les  vertus  sociales  aux  exercices 
sédentaires  du  cabinet,  et  beaucoup  de 
douceur  à  une  longue  habitude  d'iftlir- 
mités.  Nous  avons  de  lui  une  Nouvelle 
Traduction  de  l'historien  J  ose phe  .faite 
sur  le  grec .  avec  des  notes  critiques  et 
historiques  pour  en  corriger  le  texte  dans 
les  endroits  où  il  parait  altéré  .l'expliquer 
dans  ceux  où  il  est  obscur,  fixer  les  temps 
et  les  circonstances  de  quelr/ues  événemrns 
qui  ne  sont  pas  assez  développés  .  éclair- 
cir  les  sentiniens  de  iautrur .  et  en  don- 
ner une  juste  idée  .  4  vol.  in-4",  17:jG  ,  et 
année»  suivantes,  à  Paris,  chex  Chauberl 
cl  Hérissant.  Cette  version  ,  plus  lidcle 
que  celle  d'Arnaud  d'Andilly,  est  restée 


>7  iA\. 

au  dessMU5  de  la  ccirbrite  d(«  rriltc  der- 
nière, quoique  avec  des  avanla;;r8  el  dcS 
litres  de  préférence  bien  marqués. 

C.II.I.I  (  David  ) ,  mini«lre  protestant , 
natif  «le  I.ani;uedoc,  abjura  le  calvinisme 
eiH()«"> .  et  ramena  plusietiis  «-irans  au 
borcjiil.  Louis  XIV  el  le  cle.n'.e  de  rr:mc« 
lui  firent  une  pension  jiiMju'h  >a  mort , 
arrivée  à  Anyers  en  1711 ,  à  63  uns.  On  a 
de  lui  un  recueil  sous  le  titre  de  Conver» 
sinndc.  Gifli .  1683,  in-I2.  Il  renferme 
les  raisons  qu'il  eut  de  se  réunir  à  l'éuliso 
romaine. 

•  CiILLI  f  Puilippe-Saoveur),  jésuite  , 
né  dans  l'état  romain  ,  alla,  comme  nns- 
sionnuire.  dans  l'Amérique  méridionale 
on  il  passa  18  ans ,  c'esl-à-dirc ,  jusqu'à 
la  suppression  de  son  ordre.  Il  a  publié 
en  italien  :  |  F.ssai  sur  l'histoire  d'Aimé- 
tique,  un  Histoire  naturelle  .civile  et  sa» 
crée  dfs  royaumes  et  provinces  espa- 
gnoles de  la  Terre  ferme  dans  i Améri- 
que jnéridionale ,  Tiomc  ,  1780-8'*,  &  vol. 
in-8",  avec  cartes  et  ïi'j.  On  y  trouve  des 
noiitms  curieuses;  l'excès  de  crédulité  do 
l'aulcur  lui  fait  dire  cependant  quelque- 
fois des  choses  peu  sensées.  Le  ô.'  livre 
du  tom.  3  dans  lequel  on  remarque  des 
détails  sur  les  langues  de  l'Orénoque  a  été 
traduit  en  allemand  et  publié  avec  des 
notes  par  Fr.-Xav.  Vei^jl ,  ex-jésuite,  il 
fait  aussi  p^-lic  de  la  Collectinn  publiée 
par  de  Murr,  Nureuberg,  1085,  1  vol. 
in-8". 

GILLOT  (Jacques),  d'une  famille  no- 
ble de  Bourgogne ,  était  chanoine  de  la 
Sainte-JChapelle  de  Paris  et  doyen  des 
conseillers  clercs  du  Parlement.  Sa  maison 
était  une  espèce  d'académie  ouverte  à 
tous  les  savans.  Il  mourut  en  1619,  lais- 
-sanl  ur.e  riche  bibliothèque.  Ce  chanoine 
eut  beaucoup  de  [larl  au  Calhulicon  d'Es- 
pagne ,  ou  Satire  .}fcnippée .  Ratisbonnu 
'  El7.évir),  1664,  in-1'2;  et  avec  K-s  notes 
de  Godefroi .  Bruxelles.  1709  .3  vol.  in-8°. 
C'est  daiis  sa  maison  que  fut  composéo 
cette  satire,  pour  tourner  en  ridicule  la 
ligue  catholique,  quoiqu'il  fût  plus  naturel 
qu'un  chanoine  tournât  ses  talens  contre 
la  ligue  huguenote,  plus  di-iic  parles 
troubles  qu'elle  causait  depuis  long-temps 
dans  le  royaume  ,  et  par  sa  rébellion  far- 
melle  contre  le  trune  et  l'autel,  de  faire 
l'objet  de  l'indignation  des  Inms  citoyens 
et  des  sarcasmes  des  satiriques,  f'oyex 
DUCIIAT,  I  È VRE  (  A^toi^e  le).  MONT- 
GAILLAKD.  Ce  fut  Gillot  qui  imagina  la 
procession  burlesque  rapportée  dans  cet 
ouvrage,  et  que  les  imbccjles  otrt  prise 


GIL  4; 

pour  une  réalité  :  mais  celle  calomnie 
théâtrale  contre  les  religieux  et  le  clergé 
ne  peut  donner  qu'une  mauvaise  opinion 
de  l'aulcur.  La  îiaranj^ue  du  légat  est  en- 
core de  Ini.  Les  autres  harangues  sont  de 
Florent  Chrétien,  de  Nicolas  Rapin  ,  et  de 
Pierre  Pilliou  ,  trois  beaux  esprits  d'une 
religion  très  équivoque.  Nous  avons  ei!- 
core  de  Gillot  :  |  des  Instructions  et  des 
lettres  misswes^  concernant  le  concile  de 
Trente,  dont  la  meilleure  édition  est  celle 
de  Cramoisi ,  165/i.,  in-/t°  ;  ]  la  Fie  de  Cal- 
vin j  imprimée  ïn-k",  sous  le  nom  de  Pa- 
pire  Masson,  et  qui,  selon  quelques-uns, 
est  effectivement  de  ce  dernier. 

GILLOT  (  G;:r>iai\),  d'une  famille  no- 
ble de  Paris,  où  il  est  né  en  1622  ,  reçut 
le  bonnet  de  docteur  en  Sorbonne  ,  et  se 
distingua  par  ses  lumières  et  ses  vertus. 
Il  dépensa  plus  de  cent  mille  écus  à  faire 
élever  de  pauvres  jeunes  gens,  et  à  les 
rendre  capables  deservir  l'Eglise  par  leurs 
talens ,  ou  l'état  par  quelque  profession 
honnête.  Plusieurs  de  ses  élèves  brillè- 
rent dans  le  barreau,  et  dans  les  facultés 
de  médecine,  de  droit  et  de  théologie. 
On  les  appelait  Gillotins  ^  et  ce  nom  an- 
nonçait à  la  fois  la  générosité  de  leur  bien- 
faiteur et  leur  propre  mérite.  Des  ecclé- 
siastiques qu'il  avait  élevés  donnèrent 
leurs  soins  pour  que  ses  bienfaits  se  per- 
pétuassent L'abbé  Gillot  moyuten  1688, 
à  66  ans. 

GILLOT  (  Louise-Ge-veviève  ) ,  pari- 
sienne ,  morte  dans  sa  patrie  en  i718,  à 
C8  ans,  fut  mariée  à  de  Saintonge,  avocat, 
qui  cultiva  ses  talens  pour  la  poésie.  Ses 
OEavres  consistent  en  épitres  j,  égloi/ues  ^ 
madrigaux  ,  chansons,  deux  comédies  et 
deux  trarjèdies-opéra.  Son  pinceau  était 
facile  ,  mais  faible.  Outre  ses  poésies,  re- 
cueillies en  1714,  in-12,  on  a  d'elle  un(^ 
nouvelle  historique,  très  romanesque,  ui- 
lilulée  :  Histoire  de  don  Antoine  ,  roi  de 
Portugal .  iu-i2. 

*GÏLLY  (D,\v!d),  ingénieur-architecte, 
naquit  en  1748,  àSchwedt,  en  Brande- 
bourg, d'une  famille  française  réfugiée, 
originaire  du  Tanguedoc.  On  lui  doit  plu- 
sieurs ouvrages,  en  allemand,  sur  l'ar- 
chitecture civile  cl  hydraulique.  Les  prin- 
cipaux sont  :  I  Elémens  d'un  cours  d'hy- 
draulique, avec  application  à  la  pratique, 
lîcrlin,  1793  et  1801  ,  in-8";  |  Instruction 
pratique  pour  l'a7'chitecture  hydrauli- 
que, accompagnée  de  planches,  en  société 
avec  Eytcbvein.  Berlin,  1802,2  part.  in-S". 

GlLO.\'  ou  GILLES,  diacre  de  l'églîse 
de  Puiis",  ensuite  moine  de  Cluny ,  eniin 


8  GÎL 

évêque  de  Tusculum  et  cardinal,  fut  un 
des  meilleurs  poètes  du  12*^  siècle,  et  mou- 
rut vers  1142.  Il  réunissait,  dit  l'abbé 
Le  Bœuf,  le  govU  e4  la  fécondité.  On  a  do 
lui  :  \\xn  poème  latin,  où  il  chante  la 
première  croisade  de  101)3;  |  une  Instruc- 
tion <in  vers,  qu'il  dédia  au  prince  Louis, 
lils  de  Philippe-Auguste  ,  pour  lui  inspi- 
rer l'amouf  de  la  vertu  par  l'exemple  do 
Charlemagne  qu'il  y  célèbre  :  c'est  ce 
qui  a  fait  appeler  cet  ouvrage  le  Caro- 
lin;  I  la  Fie  de  saint  Hugues,  abbé  de 
Cluny, 

*  (;!LPL\  (  BcnTWAP.D  ),  ministre  anglais, 
naquit  àKentmire.dans  le  comté  deWest- 
moreland,  en  1317,  d'une  famille  illustre 
de  ce  comté.  A  l'âge  de  seize  ans  ,  il  fut 
envoyé  à  Oxford,  et  y  lit  ses  études  avec 
un  tel  succès  ,  qu'il  fut  agrégé  du  collège 
de  la  reine.  Ayant  appris  le  grec  et  l'hé- 
breu, il  devint  le  piemier  professeur  de 
ces  deux  langues  au  collège  de  Christ , 
que  Henri  Vil!  venait  de  fonder.  Giîpin 
avait  embrassé  l'étal  ecclésiastique,  et  se 
montrait  très  attaché  à  la  religion  ro- 
maine, que  professait  toute  sa  famille. 
Il  la  défendit  avec  autant  d'éloquence  que 
de  courage,  en  soutenant  plusieurs  thèses 
publiques  contre  Jean  Hooper,  évéque 
de  Worccster.  Mais  à  celle  malheureuse 
époque,  l'hérésie,  soutenue  parle  roi  lui- 
même  ,  avait  déjà  fait  de  grands  progrès 
en  Angk'te're  ;et  lefaisieux  Pierre  Martyr 
ayant  obtenu,  après  la  moil  d'IIenriVHI, 
une  chaire  de  théologie  dans  l'université 
d'Oxford  ,  y  prêchait  les  erreurs  de  Lu- 
ther. Gilpin ,  séduit  par  l'éloquence  de 
l'orateur,  embrassa  ce  qu'on  appelait  la 
réforme.  L'évcque  de  Durham  ,  oncle  de 
Gilpin  ,  avait  composé  un  traité  sur  l'eu- 
charistie, et  envoya  son  neveu  consulter 
sur  cet  ouvrage  les  plus  savans  théolo- 
giens de  Louvain  et  de  Paris*.  Leurs  lu- 
mières et  leur  foi  orthodoxe  lui  furent 
inutiles.  Ce  fut  en  vain  que  son  oncle  lui 
lit  otl'rir  une  cure  dans  le  diocèse  de  Dur- 
ham ;  il  ne  voulut  poii>t  l'accepter,  parce 
cfu'iî  ne  pouvait  î)as  la  desservir  lui-môme. 
Ayant  eniin  accepté  la  cure  d'Eusinding, 
sa  conscience  fut  bientôt  alarmée  de  ce 
qu'à  cette  cure  était  uni,  le  double  emploi 
d'un  archidiaconé  :  il  la  résigna  donc,  et 
fut  pourvu  de  celle  d'Iiongl>lon,  qui  n'a- 
vait j)as  cet  inconvénient.  Le  règne  de 
Marie,  fille  el  successeur  de  Henri  VIII 
(  élevée  par  sa  pieuse  mère  ,  Catherine 
d'Aragon ;,  avait  rendu  à  l'église  catholi- 
que sa  pjépondérance  ,  el  l'on  réprimait 
l'audace  des  proleslans,  (^ui  s'agitaient  de 


Gtr  h 

L Il  l>ar  IvUis  iiilri,,ur»,  Oii  par 

K-uis  pn-iiicalions.  Gilpin  &e  bunia  à  |irr- 
iher  rorilrc  plusieurs  abus,  roininc  lu  Don 
iVNidoiuo,  la  pluialilt^  des  l'riuTicc*.  vU'. 
Il  fui  lUiitiuinins  doMoncé  à  la  loiuc  IVIai  if. 
el  coMlruiut  d»'  se  rendre  à  Londres,  où  il 
s  atUndait  à  monter  sur  un  cchafuud  , 
dcrnicre  ressource  des  primes  qui  veu- 
lent rrtablir  la  Iranquillilcdans  leurs  i  tais 
h'oul'lés  pardcsfaclicuxopiniàlrcs.  Ayant 
appris  en  roule  la  mort  de  Marie,  (.ilpin 
retourna  à  Honyliton,  et  le  rè{jne  dKliz.a- 
ÎKilh  commença  à  se  faire  remarquer  par 
lUJC  i)erséculion  réelle  contre  les  catholi- 
ques, auxquels  ou  n'épargna  pas  les  plus 
mauvais  Iraitomcns.  A  peine  mcntte  sur 
leirone.  la  nouvelle  reine  remit  à  des 
prélats  protestans  tous  les  siéijes  épi^co- 
paux.  L'on  offrit  à  Gilpin  l'évéclié  de  Car- 
iisle;  mais  il  le  refusa.  Il  mourut,  dans 
sa  cure  U'IIoncthon ,  eu  1583,  à  Tàje  de 
soixante  six  ans.  On  regrette  sincèrement 
qu'un  homme,  doué  de  plusieurs  vertus 
chrétiennes  ,  soit  tombé  dans  les  erreurs 
d'une  doctrine  qui  a  troublé  souvent  et 
les  consciences  et  les  royauuu^s.  H  avait 
établi  à  Hongbton  une  école  et  un  sémi- 
naire que  lui-même  dirigeait.  Il  y  a  une 
f-'te  de  Gilpin^  écrite  par  Cartellon  ,  évé- 
que  de  Chichester,  Londres  ,  4(336,  in- 18. 
A  la  lin  du  volume,  on  trouve  un  des  ser- 
mons de  Gilpin  ,  prêché  en  présence  d'E- 
douard M.  en  I5[i2. 

•  GILP1>  (  Glillache),  vicaire  deBol- 
dre  dans  New-Forest,  parent  et  non  des- 
cendant de  Bernard,  comme  l'ont  avancé 
queljpies  biographes  (il,  naquit  vers  l'un 
472'4.  Il  établit  d'abord  à  Cheam  dans  le 
Surrcy  une  maison  d'éducation  ,  dans  la- 
quelle il  eut  des  élèves  d  un  haut  rang, 
et  dut  à  l'un  d'eux,  le  Colonel  Millford. 
l'auteur  de  V Ilistuire  de  In  Grèce,  le  vica- 
riat de  Boldie  ;  il  quitta  alors  son  pen- 
sionnat qu'il  remit  à  son  fils,  et  s'illustra 
par  divers  actes  de  bienfaisance.  Il  est 
particulièrement  connu  par  ses  f'oyages 
en  différentes  parties  de  V Angleterre , 
contenant  des  observations  relatives  aux 
beautés  pittoresques.  1787,  in  8".  et  1788. 
2  vol.  in-8"  ;  traduit  en  français  en  I78'J. 
par  Guédon  de  La  Berchère  ,  et  en  1800 
par  le  baron  de  Blumenstein ,  Breslaw  , 
4800,  5  vol.  in-8".  li<;.  Celte  dernière  tra- 
duction est  la  plus  estimée.  On  a  encore 


(OCarlcIoa,  !}■{  arail  pn  »oir  Bernard,  lequel 
o'eil  mon  qu'es  iSSÎ,  pnîtqac  àU  i58o,  il  élail 
3«rpgr  ao  co1l<Cge  de  Mcrtea,  rapport*  que  Ccroara 
Cilpio  vr<i!!ct  moarulJjni  Icc^lib*!. 


0  CÎV 

de  Gi!,    .  i\'olion$  sur  la  rivièr<! 

ffije.  et  sur  quelques  contrées  de  ta  j/ar- 
lie  stul  du  pai/%  de  Galles  ,  1782 ,  In-S", 
traduites  m  françnis.  Ce  volume  se  j«)int 
aux  jjréiédens.  |  Ohaervatinns  relatives 
principalement  à  la  beauté  pittoresque , 
faites  en  1776  sur  diverses  parties  de  tn 
Grande  llrctagne ,  et  particulièrement 
sur  les  7nontaf/nes  d'Iùosse  .  178'J  ,  2  vol. 
in-8'*;  traduiles  en  allemand  ,  Leij)5iek, 
17î)2,  2  roi.  in-S";  \  Remarques  sur  les 
scènes  forestières  et  les  beautés  pittorcz- 
que  d''S  pays  bni-tés .  avec  les  vues  de 
A'cH'Forcst  dans  le  I/amps/iire .  17'Jl, 
2  vol.  in-8";  trad.  on  alleu>and,  Leipsirk, 
1800.  in-8";  |  Trois  J-Jssais  sur  le  beau  pit- 
toresque .  sur  les  voyages  pittoresques , 
sur  l'art  d'esquisser  le  paysage .  et-., 
in-S".  17112  et  1808,  trad.  en  français, 
lîreslaw.  1799  ;  |  Observations  sur  les  par- 
fies  Dceidcnlafes  de  l'Angleterre,  princi" 
paiement  sous  le  rapport  de  la  beauté 
pittoresque. etc.,  1798.  in-8",  lig.;  j  Obser- 
valions  sur  les  comtés  de  Hanipshire , 
Sussex  et  Kent.  1806,  in-8°.  Gilpin  a  créé 
en  quelque  sorte  mi  nouveau  penre  de 
voyages.  11  s'est  attaché  particulièrement 
à  décrire  les  paysages.et  ses  descriptions, 
plei.'ies  de  vérité  et  de  chaleur ,  sont  en- 
tremêlées de  réflexions  ingénieuses,  pro- 
pres à  enrichir  la  théorie  des  arts  et  à  en 
guider  la  pratique.  Il  a  écrit  plusieurs 
ries,  celles  de  Jîcmard  Gilpin.  d' Hugues 
Latimer .  de  Jeun  If^iclef.  de  Thomas 
Cranmer.  etc.  ,et  laissé  des  sermons  pré- 
cités dans  une  église  de  campagne  .  avec 
quelques  essais  et  sujets  pour  des  ser- 
mons. 1799-1803,  3  vol.  in-S";  |  Contrastes 
moraux .  1798,  iu-I2,  et  autres  ouvrages 
ascéticiues. 

*  GI\  (PiERBE-Louis-CtACOE),  Un  des 
écrivains  les  plus  féconds  du  18'  siècle  . 
né  à  Paris  en  I7'2ù,  fut  suecessivcmeat 
avocat .  conseiller  au  parlement  .Uuupeou 
et  ensuite  au  grand  conseil  où  il  resta 
jusqu'à  la  suppression  des  cours  souve- 
raines. Il  se  lit  remarquer  parsonattadic- 
ment  aux  priucipes  religieux  et  à  la  cause 
des  Bourbons,  dans  les  occasions  les  plus 
périlleuses.  Le  2  décembre  17'ja.  il  adressa 
à  Barrère  un  plaidoyer  en  faveur  de  L*mi« 
XVI,  qui  lui  valut  l'honncurd'étrc  incar- 
céré avec  sa  famille  à  l'abbaye  de  Port- 
Boyal.  II  profita  de  sa  captivité  pour  ap- 
prendre l'anglais  d'un  autre  prisonnier 
au(|uel  il  dormait  des  leçons  de  grec.  Lors- 
qu'il eut  recouvié  sa  liberté  en  1794,  on 
le  uomma  maire  de  Clamart.  où  il  possé- 
dait quelques  biens.  Il  ne  crut  pas  pour 


GIN 


A60 


GliV 


Yoîr  refuser;  mais  lorsqu'un  décret  vint 
assujettir  les  fonctionnaires  publics  à  prê- 
ter le  serment  de  haine  à  la  royauté,  non- 
seulement  il  s'y  refusa ,  mais  il  déclara 
que  le  gouvernement  monarchique  était 
le  seul  qui  pût  convenir  à  la  France.  Il 
échappa  ncaïunoins  à  la  persécution,  et 
mourut  à  Paris  de  19 novembre  1807.  lia 
laissé  un  grand  nombre  d'ouvrages  pres- 
que tous  médiocres  :  |  Traité  de  l'élo- 
quence du  barreau ,  1767  el  1803,  in-12; 
I  De  la  religion,  par  un  homme  du.  monde. 
1778-80,  4  vol.  i!i-8".  nie  retoucha  et  l'abré- 
gea en  1806,  sous  ce  litre  :  De  la  religion 
du  vrai  pliilosophe.  On  y  trouve  une  col- 
lection complète  des  systèmes  des  philo- 
sophes, de  leurs  vains  sophismes  ,  et  jus- 
qu'à leurs  sarcasmes.  Le  l'ère  Beau  regard, 
citant  cet  ouvrage  en  1780  ,  dans  son  fa- 
meux sermon  des  philosophes,  disait  : 
«  Ils  le  connaissent  ce  livre;  ils  n'y  ont 
»  pas  répondu,  ils  n'y  répondront  ja- 
»  mais.  »  L'abbé  Duvoisin,  alors  censeur, 
dans  ra{)prouation  qu'il  donna  pour  la 
première  éàilion  ,  dit  que  l'on  y  trouve 
un  plan  vaste  el  bien  remi)li,  et  des  vues 
neuves;  mali)eureusement  il  s'en  trouve 
beaucouf)  de  connnunes,  et  le  style  ne 
répond  pas  toujours  au  sujet.  A  la  tête  de 
cet  ouvrage  se  tiouve  la  liste  de  ses  pro- 
ductions. I  Les  vraii  pnncipes  du  gouver- 
nement français .  i778 ,  in-8",  plusieurs 
fois  réimprijué.  Cet  ouvrage  est  écrit  en 
faveur  du  gouvern- ment  monarchique  , 
et  l'auteur  y  combat  Montesquieu  et  I\Ia- 
bly,  mais  avec  des  armes  iàen  inégales. 
I  Analyse  ^-aisonnée  du  droit  français , 
pour  la  comparaison  des  lois  romaines  et 
de  celles  de  la  coutume  de  Paris  ,  1780  , 
ln-4°,  el  1803,6  volumes  in-8";  |  OEuvres 
d'Homère ,  1783,  8  vol.  in-12.  Cette  tra- 
duction, qui  a  obtenu  U'ois  éditions,  a  été 
effacée  par  celle  de  Bitaubé.  |  Nouveaux 
mélanges  de  philosophie  et  de  lillérature . 
47S'i ,  in-12;  |  OEuvres  d'Hésiode^  tra- 
duction nouvelle  ,  avec  noies,  etc.  Paris  , 
1783  ,  in-8";  |  Idylles  de  Théocrile.  traduc- 
tion nouvelle  ,  1788,  in-S"  et  in-12  ;  |  Ha- 
rangues politiques  de  Démosthènes,  avec 
des  notes  relatives  aux  circonstances  pré- 
sentes. 1791,  il  vol.  in-8"  ;  |  Odes  de  Pin- 
dare,  unique  traduction  complète  en  prose 
poétique,,  1801.  111-8".  |  Le  vicaire  de  Tf^a- 
hefield.  traduit  de  l'anglais,  111-8",  et  avec 
,1e  texte  ,  2  vol.;  \  Discours  sur  l'histoire 
universelle .  faisant  suite  à  celui  de  Bos- 
suet,  180:2,  2  vol.  in-12.  Quoique  infini- 
ment au-dessous  de  l'orijjinal ,  cette  con- 
tinuation n'est  pas  absolument  sans  mé- 


rite. Elle  aurait  eu  sans  doute  plus  de 
succès,  sans  les  fautes  nombreuses  d'im- 
pression qui  s'y  trouvent ,  et  quelques 
négligences  de  style  qu'il  serait  facile  de 
faire  disparaître. 

"GÏAGIEXÉ  (PiERRE-Loms),  littéra- 
teur et  ambassadeur  à  Turin  pour  la  ré- 
publique française,  naquit  à  Rennes  le  2S 
avril  17/i8.  Comme  il  était  sans  fortune  U 
voulut  tirer  parti  de  ses  talens,  et  il  vint 
jeune  à  Paris,  où  il  fut  d'abord  précepteur 
dans  une  maison  particulière.  11  embrassa 
les  principes  de  la  révolution,  et  s'unit 
à  Chamfort ,  avec  qui  il  était  lié  pour 
rédiger  la  Feuille  villageoise ,  destinée 
à  répandre  les  maximes  du  jour.  11  n'eu 
fut  jias  moins  incarcéré  en  1795  à  Saint- 
Laz.are  ;  mais  plus  heureux  que  André 
Chénier  et  Boucher,  ses  compagnons 
de  captivité  ,  il  fut  oublié  dans  la  prison, 
et  recouvra  la  liberté  après  le  9  thermidor 
(27  juillet  1794).  W  fut  à  celte  époque 
nommé  membre  adjoint  au  Comité  d'in- 
struction publique  établi  près  le  ministère 
de  l'intérieur,  puis  désii-né  pour  la  diri- 
ger seul.  Lors  de  la  création  de  l'institut 
de  France,  il  fut  reçu  parmi  les  membres 
de  cette  société,  et  au  bout  de  quelques 
mois  on  l'appela  aux  fonctions  de  minisire 
du  gouvernement  républicain  auprès  des 
villes  anséatiqucs.  Il  refusa  cette  place,  et 
accepta  l'ambassade  de  Sardaigne.  Arrivé 
à  Turin,  il  eut  plusieurs  différens  avec  ce 
cabinet,  d'abord  au  sujet  de  la  réception 
de  sa  femme  à  la  tour,  jmis  sur  lapplica- 
lionde  l'amnistie  accordée  aux  insurgés 
piémonlais.  Il  put  néanmoins  conclure  en 
juin  17;I8  l'arrangement  qui  livra  la  cita- 
delle de  Turin  aux  Français.  Ginguené  , 
lùentôt  remplacé  par  d  Eyinar,  resta  sans 
emijloi  jusqu'après  la  révolution  de  bru- 
maire 1799  qui  lui  ouvrit  la  carrière  du 
tribunal  :  il  y  débuta  par  un  discours 
contre  le  projet  relatif  au  mode  de  cor- 
respondance entre  les  premières  autori- 
tés. 11  se  déclara  l'année  suivante  (  1800) 
contre  le  projet  qui  concernait  la  création 
de  tribunaux  spéciaux.  Ses  discours  el 
d'autres  motifs  le  firent  comprendre  en 
1802  dans  le  premier  cinquième  des  tri- 
buns éliminés;  depuis  il  vécut  loin  des 
affaires,  et  se  livra  entièrement  à  la  lit- 
térature. On  assure  que  lors  du  débar- 
quement de  Bonaparte  à  Cannes  (  en  mars,' 
1815).  il  se  rallia  au  parti  républicain; 
au  moment  où  Napoléon  se  trouvait 
placé  entre  ce  parti  et  les  royalistes,  Gin- 
guené lui  adressa  une  lettre  dans  laquelle 
il  s'engageait   à  lui  rendre  favoraLle6  uu 


r.T\  4f)i 

f^raïul  nombre  dtr  rcptiMicaîm.  On  aiUi 
(  u'Il  snlliritn  aussi  à  crllo  époque  une 
I  Inrc  «II*  rotisoillor  à  Viinivorsil»*.  Gin- 
;  uenc  a  fourni  hrauronp  d'arlirles  sur  les 
illM'rs  Ultcralour'»  il.tlirns  dans  la  Hù>- 
yrnphir  universelle,  forl  bien  écrits  ,  mais 
un  pou  diffus  .  cl  dans  lesquels  on  remar- 
que souvent  di>  la  prévention,  des  yif,e- 
meus  hasardé';,  et  des  élo{»cs  exa(;éré9. 
î.'ouvrafjc  qui  l'a  le  mieux  fait  connaître 
r<l  relui  qii'ii  a  composé  sur  la  Litlérature 
l'nfirnne.  dont  il  n*a  publié  que  6  vol.  ;  la 
mort  l'ayaul  surpris  au  milieu  de  ce  tra- 
vail (au  commemH'meut  de  1817).  Les  vo- 
luuiis  7,  «  el  ;>.  dont  le  dernier  comprend 
If  IG*^  siècle.,  oui  été  rev\is  et  publiés  en 
janvier  1819  par  MM.  Daunou  ,  Amaury 
Du  val  et  Salli.  Cet  ouvrage  est  bien  écrit  ; 
mais  tout  le  fond  est  puise  dans  Tirabos- 
chi ,  Bellinelli,  I^ampillas,  Déniua,  etc., 
qui  ont  traité  la  même  matière  ,  el  que 
<iincucjié  a  le  phis  souvent  copiés.  Il  at- 
teste cependant  beaucoup  d'érudition 
dans  son  auteur.  Mais  il  faut  se  délier  de 
l'esprit  dans  lequel  il  a  été  rédif^é.  Dans 
les  derniers  temps  de  sa  vie  ,  Gin[;uené 
«licicha  le  bonheur  uniquement  dans  les 
affections  do*nesliques,  et  parut  l'avoir 
trouvé  auprès  d'une  épouse  chérie.  Il  est 
mort  à  Paris  le  16  novembre  181G,  à  l'âge 
de  08  ans.  Voici  la  liste  de  ses  ouvrages  : 
[  Pompotiin.  ou  le  Tuteur  mystifié,  opéra 
bouffon  en  deux  actes  tiré  de  i intermède 
italien  lAt  sposo  burlato,  représente  (le- 
vant leurs  majestés,  à  Fontainebleau,  en 
1777,  Paris,  1777,  in-8";  |  Léopold ,  poème, 
1787,  in-S"  ;  \  FAoge  de  Louis  XII .  pire 
du  peuple,  1788.  in-8°;  |  dom.fi  Discours. 
dans  les  Tableaux  de  la  révolution  fran- 
çaise ,  etc. ,  17«)0-9I  ,  25  livraisons  in-fo- 
'io;  I  De  l'autorité  de  Rabelais  dans  la 
révolution  présente  et  dans  la  constitution 
cioffc  dit  ctert/é  ,  ou  Institutions  royales . 
politit/ues  et  erclésiastiques  .  tirées  de 
Gargantua  et  Pantayruel ,  1791,  in-8"; 

lettres  sur  les  confessions  de  J.  J.  Rous- 
seau ,  1791  ,  in-S";  |  De  M.  Necker  et  de 
ton  livre  intitulé  :  De  la  révolution  fran- 
çaise, 1797,  in-8";  |  Notice  sur  la  vie  et 
les  ouvrages    de   Pircini .   IttOO,    ln-8"  ; 

C.oujy-dail  rapide  sur  le  Génie  du  Gliris- 
iianisme,  ou  Quelques  pages  sur  cinq  vo- 
lumes in-octavo .  etc.,  ISOi,  in-8";  |  Let- 
tres de  M.  P.-L.  Ginguené ,  membre  de 
l  Institut.  e\c. ,  1805.  in-8"  ;  ces  lettres  s'a- 
dressent à  Alliéri  qui  avait  mal  reconnu 
un  service  qu'il  avait  reçu  de  Ginguené  ; 
I  Notice  sur  Pétat  actuel  de  la  question 
relative  à  l'authentuità  des  poésies  d'Os- 


GIO 

>ï»Vi;i ,  en  tète  di-  la  Traduction  des  poéstri 
tl'Osinn  par  I.elourneur,  1810,  2  vol .  in-8"; 
I  Fables  nouvrlles  .  1810  ,  in-l8,  dan»  les- 
quelles on  liouvc  de  la  fniideur  el  une  ttmr- 
nureépigrammali(pii;  ela|q)rétéequi  con- 
vient bien  moins  à  ce  genre  r|u'tmc  cer- 
taine négligence;  |  Histoire  littéraire  d'I- 
talie .  1811-19,  9  vol.  in-8";  la  moitié  du 
neuvième  volume  est  de  M.  Salli  ;  |  Noces 
de  Tliétis  et  de  Pelée  ,  trad.  de  Catulle, 
1811  ,  in-8';  [Préface  française  '&  la  tète 
des  Nouvelles  fables  de  Phèdre  ,  trad.  en 
vers  italiens  par  Pétroni,  et  en  prose  fran- 
çaise par  liiagioli ,  Paris,  1812,  in-8"; 
I  Fables  inédites,  181/t,  in-8".  Ginguené 
a  encore  coopéré  à  la  Décade  pltdoso- 
phique,  continuée  sous  le  titre  de  Revue  , 
au  Mercure,  à  V Fnc y clopédie  méthodique 
(  pour  la  partie  de  nmsique  ),  à  la  Nouvelle 
grammaire  raisonnée  à  l'usage  d'une 
jeune  personne  .  par  une  société  de  gens 
de  lettres,  publiée  par  Païukoucke.  17y.'>, 
in-8";  et  à  V Histoire  littéraire  de  France. 
tomes  13  et  ïk.  Il  a  été  aussi  éditeur  des 
Œuvres  de  Chamfort,  Paris,  an  3,  &  vol. 
in-8",  et  des  Œuvres  de  Lebrun,  1811, 
in-/».".  On  trouve  dans  le  tome  1/i  de  l'his- 
toire littéraire  de  France  ime  notice 
détaillée  sur  Ginguené  par  M.  Amaury 
Du  val. 

GIOACIIIXO  DllIXO,  plusconnu  sous 
le  nom  du  Calabrais,  vivait  vers  l'an  1640. 
C'était  le  plus  habile  joueur  d'échecs  de 
son  temps.  Il  parcoui  ut  toutes  les  cours 
de  l'Europe,  pour  chercher  son  pareil , 
mais  il  ne  le  trouva  point.  Nous  avons  de 
lui  \cs  Règles  du  jeu  d' Fclicis  ,i\u"i\  a\- 
mailtant,  petit  vol.  in-12,  dont  on  trouve 
le  précis  dans  \  Acailémie  des  jeux.  Le 
duc  de  Nemours,  Arnaud  lu  Carabin, 
Chaumontde  I^a  Salle,  les  trois  plus  fa- 
meux joueurs  de  la  cour  de  France  ,  vou- 
lurent rompre  une  lance  avec  ce  rham- 
piijîi,  et  furent  vaincus. 

•  (ilOANNKTTI  (  MeLcnioK-BKXorr) . 
cardinal  el  archevêque  de  Bologite,  naquit 
dans  celte  ville  le  9  janvier  1722  ,  d'une 
famille  bourgeoise  estimée,  et  de  la  classe 
dite  des  citoyens  nobles.  A  dix-sepl  ans, 
il   quitta   la  maison  paternelle,  se  rendit 
à  havcnne .  ou  il  entra  dans  le  monastère 
des  camaldules,  dont  il  prit  Thnoil  l«« 'JO 
juin  1759,  et  rhang«a  son  pr«  n 
d'Andréa.  II  recul  le<s  ordres 
rendit  à  Brunoni ,  on  il  fut  eu  , 
me  professeur  de  Ihéologic.  De   rtiom  .i 
son  ujonastcre  de  Kavitinc,  son  .un  nu 
abbé,  alors  archevêque  de  rc  diocèse,  le 
choisit  pourson  thcol')tjicn.  En  I7«r».  labb* 


GIO 

Gioaunctii  fui  nommé  procureur,  puis 
abbé  de  ce  même  monastère,  et  eut  , 
sous  sa  direction,  M.  Zurla,  depuis  car- 
dinal. Tandis  que  le  nouvel  abbé  faisait 
observer  parmi  ses  religieux  une  exacte 
discipline,  il  end)ellissail  l'église  du  mo- 
nastère, en  augmentait  la  bibliothèque, 
le  cabinet  de  physique  et  de  numisma- 
tique,  qui]  enriebit  et  qu'il  classa  connue 
un  homme  très  versé  dans  ces  sciences.  Il 
fit  dessécher  plusieurs  marais ,  dont  les 
exhalaisons  infectaient  le  couvent ,  et  au 
milieu  de  ces  travaux  ,  il  surveillait  les 
études  des  novices  ,  et  dirigeait  ,  connue 
père  spiiituel,  un  monastère  de  relij'ieu- 
ses  appelées  Favelle  lie  Kavenne.  Dans 
une  année  de  diselte  ("1766) ,  il  ouvrit  aux 
pauvres  les  greniers  de  sa  comnnmauté, 
augmenta  les  aumônes  qu'on  leur  don- 
nait journellement  ;  cl,  quand  les  greniers 
et  la  caisse  du  uu)naslère  furent  é|)uisés, 
il  emprunta  40,000  fr.  (  huit  mille  écus 
romains  ) ,  pour  se  procurer  du  blé  dans 
les  pays  étrangers.  Son  ardente  charité 
ne  se  borna  pas  à  sccoui  ir  les  pauvres  de 
Ravenne,  elle  s'étendit  jiisquc  sur  les 
habitansde  la  pelile  républi(pu'.  de  Saint- 
Marin,  aiuxquels  il  lit  parvenir  des  grains 
à  ses  dépens.  Ses  fonctions  d'abbé  étant 
terminées  dans  ce  monastère,  en  1770, 
on  lui  conféra  ,  trois  ans  après  la  inéine 
dignité  dans  celui  de  Home,  situé  sur 
le  Mont-Célio.  Il  employait  ses  nioniens 
de  loisir  à  former  les  novices  dans  l'art 
épigraphique  ou  lapidaire,  dans  les  aiUi- 
quités,  dans  la  numismatique,  et  lit  d'ex- 
cellens  élèves  qui,  par  leurs  connaissances 
dans  les  sciences,  illustrèrent  l'ordre  des 
camaldules.  Le  cardinal  Jean  Ange  Bras- 
chi ,  qui  fut  ensuite  pontife  sous  le.  nom  de 
Pie  VI,  devint  abbé  commendataire  du 
monastère  gouverné  par  André  Gioannelti. 
Le  cardinal  eut  lieu  d'apprécier  les  lalens 
et  les  vertus  de  ce  dernier  ,  et,  quand  il 
fut  élu  pape  ,  le  15  février  1775  ,  il  l'ap- 
pela souvent  auprès  de  lui  pour  le  con- 
sulter sur  les  matières  les  plus  importan- 
tes. La  modestie  de  Gioannelti  n'était  pas 
moindre  que  son  savoir  etsapiété  :  aussi 
quand  Pie  Vile  nomma,  le 51  janvier  177G, 
evéque  d'Inérica  in  parlibus  et  adminis- 
trateur du  diocèse  de  Boiogne,  non-seule- 
ment il  conjura  le  jwntife  d'en  choisir  un 
autre  plus  digne  que  lui ,  mais  il  lit  faire 
a  ses  religieux  des  prières  pour  obtenir 
de  Dieu  que  le  saint  Père  renonçât  à  son 
projet.  Obligé  d'obéir,  il  se  rendit  à  Bo- 
logne ,  où  il  publia  plusieurs  mandemens 
qui  étaient  autant  de  témoignages  de  son 


/t62  GÎO 

7.èle  éclairé  pour  la  religion.  Ces  mande- 
mens étaient  essentiels  à  une  époque  (jù 
le  jubilé  venait  d'être  célébré.  Il  fit  faii  o 
des  processions  des  prières  publiques  , 
et  choisit  pour  prédicateur  le  célèbre  niis' 
sionnaire  apostolique,  le  docteur  Barthé- 
lemi  del  Monte.  Rappelé  à  Rome  ,  il  fu! 
nommé  .  le  15  décembre  1777  ,  par  Pie  "VI, 
cardinal  et  archevêque  de  Bologne.  De 
retour  dans  celte  ville,  il  y  fut  reçu  par 
ses  compatriotes  avec  des  acclamations  de 
joie.  Il  eut  encore  à  exercer  sa  charité  et 
son  zèle  apostolique  dans  les  aimées  1778 
et  1770,  où  la  disette  et  les  trend)lemcns 
de  terre  désolèrent  la  ville  de  Bologne. 
Gioannelti  pnjdigua  aux  pauvres  et  aux 
habitans ,  victimes  de  ces  deux  fléaux, 
tous  les  secours  qui  étalent  en  son  pou- 
voir, et  souvent  il  se  laissait  manquer  du 
nécessaire  pour  pouvoir  les  soidager.  11 
ordonna  des  prières  })ubliques ,  observa 
lui-môme  un  jeûne  rigoureux,  et  le  soir 
il  allait,  pieds  nus,  et  accompagné  d'un 
seul  prêtre,  visiter  les  églises,  en  habit  de 
simple  ecclésiastique.  Alors  l'Italie  com- 
mençait, connue  le  reste  de  l'Europe,  à 
être  infestée  des  maximes  philosopliiques 
nées  et  proclamées  en  France.  Le  cardinal 
Gioannelti  composa  pour  les  fidèles  dix- 
huil  Leçons  pasiorales  ,  publiées  en  178/t, 
et  suivies  d'un  Jppendice  de  réflexions 
dogmatiques  .  tirées  des  Jetés  des  apô- 
tres ,  et  ayant  pour  objet  de  défendre  et 
de  prouver  la  primatie  du  saint  Siège.  Il 
tint  eu  1788  un  synode  diocésain,  par 
lequel  il  établit,  dans  sou  diocèse,  une 
pure  et  exacte  discipline  jiarmi  tous  les 
pasteurs.  La  constitution  de  ce  synode  est 
pailagée  en  quatre  livres  qui  traitent,  le  T"^ 
de  la  foi ,  de  la  doctrine  et  de  toutes  les 
vertus  7'elatives  à  la  religion  ;  le  2*^ ,  des 
sacrernens  ;  le  5*^ ,  des  prêtres  ^  du  culte 
et  des  biens  ecclésiastiques;  le  h^  est  «on- 
sacré  à  des  détails  de  discipline  par  rap- 
port aux  monastères  ,  couvens  ^  séminai- 
res jétablissemens  pieux  .  hôpitaux  :,  etc. 
et  contient  un  Appendice  renfermant  des 
édits .  décrets,  lettres  pastorales,  dispo^ 
siliojis ,  svit  pontificales  soit  diocésai- 
nes ,  sur  les  sujets  contenus  dans  les 
quatre  livres  que  nous  venons  de  citer. 
Le  cardinal  Gioannelti,  malgré  son  âge  et 
ses  infirmités ,  faisait  régulièrement  la 
visite  de  tout  son  diocèse,  et  sa  visite! 
était  toujoui'S  utile  au  culte  des  égli-" 
SCS  et  à  la  morale  publique.  On  ne  saurait 
donner  assez,  d'éloges  à  ce  respectable 
prélat,  pour  le  généreux  et  tendre  accueil 
qu'il  lit  aux  prêtres  français  émigrés.  Se.s 


GIO 


405 


GIO 


nKiycns  ne  pouvant  siiHirc  à  lotj^  loiirs 
soiiis  ,  il  parlail  en  leur  faveur  ;  à  sa 
>\\ ,  les  rouven.s  vl  U>.s  inaistins  de  la 
Mlle  s'uuvrak'nl,  i-l  l'hacun  s'c*  m  pressa  il 
de  coiisoliT  la  rulrlilc  et  lu  vertu  persé- 
rulées.  Il  exrr^-aiulo  nn'ine  sa  charité  ar- 
\  0  dans  les  pri-sons  qui  dépendaient  de 
Il  auturilé  épiseopale  el  qui  étaient  ron- 
tijués  à  son  palais.  Il  visitai»  souvent  los 
prisonniers  ;  et  souvent  le  blaspliéina- 
leur.  l'incrédide,  le  libei  tin  ,  ainsi  que  la 
femme  adultère  ou  la.  tille  inipii<li(|ue  , 
revenaient  de  leurs  erreurs,  et.  rentrés 
dans  la  stu-iélè,  offraient  le  uuxièle  d'une 
sa(;e  eonduile  et  d'une  vie  exemplaire. 
Il  avait  consacré  une  partie  tie  ses  re- 
venus à  l'aclial  de  plusieurs  lits,  qu'il 
faisait  distribuer  aux  pauvres  femmes 
en  couches  et  aux  familles  indijjenles  , 
afin  d'etnpéciier  que  les  pères  et  mères, 
forcés  par  la  misère,  ne  partujjeas- 
senl  leur  couche  avec  leurs  enfuns.  Les 
Fran^^iis  ayant  inondé  l'Italie.  Bologne 
se  montra  une  des  villes  les  plus  portées 
à  suivre  les  innovations  révolutionnaires. 
Dans  celle  occiusion ,  le  cardinal  Gioaii- 
nelli  sut  néanmoins  préserver  une  par- 
tic  de  H>ii  troupeau  de  celle  contajîion  fu- 
neste ,  et  ses  vertus  furent  respectées  de 
ceux-là  mêmes  qui  se  faisaient  alors  an 
jeu  des  choses  les  plus  .sacrées.  Ne  pou- 
vant plus  douler  (jue  les  IJolonais,  exci- 
lis  par  les  eimemis  de  l'ordre,  ne  vou- 
lussent éri{;er  leur  ville  en  république  , 
il  adressa,  le  9  janvier  1799,  une  Ictfrç 
pastorale  au  sénat  de  Rolojjne  (qui  avait 
toujours  existé,  depuis  même  que  l'étal 
l)olonais  était  devenu  domaine  du  saint 
Sié{je),  dans  laquelle  il  plaidait  avec  cou- 
ra(;e  en  faveur  des  dniits  du  saint  Sié(je 
et  de  rEylise...  «  L'inununilé  ecclésiasti- 

>  que,  disail-il,  n'e>t  pas  ime  chimère, 
»  un  préju|jé  des  siècles  barbares ,  ni  une 
»  loi  faite  par  les  prêtres  ;  elle  fut  recon- 
»  nue  par  les  princes  chrétiens;  ils  la  dé- 
»  fendirent,  la  proclamèrent;  cl  d'illustres 

>  martyrs,  de  sa  vans  prélats  bravèrent  la 
»  mort  pour  en  soutenir  les  dogmes.,  etc.p 
Cependant  l'ie  VI,  prisonnier  et  chassé 
(iu  sa  capitale,  passa  par  Bolo^jnc ,  le  i?J 
mars  1799.  Le  cardinal  Gioannelli  le  vit 
pour  la  dernière  fois,  et  quelques  mois 
après  il  pleura  la  mort  de  ce  pontife  .arri- 
vée à  Valence  en  Dauphiné,  leiiSaoùt  1799. 
Lorsque  réalise  calh«dique  fut  rendue  à  sa 
liberté  ,  Gioannelli  s'eujprcssa  de  rétablir 
les  éî;li.scs  et  les  ctabli.ssemens  i)ieux  de 
son  diocèse  dans  leur  étal  primitif.  A|itès 
avoir  a^si'.e  au  conclave  de  Venise,  il  so- 


lenni>in.  le  2G  mars,  l'exaltation  de  Pie  VH, 
en  célébrant,  en  action  de  (pàces,  dnnt 
réalise  de  son  monastère  .  .'i  Minnno(  Kiats 
vénitiens  ) ,  nne  messe  à  l'issue  de  laquelle 
il  chaula  le  'l'c  Dcitm.  Il  revint  k  Bc»- 
lofjne  ,  où .  alUuiué  d'une  maladie  vio- 
lente .  il  mourut  au  bout  de  dix  jours  ,  le 
8  avril  1800,  àjé  de  78  ans.  On  ne  sau- 
rait mieux  faire  rrIo,;e  de  ce  vertueux 
pnlal.  (pi'en  rappt)rlant  ces  paroles  tlo 
l'oraison  funèbre  que  prononça  ,  pour  ha> 
norer  la  mémoire  de  Gioannelli,  son  an- 
cien confrère,  le  cardinal  Zurla  :  Seve- 
rioris  disciplina'-  acerriinns  cuslos  .  omni 
eain  cunt  con/'m'it.  Diurnis  tiocluntisque 
litmyiœ  (icfil/ns  primas  assislcns  .  srm^ 
j>cr  sihi  parent  ,  aliis  profusus ,  onintùut 
carus .  vere  pastur .  vere  paler,  vcre 
excmpUtr  et  lucema  supereminens.  cttnc- 
tis  e/ftil(/ens. 

(;iO(:<).M)0  (  Fn.i-GiovAx^i) ,  en  lalin 
Jocutulus.  dominicain  ,  né  à  Vérone,  vers 
1  année  1455,  se  lit  un  nom  par  sa  capa- 
cité dans  les  sciences,  dans  les  arls,  et 
dans  lu  coimaissance  des  antiquités  et  de 
rarchileclnie.  Il  fut  appelé  en  France  par 
Louis  XII.  et  construisit  à  Paris  le  Pont 
Notre-I)an>i;elle  jH)nl  Saint-Michel.  Ce  fut 
encore  lui  qui .  pour  remédier  aux  atlé- 
rissenuns  causés  dans  les  lagunes  de  Ve- 
nise ,  par  remboucimre  de  la  Brenla  .  qui 
faisait  craindre  qu'un  jour  cette  \ille  ne 
se  trouvât  jointe  à  la  terre  ferme,  ima- 
{jia  de  détourner  une  partie  des  eaux  de 
celle  rivière,  et  de  le  faire  rnircr  dans 
la  mer  auprès  de  Chiogyia.  S'élant  relire 
à  Home ,  il  fut  choisit ,  après  la  mort  de 
Bramante,  pour  im  des  aichilcctes  do 
l'éijlise  de  Saint-Pierre  :  il  travailla  avec 
Baphaèl  dUrbin  et  Autuine  Pan(;alloà 
renforcer  les  fondeinensde  cet  immensu 
édifice,  auxquels  Bramante  n'avait  pas 
doimé  la  solidité  nécessaire.  Giocondo  est 
auteur  de  /temar//i(cs  curieuses  sur  Us 
Commentaires  de  César  ;  et  il  fut  le  pre- 
mier qui  publia  le  dessin  du  |H)nl  que  ce 
conquérant  lil  construire  sur  le  lUiin,  dont 
la  description  jus»|u'alors  avait  élc  mal- 
enlendue.  Il  adonné  aussi  des  éditions  do 
/  itruve  et  de  Frontin.  Il  a  publie  les  trai- 
tés d'a(rricullure  de  Galon.  Varron.  Colu- 
melle  cl  de  Palladius.  Ce  fut  par  son 
moyen  qu'on  lrou\  i  (Lois  une  bibliothè- 
que de  Paris,  la  pliip;ul  d>s  epitre»  de 
Pline,  que  Aide  M..nucr  imptima.  Sou 
savoir  ne  se  boniail  \»»  à  l'aicliilcrlurff 
et  aux  aiUiquilés;  ilct.;il  é^aleinent  «crs« 
dans  la  philosophie  cl  la  Ihcolo'jie,  et  fut 
le  maître  de  Julo  Cv^ar  i>raii;;i  r.qui  \'*\f' 


GïO  /tC) 

pelait  une  ancienne  et  bonne  bibliothèque 
lie  toutes  les  sciences.  Dès  avant  lb06,  il 
avait ,  avec  la  permission  du  pape ,  quitté 
riiabit  de  son  ordre,  et  vivait  en  prêtre 
séculier.  Il  mourut  dans  un  âge  très 
avancé,  vers  1550.  Dans  les  nombreux 
voyages  qu'il  fit  en  Italie,  Giocondo  avait 
rassemblé  une  collection  de  plus  de  2000 
inscriptions  anciennes ,  dont  il  donna  le 
manuscrit  à  Laurent  de  Médicis  son  pro- 
tecteur. 

*  GIOEM  (Joseph,  le  chevalier),  né  à 
Catane  en  1747  d'une  des  plus  nobles  fa- 
milles du  royaume  de  Naples,  montra  de 
bonne  heure  une  grande  aptitude  à  l'élude 
des  sciences  naturelles  :  il  étudia  particu- 
lièrement le  volcan  de  l'Etna  et  ses  re- 
cherches ne  furent  point  sans  succès  ;  elles 
devinrent  très  utiles  à  Dolomieu  et  à  Ha- 
millon  qui  lui  en  ont  témoigné  publique- 
ment leur  reconnaissance.  Gioeni  accom- 
pagna le  géologue  français  dans  son  voyage 
a"ux  volcans  de  la  Sicile.  Dans  ses  diverses 
courses,  Gioeni  avait  recueilli  des  produc- 
tions volcaniques;  il  y  ajouta  des  coquil- 
lages, de  l'ambre,  des  sels,  des  métaux,  des 
souffres,  des  marbres  ,  des  cristaux  ,  etc. , 
qu'il  recueillit  dans  la  Sicile  ,  et  se  forma 
ainsi  peu  à  peu  et  à  grands  frais  un  mu- 
sée précieux  dont  il  a  donné  lui-même  le 
catalogue  ,  et  que  les  voyageurs  peuvent 
encore  visiter  à  Catane.  Ce  savant  natu- 
raliste était  professeur  de  l'université  de 
Catane  ,  et  gentilhomme  de  la  chambre  du 
roi  de  Naples.  Il  est  mort  le  6  octobre  1822 
âgé  de  Gi  ans  :  il  a  publié  en  italien  :  |  la  Re- 
lation d'une  pluie  couleu?-  de  sang  qui 
tomba  en  1781  sur  la  côte  méridionale  de 
l'Etna,  insérée  dans  les  Transactions  phi- 
losophiques de  Londres  ;  j  une  Relation 
de  l'éruption  de  l'Etna .  en  1787,  in-i"  : 
I  une  Lithologie  vésuvienne^  171)6,  'ni-H" , 
fruit  de  trois  ans  de  laborieuses  recher- 
ches sur  le  monl  Vésuve  qu'il  visita.  Cette 
description  le  rendit  célèbre  dans  toute 
l'Europe,  et  lui  ouvrit  les  portes  de  plu- 
sieurs académies  étrangères  ;  \  une  Des- 
cription d'un  nouveau  genre  de  testacées^ 
trouvés  sur  le  rivage  de  Catane j  Naples, 
1785 ,  in-8°. 

*  GlOIA  (  MELcnroR  ) ,  prêtre  ,  mathé- 
maticien et  homme  de  lettres  ,  né  à  Plai- 
sance vers  17G0,  étudia  au  collège  de 
Saint-Lazare  de  cette  ville  et  y  fut  ordon- 
né prêtre.  11  s'adonna  presque  exiiusive- 
nient  aux  mathématiques  jusqu'en  179G, 
époque  de  l'entrée  des  Français  en  Italie. 
Gioia  se  lança  dans  la  carrière  politique 
et  devint  républicain  :  ce  fut  dans  le  sens 


de  ses  nouvelles  opinions  qu'il  traita  la 
question  proposée  par  l'académie  de 
Milan  :  Quel  est  celui  de  tous  les  gouver- 
nemens  libres  qui  convient  le  mieux  à  la 
félicité  de  l Italie:  Gioia  remporta  lo 
prix.  Dès  lors  il  publia  un  grand  nom- 
bre d'ouvrages  sur  l'économie  politi- 
que. Ses  idées  révolutionnaires  l'avaient 
fait  mettre  en  prison;  mais  le  duc  de 
Parme  lui  rendit  la  liberté  à  la  prière 
de  Bonaparte.  Il  vint  s'établir  à  Milan  où 
il  travailla  à  des  journaux  et  à  des  opus- 
cules de  circonstance.  En  1799,  quand  les 
Français  furent  chassés  de  l'Italie ,  il  per- 
dit sa  liberté  qu'il  ne  recouvra  que  lors- 
qu'ils y  rentrèrent.  Quelques  brochures 
publiées  pour  justifier  la  politique  de  Bo- 
naparte ,  notanunent  les  Anglais  peints 
par  eux-tné  mes ,  qui  parut  à  lépoque  où  lo 
système  continental  fut  mis  en  vigueur, 
lui  valurent  le  litre  d'hisloi  iographe  du 
royaume  d'Italie  :  mais  son  livre  sur  la 
Théorie  du  divorce  parut  si  hardi,  que  le 
gouvernement  se  crut  obligé  de  lui  retirer 
cette  place.  Protégé  par  le  ministre  de 
l'intérieur,  il  fut  nommé  chef  de  la  divi- 
sion chargée  delà  statistique  du  royaume, 
puis  il  se  brouilla  avec  le  successeur  du 
ministre.  Gioia  ayant  été  renvoyé  s'en 
vengea  par  un  pamphlet  intitulé  //  povero 
diavolo  ;  et  reçut  Tordre  de  sortir  du 
royaume.  Il  n'y  rentra  que  18  mois  après, 
et  habita  depuis  Milan  où  il  continua  de 
s'occuper  d'économie  politique,  de  statis- 
tique et  de  mathématiques ,  jusqu'à  sa 
mort  arrivée  au  commencement  de  J8i"j. 
Il  se  livrait  aussi  à  l'exploitation  ,  d'après 
ses  procédés  ,  d'une  mine  de  charbon  fos- 
sile qu'il  possédait  à  Grandino.  Outre  les 
ouvrages  dont  nous  avons  parlé,  on  a  de 
lui  :  I  un  Traité  sur  le  commerce  des  co- 
mestibles ;  1  une  Philosophie  de  la  statisti- 
que; I  des  Tables  statistiques,  ayant  pour 
second  titre  :  Norme  per  descrivere ^  cal- 
colare  .  classificare  tutti  g li  oggetti  d'ad- 
ininistrazione  privata  e  public  a ,  Milan, 
1818,  in-S"  ;  |  Aperçu  des  sciences  écono- 
miques .  6  vol.  in-i"  ;  |  "Traité  d'examen 
général  ^  2  vol.  ;  \Traité  du  mérite  et  des 
récompenses  ^  qui  est  une  espèce  de  suite 
au  fameux  livre  de  Beccaria  ;  |  'Traité  sur 
les  injures  et  les  dommages.  L'ouvrage 
de  Gioia  qui  a  fait  le  plus  de  bruit  est  celui 
qui  a  pour  titre  le  Nouveau  Galalhée , 
traité  de  politesse ,  qui  semble  destiné  à 
la  jeunesse  ,  et  dans  lequel  on  trouve  l'hi- 
dulgence  la  plus  grande  pour  les  vices  et 
les  désordres.  Il  a  paru  en  1824  dans  les 
Mémoires  de  religion  <\ii  Mod^nc>  tom.  6, 


GIO  46 

un  examm  dcft  opinnms  de  Gtoia  en  fa- 
veur de  la  mode  ;  Gioia  pi»|uc  ajouta  à  la 
4*  édUioii  de  so»  Calathce  uno  Heponse 
mur  Osirogoths  .  qui  ^st  loin  dVlre  un 
modèle  d'cnicniti;  ri  de  polUfSSC,  cl  qui 
pro\  oquf.  dans  les  méritoires  une  rr|»U(|ue 
qui  parut  ilans  deux  articles  9«)us  le  tilre 
de  (.a'atltèe  des  yens  de  lettres ,  toui.  1/t, 
40*  et  il*  raliiers. 

GIOJ  l  ou  GIOIA  (  Flavio)  ,né  à  Pasi- 
tano,  chàleau  dans  le  voisinage d'Ainalli , 
vers  l'an  1500 ,  connut  la  vertu  de  la  pierre 
d'aimant,  s'en  servit,  dit-on,  dans  ses 
navigations,  el  peu  à  peu,  à  force  d'ex- 
périences, il  inventa  la.  boussole.  On  ujoule 
que,  pour  apprendre  à  la  postérité  que 
cet  Inslruuient  avait  été  inventé  par  un 
sujel  des  rois  de  Naples  (  alors  cadets  de 
la  maison  de  France)  ,  il  marqua  le  nord 
avec  une  fleur  de  lys,  exemple  qui  fut 
suivi  par  toutes  les  nations  qui  liront 
usage  de  celle  ulile  découverte.  Oa  pie- 
tend  que  les  Chinois  la  connaissaient  de- 
puis long-leiups,  mais  on  sait  que  celte 
\aino  nation  s'attribue  bien  des  choses 
qu'elle  n'a  apprises  qu'avec  beaucoup  de 
peine  des  Européens,  el  que  les  notions 
qu'elle  a  eues  avant  leur  arrivée  sont  lou- 
jourg  restéi'S  dans  une  espèce  d'enfance 
San»  développement  et  s-ns  perfection. 
Quoi  qu'il  en  soit,  c°.^st  la  boussole  qui 
ouvrit,  pour  ainsi  dire,  l'univers.  Les 
voyages  ouparavanl  claienl  loti.;s  et  pé- 
nibles; on  n'alliit  piGsquc  que  \c  lu:»;j 
des  cotto;  mci*  grâce  ô  celte  invention. 
on  trouv.i  une  partie  de  l'Asie  el  de  l'A- 
frique, dont  on  ne  cuhnaissail  qu'une 
partie  d.i  littoral,  et  rAméri<iue  que  l'on 
ne  connaissait  pas.  F  oyez  HUGUES  DE 
BERCY. 

GIrtJ.lTO  DE  FERRARI  (Gabiiiel), 
célèbre  imprimeur  de  Venise  dans  le  KJ* 
siècle,  élîit  originaire  de  Frino,  ville  du 
Monfcrrat,  d'o  i  Jean  son  père,  impri- 
meur lui-m>me,  était  venu  s'établir  .i 
Venise  \iM3  1550.  Gabriel  se  lit .  dans  son 
art,  une  grande  réputation  qu'il  mérita 
plus  cependant  par  l'élégance  de  ses  ca- 
ractères ,  tl  par  la  qualité  du  papier  qui! 
employait,  que  par  la  correction  de  ses 
éditions  :  encore  ne  sont-elles  |)as  toujours 
aussi  soignées  qu'on  pourrait  le  désirer. 
Il  vécul  forteslimé  el  considéré  à  Venise, 
el  reçut  pendant  sa  vie  des  marques  dis- 
tinguées de  la  faveur  de  plusieui  »  princes. 
11  tirait  son  origine  de  la  famille  noble  de 
Ferrari  de  Plaisance,  et  sa  noblesse  lui 
fut  confirmée  par  un  diplôme  de  l'em- 
pereur (Uiarlcs  V  en   iî>'«7.  Il  mourut  en 


:>  r.io 

1.S81,  et  l. lissa  lii  ux  liU,  .Iion  et  .lean- 
Paul  ,  qui  furent  imprimeurs  rotnme  lut. 
(ilOlU)  VM  (  ViiAi-K  )  ,  né  5  Bilonto 
dans  le  royaume  <le  Naples  le  15décembre 
1G35  .  passa  sa  jeunesse  dans  la  debauciie, 
cl  épousa  une  lille  sans  forlime.  Un  ds 
ses  beaux-frères  lui  ayant  reproché  ses 
désordres,  il  le  tua,  el  s'enrôla  dans  la 
lloUe  que  le  pape  envoyait  contre  les 
Turcs.  L'amiral  lui  trouvant  des  moyens, 
lui  donna  l'emploi  d'écrivain,  qui  était 
vacant.  Giordani ,  obligé  d'apprendre  l'a- 
rithmétique pour  renjplir  ses  fonctions, 
dévora  celle  de  Clavius,  el  prit  du  goût 
pour  les  malhémati<iues.  De  retour  à 
Rome,  en  161)9,  il  devint  garde  du  châ- 
teau Saint-Ange ,  el  profila  du  loisir  que 
lui  donnait  cet  emploi ,  pour  se  livrer  à 
l'élude  des  sciences  exactes.  Il  y  fil  de  si 
grands  progrès  que  la  reine  Chrislin«  de 
Suède  le  choisit  pour  son  mathématiciun. 
L«)uis  XIV  le  nomma  pour  enseigner  les 
mathématiques  à  Rome  ,  dans  lacadémio 
de  peinture  et  de  sculpture  qu'il  y  avait 
établie  en  1666;  et  le  pape  Clément  X  lui 
donna  la  charge  d'ingénieur  du  chùtsau 
Saint-Ange.  Giordani  eut,  en  1G86 ,  la 
chaire  de  mathématiques  du  collège  de  la 
Sapience,  fut  reçu  membre  de  l'académie 
des  Jrcadi .  le  5  mai  1691  ,  et  mourut  eo 
1711 ,  à  78  ans.  Il  était  d'un  tempérameat 
bilieux  el  violent,  mais  infatigable.  Il  lit 
des  excès  de  travail,  qui  lui  attirèrent 
des  maladies  fâcheuses  ;  il  se  réUbli«*ail 
par  un  bon  régime.  Ses  princijMiux  ou- 
vrages sont  :  I  Euclide  restiluto .  iitùt» . 
in-fol.; I  De  componendis gravium  moukon- 
ti*.  1G»5;  I  Funtiamentiun  docthnce  mutns 
graviuni.  1686;  |  Ad  Ilyacinthum  Chris- 
tophurumeptstola,  in-fol.  ,  1705.  à  Rome, 
comme  les  précédens.  Cms  écrits  eurent 
de  la  réputation  dans  leur  temps. 

(iiOUnWO,  plus  communément  ap- 
pelé JORDANS.  Foyez  ce  mot. 

*  GiOUGI  (Dowimqije;,  prélat,  anti- 
quaire et  bibliojrraphe  italien  ,  naquit  à 
la  Costa,  près  Rovigo  en  16'JO,  fut  pen- 
dant quelques  années  secrétaire  de  l'évé- 
que  d'Adria  ;  puis,  s'élanl  rendu  à  Rome, 
il  devint  conservateur  de  la  superbe 
bibliolhè(|ue  du  cardinal  Impériali.  Ca 
prélat,  digne  appréciateur  du  mérite  do 
Giorgi.  et  de  son  talent  jMirlîculier  jxiur 
les  antiquités  ceci»  sia-liqucs,  lintrtKlu  ,  t 
à  la  cour  de  Rome,  où  il  fut  sucresxvc- 
menl  employé  dans  des  recherches  scien- 
tifiques par  les  papes  Innocent  XIII, 
Benoit  XIII,  Clément  XII  et  BenoU  XIV. 
Ce  dernier  pontife  le  plaça  «u  nond.rc  de 


GîO 


kÙ() 


GIO 


ses  prélats  domestiques;  à  cette  (li{ji»Uc , 
Gior^îi  n'unissait  celle  d'abbé  de  Sacco- 
longo,  qui  lui  avait  été  coulerée  par  Benoit 
Xlll.  Giorgi  mourut  à  Rome,  le  21  juillet 
J747  :  il  laissa  ses  nombreux  manuscrits  à  la 
célèbre  bibliothèque  de  la  Casanata.  On 
compte  parmi  ses  principaux  ouvrages  : 
I  De  antiquis  Italiœ  vxetropolibus ,  exerci- 
taiio  historien,  Rome,  1722  ,  in-4"  ;  |  Trai- 
té sur  les  habits  sacrés  du  saint  pontife 
de  B.onw j  en  italien,  ibid.,  1724,  in-/*"  ; 
j  De  oriiiine  metropolis  ecclesiœ  Bene- 
ventancc  1723,  in-4";  \  Antiquœ  inscrip- 
tionis  ex  planatio  j  in  qua  de  locatoribus 
scenicorui.'i  disceptutur^  Monte-Fiascone , 
1727  ,  in-!:".  On  en  trouve  un  extrait  dans 
les  Mémoires  de  Trévoux ,  1728,  page  352. 
I  De  Cathedra  episcopali  Setiœ  civitatis , 
ibid.1727,  1775  ,  in-4"  ;  |  De  Liturgia  ro- 
mani pontificis  in  solemni  celebratione 
7nissarum  ,  ibid.  1751  ,  1743  ,  1744  ,  3  vol- 
in-fol.;  \De  Monogrammate  Christi. ihid. 
1738.  Il  réfute  dans  ce  livre  une  assertion 
de  Basnage,  |  VitaNicolai  V^  Pont.  Max.  ; 
accedit  disquisitiode  Nicolaierga  littcras 
et  litieratàs  viros  patrocinio,  ibid  ,  1742  , 
in-i";  j  Catalogo ,  ou  Catalogue  de  la 
bibliothèque  de  Capponi„  ibid.,  1747,  in-4° 
enrichi  de  notes  savantes;  celte  biblio- 
tlièque  fut  ensuite  réunie  à  celle  du 
Vatican  ;  |  Elogio,  ou  Eloge  historique  du 
cardinal  Corradini avec  quatre  morceaux 
sur  les  monumens  antiques  insérés  dans 
la  Raccolla,  ou  Recueil  du  Père  Calogera  ; 
\  Marlyrologium  Adonis,  ope  codicum 
recogniturn  ,  hibliolhscœ  Vaticance  adno- 
tationibus  illustratum ,  Lucques  ,  1745  , 
in-fol.  Il  a  été  ea  outre  éditeur  des  quatre 
livres  de  Karietate  fortunœ.  Le  qua- 
trième livre  seulement  avait  été  impri- 
mé en  1492  ;  il  contient  la  relation  des 
voyages  de  Nicolas  Conli ,  traduits  en  ita- 
lien par  Ramusio,  sur  la  version  espa- 
gnole de  Rodrigo  Fernandez  deSanfaella, 
publiée  avec  la  relation  de  Marco-Polo. 
<v.  Séville  ,  1518  ,  in-fol.  )  Giorgi  publia 
également  cinquante-sept  Lettres  inédites 
du  Pogge  ,  avec  des  notes,  publiées  à  Paris 
en  1723 ,  in-4° ,  sous  les  auspices  du  car- 
dinal A.-E.  de  Rohan.  Il  ajouta  aussi  des 
notes  à  la  belle  édition  des  Annales  de 
Baronius  par  le  Père  Mansi,  Lucques, 
1740 ,  in-fol. 

GIORGI  (  Antoine- AuGusniv  ) ,  reli- 
{jieux  augustin,  né  en  1711,  a  Santo- 
Mauro,  bourg  près  de  Rimini ,  se  distin- 
gua par  une  connaissance  approfondie 
des  langues  grecque,  hébraïque,  chal- 
dccnne,  samaritaine  et  syriaque  ,  et  mé- 


rita d'être  souvent  consulté  par  Benoît  XlV 
qui  l'appela  à  Rome  au  grand-coliége. 
Giorgi  ne  profila  du  crédit  que  lui  don- 
nait sa  science  et  son  rang  de  procureur- 
général  de  son  ordre  que  pour  rétablir  la 
règle  dans  toute  sa  pureté,  faire  dispa- 
raître des  écoles  de  théologie  tout  ce  qui 
restait  de  l'ancienne  barbarie,  et  remettre 
en  vigueur  la  bonne  littérature.  Il  exerça 
cet  emploi  pendant  22  ans.  Il  est  mort  le 
4  mai  1797.  On  lui  doit  |  Alpliabetum  Thi- 
betanurn ,  nnssionum  apostnlicarum  coni- 
inolo  edituni,  etc.  Rome,  1762,  in-4": 
ouvrage  savant,  mais  trop  diffus,  et  pas 
toujours  exact.  On  a  encore  de  lui  :  |  Frag- 
nientam  evangelii  sancli  Joannis  grœco- 
copto  thebaïcum  seculi  IV ,  Rome  ,  1789, 
in-4°  ;  un  volume  sur  les  Actes  des  mar- 
tyrs en  langue  cophte  et  plusieurs  autres 
dissertations  savantes  sur  des  objets  d'an- 
tiquité. On  trouve  la  liste  de  ses  ouvrages 
avec  sa  vie  dans  les  Vitœ  Ilalorum  de 
Fabbroni. 

GIORGI  (  Alexaxdue  ) ,  jésuite  ,  naquit 
à  Venise  le  11  septembre  1747.  Il  était  fils 
unique  ,  et  appartenait  à  une  famille  qui 
descendait  d'anciens  patriciens ,  et  qui 
occupait  un  rang  distingué  dans  la  répu- 
blique. Ayant  fait  ses  études  chez  les  Pères 
de  la  compagnie  de  Jésus ,  il  entra  dans 
leur  noviciat  à  l'âge  de  17  ans.  Ses  talens 
précoces  le  firent  nommer,  deuxansaprès, 
professeur  de  belles-lettres  à  Parme;  et  il 
remplit  cette  chaire  pendant  plusieurs 
années.  Il  n'y  avait  que  deux  ans  ,  qu'il 
avait  reçu  les  derniers  ordres  ,  lorsque  la 
Société  fut  supprimée  en  Italie  (1773). 
De  retour  dans  son  pays  natal ,  il  y  donna 
des  leçons  particulières  de  théologie,  jus- 
qu'à ce  que  le  marquis  Bevilacqua  l'ap- 
pela à  Ferrare ,  et  lui  confia  l'éducation 
de  ses  deux  neveux.  Il  continua  de  se  per- 
fectionner dans  ses  études  ;  les  connais- 
sances qu'il  acquit  le  mirent  en  relation 
avec  plusieurs  savans ,  et  notamment 
avec  le  chevalier  Vanneti,  secrétaire  de 
l'académie  de  Roveredo.  Il  avait  publié 
divei-s  ouvrages,  et  en  préparait  d'autres 
plus  importans  encore  ,  lorsqu'un  excès 
de  travail ,  joint  à  une  sanlé  naturelle- 
ment faible ,  lui  causa  des  crachemens  de 
sang  répétés,  et  amena  sa  mort  qui  eut 
lieu  le  14  juillet  1779,  à  l'âge  de  trente- 
deux  ans.  On  a  de  lui  :  |  Del  Modo  d'irv- 
segnare  ou  Traité  sur  la  manière  d'en-- 
s  igner  aux  enfans  les  deux  langues  ita- 
lienne et  latine^  Ferrare,  1773,  in-8°.  Ce 
petit  traité ,  très  estimé  ,  montre  combien 
l'auteur  était  versé  dans  les  deux  langues 


GIO 


kù7 


r.io 


donl  il  propose  une  inrtiiodc  aiissl  t-xaru* 
que  facile.  |  Proilromn  ,  ou  l*ro</ramme 
pour  uite  fCnri/rtopédie  italienne  .  vSicnne, 
1780 .  in-/»".  Le  Pitc  Giorj;i  avnil  réuni 
plusieurs  précieux  matériaux  pour  re 
(îranil  ouvra{TC  .  auquel  devaienl  contri- 
buer les  lilléniteurs  les  plus  renoujmés. 
Il  s'était  réservé  les  arlieles  les  plus  difli- 
ciles  de  la  nuMaphysii|uc  et  delà  tliéolo- 
fiie;  cl,  alîn  d'offrir  des  modèles  pour 
les  articlesà  rédiger,  il  en  inséra  deux,  fort 
renia rquahles.  dans  ce  prograinine,  savoir 
I  Sur  le  pcclié  originel .  et  |  De  la  liberté 
naturelle  ;  de  la  grâce  efficace  et  de  son 
accord  avec  la  liberté  et  la  volonté  hu- 
maine :  I  Lettres  'au  noirdire  de  trois) 
adressées  à  M.  Marc  Lastri,  de  Florence, 
sur  ce  qui  a  été  écrit  par  M.  Martin  Sher- 
lock, savoir  :  1"  De  l'état  de  la  poésie  ita- 
lienne :  2"  sur  VArioste  ;  5°  sur  Shakes- 
peare, Vcrr  are ,  177l>.  Le  Père  Gioriri  se 
lait  remarquer  dans  ses  lettres  par  sou(îOÙt 
exquis  et  par  sou  instruction  dans  les  litté- 
ratures italienne  et  étrangère.  |  Plusieurs 
Lettres  en  latin,  écrites  à  son  ami  le  se- 
crétaire Vaimeti,  et  dans  les(iuelles  l'ati- 
teur,  tout  en  écrivant  le  latin  avec  une 
pureté  et  une  éléi^ance  rares,  soutenait 
qu'il  élail  impossible  aux  modernes  de 
s'exprimer  correctement  dans  cette  lan- 
(;ue;  c'était  une  erreur  de  sa  modestie. 
Un  célèbre  iwéte  latin  de  celte  uiéme 
é|xx|ue,  l'abbé  Raymond  Cunicli.  ayant 
lu  les  lettres  des  deux  amis,  lit  pour  eux 
les  vers  suivusis  : 

Qiind  vilain  exim'ii  icriptisti ,  Vanntte  ,  fîiorgi , 

Ille  tao  vivct  tl.iriit  ab  iD;'.coi<i  ; 
Vi%ct  tu  clarut  litniil  ;  eximiusque  fer-re 

Scriptor  et  eximiut  cullor  amicilic. 

Le  chevalier  Vanneli ,  aussitôt  après  la 
mort  dif  Père  Giorj;i ,  imhlia  sa  f^ie  en 
latin,  qii'il  mit  à  la  tète  de  leur  corri^s- 
pondancc ,  avec  ce  titre  :  Clementtni  f^^an- 
netii  equitis  Commentarius  .  de  vita  yÉle- 
ramlri  Gionjii;  accédant  nonnullœ  utri- 
usque epistd'fr ,  Sienne.  177*.>,  1  vol. in- 12. 

(;iou(.ii>\  (GeoBcts  b\rp*.\ri;lli. 

dit  le),  peintre  célèbre,  né  en  1477,  au 
bourp  de  Cnsii-l-Franco ,  quitta  la  musique 
pour  laquelle  il  avait  du  (;oùt  et  du  talent, 
potir  la  peinture.  Il  apprit  cet  art  sous 
.leanlîellin.  L'élève  passa  tout  à  coup  de 
la  manière  de  son  maître  à  une  autre  qu'il 
ne  dut  qu'à  lui-mén«c.  L'étude  qu'il  fit 
des  ouvrapes  de  Léonard  de  Vinci ,  et  siu-- 
lout  celle  de  la  nature,  acheva  de  le  per- 
fectionner. Ce  fut  lui  qui  introduisit  à 
Venise  la  c<juluine où  étaient  les  {pands, 
de  faire  peindre  les  dehors  de  leurs  niai- 


son<.    1 ••  y.iiil  connu  la  sii|ii  I  ml  iiu 

de  ses  lalens,  le  viHitr#ii  fré(|ueuunrnlt 
pour  lui  dérober  les  si-rrels  de  son  ({rancj 
art  ;  mais  le  Gior-pon  trouva  des  prétexlef 
pour  lui  interdire  sn  maison.  Cet  habile 
u)ailie  mourut  en  Ijil,  à  "SU  ans,  de  la 
douleur  que  lui  causa  l'inliilélité  de  sa 
maîtresse.  Dans  l'espace  dune  vie  si 
courte  ,  il  porta  la  peinture  à  un  point 
de  perfection  qui  surprend  tous  les  con- 
naisseurs. Il  entendait  parfaitement  l'art 
si  diflicile  de  ména^jer  les  jours  et  lei 
ombres,  et  de  mellre  toutes  les  parties 
dans  une  belle  harmonie.  Ses  tableaux 
sont  supérieurs  à  tous  ceux  qu'on  con- 
naissait alors,  par  la  force  et  la  fierté. 
Son  dessin  est  délicat ,  ses  carnations  sont 
peintes  avec  ime  jjrande  vérité,  ses  4i- 
(jmes  ont  beaucoup  de  rondeur,  ses  por- 
traits sont  vivans  .  et  ses  paysages  lou- 
ches avec  un  goût  excpiis. 

(.lOSEPI^.  royez  .\RPINO. 

GIOTTO  (le)  ,  ou  AN(iIOLOTTO  ,  di- 
minutif d'Angiolo  oud'Angelo,  ange, 
peintre,  naquit  eu  127(5  dans  une  ferme, 
près  de  Vespignano,  non  loin  de  Florence 
de  parens  pauvres  (i).  Le  fameux  Cimabuc, 
fondateur  de  l'école  florentine,  l'ayant 
rencontré  à  la  campagne  qui  gardait  les 
troupeaux  de  son  père  ,  et  qui  ,  en  les 
regardant  paître,  les  dessinait  sur  une 
bri(iue,  le  mit  au  nombre  de  .ses  élèves. 
Giolto  prolila  tellement  sous  son  maître, 
tpi'après  sa  mort,  il  passa  pour  le  premier 
peintre  de  l'Europe.  On  rap|>oi  te  que  le 
pape  Benoit  Xi  voulant  éprouver  le  mé- 
rite des  peintres  florentins,  envoya  un 
connaisseur  pour  rapporter  ur«  dessin  de 
cliacun.  Le  Giollo  se  contenta  de  faire  sur 
du  papier,  à  la  pointe  du  piiu:eau  et  d'un 
seul  trait,  un  cercle  parfait.  Cette  har- 
diesse, et  en  même  teir:ps  cette  sûreté  de 
main,  donna  au  pape  une  grande  idée  de 
son  latent,  et  lit  nuilrc  ce  proverbe  italien: 
Tu  sei  piii  rondo  .  che  10  det  Giolto.... 
lienoit  l'appela  à  Rome ,  d'où  il  passa  à 


(i)  Vaiari  place  ta  naittaDce  i  i'ao  1176.  Baldi* 
nncci,  genrraUmenl  eiacl  »ur  Ici  dalci,  ('eil  ran(4 
i  celte  opinion  ,  en  faitani  remarquer  qu'elle  eti  f«« 
vraiirrablaLle  ,  attenao  que  Giollo  ayaol  es^calé  l« 
moia'ique  de  ta  Péf'te  miraculeutr,  k  lloree  ,  ca  t*^%, 
n'aorait  eu  alori  ^i/r  a»  am  ;  el  qoM  fauiirail  par  co*> 
irqurnl  luppoter  qu'il  aof  ail  proiiuil  une  ftèoit  pal- 
lie de  «et  mcillcnit  ouvragri  k  Flofeocc  ,  a  Arciio .  i 
Atiite,  i  Pite  el  à  Rome  m*nie  ,  avanl  d'^it»  par- 
venu .1  cri  ift,  el  prctqur  au  torlir  de  l'enfance.  0> 
peul  croire  qu'il  a  rir  fail  par  Vatari ,  •«  loal  aalrc  . 
une  rriciir  de  chiffre  .  el  que  Giollo  <»l  »*  ca  i>(C 
ou  environ  ,  «crt  I*  Icapi  de  U  o«UM*cc  4a  Daatc, 
(OD  (OBlMap*r«M  <l  *••  tmU, 


Gin 


468 


GIR 


Avifîfion  dans  le  temps  de  la  Iranslalioii 
du  sainl  Siège.  Après  la  mort  de  Clément 
V  ,  il  retourna  dans  sa  patrie,  et  mourut 
à  Florence  le  8  janvier  1556.  Les  Floren- 
tins ont  fait  élever  sur  son  tombeau  une 
statue  de  marbre.  Pétrarque  et  le  Dante, 
amis  de  ce  peintre,  le  célébrèrent  dans 
leurs  vers.  Le  grand  tableau  de  mosaïque, 
qui  est  sur  la  porte  de  Téglise  de  Saint- 
Pierre  de  Rome ,  est  de  lui.  Les  églises 
de  Saint-François  à  Florence  et  à  Pise 
sont  remplies  de  superbes  fresques  de 
Giotlo.  Le  musée  de  Paris  possède  la  vi- 
sion où  saint  François  reçut  les  stigmates. 
On  appelle  aussi  ce  peintre  di  Bondone 
du  nom  de  son  père ,  ou  di  Vespignano 
de  celui  du  village  où  il  est  né. 

GIOVIO  (  ÏACL  ) ,  plus  connu  sous  le 
nom  de  Paul  JOVE.  Voyez  ce  mot. 

GIPII  VMIIS.  Voyez  GIFFEN. 

GIUAC  (  P  vuL  -  TuoiiAS  ,  sieur  de), 
natif  d'Angouléme,  fut  conseiller  au  i)ré- 
sidial  de  celte  ville,  l'intime  ami  de  Bal- 
zac, et  l'adversaire  de  Voilure.  Il  défen- 
dit le  premier  contre  Costar,  partisan 
outré  du  second.  Cette  querelle  produisit 
une  vive  fermentation  dans  .son  temps  ; 
mais  aujourd'hui  les  écrits  et  les  injures 
qu'elle  lit  vomir,  ne  causeraient  que  de 
l'ennui.  Girac  paraît  savant  dans  les  siens, 
mais  encore  plus  emporté.  Il  mourut  en 
1G65. 

*  GIUAC  (  François  BAREAU  de  ), 
évêque  de  Reimes,  né  à  Angoulême  en 
1752  ,  se  distingua  dans  ses  éludes  et  sur- 
tout dans  sa  tliéologic,  et  mérita,  en  re- 
cevant la  prêtrise,  d'être  nommé  doyen 
du  chapitre  de  la  cathédrale  d"Angouléme, 
et  vicaire-général  de  ce  diocèse.  La  pro- 
vince ecclésiastique  de  Tours  le  députa  à 
l'Assemblée  du  clergé  en  1765,  et  il  y 
montra  un  caractère  de  conciliai  ion  et 
d'aménilé  qui  lixèrent  sur  lui  les  regards 
du  clergé  et  des  ministres  du  roi.  Louis 
XV  le  nomma  évêque  de  Saint-Brieuc  en 
1766,  et  3  ans  après,  évêque  de  Rennes. 
Lorsque  la  révolution  éclata,  l'abbé  de 
Girac  refusa  son  serment  à  la  constilu- 
lion  civile  du  clergé,  et  motiva  son  refus 
dans  une  déclaration  fort  étendue.  Fidèle 
à  ses  princii^es,  il  ne  voulut  point  accor- 
der la  contirmalion  canonique  à  l'abbé 
Expilly  :  il  publia  même  sa  réponse,  ainsi 
qu'une  lettre  qu'il  adressa  aux  électeurs 
d'IUe-ct-Vilaine,  pour  les  détourner  d'é- 
lire un  évêque,  et  une  autre  à  Claude 
Lecoz,  qui  lui  faisait  part  de  son  élection, 
et ,  disait-  il ,  de  sa  ■perplexité  :  il  donna 
en  même  temps  une  ordonnance  pour 


défendre  de  reconnaître  Lecoz.  Forcé  de 
s'expatrier  pour  éviter  la  vengeance  de 
ses  ennemis,  il  se  retira  d'abord  à  Bru- 
xelles, et,  lor-que  les  événemens  de  la 
guerre  l'obligèrent  de  s'éloigner ,  il  ac- 
compagna le  comte  de  Metleinich,  mi- 
nistre autrichien .  dans  les  Pays-Ba-s,  et 
alla  avec  lui  en  Bohème,  ensuite  à 
Vienne;  enlin,  il  se  rendit  auprès  du 
dernier  roi  de  Pologne,  Stanislas  Ponia- 
towski  alors  retiré  à  Saint-Pétersbourg, 
et  il  vécut  avec  ce  prince  dans  la  plus 
grande  inlimité  jusqu'au  moment  de  sa 
mort ,  où  il  eut  le  honheur  de  lui  prodi- 
guer toutes  les  consolations  de  la  reli- 
gion. Avant  le  concordat ,  il  donna  la  dé- 
mission de  son  évêché,  pour  se  confor- 
mer à  la  demande  que  le  pape  en  avait 
faite  à  tous  les  évêques  ;  mais  il  lui  témoi- 
gna en  même  temps  ses  alarmes  sur  les 
suites  de  cette  mesure.  Il  aurait  désiré 
que  les  anciens  évêques  eussent  été  réu- 
nis pour  délibérer  sur  la  démission  qu'on 
leur  demandait.  Après  cette  démarche,  il 
ne  prit  aucune  part  aux  réclamations  de 
quelques-uns  de  ses  collègues.  Rentré  en 
France,  il  refusa,  dit  on,  un  évêché; 
mais  il  accepta  lui  canouicat  à  Saint- 
Denis,  et  mourut  le  29  novembre  1820, 
dans  sa  89*^  année.  Il  était  alors  le  doyen 
des  évoques  français.  Le  diocèse  qu'il 
gouverna  jusqu'au  moment  de  la  révolu- 
tion lui  doit  la  formation  d'un  petit  sémi- 
naire,  la  reconstruction  du  grand,  et 
plusieurs  établissemens  d'instruction  ou 
de  secours.  Ses  aumônes  répondaient  à 
ses  revenus,  qui  étaient  considérables  : 
il  possédait,  outre  son  évêché,  les  ab- 
bayes de  Saint-Mélaine  ,  de  Saint-Evroul 
et  de  Froidmont.  On  a  publié  à  Paris 
une  notice  sur  M.  F.  B.  de  Girac,  évêque 
de  Rennes,  1821  in-S". 

GIIIALDI  (  Ln.io-  Gkégorio  ) ,  savant 
profond  dans  les  langues ,  dans  la  con- 
naissance de  l'antiquité  et  dans  les  ma- 
thématiques ,  naquit  à  Ferrare  le  14 
juin  l'i79,  et  mourut  à  Rome  en  1552, 
dans  la  misère.  Il  disait  oixiinairement 
«  qu'il  avait  eu  à  combattre  contre  trois 
»  ennemis,  la  nature,  la  fortune  et  l'in- 
»  justice.  »  Il  perdit  son  bien  et  sa  biblio- 
thèque, lorsque  l'armée  de  Charles-Quint 
pilla  sa  patrie.  La  goutte  vint  se  joindre 
à  la  pauvreté,  et  il  en  fut  tellement  tour- 
menté dans  sa  vieillesse,  qu'il  ne  pouvait 
pas  tourner  le  feuillet  d'un  livre.  Les 
écrits  de  ce  savant  ont  été  recueillis  à 
Leyde  en  ]■">%,  2  vol.  in-fol.  Les  plus  sou- 
vent cités  sont  :  i  Syntagma  de  diis  gen- 


GIR 


460 


GIR 


tium .  livre  cxrclloiit  pour  ce  qu'il  coii- 
lirnl ,  mais  qui  ne  renferme  pas  loul  ce 
qu'on  peut  faire  entrer  dans  une  mytho- 
logie ;  I  V  Histoire  îles  poètes  grecs  et  la- 
tins ;  I  celle  des  pottcs  de  son  temps.  Ces 
deux  ouvrages  sont  moins  consultés  que 
son  Histoire  des  dieux  des  Gentils  ;  |  Pro- 
çi/mnasmata  adversàs  litteras  et  littera- 
tos .  où  l'on  trouve  le  germe  des  idées 
que  J.  J.  Rousseau  a  depuis  développées 
sur  les  mauvais  effets  des  lettres  et  des 
•ciences  (  voyez  ROUSSEAU  Jea^t- Ja«> 
QLES.  et  FRÉDÉRIC-GUILLAUME  I",  roi 
de  Prusse  ).  Mais  si  Giraldi  a  osé  écrire 
contre  les  lettrés  de  son  temps ,  la  plupart 
sages  et  réservés ,  qu'eùt-il  dit  de  cette 
nuée  de  gens  de  lettres  qui  couvre  au- 
jourd'hui la  surface  du  globe,  et  ronge, 
comme  les  sauterelles  d'Egypte,  tout  ce 
qui  relient  encore  quelque  apparence  de 
verdure  ? 

GIRALDI- CYXTIO  (  Jean-Baptiste  ), 
né  à  Ferrare  d'une  famille  noble ,  en  1504, 
tint  un  rang  distingué  parmi  les  poètes  et 
les  littérateurs  de  son  temps.  Il  mourut 
en  1573 ,  à  69  ans.  On  a  de  cet  auteur  : 
I  neuf  tragédies  J  dont  la  meilleure  est 
VOrbèche  ^  qui  fut  mise  au  même  rang 
que  la  Sophonisba  de  Trissino,  VOreste 
de  Ruccellai  et  la  Canace  de  Sperai.  On 
distingue  aussi  sa  Didon  et  sa  Cléopâtre. 

I  Un  poème  en  16  chants,  intitulé  l'Ercole. 
imprimé  à  Modène  en  1557,  in-i"  ;  |  un 
recueil  de  100  nouvelles,  sous  ce  titre  : 
Hecatommili  nel  Montegale  ^  oppressa 
Lionardo  Torrentino^  1565,  en  2  vol.  in- 
8°  :  c'est  le  plus  connu  de  ses  ouvrages, 
dont  nous  avons  indiqué  les  principaux. 
Ces  écrits  sont  en  italien.  Il  a  donné  en 
latin  des  poésies  et  V/iistoire  d'jindré 
Doria.  Lcyde,  1696,  2  vol.  in-fol. 

GlilVLDL'.S.  f'oyezGIRAUD. 

GIR/VRD  (Albert),  habile  géomètre 
hollandais ,  publia,  vers  l'an  1629,  un  livre 
intitulé  Invention  nouvelle  en    algèbre. 

II  y  traite  des  racines  négalises  ,  ou  affec- 
tées du  signe  moins;  et  montre  que  dans 
certaines  équations  cubiques,  ou  du  ô'' 
degré,  il  y  a  toujours  trois  racines,  ou 
deux  positives  et  une  négative,  ou  deux 
négatives  et  une  positive.  Girard  entre- 
voyait d'autres  résultats  de  ce  genre, 
que  Descartes  développa  peu  de  temps 
oprès. 

GIRARD  (  Guillaume  ),  archidiacre 
d'Angouléme,  avait  été  secrétaire  du  duc 
d'Epernon.  Après  la  mort  de  ce  duc ,  il 
donna  des  mémoires  pour  sa  vie ,  en  4 
vol.  in-12.  Il  nous  y  apprend  beaucoup 


de  particularités  inl«'rcs»anlc9.  Sur  l.i  fin 
de  SOS  jours,  cet  auteur  se  livra  entière- 
ment à  la  piété  et  ne  s'occupa  plu»  que 
d'objets  religieux.  Ce  fut  alors  qu'il  entre- 
prit la  traduction  des  œuvres  du  pieux 
Louis  de  Grenade.  Elle  parut  sur  la  lin  du 
17*  siècle,  en  10  vol.  iu-S",  ou  2  vol.  in- 
fol.  C'est  la  plus  exacte  que  nous  ayons 
mais  nous  pourrions  en  avoir  une  plut 
élégante.  Quelques  biographes  pensent 
qu'il  na  traduit  que  la  Guide  du  pécheur. 
le  meilleur  des  ouvrages  de  Grenade, 
réimpriujé  en  1817  en  2  vol.  in-12,  et  que 
les  autres  écrits  de  ce  pieux  dominicain 
ont  été  traduits  par  un  prêtre  de  l'Ora- 
toire qui  a  gardé  l'anonyme.  Girard  mou> 
rut  en  16G3,  dans  un  âge  très  avancé. 

GIRARD  DE VILLi:TIIIERRI(jEA:«), 
prêtre  de  Paris,  mort  dans  sa  patrie  en 
1709,  à  68  ans,  enrichit  l'Eglise  d'un 
grand  nombre  de  livres  de  piété.  Ses 
traités  recueillis  pourraient  composer  un 
corps  de  morale- pratique  pour  toutes  les 
conditions  et  tous  les  états.  Il  appuie  ce 
qu'il  dit,  par  les  principes  de  la  raison, 
par  l'Ecriture  sainte ,  par  les  Pères  et  par 
les  conciles.  Ses  principaux  ouvrages 
sont  :  j  Le  véritable  pénitent  ;  \  IjC  Che- 
min du  ciel;  \  La  Vie  des  vierges  ;  \  celle 
des  gens  mariés,  des  veuves,  des  reli- 
gieuses .  des  riches  et  des  pauvres  ;  \  La 
fie  des  saints  ;  \  La  vie  des  clercs  ;  \  un 
Traité  de  la  vocation  ;  |  Le  chrétien 
étranger  sur  la  terre  ;  \  un  Traité  de  la 
flatterie;  \  un  autre  de  la  Médisance  ; 
I  La  Vie  de  Jésus-Christ  dans  l' Eucha- 
ristie ;  \  Le  chrétien  dans  la  tribulation  ; 
I  un  Traité  des  églises  et  des  tetnples; 
I  un  autre  du  respect  qui  leur  est  dû; 
I  La  Vie  de  saint  Jean  de  Dieu  ;  \  un 
Traité  des  vertus  théologales  ;  \  enfin  la 
Vie  des  Justes.  Ces  différens  ouvrages 
sont  chacun  en  un  ou  2  vol.  in-12  ;  on  les 
a  souvent  réimprimés  ;  il  serait  à  souliai- 
tcr  qu'ils  fussent  écrits  avec  plus  de  pureté 
et  de  précision. 

GIRARD  (  Jk.k's  Baptiste),  jésuite, 
ne  à  Dole  vers  1680,  se  lit  un  nom  dans 
son  ordre  par  ses  talens.  Après  avoir  pro- 
fessé les  humanités  et  la  philosophie,  il 
se  consacra  à  la  prédication  et  à  la  direc- 
tion; et  il  exerçait  ces  emplois  avec  au- 
tant d'assiduité  que  de  succès.  Un  nombre 
inllni  de  femmes  du  monde  furent  mi^os 
par  lui  dans  le  chemin  du  salut.  Plusieurs 
lilles  entrèrent  dans  le  rluitre  à  sa  per- 
suasion, et  en  furent  l'exemple.  Il  fut  en- 
\oyé  d'Aix  à  Toulon  en  17'i8,  pour  être 
directeur  du  âÀminAire  ruyai  de  la  mai  ine. 
^         40 


GIR 

Parmi  les  pénitentes  qui  vmrenc  à  lui ,  il 
se  trouva  Marie-Catherine  Cadière ,  lille 
de  18  à  20  ans ,  née  avec  un  cœur  sen- 
sible ,  et  entêtée  de  la   passion  de  faire 
parler  de  ses  vertus.  La  pénilenle ,  échauf- 
fée par  le  plaisir  d'avoir  un  directeur  qui 
la  prônait  partout ,  voulut  avoir  une  ré- 
l)utation  encore  plus  étendue.  Elle   pré- 
jendit  avoir  des  extases  et  des  visions. 
Son  directeur  parut   d'abord   y  ajouter 
quelque  croyance;   mais  sentant  qu'il  y 
avait  quelque  chose  d'outré  dans  la  con- 
duite de  sa  pénitente ,  il  chercha  à  s'en 
débarrasser.  La  Cadière,  piquée  contre 
lui ,  choisit  un  autre  directeur.  Elle  s'a- 
dressa à  un  carme  ,  fameux  janséniste  ,  et 
connu  par  sa  liaine  contre  les  jésuites.  Il 
engagea  sa  pénitente  à  faire  une  déposi- 
tion ,  dans  laquelle  elle  déclara  que  le  Père 
Girard ,  après  avoir  abusé  d'elîe ,  lui  avait 
fait  perdre  son  fruit;  et  comme  par  cette 
déclaration  elle  aurait  été  aussi  coupable 
que  lui,  elle  l'accusa  d'enchantement  et 
de  sortilège.  Cette  misérable  étala  sa  honte 
aux   yeux   de    l'univers,   pour   l'unique 
plaisir    de   la    vengeance.    L'affaire   fut 
portée  au  parlement  d'Aix  ,  et  elle  mit  la 
combustion  dans  les  familles.  Enfin,  après 
des  cabales,   des  querelles,   des  satires, 
des  chansons  et  des  injures  sans  nombre, 
le  parlement  déchargea  le  Père   Girard 
des  accusations  intentées  contre  lui,  et  la 
Cadière  fut  condamnée  aux  dépens.  Cet 
arrêt    fut  prononcé  le    iO  octobre    1751. 
Peut-être  ceux  qui  se  sont  étonnés  que  le 
Parlement  ne  jugea  point  avec  plus  de  ri- 
gueur ,  ne  connaissent  pas  assez  les  cir- 
constances où  ce  tribunal  se  trouvait ,  ni 
le  dangereux  fanatisme  du  parti  qui  s'é- 
tait déclaré  pour  la  prétendue  dévote.  On 
assure  d'ailleurs  que  le  résultat  des  inter- 
rogatoires qu'elle  a  subis  ,  prouve  plus  de 
folie  que  de  méchanceté  ,  plus  de  docilité 
à  des  impulsions  étrangères  que  de  ma- 
lice personnelle.  Après  que  le  procès  fut 
terminé ,  le  Père  Girard  fut  envoyé  par 
ses  supérieurs  à  Dole.  Il  y  fut  recteur  ,  et 
V  mourut  le  h.  juillet  1753  ,  avec  la  répu- 
tation d'un  homme  zélé  et  vertueux  ;  mais 
pas  toujours  assez,  circonspect.  La  fureur 
d'écrire  est  telle  en  France  qu'on  a  formé 
6  vol.  in -12  des  pièces  de  ce  smgulier 
procès. 

GIPiARD  (  Gabriel  ) ,  aumônier  de  la 
duchesse  de  Berry ,  ilUe  du  régent ,  et  in- 
terprète du  roi  pour  les  langues  escla- 
vonne  et  rasse ,  naquit  à  Clermont  en 
Auvergne,  et  mérita  une  place  à  l'aca- 
démie française  par  quelques  ouvrages  de 


470  GIR 

grammaire  qui  respirent  la  philosophlç  : 
I  Synonymes  français ,  leurs  différentes 
significations  ^  et  le  choix  qu'il  en  faut 
faire  pour  parler  avec  justesse  ^  in-12.  Ce 
livre ,  plein  de  goût ,  de  finesse  et  de  pré- 
cision ,  subsistera  autant  que  la  langue, 
et  servira  même  à  la  faire  subsister.  Le 
but  de  l'auteur  est  de  prouver  que  pres- 
que tous  les  mots ,  qu'on  regarde  comme 
parfaitement  synonymes  dans  notre  lan- 
gue ,  diffèrent  réellement  dans  leur  signi- 
fication, à  peu  près  comme  une  même 
couleur  paraît  sous  diverses  nuances.  Ce 
grammairien    philosophe  saisit  admira- 
blement ces  différences  imperceptibles, 
et  les  fait  sentir  à  son  lecteur,  en  rendant 
ce  qu'il  aperçoit  et  ce  qu'il  sent ,  par  des 
termes    propres  et  clairs.  Le  choix    des 
exemples  est  excellent,  à  quelques-uns 
près,    qu'il    aurait  pu  se  dispenser  de 
prendre  dans  des  matières  de  galanterie. 
Les  autres  présentent  presque   toujours 
des  pensées  fines  et  délicates,  des  maxi- 
mes judicieuses ,  et  des  avis   importans 
pour  la  conduite.  Beauzée  a  donné  en 
1769  une  nouvelle  édition  de  cet  ouvrage, 
augmenté  d'un   volume,  et  de  quelques 
articles    posthumes    de    l'abbé    Girard. 
L'abbé  Roubaud  a  effacé  en  quelque  sorte 
cet  ouvrage  par  les  Nouveaux  Synonymes 
français ,  Paris  ,  1786 ,  k  vol.  in-  8".  Mais 
il  cok  /ient  lui-même  que  l'abbé  Girard  a 
le  mérite  d'avoir  le  premier  ouvert  les 
yeux  à  la  nation,  sur  la  richesse  que  la 
langue  acquerrait  par  la  seule  explica- 
tion des  synonymes,  qui  sans  une  diffé- 
rence nette  et  précise ,  la  surchargent  de 
mots  en  l'apauvrissant  d'idées.  L'ouvrage 
de  l'abbé  Roubaud  n'est  d'ailleurs  pas  à 
l'abri  de  la  critique.  On  y  trouve  quel- 
quefois une  métaphysique  de  langage,  des 
idées  exotiques  et  romanesques ,  qui  sem- 
blent tenir  à  la  secte  des  économistes  à 
laquelle  il  était  agrégé.  Les  Synonymes 
de  Girard  ont  été  réimprimés  plusieurs 
fois  avec  un  extrait  de  ceux  de  Roubaud, 
sous  ce  titre  :  Synonymes  français  avec 
leurs   différentes  significations,  publiés 
par  Girard,  Beauzée,  Roubaud,  et  au- 
tres  écrivains  célèbres,  et  classés  par 
ordre  alphabétique,  2  gros  vol,  in-12, 
Paris,   1806.  Cette  édition  a  fait  tomber 
les  Synomjmes  de  l'abbé  Roubaud.  M. 
Guizot  a  publié  un  Nouveau  dictionnaire 
universel  des  synonymes,  augmenté  d'une 
grande  quantité  de  synonymes  nouveaux, 
Paris  4809 ,  2  parties  in-8".  |   Une  gram- 
maire sous  le  titre  de  Principes  de  la 
langue  française ,  2  vol.  in-12,  1747,  in- 


Gin  i^ 

fi  rieure  aux  Synrmyvirs  .  «m  munis  j><)»ir 
la  forme;  mais  qui  offre  d'cxrdU'nU's 
choses,  et  moitié,  suivaul  son  tilrc,  les 
vrais  principes  de  la  langue.  I/iyulcur 
subtilise  trop  sur  la  théorie  du  lutipagc 
et  ne  dierchc  pas  assez,  à  en  exposer  clai- 
rcnient  et  nettement  la  prali(iuc.  L'abhé 
Girard  mourut  en  1748,  à  70  ans.  C'était 
un  homme  d'un  esprit  fin,  et  versé  dans 
la  lecture  dos  bons  écrivains. 

r.IRARD  (GiLi.Es),  curé  d'Herman- 
ville  ,  près  Cacn  ,  né  à  Oimpsour,  dans  le 
diocèse  de  Coulances,  a  été  un  des  meil- 
leurs poètes  latins  de  son  temps.  Il  avait 
perfectionné  son  talent  dans  l'irniversilé 
de  Caen,  où  il  professa  les  humanités.  Il 
réussit  surtout  dans  Iode  alcaïque ,  et  ne 
le  cède  en  ce  ijenre  à  aucun  poète  mo- 
derne. Nous  avons  de  lui  un  nombre 
assez  considérable  de  poésies  lyriques. 
dont  la  plupart  ont  été  counmnées  aux 
Talinods  de  Rouen ,  et  imprimées  sépa- 
rément. L'auteur  mourut  en  176îi ,  â{jé  de 
CO  ans. 

GiU.VRD  (  N.  ),  ancien  curé  de  Saint- 
Loup  au  18*  siècle ,  s'est  fait  connaître  par 
un  livre  intitulé  ;  Les  petits  prônes,  ou 
Instructions  familières ,  principalement 
pour  les  peuples  de  la  campagne ,  Lyon  , 
1766,  8  vol.  iii-l'J,  qui  se  relient  en  4, 
estimés  et  recherchés ,  quoiqu'il  ait  paru 
depuis  un  {jrand  nombre  d'ouvrages  dans 
le  même  genre.  Ils  ont  été  traduits  en 
latin  sous  ce  titre  :  Concioncs  in  doniini- 
cas  et  festa,  usui  parochorum,  Aujjs- 
bourg,  1706,  i  vol.  in-8". 

•  GIRARD  (  l'abbé  ),  ecclésiastique 
distingué,  naquit  à  Joux,  village  près  de 
Tontarlier  en  Franche-Comlé ,  vers  1752, 
vint  à  Paris,  lit  ses  études  au  collège  de 
Louis  le  Grand ,  el  emporta  le  prix  d'hon- 
neur. Son  application  et  sa  bonne  con- 
duite lui  gagnèrent  lu  bienveillance  de 
M.  de  Cicé,  alors  évéque  de  Rodei,  qui, 
après  que  l'abbé  Girard  eut  pris  les  or- 
dres, l'emmena  dans  cette  ville  et  le 
nomma  professeur  de  rhétorique.  Ce  pré- 
lat, ayant  fondé  un  collège  dans  sa  ville 
épiscopale  ,  en  confia  la  direction  à  l'abbé 
Girard,  sous  lequel  se  formèrent  des  su- 
jets distingués,  entre  autres  M.  Fraynsi- 
nous  ,  évéque  d'Hcrmopolis.  Cet  établis- 
ment  avait  obtenu  une  réputation  méri- 
tée; l'abbé  Girard  s'y  distingua  par  un 
lèle  actif,  une  sage  fermeté,  une  jnété 
exemplaire  el  une  indulgence  paternelle. 
La  révolution  arriva,  et  l'abbé  Ginird, 
n'ayant  pas  voulu  ju»  ter  le  serment  à  la 
Constitution  civile  du  (ler^jc,  resta  caché 


71  îili; 

en  Fraiirc    rhc/,   iin   iim  i 

en  secret,  porter  à  ipi' 
secours  spiritueU.  Lrh.ii  _  _  ^ 

tion,  il  sortit  de  sa  retraite,  dans  des 
tenjps  plus  calmes,  et  fut  choisi  pour  v 
directeur  du  collège  de  Figeac;  mais  il 
avait  laissé  de  trop  beatix  souvenir»  h 
Rode/.  ;  le»  vœux  de  tons  les  habilans  Ir 
rappelèrent,  et  il  reprit  la  direction  du 
collège  de  cette  ville .  en  y  apportant  les 
mêmes  vcrtas  et  les  mêmes  linnières  qni 
l'avaient  distingué  auparavant.  Quan<i 
l'université  fut  réorganisée,  on  érigea  er: 
lycée  le  collège  de  Rodez. ,  et  l'abbé  (iirard 
en  fut  nommé  proviseur.  Pendant  près  de 
cinquante  ans,  il  dirigea  une  nombreuse 
jeunesse ,  qui  reçut  de  lui  les  bienfaits  de 
l'éducation  fondée  sur  les  principes  chré- 
tiens. L'élite  des  habitans  de  ce  pays  le  con- 
sidérait comme  le  second  père  de  leurs 
enfans,  et  avait  pour  lui  un  respect  et 
une  affection  sans  bornes.  L'abbé  Girard, 
regretté  de  tout  le  monde,  et  plus  parti- 
culièrement encore  de  ses  élèves  et  des 
pères  de  famille,  est  mort  le  23  avril 
18122,  à  l'âge  d'environ  70  ans.  On  a  (je 
lui  :  Préceptes  de  rhétorique ,  tirés  des 
meilleurs  auteurs  anciens  et  modernes. 
Rodez ,  1787 ,  in-12  ;  9'  édition  ,  ibid.  1827, 
in- 12.  Cet  ouvrage,  devenu  classique 
dans  presque  tous  les  collèges  de  France, 
est  fait  avec  beaucoup  d'ordre  et  de  mé- 
thode. 

•  GIRARD  (François-Narcisse),  pro- 
fesseur à  l'école  vétérinaire  d'Alforl. 
membre  de  l'académie  royale  de  méde- 
cine, né  à  Paris  le  29  mars  1796  ,  surcéda 
en  1821  à  son  père  dans  la  place  de  pro- 
fesseur d'anatomie  et  de  physiologie  à  Té* 
cole  d'Alforl ,  que  ce  dernier  avait  occu- 
pée avec  distinction  pendant  24  ans.  Mais 
11  n'obtint  cette  chaire  qu'à  l'issue  d'un 
brillant  concours.  Girard  pratiqua  les 
théories  qu'il  avait  si  long-temps  médi- 
tées ,  et  attira  à  se»  cour»,  par  la  variété  et 
l'étendue  de  ses  connaissances  ,  et  par  son 
élocution  agréable  et  facile,  un  auditoire 
aussi  nombreux  que  distingué.  Girard, 
reçu  en  1822  ,  à  l'académie  royale  de  mé- 
decine, mourut  à  Paris  le  22  L>ctobrc  1823. 
11  avait  publié  un  ouvrage  intitulé  : 
Existe-t-it  en  médecine  vétérinaire  deê 
exemples  bien  constatés  de  fùvrr.s  essen^ 
tiellcs?  Paris  ,  1814,  in-S".  «n  trouve  dans 
les  Archives  tnédicales  un  excellent  Mé^ 
moire  sur  les  aponévrotrt  nMnmin/ttes , 
une  (.                              "  "       ■;- 

vcUf 
tfeait  d  ^ _.  .-  J, 


GIR 


472 


GIR 


vétérinaire^  annexé  à  la  Nouvelle  biblio- 
thèque médicale^  et  fit  aussi  insérer 
quelques  articles  importans  dans  le  Bul- 
letin universel  des  sciences.  Depuis  plu- 
sieurs années,  Girard  travaillait  à  une 
Physiologie  et  à  un  Traité  élémentaire 
i'anatomie  générale  :  les  matériaux  de 
.es  deux  ouvrages  étaient  prêts  quand  il 
ut  enlevé  par  une  mort  prématurée. 
GIRARD  du  HAILLiVN.  Voyez  HAIL- 

'GIRARDET  (Jean),  peintre,  né  à 
.unéville  le  13  décembre  1709,  et  mort  à 
<îancy  le  28  septembre  1778 ,  fit  ses  élu- 
les  de  dessin  sous  Claude-Charles,  pro- 
cesseur distingué  de  Nancy;  il  se  perfec- 
tionna en  Italie  par  l'élude  des  chefs- 
d'œuvre  des  grands  maîtres ,  et  revint 
enrichir  sa  patrie  de  plusieurs  tableaux 
estimés.  Le  roi  Stanislas  se  l'attacha  en  le 
nommant  son  premier  peintre.  On  trouve 
plusieurs  de  ses  tableaux  dans  presque 
toutes  les  villes  de  Lorraine.  Sa  descente 
de  croix  ^  qu'il  avait  faite  pour  une  des 
églises  de  Nancy,  passe  pour  son  chef- 
d'œuvre. 

*  GIRARDET  (Abraham)  ,  graveur  en 
taille-douce ,  né  en  176i  au  Locle ,  canton 
de  Ncuchâlel,  mort  à  Paris  le  2  janvier 
J825,  vint  en  France  à  l'âge  de  18  ans,  et 
travailla  à  Paris  sous  Benjamin-Alphonse 
Nicolet  II  prit  part  ensuite  à  diverses  en- 
treprises ,  notamment  à  la  collection  du 
musée  publiée  par  Robillard,  dans  laquelle 
on  remarque  sa  transfiguration  qui  ob- 
tint l'accessit  au  concours  des  prix  dé- 
cennaux. Ses  principales  gravures  sont 
V Enlèvement  des  Srt^ï/jes,  d'après  le  Pous- 
sin ;  le  Triomphe  de  Titus  et  de  Vespa- 
sien,  d'après  Jules  Romain;  une  Cène ^ 
d'après  Phil,  de  Champagne  ;  un  Christ 
mort^  d'après  André  Del  Sarto;  le  fameux 
Camée ^  dit  de  la  Ste.'Chaj}elle _,  etc.  Gi- 
rardet  "a  gravé  un  nombre  infini  de  vi- 
gnettes^ parmi  lesquelles  nous  citerons 
celles  de  YAnacréon ,  de  M.  de  St. -Vic- 
tor,  Paris ,  Nicole  ,  1815  et  1818  ,  in-12  et 
in-8°  ;  celles  de  V Horace^  de  Didot  l'aîné  ; 
des  Fables  de  La  Fontaine ,  du  même. 
Girardet  donnait  la  dernière  main  à  la 
belle  gravure  représentant  la  mort  du  duc 
de  Berry ,  lorsqu'il  a  terminé  sa  glorieuse 
carrière  :  cette  planche  a  été  achevée  par 
Pigeol.  Girardet  a  beaucoup  travaillé; 
mais  la  passion  du  vin  le  réduisait  pres- 
que toujours  dans  un  état  de  détresse  ,  et 
nuisait  à  la  fois  à  son  aisance  ,  à  sa  répu- 
tation et  à  son  talent. 

*  GIRARDIN  (  Jeax-Baptiste  ) ,  curé 


de  Mailleroncour  ,  diocèse  de  Besançon, 
mort  le  13  octobre  1785.  On  lui  doit  ;  |  Ré- 
flexions physiques  en  forme  de  commen- 
taires sur  le  chapitre  VIII  du  livre  des 
Proverbes^  depuis  le  verset  22  jusqu'au 
verset  31 ,  Paris ,  1738  ,  ou  Besançon , 
1759,  in-12.  Le  but  de  l'auteur  est  de 
prouver  la  bonté  et  la  sagesse  du  Créateur 
par  l'ordre  immuable  de  l'univers  ;  |  L'in' 
crédule  désabusé  par  la  considération  de 
l'univers  ^  contre  les  spinosistes  et  les  épi- 
curiens^ Epinal  ,  17C6  ,  2  vol.  in-12  ;  il  dé- 
montre l'existence  de  Dieu  et  prouve  sa 
sagesse  par  des  raisons  tirées  de  ses  ou- 
vrages ;  il  réfute  ensuite  les  objections 
présentées  contre  la  Providence. 

*  GIRARDIN  (RÉNÉ-Louis ,  marquis 
de  ) ,  maréchal  de  camp  ,  né  à  Paris  en 
175S  ,  descendait  d'une  famille  noble,  ori- 
ginaire de  Florence  dont  le  nom  était 
Gherardini.  A  l'époque  des  troubles  de 
cette  république,  deux  de  ses  membres 
furent  proscrits  et  devinrent  la  souche  des 
Fitz  G<?r«W  d'Irlande ,  et  des  Girardin 
de  Champagne  (  voyez  la  Toscane  fran- 
çaise à  la  bibliothèque  du  roi).  René- 
Louis  entra  dans  un  régiment  de  cava- 
lerie ,  et  fut  pat  ticulièrement  attaché  au 
roi  Stanislas  qui  avait  fixé  sa  résidence  à 
Nancy.  Dans  la  guerre  de  1760  ,  Girardin 
servit  en  France ,  et  devint  maréchal  de 
camp.  Pendant  la  paix ,  il  voyagea  dans 
une  partie  de  l'Europe,  puis  se  retira 
dans  sa  campagne  d'Ermenonville,  où  il 
s'occupa  de  l'art  d'embellir  les  campa- 
gnes. Il  fit  à  ce  sujet  un  ouvrage  devenu 
classique,  et  traduit  dans  toutes  les  lan- 
gues ,  sous  le  titre  de  la  Composition  des 
paysages  sur  le  terrain^  ou  Des  moyens 
d'embellir  la  nature  près  des  habitations, 
en  y  joignant  l'utile  à  l'agréable  ^  Paris  , 
1777;  k"  édit.  1805,  in-8°.  C'est  dans 
cette  charmante  habitation  qu'il  reçut 
Jean- Jacques  Rousseau,  auquel  il  confia 
l'éducation  de  son  fils  dont  il  est  question 
dans  l'article  suivant.  Girardin  avait 
adopté  les  principes  de  la  révolution  ;  ce- 
pendant il  fut  dénoncé  dans  le  mois  de 
novembre  1795  ;  plus  tard  il  se  vit  dans 
la  nécessité  de  fuir  d'Ermenonville.  Lors- 
qu'il put  rentrer  dans  sa  terre  ,  il  cher- 
cha à  lui  rendre  son  premier  éclat.  Il  y 
mourut  le  20  septembre  1808.  Outre  l'ou- 
vrage déjà  cité  ,  on  a  de  lui  un  discours 
sur  la  nécessité  de  la  ratification  de  la 
loi  par  la  volonté  générale  ,  Paris ,  1791 , 
in-8". 

*  GIRARDIN  (  STAxrsLAS-CÉciLE-XA- 
YiER,  cointe  de^  ,  fils  du  précédent ,  né  à 


GIR 


475 


GIR 


Luni'ville  le  iî4  janvier  1768,  embrassa, 
comme  son  père  ,  la  carrirrc  des  armes  , 
ut  obtint  au  bout  de  quelques  années  le 
yradc  de  enpitaine  ;  il  profila  de  la  vie 
oisive  desgarnisons  pour  continuer  la  cul- 
ture de  son  esprit  et  achever  une  éducation 
commencée  par  l'auteur  d'Kmiie.  Imbu  des 
principes  philosophiques  de  son  maître,  il 
adopta  ù  l'exempledeson  père,  mais  avec 
plus  de  chaleur  encore,  les  principes  des 
novateurs,  et  publia,  dès  le  commence- 
ment de  la  révolution  ,  un  écrit  intitulé  : 
Lettre  du  vicomte  d'Ermenonville  à  M'" , 
dans  lequel  il  professait  les  opinions  les 
plus  libérales  ;  il  se  trouvait  en  17"Jl  pré- 
sident de  l'administration  du  déparle- 
ment de  l'Oise  lorsqu'il  fut  député  à  l'as- 
semblée Législative  ,  où  il  appuya  le  dé- 
cret qui  supprimait  les  litres  de  Sire  eî 
de  Majesté.  Peu  de  temps  après  il  com- 
battit la  motion  de  faire  imprimer  les 
noms  de  tous  les  officiers  qui  avaient 
(luitté  leur  corps,  en  soutenant  que  c'é- 
lait  aux  tyrans  seuls  à  dresser  des  listes 
(le  proscription.  Girardin  vola  aussi  la 
conservation  du  traitement  des  prêtres 
(jui  se  mariaient ,  et  se  prononça  forte- 
ment pour  des  mesures  répressives  con- 
tre l'émigralion  :  c'esl  dans  le  même  es- 
prit qu'il  repoussa  l'ajournement  du  dé- 
cret qui  ordonnait  à  Monsieur  de  rentrer 
en  France  dans  le  délai  d'un  mois,  sous 
peine  d'élre  déchu  de  la  régence.  Il  atta- 
qua ensuite  les  ministres  eux-mêmes  et 
demanda  leur  accusation ,  en  soutenant 
que  leur  inertie  était  la  cause  des  trou- 
bles des  départcmens.  Il  s'opposa  encore 
le  2  mars  1792 ,  à  la  poursuite  de  Marat  , 
éditeur  de  Y.-/ mi  du  peuple.  Cependant  à 
la  suite  d'une  discussion  orageuse  (séance 
du  30  mars  I7*.)2  j  au  sujet  du  licenciement 
de  la  garde  du  roi.  il  s'écria  :  «  Si  d'un 
^  côté  un  prêche  l'assassinat,  d'un  autre 
»  on  prêche  le  régicide ,  qui  ne  voit  qu'il 
»  existe  deux  factions  ;  l'une  qui  veut  don- 
»  ner  an  roi  plus  d'autorité;  l'autre  qui 
•  veut  détruire  la  royauté  constilution- 
»  nelle.  »  Depuis  celte  époque  il  parut 
rhanger  de  conduite  et  s'attacha  au  parti 
conservateur.  Ainsi  lu6 juin ils'opposa  au 
|)iojet  d?  fédération  et  à  la  formation 
d'un  camp  sous  Paris ,  qu'on  avait  ima- 
giné pour  renverser  le  gouvernement  de 
Louis  XVI  ;  ce  qui  le  fit  maltraiter  par  les 
fédérés  l'avanf-veille  du  10  août,  de  même 
que  plusieurs  députés  qui  venaient  de 
jurer  le  maintien  de  la  monarchie  con- 
Slilutionnellc.  Il  s'en  plaij;jiil  vivement  n 
U  Uibtuic  ,    et  déclara  que  l'assciMbsee 


n'élait  plu»  libre.  Apres  la  session  il  ren- 
tra ilans  la  vie  privée,  et  pour  éviter  la 
vengeance  des  républicains  <|ui  triom- 
phaient, il  se  lit  donner  une  niLvsion  pour 
l'Angleterre,  par  l'entremise  de  Marat; 
mais  les  dispositions  hostiles  du  cabinet 
de  Saint-James  envers  la  France  l'ayant 
empêché  de  prolonger  son  séjour  à  Lon- 
dres, il  revint  dans  sa  patrie  et  rentra 
à  Paris  dans  la  nuit  du  21  janvier  171)3. 
Craignant  de  ne  pouvoir  y  rester  ignoré, 
il  alla  se  cacher  à  Ermenonville,  puis 
à  Sé/.anne  où  il  fut  découvert  et  mis 
en  arrestation  avec  ses  frères;  il  mit 
à  profit  le  temps  de  sa  détention  pour 
apprendre  l'état  de  menuisier ,  et  fut 
bientôt  capable  de  travailler  pour  des 
chefs  d'atelier  de  Séxarine,  qui  l'occupè- 
rent dans  sa  prisf>n  avec  ses  frères,  et  le 
firent  ainsi  oublier  jus<{u'au  9  thermidor 
qui  lui  rendit  la  liberté.  En  avril  1798,  Sta- 
nislas Giiardin  fut  choisi  pour  remplir  les 
fonctions  d'administrateur  du  déparle- 
ment de  l'Oise  ;  mais  il  fui  destitué  deux 
mois  après  comme  soupçonné  de  roya- 
lisme. Cependant  il  fut  appelé  au  tribunal 
lors  de  sa  création  en  1799  et  en  fut  nommé 
président  en  1802.  Cette  même  année  il 
défendit  la  mémoire  de  J.  J.  Rousseau  , 
attaquée  par  Carion-Nisas ,  et  demanda, 
lorsqu'il  fut  question  de  fimpression  de 
son  discours  ,  qu'on  retranchât  ce  qui  at- 
tacjuait  cet  homme  célèbre ,  en  disant 
qu'on  ne  pouvait  ordonner  la  flétrissure 
d'un  écrivain  que  toute  l'Europe  révérait. 
Quelque  temps  après  ,  il  vota  pour  l'éta- 
blissement de  la  iégion-d'honneur  ,  et  en 
devint  commandant.  Il  avait  aussi  recou- 
vré son  grade  à  l'armée  par  un  décret 
impérial.  En  1809  il  devint  membre  du 
corps  législatif,  et  en  1812  il  passa  aux 
fondions  de  préfet  de  la  Scinc-Inférieurc. 
Le  3  avril  i8i/t,  Girardin  adhéra  à  la  dé- 
chéance de  Bonaparte  et  au  rappel  des 
Bijurbons  ,  par  une  proclamation  où  l'on 
remarque  ces  paroles.  «  Une   grande  et 

■  heureuse  révolution  vient  de  sopérer. 

•  Après  de  longs  malheurs  ,  fruit  de  nos 

•  égaremens  politiques,  les  premiers  corps 

•  de  l'état,  interprètes  des  senlimens  de 
»  la  nation,  onl  rappelé  au  trône  de  Franco 

•  IcsdescendansdeSt.-LouiseldeHenri  IV  . 

■  Louis-Slanislas-Xavier   est    rendu    aux 

•  Français    par  une  charte  constilulion- 

•  nelle  .  également  avantageuse  à  son  au- 
»  gustc  famille  cl  au  peuple  qu'elle  e*t 
»  de>;v -M'.enier.  C'est  roli\'-    '• 

•  b  ;  '.»  .  c'est  apréa  l*«r. 
-iiij'                     •.  «tu'il  vient  corn  11. 

kO. 


GIR 


474 


GIR 


»  te  règne  dont  tout  se  réunit  pour  ga- 
»  ranlir  la  douceur  et  la  prospérité.  »  Le 
comte  Girardiu  fut  maintenu  dans  sa 
place  par  le  gouvernement  royal  et  nomnié 
chevalier  de  Saint-Louis  ;  cependant ,  au 
retour  de  Napoléon,  il  accepta  la  préfec- 
ture de  Seine-et-Oise  à  laquelle  l'empe- 
reur l'appela  dès  son  arrivée  à  Paris.  Dans 
le  même  temps  il  fut  nommé  membre  de 
la  chambre  des  représentans.  A  la  se- 
conde restauration  ,  le  roi  le  renvoya  à  la 
préfecture  de  la  Seine-Inférieure  ;  mais 
il  fut  bientôt  destitué  comme  auteur  d'un 
écrit  injurieux  à  la  famille  royale.  L'em- 
pereur de  Russie  lui  envoya  la  croix  de 
Sainl-Wladimir  en  récompense  des  soins 
[u'il  avait  prodigués  aux  troupes  russes  , 
pendant  leur  séjour  dans  le  département 
de  la  Seine-Inférieure.  En  181911  reprit  ses 
fonctions  administratives  dans  le  dépar- 
tement de  la  Côte-d'Or ,  et  fut  nommé  dé- 
puté par  le  département  de  la  Seine-Infé- 
rieure ;  il  se  plaça  au  côté  gauche  ,  et  son 
opposition  constante  aux  mesures  propo- 
sées par  le  gouvernement ,  le  lit  desti- 
tuer de  nouveau  par  une  ordonnance 
du  3  avril  1820.  Réélu  député  la  même 
année,  il  n'a  cessé  de  figurer  parmi  les 
membres  les  plus  actifs  de  l'opposition 
libérale.  La  mort  le  surprit  le  27  février 
•1827  ,  lorsque  tout  paraissait  disposé  pour 
lui  assurer  un  nouveau  triomphe  dans  les 
élections.  Ses  funérailles ,  comnie  celles 
de  Foy  et  de  Liancourt ,  attirèrent  une 
foule  immense.  On  a  publié  après  sa 
mort  :  Discours  ^  Journal  et  Souvenirs  de 
Stanislas  Girardin^  Paris,  1828,  3  vol. 
in-8°. 

GIIIARDON  (  François  ) ,  sculpteur  et 
architecte ,  né  à  Troyes  en  Champagne , 
l'an  1630,  de  Nicolas  Girardon ,  fondeur 
de  métaux  ,  eut  pour  maitre  Laurent  Ma- 
nière. Après  s'être  perfectionné  sous  Fran- 
çois Auguier ,  il  s'acquit  une  si  grande  ré- 
putation, que  Louis  XIV  l'envoya  à  Rome 
pour  étudier  les  chefs-d'œuvre  anciens  et 
modernes ,  avec  une  pension  de  mille 
écus.  De  retour  en  France  ,  il  orna  de  ses 
ouvrages  en  marbre  ou  en  bronze  les  mai- 
sons royales.  Après  lu  mort  de  Le  Brun  , 
Louis  XIV  lui  donna  la  charge  d'inspec- 
teur-général de  tous  les  morceaux  de  sculp- 
ture. Les  plus  célèbres  de  ses  ouvrages 
sont  :  1  le  superbe  mausolée  du  cardinal 
de  Richelieu  dansl'églisc  de  la  Sorbonne  ; 
I  la  statue  équestre  de  Louis  XIV ,  où  le 
héros  et  le  cheval  sont  d'un  seul  jet  : 
c'est  son  chef-d'œuvre  ;  |  dans  les  jardins 
de   Ycisuillcs,  \ Enlèvement  de  Proser- 


pine  par  Pluton  ^  et  les  groupes  qui  em- 
bellissent les  bosquets  des  Bains  d'Apol- 
lon ,  etc  II  mourut  à  Paris  en  1713 ,  à  85 
ans.  Il  avait  été  reçu  de  l'académie  de 
peinture  en  lGo7,  professeur  eu  1659, 
recteur  en  1674 ,  et  chancelier  en  1695. 
Catherine  du  Chemin  ,  son  épouse  ,  se  lit 
un  nom  par  son  talent  de  peindre  les 
fleurs.  F^oyez  CHEMIN  (Catueriive  du). 

GIR/VUD  (  Sylvestre  ) ,  Giraldus .  né 
à  Mainapir,  dans  le  comté  de  Pembrock, 
se  distingua  parmi  les  savans  de  son 
temps.  Après  avoir  professé  dans  l'uni- 
versité de  Paris  et  à  Oxford ,  il  devint  ar- 
chidiacre et  chanoine  de  Saint-David.  Il 
s'occupa  beaucoup  des  affaires  d'Angle- 
terre ;  mais  il  se  fit  tant  d'ennemis  par  sa 
rigidité ,  que  son  élection  à  l'évêché  de 
Saint-David  ne  fut  pas  confirmée  par  le 
pape,  dont  cependant  il  avait  toujours 
pris  les  intérêts.  Il  mourut  vers  1200,  âgé 
de  75  ans.  On  trouve  de  lui  plusieurs  ou- 
vrages dans  VAnglia  sacra  de  Warlon  , 
et  dans  VJnglica  de  Cambden.  Sa  Des- 
cription du  Pays  de  Galles  (  Canibria  ) 
a  été  imprimée  séparément  à  Londres, 
1585,  in-8*'. 

*  OIRAUD  (  Jean-Baptiste  ) ,  prêtre 
de  l'Oratoire,  né  à  Troyes  en  1701,  pro- 
fessa les  humanités,  la  rhétorique  et  la 
philosophie  dans  diverses  maisons  de  son 
ordre,  cultiva  la  poésie  latine,  et  tradui- 
sit dans  la  langue  de  Phèdre  les  fables  de 
La  Fontaine  ^  Rouen ,  1765  ,  in-12  ,  nou- 
velle édition,  1773,  2  vol.  in-8'',  avec  le 
français  en  regard ,  ou  2  vol.  in-12 ,  sans 
le  français.  Cette  traduction  est  estimée. 
Son  éloge  a  été  prononcé  en  1777  *  l'aca- 
démie de  Rouen  par  Haillet  de  Couronne, 
secrétaire  perpétuel. 

*G1RAUD  (  Pierre- François-Félix- 
JosEPii  ) ,  littérateur  ,  né  le  20  septembre 
1764  à  Bacqueville  (  Seine -Inférieure  ) , 
mort  à  Paris  le  26  février  1821 ,  fut  em- 
ployé dès  sa  jeunesse  dans  l'instruction 
publique,  puis  devint  chef  du  bureau 
des  journaux  à  la  préfecture  de  police. 
Giraud  a  contribué  à  la  rédaction  de  di- 
verses feuilles  périodiques.  On  a  de  lui  un 
assez  grand  nombre  d'ouvrages  dont  on 
peut  voir  la  liste  dans  V Annuaire  nécro^ 
logique  de  Mahul ,  2' année ,  page  1978. 
Nous  citerons  les  suivans  :  |  Mémoire 
sur  la  colonie  de  la  Guyane  française^ 
1804  ,  in-8'*  ;  |  Jristippe  ,  opéra ,  joué 
avec  succès  sur  le  théâtre  de  l'acadé- 
mie royale  de  musique  ;  ]  Campagne  de 
Paris  en  1814,  avec  cartes,  in-4'',  (sept 
édilioas);  \  Prcci:  des  jour)iécs  de^   15, 


GIR 


47S 


GIR 


46,  17  et  18  juin  1815,  ou  Fin  tlv  la  vie 
politique  de  yapoléon  Hona parte  ,  Paris, 
1815,  in-S**;  |  Hcautés  de  l'histoire  d  I- 
talie .  ou  Jbrcgé  des  annales  italiennes , 
avec  le  tableau  des  mœurs  .  des  scien- 
ces >  etc..  depuis  l'invasion  des  barbares 
jusqu'à  nos  jours.  1816,  2  vol.  in-12. 
Celle  compilation,  rédigée  avec  soin, 
peut  être  placée  plinni  les  bons  livres  élé- 
mentaires. I  Beautés  de  l'histoire  germa- 
nique.  in-12;  |  Beautés  de  l'histoire  de 
l'Inde  .  avec  un  Précis  historique  de  la 
vie  d'Hydcr-Jli-Khan  .  etc. ,  1821 ,  2  vol. 
in-12;  |  Précis  historique  de  tous  les  évé- 
nemens  qui  se  sont  succédé  depuis  la 
convocation  des  notables  jusqu'au  réta- 
blissement de  Louis  Xf  III  sur  le  trône  . 
<822 ,  in-12  ;  |  Traité  des  vers  à  soie .  in-12. 
II  a  travaillé  aux  Tables  du  Moniteur .  7 
vol.  in-4°,  et  à  la  Biographie  universelle. 

•GIR.VIDE  VIT  (PuRBE},  de  Montpellier, 
négociant  à  Marseille,  est  auteur  des  ou- 
vrages suivans  :  1  La  banque  rendue  facile 
aux  principales  nations  de  l'Europe.  1756, 
iii-4**,très  souvent  réimprimée.  La  der- 
nière édition  ,  dégagée  de  plusieurs  for- 
mules ,  que  le  temps  a  mises  hors  d'u- 
sage ,  a  été  considérablement  augmentée 
et  imprimée  à  Lyon  en  1749 ,  iii-4".  |  Le 
flambeau  des  comptoirs,  contenant  toutes 
les  écritures  et  les  opérations  du  com- 
merce.  Marseille,  176i  et  1797,  in-i°; 
I  L'art  de  tenir  les  livres  en  partie  dou- 
ble .  in-i°. 

GIRAIÎDEAU  (  BuxAVEXTURE  ),  jé- 
suite, né  à  Saint-Vincent  sur  Jard  en 
Poitou,  mourut  en  1774,  âgé  de  77  ans, 
après  avoir  donné  :  |  une  Méthode  pour 
apprendre  la  langue  grecque  .  1751  et 
suivantes,  y  parties  in-12;  \  Praxis  lin- 
guœ  sacras.  1757,  in-4''  ;  ouvrage  très  es- 
timé ,  quoiqu'il  y  ait  quelques  vues  hy- 
pothétiques, n  prétend ,  comme  Masclef 
(  voyez  ce  mot  ) ,  lire  l'hébreu  sans  les 
points  massorétiques  ;  mais  avec  cette 
différence ,  que  partout  où  il  manque  une 
▼oyelle ,  il  y  place  la  lettre  O,  au  lieu  que 
Masclef  y  met  la  première  voyelle  qui  se 
trouve  dans  le  nom  de  la  consonne  qui 
précède  :  système  qui  d'abord  parait  ar- 
bitraire,  mais  que  l'auteur  semble  avoir 
puisé  dans  la  lecture  cl  l'étude  des  an- 
ciennes versions.  Il  y  a  cependant  des  cas 
où  il  en  parait  résulter  des  sens  incom- 
modes et  difficiles.  |  Les  Paraboles  du 
Père  Bonaventure .  petit  in-12  ,  rempli  de 
moralités  bien  déduites,  ingénieusement 
et  sagement  adaptées  à  l'éducation  dn  la 
jeunesse;  |  V Evangile  médité^  ouvrage 


digne  de  son  titre ,  dont  un  a  fait  plusicurl 
éditions  in-12  et  en  8  vol.  par  les  soin* 
de  M.  Du<iuesne  ,  vicairc-genéral  de  Soi»- 
sons,  à  qui  le  manuscrit  avait  élé  confié 
par  feu  M.  de  Beaumont ,  urrhevéque  do 
Paris.  Il  y  a  des  passages  plein»  d  éU>- 
quence  et  de  feu.  Le  style  en  est  pur, 
coulant,  naturel;  la  manière  grande  et 
noble  ;  les  idées  vastes ,  les  réflexions  pro- 
fondes. C'est  la  philosophie  de  l'Kvangile. 
Le  vrai  chrétien ,  et  surtout  le  chrétien 
instruit,  y  trouve  de  quoi  nourrir  substan- 
tiellement sa  pensée  et  son  cœur.  «  Tout  y 
>  est  digne  du  Fils  de  Dieu,  dit  un  prolestant 
»  (M.  Nallat ,  recteur  de  l'église  de  Saint- 
»  Pierre  en  l'île  de  Guernesey  ),  toul  y  ré- 
»  pond  à  la  sublimité  de  sa  doctrine  et  a 
»  l'excellence  de  ses  saints  préceptes.  Les 
p  réflexions  touchent  et  persuadent,  tant 
■  par  leur  solidité,  leur  beauté,  que  par 
»  la  manière  de  les  exposer,  qui  est  digne 
«d'elles.  Tout  y  est  mélhjHlique,  lié, 
»  simple,  instructif ,  et  surtout  onctueux.* 
(  Lettre  de  M.  Nallat  à  l'abbé  Duquesne, 
en  date  du  14  avril  1777.  ) 

*  GIRAULT  (  Clalde-Xavier  ),  anti- 
quaire, né  à  Auxonnc  le  13  avril  1764,  était 
ûls  d'un  médecin  ,  qui  a  laissé  quelques 
ouvrages  estimés  sur  son  art ,  et  notam- 
ment des  Observations  sur  les  fièvres  in- 
termittentes .  et  sur  les  maladies  qui  ré- 
gnaicnt  dans  l'hôpital  civil  qu'il  dirigeait. 
Le  jeune  Giraull  se  voua  à  la  magistra- 
ture, et  fut  reçu  avocat  au  parlement  de 
Dijon  en  1783.  Il  fut  pourvu  quelques  an- 
nées après  d'un  office  de  conseiller  au- 
diteur à  la  chambre  des  comptes  de 
Bourgogne  et  de  Bresse,  et  employa  les 
loisirs  que  lui  laissait  sa  place ,  à  des  re- 
cherches sur  les  antiquités  de  sa  province. 
Ses  travaux  ne  demeurèrent  pas  sans  ré- 
compense ;  les  académies  de  Dijon  et  de 
Besançon  l'admirent  dans  leur  sein.  Re- 
lire à  Auxonne  pendant  nos  troubles  po-' 
litiques,  il  resta  sans  emploi  jusqu'en 
1801 ,  époque  à  laquelle  il  fut  nommé 
maire  de  cette  ville.  Après  en  avoir  exercé 
le!>  fonctions  pendant  quatre  ans,  Girault 
devint  conservateur  du  la  bibliollièque 
publique  qu'il  venait  de  fonder.  V.n  1807, 
il  revint  à  Dijon,  fut  avi>cat  consultant  jus- 
qu'en 1821 ,  et  obtint  la  place  de  juge  de 
I>aix  dans  cette  ville,  où  il  est  mort  le  S 
novembre  1823.  M.  C.  N.  Amanlon  a  donné 
dans  les  n°*  89-93  du  Journal  de  ta  Côt*- 
dur,  1823,  une  notice  intéressante  et 
complète  sur  la  Tie  «t  le*  écrits  de  Claude- 
Xa^icr  Girault,  avec  la  li^tc  de  63  ou- 
vragc^i  de  cet    auteur,  qu'il    divise  cd 


GIR 


476 


GIU 


trois  séries  ,  temps  anciens ,  moyen  âge  , 
et  temps  modernes  :  cette  notice  a  été 
réimprimée  à  part  en  1823 ,  in-8°.  Nous  ci- 
terons :  1  Notice  historique  sur  les  aïeux  de 
Tacqiies-Bénigne-Bossuet ^  Dijon,  1808, 
in-8''  ;  [  Dissertation  historique  et  critique 
sur  le  lieu  où  la  croix  77iiraculeuse  apparut 
à  Constantin  et  à  son  armée  ,1810,  in-8°  ; 
\  Essais  historiques  et  topographique  s  sur 
Dijon^  Dijon,  1814 ,  in-12  ;  1  Détails  histo- 
riques et  statistiques  sur  le  département 
de  la  Côte-d'Or.  etc.,  Dijon ,  1818 ,  in-12  ; 
I  Détails  historiques  sur  les  ancêtres  ^  le 
lieu  de  naissance  ^  les  possessions  et  les 
descendans  de  m.adame  de  Sévigné  ^ 
Paris ,  1814 ,  in-8°  ;  2*=  édition ,  1819  ,  in-12  ; 
I  Notice  des  objets  d'antiquités  décou- 
verts dans  le  département  de  la  Côte- 
d'Or,  1821,  in-8°  ;  |  Particularités  inédites 
ou  peu  connues  sur  la  Monnaie^  Crébillon 
et  Piron  ^  1822 ,  in-8°;  |  Combat  de  Fon- 
taine-Française ,  soutenu  par  Henri  IV 
en  personne  ,  et  qui  mit  fin  aux  t?'oubles 
de  la  ligue,  Dijon ,  1822 ,  in-8°  ;  |  Archéo- 
logie de  la  Côte-d'Or,  Dijon,  1823 ,  in-8°; 
I  Lettres  inédites  de  Buffon,  J.-J,  Rous- 
seauj  Voltaire,  Piron ,  De  Lalande  ,  Lar- 
cher,  et  autres  personnages  célèbres,  etc., 
avec  notes  et  fac-similé  de  leurs  écritures, 
Dijon,  in-8°;  |  Annuaires  historiques  et 
statistiques  de  la  Côte  -  d'Or ,  années 
1820  à  1824,  Dijon,  5  vol.  in-12  ,  etc.  Les 
ouvrages  de  Girault  se  retrouvent  en 
partie  dans  le  Magasin  encyclopédique , 
dans  l'Annuaire,  le  Journal  de  la  Côte- 
d'Or,  et  dans  les  Mémoi?'es  de  diverses 
sociétés  savantes  dont  il  était  membre. 

'  GIRAULT-DUVIVIER  (C.-P.), 
grammairien  et  lexicographe  distingué. 
Cl  composé  la  Grammaire  des  Grammai- 
res ,  2  vol.  in-8°,  qui  est  l'analyse  raison- 
née  des  meilleurs  ouvrages  sur  la  langue 
française  :  ce  livre  a  été  approuvé  par 
l'institut  qui  en  a  ordonné  la  distribution  à 
chacun  de  ses  membres.  Le  conseil  de 
l'université  l'a  également  approuvé  ,  et 
plusieurs  éditions  successivement  épuisées 
prouvent  qpie  le  public  avait  ratifié  ces 
jugemens.  La  première  édition  a  paru  en 
1811  et  la  6"  a  été  publiée  en  1827.  Girault- 
Duvivier  a  donné  dans  le  mois  de  mai 
181S  ,  un  Traité  des  participes,  destiné  à 
servir  de  complément  à  sa  grammaire , 
k""  édition ,  1817 ,  in-8°.  Il  est  mort  dans 
le  mois  de  mai  1832. 

*  GIROD  (Piekre-Fuançois-Xavier), 
médecin  ,  né  en  1733  à  Migaovillard,  près 
de  Salins,  s'est  rendu  recommandable  par 
son  atk  pour  la  propagation  de  l'inocula- 


tion en  Franche-Comté.  Il  fut  nonnné 
en  1763  médecin  en  chef  des  épidémies 
de  cette  province ,  et  mourut  en  1783. 
victime  de  son  dévouement  pendant  la 
maladie  meurtrière  qui  s'était  déclarée 
cette  année  à  Chatenoy.  Il  était  membre 
de  la  société  royale  de  médecine.  On 
trouve  dans  les  Recueil^  de  cette  académie 
plusieurs  mémoires  de  Girod  sur  la  nature 
et  le  traitement  des  maladies  épidémiques. 
Vicq-d'Azir  a  écrit  son  éloge  qui  se  trouve 
aussi  dans  ces  recueils. 

*  GIROD  (Joseph),  chanoine  de  Saint- 
Claude  (Jura),  mort  dans  cette  ville  à 
l'âge  de  65  ans  ,  le  23  janvier  1853  ,  était 
vicaire  à  Gex,  lorsque  le  refus  qu'il  fit  du 
serment  imposé  au  clergé  en  1791 ,  l'obli- 
gea de  quitter  la  France.  Nommé  après  le 
concordat  de  1801 ,  directeur  du  collège 
de  Saint-Claude  ,  il  professa  ensuite  les 
belles-lettres  dans  une  maison  d'éducation 
de  Grenoble  ,  où  plus  tard  il  dirigea  lui- 
même  une  institution  du  même  genre. 
L'abbé  Girod  fut  nommé  le  4  janvier  1811 
principal  du  collège  de  Saint-Etienne,  et 
c'est  à  celte  époque  qu'il  publia  un  Ma- 
nuel des  humanistes  ou  Principes  de  l'é- 
légance latine.  Il  vint  plus  tard  à  Paris  , 
où  il  devint  vicaire  de  Notre-Dame  ;  il 
convertit  et  baptisa  plusieurs  juifs  et  pro- 
nonça, en  1826,  à  Orléans  ,  l'éloge  annuel 
de  Jeanne  d'Arc.  Girod  avait  été  fait  en 
1824  chanoine  honoraire  d'Avignon,  puis 
en  1826,  par  Charles  X,  chanoine  de  Sainl- 
Claude,  par  droit  de  joyeux  avènement , 
et  il  passa  ses  derniers  jours  dans  celle 
ville,  à  l'hôpital  de  laquelle  il  a  laissé  par 
son  testament  près  de  la  moitié  de  sa  for- 
tune. 

*  GIRODET-TRIOSON  (  Af«:vE-Louis  ) , 
un  des  plus  grands  peintres  de  l'écoie 
moderne  ,  et  élève  de  David  qui  l'appelait 
son  plus  bel  ouvrage  ,  naquit  à  Montargis 
en  1767.  Il  perdit  de  bonne  heure  son 
père  qui  était  directeur  des  domaines  du 
duc  d'Orléans  ,  et  fut  confié  aux  soins  de 
M.  Trioson  qui,  venant  de  perdre  un  fils 
unique,  plaça  sur  lui  toutes  ses  affections  ; 
Girodet  par  reconnaissance  ajouta  à  son 
nom  celui  de  son  bienfaiteur.  A  13  ans  il 
fît  le  portrait  de  son  père  ;  cependant  il  eut 
à  combattre  les  intentions  de  ses  parens 
qui  le  destinaient  à  la  carriè/-e  militaire  ; 
mais  enfin  son  penchant  l'emporta ,  et  il 
obtint  la  permission  d'entrer  dans  l'école 
de  David.  Girodet  obtint  à  22  ans  le  grand 
prix,  et  se  rendit  à  Rome  comme  pension- 
naire. Les  événemens  qui  avaient  boule- 
versé la  France,  et  qui  commençaient  à  agi 


GIR  hl 

1er  le  roslo  de  l'Europe,  l'oMij;»  ronl  liii'n- 
tot  de  quitter  Rome  ;  il  voulut  repondant 
visiter  Noples  et  Gènes,  ei  tontlm  malade 
daiis  celle  dernière  ville,  où  Gros,  son  an- 
cien camarade,  alors  officier  d'élat-mojor, 
cl  depuis  son  émule  cl  son  dinne  pa- 
négyriste, lui  prodiijuu  les  soins  les  plus 
iMupressés.  De  retour  en  France  il  resta 
plusieurs  années  sansoffriraux  rcgardsdu 
public  d'autres  ouvrages  que  des  portraits, 
dans  lesquels  il  montrait  toute  la  puis- 
sance de  son  talent  ;  mais  il  travaillait  en 
silence  ,  et  c'est  de  cette  époque  que  date 
une  partie  de  ses  admirables  composi- 
tions. Il  ne  commença  à  se  faire  bien 
connaître  qu'en  1799,  par  un  tableau  sati- 
rique représentant  une  actrice ,  Made- 
moiselle Lange,  qui  lui  avait  demandé  son 
portrait,  et  qui  avait  ensuite  refusé  de  le 
recevoir  sous  prétexte  qu'il  n'était  pas 
ressemblant.  Le  peintre  ,  par  vengeance, 
la  peignit  en  Danac  ;  mais  au  lieu  dune 
pluie  d'or,  il  figura  une  pluie  de  pièces  de 
cinq  francs  et  de  monnaie  de  cuivre;  cet 
ouvrage  ne  fut  exposé  que  24  heures , 
mais  c'était  plus  qu'il  n'en  fallait  pour 
faire  beaucoup  de  bruit.  Girodet  donna 
ensuite  plusieurs  tableaux  qui  augmen- 
tèrent sa  réputation.  Louis  XVIII  le  nom- 
ma membre  du  conseil  d'artistes  et  d'a- 
mateurs ,  qu'il  établit  près  du  ministère 
de  sa  maison  ,  et  le  créa  chevalier  de  St- 
Michel  au  mois  de  janvier  1817.  Comme 
membre  de  l'institut  ,  le  3  mai  suivant , 
cpo«(ue  de  l'aniversaire  de  l'entrée  du 
roi  dans  Paris,  Girodet  lut  dans  la  séance 
solennelle  qui  eut  lieu  un  Discours  sur 
l'originalité  des  arts  du  dessin  ;  cet  écrit 
n'est  pas  le  seul  qui  soit  sorti  de  sa  plume. 
Il  avait  composé  un  Poème  sur  les  délices 
de  la  ]>einture  .  une  Traduction  d  Ana- 
créon.  et  d'autres  ouvrages  qui  sont  res- 
lés  inédits.  Ses  tableaux  ,  qui  ne  sont  pas 
aussi  nombreux  que  ceux  de  plusieurs 
autres  peintres ,  sont  presque  tous  des 
chefs-d'œuvre.  Celui  du  Sommeil  d'En- 
dymion,  le  premier  qu'il  lit  à  Rome,  elle 
tableau  d' Hippocratc  refusant  les  pré  sens 
SArtaxerxès  qu'il  donna  ensuite,  et  qui 
lui  fut  dicté  par  la  reconnaissance,  le  pla- 
cèrent au  rang  des  premiers  peintres. 
Il  créa  le  Déluge,  et  ses  rivaux  éton- 
nés furent  contraints  de  reconnaître  dans 
cette  admirable  composition  le  chef- 
d'œuvre  d«^  l'école  franraise.  En  cette 
occasion  il  eut  la  gloire  de  vaincre  son 
maître  ;  lorsqti'il  fut  question  des  prix  dé- 
ceni:aux  ,  \e  Déluge  l'emporta  sur  les  5a- 
biiics.  Voici  le  rapport  qu'eu  Ut  le  jury. 


7  Gin 

«  <>c(li"  striit;  si  touchante  et  si  UrrmK-, 
»  en  offrant  à  nos  regards  ce  que  la  crainte 
*  cl  le  danger  extrême  ont  do  plus  ef- 
»  frayant,  ne  présente  quo  des  mouvemcn» 
B  nobles  ,  et  ce  que  la  oelle  nature  nue 
»  offre  de  plus  pur.  La  réunion  dts  diffr- 
0  rens  âges  et  des  sexes  différons  ajouta 

>  encore  à  la  beauté  du  tableau,  par  d'heu- 
»  reuscs  oppositions  rendues  avec  autant 
»  de  grâce  que  de  force  ,  et  qui  décèlent 
»  dans  l'art isle  une  connaissance  appro- 
»  fondie  de  la  nature  et  de  ce  qui  consti- 
»  tue  le  beau.  Le  pinceau  do  M.  Girodet, 

>  toujours  précieux ,  est  dans  ce  tableau 
»  aussi  vigoureux  que  brillant  ;  la  cou- 
»  leur  et  l'effet  y  sont  également  portés  à 
»  un  très  haut  degré.  Enfin  on  peut  regar- 
»  der  cet  ouvrage  comme  un  des  plus 
»  beaux  de  notre  école .  sous  les  rapports 
»  de  l'expression,  de  la  science  du  dessin, 
»  et  sous  celui  de  l'exécution.  »  Girodet 
qui  dans  ce  tableau  avait  montré  toift  ce 
que  son  pinceau  avait  d'énergique ,  voulut 
dans  Alala  faire  voir  tout  ce  qu'il  avait 
de  pur  et  de  touchant,  et  dans  une  seule 
et  même  composition  il  sut  rendre  avec 
une  égale  vérité  la  piété  angélique  d'une 
jeune  vierge ,  la  sombre  douceur  d'un 
sauvage  et  la  résignât  ion  sublime  du  prêtre 
chrétien.  Son  tableau  ù'Ossian  n'eut  pas 
autant  de  succès  que  les  précédons  ;  il  s'é- 
tait peut-être  trop  abandonné  à  toute  la 
verve  de  son  génie  et  à  la  fougue  de  son 
imagination-,  on  trouva  la  composition 
trop  compliquée  ;  mais  jamais  peut-être  ce 
peintre  n'étala  avec  plus  de  luxe  la  vigueur 
et  la  richesse  de  son  pinceau  ;  on  ne  peut 
s'empêcher  d'y  admirer  le  contraste  dans 
les  physionomies,  l'audace  dans  les  expres- 
sions ,  la  variété  dans  les  caractères  et  la 
fierté  du  dessin.  Ossicui  avec  son  nom- 
breux cortège  parait  transporté  tout  vi- 
vant sur  la  toile.  On  pourrait  citer  encore 
la  Ré\foUe  du  Caire .  tableau  que  Bona- 
parte lui  commanda  et  qui  fut  exécuté 
avec  une  chaleur,  tme  verve  et  un  élan 
inexprimable,  et  où  l'on  trouve  à  travers 
quelques  défauts  des  beautés  du  premier 
ordre.  Galathée  qui  est  le  dernier  effort 
de  son  génie,  mérite  encore  d'être  placée 
parmi  ses  chefs-d'œuvre  ,  quoiqu'elle  ait 
essuyé  quelques  critiques.  Cette  produc- 
tion se  fait  particulièrement  remarquer 
par  la  pureté  des  contours  et  la  perfec- 
tion du  dessin.  Girodet  réus»iMait  «omI 
très  bien  dans  le  portrait.  Il  a  emécolé  et 
envoyé  au  salon,  les  portraits  en  pied  dM 
vendéens  Cathclineau  et  BoddHuap  .  OÙ 
l'on  rccotmai»  les  traces  de  loo  (eoie. 


GÏR  hl 

rpioique  sa  main  fût  déjà  affaiblie  par  la 
maladie  qui  le  traînait  au  tombeau;  on  cite 
encore  celui  d'un  noir,  député  à  la  Conven- 
tion. Plusieurs  de  ses  tableaux  ont  été  gra- 
vés. Girodetest  mort  au  bout  de  quelques 
jours  de  maladie  le  9  décembre  1824,  après 
avoir  reçu  les  sacremens  de  l'Eglise.  Le 
roi,  juste  appréciateur  du  talent ,  a  voulu 
que  les  insignes  d'officier  de  la  légion- 
d'honneur  qu'il  lui  destinait,  fussent  dépo- 
sés sur  sa  tombe,  et  ce  fut  M.  de  Chateau- 
briand, qui  à  la  demande  du  président  de 
l'académie  des  beaux-arts,  les  attacha  sur 
son  cercueil.  La  vente  de  son  atelier  a 
attiré  un  grand  concours  d'amateurs  elles 
moindres  productions  échappées  à  son 
crayon  ou  à  son  pinceau  ont  été  vendues 
à  un  prix  très  élevé.  Plusieurs  écrits  en 
vers  et  en  prose  ont  été  publiés  sur  lui 
à  l'époque  de  sa  mort.  Nous  citerons  :  Sur 
Girodet^  par  madame  la  princesse  Con- 
stance de  Salm  ;  Notice  nécrologique  sur 
Girodet  par  M.  P.  A.  Coupin,  Paris,  1823, 
in-8°  ;  on  a  également  publié  :  Catalogue 
destahleauX:,  esquisse  s  ^dessins  et  croquis 
(le  M.  Girodet-Trioson  ^  rédigé  par  M. 
Pérignon  son  élève  ,  Paris ,  1823 ,  in-8°  ; 
les  Amours  des  dieux  ^  recueil  des  com- 
positions dessinées  par  Girodet ^  et  litho- 
graphiées  par  ses  élèves  avec  un  texte 
explicatif,  par  M.  P.  A.  Coupin  ,  Paris  , 
1823-1826,  h  livraisons  in-fol.  ;  Anacréon, 
recueil  de  compositions  dessinées  par  Gi- 
rodet et  gravées  par  M.  Châtillon  son 
élève ,  avec  la  traduction  en  prose  des 
odes  de  ce  poète,  faite  également  par  Gi- 
rodet. Paris ,  1823  et  1826  ,  in-4*' ,  19  liai- 
sons ;  V Enéide ,  suite  de  scènes  dessinées 
au  trait  par  Girodet,  et  lithographiées 
par  Âubry  le  Comte,  1823,  in-fol.  On  at- 
tribue à  Girodet  la  critique  des  critiques 
du  salon  de  1806,  Paris,  1806,  in-S".  On  a 
encore  de  ce  célèbre  peintre  :  OEuvres 
posthumes  poétiques  et  didactiques ,  sui- 
vies de  sa  correspondance;  précédées 
d'une  notice  historique  et  mises  en  ordre 
par  P.  A.  Coupin,  avec  gravures  et  litho- 
graphies d'après  les  dessins  originaux  de 
Girodet  et  un  portrait,  1828,  2  vol. 
grand  in-8'*. 

GIROX  (  don  Pierre  ) ,  duc  d'Ossonée, 
is3u  d'une  famille  illustre  d'Espagne ,  fut 
vice-roi  de  Sicile  et  de  Naples  ,  et  prit, 
dit- on,  part  à  la  conjuration  contre  Venise 
(  voyez  CUEVA  ).  Les  Napolitains  ayant 
porté  des  plaintes  contre  lui ,  le  duc  leur 
répondit  avec  la  fierté  d'un  homme  qui 
n'aurait  rien  eu  à  se  reprocher;  et  ses  ré- 
ponses servirent  presque  à  le  justifier  : 


8  GIÏl 

cependant,  après  avoir  été  enfermé  pen- 
dant trois  ans ,  il  mourut  dans  la  prison 
en  1624  ,  sans  qu'on  lui  eût  prononcé  sg 
sentence.  On  cite  de  lui  plusieurs  fades 
plaisanteries  ,  qu'on  trouve  dans  tous  les 
insipides  recueils  de  bons  mois.  Grégorio 
Léti  a  écrit  sa  T^ic  et  l'a  brodée  à  sa  façon. 

GIRO\  GiVRCIAS  DE  LOAYSA ,  ar- 
chevêque de  Tolède  ,  né  à  Talavera  en 
Espagne  en  1342  ,  fut  appelé  à  la  cour  do 
Philippe  II,  qui  le  fit  son  aumônier,  lui 
confia  l'éducation  de  l'infant  d'Espagne , 
son  fils,  et  le  plaça  ensuite  sur  le  siège  de 
Tolède.  Il  ne  l'occupa  pas  long-temps,  car 
il  mourut  cinq  ou  six  mois  après,  en  1399. 
On  dit  que  le  chagrin  qu'il  conçut  du  peu 
de  considération  que  lui  témoignait  le  roi 
Philippe  III ,  successeur  de  Philippe  II, 
hâta  sa  mort;  mais  cette  faiblesse  n'est 
pas  à  présumer  dans  un  homme  dont  le 
caractère  montrait  delà  fermeté  ,  et  n'a- 
vait jamais  paru  asservi  à  l'ambition.  Ce 
savant  prélat  avait  publié  en  1394,  in-fol., 
une  nouvelle  Collection  des  conciles  d'Es- 
pagne ,  avec  des  notes  et  des  corrections. 
C'était  la  meilleure  qu'on  eût  avant  celle 
du  cardinal  d'Aguirre. 

GIROUST  (  Jacques  ) ,  jésuite,  né  à 
Beaufort  en  Anjou  en  1624,  mort  à  Paris 
en  1689,  à  63  ans ,  remplit  avec  beaucoup 
de  distinction  les  chaires  de  la  province 
et  de  la  capitale.  Sa  manière  de  prêcher 
était  comme  son  âme,  simple  et  sans  fard; 
mais  dans  cette  simplicité  il  était  ordi- 
nairement si  plein  d'onction ,  qu'en  éclai- 
rant les  esprits ,  il  gagnait  presque  tou- 
jours les  cœurs.  Le  Père  Bretonneau ,  sou 
confrère,  publia  ses  Sermons,  d'abord  en 
3  vol.  Paris  ,  1700;  il  y  joignit  en  1704, 
2  vol.  des  Sermons  de  lavent.  On  y  trouve 
une  éloquence  naturelle  et  forte;  mais  il 
n'est  pas  difficile  de  s'apercevoir  que  lo 
Père  Giroust  s'attachait  plus  aux  choses 
qu'aux  paroles,  qu'il  négligeait  un  peu 
trop.  Peut-être  croyait-il  que  la  simpli- 
cité du  style  aidait  beaucoup  le  pathé- 
tique ,  donnait  à  l'éloquence  un  air  plus 
naturel  et  plus  touchant,  et  produisait 
l'onction.  Son  Avent  est  intitulé  le  Pé- 
cheur sans  excuse.  C'était  l'usage  des 
prédicateurs  de  ce  temps-là,  de  choisir  un 
dessein  général,  auquel  ils  rapportaient 
tous  les  discours  de  l'Avent.  On  a  sage- 
ment réformé  cette  coutume  bizarre,  qui 
entraînait  des  répétitions  fastidieuses  , 
mettait  des  entraves  au  génie,  et  fatiguait 
l'attention  des  auditeurs.  Le  PèreGirou-t 
prêchait  et  agissait ,  ses  mœurs  étaient 
di!T[ncs  de  ses  sermons. 


GIR  4 

•  GIIITA.WER  (  CuniSTopin;),  inédc- 
dn,  lié  à  SainlGall  le  7  dccuiiibrc  17G0, 
fut  reçu  docteur  û  l'université  de  Gol- 
tinuue  et  devint  const'illor  privé  du  duc 
de  Saxe  -Culiourg.  Il  lit  de  nombreux 
voyages  en  Ailciua(;ao ,  en  Suisse .  en 
France,  en  Angleterre,  et  mourut  le  17 
Diai  1800.  Il  a  laissé  plusieurs  traités  en 
allemand  sur*lu  médecine,  la  chimie  et  la 
]>olitique.  Les  principaux  sont  :  |  Traité 
sur  les  maladies  vénériennes  ,  Gotlingue, 
4788  et  179r>.  3  vol.  in-8".  Il  a  clé  traduit 
m  italien  en  4  vol.  in-8",  Venise,  1801. 
I  Traité  sur  les  maladies  et  l'éducation 
physique  des  enfans.  Gottinjue,  1794,  in- 
8**,  traduit  en  italien  et  augmenté  d'un 
article  sur  la  vaccine,  Gènes ,  1801,  2  vol. 
in-8"  ;  |  Exposition  détaillée,  littéraire 
et  critique,  du  système  de  meiUcine-pra- 
tique  de  Brotvn,  GoU'mQuc,  1797-98,  2  vol. 
in-S"  ;  I  Exposition  complète  et  raisonnée 
du  système  de  médecine  pratique  de  Dar- 
win, Gottingue  ,  1799,  2  vol.  in-8''  ;  j  Elé- 
mensde  chimie  antiphloyislique ,  Gbttin- 
gue ,  1792  et  1795,  in-S".  Il  y  proclama 
avec  une  sorte  d'enthousiasme  les  travaux 
immortels  des  chimistes  français  Lavoi- 
sier,  Guylon  ,  Berthollct  et  Fourcroy  ; 
mais  il  ne  put  s'empêcher  d'y  insérer 
quelques-unes  des  idées  bizarres  que  l'on 
trouve  dans  ses  autres  ouvrages  de  mé- 
decine :  I  Nouvelles  historiques,  et  consi- 
dérations politiques  sur  la  révolution  fran- 
çaise, Berlin,  1791-97, 13  vol.  in-8";  |  Ta- 
bleaux de  la  vie  domestiqua,  du  carac- 
tère et  du  gouvernement  de  Louis  XVI. 
1793,  in-8",  avec  le  portrait  du  roi  ;  |  une 
traduction  allemande  des  viémoires  du 
général  Dumouriez .  a,\ec  des  notes,  Got- 
îiingue,i|94,  2  vol.  in-8". 

Gm^(  Lotis  ) ,  parisien  né  en  1595, 
avocat  au  Parlement  et  au  conseil,  fut  l'un 
de»  premiers  membres  de  l'académie  fran- 
çaise. Il  se  lil  un  nom  dans  le  monde  par 
sa  probité  et  son  désintéressement,  et 
dans  la  république  des  lettres  par  ses  tni- 
ductions.  On  distingue  celle  de  |  V apolo- 
gétique de  Tertullien ,  effacée  par  celle  de 
l'abbé  Gourcy  en  1781  ;  |  de  V Histoire  sa- 
crée de  Sulpice-Sévère,  |  de  la  Cité  de 
Dieu  de  saint  Augustin  ;  |  des  Epitres  choi- 
sies de  ce  père  ;  |  des  Dialogues  de  l'ora- 
teur de  Cicéron,  in-4°.  Elles  eurent 
beaucoup  do  cours  de  son  temps;  mais 
elle»  sont  quelquefois  obscures  ,  souvent 
infidèles,  et  d'une  diction  trop  négligée. 
Ce  traducteur  mourut  à  Paris  en  16Ca  ,  a 
70  AOft. 

OIBY  (FaA.<ço»  ),  fils  du  précédent,  né 


70  GIS 

à  Pari»  en  1638  entra  dans  l'ordre  des  mi- 
nimes, et  en  devint  provincial.  Il  fut  éga- 
lement recuiiiinandahic  pur  sa  piélé  ,  son 
savoir  et  sa  iiMxleslie.  Il  avait  une  si  grande 
facilité  à  s'exprimer  sur  les  matières  do 
dévotion,  qu'il  écrivait  sans  préparation. 
Son  plus  grand  ouvrage  est  la  fie  des 
saints,  en  2  vol.  in-fol.  Elle  est  écrite  avec 
onction;  mais  elle  n'est  pas  eiiticreraeiit 
purgée  de  fables.  Il  est  à  croire  que  le« 
fies  des  5ai/UjiJraduites  de  l'anglais  par 
M.  Godescard ,  1763-1781 ,  et  dont  on  a 
donné  depuis  plusieurs  éditions  en  12  el 
en  14  vol.  in-S",  feront  oublier  l'ouvrage 
du  Père  Giry.  Ce  pieux  écrivain  mourut 
en  1691,  à  53  ans.  Le  Père  Raffron,  son 
confrère,  provincial  de  la  province  du 
France,  a  écrit  sa  vie  in-12,  1691. 

GISBEllT  (Blaise  ),  jésuite,  né  à  Ca- 
hors  en  1657,  prêcha  avec  beaucoup  de 
succès.  Il  passa  les  dernières  années  de 
sa  vie  dans  le  collège  de  Montpellier,  où 
il  mourut  le  28  février  1731.  On  a  de  lui  : 

I  l'yïrt  d'élever  un  prince ,  in-4°,  réim- 
primé en  1688,  en  2  vol.  in-12,  sous  le 
titre  de  VJrt  de  former  l'esprit  et  le  cœur 
d'un  prince  :U\re  rempli  de  lieux  com- 
muns, ainsi  que  le  suivant  :  |  La  philoso- 
phie du  prince .  Paris,  1689,  in-8''.  Mais 
l'ouvrage  qui  lui  a  fait  le  plus  d'lu)ancur 
est  son  Eloquence  chrétienne.  Lyon,  1714. 
in-4",  réimprimée  in-12  ,  à  Amsterdam, 
1728,  avec  les  remarques  de  Jacques  Len- 
fant.  Il  a  été  traduit  en  italien,  en  alle- 
mand, etc.  I  Histoire  critique  de  l'art  de 
prêcher  chez  les  Français  depuis  les 
premières  années  de  François  P^  jusqu'au 
règne  de  Louis  XIV ,  manuscrit.  — *  II  y 
a  eu  un  autre  jésuite  el  théologien  célèbre 
du  même  nom,  né  ù  Caliors  en  1639  el  pro- 
bablement de  la  inAino  famille,  mort  en 
1711,  à  Toulouse  ,  où  il  professait  la  théo- 
logie ,  auquel  on  doit  plusieurs  ouvrage» 
en  lalin;  un  Irailé  sur  la  Somme  de  saint 
Thomas,  Vidée  de  la  théologie  associée 
avec  l'histoire  ecclésiastique  ;  des  disser- 
tations thèologiques  ;  la  Science  de  la  re- 
ligion; \' Antiprobabilisme.  Dupin  looe 
beaucoup  ce  dernier  ouvrage. 

GISCVLV  (  Jeau  de  ),  ainsi  nommé, 
parce  qu'il  était  ori^jinalre  de  cette  vUl^ 
en  Palestine.  C'était  un  brigand,  qui 
exerça  les  plus  horribles  cruautés  pendant 
la  guerre  des  Juifs  contre  les  Romains. 
Après  la  prise  de  Giscala,  il  »e  jeta  dans 
Jérusalem ,  où  il  se  rendit  dief  de  parti. 

II  appela  les  Iduméen»  i  son  secourt 
contre  Ananus.  grand  sacrificateur.  c( 
contre  les  bon»  ciioycns,  qu'il  traita  avec 


GIU 


480 


GLA 


la  dernière  indignité.  Ses  plus  grands  di- 
vertissemens  étaient  de  piller,  voler  et 
massacrer.  Ce  scélérat  s'étant  joint  à  Si- 
mon, fils  de  Gioras,  qui  était  un  autre 
chef  de  parti,  ils  ne  discontinuèrent  pas 
leurs  brigandages  et  leurs  massacres  ,  que 
la  ville  ne  fût  entièrement  ruinée.  Ils  fi- 
rent périr  plus  de  monde  par  le  fer,  le  feu 
et  la  faim,  que  les  Romains  qui  les  assié- 
geaient, avec  toutes  leurs  machines  de 
guerre.  Mais  tous  ces  crimes  ne  restèrent 
pas  impunis.  Après  la  ruine  de  la  ville 
et  du  temple,  Jean  de  Giscala  se  cacha 
dans  des  égoûts,  où  il  fut  trouvé  au  bout 
de  quelques  Jours.  Tite  le  condamna  à 
mourir  dans  une  horrible  prison  :  peine 
trop  douce  pour  de  si  grands  crimes. 

GISCON,  fils  d'Himilcon,  capitaine 
des  Carthaginois,  après  avoir  fait  la  guerre 
avec  beaucoup  de  bonheur ,  fut  banni  de 
sa  patrie  par  une  cabale  ,  et  rappelé  en- 
suite. On  lui  permit  de  se  venger  de  ses 
ennemis  comme  il  le  voudrait.  Il  se  con- 
tenta de  les  faire  prosterner  par  terre  ,  et 
de  leur  presser  le  cou  sous  un  de  ses 
pieds;  vengeance  bien  légère  pour  un 
Carthaginois.  Peu  de  temps  après ,  l'an 
538  avant  J.-C,  il  fut  général  d'une  ar- 
mée pour  la  Sicile  ,  fit  la  guerre  aux  Co- 
rinthiens, et  conclut  une  paix  avanta- 
geuse. 

GISORS  (  le  comte  de  ).  Voyez  FOU- 
QUET  (  Charles-Louis- Auguste  ) ,  à  la 
fin  de  l'article. 

CIULIANO  DE  MAJANO,  sculpteur  et 
architecte  florentin,  né  en  1377,  eut  beau- 
coup de  réputation  en  son  temps,  surtout 
pour  l'architecture.  Le  roi  Alfonse  l'ayant 
apjjelé  à  Naples,  il  y  construisit  pour  lui 
le  magnifique  palais  de  Poggio  Reale^  et 
embellit  cette  ville  de  plusieurs  autres 
édifices  ;  il  fut  aussi  employé  à  Rome  par 
le  pape  Paul  II ,  et  mourut  à  Naples ,  âgé 
de  70  ans,  en  ihhT,  honoré  des  regrets  du 
roi  Alfonse ,  qui  lui  fit  faire  de  superbes 
obsèques. 

GIUNTIIVO.  T^oyez  JUNCTIN. 

*  GIUSTI,  peintre  italien,  né  à  Florence 
en  1624,  mort  en  1705,  excellait  à  peindre 
des  animaux  et  des  paysages. 

•GIUSTIIVIAXI  (  Augustin),  évêque 
de  Nebbio  en  Corse,  né  à  Gènes  en  1470, 
de  l'illustre  famille  de  ce  nom,  entra  dans 
l'ordre  des  dominicains  en  1488,  et  se 
livra  avec  ardeur  à  l'étude  des  langues 
orientales  dans  le  but  de  publier  les  livres 
sacrés  en  hébreu ,  en  chaldéen  ,  en  arabe, 
en  grec  et  en  latin.  Il  assista  au  5'  con- 
cile dcLatran,  puis, fut  appelé  en  France 


par  François  \",  qui  le  nomma  son  cha- 
pelain et  professeur  d'hébreu  à  Paris.  De 
retour  dans  sa  patrie  ,  Giustiniani  se  fixa 
dans  son  diocèse,  fit  plusieurs  fois  le 
voyage  de  Rome,  et  périt  en  1531,  dans 
une  traversée  de  Gènes  en  Corse.  On  a  de 
lui  :  I  Precalio  pietatis  plena  ad  Deum 
omnijjotentem  ^  composita  ex  diiobus  et 
septuaginta  nominibus  divinis^  hebraicis 
et  latinisa,  cum  interprète  comment.  Ve- 
nise ,  1513,  in-8°;  |  Liber  Job  nuperhe- 
braicœ  verttati  restitutus,  elc,  Paris,  1516 
ou  1520,  in-4°;  |  Psalterium  hebrœum, 
grœcum  ,  arabicum ,  chaldaicum .  cum, 
tribus  latinis  interpretationibus  etglossis, 
in-fol.  sans  date  (  Gènes,  1516  )  ;  c'est  le 
premier  ouvrage  de  ce  genre  qui  ait  été 
publié  en  Europe  ;  |  Philonis  Judœi  cen- 
tumet  diiœquœstiones^eic,  super  Gène- 
sim^  Paris ,  1520 ,  in-fol.  ;  |  Rabbi  Mose 
Egyptii  dux  seu  director  dubitantium^  etc. 
ib.  1520,  in-fol.;  |  Castigatissimi  annali 
con  la  loro  copiosa  tavola  délia...  repub' 
blica  di  Genova  de  fedeli  ed  approbatt 
scrittori^  Gènes,  1537,  in-fol. 

*GIUSTIMAî\I  (  Laurent),  littéra- 
teur et  diplomate  italien,  né  vers  l'an 
1760  dans  le  royaume  de  Naples,  fit  ses 
études  à  l'université  de  cette  ville,  et  y 
devint  plus  tard  conservateur  de  la  bi- 
bliothèque royale  et  censeur.  Il  venait 
d'être  nommé  professeur  de  diplomatie 
lorsqu'il  mourut  en  1825.  Ses  principaux 
ouvrages  sont  :  |  Dictionnaire  historique 
du  royaume  de  Naples^  11  vol.  in-8"; 
I  Mémoires  historiques  sur  les  juriscr/n- 
suites  du  royaume  de  Naples^  1787,  3  voL 
in-4°;  |  Essai  sur  la  topographie  de  Na- 
ples, 1793,  in-4°  ;  ]  Bibliothèque  historique 
et  topographique  du  royaume  d4l0iaples, 
1793,  in-4°  ;  |  Brève  contezza  délie  aca- 
démie del  regno  di  Napolie,  1801,  in-S"; 
I  Memorie  délia  real  bibliotheca  Borbo- 
nica,  1818,  in-S". 

GIVRI.  Votjez  MESMES  (  Je  an- An- 
toine de  ). 

GLABER  (  Raoul  ),  bénédictin  de 
Cluni,  florissait  sous  les  règnes  de  Robert 
et  de  Henri  I"^ ,  rois  de  France.  Il  aima 
et  cultiva  la  poésie.  Le  plus  considérable 
de  ses  ouvrages  est  une  Chronique  on  His- 
toire de  France,  qui  finit  à  l'an  1046, 
adressée  à  l'abbé  Odilon,  sans  ordre  et 
sans  suite,  pleine  de  fables  ;  mais  qui  est, 
malgré  ces  défauts ,  très  utile  pour  les 
premiers  temps  de  notre  monarchie.  On 
peut  consulter  surGlaberunil/^'moîr«forl 
curieux,  dont  M.  de  la  Curne  a  enrichi  le 
tom.  9>  des  mémoires  de  l'académie  des 


GLA 


481 


GLA 


bcllos-lcUrcs.  On  trouve  la  Chronique  do 
GUtber  dans  la  Collrclion  de  Pithou  ,  his- 
toria  Pmnconan  .VranciorK,  1546,  in-fol. 
et  dans  les  schptores  Francomm  coctta- 
noruni  de  Duchesnc  ,  tome  4.  Il  lit  aussi 
une  vie  de  Guillaume,  abl)c  de  Saint-Bc- 
nipne.  Paris.  1657,  in-i".  dans  l'histoire  de 
l'abbaye  de  Rcomé  par  le  Père  Rouvière. 
On  peut  consulter  la  fitf  de  Glaber  dans 
l'histoire  littéraire  de  France,  tome  7. 

GL  VBRIO.  royez  ACILIUS. 

GL/\L\  (  N.  de  SAINT  ),  né  à  Limoges 
vers  1620,  se  retira  en  Hollande,  pour  y 
professer  avec  plus  de  liberté  la  religion 
prétendue  réformée,  à  laquelle  cependant 
il  ne  tenait  qu'autant  qu'elle  était  opposée 
à  la  seule  relifîion  véritable.  Après  avoir 
servi  dans  les  armées  en  qualité  de  capi- 
taine de  la  république  ,  il  travailla  pen- 
dant quelque  temps  à  la  Gazette  de  Hol- 
là'ide.  La  lecture  des  livres  de  Spinosa 
changea  ce  protestant  en  athée.  Il  tra- 
duisit en  français  le  trop  fameux  Tracta- 
tus  theologico-poUticus.  Celte  traduction 
parut  d'abord  sous  ce  titre  :  La  Clef  du 
Sanctuaire.  L'ouvrage  ayant  fait  beau- 
coup de  bruit,  l'auteur,  pour  le  répandre 
encore  davantage,  le  lit  reparaître  avec 
le  titre  de  Traité  des  cérémonies  super- 
stitieuses des  Juifs  ;  et  enfin  il  l'intitula  : 
Réflexions  curieuses  d'un  esprit  désin- 
téressé sur  les  matières  les  plus  impor- 
tantes du  salut,  il  est  difficile  de  trouver 
celte  traduction  avec  ces  trois  titres  réu- 
riis.  Elle  fut  imprimée  à  Cologne,  en  1678, 
in-12.  C'est  un  recueil  d'extravagances  et 
d'impiétés,  où  Frérel  et  d'autres  sa  vans 
plus  modernes  ont  puisé  des  réflexions 
dont  ils  se  sont  fait  honneur,  comme  si 
elles  leiir  appartenaient  en  propre,  et  -ju'il 
y  eût  en  effet  de  quoi  s'en  glorifier. 

GLA.>DORP  (  Mathias  )  ,  de  Cologne, 
se  consacra  a  la  chirurgie  et  à  la  méde- 
cine dans  la  ville  de  Brème  .  dont  il  était 
originaire.  Il  y  mourut  en  1640,  méde- 
cin de  l'urchevêque,  et  physicien  de  lu  ré- 
publique. Ses  ouvrages  ont  été  publiés  à 
ondres  en  1729,  irï-4'' ,  sous  ce  titre: 
Clandorpi  opéra  omnia  .  nunc  simul  col- 
lecta et  plurimum  emendata.  Son  éloge 
est  à  la  tète  de  cet  utile  recueil.  Il  reafer- 
nie  plusieurs  traités  curieux  d'antiquités 
'    inaines. 

GLAWILL  (  Joseph  ) ,  né  à  Plimoulh 
cil  Angleterre,  en  1636.  membre  de  la 
société  royale ,  fut  chapelain  de  Charles 
II,  et  chanoine  de  Worccster.  Il  se  distin- 
gua par  une  mémoire  heureuse  et  un  es- 
prit pénétrant.  Il  mourut  en  16^,  laissant 
5. 


plusieurs  ouvr:i;;eH  en  anglais;  les  prifv 
cipaux  sont  :  |  De  la  vanité  de  dogmati- 
ser; livre  dans  lequel  il  prouve  l'inrrrtl- 
lude  de  nos  connaisssmces,  et  combien 
on  a  tort  de  se  passionner  pour  celles  qui 
ne  sont  que  d'invention  humaine.  |  Lus 
orientalis.  ou  Recherches  sur  l'opinion 
de  quelques  orientaux  ,  toucliant  la  pré- 
existence des  âmes  ;  |  Scepsis  scienti/ica. 
ou  l'Ignorance  avouée,  servant  de  che- 
min à  la  science;  |  des  Sermons;  \  un 
fessai  sur  l'art  de  prêcher;  |  l'hilosophia 
pia.  Londres,  1671,  in  8»;  |.le  Plus  ultra. 
ou  les  Progrès  des  sciences  depuis  Aris- 
lole;  I  divers  tfVnYi  contre  l'incrédulité, 
parmi  lesquels  il  faut  distinguer  une  bro- 
chure curieuse  et  rare,  intitulée  :  Eloge 
et  défense  de  la  raison  en  matière  dt 
religion.  L'auteur  attaque  dans  cet  ou- 
vrage le  scepticisme,  et  le  fanatisme  d« 
toutes  les  espèces. 
GLVUEVMJS.  royez  LORITI. 
GL.VSER  (  CHRiSTUPns  ),  apothicaire 
ordinaire  de  Louis  XIV  et  du  duc  d'Or- 
léans, est  connu  par  im  Traité  de  chimie. 
publié  pour  la  première  fois  à  Paris  ,  in- 
8",  1663,  et  traduit  en  anglais  et  en  alle- 
mand. Ce  livre  est  court,  mais  clair  et 
exact. 

GLASSIUS  (  Salomox  ),  théologien  lu* 
thérien ,  docteur  et  professeur  de  théolo- 
gie à  léna  ,  et  surintendant-général  des 
églises  et  des  écoles  de  Saxe-Gotha  .  s'ac- 
quit do  la  réputation .  et  mourut  à  Gotha 
en  1656,  à  63  ans.  On  a  de  lui  plusieurs 
ouvrages  en  latin;  le  principal  est  sa 
Philologie  5acrtf>  .  Leipsick ,  1705,  in-i". 
GLATIOW  (  Gabriel  de  ),  premier 
avocat-général  de  la  cour  des  monnaies  . 
el  membre  de  l'académie  de  Lyon,  naquit 
dans  cette  ville  en  16'J0,  et  y  mourut  en 
1755 ,  à  65  ans.  On  a  publié  en  1757  un 
Recueil  de  ses  O/Juvres .  in-l^  ,  qui  reiv 
ferme  ses  Iiarangues  au  palais,  et  ses  di>- 
cours  académiques. 

GL  \lIilKR  (  Jeax-Rodolpub  ).  ail» 
mand,  s'appliqua  à  la  chimie  dans  le  17* 
siècle,  et  se  fixa  à  Amsterdam,  après  avoir 
beaucoup  voyagé.  11  composa  différent 
traités,  dont  quelques-uns  ont  ete  tra- 
duits en  latin  et  en  français.  Toutes  si« 
œuvres  ont  élé  rassemblées  dans  un  vi>. 
lume  allemand ,  intitule  Glauberus  con- 
centratus.  Ce  livre  a  depuis  été  traduit 
en  anglais,  et  imprime  In-fol.  à  Ixmdres 
en  1689.  Il  esl  utile;  mais  il  le  serait  ila- 
vantage,  si  l'auteur  n'avait  pas  mêlé  ses 
ralsonncmcns  et  ses  vaines  spéculaliotu 
à  %€S  c&périences.  Oa  «  de  lui  en  latin, 
4i 


GLE  A82 

Furni  phïloso2)hici^  IGiiS,  2  vol.  in-8", 
Iraduit  en  français  en  2  vol.  in-8".  Glau- 
ber  avait  le  défaut  de  tous  les  charla- 
lans  ;  il  vantait  ses  secrets,  et  en  faisait 
un  vil  tralic. 

*  GLAUBER  (  Jeaiv,  dit  POLYDORE  ) , 
peintre  de  paysages,  né  à  Utrecht  en  164G, 
»l  mort  en  1726,  passa  pour  un  des  meil- 
leurs paysagistes  flamands.  On  voit  au 
Louvre  un  de  ses  paysa^es^  dont  les  figures 
sont  de  G.  Lairesse. 

TiLEDlTSCIÏ  (  Jean-Tiiéopuile),  cé- 
lèbre botaniste,  né  à  Leipsick  le  5  février 
ilik,  mortleooclob.  1786,  fonda  en  Prusse 
une  chaire  où  l'on  enseigne  la  science  fo- 
restière ,  dans  laquelle  il  était  très  versé. 
Il  a  laissé  un  grand  nombre  d'écrits  qui 
se  distinguent  par  une  grande  clarté  ;  mais 
sa  manière  d'envisager  et  de  traiter  les 
objets  sous  tous  les  points  de  vue,  rend 
quelquefois  ses  ouvrages  un  peu  diffus. 
Les  principaux  sont  :  |  Systema  planla- 
fu7n  à  staminum  situ,  secundum  classes , 
ordines  et  gênera  cum  charactcribus  es- 
Hentialibus ,  Berlin  ,  176/».,  in-8°.  Gleditsch, 
qui  a  suivi,  à  quelques  exceptions  près, 
le  système  de  Linnéc ,  a  divisé  tout  le 
règne  végétal  en  8  classes  :  les  4  premières 
comprennent  les  plantes  dont  les  parties 
Me  la  fructification  sont  visibles  à  l'œil  ; 
et  les  k  dernières,  celles  où  l'on  ne  peut 
les  distinguer  qu'à  l'aide  d'un  microscope. 

1  Dissertations physico-hotanico-économi- 
lyues.  Halle,  1765-67,  5  vol.  in-8°;  j  Intro- 
duction systématique  à  la  science  fores- 
tière moderne  ^  fondée  sur  les  princijies 
physiques  et  économiques  qui  lui  sont 
particuliers^  1774,  2  vol.  in-8"  ;  |  Histoire 
complète,  théorique  etpralique  des  plantes 
employées  dans  la  médecine  et  dans  les 
arts ,  d'après  des  priricipes  historiques 
et  philosojihiques,  1777 ,  ia-8°  ;  il  n'en  a 
paru  qu'vm  volume.  ]  Introduction  à  la 
science  des  remèdes  simples,  1778-1781, 

2  vol.  in-8°;  |  Dissertations  économiques 
et  botaniques  .  1789  ,  3  vol.  in-8°. 

GLEICIIEIV  (N....  ),  comte  allemand  , 
fut,  dit-on,  pris  dans  im  combat  contre 
les  Turcs  ,  et  mené  en  Turquie  ,  où  il 
souffrit  une  longue  et  dure  captivité.  On 
ajoute  qu'il  plut  tellement  à  la  fille  du 
sultan ,  qu'elle  promit  de  le  délivrer  et 
de  le  suivre,  pourvu  qu'il  l'épousât,  quoi- 
qu'elle sût  qu'il  était  déjà  marié;  qu'ils 
s'embarquèrent  en  secret,  et  qu'ils  arri- 
vèrent à  Venise ,  d'où  le  comte  alla  à 
Rome ,  et  obtint  du  pape  une  permission 
solennelle  de  l'épouser,  et  de  garder  en 
iu<Mne  temps  la  comtesse  Gleichcn,  sa  pre- 


GLE 

mière  épouse.  Mais  tout  ce  récit  n'esf 
qu'une  fable  débitée  par  Ilondorf,  auteur 
luthérien,  qui  ne  l'a  racontée  que  pour 
en  faire  un  pendant  au  double  mariage 
du  landgrave  de  Hessè.  Ajouter  qu'on  n'a 
dit  point  en  quel  temps  ce  seigneur  vi- 
vait ,  ni  quel  est  le  pape  qui  donna  cette 
dispense  ;  ni  quel  effet  le  scandale  de  ce 
double  j^ariage  produisit  parmi  les  fidè- 
les; ni  pourquoi  tant  de  gens,  de  princes 
surtout ,  que  parfois  une  telle  dispense 
accommoderait  très  bien,  ne  se  sont  ja- 
mais avisés  de  la  demander  ,  à  l'imilalion 
et  après  le  bon  succès  du  comte  de  Glei- 
chen  ;  ni  pourquoi  le  landgrave  de  Hesse 
lui-même ,  et  Luther  son  dispensateur , 
n'ont  pas  allégué  un  exemple  si  imposant, 
etc.  Le  fait  est ,  que  souvent  les  anciens 
chevaliers  et  seigneurs  sont  représentés 
sur  leurs  tombeaux  entre  deux  femmes, 
parce  qu'en  effet  ils  en  ont  eu  successive- 
ment deux  :  comme  on  le  voit  dans  le  ma- 
gnifique mausolée  du  comte  Pierre  de 
Manfcld  à  Luxembourg;  et  qu'il  n'en  a 
pas  fallu  davantage  pour  donner  lieu  à  la 
fable  du  double  mariage  du  comte  de  Glei- 
chen.  On  peut  consulter  sur  ce  sujet  : 
Disquisitio  historico-critica  in  comitem 
de  Gleichen,  cujus  monumentum.  est  in 
ecclesia  S.  Pétri,  Erfordiœ  ^  par  D.  Pla- 
cide Muth,  Erfurt,  1788,  in-12  ;  l'auteur 
démontre  que  l'histoire  du  prétendu  dou- 
ble mariage  est  une  pure  fable. 

•  GLEICHE\  (Frédéric -Guillaume 
de),  savant  naturaliste,  né  à  Bareuth  le 
14  janvier  1717,  mort  le  16  juin  1783,  aval» 
embrassé  d'abord  la  carrière  militaire  c» 
parvint  aux  grades  supérieurs.  Il  quitta 
le  service  en  1756 ,  et  fut  appelé  au  con- 
seil privé.  En  même  temps  il  s'adonna  à 
l'élude  des  sciences  naturelles  et  surtout 
à  la  botanique.  Gleichen  a  publié,  en  al- 
lemand :  I  Notices  de  ce  qu'il  y  a  déplus 
nouveau  dans  le  règne  végétale  Nurem- 
berg, 1762  ,  2  parties ,  petit  in-folio,  avec 
gravures.  Cet  ouvrage  a  paru  aussi  sous 
le  titre  de  Nouvelle  du  règne  végétale 
1764  et  1790  ,  petit  in-folio  ,  et  a  été  tra- 
duit en  français  avec  le  titre  de  Décour 
vertes  les  plus  nouvelles  dans  le  règne 
végétal,  1770,  5  part,  in-fol.;  j  Histoire  de 
lamouchecom?nune.i76k,in-U'*,ÛQ.,  aussi 
traduite  en  français  ;  |  Essai  d'une  histoire 
des  pucerons,  1770  ,  in-4",  fig.  ;  |  Décou- 
vertes microscopiques  sur  les  plantes.  If  s 
fleurs,  les  insectes,  1781,  6  cahiers  in-4*'  ; 
I  Dissertations  sur  les  animalcides  sper- 
matiques  et  infusoires,  1778 ,  in-4° ,  fig., 
traduites  en  français ,  1799,  in-4*,   fig.; 


GLE 


4&3 


CLE 


I  Dissertations  sur  le  microscoffr  solaire 
et  le  microscope  universel .  1781  ,  in-/*"; 
1  De  l'origine ,  de  la  formation,  tir  la 
iransfonnation  et  de  la  destination  du 
globe  terrestre .  tiré  des  arc/wes  de  la 
nature  et  de  la  physique,  J782,  iii-8". 

•  GLEIM      (  jEA>-GtlLI.AtME-LoUIS    )  , 

cvlôbre  poclc  allemand  qui ,  dans  ses  œu- 
vres, se  donne  souvent  le  nom  de  Gre- 
nadier prussien  ,  naquit  à  £rmslebcn  . 
dans  le  jwys  de  Halbersladl,  en  a\ril 
1719.  Il  fut  secrétaire  du  prince  Guil- 
laume, Cls  du  marpravc  de  Brandebour(j- 
Schwcdt ,  le  suivit  dans  diverses  guerres, 
et  se  trouvait  à  ses  côtés  quand  le  jeune 
duc  fut  frappé  d'un  boulet  de  canon  en 
1744.  De  retour  à  Berlin,  il  fut  nommé 
en  1747  secrétaire  du  grand  chapitre  de 
Halbcrstadt ,  fonction  qu'il  cxerya  pen- 
dant plus  de  50  ans.  Glein  est  mort  le  18 
janvier  1803,  laissant  :  |  Essais  de  chan- 
sons badines,  Berlin,  1745,  3  vol.  in-S"; 
\Recued de  chansons, Zurich,  1745.  in-8": 
\  F  pitre  s .  JicrWn  ,  174G,  in-8";  |  Fables. 
Berlin,  i75C  cl  1786,  in-8".  Ces  fables,  sans 
valoir  celles  de  la  Fontaine,  ont  un  niérite 
remarquable.  |  Romances,  ibid.  1757, 
in-S"  ;  I  Chansons  prussiennes  pour  la 
çuene.  1758  ;  |  Llor/es  de  la  vie  cham- 
pêtre. 17G4  ;  I  sept  petits  poèmes  dans  le 
genre  d'Anacrcon,  1704;  |  La  mort  d'A- 
dam, tragédie  de  Klopstock, mise  envers, 
1766;  I  Le  meilleur  des  mondes.  177U 
>n-8*  ;  I  Poésies  de  circonstance  avant  et 
après  la  mort  de  Louis  X  II.  1793,  in-8", 
etc.  ;  I  Le  grenadier  à  la  Muse  de  la 
guerre ,  après  la  victoire  de  Zordnorf^ 
<759,  in-lii.  I  Le  philosophe  de  Leasing', 
mis  en  irri.  Berlin  .  17G0,  in-4°;  |  Poésies 
dans  le  genre  de  Pétrarque , 'i\nd.  1704, 
io-8°;  I  Epigrammes ,  ibid.  17<)9,  in-8''; 
I  Odes  imitées  d^ Horace .  1769,  in-8"; 
I  Poésies  nocturnes  dans  le  printems  et 
dans  l'été.  1802.  Ce  recueil  renferme  les 
derniers  chants  de  Gleim  devenu  aveugle 
sur  la  fin  de  sa  vie.  L'édition  la  plus  coin- 
pltle  de  %its  œuvres  est  en  7  vol.  in-8», 
1811. 

CLO(Jea:«  de),  impiimcur  et  (jra- 
vcur  en  bois,  né  à  Liège  vers  le  milieu 
du  16*  siècle,  a  donné  un  livre  curieux 
et  recherché,  intitulé:  Des  habits,  mœurs, 
cérémonies,  façons  de  faire  anciennes 
et  modernes .  inS" ,  Liège.  1601.  Il  est 
orné  de  103  ligures  de  son  invention,  de 
manière  que  ce  livre  lui  appartient  cnliè 
renient  comme  auteur,  imprimeur  et  gra- 
veur. Ces  r«;lampc8  sont  on  général  dun 
dcisin  correct   et  ont  beaucoup  d'expres- 


sion. On  a  encore  de  lui  :  Ltk   merveilles 
de  la  ville  de  Home .  avec  ligirrrs. 

•  01. EY  (  GÉRAno  ),  er«  lésianiiquc  ,  au- 
mônier de  riiôlel  des  Invalides,  naquit  m 
Géradmer  près  de  Salnl-Dié  en  Lorrain- 
le  24  mars  1761,  et  après  avoir  fait  si  « 
études  thcologiques  se  voua  à  l'instrurliou 
publique.  Il  quitta  la  France,  en  179!. 
voyagea  en  .Hollande  et  en  Allcmagnr. 
et  obtint  en  1795  une  chaire  à  l'univei- 
sité  de  Bamberg  où  il  s'était  retiré.  Il  s  v 
livrait  entièrement  à  l'étude ,  lorsque  I  . 
guerre  de  Prusse  vint  l'enlever  en  180(>  < 
ses  occupations  paisibles.  Comme  il  avait 
une  connaissance  parfaite  de  la  langu* 
allemande,  qui  pouvait  le  rendre  tn-. 
utile  à  l'armée  française,  un  ordre  im- 
périal l'attacha  au  4*  corps ,  commande 
iwirle  maréchal  Davoust.  Gley  iKirrounii 
successivement  la  Prusse  et  la  Pologne  . 
oïl  il  fut  chargé  de  l'iuspeclion  des  écoles 
primaires  :  il  fut  charge  après  la  paix  <U- 
Tilsilt  d'administrer,  au  nom  de  Davoust, 
la  principauté  de  i.owicz;  ses  nouvelles 
fonctions  le  mirent  en  relation  avec  uu 
grand  nombre  de  personnages  distingué?*, 
entre  autres  avec  M.  l'abbé  de  Pradt,  con- 
tre lequel  il  a  souvent  dirigé  des  plaisan- 
teries assez  piquantes,  notamment  dan» 
son  Voyage  en  Allemagne  et  en  I\>h*jne. 
avec  des  notes  relatives  à  l'ambassade 
de  M.  Pradt  à  Varsovie,  1815^1816,  î 
vol.  in-18.  Bentré  en  France  en  1.813. 
Gley  fut  successivement  principal  du 
collège  de  Sainl-Diê,  et  professeur  de 
philosophie  à  Moulins  ,  puis  mis  à  la  tète 
du  collège  de  Tours.  Il  se  retira  ensuite 
aux  missions  étrangères,  et  devint  enlin 
un  des  auntôniers  de  l'hôtel  des  Invalides, 
place  qu'il  occupa  jusqu'à  sa  mort  arrivée 
le  11  février  1830.  L'abbe  Gley  a  publié  : 
I  une  Grammaire  de  langue  française . 
d'après  celle  de  Wailly ,  Band)eri; ,  1795, 
in-8"  ;  |  un  Dictionnaire  allemand rt  fran- 
çais; I  IS'otice  sur  le  monument  littéraire 
le  plus  ancien  que  l'on  connaisse  dans  la 
langue  des  Francs.\SOO  ,  in-4"  ;  |  une  /  «f 
de  Tamowski  ;  \  Langue  et  littérature  de» 
anciens  Francs.  1814.  2  vol.  in-8":  ou- 
vrage qui  a  coûté  20  ans  de  recherche»  à 
l'auteur;  |  Histoire  de  notre  Sauveur, 
d'après  les  textes  des  SS.  Evangiles , 
selon  l'ordre  chronologique  des  faits .  en 
00 instructions,  précédée  dune  harmonte 
des quatieévangelistcs. To*ir%,  181'J,  in-1*; 
I  llislona  Fratuicc.  ab  anno  420  a*t  1820, 
2*  édition.  Tour».  3  vol.  In-lï;  cl  Wurli- 
l>ourg.  1793,  2  vol.  In-IS;  |  Philosophie  Tu' 
ronensis  in*ftttihn*f^t,    IÇW.  3  v«i|.  ln-|*J 


GLO 


Asa 


GLO 


Le  l*""  vol.  renferme  une  Histoire  de  la  phi- 
losophie _,  qui  avait  déjà  paru  l'année  pré- 
cédente ;  I  Essai  sia-  les  élémens  de  la 
philosophie,  latin  et  français.  L'abbé  Gley 
a  travaillé  à  la  Biographie  universelle  ; 
il  avait  annoncé  une  nouvelle  édition  de 
V Histoire  ecclésiastique  de  Fleury ,  un 
.Abrégé  d'histoire  ecclésiastique ,  une 
Histoire  de  Pologne,  et  une  Biographie 
ecclésiastique  :  aucun  de  ces  ouvrages 
n'a  été  terminé.  L'abbé  Gley  étaitlaborieux 
et  fécond  ;  mais  malheureusement  il  écri- 
vait trop  vite. 

GLICAS  ou  GLYCAS  (Michel  ) ,  histo- 
rien ffrec,  savant  dans  la  théologie  et 
dans  l'histoire  ecclésiastique  et  profane  , 
passa  une  partie  de  sa  vie  eu  Sicile.  L'on 
ignore  s'il  a  vécu  dans  le  monde  ou  dans 
le  cloître,  dans  le  maiiage  ou  dans  le  cé- 
libat. Il  n'est  connu  particulièrement  que 
j)ar  des  Annales  depuis  Adam  jusqu'à 
Alexis  Commène  ,  mort  en  1118.  L'auteur 
inéle  à  son  ouvrage,  important  pour  les 
derniers  temps ,  une  foule  de  questions 
théologiques  et  physiques,  qui  ne  sont 
guère  du  ressort  de  l'histoire.  Il  est  cré- 
dule et  exagérateur.  Le  Père  Labbe  en  a 
donné  une  édition  au  Louvre  en  1660 , 
in-fol.  grec  et  latin.  La  traduction  est  de 
Leunclavius  ;  mais  l'éditeur  l'a  revue  ,  et 
Ta  enrichie  de  notes  et  d'une  5"^  partie. 
Cet  ouvrage  est  une  pièce  de  la  collection 
app'elée  Bijzatitine. 

G  L I S  S  O  ]\  (  François  ) ,  professeur 
royal  de  médecine  à  Cambridge,  ne  à 
Uampisham  au  comté  de  Dorset  en  1597 , 
et  plusieurs  découvertes  anatomiques  qui 
lui  acquirent  une  grande  réputation.  La 
principale  est  celle  du  canal  qui  conduit 
la  bile  du  foie  dans  le  vésicule  du  fiel.  Il 
mourut  à  Londres  en  1677.  On  a  de  lui 
plusieurs  écrits  estimés.  Les  principaux 
sont  :  j  De  liachitide,  seu  Morbo puerili, 
Leyde,  1671 ,  in-8'';  |  De  ventriculo  etin- 
testiniSj  Londres,  1677,  in-i";  ]  Anatomia 
hepatis ^  Amsterdam,  4663,  in-12.  Ces 
deux  derniers  livres  se  trouvent  aussi 
dans  la  Bibliothèque  anatomique  de  Man- 
get. 

GLOSCi\  ouKLOSCHKA  (Soporoivius), 
pape  grec,  se  distingua  en  Hongrie  et 
en  Transylvanie  par  un  fanatisme  brutal 
et  féroce  ,  contre  les  Grecs  qui  acceptaient 
l'union  avec  l'église  romaine.  Il  avait  in- 
séré dans  le  symbole  sanctam  ecclesiam 
coxsTAxriNOPOi.iTAXAM,  et  employait  tous 
les  moyens  pour  faire  recevoir  cette  ad- 
dition :  méprisé  et  chassé  partout  par 
les  catholiques  et  les  Grecs  unis ,  mis  en 


prison  paf  ordre  du  gouvernement ,  il 
s'échappa  ,  et  se  joignit  à  Horiah ,  lors  de 
la  révolte  des  Valaques  en  1784.  Après 
des  excès  et  des  cruautés  inouïes,  il  fut 
pris,  exécuté  avec  lui,  à  Carlsbourg .  le 
28  février  1783.  Voyez  HORIAH. 

'  GLOVATCIIEWSKY  (  Cyrille  ) , 
peintre  distingué,  membre  de  l'académie 
des  beaux  arts  de  Saint-Pétersbourg  ,  né 
en  1736  à  Korope,  ville  du  gouvernement 
de  Tchernigof ,  bâtie  par  ses  ancêtres  à 
la  fin  du  15*  siècle  ,  fit  ses  études  à  l'aca- 
démie de  Kief,  et  vint  en  1748  à  Saint-. 
Pétersbourg  ,  où  sa  belle  voix  et  ses  dis- 
positions musicales  le  firent  d'abord  ad- 
mettre à  la  chapelle  de  l'impératrice  Elt 
zabeth  II  quitta  bientôt  la  musique  pour 
la  peinture,  et  à  l'époque  de  la  fondation 
de  l'académie  des  beaux  arts  ,  Elizabeth 
le  choisit  pour  être  l'un  des  professeurs  de 
cet  établissement,  conjointementavecLos- 
senkoct  Sabloukof.  Cette  académie  ayant 
reçu  plus  tard  une  nouvelle  organisation, 
Glovalchewsky  fut  nommé  bibliothécaire 
et  trésorier  de  la  société.  En  1771  il  en  de- 
vint inspecteur,  perdit  celte  place  au  bout 
de  deux  ans,  et  fut  réintégré  dans  ses 
fonctions  en  1783.  Cet  artiste  excellait 
dans  le  portrait.  Un  jugement  sûr  et  un 
goût  délicat  distinguent  particulièrement 
les  créations  de  son  pinceau.  Glovat- 
chewsky  est  mort  à  Saint-Pétersbourg  le 
5  août  1823. 

*GLOVER  (Richard),  célèbre  poêle 
anglais  ,  naquit  à  Londres  en  1712.  Son 
père,  qui  était  négociant,  rapj)liqua  au 
commerce  ,  sans  lui  interdire  cependant 
l'élude  des  lettres,  et  le  jeune  Glover  lui 
succéda  dans  les  affaires  commerciales. 
Très  versé  dans  la  langue  grecque,  il  pui- 
sait dans  les  auteurs  de  cette  nation  ,  et 
surtout  dans  Homère  ,  les  beaulés  mâles 
qti'on  remarque  dans  ses  ouvrages.  Il 
jouissait  d'une  grande  considération,  et 
comme  littérateur  et  comme  publiciste. 
Appelé  à  la  chambre  des  communes ,  il  y 
fut ,  pendant  quelques  années  ,  le  chef  de 
l'opposition.  Il  s'y  fit  surtout  remarquer 
dans  les  longs  débats  qui  furent  occasionés 
par  le  désordre  des  affaires  de  l'Inde.  Il 
mourut  le  23  novembre  1783.  Ses  ouvrages 
sont  :  I  Newton,  poème  que  faut  cm  con- 
sacra ,  à  l'âgt'  de  16  ans ,  à  la  mémoire  de 
cet  homme  célèbre,  imprimé  à  la  tète  de 
V Aperçu  de  la  philosophie  de  Newton, 
par  le*  docteur  Pemberton,  1728,  in-4"; 
I  Léonidas,  poème  en  neuf  chants  ,  1757  , 
in-4'',  1770, 2  vol.  in-12 ,  augmenté  de  trois 
chants,  1798, 2  vol.  in-8°  et  avec  fis.,6'"éai- 


GLU 


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lion;  traduit  en  prose  française  (d'apri^s 
la  1"  édition) ,  par  J.  Bi'rtrand  .  la  Haye. 
1759.  in-18.  Ce  poème,  rempli  d'idées  ré- 
publicaines, dédié  à  lord  Cohliam  ,  un  des 
protecteurs  de  Glover,  et  prineipalemtrnt 
dirigé  contre  le  ministère  de  sir  Robert 
Walpole ,  eut  dans  son  commenccmenl 
un  succès  prodigieux.  I  i/osi>'r's  fffiost . 
ou  L'Ombre  de  l'amiral  //osier.  1739. 
Celte  balbdc  guerrière  eut  encore  une 
grande  popularité.  Il  la  composa  pour 
exciter  le  peuple  à  faire  déclarer  la  guerre 
contre  l'Espagne,  dont  le  grand  tort  était 
de  ne  pas  vouloir  se  laisser  écraser.  |  Lon- 
dres, ou  les  Progrès  du  commerce,  poème 
17Ô9;  I  ^//jt'/uii'V/<'.  poème  en  trente  chants, 
écrit  dans  le  même  esprit  que  celui  de  Léo- 
nidiu.  1788, 3  vol.  in-lS,  et  publié  par  mis- 
trissHal^ay.  après  la  mort  de  l'auteur;  |  les 
discours  qu'il  prononça  au  parlement.  Il 
composa  aussi  deux  tragédies,  lioadicée 
et  3tédée  ^  qui  n'eurent  pas  de  succès.  On 
a  imprimé  en  1814,  in-8",  ses  Mémoires. 
<|ui  s'étendent  depuis  la  résignation  de  sir 
//''alpole.  en  1742,  jusqu'à  la  seconde  ad- 
ministration de  lord  Chatam  en  1757.  Ils 
ont  pour  titre  :  Mémoires  d'un  liomme 
célèbre  comme  littérateur  et  comme  po- 
litique, etc. 

GLUCK  (Christophe),  chevalier,  cé- 
lèbre musicien  allemand,  né  dans  un  vil- 
lage du  haut  Palatinat ,  sur  les  frontières' 
de  la  Bohème  en  1714,  annonra  dès  son 
enfance  des  dispositions  extraordinaires 
pour  la  musique.  A  l'âge  de  17  ans ,  i] 
passa  en  Italie  et  se  fixa  à  Milan,  où  il 
prit  des  leçons  de  composition  sous  le 
rclèbre  Saiul-Marlin.  Ce  fut  là  qu'il  Hy 
son  yirtaxerxès  ;  il  donna  ensuite  à  Ve- 
nise en  1742  /  émétrius.ei  3  ans  après  en 
Angleterre  la  Chute  des  géans.  Plus  de 
40  autres  opéras  aujourd'hui  presque  en- 
tièrement oubliés,  furent  représentés  en 
lialie  dans  l'espace  de  18  ans;  ils  furent 
composés  ivar  Gluck  avec  une  facilité  mal- 
heureuse ;  et  la  rapidité  avec  laquelle  ils 
se  succédaient  prouve  que  l'auteur  n'avait 
deviné  ni  le  sens  de  la  véritable  comi)osi- 
tiun  dramatique,  ni  celui  de  son  génie.  Il 
fallut  que  Cababigi ,  que  Gluck  avait  con- 
nu à  Vienne,  lui  monlr.it  la  roule  dans 
laquelle  il  entra  depuis  et  où  il  a  laissé 
des  chefs-d'œuvre  ;  alors  il  fil  I/cUne  et 
Paris.  Alcesle  et  Orpliée  :  trois  opéras 
qui  ont  eu  à  Vienne  et  à  Paris  un  succès 
])rodigicux.  Peu  content  de  la  réptilalion 
qu'il  s'était  acquise  dan»  sa  patrie  par  sa 
composition,  il  voulut  l'étendre  en  France 
{ 1774).  Les  premières  pièces  qu'il  y  donna 


n'eurent  polnl  de  succès  ;   ce  sont  fcKé 

et  Xarcisse.  le  Siège  de  Cytfière  ;  le  genre 
élégi.'jqtif  ou  pastoral  ne  lui  convenait 
|)as;  il  fallait  à  la  trempe  vi|;ourcusc  de  son 
génie  la  terreur  et  les  grandes  passions 
de  la  tragédie  :  d'ailleurs  il  vit  bien  qu'il 
ne  réussirait  point  à  faire  d'emblée  une 
réformedansla  musique  fi  ançaise;  il  lAcha 
donc  de  l'allier  avec  la  musique  italienne, 
et  sa  musique  d' Ip/iiçénie  en  j-ttdide . 
exécutée  selon  ce  projet .  fut  reçue  avec 
enthousiasme.  La  mobilité  française  fit 
qu'il  enleva  tous  les  suffrages  ;  il  n'y  avail 
plus  que  la  musique  de  Gluck  qui  plût.  Les 
Piccini,  les  Sacchini,  les  Grélry  vinrent 
ensuite  traverser  M.  Gluck;  comme  ils 
étaient  nouveaux  ,  on  courut  à  eux  ,  et  on 
oublia  le  réfonnateur  de  la  musique  fran- 
çaise, qui  eut  beau  donner  de  nouvelles 
pièces;  on  ne  les  goûta  pas.  Gluck  se  relira 
à  Vienne  en  Autriche,  où  il  mounil  en 
1787.  C'est  lui  qui ,  le  premier  en  France , 
a  fait  connaître  le  trombone,  dont  l'em- 
ploi, sagement  ménagé,  donne  aux  pein- 
tures de  l'orchestre  une  couleur  si  vigou- 
reuse. La  révolution  qu'il  opéra  dans  la 
musique  fut  le  signal  d'une  guerre  très 
vive.  Tout  Paris  fut  ou  glukiste  ou  picci- 
niste,  et  l'on  se  distribua  force  injures. 
Quoi  qu'aient  pu  dire  cependant  les  par- 
tisans de  Piccini,  ses  jolis  chants  ne  sont 
que  de  la  poésie  italienne.  On  y  trouve 
des  beautés  sans  doute,  une  harmonie  bril- 
lante ,  des  coupes  heureuses,  des  tableaux 
vrais,  des  scènes  pathétiques,  mais  point 
d'unité; le  grand  mérite  des  com)K>silions 
de  Gluck  au  contraire  est  que  toutes  les 
parties  sont  liées  entre  elles  ,  et  présen- 
tent néanmoins  une  telle  variété,  que 
l'auditeur  arrive  à  la  fin  du  drame  sans 
s'apercevoir  que  son  attention  ait  été  cap- 
tivée. Son  chant  simple,  naturel,  n'est 
jamais  déparé  par  des  orncmens  super- 
flus; son  (écilatif  rapide  et  vrai  est  lou 
jours  noble  ;  ses  airs  de  danse  stml  de  la 
plus  aimable  fraîcheur  ;  ujaisce  qui  l'élève 
beaucoup  au-tlessus  des  autres  compost- 
leurs  .  c'est  son  inépuisable  talent  pour  le 
genre  pathétique.  Il  a  saisi  les  inflrxions 
même  de  la  nature,  cl  rapprorh.ml  à 
l'exemple  des  anciens  le  chaut  du  In  d»^ 
clamation,  il  semble  avoir  déterminé  le 
point  où  fmil  l'une  et  où  l'uutrc  com- 
mence. L'abbé  le  Blond  ,  adn>iraleur  du 
comiMwileur  allemand,  a  réuni  <nns  le 
\\trc  de  Mémoires  pour  sen'tr  :  ^ 

de  la  révolution  opérée  dans  ! 
etc..   Paris,  1781,  in-8",    qu»;, ..,,*.*..  • 
de.s  pièces  publiées  pour  el  coiitn:  yviv 


GME 


486 


GME 


dant  la  giicrre  musicale  ;  et  Riedel  a  donné 
en  allemand,  un  livre  inlitulé  :  Sur  la 
viusique  du  chevalier  Gluck ^  Vienne, 
1773 ,  in-S".  On  peut-consulter  aussi ,  les 
OEuvres  de  l'abbé  Arnaud ^  les  Variétés 
litléraires  de  Suart,  les  Mémoires  de 
Martnontel  et  les  Jugemens  de  La  Harpe 
qui ,  imprimes  à  celte  époque  dans  le 
Mercure  de  France,  ont  été  recueillis 
^Jans  ses  œuvres  complètes. 

GLYCÈUE,  courtisane  de  Sicyone , 
êe  distingua  tellement  dans  l'art  de  faire 
des  couronnes ,  qu'elle  en  fut  regardée 
connne  l'inventrice.  Il  y  a  eu  aussi  une 
utre  courtisane  du  même  nom,  qu'Har- 
palus  fit  venir  d'Athènes  à  Babylone,  où 
Alexandre  le  Grand  l'avait  laissée  pour 
garder  ses  trésors  et  ses  revenus.  Il  fit 
donner  ,  pour  lui  plaire ,  des  fêtes  qui  coû- 
tèrent des  somaïcs  immenses. 

GLYCÈUE  (  Flavius  Glycerius  ),  était 
un  homme  de  qualité  qui  avait  eu  des 
emplois  considérables  dans  le  palais  des 
empereurs  d'Occident.  Dominé  par  l'am- 
bition, et  secondé  par  quelques  grands, 
il  se  fit  donner  le  titre  d'Auguste  à  Ra- 
venne,  au  commencement  de  mars  473. 
Il  repoussa  les  Oslrogoths  à  force  de  pré- 
sens. Il  se  croyait  affermi  sur  le  trône  , 
lorsque  Léon ,  empereur  d'Orient,  fit  élire 
Julius  Népos.  qui  marcha  vers  Rome,  et  y 
entra  le  24  juin  474,  et  surprit  Glycère  sur 
le  port  de  cette  ville.  Népos,  ne  voulant 
pas  tremper  ses  mains  dans  son  sang,  le 
fit  renoncer  à  l'empire,  et  sacrer  évêque 
de  Salone  en  Dalmatic.  Glycère  trouva  le 
repos  dans  son  nouvel  état ,  se  conduisit 
en  digne  pasteur  ,  et  mourut  vers  l'an  480. 

GMELIN.  Il  y  a  deux  voyageurs  de  ce 
nom  qui  nous  ont  donné  diverses  relations 
touchant  les  provinces  les  moins  connues 
de  l'empire  russe.  Celle  du  vieux  Gmclin 
(  Jean  Georges  )  né  à  Tubingen  en  1709, 
est  la  plus  estimée ,  et  est  connue  sous  le 
litre  de  Relation  d'un  voyage  au  Kamts- 
chatka,  imprimée  à  Saint-Pétersbourg, 
en  langue  russe ,  en  1755  ;  en  allemand ,  à 
Gottingue,  en  1752;  et  en  français  par 
M.  Keralio ,  sous  le  titre  de  Voyage  en 
Sibérie ^Va.ris,  1767, 2  vol.  iu-12.— Le  jeune 
GMELIN  (  Samcel  ) ,  né  à  Tubingen  en 
174o,  fut  d'abord  professeur  dans  celle 
ville,  puis  membre  de  l'académie  de  Saint- 
Pétersbourg  ,  qui  le  choisit  pour  visiter 
différentes  parties  de  l'empire  russe.  Il 
parcourut  en  1763  et  années  suivantes  les 
bords  du  Don  et  du  Volga,  le  Caucase, 
et  le  rivage  de  la  mer  Caspienne,  et  fut 
arrête  dans  sa  course  par  un  prince  tar- 


tare ,  qui  prétendait  avoir  des  sujets  de 
plaintes  contre  la  Russie.  Il  fut  jeté  dans 
diverses  prisons.  La  Russie  donna  satis- 
faction à  ce  prince,  mais  Gmelin  n'en 
profita  point,  étant  mort  auparavant  en 
juillet  1774,  dans  un  village  du  mont 
Caucase.  On  parvint  cependant  à  retirer 
ses  papiers  des  mains  des  Tartares.  La 
Relation  de  son  voyage  a  été  imprimée 
en  allemand  à  Saint-Pétersbourg,  en 
1773  et  1774 ,  4  tomes  en  3  vol,  in-4".  Elle 
a  été  traduite  en  partie  en  français  dans 
un  recueil  intitulé  Histoire  des  décou- 
vertes faites  par  divers  savans  voyageurs, 
la  Haye,  1779,  5  vol.  in-4°,  ou  6  vol. 
in-8". 

'  GMELIN  (  Jean-Frédéric  ) ,  physi- 
cien et  médecin ,  parent  du  précédent , 
né  à  Tubingen  le  8  août  1748,  fut  nommé 
professeur  d'histoire  naturelle,  de  bota- 
nique et  des  sciences  médicales  à  l'uni- 
versité de  Gottingue ,  et  se  fit  une  grande 
réputation  par  ses  leçons  et  par  un  grand 
nombre  d'ouvrages  remplis  d'érudition, 
et  qui  prouvent  une  variété  de  connais- 
sances peu  commune  ;  les  principaux 
sont  :  I  Onomatologia  botanica  compléta , 
1771-77,  9  vol.  in-8";  j  Enumeratio  stir- 
piumagro  Tubingensiindigenarum,  1772, 
in-8°  ;  |  De  alcalibus  et  prœcipitationibus 
chimicis  ope  eorum,  factis ,  1775 ,  in-4"  ; 
I  Histoire  générale  des  poisons .  1776,  3 
vol.  in-8°  ;  |  Introduction  à  la  chimie ,  à 
l'usage  des  universités,  1780  ,ia-8°;  |  In- 
troduction à  la  minéralogie ,  à  l'usage 
des  universités ,  1780  ,  in-8°  ;  |  Introduc- 
tion à  la  pharmacie  _.  1781 ,  in-8"  ;  |  Mé- 
moire pour  servira  l'histoire  de  V exploi- 
tation des  mines  en  Allemagne ,  1785 , 
in-8"  ;  |  Lettres  à  un  médecin  sur  les  dé- 
couvertes récentes  et  leur  application  en 
médecine,  1784  et  1793,  in-8'';  |  Prin- 
cipes de  la  chimie  technique,  1786  et 
1796,  in-8°  ;  ]  Principes  chimiques  de  la 
docimasie  ,  1786  ,  in-8";  |  Elémens  de 
chimie  générale ,  à  Vusage  des  univer- 
sités ,  1789,  2  vol.  in-8";  |  Elémens  de 
minéralogie  ,  1790  ,  in- 8°  ;  |  Elémens  de 
pharmacie,  1792,  in-8";  ]  De  aeris  vi- 
tiosi  exploratione ,  1794,  in-8"  ;  \  Prin- 
cipes chimiques  de  la  technologie ,  1794, 
in-4"  ;  |  Apparatus  medicaminum  tàni 
simplicium  quàm  compositorum ,  in  pra- 
xeos  adjumentum  consideratus,  1795,  2 
vol.  in-S";  |  Histoire  des  sciences  7iatu- 
relles  j  1797,  3  vol.  in-8°.  Il  est  aussi  l'é- 
diteur de  la  5"^  édition  du  Syslema  na- 
turœ  de  Linnée  ,  et  autres  ouvrages. 
Gmelin  est   mort  le   1**^  novembre  189'* ■ 


GOA  is 

On  Irouvn  des  détails  ôlcrulns  sur  les  iia- 
▼aux  de  ce  savant .  dans  V llisl.  littcr.  de 
(iottingxte  par  I.tilhrr,  et  dans  lu  Souabe 
rmi/rpar  Cradinaun. 
■  (;M1:LI\  (  Guillaume -FnÉoÉMC  ), 
graveur  et  dessinateur  distin(;uc,  naquit 
en  17i5  à  Badenweiller  en  Urispau ,  cl 
mourut  à  Rome  en  1821.  On  a  de  lui  un 
très  nrand  nombre  de  cravures  qui  cu- 
rent beaucoup  de  vogue  ,  à  cause  de  leur 
belle  exécution  :  mais  la  plupart  offrent 
un  ton  trop  prononce,  parce  qu'il  les 
travaillait  de  manière  à  en  tirer  un  grand 
nombre  d'exemplaires.  11  s'occupa  aussi 
de  sciences,  et  surtout  de  mécanique  : 
les  graveurs  lui  sont  redevables  de  plu- 
sieurs macliines  ingénieuses. 

GXVPIIÉE  ou  GNAPILEUS.  Foyez 
FOULON  (  Pierre  et  Glillaune  ). 

GXIPIIOX  (  Marc-A-mtoine  ) ,  Gnipho. 
grammairien  gaulois ,  contemporain  de 
Cicérondont  il  fut  le  mailre.  lit  ses  études 
à  l'académie  de  Marseille,  et  vint  à  Rome 
se  perfectionner  à  l'école  de  Lucius  PIo- 
tius  son  compatriote  qui  enseignait  alors 
l'éloquence  avec  éclat.  11  y  professa  lui- 
même  la  rhétorique,  dans  la  maison  de 
Jules-César ,  avec  succès  et  avec  désinté- 
ressement. Il  mourut  âgé  d'environ  îiO 
ans.  On  lui  a  attribué  un  grand  nombre 
d'ouvrages  ;  mais  Allenis  le  philologue, 
l'un  de  SCS  élèves,  ne  lui  en  donne  que 
deu.K  qui  se  sont  perdus;  ils  traitaient 
de  la  grammaire. 

GOAR  (  saint  ) ,  prêtre ,  né  en  Aqui- 
taine, quitta  sa  patrie  pour  aller  servir 
Dieu  dans  la  solitude.  Il  se  fit  construire 
ime  petite  cellule  avec  im  oratoire  sur 
la  rive  gauche  du  Rhin  ,  entre  Mayence  et 
(Loblcnt?..  L'éclat  de  ses  vertus  et  de  ses 
miracles  engagea  Sigebert  à  lui  offrir  le 
gouvernement  de  l'église  de  Trêves: 
mais  le  saint  le  refusa ,  et  mourut  dans 
mx  solitude  ,  qui  fut  bientôt  peuplée  à  l'oc- 
casion des  fréquens  pèlerinages  qui  se 
faisaient  à  son  tombeau.  C'est  aujourd'hui 
ime  ville  qui  porte  son  nom.  (.Iiarlema- 
gne  avait  fait  v(Eu  de  n'y  passer  jamais 
*^ans  rendre  ses  devoirs  aU  saint ,  dans  la 
basilique  où  il  avait  fait  déposer  ses  re- 
liques. 

GOAR  (  Jacoces  ),  né  à  Paris  in  1601. 
dominicain  en  1019,  fut  envoyé  dans  les 
missions  du  Levant ,  y  demeura  neuf  ans, 
i-l  y  apprit  à  fond  la  croyance  et  la  cou- 
tume des  Grecs  modernes.  De  retour  à 
fiome,  il  se  lia  d'une  étroite  amitié  avec 
tinis  les  savans,  et  en  particulier  avec 
i-con   Allatius.  Toutes  les  bibliothèques 


7  r;c)n 

hii  fvncnl  onvrrlc*.  il  y  puisa  rr  vasta 
fond  d'érudition  qtii  parait  dnnv  tous  srs 
écrits.  Il  revint  à  Paris  en  ir»42.  I.c  prin- 
cipal de  SCS  ouvrages  csl  YKucologetm 
Rituel  des  Grecs  .  publié  en  t6&3 .  à  Pari<i, 
in-folio,  grec  et  latin.  Celte  édition  fui 
faite  sur  une  foule  d'exemplaires  impri- 
més et  manuscrits,  qu'il  rechercha  avec 
beaucoup  de  soins  et  de  peines.  Il  l'enri- 
chit de  savantes  remarques,  qui  sont 
d'une  grande  utilité  pour  bien  connaît  rn 
les  liturgies  et  les  cérémonies  erclésiasli- 
quos  de  l'église  grecque.  Cet  ouvrage, 
devenu  rare,  a  été  réimprimé  à  Venise 
en  17.30,  infol.  Le  Père  Goar  publia  aussi 
la  Chrottoçrapfde  de  Georges  Synrelle,  en 
grec  et  en  lalin,  Paris,  16*i2.  in-fol.  Il 
mourut  en  1653  ,  à  !>2  ans.  Le  Père  Goar  a 
encore  laissé  :  ]  Attestatiode  commimione 
Oricntalium  sub  spccie  unica .  imprimée 
avec  le  traité  de  Léon  Allatius;  ]  De 
ecclesiœ  occiilenlalis  atque  oricntalis  per- 
pétua conscnsione  ;  1  des  traductions  la- 
tines de  la  Collection  de  Matthieu  Bla- 
slare  et  de  Y  Histoire  du  synode  de  Flo- 
rence par  Sylvestre  Syropulo. 

GOBAT  (  Georges  ) .  jésuite ,  né  dans  le 
diocèse  de  Bàle,  en  1600,  et  non  dans  le 
diocèse  de  Besançon  comme  l'ont  avancti 
plusieurs  auteurs  franc-comtois ,  mort 
à  Constance  le  23  mars  1679,  a  publié  une 
Théologie  en  U  vol.  in-fol.,  où  il  y  a  plu- 
sieurs propositions  d'une  morale  relâ- 
chée, que  l'auteur  a  répétées  d'après 
beaucoup  d'autres ,  et  qui  ont  été  con- 
damnées depuis  par  le  saint  Siège.  Ceux 
qui  ont  voulu  l'en  rendre  personnelle- 
ment responsable,  comme  M.  de  Sève, 
evêque  d'Arras ,  ont  montré  combien  peu 
ils  étaient  au  fait  de  ces  matières.  Voyez 
les  Vindiciœ  Gobattatta ,  1706,  1  vol. 
in-4°. 

*  GOBEL  C  JKA^-BArrjSTE-JosEP»  ), 
évéquc  constitutionnel  de  Paris  ,  né  i 
Thann ,  en  Alsace ,  le  i"  septembre  1727. 
lit  ses  études  au  coUégo  Germanique  à 
Rome  ,  où  il  se  lit  remarquer  de  l'évèquf 
de  Porentruy  ,  qui  lui  donna  un  canoniral 
dans  son  chapitre.  Il  fut  nommé  en  1772, 
évoque  de  Lydda  m  partibus  in/îd  lium  , 
et  se  trouvait,  tn  I7t>9.  suffragrmt  de  l'e- 
vêque  de  Bide,  lorstpic  le  clergé  de  Bel- 
fort  le  députa  aux  état»  généraux.  Gobel 
embrassa  le  parti  de  la  rc\oluiion.  n 
prêta  serment  à  Ii  '     "  i 

clergé,  moyennai. 

qu'il  s'empressa  d'-  i 

«iénoncé  par  un  de  »e>  culU-guc».  Nuinme 
à  la  fuis ,  par  voix  d'cleclion ,  à  trois  i\^ 


GOB 


488 


GOB 


chés  (  ceux  du  Haut-Rhin ,  de  la  Haule- 
Blarnc  et  de  Paris  ) ,  il  opta  pour  l'ar- 
chevêché de  Paris,  et  reçut  l'institution 
canonique    le  27  mars   1791   de  l'ancien 
évêque   d'Autun ,  Talleyrand-Périgord, 
sur  le  refus  de  l'archevêque  de  Sens  et 
de  l'évêque  d'Orléans.  Gobel  publia,  en 
prenant   possession    de    son  siège,  une 
letlrre  pastorale,  dans  laquelle  il  s'alta- 
cliait  à  prouver  que  les  élections  popu- 
laires étaient  seules  conformes  à  l'esprit 
de  l'Evangile  et  aux  usages  de  la  primi- 
tive Eglise.  Le  18  septembre  de  la  même 
année ,  il  fit  paraître  un  mandement  dans 
lequel  il  félicitait  Louis  XVI  sur  son  ac- 
ceptation du  pacte    conslilutionnel.  Ce- 
pendant,  poursuivi  par  ses  remords,   il 
tenta  de  rentrer  en  grâce  auprès  du  saint 
Siège  ,  et  écrivit  à  Pie  VI,  qui  lui  répondit 
en  lui  donnant  des  conseils  que  .son  am- 
bition ne  lui   permit  pas  de  suivre.  En 
4792 ,  il  eut  recours  au  marquis  de  Spi- 
nola  ,  ambassadeur  du  gouvernement  de 
Gènes  en  France ,  auquel  il  promit ,  dit- 
'n  ,  de  rétracter  son  sermerU ,  s'il  lui  ob- 
••naitdu  pape  une  indemnité  de  100,000 
>   us.  L'ambassadeur  refusa  de  se  charger 
*'  une  mission  aussi  singulière,  et  Gobel, 
''ompé  dans   ses   espérances  ,    s'associa 
Jès-lors  au  mouvement  révolutionnaire 
avec  toute  la  véhémence  d'un  démagogue. 
Il  se  mit  tout  à  coup  à  la  tète  des  jacobins 
les  plus  emportés  ,  et  poussa  la  tolérance 
pour  le  scandale  au  point  de  permettre  à 
des  ecclésiastiques   mariés  de  continuer 
les   fonctions  du  saint  ministère.   Celte 
rotiduite  était  vivement  blâmée  par  les 
constitutionnels  eux-mêmes.  Deux  curés, 
Beaulieu   et  Brugières ,  ayant   voulu  ré- 
clamer contre  l'installation  d'un   prêtre 
marié,   nommé   Aubert,   ne  furent  pas 
même    écoulés.   Gobel    avait   choisi   ses 
amis  parmi  les  athées  les  plus  déclarés , 
tels  que  Hébert  ^Anacharsis  Clootz,  Chau- 
mette  ,  Péreira,  Il  se  présenta ,   le  7  no- 
vembre 1795 ,  à  la  barre  de  la  Gjnvenlion 
avec  treize  de  ses   vicaires,  et  osa  faire 
entendre  ces  paroles  :  «  Aujourd'hui  que 
»  ia  révolution  marche  à  grands  pas  vers 
»  une  fin  heureuse;  aujourd'hui  qu'il  ne 
•  doit  plus  y  avoir  d'autre  culte  public  et 
»  national  que  celui  de  la  liberté  et  de  la 
»  sainte  égEdité,  puisque  le  souverain  le 
»  veut  ainsi;  conséquent  dans  mes  prin- 
»  cipes,  je  me  soumets  à  sa  volonté,  et 
»je   viens  vous  déclarer  ici  hautement 
»  que ,    dès   aujourd'hui ,  je    renonce   à 
»  exercer  mes  fonctions  de  ministre  du 
»  culte  catholique.  En  conséquence,  nous 


»  vous  remettons  tous  nos  titres.  »  Gobel 
déposa  sa  croix  et  son  anneau  sur  le  bu- 
reau du  président ,  qui  le  félicita  de  so 
défaire  de  ces  «  hochets  gothiques  de  la 
»  superstition  ,  et  d'abjurer  l'erreur.  » 
L'assemblée  lui  donna  alors  les  plus  grands 
éloges,  et  le  bonnet  rouge  fut  placé  sur 
sa  tête.  Cet  acte  de  démence  où  d'insigne 
lâcheté  de  la  part  d'un  prélat  presque 
septuagénaire  donna  le  signal  à  toutes 
les  profanations  et  apostasies  qui  suivi- 
rent ,  et  Gobel  sembla  prendre  à  tâche  do 
favoriser  partout  la  licence.  II  fut  chargé 
d'une  mission  révolutionnaire  pour  Po- 
renlruy,  et  l'on  prétendit  ensuite  qu'il 
s'était  enrichi,  et  qu'il  avait  pillé  les 
meubles  de  l'évêque  de  Bâle.  Cependant 
Robespierre ,  qui  avait  pris  en  aversion 
tous  les  athées  ,  le  lit  arrêter  avec  Chau- 
mette ,  le  comédien  Grammont  et  quel- 
ques autres.  Dans  la  solitude  de  sa  prison, 
Gobel  se  sentit  plus  fortement  que  jamais 
agité  par  les  remords  de  sa  conscience  ,  et 
il  adressa  par  un  inconnu  à  M.  Lothriu- 
ger ,  un  de  ses  vicaires ,  sa  confession 
par  écrit  avec  le  billet  suivant ,  qui  prouve 
qu'il  était  revenu  sincèrement  de  ses  er- 
reurs, dues  en  partie  au  peu  d'énergie 
de  son  caractère  :  «  Mon  cher  abbé ,  je 
»  suis  à  la  veille  de  ma  mort  ;  je  vous  en- 
»  voie  ma  confession  par  écrit.  Dans  peu 
»  de  jours  je  vais  expier,  par  la  miséri- 
»  corde  de  Dieu,  tous  mes  crimes  et  nu-î 
B  scandales  contre  la  sainte  religion.  J'ai 
»  toujours  applaudi  dans  mon  cœur  à  wa 
»  principes.  Pardon  ,  clier  abbé,  si  je  vous 
»  ai  induit  en  eVreur.  Je  vous  prie  de  ne 
»  me  point  refuser  les  derniers  secours  de 
»  votre  ministère,  en  vous  transportant  à 
»  la  porte  de  la  Conciergerie ,  sans  vous 
»  compromettre  ;  et ,  à  ma  sortie  ,  de  ma 
»  donner  l'absolution  de  mes  péchés  ,  sans 
«oublier  le  préambule  :  ^élb  omni  vin- 
»  culo  ex  communie  ationis.  Adieu ,  mon 
«cher abbé;  priez  Dieu  pour  rnon  àuie. 
»  afin  qu'elle  trouve  miséricorde  devant 
«  lui.  J.-B.  G.  évêque  de  Lydda.  »  Gobel 
périt  sur  l'échafaud  avec  Chaumette, 
Grammont  et  plusieurs  autres  fameux  ré- 
volutionnaires le  13  avril  1794,  à  l'âge  de 
67  ans  cinq  mois. 

GOIiELIi\  (  Gilles),  teinturier  du  16« 
siècle ,  sous  le  règne  de  François  l",  trou- 
va ,  à  ce  que  l'on  dit ,  le  secret  de  teindre 
la  belle  écarlate  ,  qui  depuis  ce  temps-là 
a  été  nommée  Vécarlate  des  Gobelins.  Il 
demeurait  au  faubourg  Saint-Marcel  à  Pa- 
ris ,  où  sa  maison,  la  manufacture  royale 
de   tapisseries,  et  la  petite  rivière  qui, 


GOB 


480 


(.OC 


plus  haul ,  conserve  s«n  nom  de  Bièvrc  , 
portent  encore  aujourd'hui  le  nom  de 
Gofteltns. 

GORIi:\  (  Cbaries  le  ),  jésuite,  de  Sl.- 
Malo  .  fut  secrétaire  cl  procureur  des 
missions,  cl  mourut  à  Paris  en  1708,  k  Kî» 
ans.  C'était  un  homme  d'un  esprit  plein 
de  ressources,  d'un  caractère  actif,  et  un 
assez  bon  écrivain.  Nous  avons  de  hii  : 
I  V  Histoire  des  iles  Marianne  s  .  1700 , 
in-12  ;  |  le  commencement  des  Lettres 
édifiantes  .  dont  il  y  a  5/i  recueils  in-12, 
et  dont  on  a  fait  une  nouvelle  édition  en 
Si  vol.  Paris,  1781,  qui  offrent  des  détails 
inlcressans  sur  l'histoire  naturelle,  la 
géographie  et  la  politique  des  états  que 
les  jésuites  ont  parcourus.  Le  Père  Gobien 
entra  dans  la  trop  fameuse  querelle  entre 
les  missionnaires,  sur  le  culte  que  les  Chi- 
nois rendent  à  Confucius  et  aux  morts. 
Les  celai rcissemens  qu'il  a  donnés  à  ce 
sujet,  se  trouvent  dans  les  Nouveaux  mé- 
moires sur  l'état  présent  de  la  Chine  du 
Père  Le  Comte  ,  en  3  %k)1.  in-12  (  voyez 
TOURNON  ).  Le  3*  vol.  de  cet  ouvrage 
esi  entièrement  de  lui.  Il  est  composé  des 
lettres  sur  les  progrès  de  la  religion  à  la 
Chine.  1607,  in-8°  ;  et  de  V Histoire  de  le- 
dit d  l'empereur  de  la  Chine,  en  faveur 
de  la  reUgionchrétienne .  et  éclaircisse- 
mens  sur  ies  honneurs  que  les  Chinois 
rendent  à  Confucius.  1698,  in-12. 

C0BIM:T  (  Charles  ) ,  principal  du 
collège  Duplessis,  docteur  de  la  maison 
cl  société  de  Sorbonne.  né  en  1613  à  Saint- 
Quenthi,  instruisit  pendant  hô  ans  la  ji-u- 
nesse  confiée  à  ses  soins,  par  ses  excm])Ies 
et  par  ses  ouvrages.  Les  principaux  sont  : 
I  Instruction  de  la  jeunesse .  in-12  ,  1653  , 
très  souvent  réimprimée  ;  I  Instruction 
sur  la  pénitence  et  sur  la  sainte  commu- 
nion. 4667,  8*^  édition  ,  172.'),  in-12  ;  [  In- 
struction sur  la  vérité  du  saint  sacrement, 
iiàùl,  1G91,  in-12.  |  Instruction  sur  la  re- 
ligion .  in-12.  I  Instruction  chrétienne 
des  jeunes  filles.  16.S2,  1709,  in-12  ;  |  In- 
struction sur  la  manière  d'étudier.  1689, 
1690,  in-12  ,  etc.  Tous  ces  ouvrages  font 
honneur  à  la  religion  et  au  jugement  de 
l'auteur  ;  le  style  en  est  quelquefois  sur- 
anné. Il  mourut  à  Paris  en  1690,  à  77 
■ns.  Quoique  sa  vie  eut  été  très  pure ,  un 
prêtre  imprudent,  qui  l'assistait  à  la  mort, 
lui  dit  ;  Qud  est  terrible  de  to/nbcr  dans 
les  mains  d'un  Dieu  vivant  !  L'illustre 
mourant  lui  répondit  :  Qu  il  est  dour  de 
tomber  entre  les  mains  d  un  Dieu  mort  m 
croix  pnurnot^!  Il  expira  un  instant 
•prè-s.  IloUio  a  célébré  ,  dans  un  poème 


latin,  ses  >cilu»  et  se»  lotn;N  ci  mur»  ser- 
vices. 

GOBRYAS  ,  un  des  sept  seigneurs  de 
Perse  ,  qui ,  après  la  n«>rt  de  Cambyse, 
s'unirent  jmur  chasser  les  mages  usurpa- 
teurs du  trône  vers  l'an  [y2\  avant  J.-C. 
Il  était  beau-père  de  Darius,  et  il  accom- 
pagna ce  prince  dans  son  expédition  con- 
tre les  Scythes.  Ces  peuples  ayant  envoyé 
à  Darius  un  oiseau,  un  rat,  une  grenouille 
et  cinq  flèches,  Gobria.s  conjectura  que 
ce  présent  signi liait  :  a  O  Perses  !  si  vous 
»  ne  vous  envole/,  comme  les  oiseaux ,  ou 
»  si  vous  ne  vous  jetez,  dans  les  marais 
»  comme  les  grenouilles  ,  ou  si  vous  ne 
»  vous  cacher,  sous  la  terre  connnc  les  rats, 
»  vous  serez,  percés  de  ces  flèches.  »  L'é- 
vénement fit  voir  que  Gobrias  n'avait  pas 
mal  deviné ,  au  moins  quant  au  résultat 
de  son  explication.  Son  fils  Murdonius  de- 
vint gendre  de  Darius. 

GOCLEMUS  (  Co\RAD  ) ,  né  en  1485 
à  Mengeringshausen  ,  dans  le  comté  de 
Waldeck,  chanoine  à  Anvers,  fit  ses  études 
à  Louvain  ,  et  fut  le  premier  professeur 
de  langue  latine  dans  le  collûgedesTrois- 
Langues ,  fondé  de  son  temps.  Il  mourut 
à  Louvain  le  25  janvier  1559  ,  et  se  ût  un 
nom  :  |  par  de  savantes  Notes  sur  les  Of- 
fices de  Cicéron,  Bàlc  ,  in-/t°  ;  |  par  une 
nouvelle  édition  de  Lucain  ;  |  par  une 
traduction  latine  de  VHermotime  de  Lu- 
cien ,  ou  Des  sectes  des  philosophes  , 
Louvain,  1522. Erasme  ,  son  ami  intime  , 
faisait  cas  de  son  caractère  et  de  son  éru- 
dition. 

GCK'J.ENinS  (  Rodolphe  ) ,  docteur  en 
médecine,  et  ardent  disciple  de  Paracelse. 
né  à  Wiitenberg  en  1572,  et  mort  en  1621, 
après  avoir  été  professeur  de  physique, 
puis  de  mathématiques  à  Marpurg.  On  a 
de  lui  :  |  L'ranoscopia.  chiroscopia  etme- 
toposcopia.  1608,  in-12  ;  et  quantité  d'an- 
tres ouvrages  en  faveur  des  divinations 
superstitieuses.  |  Tractatus  de  magnetica 
vulneris  curatione .  1613  ,  in-12  .  Nurem- 
berg. 1662,  in-A".LePèreRobcrli,  jésuite, 
attaqua  cet  ouvrage  et  prouva  que  xa 
n'était  qu'un  tas  de  fanssctes.de  supersti- 
tions et  de  sottises  ;  et  que  s'il  y  avait 
quelque  chose  de  réel,  il  n'était  pas  dans 
l'ordre  naturel.  Le  dorteur  Mesmer  a  res- 
suscité depuis  les  rêveries  de  Gocleniiu. 
royrz  IIELMONT  (  Van  ). 

GOGLEMI'S  :  r.  "-   ^  ^   • 

bnrh  ,  dans  le  coiiu 
fut  eux  iron  50  ans  : 

à  Marpurg,  où  il  niuuiulcn  lbS8.  it  timi 
pocto  cl  philosophe.  On  a  de  lui  un  trot 


GOD 


A90 


GOD 


grand  nombre  d'ouvrages,  qui  ne  sont  lus 
de  personne.  Les  principaux  sont  :  |  Mis- 
cellanea  theologica  etphilosophica.  in-S"; 
I  Conciliator  philosophicus  .  in-8°;  |  Idea 
philosophiœ  Platonicœ.  in-8"  ;  |  Lexicon 
philosophorurn.  in-  fol.;  |  Physiognomicœ 
et  chiromanciœ  spccialia.  in-8",  etc. 

GODARD  (  saint  ) ,  archevêque  de 
Rouen ,  né  à  Salency  en  Picardie  ,  était 
frère,  à  ce  qu'on  croit ,  de  saint  Médard  , 
évêque  de  Tournai.  Son  zèle  parut  dans 
la  conversion  d'un  grand  nombre  d'ido- 
lâtres à  Rouen  ;  mais  l'action  qui  lui  fait 
le  plus  d'honneur  est  d'avoir  contribué , 
avec  saint  Rémi  de  Reims  ,  à  amener  le 
roi  Clovis  \"  au  christianisme.  Il  mourut 
saintement  vers  l'an  550. 

•  GODARD  (  Jeax-Baptiste  ) ,  ancien 
proviseur  du  lycée  de  Bonn,  né  en  1775  à 
Origny  Ste.-Benoîte  (  Aisne  ) ,  a  fait  sur 
l'histoire  naturelle  de  savantes  recherches, 
qu'il  a  consignées  dans  l'ouvrage  intitulé  : 
Histoire  naturelle  des  Lépidoptères  ou 
papillons  de  France.  Ce  travail  avait  été 
commencé  par  Genouville  :  Godard  l'u 
poussé  jusqu'à  la  71*^  livraison,  ou  jusqu'au 
b"^  vol. ,  et  il  a  été  complété  à  8  vol.  par 
M.  Duponchel,  qui  a  consacré  une  Notice 
à  son  prédécesseur  ,  placée  en  tel e  du  6*^ 
volume  des  lépidoptères.  Godard  est  mort 
à  Paris  le  27  juillet  1825.  Son  Eloge  a  été 
prononcé  dans  la  société  Linnéenne  par 
M.  le  capitaine  Devilliers  dans  la  séance 
publique  du  28  décembre  1825.  Godard  a 
publié  aussi  un  Mémoire  sur  plusieurs 
espèces  nouvelles  de  lépidoptères  diurnes 
exotiques  inséré  dans  les  Mémoires  de  la 
société  linnéenne. 

*  GODDARD  (  Jo!«ATHAN  )  ,  médecin 
et  chimiste  anglais ,  né  à  Greenwich  en 
1617,  fut  nommé  médecin  en  chef  de  l'ar- 
mée anglaise  parlementaire ,  accompagna 
en  cette  qualité  Cromwell  en  Irlande  et  en 
Ecosse,  et  revint  à  Londres  en  1651,  après 
la  bataille  de  Worcester.  Lorsqu'en  1565 
le  parlement  dissous  par  Cromwell  fut 
remplacé  par  un  nouveau  ,  Goddard  fut 
nommé  représentant  de  l'université  et 
conseiller  d'état  la  même  année.  Il  con- 
tinua à  jouir  d'une  grande  considération 
auprès  de  Charles  II  ,  à  cause  des  nom- 
breux services  qu'il  rendit  à  la  société 
royale  de  Londres.  Il  est  particulièrement 
connu  par  l'invention  de  différentes  dro- 
gues, et  surtout  par  celle  des  gouttes 
d'Angleterre  ^  connues  sous  le  nom  de 
gouttes  de  Goddard.  autrefois  fort  célèbres 
pour  les  attaques  d'apoplexie  et  d'épilep- 
sie.  Goddard  mourut  le  24  mars  1C74.  On 


a  publié  ses  recettes  sous  le  litre  d'^r- 
cana  Goddardiana,  qui  ont  été  réimpri- 
mées dans  la  Pharmacopeia  bateana.  On 
a  encore  de  lui  :  De  l'abus  des  remèdes; 
de  la  malheureuse  situation  où,  se  trouvé 
la  pratique  de  la  médecine  à  Londres, 
Les  Transactions  philosophiques  et  l'/Iis- 
toire  de  la  société  royale  de  Londres  in- 
diquent plusieurs  autres  écrits  de  God- 
dard. 11  esl  le  premier  anglais  qui  ait  con- 
struit un  télescope. 

GODEAU  (  Axtoi^e),  né  en  1605' à 
Dreux,  d'une  bonne  famille,  se  destina 
d'abord  au  siècle  ;  mais  une  demoiselle 
qu'il  recherchait  ayant  refusé  de  l'épou- 
ser, parce  qu'il  était  petit  et  laid,  il  vint  à 
Paris  et  y  embrassa  l'état  ecclésiastique. 
Produit  à  l'hôtel  de  Rambouillet,  le  bureau 
du  bel  esprit,  et  souvent  du  faux  esprit , 
il  y  brilla  par  ses  vers  et  par  une  conver- 
sation aisée.  11  fut  un  de  ceux  qui  ,  eu 
s'assemblant  chez  Conrart,  contribuèrent 
à  l'établissement  de  l'académie  française. 
Le  cardinal  de  Richelieu  ,  instruit  de  son 
mérite,  lui  accorda  une  place  dans  cette 
compagnie  naissante.  On  dit  que  ce  mi- 
nistre lui  donna  l'évêthé  de  Crasse,  pour 
faire  un  jeu  de  mots.  Godeau  présente  à 
ce  cardinal  une  paraphrase  en  vers  du 
cantique  Benedicite  .  et  il  reçoit  pour  ré- 
ponse :  Vous  m'avez  donné  Benedicite  , 
et  moi  je  vous  donne  Grasse.  Plusieurs 
critiques  prétendent  que  le  cardinal  de 
Richelieu  ne  prononça  jamais  cette  plati- 
tude, et  leurs  raisons  paraissent  plausi- 
bles (  voyez  les  Remarques  de  l'abbé  Joly 
sur  \c  Dictionnaire  ^G  Bayle,  au  mot  BAL- 
ZAC). Il  est  vrai  néanmoins  qu'il  com- 
mença sa  traduction  des  Psaumes  par  la 
paraphrase  du  Benedicite  .  et  ce  poème . 
très  bon  pour  le  temps,  le  fit  connaître 
avantageusement.  Dès  que  Godeau  eut 
été  sacré ,  il  se  retira  dans  son  diocèse  , 
et  se  dévoua  entièrement  aux  fonctions 
épiscopales.  Il  tint  plusieurs  synodes,  in- 
struisit son  peuple,  réforma  son  clergé  , 
et  fut  une  leçon  vivante  des  vertus  qu'il 
demandait  aux  autres.  Innocent  X  lui  ac- 
corda des  bulles  d'union  de  l'cvèché  de 
Vence  avec  celui  de  Grasse  ;  mais  le 
clergé  de  Vence  s'étant  opposé  à  cette 
union  ,  il  quitta  le  diocèse  de  Grasse  ,  et 
mourut  à  Vence  en  1672,  à  67  ans.  Ce  pré- 
lat écrivait  avec  beaucoup  de  facilité  en 
vers  et  en  prose  ;  mais  ses  vers  ne  sont 
le  plus-  souvent  que  des  rimes  ;  et  sa 
prose  ,  coulante  et  aisée  ,  est  quelquefois 
trop  abondante  et  trop  négligée.  Les 
principaux   fruits  de  son  esprit  fécond 


OOD 


491 


r,oi> 


sont  :  1  Histoire  dcT l'glixe.  depuis  le  com- 
rnrncctttent  du  momie  jusqu'à  Itifin  ituV 
siècle.  Paris  .  1655-1678.  î»  vol.  in-fol.,  iM  6 
gros  vol.  in-l'i.  A  qud'iuos  vij-ux  mois 
près  r  C.  quelques  tours  ogaicmeuf  suran- 
nés, son  style  cjale  au  moins  celui  des 
auteurs  qui  ont  traité  depuis  les  mt^mes 
ot>jcls.  Il  a  même  plus  de  nombre ,  plus 
de  majesté,  que  plasieurs  d'entre  eux  ; 
moins  d'inégalités  et  de  saccades  ;  en  un 
mot .  plus  de  cette  grandeur  unie  et  sou- 
tenue que  demande  la  di'jnité  de  l'histoire. 
Son  ouvrage  présente  moins  de  détails 
que  celui  de  l'abbé  Fleury,  mais  il  se  fait 
lire  avec  plus  de  plaisir.  Godeau  prend 
la  substance  des  originaux ,  sans  s'assu- 
jettir à  leurs  paroles  ,  et  fait  un  corps  de 
divers  membres  épars  çà  et  là.  Fleury. 
au  contraire ,  se  pique  d'employer  les  pro- 
pres expressions  des  anciens  historiens  , 
et  souvent  se  borne  à  les  coudre  l'un  à 
l'autre.  Une  autre  différence  entre  les  deux 
ouvrages  est  qu'on  ne  remarque  pas,  dans 
celui  de  Godeau,  ces  idées  de  censure  et 
de  réforme  ,  qui  dirigent  si  souvent  les 
ju(»emens  de  Fleury  ,  ces  éloges  exclusifs 
de  la  primitive  Eglise  ,  cette  prévention 
contre  la  discipline  actuelle,  etc.  :  les  no- 
vateurs par-là  en  font  moins  de  cas  ;  mais 
c'est  un  préjugé  en  sa  faveur.  Cependant 
dans  le  compte  qu'il  rend  de  la  condam- 
nation des  Trois  Chapitres  .  au  5*  concile 
général,  il  ne  s'est  pas  assez  délie  de  leurs 
artifices.  |  Paraphrases  des  Epitres  de 
saint  Paul  et  des  Epitres  canoniques,  in- 
4°,  dans  le  goût  des  Paraphrases  du  Père 
Carrières  ,  qui ,  en  prenant  l'idée  de  l'é- 
vêque  de  Grasse,  l'a  perfectionnée.  |  Vies 
de  saint  Paul.  in-4°  ;  de  saint  Augustin , 
in-4°  ;  de  saint  Charles  Borromée.  1657  , 
2  vol.  in-12  ;  ]  les  éloges  des évéque s  qui 
dans  tous  les  siècles  de  V Eglise  ont  fleuri 
en  doctrine  et  en  sainteté,  in-i**.  (  Morale 
chrétienne.  3  vol.  in-12,  pour  l'instruction 
«les  curés  et  des  prêtres  du  diocèse  de 
Vence.  L'auteur,  ennemi  de  la  morale  re- 
lâchée, opposa  cet  ouvrage  aux  maximes 
pernicieuses  de  certains  casuistes.  |  l^s 
Psaumes  de  David,  traduits  en  vers  fran- 
çais^ in-12.  Les  calvinistes  s'en  servent 
dans  le  particulier  ,  à  la  plac<*  de  ceux  de 
Marot,  qu'on  chante  dans  les  temples. 
Quoique  le  styte  de  cette  version  soit  en 
général  lâche  et  diffas  ,  cependant  la  ver- 
sification a  de  la  noblesse  et  de  la  dou- 
ceur. I  Le  nouveau  Testament  traduit 
et  erpliqné.  in-8*  en  2  vol.  ,  1668  ;  |  plu- 
sieurs autres  poésies  :  les  Fastes  de  l'E- 
glise .  qui   contiennent   plu»  de  15  mille 


ver»  ;  le  fKMMne  de  i .tssomption  ;  celui 
«le  saint  Paul,  de  la  A/atirleine.  de  »aint 
Eu.ttarhe:  iW»églogue.%  chrétienne*,  elc... 
Gtivleau  ,  touché  des  abus  que  la  plu))art 
des  versiruateurs  faisaient  de  ta  poésie  , 
voulut  la  ramener  à  son  véritable  usage  , 
mais  il  «nérila  plus  d'éloges  pour  son  in- 
tention rpie  pour  ses  succès.  Froid  daiu 
les  délaiU.  méthodique  dans  l'ordonnance, 
uniforme  dans  les  expressions,  il  se  copie 
lui-même,  et  ne  connaît  pas  l'art  do 
varier  ses  tours  et  ses  ligures,  de  plaire 
à  l'esprit  et  d'échauffer  le  coeur.  On  est 
forcé  de  se  demander  en  le  lisant,  comme 
le  jésuite  Vavasseur  :  Godellus  utritm 
po.-ta  ?  Et  le  goût  répond  presque  toujours  : 
Aort.  Il  disait  «  que  le  paradis  d'un  au- 
»  teur, c'était  décomposer  )  le  purgatoire, 
»  de  revoir  et  de  corriger  ses  ouvrages, 
»  et  l'enfer,  de  les  imprimer.  »  Ceux  qui 
ont  beaucoup  imprimé  avec  la  sensibilité 
d'auteur  .n'auront  pas  de  peine  à  recon- 
naître cet  enfer,  aujourd'hui  surtout  que 
l'ignorance  et  la  cupidité  ont  fait  de  la 
typographie  une  simple  marotte  de  com- 
merce. I  Eloges  historiques  des  Empe- 
reurs, HH\7,  in-4°  :  ouvrage   très  estimé. 

GODEAU  (Michel  ).  né  vers  1656,  pro- 
fesseur de  rhétorique  au  collège  des  Gras- 
sins.  ensuite  recteur  de  l'université  et 
curé  de  Saint-Côme  à  Paris,  mourut  a 
Corbeil,  oii  des  ordres  supérieurs  l'avaient 
relégué,  le  25  mars  1736,  à  80  ans.  On  a 
de  lui  un  asseï  grand  nombre  d'écrits , 
surtout  en  vers  latins.  Le  plus  connu  est 
une  traduction  d'une  partie  des  OEuvres 
poétiques  de  Despréaux,  imprimée  à  Pa- 
ris en  1737,  in-12.  Tous  ceux  qui  se  con- 
naissent en  vers  latins  avoueront  (dit  un 
célèbre  critique  )  que  ceux  du  traducteur 
ne  sont  guère  dignes  de  son  original  ;  et 
cela  devait  être  ainsi ,  quelque  talent  que 
le  traducteur  pût  avoir  :  ceux  qui  ont  une 
idée  juste  des  langues  anciennes  et  des 
modernes,  du  latin  et  du  français,  n'en 
douteront  pas.  On  peut  ajouter  qu'en  gé- 
néral tout  ouvrage  ,  dont  le  mérite  con- 
siste en  grande  partie  dans  le  style ,  les 
expressions,  les  tours  propres  au  génie  de 
la  langue  dans  laquelle  il  est  écrit 
toujours  la  matière  d'une  paurre 
tion. 

GODEFROI   DE  BOI  IM/WI  ,  due  à» 
Lorraine  et  premier  roi  chrétien  de  Jf  nui 

lem,néavant1 'i-  •■  '»i  ll*siérleàRa«y, 

village  du  hi  ").  à  deux  lieues 

deNi'vclle.  ri  I  <   .  tache  II.  comte d« 

Boulogne  et  de  Lcns.  Ln  1076  U  saccétU  à 
son  oncle  Godefroi  le  Bos«u  ,  dtsc  d«  k 


GOD 


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Basse-Lorraine  ,  dans  le  duché  de  Bouil- 
lor».  Sa  mère,  la  pieuse  Ide ,  le  forma  à  la 
vertu  et  à  la  piété,  et  elle  eut  la  satisfac- 
tion de  réussir.  Les  chanoines  de  la  ca- 
thédrale d'Anvers  se  font  honneur  d'avoir 
pour  leur  fondateur  ce  héros  chrétien  :  il 
fit  aussi  de  grandes  largesses  à  l'évèque 
de  Verdun ,  et  lui  donna  le  comté  de  sa 
vilh;  épiscopale.  Il  servit,  avec  autant  de 
fidélité  que  de  valeur ,  l'empereur  Henri 
IV  en  Allemagne  et  en  Italie.  La  réputa- 
tion de  bravoure  que  ses  succès  lui  avaient 
acquise,  et  sa  piété,  le  firent  choisir  pour 
un  des  principaux  chefs  des  croisés ,  que 
le  pape  Urbain  II  el  les  autres  princes 
chrétiens  envoyèrent  dans  laTerre-Sainte. 
II  partit  pour  cette  expédition  au  prin- 
temps de  l'année  1096,  avec  ses  frères  Eus- 
tache  etBaudouin.  Les  Grecs  s'opposèrent 
vainement  à  leur  passage.  Godefroi  obli- 
gea l'empereur  Alexis  Comnène  de  lui  ou- 
vrir les  chemins  de  l'Orient  et  de  dissi- 
muler ses  inquiétudes.  Par  les  traités 
qu'il  fil  avec  ce  prince  ,  il  devait  lui  ren- 
dre les  places  de  l'empire  qu'il  prendrait 
sur  les  infidèles,  à  condition  qu'il  fourni- 
rait à  l'armée  des  vivres  et  des  troupes. 
Mais  Alexis  craignit  pour  ses  propres 
étals,  et  ne  tint  rien  de  ce  qu'il  avait  pro- 
mis. Godefroi  alla  mettre  le  siège  devant 
Nicée,  s'en  rendit  maître,  et,  en  continuant 
»a  roule  ,  il  prit  un  grand  nombre  de 
places  dans  la  Natolie.  L'armée  croisée 
était  alors  composée  de  100  mille  cava- 
liers et  de  SOO  mille  gens  de  pied  ;  mul- 
titude mal  combinée  et  mal  assortie:  mais 
la  valeur  et  la  sagesse  du  chef  semblaient 
suppléer  à  ce  qu'il  manquait  d'énergie  et 
d'ordre  à  ces  légions  informes.  Antioche 
fut  prise  par  intelligence  ,  le  5  juin  i098. 
Trois  jours  après  il  arriva  une  armée 
immense  ,  qui  assiégea  les  croisés  renfer- 
més dans  la  ville.  Comme  ils  étaient  sans 
provisions,  ils  sévirent  réduits  à  manger 
les  chevaux  et  les  chameaux.  Dans  celte 
extrémité  ils  furent  délivrés  par  la  décou- 
verte vraie  ou  prétendue  de  la  saintelance: 
découverte  faite  sur  l'indication  d'un  clerc 
provençal,  qui  avait  eu  une  révélation. 
Cet  événement  ranima  tellement  le  cou- 
rage des  croisés  ,  qu'ils  repoussèrent  vi- 
vement les  Turcs,  et  remportèrent  sur 
eux  une  grande  victoire.  La  ville  de  Jé- 
rusalem fut  prise  l'année  suivante  (  1099), 
après  cinq  semaines  de  siège.  On  fit  main- 
basse  sur  les  infidèles;  le  massacre  fut 
horrible  :  tout  nageait  dans  le  sang ,  les 
vainqueurs  fatigués  du  carnage  en  avaient 
horreur  eux-mêmes.    Godefroi  ,  dont  la 


piété  égalait  la  valeur;  fut  sans  doute  im 
de  ceux  que  ces  fureurs  soulevèrent. 
Après  la  prise  de  cette  ville,  il  ne  songfa 
qu'à  satisfaire  sa  dévotion,  quitta  sa  cui- 
rasse, se  revêtit  de  laine,  fit  le  tour  de  la 
ville  à  pieds  nus  ,  et  alla  visiter  le  saint 
sépulcre.  Huit  jours  après  la  conquête 
de  Jérusalem,  les  seigneurs  croisés  l'élu- 
rent roi  de  la  ville  et  du  pays.  Ce  prince 
refusa  les  marques  de  la  royauté  ,  disant 
qu'il  ne  convenait  pas  de  porter  une  cou- 
ronne d'or  dans  une  ville  où  Jésus-Christ 
avait  été  couronné  d'épines.  Il  refusa 
même  le  titre  de  roî^et  se  contenta  de 
celui  de  clucel  d'avoué  du  Saint- Sépulcre. 
Le  sultan  d'Egypte  appréhendant  que  les 
chrétiens,  après  de  si  grands  avantages, 
ne  pénétrassent  dans  son  pays  ,  et  les 
voyant  tellement  affaiblis ,  que  de  300 
mille  hommes  qui  avaient  pris  Antioche, 
il  en  restait  à  peine  20  mille,  envoya  con- 
tre eux  une  armée  de  400  mille  combat- 
tans.  Godefroila  défit  entièrement,  et  par 
cette  victoire  devint  le  maître  de  toute  la 
Terre-Sainte,  à  la  réserve  de  deux  ou  trois 
places.  Il  songea  moins  à  étendre  ses  nou- 
veaux états ,  qu'à  les  conserver  et  à  y 
mettre  une  bonne  police.  Il  établit  un  pa- 
triarche ,  fonda  deux  chapitres  de  cha- 
noines, l'un  dans  l'église  du  Saint-Sépul- 
cre, l'auîre  dans  l'église  du  Temple,  et  un 
monaslère  dans  la  vallée  de  Josaphat. 
Après  cela  il  donna  un  code  de  lois  à  ses 
nouveaux  sujets  ,  qui  eurent  la  douleur 
de  le  perdre  après  un  an  de  règne.  Il  mou- 
rut le  18  juillet  de  l'an  1100.  Ce  nouveau 
royaume  subsista  88  ans.  Godefroi  fut  le 
modèle  des  héros  chrétiens ,  et  il  serait  à 
souhaiter  que  nous  eussions  de  lui  une 
bonne  f^ie.  Il  montra  dès  son  enfance  une 
grandeur  d'âme ,  une  générosité ,  une 
douceur ,  une  modestie  qui  charmaient 
tous  ceux  qui  avaient  à  vivre  avec  lui.  Sa 
vertu  et  sa  piété  ne  se  démentirent  ja- 
mais. Personne  n'a  possédé  comme  lui  la 
pénétration  d'esprit  ,  la  solidité  du  juge- 
ment, l'intrépidité  du  courage  ,  la  força 
et  les  autres  avantages  du  corps.  Son 
père,  un  dés  plus  grands  guerriers  de  sou 
temps,  lui  apprit  de  bonne  heure  tout  co 
qui  peut  faire  exceller  dans  la  profession 
des  armes.  Sa  mère  lui  enseigna  les 
maximes  du  christianisme,  qu'il  observa 
depuis  à  la  tête  des  armées,  avec  autant 
de  régularité  qu'il  eût  fait  dans  un  i  loitre. 
Il  assistait  à  l'office  divin  avec  la  plus 
tendre  dévotion  ;  et  ce  n'était  qu'avec 
beaucoup  de  peine  qu'il  sortait  de  l'église 
pour  aller  prendre  la  nourriture  dont  il 


GOD 


493 


GOD 


avait  besoin.  Il  portait  une  sainio  envie  à 
ceux  qui  ont  la  libelle  <le  chanter  toujours 
k?s  louanges  du  Seigneur  au»  pieds  des 
autels,  et  il  tàcliait  au  moins  d'avoir  quel- 
que part  à  leur  ferveur  et  à  leurs  bonnes 
œuvres.  Durant  toute  la  croisade,  on  dis- 
lin^îua  toujours  ses  troupes  au  bon  ordre 
qu'elles  observaient.  Il  commençait  et 
finissait  toutes  ses  entreprises  jwr  des 
actes  de  religion.  Durant  sa  maladie  qui 
dura  cinq  semaines  ,  il  se  prépara  à  la 
mort  avec  de  grands  sentimens  de  piété, 
et  avec  le  courage  d'un  héros  chrétien. 
€  Jamais,  ditTabbédeChoisy  (/ow/vm/rf^a 
»  scvans,  1712,  p.  119  ) ,  l'antiquité  fabu- 
»  Icuse  ne  s'est  imagine  un  héros  aussi 
»  parfait  en  toutes  choses ,  que  la  vérité 

•  de  l'histoire  nous  représente  Godefroi 
»  de  Bouillon.  Sa  naissance  était  illustre  , 
»  mais  ce  fut  son  mérite  qui  réleva  au- 
»  dessus  des  autres  ,  et  l'on  peut  dire  de 

•  lui  que  sa  grandeur  fut  l'ouvrage  de  sa 
»  vertu.  »  Son  Cocie  cU;  lois ,  dont  on  con- 
serve ime  copie  dans  la  bibliothèque  du 
Vatican ,  et  quelques  autres  en  France,  a 
été  traduit ,  mais  peu  exactement  ,  et  im- 
primé à  Venise  en  1555.  On  en  trouve 
une  partie  dans  Deliciœ  equestrium  ordi- 
nxim  de  François  Mennens,  Cologne,  1613, 
in-12.  Il  y  a  une  lettre  de  Godefroi  à  Boé- 
inond  dans  Guillaume  de  Tyr .  liv.  2  , 
chap.  10,  édit.  de  Baie,  1564,  où  il  répond 
à  Boémond  ,  qui  lui  avait  dit  de  se  défier 
d'Alexis  Comnène  ,  qu'il  connaissait  la 
malignité  de  cet  empereur^ et  qu'il  en 
éprouvait  tous  les  jours  quelque  chose. 
Les  exploits  de  Godefroi  sont  consignés 
dans  Labores  Ilerculis  christiani  Gode- 
fridi  Bullionii.  Lille,  167'*,  in-12,  du  Père 
de  Waha  ,  jésuite  ,  ouvrage  d'une  latinité 
pure  et  nerveuse  ;  et  dans  la  Jérusalem 
délivrée  du  Tasse.  Deux  prolestans  ,  Ré- 
gner Reineccius,  professeur  d'Ilelmsladt, 
et  MatlhieuDresser,  professeur  à  Leipsick, 
ont  attaqué  les  croisades  ;  mais  le  Père 
Gretzer,  jésuite,  les  a  victorieusement  ré- 
futés dans  son  traité  De  Cruce ,  lib.  3  ;  ce 
qui  n'empêche  pas  les  philosophes  mo- 
dernes d'être  les  mauvais  singes  de  ces 
deux  sectaires.  Foy.  BERNARD  (saint). 
PIERRE  L'ERMITE,  LOUIS  VII  .  LOUIS 
(  saint  ) ,  etc.  Foyez  aussi  le  Génie  du 
christianisme ,  et  C Histoire  des  croisades 
de  M.  Michaud.  L'auteur  d'un  Essai  sur 
l'histoire  générale  .  prétend  que  Godefroi 
vendit  sa  terre  de  Bouillon  au  chapitre  de 
Liège  ;  ce  que  d'autres  ont  nié,  alléguant 
que  Godefroi  n'était  pas  propriétaire  du 
duché  de  Bouillon ,  et  que  ce  duché  formait 

I. 


le  patrimoine  d'Ide.sa  mère,  qui  lui  sur- 
vécut ;  maiscctie  raison  est  fausse,  Gode- 
froi ayant  succédé  dans  ce  duché  en  1076, 
à  son  oncle  G<Mlef  roi  le  Bossu  ,  qui  l'avait 
adopté  |x)ur  son  fils. 

r.ODEFROI  (  saitit  ) ,  évéque  d'A- 
miens ,  mort  au  monastère  de  Sl.-Crespin 
de  Soissons,  en  1118,  se  rendit  rerom- 
mandable  par  ses  vertus  et  par  ses  coo> 
naissances. 

GODEFROI  DE  VITERBE  .  ainsi  nom- 
mé du  lieu  de  sa  naissance ,  fouilla  pen- 
dant 40  ans  dans  les  archives  de  l'Eu- 
rope, pour  y  recueillir  de  quoi  composer 
imc  Chronique  .  qu'il  dédia  au  pape  Ur- 
bain III  ;  mais  qui,  malgré  cela,  paraît 
n'avoir  pas  été  entreprise  pour  favoriser 
la  cause  des  papes  contre  les  empereurs. 
Godefroi  avait  été  chapelain  et  secrétaire 
de  Conrad  III ,  Frédéric  P'  et  Henri  VI  ; 
etl'esprit  de  cour,  si  l'on  en  croit  quel- 
ques critiques,  a  influé  sur  sa  plume; 
mais  ce  reproche  ne  parait  guère  fondé  : 
l'auteur  parle  respectueusement  des  papes 
et  rend  justice  à  Grégoire  VII.  Cette 
chronique  commence  à  Adam  ,  et  finit  en 
1186.  Elle  est  écrite  en  vers  et  en  prose. 
L'auteur  affecte  dans  ses  vers  ,  quoique 
latins ,  des  rimes  et  des  jeux  de  mots: 
c'était  le  goût  de  son  siècle.  Il  y  traite 
indifféremment  le  sacré  et  le  profane.  Il 
y  parle  de  tous  les  princes  du  monde,  et 
il  intitule  sa  chronique  Pant/iéon  :  comme 
si  ces  hommes,  vers  de  terre  ainsi  que 
tous  les  autres ,  étaient  des  dieux  !  Quoi- 
que cette  compilation  soit  marquée  au 
coin  de  la  barbarie ,  on  ne  peut  refuser 
de  l'érudition  à  l'auteur.  D'autres  chroni- 
queurs, en  particulier  Martin  de  Pologne, 
ont  profité  de  son  ouvrage,  et  en  ont 
copié  tant  le  faux  que  le  vrai.  La  meil- 
leure édition  de  sa  Chronique  est  celle  de 
Hanovre  en  1613,  dans  le  rectieil  des  /lit- 
toriens  d'Allemagne ,  par  Pistorius.  On 
conserve  à  la  bibliothèque  de  Vienne  un 
manuscrit  de  Godefroi  intitulé  Spéculum 
regum. 

GODEFROI  {  De-vis  ) ,  jurisconsulte 
célèbre,  né  en  15'»9  à  Paris,  d'un  con- 
seiller au  Ch&lelet,  s'acquit  une  rrpute- 
tion  au  parlement  :  mais  ayant  embrassa 
le  calvinisme  ,  il  fut  obligé  de  se  retirer  f 
Genève;  il  professa  ensuite  le  droit  daus 
quelques  universités  d'Allemagne  .  oti  U 
mourut  en  4622 .  à  TS  an<.  On  -  •-  '■■■  -n 
grand  nombre  d'ouvrage»  de  i 

lesquels  on  distingue:  |   le   (  n 

civilis.  avec  des  notes,  que  CUtidc  Fii- 
rières   louait  avec  un  enlhou«i.isnne  qui 


GOD 


/11.9/i. 


GOD 


semble  tenir  de  la  prévention.  Les  meil- 
leures éditions  sont  celles  de  Vitré,  1G28, 
et  d'Elzévir ,  1663 ,  2  vol.  in-fol.  |  Notœ 
in  quatuor  libros  Jnslitutionum;  \  Opus- 
cula  varia  juris  ;  \  Praxis  civilis  >  ex  an- 
tiquis  et  recenlioribus  scrijjtoribus  ;  \  In- 
dex chro7iolofficus  legum  et  novellarum 
a  Justiniano  imperatorc  composilarum  ; 
j  Consuetudines  civitatum  et  provinciarum 
Galliœ ^  cum  notis ^  in-fol.;  |  Quœstiones 
polilicœ^  ex  jure  communi  et  historia 
desumptce  ;  |  Dissertatio  de  nobilitate  ; 
I  Statuta  reqni  Gàllice  cum  jure  communi 
collata^  in-fol.;  |  Synopsis  statutoruni 
rnunicipalium  ;  \  une  édition  en  grec  et 
en  latin  du  Promptuarium  juris  d'Harme- 
nopule  ;  |  des  Conjectures  et  diverses  le- 
çons sur  Sénèque  ^  avec  une  défense  de 
ces  Conjectures  ,  que  Grutier  avait  atta- 
quées ;  I  un  Recueil  des  anciens  gram- 
mairiens latins^  etc.  On  attribue  encore 
a  Denis  Godefroi  :  |  Avis  pour  réduire 
les  monnaies  à  leur  juste  prix  et  valeur, 
ParLs  ,1011,  in-8°  (  i  )  ;  |  Main  tenue  et  défense 
des  empereurs,  rois,  princes,  états  et  répu- 
bliques contre  les  censures ,  monitoires  et 
excommunications  des  papes.  in-4°  :  ou- 
vrage dont  le  titre  annonce  suffisamment 
le  fanatisme  de  l'auteur.  |  Fragmenta 
duodecim  tabularum ,  suis  nunc  ptimum 
talmlis  restitata,  1616,  in-Zi".  Les  opus- 
cules de  Denis  Godefroi  ont  été  recueillis 
et  imprimés  en  Hollande,  in-fol.  Dans 
ceux  même  dont  l'objet  parait  indifférent, 
l'auteur  n'a  jamais  manqué  de  faire  en- 
trer les  préjugés  de  sa  secte. 

GODEFROI  (  TnÉoDORE  ) ,  fils  aîné  du 
précédent,  naquit  à  Genève  en  1580.  Il 
embrassa  la  religion  catholique  que  son 
père  avait  quittée,  obtint  une  charge  de 
conseiller  d'état  et  mourut  en  1546 ,  à 
Munster,  où  il  était  en  qualité  de  con- 
seiller de  l'ambassade  de  France,  pour  la 
paix  générale.  La  république  des  lettres 
lui  doit  \Le  Cérémonial  de  France,  recueil 
curieux,  in-4.°,  et  publié  ensuite  par  Denis 
son  fils  ,  en  2  vol.  in-fol.;  |  Mémoire  con- 
cernant la  préséance  des  rois  de  France 
sur  les  rois  d'Espagne.  Paris ,  1613 ,  1618, 
in-4.";  \  Histoire  de  Charles  VI  par  Jean 
Juvénal  des  Ursins  ;  de  Louis  XII ,  par 
Seyssel  et  par  d'Auton  ,  etc.;  de  Char- 
les VIII,  par  Jaligny  et  autres  ;  du  Che- 
valier Bayard ,  avec  le  Supplément  ^  par 
Expilly ,  in-8°  ;  de  Jean  Le  Meingre  ^  dit 


{\)  Cel  ouvrage  n  est  pas  de  Denis  Godefroi ,  mais 
i'nn  autre  Godefroi  ,  avocat ,  qui  avait  t.\r.  procureur 
^a  roi  ••■  mAnnaic*. 


Boucicaultj  maréchal  de  France  in-4*' 
d'Artus  III ,  duc  de  Bretagne ,  in-i"  ;  ds 
Guillaume  Marescot,  in-4°.  Godefroi  n'est 
que  l'éditeur  de  ces  histoires  ,  composées 
par  des  auteurs  contemporains;  mais  il  les 
a  enrichies  de  notes  et  de  dissertations. 
Dii^vis  GODEFROI ,  son  fils ,  né  à  Paris 
en  1615  ,  et  mort  en  1681  ,  en  a  fait  réim- 
primer la  plus  grande  partie  avec  de 
nouvelles  additions.  Jeax,  fils  de  Denis, 
petit-fils  de  Théodore  ,  mort  en  1732 ,  a 
donné  aussi  des  éditions  de  différens  ou» 
vrages  :]  De  la  véritable  origine  de  la 
m.aison  d'Autriche,  in-i";  |  Généalogie 
des  ducs  de  Lorraine  ;  \  L'ordre  et  les  cé- 
rémonies observées  aux  mariages  de 
France  et  d'Espagne  ,in-h9;  \  Généalogie 
des  comtes  et  ducs  de  Bar,  in-4°;  |  Traité 
touchant  les  droits  duroi  très  chrétien  sur 
plusieurs  états  et  seigneuries  voisines,  in- 
foîio,  sous  le  nom  de  Pierre  Dupuy  ; 
I  Généalogie  des  rois  de  Portugal ,  issus 
en  ligne  directe  masculine  de  la  maison, 
de  France  qui  règne  aujourd'hui ,  in-4°; 

I  Entrevue  de  Charles  IV ,  empereur...  ^ 
et  de  Charles  V,  roi  de  France  :  plus  , 
l'entrevue  de  Charles  VII,  ?-oi  de  France, 
et  de  Ferdinand,  roi  d'Aragon,  etc.. 
in-i".  Godefroi  n'écrit  ni  purement,  ni 
poliment,  mais  il  pense  juste  et  n'avance 
rien  sans  le  prouver  avec  autant  de  sa- 
voir que  de  netteté. 

GODEFROI  (Jacques),  frère  du  précé- 
dent, né  à  Genève  en  1587,  persévéra 
dans  le  calvinisme.  Il  fut  élevé  aux  pre- 
mières charges  de  la  république  de  Ge- 
nève ,  sa  patrie ,  et  en  fut  cinq  fois  syndic. 

II  y  mourut  en  1652,  à  65  ans.  C'était  un 
homme  d'ui»e  profonde  et  exacte  érudi- 
tion. On  a  de  lui:  |  V Histoire  ecclésiastique 
de  Philostorge ,  en  grec  et  en  latin  ,  16i2 , 
\a-k° ,  avec  une  version  peu  fidèle  ;  un 
appendix  et  des  dissertations  pour  l'in- 
telligence de  cette  histoire.  |  Le  Mercure 
jésuitique.  C'est  un  recueil  de  pièces  con- 
cernant les  jésuites.  On  sent  assez  quelle 
est  la  nature  de  ces  pièces,  et  comment 
ces  religieux  y  sont  traités  dans  un  temps 
où  les  calvinistes  les  considéraient  comme 
les  seuls  ennemis  redoutables  de  leur 
secte.  La  dernière  édition  de  cet  ouvrage 
est  de  1631 ,  en  2  vol.  in-8°.  \  Opuscula 
varia  ,  juridica  .  politica,  historica.cri- 
tica  ,  in-4";  |  Fontes  ju7is  cjVi7i5,  1653, 
in-4°;  |  De  diversis  regulis  jum,,  1635, 
in-i»  ;  |  De  famosis  latronibus  inves- 
tigandis;  in-4°;  |  De  jure  prœcedentia 
in-4°;  |  De  salario ,  in-4°;  |  Animadver- 
siones  juris  civilis  ;  \  De  suburbiçariis  re* 


GOD 


405 


r.OD 


gionibus .  in-i**,  Fraticfort ,  1617;  |  J)e 
statu  payanorum  suh  imprrntorihns 
christituiis  .  Lcipsick,  1616  .  iii-i";  |  Frag- 
menta Icgum  Juîiœ  et  Pajnœ  ,  collecta 
et  notis  illustrata  ;  \  Codex  Theodosianus 
1665,  4  vol.  in-fol.;  |  fétus  orbis  descrip- 
tio .  gneci  schptotis  sub  Constantio  et 
Constante  imperaloribus  ^  grec  et  lalia, 
avec  des  nolea  ,  in-i°. 

GODEFUOI  (  Jacqdcs  ),  né  à  Carentan, 
mort  en  1624,  était  contemporain  et 
rival  de  BérauU.  II  avait  une  (rrande  oon- 
naissance  des  lois  ,  et  une  dialectique  ex- 
cellente, qui  le  rendit  souvent  redoutable 
à  son  illustre  adversaire.  Il  est  auteur 
d'uji  Commentaire  de  la  <  otttume  de  Nor- 
mandie .  joint  à  celui  de  BérauU  et  d'A- 
viron .  1684  et  1776  ,  2  vol.  in-folio. 

GODEFROI  (  Ar.n'Old  ) ,  né  à  Anneberg 
rille  de  Misnie ,  en  1666,  fit  toutes  ses 
études  à  Wiltemberg  ,  et  s'y  distingua 
par  sa  sobriété  ,  son  application  et  ses 
progrès.  Dégoûté  de  ses  maîtres ,  à  cause 
de  leurs  mauvaises  mœurs ,  il  passa  à 
Dresde ,  où  il  fit  éclater  son  aversion 
pour  les  luthériens ,  et  son  penchant 
pour  le  particularisme ,  c'est-à-dire ,  pour 
la  religion  individuelle,  fruit  de  l'esprit 
particulier  et  du  choix  personnel.  Appelé 
à  Giessen  pour  y  enseigner  l'histoire, 
il  remplit  très  peu  de  temps  cette  chaire  , 
cl  publia  un  ouvrage  sur  son  abdication , 
forcée ,  disait-il ,  par  sa  conscience.  De 
Giessen  ,  il  passa  à  Quediinbourg,  et  s'y 
retira  chez  Jean-Henri  Spregclius ,  dont 
il  époasa  la  fille.  Ses  discours  ,  et  quel- 
ques ouvrages  où  il  débitait  ses  nou- 
>eaulés,  occasioncrent  des  brouilleries , 
qui  ne  l'empêchèrent  pas  de  parvenir  aux 
ctiarges  de  prédicateur  de  la  duchesse 
douairière  d'Eiscnach ,  d'inspecteur  à 
Werben  ,  et  enfin  de  prcdicant  à  Saint- 
.lacques  de  Pcrlebcrg,  dans  la  marche 
de  Brandebourg  ,  où  il  mourut  du  scor- 
but ,  accompagné  d'une  lièvre  ardente . 
le  30  mai  1714.  Dans  son  Histoire  de  l'E- 
glise^ il  attaque  toutes  les  sociétés  chré- 
tiennes. Ses  principaux  disciples  ou  dé- 
fenseurs furent  Dippelius,  que  les  luthé- 
riens nommaient  le  bouffon  bannal  des 
piétistes;  Krazensteinius  .  qui  fit  du  bruit 
à  Quediinbourg;  Madeleine,  servante  de 
Spregelius  ,  l'une  des  héroïnes  d  Arnold., 
depuis  femme  publique;  Spregelius  lui- 
même  ;  Karl,  Schoedius.  etc.,  et  d'autres 
aussi  fanatiques  que  le  maître. 

GODEFROI.  Voyez  GEOFFBOI. 

•  GODF.GI.SILE  .  premier  roi  vandale, 
qui  è  l'instigation  de  SlUicon,  fil  axcrson 


orinre  uiio  In  U|>tioi)  dans  le«  (>>iiilr<t.  Sv- 
Ion  Proropc  .  1rs  Vamlali-s  contraints  par 
la  famine,  avaient  quitté  laDacic  et  les  en- 
virons des  Palus-Méotides.  l«-ur  ancienne 
demeure.  Gmlégisile  voulant  passer  le 
Hhin,  fut  vaincu  par  les  Francs,  et  pé- 
ril dans  le  combat  en  406.  Il  eut  pour 
successeur  Gonderic  ;  cl  les  Alains  rt  le» 
Suèves  étant  venus  aussitôt  au  s<*cour« 
des  Vandales,  passèrent  le  Rhin  dans  la 
njémc  année.  Cet  événement  eut  lieu  dans 
la  douzième  année  du  règne  de  l'empe- 
reur Honorius. 

r.ODEGR.V:VD.  Voyez  CHRODEGAND. 

GODESCAU"..  Voyez  GOTESCALC. 

•  GODESCARD  (  Je*:«  François  ),  sa- 
vant ecclésiastique,  naquit  en  1728,  à 
Rocquemonl,  diocèse  dé  Rouen.  II  fut 
successivement  secrétaire  de  l'archevêché 
de  Paris ,  sous  MM.  de  Beaumont  et  de 
Juigné,  prieur  de  Notre-Dame-<le-bon- 
Repos ,  près  de  Versailles ,  chanoine  de 
Saint-Louis -du- Louvre  et  chanoine  do 
Saint-Honoré.  Il  était  de  l'académie  des 
belles-lettres  et  arts  de  Rouen.  Privé  de 
ses  bénéfices  à  la  révolution  ,  i'  se  vit  ré- 
duit pour  vivre,  à  corriger  des  épreuves 
d'imprimerie;  mais  il  sut  souffrir  avec 
courage  ses  privations  et  son  dénùment. 
Il  mourut  à  Paris  Io20  août  1800  ,  juste- 
ment regretté  de  tous  ceux  qui  l'avaient 
connu.  On  lui  doit  :  |  Vies  des  pères,  des 
martyrs  .  et  des  principaux  saints  tirée» 
des  actes  originaux  et  des  monumens  les 
plus  authentiques  .  traduites  de  l'anglais 
d'Alban  Butler  (  voyez  ce  nom).  La  der- 
nière édition  de  cet  ouvrage  précieux 
a  été  imprimée  à  Versailles  en  1820  :  la 
première  l'avait  élé  à  Villefranche  de 
Rouergue  en  1763,  12  vol.  in-8".  I^  grand 
nombre  d'éditions  qu'il  a  obtenues  en  fait 
suffisamment  l'éloge.  Il  convient  au  cler- 
gé et  aux  simples  fidèles  :  il  est  à  la  fois 
édifiant  et  instructif,  et  annonce  dan^ 
l'auteur  autant  de  piété  que  d'érudition, 
et  autant  de  critique  que  de  zèle.  Le  style 
de  Godescard  est  en  général  pur,  natu- 
rel, simple  sans  exclure  l'élégance,  et  a 
le  mérite  d'être  toujours  pr(>|>ortiontié 
aux  divers  objets  qui  se  pré.senteni  à 
traiter.  L'ouvrage  est  distribué  suivant 
l'ordre  des  jours  du  mois  ;  on  trouve  sout 
chaque  jour  la  vie  du  principal  saint  ,  et 
à  la  fin  des  réflexions  qui  ne  sont  le  plui 
.souvent  qu'un  extrait  de  ses  utaxiatcs,  et 
le  résultat  de  l'examen  de  ses  principale* 
vertus.  A  celle  vie  succèdent  celles  de» 
saints  les  plus  célèbres  qtie  l'Eglise  h» 
norc  le  niéinc  jour.  L'n  volume  cunlcnoni 


GOD  496 

les  fêles  mobiles  a  été  traduit  librement 
par  l'abbé  Nagotet  a  paru  en  1811  à  Ver- 
sailles. I  Essais  historiques  et  critiques 
sur  la  suppression  des  monastères  et 
autres  établissemens  pieux  en  Angleterre , 
traduits  de  l'anglais  de  Dodd  ,  1791 ,  in-S". 
I  De  la  Mort  des  persécuteurs  ^  par  Lac- 
tance  ,  avec  des  notes  historiques,  nou- 
velle traduction ,  1797,  in-8°  ;  |  Réflexions 
sur  le  duel;  \  Abrégé  de  la  vie  des 
saints^  Paris,  1802,  et  Lyon,  1815,  k 
vol.  in-12.  C'est  l'abrégé  du  grand  ou- 
vrage ;  Godescard  l'a  laissé  au  18  juillet  ; 
il  a  été  terminé  par  l'abbé  Bourdier  Del- 
puils.  I  Eloges  de  l'abbé  Bergier  et  de 
tabbé  Legros .  dans  les  Annales  catho- 
liques. L'abbé  Godescard  a  été  aussi  l'é- 
diteur des  deux  ouvrages  su!  vans  :  |  //. 
Holden  analysis  fidei,  Paris  ,  17G7  et  1786, 
in-12;  I  De  controversiis  fidei  tractatus 
per  Adrianum  etPetrumde  Valemburg . 
nouvelle  édition  ,  avec  la  vie  des  auteurs, 
1768,  in-12,  et  plusieurs  manuscrits. 

•  GODET  DES  RIARAIS  (  Paul  ) , 
évêque  de  Chartres,  né  en  lG/t7 ,  fit  ses 
études  au  séminaire  de  Saint-Sulpice  à 
Paris ,  et  fut  pourvu  de  bonne  heure  de 
l'abbaye  d'Igny,  dans  le  diocèse  de  Reims. 
En  1677  ,  il  devint  supérieur  du  séminaire 
des  Trente-Trois,  et  Rl™'^  de  Maintenon 
le  choisit  pour  son  confesseur  à  la  mort  de 
l'abbé  Gobelin.  Le  roi  le  nomma  à  l'évè- 
ché  de  Chartres  en  1690;  mais  il  ne  fut 
sacré  que  le  51  août  1692,  à  cause  des 
différends  qui  existaient  alors  entre  la 
cour  de  Rome  et  la  France.  Il  se  fit  re- 
marquer dans  son  diocèse  par  son  austère 
vertu  ,  son  désintéressement ,  son  zèle  à 
remplir  tous  les  devoirs  de  l'épiscopat. 
Pendant  la  disette  qui  affligea  son  dio- 
cèse en  1695 ,  il  abandonna  aux  pauvres 
tous  ses  revenus  ,  et  vendit  pour  les  as- 
sister le  seul  couvert  d'argent  qu'il  pos- 
sédât. Ce  fut  le  même  esprit  qui  le  diri- 
gea pendant  toute  sa  vie.  Lors  des  dis- 
putes du  quiélisme,  il  contribua  à  faire 
sortir  de  Saint-Cyr  M™^  Guyon  ,  et  il  tra- 
vailla à  prémunir  les  religieuses  de  cette 
maison  contre  la  doctrine  de  cette  femme 
extraordinaire.  Il  publia  aussi  une  in- 
struction pastorale  contre  le  livre  des 
Maximes  des  saints  de  Fénélon  ;  mais 
après  la  décision ,  il  fut  le  premier  à  fé- 
liciter ce  prélat  sur  sa  soumission ,  et  il 
fit  des  démarches  pour  renouer  leur  an- 
cienne amitié.   Il  se  déclara   également 


GOD 

ramener  que  par  les  insinuations  les  plu9 
douces.  Il  mourut  dans  son  diocèse  le  26 
septembre  1709.  On  lui  doit  la  fondation 
de  plusieurs  séminaires  et  écoles  pour 
l'instruction  de  la  jeunesse.  Le  duc  de 
Saint-Simon ,  dans  ses  mémoires ,  parle 
ainsi  de  lui  :  «  Ses  mœurs ,  sa  doctrine , 
»  ses  devoirs  épiscopaux ,  tout  était  irré- 
»  prochable.  Il  ne  faisait  à  Paris  que  des 
»  voyages  courts  et  rares  ,  logeait  à  Saint- 
»  Sulpice ,  et  se  montrait  encore  plus  ra- 
»  rement  à  la  cour.  Il  était  fort  savant , 
»  avait  de  l'esprit,  de  la  douceur,  de  la 
»  fermeté ,  de  la  finesse ,  dont  il  ne  se  ser- 
»  vait  jamais  sans  vrai  besoin.  Son  désin- 
»  téressement ,  sa  piété ,  sa  rare  probité 
»  étaient  son  seul  lustre.  »  M.  de  Bausset, 
dans  sa  Vie  de  Fénélon^  le  fait  encore 
mieux  connaître  :  «  En  1695  il  abandonna, 
»  dit-il ,  tous  les  revenus  de  son  évéché 
»  aux  pauvres  de  son  diocèse ,  qui  souf- 
»  fraient  beaucoup  de  la  disette  des  grains. 
»  Toute  sa  vaisselle  d'argent  consistait  en 
»  une  cuiller  et  une  fourchette ,  et  il  les 
»  vendit.  Il  prêchait  souvent ,  et  ne  plai- 
n  sait  pas  ;  mais  il  convertissait.  Ses  let- 
r>  très  à  Louis  XIV  ,  au  pape,  au  roi  d'Es- 
»  pagne ,  étaient  dignes  des  premiers  siè- 
»  clés  de  l'Eglise.  On  a  imprimé  long- 
«  temps  après  sa  mort ,  ses  Lettres  de  di- 
»  rcction  à  J/""  de  Maintenon  ;  et  on  ad- 
»  mire  la  sagesse,  la  mesure  ,  l'habileté  , 
«  la  profonde  science  du  monde ,  avec  la- 
»  quelle  ce  prélat ,  qui  n'avait  jamais  vu 

0  le  monde  ,  conduit  M™*  de  Maintenon 
»  dans  tous  les  détails  de  sa  singulière  po- 
»  sition.  » 

GODIIV  (Louis  ) ,  né  à  Paris  en  1704, 
montra  de  bonne  heure  beaucoup  de  ta- 
lent pour  les  mathématiques.  L'académie 
des  sciences  lui  ouvrit  son  sein  en  172o. 
Il  fut  comme  le  chef  des  académiciens  qui 
allèrent  au  Pérou  en  1735 ,  pour  la  me- 
sure du  degré  de  la  terre  ;  voyage  bruyant, 
mais  qui  ne  produisît  rien  de  solidement 
utile ,  ni  même  de  bien  certain  relative- 
ment à  son  objet  direct  {voyez  CONDA- 
MINE).  Etant  entré  au  service  de  l'Espa- 
gne ,  il  obtint  en  1732  la  place  de  direc- 
teur de  l'académie  des  gardes-marines  de 
Cadix  ,  où  il  est  mort  le  11  juillet  1760. 
On  a  de  lui  ;  |  un  journal  sous  le  titre  de  la 
Connaissance  des  temps;  \  Table  des  mé- 
moires de  l'académie  des  Sciences^  in-i"; 

1  Machines  approuvées  par  l'académie  ^d 
vol.  Ce  savant  était  aussi  estimable  par 


contre  le  jansénisme,  condamna  le  Cas  son  caractère  que  par  son  érudition  et  ses 
de  conscience  et  blâma  la  conduite  du  car-  talens.  On  lit  son  Eloge  par  Fouchy  dans 
ciinal  de  Noailles  ;  mais  il  ne  chercha  à  le  '  Y  Histoire  de  l'académie  j  année  1760. 


GOD 

*  GODI^iHO  (Manicl  ) .  )ésuUe  .  ne  en 
1630  à  Muntalvan  en  Portu^pl ,  mort  en 
17 IS,  publia  une  relation  de  ses  voyages 
en  Syrie  ,  dans  llnde  et  en  IVrse  ,  sous 
ce  litre  :  Rdaçao  do  novo  caminho  .  etc. , 
Lisbonne  ,  1665 ,  in-4°.  On  a  en  outre  de 
lui  IS'ouveUt  singulière  de  ce  qui  est  ar- 
rivé à  Constantiiiople  après  la  défaite  de 
l'armée  ottomane  sous  les  murs  de  f'ienne, 
(  en  portugais  )  Lisbonne  ,  1684  ;  et  la 
fie ,  les  vertus  et  la  mort  du  sieur  An- 
toine d'yis  Chagas .  Lisbonne ,  1687  et 
<728.  Godinho  a  fait  paraître  aussi  plu- 
sieurs ouvrages  ascétiques. 

GODINOT  (  Jea\  ) ,  docteur  en  théolo- 
gie et  chanoine  de  la  cathédrale  de  Reims, 
naquit  dans  cette  ville  en  IGGi.  Persuadé, 
on  ne  sait  comment ,  qu'il  pouvait  unir 
le  commerce  aux  fonctions  canon  icales  , 
il  s'enrichit  en  faisant  le  négoce  du  vin. 
L'usage  qu'il  lit  de  ses  richesses,  semblait 
en  quelque  sorte  en  légitimer  l'acquisi- 
tion. 11  employa  500  mille  livres  à  faire 
\enir  de  la  bonne  eau  dans  la  ville  ,  et  à 
embellir  les  promenades  publiques.  Son 
opposition  à  la  bulle  Unigenitus  l'a  rendu 
])lus  célèbre  dans  un  certain  monde,  que 
tout  ce  qu'il  a  fait  de  bien  à  la  ville  de 
Reims.  Il  mourut  en  1749. 

GODONKSCIIE  (  Nicolas  ) .  né  à  Paris, 
garde  des  médailles  du  cabinet  du  roi , 
jierdit  cette  place  et  fut  mis  à  la  Bastille 
en  1731 ,  pour  avoir  fait  les  figures  qui 
sont  dans  le  livre  fanatique  de  Boursier  , 
intitulé  :  Explication  abrégée  des  prin- 
cipales questions  qui  ont  rapport  aux  af- 
faires présentes  .  1731  ,  in-12.  On  a  en- 
core de  lui  les  Médailles  de  Louis  Xy , 
1727-1736,  in-fol.,  et  en  manuscrit  Idée 
du  cabinet  du  roi  pour  les  médailles.  11 
mourut  en  17G1. 

GODWIX  (  François  ) ,  évéquc*de 
Laiidaff,  puis  d'Hereford,  né  en  1561  à 
iiavington,  comté  de  Northampton,  mou- 
rut en  1633,  à  72  ans,  après  avoir  publié 
plusieurs  ouvrages  relatifs  aux  antiquités 
et  aux  hommes  d'église  de  sa  pairie  ,  en- 
tr' autres  :  1  De  prœsulibus  Ànglice,  in-4°; 
I  Amiales  d' Angleterre  sous  Henri  VIII, 
Edouard  VI  et  Marie .  en  latin ,  Londres, 
1G16,  in-fol.  Son  fils  MORGAN  a  traduit 
ces  Annales  en  anglais.  Londres,  1630, 
in-fol.  Il  y  en  a  une  version  française  par 
Loigny ,  Paris,  1647 ,  in-4".  Ciux  qui  n'ont 
pas  les  préjugés  actuels  des  Anglais ,  en 
font  peu  de  cas;  l'auteur  semble  avoir 
voulu  faire  l'apologie  du  schisme  et  des 
cruautés  qui  l'ont  cimenté. 

nOD\VI.\  (Thomas),  lillcralcur  an- 


497  r.on 

glais ,  profond  dans  la  connais<>ancc  (Io4 
Ian(r\ie9  et  de  ranli<|uité ,  était  né  à 
vSoininerscl  en  1587,  et  mourut  en  1643. 
à  55  ans,  apK-s  avoir  professé  avec  dis- 
tinction dans  l'université  d'Oxford.  On  u 
de  lui  :  |  Moses  et  Aaron .  reimprime  à 
Ulrecht  en  1698,  in-8"  ,  avec  les  notes  de 
Rei7.ius.  Godwin  explique  avec  beaucoup 
d'érudition  les  rits  ecclésiastiques  et  p<» 
litiquesdes  Hébreux  -,  |  un  bon  abrégé  dis 
antiquités  romaines  publié  sous  ce  titre  : 
Antiquiiatum  romananim  compendium . 
Oxford,  1613,  in-4". 

•  GOD\Vi:\  (  mistriss  Marie  WOU^ 
TONE  CRAFT  )  ,  anglaise  célèbre  par 
l'exaltation  de  ses  idées  politiques  et  par 
son  entliousiasme  pour  la  révolution  fran- 
çaise ,  naquit  à  Londres  en  1759 ,  selon  les 
uns,  et  selon  d'autres  à  Beverley  en  1758. 
Sa  mère  l'ayant  laissée  sans  fortune  ,  elle 
dirigea  avec  ses  sœurs  une  école  qu'elle 
abandonna  bientôt  pour  aller  donner  se« 
soins  à  une  de  ses  amies,  tombée  dangereu- 
sement malade  à  Lisbonne.  A  son  retour  en 
Angleterre,  elle  entra  comme  institutrice 
chez  le  vicomte  de  Kingsborough ,  lord 
lieutenanld'Irlundc  ,  et  vint  résidera  Lon- 
dres en  1786  :  elle  se  fit  connaître  l'année 
suivante  par  la  publication  de  divers  ou- 
vrages. Une  passion  malheureuse  qu'elle 
conçut  pour  le  peintre  suisje  Fuessli , 
qui  jouissait  en  Angleterre  d'une  grande 
réputation  et  était  marié,  la  détermina 
à  quitter  sa  patrie.  Elle  passa  en  France 
en  1792 ,  et  se  lia  avec  les  principaux  chefs 
des  Girondins ,  qu'elle  vil  périr  sous  la 
hache  révolutionnaire.  Quelque  leii.ps 
après  elle  épousa  M.  Godwin,  auteur  de 
plusieurs  lomans,  notamment  de  Cateh 
fVittiams .  traduit  par  G.  Garnier.  Elle 
mourut  d'un  accouchement  pénible  le  10 
septembre  1797.  Ses  principaux  ouvrages 
sont  :  I  Pensées  sur  l'éducation  des  filles. 
Londres,  1787,  in-12;  |  Défense  des 
droits  de  l'homme;  \  une  Lettre  à  Ed' 
mond  Burke .  à  l'occasion  de  ses  Ré- 
flexions sur  la  révolution  française  .  1790. 
in-S"  ;  I  Défense  des  droits  des  femmes  , 
avec  des  réflexions  sur  des  sujets  politi- 
ques et  moraux  .  1792 ,  in-8°  ;  |  llistoirt 
originale  de  la  vie  réelle .  à  l'usage  des 
en  fans;  \  le  Lecteur  féminin;  \  Lettres 
écrites  pendant  un  court  séjour  en  Suède, 
en  Aonvége  et  en  Danemarck  ;  |  Leê 
maux  de  la  femme ,  roman  traduit  en 
français  par  B.  Ducos,  sous  le  titre  de 
Maria,  ou  le  .Valheur  d^étre  femme .  1798, 
in-12.  On  a  publié  la  Vie  et  trsmémoirei 
de  mistriss  Godwin  sur  d^s  matérians 
42. 


GOD 


498 


GOE 


fournis  par  son  mari.  Ils  ont  élé  traduits 
en  français  en  1802 ,  1  vol.  in-12.  Tous 
ses  ouvrages  sont  écrits  en  anglais. 

•  GODWIX  (  William  ),  écrivain  cé- 
lèbre d'Angleterre ,  fils  d'un  ministre  non- 
conformiste  de  Gueswick  dans  le  comté 
de  Norfolk,  fit  de  bonnes  études  à  Hoxton, 
et  exerça  les  fonctions  de  ministre  de  1778 
à  1782  ;  il  renonça  ensuite  à  l'état  ecclé- 
siastique et  se  rendit  à  Londres  pour  se 
livrer  à  son  goût  pour  la  littérature.  Il 
abjura  bientôt  les  opinions  des  non-con- 
tbrmistes,  pour  embrasser  celles  des  cal- 
vinistes, et  publia  six  discours  sur  la 
Bible  avec  ce  titre  :  Essai  d'Histoire  en 
six  sermons^  1782,  in-12.  Godwin  passa 
dans  la  retraite  environ  dix  ans,  qu'il 
consacra  à  la  recherche  des  matériaux 
dont  il  avait  besoin  pour  un  ouvrage  im- 
portant intitulé  :  Recherches  sur  la  justice 
et  son  influence  sur  la  vertu  et  le  bonheur 
de  la  société j.  1793,  in-4°,  5''  édition, 
1797,  2  vol.  in-8°.  Benjamin -Constant 
a  fait  une  traduction  de  ce  livre,  qui 
fut  accueilli  avec  un  vif  enthousiasme 
en  Angleterre.  Parmi  plusieurs  sages 
maximes  que  ce  livre  renferme ,  on  en 
trouve  qui  sont  d'un  démagogue  insensé 
telles  que  celle-ci  :  les  gouvernemcns  sont 
un  7nal  nécessaire,  et  il  viendra  un  jour. 
j:mr  heureux  j  jour  le  plus  beau  de  l'es- 
pèce humaine ,  où,  il  n'en  existera  plus. 
Les  autres  ouvrages  de  Godwin  sont  écrits 
dans  le  même  esprit  et  sont  intitulés  : 
I  if^illiam  Caleb ,  1794,  roman  qui  a  été 
traduit  en  français  par  le  comte  Germain 
Garnier  ;  |  le  Rechercheur .,  réflexions  sur 
l'éducation,  les  mœurs,  la  littérature,  1796  ; 
I  Saint-Léon,  nouvelle  du  16*^  siècle ,  h.  vol. 
in-12,  1799,  3*=  édit. ,  1816,  ouvrage  où 
l'auteur  s'est  peint,  et  qui  a  eu  une  parodie 
en  1800,  sous  ce  titre,  Saint-Godwin . 
par  le  comte  Rcginald  de  Saint- Léon; 
j  Histoire  de  la  vie  et  du  temps  de  Geoffroy 
Chaucer.  2  vol.  in-i",  1805;  2'  édition, 
k  vol.  in-8'',  1804  ;  1  Fleet-ff^ood,  ou  le 
Nouvel  homme  à  sentimens^  3  vol.  in-12, 
480S,  trad.  en  français  par  Léon  Yille- 
querque  ;  |  Vie  d'Edouardet  de  John  Phi- 
lips .  neveu  et  élève  de  Milton.  18io,  in-i"  ; 
!  A/andeville .  histoire  domestique  du  17' 
siècle,  1817,  3  vol.  in-12.  Godwin  a  fait 
aussi  des  tragédies.  Sur  la  fin  de  sa  vie  il 
tint  une  librairie  à  Londres.  Il  est  mort  du 
choléra  dans  cette  ville  dans  les  premiers 
jours  de  septembre  1832. 

•  GODY  (  dom  Simplicien  ) ,  bénédic- 
tin ,  prieur  de  Cluni,  né  à  Ornans  au  com- 
mencement du  17'  siècle,  mort  à  Besan- 


çon en  1662,  a"publié  :  |  des  Odes  sacrées 
pour  entretenir  la  dévotion  des  personnes 
de  piétés  Saint-Nicolas  en  Lorraine  ,  1629, 
in-12;  {  Les  honnêtes  poésies  de  Placidas- 
Philémon  Gody .  divisées  en  5  liv.  Nancy 
1631 ,  Paris,  1632 ,  in-8°  ;  |  une  traduction 
à'Humbertus.  Paris ,  1632 ,  in-i"  ;  |  Eleyia 
sanctorum  illustrium  cum  aliis  nonnullis^ 
ibid.,  1647,  ln-12;  |  ad  Eloquentiam 
christianam  via.  ihid.  1648,in-i2;  |  Musa 
contemplatrix ,  Lyon,  1660,  in-16,  et 
quelques  autres  écrits  ascétiques  peu  im- 
portans. 

*  GOECRIXGR  (Leopold-Fr.GUNTH 
de  ) ,  poète  allemand  ,  né  en  1748  dans  le 
pays  d'Halberstadt,  fit  ses  études  au  lycéa 
de  Halle  et  occupa  divers  postes  sous  le 
règne  de  Frédéric  II.  Pendant  la  guerre 
de  sept  ans ,  il  fut  directeur  de  chancel- 
lerie, en  1786,  conseiller  des  domaines  à 
Magdebourg,  et  en  1793 ,  membre  du  con- 
seil des  finances  à  Berlin.  Frédéric  II 
l'avait  anobli  en  1789.  Le  duc  de  Cour- 
lande  le  choisit  pour  son  chargé  d'affaires 
dans  la  capitale  de  la  Prusse ,  et  en  1802 , 
quand  le  prince  d'Orange  obtint  les  évê- 
chés  sécularisés  de  Foobda  et  Corvey, 
Goeckingk  fut  chargé  d'organiser  l'admi- 
nistration de  la  nouvelle  i)rincipauté.  Le 
roi  de  Prusse  l'avait  aussi  nommé  mem- 
bre de  la  commission  de  législation.  Pen- 
dant que  Burger  son  ami  et  son  camarade 
d'études,  publiait r^//Ka?mc/i  des  muses 
de  Gottingue .  il  fit  paraître  avec  Woss 
VMmanach  des  muses  de  Hambourg.  Il  se 
fit  connaître  par  des  épitres  dans  le  genre 
didactique  où  il  exposait  une  philosophie 
douce  etpratique  comme  celle  de  Socrate. 
Il  s'exerça  au9sl  avec  succès  dans  le  genre 
lyrique.  Onadumèmepoètedesépigram- 
mes,  des  essais  satiriques  en  prose ,  qui  ont 
été  recueillis  et  publiés  à  Francfort  en  1784, 
mais  ils  firent  peu  de  sensation,  et  l'auteur 
s'arrêta  au  premier  volume.  Arrêté  en 
1813  par  les  Français  qui  avaient  frappé  ce 
pays  d'une  contribution  qu'il  ne  put  four- 
nir sur-le-champ,  Goeckingk  fut  conduit  en 
prison  à  Grunberg  pour  y  rester  jusqu'à 
ce  que  la  somme  fût  payée  :  un  riche 
négociant  satisfit  à  cfette  condition,  et 
le  poète  Goeckingk  recouvra  sa  liberté. 
Après  la  paix  il  vécut  d'une  modeste  pen- 
sion que  lui  faisait  le  gouvernement ,  et 
il  termina  sa  carrière  littéraire  en  pu- 
bliant une  édition  nouvelle  de  ses  poésies, 
qui  appartiennent  à  l'ancienne  école  da 
Wleland,  plutôt  qu'à  celle  des  poètes  mo- 
dernes. Il  mourut  le..l8  février  1828. 

•  GOF-DART  (  Jean  ),  naturaliste    et 


GOE 


499 


GOE 


peintre  lioUandata ,  né  à  Mid(lcU)our({  en 
1620,  mort  en  1G68,  a  publié  on  hullan- 
dats ,  Description  dr  l'origme ,  de  t'es- 
y^ce .  des  qualités  et  des  mctamorpfioscs 
des  vers .  cfieniUes .  etc.,  MiiidcU)ourc, 
ir»62.  3  parties  in-8",  avec  IKO  planches 
coloriées.  Ce  livre  a  été  traduit  en  latin 
pnr  .1.  de  Mey  et  par  M.  Lister,  qui  l'a 
au<si  traduit  en  anglais.  Il  en  existe  une 
traduction  française  intitulée  :  Méta- 
morphoses naturelles  ,  ou  l' Histoire  des 
insectes,  etc..  Amsterdam,  1700,  3  vol. 
in-12.  Ce  livre,  peu  recherché,  n'a  de 
valeur  que  lorsque  les  figures  sont  co- 
loriées. 

CiOERÉE  (  Guillaume),  savant  libraire 
d'Amsterdam ,  né  à  Middelbourg  en  1635, 
mort  à  Amsterdam  en  1711,  est  auteur 
de  quelques  ouvrages  sur  l'histoire  des 
Juifs  ,  sur  la  peinture  ,  sur  l'architecture. 
Us  sont  écrits  en  flamand.  Les  principaux 
sont  :  1  les  Antiquités  judaïques ,  Utrecht, 
1700,  2  vol.  in-folio,  ornés  de  belles  es- 
tampes. Il  y  a  de  l'érudition,  mais  aussi 
l)eaucoup  de  hors-d'œuvre,et  il  ne  paraît 
pas  que  l'auteur  ait  puisé  dans  les  sources. 
Les  tailles  douces  n'y  servent  souvent  que 
d'ornement,  et  on  peut  croire  qu'une 
bonne  partie  do  \'o\i\  rage  a  été  faite  pour 
les  amener.  On  doit  porter  le  mcm*  juge- 
ment du  suivant  :  |  Histoire  de  l'église 
juive,  tirée  des  écrit:  de  Moïse .  il  QO  , 
k  vol.'in-fol.  ornés  d'estampes;  |  Histoire 
ecclésiastique  et  civile.  Amsterdam  , 
1705  ,  in-k",  etc.  ;  |  Introduction  à  la  pra- 
tique de  peinture  universelle .  in-8°  ;  |  De 
la  connaissance  de  l'homme,  par  rap 
port  à  sa  nature  et  à  la  peinture .  in-8"; 
I  Architecture  universelle,  etc.  —  Il  était 
lilsde  HucuES-Guii.L.\UMF,  GOERÉE ,  mort 
à  Middelbourg  en  Zélande  ,  vers  l'an  1643, 
qui  a  donné  une  traduction  en  flamand 
du  Traité  de  la  république  des  Hébreux. 
de  Pierre  Cunaeus,  Amsterdam,  1682, 
in-8°.  Il  a  aussi  donné  une  Continuation  de 
ce  traité  en  2  vol.  qui  a  encore  été  aug- 
mentée d'un  vol.  par  Guillaume  Outran , 
cini  fait  le  i*  volume  de  cette  collection, 
Amslcrdain,  1705 ,  in-12.  Le  tout  a  paru 
aussi  en  français  à  Amsterdam ,  1705. 
—  Guillaume  Goerée  eut  un  fils  nom- 
mé Jean,  qui  se  fit  une  grande  réputa- 
tion par  son  habileté  dans  le  dessin.  Il 
dessina  les  beaux  tableaux  qui  s<ml  dans 
la  salle  bourgeoise  de  l'holel- de- ville 
d'Amsterdam.  Il  mourut  dans  cette  ville 
le  k  janvier  1731. 

GOERTZ  (  Geouces-Hexhi  .   baron  de 
SCIILI TZ  .  autrement  nommé  de  },  du  du- 


ché de  Holstein  ,  sut  plaire  à  Cliarlos  XII 
par  son  caractère  enl reprenant  et  son  au- 
dace. Ce  que  ce  prince  était  à  la  léle  d'une 
armée,  il  l'était  dans  le  cabinet.  Employé 
par  son  maître  en  différentes  négociations 
hasardeuses,  il  fut  arrêté  en  Saxe  et  en  Hol- 
lande :  il  échappa  la  première  fois  du  mi- 
lieu de  six  cavaliers  ;  la  seconde,  il  fut  re- 
mis eu  liberté  ,  et  son  affaire  fut  assoupie. 
Il  s'agissait  de  faire  révolter  l'Angleterre 
en  faveur  du  prétendant ,  et  d'embraser 
l'Europe  par  une  guerre  générale.  Il  s'a- 
gita beaucoup  ,  et  ne  réussit  point.  Chargé 
des  finances  du  royaume  de  Suède  ,  il  eut 
recours  à  des  moyens  extrêmes  et  rui- 
neux ,  pour  fournir  aux  dépenses  que  les 
folies  héro't'ques  de  l'Alexandre  du  Nord 
exigeaient.  Aussi, à  la  mort  de  ce  prince, 
il  fut  arrêté  ;  et  pour  apaiser  les  peuples , 
en  leur  sacrifiant  une  victime  du  pouvoir 
arbitraire  qui  les  avait  fait  gémir  sous 
Charles  XII ,  il  fut  décollé  le  2  mars  1719. 
Il  appartenait  à  une  famille  de  Fraiicu- 
nie. 

G0ETII.\1>S.  Voy.  HENRI  DE  GAUD. 

•  GOETHE  (  Jea.\-Wolfcang),  célèbre 
poète  allemand,  naquit  le  28  août  17i9 . 
à  Francfort-su r-le-Mein  ,  d'une  famille 
considérable  de  celte  ville.  Son  père  ,  ju- 
risconsulte distingué ,  dirigea  sa  première 
éducation  et  l'envoya  ensuite  étudier  la 
jurisprudence  d'abord  à  Lcipsick  ,  puis  à 
Strasbourg.  Ce  fut  dans  cette  dernière 
ville  que  le  jeune  Goethe  fut  reçu  docteur 
endroit.  Suivant  les  instructions  de  son 
père  qui  désirait  en  faire  un  jurisconsulte, 
il  se  rendit  à  Wctilar,  pour  se  former  à 
l'application  pratique  des  principes  de 
la  jurisprudence.  Mais  le  goût  et  les  dis- 
positions de  Goi'lhe  le  rendaient  peu  pro- 
pre à  remplir  les  vues  paternelles.  Le 
droit  n'offrait  point  d'aliment  à  son  ima- 
gination ardente ,  et  il  consacra  tout  le 
temps  qu'il  put  dérober  à  cette  science ,  à 
étudier  les  langues,  1  histoire ,  la  méta- 
physique, la  géologie,  l'anatomie,  la  phy- 
siologie et  la  chimie.  Goethe  annonça  de 
bonrie  heure  ce  qu'il  devait  être  un  jour. 
Lorsqu'il  était  encore  enfant,  il  compo- 
sait des  contes,  de  petits  drames,  de  pe- 
tites pièces  de  poésie  qui  étaient  arcueil- 
lies  avec  transport  par  ses  compagnons 
d'étude.  Deux  disjwsitions  émincmmcnl 
poétiques  ,  formaient  le  fond  de  son  ca- 
ractère, -une  sortede  mélancolie  religieuse, 
cl  une  sensibilité  tendre  cl  cx|»aniivc.  A 
l'iigc  de  14  ans,  il  conçu!  pour  une  jeune 
fille  une  passion  si  exaltée  ,  qu'il  nxouail 
sur  la  fin  de  ses  jours  «jue  durant  »«  %i« 


GOC 


500 


GOE 


enlicre ,  il  n'avait  jamais  rien  éprouvé  de 
pareil.  Un  accident  ayant  rompu  cette 
première  liaison,  au  moment  où  elle  ve- 
nait de  se  former,  le  jeune  Goethe  en  con- 
çut un  profond  chagrin  qui  devint  du  dés- 
espoir lorsqu'on  lui  apprit  que  l'objet  de 
9a  passion    n'éprouvait  pour  lui  que  de 
l'indifférence  et  avait  regardé  son  amour 
ronmie  un  enfantillage.  La  perte  d'une 
illusion  qui  remplissait  son  âme  lui  porta 
un  coup  terrible  ,  et  sa  santé  s'altéra  au 
point  de  faire  craindre  pour  ses  jours. 
Cette  exquise  et  profonde  sensibilité  ,  qui 
est  un  des  attributs  du  génie,  se  révèle 
dans  presque  toutes  les  productions  de 
Goëtlie.  Lorsqu'il  commença  à  écrire,  la 
littérature  allemande  était  encore  au  ber- 
ceau. Les  écrivains  de  cette  nation  n'ayant 
dans  leur  langue  aucun  modèle ,  aucune 
route  tracée,  se  contentaient  d'imiter  ti- 
midement les  productions  des  nations  voi- 
sines. L'admiration  exclusive  du  grand 
Frédéric  jiour  la  langue  et  la  poésie  fran- 
çaise, et  le  peu  d'estime  qu'il  accordait  à 
la  littérature  de  son  pays ,  contribuaient 
à  arrêter  l'essor  du  génie  allemand.  Ce- 
pendant Lessing  entreprit  de  démontrer 
à  ses  compatriotes  qu'ils  ne  pourraient 
s'élever    qu'en   cessant  de  prendre  les 
étrangers  pour  modèles.  Mais  si  Lessing 
prépara  le  mouvement  intellectuel  et  lit- 
téraire de  l'Allemagne,  à  Goethe  seul  il 
lut  donné  de  l'opérer.  Il  commença  par 
étudier  avec  soin  la  littérature  française , 
mais  n'y  trouvant  rien  qui  excitât  la  sym- 
,  palhie  d'une  âme  jeune  et  ardente  ,  il  lui 
contesta  la  suprématie  à  laquelle  elle  pré- 
tendait, et  se  mit  à  cherciier  des  routes 
différentes.   Convaincu   que  le  goût  ne 
pouvait  cire  soumis  à  des  règles  fixes  et 
absolues ,  il  adopta  un  système  de  liberté 
illimitée  en  littérature ,  et  comme  Shakes- 
peare ,  qu'il  étudia  sans  vouloir  le  pren- 
dre servilement  pour  modèle,  il  pensa 
qu'il  ne  devait  chercher  qu'en  lui-même 
la  source  de  ses  inspirations.  Etudier  la 
nature  dans  son  âme  et  dans  les  objets 
extérieurs  et  la  laisser  s'exprimer  dans 
une  imitation  libre  et  pleine  de  vie  ^  voilà 
le  système  qu'il  adopta  et  qu'il  essaya  de 
réaliser  dans  ses  compositions.  Goethe  ne 
s'est  presque  jamais  occupé  de  l'effet  qu'il 
produirait  ;  ses  principaux  ouvrages  n'ont 
été  que  le  récit  de  ses  sensations  person- 
nelles et  de  ses  émotions  intimes ,  et  par 
cela  même  qu'ils  offraient ,  non  une  œu- 
vre factice  et  idéale,  mais  le  tableau  le 
plus  vrai  des  secrètes  et  profondes  affec- 
tions d'une  jeune  âme  qui  s'était  nourrie 


de  toutes  les  idées ,  de  tous  les  sentimens 
de  son  siècle ,  ils  ne  pouvaient  manquer 
d'exciter  une  vive  sympathie.  Le  roman 
de  Werther j,  qui  a  obtenu  un  si  prodi- 
gieux succès,  en  est  une  preuve  frappante-; 
Le  dégoût  amer  de  la  vie  qui  y  est  exprimé,' 
ce  découragement  profond  produit  par 
l'absence  des  croyances,  Goethe  l'avai 
senti  lui-même.  Jeune  encore  il  avait  rêvé 
le  suicide,  et  il  avait  môme  plusieurs  fois 
essayé  d'attenter  à  ses  jours.  Werther 
n'est  que  le  récit  de  ce  qu'il  avait  éprouvé 
dans  celte  lutte  intérieure.  Mais  en  se 
peignant  lui-môme  ,  l'auteur  avait  peint 
toute  la  génération  contemporaine.  Cel 
écrite  dit-il^  manifestait  les  rêves  pé- 
nibles d'une  jeunesse  maladç  ;  c'était 
l'expression^  l'écho  d'un  sentiment  uni- 
versel. Celte  observation  explique  la  po- 
pularité que  ce  livre  obtint  en  Europe , 
et  la  funeste  influence  qu'il  exerça  sur  les 
esprits.  Plus  d'un  jeune  homme  au  cœur 
ardent,  révolté  comme  "Werther  contre 
tous  les  devoirs  sociaux ,  après  s'être  con- 
sumé dans  les  rêves  solitaires  d'un  or- 
gueil exalté  ou  d'une  passion  sans  espé- 
rance ,  a  fini  comme  le  héros  frénétique 
de  Goethe  par  se  donner  la  mort.  Il  existe 
encore  des  exemplaires  de  ce  livre  teints 
du  sang  des  malheureux  qui  ont  voulu 
imi-ter  jusqu'à  son  dénoùment  cet  horrible 
drame.  De  pareils  faits  révèlent  assez  ce 
qu'il  y  a  de  condamnable  dans  ce  livre ,  et 
de  vicieux  dans  le  système  littéraire  adopte 
par  l'auteur.  La  littérature  ,  sous  peine  de 
se  dégrader,  ne  doit  pas  reproduire  indis- 
tinctement tout  ce  qui  existe  dans  la  na- 
ture et  la  société  ;  il  y  a  des  objets  auxquels 
le  talent  ne  doit  point  s'abaisser  ;  ce  qui 
constitue  l'art  et  le  goût,  c'est  le  choix. 
L'obj  et  de  la  littérature  n'est  pas  seulement 
le  vrai ,  mais  encore  le  bon  et  le  beau. 
Tout  le  talent  de  Goethe  ne  suffit  donc 
pas  pour  légitimer  une  production  dan- 
gereuse pour  la  jeunesse,  et  qui  pré- 
sente comme  un  acte  de  philosophie  et  de 
courage  ce  qui  n'est  en  réalité  que  le  der- 
nier degré  de  l'égoïsmc.  Toujours  fidèle  à 
son  système  ,  Goethe  représenta  dans 
Faust  une  autre  maladie  de  son  siècle , 
le  dégoût  et  la  satiété  nés  de  celte  science 
hautaine  qui  en  prétendant  tout  expliquer 
ne  produit  que  le  doute  et  l'incertitude 
Le  poète  peignant  cet  état  de  l'esprit  dans 
tout  ce  qu'il  peut  produire  d'angoisses, 
dans  tout  ce  qu'il  peut  enfanter  de  désor- 
dres ,  met  en  scène  un  docteur,  qui  ne  re- 
cueillant de  tout  son  savoir  qu'un  ennui 
profond ,  fait  alliance  avec  le  diable ,  el 


GOE 


501 


GOE 


porto  la  peine  de  son  pacte  sacrilège.  C'est 
«  le  cauchemar  de  l'esprit  que  cotte  pièce 
»  de  Faust ,  dit  madame  de  Stacl...  ;  on  y 
»  trouve  la  rcvclalion  dial>oliquc  do  l'in- 
>  crêdulitô,  de  ccllo  qui  s'appliquo  à  tout  ce 
»  qu'il  peut  y  avoir  de  bon  dans  le  monde.» 
Après  avoir  peint  dans  fferther  cl  dans 
/•"aust  le  désordre  moral  et  les  angoisses 
du  doute  ,  Goolhe  mil  en  scène  dans  Goétz 
de  Berlichiitijcn .  l'amour  de  l'indépen- 
dance ou  plutôt  ce  sentiment  inquiet  et 
or(pieillcux  ,  qui,  aux  époques  de  rcvo- 
luiion  surtout,  refuse  de  recounallre  au 
cunc  règle ,  de  se  soumellre  à  aucune  loi. 
Dans  le  comte  d'Kgmont.  il  représenta 
l'amour  avec  tout  ce  que  ce  sentiment 
peut  produire  d'exaltation  et  de  dévoue- 
ment. C'est  peut-être  dans  ses  poésies  que 
le  génie  de  Goethe  se  déployé  avec  le 
plus  de  richesse  et  d'originalité.  Dans  le 
Tasse  et  dans  Jphigénie  en  Tauride,  l'au- 
teur s'efforça  d'alloindrc  à  la  perfection 
classique  et  à  la  beauté  harmonieuse  des 
formes.  Ces  deux  pièces  ont  la  beauté 
des  statues  antiques ,  mais  elles  en  ont 
aussi  la  froide  immolùlité.  Goethe  s'est 
essayé  dans  presque  tous  les  genres  de 
littérature.  Parmi  les  ouvrages  qui  sont 
sortis  de  sa  plume  nous  citerons  dans  le 
gonre  romanesque  :  |  les  souffrances  du 
jeune  ff^erlher;  les  années  d'apprentis  - 
sage  de  Jf^ilhem  Meister  ;  les  Affinités 
électives;  ce  dernier  ouvrage  n'est  que  le 
développement,  froid  et  languissant  d'une 
idée  métaphysique  que  l'on  cherche  en- 
core à  comprendre  après  avoir  lu  l'ou- 
vrage. Dans  le  genre  épique  :  |  Uermann  et 
Dorothée,  et  un  fragment  intitulé  Achille  ; 
dans  le  genre  dramatique  ,  |  Goctz  de 
Berlichingen .  Clavijo .  Stella.  Jphigénie 
en  Tauride.  Le  Tasse  .le  Comte  d' Egmont  ^ 
Faust  .  Eugénie  ou  la  Fille  naturelle  , 
Clawline  de  filla-Bella  .  Lila ,  les  Com- 
pUces.  le  Frère  et  la  Sœur.  Plaisanteries, 
/{use  et  vengeance,  le  Réveil  d Epimé- 
uide.  etc.  etc.  ;  dans  les  poésies  diverses , 
I  le  Chant  de  Mahomet,  la  Fiancée  de 
Corinthe,  le  Dieu  et  la  Uayculère.  le  Pé- 
cheur,le  Voyageur.  Prométhée,  le  Chant 
des  géniei  sur  les  eaux,  les  Bornes  de 
l'humanité,  etc.  Goethe  a  encore  publié 
quelques  écrits  tliéoriqucs  et  critiques, 
I)ûrmi  lesquels  on  cite  ceux  qui  ont  pour 
titre  I  les  Propylées.  fVinkelmann  et  son 
siècle;  Considérations  sur  les  hommes 
célèbres  en  France  au  18*  siècle.  Il  a 
donné  aussi  ses  Mémoires.  La  vie  de 
Goëlhe  fut  longue,  paisible  et  honorée.  Le 
prince  de  Saxc-Wcùnar  l'ayant  vu  dans 


un  voyage  qu'il  fit  h  Francfort  peu  à( 
temps  après  la  publication  de  Werther  , 
conçut  pour  lui  une  haute  estime  ,  et 
lorsqu'il  prit  les  rênes  du  gouvernement 
en  1776,  il  s'cnipressa  de  l'appeler  auprès 
de  lui,  en  lui  accordant  le  titre  de  cor>- 
seiller  de  légation  avec  séance  et  voix  en 
son  conseil  privé.  En  1783,  il  lut  donna 
des  lettres  de  noblesse  ,  et  le  nomma  pré- 
sident du  conseil  de  Weimar.  Goethe  par- 
tit pour  l'Italie  en  1786,  et  consacra  trois 
années  k  parcourir  et  à  étudier  ce  pays  si 
propre  à  élever  et  à  inspirer  le  génie.  De 
retour  à  Weimar  en  1789 ,  il  quitta  encore 
cette  résidence  en  1792,  pour  accompa- 
gner le  prince  régnant  à  l'arnu-e  du  duc 
de  Brunswick,  lors  de  son  invasion  en 
Champagne.  Peud'écrivains  ont  joui  d'une 
existence  aussi  brillante  que  la  sienne. 
Comme  Voltaire  à  Ferncy  ,  Goethe  reçut 
à  Weimar  les  hommages  de  toute  l'Alle- 
magne et  même  des  jKiys  étrangers.  Des 
princes  vinrent  le  visiter ,  et  en  1808, 
Napoléon  après  une  longue  conversation 
qu'il  eut  avec  lui ,  détacha  de  sa  bouton- 
nière la  croix  de  la  légion  d'honneur  pour 
la  placer  à  celle  du  poète.  Goethe  termina 
à  Weimar  sa  glorieuse  et  paisible  car- 
rière le  22  mars  1832  ,  à  l'âge  de  près  de 
83  ans.  «  Sa  mort ,  dit  la  gazette  de  Wei- 
»  mar  ,  a  été  douce  et  sans  douleur  ;  il  a 
»  conserve  sa  présence  d'esprit  jusqu'au 
»  dernier  moment ,  qui  fut  précédé  d'un 
n  assoupissement  au  commencement  du- 
»  quel  un  mouvement  machinal  de  sa  main 
»  semblait  indiquer  qu'il  voulait  écrire. 
»  Ses  restes  mortels  seront  déposés  dans 
»  le  caveau  de  la  famille  grand-ducale,  à 
p  côté  du  cercueil  de  Schiller.  »  Les  œu- 
vres complètes  de  Goëlhe  ont  été  publiées 
à  Tubingen  par  livraisons,  de  1806  à 
1810 ,  13  vol.  grand  in-ê",  et  réimprimées 
plusieurs  fois  depuis  cette  époque.  Ses 
principaux  ouvrages  ont  été  traduits  en 
français.  fVertherVaélé  successivement 
par  Aubry,  Dejaurc  ,  Sevelingeset  Labé* 
doyère.  La  traduction  de  Sevelingcs  est  la 
plus  fidèle  et  la  plus  élégante.  Ce  même 
écrivain  à  traduit  ff'ilhem  Meister.  sou* 
le  titre  d'Alfred  ,  ainsi  que  les  Afjfl- 
nilés  électives.  Bitaubé  ,  M.  de  Humboldt 
et  M.  Boulard  ont  traduit  Ilcrmann  et  Do- 
rothée. On  doit  à  MM.  De  Saur  et  Saint- 
Génies  la  traduction  dos  Considérations 
sur  les  hommes  rélchres  de  France  au  18* 
siècle.  183'i,  in  8";  à  Auborl  do-Vilry  celle 
de  ses  Mémoires  .  18-»3  .  2  \ol.  in  8°;  et  à 
M"^  E.  Panrkoucke  ,  colle  de  ses  poésies  ^ 
1 82!),  in  32;  Faust  a  rtc  liaduii  par  SI  .Slapf 


GOE 


502 


GOE 


fer,  Pans,  1828,  in-fol.  accompagné 
d'  une  suite  de  dessins  lithographies  par 
Eugène  Delacroix.  Enfin  les  œuvres  dra- 
matiques de  J.  W.  Goëtlie  ,  ont  été  tra- 
duites par  M.  Stapffer,  Paris,  1821—1825  , 
U  vol.  in-8°. 

•  GOETTLING  (Jeaiv -Frédéric-Au- 
guste ) ,  savant  chimiste  allemand  ,  né  à 
Bernburg  le  5  janvier  17o3  ,  fut  nommé 
professeur  extraordinaire  de  philosophie 
à  l'université  d'Iéna ,  et  y  enseigna  avec 
un  grand  succès  la  chimie  et  la  technolo- 
gie. Il  contribua  beaucoup ,  par  la  clarté 
t  la  méthode  qu'il  sut  mettre  dans  ses 
leçons  et  ses  ouvrages,  à  répandre  le  goût 
de  la  nouvelle  chimie  en  Allemagne.  Ses 
ouvrages  écrits  en  allemand  sont  très 
nombreux  ;  voici  les  principaux  :  |  Prin- 
cipes élémentaires  de  la  docimasie,  179i, 
in-8°  ;  |  aperçu  systématique  de  techno- 
logie ^  1797, •in-8'';  |  Manuel  de  chimie 
théorique  et  pratique ,  1799,  3  vol.  in-8°  ; 
I  Instruction  pratique  de  l'art  d'essayer 
et  d'analyser  en  chimie ,  1802 ,   in-8°  ; 

I  l'Ami  de  la  maison,  écrit  périodique 
sur  la  physique  et  la  chimie,  1804,  3  vol. 
in-8°;  |  Encyclopédie  physico-chimique . 
180o,  5  vol.  iii-8".  GoettHng  a  coopéré  à 
la  rédaction  de  l'Annuaire  pour  les  chi- 
mistes et  les  pharmaciens  de  1780  à  1809. 

II  est  mort  le  1"  septembre  1809. 
'GOETZ  (Jean-Nicolas),  poète  alle- 
mand, né  à  Worms  le  9  juillet  1721 ,  mort 
le  4  novembre  1781 ,  fut  successivement 
précepteur ,  pasteur ,  surintendant  des 
écoles  luthériennes  dans  plusieurs  villes 
de  l'Allemagne.  On  a  de  lui  :  |  les  Poésies 
d'Anacréon  et  les  Odes  de  Sapho^  tra- 
duites du  grec,  Francfort ,  1746 ,  in-8°,  et 
Carlsruhe,  1760 ,  in-8°  ;  |  une  traduction 
en  vers  du  Vert-Kert  de  Gresset ,  Carls- 
ruhe, 1752,  in-8''  ;  |  le  Temple  de  Gîiide, 
traduit  en  prose  du  français  de  Montes- 
quieu, 1748  et  1759,  in-8°;  |  des  élégies^ 
des  idylles ,  des  contes  et  autres  poésies 
fugitives  insérées  dans  des  recueils  de 
poésies  allemandes,  publiés  par  Schmid 
et  par  Ramier,  avec  une  vie  de  l'auteur 
écrite  par  lui-même.  Ses  poésies  se  dis- 
tinguent surtout  par  la  délicatesse  des 
images,  par  des  expressions  touchantes, 
par  une  légèreté  naturelle  et  par  une  ver- 
sification harmonieuse. 

GOETZE  (Georges-Henri),  luthérien, 
né  en  1668  à  Leipsick ,  a  publié  un  très 
grand  nombre  d'ouvrages  singuliers  en 
latin  et  en  allemand.  Parmi  les  latins,  on 
distingue  :  |  Selecta  ex  Historia  ïitteraria, 
Lubeck  ,    170  9 ,  in-4''  ;  [  et  Melctemata 


AnnœbergensiaAbid.,  1709,  3  vol.  in-12, 
qui  contiennent  plusieurs  dissertations 
qui  avaient  paru  séparément.  II  mourut 
à  Lubeck  en  1729,  à  61  ans,  surintendant 
des  églises  de  cette  ville. 

*  GOETZE  (  Jean-Auguste-Ephraim  ), 
célèbre  naturaliste  allemand,  né  le  28  mai 
1731  à  Aschersleben.  Malgré  sa  prédilection 
pour  l'histoire  naturelle  et  la  physique, 
il  s'appliqua  aux  sciences  théologiques  , 
et  fut  appelé  à  24  ans  aux  fonctions  de  mi- 
nistre protestant  à  Quedlinbourg.  Il  exerça 
le  ministère  de  la  chaire  avec  un  zèle  in- 
fatigable jusqu'en  1787,  qu'il  fut  nommé 
premier  diacre  de  la  cour  de  Prusse.  Il 
mourut  le  27  juin  1793,  épuisé  par  le  tra- 
vail. On  a  de  lui  un  grand  nombre  d'ou- 
vrages qui  ont  eu  beaucoup  de  succès  en 
Allemagne ,  et  qui  ont  agrandi  le  domaine 
des  sciences  physiques;  les  principaux 
sont  :  I  Mémoires  entomologiques  pour 
servir  de  supplément  à  la  12*^  édition  du 
Système  de  Linnée ,  Leipsick,  1777-81  ,  4 
vol.  in-8°;  |  Essai  d'wte  histoire  naturelle 
des  vers  qui  se  trouvent  da?is  les  intestins 
des  animaux,  Dessau  et  Blankeuboi^rg  , 
1782,  in-4'',  avec  planches  ;  |  Passe-temps 
et  €7iseignement  des  enfans  de  l'âge  de 
trois  ans  jusqu'à  dix,  en  petites  histoires, 
dialogues  et  lettres,  1783  et  1788,  5  vol. 
in-8";  |  Les  environs  du  Harz ,  voyage  de 
trois  jours ,  pour  V instruction  et  l'amu- 
sement de  la  jeunesse ,  Leipsick,  1785-88 , 
in-S";  I  Mélanges  instructifs  tirés  de  la 
nature  et  de  la  vie  commune  pour  toutes 
sortes  de  lecteurs,  ilB^,  6  vol.  in-8°;  1788, 
3  vol.  in-8";  |  La  nature,  la  vie  de  l'homme 
et  la  Providence,  lecture  pour  toutes  sortes 
de  personnes,  1789-92 ,  6  vol.  in-S"  :  c'est 
ime  suite  des  Mélanges  instructifs.  \  Coi- 
nelius ,  lecture  pour  le  peuple  qui  veut 
craindre  Dieu  et  faire  ce  qui  est  juste , 
1789-92,  3  vol.  in-8'';  |  Faune  européenne , 
ou  Histoire  naturelle  des  animaux  d'Eu- 
rope,  mise  en  récits,  et  narrations  amu- 
santes ,  pour  toutes  sortes  de  lecteurs,  et 
principalement  pour  la  jeunesse,  1791- 
1803,  9  vol.  in-8°;  |  Itistructions  sur  des 
objets  de  la  nature  et  de  la  vie  commune, 
servant  de  supplément  au  livre  intitulé  : 
la  Nature,  la  Vie  de  l'homme  et  la  Provi- 
dence ,  1794  ,  in-8°;  |  Dictionnaire  des 
homonymes  de  la  langue  allemande.  Sa 
vie  a  été  écrite  par  H.  M.  A.  Cramer , 
Leipsick,  1793,  in-8". 

GOEZ  ou  GOES  (  Damien  de),  gentil- 
homme portugais,  né  à  Aleuquer  en  loOl, 
d'une  famille  distinguée,  se  lit  un  nom 
dans  le  monde  par  les  emplois  qu'il  oc- 


GOF 


503 


GOG 


rupa.ct  dans  la  république  des  IcUrcs  par 
ses  ouvrages.  Il  fui  cauu'ricr  du  rcȔ  Kiu- 
inuDucI,  qui  lui  oonlla  plusieurs  néyocia- 
lioiis  ini|)orlaules  dans  les  cours  de  Polo- 
gne, de  Dnnemarck  et  de  Suède.  Entraîné 
par  la  passion  de  lu  littérature,  il  se  retira 
à  Ix)uvain,  {xturla  cultiver  plus  tranquil- 
lement. Celte  ville  ayant  été  assiégée  en 
<î>42  par  23,000  Français,  Goex  se  mil  à 
la  tétc  des  écoliers .  lit  des  prodiges  de 
valeur,  et  fut  pris  enfin  par  les  assiégeans. 
Ix^rsqu'il  eut  sa  liberté,  il  retourna  en 
Portugal,  pour  écrire  l'histoire  de  cet 
état;  mais  il  ne  put  achever  ce  grand  ou- 
vrage. Il  se  laissa  tomber  dans  son  feu  en 
1596,  et  n'en  fut  retiré  que  mort  et  à  demi 
brûlé.  Le  même  accident  est  arrivé  à 
Tabbé  Lenglet  du  Fresnoy ,  au  roi  Stanis- 
las et  au  dernier  et  pieux  archevêque  de 
Bordeaux.  Ce  savant  historiographe  pos- 
sédait plusieurs  langues  anciennes,  telles 
que  li'thiopien  et  larabe  :  il  était  bon 
poêle  el  excellent  médecin.  Parmi  les  ou- 
vrages que  ce  savant  et  fécond  écrivain  a 
mis  au  jour,  on  se  contentera  d'indiquer  : 
I  Legatio  magni  Indorum  imperatoris  ad 
Emmanuelem  Luaitaniœ  regem.  armo 
4513  ,  Louvain  ,  4532  ,  in-S".  C'est  un  mé- 
moire curieux  sur  l'ambassade  du  prêtre 
Jean  en  Portugal;  |  Fuies,  religio  mores- 
que yElhiopum.  in-i°,  Paris,  1544.  |  Com- 
jnentaria  rerum  gestarum  in  Jndia  a  tu- 
sitanis ,  an/Jol538,  Louvain,  1539,  in-8°. 
I  Urbis  Ulyssiponis  description  Evora, 
1544,  in-4°.  |  Histoire  du  roi  Emmanuel , 
en  portugais,  in- fol.  |  Chronique,  en  por- 
tugais, duprince  don  Juan //^in-fol.,  etc. 
GOFFIX  (Hi'bert),  mineur  du  pays 
de  Liège,  s'est  rendu  célèbre  par  le  cou- 
rage avec  lequel  il  lutta  contre  la  mort 
pendant  5  jours  cl  5  nuits,  et  sauva  la  vie 
à  70  de  ses  compagnons.  Le  28  février 
1812,  lamine  de  houille  située  commune 
d'Ans,  près  de  la  route  de  Bruxelles ,  et 
dont  il  dirigeait  les  travaux ,  ayant  été 
inondée  par  l'effort  des  eaux  qui  péné- 
traient par  \m  des  côtés  de  la  mine ,  il 
oublia  son  propre  salut  et  celui  de  .son 
Uls  Uatthieu,  âgé  de  12  ans  ,  qui  déploya 
aussi  dans  celte  fatale  conjoacturo  un  rx>u- 
rage  admirable  pour  arracher  ses  subor- 
donnés à  la  mort  la  plus  horrible.  Pour 
cela  il  fut  obligé  de  lutter ,  à  plusieurs 
reprises  difft-rcntes,  contre  le  désespoir 
qui  s'emparait  d'eux,  alin  de  les  forcer 
à  recourir  aux  travaux  nécessaires  pour 
leur  délivrance  ;  cntin ,  secondé  par  les 
travaux  du  dehors  que  firent  exécuter  les 
•ulorité*  du  lieu,  ils  revirent  la  lumière. 


Goffin  ne  voulut  sortir  que  le  dernier  de 
la  mine  submergée.  I^  gouvernement. 
jKJur  récompenser  son  courage,  lui  ac- 
corda une  pcubion  eUa  croix  de  la  légion* 
d'honneur.  Plusieurs  thr.Mrcs  s'emparè- 
rent de  ce  sujet  pour  l'offrir  à  l 'ad  mi  ra- 
tion et  à  la  curiosité  publique.  En  1814  , 
H.  Gofiin  fui  décoré,  par  le  roi  des  Pays- 
Bas,  de  l'ordre  du  Lion-Bilgiquc.  Ce  brave 
homme  fui  tué  ,  le  8  juillet  1821,  par  un 
éclat  de  pierre  qu'il  reçut  à  la  tête,  à  la 
suite  d'une  détonation  occasionée  par  le 
feu  grison.  Il  existe  plusieurs  éloges  de 
Gofiin  et  plusieurs  pièces  de  poésie  pour 
célébrer  son  dévouement.  Une  des  plus 
importantes  est  le  poème  de  Mille  voie 
intitulé  :  Goffin  eu  le  héros  liégeois  .  cou- 
ronne par  l'institut ,  et  imprimé  à  Paris  , 
en  1812. 

r.OFFREDY,  élève  de  Bartholomé . 
peintre  et  graveur  du  17'  siècle ,  a  égalé 
son  maître  par  sa  touche  légère  et  spiri- 
tuelle :  mais  il  est  fort  au-dessous  de  lui 
pour  le  coloris.  Ses  paysages  sont  rechei' 
chés. 

GOFFRIDI  ou  plutôt  GAUFRIDI 
(Louis),  curé  de  la  paroisse  des  Acoules 
de  Marseille,  avait  beaucoup  de  goût  pour 
les  livres  de  magie.  A  force  de  lire  ces 
sortes  de  productions,  il  s'avisa  de  les 
mettre  en  pratique  ,  et  d'en  faire  servir 
les  leçons  à  des  amours  infâmes.  Ce  prêtre 
sacrilège  cl  abominable  fut  condamné  au 
feu  par  b  parlement  de  Provence.  L'arrêt 
fut  exécuté  le  30  avril  1611.  Plusieurs  an- 
nées après  l'exécution  de  ce  profanateur , 
sa  maîtresse  reparut  sur  la  scène.  Dénon- 
cée au  parlement  d'Aix  comme  sorcière, 
elle  fut  condamnée  rn  1633  ,  à  être  ren- 
fermée pour  le  reste  ae  ses  jour».  On  voit 
par-là  et  par  cent  autres  exemples .  que 
ceux  qui  nient  absolument  l'existence  de 
la  magie  et  des  sortiléf;<  -  r   pa» 

seulement  op{K)St'S  aux  :  les 

plus  formels  de  l'Ecriture  1  his- 

toire sacrée  et  profane,  mais  encvreaux 
décisions  constantes  et  uniformes  des  noa- 
gislrats  les  plus  intègres  et  les  plus  res- 
pectables. 

(;04a:KT  (A^vtoiïte-Yves),  naquit  à 
Paris  en  1716,  d'un  avocat.  Le*  soccM 
des  premières  études  sont  souveot  éqni- 
vo(iues  :  Goguet  en  est  un  exemple.  Il  lit 
ses  humanités  et  sa  philosophie  sans  éclat  ; 
il  ne  brilla  pas  davantage  dans  la  iDagia* 
traturo  ,  lorstiu  il  eut  ariieté  une  charfs 
de  cuns<;illcr  au  parlcnirnt.  Mais  àè»  4|U*fl  . 
eut  pris  le  goût  de  I  '',  pour  la- 

quelle il  ctaii  prupi  '  c  naturel 


GOH 


bo^ 


GOH 


lemcnt  froid  et  tardif  s'échauffa,  et  fut 
bientôt  en  étal  de  produire  d'excellentes 
choses  II  mit  au  jour  en  1758  son  savant 
ouvrage  de  V Origine  des  lois  ^  des  arts ^ 
des  sciences,  et  de  leurs  progrès  chez  les 
anciens  peuples,  en  3  vol.  in-4°;  réim- 
primé depuis  en  G  vol.  in-i2,  Paris,  i778. 
L'aulcur  considère  la  naissance  et  les  pro- 
j;rès  des  connaissances  humaines  depuis 
Adam  jusqu'à  Cyrus.  Cette  matière,  inté- 
ressante pour  l'esprit  humain,  est  traitée 
dans  ce  livre  avec  beaucoup  d'érudition. 
Son  style  ,  en  général  noble  et  élégant , 
ii'esl  pas  tout-à-fait  exempt  de  ces  expres- 
sions que  la  mode  introduit,  et  que  le  goût 
réprouve,  Goguet  ne  jouit  pas  long-temps 
des  éloges  que  le  public  savant  donnait  à 
son  ouvrage.  La  petite  vérole ,  maladie 
que  personne  n'avait  jamais  tant  ciaint 
que  lui,  l'emporta  le  2  mai  1758,  à  42  ans. 
Il  laissa,  par  son  testament,  ses  manuscrits 
et  sa  bibliothèque  à  Alexandre  Conrart 
Fugère  ,  conseiller  de  la  cour  des  aides , 
son  ami ,  qui  l'avait  beaucoup  servi  dans 
ses  études,  et  que  la  douleur  de  sa  perte 
précipita  trois  jours  après  dans  le  tom- 
beau. Ces  deux  sa  vans  étaient  dignes  l'un 
de  l'autre,  par  l'esprit  et  par  le  cœur. 
Doux  ,  simples  ,  modestes ,  religieux ,  ils 
avaient  les  mêmes  connaissances  et  les 
mêmes  vertus.  Goguet  avait  commencé, 
lorsqu'il  mourut ,  un  grand  ouvrage  sur 
V Origine  et  les  progrès  des  lois  ,  des  arts 
et  des  sciences  en  France .  depuis  le  com- 
mencement de  la  monarchie  jusqu'à  nos 
fours.  Le  succès  de  sa  première  production 
doit  faire  regretJer  qu'il  n'ait  pas  eu  le 
temps  de  donner  la  seconde. 

*  GOIIIER  (Louis-Jérome)  ,  membre 
de  l'assemblée  Législative,  ministre,  etc., 
né  en  1746 à Samblançay  (Indre-et-Loire), 
fut  élève  des  jésuites  de  Tours,  et  étudia 
le  droit  à  Rennes.  Il  fut  reçu  avocat  au 
parlement  de  Bretagne ,  et  commença  sa 
réputation  par  saplaidoieriapour  le  comte 
Dèsgrées ,  qui  attaquait  en  calomnie  le 
duc  de  Duras.  Linguet  disait,  en  parlant  de 
cette  af fait  e  dans  ses  Annales,  qu'elle  ne 
présentait  qu'incertitude,  et  qu'il  n'y  avait 
de  décidé  que  les  talens  de  l'avocat  du 
comte  Desgrées.  Gohier  cultivait  aussi  les 
lettres,  et  lors  du  renvoi  du  parlement  de 
Maupeou,  il  composa  une  pièce  de  théâtre 
intitulée  :  Le  couronnement  d'un  roi.  qui 
fut  représentée  à  Rennes  avec  un  succès 
dû  peut-être  à  ses  nombreuses  allusions. 
Il  continua  de  prendre  une  part  plus  ou 
moins  active  dans  toutes  les  causes  im- 
portantes qui  se  plaidèrent  devant  le  par- 


lement de  Rennes,  et  les  états  de  Bretagne 
lui  confièrent  la  défense  de  leurs  droits 
auxquels  le  gouvernement  de  la  province 
avait  porté  atteinte,  en  intervenant  dans 
l'élection  des  députés  qui  devaient  porter 
à  la  cour  les  griefs  du  pays.  Gohier  écrivit 
à  ce  sujet  un  éloquent  mémoire  ,  et  plus 
tard  ce  fut  encore  lui  qui  fut  chargé  do 
rédiger  les  actes  énergiques  par  lesquels 
les  Bretons  manifestaient  leur  vive  ré- 
sistance aux  édits  de  Briennc.  En  1789,  la 
ville  de  Rennes  l'adjoignit  au  corps  élec- 
toral pour  la  nomination  des  députés  aux 
états  généraux  ,  et  après  la  suppression 
des  parlemens,  il  devint  membre  de  la 
cour  supérieure  de  Bretagne,  provisoire- 
ment investie  de  l'administration  de  la 
justice.  En  1791 ,  le  département  d'Ile-et- 
Vilaine  le  porta  à  l'assemblée  Législative, 
où  il  proposa  et  soutint  diverses  mesures 
révolutionnaires  ;  cependant  il  ne  fut  point 
envoyé  à  la  Convention.  Garât,  ministre 
de  la  justice,  se  le  fit  adjoindre  comme  se- 
crétaire général ,  à  la  fin  de  1792  ,  et  lors- 
que ce  ministre  passa  au  département 
de  l'intérieur,  Gohier  lui  succéda  dans 
celui  de  la  justice  (  20  mars  1793  ).  En 
quittant  ce  poste  élevé,  où  il  ne  s'est  si- 
gnalé par  aucun  acte  important ,  les  co- 
mités de  gouvernement  exerçant  seuls  le 
pouvoir  exécutif ,  il  obtint  la  présidence 
d'un  des  tribunaux  civils  de  Paris  ,  puis 
successivement  du  tribunal  criminel  de 
la  Seine,  et  du  tribunal  de  cassation.  La 
journée  du  30  prairial  l'éleva  en  1799,  à 
la  puissance  directoriale;  il  était  pré- 
sident du  Directoire  lors  du  retour  de 
Bonaparte  de  l'expédition  d'Egypte,  et  il 
conçut  à  ce  sujet  quelques  craintes  que 
Joséphine  sut  dissiper.  Un  des  premiers 
soins  du  général,  en  arrivant  à  Paris,  fut 
de  se  présenter  chez  Gohier.  Peu  de  jours 
après  celui-ci  réunit  à  dîner  Bonaparte  et 
Syeyès,  qui  alors  peu  favorablement  dis- 
posés l'un  pour  l'autre,  comme  le  lui  fit 
observer  Joséphine,  s'entendirent  ensuite 
pour  renverser  le  Directoire.  La  veille 
même  du  coup-d'état  de  Saint-Cloud  ,  Bo- 
naparte écrivit  au  président  qu'il  s'invitait 
à  diner  chez  lui ,  et ,  l'heure  du  repas  vo- 
nue,  lorsque  Gohier  n'attendait  plus  quo 
son  convive ,  on  vint  lui  demander  de  la 
part  de  ce  dernier  une  renonciation  ex- 
presse aux  fonctions  dont  il  était  revêtu. 
"Gohier  s'y  refusa  avec  force  ;  mais  la  fa- 
meuse révolution  du  18  brumaire  n'en  fui 
pas  moins  accomplie.  Avant  cette  époque, 
il  avait  donné  des  preuves  aulhenliques 
de  son  fervent  républicanisme ,  dans  un 


G  on 


bO*i 


r.oi 


discours  prononcé  le  1"  vendémiaire  an  8 
(  i5  si'plembre  1799),  pour  cclébrer  l'an- 
niversaire de  la  fondation  de  la  républi- 
que. «  Ce  jour  est  votre  fétc,  y  disait-il, 
»  hommes  énerpiqTxes,  qui ,  les  premiers, 
»  avez  levé  l'clondard  national,  et  marché 
»  aux  cris  répétés  de  vt^re  libre  ou  mourir; 
»  ce  jour  est  voire  fête,  patriotes  de  la 
»  première  assemblée  du  peuple  ,  qui , 
»  en  anéantissant  les  distinctions  inso- 
»  lentes  du  régime  féodal ,  avez  réveillé 

>  la  fierté  de  l'homme  libic  et  publié  la 
»  sainte  égalité  des  droits  !  Ce  jour  est 
»  votre  fête ,  législateurs  courageux  ,  qui 

>  avez  reconquis  la  puissance  nationale 
»  abandonnée  à  un  roi  parjure...  Ce  jour 
»  est  votre  fête,  membres  de  celte  Con- 
»  vention  célèbre  ,  dont  la  calomnie  veut 
■  buriner  les  erreurs  et  dont  le  génie  de 
»  la  France  réclame  l'histoire.  Ce  jour  est 
»  votre  fête,  amis  constans  de  la  liberté, 
»  intrépides  défenseurs  du  pacte  social  qui 
»  nous  la  garantit!  En  un  mot,  ce  jour  est 
»  la  fêle  de  tous  les  bons  Français  !  »  Ce- 
pendant, après  deux  ans  de  retraite  dans 
la  vallée  de  Montmorency,  Gohier  accepta 
la  place  de  consul-général  de  France  à 
Amsterdam  ;  l«rs  de  la  réunion  de  la  Hol- 
lande à  l'empire,  il  fut  désigné  pour  rem- 
plir les  mêmes  fonctions  aux  Etats-Unis. 
Mais  sa  mauvaise  santé  ne  lui  permit  pas 
de  s'embarquer  pour  le  Nouveau-monde. 
Il  retourna  dans  sa  solitude  des  environs 
de  Paris,  d'où  il  publia  en  1825,  les  Mé- 
tncires  d'un  vétéran  irréprochable  de  la 
révolution^  qui  attestent  plus  sa  bonhomie 
dans  la  journée  du  18  brumaire  que  sa 
prévoyance  et  sa  sagacité.  Gohier  est  mort 
à  Paris  le  29  mai  1830,  dans  sa  quatre- 
vingt-cinquième  armée,  laissant  quelques 
ouvrages  qui  sont  :  |  Le  souronnenient 
d'un  roi.  essai  allégorique  ,  en  un  acte  et 
en  prose,  représenté  à  Rennes  le  28  jan- 
vier 1775,  1775,  in-8'',  2' édition  1825, 
in-8°  (voyez  ci-dessus);  |  La  mort  de  Cé- 
sar.  tragédie  de  Voltaire,  avec  un  dé- 
nouement différent,  1794,  in-8°;  |  Mé- 
moires, etc. ,  Paris,  1825 ,  2  vol.  in-8°,  fai- 
sant partie  des  Mémoires  contemporains. 
publiés  par  Bossange;  |  Un  mot  sur  le  pro- 
cès intenté  par  la  famille  La  Chalotais 
contre  te  journal  l' Etoile.  1826,  in-8°. 
D'après  le  vœu  de  Goliier,  ses  obsèques 
se  sont  faites  sans  le  concours  du  minis- 
trre  ecclésiastique. 

GOlIOKnY  (Jacques),  professeur  de 
uialbéinatiques  à  Paris,  parent  du  prési- 
dent Fauchet ,  traduisit  en  français  les 
tome»  10,  11,  12  et  13  de  V.tmadis  de 


Gaule.  On  a  encore  de  lui  ;  I  un  petit  livre 
singulier,  intitulé  :  de  la  Fontaine  péril- 
leuse.  avec  la  Charte  d'amours...  œuvre 
très  excellente  de  poésie  antique  .  conte- 
nant la  sténographie  des  mystères  secrète 
de  la  science  minérale.  Il  ne  se  dcmna 
que  pour  l'éditeur  et  le  commenlateur 
de  cet  ouvrage  ,  imprimé  à  Paris  en  157J, 
in-8°;  |  Traité  des  vertus  et  propriétés 
du  petun .  appelé  en  France  V herbe  à  la 
reine  ou  médicée  :  c'est  le  tabac ,  récem- 
ment alors  découvert.  Il  mourut  en  1576. 
rotjcz  NICOT. 

•  GOICOECIIEA  (  JosEPH-AwToisiB  de 
LIEUDOY),  franciscain ,  né  en  1735,  à 
Carlhagènc  d'Amérique  ,  mort  en  1814, 
devint  professeur  de  philosophie  et  de 
théologie  à  l'université  de  Guatimala.  Il 
eut  la  gloire  d'importer  et  de  naturaliser 
dans  sa  patrie  une  foule  d'inventions  uti- 
les et  de  découvertes  importantes  faites 
dans  diverses  branches  des  connaissances 
humaines  en  Europe  ,  où  il  était  venu  les 
recueillir.  De  concert  avec  quelques  amis, 
il  fonda  la  Société  économique  de  Guati- 
mala ,  province  sur  laquelle  cet  homme 
estimable  s'efforça  toute  sa  vie  de  répan- 
dre les  bienfaits  les  plus  précieux  ,  l'en- 
seignement des  vériiés  évangéliques  et 
celui  de  l'agriculture,  des  sciences  et  de» 
arts.  Outre  un  assez  grand  nombre  de 
Mémoires  sur  la  botanique ,  sur  l'agricul- 
ture, sur  la  mendicité  et  les  moyens  de 
l'extirper,  etc.,  lus  à  la  Société  économi- 
que ,  on  a  de  J.-Ant.  de  Licudoy  Goicoe- 
chea  divers  Sermons  tant  imprimés  que 
manuscrits ,  et  une  Réclamation  en  fa- 
veur des  Indiens,  adressée  au  roi  Charles 
IV.  L'éloge  funèbre  de  ce  vertueux  ecclé- 
siastique a  été  publié  à  Guatimala  ,  dan» 
le  journal  intitulé  :  L'I  jàmigo  de  la  I*a- 
tria.  n°  16,  fol.  363. 

•  GOIFFON  (Joseph),  né  à  Cerdon 
dans  le  Bugey ,  embrassa  l'état  ecclésias- 
tique, et  devint  principal  du  collège  do 
Thoissey  en  Dombcs ,  puis  aumônier  du 
duc  de  Maine.  Il  était  associé  de  l'acadé- 
mie des  sciences  pour  la  classe  d'astrono- 
mie, et  mourut  en  1751.  Il  a  laissé  J/ar- 
monie  des  deux  sphères,  céleste  et  terres- 
tre, ou  la  Correspondance  des  étoiles  auM 
parties  de  la  terre.  Paris,  1731,  1  vol.  ii>- 
12,1739,  1  vol.  in-4". 

•  GCMGOlîX  (  Je*r»-DA,'«iBL).  tous-chef 
de  la  direction  des  postes  i  Paris,  où  il  est 
mort  en  1823,  n'est  connu  que  parla  publi- 
cation des  trois  ouvrages  suivans  :  I  un 
Vocabulaire  ou  Abrégé  du  dictionnaire 
de  l'acadèmig  française.  Pari»»  Minard  et 


GOI 

Desenne  fils,  1821,  in-S";  (  un  Diction- 
naire géographique  par  Vosgien  ,  nou- 
velle édition  enlièremeal  refondue,  1821, 
iM-8°  ;  )  Dictionnaire  historique  j  critique 
et  bibliographique  ^  Paris,  182;?,-1823  ,  50 
vol.  in-S".  C'est  une  réimpression  avec 
additions  et  corrections  du  Dictionnaire 
uuiverseL  historique  et  antique  de  Prud- 
homme,  Paris  1810  et  années  suivantes  , 
20  vol.  in-8" ,  qui  lui-même  était  aussi 
une  réimpression  revue  ,  corrigée  et  aug- 
mentée du  Dictionnaire  historique  de 
Chaudon,  Lyon,  1804, 13  vol.  in-8°.  Voyez 
Prudhomme. 

GOIS  (  les  ) ,  bouchers  de  Paris  sous  le 
règne  de  Charles  VI ,  vers  la  fin  du  li*^ 
siècle  et  au  commencement  du  13*,  étaient 
trois  frères.  La  France  était  alors  partagée 
en  deux  grandes  factions  :  celle  d'Orléans, 
dite  des  Armagnacs ^  et  celle  des  Bour- 
guignons. Ces  trois  bouchers  ,  auxquels 
plusieurs  autres  du  même  métier  se  joi- 
gnirent, avec  une  troupe  d'écorcheurs  et 
d'autres  artisans  et  gens  de  néant,  prirent 
le  parti  du  duc  de  Bourgogne ,  et  causè- 
rent de  grands  désordres  dans  Paris,  pil- 
lant et  tuant  ceux  qu'on  soupçonnait  de 
favoriser  les  Armagnacs. 

*  fiOIS  (Etien\e-Pierre-Adriex),  sta- 
tuaire, né  à  Paris  en  1731,  associé  libre  de 
l'académie  des  beaux-arts,  était  fils  d'un 
commis-greffier  du  parlement,  qui  le  des- 
tina au  barreau  ;  mais  le  jeune  Gois  aban- 
donna celte  carrière  pour  suivre  celle  des 
beaux-arts.  Après  avoir  étudié  la  peinture 
et  la  sculpture  sous  la  direction  de  Jcau- 
rat  et  sous  celle  de  N.  A.  Sloodtz  ,  il  rem- 
porta le  grand  prix  de  sculpture  à  l'âge  de 
27  ans  :  il  alla  terminer  son  éducation  d'ar- 
tiste à  Rome  ,  et  à  son  retour  à  Paris,  il 
obtint  un  atelier  au  Louvre.  Gois  devint 
professeur  àl'école  des  beaux-arts  en  1776. 
Ses  principaux  ouvrages  sont  :  |  un  Aris- 
tée  pleurant  la  mort  de  ses  abeilles  ^ 
statue  qu'il  présenta  pour  sa  réception  à 
l'académie  (177G);  [  le  chancelier  de  l' lia- 
jïitaL  statue  en  marbre  placée  sur  le  grand 
escalier  du  palais  des  Tuileries  ;  |  Le  pré- 
sident Mole  j  qui  est  dans  une  des  salles 
du  palais  de  l'institut  ;  |  un  saint  Vin- 
cent:, dans  le  chœur  de  l'église  de  Saint- 
Germain-l'Auxerrois  ;  |  le  serment  des 
Nobles  devant  la  chambre  des  Comptes  ^ 
au-dessus  d'une  des  arcades  du  palais  de 
Justice  de  Paris,  bas-reliefs  qui  passent 
pour  des  chefs-d'œuvre  ;  |  saint  Jacques 
et  saint  Philippe  ^  qui  sont  aussi  des  bas- 
reliefs  exécutés  pour  le  portail  de  l'église 
4e  Sainl-Philippe-du-Roule ,  et  que   l'on 


SOG  GOL 

a  vus  dans  le  musée  des  Petits.- A ugustins. 
Gois  est  mort  à  Paris  le  5  février  1823 
à  92  ans. 

*  GOLBERY  (Syivaix-Meinrad- Xa- 
vier), lieutenant-colonel,  retraité  à  l'hô- 
tel royal  des  Invalides,  dont  il  fut  biblio- 
thécaire pendant  les  deux  dernières  an- 
nées de  sa  vie,  naquit  à  Colmar  le  24  sep- 
tembre 1742 ,  et  mourut  à  Paris  le  13  juin 
1822,  à  l'hôteldes  Invalides;  il  y  était  entré 
le  21  avril  1818.  Golbery  s'occupa  beau- 
coup de  slalislique  et  de  géographie ,  et 
publia  les  ouvrages  suivans  :  |  Lettre  sur 
l'Afrique,  Paris,  1791,  in-S"  ;  i  Fragment 
d'un  voyage  en  Afrique  fait  pendant  les 
années  1783,  86  et  87,  dans  les  contrées  de 
ce  continent,  complaises  entre  le  Cap- 
Blanc  et  le  Cap  des  Palmes  .  Paris,  1802, 
2  vol.  in-8'' ,  fig. ,  traduit  en  anglais  par 
Fr.  W.  Blagdon,  1802,  2  vol.  in-18,  et  par 
W.  Mudfort,  1803,  2  vol.  in-12.  Il  a  aussi 
été  traduit  en  allemand,  Leipsick,  1804,  2 
vol.  in-S".  I  Considérations  sur  le  dépar- 
tement de  la  Roè'r,  suivies  de  la  notice 
d' Aix-la-Chapelle  et  de  Borcctte,  Aix-la- 
Chapelle,  1811,  in-8°. 

GOLDAST  de  IIEIMINSFELD  (Mel- 
chior),  historien  suisse,, né  le  6  jan- 
vier 1576  ,  à  Esperi  près  de  Bischofs-Zell 
en  Suisse ,  conseiller  du  duc  de  Saxe , 
était  un  homme  extrêmement  laborieux, 
et  un  grand  compilateur.  Il  laissa  di- 
vers ouvrages.  Les  priiicipaux  sont  : 
I  Monarchia  sancti  imperii  7-omani .  1611, 
1615,  et  1614 ,  en  3  vol.  in-fol.  C'est  une 
compilation  de  différens  traités  sur  la  ju- 
ridiction civile  et  ecclésiastique,  assez  cu- 
rieuse, mais  pleine  de  faux  titres.  L'au- 
teur y  a  surtout  ramassé  sans  discerne- 
ment ni  critique,  tout  ce  qui  paraît  favo- 
rable à  sa  secte  ,  et  propre  à  donner  des 
idées  fausses  de  l'église  catholique.  |  Ala- 
manicarum  rerum  scriptores  aliquot  ve- 
tustij  collecti  et  glossis  illustrali ,  Franc- 
fort, 1606,  1661 ,  3  vol.  in-fol. ,  ibid.,  1750 
in-fol.,  recueil  utile  pour  l'histoire  ecclé- 
siastique de  l'Allemagne.  |  Commentarius 
de  Bohemiœ  r(?^«o^  Francfort.  1627,  in-4''; 
I  Informatio  de  statu  Bohemiœ  quoadjus» 
in-4°,  réimprimé  à  Francfort  en  1627; 
I  Sybilla  francica .  Altdorf ,  1606  ,  in-4''  ; 
C'est  un  recueil  de  différens  morceaux 
sur  la  PucelJe  d'Orléans;  il  est  rare. 
j  Scriptores  aliquot  rerum  Sueçicarum , 
in-4°.  I  Collectio  constitutionum  impera- 
toi-um,  2  vol.  in-fol.  ]  Collectio  consuctu- 
dinum  et  legum  imperialium ,  in-fol.  |  Po- 
litica  imperialis ,  2  vol.  in-fol.  Voyez  un 
recueil  de  lettres  qui  lui  furent  écrite» 


GOL 


«07 


GOL 


par  divers  savaiis  :  on  l'imprima  en  1688 
à  Francfort.  Guldast  avait  été  institu- 
teur, avant  de  s'occuper  de  la  publication 
de  ses  ouvrages.  Nlccron  dans  le  tome  29 
de  ses  Mémoim  en  donne  la  liste  com- 
plète. On  a  publié  à  Francfort  Cata- 
loffus  hibliothecct  GoUastiaita:  dans  lequel 
on  trouve  la  liste  des  collections  inédilcs 
et  des  manuscrits  laissés  par  Goldasl , 
qui  mourut  à  Bremen  le  11  août  1G55. 

•GOLDlIVGE\  (Hermaw).  jésuite, 
savant  philologue,  né  à  Mayence  en  1718, 
mort  en  1794  à  Munich  ,  conseiller  ecclé- 
siastique de  celte  ville  après  la  suppres- 
sion de  son  ordre  ,  a  laissé  ,  tant  en  latin 
qu'en  allemand  .  un  grand  nombre  d'ou- 
vrages classiques,  de  dissertations  sur  les 
langues  anciennes,  sur  l'histoire  et  l'Ecri- 
ture sainte,  et  d'autres  écrits,  donl  les 
principaux  sont  :  Rhctorica  explicala  et 
npplicala  ad  eloqiientiain  civilem  et  cc- 
clesiasticam.  Mayence  et  Francfort,  1753, 
17G0,  in-8°  :  |  Meh'tema  biblico-phitol.  de 
religione  Hehrœorutn  siib  lege  naturali , 
^layence,  17')9,  in-8";  |  L^xicon  grœco- 
latinum  recensons  grœca  theinata.  ibid., 
17:;3,  i'i-8°,  etc. 

GOLDMW  4 Nicolas),  né  à  Breslau 
en  1623,  et  mort  à  Leydc  en  1665  .  est  au- 
teur de  plusieurs  ouvrages.  Les  jdus  con- 
nus sont  :  I  FAt'nienta  archilecturœ  mili- 
taris;  et  un  autre  Traité  d'architecture . 
publié  par  Sturmlus.  |  De  stxjlometricis. 
i  De  usu  proportionarii  circuit. 

GOLDO.M  (  Chahles)  ,  né  à  Venise  en 
1707,  est  regardé  comme  le  Molière  de  l'I- 
talie. Cet  écrivain  passa  sa  vie  dans  une 
agitation  cl  des  déplacemens  continuels  : 
tour  à  tour  médecin  et  avocat,  et  tout  à  la 
fois  auteur  et  acteur,  il  débuta  dès  i'àgede 
22  ans  dans  la  carrière  qu'il  a  ilhisirée.  Il 
avait  déjà  composé  120  pièces  de  différcns 
gt^nres,  lorsqu'il  vint  à  Paris  en  1761;  il 
fournit  aux  comédiens  plusieurs  pièces 
dont  le  succès  relarda,  mais  n'empêcha 
pas  la  destruction  du  théâtre  italien.  Il 
enseigna  en  même  temps  sa  langue  à 
Mesdames  de  France  ,  ensorte  que  les  50 
dernières  années  de  sa  vie  furent  consa- 
crées aux  plaisirs  de  la  cour  et  de  la  capi- 
tale. Il  a  paru,  en  1787,  Mémoires  de  M. 
Goldoni,  pour  servir  à  l'histoire  de  sa  vie 
et  de  son  théâtre,  3  vol.  in-S".  Il  motirul  à 
Paris  le  8  janvier  17'J3,dans  un  dém'nnctil 
absolu,  ayant  perdu,  par  l'effft  de  la  révo- 
lution ,  une  pension  de  4000  fr.  que  lui 
faisait  la  cour.  Il  publia  de  son  vivant  le 
recueil  de  ses  pièces  italiennes  en  17  vol. 
truod  in-8°  ,  avec  des  gravures  à  chaque 


pièce.  Elles  ont  été  rélmprimérs  depuis 
à  Venise ,  1788-94  ,  44  vol.  In-S"  .  éilition 
l'une  des  plus  complètes  qu'on  oit  de  ce 
théâtre  ;  à  Turin  en  1788  .  .34  vol.  in-1»,  et 
1793,  44  vol.  petit  in-8";  à  Livournc  en 
1791.  31  vol.  in-8'';  à  Lurques  en  1788,  3« 
vol.  petit  in-S".  La  meilleure  éililion  est 
celle  imprimée  dans  la  môme  ville  ,  1809, 
26  vol  in-8'*.  On  a  publié  à  Lyon  les  Chefs- 
d'œuvre  dramatiquesAc  GoMoni,  traduits 
en  français  par  Amar-Duvivicr .  avec  le 
texte  italien ,  1801  .  3  vol.  in-8*.  Cetle  en- 
treprise n'a  pas  été  continuée.  Quelques- 
unes  de  ses  pièces  ont  été  traduites  en 
français ,  le  Père  de  famille  et  le  f-'éri- 
table  ami .  ipaT  Deleyré,  et  publiées  par 
Grimm  ;  Pamcla  et  la  Veuve  rusée,  par 
D.  B.  D.  V.  (  de  Bonnet  du  Valguier  )  ;  U 
Suivante  généreuse,  la  Domestique  géné- 
reuse et  les  Mécontens,  par  Sablier;  Pa- 
niéla  mariée ,  par  Dcsriaux  ,  etc.  La  col- 
lection des  théâtres  étrangers  .  publiée 
chez  Ladvocat,  en  contient  plusieurs  tra- 
duites par  Aignan.  Il  y  a  plusictirs  édi- 
tions de  ses  meilleures  pièces,  sous  le  lilre 
de  Commedic  scelle  di  Goldoni.  in- 12. 
Outre  ses  pièces  italiennes,  il  est  auteur 
Aw  Bourru  bienfaisant,  coméd'io  française 
qui  eut  beaucoup  do  succès. 

•  GOLDSMITII  (  Olivier  ),  célèbre  écri- 
vain anglais,  né  en  1728  dans  le  comté  de 
Longforden  Irlande,  était  (ilsd'un  uiinis- 
Ire  anglican  peu  riche,  qui  le  destina  au 
commerce  ;  mais  Jjj  de  la  répuSlnfiost- 
lions  qu'if 'hi'6nlrun»'bww<vrrfcnPfeif\r  ses 
parcns  à  faire  des  sacrifices  pour  lui  don- 
ner une  éducation  soignée.  Placé  à  15  ans 
à  l'université  de  Dublin,  Goldsmilh  iigur.-t 
dans  une  sédition  formée  par  les  écoliers 
pour  délivrer  les  prisonniers  de  Nevvgalc  ; 
mais  l'aveu  sincère  qu'il  fit  de  sa  faute . 
lui  en  mérita  le  pardon.  Enflammé  du 
désir  de  voyager,  il  se  rendit  à  Cork  ,  où 
il  paya  d'avance  son  passage  sur  un  bâti- 
ment qui  se  préparait  à  faire  voile  pour 
r.\mérique.  Mais  après  avoir  clé  retenu 
par  les  vents  contraires,  le  capitaine  mil 
à  la  voile  sans  lui  .  emportant  l'argent  et 
les  effets  du  jeune  Goldsmilh  .  qui  revint 
à  Dublin.  Il  se  rendit  en  1752  à  l'univer- 
sité d'Edimbourg  dans  lintentitm  d'étu- 
dier la  médecine,  et  fut  détourné  de  9r% 
travaux  par  ses  liaisons  avec  des  jeunes 
gens  dissipés.  Il  s'était  rendu  caution  pour 
un  de  ses  camarades,  et  comme  il  ne  put 
effectuer,  au  terme  convenu,  le  paiement 
de  la  somme,  qui  était  considérable,  il  fut 
force  de  quitter  l'Ecosse  .  cl  t'cmharqu.t 
jKJur  l.«  îîolbndc.  II  suiv  it  à  Leydc  le  court 


GOL 


508 


GOL 


d'anatomie  d'Albinus ,  et  les  leçons  de 
chimie  de  Gaubius  ;  mais  la  passion  du 
jeu ,  en  mettant  obstacle  à  l'exercice  de 
ses  facultés ,  lui  lit  souvent  connaître  le 
besoin.  Il  partit  de  Leyde ,  n'ayant  pour 
toute  ressource  que  son  talent  sur  la  flûte, 
qui  fournit  à  sa  subsistance  pendant  ses 
voyages  dans  la  Flandre  ,  le  midi  de  la 
Fiance  et  la  Suisse.  Arrivé  à  Genève,  il  y 
fit  connaissance  d'un  jeune  Anglais ,  qui 
le  prit  pour  son  gouverneur.  Goldsmith 
parcourut  une  partie  de  l'Italie  ;  mais  son 
élève  était  aussi  économe  qu'il  était  pro- 
digue lui-même.  Cette  différen;:e  de  goûts 
les  força  de  se  séparer  à  Marseille.  Pen- 
dant ce  voyage  ,  Goldsmith  fut  reçu  à  Pa- 
doue  docteur  en  médecine.  Revenu  en 
Angleterre  en  1756  ,  dans  un  dénuement 
absolu ,  il  offrit  ses  services  à  des  chefs 
de  maisons  d'éducation ,  à  des  apothicai- 
res ;  mais  sa  mine  qui  revenait  peu,  le 
fit  rebuter  partout.  Enfin  il  fut  admis  dans 
le  laboratoire  d'un  chimiste,  puis  il  entra 
comme  sous-institui.eur  dans  une  école  à 
Peckham.  Plus  tard  il  vint  s'établir  à  Lon- 
dres en  qualité  de  médecin  ,  et  c'est  alors 
qu'il  commença  à  publier  ses  ouvrages 
qui  obtinrent  un  succès  prodigieux  ;  quoi- 
que les  libraires  se  disputassent  ses  pro- 
ductions, Goldsmith  ne  put  parvenir  à 
s'assurer  une  certaine  aisance,  à  cause  de 
son  insouciance  et  de  sa  prodigalité. 
Ayant  reçu  gratuitement  d'un  libraire  une 
somme  "^"^  v,i.w.^-'^ -i^o  pour  son  poème 
du  ruPiï^VMl^f.^'iPÂlhl  l'obligea  de  la 
reprendre,  ayant  trouvé  le  prix  trop  fort 
à  raison  du  peu  d'étendue  de  l'ouvrage. 
Goldsmith  mourut  d'une  fièvre  nerveuse 
le  k  avril  1774 ,  âgé  seulement  de  45  ans. 
On  lui  éleva  dans  l'abbaye  de  Westminster 
un  monument  en  marbre  avccune  inscrip- 
tion latine  composée  par  le  docteur  John- 
son. Ses  OEuvres  poéliques  et  dramati- 
ques onX.  été  réimprimées  à  Londres,  1786, 
2  vol.  in-12.  Parmi  les  dernières,  on  dis- 
tingue ses  deux  comédies,  The  goodnalu- 
redman.  l'Homme  bon  (1768),  et  The 
Mistakes  of  a  night ,  Les  Méprises  d'une 
nuit  (1773).  Ses  OEuvres  mêlées  furent 
imprimées  à  Edimbourg,  179-2;  Londres, 
1802,  4  vol.  in-S",  édition  plus  complète, 
avec  un  portrait  et  une  notice  sur  l'auteur. 
Plusieurs  des  ouvrages  de  Goldsmith  ont 
été  traduits  en  français ,  tels  que  :  |  His- 
toire de  la  Grèce^  par  P.  F.  Aubin,  Paris, 
1802 ,  2  vol.  in-18 ,  figures  ;  |  Histoire  ro- 
maine, par  M.  V.  D.  ibid.,  1803,  2  vol. 
in  18;  ]  Abrégé  de  V histoire  romam^, par 
Îiusct-Pathay,  ibid.,  1791 ,  in-12 ,  \  Abrégé 


de  l'histoire  grecque,  ibid.  ,  1802,  in-12  j 

I  Le  Citoyen  du  monde .  par  Poivre,  1763 , 
3  vol.  ia-12  ;  |  Le  Vicaire  de  IVakeficld 
a  été  traduit  pour  la  sixième  fois  par  Ai- 
gnan,  1803, 1  vol.  in-i2  ;  1  Lettres  sur  l'his- 
toire d'Angleterre  par  M""  Brissot,  avec 
le  titre  de  Lettres  philosophiques  et  poli" 
tiques ,  etc.  1786 ,  2  vol.  in-8°  :  |  Contes 
moraux  de  Goldsmith ,  180o ,  in-8°  ;  |  Le 
retour  du  philosophe  ou  le  Village  aban- 
donné .^diV  M'"'=  de  Chastenay,  Paris,  1797, 
in-S'*,  et  paraphrasé  par  le  chevalier  Rud- 
lipge,  1772,  in-8°.  On  lui  a  contesté  long- 
temps les  Lettres  sur  r histoire  d'Angle- 
terre qu'on  attribuait  au  lord  Littlelon,  au 
lord  Orry,  etc.;  mais  elles  sont  réelle- 
ment de  Goldsmith.  Foyez  le  tome  3  page 
58  de  la  Biographie  littéraire  des  roman- 
ciers  célèbres  par  sir  fValter  Scott.  Char- 
les Gosselin  ,  1826,  et  le  tom.  4  ,  page  175 
du  Dictionnaire  des  anonymes  par  Bar- 
bier. 

GOLIATH ,  géant  de  la  ville  de  Geth , 
d'environ  9  pieds  3  pouces  de  hauteur , 
fut  tué  par  David  d'un  coup  de  pierre , 
vers  l'an  1063  avant  J.-C.  Ses  armes  ré- 
pondaient à  la  grandeur  de  sa  taille.  Son 
casque  était  d'airain  ;  sa  cuirasse ,  de 
même  métal,  pesait  5000  sicles,  ce  qui 
fait  plus  de  95  livres  de  notre  poids.  Il 
avait  aussi  des  bottes  et  un  bouclier  d'ai- 
rain. Le  fût  de  sa  hallebarde  était  de  la 
grosseur  d'une  ensuble  de  tisserand  ;  et 
le  fer  dont  elle  était  garnie  pesait  600  si- 
cles de  fer,  c'est-à-dire  plus  de  11  livres. 
Horstius  prétend  que  ses  armes  devaient 
peser  au  moins  272  livres  de  notre  poids. 

*  GOLIROF  (IvvAN  ) ,  négociant  russe, 
né  à  Kursk  dans  la  province  de  ce  nom, 
en  1735^,  et  mort  à  St-Pélersbourg  le  12 
mars  1801,  reçut  ime  éducation  très  com- 
mune ;  mais  tout  en  s* occupant  d'opdra- 
tions  commerciales  assez  étendues,  il  prit 
du  goût  pour  l'histoire  et  la  littérature,  et 
réunit  de  nombreux  documens  sur  la  vie 
et  le  règne  de  Pierre  le  Grand.  Empri- 
sonné en  1780,  par  suite  de  spécula- 
tions malheureuses  qui  lui  avaient  ravi 
sa  fortune,  il  recouvra  sa  liberté  deux  ans 
après  ,  à  l'oecasioa  de  la  solennelle  inau- 
guration de  la  statue  élevée  par  Catherine 

II  au  fondateur  de  Pétersbourg.  Cette  cir- 
constance décida  Golikof  à  écrire  l'histoire 
de  l'illustre  czar,  Pierre  le  Grand,  sur  les 
documens  qu'il  avait  déjà  recueillis  et  sur 
ceux  qu'il  put  réunir  encore.  Il  fit  pa- 
raître à  Moscou  de  1788  à  1790,  en  russe, 
les  Hauts  faits  de  Pierre  le  Grand.  It 
sage  réformateur  de  la  Russie,  recueiliis 


GOL  îiOg 

àtr  sources  aulhs:ntiqitfs,  et  réJijéx  d'a- 
près l'oriire  des  annéea.yiit-^cou  ,  I7H8  , 
l'j  vol.  in-8",  avec  uno  coût iiuial ion,  de 
1790  à  1797  ,  en  18  vol.  Ce  livre  est  fait 
sans  ci'ilii{ui*  et  $ans  di.scernciiieiit.  On  y 
trouve  cependant  plusieurs  traits  remar- 
quables et  des  faits  inconnus  jusqu'alors. 
11  lit  uaraitre  séparément  les  Jnecdotes 
nouvcllrs  de  Pierre  le  Grand .  recueillies 
par  J.  Golikof.  in-8",  trad.  de  l'allemand, 
Riga  el  Lcipsick,  1802,  1  vol.  in-8".  M.  de 
Halem  en  a  profite  pour  son  Histoire  de 
Pierre  le  Grand,  qui  a  paru  en  allemand  à 
Munster  et  Lcipsick,  1803  à  1807,  3  vol. 
in-8°.  C'est  l'ouvrage  le  plus  exact  que 
nous  ayons  sur  ce  sujet.  Le  travail  de  Go- 
likof lui  valut  le  titre  de  conseiller  de 
cour  que  lui  conféra  en  1800  l'empereur 
Paul  1". 

GOUUS  (  Jacques  ) ,  savant  orienta- 
liste, ne  à  la  Haye  en  15%,  succéda  au 
savant  Erpenius  dans  la  chaire  d'arabe  de 
l'université  de  Leyde.  Il  voyagea  en  Afri- 
que et  en  Asie  pour  se  perfectionner  dans 
la  connaissance  des  langues  orientales. 
Les  Turcs  le  laissèrent  fouiller  dans  les 
bibliothèques  de  Conslantinople,  et  on 
voulut  l'y  retenir  en  lui  procurant  de 
grands  avantages.  Il  préféra  le  séjour  de 
Leyde,  et  y  mourut  en  1667,  à  71  ans. 
On  a  de  ce  savant  :  |  une  édition  de  V His- 
toire de  Tamerlan .  en  caractère  arabe  , 
Leyde,  1636,  in-t",  composée  en  arabe 
par  Achmet  Arahchah  ;  traduite  en  fran- 
çais par  Petit  de  la  Croix  ,  1722,  k  vol. 
in-12  ;  |  une  autre  de  l'Histoire  des  Sar- 
rasins .  par  Elmacin  ;  |  un  Dictionnaire 
persan ,  qu'on  trouve  dans  le  Lexicon 
heptaglotlon  de  Castel  ;  |  un  Lexicon 
arabe ,  Leyde  ,  1653,  in-fol.,  estimé  pour 
son  exactitude  ;  |  les  Elémens  astro- 
nomiques d'Alfergan ,  avec  de  savans 
commentaires  ,  Amsterdam,  1669,  in-4°  : 
ouvrage  peu  commun.  C'est  Golius  qui  a 
donné  et  procuré  à  la  bibliothèque  de 
Leyde  les  manuscrits  orientaux  en  diffé- 
rentes langues  ,  depuis  le  N°  l"  jusqu'à 
311  du  Catalogue  de  Pierre  Vandcr  Aa, 
page  409. 

GOLILS  f  Pierre  ) .  ou  CÉLESTIN  DE 
SAtNTE-L'UDL MNE,  frère  du  précédent, 
né  à  Leyde,  se  fit  carme-déchaussc ,  et 
passa  à  Alep  en  qualité  de  missionnaire  : 
il  remplit  cet  emploi  avec  beaucoup  de 
icle  dans  toute  la  Syrie ,  et  érigea  un  mo- 
nastère de  son  ordre  sur  le  Mo:it-Liban  : 
il  alla  casuile  à  Rome,  où  il  cnsei,;na  la 
langue  arabe ,  et  travailla  à  l'édition  de 
la  bible  en  celte  langue ,  imprimée  Tan 


GOL 


1671  par  Ic$  soins  de  Scrvius  Risitu,  %t^ 
vaut  maronite,  archevêque  de  Damas. 
Ses  supérieur»  l'envoyèrent  ver»  ce  temps 
visiter  les  niissions  de»  Indes  ;  il  mourut 
A  Surate  vers  l'an  1673.  On  a  de  lui  :  |  uni- 
traduction  en  langue  arabe  de  V Imitatu.n 
de  Jésus-Christ ,  par  Thomas  à  Kempis , 
imprimée  à  Rome  en  1663,  et  réimprimée 
à  Halle  par  les  soins  de  Callcnbcrg,  1738. 
1739,  4  parties  in-4"  ;  |  ï'tedc  sainte  Thé- 
rèse, en  arabe;  |  il  a  traduit  en  latin  do 
l'arabe ,  Paraboles  et  sentences  ;  |  De  prtt- 
cipuis  controversiis  inter  calholicos  et  hce 
reticos  Orientis.  et  plusieurs  ouvrages  di- 
piété  ;  I  Les  commcficemens  de  la  mi.s- 
sioti  des  pères  carmes,  sur  le  Mont~ Li- 
ban, en  italien. 

•GOLIXT  (  Lotis),  né  vers  1535,  à 
Pesmcs,  petite  ville  de  Franche-Comté  . 
lit  SCS  études  à  Tuniversilé  de  Dole.  Au 
retour  d'un  voyage  en  Italie  où  il  avait 
accompagné  Claude  de  la  Beaumc.  son 
condisciple  et  son  protecteur,  il  prit  sen 
degrés  en  droit,  et  exerça  la  profession 
d'avocat.  En  1570  ,  il  obtint  une  chaire 
de  littérature  laline,  créée  par  le  roi  d'Es- 
pa^jne,  Philippe  II,  dans  l'université  do 
Dôlc ,  el  il  la  remplit  avec  distinction  jus- 
qu'à sa  mort,  arrivée  en  1595.  On  a  de 
lui:  I  Gymnasii  Dolani  grammatica  la- 
tina.  Lyon,  1572,  in-S";  |  Paroles  mémo- 
rables de  quelques  grands  personnages , 
entre  lesquelles  sont  plusieurs  mots  joyeux 
et  rustiques,  Dole,  1589,  in-12;  ]  Les  mé- 
moires historiques  de  la  république  se' 
quanoise  et  des  princes  de  la  franche- 
comté  de  Bourgogne  .  Dôle  ,  1592  ,  in-fol. 
Les  exemplaires  avec  le  titre  de  Dijon , 
1647  ,  ne  diffèrent  des  premiers  que  par 
le  changement  du  frontispice.  GoUul  an- 
nonçait une  vie  de  Philippe  II.  roi  d' Es- 
pagne .  qui  n'a  point  paru  ;  il  avait  com- 
posé pour  l'éducation  de  son  fils  :  [  Dic- 
tionnaire des  personnes  et  choses  nom  - 
mces  dans  l'histoire  depuis  cinq  cents 
ans;  |  f)e  vetemm  philosophorum  fa- 
miliis,  surccssionibu.%  et  rcffulis  ;  \  Si/n- 
tagmata  et  inslitutiones  ceconoin  ice  littca- 
rice,  rerumqtw  politicarum  et  militarium- 
I  Des  comtnenlaircs  sur  Pomponiuf  .Velu 
etc.;  aucun  de  ces  ouvrages  ne  nous  iM 
parvenu. 

•  GOLTZ  (  Georges -Co?i» A»,  bariw» 
de  ) ,  général  prussien  ,  né  en  1704  à  Par- 
sow  en  Poméranie  ,  entra  d'abord  daus 
la  carrière  diplomatique  au  servir-,*  du 
roi  de  Polojne,  élertfur  de  Saxe,  cl 
devint  cbambcUan  et  conseiller  de  léga- 
tiim;  dca  iulrlnucs  de  cour  1h  dcterioiiiè* 
4». 


GOL 


510 


GOM 


leirt  à  donner  sa  démission  en  1729  ;  il  en- 
tra dans  les  troupes  prussiennes  et  ses 
services,  comme  officier  et  comme  négo- 
ciateur ,  sous  Frédéric-Guillaume  et  Fré- 
déric II ,  lui  valurent  l'eslimc  de  ces  sou- 
verains et  l'affection  particulière  du  der- 
nier. Frédéric  II  lui  donna  en  effet  une 
marque  décisive  d'attachement  et  de  re- 
gret, en  se  chargeant  de  composer  V éloge 
du  baron  de  GoUz  après  la  mort  de  ce- 
lui-ci arrivée  en  1747.  Cet  éloge  fait  partie 
des  Œuvres  du  monarque  prussien. 

GOi.TZIUS  (  Hubert  ) ,  célèbre  anti- 
quaire ,  né  à  Venloo ,  dans  le  duché  de 
Gueldre,  en  1526,  parcourut  la  France, 
l'Italie ,  l'Allemagne,  recherchant  des  in- 
scriptions, des  tableaux  anciens,  des  mé- 
dailles. Son  mérite  lui  ouvrit  tous  les  ca- 
binets et  toutes  les  bibliothèques.  La  ville 
de  Rome  l'honora  de  la  qualité  de  ci- 
toyen. De  retour  dans  les  Pays-Bas,  il  mit 
sous  presse  un  grand  nombre  d'ouvrages. 
Les  principaux  sont  :  |  Fasti  rcmani,  ex 
antiquis  numismatibus  et  marmortbus 
<ere  expressi  et  illustrali.  Anvers  ,  1560  , 
i.i-folio,  ibid.  1617,  1620  et  \GU^  ,  in- 
folio ,  avec  des  notes  d'André  Schot  et  de 
Louis  Nonius  ;  |  Icônes  imperatoi-um  ro- 
manorum;  et  séries  austriacoruni,  Casp. 
Gevarsii,\n-lo\io.  Anvers  ,  lî»57.  C'est  un 
recueil  de  toutes  les  médailles  échappées 
aux  injures  des  temps,  ou  aux  dévasta- 
tions des  barbares,  depuis  Jules-César  jus- 
qu'à Charles-Quint.  On  a  accusé  Gollzius  de 
n'avoir  pas  toujours  su  distinguer  les  mé- 
dailles supposées  d'avec  les  véritables  ;  le 
célèbre  Eckel  lui  fait  ce  reproche  ;  cepen- 
pendant  Vaillant  assure  ,  qu'après  un  exa- 
men exact,  il  n'en  a  pas  trouvé  une  seule 
dont  on  puisse  douter.  )  Julius  Cœsar  ^ 
seu  illius  viiaex  numismatibus _,  in-folio; 
I  Cœsar  Auguslus  ex  numismatibus^  in- 
folio; I  Sicilia  et  magna  Grœcia^ex pris- 
cis  numismatibus  .in.-{o\ïo ,  Anvers,  1617, 
avec  des  notes  d'André  Schot ,  ouvrage 
savant  et  estimé;  ]  Catalogue  des  consuls; 

I  un  Trésor  d'antiquités ^  Anvers,  1S79, 
in-i",  plein  de  recherches.  Tous  ces  ou- 
vrages sont  en  latin,  et  fornient  5  vol.  in- 
folio ,  sous  le  titre  d'Opéra  omnia  Iluh. 
Goltzii  de  re  nurnmaria.  Bruges ,  1566- 
1567  :  et  sous  ceux  de  Romance  et  Grœcce 
antiquitatis  monumenta^  et  de  Uub.  Golt- 
zii Opéra  omnia  numismatica ,  imprimés 
à  Anvers  en  1644  et  1645  ;  réimprimés  en 
^708.  On  les  trouve  aussi  dans  le  Trésor 
des  antiquités  grecques  et  romaines.  Ce 
savant  mourut  à  Bruges  en  1585,  à  57  ans. 

II  était  aussi  peintre  et  graveur  en  bois. 


Il  avait  une  imprimerie  chez  lui ,  pour 
qu'il  se  glissât  moins  de  fautes  dans  seg 
ouvrages.  Voijez  Nicéron ,  tome  34 

GOLTZIUS  (  Hejjui  ) ,  peintre  et  gra- 
veur, naquit  en  1558 ,  au  village  de  Mul- 
brecht ,  dans  le  duché  de  Juliers.  Il  alla 
à  Rome  et  à  Naples,  où  il  fit  beaucoup 
d'études  d'après  les  antiques  et  les  pro- 
ductions des  meilleurs  artistes.  Il  a  peu 
travaillé  en  peinture;  mais  il  a  gravé  plu- 
sieurs sujets  en  diverses  manières.  On  a 
beaucoup  d'estampes  fort  estimées,  faites 
d'après  les  dessins  qu'il  avait  apportés 
d'Italie.  Les  plus  connues  sont  :  la  Visi- 
tation, la  Nativité,  la  Circoncision.  l'yl~ 
doration  des  Rois ,  la  Sainte  Famille,  un 
Enfant  mourant  sur  un  chien,  etc.  On  re- 
marque dans  celles  de  son  invention  ,  un 
goût  de  dessin  qui  a  quelque  chose  de  rude 
et  d'austère  ;  mais  on  ne  peut  trop  admi- 
rer la  légèreté,  et  en  même  temps  la  fer- 
meté de  son  burin.  Peut-être  cependant 
a-t-il  un  peu  trop  de  dureté;  il  y  a  aussi 
de  la  roideur  dans  les  contours.  Il  mou- 
rut à  Harlem  en  1617. 

GOMAR  (  François  ) ,  théologien  cal- 
viniste, chef  des  Gomaristes  ou  contre- 
remontrans^  naquit  à  Bruges  en  1563. 
Après  avoir  étudié  sous  les  plus  habiles 
théologiens  calvinistes,  il  obtint  une 
chaire  de  théologie  à  Leyde  en  1594,  el 
l'occupa  avec  distinction.  Arminius  pro- 
fessait alors  dans  l'université  de  cette 
ville  ;  ce  sectaire,  trop  favorable  à  la  na- 
ture humaine,  donnait  à  l'homme  tout  le 
mérite  des  tonnes  œuvres.  Gomar ,  par- 
tisan des  opinions  de  Calvin  sur  la  pré- 
destination, aussi  inquiet  que  cet  héré- 
siarque et  aussi  fanatique ,  s'éleva  avec 
force  contre  un  sentiment  qui  lui  parais- 
sait anéantir  les  droits  de  la  grâce.  Il  at- 
taqua Arminius  en  particulier  et  en  pu- 
blic. La  mort  de  celui-ci  ne  termina  pas 
les  contestations.  Vorstius  fut  mis  en  sa 
place,  sans  que  Gomar  pût  l'empêcher 
(  voyez  VORSTIUS  ).  Il  y  eut  de  longues 
conférences  ,  surtout  dans  le  fameux  con- 
ciliabule de  Dordrecht  en  1618 ,  qui,  loin 
de  rapprocher  les  partis ,  les  aigrirent 
davantage.  Les  gomaristes  voulaient  sou- 
mettre les  arrTiiniens  aux  décrets  de  ce 
prétendu  concile;  inconséquence  risiblo 
dans  les  sectaires ,  qui  rejetaient  l'auto- 
rité de  l'Eglise,  et  ne  connaissaient  point 
de  tribunal  infaillible  en  matière  de 
dogme.  «  L'on  a  peine  de  retenir  son  in- 
»  dignation  ,  dit  un  critique  d'ailleurs 
»  très  modéré ,  quand  on  voit  le  synode 
«  de  Dordrecht  se  fonder  sur  la  promesse 


GOM 


511 


noM 


»  ffuc  Jéjus-Christ  a  faite  à  son  «'"ijUso, 
»  dVtre  avec  clic  jusqu'à  la  consommo- 
»  lion  des  sii^clcs  ,  pendant  que  tous  les 
»  protestans  font  profession  de  croire  que 
»  ce  divin  Sauveur  a  abandonné  celle 
»  mt^ine  église,  immédiatement  après  la 
»  mort  de»  apôtres;  que  pendant  quinz.e 
»  cents  ans,  il  y  a  laissé  introduire  les 

•  erreurs  les  plus  monslruetises ,  et  les 
»  superstitions  les  plus  grossières,  de  nia- 

•  nièrequc  celle  église  n'était  plus  l'éplise 
»de  Jésus-Christ ,  niais  la  prostituée  de 
»  Babylonc  ,  de  laquelle  il  a  fallu  se  sépa- 
»  rer  au  16*  siècle,  pour  pouvoir  faire  son 
»  salut.  Que  penser  encore,  quand  on 
»  voit  les  docteurs  de  Dordrecht  rappeler 
»  l'exemple  et  la  méthode  des  anciens 
»  conciles,  de  condamner  les  erreurs  ,  et 

>  que  l'on  se  souvient  des  déclamations 
»  fou{îueuses  que  les  proleslans  se  sont 
»  permises  contre  tous  les  conciles?  Pour 
»  comble  de  ridicule ,  ils  citent  la   con- 

■  duite  des  princes  et  des  souverains,  qui 
»  ont  protégé  l'église  contre  les  attaques 
»  des  hérétiques ,  après  avoir  cent  fois 

•  blâmé  les  empereurs  qui  se  sont  mêlés 

•  des  disputes  de   relifîion  ;  ils  félicilent 

•  l'église   belgique  d'clre   délivrée  de  la 

•  tyrannie  de  l'antechrisl romain,  et  de 
»  l'horrible  idolâtrie  du  papisme  .  jjcn- 

■  daat  qu'euT -mêmes  excrct-nt  contre 
»  leurs  frères  un  des  principaux  actes  de 
»  cette  prétendue  tyrannie  ,  en  se  rendant 
»  juges  et  arbitres  de  la  croyance ,  etc. 
»  Aussi  les  arminiens  ne  manquèrent  pas 
»  de  faire  à  leurs  adversaires  tous  les  re- 
»  proches  que  les  protestans  ont  faits  con- 

►  tre  le  concile  de  Trente  ,  qui  les  a  con- 
»  damnés.  Ils  dirent  que  ceux  qui  s'ar- 
»  rogeaienl  le  droit  de  les  juger,  étaient 
»  hurs  accusateurs  et  leurs  parties;  qu'un 
»  synode  devait  être  libre,  que  les  accusés 
»  devaient  y  être  admis  à  se  défendre  et 
»  à  se  justifier;  que  le»  prétendus  juges  se 
»  rendaient  arbitres  de  la  parole  de  Dieu, 
»  etc.  On  n'eut  aucun  égard  à  leurs  plain- 
»  tes,  ni  à  leurs  clameurs.  >  Il  est  con- 
stant aujourd'hui  que  le  synode  de  Dor- 
drecht ne  fut  autre  chose  qu'une  farce 
politique  jouée  par  le  prince  Maurice  de 
Nassau  ,  prince  d'Orange ,  i)our  se  défaire 
de  quelques  républicains  qui  lui  faisaient 
ombrage  {l'oyez  BAHNEVELDT).Gomar 
mourut  à  Groningue  en  ir)4i,  à  78  ans. 
Ses  owfragei  ont  été  recueillis  in-fol.,  à 
Amsterdam  .  en  1645.  Voyez  ARMINIUS 
el  ETlSCOnUS. 

(>OAlDA\IJ)  {  Jeaw  OGIER  de  ) ,  l'un 
rie»  premiers  membres  de  l'académie  fran- 


çaise ,  né  &  Saint-.Fust  de  Lussar,  près  do 
Brouage  ,  était  d'une  famille  distinguée 
de  Sainlongr.  Il  se  prmluislt  A  la  c<nir  do 
la  reine  Marie  de  Médici»,  plut  à  CPtIrt 
princesse  par  ses  Tcrs,  et  cnol>ltntanu 
pension  de  1200  érus  ,  réduite  dipui»  & 
400.  Son  zèle  pour  la  pureté  du  langage 
allait  jusqu'au  fanatisme.  Il  proposa  un 
jour  sérieusement  aux  académiciens,  «  do 
«>  s'obliger  par  serment  d'employer  le» 
»  mots  ,  approuvés  à  la  pluralité  des  voix 

0  dans  l'assemblée.  »  Gombauld ,  si  ar« 
dent  pour  la  langue  française  ,  ne  lui  a 
pas  rendu  de  grands  services,  ni  par 
ses  poésies  faibles  et  inégales ,  ni  par  ta 
prose ,  quelquefois  légère  ,  mais  plus  sou- 
vent lâche.  Ses  œuvres  poétiques  sont  : 

1  des  tragédies .  mal  conduites  et  mal 
versifiées,  à  l'except'ion  de  quelques  ti- 
rades ;  I  une  pastorale ,  in-S" ,  en  5  actes, 
intitulée  Amarante,  où  les  bergers  et  ber- 
gères parlent  un  peu  trop  le  langage  des 
courtisans;  |  des  Sonnets,  1046,  in-4",  en 
grand  nombre ,  parmi  lesquels  Boileau 
n'en  comptait  que  deux  ou  trois  passa- 
bles; 1  des  Epigrammes,  16j7,  in-12,  pré- 
férées à  ses  sonnets,  quoiqu'elles  soient 
l'ouvrage  de  sa  vieillesse.  On  les  a  mises 
à  côté  de  celles  de  Mainard,  et  on  en  a  re- 
tenu quelques-unes  ;  I  Endymion  .  in-8*  , 
roman  aujourd'hui  confondu  dans  la  foule 
des  frivolités  ;  |  Traites  et  lettres  concer- 
nant la  religion.  Amsterdam,  1669,  in-12. 
Gombauld  mourut  en  1666  ,  nonagénaire 
C'est  de  lui  que  Boileau  a  dit  : 

EtGonbaald  tant  ton<!  garil<!  eocore  I<  bouliqac. 

GOMBERVILLE  (  Marin  le  ROI,  sicut 
de  ) ,  né  en  1600  à  Paris ,  suivant  les  uns. 
et,  suivant  d'autres,  à  Chevreusc  ou  à 
Etampes,  dans  le  diocèse  de  Paris,  fut 
un  de  ceux  qui  furent  choisis  parmi  les 
beaux  esprits  du  royaume,  lorsque  le  car- 
dinal de  Richelieu  forma  l'académie  fran- 
çaise. A  l'âge  de  14  ans ,  il  donna  un  rc 
cueil  de  iiÔ  quatrains  k  l'hoiuieur  delà 
vieillesse  :  ouvrage  faible,  et  dont  on  n'ai», 
rait  pas  fait  mention,  s'il  n'eut  été  pré- 
maturé. Il  s'appliqua  dans  la  suite  à  com- 
poser des  romans;  mais  ayant  fait  con- 
naissance avec  les  solitaires  de  Port- 
Royal,  il  ne  voulut  plus  écrire  d'ouvrage 
profane.  Cette  frayeur  s'altit-dit  un  peu 
sur  la  fin  de  ses  jours,  mais  il  n'en  fui. 
dit-on,  pas  moins  attaché  au  parti.  II  mou- 
rut en  1674  ,  à  75  ans.  On  a  de  lui  des  ou- 
vrages en  vers  cl  en  prose.  Ceux  du  pre- 
mier genre  sont  des  poésies  diverte$, 
dons  le  recueil  de  I<oménic  de  Brienn*. 


GOM  Sf2 

Son  Sonnet  sur  le  St. -Sacrements  et  celui  riche  et 
sur  la  Solitude.,  sont  les  meilleures  pièces 
de  ce  recueil.  Les  productions  du  second 
genre  sont  :  |  des  romans  :  Polexandre  ^ 
5  vol.  in-8";  ]  la  Cythérée,  h  vol.  in-8";  1  la 
Jeune  yilcidiane ,  1631,  in-8°,  ou  3  vol. 
in  12,  pleins  d'aventures  peu  vraisem- 
blables et  longuement  contées  ;  ]  Discours 
sur  les  vertus  et  les  vices  de  l'histoire  et 
de  la.  manière  de  bien  écrire,  avec  un 
traité  de  Y  Origine  des  F7-ançais  ^  in-4°  , 
Paris ,  1620.  Ce  petit  ouvrage  est  fort  rare; 
parmi  les  remarques  utiles  qu'il  renferme, 
il  y  en  a  plusieurs  de  singulières  et  de 
fausses.  1  L'édition  des  Mémoires  du  duc 
de  NeverSs  2  voî.  in-folio,  Paris,  1665. 
Ces  mémoires  commencent  en  1514 ,  et 
finissent  en  1595  ;  mais  Gomberville  les  a 
enrichis  de  plusieurs  pièces  curieuses  qui 
vont  jusqu'en  1610  ,  année  de  l'assassinat 
de  Henri  IV  ;  |  Relation  de  la  rivière  des 
Amazones,  traduite  de  l'espagnol  du  jé- 
suite d'Acunha ,  avec  d'autres  relations , 
et  une  dissertation  sur  cette  rivière ,  k 
vol.  in-12;  |  La  Doctrine  des  Mœurs , 
tirée  de  la  philosophie  des  stoïques,  re- 
présentée en  cent  tableaux  et  expliquée 
en  cent  discours ,  in-folio,  en  1646,  1668, 
in-12  :  ouvrage  qui  fut  plus  recherché 
pour  les  planches  que  pour  les  paroles. 

GOMEU ,  fille  de  Débélaïm ,  renonça 
à  la  prostitution  dans  laquelle  elle  vivait, 
pour  épouser  le  prophète  Osée  ,  dont  elle 
eut ,  dit  l'Ecriture  ,  trois  enfans ,  un  fils 
t't  deux  lilles.  Le  saint  homme  reçut  or- 
dre du  Seigneur  de  prendre  pour  épouse 
luie  femme  débauchée,  pour  marquer 
(!ans  le  langage  typique  ,  alors  en  usage 
chez  les  Juifs  et  d'autres  nations,  la  pro- 
stitution et  les  désordres  de  Samarie ,  qui 
avait  abandonné  le  Seigneur  pour  se  li- 
vrer à  l'idolâtrie;  et  il  épousa  Gomer. 
Koyez  OSÉE. 

GOMEZ  DE  CIUDAD-REAL  (  Alva- 
rez ) ,  poète  latin ,  né  en  1488  à  Guada- 
laxara ,  dans  le  diocèse  de  Tolède  .fut  mis 
comme  enfant  d'honneur  auprès  de  l'ar- 
chiduc (depuisl'empereur  Charles-Quint). 
Il  se  fit  un  nom  en  Espagne  par  ses  poé- 
sies latines.  Les  plus  connues  sont  :  |  Sa 
Thalie  chrétienne,  Alcala,  1522,  in-4''; 
j  la  Muse  Pauline,  ou  les  Epilres  de  saint 
Paul  en  vers  élégiaques .  1529,  in-8"; 
I  son  poème  sur  la  Toison  d'or,  1540 ,  in- 
8"  :  c'est  le  chef-d'œuvre  <le  Gomcz,.  Il 
mourut  en  1358  ,  à  50  ans.  On  lui  repro- 
che de  mêler  dans  ses  poésies  chrétiennes 
les  noms  des  divinités  paieimes,  mais 
c'était  l'usage  du  temps  :  sa  latiuité  est 


pure ,  sa  versification  facile  el 
harmonieuse.  On  l'appela  le  Virgile  «- 
pagnol. 

GOMEZ  (  Louis  ) ,  jurisconsulte  ,  na- 
tif d'Orihuela ,  en  1484 ,  dans  le  royaume 
de  Valence  ,  enseigna  le  droit  avec  répu- 
tation. Il  mourut  en  1543,  évèque  de 
Fano ,  après  avoir  exercé  divers  emplois 
dans  la  chancellerie  de  Rome,  où  il  avait 
été  appelé.  Plusieurs  auteurs  ont  fait  l'é- 
loge de  sa  piété  et  de  son  érudition.  Celui 
de  ses  ouvrages  qui  lui  a  fait  le  i)lu3 
d'honneur,  est  un  recueil  intitulé  :  Va- 
riœ  resolutiones  juris  civilis,  comtminis 
et  régit,  dont  une  des  meilleures  édilioii3 
est  celle  de  Lyon ,  1753 ,  in-fol. 

GOMEZ  DE  CASTRO  (Alvarez),  de 
Sainte-Eulalie ,  près  de  Tolède ,  mort  ea 
1580 ,  à  65  ans,  est  auteur  de  divers  ou- 
vrages en  vers  et  en  prose.  Le  plus  conn.i 
est  son  Histoire  du  cardinal  Ximencs . 
à  Alcaîa  de  Hénarès,  1569,  in-fol.  Nous 
avons  la  Vie  de  ce  cardinal  en  français , 
par  MarsoUier ,  et  mieux  encore  par  Flc- 
chier. 

GOMEZ  (Madeleine-Angélique  POIS- 
SON de  ) ,  née  à  Paris  en  1684  ,  morte  à 
Saint-Germain-en-Laye,  en  1770,  était 
fille  de  Paul  Poisson  ,  comédien.  Don  Gci- 
briel  de  Gomez  ,  gentilhomme  espagnol , 
peu  favorisé  de  la  fortune,  lui  trouvant 
de  l'esprit  et  des  grâces ,  l'épousa.  Elle  so 
consacra  entièrement  au  genre  romanes- 
que. Sa  plumo ,  plus  féconde  que  cor- 
recte ,  fit  éclore  un  grand  nombre  de  pro- 
ductions galantes,  sur  lesquelles  le  public 
même  frivole  s'est  beaucoup  refroidi,  et 
que  le  public  sage  n'a  jamais  lues.  Les 
principales  sont  :  |  Les  Journées  amusan- 
tes, 8  vol.  iu-12;  |  Anecdotes  persanes, 
2  vol.  in-12  ;  |  Histoire  secrète  de  la  con- 
quête de  Grenade,  in-12  ;  j  Histoire  du 
comte  d'Oxford,  avec  celle  d'Eustache 
de  Saint-Pierre  au  siège  de  Calais,  in- 
12;  I  Les  cent  nouvelles  Nouvelles,  10 
vol.  hi-12.  M™'  de  Gomez  est  encore  au- 
teur de  plusieurs  tragédies,  dont  aucune 
n'est  restée  au  tliéàtre.  En  général,  la 
versification  en  est  lâche  et  languissante  : 
la  moins  mauvaise  est  celle  d'Habis  qui 
eut  2.")  représentations. 

GOMEZ.  Voyez  PEREIRA (Georges). 

*  GOMEZ  ou  GOMÈS  (  Beri-ardino- 
AxTONio),  médecin  portugais,  membre 
de  l'académie  des  sciences  de  Lisbonne, 
est  connu  par  son  travail  sur  le  Principe 
actif  du  quinquina  qu'il  fut  le  premier  à 
obtenir  pur,  et  auquel  on  donna  le  nom 
de  CincUoniiu  l\  Tiérila  par  ses  talcns  cl 


GON 


513 


r.o'V 


•es  services  la  place  de  médecin  de  la  1 
marine  et  du  roi ,  et  l'estime  des  officiers  1 
fran^-ais  qui  se  trouvaient  en  Portugal 
pendant  l'année  1808.  Gomer.  est  morl  à 
Lisbonne  en  1823.  On  lui  doit  |  une  excel- 
lente Dissertation  sur  1rs  moyens  de  dés- 
infection .  notamment  dans  les  invasions 
pestilentielles  et  varioliques.  Il  a  publié 
en  outre  |  un  Mémoire  sur  l'ipécacuanha 
gris  du  Brésil,  ou  cipo.  1801,  in-8"; 
I  Méthode  pour  le  traitement  du  typhus 
ou  fièvre  maligne  par  l'effusion  de  l'eau 
froide  .  Lisbonne  ,  1796  ,  in-12  ,  où  l'on 
trouve  d'excellentes  observations  pra- 
tiques ;  I  Essai  dcrmosographique  ou 
Description  succincte  et  systématique  des 
maladies  cutanées  .  d'après  les  principes 
et  les  observations  des  docteurs  Jf^illan 
et  Batman.  Lisbonne,  1820  in-8"  ;  |  Mé- 
moire sur  les  moyens  de  diminuer  l'élé- 
phantiasis  en  Portugal ,  et  de  perfection- 
ner la  connaissance  et  le  traitement  des 
maladies  cutanées.  {S'a,  in-S";  |  plusieurs 
Mémoires  ir.léressans  de  botanique  mé- 
dicale ou  de  médecine  chimique  insérés 
dans  le  recueil  de  l'académie  des  sciences. 
•  GONDAIIAIUE  ou  suivant  quelques 
auteurs  GONDICAIRE ,  premier  roi  de 
Bourgogne,  entra  vers  l'an  ii07dans  le  pays 
de  la  Gaule  qui  s'étend  depuis  le  Rhin  jus- 
qu'aux Alpes,  et  fut  ainsi  un  des  premiers 
à  opérer  le  démembrement  de  celle  partie 
de  l'empire  romain  :  cependant  il  reconnut 
la  suprématie  des  empereurs  :  plus  tard 
ayant  voulu  secouer  ce  joug  et  se  rendre 
indépendant,  il  fut  vaincu  par  Aétius, 
patrice  des  Gaules,  qui  traversa  le  Rhin, 
et  pénétra  dans  l'intérieur  du  pays  :  Gon- 
dahaire  s'opposa  à  sa  marche  ,  et  périt  l'an 
&51  dans  le  combat  qui  fut  livré  dans  les 
plaines  Catalauniques  à  Méry-sur-Seine, 
contre  le  fameux  Attila,  Il  était  contem- 
porain des  premiers  rois  francs,  et  notam- 
ment de  Mérovée.  Son  royaume  fut  par- 
tagé entre  ses  trois  fils  Gondéric ,  Gon- 
dioc  et  Chilpéric. 

GO\DEB.\L'D  troisième  roi  de  Bour- 
gogne, fils  de  Gondioc,  frère  et  meurtrier 
de  Chilpéric ,  s'empara  de  son  royaume 
aussitôt  après  qu'il  l'eut  massacré.  Son 
règne  commença  en  491.  Il  porta  la  même 
année  la  guerre  en  IlaHe,  pilla  et  rava- 
gea l'Emilie  et  la  Liguric  ,  se  rendit  mal- 
t.'-c  de  Turin,  et  répandit  la  terreur  et  la 
désolation.  Au  retour  de  cette  sanglante 
expédition,  il  donna  Clolildc,  sa  nièce  , 
à  Clovis  qui  la  lui  avait  demandée  ;  mais 
cette  union  n'empêcha  pas  celui-ci  de  se 
joindre  à  Godégisile  (second  fils  de  Gon- 


dioc, roi  des  Bourguignons,  qui  nprèsa  voif 
partagé  les  états  de  son  père  avec  »cs 
frères,  avait  fait  de  Genève  le  siège  de  soit 
royaume),  et  d  attaquer  Gondebaud.  Cet 
usurpateur  fut  défait  et  poursuivi  jusqu'» 
Avignon,  où  il  s'enferma  l'an  TiOO.  Obii{;é 
de  racheter  sa  vie  et  son  royaume ,  le 
vaincu  accepta  les  conditions  que  le  vain- 
queur voulut  lui  imposer  ;  mais  à  peine 
fut-il  délivré,  qu'il  reprit  les  armes.  Il  alla 
assiéger  Godésigilc  dans  Vienne  ,  le  prit 
et  le  fit  égorger  au  pied  des  autels ,  dans 
une  église  d'arioiis  ,  où  il  s'était  réfugié. 
Depuis  cette  expédition,  Gondebaud  fut 
paisible  possesseur  de  son  royaume  jus- 
qu'à sa  mort  en  516,  après  un  règne  de 
2!)  ans.  Ce  monarque  mourut  dans  l'ariu- 
nismc  qu'il  professait  en  public  ,  quoiqu'il 
désapprouvât  en  secret  cette  hérésie. 
Gondebaud,  tout  barbare  qu'il  était,  donna 
de  très  bonnes  lois  à  son  peuple.  On  y  re- 
marque en  général  un  grand  fond  d'équitc, 
beaucoup  de  pénétration,  une  attention 
singulière  à  prévenir  les  moindres  diffé- 
rends, une  profonde  politique,  et  des  vues 
dignes  d'un  chrétien.  Tel  est  en  général 
le  caractère  des  premiers  rois  français  : 
un  mélange  de  burbarie  et  de  sagesse. 
Si  le  christianisme  ne  les  dépouilla  pas 
entièrement  de  leurs  vices  et  de  leurs  er- 
reurs ,  il  les  éleva  fort  au-dessus  de  ce 
qu'ils  étaient  avant  de  le  connaître.  Les  lois 
de  Gondebaud  forment  le  recueil  qu'on 
nomme  la  Loi  Gombetle.  Ce  C(vXc  a  clé 
imprimé  dans  le  Syllogc  Icguin  antiqua- 
rum  de  Jean  Herold,  Bàlc,  iolil ,  dans  hî 
Codex  legum  antiquarum  de  Frédéric 
Lindenbrog ,  et  dans  le  Corpus  juris  ger- 
manici  antiqui.  On  trouvera  des  détails 
sur  les  dispositions  de  la  loi  Gombette  dans 
la  Disserlatio  hislorica  de  Burgundia  ci$ 
et  trans  Jxirana.  Strasbourg,  1741  ,  in-4''. 
GODEGISILE  ou  GODEGISILE,  yoif. 
l'article  précédent. 
GONDI.  Voy  RETZ. 
GONDRIN  (Lolis-Hexri  de  PARDAIL- 
LAN  de) ,  né  au  cliàtcau  de  Gondrin,  dio- 
cèse d'Auch  ,  en  1620  ,  d'une  famille  an- 
cienne ,  fut  nommé  en  1644  coadjuteur 
d'Octave  de  Bellegarde  ,  archevêque  do 
Sens,  son  cousin.  Il  prit  possession  de  cet 
archevêché  en  1646  ,  cl  le  gouverna  jus- 
qu'à sa  mort,  arrivée  le  20  septembre 
1674 ,  à  !)4  ans.  Il  eut  de  grands  dcmélis 
avec  les  jésuites  qu'il  interdit  daiu  %^^n 
diocèse  pendant  plus  de  2j  ans.  Le  pani 
de  Jansénius  le  regardait  comme  un  aji- 
pui;  cependant  Gondrin  signa  en  1655  la 
lettre  de  l'assemblée  du  clergé  au  pa^io 


GOiV  514 

Innocent  X,  où  les  prélats  reconnaissent 
«  que  les  cinq  fameuses  Propositions  sont 
»  dans  Jansénius ,  et  condamnées  au  sens 
j>  fie  Jansénius ,  dans  la  constitution  de  ce 
»  pontife.  »  Il  signa  aussi  le  Formulaire 
sans  distinction ,  ni  explication  ;  mais  en- 
suite il  parut  s'en  repentir,  et  se  joignit 
aux  quatre  évéques  d'Alel,  de  Pamiers, 
d'Angers  et  de  Beauvais,  pour  écrire  à 
Clément  IX ,  «  qu'il  était  nécessaire  de 
»  séparer  la  question  de  fait  d'avec  celle 
»  de  droit ,  qui  étaient  confondues  dans  le 
»  Formulaire.^  L'abbé  Bértiult  l'appelle  un 
«  caméléon  qui  prenait  la  couleur  de  tous 
»  les  objets  intéressans  qui  l'environnaient 
»  et  la  quittait  aussitôt  qu'ils  cessaient  de 
»  l'intéresser.  »  On  a  de  lui  :  |  des  Lettres; 
I  plusieurs  Ordonnances  pastorales.  On 
lui  attribue  la  traduction  des  Lettres 
choisies  de  saint  Grégoire  le  Grand,  pu- 
bliée par  Jacques  Boileau. 

GOI\ET  (  Jean-Baptiste  ) ,  provincial 
des  dominicains,  mort  à  Béziers  sa  patrie, 
eu  1681 ,  à  63  ans  ,  était  docteur  de  l'uni- 
versité de  Bordeaux ,  où  il  professa  long- 
temps la  théologie.  Sa  piété  égalait  son 
savoir.  Nous  avons  de  lui  ]  une  théologie 
imprimée  à  Lyon,  1681,  en  5  gros  vol. 
in-fol.,  sous  le  titre  de  Clypeus  Theologiœ 
Thomisticce  ;  et  quelques  autres  ouvrages 
de  scolastique.  Bayle  dit  que  Gonet  fit  ap- 
prouver dans  l'université  de  Bordeaux,  où 
il  avait  professé,  les  Lettres  provinciales  ; 
il  ne  fait  pas  attention  que  les  jacobins, 
et  vme  partie  de  la  doctrine  de  leur  école, 
sont  attaqués  dans  ce  livre.  Les  autres 
écrits  de  Gonet  sont  :  [  Manuale  Thomis- 
tarum^Ç)  vol.  in- 12;  |  Dissertatio  theolo- 
çica  de  probabilitate . 

GO\GORA-Y-ARGOTE  (Louis) ,  sur- 
nommé de  son  temps  le  Prince  des  poètes 
espagnols^  naquit  à  Cordoue  en  15G1, 
i'une  famille  noble  mais  pauvre.  Il  étudia 
à  l'université  de  Salamanque,  fut  chapelain 
du  roi  d'Espagne,  et  mourut  dans  sa  patrie 
en  1627-  Ce  poète  a  eu  des  admirateurs 
zélés,  et  de  grands  adversaires.  On  ne 
peut  lui  refuser  la  gloire  d'avoir  étendu 
les  bornes  de  la  langue  castillane  ,  et  de 
l'avoir  enrichie  de  beaucoup  de  choses 
nouvelles;  maison  lui  reproche  des  figures 
gigantesques  et  des  métaphores  outrées. 
Ses  OEuvres  poétiques  ont  été  imprimées 
plusieurs  fois,  in-i" ,  à  Madrid,  à  Bruxel- 
les et  ailleurs.  Don  Ramon  Fernandez  a 
[)ubUé  un  choix  des  meilleurs  ouvrages  de 
ce  poète  ,  Madrid,  1787. 

(îO\i\ELIEU  (  JÉR05IE  de) ,  né  à  Sois- 
soijs  eu  1G40,  jésuite  en  1057,  mort  à  Pa- 


GON 

ris  en  1715,  parcourut  avec  succès  la  car- 
rière  brillante  de  la  chaire ,  et  celle  de  la 
direction,  moins  éclatante,  mais  aussi  dif- 
ficile. Ses  mœurs  étaient  une  prédication 
continuelle,  et  la  plus  efficace.  Ses  ou- 
vrages ,  fruit  de  sa  piété  et  de  son  zèle , 
sont  en  grand  nombre.  |  Exercices  de  la 
vie  spirituelle,  VdiTÏs,  1701,  in-12;  |  Pra- 
tique de  la  vie  intérieure  ,  ibid.  1710  ,  in- 
12  ;  [  Instruction  sur  la  confession  et  la 
communion,  ibid.  1713;  |  \q  Sermon  de 
N.  S.  à  ses  apôtres  après  la  cène,  avec  des 
réflexions,  ibid,,  1712,  in-12,  etc.  Le  plus 
connu  est  son  Ijnitation  de  Jésus-Christ, 
1763,  in-12,  traduite  fidèlement  et  avec 
onction,  quoiqu'infîniment  inférieure  à 
loriginal ,  et  augmentée  de  réflexions  t-t 
de  prières  (i).  . 

GOiV-\ELLI  (Jean),  surnommé  \\4- 
veugle  de  Cambassi,  du  nom  de  sa  patrie, 
lieu  proche  de  Vollerre  dans  la  Toscane  , 
fut  l'élève  de  Pierre  Tacca,  disciple  de 
Jean  de  Bologne.  Ses  talens  donnaient  do 
grandes  espérances,  lorsqu'il  perdit  la  vue 
à  l'âge  de  20  ans.  Cet  accident  ne  l'empê- 
cha point  d'exercer  la  sculpture  ;  il  faisait 
des  figures  de  terre  cuite ,  qu'il  condui- 
sait à  leur  perfection  par  le  seul  sentiment 
du  tact.  Il  fit  plus  ;  il  tenta  de  faire  de  lu 
même  manière  des  portraits ,  et  il  on  fit 
de  très  ressemblans,  tels  que  ceux  du  pape 
Urbain  VIII,  et  de  Cosme  I",  grand-duc 
de  Toscane.  On  en  a  vu  plusieurs  en 
France.  Cet  artiste  mourut  à  Rome  en 
1664  ,  à  52  ans  ,  soxis  le  pontificat  d'Ur- 
bain VIII. 

GO\SALVE  ou  GONÇALO  de  COR- 
DOUE (  Hernaxdez-y- AcRiLAn),  sur- 
nommé le  grand  Capitaine,  duc  de  Terra- 
Nova,  prince  de  Venouse,  naquit  à  Mon- 
tilla,  petite  ville  près  de  Çadoue,  le  lu 
mars  1443 ,  d'une  des  plus  illustres  mai- 
sons d'Espagne.  Il  se  signala  d'abord  contre 
les  Portugais  en  1476.  Il  servit  ensuite 
sous  le  règne  de  Ferdinand  et  d'Isabelle , 
à  l'époque  de  la  conquête  du  royaume  de 
Grenade,  et  il  se  rendit  maître  de  diverses 
places.  Ferdinand  V,  roi  d'Aragon,  le  mit 
à  la  tête  des  troupes  qu'il  envoya  dans  le 
royaume  de  Naples,  sous  prétexte  de  se- 
courir Frédéric  et  Alphonse  ses  cousins , 
mais  en  effet  pour  les  dépouiller.  Il  poussa 
la  guerre  avec  vigueur,  et  se  rendit  maître 


(i)  Cette  tr.iductioD  ,  qu'on  re'iraprîme  encore  de 
nos  jours  ,  sous  le  nom  du  P.  Gonnelieu  ,  n'est  pas  de 
lui,  mais  de  >Tean  Cusson.  Le  V.  Gonnclien  est  seule - 
rr.i;ut    auteur   des    prières  et  de*  pratiques   qu'on  y 

trouve. 


GON 


Kl» 


GO\ 


par  capitulation,  cii  IjOI,  de  Tarenlc.  Ses 
troupe»,  mécontentes  de  manquer  de  tout, 
menacèrent  de  se  révolter  ,  et  tinrent  au 
général  les  plus  insolens  propos  ;  mais  la 
présence  d'esprit ,  le  san{ï-froid  et  la  fer- 
meté de  Gonsalve,  les  continrent  dans  le 
lievoir.  Comme  il  avait  besoin  d'un  grand 
événement  pour  affermir  son  autorité  ,  il 
assiège  Cérignolcs.  atin  de  déterminer  les 
Français  à  hasarder  une  bataille  ;  il  a  le 
bonheur  de  l'engager  et  de  vaincre.  Il 
s'empare  de  Naples  sans  coup  férir ,  et 
emporte  les  châteaux  l'épée  à  la  main  en 
I.*i03.  Les  richesses  qu'on  y  avait  amassées 
deviennent  laproiedu  vainqueur.  Comme 
quelques  soldats  se  plaignaient  de  n'avoir 
pas  eu  assez,  de  part  au  butin  :  Il  faut 
réparer  votre  77iauvaisc  fortune  .  leur  dit 
Gonsalve  ;  allez  dans  mon  logis ,  je  vous 
abandonne  tout  ce  que  vous  trouverez. 
Cependant  une  nouvelle  année ,  arrivée 
de  France,  menaçait  de  tomber  sur  les 
Espagnols.  Gonsalve,  quoique  beaucoup 
plus  faible,  se  retranche  à  la  vue  des  Fran- 
çais. Comme  les  officiers  espagnols  trou- 
vaient quelque  témérité  dans  la  conduite 
de  leur  général,  il  leur  dit  héroïquement  : 
«  J'aime  mieux  trouver  mon  tombeau  en 
»  gagnant  un  pied  de  terre  sur  l'ennemi , 
■>  que  prolonger  ma  vie  de  cent  années 
»  en  reculant  de  quelques  pas.  »  L'événe- 
ment justilia  cette  résolution.  Gonsalve 
battit  les  Français  à  Seminara,  à  Cérigno- 
lcs. près  du  Garillan  (  1503  ),  linil  la  guerre 
par  de  savantes  manœuvres,  et  assura  à 
l'Kspagne  la  possession  du  royaume  de 
Najiles,  dont  il  devint  connétable.  Ses  en- 
iiL-iiiis  l'accusèrent  de  vouloir  se  rendre 
6()u\  erain  de  ce  royaume  ;  et  on  a  dit  que 
Terilinand  ajouta  foi  à  ces  bruits  ;  parce 
que  s'étant  rendu  à  Naples ,  il  obligea 
Gonsalve  à  le  suivre  en  Espagne  :  mais 
il  i)ouvait  avoir  d'autres  raisons  d'em- 
itivuer  Gonsalve,  et  de  souhaiter  d'a- 
^<•i^  près  de  lui  un  si  habile  homme. 
1.4>nis  XII,  roi  de  France,  vit  Gonsalve  en 
lMs.sant  à  Savone,  le  lit  manger  à  sa  table, 
ri  s'entretint  long-temps  avec  lui.  Ce 
li<ros  mourut  à  Grenade  le  2  décembre 
lul'j,  à  l'âge  de  G2  ans,  laissant  une  répu- 
talion  immortelle  de  bravoure  ,  qui  lui  lit 
donner  le  nom  de  Grand  Capitaine.  On 
Voit  son  mausolée  dans  le  chœur  de  l'é- 
{(lise  des  Hiéronymitcs,  et  en  dehors  de 
l'église,  cette  inscription  gravée  sur  une 
taîile  de  jaspe  :  Gonzales  Fernando  a  Cor- 
duba .  Gallorum  ac  Turcarum  terrori. 
Sa  générosité  contribua  autant  à.sa  gloire 
que  sa  valeur.  La  république  de  Venise 


lui  fit  présent  de  vases  d'or  ,  dr  i 
magnifuiucs,  et  de  martres  tibcl 
un  parchemin  où  était  écrit  en  1 
le  décret  du  grand-conseil  qui  lo  faisait 
noble  Vénitien.   Il  envoya  tout  à  Ferdi- 
nand ,  excepté  le  parchemin.  Le  père  du 
Poucet,  jésuite,  a  donné  l'histoire  de  co 
grand  capitaine  ,  Paris,  1714,  2  vol.  in-i2. 
Florian  a  publié  une  espèce  de  poème  soui 
le  titre  de  Gonzalve  de  Cordoue.  Le  carac- 
tère du  héros  est    conforme  à  l'histoire; 
mais  tout  le  reste  n'est  qu'une  agréable 
fiction. 

GOXS.VLVE  (Marti-*),  fanatique  du 
14'  siècle,  né  vers  l'an  1325  à  Cuença  en 
Espagne,  prétendit  qu'il  était  l'ange  saint 
Michel,  à  qui  Dieu  avait  réservé  la  place 
de  Lucifer,  et  qui  devait  combattre  un  jour 
contre  l'antechrist.  L'inquisition  le  livra 
au  bras  séculier  qui  en  lit  une  justice  sé- 
vère (1374).  Il  avait  un  disciple  nommé 
Nicolas  le  Cal£d)rais,  qui  voulut  le  faire 
passer  après  sa  mort  pour  le  Fils  de  Dieu 
et  qui  assura  que  le  Saint  >  Esprit  de- 
vait sauver,  au  jour  du  jugement,  tous 
les  daumés  par  ses  prières.  Nicolas  prêcha 
ses  erreurs  à  Barcelone,  et  finit  comme 
son  maître. 
GOiVTAULT.  royez  BIRON 
•  GOiXTERY  (  Jeaji  ) ,  naquit  à  Turin  , 
en  1562,  et  entra  chei  les  jésuites  à  l'âge 
de  vuigt-deux  ans.  II  se  distingua  dans  la 
prédication,  et  s'occupa  particulièrement 
de  la  controverse  sur  laquelle  il  publia 
plusieurs  oun  rages  estimés  de  son  temps, 
et  écrits  la  plupart  en  français.  Sotvel  en 
donna  une  liste  latine  ;  on  les  trouve  aussi 
détaillés  dans  d'autres  catalogues ,  et  en 
particulier  dans  V Examen  critique  des 
dictionnaires  par  A.  A.  Barbier.  Les  plus 
remarquables  de  ses  ouvrages  Sf)nt  :  |  Cor- 
rection fraternelle  faite  à  M.  Dumoulin, 
ministre  du  Pont-Charenton .  Paris ,  1607, 
in  12-  Cet  ouvrage  traite  du  baptême  etdes 
limbes,  et  l'auteur  se  cache  sous  le  nonr>  de 
/*/iiVo/^«, bachelier.  |  Conséquences  aux- 
quelles a  été  réduite  la  religion  prétemlue 
réformée^  Roucu  et  Paris,  1610,  in-S"  ;  |  La 
vraie  procédure,  pour  terminer  le  diffé 
rend  en  matière  de  religion.  Caen,  1607. 
C'est  un  extrait  des  sermons  de  l'auteur,! 
fait  par  un  nommé  Julian.  |  i.ettresàM.Le 
Comte ^  gouverneur  de  Sedan,  avrc  let 
réponses.  Sedan  ,  1613,  in-lî.  Ce.1  lettres, 
au  nombre  de  dix,  dont  cinq  sont  de  M.  Le 
Comte,  roulent  sur  diverses  matières  de 
controverse  :  sur  l'autorité  des  papes  et  des 
conciles ,  sur  le  pouvoir  des  papes ,  le  tem- 
porel des  rois,  le  culte  des  images  et  de 


CÔN 


Si6 


GOIV 


h  troix  ;  5Ur  l'Eucharistie ,  le  célibat  des 
prêtres,  et  sur  les  indulgences.  ]  Du  Juge 
des  controverses^  Paris,  161G,  in-S";  \fn- 
struction  du  procès  de  la  religion  préten- 
due reformée^  par  R.  P.  J.  Gontery.  Bédé 
de  la  Gourmandière  tâcha  de  réfuter  Gon- 
tery par  l'écrit  intitulé  iî(?j50rt5e  au  libelle^ 
etc.  Il  est  parlé  d»  Père  Gontery  dans  les 
ouvrages  suivans ,  savoir  :  Discours  sur 
ce  qui  s' est  passé  en  la  conférence  entre  le 
père  Gontery  et  les  ministres  de  Caen  j, 
par  un  anonyme ,  1606  ,  in-8.°  ;  Les  tro- 
phées du  Père  Gontery ,  jésuite  ^  avec  un 
catéchisme  pour  son  instruction^  par  J. 
Caspel,  Sedan,  1613,  in-8°;  Discours 
sur  le  sujet  proposé  en  la  rencontre  du 
père  Gontery  et  du  sieur  Moulin^  où  il  est 
traité  de  la  mission  des  pasteurs  ^  du  sa- 
crifice de  la  messe  et  de  la  présence  réelle, 
par  Pierre  de  Berulle ,  Paris ,  1609  ,  in-8"; 
Lettre  à  mademoiselle  de  Sainte-Beuve, 
sur  le  décès  et  la  louange  du  père  Gon- 
tery, de  la  compagnie  de  Jésus,  par  J. 
D.  G.  ,  Paris,  Chappelet,  1617,  in-8°  de 
42  pages.  Le  père  Gontery  mourut  à  Paris 
en  1616,  âgé  de  cinquante-quatre  ans;  il 
fut  un  des  plus  redoutables  adversaires 
(les  soi-disant  réformés  ;  son  zèle  et  ses 
lumières  devinrent  très  utiles  à  la  religion 
catholique,  qui  avait  en  lui  un  de  ses  plus 
ardens  défenseurs. 

GOX'THIEU,  poète  latin  du  15* siècle, 
après  avoir  été  maître  d'école,  fut  moine 
de  l'abbaye  de  Paris,  ordre  de  Citeaux , 
dans  le  diocèse  de  Bâle,  où  il  mourut  le  H 
mars  1223.  On  a  de  lui  :  |  Historia  Conslan- 
tinopolitana  sub  Balduino ,  circa  annum 
4203,  insérée  dans  les  Zepon*  anciennes 
dJ  Henri  Canisius  ,  Amsterdam ,  1723 ,  in- 
ol.  à  la  fin  du  tome  h.  Gonthier  composa 
cette  histoire  sur  la  relation  de  son  abbé 
Martin  qui  avait  assisté  au  siège  de  Con- 
stantinople.  |  De  oratione,jejunio  et  elee- 
mosyna  libriXIIJ,  Bâle,  1504  et  1507, 
In -4°.  On  ne  sait  s'il  faut  attribuer  l'ou- 
vrage suivant  au  même  Gonthier,  ou  s'il 
e-t  d'un  autre  auteur  du  même  nom  : 
Guntheri  poêla;  Ligurinus,  de  gestis  Fri- 
derici  I ,  \}xùi\ié:  jiar  les  soins  de  Conrad 
Peutinger,  Ausgbourg,  1507  ,  in- fol.,  et 
plusieurs  fois  depuis.  Ce  poème  ,  dont  la 
latinité  tient  de  la  pureté  des  premiers 
siècles,  porte  le  titre  de  Ligurinus,  parce 
que  l'auteur  y  chante  l'expédition  de  Fré- 
déric Barberousse  dans  la  Ligurie ,  c'est- 
à-dire  ,  dans  le  Milanais  et  dans  la  Lom- 
bardie.  — Il  est  différent  d'un  autre  GON- 
THIER, moine  de  Saint- Amand,  qui  a 
donné   :    |   Martyrium  sancti  Cyriaci^ 


en  vers  ;  |  ffistoria  miraculorum  sancti 
Amandi,  dans  les  BoUandistes,  février, 
tom.  1.  Gonthier  assista  à  la  translation  du 
corps  de  saint  Amand  en  1107  ,  et  fut  té- 
moin des  miracles  arrivés  à  cette  occa- 
sion :  preuve  de  fait  bien  respectable  en 
faveur  du  culte  des  saints  et  de  leurs  re- 
liques. Voyez  GAMALIEL,  GERVAIS  et 
PROTAIS. 

GONTHIER  (  Charles  ) ,  comte  de 
Schwarlzbourg,  dans  la  Thuringe.  On 
l'élut  empereur  d'Allemagne  en  1347, 
pour  l'opposer  à  Charles  IV ,  roi  de  Bo- 
hème ,  qu'un  autre  parti  avait  nommé  à 
l'empire.  Pendant  que  ces  deux  concur- 
rens  se  disposaient  à  la  guerre  pour  se 
rendre  maîtres  de  la  couronne  impériale, 
Gonthier  mourut  de  poison  à  Francfort, 
à  l'âge  de  45  ans ,  6  mois  après  son  élec- 
tion. Ge  fut  un  médecin  qui  le  lui  pré- 
senta comme  un  remède.  On  l'enterra 
dans  l'église  de  Saint-Barlhélenri,  et  on 
lui  fit  des  funérailles  royales ,  auxquelles 
assista  Charles  son  adversaire.  Gonthier 
était  un  prince  courageux  et  digne  de 
l'empire. 

GOIVTHIER.  Voyez  GUINTIER. 

GOKTRAN ,  roi  d'Orléans  et  de  Bour- 
gogne, fils  de  Clotaire  \" ,  commença  à  ré- 
gner en  561 ,  et  établit  le  siège  de  sa  do- 
mination à  Châlons- sur-Saône  ou  à  Lyon. 
Les  Lombards  se  répandirent  dans  ses 
états ,  et  les  ravagèrent.  Mummol ,  un  des 
plus  heureux  généraux  de  son  siècle ,  les 
poursuivit  jusqu'en  Italie,  et  les  tailla  en 
pièces.  Contran ,  délivré  de  ces  barbares, 
tourna  ses  armes  contre  Récarède,  roi 
des  Goths  ;  mais  elles  n'eurent  aucun  suc- 
cès. Il  fut  plus  heureux  dans  la  guerre 
contre  Waroc,  duc  de  Bretagne  ,  qui  fut 
forcé  de  lui  rendre  hommage  en  ces  ter- 
mes :  Nous  savons  comme  vous,  que  les 
villes  armoriquaines  (  Nantes  et  Rennes  ) 
appartiennent  de  droit  au  fils  de  Clotaire, 
et  nous  reconnaissons  que  nous  devons 
être  leurs  sujets...  Chilpéric,  avec  lequel 
il  était  alors  en  guerre,  ayant  été  tué, 
Contran ,  loin  de  profiter  de  sa  mort ,  se 
prépa'ra  à  la  venger.  Il  servit  de  père  h 
Clotaire  son  fils,  et  défendit  Frédégonde 
sa  veuve ,  contre  la  vengeance  que  Chil- 
debert  et  Brunehaut  en  auraient  pu  tirer. 
Ce  prince  mourut  après  un  règne  de  41 
ans  en  593,  à  60  ans,  sans  laisser  d'en- 
fans.  L'Eglise  le  mit  au  nombre  des  saints  i 
il  mérita  cet  honneur,  par  son  zèle  pour 
la  religion  et  la  justice,  par  ses  libéralités 
envers  les  malheureux. 

GO]>iZAGU£  (  Louis  de),  en  itaUen 


G0\  li 

Gnnza(]a  .  ilunc  illuslro  maison  illtalic. 
qui  a  duiiiK'  doux  iinpcralrices  à  l'Alle- 
ina|;ne ,  une  reine  à  lu  Polopnc ,  el  un 
grand  nombre  de  cardinaux,  clait  fils  de 
Gui  de  GonT-agne.  Après  avoir  défait  Pas- 
sarino  Boniscola,  lyran  de  Muntoue.en 
17)^27,  il  devint  lui-même  seigneur  de 
cette  ville,  sous  le  titre  do  ficaire  de 
l  empire ,  et  mourut  en  1361 ,  à(jc  de  93 
ans.  —  Jea^-Fraxvois.uu  de  ses  descen- 
dans,  né  en  1390,  se  fit  un  nom  par  son 
habileté  et  son  courage.  Il  fut  général  dos 
troupes  de  ri'jlise  pour  la  défense  de 
Bologne  sous  Jean  XXIII,  et  de  celles  des 
Vénitiens  conire  les  Milanais.  Il  fut  créé 
marquis  de  Mantoue  par  l'empereur  Si- 
gismond  en  l.'i33,  et  mourut  en  HW. — 
FnÉDÉRic  II  fut  fait  duc  de  Mantoue  par 
l'empereur  Charles-Quint,  qui  lui  con- 
serva en  même  temps  le  marquisat  de 
Blontferrat.  Il  mourut  en  lo40.  —  Son 
pcUt-fils,  VixcEXT  de  GONZAGUE  finit  la 
postérité  uîasculinc  de  la  branche  aînée , 
et  mourut  en  1027.  —  Frédéric  II  avait 
un  aude  fils  nommé  Lotis,  qui,  étant 
venu  s'établir  en  France ,  fut  duc  de  Ne- 
vers  par  son  mariage  avec  Henriette  de 
Clèves.  f^oy.  NEVERS.  —  Son  fils,  Char- 
les de  GONZAGUE,  était  dnc  de  Ncvcrs  en 
France ,  lorstpi'il  alla  prendre  possession 
du  duché  de  Mantoue.  Il  fut  secondé  par 
les  armes  de  Louis  XIII,  et  se  conduisit 
avec  autant  de  prudence  que  de  valeur. 
H  mourut  en  1637.  —  Son  pelit-fils,  Char- 
les IV ,  s'étant  déclaré  pour  le  roi  d'Espa- 
gne Philippe  V,  fut  nus  au  ban  de  l'em- 
pire et  dépossédé  de  son  duché.  11  mourut 
à  Padcue  en  1708,  sans  postérité  légitime. 
—  Il  y  avait  d'autres  branches  de  celte 
maison,  qui  ne  purent  entrer  en  posses- 
sion de  Mantoue.  Ce  duché  resta  à  la 
maisoa  d'Autriche.  La  branche  de  Guas- 
lalla  étant  éteinte  en  1729,  ce  duché  fut 
réuni  à  celui  de  Mantoue,  et  depuis  joint 
aux  duchés  de  Parme  et  de  Plaisance. 
\ oy.  Ântonii  Possevïni  j'union's .  Gonza- 
garum,  Mantuœ  et  Alontisfenati  ducum  . 
lùstoria.  Mantoue,  1C28 ,  in-i" ;  les  Mé- 
moires du  duc  de  Severs,  166a,  2  vol.  in- 
fol.  et  \article  GOSSELIM. 

GOKZAGUK  (  CÉCILE  de  ).  fille  de 
François  T""  de  Gon7.ague ,  marqu'is  de 
Mantoue  ,  apprit  les  belles-lettres  de  Vic- 
lorin  de  Fellri,  et  y  lit  des  progrès  tclh!- 
ment  admirables,  qu'à  12  ans  elle  sa\ail 
parfaitement  le  grec.  Sa  mère,  Paule 
Malatcsta,  dame  illustre  par  sa  vertu, 
par  son  savoir  et  par  sa  beauté,  lui  in- 
spira le  mépris  du  monde,  cl  l'engagea  à 


17  GO.\ 

se  f.iii  L'  religieuse.  Ses  veilus  iihftrèrcnt 
le  cloître  autant  ipie  ses  connaissances. 
Elle  florissait  au  15*  siècle  ,  et  mourut 
ver»  l'an  1460. 

GO\Z\C.lIK  (  KLÉo^oRE-HirpotvT» 
de  ),  fille  de  François  II.  marquis  de 
Mantoue,  et  fennne  de  François- Marie 
de  La  Rovèrc,  duc  d'Urbin.  fit  paraître 
une  constance  héro'ique  dans  l'adversité, 
et  ne  quitta  pas  un  seul  monurnt  son 
mari  dans  ses  disgrâces.  Elle  fut  un  mo- 
dèle de  chasteté.  Elle  ne  voulut  avoir  ou- 
cunc  familiarité  avec  les  femmes  de  mau- 
vaise réputation  .  et  leur  défendit  l'entrée 
de  son  palais.  Elle  en  chassa  même  plu- 
sieurs de  ses  terres.  Cette  vertueuse  dame 
mourut  en  1570.  Elle  eut  deux  fils  et  trois 
filles.  L'aîné  fut  duc  d'Urbin,  et  le  puiné 
fut  duc  de  Sore  el  cardinal  ;  les  trois  filles 
furent  mariées  à  des  prinres ,  et  se  mon- 
trèrent dignes  de  leur  illustre  nière. 

GO.\Z,\GlIE  (  JtxiE  de  ) ,  de  l'illustre 
famille  de  ce  nom  ,  fut  un  des  urnemens 
du  10*^  siècle.  Elle  épousa  Vespasien  Co- 
lonne, comte  de  Fondi,  el  ne  fut  pas 
moins  célèbre  par  ses  attraits  que  par  ses 
vertus  et  son  esprit.  La  réputation  de  sa 
beauté  enflamma  la  curiosité  et  peul-élro 
les  désirs  de  Soliman  II,  empereur  des 
Turcs.  Il  chargea  Barberousse,  roi  d'Al- 
ger, et  son  amiral,  d'enlever  Julie.  Ce 
général  arriva  la  nuit  à  Fondi ,  où  elle 
tenait  sa  petite  cour,  prit  la  ville  par 
escalade ,  et  ne  manqua  que  d'un  moment 
sa  proie.  Julie ,  au  premier  bruit ,  s'évada 
en  chemise  par  une  fenêtre,  et  sétanl 
engagée  dans  les  montagnes,  elle  ne 
sauva  son  honneur  qu'à  travers  mille 
périls.  Cette  héroïne,  si  constante  en 
amour ,  qu'après  la  mort  de  son  mari  elle 
refusa  les  plus  grands  seigneurs,  le  fut 
moins  en  matière  de  religion.  Elle  so 
laissa  entrainer,  dit-on,  dans  les  erreurs 
de  Luther.  Ayant  perdu  sou  é(K)ux,  elle 
prit  pour  devi>e  une  amaranthe ,  que  les 
botanistes  appellent  fleur  d'amour^  avec 
ces  mots  :  A'o/i  moritura. 

CONZVCrF.  (  Lucrèce  de  ),  dame 
illustre  du  16*^  siècle  ,  se  signala  également 
par  ses  vertus  et  par  ses  écrits.  Horlensic 
Landu  lui  dédia  son  Dialogue  sur  la  mo- 
dération dt!S  passions.  Elle  fut  malheu- 
reuse dans  son  mariage  avec  Jean-Paul 
Manfrone ,  qu'elle  éjxiusa  k  regret  à  l'àgt 
de  14  ans.  Il  était  brave,  mais  il  se  con- 
duisit si  mal ,  que  le  duc  de  Frrrarc  le  fil 
mettre  en  prison,  rt  le  tr  •'     .i- du 

dernier   ^upplire  ;  il  usa   >  de 

clémence  et   ne  le  fit   p< m  ,  en 

4* 


GOIV 


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GOIV 


coiisidéralion  de  Lucrèce  soa  épouse. 
Cette  illustre  dame  employa  tous  les 
moyens  qui  lui  parurent  les  plus  propres 
à  procurer  la  liberté  à  son  mari;  mais 
ille  ne  put  rien  obtenir.  Ils  pouvaient 
seulement  s'écrire.  Enfin,  son  mai-i  étant 
mort  dans  la  prison ,  elle  ne  voulut  point 
se  remarier,  et  mit  ses  deux  filles  dans 
iies  couvens.  Elle  mouruf  elle-même  le  2 
lévrier  1576.  On  recueillit  ses  lettres,  in- 
12,  1552  ,  à  Venise  ,  et  on  y  inséra  jus- 
qu'aux billets  qu'elle  écrivait  à  ses  domes- 
tiques. Ce  recueil  est  un  monument  de  sa 
piété  et  de  son  esprit. 

GOAZAGIIE  (  Hercule),  né  en  1505 
de  François  de  Gonzague  et  d'Elizabeth 
d'Est,  fut  évéque  de  Mantoue,  archevê- 
que de  Tarragone ,  et  créé  cardinal  par 
Clément  VII  en  1527.  Il  arrêta  avec  beau- 
coup de  zèle  les  progrès  de  l'hérésie  en 
Italie.  Paul  III,  en  reconnaissance  des 
services  qu'il  rendait  à  la  religion ,  lui 
adressa  un  bref  l'an  1545 ,  où  il  lui  accor- 
dait une  pleine  autorité  sur  tout  son 
clergé  séculier  et  régulier.  Pie  IV  l'en- 
voya au  concile  de  Trente  en  qualité  de 
son  premier  légat.  Il  y  mourut  le  12  mars 
1563. 

GONZAGUE  (  saint  louis  de  ) ,  fils  de 
Ferdinand ,  marquis  de  Castiglione ,  de  la 
maison  de  Mantoue ,  naquit  au  château 
de  Castiglione  le  9  mars  1568  ,  entra  chez 
les  jésuites  le  2  novembre  1587,  et  s'y 
sanctifia  en  peu  de  temps  par  l'exercice 
de  toutes  les  vertus,  surtout  par  une 
grande  pureté  de  mœurs  et  une  ardente 
charité  ;  il  mourut  d'une  langueur  con- 
I  raclée  au  service  des  malades  à  Rome  en 
1591 ,  âgé  d'un  peu  plus  de  23  ans  ,  après 
en  avoir  passé  près  de  six  dans  la  société. 
On  l'enterra  dans  l'église  du  collège  des 
.Jésuites.  Son  corps  a  été  depuis  transféré 
dans  une  chapelle  qui  a  été  bâtie  sous 
son  invocation,  par  le  marquis  Scipion 
Lancelolti.  Saint  Louis  de  Gonzague  fut 
béatifié  par  Grégoire  XV  en  1621,  et  ca- 
nonisé par  Benoit  XIII  en  1626.  Le  Père 
d'Orléans  a  écrit  sa  Vie.  On  trouve  l'his- 
toire de  ses  miracles  dans  le  Père  Cépario, 
et  dans  les  Bollandistes. 

GO.XZVGUE  (  Louise -Marie  de  ), 
reine  de  Pologne,  née  vers  1612,  était 
fille  de  Charles  de  Gonzague ,  duc  de  Ne- 
vers,  puis  de  Mantoue.  Elle  épousa  La- 
dislas-Sigismond  IV,  roi  de  Pologne  en 
1645  ,  et  fut  couronnée  l'année  d'après  à 
Cracovie-  Après  la  mort  de  ce  prince  en 
1648 ,  elle  se  maria  par  dispense  du  pape, 
à  Jean -Casimir,  frère  de  Ladislas.  Un 


grand  fonds  d'esprit  cl  de  piété ,  la  gran- 
deur de  son  courage  dans  des  temps  dif- 
ficiles ,  les  moyens  qu'elle  prit  pour  re- 
mettre la  tranquillité  dans  la  Pologne, 
troublée  par  les  armes  des  Suédois  et  par 
la  faction  des  rebelles ,  la  firent  aimer  et 
respecter.  Elle  mourut  d'apoplexie  à  Var- 
sovie, le  10  mai  1667,  sans  laisser  d'en- 
fans.  L'histoire  de  celle  reine  a  été  écrite 
par  Jean  le  Laboureur,  Paris ,  1649,  in-4''. 

GOAZAGUE.  Voyez  ANNE. 

GO.\Z.\LÈS.  Voyez  COQUES. 

GOAZALES  DE MEADOZA.  Voy.  MEN- 
DOZA. 

GONZALEZ  DE  CASTIGLIO  (  Jeaî»), 
augustin  espagnol ,  célèbre  par  sa  piété  et 
par  ses  prédications  ,  mourut  à  Salaman- 
que  en  1479 ,  à  49  ans.  Il  fut  empoisonné 
à  l'autel  par  une  hostie  consacrée ,  qu'une 
dame  lui  avait  fait  donner,  transportée 
de  fureur  de  ce  qu'il  avait  converti  son 
amant. 

GONZALEZ  (  Thyrse  ) ,  espagnol,  gé- 
néral des  jésuites  ,  mort  à  Rome  en  1705, 
a  combattu  la  doctrine  de  la  probabilité . 
soutenue  par  plusieurs  casuistes ,  dans  un 
Traité  imprimé  à  Rome  en  1694 ,  in -fol. 
Il  y  montre  que  ce  n'est  pas  une  opinion 
généralement  reçue  dans  sa  société  ;  il 
prouve  même  qu'enseignée  au  16*  siècle 
dans  toutes  les  écoles ,  elle  a  eu  pour  pre- 
miers adversaires  des  jésuites ,  entre 
autres  Rebellas  en  1608,  Comitolus  en 
1609 ,  André  Blancus  sous  le  nom  de  Can- 
didius  Philalètes.  I!  la  réfute  ensuite  très 
fortement,  sans  néanmoins  obliger  les 
théologiens  de  son  ordre  à  suivre  son 
sentiment,  déclarant  qu'il  écrit  comme 
simple  particulier  et  non  comme  général. 
On  a  encore  de  lui  :  j  un  Traité  contre  les 
propositions  de  l'assemblée  du  clergé  de 
France  de  1682.  |  Manuductio  ad  conver- 
sionem  3Iahumetanorumj  Dillingen,  1689. 
I  Veritas  religionis  christianœ  démons- 
trata. 

GONZALEZ  TELLEZ  (  Emmamuel  ), 
professeur  de  droit  à  Salamanque  en  1655, 
a  laissé  un  Commentaire  sur  les  Décré- 
taies  s  en  4  vol.  in-fol.  1693. 

GONZALEZ.  Voyez  GONSALVE  DB 
CORDOUE. 

•  GONZALVEZ  (  Jacques  ),  jésuite 
missionnaire  portugais ,  né  dans  l'île  de 
Divar  à  Goa  en  1672 ,  prêcha  l'Evangile  à 
Ceylan  pendant  33  années,  opéra  lUi 
nombre  considérable  de  conversions,  et 
mourut  en  1742,  après  avoir  établi  plu- 
sieurs églises  et  collèges.  Il  laissa  manu- 
scrits différens  ouvrages  écrits  en  porta- 


GOR 

(JAIS,  rn  rhmjnlals  et  en  tainoul.  On  rite 
comme  nn  des  plus  romarqunMcs  relui 
qwia  pour  litre  (  en  p<>rlU[{nis  )  Principes 
qui  déinontrrnt  l origine  de  la  secte  de 
Budu  (  Bouddali  ) ,  et  l'impostibilité  d'ob- 
terver  sa  doctrine. 

GOOL  (  Je%n  van  ) ,  peintre  hollandais, 
De  à  la  Haye  en  1685 ,  mort  vers  l'an  1757, 
avait  la  touche  ferme  et  la  composition 
agréable.  Il  a  donné  Théâtre  des  peintres 
famands .  contenant  leurs  vies  et  Intrs 
ouvrages,  en  flamand,  la  Haye,  1750- 
4751,  2  %'ol.  in-8*.  Ce  n'est  qu'une  com- 
pilation de  faits  et  une  liste  de  tableaux, 
sans  jugement  sur  les  manières  diffé- 
rentes des  peintres. 

*  GORAM  (  JusBPH  ,  comte  de  ) ,  né  à 
Milan  vers  l'an  17^0,  se  distingua  dans 
ses  étmles  par  sa  facilité  à  tout  concevoir, 
et  se  livra  à  la  composition  de  divers  ou- 
vrages sur  l'éducation  publique,  l'écono- 
mie politique  et  la  philosophie ,  où  il  dé- 
veloppa des  idées  très  hardies ,  et  beau- 
coup de  projets  de  réforme.  Il  avait  pris 
part  à  la  rédaction  du  Café ^  journal  lit- 
téraire dont  les  chefs  étaient  Verri  et 
Beccaria.  Après  la  mort  de  ceux-ci,  Gorani 
soutint  dans  une  autre  feuille  périodique 
les  principes  de  la  révolution  française. 

11  se  rendit  à  Paris,  et  présenta  à  l'as- 
semblée nationale  G)nslituante,  une  re- 
quête par  laquelle  il  sollicitait  le  titre  de 
citoyen  français .  qui  lui  fut  accordé  par 
un  décret.  Cette  démarche  lui  attira  les 
persécutions  les  |ilus  violentes  de  la  part 
du  gouvernement  de  sa  province.  Un  dé- 
cret de  bannissement  et  de  prise  de  corps 
fut  lancé  contre  lui.  Ses  biens  furent  con- 
flsqués,  et  son  nom  effacé  des  registres 
de  la  noblesse  milanaise.  En  1794  les  cri- 
mes de  Robespierre  lui  firent  chercher 
wtv  nouvel  asile  à  Genève,  où  il  vécut 
dans  la  misère  jusqu'à  sa  mort  arrivée  le 

12  décembre  1819,  à  l'âge  d'environ  75 
ans.  Ses  ouvrages  sont  :  |  un  VHan  d'é- 
iucalion  publique  ,  2  vol.  in  -  8"  ;  |  un 
Traité  de  l  impôt  ;  \  un  Traité  contre 
le  despotisme .  2  vol.  in-8"  ;  |  des  Recher- 
ches sur  la  science  du  gouvernement . 
2  vol.  in -8".  Elles  ont  été  traduites  de 
l'italien  en  français,  en  1792.  en  2  vol. 
in-8*',  sur  un  exemplaire  corrigé  par  l'au- 
teur. Quoique  les  circoii$taar<:3  fussent 
très  favorables  à  la  publication  de  celle 
traduction,  elle  a  obtenu  peu  de  succès, 
parce  que  les  idées  du  coinlc  Gorani, 
toutes  révolutionnaires  qu'elles  étaient , 
n'étaient  pas  encore  à  la  liauleur  de  la 
révolution    qu'on    voulait  opérer.   |    Les 


»*9  GOR 

Eloges  de  detix  rol«-brrs  florenliiis.  Sal- 
luslc- Antoine  Rnndini .  archidiarrc  de 
Sienne,  cl  le  docteur  Rcdi.  premier  mé- 
decin du  grand-duc  de  Toscane;  |  pin- 
sieurs  ^fémnires  sur  différentes  partie* 
des  sciences  et  des  arts,  qu'il  a  fourni- 
aux  différentes  académies  dont  il  était 
membre  ;  |  Mémoires  secrets  et  critiquer 
des  cours  des  gouvememens  de  l' Italie  , 
Paris,  1793^3  vol.  in-8";  ]  Lettre  d'un 
citoyen  français  au  duc  de  Brunswick  . 
1793 ,  in-8". 

GORDIEN  le  Père,  Marcus  Jntoniui 
Gordianus  Africanus  Senior,  né  l'an  157, 
était  fils  de  Metius  Marccllus,  descendait 
par  sa  mère  de  l'empereur  Trajan.  Apre» 
avoir  exercé  le  consulat  avec  distinction, 
il  fut  envoyé  proconsul  en  Afrique.  Les 
cruautés  de  l'empereur  Maximin ,  et  \c% 
exactions  tyranniques  de  ses  intendans . 
ayant  fait  révolter  cette  province,  le* 
légions  proclamèrent  en  237  Gordien  em- 
pereur, quoiqu'il  eût  alors  80  ans.  Il  re- 
fusa d'abord  ;  mais  voyant  qu'on  le  me- 
naçait de  le  tuer,  il  accepta  et  s'associa 
son  fils.  Le  sénat  instruit  de  cette  nou- 
velle lui  décerna  le  titre  d'Auguste,  et 
déclara  les  Maximin  père  et  fils,  ennemis 
publics.  Maximin  furieux  marcha  contre 
le  nouvel  empereur,  qui  envoya  son  fils 
l>our  le  combattre.  Ce  jeune  prince  ayant 
été  tué  après  un  combat  sanglant ,  Gor- 
dien le  père  s'étrangla  de  desespoir  à  Car- 
thage ,  où  il  s'était  retiré.  Il  fut  autant 
regretté  pour  sa  douceur,  que  pour  son 
courage  et  son  esprit.  Il  ressemblait  beau- 
coup à  Auguste:  il  en  avait  la  voix,  lu 
geste  et  la  taille.  Il  avait  composé  dans  sa 
jeunesse  un  Poème  sur  la  vie  des  Antonin. 

GORDIEN  le  fils,  Marcus  Antnnius 
Gordianus  Africcuxuz  Junior .  fils  du  pré- 
cédent, naquit  vers  l'an  191  et  fut  instruit 
dans  les  belles-lettres  par  Sercnus  vSam- 
nionicus  le  jeune,  qui  lui  laissa  sa  bibliiH 
Ihèque  ,  composée  de  62,000  vol.  Son  es- 
prit cultivé,  son  caractère  doux  el  com- 
plaisant, le  firent  aimer  de  l'einiK-reur 
Hcliogabale,  qui  lui  donna  la  charge  de 
questeur  ou  de  trésorier  des  finances. 
Alexandre  Sévère  lui  confia  ensuite  la  pré- 
fecture de  Rome  ,  el  la  manière  dont  il 
remplit  celte  clurge  lui  mérita  le  consulat. 
Son  père  étant  parti  l'an  230  pour  aller 
gouverner  l'Afrique,  il  le  suivit  en  qua- 
lité de  lieutenant  de  citte  province.  En 
2^7  l'un  et  l'autre  furent  reconnus  empe- 
reur». Gordien  le  iils  marcha  à  la  tête 
d'une  annér  contre  Caprllien.  (»iMi\»"r- 
neur  de  Matirilanic,  qui  clail  reste  liJvIe 


GOR 


520 


GOR 


&  Maximin  ;  inais  il  fut  vaincu  et  tué  le 
25  juin  de  la  même  année  257.  Ses  vertus 
militaires  étaient  offusquées  et  affaiblies 
par  un  penchant  extrême  pour  les  femmes. 
11  s'abandonna  tellement  à  celte  passion , 
que ,  dans  la  vijjueur  de  l'âffe,  il  ne  lui  res- 
tait plus  que  la  faiblesse  de  la  vieillesse.  Il 
n'avait  que  i6  ans  lorsqu'il  fut  tué,  et 
n'avait  joui  du  rang  d'empereur  qu'en- 
viron iO  jours. 

GORDiElN  le  jeune',  Marcus  Antonius 
Gordianus  Plus  .  pelit-fils  de  Gordien  le 
vieux,  fut  honoré  du  titre  de  César,  en 
237  à  l'âge  de  12  ans.  A  15  il  fui  proclamé 
empereur  ,  et  tous  les  peuples  de  l'empire 
le  reconnurent  avec  transport.  Cet  enfant 
eut  toute  la  sagesse  d'un  vieillard  instruit 
par  l'expérience.  Il  épousa  dans  sa  16*^ 
année  Furia  Sabina  Tranquillina,  lille  de 
Misilhée,  homme  célèbre  par  son  savoir 
et  son  éloquence  ,  et  par  d'autres  qualités 
bien  plus  importantes.  Gordien  le  lit  pré- 
fet du  prétoire,  aussitôt  qu'il  eut  épousé 
sa  fille.  Ce  fut  par  le  conseil  de  cet  homme 
sage  qu'il  entreprit  plusieurs  grands  édi- 
fices ,  dont  le  plus  magnifique  fut  celui 
du  Champ-de-Mars.  Il  contenait  deux 
vastes  galeries  de  mille  pieds  de  longueur, 
et  éloignées  de  500  l'une  et  l'autre.  Entre 
ces  deux  galeries  était  de  chaque  coté  une 
haute  palissade  de  lauriers  et  de  myrtes  , 
et  au  milieu  une  terrasse  de  la  longueur 
des  galeries ,  soutenue  par  plusieurs  rangs 
de  petites  colonnes.  Au-dessus  de  cette 
même  terrasse  s'élevait  une  autre  galerie 
de  500  pieds  de  long,..  Il  y  avait  près  de 
i  ans  que  Gordien  régnait  paisible , 
quand  Sapor ,  roi  de  Perse ,  ravagea  les 
provinces  de  l'empire.  Le  jeune  empereur 
partit  bientôt  après,  pour  le  combattre 
avec  une  armée  nombreuse.  Au  lieu  de 
s'embarquer  avec  ses  troupes  ,  ce  qui  était 
le  plus  court,  il  préféra  la  terre  à  la  mer,  et 
traversa  exprès  la  Mœsie  ,  afin  d'y  arrêter 
les  progiès  des  Goths  et  d'autres  peuples 
du  Nord,  qui,  seiTd^lables  à  un  torrent, 
venaient  d'inonder  la  Thrace.  Il  y  signala 
son  entrée  par  une  victoire  qu'il  remporta 
sur  les  barbares,  et  après  y  avoir  établi 
l'assurance  et  l'ordre,  il  continua  sa  route 
par  le  détroit  de  l'Hellesponl,  et  ensuite 
par  l'Asie-BIineure  ;  delà  il  passa  en  Syrie  , 
où  Sapor  et  lui  en  vinrent  bientôt  aux 
mains.  Gordien  fut  vainqueur ,  et  reprit 
sur  lui  la  ville  d'Antioche  ;  il  se  rendit 
aussi  maître  de  Gares  et  de  Nisibe ,  deux 
places  considérables  dont  s'étaient  empa- 
rés les  Perses.  Le  sénat  lui  décerna  le 
triomphe ,  cl  donna  à  son  beau-père  le 


titre  de  tuteur  de  la  république.  Tandis 
qu'il  illustrait  le  nom  romain  par  ses 
exploits,  Philippe,  préfet  du  prétoire,* là 
seconde  personne  de  l'empire,  voulut 
être  la  première.  Il  fit  assassiner  le  jeune 
Gordien  en  244.  L'armée  honora  sa  mé- 
moire par  un  tombeau  où  elle  déposa  son 
corps,  sur  les  confins  de  la  Perse,  avec 
cette  inscription  en  langue  grecque,  syria- 
que ,  latine  et  égyptienne  :  «  Au  divin 
»  GORDIEN ,  vainqueur  des  Perses ,  des 
»  Goths  et  des  Sarmates ,  qui  a  mis  fin  aux 
«troubles  domestiques  de  l'empire,  et 
«subjugué  les  Germains,  mais  non  les 
«  Philippes....  »  Le  sénat,  aussi  sensible 
à  cette  perte  que  l'armée,  fil  un  décret  en 
l'honneur  des  Gordien,  par  lequel  leur 
postérité  était  exempte  de  tous  les  emplois 
onéreux  de  la  république.  Plusieurs 
écrivains ,  notamment  l'abbé  Dubos  ,  adr- 
meltenl  l'ex'Slence  d'un  quatrième  Gor- 
dien ;  mais  leur  opinion  n'a  pas  prévalu. 
On  peut  consulter  à  cet  égard  \ Histoire 
des  quatre  Gordiens^  par  ce  dernier,  et 
la  réfutation  de  cet  ouvrage  par  Ant. 
Galland  intitulé  :  Lettre  touchant  V histoire 
des  quatre  Gordiens  ^  etc. 

GOIIDIIJS,  roi  de  Phrygie  et  père  de 
Midas,  était  un  laboureur  qui  parvint  do 
la  charrue  au  trône.  Il  n'avait  povur  tout 
bien  que  deux  attelages  de  bœufs,  l'uiK 
pour  labourer,  l'autre  pour  traîner  son 
chariot.  Les  Phrygiens ,  ayant  appris  de 
l'oracle,  que  celui  qu'ils  rencoutreraienl 
sur  un  char  serait  leur  roi,  ils  décernè- 
rent la  couronne  à  Gordtus.  Midas,  son 
fils  ,  offrit  le  chariot  de  son  père  à  Jupiter. 
Le  nœud  qui  attachait  le  joug  au  timon 
était  fait ,  dit-on ,  avec  tant  d'adresse ,  que 
le  vulgaire  étonné  fit  courir  le  bruit  que 
l'empire  de  l'Asie  appartiendrait  à  celui 
qui  le  dénouerait  :  on  citait  même  à  ce 
sujet  la  décision  d'un  oracle.  Alexandre  le 
Grand  passant  à  Gordium  ,  capitale  de  la 
Phrygie,  fut  curieux  de  voir  cet  ouvrage 
quon  disait  être  si  merveilleux.  Il  vit  le 
nœud ,  et ,  sans  s'amuser  à  le  défaire  mé- 
thodiquement,  comme  avaient  cherché 
en  vain  tant  d'autres,  il  brusqua  la  diffi- 
cultcî.  en  le  coupant  d'un  coup  d'épée  : 
ce  qui  fait  dire  à  Quinte-Curce  :  Oracufi 
sortern  vel  elusit  vet  implevit. 

GORDON  (Jacques-Huxtlev),  d'une 
des  meilleures  maisons  d'Ecosse,  alla  à 
Rome ,  où  il  se  fit  jésuite  en  1565  ;  il  sa 
rendit  habile  dans  la  philosophie ,  la  théo- 
logie et  les  langues.  11  enseigna  l'hébreu 
avec  réputation  à  Bordeaux ,  à  Paris  et  à 
Pont -à -Mousson,  et  voyagea    en  Allé- 


GOR 


tftl 


GOR 


magne,  en  Dancniarck  el  dans  les  lies  bri-  ' 
t«inntques ,  où  il  eut  lK>Aucuup  à  souffrir 
pour  la  reli(;ion  rathuliquc.  11  nioiinil  à 
Paris  en  lûtiO ,  à  77  ans.  On  a  de  lui  : 
Controvfrsiarum  chhstiatur^t^'i  epitonig, 
Cologne,  1620.  2  vol.  in-«". 

GORDO^i  (  Jacqves  LESMORE  ).  d'une 
des  plus  illustres  maisons  d'Ecosse  ,  né  n 
Aberdeenen  {''ô.^'i,  entra  chez  les  jésuites 
à  Paris  en  1573.  Après  avoir  enseigné  la 
théologie,  et  gouverné  les  collèges  de 
Toulouse  et  de  Bordeaux,  il  fut  appelé  à 
la  cour  pour  être  confesseur  de  Ix)uis  XIII. 
11  mourut  à  Paris  en  1G41 .  à  88  ans.  Il  est 
auteur  :  |  d'un  Commentaire  latin  sur  la 
Bible  t  en  3  vol.  in -fol.  ;  ]  d'une  Chrono- 
logie/m-{o\.  aussi  en  latin  ,  depuis  la  créa- 
tion du  monde  jusqu'à  l'an  1617.  |  D'une 
Tliéologie  morale  .  en  2  vol.  in-fol.  et  de 
quelques  autres  ouvrages  en  latin. 

GORDO.N  (TuoM*s)  ,  célèbre  écrivain 
politique  du  18^  siècle,  ne  dans  la  province 
de  Galloway  en  Irlande  ,  mort  au  mois  de 
juillet  1750,  à  66  ans,  avait  le  génie  de  la 
politique  et  de  la  littérature.  Il  se  livra 
d'abord  à  Londres  à  l'enseigiienient,  puis 
s'associa  aux  travaux  littéraires  de  Trea- 
cbard,  et  publia  avec  lui  les  Lettres  dr 
Coton,  en  anglais,  1737,  4  vol.  in-12,et 
le  Whig  imlépendant ,  ou  4}éfensc  du 
christiwiistne  primitif.  1728 ,  in-8°  :  ou- 
vrages dirigés  contre  l'administration  de 
cette  époque  et  auxquels  l'esprit  de  parti 
donna  de  la  vogue.  Gordon  composa  aussi 
quelques  brochures  en  faveur  de  sir  Ro- 
bert Walpole.  Son  goût  pour  les  écrivains 
penseurs  l'engagea  à  donner  en  1728  une 
bonne  traduction  anglaise  de  Tacite  .  pré- 
cédée de  discours  politiques  qui  fuient 
traduits  en  français  ,  et  parurent  à  Ams- 
terdam .  1742,2  vol.  in-12.  En  1743,  il 
donna  la  traduction  anglaise  de  Salluste. 
Les  discours  politiques  qu'il  y  joignit 
furent  aussi  traduits  en  fran<;ais.  par  Dau- 
dé,  1759,  2  vol.  in-12.  Gordon  tit  suivre 
cette  traduction  de  celle  des  Catilinaires 
de  Cicéron. 

'  GORDO.N'  (  Anoer  ) ,  savant  bénédictin 
écossais,  connu  de  l'Europe  savante  par 
ses  belles  expériences  sur  l'élcrlricité . 
était  né  en  1712.  Il  étudia  les  belles-lettres 
à  Ratisbonne  ,  voyagea  en  Italie  .  en  Au- 
triche et  en  P'rance,  profes.sa  la  philoso- 
phie à  l'université  d'Erfurt,  et  mourut 
en  1751,  membre  corresp»>ndant  de  l'ara- 
démie  des  sciences  de  Paris.  On  cite 
comme  ses  principaux  ouvrages  :  |  Prngr. 
de  studii  philosophici  dignilate  et  utilitàte . 
r.rfurt,   1737,   in-4';  [  De  concordandis 


menturis.  Ibld.  ilki ,  u.  »  .  ,  i'Iurno- 
mena  eleclricitatis  erposita  .  ibid.  ,  174^, 
in -8°  ;  I  Pfnjsiitr expérimental tselementaf 
ibid.  ,175I-.S2,  2  vol.  in-8",  lig. 

(.ORIH>.\      f   AI.EX4NDRR  },       éCOSMlf. 

voyagea  en  Italie  où  il  s'arrêta  Ir in  7  '  t.  ,  " 
passa  de  là  en  France ,  en  A . 
fut  secrétaire  de  plusieurs  so<i' 
tiliques  en  Angleterre ,  et  se  rendit ,  en 
(741 ,  dans  la  Caroline,  où  il  occupa  di- 
vers emplois.  Il  était  juge  de  paix  ,  lors- 
qu'il y  mourut  après  l'an  1750.  On  a  «le 
lui:  !  fie  du  pape  Alexandre  ft .  et  de 
son  fils  César  liorgia  .  traduite  en  fran- 
çais, Amsterdam,  1732,  2  vol.  in-8",  ou- 
vrage curieux  et  à  quelques  égards  assez 
impartial:  cependant  ^Kfussé  peut-éiro 
trop  loin  ,  selon  Lenglet  du  Freinoy  ; 
«  La  conduite  de  ce  pape  ,  ajoute  le  même 
»  critique ,  a  été  déréglée .  et  on  ne  l'a 
»  que  trop  fait  savoir.  »  L'original  de  cet 
ouvrage  a  été  imprimé  en  1726  .  in-fol. 
I  Voyaje  en  Ecosse .  avec  66  planches  . 
1726,  in-fol.  ;  |  Supplément  à  ce  voyage, 
1732  ;  I  Kssai  sur  les  antiquités  égyptien- 
ties ,  17.>7  et  1739,  in-fol.  — 11  ne  faut  pas 
le  confondre  avec  Alexandre  D'ACHIN- 
TOUL  GORDON  ,  son  parent  qui  devint 
major  en  Russie,  et  mourut  en  1752,  au- 
quel on  doit  une  Histoire  de  Pierre  /". 
publiée  en  anglais,  3  ans  après  sa  mort, 
à  Aberdeen ,  en  2  vol.  in-8°.  Cette  histoire 
est  précieuse  par  l'exactitude  des  faits. 

•  GORDO.\  (lord  Georges),  né  à  Lon- 
dres le  19  décembre  1750 ,  de  Cx)sme 
Georges ,  duc  de  Gordon  ,  issu  d'une  an- 
cienne famille  d'Ecosse,  servit  d'abord 
dans  la  marine  pendant  une  partie  de  la 
guerre  de  l'indépendance  américaine, 
devint  ensuite  membre  du  parlement,  et 
se  lit  remarquer  dans  cette  assemblée  par 
son  opposition  au  bill  en  faveur  des  ca- 
tholiques,  et  par  les  sarcasmes  violen» 
qu'il  se  permit  contre  ceux  qui  n'étaient 
pas  de  son  avis.  En  1780  il  se  plaça  à  h 
télé  du  parti  protestant  qui  paraissait 
alarmé  des  progrès  de  la  religion  calho- 
liqiie,  depuis  qu'un  décret  rendu  en  1778 
avait  un  peu  adouci  la  ri:pieur  des  lois 
contre  ceux  qui  la  professaient.  Il  se  char- 
gea des  plaintes  de  son  parti:  ses  repré- 
sentations n'ayant  pas  été  accueillies,  il 
organisa  un  rassemblement  ronsidérablo  , 
et  fut  l'auleur  des  troubles  de  17M:  plus 
de  100  mille  personne»  ameutées  inves- 
tirent le  parlement,  et  se  livrèrent  aux 
cxris%  le»  plus  coupables.  I/>rtl  Gordon  fut 
mis  en  jugement  sous  l'arctisaiion  du 
crime  du  luute  trahison ,  mais  il  fut  ac« 
44. 


GOR  522 

quitté ,  parce  que  les  débats  n'avaient  pas 
prouvé  qu'il  eût  assemblé  la  foule  dans  de 
mauvaises  intentions.  En  1788 ,  il  fut  tra- 
duit de  nouveau  devant  la  cour  de  justice, 
«roinme  coupable  d'être  l'auteur  d'un  li- 
belle contre  la  reine  de  France  et  contre 
l'impératrice  de  Russie:  mais  il  se  relira 
t'u  Hollande ,  d'où  il  fut  renvoyé  i)ar  or- 
dre des  autorités.  Il  se  rendit  alors  à  Bir- 
mingham, où  il  lit  profession  de  la  reli- 
gion juive  ;  il  y  fut  arrêté ,  conduit  à  Lon- 
dres et  enfermé  dans  la  prison  de  Nev/- 
(jale ,  où  il  était  condaiTiné  à  rester  cinq 
ans  et  dix  mois.  Il  y  mourut  le  l"  novem- 
bre 1793,  regretté  de  ses  compagnons 
d'infortune  à  qui  il  faisait  du  bien.  On  a 
de  lui  sur  les  affaires  du  temps  plusieurs 
pamplilels  dont  le  style  est  correct,  vif  et 
aiiimé. 

•  GORDOX  (Guillaume )  ,  historien 
anglo-américain ,  pasteur  d'une  congré- 
gation d'indépendans  à  Ipswich,  était  né 
en  1729  à  Hilcliin  dans  le  comté  de  Here- 
ford  en  Angleterre.  Il  embrassa  l'état  ec- 
clésiastique ,  et  passa  aux  Etats-Unis  en 
t770, devint  chapelain  du  congrès  provin- 
cial de  Massachussetts ,  et  adopta  avec  ar- 
deur la  cause  des  Américains.  A  son  re- 
tour en  Angleterre ,  il  écrivit  le  récit  de 
cette  guerre  sous  ce  titre  :  Histoire  de 
l'origine^  des  -progrès  et  de  Vindépendance 
des  Etats-Unis d'Jmériqxie,  aie.  Londres, 
i788  ,  k  vol.  in-8°.  Cet  ouvrage  en  forme 
de  lettres  contient  des  documens  authen- 
tiques très  précieux  ;  mais  il  est  écrit  avec 
partialité,  sans  noblesse  et  sans  élégance. 
JJIstoria  délia  guerra  delV  indipendenza 
dell  America,  Paris,  1810,  traduite  de 
l'ilalicn  en  français  par  Sevelinges,  k  vol. 
in-8°  ,  est  préférable.  On  doit  aussi  à  Gor- 
don un  abrégé  du  traité  de  Jonathan  Ed- 
ward sur  les  affections  religieuses ,  et 
quelques  sermons.  Il  mourut  à  Ipswich 
en  1807. 

GORELLI ,  notaire  à  Arezzo ,  descen- 
dait, dit-on,  de  l'ancienne  famille  des  Giri 
Glioro  ou  Goru,  connue  dans  l'Italie,  dès 
le  onzième  siècle.  Il  a  écrit  en  vers  ce  qui 
s'est  passé  de  plus  remarquable  dans  sa 
patrie  depuis  1310  jusqu'en  1584.  Son  ou- 
vrage est  utile  pour  connaître  riiistoire 
de  son  temps.  C'est  un  fort  mauvais  poè- 
me: mais  c'est  une  assez  bonne  chroni- 
que. Le  savant  Muratori  l'a  inséré  dans 
sa  grande  Collection  des  écrivains  de  l'his- 
toire d'Italie  ,  tome  13.  , 

GORGIAS,  célèbre  capitaine  des  troupes 
d'Antiochus  Epiphanes,  fut  envoyé  par 
Lysias  en  Judée  avec  Nicanor,  à  la  tote 


GOR 

d'une  puissante  armée  ,  pour  désoler  fout 
le  pays.  Judas  Machabée  s'étant  avancé 
contre  ces  deux  généraux  ,  attaqua  d'abord 
Nicanor,  le  vainquit,  et  força  Gorgia-;  à 
se  retirer.  Deux  ans  après,  celui-ci  en 
étant  encore  venu  aux  mains  avec  Judas, 
fut  vaincu.  Il  était  sur  le  point  d'être  pris 
par  Dosithée  ,  lorsqu'un  de  ses  cavaliers 
lui  donna  moyen  de  se  sauver. 

GORGIAS  le  Léonlin,  ainsi  nommé, 
parce  qu'il  était  de  Léontium,  ville  de 
Sicile ,  sophiste  et  orateur  célèbre ,  fut  en- 
voyé par  les  Léonlins  à  Athènes  ,  pour 
demander  du  secours  contre  les  Syracu- 
sains,  l'an  4 17  avant  Jésus-Christ,  et  obtint 
ce  qu'il  demandait.  On  dit  qu'il  vécut  au- 
delà  de  cent  ans. 

GORI  (  AxTOixE- François  ),  savant 
antiquaire  de  Florence  ,  professeur  public 
d'histoire ,  s'est  accquis  la  plus  grande  ré- 
putation par  les  ouvrages  qu'il  a  publiés 
depuis  environ  1727  jusqu'en  1760;  tels 
sont  :  I  Thésaurus  veterum  Diptycoru?n 
constdarium  etecclasiaslicorum.  Florence 
1759,  5  vol.  in-folio;  |  Musceum  Etrus- 
cuTTij.  Florence,  1737,  2  vol.  in-folio, 
ornés  de  200  planches  avec  des  explica- 
tions savantes  ;  \Musœi  Guarnaccii  anti- 
qua  monumenta  etrusca.  eriUa  è  Vola- 
terranis  hypogceis  ^  Florence ,  1744,  in- 
folio. Ces  moaumens  d'une  antiquité  in- 
dubitable, découverts  dans  les  fouilles  de 
Volterre,  sont  très  utiles  ,  avec  l'aide  des 
observations  deGori ,  pour  éclaireir  l'his- 
toire ,  la  religion  ,  les  mœurs  et  les  céré- 
monies des  anciens  Etrusques  ;  |  Musœum 
florentinum.  ^  Florence  ,  12  vol.  in-folio , 
1731-1766 ,  avec  un  grand-nombre  de  li- 
gures. C'est  une  description  de  la  riche 
galerie  de  Florence.  |  Inscriptiones  anli- 
quœ  grœcœ  et  romanœ ,  Florence,  1744, 
5  vol.  in-folio.  Ce  sont  les  inscriptions 
anciennes  qui  se  trouvent  dans  la  Toscane 
avec  des  explications;  |  Monumentum. 
sive  Columbarium  libertorumet  servorum 
Liviœ  Âiigustœ  et  Ccesarum,  Florence, 
1727 ,  in  fol.  C'est  la  description  d'un  mo- 
nument découvert  en  1726 ,  dans  la  voie 
Appienne;  \  Musœum,  Cortonense ,  avec 
François  Valesi  et  Rodolphe  Venuti, 
Rome,  1730,  in-fol.  Gori  naciuit  à  Florence 
le  ^  novembre  1691 ,  et  y  mourut  en  1757. 

GORI\'  de  SAINT -AMOUR.  Voyez 
AIttOUR. 

*  GORINI  (Joseph  Corio  ,  marquis  de), 
poète  dramatique,  né  à  Milan  vers  la  lia 
du  17"^  siècle,  a  laissé  plasieurs  pièces 
dramatiques  qui  eurent  un  succès  bril- 
lant,  et  lui  assurent  un  ranj^  lioniiruiiltf 


GOR  523 

•ur  le  pâmasse  italicii.  Ou  les  a  recueillies 


sous  ce  titre  :  Teatro  comico  e  tragico. 
Venise,  1732,  i  vol.  in-8",  et  Milan  ,  1745. 
S  vol.  in-i'2.  La  préface  offre  un  tableau 
di^  l'origine  et  des  progrès  de  l'art  drama- 
tique cho7,  les  différentes  nations.  Ses 
meilleures  pièces  sont  Jézabcl .  Hécube 
Mahomet  //.tra^^édies  presque  toutes  imi- 
tées de  notre  scène  et  souvent  traduites 
littéralement  :  le  linron  Polonais,  copie 
du  Pourccatii/nac  de  Molière  ,  le  Fripon 
français  .  etc.  On  a  encore  de  Gorini  : 
j  dfs*  Eglo^iu'S  el  des  poésies  diverses  ; 
I  Polilica .  diritto  c  relif/ionè .  per  ben  pen- 
vtre  e  scotjliere  il  x^ero  dal  falso  in  quesle 
importanlissinie  matrrie.  con  la  riposta  . 
Klk'i.  2  tom.  iii-'t"  ;  ouvrage  mis  à  l'index; 
I  L'Uomo  ,  trattato  fisico-morale  .  divisa 
in  tre  libre  .  Lucques ,  17 jG  ,  l  vol.  iii-i"  ; 
I  Via  e  veriià  su  i  fondamenti  de  la  mo- 
rale cnstiana  soUloqui,  Milan,  17ôl,  2  vol. 
in-12. 

GORION.   f'oyez  JOSEPH  BEN  GO- 
BION. 

•GORITZ  (lePèreFRASfçois-AsTOixE). 
ainsi  nommé  de  Gorilz  ou  Goritia ,  pays 
où  il  était  né  vers  172j  ,  entra  rhei  les 
Pères  capucins  dans  la  province  de  Sty- 
rie ,  el  se  distingua  à  la  fois  par  sa  doctrine, 
la  pureté  de  ses  mœurs  et  son  humilité 
chrétienne.  Il  fut  pendant  plusieurs  années 
professeur  de  théolo;;ie  dans  les  écoles  de 
son  ordre  ,  et  publia  plusieurs  savans  ou- 
vrages sur  la  morale,  sur  les  monumens 
profanes  el  sacrés.  Pie  VI,  instruit  des 
vertus  el  des  connaissances  du  Père  Fran- 
çois-Antoine ,  le  reçut  avec  beaucoup  de 
bienveillance  lors  du  voyage  de  ce  pon- 
tife à  Vienne,  en  1782.  Un  des  meilleurs 
ouvrages  de  ce  religieux  est  son  Epitomc 
thcologix  moralis  in  CCXXXIII  (afnilis 
P.  F.  A.  a  Goritia,  1795;  Venise,  1805; à 
Paris  ,  1821 ,  chez  Baucé-Uusand  ,  et  182 j 
el  1829,  cher  Adrien  Leclerc.  Le  Père  Fran- 
çois mourut  en  1784 ,  avant  d'avoir  pu 
terminer  cet  ouvrage.  C'est  un  de  ses 
confrères,  le  Père  Jérôme  de  Gorili,qui 
l'a  revu  et  achevé;  il  le  dédia  à  Pie  VI  ; 
mais  ce  pape  était  morl  lorsqu'on  publia 
léJilion  de  Venise.  O;»  trouve  dans  ce 
livre  toute  la  théologie  morale  distribuée 
par  tableaux  qui,  pour  chaque  question, 
offrent  d'un  coupd'œil  loul  ce  qui  se  rap- 
porte à  la  pruti(iue  ;  ces  tableaux  n'occu- 
pent pas  jjIus  d'une  p;i(;e  cbariui,  cl  sont 
au  nombre  de  deux  cent  trenle-lrois  ,  dis- 
tribués par  divisions  et  subdi vissions.  Ciia- 
<[ue  tableau  présenle  de  suite  tous  les 
piiticipcs  qui  peu\ent  servir  à  résoudie 


GOR 

les  difficultés  qui  se  prescntenl,  soit  dani 
les  divers  cas  de  ronsricnce .  aoil  dans 
l'adminislralion  des  sacremcns.  L'auteur 
cite  les  autorités  sur  lesquelles  il  appuie 
ses  décisions.  Plusieurs  professeurs  de 
théologie  ,  qui  ont  lu  V  Epi  tome  .  le  regar- 
dent comme  un  résume  exact  des  règles 
de  la  morale,  très  utiles  pour  les  pav 
leurs  et  les  confesseurs;  d'autant  plus 
(fue  l'auteur  a  évité  les  deux  extrême»,  le 
rehVchemenl  de  certains  casuistes  et  la  sé- 
vérité outrée  de  quelques  autres.  11  serait 
à  souhaiter  que  cet  ouvrage  fût  mieux 
connu  en  France,  el  qu'il  obllnt  le  mrm.; 
succès  qu'il  a  obtenu  en  Italie  et  en  Alle- 
magne. 

GORLÉE  ou  GORL-ï:US(  Abraham), 
né  à  Anvers  en  1549,  mort  à  Dclfl  en 
Hollande  ,  le  1  j  avril  1609  ,  clait  cxtréme- 
mcnl  versé  dans  la  connaissance  des  mé- 
dailles, des  monnaies  anciennes  el  des 
autres  anlicpiités.  C'était  sa  passion  do- 
minante. On  a  de  lui  :  |  Daclyliot/ieca  . 
Nuremberg,  1600,  in-4",  réimprimé  à 
Leyde  en  169j  ,  avec  des  noies  de  Jacques 
Gronovius,elcnl707,2  vol.  in-4°.C'esl  un 
traité  sur  les  anneaux  et  les  sceaux  des 
anciens;  il  esl  savant  cl  curieux;  |  Thé- 
saurus numismatum  famiUarum  rortia- 
narum,  in-folio,  Leyde,  1608.  On  y  trouve 
une  ample  critique  de  l'ouvrage  de  Fulvius 
Ur<iinus  sur  la  même  matière;  |  Parali- 
poincna  numismatum.  On  voit  daiis  ces 
différens  ouvrages  un  homme  qui  s'était 
nourri  des  meilleurs  auteurs  de  l'anli- 
quité. 

GOROPII'S  (  Jea!«  ),  médecin ,  ué  dan< 
un  village  du  Brabant  en  1518,  voyagea 
en  Italie,  en  Espagne  et  en  France,  fut 
médecin  de  la  reine  Eléonore  ,  épouse  de 
François  I",  el  de  Marie,  reine  de  Hongrie. 
Philippe  II  lui  offrit  l'emploi  de  son  mé- 
decin ;  mais  Goropius  dégoûté  de  la  cour 
se  contenta  d'un  présent  considérable  que 
ce  prince  lui  lit.  Il  exerça  long-temps  sa 
profession  à  Anvers.  Il  l'abandonna  en- 
suite pour  se  livrer  entièrement  à  l'élude 
de  l'anliquilé,  el  mourut  à  Maestriehl  en 
1572 .  à  55  ans.  C'était  un  homme  bi/.rtrro 
qui  soutenait  des  opinions  ridiculM.  S«îS 
Origines  Jntuerpionœ .  I.">09.  in-foli».. 
sont  pleines  dénidil««»u,  mais  elles  n'ont 
pus  toujours  été  di<  :  i«*nl 

sain  ;  il   prétend  qi:  "de 

esl  cdle   qu'ont  p.n  1  -  pa- 

rens.  Quelque  singulières  que  suictit  »r« 
preuves  grammaticales,  elles  ont  été  adop- 
tées et  mises  sotis  un  nouveau  jour,  par 
.VJricn   Scriekius,  40  ans  nprts.  Stcvia» 


GOR  524 

(voyez  ce  nom)  approche  aussi  de  cette 
haute  idée  de  la  langue  flamande.  Il  y  a  , 
du  reste  ,  dans  cet  ouvrage  de  Goropius  , 
d'excellentes  choses ,  et  où  la  saine  criti- 
que a  présidé  ;  telle  que  son  Atvatica  et 
sa  Gigantomachia.  Dans  la  première ,  il 
montre  que  la  prétendue  Advatica  ou  At- 
vatuca ,  dont  parle  César ,  nest  qu'une 
faute  de  copiste  pour  Ad  Varacam 
(  voyez  VAROUX  ,  dans  le  Dictionnaire 
géographique .  1791  ).  Dans  l'autre,  il 
prouve  que  tout  ce  que  l'on  raconte  de 
l'exorbitante  grandeur  des  géaiis  n'est 
qu'un  amas  de  fables  (  voyez  SLOANE  ). 
On  a  encore  de  lui  :  Opéra  Goropii  hac- 
tenus  non  édita  ^  Anvers ,  1588 ,  in-folio , 
ouvrage  comme  le  précédent ,  où  les  pa- 
ridoxes  sont  mêlés  avec  des  vérités.  Il 
y  attaque  judicieusement  les  Masorètes 
qui  ont  défiguré  le  texte  hébreu  de  l'E- 
criture par  leurs  points-voyelles  (  voyez 
C APPEL,  ELÉAZAR ,  HODY,  MASCLEF). 
Goropius  fut  surnommé  Becanus^  parce 
qu'il  vit  le  jour  dans  un  village  de  Brabant, 
nommé  Hilverenbeck. 

•  GOROUGHRIN  (  N...  ),  jurisconsulte 
russe,  né  en  1747,  mort  en  1821  à  Moscou, 
professa  pendant  23  ans  le  droit  pratique 
russe  dans  l'université  de  cette  ville.  On 
a  de  lui  les  deux  ouvrages  suivans  :  |  Ma- 
nuel delà  législation  russe.  Moscou,  1811, 
4  vol.  ;  I  Description  des  actes  judiciaires. 
ibid.  1812,  3  vol.  in-4".  Ce  jurisconsulte 
a  joui  pendant  toute  sa  vie  d'une  grande 
réputation  de  science ,  et  l'empereur  le 
récompensa  par  des  pensions  el  des  titres. 
GORRAIV  (  Nicolas  de  ) ,  religieux  do- 
minicain ,  natif  du  Maine,  mort  vers  1293. 
Philippe  le  Hardi  le  nomma  confesseur  de 
son  fils,  depuis  roi  de  France,  sous  le  nom 
de  Philippe  le  Bel.  On  a  de  lui  :  |  des  Com- 
mentaires sut  presque  toute  la  Bible  ;  |  des 
Sermons,  et  quelques  autres  ouvrages, 
dont  la  plupart  ne  se  trouvent  qu'en  ina- 
nuscril  dans  la  bibliollièque  de  Sorbonne. 
GORRIS  (  Jeax  de  j,  Gorreus.  médecin, 
né  à  Paris  en  1503,  mort  en  1572  ,  était 
protestant.  Il  fui  retranché  deux  fois  de 
la  faculté ,  à  cause  de  sa  croyance ,  et  ré- 
tabli autant  de  fois.  Il  possédait  assez  bien 
le  grec,  et  il  donna  une  traduction  latine 
du  poète  Nicandre.  Ses  œuvres  furent  im- 
primées en  1622 ,  in-folio.  On  remarque 
surtout  parmi  ses  ouvrages  celui  qui  a 
pour  litre  :  De/înilionuni  medicarum.  libri 
AXir.Và.v{&,  1563,  in-folio,  ibid.  1622, 
in-folio.  Son  lils  nommé  de  même  ,  et  mé- 
decin comme  lui,  a  laissé  des  opuscules, 
1660,  in-8".  Les  ouvrai;cs  du  lils  et  du 


G09 

père  ne  sont  guère  consultés ,  parce  qu'il 
a  paru  depuis  eux  des  livres  meilleurs  et 
mieux  faits. 

*  GORSAS  (  Antoine- Joseph)  ,  né  à  Li- 
moges en  1752  ,  vint  établir  un  pension- 
nat à  Versailles ,  et  se  montra,  dès  le  com- 
mencement de  la  révolution ,  un  des  plus 
zélés  partisans  des  idées  nouvelles.  En  1790 
il  rédigeait  le  Courrier  de  f^ersailles . 
qui  prêchait  l'insurrection  el  l'anarchie  : 
par  le  compte  inexact  qu'il  rendit  du  repas 
des  gardes  du  corps ,  il  provoqua  les  mal- 
heureuses journées  des  5  et  6  octobre 
1789  ;  cependant ,  lorsqu'il  fut  député  à  la 
Convention ,  il  devint  plus  modéré.  Dans 
le  procès  de  Louis  XVI ,  il  vota  pour  la 
détention  et  l'appel  au  peuple.  Il  se  lia  en- 
suite avec  les  Girondins .  partagea  leur 
sort,  et  fut  condamné  et  exécuté  le  7  oc- 
tobre 1793.  Il  est  auteur  d'un  écrit  satiri- 
que intitulé  :  |  L'âne  promeneur^  ou 
Critès  ramené  par  son  âne,  Paris,  1786, 
in-8°. 

GORTZ.  T^oyez  GOERTZ. 

•  GOSSEC  (  François- JoSEPB  ) ,  mem- 
bre de  l'institut  et  de  la  légion-d'honneur, 
naquit  à  Vergnies  ,  petit  village  du  Hai- 
naut,  le  17  janvier  1753,  la  même  année 
que  Rameau  débuta  dans  la  carrière  mu- 
sicale par  Hippolyte  et  Aricie.  Ses  parens 
le  conduisirent ,  à  l'âge  de  sept  ans ,  à  An- 
vers où  il  resta  8  ans  comme  enfant  de 
chœur  à  la  cathédrale  de  celte  ville.  Seul 
et  à  l'aide  des  partitions  de  Lalande ,  de 
LuUi  et  de  Rameau  il  apprit  l'art  auquel 
il  dut  toute  sa  gloire.  Gossec  vint  à  Paris 
en  1751 ,  et  entra  chez  le  financier  de  la 
Popelinière,  qui  avait  comme  tous  les 
traitans  un  directeur  de  concerts.  11  passa 
ensuite  chez  le  prince  de  Conti ,  où  il  com- 
posa plusieurs  opéras  pour  ses  fêtes,  et 
en  1770  fonda  le  concert  des  amateurs 
dont  les  succès  furent  brillans  pendant  10 
armées.  En  1773 ,  Gossec  prit  avec  d'au- 
tres artistes  la  direction  du  concert  spiri- 
tuel que  l'intrigue  lui  enleva  quatre  ans 
après.  En  1784 ,  le  baron  de  Breteuil  ayant 
formé  l'école  de  chant  qui  plus  tard  a 
donné  naissance  à  notre  conservatoire , 
Gossec  qui  en  avait  conçu  le  plan,  en  de- 
vint le  chef.  Lorsque  le  conservatoire  fut 
créé  par  une  loi  de  1795 ,  il  fut  un  des  in- 
specteurs des  travaux,  et  on  le  cbarger 
de  professer  la  composition.  Gossec  a 
beaucoup  travaillé  :  ses  quatuor,  ses  sym- 
phonies.  ses  chœurs  d' Atlialie .  sa  messe 
des  m,orts  surtout  ont  assuré  sa  réputa- 
tion. Ses  opéras  ont  eu  des  succès  plus  ou 
moins  brillans.  Ses  solfèges  composés  pour 


GOS 


tfSS 


GOT 


le  conservatoire  sont  encore  étudies ,  et 
ont  survécu  à  tous  ses  ouvrages,  avec  le 
inoict  à  trois  voix  sans  orchestre  :  O  Sa- 
Itttan's  hostia  !  V.n  Qvnvral  ses  coniiHisi- 
tions  manquent  d'inspiration  et  de  i;oùt; 
son  style  nuhue  n'csl  point  à  la  hauteur 
des  connaissances  qu'il  possédait.  Il  com- 
posa un  grand  nombre  d'airs  pour  les 
chansons  et  cérémonies  républicaines  ;  il 
arrangea  en  chœur  et  à  grand  orchestre 
la  Marseillaise,  que  l'on  ciianla  à  l'opéra , 
dans  le  camp  de  Grand-iiré  ;  voilà  pour- 
quoi tant  de  personnes  lui  attribuèrent 
cet  air,  dont  Rouget  de  llsle  a  trouNé  la 
mélodie.  A  l'âge  de  81  ans  Gossec  profes- 
sait la  composition  au  conservatoire  :  à 
90 .  il  venait  encore  passer  une  partie  de 
la  soirée  dans  le  foyer  de  Feydoau.  Il  est 
mort  le  16  février  1829  à  Passy,  où  le  cé- 
lèbre Piccini  était  mort  en   I7*>9. 

•  GOSSELIN  (  CiiAnLES-RoBERT  ) ,  lit- 
lérateur  ,  né  en  17/iO  à  la  Folie  près  de 
Caen ,  de  parens  qi;i  n'avaient  d'autre 
fortune  qu'im  petit  patrimoine  qu'ils  cul- 
tivaient eux-m^mes ,  reçut  néanmoins 
une  éducation  assez  distinguée  que  di- 
rigea l'abbé  d'Elemare.  Il  fut  précepteur, 
et  se  livra  tout  entier  à  la  culture  des  let- 
tres. A  l'époque  de  la  révolution,  il  se  re 
tira  à  Maurecourt  (  Seine-et-Oise  )  ,  où  il 
avait  acheté  une  peîite  propriété  du  fruit 
de  ses  économies.  Gosselin  y  parta- 
geait son  temps  entre  les  occupations  agri- 
coles et  l'étude  de  la  mythologie  grec- 
que; il  est  mort  dans  sa  retraite  le  26  sep- 
tembre 1820,  laissant  les  ouvrages  sui- 
vans  :  |  Plan  d'éducation  en  réponse  aux 
acailémies  de  Marseille  et  de  Châlons  . 
Amsterdam ,  1785,  in-8";  |  Réflexions 
d'un  citoijen.  adressées  aux  notables,  sur 
la  question  proposée  par  un  grand  rot 
(  Frédéric  II  }  ;  En  quoi  consiste  le  bon- 
heur des  peuples,  et  d'<;ù  vient  la  misère 
et  des  moyens  d'y  remédier?  Paris  ,  1787, 
in-8"  ;  I  VAntiquité  dévoilée  au  moyen  de 
la  Genèse ,  &'  édition,  auj^mentée  de  la 
chronologie  de  la  Genèse  et  de  la  tliéoyo- 
nie  d'Hésiode ,  expliquée  par  la  Genèse  . 
avec  2  gravures  représentant  les  hémi- 
sphères célestes,  austral  et  l)oréal ,  Paris, 
1817,  in-8°.  11  a  laissé  entre  les  mains  de 
La  Mardelles,  l'un  de  ses  élèves,  plusieurs 
ouvrages  manuscrits,  parmi  lesquels  on 
cite  des  Réflexions  critiques  sur  les  Oeu- 
vres de  J.  J.  Rousseau. 

GOS.SELIM  ou  plulOt  GOSELINI  f  Jt- 
i.in\),  originaire  de  Nice  delà  Paille, 
dans  le  Montferrat ,  né  à  Rome,  eu  {'.t'iTi. 
fut  dès  rage  de  17  ans ,  sccrél«ùr(;  de  Fer- 


dinand de  Gonxaguc  ,  vice-roi  de  Sicile. 
Il  continua  de  l'étic,  lorsque  rc  vire-roi 
fut  fait  gouverneur  de  Milan;  et  eut  b 
même  fonction  s«>us  le  duc  d'Albc  et  soufl 
le  duc  de  Sesse ,  qui  furent  successive- 
ment gouverneurs  de  cet  état  ,  après  U 
mort  de  Gonrague.  Le  duc  de  Sesse  l'em- 
mena avec  lui  à  la  cour  dHsjwgnc ,  où 
Go^selini  se  rendit  si  agréable  par  sou 
adresse  et  par  sa  prudence,  qu'il  fut  em- 
ployé ditns  les  affaires  que  le  duc  avait  au- 
près du  roi.  Le  marquis  de  Pescaire,  suc- 
cesseur du  duc  de  Sesse  ,  eut  pour  Gosse- 
Uni  les  mêmes  égards.  Mais  le  duc  d'AI- 
buqncrque  qui  lui  succéda,  ne  jugea  pai 
favorablement  de  son  esprit  ;  et  Gosseliui 
manqua  d'avoir  des  affaires  très  sérieuses. 
II  rentra  en  grâce  sous  le  marquis  d*Ai- 
monle,  et  sons  le  dur  de  Terranova  ,  gou- 
verneurs du  Milanais,  et  fut  leur  secré- 
taire. On  dit  qu'il  avait  un  talent  mer- 
veilleux pour  pacifier  les  querelles.  Il 
mourut  à  Milan  en  1587.  à  f>1  ans.  On  a  de 
lui  divers  ouvrages:  |  la  fie  de  Ferdi- 
nand de  Gonzague .  1579  ,  in  4";  |  la  Con- 
juration de  Jean- Louis  de  Fiesque .  in- 
férieure à  celle  du  cardinal  de  Ret7.;  I  V  His- 
toire de  la  conjuration  des  l'azzi  ;  j  un 
recueil  de  poésies  italieiuies ,  publiées  à 
Venise,  1588,  in-8",  et  réimprimées  plu- 
sieurs fois. 

•  GOTER  (  Jzx"!*  ) ,  missionnaire  catho- 
lique anglais  ,  mort  en  1704,  en  se  ren- 
dant à  Lisbonne  |)our  quelijues  affaires  du 
clergé  ,  a  laissé  la  réjtutaiiuti  d'un  habile 
conlroversisle  ;  on  a  de  lui  un  grand 
nombred'ouvragesdonl  17  de  controverse, 
de  morale  et  de  pielé  :  ils  sont  estimes  des 
ratlioli(ines  anglais.  On  distingue  entre 
autres  :  Raison  et  autorité ,  la  IS'uée  de 
témoins. la  Transsuhstantiationdéfendu4. 
le  catholique  mal  représenté.  On  en  trou- 
vera la  liste  dans  l'Histoire  de  l'Eglise 
d'.twjleterre  par  Dodil ,  Bruxelles,  3  vol. 
17:7,  173'.)  et  I74i.  G<»ler  axait  été  élevé 
dans  la  religion  anglaise  qu'U  abandooiu 
ensuite. 

GOTE.SC.\LC  ou  FULGEN'CE .  fameux 
hénédicitn  ,  ne  en  Allemagne  vers  Tan 
H06.  prit  riiabil  monastitpje  .i  0.-b«is. 
♦Lorèse  de  Soissons .  et  y  fut  élevé  au  aa- 
cerdocc.  Après  s'être  rempli  de  ce  qu'il 
croyait  élre  la  docti  inc  de  s-tînt  Atifruslin, 
il  passa  à   Rome  .  et  de   là    '  •  '    ni , 

où  il  lépamlit   *es  senllnn  ,  '  «»- 

deslinalioii.  De  retour  en  1 .  .  _..  zXi , 

il  s'enirriini  sur  cette  matière,  ausai  ma- 
blime  qu'obscure  ,  avec  Nortliiii0ue .  évè* 
que  de  Vcroae,  «^ul  eCfrayé  de  aet  prin» 


GOT 


5â6 


GOT 


tîpes  ,  les  déféra  à  Raban,  archevêque  de 
Mayence.  Ce  prélat,  convaincu  que  le  bc- 
nédiclin  enseignait  que  Dieu  nécessite  tous 
les  hommes  à  se  sauver  ou  à  se  perdre  , 
l'anathémalisa  en  848  dans  un  concile.  Il 
écrivit  contre  lui  àHincmar  ,  archevêque 
de  Reims  ,  dans  le  diocèse  duquel  Gotcs- 
calc  avait  reçu  la  prêtrise.  Hincmar  con- 
voqua un  concile  l'année  d'après,  à  Quier- 
cy-sur-Oise.  Gotescalc  fui  dégradé  du  sa- 
cerdoce et  fouetté  publiquement  en  pré- 
sence de  Charles  le  Chauve ,  ensuite  en- 
fermé dans  l'abbaye  d'Hautevilliers.  Les 
verges  ne  le  changèrent  point.  Il  écrivit 
deux  confessions  de  foi  pour  soutenir  sa 
doctrine,  offrant  delà  prouver  en  passant 
de  suite  par  quatre  tonneaux  pleins  d'eau, 
d'huile  ou  de  poix  bouillante ,  ou  même 
par  un  grand  feu.  On  rit  de  son  fanatisme, 
et  on  le  laissa  en  prison.  Saint  Rem  y,  ar- 
chevêque de  Lyon,  se  déclara  pourtant 
contre  le  châtiment  qu'il  avait  essuyé. 
Gotescalc  mourut  dans  sa  prison  en  868. 
victime  de  son  opiniâtreté.  Hincmar  lui 
fit  refuser  les  sacremens  et  la  sépulture 
comme  à  un  hérétique  obstiné.  Cet  ar- 
chevêque peint  le  bénédictin  comme  un 
homme  rustique  ,  inquiet ,  bizarre  et  in- 
constant. C'est  sous  ces  traits  qu'on  le 
connaissait,  dit-il,  dans  son  monastère. 
Flodoart ,  dans  son  Histoire  de  l'église  de 
Reims  ,  chapitre  12  ,  dit  «  qu'il  était  dan- 
»  gereux  d'avoir  des  conférences  particu- 
»  Hères  avec  cet  hérétique,  parce  qu'il 
»  soutenait  impudemment  qu'on  lui  avait 
»  dit  des  choses  auxquelles  on  n'avait  ja- 
»  mais  pensé.  »  Ussérius  a  donné  son  his- 
toire,  Dublin,  1631 ,  in-4°,  Hanau,  1662. 
C'est  le  premier  livre  latin  ,  imprimé  en 
Irlande  :  on  le  trouve  dans  Vindiciœ  prœ- 
destinationis  etgratiœ,  Paris,  16S0,  2  vol. 
in-i°,  et  dans  l'/Tisfona  Gotescalchi  prœ- 
dcstinatiani^Vdxis ,  1655,  in-folio ,  du  Père 
Cellot.  Voyez  aussi  VHistoria  prœdesti- 
natianismi  du  Père  SIrm.ond. 

GOTII  ou GOTHUS  (Laurent  ),  arche- 
vêque d'Upsal  en  Suède,  au  16"^  siècle, 
jouissait  d'une  si  grande  réputation  de  sa- 
voir et  de  piété ,  que  le  roi  Jean ,  voulant 
relever  le  catholicisme  dans  ses  états, 
rengagea  à  mettre  son  nom  à  une  Liturgie^ 
conforme  quant  au  fond  à  la  Liturgie  ca- 
tliolique.  C'était  l'ouvrage  du  clergé  sué- 
tlois,  qui,  par  ordre  de  ce  prince  ,  s'était 
assemblé  plusieurs  fois  dans  cette  vue. 
Pour  donner  plus  d'autorité  k  ceWe  Litur- 
gie,  le  prince  voulut  la  faire  paraître  sous 
un  nom  respectable  dans  l'église  de  Suède. 
Les  u»é«ageuicns  dontonfut  obligé  d'user 


en  firent  déranger  l'ordre ,  et  engagèrent 
à  supprimer  Y  Invocation  des  saints .  les 
Prières  pour  les  morts  ^  la  Mémoire  du 
pape  Ae  moi  de  sacrifice,  etc.  Elle  n'eut 
pas  plutôt  paru ,  qu'elle  choqua  les  deu> 
partis,  et  causa  de  grands  troubles.  On  fui 
obligé  de  la  supprimer  ,  ce  qui  l'a  rendue 
rare.  Elle  est  intitulée  :  Liturgia  Succana-, 
ecclesiœ,  etc.,  cum  prœfatione  et  notis 
Laurentii  Upsalsensis  archiepiscopi .  in- 
fol.  Stockholm  ,  1576. 

•  GOTÏER  (  Fbéoéric-Guillaume  ), 
poète  allemand,  né  à  Gotha  le  3  septem- 
bre 1746,  de  parens  riches  et  considérés, 
étudia  la  littérature  latine,  anglaise  et 
française.  Un  séjour  qu'il  fit  à  Lyon  en 
1774  le  mit  à  même  de  se  perfectionner 
dans  notre  langue ,  et  il  savait  apprécie 
nos  chefs-d'œuvre  poétiques,  dont  lia 
souvent  reproduit  les  beautés  dans  ses 
OEuvres.  Il  étudia  le  droit  à  Gottingue  . 
et  fut  ensuite  placé  dans  les  archives  du 
duc  de  Golha ,  puis  envoyé  à  Wetzlar 
comme  secrétaire  de  légation.  Enfin ,  s'é- 
tant  lié  avec  plusieurs  savans,  il  s'adonna 
particulièrement  à  la  poésie ,  et  composa 
des  tragédies,  des  comédies,  des  opéras, 
des  épitres ,  des  élégies,  des  contes  et  des 
poésies  légères.  Il  avait  de  la  facilité  et 
beaucoup  d'imagination.  Il  mourut  le  18 
mars  1797.  Ses  principaux  ouvrages  sont . 
(  Poésies,  Gotha,  1787,  1788,  2  vol.  in-8"; 
I  Opéras  comiques ,  1778-1779.  Ce  sont  les 
meilleures  productions  que  l'Allemagne 
ait  en  ce  genre.  |  Drames,  Leipsick, 
1795  ,  in-8''.  La  plupart  ont  été  faits  pour 
des  théâtres  de  société.  |  OEuvres  posthu- 
mes. Gotha  ,  1802  ,  in-8°.  Elles  forment  le 
3*^  volume  des  poésies  de  Gotter.  On  y  re- 
msirque  3farianne,  tragédie  en  trois  actes, 
sa  meilleure  pièce  ,  qui  est  une  imitation 
de  la  Mêlante  àQ  Laharpe  ;  et  une  Cantate 
où  il  exprime  les  adieux  touchans  de  la 
princesse  Marie-Thérèse  (  Madame,  du- 
chesse d' Angoulême  )  à  la  France  en  1796. 

GOTTI  (  Vincent-Louis  ),  de  Bologne 
en  Italie ,  naquit  en  1664.  De  simple  do- 
minicain ,  il  s'éleva  au  cardinalat  par  ses 
vertus  et  son  savoir.  Benoît  XIII  l'honora 
de  la  pourpre  en  1728.  Il  mourut  en  1742, 
à  78  ans,  laissant  plusieurs  ouvrages, 
parmi  lesquels  on  dislingue  sa  Theolo- 
gia  scholastico-dogmatica,  suivant  l'es- 
prit de  saint  Thomas,  à  Rome,  en  12  vol. 
in-4°;  à  Venise,  1750,  3  vol.  in-fol.  Quoi- 
que l'auteur  soit  diffus ,  et  qu'il  traite  des 
questions  qui  ne  sont  pas  toujours  inté- 
ressantes, cet  ouvrage  est  estimable  pai 
une  érudition  vaste,  bien  dirigée,  et  tou- 


cou 


ttif 


)<)urs))ar  les  bons  principes.  On  (ail  pcude 
ras  ih;  sa  Défense  de  la  religion  chrétien- 
ne.  f'critas  religionis  christianir  contra 
iitheos.polijtheos.  elc.  Rome,  IZ.").'»,  1740, 
IS  vol,  in-i"  :  clic  offre  cci>ciidanl  bcau- 
ixjup  d'ôrudilton. 

r.OTTSCIIED  (  JEA;«-CiliiiSTOPilK  ), 
iwêle  allemand  ,  né  le  2  fcTrier  1700  ,  à 
Juditcn-Kirch  près  de  Kœninsber(j.  morl 
à  Leipsirk  en  1766 ,  a  publié  |  une  Poéti- 
que, k  la  lète  de  laquelle  il  a  placé  une 
traduction  en  vers  de  W-irt  poétique  d'Ilo- 
rcue;iii\\  finit  chaque  cliapitre  par  les  pré- 
ceptes de  Boileau  :  |  Caton  d'Ulique,  tragé- 
die assez,  mauvaise,  et  qui  cependant  a  eu 
du  succès  :  |  une  Grammaire  allemande. 
qui  a  obtenu  un  grand  nombre  d'éditions  et 
a  été  traduite  en  français,  en  hollandais, 
en  hongrois .  en  russe  et  en  latin  ;  |  un 
Cours  de  philosophie .  où  les  imaginations 
les  plus  creuses  des  systémateurs  moder- 
nes sont  enseignées  comme  des  vérités 
éternelles.  L'auteur  se  met  en  devoir  de 
calculer  et  d'arranger  au  mieux  des  hypo- 
thèses ,  dont  bientôt  on  n«?  parlera  pas 
plus  que  de  Thorreur  du  vide  et  des  anti- 
périslases;  défaut  qui  lui  est  commun 
avec  la  plupart  de  nos  physiographes.  On 
en  a  fait  jusqu'à  sept  éditions,  dont  la 
dernière  est  de  Leipsick ,  1763,  2  vol.  in- 
8°.  Il  a  donné  aussi  une  traduction  alle- 
mande du  livre  de  l'Esprit.  Leipsick, 
1760,  avec  des  notes  plus  absurdes  en- 
core que  l'ouvrage  commenté,  et  digne 
dun  athée  déclaré.  M""  Gottsched,  son 
épouse,  a  traduit  dans  sa  langue  plusieurs 
auteurs  étrangers.  Elle  a  fait  aussi  Pan- 
thée,  tragédie  ,  et  des  comédies,  en  1759. 
Sa  vie  a  été  écrite  par  Léonard  Mcister 
et  plusieurs   autres  écrivains  allemands. 

*GOL'AN  (  Aivtome),  professeur  de 
botanique  et  médecin  à  Montpellier,  né 
dans  cette  ville  en  1735,  s'appliqua  dès 
son  jeune  âge  à  l'étude  des  plantes  :  et 
demeura  toujours  fidèle  au  système  de  Lin- 
née  qui  l'avait  honoré  dans  ses  lettres  du 
titre  de  son  correspondant  le  plus  chéri. 
Il  fut  également  lié  avec  J.-J.  Rousseau 
dont  il  partageait  le  goût  pour  la  musi- 
que et  qui  parle  de  lui  dans  sa  correspon- 
dance imprimée.  Gouan  est  mort  le  i" 
septembre  1821  :  il  a  publié  :  |  Hortus 
r^gius  Monspeliensis,  Lyon  ,  1762,  in-8"  ; 
I  Flora  Monspeliana.  1770 .  in-A"  ;  |  Jlisto- 
riapiscium.  Strasbourg,  1770,  in-4»;  |  II- 
lustrationes  et  observationes  botanicœ . 
1775 ,  in-fol.  ;  |  \omenclature  botanique, 
Montpellier,  179j,  in-8";  |  Herborisation 
des  environs   de   A/ontjtellier.  ou  Guide 


ètUatiqttt  à  rM«flf»  rfM  élè9fê  de  Véeék 

de  médecine.  1795,  ln-8* 

•  CiOM  \Z  (  Yves  le  )  ,  graveur,  né  à 
Brest  en  1742.  morl  à  Pari»  on  1816.  fut 
élève  de  Jacques  Aliamct ,  et  a  laisse  une 
collection  de  plus  de  60  vues  desdifféren* 
ports  de  France  et  des  colonies  françaisi-s 
de»  Antilles, exécutées  avec  beaucoup  de 
soin.  Il  a  aussi  gravé  plusieurs  sujets  de 
marine,  d'après  Vernct  et  autres. 

r.OlBE.AU  (Fra-^çois;,  peintre  d'An- 
vers, élève  de  Baur,  s'est  distingué  par 
ses  bambochades.  Il  mourut  en  1640. 

•  GOUDARD  (  A'«GE  )  ,  écrivain  el 
maitrc  de  langues,  naquit  à  Montpellier, 
vers  1720 ,  d'un  inspecteur  général  du 
commerce.  Simon  Goudard  son  père  le 
destinait  à  cette  profession;  mai»  le  ca- 
ractère du  jeune  Ange  était  trop  indé- 
pendant pour  pouvoir  »'y  accoutumer; 
il  quitta  la  maison  paternelle  et  vint  à 
Paris,  où  il  lit  des  études  assez  impar- 
faites. Il  parcourut  un  grand  nombre 
d'ouvrages  sur  l'économie  politique;  et, 
comme  il  était  doué  d'une  bonne  mé- 
moire, il  reproduisait  dans  ses  livres, 
avec  qucl({ues  légères  différences ,  les 
idées  qu'il  avait  puisées  dans  ceux  des 
autres.  Il  parait  que  le  produit  de  se» 
oeuvres  ne  suffisait  pas  à  son  existence  ; 
il  quitta  donc  Paris  et  se  rendit  à  Londres 
en  1761,  où  il  donna  des  leçons  de  langue 
française.  Il  existait  alors  des  différend» 
sérieux  entre  le  comte  de  Guerchy  et  le 
chevalier  ou  la  chevalière  d'Eon.  Goudard 
fit  paraître  quelques  pamphlets  ,  tantôt 
contre  le  comte,  tantôt  contre  le  cheva- 
lier, ce  qui  le  fit  appeler  par  ce  dernier, 
et  avec  raison ,  écrivain  mercenaire . 
versatile  et  plagiaire.  Malgré  son  carac- 
tère intrigant  et  flatteur,  sa  fortune  ne 
s'était  pas  améliorée  en  Angleterre,  lors- 
qu'il fit  la  connaissance  d'une  mistriss 
Sara,  veuve  très  jolie,  et  bel  esprit.  Gou- 
dard forma  aussitôt  son  plan ,  lui  offrit 
sa  main,  qui  fut  acceptée;  la  beauté  de 
Sara  était  l'unique  dot  qu'elle  apporta  à 
son  époux.  Ils  quittèrent  Londres,  voya- 
gèrent dans  la  Hollande,  traversèrent  la 
France,  el  »e  rendirent  à  Naples,  où  Gou- 
dard se  flattait  de  réaliser  les  plus  beaux 
projets.  Arrivé  dans  cette  ville  ver»  177*. 
il  se  fit  d'abord  connaître  par  une  gram- 
maire française  et  italienne .  qui  est  rf»- 
core  en  usage,  et  qui  lui  procura  quel- 
ques élèves  d'un  rang  distiogoé.  CoaUM  U 
avait  résolu  de  se  rendre  le  réfomialctirds 
tous  le»  pays,  il  crut  devoir  donner  aooavk 
sur  le*  vices  introduits  dUMl'i 


GOU 


B28 


GOU 


lion  du  royaume  de  Naples,  en  les  mettant 
au  jour  dans  un  écrit  qu'il  publia.  Mais  cet 
écrit  n'eut  pas  im  grand  succès.  Cependant 
Goudard  n'était  pas  précisément  venu  à 
Naples  pour  brillcj' comme  auteur  écono- 
miste :  connaissant  les  faiblesses  d'un  au- 
pusle  personnage,  il  forma  l'infâme  projet 
d'en  profiter.  Goudard  s'était  déjà  rendu 
im  peu  ridicule  par  la  manière  étrange 
dont  il  s'habillait,  par  son  physique,  sa 
])édanterie  et  ses  sarcasmes  grossiers. 
Aussi,  dans  tous  les  lieux  publics  ,  c'était 
lui  que  l'on  remarquait  le  premier.  Il  les 
fréquentait  avec  sa  femme,  se  plaçait  sur 
le  chemin  où  devait  passer  le  roi  ,  quand 
il  revenait  de  lâchasse;  et  au  spectacle  il 
choisissait  la  loge  qui  se  trouvait  placée 
vis-à-vis  de  celle  du  monarque.  Madame 
Goudard  fut  enfin  remarquée ,  et  c'est 
depuis  ce  moment  que  l'on  vit  son  mari 
mener  un  grand  train  à  Naples.  a  II  avait 
»  loué  un  palais  à  la  ville,  et  un  autre  à  la 
»  campagne  ;  il  avait  une  voiture  et  don- 
»  nait  à  manger.  »  Malheureusement  cela 
ne  dura  pas  long-temps.  Quand  M™' 
Goudard  crut  avoir  acquis  assez  d'empire 
sur  le  roi,  elle  s'avisa  de  lui  parler  de  ré- 
forme, de  politique,  et  d'administration; 
elle  ne  pouvait  choisir  un  langage  moins 
agréable  et  moins  intelligible  pour  le  roi, 
qui  parut  deviner  les  desseins  de  cette 
femme.  Le  jour  suivant  il  ne  reparut  plus 
chez  elle,  et  le  lendemain  la  reine  fit  inti- 
mer à  Goudard  l'ordre  de  sortir  du  royau- 
me. Ce  ne  fut  donc  pas,  comme  le  dit 
une  biographie,  un  ouvrage  de  Goudard 
sur  Naples  (qui,  d'ailleurs,  ne  contenait 
tixicune  description  topographique  ^  mais 
roulait  sur  l'administration  de  ce  pays) 
qui  causa  son  banissement.  Il  est  vrai 
qu'avant  de  partir  il  laissa  une  lettre  im- 
primée ,  renfermant  Yapologie  de  cet  ou- 
vrage ,  qu'il  dédia  au  marquis  Tanucci  ; 
il  est  vrai  aussi  que  cette  lettre  donna 
envie  à  ce  ministre  de  lire  l'ouvrage  en 
question,  et  qu'ensuite  il  le  fil  bmler  par 
la  main  du  bourreau.  Car  ce  livre  ne  trai- 
tait pas  seulement  de  matières  adminis- 
tratives ,  mais  renfermait  une  morale  re- 
lâchée, des  expressions  scandaleuses,  dont 
fut  révolté  le  marquis  de  Tanucci  lui- 
même  ,  qui ,  cependant  n'était  pas  très 
orthodoxe  ,  ainsi  qu'il  le  prouva  par  ses 
démêlés  avec  le  saint  Siège.  Goudard  et 
sa  femme  voyagèrent  alors  en  Italie  ;  mais 
outre  une  figure  grotesque,  Goudard  mon- 
trait partout  un  air  suffisant ,  un  ton  pé- 
dantesque  et  un  caractère  caustique.  Il 
passa  &  Rome,  d'où  il  fut  chassé  ;  de  là  il 


se  transporta  à  Florence,  et  y  eut  le  mémo 
sort.  S'étant  rendu  à  Lucques,  et  voulant 
réformer  aussi  celle  république,  il  en  fut 
également  renvoyé.  Rien  ne  pouvant  le 
corriger  de  sa  manie  de  réforme  ,  il  vou- 
lut donner  ses  avis,  même  à  la  république 
de  Venise,  alors  si  peu  endurante  en  ma- 
tière de  gouvernement.  La  république  al- 
lait lui  faire  un  mauvais  parti,  lorsque, 
averti  à  temps  qu'un  fante-de-cai  devait 
venir  l'arrêter  avec  safemme,  il  s'embar- 
qua avec  ses  effets  dans  une  gondole,  qui 
le  transporta  en  terre-ferme  ;  de  là  il  passa 
à  Ferrare,  puis  à  Bologne,  où  il  donna  en- 
core des  leçons  de  langue  française.  Aus- 
sitôt que  les  Bolonais ,  naturellement  gais 
et  satiriques,  eurent  connu  le  caractère  de 
Goudard,  ses  prétentions  littéraires  et 
ses  moyens  d'existence,  ils  firent  pleu- 
voir sur  lui  des  pamphlets  de  tous  côtés. 
Il  quitta  Bologne,  et  retourna  encore  en 
Hollande,  où  il  ne  demeura  pas  long- 
temps. Les  premiers  symptômes  de  la  ré- 
volution l'appelèrent  à  Paris;  mais  aupa- 
ravant il  crutflevoir  abandonner  safemme 
qui  n'était  plus  dans  la  première  jeunesse, 
et  dont  la  beauté  commençait  à  passer. 
Une  dame  italienne  ,  madame  Gibetti ,  et 
qui  avait  connu  les  Goudard  à  Naples,  les 
rencontra  en  1790,  à  Paris,  où  ils  vivaient 
séparés.  D'après  son  récit ,  Goudard  pu- 
blia quelques  opuscules  de  circonstances, 
lesquels ,  quoique  écrits  d'après  les  maxi- 
mes du  jour,  n'eurent  qu'une  existence 
éphémère  ;  l'auteur  ne  leur  survécut  pas 
long-temps,  et  il  parait  qu'il  mourut,  pres- 
que dans  l'indigence,  à  Paris,  en  I79i, 
âgé  d'environ  soixante-dix  ans.  Ses  ou- 
vrages sont  :  I  Pensées  diverses ,  ou  Ré- 
flexions sur  différens  sujets ,  Paris,  1748» 
1750,  in-12  ;  |  Les  intérêts  de  la  France 
mal  entendus  Al ^& ,  3  vol.  in-i2,  traduit» 
en  allemand;  c'est  le  meilleur  ouvrage 
de  l'auteur,  et  qui  a  mérité  quelques  élo- 
ges de  la  part  du  critique  Grimm  ;  |  Des- 
cription historique  du  tremblement  de 
terre  de  Lisbonne,  17S6,  in-12  ;  |  Discours 
politiques  sur  le  commerce  des  Anglais 
en  Portugal .  1736,  in-12;  |  La  paix  de 
l'Europe  ne  peut  s'établir  qu'à  ta  suite 
d'une  longue  trêve,  Amsterdam ,  1761 ,  in- 
12;  |  Débats  au  parlement  d'Angleterre^ 
au  sujet  des  affaires  générales  de  l'Eu- 
rope, traduits  de  l'anglais ,  Londres,  1758, 
in-12  ;  |  L'Année  politique  pour  servir  à 
V histoire  de  l'année  1758,  1  vol.  in-12; 
I  Anti-Babylone,  ou  Réponse  à  la  nouvelle 
Babylone  (  de  Monbron  ) ,  Londres,  1759, 
in-i2  ;  )  V Espion  chinois^  oyxY Envoyé  sg- 


GOU 


K29 


c;ou 


rrft  de  la  cour  du  Pékin,  pour  eraminrr 
l'étal  présent  de  F  Europe,  traduit  du  chi- 
nois, Coloum-,  1768,  lllk,  6  vol.  iii-12; 
I  Considérations  sur  Irs  causes  de  l'an- 
cienne faiblesse  de  l'empire  de  Russie  et 
de  sa  nouvelle  puissance,  Amsterdam  , 
1772  ;  I  yaplrs;  ce  qu'il  faut  faire  pour 
rendre  ce  pays  florissant .  Amsterdam 
(  Venise),  1771.  in-»";  |  Plan  de  réforme, 
proposé  aux  cinq  correcteurs  de  Venise 
actuellement  en  charge,  avec  un  Sermon 
évangélique  pour  élever  la  répid>lique 
dans  la  crainte  de  Dieu.  Amslci  dam  (Ve- 
nise ),  1775,  in-18  ;  |  De  la  Mort  de  Ricci, 
général  des  jésuites ,  1775,  in-8*  (  en  ita- 
lien) ;  I  Essai  sur  les  moyens  de  rétablir 
l'état  temporel  de  l'Eglise .  Livourne , 
1776,  in-4"  (en  italien). Ces  deux  ouvrages 
très  incorrects,  remplis  de  gallicismes. 
]iarurent  aux  plus  clair voyans  des  pam- 
phlets voilés,  et  contre  les  jésuites,  et 
contre  l'Eglise  elle-même.  |  L'Espion 
français  à  Londres .  ou  Observations  cri- 
tiques sur  l'Angleterre  et  les  Anglais. 
1779-4780,  2  vol.  in-8°  ;  |  une  Gram- 
maire française ,  à  l'usage  des  Italiens, 
1770,  in-8".  Tous  ces  ouvrages,  la  plupart 
imprimés  aux  frais  de  l'auteur,  et  pres- 
que oubliés  de  nos  jours,  ne  sont,  excepté 
sa  grammaire  et  les  intérêts  de  la  Fran- 
ce, etc.,  que  des  compilations  indigestes, 
sans  ordre  ni  plan  déterminé ,  reprodui- 
sant des  idées  mille  fois  rebattues  ,  et  as- 
saisonnées d'un  style  tantôt  ampoulé, 
tantôt  rampant  et  trivial. 

•  GOUDARD  (  Sara  ) ,  femme  du  pré- 
cédent, née  à  Londres,  vers  1764  ,  d'une 
famille  dont  on  ignore  le  nom.  Mariée 
avec  Goudard,  elle  l'accoinpaijna  dans  ses 
voyages,  et  partagea  avec  lui,  tour-à-tour, 
la  pauvreté,  l'opulence  et  l'exil.  M""  Gou- 
dard avait  reçu  une  asscï  bonne  éduca- 
tion, parlait  italien  et  français,  avait  quel- 
que instruction  qu'elle  tâchait  do  faire 
valoir  par  un  ton  pédantesque  et  rccher- 
thé.  Dans  ses  voyages  elle  lit  la  connais- 
sance de  plusieurs  grands  personnages  ; 
grâce  à  son  mari ,  qui  la  laissait  jouir  de 
la  plus  grande  liberté.  Quand  celui-ci  l'a- 
bandonna on  Hollande ,  elle  y  demeura 
encore  quelque  temps  ,  et  vint  ensuite  à 
Taris,  où  elle  ne  lit  aucune  démarche 
pour  se  réunira  son  époux,  qui  de  son  côté 
n'en  fit  aucune  non  phts  pour  se  rappro- 
cher d'elle.  S'étant  liée  avec  un  de  ces 
philosophes  subalternes  qui  cherchaient 
à  faire  fortune  à  la  faTeur  des  tumultes 
politiqties,  elle  vivait  avec  lui  à  un  sixième 
étâfo,  an  faubourg  Saint -Antoiae.  Ma- 


dame Goudnrd  mourut  rn  1794,  sans  «TOrir 
changé  desilualion  :  elle  a  écrit  deux  vo- 
lumes d'OKuvres  mêlées.  1777;  le  pre- 
mier volume  ronlient  des  Lettre»  &  di* 
vers  personnages  sur  des  sujets  insignl- 
lians,  comme  \c%  Divertissement  de  l'au- 
tomne en  Toscane  ;  Le  Carnaval  de  IS'a- 
ples, clc.  Une  de  ces  lettres  est  adressée 
à  la  république  de  Lacques ;\f.  second  vo- 
lume renferme  dou7.e  autres  lettres  sur 
la  musique  et  la  danse  italienne.  Ma- 
dame Goudard  a  ptiblié  aussi  des  Rcmar 
que  s  sur  les  anecdotes  de  madame  Du- 
barry.  Londres,  1777,  in-12. 

GOUDELIM  (  Pierke),  Gudelinus .  in- 
risconsuUe,  né  à  Athen  Ilii  '  i*ir)0, 
s'appliqua  beaucoup  aux  ;  -,  e! 

à  l'élude  des  langues  savaii.-    -ijna 

long-temps  le  droit  à  Louvain  ,  où  il  avait 
été  fait  docteur  en  1586,  et  mourut  le  18 
octobre  1619.  Ses  ouvrages ,  publiés  d'a- 
bord séparément,  ont  été  réunis  et  publiés 
à  Anvei;s,  1685,  in-fol.  Ce  volume  contient 
les  traités  :  |  De  jure  novissimo;  (  Syntag- 
ma  regularumjuris  ;  |  De  jure  feudorum  ; 
I  De  Testamentis  ;  subjungitnr  .^faximi- 
liani  ff^ittebort  J.  If.  D.  in  auctoris  obi- 
tum  funebris  oratio  habita  in  exequiis  25 
octobre*^  1619.  Valère  André  en  fait  un 
grand  éloge. 

GOVDELIN  ou  GOUDOULI  (  Pie««k  ), 
le  coryphée  des  pointes  gascons,  naquit  en 
1579  à  Toulouse  d'un  chirurgien.  Il  fut 
reçu  avocat,  mais  il  n'en  fit  jamais  lei 
fonctions.  Il  plut  par  ses  vers  et  ses  bons 
mots  au  duc  de  Montmorency,  et  aux  prc- 
mièi es  personnes  de  sa  patrie.  Ce  poète 
aurait  pu  s'enrichir,  mais  il  négligea  tel- 
lement la  fortune,  qu'il  serait  ni^rt  dans 
l'indigence,  si  ses  concitoyens  ne  lui  eus- 
sent assigné  une  pension  viagère.  Il  mon- 
rut  à  Toulouse  en  <649.  à  70  nns.  Se^  ow- 
vTiï^^rsont  été  impriii  ^  in- 

lî,  à  Toulouse  ,  et  n:  l.nn 

tn  1700,  2  vol.  in-l'J poè- 
tes gascons.  Leur  caractère  particolteresl 
l'enjouement  et  la  vivacité,  et  un  certain 
naturel  qui  déplairait  beatirotip  en  fran- 
çais, mais  qui  enchante  t-n  (;.i-.r<>n.  Ccst, 
comme  on  a  dit  d'un  «utn-  p<x-le ,  une 
liqueur  qui  ne  doit  pas  rh.ing»T  âc  vas,.. 
Le  Père  Vanière,  jésuite  ,  a  pourt.mt  trn- 
duit  en  latin  son  poème  sur  la  mort  de 
Ifenrity;  mois  outre  que  bUnirur  lalina 
supporte  certaines  images  que  l.i  lafi^tip 
française  réprouve,  celle  pièce  n  plti«  »}.• 
noMesM  que  les  autres  proiturtinnt  df 
Goudoali.  On  rapporte  de  GoudouU  beaa- 
coup  d«  Milliat,  àmH  q«<lyt  wm  atmi 


GOU  li 

plaisantes,  et  les  autres  très  plates;  et  la 
plupart  ne  sont  que  des  répétitions  de 
bouffonneries  plus  anciennes. 

GOUDIMEL  (  Claude  ) ,  musicien  de 
Franche-Comté,  né  à  Besançon  vers  1520, 
fut  tué  à  Lyon  en  1572,  par  quelques  per- 
sonnes irritées  de  ce  qu'il  avait  mis  en 
musique  les  psaumes  de  Marot  et  de  Bèze, 
et  paraissait  attaché  aux  nouvelles  sectes 
qui  troublaient  l'état  et  répandaient  le 
sang  des  catholiques. 

*  GOUDIIV  (  Mathias-Bernarb  ) ,  ma- 
thématicien et  astronome  ,  naquit  à  Paris 
le  14  janvier  1754.  Les  places  qu'il  rem- 
plit successivement  à  la  cour  des  aides , 
au  grand-conseil  et  au  parlement,  ne  pu- 
rent ralentir  son  ardeur  pour  les  sciences. 
Il  publia  :  |  un  Mémoire  sur  les  éclipses 
de  soleil  ^  1761 ,  auquel  il  donna  de  nou- 
veaux développemens  dans  les  éditions 
de  Paris,  1788  et  1799,  in-4°;  |  Mémoire 
sur  les  usages  de  l'ellipse  dans  la  trigo- 
nométrie sphérique ,  Paris  ,  1797  ,  in-4''  ; 
I  différens  Mémoires  dans  la  Connais- 
sance des  temps;  \  avecDionis,  le  Traité 
des  courbes  algébriques,  les  Recherches 
sur  la  gnomonique ,  le  Traité  des  proprié- 
tés communes  à  toutes  les  courbes^  etc. 
Ses  principaux  ouvrages  ont  été  réunis 
sous  le  litre  d'OEuvres  de  Goudin,  Paris, 
4799,  in-4°.  Goudin  est  mort  à  Paris  en 
1817. 

GOUFFIER  (Guillaume),  plus  connu 
sous  le  nom  de  Y  amiral  de  Bonnivet^  était 
lils  de  Guillaume  Gouflier,  chambellan 
de  Charles  VIII ,  d'une  des  plus  ancien- 
nes familles  du  Poitou.  Après  s'être  si- 
gnalé dans  diverses  occasions,  il  fut  en- 
voyé par  François  I" ,  ambassadeur  ex- 
traordinaire en  Angleterre.  De  retour  en 
France,  l'an  1521 ,  il  commanda  l'armée 
destinée  au  recouvrement  de  la  Navarre, 
et  prit  Fontarabie.  On  parlait  alors  de 
paix;  mais  l'amirad  ayant  persuadé  au  roi 
de  conserver  cette  place ,  monumeni  de 
sa  valeur,  fut  la  cause  d'une  guerre  fu- 
neste à  la  France  et  à  l'Europe.  Fran- 
çois I"  l'envoya  en  1525  commander  l'ar- 
mée en  Italie,  et  il  y  fit  de  nouvelles  fau- 
tes. Il  assiégea  Milan  ,  et  le  manqua;  il  se 
fortifia  ensuite  dans  Biagrassa ,  et  fut 
forcé  de  l'abandonner  ;  il  se  retira  vers 
Turin,  et  fut  blessé  dans  cette  retraite, 
mémorable  par  la  mort  du  chevalier 
Bayard.  Bonnivet  revenu  en  France  con- 
seilla à  François  I"  d'aller  en  personne 
en  Italie.  Cette  expédition  fut  fatale  à 
rétat.  Le  roi  donna  la  bataille  de  Pavie  à 
^â  persuasion.  L'amiral  fut  tué  dans  cette 


50  GOU 

journée,  le  24  février  1525.  Brantôme 
peint  avec  des  couleurs  très  favorables  la 
figure  ,  l'esprit  et  les  grâces  de  Bonnivet. 

*  GOUGES  (  Marie-Olympe  de  ) ,  née  à 
Montauban  en  1755,  vint  à  l'âge  de  18  ans 
à  Paris  où  elle  épousa  M.  Aubry,  qui  la 
laissa  bientôt  veuve.  Elle  se  consacra  à  la 
littérature  et  embrassa  avec  chaleur  les 
principes  de  la  révolution ,  dont  elle  pré- 
conisait les  avantages  dans  un  grand  nom- 
bre de  placards  affichés  sur  tous  les  murs 
de  Paris  ,  et  fut  la  fondatrice  des  sociétés 
populaires  de  femmes  dites  des  tricoteu- 
ses. Elle  professait  une  vive  admiration 
pour  le  duc  d'Orléans  et  Mirabeau ,  et 
favorisait  autant  qu'il  était  en  elle,  les 
entreprises  d'audacieux  novateurs.  Ro- 
bespierre et  Marat  détruisirent  les  illu- 
sions dont  elle  s'était  bercée  ,  et  elle  osa 
les  attaquer  dans  une  brochure  intitulée  : 
Les  trois  Urnes  ou  le  Salut  de  la  patrie  ; 
le  succès  de  cette  brochure  entraîna  la 
perte  de  l'auteur  à  qui  son  Mémoire  en 
faveur  de  Louis  XVI  écrit  à  l'occasion  du 
procès  de  cet  infortuné  monarque  ,  avait 
déjà  donné  des  titres  à  la  proscription. 
Arrêtée  le  25  juillet  1793 ,  elle  fut  con- 
duite à  l'Abbaye ,  puis  à  la  Conciergerie  ; 
comparut  devant  le  tribunal  révolution- 
naire, et  fut  condamnée  et  exécutée  le  4 
novembre  suivant.  Ses  principaux  ou- 
vrages sont  :  I  Le  Maric^e  de  Chérubin ^ 
comédie  jouée  en  1785,  et  qui  eut  beau- 
coup de  succès;  |  L'homme  généreux ^ 
drame  en  cinq  actes  et  en  prose  ,  1786  , 
in- 8°;  |  Molière  chez  Ninon  ^  ou  le  siècle 
des  grands  hommes,  pièce  épisodique  en 
cinq  actes  ,  1787  ,  in-8°  ;  |  V Esclavage  des 
nègres,  ou  V Heureux  naufrage^  drame 
en  trois  actes  ,  joué  au  théâtre-français 
en  1789  ;  |  Départ  de  M.  Necker  et  do 
M^^  de  Gouges,  ou  les  adieux  de  J/™^  de 
Gouges  aux  Français  et  à  M.  Hecker , 
1790,  in-8°  ;  i  Mirabeau  aux  Champs  ély- 
sées,  drame  épisodique  ,  joué  le  15  avril 
1791  sur  le  théâtre  italien ,  in-8°  ;  |  Le 
couvent  ou  les  vœux  forcés,  comédie  en 
trois  actes ,  1792 ,  111-8"  ;  |  Olympe  de 
Gouges  défenseur  officieux  de  Louis 
Capet,  au  président  de  la  Convention  na- 
tionale, 1702  ,  in-8°  ;  M""=  de  Gouges  a  re- 
cueilli  et  reproduit  en  1788 ,  en  3  vol.  les 
œuvres  politiques  et  littéraires  qu'elle  a 
publiées. 

*GOUGII  (RicnARD),  antiquaire  an- 
glais ,  surnommé  le  Camden  du  18*  siècle. 
naquit  à  Londres  en  1735.  Il  était  fUs  d'un 
capitaine  de  vaisseau ,  membre  du  par- 
lement ,  qui  lui  laissa  une  fortune  consi- 


GOU 


551 


r.ou 


di  rable.  Coujh  l'employa  à  soulaçcr  le» 
malheureux  ,  il  à  faire  des  rocherches 
9UI  les  antiquités  dans  différentes  parties 
de  l'Angleterre  et  de  lEcosse.  Son  éduca- 
tion avait  été  très  soignée  :  à  l'àcc  de  12 
ns  il  traduisit  du  français  en  anglais  une 
Histoire  de  la  liibli;.  Londres  ,  1747  ,  in- 
foL.quifut  bientôt  suivie  de  plusieurs  au- 
tres dans  le  même  Rcnre,  notamment  de 
la  traduction  des  Mœurs  tirs  Israélites , 
par  l'abbé  Fleury.  Ses  principaux  ouvra- 
ges sont  :  I  Anecdotes  de  la  tifjtographie 
britannique,  1768,  in-i"  ;  1780,  2  vol. 
ïti-k";  I  Monumens  funèbres  dr  la  Gtxznde- 
lîretagne,  appliqués  à  éclaircir  l'his- 
toire des  familles,  des  mœurs,  des  usa- 
ges  et  des  arts  .  1786-99  ,  3  vol.  in-fol.  Cet 
ouvrage  exécuté  avec  beaucoup  de  luxe 
est  le  principal  titre  de  sa  réputation  ; 
Histoire  et  antiquités  de  Pleshij  dans  le 
comté  d'Essex.  1803,  in-i°  ;  |  Médailles 
des  Séleucidcs,  rois  de  Syrie ,  etc.,  avec 
des  mémoires  histotiques  sur  chaque 
règne,  1804  ,  in-4°.  Il  travailla  pendant 
plusieurs  années  à  l'ouvrage  périodique 
intitulé  :  The  gentleman  s  magazine  ;  et 
i\  se  montra  dans  ses  critiques  littéraires, 
très  savant,  très  judicieux,  et  invaria- 
blement attaché  à  l'ordre  établi.  Aussi, 
au  commencement  de  la  révolution  fran- 
çaise, il  combattit  avec  beaucoup  de  clia 
leur  les  principes  des  énergumènes  de  son 
pays.  Gougli  est  mort  le  20  février  1809  ; 
il  était  membre  de  la  société  des  antiquai- 
res ,  de  la  société  royale  de  Londres  et 
directeur  de  la  société  du  Temple. 

•  GOL'XX  (Nic.-L.  ) ,  administrateur  gé- 
néral des  iMïstes  ,  né  àGcrmigny-l'Evéque 
près  de  Meaux  en  1745.  fut  d'abord  alla- 
rlié  au  trésor  de  Madame ,  épouse  de 
Monsieur ,  comte  de  Provence ,  puis 
agent  delà  villedc  Marseille,  il  fut  nounné 
en  1782  chef  de  division  dans  l'adminis- 
tration des  postes,  et  fut  destitué  10  ans 
après,  pour  avoir  justifié  les  administra- 
teurs des  postes  dans  un  écrit  imprimé  en 
1792  contre  le  ministre  Clavière.  Ayant 
osé  faire  dans  le  même  écrit  l'éloge  de 
Louis  XVI ,  il  fut  traduit  l'année  suivante 
«levant  le  tribunal  révolutionnaire  qui 
l'acquitta.  En  1797.  Gouin  sortit  de  France 
pour  se  soustraire  à  un  nouveau  mandat 
d'arrêt  lancé  contre  lui  comme  impliqué 
dans  la  conspiration  royaliste  de  la  même 
année.  Il  ne  rentra  dans  sa  patrie  qu'en 
4814.  Il  fut  admis  la  même  année  à  faire 
hommage  au  roi  du  mouchoir  trouvé  sur 
Louis  XVI  après  sa  mort ,  et  il  accompa- 
gna ce  trutc  don  d'une  j/ièce  de  vert  cl 


de  la  collection  de  ses  écrits  |>.uiiii  h  ■> 
quels  on  remarque  le  Procès  criminel  de 
la  révolution.  1790.  Gouin  composa  de- 
puis Kssai  historique  Mur  Vétabli$$ement 
des  postes  en  France .  Paris,  18Î3,  \nh* 
de  15  pages.  Réintégré  en  I8IC  dans  »n 
place  de  chef  de  division  dans  les  postes, 
il  fut  nommé  en  1821  l'un  des  cinq  admi- 
nistrateurs. Il  est  mort  à  Paris  le  91  dé- 
cembre 1825. 

r.OrJET  (CLACDE-PiEnnE) ,  chanoine 
de  St.-.facques  de  1  Hôpital,  des  acadé- 
mies de  Marseille  .  de  Rouen  ,  d'Angen 
et  d'Auxerre  ,  naquit  à  Paris  en  1697,  d'uii 
tailleur  ,  qui  s'opposa  en  vain  à  son  goût 
pour  l'élude;  il  mourut  dans  cette  vill* 
en  1767,  après  avoir  été  quelque  temps 
de  la  congrégation  de  l'Oratoire.  Les  tra- 
vaux de  cet  écrivain  laborieux  avaient 
beaucoup  affaibli  sa  vue  ,  et  il  était  pres- 
que aveugle  ,  lorsque  la  république  des 
lettres  le  perdit.  Ses  principaux  ouvrages 
sont  :  I  Traité  de  la  vérité  de  la  religion 
chrétienne,  traduit  du  latin  dcGrolius, 
in-12  ;  j  Vie  des  saints .  en  2  vol.  in-4" , 
qu'on  relie  en  un.  Mézenjui  a  eu  part  à 
ce  livre,  qui  n'est  qu'une  compilation  ,  à 
tous  égards  ,  très  inférieure  aux  Vies  dft 
saints,  traduites  de  l'anglais  par  l'abbé 
Godescard  ;  |  Abrégé  des  vies  des  saints. 
in-12  ;  c'est  l'ouvrage  précédent  réduit  à 
un  très  gros  vol.  in-12;  |  Supplément  au 
dictionnaire  de  More  ri ,  il'^V» ,  2  vol.  in- 
fol.  L'auteur  a  corrigé  un  grand  nombre 
de  fautes  ,  mais  il  lui  en  est  échappé  plu- 
sieurs. Il  a  accordé  des  articles  considé- 
rables à  des  hommes  assez  inconnus ,  cl 
l'impartialité  ne  l'a  pas  guidé  dans  ses  re- 
cherclies.  En  1749  il  donna  un  nouveau 
supplément  in-fol.,  en  2  vol.,  qui  a  à  peu 
près  les  mêmes  défauts  que  le  précédent  ; 
I  Bibliothèque  des  écrivains  ecclésiasti- 
ques, en  3  vol.  in-S"  .  pour  serv  ir  de  suite 
à  celle  de  Dupin.  Cette  continuation  n'a 
pas  réussi.  I^es  analyses  de  la  plupart  des 
écrits  dont  il  parle  sont  trop  diffuses.  Un 
inconvénient  encore  plus  grand  ,  est  de 
donner  d'amples  extraits  de»  livres  de 
morale  ,  qui  sont  entre  les  mains  de  toul 
le  monde.  Il  s'y  montre  ct*nstammcul 
grand  admirateur  des  disciples  de  l'é- 
vé<iue  d'Ypres.  Le  stylo  est  d'ailleurs  un 
peu  néglige  et  trop  verbeux.  |  Discourt 
sur  le  renouvellement  îles  étuites  dejrjiê 
le  ik^  siècle.  Ou  le  Iroin-  '  ■•"■  '•  rooli- 
nuation  de  l' Histoire  r,  par 

le  Pèic  Fabre,  que  l'.u  îx^ati- 

coup  aidé ,  et  dont  il  p.: 
mens  à  l'égard  de  la  vc:: 


GOU 


532 


GOU 


his;  I  De  l'état  des  sciences  en  Fi'wxce.  de- 
puis la  mort  de  Charlemagne  jusqu'à 
celle  du  roi  Robert^  1737,  in-12.  Celle 
dissertation  remporta  le  prix  à  l'académie 
des  belles-lettres.  Sans  ses  liaisons  trop 
connues  avec  les  disciples  de  Jansénius  , 
l'abbé  Goujet  aurait  été  associé  à  cette 
compagnie;  c'est  au  moins  ce  qu'il  dit 
dans  une  de  ses  Lettres,  où  l'on  peut  voir 
que  l'éfjoïsme  n'est  point  toujours  in- 
compatible avec  la  morale  sévère.  «  Sans 
»  sollicitation  de  ma  part  et  sans  m'en  pré- 
»  venir,  elle  députa  après  la  mort  de 
»  l'abbé  de  Vertot,  six  de  ses  membres, 
»  pour  demander  la  permission  de  m'é- 
»  lire  à  la  place  du  défunt.  Le  cardinal  de 
»  Fleury  se  jeta  sur  mes  sentimens  ,  qui 
»  n'ont  jamais  été  cependant  autres  que 
»  ceux  de  l'Eglise.  »  |  Bibliothèque  fran- 
çaise ^  ou  Histoire  de  la  littérature  fran- 
çaise ,  1740 ,  en  18  vol.  in-i2.  C'est  l'ou- 
vrage le  plus  célèbre  de  l'abbé  Goujet  ; 
mais  il  le  serait  bien  davantage,  si ,  sans 
nous  donner  la  liste  de  tant  de  vieux  au- 
teurs et  de  tant  de  mauvais  ouvrages  ,  il 
avait  commencé  aux  beaux  jours  du  Par- 
nasse français  ;  s'il  avait  marqué  les  révo- 
lutions du  goût  et  du  génie  ,  et  tracé  avec 
im  pinceau  vrai ,  brillant  et  ferme  ,  le  ca- 
ractère des  hommes  de  lettres  les  plus 
distingués.  En  suivant  ce  plan  ,  il  aurait 
épargné  beaucoup  d'ennui  au  lecteur  et 
beaucoup  de  peine  à  lui-même.  Son  ou- 
vrage serait  fini ,  au  lieu  qu'il  a  donné  18 
vol.  sans  pouvoir  achever  seulement  la 
partie  des  belles-lettres.  |  Une  nouvelle 
édition  du  Dictionnaire  de  Richelet.  en  5 
vol.  in-fol.,  1756  avec  un  grand  nombre 
d'additions  et  de  corrections  :  vers  le 
même  temps,  il  en  donna  un  abrégé:,  en 
1  vol.  in-S"  ;  |  V Histoire  du  collège  royal 
de  France^,  en  1  vol.  in-4°  ,  et  en  3  vol. 
in-12  :  ouvrage  plein  de  recherches  cu- 
rieuses ;  I  Histoire  du  Pontificat  de  Paul  V, 
en  2  vol.  in-12  ,  17G6.  C'est  son  dernier 
ouvrage.  L'auleur  n'y  rend  pas  aux  jé- 
suites le  tribut  de  reconnaissance  qu'ils 
semblaient  pouvoir  attendre  d'un  homme 
élevé  par  eux  ;  |  un  grand  nombre  de 
Vies  particulières  :  de  Nicole,  de  Duguet, 
de  Singlin,  du  cardinal  Passionei,  etc. 
etc.  etc.  II  fournit  plus  de  deux  mille  cor- 
rections ou  additions  pour  le  Diction- 
naire de  Moréri  de  1752  ,  la  plupart  rela- 
tives à  la  secte  dont  il  plaidait  les  inté- 
rêts ;  ce  qui  a  changé  ce  volumineux  dic- 
tionnaire ,  que  l'impartialité  du  premier 
auteur  avait  rendu  d'un  usage  général , 
en  un  ouvrage  de  parti,  et  en  un  réper- 


toire de  convulsionnai res.  Dans  la  môme 
vue,  il  a  fourni  plasieurs  dissertations  au 
Père  Desmolets  .  pour  la  continuation  des 
Mémoires  de  lit  te  rature  ;  et  un  grand 
nombre  d'articles  au  Père  Nicéron  ,  au- 
teur des  Mémoires  des  hommes  illustres. 
On  peut  consulter  au  sujet  de  cet  écri- 
vain :  Essai  sur  la  mort  de  l'abbé  Gou^ 
jet ,  par  Dagues  de  Clairefontaine  à  la 
suite  de  la  Vie  de  ISicole ,  1767;  la  liste 
détaillée  de  ses  ouvrages  se  trouve  dans 
les  Mémoires  historiques  et  littéraires  sur 
sa  vie.  publiés  par  Barrai .  La  Haye  (  Pa- 
ris), 1767,  in-12.  Le  Dictionnaire  des 
Anonymes  en  indique  68. 

GOUJON  (Jean),  sculpteur  et  archi- 
tecte parisien,  sous  François  1"  et  Henri  II, 
retraça,  par  ses  ouvrages,  les  beautés 
simples  et  sublimes  de  l'antiquité;  on 
l'appelle  le  Phidias  français.  Un  auteur 
moderne  le  nomme  avec  raison  le  Cor- 
rége  de  la  sculpture.  Goujon ,  ainsi  que 
ce  peintre  ,  a  quelquefois  péché  contre  la 
correction  ;  mais  il  a  toujours  consulté 
les  grâces.  Personne  n'a  été  au-dessus  de 
lui  pour  les  figures  de  demi-relief.  Rien 
n'est  plus  beau  en  ce  genre  que  sa  FoU' 
taine  des  Saints-Innocens^  rue  Saint-De- 
nis ,  à  Paris.  Un  ouvrage  non  moins  cu- 
rieux est  une  espèce  de  tribune,  soute- 
nue par  des  cariatides  gigantesques  ,  qui 
est  au  Louvre  dans  la  salle  des  Cent- 
Suisses.  Sarasin,  célèbre  sculpteur,  n'a  cru 
pouvoir  mieux  faire  que  d'imiter  ces 
figures  ,  d'un  goût  exquis  et  d'un  dessin 
admirable.  Perrault  les  a  fait  graver  par 
Sébastien  le  Clerc  dans  sa  traduction  de 
Vitruve.  Goujon  a  travaillé  au  dessin  de» 
façades  du  vieux  Louvre,  construites  sous 
Henri  II ,  remarquables  par  le  bel  accord 
qui  règne  entre  la  sculpture  et  l'archi- 
teclure.  Il  fut  tué  d'un  coup  d'arquebuse 
le  jour  de  la  St.-Barlhélemi  (1572),  pen- 
dant qu'il  travaillait  aux  décorations  du 
vieux  Louvre.  On  trouve  à  la  suite  de  la 
traduction  de  Vitruve ,  par  J.  Martin , 
Paris  ,  1747  ,  un  opuscule  de  Jean  Gou- 
jon :  c'est  le  seul  écrit  que  l'on  connaisse 
de  cet  artiste. 

*  GOUJON  (Jean -Marie -Claude- 
Alexandre),  né  en  1766,  à  Bourg-en- 
Bresse  ,  où  son  père  était  directeur  de  la 
poste  aux  lettres ,  adopta  avec  chaleur 
les  principes  de  la  révolution.  Il  se  livra 
avec  succès  à  l'étude  de  la  jurisprudence 
de  la  politique  et  des  belles-lettres  ,  et  un 
éloge  de  Mirabeau  qu'il  prononça  aux  en- 
virons de  Paris ,  dans  une  cérémonie  fu- 
nèbre célébrée  par  des  habitans  de  plu- 


GOU 

•icurs   viUagrs,   lui    ouvrit 


fiinclions  publiifnes.  Nommé,  en  1793,  ad- 
ministrateur du  département  de  Seine-ct- 
Oise  ,  il  fut  bientôt  aprè«  admis  à  la  Con- 
vention, en  qualité  de  député  suppléant 
pour   remplacer    Hérault   de    Séchellcs  ; 
mais  il  ne  siéjjea  dans    celte  assemblée 
qu'après  la  mort  de  Louis  XTI.   Il  fut 
membre  de  la  commission  appelée  des 
gubsistances.  Envoyé  à  l'arméo  de  la  Mo- 
selle,  il  revint  au  moment  où  Robespierre 
venait  de  tomber  avec  tout  s<m  parti  (9 
Ihormidor).  On  poursuivait  alors  les  mem- 
bres de  l'ancien  comité  de  salut  public  ,  et 
on  dévoilait  tous  leurs  crimes.  Goujon  eut 
1^  maladresse  d'agir  en  sens  contraire  des 
autres  révolutionnaires;  il  prit  avec  cha- 
leur la  défense  des  accusés  ,  et  voulut  jus- 
tifier la  mémoire  du  farouche  Marat  ;  il 
parlait  sans  cesse  en  faveur  de  ceux  qu'il 
oppelaitpa/rio/e5.  mais  qu'on  ne  connais- 
sait plus  alors  que  sous  le  nom  de  terro- 
ristes; enlin ,  il  fut  le  seul  qui  s'opposa 
au  rappel  des  députés,     restes    du  parti 
de  la  Gironde    qui  avait  été  proscrit  par 
les  Montagnards.  A  cette  époque  (1795), 
Paris  manquait  de  pain  ;  les  terroristes 
crurent  que  cette  détresse  leur  faciliterait 
les  moyens  d'organiser  une  insurrection. 
En  effet ,  la  populace  des  faubourgs  s'a- 
meuta, et  Goujon,  à  la  tête  de  cette  mul- 
titude furieuse,  marcha  contre  la  Con- 
vention ,  avec  des  piques  et  des  canons. 
Mais  les  bourgeois  s'élant  armes,  les  ja- 
cobins furent  vaincus  et  leurs  chefs  pro- 
scrits ,  le  20  mai  1795.  Goujon  ,  qui  étaft 
de  ce  nombre  ,  fut  transféré  au  château 
du  Taureau  ;  mais  ramené  bientôt  à  Pa- 
ris, on  le  livra  à  une  commission  mili- 
taire qui  le  condamna  à  mort.  Il  se  défen- 
dit avec  beaucoup  de  présence  d'esprit , 
et  lorsqu'il  eut  entendu  sa  sentence  ,  il 
déposa  sur  le  bureau,  avec  assez  de  calme, 
«on  portrait,  {>riant  qu'il  fut  remis  à  sa 
femme.  En  descendant    l'escalier,  il   se 
frappa  de  plusieurs  coups  de  |.oignard, 
et  expira  quelques  momens  après.  Il  avait 
composé  dans  sa  prison  un  hymne   de 
mort  ,  qui  fut  mis  en  nmsiquc  par  La'is, 
acteur  de  l'Opéra.  Il  ht  |  im  Discours  sur 
l'influence  de  la   morale  des  gouvenir- 
rnens  .  sur  celle  des  peuples  ;  \  Damon  et 
Pith  tas  .ou  les  f  'ertus  de  la  liberté ,  d  ra  me 
un  trois  actes  et  en  prose;  |sa  Défense.tXc. 
Ces  différens  écrits  sont  insérés  dans  les 
Souvenirs  de  la  journée  du  i"  prairial 
an  3  (  1795  ) ,  Paris .  an  8  (  1800  ) ,  publiés 
par  M.  F.  P.  Tissot  »on  compngnor.  d'é- 
tude. 


S33  GOU 

l'entrée  des        *  GOUJOIV  (ÀLCXA^voait-MAait). 


de  l'école  polytechnique  .  frère  du  précé* 
dent,  ru  depuis  1797  ,  dan<  l'arme  de  l'ar- 
tillerie.  le»  campagnes  de  Hollande.  d'Au;»- 
terlitz,  d'Iéna,  de  Pologne  .  de  W.igrain  ri 
d'Espagne,  et  reçut  sur  !c  (hainpdcbaUille 
d'Eylau  la  croix  do  la  légicjn  d'honneur. 
Apres  le  licenciement  de  l'armée  de  U 
Loire  en  1815 ,  il  fut  nii^  .  .  \\é, 

avec  le  rang  de  capitaine  .1  ;,.re 

et  il  se  livra  entièremcnl  a     _  -lure. 

Il  est  mort  à  Paris  en  18-23  ,  après  avoir 
public  les  ouvrages  sut  vans  :  |  Manuel 
des  Français  sous  le  rcijiine  de  la  charte. 
2*  édition  augmcnU'i-,  Paris,  1820  ;  |  7*0- 
ble  analytique  cl  raisonuce  des  matière». 
pour  les  œuvres  complètes  de  Voltaire, 
édition  de  Desoër,  1819,  1  gros  vol.  in-8», 
formant  le  tome  13*  de  celte  édition;  |  Bul- 
letins officiels  de  la  grande  armée  ,  1820- 
1821 .  4  vol.  in-12  ;  |  Pensées  d'un  soldat 
sur  la  sépxdture  de  .Xapoléon.  1821  ,  bro- 
chure in-8",  5'  édition  ;  |  Tablettes  chrf>- 
nologiqucs  de  la  révolution  française  de- 
puis le  10  mai  1774  ,  jour  de  i  avènement 
de  Louis  Xyi.  Paris,  1823  ,  in-8"  :  il  n'en 
a  paru  que  5  livraisons.  Il  était  un  den 
principaux  collaborateurs  des  Fastes  ci- 
vils de  la  France .  1821-1822;  il  a  aussi 
travaillé  aux  Jnnales  des  faits  et  des 
sciences  militaires,  ]    '  ■'  i  1817  dier 

Panrkuucke.  Il  av;i  r  des  Poé- 

sies légères,  dont  t{       ,  urs  ont  été 

mises  en  musiques  et  gravées. 

GOILAIIT  (  Sinon  ) ,  né  à  Senlis  en 
1543,  mourut  ministre  à  Genève,  en  1628 
à 85  ans.  Il  blâmait  la  manie  qu'avaient 
les  prolcstans  de  son  temps  de  multiplier 
les  confessions  de  foi ,  «  comme  si  celle 
»  qui  se  trouve  dans  le  Symbole  des  ap(>- 
»  très  n'était  pas  suTi"  !'c  ail 

«  paru  telle  aux  U<  s  de 

•  l'Eglise.  »  Il  ne  i  ..^, , ,  lors- 
qu'on se  détache  une  tois  du  corps  de  l'E- 
glise ,  on  est  dans  le  cas  de  clianger  lot>> 
jours  de  croyance  ,  el  par-là  dan»  le  cas 
d'articuler  tous  les  jours  ce  que  l'on  croiL 
Il  n'avait  commencé  à  apprendre  les  lan- 
gues qu'à  ^à^îe  de  28  ans,  ce  qui  ne  l'em- 
pécha  pas  d'écrire  assct  bien  en  latin.  On 
a  de  lui  plusieurs  ouvrages  do  belle»- 
lettres  .  d'histoire  el  de  controirers«.  Les 
pluscur  •  '^^  •'■'-  traductùm 
deSén,  te  la  U- 
t/tie.U  -ux.Onlea 
a  rein  11  noI.  ln-4*. 
avec  d.  inalea.  La 
plupart -M.M,  qurUioe»- 
anut  n'apprci                              ■  \  Recufti 


GOU  S3 

dliïstoires  mémorables  de  notre  temps  ; 
1  traduction  du  livre  de  Lapsis  de  saint 
Cypricn;  |  divers  Traités  de  morale  ; 
1  des  additions  et  des  changemens  consi- 
dérables au  Catalogue  des  témoins  de  la 
vérité  de  Francow^itz.  Son  fils  Simon 
GOULART  ,  ministre  à  Amsterdam  ,  est 
auteur  d'un  Traité  de  la  Providence^  1627, 
in-i2.  Il  perdit  sa  place  de  ministre  pour 
n'avoir  pas  adopté  les  senlimens  des  go- 
maristes. 

•  GOULD(  Thomas  ),  missionnaire  ,né 
en  1657  à  Corke  en  Irlande  ,  se  voua  par- 
ticulièrement à  la  conversion  des  calvi- 
nistes. L'exemple  de  ses  vertus  héroï- 
ques, non  moins  que  la  force  et  l'onction 
de  ses  paroles  produisit  des  effets  surpre- 
nans,  et  il  opéra  de  nombreuses  conver- 
sions. Le  roi  lui  accorda  le  titre  de  m.is- 
sio7inaire  du  Poitou.  Ce  vertueux  ecclé- 
siastique mourut  dans  un  âge  très  avancé 
dans  l'abbaye  de  Saint-Léon  de  Thouars 
qui  lui  avait  été  donnée  en  récompense 
de  son  zèle  ;  il  emporta  les  regrets  uni- 
versels de  la  province.  Il  composa,  dans  le 
l)ut  d'instruire  et  de  ramener  les  hugue- 
nots ,  les  ouvrages  suivans  :  |  Lettre  à  un 
gentilhomme  du  Bas-Poitou  ;  \  Preuves 
de  la  doctrine  de  l'Eglise  fondées  sur 
l'Ecriture  sainte  ;  \  la  Kérilable  croyance 
de  l'église  catholique^  1720  ;  |  Traité  du 
sacrifice  de  la  Jffesse.  1724,  in-12  ;  |  En- 
tretiens oii  l'on  explique  la  doctrine  de 
l'église  catholique  par  l'Ecriture  sainte  ^ 
1727  ;  I  Abrégé  des  psaumes  de  David  ; 
I  Recueil  des  objections  que  font  les  pro- 
testans^  et  les  réponses  des  catholiques  ^ 
4733. 

GOULDMAN  (François),  habile  gram- 
mairien anglais  du  17'  siècle ,  est  connu 
par  un  Dictionnaire  latin-anglais  et  an- 
glais-latin. La  3'  édition  ,  augmentée 
par  Robertson,  in-Ji,",  1674,  est  estimée. 

"GOULET  (Nicolas),  architecte  du 
cadastre,  maire-adjoint  du  6*  arrondisse- 
ment de  Paris  ,  chevalier  de  la  légion- 
d'hor.neur,  membre  de  l'Athénée  des  aris 
et  de  plusieurs  sociétés  savantes,  né  dans 
la  capitale  en  174b ,  s'est  fait  connaître  par 
un  grand  nombre  de  constructions  qui 
lui  ont  mérité  les  suffrages  des  gens  de 
l'art.  Il  a  bâti  et  décoré  avec  goût  plu- 
sieurs hôtels  de  Paris.  On  lui  doit  aussi 
plusieurs  ouvrages  parmi  lesquels  on  re- 
,«narque  :  j  Sur  les  Moyens  d'éviter  les 
incendies  et  d'économiser  le  bois  dans  la 
construction  des  bâlimens  ;  |  Inconvéniens 
des  fosses  d'aisance^  et  possibilité  de  les 
supprimer^  Yverdun  et   Paris ,  178S,  în- 


4  GOU 

8".  C'est  dans  cet  écrit  que  l'on  a  puisé  h| 
première  idée  des  fosses  mobiles  inodores; 
I  Dissertation  sur  les  murs  des  quais,  sur 
les  trottoirs  et  sur  les  fo7itaines  de  Paris. 
Ces  trois  ouvrages  ont  été  réimprimes 
sous  ce  titre  :  Observations  sur  les  embel- 
lissemens  de  Paris  et  sur  les  monumem 
qui  s'y  construisent .  Paris  ,  1818  ,  in-8°  ; 
I  Recueil  d'architecture  civile,  contenant 
les  plansj  coupes  et  élévations  des  châ- 
teaux j  maisons  de  campagne,  etc. .  situés 
aux  environs  de  Paris ,  1806-1807  ,  grand 
in-folio  ,  fig.  Il  y  a  des  exemplaires  qui 
portent  la  date  de  1812,  mais  c'est  la  même 
édition  ;  |  la  Description  des  fêtes  à  l'oc- 
casion du  mariage  de  iVapoléon ,  Paris  , 
1810,  in-8°.  Les  planches  sont  de  M, 
Krafft ,  architecte.  On  lui  doit  encore  le 
texte  du  5'  vol.  de  la  Description  de  Pa- 
ris et  des  édifices .  de  M.  Landon,  Paris, 
2'  édition  ,  1818  ,  2  vol.  in-8°.  Goulet  a 
cultivé  avec  un  succès  de  société  la  litté- 
rature légère  :  il  a  composé  plusieurs 
chansons  et  &'dM\Tes poésies  qui  sont  rem- 
plies de  goût  et  d'esprit. 

*  GOIJLIN  (Jean  ), médecin  né  à  Reims 
le  10  février  1728 ,  perdit  son  père  fort 
jeune  et  se  trouva  dans  l'indigence.  Néan- 
moins il  fit  de  brillantes  études.  Obligé 
d'accepter  une  place  de  répétiteur  chez 
un  maîtredc  pension,  il  étudiait  en  même 
temps  la  médecine.  Il  se  fit  recevoir  doc- 
teur ;  mais  sa  position  ne  se  trouva  pas 
améliorée.  Alois  il  fit  une  éducation  par- 
ticulière, et  rédigea  avec  l'abbé  Fonlenay 
les  Affiches  de  jjrovincs .  Il  se  trouvait 
dans  la  plus  grande  misère ,  lorsqu'il  en  ■ 
tra  en  1794  au  dépôt  littéraire  de  la  rue 
Saint-Antoine.  Il  avait  été  obligé  de  vendre 
sa  bibliothèque  composée  de  3,600  volu- 
mce  ,  afin  de  s'assurer  une  pension  via- 
gère de  600  francs.  L'année  suivante  ,  il 
obtint  la  place  de  professeur  d'histoire  de 
la  médecine  dans  l'école  de  Paris.  Mais  il 
ne  jouit  pas  long-temps  de  l'aisance  que 
lui  procurait  cet  emploi.  Il  mourut  le  50 
avril  1799 ,  après  avoir  donné  un  petit 
nombre  de  leçons.  Ses  principaux  ou- 
vrages sont  :  I  Recherches  médicales, 
1764,  in-12  ;  i  Table  des  16  vol.  de  la  ma- 
tière médicale  de  Geo ff roi.  in-12;  |  le  10*^ 
vol.  in-U.'*de  la  bibliothèque  de  médecine  ^ 
I  Vocabulaire  français  ,  ou  Abrégé  du 
dictiotin.  de  l'académie  française.  Vîlh.,  2 
vol.  in-8°  ;  |  Mémoires  littéraires,  criti- 
ques, philosophiques,  biographiques,  pour 
servir  à  l'histoire  ancienne  et  moderne 
de  la  médecine  „  4775 ,  2  vol.  in-4°  : 
c'est  le  plus  important  de  ses  ouvrages  ,• 


GOU 

I  Etat  de  la  médecine.  <;..-.. /vu  r.' 
pharmacie  en  Europe,  et  princi/HUement 
m  France  en  1777  ,  in-12.  Il  a  travailli*  à 
V Encyclopédie  méthodique ,  k\aL  Gazette 
de  santé  .  et  a  laLssc  un  grand  nombre  de 
manuscrits.  Voyct  le  Mémoire  hittorique. 
littéraire  et  critique  sur  sa  vie  et  ses  ou- 
vrages, par  P.  Suc,  Paris,  an  7,  in-S". 

GOULU  (  Jean  )  ,  naquit  à  Paris  en 
4576,  de  Nicolas  Goulu,  professeur  royal. 

II  embrassa  la  profession  d'avocat  ;  mais 
ayant  manqué  de  mémoire  en  plaidant  sa 
première  cause,  il  quitta  le  barreau  pour 
le  doitre.  Il  se  fit  feuillant  à  l'âge  de  28 
ans,  ets'élant  fait  connaître  par  la  plume, 
s'éleva  aux  premières  charges  de  son  or- 
dre, et  en  devint  général.  L'enthousiasme 
pour  Balzac  était  alors  à  son  plus  liaut 
point.  Goulu  crut  devoir  examiner  le  titre 
de  sa  réputation,  et  publia,  en  1627,  2  vo- 
lumis  de  lettres  de  Philarque  à  Jriste . 
où  il  emploie  quelquefois  le  ton  de  la  po- 
litesse reçue  assez  généralement  dans  ce 
ifinps-là,  mais  quin'honore  pas  la  raison. 
Lf  public  se  déclara  pour  lui  dans  c«î  dif- 
forcnd,  et  les  lettres  de  Philarque  lui  atti- 
rèrent une  foule  de  louanges.  On  ne  l'ap- 
pelait que  gouffre  d'érudition;  Hercule 
gaulois  ;  destructeur  du  tyran  de  l'élo- 
quence ;  héros  vériiable ,  et  seul  digne 
des  lauriers  attachés  à  l'usurpateur.  Le 
prieur  Ogier  et  la  Motte- Aigron  furent 
presque  les  seuls  qui  écrivirent  contre 
lui.  et  qui  renchérirent  sur  les  injures 
qu'il  avait  diîes  à  Balzac.  Ils  le  peignirent 
«  comme  un  ivrogne  ,  buvant  nuit  et  jour 
»  dans  un  verre  plus  grand  que  la  coupe 
»  de  Nestor,  et  comme  un  gourmand  qui 
»  faisait  très  bonne  chère  en  gras,  qnoi- 
»  qu'il  eût  le  teint  assez  frais  pour  ne  pas 
»  pouvoir  se  dispenser  du  maigre.  »  Per- 
sonnalités odieuses,  aussi  peu  propres  à 
décider  un  différend ,  qu'à  donner  une 
idée  avantageuse  de  ceux  qui  emploient 
de  telles  armes.  Cette  querelle  aurait  été 
poussée  plus  loin  ;  mais  le  général  Goulu 
la  termina  par  sa  mort,  arrivée  en  1629. 
h  l'âge  de  bi  ans.  On  a  de  lui  :  |  Findi- 
ciœtheologicœ.Ibero-pnliticœ,  1C5W,  in-ft", 
en  faveur  des  droits  de  la  monarchie  ;  |  la 
fie  de  saint  François  de  Sales,  1624  ,  in- 
4°.  Marsollicr  en  a  donné  une  meilleure. 
I  Des  traductions  qu'on  ne  lit  plus  ;  |  des 
livres  de  controverse,  f'otjez  BALL\C. 

'  GOLPIL  de  PREFELN  (  N.  ),  était, 
avant  la  révolution,  juge  au  bailliage  d'A- 
lençon  ,  où  il  était  né  en  1730.  Député  en 
1789  aux  états-généraux  par  le  tiers  état 
de  $a  province,  il  s'y  ût  remarquer  par 


(iiii  '•'■■. 

piK 

tmh 

tait  pas  du  nombre  de  crux  qui  voulaient 
faire  une  révolution  polilîqiic.  Îjc  3  Mp- 
lembrc  1789,  il  vota  pour  qu'on  acrnrdit 
au  roi  un  veto  absohi.  en  disant  qu'il  n'é- 
tait pas  venu  pour  faire  une  ium\cllc  roo- 
slitution,  mais  pour  raffermir  l'ancienne. 
Néanmoins  ,  par  une  singulière  contra- 
diction, il  proposa  la  suppression  des  lilm 
de  noblesse  ,  et  provoqua  une  loi  contre 
l'émigration.  Lorsque  les  rasscmblcmcns 
du  Palais- Royal  prirent  un  aspect  dange- 
reux. Goupil ,  dans  une  assemblée  où  l'on 
délibérait  sur  les  moyens  d'arrêter  le  dét- 
ordre ,  demanda  avec  force  qu'on  prll 
contre  les  factieux  les  mesures  les  pliu 
sévères  ;  et  indiquant  Mirabeau  comme 
leur  chef,  il  s'écria  :  «  Vous  délibérez  ,  et 
n  Catilina  est  aux  portes  de  Rome  ;  il  me- 
»  nace  le  sénat.  »  Cette  sortie  ne  pro<luisit 
aucim  effet.  Goupil  fut  pendant  la  session 
membre  de  plusieurs  comités  et  président 
de  celui  des  recherches,  d'après  lequel  on 
institua  les  comités  appelés  de  salut  pu- 
blic, de  sûreté  générale,  et  qui  inondèrent 
la  France  de  sang.  Il  vota  la  constitution 
civile  du  clergé;  et.  après  le  voyage  du 
roi  à  Varennes.  il  demanda  que  les  gardée 
fussent  licenciées ,  tandis  que ,  par  une 
de  ces  bizarreries  qui  lui  étaient'  ordi- 
naires, il  insista  avec  courage  |><  - 
la  personne  du  nionarque  fut  i: 
et  sacrée.  Il  lit  partie  du  conseil  il  '  . , 
cents  ,  et  après  avoir  fait  pl<»cer  dans  U 
salle  le  buste  de  Monle«»qni«Mi.  il  fit  décré- 
ter, le  6  mai  1796,  h-  :cn% 
des  pères  et  mères  dr                                 l.>i 

»  est  dure  ,  disait-il,  n  ...    x. ....  , ic  ; 

>  d'autant  mieux  que  Fabius,  augure  nt- 
»  main  .  nous  apprend  que  re  qui  ^  fait 
»  pour  le  salut  de  la  ropi;  fah 
»  toujours  sous  de  bons  au  la- 
qua ensuite  le  triumvirat  >!..      ire, 

qui  le  lit  arrêter  le  18  fructidor  et  mettre 
sur  la  liste  des  émigrés,  ftlais  il  en  fol 
rayé  bientôt  après  ,  et  rendu  à  la  liberté, 
il  rentra  dans  l'Assemblée.    En    1800.11 

fut  nommé  juge  au  tr  ' '  '■  r.i»jiil«B, 

et  mourut  à  Paris  h   i  >01. 

•  (.OURCY  (  N...    i  vlralr»- 

général  de  Bordeaux,  et  membre  de  l'aca- 
démie de  Nancy ,  consacra  M  plante  à 
faire  revivre  1rs  anciens  «pokifialee  4« 
rhristianisme.  Il  fui  l'un  d«  MCIMmII- 
qucs  que  raaecmbire  du  derné  éêVttmM 
employa  pour  écrire  eootr«  I 
irrcligicuaes  des  phUotn^hM 


GOU  5 

On  Ignore  l'époque  de  sa  mort.  Il  a  laissé 
plusieurs  ouvrages  qui  se  font  remarquer 
par  la  méthode ,  la  netteté  des  idées  et  la 
solidité  des  jugemens  :  |  Eloge  de  René 
Descartes  .  1765  ,  in-8° ,  qui  concourut 
pour  le  prix  à  l'académie  française.  Ce 
fut  Thomas  qui  le  remporta  ;  mais  la  com- 
position de  Gourcy  fut  honorablemcnl 
mentionnée  ;  |  Histoire  philosophique 
et  politique  de  la  doctrine  et  des  lois  de 
Lycurgue,  Nancy,  1768,  in- 8°;  |  Quel 
fut  l'état  des  personnes  en  France  sous 
lai''  et  la  Trace,  1769  et  1789  ,  m-12  ; 
discours  remplis  d'érudilion ,  et  couron- 
nés par  l'académie  des  inscriptions  et 
belles-leltres;  \J.-B.  Rousseau  vengé,  ou 
Observations  sur  la  critique  qu'en  a  faite 
M.  de  La  harpe,  Varis,  1772,  in-12  ;  |  Essai 
sur  le  bonheur,  1777  ,  in-12  ;  |  V apolo- 
gétique et  les  Prescriptions  de  Tertullien, 
nouvelle  édition  avec  la  traduction  et  des 
remarques  ,  1780  ,  in-12.  |  Suite  des  an- 
ciens apologistes  de  la  religion  chrétienne, 
traduits  et  analysés  ;  ouvrage  demandé 
par  l'assemblée  du  clergé ,  Paris  ,  1786  ,  2 
vol.  in-8°;  ]  Des  droits  et  des  devoirs  des 
citoyens  dans  les  circonstances  présentes, 
avec  un  j'ugementimpartial sur  l'ouvrage 
deMably.i789,m-8\ 

GOUUDAW  (SiMox),  né  à  Paris  en  1646, 
entra  dans  l'abbaye  de  Saint-Victor  en 
1661  et  y  mena  une  vie  édifiante.  Aspirant 
à  une  vie  plus  parfaite,  il  voulut  entrer  à 
la  Trappe  ;  mais  l'abbé  de  Rancé  lui  con- 
seilla de  continuer  ses  exercices  de  piété 
dans  la  maison  où  il  avait  fait  profession. 
Le  père  Gourdan  vécut  en  solitaire  et  en 
saint  dans  l'abbaye  de  Saint- Victor,  et  y 
mourut  en  1729,  laissant  :  |  des  prosesel  des 
hymnes,  qu'on  chante  dans  différentes 
églises  de  la  capitale  et  des  provinces  ; 
j  des  ouvrages  de  piété,  pleins  de  lumière 
et  d'onction  ;  j  une  histoire  manuscrite 
des  hommes  illustres  de  Saint- f^ictor,  en 
plusieurs  vol.  in-fol.;  |  le  sacrifice  perpé- 
tuel de  foi  et  d'amour  au  Saint-Sacrement 
de  V Autel,  Paris  ,  1714,  1  vol.  in-12,  re- 
produit avec  beaucoup  de  soin  par  l'abbé 
Viguicr  ,  Paris  ,  1813  ,  in-12.  On  a  publié 
en  1756  à  Paris,  in-12,  la  Vie  de  ce  pieux 
et  savant  religieux.  Cet  ouvrage  édifiant 
est  suivi  de  plusieurs /-e^^re^^  qui  roulent 
principalement  sur  la  constitution  Unige- 
nitus,  pour  laquelle  il  était  très  zTélé  ,  ne 
croyant  pas  qu'on  pût  rejeter  une  seule 
décision  doctrinale  de  l'Eglise  univer- 
selle, sans  ébranler  tout  l'édifice  de  la  foi 
clu-élienne. 
*  COliIlDI.\  (  Fr\xçois-Puilippe),  bé- 


56  GOU 

nédiclin  de  St.-Maur,  né  àNoyon  le  8  no- 
vembrel739,  mort  à  Rouen  le  11  juillet 
1825,  occupa  d'abord  plusieurs  places  dans 
sa  congrégation  ,  et  prit  quelque  part  à  la 
révolution.  Compris  pour  une  gratifica- 
tion de  2000  francs  dans  le  décret  de  la 
Convention  du  k  septembre  1793 ,  il  fut 
employé  pour  classer  les  monumensdes 
arts  déplacés  pendant  la  révolution  ,  et 
mit  en  ordre  la  bibliothèque  de  Rouen.  Il 
reprit  après  la  terreur  sesfonclfons  ecclé- 
siastiques ,  et  partagea  dès  lors  tous  ses 
momens  entre  la  religion  et  les  lettres. 
Gourdin  avait  fait  paraître  sous  le  voile 
de  l'anonyme  ,  en  1771 ,  des  Observations 
d'un  théologisn  sur  l'éloge  de  Fénélon  par 
Laharpcoii  il  reproche  à  l'auteur  de  n'a- 
voir donné  aux  vertus  du  vénérable  ar- 
chevêque de  Cambrai  que  des  motifs 
étrangers  à  la  religion.  Les  Nouvelles  ec 
clésiastiques  en  rendant  compte  de  ses 
observations  (  50  janvier  1772),  n'en  par- 
lent pas  très  avantageusement  ;  et  cepen- 
dant il  est  très  probable  que  le  rédacteur 
de  cet  article  connaissait  l'auteur  de  cette 
brochure.  Don  Gourdin  a  laissé  plusieurs 
ouvrages  de  littérature ,  parmi  lesquels 
on  cite  :  |  Après-dîner  à  la  campagne  , 
imprimé  à  la  suite  de  \ Homme  sociable  , 
et  Lettres  philosophiques  sur  la  jeunesse . 
Paris,  1767  et  1772,  in-12  ;  |  Rhétorique 
française  ;  \  Recueil  d'extraits  des  poètes 
allemands ,  VîTô  ;  |  Traduction  de  VArt 
poétique  d'Horace,  avec  des  notes  ;  |  His- 
toire de  Picardie;  \  Considérations  philo- 
sophiques sur  l'action  de  l'orateur,  précé- 
dées de  Recherches  sur  la  mémoire,  Pa- 
ris, 1772  ,  in-12  ;  |  Principes  généraux  ei 
raisonnes  de  l'Art  oratoire ,  1785 ,  in-12  ; 

I  de  la  Traduction  considéi-ée  commt\ 
moyen  d'apprendre  une  langue,  et  comme 
moyen  de  se  former  le  goût  .  1789  ,  in-12. 

II  fit  aussi  un  grand  nombre  de  mémoirta. 
insérés  dans  les  recueils  de  l'académie  de- 
Rouen,  et  a  laissé  en  manuscrit  un  Traite 
de  la  prescription  en  matière  de  foi,  de 
morale  et  de  discipline. 

GOURDOX  DE  GEÎVOUILLAC  (  Ga 
LïOTTEde) ,  ou  la  mère  de  sainte  Anne , 
réformatrice  de  l'ordre  de  Saint-Jean  de 
Jérusalem  en  France,  était  prieure  du 
monastère  de  Beaulieu.  Elle  naquit  en 
1589  d'une  famille  noble  et  considérable 
du  Quercy,  et  mourut  l'an  1618  en  odeur 
de  sainteté.  Les  religieuses  de  cet  ordre 
avaient  autrefois  la  robe  rouge  et  le  voile 
blanc  ;  mais  après  la  prise  de  Rhodes  par 
Soliman  II ,  en  1522,  elles  prirent  l'habit 
et  le  voile  noir  pour  marquer  leur  dcuii 


GOU  «37 

r.Ol'ROrES  (  DoMixiors  de  ) ,  Rcnlil- 
honimo  huguenot .  nô  à  Mont-dc-Mursan 
en  Gascogne,  dans  le  16*  siècle,  voulant  se 
venger  des  Lspa(n»ols  qui  avaient  détruit 
une  colonie  des  Français  huguenots,  t^la- 
blic  sur  les  côtes  de  la  Floride,  dont  l'Es- 
pogni-  «'tait  en  pos>iession  ,  équipa  trois 
vaiîî'ïraux  à  ses  dépens ,  et  mil  à  la  voile 
en  1Î)C7.  Il  alla  descendre  à  la  Floride. 
enleva  trois  forts,  et  fit  pendre  plus  de 
800  espagnols  à  des  arbres.  De  retour  en 
France  ,  il  fut  reçu  avec  admiration  par 
les  huguenots  ,  et  avec  indignation  par 
la  cour,  qui  désapprouvait  cette  démarche 
iodieusc  .  faite  en  mépris  de  l'autorité,  et 
au  milieu  d'une  paix  parfaite  avec  l'Espa- 
.  Le  roi  lui  lit  défendre  de  paraître 
devant  lui.  La  reine  Elisabeth  le  demanda 
dans  la  suite  pour  commander  la  flotte 
anglaise  qu'elle  envoyait  au  secours  de 
don  Antonio  roi  de  Portugal.  Il  mourut 
à  Tours  en  1593,  en  allant  prendre  le  com- 
mandement de  cette  flotte.  Son  votjage 
tlatis  la  Floride  a  été  imprimé  à  la  suite 
de  celui  du  capitaine  Laudannière. 

GOIIRJU  (  PiERKE  ),oratorien,  né  en 
1762  à  Moreslel  en  Dauphiné,  professa  à 
Lyon  la  physique  et  la  philosophie  jus- 
qu'en 17912.  époque  à  laquelle  on  supprima 
Ifs  congrégations  enseignantes.  Pendant 
la  persécution  révolutionnaire ,  il  quitta 
Lyon  ;  mais  il  y  revint  ensuite,  et  il  y  don- 
nait des  leçons  de  mathématiques,  de  lillé- 
ratareel  de  philosophie,  lorsque  la  fonda- 
tion des  universités  détruisit  son  établisse- 
ment ;  mais  en  même  temps  il  fut  nommé 
professeur  de  philosophie,  et  doyen  de  la 
faculté  des  lettres  à  l'académie  de  Lyon. 
On  lui  doit  la  Philosophie  du  18"^  siècle 
dévoilée  par  elle-tiiéme  :  ouvrage  adressé 
aux  pères  de  famille  et  aux  institutions 
chrétiennes .  suivi  d'observations  sur  les 
notes  dont  Voltaire  et  Condorcet  ont  ac- 
compagné les  pensées  de  Pascal ,  Lyon, 
1816,  2  vol.  in-8°.  Ce  livre  fait  honneur  à 
ses  principes;  maison  voit  que  l'arme  du 
ridicule  ne  lui  était  pas  familière.  Il 
réussit  mieux  dans  le  genre  sérieux  :  le 
morceau  qu'il  a  mis  à  la  tète  des  réflexions 
»ur  les  pensées  de  Pascal  est  digne  d'éloge. 
Il  est  mort  à  Lyon  le  5  avril  1814.  Il  a 
laissé  en  manuscrits  des  cahiers  de  phy- 
sique, xmc  rhétorique  et  une  logique. 

nOLRM\  (  Pieriie-Etiexme  ),  né  à  Pa- 
ris en  1695,  embrassa  l'élal  ecclésiastique, 
et  fut  ordonné  prêtre  en  1721.  Il  s'acquit 
«ne  certaine  célébrité  par  sa  vive  opi)0- 
tion  aux  décrets  dogmatiques  de  l'Eglise; 
[nlerdit  par  son  archevêque,  M.  Vinli- 


GOU 

mille,  il  vécut    cache,  ne  8'pr----i'  — l'A 
écrire  en  fa\eur  du  parti  qn  <- 

brassé,  et  mourut  le  15  avril  i  i* 

Le  cure  de  la  paroisse  lui  refu»a  lc!>  der- 
niers sacremens  :  mais,  par  ordre  du  par 
lement  et  des  huissiers  exécuteurs,  il  fut 
administré.  On  connaît  de  \m  :  fnstnic 
tion  sur  la  justice  chrétienne. in- 12  ;  \  Man- 
dement et  instruction  pastorale  de  3f.  de 
Fitz-James.  évéque  de  Soissons .contre le 
Père  Derruyer.  17G0  ,  7  vol.  in-12  ;  |  In- 
stitution et  instruction  chrétienne,  dédiée 
à  la  reine  de  Naplcs,  connue  soua  le  titre 
de  Catéchisme  de  Naples.  1783,  3  vol.  in- 
12.  C'est  luie  des  marottes  favorites  de  la 
secte  jansénienne,  pour  répandre  ses  er- 
rcursdans  l'enseignement  public,  surtout 
dans  celui  de  la  jeunesse  [voyez  le  Journ. 
histor.et  lilt. ,  1"  janvier  1789,  p.  66  )  ; 
I  plusieurs  écrits  polémiques  ,  contre  la 
bulle  Unigenitus ;  \  quelques  écrits  contre 
l'abbé  de  Prades.  Il  y  a  des  gens  qui,  à  la 
honte  de  l'esprit  humain  ,  combattent  la 
vérité  et  l'erreur ,  l'impiété  et  la  foi  avec 
une  ardeur  égale. 

GOUR.\  VY  (  ftlARiE  le  JARS  de  ),  d'une 
famille  distinguée,  naquit  à  Paris  en  1566 
et  devint  orpheline  de  bonne  heure.  Elle 
connut  Montaigne  ,  pour  qui  elle  eut  une 
admiration  qui  tenait  du  fanatisme.  Cet 
écrivain  ,  l'un  des  plus  vains  égo'istes  que 
la  philosophie  ait  produits,  flatté  de  ses 
éloges,  la  nomma  sa  fille  d'alliance  .  et  la 
fit  héritière  de  ses  écrits.  Les  langues  sa- 
vantes lui  étaient,  dit-on,  familières;  ma'is 
ce  qu'il  y  a  de  certain  ,  c'est  qu'elle  écri- 
vait faiblement  dans  la  sienne.  Son  style , 
cliargé  de  vieux  mots  ,  n'est  plus  suppor- 
table à  présent.  Lorsque  l'académie  fran- 
çaise voulut  réformer  la  langue  ,  M"*  de 
Gournay  parla  beaucoup  contre  cette  en- 
treprise ;  et  l'on  ne  peut  di^rwivenir 
qu'elle  n'eût  raison  :  si  on  i'  Ire 

les  langues  vivantes  invan  «  >r- 

ruptibles  comme  les  langui.  .^*  ,  ce 

serait  un  grand  présent  fait  aux  scieooet  et 
aux  lettres.  Son  caractère  impétueux  se  fait 
sentir  dans  deux  satires,  où  elle  laisse  tout 
le  cours  à  sa  mauvaise  humeur.  Défaut  par- 


n  pa«è 

- ,  quoi- 

rlans  le 
r.A 


donnable  à  une  femiTii 

celles  qtii  aflicbcnt  1  ^ 

qu'elles  soient   parti< 

cas  d'avoir  besoin  d'u 

FAYETTE. SUZE,  c 

ris.      '   '  '      -Hnn».St'-..M.. 

ctH  in-4M63.  . 

(iii,  i'/ésensdeJU 

llicijuùuiiii^iilc  Promenoir  de  il.  dt  .Um 

taignepar  safillt  d'alhatice ,  ibid.  1594 


le 
ay 


GOU  S 

în-12;  1  Version  de  quelques  pièces  de  Vir- 
gile, de  Tacite  et  de  Sallnate.  ibid.  1619- 
23,  in-8°  ;  |  X Egalité  des  hommes  et  des 
femmes,  ibid.  1622 ,  in-8°  ,  etc.  On  a  en- 
core d'elle  une  édition  des  Essais  de  Mon- 
taigne, 1633,  en  3  vol. 

*GOl]RiVAY  (  Jacques-Claude-Marie- 
ViivcE\T  de) ,  intendant  du  commerce  de 
Saint-Malo  ,  où  il  naquit  en  1712  ,  publia 
plusieurs  écrits  sur  les  sociétés  com- 
merciales,  les  traités  entre  com,pagnies , 
et  traduisit  de  l'anglais  de  Josias  Child , 
lin  ouvrage  sur  le  commerce  et  sur  les 
avantages  de  la  réduction  de  V argent , 
et  de  Thomas  Culpeber  im  traité  contre 
l'usure.  Cet  économiste  distingué  est  mort 
en  1759. 

*  GOURNÉ  (  Pierre-Matiiias  de  ) ,  ec- 
clésiastique et  géographe  ,  né  à  Dieppe 
vers  1702  ,  devint  prieur  de  Notre-Dame 
de  Faverney.  Son  goût  pour  les  connais- 
sances géographiques  était  une  passion , 
et  pendartt  toute  sa  vie  il  s'occupa  de 
nombreuses  recherches,  mais  ses  ouvrages 
sont  peu  consultés.  On  a  de  lui  :  |  Disser- 
tation sur  le  choix  des  cartes  de  géogra- 
phie, Paris  ,  1730  ,  in-12  ;  |  le  Géographe 
méthodique, on  Introduction  à  la  géogra- 
phie ancienne  et  moderne,  1741  ^  2  vol. 
in- 12  ;  |  Description  géographique  des 
royaumes  d'Espagne  et  de  Portugal,  1743, 
in-12;  |  Description  géographique  des 
provinces  intérieures  de  la  France.  En 
général  ses  ouvrages  ont  été  vivement 
critiqués.  Ce  laborieux  auteur  est  mort 
en  1770. 

GOIJRVILLE  (  Jean  HÉRAULD,  sieur 
de  ),  naquit  à  la  Rochefoucauld  le  11  juillet 
1625.  Le  fameux  duc  de  ce  nom  (l'auteur 
des  Maximes  )  lui  ayant  reconnu  de  l'es- 
prit, le  prit  pour  son  valet  de  chambre, 
et  en  fit  bientôt  son  ami  et  son  confident. 
Pendant  la  guerre  de  la  Fronde^  il  lui  fut 
très  utile  ,  ainsi  qu'au  prince  de  Condé , 
dont  il  négocia  le  raccommodement  avec 
la  cour.  Le  cardinal  Mazarin  l'envoya  en- 
suite, et  pour  le  même  objet ,  auprès  du 
prince  de  Conli ,  qui  était  maître  de  Bor- 
deaux. En  1684  ,  il  fut  nommé  intendant 
des  vivres  à  l'armée  de  Catalogne.  A  son 
retour  à  Paris ,  le  cardinal  le  croyant  un 
émissaire  du  prince  de  Conli  le  fit  mettre 
à  la  Bastille;  mais  Gourville  recouvra 
bientôt  sa  liberté.  Fouquet  lui  fit  obtenir 
la  recette  générale  des  tailles  en  Guienne, 
emploi  qui  lui  procura  une  fortune  de 
1,5^0,000  livres.  Enveloppé  dans  la  dis- 
grafce  de  cet  illustre  infortuné,  il  passa 
ûans  les  pays  étrangers.  IJ  mourut   en 


58  GOU 

1705.  On  prétend  que  c'est  pour  lui  qu( 
Bcileau  fit  cette  épitaphe  : 

Ci-gît,  iujtemenl  rKgrette  , 
Un  savant  homme  saoi  science  , 
ViD  gentilhomme  sans  naissance. 
Un  très  bon  homme  tans  bonté'. 

Les  commentateurs  de  celte  épitaphe  di- 
sent que  Gourville  était  tel  que  le  satiri 
que  le  représente  :  parlant  bien,  quoiqu'i 
ne  sût  pas  grand'chose  ;  ayant  un  carac- 
tère et  des  manières ,  quoique  d'une  nais 
sance  obscure  ;  et  caressant  tout  le  monde 
sans  aimer  personne.  On  a  de  lui  d 's  Mé 
moires  depuis  {&k%  jusqu'en  1678,  publi 
par  m''' de  la  Bussière  en  2  vol.  in-12 
Paris,  1724.  Ils  sont  écrits  d'un  style  ani 
mé,  naturel,  mais  négligé  et  peu  correct 
Voltaire  a  puisé  dans  cet  ouvrage  pou 
son  Siècle  de  Louis  XIV. 

GOUSSAIIN  VILLE  ou  GUSS  ANVILL  AN 
Voyez  ce  mot. 

*GOUSSAULT  (N...  l'abbé),  écrivah 
moraliste  de  la  fin  du  17*^  siècle  ,  était  li 
cencié  de  Sorbonne.  Il  avait  été  conseillei 
au  parlement ,  et  a  publié  quelques  ou- 
vrages estimés.  ]  Raisonnemens  chi'étien. 
sur  ce  qui  s'est  passé  dans  le  commence- 
ment du  monde,  1679 ,  in-12  ;  |  Poésies  e 
pensées  chrétiennes,  Paris  ,  1681 ,  in-12 
I  Réflexions  sur  les  défauts  ordinaire: 
des  hommes  et  sur  leurs  bonnes  qualités 
Paris,  1692  ,  et  Lyon  ,  1694,  in-12  ,  réimp 
à  Maestricht  sous  ce  titre  :  Réflexions  si 
les  différens  caractères  des  hommes 
1714,  in-12.  Cet  ouvrage  fut  maladroite 
ment  attribué  à  Fléchier.  (  Le  portrai 
d'unhonnéte  hommcVaris,  1693,  et  Lyon 
1694  et  1700,  in-12,  traduit  en  allemanc 
par  Paul-Jacob  Marberger,  1692,  in-12; 

1  Le  portrait  d'une  honnête  femme,  1694  ., 
in-12;  |  Conseils  d'un  père  à  ses  e?i fans 
Paris,  1695,  in-12,  Irad.  en  italien  ;  |  Let 
très  choisies  de  divers  «u/eurs,  Bruxelles 
1725 ,  in-8".  M.  A.  A.  Barbier  a  publié  It 
premier  la  liste  de  ses  ouvrages  dans  son 
Examen  critique  des  Dictionnaires. 

GOUSSE.XCOURT  (  Matthieu  ),  né  è 
Paris  en  1583,  se  fit  céleslin  en  1606, 
s'adonna  à  l'étude  de  l'histoire  ,  et  mou- 
rut dans  le  monastère  de  son  ordre  à  Paris, 
en  1660.  Il  a  donné  au  public  :  Marttj?-o- 
loge  des  chevaliers  de  Malte, V mis ,  1643, 

2  vol.  in-fol.  réimprimé  en  1654. 
GOUSSET  (  Jacques  ) ,  théologien  de 

la  religion  prétendue-réformée,  né  àBlois 
en  1655, d'une  bonne  famille,  fut  fait  mi 
nislre  à  Poitiers  en  1662,  et  sortit  de  cette 
ville  à  la  révocation  de  l'édil  de  Nantes- 
Il  mourut  en  1704,  âgé  de  09  ans,  piofe*- 


GOU 


K3d 


r.oKj 


>pur  en  proc  cl  en  Ihtolojîie  à  Groninguc. 
Ses  ouvrages  sont  :  |  Commentarii  liru/ufr 
Ue(:ratca;  :  c'cit  un  bon  dictionnaire  hé- 
breu ;  la  meilleure  édilion  est  celle  de 
eipsick  en  1745,  in-4";  ]  une  réfutation 
rn  latin  du  Chisouck  Kinaunach.  ou  liou- 
Ikr  de  la  Foi.  du  rabbin  Isaac,  Auisler- 
:lnm.  1712.  in-fol.  Celle  prodiiclion  est 
rcs  faible.  |  Considérations  théotogiques 
t  critiques  contre  le  projet  d'une  nouvelle 
ersion,  1098,  in-l2.  Ce  livre  esl  contre 
e^  Projtt  lie  Charles  le  Cène.  (  l'oyez 
ÈNE.  )  I  Causarumprimœet  secundarum 
'ealis  opej-atio, Lew&rde,  1716  ,  in-/»". 

•GOl  SSItR  (Louis-Jacques),  physi- 
icn  et  professeur  de  malbématiques,  né 

Taris  en  1722,  a  fourni  à  V Encyclopédie 
îuelqucs  articles  sur  les  arts  mécaniques; 
1  a  exécuté  avec  beaucoup  d'habileté  plu- 
ieurs  machines  de  son  in\  enlion,  enlr'au- 
res  uJi  moulin  à  bras  pour  scier  des  plan- 
hcs  ;  il  est  aussi  inventeur  d'un  niveau 
l'eau  en  usage  parmi  les  géomètres;  il 
r.ourut  à  Paris  en  octobre  1799.  Il  a  publié 
avec  le  baron  de  Marivetz  )  :  |  Physique 
lu  7twnde,  1780-87,  5  vol.  in-4°;  |  Sys- 
'ème  générale  physique  et  économique 
ies  navigations  naturelles  et  artificielles 
ie  Itntérieur  de  la  France ,  4788 ,  2  vol. 
n-8°. 

GOl'THIÈRES  ou  GOUTHIER  (Jac- 
>CES  ),  en  latin  Gutherius  .  antiquaire  et 

ocat  au  parlement  de  Paris,  né  à  Chau- 
noiit  en  Bassigny  ,  moi  t  l'an  1C38,  cultiva 
e  droit  et  les  belles-lettres  avec  un  égal 
ucccs.  Les  amateurs  de  l'antiquité  lui 
ont  redevables  de  plusieurs  écrits  :  (  De 
etere  jure  Pontificio  urbis  Romœ  .  in-4°, 
G12  :  ouvrage  qui  lui  mérita  le  titre  de 

toyen  romain  i)our  lui  et  pour  sa  pos- 
crité.  I  De  officiis  domùs  Jugustœ ptd)li- 
œ  et  privatœ.  Paris,  1628,  in-4°,  et  Leip- 
ick,  in-8\  1G72  :  celle  matière  y  esl  traitée 
vec  beaucoup  de  savoir.  |  De  jure  Ma- 
tium.  Leipsick;  1671.  in-S";  |  Deux  petits 
railés,  l'un  De  orbitale  loleranda.  et  Tau- 
re ,  Laus  ccecitatis  ^  etc.  Gouthier  faisait 
ussi  des  vers  latins,  et  les  faisait  bien. 
1  y  a  du  feu  et  de  l'expression  dans  sa 
♦ièce  intitulée  :  |  Rupella  capta.  Paris, 
,  hn-k"  :  l'auteur  l'adressa  au  cardinal 
le  Richelieu. 

GOIJTIIOEVEN  (Gauthiek  van)  en 
ilin  Valerins  Gouthovius.  né  à  Dordrecht 
nl577,  a  fait  des  recherches  sur  l'hi»- 
alredesa  patrie.  Ha  donné  une  nouvelle 

dition  des  Chronii[ue s  de  Hollande 

mées  de  généalogies  et  de  descriptions 
viUes.  etc.,  commençant  à  l'an  449, 


et  finissant  à  l'an  U?20,  en  flamand.  On 
enaptililié  plusieurs  ediliofis  ;  lu  drrniérr 
est  de  la  Haye,  1636,  in-fol.  Ce  livre  plein 
(le  recherches  et  do  choses  inléres^anlc» 
est  estimé.  Il  a  été  continué  par  N.  de 
Klork.  Goulhœven  est  mort  vers  l'an  16'J8. 

'  r.Ol  TTKvS  (  jEA\-Lotis).  CTJré  d'Ar 
gillicis  dans  le  diocèse  de  Béliers  ,  cl  dé- 
puté à  l'assemblée  Constiluanle,  naquit  à 
Tulle  en  1740.  Il  servit  plusieurs  année» 
dans  un  régiment  de  dragons  ,  embrassa 
ensuite  l'état  ecclésiastique,  et  devint 
curéd'Argilliers.  Nonmié  alors  membre 
des  états-généraux,  il  se  rangea  du  côlé 
des  novateurs ,  et  appuya  la  proposition 
de  vendre  les  biens  du  clergé  :  il  se  dé- 
clara pour  l'établissement  du  papier-mon- 
naie, et  vola  la  constitution  du  clergé.  Il 
devint  membre  du  comité  des  recherches, 
président  de  l'assemblée ,  et  fut  élu  en 
1791 ,  évéque  constitutionnel  de  Saône-ct- 
Loire  ;  mais  ce  fut  là  le  terme  de  ses  pros- 
pérités :  dénoncé  comme  royaliste  et  en- 
suite comme  fanatique,  parce  qu'il  per- 
sistait à  exercer  les  fonctions  de  son  mi- 
nistère après  la  suppression  du  culte. 
Gouttes  fut  arrêté  parordre  du  comité  de 
salut  public  et  transféré  à  la  conciergerie 
de  Paris.  Après  avoir  été  long-temps 
laissé  dans  le  plus  profond  dénuement , 
il  fut  traduit  au  tribunal  révolutionnaire, 
et  condamné  à  mort  le  26  mai  1794.  On  a 
de  lui  :  reposé  (U'S  princij>es  sur  lu  con- 
stitution du  clergé  parles  évéque  s  députés 
à  V.issemblée  nationale.  1790,  in-8**  :  ou- 
vrage qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec 
V Exposition  des ptincipesoula.  déclaration 
que  rédigea  M.  de  Boisgelin ,  et  qui  a  élc 
réimprimée  dans  le  27*  vol.  de  la  nou- 
velle édilion  du  Dictionnaire  des  sciences 
ecclésiastiques.  \  Discours  sur  la  venft 
des  biens  du  clergé;  |  Discours  sur  léttt- 
blissement  du  papier-monnaie  ;  \  Theoi  te 
de  l'intérêt  de  l'argent.  1780  et  Klh'l.  \x\- 
12.  Le  fonds  de  cet  ouvrage  esl  de  Rulic, 
curé  de  Cahors. 

GOI'VKST  DE  MAI^BERT  (Jkai*^ 
He>ri  ) ,  né  à  Rouen  en  1731 ,  est  auUni 
connu  par  ses  aventures  que  par  ses  ou- 
vrages. On  le  vit  succe.«siveinenl  capucin, 
apostat ,  secrétaire  du  roi  de  PoIo^tm 
Auguste  m  ,  puis  rentrer  dans  son  ordre, 
en  sortir  ensuite  pour  parcourir  un  nou- 
veau cercle  de  bizarrerie»  el  de  singula- 
rités, ci  finir  par  mourir  protestant  a  Al- 
lona ,  en  1767.  On  a  «le  lui  divers  écrits 
uiarqués  au  roin  tl'un  génie  singulier  qui 
semblait  avoir  approfondi  tous  les  détours 
de  la  politique,  qui  observait  avec  finesse. 


GOU 


540 


GOU 


mais  qui  écrivait  avec  plus  de  vivacité  et 
de  force ,  que  de  pureté  et  de  précision. 
Les  principaux  sont  :  ]  Le  Testament  po- 
litique du  cardinal  Jlberoni ^in-i'î',  où 
il  y  a  bien  des  idées  sur  des  abus  tant 
vrais  que  prétendus  qui  régnent  en  Espa- 
gne ;  Maubert  était  un  juge  peu  sûr  dans 
ce  genre  ;  |  Testament  politique  de  TF'al- 
pole^  qui  ne  vaut  pas  celui  d'Albeionl; 
I  Histoire  politique  du  siècle^  1757,  2  vol. 
in-i"  :  livre  qui  eut  du  succès ,  mais  dont 
l'auteur  ne  publia  que  les  deux  premiers 
volumes.  |  Diverses  brochures  :  Y  Illustre 
paysan^  l'Ami  de  la  fortune^  Ephràim 
justifié,  etc.;  |  un  Mercure  historique. 

'GOUVION  (Jean-Baptiste),  géné- 
ral français ,  né  à  Toul ,  entra  au  service 
dans  le  corps  du  génie  ,  et  fit  avec  dis- 
tinction la  guerre  d'Amérique  en  qualité 
de  capitaine.  Au  commencement  de  la 
révolution,  il  accepta  la  place  de  major- 
général  de  la  garde  nationale  de  Paris ,  et 
fut  ensuite  appelé  à  l'assemblée  Législative 
au  mois  de  septembre  1791 ,  où  il  se  fil 
remarquer  par  sa  modération  :  il  s'opposa 
'de  tous  ses  efforts  à  ce  qu'on  accordât  les 
honneurs  de  la  séance  aux  soldats  du  ré- 
giment de  Château-Vieux,  qui  s'étaient 
révoltés  à  Nancy  et  avaient  été  condam- 
nés aux  fers ,  et  qui  n'étaient  à  ses  yeux 
que  les  assassins  de  son  frère.  Il  donna  sa 
démission ,  se  rendit  à  l'armée  du  Nord , 
et  fut  tué  le  11  juin  1792,  dans  une  re- 
traite qu'il  effectuait  avec  autant  d'art  que 
de  bravoure ,  près  du  village  de  Gri- 
sueille  ,  en  avant  de  Maubeuge.  Il  réunis- 
sait le  sang  froid  dans  l'exécution  à  des 
vues  judicieuses ,  et  le  courage  à  la  pro- 
bité. L'Oraison  funèbre  de  Gouvion  a  été 
prononcée  à  l'église  de  Notre-Dame  à 
Paris,  le  21  juin  1792 ,  par  Fr.  Val.  Mulot, 
prêtre  et  député  de  Paris  à  l'Assemblée 
nationale,  Paris ,  1792 ,  24  pages  in-8°.— 
vSon  frère  Louîs  GOUVION ,  commandant 
de  la  garde  nationale  de  Toul ,  fut  tué  le 
31  août  1790  en  combattant  la  garnison 
de  Nancy  révoltée. 

•  OOU\IOîV-S\INT-CYR  (Louis, 
de)  marquis,  maréchal  de  France  ,  naquit 
à  'Toul  le  13  avril  176/i.,  d'une  famille  peu 
aisée.  Il  se  voua  d'abord  à  la  peinture  et  fit 
le  voyage  de  Rome  pour  se  perfectionner 
dans  cet  art,  qu'il  abandonna  vers  le 
commencement  de  la  révolution  fran- 
çaise, pour  entrer  au  service,  en  qualité 
de  volontaire.  Après  avoir  passé  rapide- 
ment par  tous  les  grades  inférieurs,  il  ser- 
vit en  1793  dans  l'armée  de  la  Mozelle  en 
qualité  d'adjudant-général,  et  fut  ensuite 


envoyé  à  l'armée  des  Alpes  ,  où  il  reçu! 
en  1794  le  brevet  de  général  de  division. 
Il  se  signala  en  179S  au  siège  de  Mayence, 
fit  sous  Masséna  la  campagne  de  1798,  et 
fut  destitué  en  1799.  Remis  bientôt  en  ac- 
tivité, il  commanda  l'aile  droite  de  l'armée 
française  à  la  bataille  de  Novi ,  (13  août  ). 
Le  24  octobre  suivant ,  il  défit  cotr^pléte- 
ment  l'ennemi,  non  loin  de  Novi  même, 
à  Pasturana  et  à  Bosco,  et  lui  prit  trois 
canons  et  deux  mille  hommes.  Le  6  du 
mois  suivant,  il  battit  encore  les  Autri- 
chiens devant  Coni  ;  chargé  du  comman- 
dement de  l'aile  droite  de  Championnet, 
il  empêcha  l'investissement  de  Gènes  ,  et 
se  couvrit  de  gloire  par  une  savante  re- 
traite pour  laquelle  il  reçut  du  premier 
consul  un  sabre  dhonneur  et  le  brevet  de 
premier  lieutenant  de  l'armée.  En  1800 , 
il  passa  à  l'armée  du  Rhin  commandée 
par  Moreau,  s'empara  de  Fribourg  et  bat- 
tit les  Autrichiens  à  Smelingen.  Après  un 
repos  assez  court  qu'exigeait  l'état  de  sa 
santé,  il  reparut  à  la  tète  de  sa  division  et 
concourut  à  la  victoire  de  Hohenlinden. 
Nommé  alors  conseiller  d'état  par  Bona- 
parte ,  il  fut  envoyé  en  Espagne  où  il  suc- 
céda à  Lucien  ,  en  qualité  d'ambassadeur. 
En  1803 ,  il  fut  nommé  commandant  en 
chef  de  l'armée  qui  devait  couvrir  le- 
royaume  de  Naples ,  et  protéger  les  côtes 
de  l'Adriatique.  Vers  la  fin  de  cette  année, 
après  avoir  fait  prisonnier  un  corps  de  dix 
mille  Autrichiens,  il  entra  à  Venise  en 
vertu  de  la  capitulation  d'Austerlitz.  L'an- 
née suivante,  obligé  de  rentrer  dans  le 
royaume  de  Naples ,  dont  le  gouverne- 
ment avait  violé  le  dernier  traité ,  Gou- 
vion fut  chargé  d'occuper  la  Pouille,  et  y 
maintint  la  tranquillité.  Rappelé  en  1807, 
en  Allemagne  ,  il  y  fit  avec  distinction  la 
campagne  de  Prusse  et  de  Pologne,  et  fut 
nommé  gouverneur  de  Varsovie.  Envoyé 
en  1808  à  l'armée  d'Espagne,  il  s'empara 
de  Roses,  Girone ,  Saint-Félix  ,  Equixola, 
Palamos,  à  la  suite  de  plusieurs  combats. 
En  1812,  il  fut  désigné  pour  faire  partie 
de  l'expédition  de  Russie,  et  commanda 
les  Bavarois,  avec  lesquels  le  18  du  mois 
d'août,  il  gagna  la  bataille  de  Polotsk,  sur 
la  Duna.  Napoléon  pour  le  récompenser, 
le  créa  maréchal  de  l'empire ,  le  27  du 
même  mois.  Blessé  dans  la  retraite  de 
Moscou,  il  fut  forcé  d'abandonner  l'armée 
pour  quelque  temps.  II  y  reparut  en  1813 
pour  faire  la  campagne  de  Saxe,  et  se  si- 
gnala à  la  bataille  de  Dresde.  Resté  dans 
cette  ville  ,  pour  la  défendre  après  le  dé- 
sastre de  Leipsick ,  voyant  qu'il  lui  était 


GOU 


Bil 


GOU 


Impossible  de  s'ouvrir  un  passage,  il  ac- 
cepta le  il  novembre  une  capilulalion 
honorable,  en  vcrlu  do  laquelle  il  devait 
rentrer  en  France  avec  son  corps  d'ar- 
mée cl  une  partie  de  son  artillerie.  Mais 
cotte  capitulation  ne  fut  pas  ratiliéc  par  le 
prince  do  Schwartr.omberg  ,  et  le  maré- 
chal fut  retenu  prisonnier  avec  son  corps 
d'environ  seize  mille  hommes.  Lorsqu'il 
revint  en  France  après  la  restauration , 
Louis  XVIII  l'acueillit  avec  distinction  et 
le  nomma  commandeur  de  l'ordre  de 
Saint- Louis  et  membre  de  la  chambre  des 
pairs.  Apres  le  débarquement  de  Bona- 
parte, il  se  dirigea  sur  Orléans  pour  y  dé- 
fendre la  cause  royale;  mais  la  défection 
des  troupes  ayant  rendu  tous  ses  efforts 
inutiles,  il  vécut  pendant  les  cent-jours 
dans  une  profonde  retraite.  Nomme  mi- 
nistre de  la  guerre  par  le  roi ,  le  9  juillet 
1815  ,  il  fut  remplacé  dans  ce  poste  par 
le  duc  de  Feltre,  au  mois  de  septembre  de 
la  même  année.  Louis  XVI il  le  nomma 
successivement  ministre  d'état,  membre 
du  conseil  privé  ,  grand-croix  de  l'ordre 
de  Saint-Louis,  comte  et  enlin  marquis. 
Appelé  au  ministère  de  la  marine  le  23 
juin  1817 ,  il  reprit  le  portefeuille  de  la 
guerre  en  1818,  et  le  conserva  quatorze 
mois.  C'est  sous  son  administration  que 
(Jos  cours  d'enseignement  mutuel  furent 

I  établis  dans  les  régimens.  II  présenta  le 
10  mars  1818,  une  loi  relative  au  nouveau 
mode  de  recrutement  de  l'armée,  dont  les 
principales  dispositions  furent  modifiées 

I  par  celle  du  9  juin  18^24.  Gouvion  quitta 
îe  ministère  ,  lors  du  changement  de  la 
loi  des  élections  en  1819.  et  fut  remplacé 
par  le  marquis  de  la  Tour-Maubourg. 
Gouvion-Sainl-Cyr  s'était  rendu  aux  lies 
d'Hières  pour  rétablir  sa  santé;  il  y  est 
mort  le  17  mars  1850. 

GOIIY-D'ARC Y  (  Locis-Marthe  ,  mar- 
quis de  ) ,  né  à  Paris,  en  1753,  d'une  fa- 
mille noble  et  ancienne  de  Picardie.  Il 
était  colonel  du  régiment  de  la  Reine-dra- 
gons au  commencement  de  la  révolution, 
et  fut  élu  député  de  Saint-Domingue  aux 
états-généraux  de  1789.  Sectateur  du  mcs- 
mérisme  et  franc-maçon  rélé ,  il  se  dé- 
clara contre  la  tour ,  et  exrasa  les  cruau- 
tés commises  par  le  peuple  à  l'épofpie  de 
la  prise  de  la  Bastille.  Plus  tard,  il  sou- 
tint l'opinion  qu'on  pouvait  et  devait  dé- 
cacheter les  lettres  dans  un  temps  de  trou- 
ble, et  pressa  pour  cet  effet  la  for  ■ 
d'une  commission.  Il  parla  aussi  < 

délabrement  des  finances,  et  vota  1 

sion  de  deux  milliards  d'assignat*,  en- 


suite il  parut  revenir  h  des  nmMmrns  de 
modération,  cl  '-i  ,  rrf 

concernant   l'i n  ,,.% 

do  couleur  .d'au:.-  ..  , ,iie 

ses  intérêts  de  colon  s'y  ti  n. 

promis.  Son  opinion  ne  pou.  .ir, 

il  s'abstint  d'assister  aux  séances,  cl  ne 
reparut  qu'après  l'évasion  de  Ixjuls  XVI. 
A  la  Tm  de  la  session  ,  il  fut  nommé  mare- 
chal-de-camp  ,  et  chargé  par  le  roi  de  dia« 
sipcr  un  attroupement  qui  avait  arrêté  et 
pillé ,  près  Noyon ,  plusieurs  bateaux  de 
blé  destinés  à  rapprovisionnemenl  de  la 
capitale;  mais  il  se  conduisit  avec  une 
faiblesse  qui  le  rendit  ridicule  à  tous  les 
partis,  et  il  faillit  être  victime  de  la  fu- 
reur populaire.  S'étant  retiré  dans  sa  re- 
traite d'Arcy ,  il  y  fut  arrêté  et  traduit  de- 
vant le  tribunal  rév(  '  *  '■:•,  qui  le 
condamna  à  mort  le  J  .  comme 
complice  d'une  conspi  i^  les  pri- 
sons des  Carmes  où  il  était  détenu. 

GOllVE (Thomas),  jésuite,  né  à  Dieppe 
en  1630,  habile  dans  î  ,,, 

fut  reçu  membre  de  1  n- 

ces  en  1699.  Cette  cou;,    „  au- 

coup  de  cas  de  ses  lumières.  11  possédait 
les  langues  anciennes  et  cinq  langues  mo- 
dernes. Il  mourut  à  Paris  dans  la  maison 
professe  des  Jésuites,  en  1725,  à  75  ans. 
Son  principal  ouvrage  est  intitulé  :  Ofr- 
servations  physiques  et  mathématique»  , 
pour  servir  à  la  perfection  de  l'Astronomie 
et  de  ta  Géographie .  envoyées  de  Siain 
à  l'aroilémie  des  Sciences  de  Paris  .  par 
les  Pères  Jésuites  .  missionnaires ,  avec 
des  réflexions  et  des  notes ,  en  2  volumes 
dont  le  premier  est  in-8",  rt  1r  st-rond 
in -4°. — Il  ne  faut  pas  le  »■  \  ec 

son  compatriote  GOUYE  »!■  rc, 

né  en  1715,  mort  en  17(>.".,  ,,.v....i  au 
bailliage  de  Versailles,  dont  nous  avoa%  : 
I  Dissertation  sur  la  Chronologie  des 
rois  Mérovingiens.  Paris.  1748  et  1756, 
in-12;  |  Dissertation  sur  des  points  de 
Ihistoire  des  r-"  —  -  ■'■■  "  r\  17U, 
in-12;  |  Sur  l ,  sotu  U» 

enfansde  Clnt.i  li;  |  .Swr 

l'ancienne  Uutoirc  de  l 'nui ce ,  1796  » 
in-12. 

GOlîZ  DE  f  *  '"'•  •  ^*'  ^'^-'^nn 
de),  fils  d'un  «n 

,\njou,  naquit  ■  ' Pe- 

rcutes parties  du  ntuièJv:.  De  itUtiif  de 
«ion  premier  vov»Re  .  il  parut  ti  défiguré, 
'  *  pas  le  r»- 


Me.Qad- 


quef  année*  «prc*    il  lut  envoyé  « 
46 


GOU  5 

lllé  d'ambassadeur  auprès  du  Grand-Sei- 
gneur et  du  Grand-Mogol.  Nous  avons 
sous  ce  titre  :  Voyages  et  observations  du 
sieur  de  la  Boullaye  le  Gouz  .gentilhomme 
angevin ,  oii  sont  décrits  les  religions , 
(jouvernemens  et  situations  des  états  et 
royaume  d'Italie  ^  Grèce  ^  Natolie ,  Syrie ^ 
Perse  ^  Palestine  ^  Karémanie  ,  Kaldée  , 
Assyrie ,  Grand-Mogol ,  Bizapour  ^  In- 
des-Orientales des  Portugais,  Arabie^ 
^'9ypte  j  Hollande  ^  Grande-Bretagne , 
Irlande,  Danemark  ,  Pologne^  îles  et 
autres  lieux  de  l'Europe ,  yisie  et  Afri- 
que.  oii  il  a  séjourné,,  le  tout  enrichi  de 
belles  figures,  Paris,  1653,  in-4<*.  La  se- 
conde édition  qui  est  de  1657  est  préfé- 
rable à  la  première ,  quoiqu'elle  soit  moins 
belle.  Cet  ouvrage  n'est  curieux  que  pour 
la  partie  qui  concerne  les  Indes  ;  car  pour 
le  reste  il  n'a  rien  appris  de  nouveau.  Ce 
voyageur  est  mort  dans  un  second  voyage 
qu'il  fit  en  Perse  en  1664  :  ses  obsèques 
furent  faites  à  Ispahan  avec  beaucoup  de 
pompe. 

•  GOUZ  DE  CKIILAND  (  Bémgive  le  ) , 
historien ,  né  à  Dijon  en  1695  ,  d'une  an- 
cienne famille  de  Bourgogne,  montra  de 
bonne  heure  un  goût  décidé  pour  les 
sciences  et  cherclia  à  en  propager  le  goût 
dans  sa  ville  natale.  Apres  avoir  fait 
d'excellentes  éludes  à  Paris  ,  il  visita  dif- 
férentes villes  d'Italie  pour  y  contempler 
les  chefs-d'œuvi'e  de  l'antiquité  et  des 
temps  modernes.  Il  visita  aussi  l'Angle- 
terre afin  d'en  étudier  les  mœurs ,  les 
usages  et  les  lois.  De  retour  dans  sa  patrie, 
Gouz  fit  don  à  l'académie  de  Dijon  d'un  ter- 
rain propre  à  la  création  d'un  jardin  bota- 
nique ,  et  bientôt  après  de  son  riche  cabi- 
net d'histoire  naturelle  ;  il  fit  aussi  exécu- 
ter à  ses  frais  les  bustes  des  grands  hommes 
de  la  Bourgogne  pour  en  décorer  la  salle 
des  séances  publiques  de  celte  compagnie. 
Dijon  lui  doit  en  outre  son  école  de  pein- 
ture et  de  sculpture.  Gouz  de  Gerland  mé- 
ditait encore  la  création  d'autres  établis- 
scmens  d'utilité  publique ,  lorsqu'il  mou- 
rut au  mois  de  mars  1774.  On  lui  doit  : 
Histoire  de  Lais  et  non  V histoire  des  lois, 
comme  le  dit  un  nouveau  Dictionnaire  ; 
I  Essai  sur  l'histoire  des  premiers  rois 
de  Bourgogne  et  sur  l'origine  des  Bour- 
guignons, Dijon,  1770,  in-4°,  avec  une 
carte  de  l'ancienne  Germanie,  et  une 
autre  de  l'ancien  royaume  de  Bourgogne. 
On  trouve  dans  cette  histoire  de  l'érudi- 
tion et  des  recherches  ;  mais  l'auteur  s'é- 
carte souvent  des  opinions  généralement 
adoptées,  j  Dissertation  sur  l'origine  de 


2  GOV 

la  ville  de  Dijon  et  sur  les  antiquités  dé' 
couvertes  sous  les  murs  bâtis  par  Auré" 
lien,  1771 ,  in-4°,  avec  une  carte  de  l'an- 
cien Dijon  cl  52  planches  ;  j  Dissertation 
sur  la  cause  2}hysique  du  déluge  ^  qu'il 
attribue  au  choc  d'une  comète,  et  dont 
on  trouve  un  extrait  dans  le  tome  1""  des 
Mémoires  de  l'académie  de  Dijon,  ou- 
vrage peu  intéressant  et  tout  systéma- 
tique ;  I  Essai  sur  l'histoire  naturelle,  in- 
séré dans  le  tome  2  des  mémoires  ci-des- 
sus ,  et  plusieurs  autres  ouvrages  manu- 
scrits dont  on  trouve  la  notice  dans  son 
éloge ,  qui  a  été  prononcé  par  le  docteur 
Maret  à  l'académie  de  Dijon. 

'GOVEV  DE  VICTORIA  (Pierre), 
jésuite  ,  né  en  1560  à  Séville  ,  où  il  mou- 
rut en  1610  ,  n'est  connu  que  comme  l'au- 
teur de  l'ouvrage  suivant,  écrit  en  espa- 
gnol :  Naufrage  et  voyage  sur  la  côte  du 
Pérou  ,  Sé\ nie ,  1610,  in-8°.  Jean  Bisscl 
en  a  donné  une  traduction  latine  sous  ce 
titre  :  Joannis  Bisselii  argonauticon 
americ anorum ,  sive  Ilistoria  periculo- 
rum  Pétri  de  Victoria  ac  sociorum  ejus. 
lib.  XV,  Munich,  1647,in-12,  et  Am- 
sterdam ,  1698. 

GOVEl  ou  GOUVEA  (Jacques),  Go- 
veanus ,  de  Beja  dans  le  Portugal ,  fut 
principal  du  collège  de  Sainte-Barbe  à 
Paiis.  Il  y  éleva  trois  neveux,  qui  se  ren- 
dirent illustres  par  leur  seul  savoir.  — 
Martial  GOVEA,  l'aîné  des  trois  frères, 
devint  bon  poète  latin  ,  et  publia  à  Paris 
une  Grammaire  de  cette  langue.  —  An- 
toine GOVEA.le  plus  jeune  des  trois, 
fut  aussi  le  plus  illustre  (  voyez  son  ar- 
ticle qui  suit).  — ^AxDRÉ  GOVEA.le  se- 
cond, fut  nommé  principal  du  collège  de 
Sainte-Barbe  à  la  place  de  son  oncle.  Son 
mérite  le  fit  appeler  à  Bordeaux  ,  pour 
exercer  un  pareil  emploi  dans  le  col- 
lège de  Guienne.  Il  y  alla  en  1534 ,  et  y 
demeura  jusqu'en  1547,  que  Jean  III,  roi 
de  Portugal ,  le  rappela  dans  ses  états , 
pour  rétablissement  d'un  collège  à  Coim- 
bre ,  semblable  à  celui  de  Guienne.  Govea 
mena  avec  lui  en  Portugal,  Buchanan, 
Grouchi,  Guerente,  Vinet,  Fabrice,  La 
Coste ,  Tevius  et  Mendez.  Tous  ces  savans 
étaient  très  capables  d'instruire  la  jeunesse 
(  Buchanan  n'avait  pas  encore  fait  con- 
naître son  penchant  pour  les  nouvelles 
erreurs  ).  Il  mourut  à  Coimbre ,  en  1548, 
âgé  de  50  ans.  Il  ne  fit  rien  imprimer  ; 
mais  ses  talens  pour  l'éducation  lui  firent 
un  nom  célèbre. 

GOVEA  ou  GOUVEA  (  Antoine  ),  de  la 
même  famille  que  lesprécédens,  fils  d'un 


GOZ 


543 


GOZ 


gciUiihoiume  poilU{jai3  naquit  vcrslîJO:», 
à  Bcja,  et  se  rendit  t\  Paris  vers  iSI5, 
auprès  de  son  oncle  Jacques  Govca  ,  prin- 
cipal du  collège  de  Sainlc-Barbe.  Il  pro- 
fessa avec  succès  la  jurisprudence  .  h  Tou- 
louse ,  à  Valence ,  à  Avignon,  h  Cahors, 
à  Grenoble  et  enfin  à  Turin ,  où  Pliili- 
bert.  duc  de  Savoie,  l'avait  appelé.  Il  y 
mourut  en  IbGS,  à  00  ans,  conseiller  de 
ce  prince,  avec  la  réputation  d'un  des 
plus  hal)iles  jurisconsultes  et  des  plus  sa- 
vans  littérateurs  de  son  siècle.  Ses  ou- 
vrages de  droit  ont  été  recueillis  par  lui- 
même  en  1  vol.  in-fol.  1562,  à  Lyon.  Ses 
écrits  de  belles-lettres  sont  :  |  Deux  livres 
A' Epiff ranimes  latines,  Lyon  ,  1539  ;  |  des 
éditions  de  Virgile  et  de  Térence .  corri- 
Rées  sur  d'anciens  manuscrits  et  enrichies 
de  notes;  |  un  Commentaire  sur  les  To- 
pica  de  Cicéron,  Paris,  1545  ,  in-8°,  réim- 
primé en  1554  avec  plusieurs  autres  com- 
mentaires. L'abbé  d'Olivel  en  parle  avec 
éloge  dans  sa  préface  de  la  belle  édition 
des  œuvres  de  ce  père  de  l'éloquence  ro- 
maine. I  Van'arum  lectionum  libri  duo . 
in-fol.  1575.  Tous  ses  ouvrages  ont  été 
publiés  à  Rotterdam  en  2  vol.  in-fol., 
1766.  Il  laissa  un  fils  (  Maixfroi  )  qui  se 
distinfîua  dans  les  belles-lettres  et  dans 
l'un  et  dans  l'autre  droit ,  et  qui  a  écrit 
quelques  ouvrages.  Il  mourut  en  1613, 
conseiller-<rétat  à  la  cour  de  Turin. 

•  GOWER  (Jean  ),  ancien  poète  an- 
glais ,  issu  d'une  famille  du  comté  d'York , 
et  né  vers  1320  ,  se  distingua  dans  la  pro- 
fession des  lois,  et  fut,  dit-on,  chef-juge 
de  la  cour  des  plaids-comnmns.  Il  fut 
contemporain  et  ami  de  Chaucer.  Il  est 
mori  aveugle  à  Londres  en  1402.  On  cite  de 
lui  :  !  Spéculum  vieditantis,  traité  moral  en 
dix  livres  sur  les  devoirs  des  époux  ,  en 
vers  français  ;  |  Vox  clamantis ,  en  vers 
lalins  ;  c'est  une  chronique  de  l'insurrec- 
tion des  communes  .sous  le  règne  de  Ri- 
«hard  II;  Confessio  amantis .  poème  en 
huit  livres;  imprimé  à  M'estminsler  en 
1483,  Londres,  1532,  1544  et  15.')4  ;  |  De 
rege  Henrico  /f,  imprimé,  ainsi  que 
quelques  autres  de  ses  petits  poèmes,  dans 
1.  s  (l'uvres  de  Chaucer. 

GOWRY.  Vvyez  GAURIC  (  le  comte 
de). 

*  GOYEIV . habile  peintre  de  paysages, 
né  à  Leyde ,  mort  en  1656.  St»  tableaux 
qui  représentent  des  marines  et  des  ba- 
tailles ,  sont  très  estimés  et  très  recher- 
chés. 

GOZON  (  DiEUDO!V!«é  ),  grand-maltre 
de  l'ordre  de  Saint-Jean  de  Jérusalem. 


Ce  qui  contribua  beaucoup  k  lui  £atr«  nh- 
tenir  celle  dignité.  T'    '    '      '  mil 

eut  d'exterminer  un  u« 

qui   infestait  YWv  (1<  •  ,„|| 

était  dit-on,  d  u  ,|  un  cheval 

moyen  :  il  av.n  l,-  nrrpenl  .  de 

longues    oreill-  ;  ,  au 

écaillée.  Ses  qn  .  nt 

à  celles  d'un  cm.  .^jt 

plusieurs  plis  et  rcpWs  sur  »uu  corps.  Il 
com  ait ,  ajoute-t-on ,  battant  de  ses  ailes , 
et  jetant  le  feu  par  les  yeux  avec  des  slf- 
flemens  horribles.  Aucun  chevalier  n'a- 
vait pu  délivrer  l'Ile  de  ce  monstre,  et 
tous  y  avaient  péri;  il  était  même  dé- 
fendu sous  peine  de  mort  de  le  tenter  da- 
vantage. Goron  osa  néanmoins  l'entre- 
prendre ,  et  en  vint  à  bout.  Celte  histoire, 
vraie  ou  fausse ,  se  voit  encore  sur  de 
vieilles  tapisseries  ;  mais  l'on  y  voit  aussi 
les  aventures  d'Hercule  et  de  Thésée.  Ce 
qui  doit  la  rendre  suspecte  ,  est  sa  parfaite 
ressemblance  avec  celle  de  Gilles  de  Chiu 
{voyez  GILLES).  On  sait  aussi  que  ces 
dragons  que  les  anciens  sculpteurs  et  pein- 
tres plaçaient  à  côté  des  héros ,  ne  sont 
que  les  symboles  de  quelque  fléau ,  dont 
ils  ont  délivré  leur  patrie  ;  et  que  dans  de» 
temps  postérieurs  on  a  bâti  sur  ces  vieilles 
statues,  ou  peintures,  des  histoires  mer- 
veilleuses. La  famine,  la  peste,  la  guerre , 
les  hérésies,  le  ravags  des  insectes, des 
bétes  fauves,  etc.;  tout  cela  était  repré- 
senté par  l'emblème  d'un  serpent  ou  d'un 
dragon.  Quoi  qu'il  en  soit ,  Gozon  tient  un 
rang  distingué  dans  l'histoire  de  Malte.  Il 
mourut  en  1353 ,  regretté  pour  sa  vertu  et 
son  courage.  On  rail ,  dit-on ,  sur  son  tom- 
beau :  Draconis  extinctor  (  l'extermina- 
teur du  Dragon  ).  H  était  de  la  langue  de 
Provence.  On  peut  voir  les  <létails  de  ce 
combat  dans  Y  Histoire  de  Malte,  pir  l'olibe 
Vertot,   t.  2,  pag.  192.  Le  père  Kirchcr. 

dans  son  Mwidus   su''  ■ -   -     -     ' 

une  description  pittoi 
térél.  Le  père  Scholt  >  . 
les  MiraitHia  naturct  et  atta.  Tlieveuot 
qui  vit  à  Rho-.les,  vers  lu  milieu  du  17* 
siècle ,  la  tête  du  dra^^on  terrassé  par  Go- 
zon, en  a  donné ,  dain  sa  Relation  d'un 
voyage  fait  au  levant .  Pari* .  1665 ,  ln-4-, 
une  description  qui  semblerait  micut 
convenir  àUitéto  d'un  hippopotame  qu  a 
celle  d'un  serpent. 

CiOZZI  (  le  comte  GAsrAao  ),  littéra- 
teur, poète  et  critique  vénitien,  né  en 
1713 ,  fut  directeur  de  l'un  de»  trois  Ihrè- 
treii  de  sa  patrie,  réviseur  des  livres,  et 
surintendant  ût*  impressions.  H  a  Ui»é 


GOZ 


544 


GOZ 


divers  ouvrages  qui_  le  placent  au  rang 
des  écrivains  les  plus  purs  de  son  pays. 
Ceux  qui  lui  font  le  plus  d'honneur  sont  : 
I  Osservatore  veneto  periodico  j  ouvrage 
périodique  dans  le  genre  du  Spectateur 
anglais^  dont  il  imite  quelquefois  l'art 
•Je  peindre  les  mœurs  et  les  caractères  : 
réuni,  il  forme  un  vol.  in-d2  ,  1768.  |  Let- 
tere  famigliarL  Venise  ,  1735  et  1756 ,  2 
^  ol.  in-8°  ;  |  Jugement  des  anciens  poètes 
sur  la  critique  moderne  du  Dante^  attri- 
buée injustement  à  Virgile^  avec  les  prin- 
cipes du  bon  goût^  etc.,  Venise,  1758, 
in-i".  Ouvrage  écrit  en  réponse  à  Berti- 
nelli,  auteur  des  Lettres  de  Firgile. 
I  Mundo  morale ^  ibid.,  1760,  5  volumes 
in-8°.  La  plupart  des  autres  ouvrages 
de  l'auteur  ont  été  recueillis  sous  le  titre 
de  Opère  in  versi  e  in  prosa  del  conta 
Gasparo  Goszi.  Venise,  1759,9  vol.  ïn- 
8*^  Ce  sort  des  tragédies^  des  comédies ^ 


des  cantates  j  eïc.  qui  n'ont  guère  d'autre 
mérite  que  l'élégance  du  style.  —  GOZZI 
(  le  comte  Charles),  frère  puîné  du  pré- 
cédent, s'adonna  paiiiculièrement  au 
genre  dramatique  et  composa  plusieurs 
comédies ,  où  il  a  cherché  à  se  faire  un 
genre  à  lui,  en  prenant  pour  but  le  mer- 
veilleux et  même  l'extravagant.  On  y 
trouve  cependant  des  traits  de  vrai  co- 
mique ,  et  des  scènes  parfois  touchantes. 
Nous  nous  contenterons  de  citer  le  comte 
d'£ssez  ^traiduit  de  Corneille ,  et  Gustave 
ff^asa,  de  Piron.  Son  style  est  pur  et  élé- 
gant. Ses  ouvrages  ont  été  recueillis  à  Ve- 
nise, en  1773,  8  vol.  in-S**,  ainsi  qu'un 
supplément  contenant  quelques  autres 
pièces  de  théâtre,  1791,  2  vol.  in-«°.  il 
publia  en  1798 ,  les  Mémoires  de  sa  vie , 
sous  le  titre  de  Mémoires  inutiles  de  la 
vie  de  Ch.  Gozzi ,  1798 ,  et  mourut  ver» 
1804. 


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